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ou d’une œuvre intégrée à ceux-ci sont strictement interdits.©Cned-2009

Sommaire de la séquence 9

Séance 1

S’initier à l’évolution du théâtre à travers les âges

Séance 2

Se familiariser avec un texte théâtral

Séance 3

Réaliser une fiche bio-bibliographique d’un auteur : Monsieur de Molière

Séance 4

Étudier l’installation de l’intrigue dans la scène d’exposition

Séance 5

Analyser la progression de l’intrigue

Séance 6

Interroger l’image du médecin et de la médecine au temps de Molière

Séance 7

Savoir reconnaître les différentes formes de comiques

Séance 8

Étudier un dénouement de comédie

Séance 9

Je m’évalue

ƒ « Pour ce que rire est le propre de l’homme. », comme le disait avec justesse Rabelais.

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Séquence 9séance 1 —

Pour cette séquence, il est nécessaire que tu te procures l’œuvre de Molière : Le Médecin malgré lui, et que tu lises intégralement cette pièce au fil de notre étude. Tu peux soit acheter ce livre, soit l’emprunter dans une bibliothèque. Bonne lecture !

Séance 1S’initier à l’évolution du théâtre à travers les âges

Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge. Saute deux lignes, puis note en rouge le titre de la séance 1.Allons au théâtre !Le verbe « aller » invite au mouvement, au déplacement, à une transposition dans un autre espace. Le théâtre a donc besoin d’un lieu spécifique pour s’épanouir parce qu’il est avant tout spectacle, comme en témoigne l’étymologie même du mot : le verbe qEvaomai, qEw`mai, regarder, contempler » a donné « qEvatron » puis « theatrum, théâtre » en latin, lieu de représentations et « lieu où se produit quelque chose d’important ». Le mot « théâtre » désigne donc à la fois le genre littéraire et le lieu où sont représentées des pièces de théâtre, textes écrits pour être mis en espace, en voix, pour être joués !Le théâtre de la Comédie française, l’un des plus anciens et des plus prestigieux de Paris, a été construit en 1787. Chaque année, de nombreuses représentations y sont données, en particulier des pièces de Molière.C’est en situation, dans le partage entre les acteurs et le public, que la magie du théâtre opère ! Nous essaierons de te le montrer.Invoquons Thalie, la Muse de la Comédie, et Melpomène, la Muse de la Tragédie, pour qu’elles nous inspirent !

A Le théâtre antique

1- Le théâtre grec

Lis avec soin la présentation suivante puis réponds aux questions.

Le théâtre grec de l’époque classique, dont le Ve siècle avant J.-C. fut l’apogée, est une institution au sein de la Cité. Tout citoyen est obligé d’assister aux représentations qui durent plusieurs jours et sont offertes gratuitement à la population.

Il est, de plus, lié à la religion : le culte de Dionysos a donné naissance à l’art dramatique, du grec « drama- drama » : « pièce de théâtre ». Dionysos, né des amours de Zeus et de Sémélé, est le dieu de l’ivresse, à la fois physique et poétique.

Les premières pièces ont été représentées à Athènes au VIe siècle avant J.-C. dans le cadre de fêtes en l’honneur de Dionysos : au printemps, ce sont les Grandes Dionysies, et en décembre, ce sont les Lénéennes. Les festivités durent sept jours. On boit, on mange dans le théâtre, pour ne rien manquer.

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Séquence 9 — séance 1

Le théâtre grec résulte toujours de l’aménagement d’un lieu naturel comme un flanc de colline, choisi pour sa parfaite acoustique : la nature en constitue donc le décor. Au IVe siècle avant J.-C., les gradins de bois sont remplacés par des gradins de pierre, toujours dans des sites naturels. Des gradins, les spectateurs peuvent profiter du spectacle qui se déroule à la fois dans l’orchestra, espace circulaire où évolue le chœur, autour de l’autel de Dionysos et sur l’avant-scène, le proskénion, où jouent les acteurs.

Différentes représentations ont lieu au moment des grandes fêtes : tragédies, chants, cortèges masqués, pièces comiques.

La tragédie est liée au culte de Dionysos : autour d’un autel, table sacrificielle, des danseurs et des chanteurs forment un chœur qui célèbre le dieu. Le mot « tragédie » vient d’un mot grec signifiant « le chant du bouc » parce que les membres du chœur étaient déguisés de la sorte. Selon la légende, c’est le poète grec Thespis, à la fin du VIe siècle, qui aurait introduit un personnage secondaire interpellant le chœur jusqu’alors chargé seul de la récitation. Ce premier échange serait à l’origine de l’invention du théâtre.

L’époque hellénistique (qui désigne la civilisation née de la rencontre entre la culture grecque et celles de l’Orient de la fin du IVe siècle jusqu’à la fin du Ier siècle avant J.-C. grâce à Alexandre le Grand) verra fleurir l’activité théâtrale après l’épopée de ce dernier. Toutes les cités grecques d’Asie Mineure – actuelle Turquie – ont construit des théâtres. Tous les théâtres dont on visite les ruines, en Turquie, sont des fondations hellénistiques remaniées à l’époque romaine.

As-tu compris l’essentiel ?

a) Vrai ou faux ?

Dis si les affirmations sont vraies ou pas, et rectifie-les quand elles sont fausses.

Affirmations Vrai Faux – Rectification 1- Le théâtre grec se déroule en plein

air.2- Se rendre au théâtre est un devoir

civique et religieux.3- Les représentations n’avaient lieu que

le soir.4- Toutes les classes de la société y sont

réunies en même temps.5- Le théâtre est gratuit seulement pour

les plus pauvres.6- Apollon est le dieu du théâtre.

Théâtre de Pergame, TurquiePhoto R. David – Mars 2010

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Séquence 9séance 1 —

b) Lecture de l’image

Observe maintenant une reconstitution schématique d’un théâtre grec à laquelle des numéros ont été ajoutés pour en distinguer les différentes parties.

Reporte le numéro qui convient devant chacune des définitions suivantes puis compare tes réponses avec celles du corrigé.

° La skênè ou la scène est un édifice rectangulaire où est rangée la machinerie (Nous reparlerons du « deus ex machina »). Il sert aussi de loge pour les acteurs et de décor pour le mur de scène.

° Le proskênion ou avant-scène est l’emplacement où jouent les acteurs.

° L’orchestra est une aire circulaire de vingt mètres de diamètre où se place le chœur. Au centre se trouve le ° Thymèlè, l’autel de Dionysos, autour duquel chantent et dansent les choristes.

° Le parodos est l’un des deux couloirs latéraux qui permet d’entrer dans le théâtre.

° Le théâtron est l’hémicycle de gradins de pierre où s’assoient les spectateurs.

NB : Les grands tragiques grecs dont les noms nous sont parvenus sont au nombre de trois : Eschyle (525-456 av. J.-C.) dont sept pièces seulement sur quatre-vint-dix ont traversé les siècles, Sophocle (495-405 av. J.-C.) dont sept tragédies sur cent-vingt-trois nous sont connues, et Euripide (480-406 av. J.-C). Tous trois ont un immense retentissement sur le théâtre, encore aujourd’hui !

Le grand auteur grec de comédies reste Aristophane (450-386 av. J.-C.) qui a écrit des pièces vivement critiques à l’égard de ses contemporains.

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Séquence 9 — séance 1

2- Le théâtre romain

Lis soigneusement le descriptif suivant.

• Les Romains vont s’inspirer de l’architecture du théâtre grec : ils conservent la forme arrondie et les gradins mais ferment le théâtre par un mur de scène. Le théâtre, oublieux du cadre naturel, est bâti au cœur de la ville, fermé par de hauts murs. Les premiers théâtres sont en bois, puis, au Ier siècle avant J.-C., on construit des théâtres en pierre.

L’orchestra du théâtre romain n’est plus occupée par le chœur mais est partiellement réservée aux spectateurs de marque. La scène est plus profonde et plus basse que celle du théâtre grec. Le décor est fourni par un gigantesque mur de scène (le frons scenae), orné de colonnades et de statues, percé de trois portes.

Le public accède aux divers étages de l’hémicycle (la cavea) par des passages voûtés (les vomitoria). Ce sont des portes donnant sur des galeries, idéalement conçues pour éviter toute bousculade.

L’hémicycle peut se couvrir d’un velum (voile) de lin coloré afin de protéger les spectateurs du soleil.

a) Ajoute les légendes aux photos ci-dessous en utilisant certains des mots en caractères gras du texte que tu viens de lire.

Théâtre d’Orange, France,Photo R. David, avril 2007

Théâtre d’Orange, France,Photo R. David, avril 2007

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• Le théâtre d’Aspendos, en Turquie fournit un exemple unique de théâtre romain admirablement bien conservé.

Théâtre d’Aspendos, TurquiePhoto R. David, mars 2010

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B L’évolution du théâtre : Moyen Âge, Renaissance, théâtre classique

Nous te proposons un historique très accéléré des modifications de l’espace théâtral afin que tu comprennes la fermeture progressive du théâtre et par là-même l’évolution de ses enjeux.

1- Le Moyen Âge

Au Moyen Âge, les miracles récités sur le parvis de l’église ont comme fonction avant tout de mettre en image les récits bibliques ou de la vie des saints, pour les gens qui ne sont pas instruits. Le caractère religieux domine. Néanmoins, d’autres pièces de théâtre sont jouées dans la rue, lors des foires ou des marchés. Les pièces qui ont le plus de succès sont les farces, courtes pièces comiques, jouées lors de mariages ou de fêtes populaires, qui mettent en scène des personnages, auxquels le public peut s’identifier : le mari et sa femme, le maître et son serviteur… Destinées à faire rire, les farces abordent souvent le thème de la tromperie, de la ruse. On y retrouve des poursuites, bastonnades, jeux de mots. Les acteurs se réunissent en troupes et jouent en plein air, sur des tréteaux étroits, parfois fermés par des rideaux. Parfois, après la représentation, les acteurs passent parmi le public pour faire la quête. C’est seulement au XVe siècle que les places deviennent payantes : une partie du peuple est ainsi exclue. Pour surveiller les entrées, on finit par entourer la scène de clôtures ou on l’installe dans une cour intérieure ou un cloître.

2- La Renaissance

La commedia dell’arte (théâtre de professionnels) est née en Italie vers 1500. Elle donne une image de la société dans son ensemble, à travers des types de personnages traditionnels et caricaturaux, les zanni : Polichinelle à Naples, Arlequin à Bergame (les valets rusés), Pedrolino ou Pierro ( jeune, beau, honnête), Colombine (servante débrouillarde et malicieuse, fille adoptive de Pantalon, amoureuse d’Arlequin mais que son père veut marier à d’autres plus riches), Pantalon (le vieillard amoureux), le Docteur Balanzone, professeur, avocat, médecin (personnage pédant, célèbre par ses discours interminables, remplis de citations latines) ... Les pièces sont jouées dans les rues, sur des tréteaux. Les acteurs improvisent des dialogues comiques et des farces à partir de « canevas » (scénario fixé d’avance, très court) ; ils laissent libre cours à leurs talents d’acrobates et de mimes (genre théâtral, excluant tout recours à la parole, fondé sur l’expression corporelle) en particulier. Les comédiens jouent masqués : généralement en cuir, les masques épousent la forme du visage, permettent à la peau de respirer et ne couvrent pas la bouche.

S’inspirant des comédies latines ou des farces du Moyen Âge, c’est un théâtre divertissant, organisé autour du rire.

En 1660, Molière partage la scène du Palais Royal avec une troupe italienne et on retrouve dans son théâtre des caractéristiques de la commedia dell’arte : personnages « types » et goût pour la farce.

Pour vérifier ta lecture, nous te proposons des mots mêlés : tu dois retrouver dix mots correspondant aux définitions situées au-dessous de la grille.

Séquence 9séance 1 —

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Un (H) t’indique que le mot est caché horizontalement, un (V) te précise qu’il l’est verticalement.

T H E A T R O M P E R I E T R E T HE A T R E I T H E A T A R E T F H RE A T R E R T H E A T R R E T A H UE C O M M E D I A D E L L ’ A R T ET H E I A T R E T H E E T R E C T HE A T M R E T H E A T Q R E T E H EA T R E E T R É T E A U X T H S E AT R E S T H E A T R E I T H E A T RR E L I G I E U X C A N E V A S E T

- adjectif qui qualifie le théâtre au début du Moyen Âge (H)

- valet rusé de la commedia dell’arte (V)

- verbe qui traduit le but du théâtre italien de la commedia dell’arte (V)

- pièces en bois qui soutiennent la scène au Moyen Âge et à la Renaissance (H)

- théâtre de professionnels né en Italie vers 1500 (H)

- pièces comiques jouées lors de mariages ou de fêtes populaires (V)

- scénario fixé d’avance, très court (H)

- genre théâtral, excluant tout recours à la parole, fondé sur l’expression corporelle (V)

- lieu essentiel de représentation des pièces de théâtre (V)

- sujet abordé par les farces (H)

Tu as trouvé : bravo ! Vérifie tout de même tes réponses dans le corrigé.

3- La scène au temps de Molière

Où les acteurs jouaient-ils ? Comment les spectateurs étaient-ils installés ? Qui étaient-ils ?

• En France, dès le XVIe siècle, les spectacles de rue se raréfient. De temps à autre, une petite troupe monte des tréteaux et divertit le public, au cours d’une foire. À Paris, quelques spectacles procurent un air de gaieté et réjouissent le jeune Molière, âgé de sept ou huit ans.

Les acteurs jouent cependant de plus en plus à l’intérieur, d’abord dans un espace rectangulaire et étroit, rendant la visibilité des spectateurs du fond impossible.

Heureusement des théâtres, dignes de ce nom, sont bâtis tels l’Hôtel de Bourgogne (1543) et le Théâtre du Marais (1629), dont la scène est installée sur une estrade surélevée.

La qualité des places est étroitement liée au prix que l’on peut payer pour un billet. La salle est composée d’un parterre, auquel on accède à moindre frais (mais on reste debout) et de loges, séparées les unes des autres par une cloison basse, des balcons incluant des loges sur plusieurs étages qui forment un fer à cheval. Pour suivre la représentation, une dernière solution propose des places, réservées à des spectateurs privilégiés, sur les côtés de la scène afin de ne pas gêner les comédiens.

Séquence 9 — séance 1

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Les places du public sont conçues pour voir et pour être vus, car les spectateurs sont répartis selon une hiérarchie économique et donc sociale.

a) Place, dans les rectangles du schéma ci-dessus les mots en caractères gras suivants : scène, parterre, loges et balcon, rideau, décor.

b) Entoure en rouge les spectateurs les moins riches.

Confronte tes réponses avec celles du corrigé.

• Le théâtre rencontre beaucoup de succès. Les spectateurs rendent souvent hommage aux actrices : les plus célèbres de l’époque sont la Champmeslé, Adrienne Lecouvreur , Mademoiselle Clairon, Madeleine et Armande Béjart. Cette dernière épousera Molière.

Les rois Louis XIII puis Louis XIV se passionnent pour le théâtre, défendent les comédiens. Louis XIV fait même venir des troupes à Versailles ou dans d’autres châteaux. Molière est sans nul doute celui des comédiens-dramaturges** le plus apprécié.

Les acteurs s’organisent en troupes et jouent le plus souvent dans le même théâtre. L’hôtel de Bourgogne, l’hôtel du Marais et le Palais Royal où est installée la troupe de Molière, dès 1660, sont les trois lieux théâtraux principaux.

L’Église, en revanche, condamne les gens du théâtre et refuse de les enterrer religieusement.

Le théâtre classique s’inspire des modèles grecs et romains de l’Antiquité. Les dramaturges Jean Racine et Pierre Corneille écrivent de nombreuses tragédies qui ont pour thème la mythologie grecque ou l’histoire romaine ; le dramaturge** Molière préfère puiser son inspiration dans les comédies latines de Plaute : des hypocrites, des charlatans, des avares et un valet facétieux*, mais rusé, qui trompe son maître.

Les dramatuges** cherchent à représenter des actions vraisemblables : pour être crédibles, ils doivent respecter la règle des trois unités :

- unité de lieu : un seul lieu du début à la fin de la pièce - unité de temps : l’action ne doit pas déborder d’un jour ; la pièce commence le matin

et se termine le soir - unité d’action : une seule histoire

* facétieux : porté à plaisanter, à faire rire par des propos ou par des actes comiques** dramaturge : auteur de pièces de théâtre

Séquence 9séance 1 —

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c) Un petit jeu pour finir !

Retrouve le nom de quatre dramaturges cités dans la séance en utilisant les dessins suivants : tu dois en associer certains.

1 2 3 4 5 6 7

Vérifie tes réponses dans le corrigé, puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Le théâtre, un art du spectacle

En Orient comme en Occident, les origines du théâtre sont liées au développement des religions. C’est en Grèce que sont nées d’abord la tragédie, liée au culte de Dionysos, puis la comédie, dans le cadre des fêtes traditionnelles en l’honneur du dieu : au milieu des réjouissances, un cortège populaire et comique multipliait chansons et plaisanteries.

En Grèce puis à Rome, les pièces étaient jouées en plein air, dans la journée, par des acteurs masculins, portant des masques.

Au XVe siècle, le théâtre s’est développé en Italie avec la commedia dell’arte, puis en France, aux XVIe et XVIIe siècles, d’abord dans la rue, sur des tréteaux, puis dans des théâtres fermés.

Molière a dominé le théâtre en France, à l’époque de Louis XIV, surtout par ses comédies.

L’évolution de l’espace théâtral ainsi que le passage de la gratuité à l’aspect payant ont modifié profondément son rôle.

j e retiens

Séquence 9 — séance 1

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Séance 2Se familiariser avec un texte théâtral

Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance précédente. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance 2.

Dans la séance précédente, nous avons évoqué rapidement l’histoire du théâtre dans l’évolution de ses lieux et de ses fonctions.

Ainsi, nous avons rappelé l’importance de la mise en scène, de la représentation : le texte théâtral est écrit pour être joué. Cette perspective de mise en scène a des incidences sur l’écriture même d’une pièce et son découpage. Ce dernier aspect est d’autant plus important à l’époque de Molière que les chandelles de la rampe disposée sur le devant de la scène devaient être mouchées régulièrement pendant le spectacle, pour que la fumée n’aveugle pas les spectateurs. Cette opération purement pratique s’effectuait entre chaque acte, limitant ainsi sa durée.

Étudions donc l’écriture particulière au théâtre.

A Les caractéristiques du genre théâtral

1- Une mise en page singulière

Observons d’abord la page de titre, celle qui précède la pièce de théâtre elle-même. Avant l’échange des répliques entre les personnages du Médecin malgré lui de Molière, voici ce que nous trouvons :

NB : Les informations du recto variant d’une édition à l’autre, nous te proposons un fac-simile*.

* fac-simile : « fait à la manière de ... »

a) Page de titre

• Recto

Le Médecin malgré lui

Comédie

représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Palais-Royal,

le vendredi 6e du mois d’août 1666 par la troupe du roi

Séquence 9séance 2 —

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— © Cned, Français 6e, 108

• Verso

PERSONNAGES

SGANARELLE, mari de Martine. MARTINE, femme de Sganarelle. M. ROBERT, voisin de Sganarelle. VALÈRE, domestique1 de Géronte. LUCAS, mari de Jacqueline. GÉRONTE, père de Lucinde. JACQUELINE, nourrice chez Géronte, et femme de Lucas. LUCINDE, fille de Géronte. LÉANDRE, amant2 de Lucinde. THIBAUT, père de Perrin. PERRIN, fils de Thibaut, paysan.

1. domestique : de domus, la maison en latin, homme de confiance, attaché à la maison d’un homme riche2. amant : du verbe latin amare, aimer, qui aime et est aimé en retour

ƒ Que nous apprennent ces informations ?

Coche les affirmations qui te paraissent justes, puis confronte tes réponses avec celles du corrigé.

® Le titre indique que quelqu’un est un brillant médecin.

® L’œuvre est une pièce de théâtre destinée à faire rire.

® Le roi Louis XIV a assisté à la première représentation.

® Nous avons la liste des personnages qui vont jouer dans cette pièce.

® Par cette liste, nous connaissons la distribution des rôles.

® Nous savons que Valère et Lucinde s’aiment.

® Nous apprenons que Géronte est un vieillard malade.

® Lucas et Jacqueline sont époux, ainsi que Sganarelle et Martine.

® Lucas et Jacqueline sont au service de Géronte.

® Dans un roman, la liste et le rôle des personnages nous sont aussi donnés au début.

b) Incipit (début) de la pièce

Nous te proposons de découvrir les premières répliques de la pièce.

• Observe leur mise en page puis lis-les.

Séquence 9 — séance 2

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© Cned, Français 6e, — 109

ACTE IScène 1

SGANARELLE, MARTINE,paraissant sur le théâtre en se querellant.

SGANARELLE. — Non je te dis que je n’en veux rien faire ; et que c’est à moi de parler et d’être le maître.

MARTINE. — Et je te dis moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie : et que je ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines1.

SGANARELLE. — Ô la grande fatigue que d’avoir une femme : et qu’Aristote2 a bien raison, quand il dit qu’une femme est pire qu’un démon !

MARTINE. — Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt d’Aristote. SGANARELLE. — Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots3, qui

sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge, son rudiment4 par cœur.

Le Médecin malgré lui, Molière

1. fredaines : folies

2. Aristote : philosophe de l’Antiquité grecque, souvent cité par les gens instruits de l’époque. Aristote n’a jamais

dit ce que Sganarelle laisse entendre

3. fagots : petites branches liées entre elles, souvent utilisées pour faire du feu

4. rudiment : le rudiment est un « petit livre qui contient les principes de la langue latine »

• Souligne le texte que les comédiens doivent dire.

Vérifie que tu n’as pas commis d’erreurs en consultant le corrigé.

• Complète le tableau suivant en :

- recopiant ce qui n’est pas à dire par les comédiens dans la deuxième ligne.

- replaçant correctement dans la troisième ligne les expressions : « informations de mise en scène », « découpage de la pièce », « noms des personnages ».

Informations en caractères gras

Informations en capitales d’imprimerie sans caractères gras

Informations en italique

Après avoir vérifié tes réponses, lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Séquence 9séance 2 —

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La spécificité d’un texte théâtral

• Dans une pièce de théâtre, on distingue deux textes à lire :

Å d’une part, les répliques des personnages -propos tenus par les personnages- qui correspondent au texte à dire, à mettre en scène ;

Ç d’autre part, des didascalies, qui ne sont pas prononcées par les acteurs mais jouées, très importantes pour la compréhension de la pièce et pour sa mise en scène :

ƒle nom des personnages en capitales d’imprimerie (distribution au début de chaque scène et en tête de chaque réplique)

ƒdes précisions scéniques (lieu, temps, manière de dire, gestes, actions des personnages) en italique

ƒle découpage de la pièce en actes et en scènes, en caractères gras.

• Les pièces de théâtre sont, le plus souvent, composées d’actes et de scènes. C’est par ce moyen que l’auteur dramatique peut représenter les différents moments de l’action. Un acte est une partie d’une pièce qui correspond à une étape importante. Une scène est une partie d’un acte qui est marquée par l’entrée ou la sortie d’un personnage.

j e retiens

c) Invention

À toi de jouer ... Voici une scène de querelle, inventée, entre une mère et son fils. Ajoute des didascalies pour une mise en scène de ton choix, comme dans l’exemple proposé. Regarde ensuite, dans le corrigé, ce qu’il était possible d’imaginer.

ACTE IScène 1

UNE MÈRE, SON FILS,paraissant sur le théâtre en se querellant.

LA MÈRE : (en hurlant)- Et je te dis, moi, que je veux que tu ranges ta chambre !LE FILS : (………………………………………………………...) - Cesse de hurler, n’as-tu pas remarqué que je suis juste à côté de toi et que, par

conséquent, je t’entends !LA MÈRE : (…………………………………………………) - Ne me parle pas de la sorte ! Ta chambre est un capharnaüm !LE FILS : (……………………………………………………………………...) - Un capharnaüm ! Pourquoi pas un auditorium, un solarium, ...LA MÈRE : (…………………………………………………………) - Ah ! Tu te gausses* ! Eh bien, je vais, de ce pas, la ranger, moi, ta chambre !LE FILS : (………………………………………………………………..) - Non !

J’y vais, j’y cours, j’y vole ...LA MÈRE : (………………………………………………………)- Et nous venge,

aurait dit Corneille, au temps où les fils honoraient leurs parents ! Quelle journée! *Se gausser : se moquer, tourner en ridicule

(R. David pour le Cned)

Séquence 9 — séance 2

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B Analyse tabulaire* de la pièce* tabulaire : sous forme de tableau

Partons à la découverte de la pièce, par l’étude d’un tableau qui nous en donne une vision globale.

1- Les personnages en présence

a) Découpe et colle sur ton cahier le tableau du découpage n° 1 qui se trouve à la fin de ce livret.

b) Finalise ce tableau en complétant :- les colonnes « Total » qui récapitulent le nombre de fois où chaque personnage

apparaît dans un acte puis dans toute la pièce.- la dernière ligne qui fait état du nombre de personnages dans chaque scène.

c) Après avoir bien observé les données de ce tableau, complète le texte suivant qui en dégage les informations essentielles.

Le personnage le plus présent dans la pièce est ………………………………… : il apparaît dans …………………… scènes sur …………………... On peut donc supposer qu’il est le …………………………... Or ce personnage est « faiseur de fagots », comme nous l’indique sa troisième réplique dans la scène 1 de l’Acte I ; quel est donc le lien avec le titre de la pièce dont on peut penser qu’il concerne le personnage le plus important ? Voilà une première énigme à résoudre ...

Son épouse, …………………………., n’intervient que dans les ………. premières scènes et dans les ……….. dernières. Elle est, de plus, le seul personnage à apparaître seule sur scène dans la scène …. de l’Acte …..

Comment interpréter son intervention solitaire et sa longue disparition au cœur de la pièce ? Nous voici face à une nouvelle interrogation ...

Les jeunes amants, ……………………… et …………….. ne sont réunis que …… fois et, qui plus est, à la ………. de la pièce. C’est étrange, n’est-ce pas ?

En fait, la lecture du tableau pose plus de questions qu’elle n’en résout, mais c’est justement là son intérêt !

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.

2- Le découpage de la pièce

Conserve le tableau à tes côtés pour répondre aux questions suivantes, par des phrases complètes sur ton cahier.

a) Quel est l’acte le plus long ?

b) Que peux-tu en déduire sur la durée des scènes dans cet acte (en sachant que les bougies se consument !) ?

c) Les personnages changent-ils systématiquement tous d’une scène à l’autre ? Que remarques-tu à ce sujet ?

d) Quelles sont les scènes qui réunissent le plus grand nombre de personnages ?

e) Quelles peuvent en être les raisons ?

Confronte tes réponses avec celles du corrigé.Tu le constates, il est intéressant de découvrir une pièce de théâtre par un jeu de questionnements avant de la lire ou d’assister à une représentation. On est alors plus réceptif au texte et à la mise en scène. N’est-ce pas ?

Séquence 9séance 2 —

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— © Cned, Français 6e, 112

Séance 3Réaliser une fiche « bio-bibliographique » d’un auteur :

Monsieur de Molière

Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 2. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Que sont une biographie et une bibliographie ?

Nous avons évoqué de nombreuses fois l’étymologie des mots et avons travaillé la plupart des racines ci-dessous dans la séance 5 de la séquence I. Rafraîchissons notre mémoire !

Le mot biographie est composé de « bio », comme dans biologie, qui veut dire « vie », et de « graphie », comme dans orthographe, qui veut dire « écrire ». Ce mot signifie « écrire la vie ». Une biographie est donc le récit de la vie de quelqu’un. Quant à « bibliographie », il te suffit de te rappeler le sens de La Bible pour en déduire qu’il est question des livres écrits, ici par Molière.

Si la vie et l’œuvre d’un auteur méritent parfois d’être dissociées, il peut être pertinent d’étudier les deux conjointement, en les replaçant dans le contexte, afin de mieux comprendre certaines œuvres et de tisser « le fil d’Ariane » entre elles.

Nous te proposons une petite initiation à la littérature en te fournissant quelques repères de l’histoire d’un homme passionné qui nous a légué des chefs-d’œuvre.

A La vie et l’œuvre de Molière en cinq actes

Lis les informations suivantes. Surligne ce qui te paraît très important en même temps que tu les écoutes à la piste n° 10 de ton CD.

• Acte I : Jeunesse de Jean-Baptiste Poquelin : 1622-1643

- 13 janvier 1622 : naissance de Jean-Baptiste Poquelin

- À huit ans, Marie, sa mère, l’envoie à l’école paroissiale ; il y apprend les quatre opérations, la lecture et un peu de latin.

- Printemps 1632, sa mère tombe malade. À dix ans, Jean-Baptiste rencontre pour la première fois les docteurs et leurs sinistres bonnets noirs… Bientôt, sa mère est étendue, morte, sur son lit.

- Au début du XVIIe siècle, le métier d’acteur est le plus méprisé de tous les métiers. Un vrai métier de vagabond. Jean-Baptiste est le fils d’un riche commerçant. Son avenir semble tout tracé… Mais à dix ans, il tombe amoureux du théâtre.

- Jean-Baptiste finit son école ; rejoint son père à la boutique. Là, il mesure des étoffes, plante des clous, et surtout, s’ennuie.

Séquence 9 — séance 3

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- Son grand-père l’emmène à l’hôtel de Bourgogne où se produit la troupe royale et lui fait partager sa passion pour le théâtre.

- « Je ne veux pas être tapissier ; je veux étudier. », dit-il à son père. Alors, Jean-Baptiste devient élève du collège de Clermont et sa passion pour le théâtre grandit ; dès qu’il peut, il se rend à l’hôtel de Bourgogne. Il se hasarde même peu à peu dans les coulisses. C’est là qu’il rencontre Madeleine : il est envoûté !

- Après des études à Paris puis à Orléans, Jean-Baptiste, à l’âge de 21 ans, annonce à son père qu’il ne veut plus entendre parler de tapisserie et qu’il va devenir comédien. Il quitte la maison paternelle et rejoint la famille de Madeleine : les Béjart.

• Acte II : L’Illustre Théâtre : 1644-1658

- 30 juin 1644, le petit groupe fonde une compagnie : « Les enfants de la Famille » et un théâtre : « L’Illustre Théâtre ». Jean-Baptiste Poquelin prend alors le nom de Jean-Baptiste Molière…

- Les débuts de Molière sont difficiles. On surnomme la troupe de « L’illustre théâtre », « la Bande de loqueteux ». C’est hélas la triste réalité ! Bientôt, tout va tellement mal que Molière se retrouve en prison à cause de chandelles et de tissus qu’il n’a pas payés.

- Suivent trois ans de dettes et d’humiliations.

- Un jour de 1646, la troupe prend la direction du sud de la France. La vie continue d’être rude. Pourtant, Molière tient bon. Il commence même à écrire de petites farces pour faire rire son public.

- À 30 ans passés, il arrive à Lyon, un jour de 1652. Il est fatigué mais confiant. La troupe aussi a confiance. Depuis qu’elle joue les farces de Molière, les affaires vont mieux. Ils portent maintenant des habits de qualité. À Lyon, la troupe remporte un triomphe et part pour le Languedoc, au château du prince de Conti.

- Molière parvient à faire rire ce prince riche et puissant qui le prend sous sa protection. Il devient directeur de la « Troupe de la cour du prince Armand de Conti ».

- Deux magnifiques années s’annoncent mais elles prennent fin en 1657 : le prince de Conti est devenu très religieux. Or l’Église est très dure avec le théâtre : elle le compare à l’enfer.

• Acte III : De la troupe de Monsieur à la troupe du Roi : 1659-1665

- À 37 ans, Molière décide de regagner Paris.

- Là, il surprend et séduit le prince d’Orléans que tout le monde appelle Monsieur. Ce dernier est l’unique frère de Louis XIV et prend Molière sous sa protection.

- Le 24 octobre 1658, « la troupe de Monsieur » prépare sa première représentation dans l’ancien palais de Louvre. La troupe joue devant le roi une tragédie de Corneille. Mais catastrophe ! Dans la salle, on s’ennuie. Molière revient alors sur scène et propose à sa Majesté « une petite farce indigne d’attention, mais qui a beaucoup fait rire la province… ». Dès la première réplique, la salle hurle, gronde, pleure de rire… Le roi lui-même s’essuie les yeux !

- Molière a désormais fière allure. Il porte des habits coûteux. Il s’installe avec sa troupe, juste à côté du Louvre, au petit palais Bourbon. Sur l’entrée principale, on peut lire la belle inscription : « Espérance ».

Séquence 9séance 3 —

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- C’est là qu’il découvre que son véritable talent n’est pas la tragédie mais la comédie ! Tout change alors ; en novembre 1659, il présente sa nouvelle œuvre Les Précieuses ridicules. Cette pièce qui ridiculise le beau monde est bien vite interdite. Pourtant, le roi, après quelques aménagements, l’autorise de nouveau. Molière sait maintenant que le rire est une arme redoutable.

- Le 20 février 1662, Molière épouse Armande, « petite sœur de Madeleine ».

- À Versailles, la fête bat son plein : Louis XIV inaugure son nouveau château. Molière est là, avec sa troupe. Le 11 mai 1664, il présente devant le monarque et sa cour sa nouvelle pièce, Le Tartuffe. La pièce met en scène un coquin de la pire espèce, hypocrite, menteur… qui dit pourtant être serviteur de Dieu. La salle est consternée : Molière se moque de la religion. Tartuffe est interdit et cette fois, le roi n’y peut rien.

- Coup de théâtre, en 1665, Louis XIV prend la troupe de Molière sous son patronage et lui donne le nom de « Troupe du roi au Palais Royal ».

• Acte IV : Les années Molière : 1666-1671

1666 Le Misanthrope. Le Médecin malgré lui.

1667 Le Sicilien ou l’Amour peintre, musique de Lully. Reprise du Tartuffe, sous le titre de L’Imposteur, pour la première fois en public.

1668 Amphitryon. George Dandin créé à Versailles. L’Avare.

1669 Levée de l’interdiction contre Le Tartuffe. 5 février : représentation du Tartuffe. Dès la première représentation, la pièce est un

triomphe. Molière a gagné ; il est heureux mais fatigué. Mort du père de Molière.

1670 Divertissement royal à Saint-Germain-en-Laye sous la direction de Molière : Les Amants magnifiques, musique de Lully.

Création à Chambord du Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet, musique de Lully.

1671 Psyché, écrite en collaboration par Molière, Corneille et Quinault, musique de Lully, est représentée à la Salle des machines, aménagée au Palais des Tuileries.

Les Fourberies de Scapin. La Comtesse d’Escarbagnas, créée à Saint-Germain dans les divertissements du

Ballet des ballets, musique de Lully.

• Acte V : « Acta est fabula »* : 1672-1673

- L’année 1672 est marquée par la mort de Madeleine.

- Dès 1672, le roi s’intéresse de plus en plus au musicien Lully. Molière est malade. Pourtant, il travaille comme un forcené : il écrit trois pièces par an, dont Les Femmes savantes ; il joue chaque soir ; il s’occupe des répétitions, de la mise en scène, des décors et des costumes.

- Plus il écrit, plus il est impitoyable. Il commence une nouvelle pièce : Le malade imaginaire. Dans cette comédie, il va se moquer de la peur de la mort qui habite les hommes et de la maladie qui les obsède. Il va surtout se moquer des médecins et en faire de véritables monstres ignorants et stupides. Il ne pardonne pas aux médecins d’avoir laissé mourir sa mère. Il ne leur pardonne pas d’avoir fait souffrir atrocement certains de ses amis et d’être incapables de lui porter secours alors qu’il crache du sang… Et surtout, il leur en veut de continuer leurs vomitifs, leurs saignées, leurs lavements, alors que des

Séquence 9 — séance 3

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découvertes fantastiques ont été faites, comme celle de la circulation du sang, du rôle de l’intestin et du foie.

- Les représentations commencent le 10 février 1673. Les trois premières sont un succès.

- Mais, avant la quatrième, Molière traîne dans sa chambre ; il est pâle, il tousse. Pas question d’annuler… Il se rend donc au théâtre, se maquille un peu plus que d’habitude. Puis il monte sur scène où il joue le rôle d’un faux malade. La salle est écroulée de rire. Au dernier acte, il se surpasse : il pousse un gémissement, s’écroule dans son fauteuil, puis se met à rire et crier. Quand le rideau tombe, la salle applaudit. Molière est mort !

- Le 21 février, on l’emporte discrètement au cimetière Saint-Joseph où on l’ensevelit très profondément, comme les suicidés, comme les bannis. Un comédien ne peut pas recevoir l’hommage d’un véritable adieu…

À nous de lui rendre hommage !

Molière a écrit trente-trois pièces, en comptant celles qui ont été citées. Voici quelques titres : Les fourberies de Scapin, Le Médecin malgré lui, Le Misanthrope, L’Avare, Le Bourgeois Gentilhomme, Les femmes savantes, L’école des femmes, Dom Juan.

Ont vécu à l’époque de Molière : Corneille, Racine, La Fontaine, Boileau, La Bruyère, Madame de Sévigné, La Rochefoucauld.

* « Acta est fabula » : La pièce est finie. Ce sont les derniers mots d’Auguste, premier Empereur de Rome, sur son lit de mort.

B Fiche bio-bibliographique de Jean Baptiste Poquelin dit Molière

Après cette lecture un peu fastidieuse, tu vas trier les informations pour compléter la fiche de Molière, selon le « modèle » proposé. Tu pourras utiliser cette manière de procéder pour d’autres auteurs, mais tu peux en inventer d’autres qui te conviennent mieux.

L’HOMME

NOM :Profession - nationalité :Genre littéraire :Années de naissance et de mort :Siècle :

L’OEUVRE

Ë Il a essentiellement écrit …………………………………………………………………………………

…….................…………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….................………

(Titres soulignés + date de parution)Quels effets la lecture des extraits du Médecin malgré lui a-t-elle produit sur toi ?*

…….................…………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….................………

…….................…………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………….................………

* Partie à remplir à la fin de la séquence

Séquence 9séance 3 —

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Pour vérifier ta lecture approfondie, nous te soumettons à un petit quizz : souligne la réponse a), b) ou c) qui te paraît être juste !

Le père de Molière était :

a) pâtissier de la reine b) menuisier du cardinal c) tapissier du roi

Molière a eu envie de jouer au théâtre en voyant :

a) les troubadours de la Cour.

b) les improvisations des comédiens italiens.

c) les bateleurs du Pont-Neuf et la troupe royale.

Il fonde avec l’actrice Madeleine Béjart :

a) l’Illustre Théâtre b) le théâtre de marionnettes c) la Commedia dell’arte

En province, il obtient, pendant deux ans, la protection :

a) du Prince Jean b) de la reine Anne d’Autriche c) du Prince de Conti

De retour à Paris, Molière séduit le frère du roi :

a) François Ier b) Louis XIV c) Louis XVI

Deux œuvres de Molière ont été interdites puis réhabilitées grâce à l’intervention du roi. Ce sont les suivantes :

a) Le Médecin malgré lui et le Misanthrope.

b) Les Précieuses ridicules et le Tartuffe.

c) L’Avare et Le Bourgeois gentilhomme.

Pour plaire au roi, Molière introduit des ballets écrits par :

a) Marly b) Sully c) Lully

Molière, malade, meurt sur scène, en jouant :

a) Le Médecin volant.

b) Le Malade imaginaire.

c) Le Médecin malgré lui.

Une des trois pièces suivantes n’a pas été écrite par Molière :

a) Le docteur Knock.

b) Dom Juan.

c) Les Femmes savantes.

Un des trois auteurs suivants n’est pas contemporain de Molière ; c’est :

a) Racine b) La Fontaine c) Plaute

Compare tes réponses avec celles du corrigé.

Mémorise le corrigé de cette fiche comme un « Je retiens ». Laisse les dates de côté ; tu les retrouveras facilement. Souviens-toi que ses œuvres deviennent célèbres lorsque Molière a trente-sept ans.

Séquence 9 — séance 3

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Séance 4Étudier l’installation de l’intrigue dans la scène d’exposition

Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 3. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Les trois coups rituels du bâton de brigadier retentissent avant le lever du rideau pour capter l’attention des spectateurs. Deux personnages apparaissent sur scène. Qui sont-ils ? Que font-ils ? À qui s’adressent tous les renseignements fournis dans cette première scène ? Qu’apprenons-nous ?

Nous te proposons de le découvrir par la lecture de la scène 1 de l’Acte I, appelée scène d’exposition. Que le spectacle commence !

A Une scène de théâtre

Dans la séance 2, nous avons rappelé les particularités d’un texte théâtral. Nous allons rapidement réactiver tes connaissances.

Avant de répondre aux questions, lis soigneusement la scène 1 de l’Acte I, ci-dessous.La scène se déroule à la campagne.

ACTE I, scène 1SGANARELLE, MARTINE, en se querellant.

SGANARELLE. — Non je te dis que je n’en veux rien faire ; et que c’est à moi de parler et d’être le maître.

MARTINE. — Et je te dis moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie1: et que je ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines2.

SGANARELLE. — Ô la grande fatigue que d’avoir une femme : et qu’Aristote3 a bien raison, quand il dit qu’une femme est pire qu’un démon !

MARTINE. — Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt4 d’Aristote. SGANARELLE. — Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots5, qui

sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge, son rudiment6 par cœur.

MARTINE. — Peste du fou fieffé7. SGANARELLE. — Peste de la carogne8. MARTINE. — Que maudit soit l’heure et le jour, où je m’avisai d’aller dire oui9. SGANARELLE. — Que maudit soit le bec cornu10 de notaire qui me fit signer ma

ruine. MARTINE. — C’est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire : devrais-

tu être un seul moment, sans rendre grâces au Ciel de m’avoir pour ta femme, et méritais-tu d’épouser une personne comme moi ?

SGANARELLE. — Il est vrai que tu me fis trop d’honneur : et que j’eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Hé! morbleu, ne me fais point parler là-dessus, je dirais de certaines choses…

MARTINE. — Quoi ? que dirais-tu ?

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SGANARELLE. — Baste11, laissons là ce chapitre, il suffit que nous savons ce que nous savons : et que tu fus bien heureuse de me trouver.

MARTINE. — Qu’appelles-tu bien heureuse de te trouver ? Un homme qui me réduit à l’hôpital12, un débauché, un traître qui me mange tout ce que j’ai ?

SGANARELLE. — Tu as menti, j’en bois une partie. MARTINE. — Qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis. SGANARELLE. — C’est vivre de ménage13. MARTINE. — Qui m’a ôté jusqu’au lit que j’avais. SGANARELLE. — Tu t’en lèveras plus matin. MARTINE. — Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison. SGANARELLE. — On en déménage plus aisément. MARTINE. — Et qui du matin jusqu’au soir, ne fait que jouer, et que boire. SGANARELLE. — C’est pour ne me point ennuyer. MARTINE. — Et que veux-tu pendant ce temps, que je fasse avec ma famille ? SGANARELLE. — Tout ce qu’il te plaira. MARTINE. — J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. SGANARELLE. — Mets-les à terre. MARTINE. — Qui me demandent à toute heure, du pain. SGANARELLE. — Donne-leur le fouet. Quand j’ai bien bu, et bien mangé, je

veux que tout le monde soit saoul14 dans ma maison. MARTINE. — Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ? SGANARELLE. — Ma femme, allons tout doucement, s’il vous plaît. MARTINE. — Que j’endure éternellement, tes insolences, et tes débauches ? SGANARELLE. — Ne nous emportons point ma femme. MARTINE. — Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton

devoir ? SGANARELLE. — Ma femme, vous savez que je n’ai pas l’âme endurante15: et

que j’ai le bras assez bon16. MARTINE. — Je me moque de tes menaces. SGANARELLE. — Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre

ordinaire. MARTINE. — Je te montrerai bien que je ne te crains nullement. SGANARELLE. — Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque

chose17. MARTINE. — Crois-tu que je m’épouvante de tes paroles? SGANARELLE. — Doux objet de mes vœux, je vous frotterai les oreilles. MARTINE. — Ivrogne que tu es. SGANARELLE. — Je vous battrai. MARTINE. — Sac à vin. SGANARELLE. — Je vous rosserai18. MARTINE. — Infâme. SGANARELLE. — Je vous étrillerai19. MARTINE. — Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard20, gueux21,

belître22, fripon, maraud23, voleur…! SGANARELLE. — Il prend un bâton, et lui en donne. — Ah ! vous en voulez,

donc. MARTINE. — Ah, ah, ah, ah. SGANARELLE. — Voilà le vrai moyen de vous apaiser.

Le Médecin malgré lui, Acte I, scène 1, Molière

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1. à ma fantaisie : à ma guise2. souffrir tes fredaines : supporter tes excès3. Aristote : philosophe grec de l’Antiquité. Il faut préciser qu’Aristote n’a rien dit de semblable4. benêt : sot5. faiseur de fagots : bûcheron6. Le rudiment est un « petit livre qui contient les principes de la langue latine. » (Acad. 1694)7. Peste du fou fieffé : maudit triple fou8. carogne : charogne : pourriture : insulte pour désigner une méchante femme9. d’aller dire oui : accepter le mariage10. bec cornu : transcription de l’italien becco cornuto (bouc, cornard) : imbécile11. Baste: suffit! (C’est le sens de l’italien basta)12. à l’hôpital : à un état misérable : l’hôpital recueillait les malades mais aussi les pauvres13. C’est vivre de ménage : vivre avec économie 14. saoul : rassasié15. je n’ai pas l’âme endurante : je n’ai pas de patience16. j’ai le bras assez bon : je frappe facilement17. vous avez envie de me dérober quelque chose : une gifle ou des coups de bâton18. rosser : frapper19. étriller : brosser un cheval, d’où battre, malmener20. pendard : qui mérite d’être pendu 21. gueux 22. belître : homme de rien 23. maraud : mendiant, filou

1- Les didascalies

On trouve trois types de didascalies ; reporte-les dans un tableau reproduit sur ton cahier et indique dans la seconde colonne les informations qu’elles apportent.

2- Les répliques

Parmi les trois propositions, coche celles qui te paraissent justes.

a) Dans la scène 1 de l’Acte I, l’échange de répliques entre les deux personnages correspond à :

® un monologue ® un aparté ® un dialogue

b) Les personnages utilisent un niveau de langage :

® courant ® familier ® soutenu

c) Le premier mot « non » de la première réplique indique :

® que Sganarelle refuse la discussion

® que la discussion entre les personnages a commencé avant l’entrée en scène

® que Sganarelle est en désaccord avec Martine

d) Au début de l’échange (lignes 1 à 25), les personnages s’écoutent l’un l’autre : on s’en aperçoit :

® par la reprise de mêmes mots ® par des mots doux ® par des exclamations

e) Les répliques 38 et 39 montrent la mauvaise foi de Sganarelle en jouant sur :

® sens propre, sens figuré ® sur la prononciation ® sur la hauteur de voix

f) Aux lignes 55 à 64, le rythme devient endiablé : les personnages ne s’écoutent plus ; on peut le voir par :

® les répliques que chacun prononce pour soi

® les répliques de Martine limitées à des injures

® les répliques de Sganarelle limitées à des menaces de coups

Séquence 9séance 4 —

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g) La réplique de Martine (lignes 63 et 64), correspondant à une accumulation d’injures, montre que cette dernière est :

® révoltée ® en colère ® compréhensive

N’oublie pas de comparer tes réponses avec celles du corrigé avant de continuer.

B Une scène d’exposition

1- Les personnages

Réponds aux questions suivantes en complétant la synthèse ci-dessous. Sers-toi des repérages précédents.

Qui parle à qui ? De quoi ? Comment ?

Qu’apprenons-nous sur l’identité des personnages, leur caractère, leurs relations ?

Deux personnages, ……………… et …………………….. entrent en scène « ……………………….», comme le précise la didascalie initiale. Nous entrons d’emblée dans le vif de l’action : nous avons déjà parlé de début in « medias res », souviens-toi. Ils sont ………………………. et ……………………… : les répliques aux lignes 14 à 20 en témoignent. Dans leur dispute, les deux personnages se dévoilent : en effet, en même temps qu’ils dialoguent, ils informent aussi les ……………. : c’est ainsi que le public peut comprendre de quoi il s’agit. La communication est donc double au théâtre.

Nous reconnaissons deux personnages de ………………………..., de farce même puisque ce sont deux paysans : Lui est « …………… » (ligne 9) et estime que son épouse n’a pas à se plaindre. Sganarelle a une haute opinion de lui même : il cite le philosophe grec ……………………., se vante d’avoir servi un ………………… et de connaître des bases de ……… (lignes 4 à 11). Il avoue néanmoins être un « bon vivant » : manger et boire lui donnent satisfaction ; sa réplique à la ligne 41 le prouve.

C’est ce que lui reproche sa femme : en effet, la paresse de Sganarelle et son penchant pour la boisson réduisent la famille à la ……………….. Martine ne peut même pas nourrir ses enfants et la maison se vide de ses meubles : les répliques de Martine, des lignes 25 à 40, traduisent leur situation désespérée. Sganarelle fournit des réponses inadaptées aux vives inquiétudes de Martine : ainsi, la ………………… de cette dernière grandit : les insultes pleuvent à un rythme endiablé. Sganarelle perd patience et, à bout d’arguments, se retranche derrière la ………………………. Il roue Martine de coups sur le postérieur. C’est en cela aussi que nous pouvons mesurer la distance entre la comédie et la tragédie : dans la seconde, on gifle ou soufflette le visage, siège de l’intelligence ; dans la première, on s’attaque à une partie du corps moins noble.

Confronte tes réponses avec celles du corrigé avant de poursuivre.

2- L’intrigue

Quelle suite imagines-tu ?

Séquence 9 — séance 4

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La scène 1 de l’Acte I constitue la situation initiale de l’histoire : dans leur dispute, les deux personnages ont révélé leur classe sociale, leur caractère et leurs différends. Martine insiste sur le caractère dramatique de leur situation familiale, financière, et sur l’incapacité de Sganarelle à jouer son rôle d’époux et de père, en raison de sa fainéantise et de ses excès. Ce dernier ne pense qu’à son bon plaisir et ne trouve d’autre réponse que la violence aux reproches adressés par sa femme. Maître de maison, il ne souffre pas qu’une femme remette en cause son autorité. Sa première réplique, qui ouvre la scène, « Non je te dis que je n’en veux rien faire ; et que c’est à moi de parler et d’être le maître. », rappelle le pouvoir de la parole au théâtre. Sa dernière réponse laisse pourtant la parole de côté, au profit des coups !

Quelle va être la réaction de Martine ? Quel rapport cette scène a-t-elle avec le titre de la pièce ? Pourquoi Sganarelle s’est-il vanté d’avoir servi six ans un fameux médecin et de savoir un peu de latin ?

Rédige, sur ton cahier un petit paragraphe de cinq lignes qui essaie de répondre à ces dernières questions puis compare ce que tu as écrit avec ce qui t’est proposé dans le corrigé. Enfin, lis soigneusement le « Je retiens » suivant et mémorise-le.

La scène d’exposition

La fonction principale de la première scène, appelée scène d’exposition, (expositio : présentation, explication) est de présenter les personnages (identité, caractère, situation) dans un cadre (lieu-temps) et d’installer l’action ou du moins de donner des indices qui invitent au questionnement des spectateurs.

En effet, au théâtre, il ne faut jamais perdre de vue la notion de spectacle : le public est le premier destinataire des répliques des personnages : la double énonciation est spécifique au texte théâtral. Le public en sait d’ailleurs souvent plus que les personnages sur scène, d’où sa participation active.

Dans la scène 1 de l’Acte I du Médecin malgré lui, Martine et Sganarelle dialoguent et informent par là-même le lecteur ou le spectateur. Les indices qu’il puise dans cet échange l’invitent à réfléchir, à formuler des hypothèses.

Molière pique la curiosité du spectateur et éveille son intérêt.

j e retiens

C Dialogue dans le récit et dialogue de théâtre

Tu as étudié le dialogue dans le récit, dans la séance 7 de la séquence VIII. Relis, si besoin, les deux « Je retiens » de cette séance, concernant le rôle du dialogue et sa mise en forme. Dans une pièce de théâtre, l’action n’est pas racontée par un narrateur. Ce sont les paroles des personnages qui permettent au spectateur de savoir ce qui se passe.

Exercice d’écriture : En t’inspirant de l’extrait suivant de L’Enfant de Jules Vallès, invente une courte scène de théâtre, composée uniquement d’un dialogue (huit à dix répliques) entre la mère et son fils, Jacques. Ajoute quelques didascalies que tu mettras entre parenthèses puisqu’il est difficile d’écrire en italique.

La didascalie initiale est la suivante : (Chez les Vingtras, un mardi, à l’heure du déjeuner).

Séquence 9séance 4 —

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Lis soigneusement l’extrait, puis rédige la scène sur ton cahier. Nous te proposons un début. Tu peux le conserver ou en changer.

Jacques Vingtras, le narrateur, est fils d’une paysanne et d’un instituteur. Sa mère est brutale à son égard et ne manque aucune occasion de l’humilier1.

Les repas constituent une torture : il faut manger ce que l’on n’aime pas et laisser ce qu’on préfère. C’est le jour du hachis aux oignons que Jacques déteste.

Je* maudis l’oignon…Tous les mardis et vendredis, on mange du hachis aux oignons, et pendant sept ans

je n’ai pas pu manger de hachis aux oignons sans être malade.J’ai le dégoût de ce légume.Comme un riche ! mon Dieu, oui ! – Espèce de petit orgueilleux, je me permettais

de ne pas aimer ceci, cela, de rechigner quand on me donnait quelque chose qui ne me plaisait pas. Je m’écoutais, je me sentais surtout, et l’odeur de l’oignon me soulevait le cœur, – ce que j’appelais mon cœur, comprenons-nous bien ; car je ne sais pas si les pauvres ont le droit d’avoir un cœur.

« Il faut se forcer, criait ma mère. Tu le fais exprès, ajoutait-elle comme toujours. »

C’était le grand mot. « Tu le fais exprès ! »

1. humilier : faire apparaître quelqu’un comme inférieur, méprisable, par des paroles ou des actes.* « Je » : Le narrateur est Jacques.

L’Enfant, Jules Vallès

Voici le début que nous te proposons pour rédiger la scène.

(Chez les Vingtras, un mardi, à l’heure du déjeuner)

LA MÈRE (d’une voix criarde) : Jacques ! Jacques ! À table !

(Jacques se hâte de paraître)

JACQUES : Mille excuses de vous avoir fait attendre, Mère.

Regarde dans le corrigé ce qu’il était possible d’imaginer.

Séquence 9 — séance 4

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Séquence 9séance 5 —

Séance 5Analyser la progression de l’intrigue

Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 4. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Pour cette séance, tu dois avoir lu l’acte I complet de la pièce de Molière.

Après une entrée tonitruante sur scène du couple Martine-Sganarelle, in medias res, Monsieur Robert, type du poltron dans la Commedia dell’arte, s’immisce au milieu de la querelle du couple, dans la scène 2. Il se fait tour à tour débouter1, d’abord par Martine qu’il veut secourir contre les coups, puis par Sganarelle qu’il décide de soutenir. La situation est complètement renversée : les deux époux, réconciliés en apparence, se liguent contre M. Robert. Néanmoins la dernière réplique de Martine : « MARTINE. Elle dit le reste bas.— Je te pardonne, mais tu le payeras » laisse entendre qu’elle ourdit2 toujours une vengeance.

La scène 3 se limite à un monologue3 de Martine. La scène 4 met cette dernière en présence de deux hommes, Valère et Lucas, au service d’un dénommé Géronte. Leur recherche va intéresser Martine.

Poursuivons notre lecture.1. débouter : repousser, jeter dehors, faire sortir, chasser quelqu’un2. ourdir : manigancer, préparer un complot, un stratagème3. monologue : discours qu’un personnage seul sur scène se tient à lui-même.

A La progression de l’intrigue

1- Le monologue de Martine

Lis soigneusement la scène 3 de l’Acte I.

MARTINE, seule.— Va, quelque mine que je fasse, je n’oublie pas mon ressentiment1: et je brûle en moi-même, de trouver les moyens de te punir des coups que tu me donnes. Je sais bien qu’une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d’un mari : mais c’est une punition trop délicate pour mon pendard. Je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir : et ce n’est pas contentement, pour l’injure2 que j’ai reçue.

Le Médecin malgré lui, Acte I, scène 3, Molière1. ressentiment : rancune2. injure : injustice

a) Un peu de vocabulaire

La racine grecque « logos » signifie « discours ».

En composant des phrases complètes sur ton cahier, propose une définition des mots de la colonne de gauche. Pour cela, aide-toi du sens des mots de la colonne de droite.

N’hésite pas à utiliser un dictionnaire pour vérifier tes définitions.

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Prologue « pro » : avant, devant Monologue « monos » : seulDialogue « dia » : entre, à travers Épilogue « epi » : au sujet de, sur, au-dessus

Compare tes définitions avec celles du corrigé.

b) La réplique de Martine

Coche la réponse appropriée aux questions qui suivent.

Qui parle à qui ? De quoi ? Pourquoi ?

® Martine se parle à elle-même : elle réfléchit tout haut à un moyen adapté de se venger de son mari qui l’a frappée.

® Martine se parle certes à elle-même, mais elle est sur scène. Elle informe donc le public qu’elle cherche un moyen de se venger des coups de son mari. Ainsi, le public devient complice de sa ruse.

® Martine parle seule, mais elle a vu que Sganarelle s’était caché et elle veut qu’il sache qu’il ne perd rien pour attendre.

2- Une rencontre idéale

Lis soigneusement la scène 4 de l’Acte I.

VALÈRE, LUCAS, MARTINE

LUCAS.— Parguenne1, j’avons pris là, tous deux, une gueble2 de commission3 : et je ne sais pas moi, ce que je pensons attraper4.

VALÈRE.— Que veux-tu mon pauvre nourricier5 ? il faut bien obéir à notre maître : et puis, nous avons intérêt, l’un et l’autre, à la santé de sa fille, notre maîtresse, et, sans doute, son mariage différé6 par sa maladie, nous vaudrait quelque récompense. Horace qui est libéral7, a bonne part aux prétentions qu’on peut avoir sur sa personne : et quoiqu’elle ait fait voir de l’amitié8 pour un certain Léandre, tu sais bien que son père n’a jamais voulu consentir à le recevoir pour son gendre.

MARTINE, rêvant à part elle.— Ne puis-je point trouver quelque invention pour me venger ?

LUCAS.— Mais quelle fantaisie s’est-il boutée9 là dans la tête, puisque les médecins y avont tous perdu leur latin ?

VALÈRE.— On trouve quelquefois, à force de chercher, ce qu’on ne trouve pas d’abord : et souvent, en de simples lieux…

MARTINE.— Oui, il faut que je m’en venge à quelque prix que ce soit : ces coups de bâton me reviennent au cœur, je ne les saurais digérer, et… (Elle dit tout ceci en rêvant : de sorte que ne prenant pas garde à ces deux hommes, elle les heurte en se retournant, et leur dit) Ah! Messieurs, je vous demande pardon, je ne vous voyais pas et cherchais dans ma tête quelque chose qui m’embarrasse.

VALÈRE.— Chacun a ses soins10 dans le monde, et nous cherchons aussi, ce que nous voudrions bien trouver.

MARTINE.— Serait-ce quelque chose, où je vous puisse aider ?

Séquence 9 — séance 5

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VALÈRE.— Cela se pourrait faire, et nous tâchons de rencontrer quelque habile homme, quelque médecin particulier, qui pût donner quelque soulagement à la fille de notre maître, attaquée d’une maladie qui lui a ôté, tout d’un coup, l’usage de la langue. Plusieurs médecins ont déjà épuisé toute leur science après elle : mais on trouve, parfois, des gens avec des secrets admirables, de certains remèdes particuliers, qui font le plus souvent, ce que les autres n’ont su faire, et c’est là, ce que nous cherchons.

MARTINE. Elle dit ces premières lignes bas.— Ah ! que le Ciel m’inspire une admirable invention pour me venger de mon pendard. (Haut.) Vous ne pouviez jamais vous mieux adresser, pour rencontrer ce que vous cherchez : et nous avons ici, un homme, le plus merveilleux homme du monde, pour les maladies désespérées.

VALÈRE.— Et de grâce, où pouvons-nous le rencontrer ? MARTINE.— Vous le trouverez, maintenant, vers ce petit lieu que voilà, qui

s’amuse à couper du bois. LUCAS.— Un médecin qui coupe du bois ! VALÈRE.— Qui s’amuse à cueillir des simples11, voulez-vous dire ? MARTINE.— Non, c’est un homme extraordinaire, qui se plaît à cela, fantasque,

bizarre, quinteux12, et que vous ne prendriez jamais, pour ce qu’il est. Il va vêtu d’une façon extravagante, affecte, quelquefois, de paraître ignorant, tient sa science renfermée, et ne fuit rien tant tous les jours, que d’exercer les merveilleux talents qu’il a eus du Ciel, pour la médecine.

VALÈRE.— C’est une chose admirable, que tous les grands hommes ont toujours du caprice, quelque petit grain de folie mêlé à leur science13.

MARTINE.— La folie de celui-ci, est plus grande qu’on ne peut croire : car elle va, parfois, jusqu’à vouloir être battu, pour demeurer d’accord de sa capacité : et je vous donne avis que vous n’en viendrez pas à bout, qu’il n’avouera jamais, qu’il est médecin, s’il se le met en fantaisie, que vous ne preniez, chacun, un bâton, et ne le réduisiez14 à force de coups, à vous confesser à la fin, ce qu’il vous cachera d’abord. C’est ainsi que nous en usons, quand nous avons besoin de lui.

VALÈRE.— Voilà une étrange folie ! MARTINE.— Il est vrai : mais après cela, vous verrez qu’il fait des merveilles. VALÈRE.— Comment s’appelle-t-il ? MARTINE.— Il s’appelle Sganarelle : mais il est aisé à connaître. C’est un homme

qui a une large barbe noire, et qui porte une fraise15, avec un habit jaune et vert. LUCAS.— Un habit jaune et vart! C’est donc, le médecin des paroquets16. VALÈRE.— Mais est-il bien vrai, qu’il soit si habile, que vous le dites ? MARTINE.— Comment ? C’est un homme qui fait des miracles. Il y a six mois,

qu’une femme fut abandonnée de tous les autres médecins. On la tenait morte, il y avait déjà six heures : et l’on se disposait à l’ensevelir, lorsqu’on y fit venir de force, l’homme dont nous parlons. Il lui mit, l’ayant vue, une petite goutte de je ne sais quoi dans la bouche, et dans le même instant, elle se leva de son lit, et se mit, aussitôt, à se promener dans sa chambre, comme si de rien n’eût été.

LUCAS.— Ah ! VALÈRE.— Il fallait que ce fût quelque goutte d’or potable17. MARTINE.— Cela pourrait bien être. Il n’y a pas trois semaines, encore, qu’un

jeune enfant de douze ans, tomba du haut du clocher, en bas, et se brisa, sur le pavé, la tête, les bras et les jambes. On n’y eut pas plus tôt, amené notre homme, qu’il le frotta par tout le corps, d’un certain onguent18 qu’il sait faire ; et l’enfant aussitôt se leva sur ses pieds, et courut jouer à la fossette19.

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LUCAS.— Ah ! VALÈRE.— Il faut que cet homme-là, ait la médecine universelle20. MARTINE.— Qui en doute ? LUCAS.— Testigué21, velà justement, l’homme qu’il nous faut : allons vite le

charcher22. VALÈRE.— Nous vous remercions du plaisir que vous nous faites. MARTINE.— Mais souvenez-vous bien au moins, de l’avertissement que je vous

ai donné. LUCAS.— Eh ! Morguenne23, laissez-nous faire, s’il ne tient qu’à battre, la vache

est à nous24. VALÈRE.— Nous sommes bien heureux d’avoir fait cette rencontre : et j’en

conçois, pour moi, la meilleure espérance du monde.

Le Médecin malgré lui, Acte I, scène 4, Molière

1. Parguenne : « Parbleu », Par Dieu : Lucas parle le patois paysan des environs de Paris 2. gueble : diable3. commission : mission4. ce que je pensons attraper : ce que nous espérons trouver5. nourricier : mari d’une nourrice6. différé : retardé7. libéral : généreux8. amitié : amour, ici9. boutée : mise10. soins : soucis11. des simples : des plantes médicinales12. quinteux : capricieux13. les grands hommes ont toujours du caprice…. à leur science : cf. Sénèque, auteur romain, à la suite d’Aristote : « Il n’y a jamais eu de grand génie sans mélange de folie » 14. réduisiez : forciez15. fraise : large collerette plissée, portée par les hommes et les femmes au XVIe siècle et au début du XVIIe ; elle est donc passée de mode16. Un habit … des paroquets : un habit jaune et vert (couleur du costume des dupés) ; c’est donc le médecin des perroquets ?17. potable : solution alcoolique qui contenait du chlorure d’or et qui passait pour une potion miracle18. onguent : pommade19. jouer à la fossette : jeu qui consiste à lancer des billes dans un petit trou, ou fossette20. la médecine universelle : le remède universel, la panacée21. Testigué : tête bleue : Par la tête de Dieu22. velà … charcher : voilà justement l’homme qu’il nous faut : allons vite le chercher23. Morguenne : morbleu : Par la mort de Dieu24. la vache est à nous : l’affaire est faite (dicton populaire)

Une intrigue complexe

Afin de vérifier que tu as bien compris, complète le tableau suivant en cochant la case « vrai » ou « faux ». Dans le dernier cas, apporte une correction.

Séquence 9 — séance 5

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Affirmations vrai faux correctionsLa didascalie initiale indique que trois personnages occupent la scène.Le dialogue de Valère et Lucas est entrecoupé, deux fois, par les paroles de Martine.Martine se parle à elle-même, à voix basse uniquement ; personne ne l’entend.Valère et Lucas sont censés ne pas voir Martine ni l’entendre, jusqu’à ce qu’elle les heurte.Les premières répliques de Martine, prononcées à part, contredisent son monologue de la scène précédente.Le spectateur apprend que Valère et Lucas sont au service d’un même maître.Le spectateur apprend encore que ce maître a une fille qu’il veut marier à un certain Horace, mais que le mariage est retardé parce qu’elle est subitement devenue aveugle.Cette jeune fille est amoureuse d’un certain Léandre.Le spectateur apprend en six lignes seulement qu’un père veut marier sa fille ; que ce mariage a été contrarié par le mutisme soudain de la jeune fille qui aime un autre homme !Valère et Lucas ont pour mission de trouver ce Léandre.Le spectateur apprend que Martine a trouvé le moyen de se venger de son mari.Elle fait croire à Valère et Lucas, qui cherchent un médecin, que son mari en connaît un fameux.Martine persuade les deux hommes de frapper son mari, pour qu’il avoue être médecin.

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

Martine, en quête de vengeance, heurte Valère et Lucas, et voilà les fils qui se nouent pour proposer une solution à la mise en place de l’intrigue dans la scène 1 de l’Acte I. Sganarelle, menacé de coups, va devoir s’improviser médecin. Martine a réussi : non seulement elle tient sa vengeance, mais elle est parvenue à duper les deux hommes ! Et que dire de Molière ! Le spectateur se moque des deux hommes et attend avec impatience la scène où Sganarelle va devenir « médecin malgré lui ».

Séquence 9séance 5 —

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B Des outils grammaticaux au service du sens

1- Les types de phrases : redécouverte

Au théâtre, le ton est essentiel. Or, selon la force de la voix, on accentue telle réplique ou telle phrase. On mettra donc en valeur le type des phrases. De plus, au théâtre, la seule manière de faire agir l’autre, c’est de lui parler (alors que dans un roman, le narrateur peut prendre en charge ce rôle). Un type de phrase sera donc préféré à un autre pour entraîner une réaction chez l’interlocuteur.

Quelle réaction doit entraîner chacune des phrases suivantes chez l’interlocuteur ?

Réponds sur ton cahier par des phrases complètes, comme dans l’exemple.

Ex : MARTINE à VALÈRE et LUCAS : « Serait-ce quelque chose, où je vous puisse aider ? »ƒ Valère et Lucas sont invités à répondre à Martine.a) VALÈRE : « Voilà une étrange folie ! » b) VALÈRE : « [...] Horace qui est libéral, a bonne part aux prétentions qu’on

peut avoir sur sa personne : et quoiqu’elle ait fait voir de l’amitié pour un certain Léandre, tu sais bien que son père n’a jamais voulu consentir à le recevoir pour son gendre. »

c) MARTINE : « Mais souvenez-vous bien au moins, de l’avertissement que je vous ai donné. »

Compare tes réponses avec celles du corrigé, puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Les types de phrases

On distingue quatre types de phrases qui ont une influence plus ou moins grande sur l’interlocuteur :

- le type déclaratif pour donner une information, énoncer un fait.

ƒ L’interlocuteur se contente d’écouter.

- le type exclamatif pour manifester un sentiment.

ƒ L’attention de l’interlocuteur est sollicitée car le ton est plus élevé.

- le type interrogatif pour poser une question.

ƒ L’interlocuteur est invité à répondre.

- le type impératif pour donner un conseil, un ordre.

ƒ L’interlocuteur est censé respecter ce conseil ou cet ordre.

j e retiens

Séquence 9 — séance 5

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2- Les types de phrases : manipulations

Sur ton cahier, invente quatre phrases qui correspondent au type demandé, comme dans l’exemple a).

a) Martine veut connaître l’identité de Géronte. (type interrogatif)

Martine demande à Valère et Lucas : « Qui est ce Géronte dont vous parlez ? »

b) Sganarelle se plaint de Martine à Lucas. (type exclamatif)

c) Sganarelle conseille à Valère de ne pas se marier. (type impératif)

d) Lucas informe Martine de la maladie de Lucinde. (type déclaratif)

e) Le professeur interroge les élèves sur les types de phrases. (type interrogatif)

Séquence 9séance 5 —

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Séance 6Interroger l’image du médecin et

de la médecine au temps de Molière

Pour cette séance, tu dois avoir lu la totalité de l’acte II. Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 5. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Souviens-toi : nous avions suggéré l’existence d’une personne malade, au regard du titre de la pièce. Elle nous est révélée dans la scène 4 de l’Acte II, et elle souffre d’une étrange maladie !Sganarelle est obligé de se faire passer pour un médecin. Les coups prodigués par Valère et Lucas, à la scène 5 de l’Acte I, lui ont arraché cet aveu : « Ah ! Ah ! Eh bien, messieurs, oui, puisque vous le voulez, je suis médecin, je suis médecin ; apothicaire1 encore, si vous le trouvez bon. J’aime mieux consentir à tout que de me faire assommer. ». Les deux hommes le conduisent donc chez leur maître, Géronte, qui lui apprend que sa fille, Lucinde, est subitement devenue muette, le jour où il lui a annoncé son futur mariage avec un homme qu’elle n’aime pas. Dans la scène 4 de l’Acte II, on amène la malade à Sganarelle. Cette scène est la plus longue de la pièce : elle est, en effet, capitale ; l’intensité dramatique atteint son paroxysme2.

1. apothicaire : ancêtre du pharmacien ; préparateur et vendeur de produits pharmaceutiques2. paroxysme : point culminant, acmé

Lis soigneusement cette scène.

LUCINDE, VALÈRE, GÉRONTE, LUCAS, SGANARELLE, JACQUELINE

SGANARELLE.— Est-ce là, la malade ? GÉRONTE.— Oui, je n’ai qu’elle de fille : et j’aurais tous les regrets du monde,

si elle venait à mourir. SGANARELLE.— Qu’elle s’en garde bien, il ne faut pas qu’elle meure, sans

l’ordonnance du médecin. GÉRONTE.— Allons, un siège. SGANARELLE.— Voilà une malade qui n’est pas tant dégoûtante1 : et je tiens

qu’un homme bien sain s’en accommoderait assez. GÉRONTE.— Vous l’avez fait rire, Monsieur. SGANARELLE.— Tant mieux, lorsque le médecin fait rire le malade, c’est le

meilleur signe du monde. Eh bien ! de quoi est-il question ? qu’avez-vous ? quel est le mal que vous sentez ?

LUCINDE répond par signes, en portant sa main à sa bouche, à sa tête, et sous son menton.— Han, hi, hon, han.

SGANARELLE.— Eh! que dites-vous ? LUCINDE continue les mêmes gestes.— Han, hi, hon, han, han, hi, hon. SGANARELLE.— Quoi ? LUCINDE.— Han, hi, hon.

Séquence 9 — séance 6

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© Cned, Français 6e, — 131

SGANARELLE, la contrefaisant2.— Han, hi, hon, han, ha. Je ne vous entends3 point : quel diable de langage est-ce là ?

GÉRONTE.— Monsieur, c’est là sa maladie. Elle est devenue muette, sans que jusques ici, on en ait pu savoir la cause : et c’est un accident qui a fait reculer son mariage.

SGANARELLE.— Et pourquoi ? GÉRONTE.— Celui qu’elle doit épouser, veut attendre sa guérison, pour conclure

les choses. SGANARELLE.— Et qui est ce sot-là, qui ne veut pas que sa femme soit muette ?

Plût à Dieu que la mienne eût cette maladie, je me garderais bien de la vouloir guérir.

GÉRONTE.— Enfin, Monsieur, nous vous prions d’employer tous vos soins, pour la soulager de son mal.

SGANARELLE.— Ah ! ne vous mettez pas en peine. Dites-moi un peu, ce mal l’oppresse-t-il beaucoup ?

GÉRONTE.— Oui, Monsieur. SGANARELLE.— Tant mieux. Sent-elle de grandes douleurs ? GÉRONTE.— Fort grandes. SGANARELLE.— C’est fort bien fait. Va-t-elle où vous savez ? GÉRONTE.— Oui. SGANARELLE.— Copieusement ? GÉRONTE.— Je n’entends rien à cela. SGANARELLE.— La matière est-elle louable4 ? GÉRONTE.— Je ne me connais pas à ces choses. SGANARELLE, se tournant vers la malade.— Donnez-moi votre bras. Voilà un

pouls qui marque que votre fille est muette. GÉRONTE.— Eh ! oui, Monsieur, c’est là son mal : vous l’avez trouvé tout du

premier coup. SGANARELLE.— Ah, ah. JACQUELINE.— Voyez, comme il a deviné sa maladie. SGANARELLE.— Nous autres, grands médecins, nous connaissons d’abord5 les

choses. Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire : « C’est ceci, c’est cela » : mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que votre fille est muette.

GÉRONTE.— Oui, mais je voudrais bien que vous me pussiez dire d’où cela vient.

SGANARELLE.— Il n’est rien plus aisé. Cela vient de ce qu’elle a perdu la parole.

GÉRONTE.— Fort bien : mais la cause, s’il vous plaît, qui fait qu’elle a perdu la parole ?

SGANARELLE.— Tous nos meilleurs auteurs vous diront que c’est l’empêchement de l’action de sa langue.

GÉRONTE.— Mais, encore, vos sentiments sur cet empêchement de l’action de sa langue ?

SGANARELLE.— Aristote là-dessus dit… de fort belles choses. GÉRONTE.— Je le crois. SGANARELLE.— Ah ! c’était un grand homme ! GÉRONTE.— Sans doute.

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Séquence 9séance 6 —

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SGANARELLE, levant son bras depuis le coude.— Grand homme tout à fait : un homme qui était plus grand que moi, de tout cela. Pour revenir, donc, à notre raisonnement, je tiens que cet empêchement de l’action de sa langue est causé par de certaines humeurs qu’entre nous autres, savants, nous appelons humeurs peccantes6, peccantes, c’est-à-dire… humeurs peccantes : d’autant que les vapeurs formées par les exhalaisons7 des influences qui s’élèvent dans la région des maladies, venant… pour ainsi dire… à… Entendez-vous le latin ?

GÉRONTE.— En aucune façon. SGANARELLE, se levant avec étonnement.— Vous n’entendez point le latin ! GÉRONTE.— Non. SGANARELLE, en faisant diverses plaisantes postures8.— Cabricias arci thuram,

catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, « la Muse », bonus, bona, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, « oui », Quare, « pourquoi ? » Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus9.

GÉRONTE.— Ah ! que n’ai-je étudié ! JACQUELINE.— L’habile homme que velà !14

LUCAS.— Oui, ça est si biau, que je n’y entends goutte.14

SGANARELLE.— Or ces vapeurs, dont je vous parle, venant à passer du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, il se trouve que le poumon que nous appelons en latin armyan10, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre, en son chemin, lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et parce que lesdites vapeurs… comprenez bien ce raisonnement je vous prie : et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité11… Écoutez bien ceci, je vous conjure.

GÉRONTE.— Oui. SGANARELLE.— Ont une certaine malignité qui est causée… Soyez attentif, s’il

vous plaît. GÉRONTE.— Je le suis. SGANARELLE.— Qui est causée par l’âcreté12 des humeurs, engendrées dans la

concavité13 du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement, ce qui fait que votre fille est muette.

JACQUELINE.— Ah que ça est bian dit, notte homme !14

LUCAS.— Que n’ai-je la langue aussi bian pendue ! GÉRONTE.— On ne peut pas mieux raisonner sans doute. Il n’y a qu’une seule

chose qui m’a choqué. C’est l’endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu’ils ne sont. Que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit.

SGANARELLE.— Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle.

GÉRONTE.— C’est ce que je ne savais pas : et je vous demande pardon de mon ignorance.

SGANARELLE.— Il n’y a point de mal : et vous n’êtes pas obligé d’être aussi habile que nous.

GÉRONTE.— Assurément : mais Monsieur, que croyez-vous qu’il faille faire à cette maladie ?

SGANARELLE.— Ce que je crois, qu’il faille faire ? GÉRONTE.— Oui.

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SGANARELLE.— Mon avis est qu’on la remette sur son lit : et qu’on lui fasse prendre pour remède, quantité de pain trempé dans du vin.

GÉRONTE.— Pourquoi cela, Monsieur ? SGANARELLE.— Parce qu’il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une

vertu sympathique, qui fait parler. Ne voyez-vous pas bien qu’on ne donne autre chose aux perroquets : et qu’ils apprennent à parler en mangeant de cela ?

GÉRONTE.— Cela est vrai, ah ! le grand homme ! Vite, quantité de pain et de vin.

SGANARELLE.— Je reviendrai voir sur le soir, en quel état elle sera. (À la nourrice.) Doucement vous. Monsieur, voilà une nourrice à laquelle il faut que je fasse quelques petits remèdes.

JACQUELINE.— Qui, moi ? Je me porte le mieux du monde. SGANARELLE.— Tant pis nourrice, tant pis. Cette grande santé est à craindre : et

il ne sera pas mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner quelque petit clystère dulcifiant15.

GÉRONTE.— Mais, Monsieur, voilà une mode que je ne comprends point. Pourquoi s’aller faire saigner, quand on n’a point de maladie ?

SGANARELLE.— Il n’importe, la mode en est salutaire : et comme on boit pour la soif à venir, il faut se faire, aussi, saigner pour la maladie à venir.

JACQUELINE, en se retirant.— Ma fi16, je me moque de ça ; et je ne veux point faire de mon corps une boutique d’apothicaire.

SGANARELLE.— Vous êtes rétive17 aux remèdes : mais nous saurons vous soumettre à la raison. (Parlant à Géronte.) Je vous donne le bonjour18.

GÉRONTE.— Attendez un peu, s’il vous plaît. SGANARELLE.— Que voulez-vous faire ? GÉRONTE.— Vous donner de l’argent, Monsieur. SGANARELLE, tendant sa main derrière, par dessous sa robe, tandis que Géronte

ouvre sa bourse.— Je n’en prendrai pas, Monsieur. GÉRONTE.— Monsieur… SGANARELLE.— Point du tout. GÉRONTE.— Un petit moment. SGANARELLE.— En aucune façon. GÉRONTE.— De grâce. SGANARELLE.— Vous vous moquez. GÉRONTE.— Voilà qui est fait. SGANARELLE.— Je n’en ferai rien. GÉRONTE.— Eh ! SGANARELLE.— Ce n’est pas l’argent qui me fait agir. GÉRONTE.— Je le crois. SGANARELLE, après avoir pris l’argent.— Cela est-il de poids ?19 GÉRONTE.— Oui, Monsieur. SGANARELLE.— Je ne suis pas un médecin mercenaire20. GÉRONTE.— Je le sais bien. SGANARELLE.— L’intérêt ne me gouverne point. GÉRONTE.— Je n’ai pas cette pensée.

Le Médecin malgré lui, Acte II, scène 4, Molière

1. dégoûtante : désagréable à regarder, au goût de Sganarelle2. la contrefaisant : l’imitant

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3. entendre : comprendre4. louable : « un signe de santé, c’est quand les matières sont louables, bien digérées » (Furetière) 5. d’abord : immédiatement6. peccantes : humeurs mauvaises7. exhalaisons : odeurs se dégageant d’un corps, d’un lieu8. postures : attitudes, positions du corps9. Ce discours en latin de cuisine commence par quatre mots qui n’ont aucun sens ; puis viennent des emprunts, approximatifs et par bribes, à ce livre des Rudimenta que Sganarelle se vante d’avoir su par cœur (I, 1)10. armyan : Sganarelle s’enhardit et dit n’importe quoi 11. malignité : caractère de gravité12. l’âcreté : âpreté, dureté, irritation13. concavité : dont la partie courbe est en creux14. velà : voilà ; je n’y entends goutte : je n’y comprends rien ; Ah que ça est bian dit, notte homme ! Ah ! que c’est bien dit, notre homme ! (mots et expressions en patois)15. Beaucoup de médecins des XVIe et du XVIIe siècles croyaient qu’une santé trop florissante pouvait être cause de maladie ; on pratiquait couramment des « remèdes de précaution ». Les clystères sont des lavements d’eau (parfois additionnée d’un médicament) injectée dans le rectum16. Ma fi : ma foi : « Je le jure, par ma foi en Dieu »17. rétive : rebelle, opposée18. Je vous donne le bonjour : au revoir19. Cela est-il de poids ? : Cette somme suffit-elle ?20. mercenaire : qui perçoit un salaire en contrepartie d’un travail, d’un service

A Une scène capitale

1- Le théâtre dans le théâtre

Souviens-toi, nous avons déjà parlé de « mise en abyme » en comparant ce procédé à celui des poupées russes. Pour vérifier ta lecture, nous allons faire le point sur la distribution de l’information en nous posant la question : Qui sait quoi ?

Coche les affirmations qui sont justes.® Lucinde est vraiment muette.

® Lucinde fait croire qu’elle est muette.

® Sganarelle fait croire qu’il est médecin.

® Le spectateur ne sait pas que Sganarelle n’est pas médecin.

® Le spectateur sait que Lucinde est muette.

® Géronte ne sait pas que Sganarelle n’est pas un vrai médecin.

® Lucinde sait que Sganarelle n’est pas un vrai médecin.

® Sganarelle ne sait pas que Lucinde est une fausse malade.

Confronte tes réponses à celles du corrigé avant de compléter le petit texte de synthèse suivant.

Le jeu domine dans la scène 4 de l’Acte II : l’illusion théâtrale est totale. En effet, en faisant croire qu’elle est muette, ………………. joue la comédie et …………........, en faisant croire qu’il est médecin, joue, lui aussi, la comédie. Cependant, l’un et l’autre ne le savent pas ! C’est le théâtre dans le théâtre !

De plus, tous les autres …………………. ignorent aussi que Sganarelle n’est pas médecin. En revanche, le ………………… le sait.

Enfin, tous les …………………. et le …………………. ignorent que Lucinde n’est pas vraiment muette.

Séquence 9 — séance 6

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2- Le pouvoir de la parole

Rappelle-toi la première réplique de Sganarelle, dans la scène 1 de l’Acte I ; elle ouvre la pièce : « Non, je te dis que je n’en veux rien faire, et que c’est à moi de parler et d’être le maître. ». La maîtrise de la parole confère le pouvoir, nous l’avons dit. C’est encore Sganarelle qui a la supériorité du langage et qui est donc le maître du jeu, puisque ce pouvoir renforce encore celui qu’il a acquis grâce à son costume.

Mets une croix devant les affirmations qui te paraissent justes.

® Le volume de paroles de Sganarelle est le plus important : il représente plus de la moitié des répliques échangées entre les personnages.

® Sganarelle réussit à déchiffrer les paroles de Lucinde et les explique à Géronte.

® Les didascalies indiquent que sa hauteur de voix est supérieure à celle des autres personnages.

® Son niveau de langage est plus soutenu que celui des autres personnages : il emploie des mots en latin (ou presque) contre des mots en patois.

® La construction de ses phrases est plus élaborée : ses phrases sont plus longues et parfois complexes.

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

B La satire des médecins

Une satire (registre satirique) est une critique, virulente et moqueuse, d’un ridicule, d’un défaut ou d’un vice.

Le champ lexical de la médecine est très présent dans cette scène. Surligne au moins quinze mots, dans l’ensemble du texte, appartenant à ce champ lexical.

1- Une consultation parodique** parodique : qui imite grossièrement, en ne restituant que certaines apparences

a) Une consultation médicale passe par différentes phases que tu trouveras ci-dessous. Indique, par un numéro de 1 à 4, dans quel ordre elle se déroule.

- remède- diagnostic- auscultation- explication de la cause

Vérifie le bon ordre dans le corrigé avant de répondre à la question suivante.

b) L’ordre logique de la consultation est-il respecté par Sganarelle ?

c) Retrouve une citation pour illustrer chaque étape de la consultation menée par Sganarelle.

d) Si l’ordre de la consultation est respecté, elle n’en est pas moins parodique : en effet, elle reprend les différents moments d’une consultation médicale, mais les détourne en les transformant, dans le but de faire rire. Montre-le, en cochant les réponses justes du QCM ci-dessous.

Séquence 9séance 6 —

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Affirmations JustificationsL’auscultation est insuffisante parce que : ® Sganarelle se contente de soulever le bras

de Lucinde et de tâter son pouls® Sganarelle se contente de l’observer de loin® Sganarelle a oublié son stéthoscope

Le diagnostic posé par Sganarelle est une évidence : en effet…

® Lucinde est bâillonnée® Géronte vient de lui dire que sa fille est

muette® Lucinde a une extinction de voix

La cause qu’il invoque est aussi une lapalissade (évidence) :

® Lucinde est muette parce qu’elle a perdu la parole

® Lucinde est muette parce qu’elle a la langue coupée

® Lucinde est muette parce qu’elle n’a pas de langue

Pour soigner Lucinde, le remède que propose Sganarelle est :

® un remède de cheval® un remède de perroquets® un remède de grand-mère

Sganarelle emploie des mots qui ont une consonance latine pour :

® faire croire qu’il est savant® que les autres ne comprennent pas son

diagnostic® amuser Lucinde

Compare tes réponses avec celles du corrigé.

2- Un portrait caricatural* du médecin* portrait ridicule en raison de l’exagération des traits

Nous venons de voir que la consultation de Sganarelle joue sur les apparences : Sganarelle donne l’illusion d’un véritable examen médical et parvient à duper les autres. Par cette mise en scène, Molière fait une vive critique de la Médecine de son époque et des médecins, ainsi que des patients qui se laissent abuser.

a) Complète le texte qui suit avec les mots : mode, parole, latine, saignées et clystères, docteur, rire, imposteurs, médecine, argent, réfléchir, duperie.

Molière reproche aux médecins d’avoir des compétences limitées à un savoir intellectuel : ils sont docteurs avant d’être praticiens. En effet, docteur vient de « doctus » qui signifie « celui qui a été instruit » et non pas celui qui a des savoir-faire. Il faut d’ailleurs rappeler qu’on peut être ……………. sans être médecin (en sciences, en lettres, en pharmacie...). Molière le met en évidence en faisant parler Sganarelle dans un jargon1 pseudo-médical2 qui parodie la langue ………… : les termes latins du texte n’en sont pas, mais ils participent à la………………. de Sganarelle. Pour exercer la ……………., il faut faire le …………….. Molière ajoute une parodie de consultation et un appât du gain : Sganarelle fait semblant de refuser l’……………. que lui confie Géronte mais la didascalie : « tendant sa main derrière, par dessous sa robe, tandis que Géronte ouvre sa bourse. » nous prouve le contraire. Enfin, Molière cite ouvertement les remèdes de son époque : « …………………………….», en rappelant que c’est une …………………, afin d’en montrer l’inadéquation3, voire la nocivité4. Les médecins sont des ……………… qui abusent de leur savoir. Cette scène qui fait …………… par la caricature invite le spectateur à ……………. Molière a atteint son but : il a montré que « l’habit faisait le moine », si on y ajoute le pouvoir dévoyé5 de la ……………..

Régine David pour le Cned

Séquence 9 — séance 6

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1. un jargon : langue artificielle par un lexique spécialisé

2. pseudo-médical : qui a une apparence médicale mais qui est menteur

3. l’inadéquation : caractère inadapté

4. la nocivité : caractère dangereux

5. dévoyé : détourné pour entraîner dans l’erreur

b) Dans la liste suivante, entoure les adjectifs qui qualifient (selon Molière) le médecin

du XVIIe siècle.

Utilise un dictionnaire, si besoin.

« bienveillant, menteur, prétentieux, innocent, imposteur, dangereux, intéressé, irresponsable,

compétent, sage ».

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Le registre comique

Il s’applique à des sujets ordinaires où souvent domine l’intention satirique et morale : la comédie « châtie les mœurs en riant », tournant en ridicule des caractères ou des vices à la mode. Molière invite au rire, par la parodie et la caricature, pour dénoncer et faire réfléchir le spectateur sur la médecine et les médecins de son époque.

La médecine du XVIIe siècle repose sur des « humeurs », liquides secrétés par certains organes dont le déséquilibre est source de maladie. Elle pratique abusivement « saignées et purgations », en mettant en danger les malades.

Ë C’est le décalage entre l’apparence de sérieux et le ridicule (ou l’énormité) du propos qui est source de comique.

j e retiens

le coin des curieux

Pour approfondir tes connaissances en matière de médecine antique dont sont héritiers

les médecins du XVIIe siècle, tu peux effectuer des recherches dans une encyclopédie ou

sur internet à propos de la légende du dieu Asklépios (Esculape, chez les Romains), de la

médecine dans l’Antiquité et d’Hippocrate.

Regarde dans le corrigé ce que tu pouvais trouver.

Séquence 9séance 6 —

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C Un peu d’étymologie

a) En grec « médecin » se dit oJ iJatrov~ (o iatros) ; ainsi, le pédiatre est-il le médecin des enfants. Trouve un autre mot formé sur cette racine.

b) Voici des noms de spécialités médicales qui viennent du grec : « gastro-entérologie », « cardiologie », « hépatologie », « stomatologie », « pneumologie », « dermatologie », « oto-rhino-laryngologie », « ophtalmologie », « podologie ». Inscris dans chaque rectangle la spécialité qui correspond à chaque partie du corps ci-dessous.

Séquence 9 — séance 6

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Séance 7Savoir reconnaître les différentes formes de comiques

Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 6. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Nous avons étudié dans la séance précédente la portée du registre comique : à travers le rire, un auteur fait la satire des défauts humains ou des faits de société. « Castigat ridendo mores » : « Il châtie les mœurs en riant. », selon la devise des comédiens de la Commedia dell’arte, dont s’inspire Molière, qui a pour but d’instruire le spectateur, améliorer l’individu et les mœurs sociales.

Le comique naît de différents procédés (dont la parodie) et prend différentes formes que nous allons étudier. Nous allons surtout utiliser les textes des séances précédentes, notamment la scène 4 de l’Acte II, qui constitue l’apothéose* du ridicule, mais termine toutefois la lecture de l’ensemble de l’œuvre de Molière.

* point culminant, acmé

A Le comique sous toutes ses formes : découverte

Voici différents extraits.

• Sur ton cahier, indique à chaque fois ce qui provoque le rire, comme dans l’exemple suivant :

Ex : « MARTINE.— Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître, fripon, maraud, voleur…! » (Acte I, scène 1)

ƒ Il y a ici une accumulation d’injures : Martine joue avec les mots.

å « M. ROBERT.— Holà, holà, holà, fi, qu’est-ce ci ? Quelle infamie, peste soit le coquin, de battre ainsi sa femme.

MARTINE, les mains sur les côtés, lui parle en le faisant reculer, et à la fin, lui donne un soufflet.*— Et je veux qu’il me batte, moi.

M. ROBERT.— Ah ! j’y consens de tout mon cœur. MARTINE.— De quoi vous mêlez-vous ? M. ROBERT.— J’ai tort. MARTINE.— Est-ce là votre affaire ? M. ROBERT.— Vous avez raison. MARTINE.— Voyez un peu cet impertinent, qui veut empêcher les maris de battre

leurs femmes. » (Début de l’Acte I, scène 2)*soufflet : gifle

ç « SGANARELLE.— Il prend un bâton, et lui en donne.— Ah! vous en voulez, donc.

MARTINE.— Ah, ah, ah, ah. SGANARELLE.— Voilà le vrai moyen de vous apaiser. » (Acte I, scène 1)

Séquence 9séance 7 —

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é « SGANARELLE, levant son bras depuis le coude.— Grand homme tout à fait : un homme qui était plus grand que moi, de tout cela. Pour revenir, donc, à notre raisonnement, je tiens que cet empêchement de l’action de sa langue est causé par de certaines humeurs qu’entre nous autres, savants, nous appelons humeurs peccantes, peccantes, c’est-à-dire… humeurs peccantes : d’autant que les vapeurs formées par les exhalaisons des influences qui s’élèvent dans la région des maladies, venant… pour ainsi dire… à… Entendez-vous le latin ? » (Acte II, scène 4)

è « SGANARELLE.— Que voulez-vous faire ? GÉRONTE.— Vous donner de l’argent, Monsieur. SGANARELLE, tendant sa main derrière, par dessous sa robe, tandis que Géronte

ouvre sa bourse.— Je n’en prendrai pas, Monsieur. » (Acte II, scène 4)

ê « SGANARELLE, en faisant diverses plaisantes postures.— Cabricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, « la Muse », bonus, bona, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, « oui », Quare, « pourquoi ? » Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus.

GÉRONTE.— Ah ! que n’ai-je étudié ! JACQUELINE.— L’habile homme que velà ! LUCAS.— Oui, ça est si biau, que je n’y entends goutte. » (Acte II, scène 4)

ë « LUCINDE répond par signes, en portant sa main à sa bouche, à sa tête, et sous son menton.— Han, hi, hon, han.

SGANARELLE.— Eh ! que dites-vous ? LUCINDE continue les mêmes gestes.— Han, hi, hon, han, han, hi, hon. SGANARELLE.— Quoi ? LUCINDE.— Han, hi, hon. SGANARELLE, la contrefaisant.— Han, hi, hon, han, ha. Je ne vous entends

point : quel diable de langage est-ce là ? » (Acte II, scène 4)

í « MARTINE.— J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. SGANARELLE.— Mets-les à terre. » (Acte I, scène 1)

ì « VALÈRE.— Monsieur préparez-vous, voici notre médecin qui entre. GÉRONTE.— Monsieur, je suis ravi de vous voir chez moi : et nous avons grand

besoin de vous. SGANARELLE, en robe de médecin, avec un chapeau des plus pointus.

— Hippocrate dit… que nous nous couvrions tous deux. GÉRONTE.— Hippocrate dit cela ? SGANARELLE.— Oui. GÉRONTE.— Dans quel chapitre, s’il vous plaît ? » (Début de l’Acte II,

scène 2)

Vérifie tes réponses dans le corrigé, puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Séquence 9 — séance 7

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Les formes de comiques

Le comique revêt trois formes principales : il joue sur la situation, sur les mots, sur les gestes. On y ajoute le comique de caractère :

• Le comique de situation : malentendus, renversement de situation, présence de personnages dissimulés, répétition d’une situation, trompeur / trompé, décalage entre ce que sait le personnage et ce que savent les spectateurs…

• Le comique de mots : jeux de mots, jurons, répétitions, interjections, citations ou langues inventées, accents, patois…

• Le comique de gestes : jeux de scène, chutes, coups de bâtons, gestes répétés, mimiques…

• Le comique de caractère : repose sur le tempérament ou le caractère des personnages, et surtout leurs défauts (avarice, orgueil, naïveté…)

Ë Il arrive que ces différents procédés se combinent comme dans la satire de la médecine, Acte II, scène 4, du Médecin malgré lui de Molière.

j e retiens

B Le jeu théâtral

Tu vas maintenant réaliser quelques exercices oraux qui manipulent les comiques de mots et de situation. À toi de jouer !

1- Prononce distinctement les phrases suivantes. « Six scies scient six troncs ; six cents six scies scient six cents six troncs. » « Quatre coquets coqs croquaient quatre croquantes coquilles. » « Traître ! Ton traité intraitable traite Tristan trop tristement. » « Je veux et j’exige d’exquises excuses. » « Didon dîna, dit-on, de dix dos dodus de dix dodus dindons. » « Pie niche haut, oie niche bas. Où niche hibou ? Hibou niche ni haut ni bas. Hibou niche

pas. »

C’est drôle, n’est-ce pas de jouer sur la sonorité des mots ? Tu peux inventer, à ton tour, d’autres phrases du même type.

2- a) Lis l’extrait de la scène 4 de l’Acte II du Bourgeois gentilhomme à voix haute, en prononçant très distinctement la succession des voyelles pour faire ressortir le comique.

Monsieur Jourdain, un bourgeois riche et stupide, veut se cultiver. Son maître de philosophie lui apprend donc les voyelles puis les consonnes !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A.MONSIEUR JOURDAIN : A, A. Oui.MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : La voix E se forme en rapprochant la mâchoire

d’en bas de celle d’en haut : A, E.MONSIEUR JOURDAIN : A, E, A, E. Ma foi ! oui. Ah ! que cela est beau !MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Et la voix I en rapprochant encore davantage les

mâchoires l’une de l’autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles : A, E, I. MONSIEUR JOURDAIN : A, e, i, i, i, i. Cela est vrai. Vive la science !

Séquence 9séance 7 —

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MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : La voix o se forme en rouvrant les mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas : o.

MONSIEUR JOURDAIN : O, o. Il n’y a rien de plus juste. A, e, i, o, i, o. Cela est admirable ! I, o, i, o.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : L’ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un o.

MONSIEUR JOURDAIN : O, o, o. Vous avez raison, o. Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : La voix u se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l’une de l’autre sans les rejoindre tout à fait : u.

MONSIEUR JOURDAIN : U, u. Il n’y a rien de plus véritable : u.MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Vos deux lèvres s’allongent comme si vous faisiez

la moue : d’où vient que si vous la voulez faire à quelqu’un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que : u.

MONSIEUR JOURDAIN : U, u. Cela est vrai. Ah ! que n’ai-je étudié plus tôt, pour savoir tout cela ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Demain, nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.

MONSIEUR JOURDAIN : Est-ce qu’il y a des choses aussi curieuses qu’à celles-ci ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Sans doute. La consonne D, par exemple, se prononce en donnant du bout de la langue au-dessus des dents d’en haut : da.

MONSIEUR JOURDAIN : Da, da. Oui. Ah ! les belles choses ! les belles choses !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : L’F en appuyant les dents d’en haut sur la lèvre de dessous : fa.

MONSIEUR JOURDAIN : Fa, fa. C’est la vérité. Ah ! mon père et ma mère, que je vous veux de mal !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Et l’r, en portant le bout de la langue jusqu’au haut du palais, de sorte qu’étant frôlée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une manière de tremblement : rra.

MONSIEUR JOURDAIN : R, r, ra ; r, r, r, r, r, ra. Cela est vrai. Ah ! l’habile homme que vous êtes ! et que j’ai perdu de temps ! R, r, r, ra.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Je vous expliquerai à fond toutes ces curiosités.

Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, scène 4, Molière

b) Rédige une phrase complète sur ton cahier qui explique en quoi cette scène est drôle.

Compare ta réponse à celle du corrigé.

le coin des curieux

Tu peux voir une mise en scène de cet extrait sur internet à l’adresse suivante :

http://www.dailymotion.com/video/x15v2_m-jourdain-et-les-sons-1_school

Bonne écoute !

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Séance 8Étudier un dénouement de comédie

Pour cette séance, tu dois absolument avoir lu l’ensemble de la pièce. Prends ton cahier de français. Passe une ligne après la séance 7. Puis écris en rouge le numéro et le titre de cette séance.

Souviens-toi : La première intrigue de la pièce tourne autour de la recherche d’un stratagème1 de Martine pour se venger de Sganarelle ; la seconde est constituée par la recherche d’un médecin de la part de Géronte, en vue de guérir sa fille Lucinde, devenue subitement muette. Les deux intrigues se nouent lorsque se rencontrent Martine et les messagers de Géronte. Sganarelle va être « malgré lui » l’élément d’un « marché de dupes » qu’il trompera néanmoins à son tour.

À la scène 4 de l’Acte II, nous avons laissé Sganarelle face au mutisme de Lucinde. Ce n’est que pure comédie de sa part : en effet, elle ne veut pas épouser Horace, que lui destine son père, mais Léandre, dont elle est amoureuse. À la scène 6 de l’Acte II, Lucinde est toujours muette en dépit du traitement conseillé par Sganarelle, faux médecin. En revanche, ce dernier a appris que Lucinde feignait d’être muette. Aussi, décide-t-il de devenir l’allié des amoureux et d’introduire Léandre, déguisé en apothicaire, chez Géronte.

Nous assistons à la première entrevue entre Lucinde (faussement muette) et Léandre (faussement apothicaire)... mais Géronte est présent. Quelle sera l’issue de cette confrontation ? Faisons confiance à Sganarelle pour « trancher le nœud gordien2 » ...

1. stratagème : ruse - 2. « trancher le nœud gordien » : trouver une solution radicale au problème

A Vers le dénouement

Lis soigneusement la scène 6 de l’Acte III.

JACQUELINE, LUCINDE, GÉRONTE, LÉANDRE, SGANARELLE

JACQUELINE.— Monsieu, velà* votre fille qui veut un peu marcher. SGANARELLE.— Cela lui fera du bien. Allez-vous-en, Monsieur l’Apothicaire,

tâter un peu son pouls, afin que je raisonne1 tantôt2, avec vous, de sa maladie. (En cet endroit, il tire Géronte à un bout du théâtre, et lui passant un bras sur les épaules, lui rabat la main sous le menton, avec laquelle il le fait retourner vers lui, lorsqu’il veut regarder ce que sa fille et l’apothicaire font ensemble, lui tenant, cependant3, le discours suivant pour l’amuser4.) Monsieur, c’est une grande et subtile question entre les doctes5, de savoir si les femmes sont plus faciles à guérir que les hommes. Je vous prie d’écouter ceci, s’il vous plaît. Les uns disent que non, les autres disent que oui : et moi je dis que oui, et non. D’autant que l’incongruité6 des humeurs opaques, qui se rencontrent au tempérament naturel des femmes, étant cause que la partie brutale7 veut toujours prendre empire sur la sensitive8, on voit que l’inégalité de leurs opinions dépend du mouvement oblique, du cercle de la lune : et comme le soleil qui darde9 ses rayons sur la concavité de la terre, trouve…

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LUCINDE.— Non, je ne suis point du tout capable de changer de sentiment. GÉRONTE.— Voilà ma fille qui parle. Ô grande vertu10 du remède ! Ô admirable

médecin ! Que je vous suis obligé11, Monsieur, de cette guérison merveilleuse, et que puis-je faire pour vous, après un tel service ?

SGANARELLE, se promenant sur le théâtre et s’essuyant le front.— Voilà une maladie qui m’a bien donné de la peine !

LUCINDE.— Oui, mon père, j’ai recouvré12 la parole : mais je l’ai recouvrée pour vous dire, que je n’aurai jamais d’autre époux que Léandre, et que c’est inutilement que vous voulez me donner Horace.

GÉRONTE.— Mais… LUCINDE.— Rien n’est capable d’ébranler la résolution que j’ai prise. GÉRONTE.— Quoi…? LUCINDE.— Vous m’opposerez en vain de belles raisons. GÉRONTE.— Si… LUCINDE.— Tous vos discours ne serviront de rien. GÉRONTE.— Je… LUCINDE.— C’est une chose où je suis déterminée. GÉRONTE.— Mais… LUCINDE.— Il n’est puissance paternelle, qui me puisse obliger à me marier

malgré moi. GÉRONTE.— J’ai… LUCINDE.— Vous avez beau faire tous vos efforts. GÉRONTE.— Il… LUCINDE.— Mon cœur ne saurait se soumettre à cette tyrannie. GÉRONTE.— La… LUCINDE.— Et je me jetterai plutôt dans un couvent que d’épouser un homme

que je n’aime point. GÉRONTE.— Mais… LUCINDE, parlant d’un ton de voix à étourdir.— Non. En aucune façon. Point

d’affaire13. Vous perdez le temps. Je n’en ferai rien. Cela est résolu. GÉRONTE.— Ah ! quelle impétuosité14 de paroles, il n’y a pas moyen d’y résister.

(À Sganarelle.) Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette. SGANARELLE.— C’est une chose qui m’est impossible. Tout ce que je puis faire

pour votre service, est de vous rendre sourd, si vous voulez. GÉRONTE.— Je vous remercie. (À Lucinde.) Penses-tu donc… LUCINDE.— Non. Toutes vos raisons ne gagneront rien sur mon âme15. GÉRONTE.— Tu épouseras Horace, dès ce soir. LUCINDE.— J’épouserai plutôt la mort. SGANARELLE.— Mon Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi médicamenter cette

affaire. C’est une maladie qui la tient : et je sais le remède qu’il y faut apporter. GÉRONTE.— Serait-il possible, Monsieur, que vous puissiez, aussi, guérir cette

maladie d’esprit ?

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SGANARELLE.— Oui, laissez-moi faire, j’ai des remèdes pour tout : et notre apothicaire nous servira pour cette cure. (Il appelle l’apothicaire et lui parle.) Un mot. Vous voyez que l’ardeur qu’elle a pour ce Léandre, est tout à fait contraire aux volontés du père, qu’il n’y a point de temps à perdre, que les humeurs sont fort aigries16, et qu’il est nécessaire de trouver promptement17 un remède à ce mal qui pourrait empirer par le retardement. Pour moi, je n’y en vois qu’un seul, qui est une prise de fuite purgative18, que vous mêlerez comme il faut, avec deux drachmes19 de matrimonium20 en pilules. Peut-être fera-t-elle quelque difficulté à prendre ce remède : mais comme vous êtes habile homme dans votre métier, c’est à vous de l’y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez. Allez-vous-en lui faire faire un petit tour de jardin, afin de préparer les humeurs, tandis que j’entretiendrai21 ici son père : mais surtout, ne perdez point de temps. Au remède, vite, au remède spécifique22.

Le Médecin malgré lui, Acte III, scène 6, Molière

* « Monsieur, voilà ... »1. raisonner : discuter2. tantôt : bientôt3. cependant : pendant ce temps4. l’amuser : le distraire, détourner son attention5. les doctes : les savants6. l’incongruité : le fait que les liquides contenus dans le corps féminin soient dans une mauvaise proportion7. la partie brutale : la partie animale8. la sensitive : la sensibilité9. darder ses rayons : briller de mille feux10. vertu : efficacité11. Que je vous suis obligé : que je vous suis redevable (remerciements)12. recouvrer : retrouver13. Point d’affaire : il n’y a rien à faire14. impétuosité : vivacité15. ne gagneront rien sur mon âme : n’auront aucun effet16. aigries : altérées17. promptement : rapidement18. fuite purgative : remède inventé : l’adjectif « purgative » rassure Géronte qui pense à un médicament, tandis que le nom « fuite » est un conseil destiné aux jeunes gens19. un drachme : ancienne mesure de pharmacie, équivalant à environ quatre grammes20. matrimonium : mariage, en latin21. j’entretiendrai : je m’entretiendrai22. spécifique : approprié, c’est-à-dire le mariage

1- Les personnages en présence : la circulation de la parole

Cinq personnages sont présents sur scène : Jacqueline accompagne Lucinde ; Léandre est aux côtés de Sganarelle. Il reste Géronte.

a) Compte le nombre de lignes consacrées à la prise de paroles de chacun des personnages et inscris le nombre, dans le tableau suivant.

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Personnages Nombre de lignesJacquelineSganarelleGéronteLucindeLéandre

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

b) Analyse du tableau

Réponds maintenant sur ton cahier aux questions suivantes, par des phrases complètes.

• Quels personnages parlent le plus ?

• Qui a le monopole de la parole ?

• Quel personnage est-on étonné d’entendre parler longuement ?

• Quel personnage se tait ?

• Quel est le premier mot prononcé par Lucinde ?

• Quel même champ lexical est développé au début et à la fin de la scène, par Sganarelle ?

Après avoir vérifié tes réponses dans le corrigé, complète le texte qui suit en surlignant la proposition juste à chaque fois.

c) Synthèse

L’occupation scénique, précisée par de longues didascalies, isole deux couples : les amoureux enfin réunis, Sganarelle et Géronte, à l’opposé. Il est néanmoins clair que la scène se réduit à 1/2/3 personnages. Léandre / Jacqueline n’a droit qu’à une réplique qui introduit la scène. Ce sera la dernière : le personnage s’efface. Léandre / Sganarelle, lui, se tait. C’est que sa seule présence suffit à déclencher la parole de Jacqueline / Lucinde, sa bien-aimée, qui, du statut de muette, devient logorrhéique*. En effet, brusquement, quittant Léandre, cette dernière prend la parole au milieu du discours de Sganarelle, au moment où il évoque le caractère lunatique des femmes et l’influence des astres sur leurs humeurs ! Par ce jaillissement de la parole, Jacqueline / Lucinde veut affirmer sa liberté de choix et, par là même, sa volonté de s’opposer à son père. Son premier mot « Oui / Non » le prouve. Revigorée par la présence de son amant, elle ne peut plus se taire.

Quoique le discours de Léandre / Géronte commence par sa satisfaction à l’égard de Sganarelle, sa parole se tarit très vite face à la détermination de sa fille, qui ne le laisse désormais prononcer que des monosyllabes, en l’interrompant sans cesse. Le père est dépossédé de la parole.

Le comique tient du total retournement de situation : une fille muette, dont la farouche détermination ne peut interrompre le discours, face à un père réduit à ne prononcer que des balbutiements, qui disent sa déception et annoncent que son pouvoir paternel est mis à mal.

Toutefois, Géronte n’a pas encore cédé : Lucinde / Jacqueline a retrouvé la parole, mais pas encore la liberté : « Tu épouseras Horace, dès ce soir. », ordonne Géronte / Sganarelle. La situation semble sans issue ! Cependant Sganarelle / Léandre va inventer un moyen de réunir les deux amants.

Séquence 9 — séance 8

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Le monopole de la parole revient en effet à Géronte / Sganarelle, tant au début qu’à la fin de la scène. Il est encore le maître du jeu, puisqu’il met également un terme à la dispute entre Léandre / Géronte et Jacqueline / Lucinde par un double impératif : « Mon Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi médicamenter cette affaire ». De plus, Sganarelle est un fin stratège : il arrête la colère du père, en lui expliquant que l’entêtement de sa fille est dû à une nouvelle maladie. En effet, le champ lexical de la médecine / l’amour est de nouveau très développé : « médicamenter, maladie, remède, guérir cette maladie de l’esprit, notre apothicaire, cure, humeurs aigries, mal, empirer, purgative ... ». Géronte / Léandre comprend ces mots comme un diagnostic, mais Géronte / Léandre, réel destinataire du message, comprend que les « humeurs » du père ne peuvent avoir qu’un « remède » : la fuite et le mariage. Le discours de Jacqueline / Sganarelle est constamment à double sens. Le public savoure la situation : grâce à ce jeu de langage, Lucinde / Géronte est dupé !

Molière est un virtuose qui maintient la cohérence de ce discours à double sens.

Régine David pour le Cned

Compare tes réponses à celles du corrigé.

2- La grammaire au service du sens

Reprenons le duel qui oppose Lucinde à son père.

a) Surligne dans le texte, toutes les marques de négation des lignes 15 à 50, qui font écho au « Non » de Lucinde, répété plusieurs fois, signe d’un refus catégorique.

b) Parmi les affirmations suivantes, choisis les réponses justes en les cochant.

Relis le « Je retiens » de la séance 5, si besoin.

- Les phrases prononcées par Lucinde sont de type :

® interrogatif ® déclaratif ® impératif ® exclamatif

- Les phrases de Lucinde qui témoignent de son opposition obstinée sont soulignées par des tournures : ® affirmatives ® négatives

Après avoir consulté le corrigé, lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Les formes de phrases

Tu te souviens : on distingue quatre types de phrases qui ont une influence plus ou moins grande sur l’interlocuteur : le type déclaratif, le type exclamatif, le type interrogatif, le type impératif.

Chacun de ces types de phrases peut prendre deux formes : affirmative ou négative.

Ex : Dans les répliques de Lucinde, la forme négative, abondamment employée, répond à son premier mot articulé : « Non », et souligne sa farouche détermination à s’opposer au projet de mariage de son père.

NB : Les négations comportent deux parties : « ne ... pas ; ne ... jamais ; ne ... rien ; ne ... point ». Tu ne dois pas oublier le « ne ».

j e retiens

Séquence 9séance 8 —

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c) Indique dans le tableau suivant les type et forme des phrases qui te sont proposées.

Phrases Types Formes« Je n’en ferai rien. »« Tu épouseras Horace, dès ce soir. »« Que puis-je faire pour vous, après un tel service ? »« Ne pourriez-vous la rendre muette de nouveau ? »« Ô grande vertu du remède ! Ô admirable médecin que vous êtes ! »

Vérifie dans le corrigé que tu ne t’es pas trompé/e.

B Le dénouement

Lis soigneusement la fin de la pièce, des scènes 7 à 11 de l’Acte III.

SCÈNE 7GÉRONTE, SGANARELLE

GÉRONTE.— Quelles drogues, Monsieur, sont celles que vous venez de dire ? Il me semble que je ne les ai jamais ouï1 nommer.

SGANARELLE.— Ce sont drogues dont on se sert dans les nécessités urgentes. GÉRONTE.— Avez-vous jamais vu une insolence pareille à la sienne ? SGANARELLE.— Les filles sont quelquefois un peu têtues. GÉRONTE.— Vous ne sauriez croire comme elle est affolée2 de ce Léandre. SGANARELLE.— La chaleur du sang fait cela dans les jeunes esprits. GÉRONTE.— Pour moi, dès que j’ai eu découvert la violence de cet amour, j’ai

su tenir toujours ma fille renfermée. SGANARELLE.— Vous avez fait sagement. GÉRONTE.— Et j’ai bien empêché qu’ils n’aient eu communication ensemble. SGANARELLE.— Fort bien. GÉRONTE.— Il serait arrivé quelque folie, si j’avais souffert qu’ils se fussent

vus. SGANARELLE.— Sans doute. GÉRONTE.— Et je crois qu’elle aurait été fille à s’en aller avec lui. SGANARELLE.— C’est prudemment raisonné. GÉRONTE.— On m’avertit qu’il fait tous ses efforts pour lui parler. SGANARELLE.— Quel drôle3. GÉRONTE.— Mais il perdra son temps. SGANARELLE.— Ah, ah. GÉRONTE.— Et j’empêcherai bien qu’il ne la voie. SGANARELLE.— Il n’a pas affaire à un sot, et vous savez des rubriques4, qu’il

ne sait pas. Plus fin que vous n’est pas bête.

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SCÈNE 8LUCAS, GÉRONTE, SGANARELLE

LUCAS.— Ah palsanguenne5, Monsieu, vaici bian du tintamarre, votte fille s’en est enfuie avec son Liandre, c’était lui qui était l’Apothicaire, et velà Monsieu le Médecin, qui a fait cette belle opération-là.

GÉRONTE.— Comment, m’assassiner6 de la façon. Allons, un commissaire7, et qu’on empêche qu’il ne sorte. Ah ! traître, je vous ferai punir par la justice.

LUCAS.— Ah ! par ma fi, Monsieu le Médecin, vous serez pendu, ne bougez de là seulement.

SCÈNE 9MARTINE, SGANARELLE, LUCAS

MARTINE.— Ah ! mon Dieu, que j’ai eu de peine à trouver ce logis : dites-moi un peu des nouvelles du médecin que je vous ai donné.

LUCAS.— Le velà, qui va être pendu. MARTINE.— Quoi, mon mari pendu, hélas, et qu’a-t-il fait pour cela ? LUCAS.— Il a fait enlever la fille de notte maître. MARTINE.— Hélas ! mon cher mari, est-il bien vrai qu’on te va pendre ? SGANARELLE.— Tu vois. Ah. MARTINE.— Faut-il que tu te laisses mourir en présence de tant de gens ? SGANARELLE.— Que veux-tu que j’y fasse ? MARTINE.— Encore, si tu avais achevé de couper notre bois, je prendrais quelque

consolation. SGANARELLE.— Retire-toi de là, tu me fends le cœur. MARTINE.— Non, je veux demeurer pour t’encourager à la mort : et je ne te

quitterai point, que je ne t’aie vu pendu. SGANARELLE.— Ah.

SCÈNE 10GÉRONTE, SGANARELLE, MARTINE, LUCAS

GÉRONTE.— Le commissaire viendra bientôt, et l’on s’en va vous mettre en lieu, où l’on me répondra de vous.

SGANARELLE, le chapeau à la main.— Hélas, cela ne se peut-il point changer en quelques coups de bâton ?

GÉRONTE.— Non, non, la justice en ordonnera… Mais que vois-je ?

SCÈNE 11LÉANDRE, LUCINDE, JACQUELINE, LUCAS,

GÉRONTE, SGANARELLE, MARTINELÉANDRE.— Monsieur, je viens faire paraître Léandre à vos yeux, et remettre

Lucinde en votre pouvoir, nous avons eu dessein8 de prendre la fuite nous deux, et de nous aller marier ensemble : mais cette entreprise a fait place à un procédé plus honnête : je ne prétends point vous voler votre fille, et ce n’est que de votre main que je veux la recevoir ; ce que je vous dirai, Monsieur, c’est que je viens tout à l’heure de recevoir des lettres, par où j’apprends que mon oncle est mort, et que je suis héritier de tous ses biens.

GÉRONTE.— Monsieur, votre vertu m’est tout à fait considérable9, et je vous donne ma fille, avec la plus grande joie du monde.

SGANARELLE.— La médecine l’a échappé belle ! MARTINE.— Puisque tu ne seras point pendu, rends-moi grâce d’être médecin :

car c’est moi qui t’ai procuré cet honneur.

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SGANARELLE.— Oui, c’est toi qui m’as procuré je ne sais combien de coups de bâton.

LÉANDRE.— L’effet en est trop beau, pour en garder du ressentiment. SGANARELLE.— Soit, je te pardonne ces coups de bâton, en faveur de la dignité

où tu m’as élevé, mais prépare-toi désormais à vivre dans un grand respect avec un homme de ma conséquence10, et songe que la colère d’un médecin est plus à craindre qu’on ne peut croire.

Le Médecin malgré lui, Acte III, scènes 7, 8, 9, 10, 11, Molière

1. ouïr : entendre2. affolée : amoureuse à en être folle3. drôle : plaisant coquin4. vous savez des rubriques : vous savez conduire des affaires5. palsanguenne : parbleu (par Dieu)6. assassiner : causer une vive douleur7. commissaire : officier royal dont la présence est indispensable pour les règlements de la police8. dessein : projet9. votre vertu m’est tout à fait considérable : vos qualités morales vous honorent10. conséquence : importance

1- Un changement de rythme

Réponds aux questions suivantes par des phrases complètes sur ton cahier.

a) Que constates-tu à propos de la longueur des dernières scènes ?

b) Quel rebondissement permet le dénouement final ?

c) Martine est-elle vengée ?

2- La pirouette de Sganarelle

En dépit de la révélation de la supercherie, Sganarelle, loin d’être humilié, retrouve toute son aisance et promet à Martine un avenir exceptionnel.

Surligne directement sur le dernier extrait les mots et les expressions qui appartiennent au champ lexical de la « grandeur » et se rapportent à Sganarelle.

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé.

le coin des curieux

Si tu as aimé cette pièce de théâtre, tu peux la retrouver sous la forme d’une bande dessinée. Tu verras ainsi des choix de mise en scène et tu pourras les comparer avec ce que tu avais imaginé.

Bonne lecture !

Le Médecin malgré lui, Molière

Mise en scène par Virginie Cady,Découpage Laurent Percelay,Dessin et couleur Kawaii Studio

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Séquence 9 — séance 8

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Séance 9Je m’évalue

Faisons ensemble le point sur ce que tu dois connaître et être capable de faire pour le devoir.

Complète maintenant le tableau de synthèse ci-dessous. Retrouve notamment, quand il le faut,

les exemples qui correspondent aux notions étudiées. Tu peux bien sûr utiliser ton cours ! N’oublie

pas ensuite de corriger tes erreurs en consultant le corrigé, car il est important que ce tableau ne

comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de• le vocabulaire du théâtre. • repérer et nommer les informations qui

donnent des indications de jeu à l’acteur et qui sont généralement écrites en italiques : ce sont des .............................................

• repérer et nommer les paroles prononcées par les personnages : chaque prise de parole s’appelle une ................................ ............................................................... ...............................................................

• définir un monologue : c’est ….....………… ...............................................................

• définir un aparté : c’est …………….......….. ............................................................... ...............................................................

• des notions sur le théâtre à travers les âges. • reconnaître un théâtre grec, romain grâce à l’architecture, et donner des informations sur l’héritage de la Commedia dell’arte.

La Commedia dell’arte est une forme de théâtre venue d’………………. qui met en scène des personnages caricaturaux, facilement identifiables grâce à leurs ……………….. et leurs …………..................

• citer quelques noms de personnages de la Commedia dell’arte : ………......…………… ...............................................................

• retrouver son nom dans l’anagramme suivante : « Penoquil » : ..........................

Séquence 9séance 9 —

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• des informations sur la vie de Molière. • citer le nom du théâtre qu’il fonde avec Madeleine Béjart : c’est …………………...... ...............................................................

• nommer le roi qui prend la troupe de Molière sous son patronage et lui donne le nom de « Troupe du roi au Palais Royal » : il s’agit de ……………………….

• citer trois auteurs contemporains de Molière : ………………………….....…………. ...............................................................

• des titres de pièces de théâtre de Molière. • retrouver les titres de quelques pièces de Molière en reliant un élément de la colonne A avec un élément de la colonne B.

A BL’Amour

Le Médecin

Le Malade

Les Femmes

Le Bourgeois

Le Médecin

Les Fourberies

Les Précieuses

imaginaire

volant

de Scapin

ridicules

médecin

gentilhomme

savantes

malgré lui

• le rôle d’une scène d’exposition. • préciser ce rôle, en complétant cette définition : La fonction principale de la première scène, appelée scène d’exposition, est de ……………………...... (identité, caractère, situation) dans un cadre (lieu-temps) et d’installer …………. ……………… ou du moins de donner des indices qui invitent au questionnement des spectateurs.

• les types et les formes de phrases. • retrouver le type et la forme des phrases suivantes :

« N’est-il donc personne pour m’écouter ? » : phrase ………………….....….

« C’est à moi de parler et d’être le maître ! » » : phrase ……………………......…

• le registre comique. • rappeler ses buts : …………………..........…..

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Séquence 9 — séance 9

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• les différentes formes de comique. • citer et reconnaître les comiques de ..........

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• le pouvoir de la parole au théâtre. • nommer un personnage du Médecin malgré lui qui détient ce pouvoir : c’est

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Séquence 9séance 9 —

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