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© Cned, Français 3e 144 Sommaire Séquence 12 Aspects du théâtre contemporain : du rire à l’absurde Durée approximative : 11 h 30 Séance 1 Ubu roi, Alfred Jarry Analyser une parodie du théâtre classique Étude de l’image : réfléchir à la mise en scène Séance 2 La guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux Étudier la reprise d’un mythe antique L’attribut du COD : emploi et accord Séance 3 En attendant Godot, Samuel Beckett Découvrir le théâtre de l’absurde Expression écrite Séance 4 Rhinocéros, Eugène Ionesco Aborder la relation entre texte et représentation dans le théâtre contemporain Étudier le mélange des genres et la portée de la pièce Séance 5 Un Mot pour un autre, Jean Tardieu Étudier la remise en cause du langage dans une pièce contemporaine Expression écrite Séance 6 Je m’évalue

Sommaire - f2.quomodo.comf2.quomodo.com/0DC3D9A1/uploads/356/Francais -Sequence-12.pdf · Étude de l ’image ... Alfred Jarry a quinze ans lorsqu’il crée le personnage du père

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SommaireSéquence 12

Aspects du théâtre contemporain : du rire à l’absurde

Durée approximative : 11 h 30

Séance 1 Ubu roi, Alfred Jarry Analyser une parodie du théâtre classique Étude de l’image : réfléchir à la mise en scène

Séance 2 La guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux Étudier la reprise d’un mythe antique L’attribut du COD : emploi et accord

Séance 3 En attendant Godot, Samuel Beckett Découvrir le théâtre de l’absurde Expression écrite

Séance 4 Rhinocéros, Eugène Ionesco Aborder la relation entre texte et représentation dans le théâtre contemporain Étudier le mélange des genres et la portée de la pièce

Séance 5 Un Mot pour un autre, Jean Tardieu Étudier la remise en cause du langage dans une pièce contemporaine Expression écrite

Séance 6 Je m’évalue

© Cned, Français 3e — 145

Séquence 12séance 1 —

Séance 1Étudier une parodie du théâtre classique

Ubu roi, Alfred Jarry

Durée approximative : 1h

© Cned/ N. Julo

Je peux lire aussi

Parallèlement aux extraits de cette séquence, tu peux lire aussi en lecture cursive les œuvres suivantes :

- Jean Giraudoux : La Guerre de Troie n’aura pas lieu

- Samuel Beckett : En attendant Godot

- Eugène Ionesco : Rhinocéros

- Eugène Ionesco : La Cantatrice chauve

- Jean Tardieu : Un Mot pour un autre

Dans les séquences 7 et 8 tu as étudié une pièce tragique contemporaine : Antigone de Jean Anouilh. Dans cette séquence, tu vas découvrir différents aspects du théâtre contemporain : du rire à l’absurde, en passant par la reprise d’un mythe antique.

Dans la première séance, tu vas étudier une parodie du théâtre classique à travers un extrait d’Ubu roi, une pièce d’Alfred Jarry.

Alfred Jarry a quinze ans lorsqu’il crée le personnage du père Ubu en s’inspirant d’un professeur tyrannique dont tout le monde se moque. À partir de sa blague d’étudiant, Jarry crée, en 1896, la pièce Ubu roi, dont l’aspect provocateur fera scandale. Cette pièce raconte, d’une manière burlesque, le parcours d’un tyran lâche et violent qui parvient au pouvoir en assassinant un roi. L’extrait que tu vas lire présente les premières lignes de la pièce.

Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en rouge. Encadre-les.

Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

À présent, lis deux fois le texte qui suit et écoute-le à la piste 33 de ton CD.

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Séquence 12 — séance 1

1 5 10 15 20 25 30

PÈRE UBU. – Merdre ! MÈRE UBU. – Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous estes1 un fort grand voyou. PÈRE UBU. – Que ne vous assom’je2, Mère Ubu ! MÈRE UBU. – Ce n’est pas moi, Père Ubu, c’est un autre qu’il faudrait assassiner. PÈRE UBU. – De par ma chandelle verte, je ne comprends pas. MÈRE UBU. – Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort ? PÈRE UBU. – De par ma chandelle verte, merdre, madame, certes oui, je suis content. On le serait à moins : capitaine de dragons3, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle Rouge de Pologne et ancien roi d’Aragon, que voulez-vous de mieux ? MÈRE UBU. – Comment ! après avoir été roi d’Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d’estafiers4 armés de coupe-choux5, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole6 la couronne de Pologne à celle d’Aragon ? PÈRE UBU. – Ah ! Mère Ubu, je ne comprends rien de ce que tu dis. MÈRE UBU. – Tu es si bête ! PÈRE UBU. – De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ? MÈRE UBU. – Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ? PÈRE UBU. – Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole. MÈRE UBU. – Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culottes ? PÈRE UBU. – Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ? MÈRE UBU. – À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues. PÈRE UBU. – Si j’étais roi, je me ferais construire une grande capeline comme celle que j’avais en Aragon et que ces gredins d’Espagnols m’ont impudemment7 volée. MÈRE UBU. – Tu pourrais aussi te procurer un parapluie et un grand caban8 qui te tomberait sur les talons. PÈRE UBU. – Ah ! je cède à la tentation. Bougre de merdre, merdre de bougre, si jamais je le rencontre au coin d’un bois, il passera un mauvais quart d’heure. MÈRE UBU. – Ah ! bien, Père Ubu, te voilà devenu un véritable homme. PÈRE UBU. – Oh non ! moi, capitaine de dragons, massacrer le roi de Pologne ! plutôt mourir ! MÈRE UBU, à part. – Oh ! merdre ! (Haut.) Ainsi tu vas rester gueux comme un rat, Père Ubu.

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Séquence 12séance 1 —

35

PÈRE UBU. – Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j’aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gras chat. MÈRE UBU. – Et la capeline ? et le parapluie ? et le grand caban ? PÈRE UBU. – Eh bien, après, Mère Ubu ? (Il s’en va en claquant la porte.) MÈRE UBU, seule. – Vrout, merdre, il a été dur à la détente, mais vrout, merdre, je crois pourtant l’avoir ébranlé. Grâce à Dieu et à moi-même, peut-être dans huit jours serai-je reine de Pologne. Alfred Jarry, Ubu roi, 1896, Acte I, scène 1.

NOTES :

1- « estes » : ancienne orthographe pour « êtes ».

2- « Que ne vous assom’je » : « Pourquoi est-ce que je ne vous assomme pas ? »

3- « dragons » : ici, soldats.

4- « estafiers » : valets armés qui portaient le manteau et les armes de leurs maîtres.

5- « coupe-choux » : terme familier désignant des sabres courts.

6- « fiole » : ici, terme familier désignant la tête.

7- « impudemment » : avec insolence.

8- « caban » : grand manteau épais que portent les marins.

Pour vérifier ta bonne compréhension du texte, réponds maintenant aux questions suivantes.

A Comprendre la scène d’exposition

je sais déjàScène d’exposition

La scène d’exposition est souvent la première scène d’une pièce de théâtre. Elle a pour fonction d’apporter au spectateur les informations nécessaires à la bonne compréhension du texte :

- L’identité des personnages et leur situation

- Le lieu et l’époque où se déroule l’histoire

- L’enjeu de l’intrigue, de l’action

1- a) Qui sont les personnages présents sur la scène ? Quelle relation les unit ?

b) Relève les informations qui concernent le père Ubu.

c) Que font-ils lorsque le rideau se lève ?

d) Parmi les adjectifs suivants, souligne ceux qui te semblent pouvoir caractériser les deux personnages :

polis – grossiers – agressifs – agréables – vulgaires – honnêtes – violents – intelligents – stupides.

— © Cned, Français 3e148

Séquence 12 — séance 1

2- Où l’action se déroule-t-elle ? Justifie ta réponse en citant le texte.

3- a) Quel projet est envisagé pour que le père Ubu ait une meilleure situation?

b) Qui est à l’origine de ce projet ?

c) À quoi le spectateur peut-il s’attendre dans la suite de la pièce ?

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

B Étudier une parodie de tragédie

C Coup de pouce : Une parodie est une imitation caricaturale et burlesque d’un texte ou d’un genre sérieux.

1- a) En quoi l’intrigue qui se dessine est-elle politique ?

b) Dans les lignes 23 à 28, quels arguments la mère Ubu utilise-t-elle pour convaincre son mari de passer à l’action ?

c) Parmi ces arguments, lesquels te paraissent ridicules ?

d) Lequel de ces arguments met en lumière la cupidité (= la recherche des richesses) des personnages ?

2- a) Sur quel mot s’ouvre la pièce ? Est-ce une façon habituelle de commencer une pièce de théâtre ?

b) Quel effet l’emploi de ce mot peut-il avoir sur les spectateurs ?

c) Quel registre de langue les personnages emploient-ils le plus souvent : familier, courant ou soutenu ?

d) Classe dans le tableau les mots et expressions suivants :

merdre – que ne vous assom’je – ventrebleu – fiole – coupe-choux – vrout – n’ai-je pas un cul comme les autres ?

Jurons et termes familiers Tournures comiques Néologismes*---

-- -

-

*Un néologisme est un mot nouveau, qu’un auteur peut créer, à partir d’un mot existant par exemple.

3- a) Les personnages de la tragédie classique se caractérisent en général par leur grandeur et leur noblesse, et leur langage soutenu : le Père et la Mère Ubu te semblent-ils correspondre à ce genre de personnages ? Justifie ta réponse.

b) En t’appuyant sur l’ensemble de tes réponses, explique en quoi cette scène d’exposition est une parodie de scène tragique.

Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés. Ensuite, lis et recopie le « Je retiens » qui suit afin de le mémoriser.

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Séquence 12séance 1 —

La parodie de théâtre classique.Dans sa pièce Ubu roi, Jarry s’amuse à détourner les codes du théâtre classique. •Lascèneétudiéeestuneréécriture parodique d’une scène de tragédie classique, dont

elle conserve certains traits : è L’intrigue politique : la conquête du pouvoir par un régicideè Le milieu social de la noblesse (capitaine, ancien roi)Mais elle présente des personnages grotesques et ridicules, obéissant à leur cupidité et à leurs instincts et s’exprimant dans un langage très familier. Loin d’être des personnages de tragédie classique, c’est bien plutôt à la farce que ces pantins grossiers se rattachent.•Lecomique provient du décalage entre la référence sérieuse de la tragédie et la réécriture

parodique.

j e retiens

C Réfléchir à la mise en scène

1- Voici l’extrait d’une lettre, datée du 8 janvier 1896, adressée par Alfred Jarry au metteur en scène et acteur Lugné-Poe, chargé de créer la pièce. Lis attentivement cet extrait.

« · Masque pour le personnage principal, Ubu, lequel masque je pourrais vous procurer au besoin. Et puis je crois que vous vous êtes occupé vous-même de la question des masques.

· Adoption d’un seul décor, ou mieux, d’un fond uni, supprimant les levers et baissers de rideau pendant l’acte unique. Un personnage correctement vêtu viendrait, comme dans les guignols, accrocher une pancarte, signifiant le lieu de la scène. »

2- Observe maintenant ce portrait du père Ubu, réalisé par Jarry lui-même.

« Véritable portrait de Monsieur Ubu », dessin original d’Alfred Jarry © Roger-Viollet

a) Quel élément mentionné dans l’extrait de la lettre retrouves-tu dans ce portrait ?

b) Quelle figure est dessinée sur le ventre du père Ubu ? Que peut-elle symboliser ?

— © Cned, Français 3e150

Séquence 12 — séance 1

3- a) Observe attentivement les deux documents qui suivent.

Document 1 Photo du tournage de la fiction Ubu Roi, adaptée de l’œuvre d’Alfred Jarry

et réalisée par Jean-Christophe Averty en 1965. © INA

Document 2 Ubu roi, d’Alfred Jarry, mis en scène par Jean-Pierre Vincent, avec Serge Bagdassarian (Père Ubu)

et Anne Kessler (Mère Ubu), la Comédie Française, 2009.

b) Quelle mise en scène respecte le plus fidèlement les désirs d’Alfred Jarry ? Justifie ta réponse.

c) Dans la mise en scène du document 2, quels éléments modernisent la pièce de Jarry ?

d) Quels peuvent être les avantages d’une mise en scène moderne comme celle-ci ?

La séance se termine : vérifie maintenant tes réponses en consultant le livret de corrigés.

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Séquence 12séance 2 —

Séance 2Étudier la reprise d’un mythe antique

La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux

Durée approximative : 1h

Dans cette séance, tu vas découvrir la reprise d’un mythe antique dans le théâtre contemporain. Tu as déjà étudié, dans les séquences 7 et 8, comment Jean Anouilh avait réécrit le mythe antique d’Antigone. Ce texte est un extrait d’une pièce de Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n’aura pas lieu, écrite en 1935.

La scène se situe sur les terrasses du palais de Troie. Les Troyens attendent une délégation grecque, venue chercher des explications au sujet de l’enlèvement d’Hélène par Pâris. Hélène se promène et toute la ville l’admire. Sont présents sur la scène : Priam et son épouse Hécube, Hector et Pâris, leurs fils, la devineresse Cassandre, Demokos, le poète nationaliste ainsi que le Géomètre.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte.

Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit d’un extrait de La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux (© Bernard Grasset, 1935), acte I, scène 6, de « PRIAM. - Tu la vois ? » à « HECUBE. - Il pleure, l’idiot. »

Pour vérifier ta bonne compréhension du texte, réponds maintenant aux questions qui suivent.

A Étudier la reprise d’un mythe antique

1- a) Quel grand texte épique de l’Antiquité raconte la guerre de Troie ?

¨ L’Odyssée

¨ L’Iliade

¨ L’Énéide

b) Hélène est-elle :

¨ grecque

¨ troyenne

¨ perse

c) Pourquoi se trouve-t-elle à Troie ?

2- a) Que désigne l’expression employée par Hector : « une brouille avec les Grecs » (l. 48) ? Quelle en serait la cause ?

b) Parmi les personnages présents, Hector veut rendre Hélène aux Grecs afin d’éviter la guerre. Relève une phrase qui le montre.

— © Cned, Français 3e152

Séquence 12 — séance 2

c) Pour quelles raisons les autres personnages veulent-ils garder Hélène à Troie ?

3- a) Observe le titre de la pièce : La Guerre de Troie n’aura pas lieu. En quoi ce titre souligne-t-il l’aspect tragique de la pièce ?

b) « Ce sont des sandales à toi. » (l. 6)

« Je vois deux fesses charmantes. » (l. 9)

« Il pleure, l’idiot. » (l. 53)

Dans ces phrases, le registre de langue employé par les personnages te semble-t-il correspondre à ce que l’on attend d’une tragédie ? Justifie ta réponse.

c) Dans les attitudes ou les paroles des personnages présents, repère un exemple d’effet comique.

d) Giraudoux écrit sa pièce en 1935. En quoi le thème de la guerre de Troie est-il particulièrement d’actualité en Europe à ce moment-là ?

Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le livret de corrigés. Ensuite, recopie et mémorise le « Je retiens » qui suit.

La reprise des mythes antiques dans le théâtre contemporain.Dans la première moitié du XXe siècle, certains auteurs font appel aux mythes grecs qu’ils transposent dans leur époque. La Machine infernale (1933) de Jean Cocteau ou Antigone (1944) de Jean Anouilh puisent leur inspiration dans le mythe d’Œdipe. La reprise des mythes antiques leur permet d’exprimer les angoisses et les inquiétudes nées des événements tragiques (guerres, remise en cause des valeurs humanistes). Dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Jean Giraudoux donne une version personnelle du déclenchement de la guerre de Troie. Mais la réécriture qu’il en propose se teinte d’humour et de familiarité, mêlant ainsi tragique et comédie.

j e retiens

B Analyser la figure d’Hélène

1- a) Pour Priam et Demokos, que symbolise Hélène ?

b) Quel synonyme de « symboliser » est employé dans le texte ?

c) Parmi les personnages masculins de la scène, lequel n’est pas vraiment séduit par Hélène ? Justifie ta réponse.

d) « Tout est grand pour les petites femmes. » (l. 8)

Que nous apprend cette phrase de Cassandre sur la manière dont elle considère Hélène ?

2- a) Quelle phrase d’Hector nous apprend que toute la cité troyenne a été bouleversée par l’arrivée d’Hélène ?

b) Relis le discours du géomètre aux lignes 41 à 52. Montre comment le personnage d’Hélène est devenu la nouvelle unité de mesure de l’univers troyen. Tu développeras ta réponse en t’appuyant sur des citations précises de l’extrait que tu as lu.

Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

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Séquence 12séance 2 —

C L’attribut du COD : emplois et accords

1- « Dis-moi pourquoi nous trouvons la ville transformée […] ? » (l. 37)

a) Encadre le mot auquel se rapporte le terme « transformée ».

b) Quelle est la fonction du mot que tu as encadré ?

c) Réécris cette phrase en remplaçant « la ville » par le pronom personnel qui convient.

Le mot « transformée » est-il toujours exprimé ?

2- « Je l’ai emportée nue […] » (l. 6)

a) Encadre le COD dans la phrase.

b) Explique l’accord de l’adjectif qualificatif « nue »

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés puis lis et apprends le « Je retiens » suivant.

L’attribut du COD : emplois et accords.•L’attributduCOD est une fonction qui exprime une caractéristique du COD : Priam trouve Hélène (COD) séduisante (Att. du COD). •L’attributduCODfaitpartiedugroupe verbal et non du COD : à la différence de

l’adjectif épithète, l’attribut du COD ne peut être supprimé sans que le sens de la phrase change.

Il a trouvé ce dessert succulent dans un livre de recettes. Adj. Epithète faisant partie du COD

Il a trouvé (= estimé) ce dessert succulent. Att. du COD

•Pourdistinguerl’adjectifépithètedel’attributduCOD,onpeutremplacerleCODparun pronom : l’attribut du COD est alors conservé dans la phrase :

Il l’a trouvé succulent.è On trouve l’attribut du COD après des verbes de jugement (croire, estimer, trouver,

juger…), des verbes de désignation (nommer, élire, appeler…) ou des verbes qui expriment une transformation.

Le géomètre juge Hélène très belle. Les Troyens appellent Hélène reine de la beauté. Cette situation rend Hector furieux.è L’attribut du COD peut être un adjectif qualificatif, un participe passé ou un groupe

nominal : il s’accorde toujours en genre et en nombre avec le COD qu’il qualifie : Hector trouve les guerres cruelles. (féminin, pluriel)

j e retiens

Pour t’entraîner, effectue le petit exercice qui suit.

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Séquence 12 — séance 2

3- Dans les phrases suivantes, souligne l’attribut du COD et encadre le COD qu’il qualifie.

a) Je trouve cette pièce de Giraudoux intéressante.

b) Certains l’ont jugée difficile.

c) Cassandre trouve Hélène assez provocante.

d) Pâris parviendra-t-il à la rendre heureuse ?

e) Les Troyens l’ont élue femme de l’année.

Tu peux maintenant vérifier tes réponses et passer au dernier exercice de la séance.

D Réécriture

« Tout guerrier que tu es, tu as bien entendu parler des symboles ! Tu as bien rencontré

des femmes qui, d’aussi loin que tu les apercevais, te semblaient personnifier l’intelligence,

l’harmonie, la douceur ? » (l. 26 à 28)

Réécris ce passage en remplaçant « tu » par « vous ».

Consulte le livret de corrigés afin de vérifier l’exactitude de tes réponses, la séance est terminée.

© Cned, Français 3e — 155

Séquence 12séance 3 —

Séance 3Découvrir le théâtre de l’absurde

En attendant Godot, Samuel Beckett

Durée approximative : 1h30

Cette séance te permettra de découvrir les caractéristiques du théâtre de l’absurde. Ce genre, dans les années 50, a marqué une rupture très nette avec le théâtre traditionnel. Dans cette pièce de Samuel Beckett, deux vagabonds, Vladimir et Estragon, attendent un certain Godot. Les deux personnages s’occupent, discutent et se querellent. Mais Godot ne viendra jamais. Voici les dernières lignes de la pièce.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte qui suit et écoute-le à la piste 34 de ton CD.

1 5 10 15 20 25

ESTRAGON. – Qu’est-ce que tu as ? VLADIMIR. – Je n’ai rien. ESTRAGON. – Moi je m’en vais. VLADIMIR. – Moi aussi.

Silence ESTRAGON. – Il y avait longtemps que je dormais ? VLADIMIR. – Je ne sais pas.

Silence. ESTRAGON. – Où irons-nous ? VLADIMIR. – Pas loin. ESTRAGON. – Si si, allons-nous-en loin d’ici ! VLADIMIR. – On ne peut pas. ESTRAGON. – Pourquoi ? VLADIMIR. – Il faut revenir demain. ESTRAGON. – Pour quoi faire ? VLADIMIR. – Attendre Godot. ESTRAGON. – C’est vrai. (Un temps.) Il n’est pas venu ? VLADIMIR. – Non. ESTRAGON. – Et maintenant il est trop tard. VLADIMIR. – Oui, c’est la nuit. ESTRAGON. – Et si on le laissait tomber ? (Un temps.) Si on le laissait tomber ? VLADIMIR. – Il nous punirait. (Silence. Il regarde l’arbre.) Seul l’arbre vit. ESTRAGON, regardant l’arbre. – Qu’est-ce que c’est ? VLADIMIR. – C’est l’arbre. ESTRAGON. – Non mais quel genre ? VLADIMIR. – Je ne sais pas. Un saule. ESTRAGON. – Viens voir. (Il entraîne Vladimir vers l’arbre. Ils s’immobilisent devant. Silence.) Et si on se pendait ?

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Séquence 12 — séance 3

1 5 10 15 20 25

ESTRAGON. – Qu’est-ce que tu as ? VLADIMIR. – Je n’ai rien. ESTRAGON. – Moi je m’en vais. VLADIMIR. – Moi aussi.

Silence ESTRAGON. – Il y avait longtemps que je dormais ? VLADIMIR. – Je ne sais pas.

Silence. ESTRAGON. – Où irons-nous ? VLADIMIR. – Pas loin. ESTRAGON. – Si si, allons-nous-en loin d’ici ! VLADIMIR. – On ne peut pas. ESTRAGON. – Pourquoi ? VLADIMIR. – Il faut revenir demain. ESTRAGON. – Pour quoi faire ? VLADIMIR. – Attendre Godot. ESTRAGON. – C’est vrai. (Un temps.) Il n’est pas venu ? VLADIMIR. – Non. ESTRAGON. – Et maintenant il est trop tard. VLADIMIR. – Oui, c’est la nuit. ESTRAGON. – Et si on le laissait tomber ? (Un temps.) Si on le laissait tomber ? VLADIMIR. – Il nous punirait. (Silence. Il regarde l’arbre.) Seul l’arbre vit. ESTRAGON, regardant l’arbre. – Qu’est-ce que c’est ? VLADIMIR. – C’est l’arbre. ESTRAGON. – Non mais quel genre ? VLADIMIR. – Je ne sais pas. Un saule. ESTRAGON. – Viens voir. (Il entraîne Vladimir vers l’arbre. Ils s’immobilisent devant. Silence.) Et si on se pendait ?

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VLADIMIR. – Avec quoi ? ESTRAGON. – Tu n’as pas un bout de corde ? VLADIMIR. – Non. ESTRAGON. – Alors on ne peut pas. VLADIMIR. – Allons-nous-en. ESTRAGON. – Attends, il y a ma ceinture. VLADIMIR. – C’est trop court. ESTRAGON. – Tu tireras sur mes jambes. VLADIMIR. – Et qui tireras sur les miennes ? ESTRAGON. – C’est vrai. VLADIMIR. – Fais quand même voir. (Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon. Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles. Ils regardent la corde.) À la rigueur ça pourrait aller. Mais est-elle solide ? ESTRAGON. – On va voir. Tiens.

Ils prennent chacun un bout de la corde, et tirent. La corde se casse. Ils manquent de tomber. VLADIMIR. – Elle ne vaut rien.

Silence. ESTRAGON. – Tu dis qu’il faut revenir demain ? VLADIMIR. – Oui. ESTRAGON. – Alors on apportera une bonne corde. VLADIMIR. – C’est ça.

Silence. ESTRAGON. – Didi. VLADIMIR. – Oui. ESTRAGON. – Je ne peux plus continuer comme ça. VLADIMIR. – On dit ça. ESTRAGON. – Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux. VLADIMIR. – On se pendra demain. (Un temps.) À moins que Godot ne vienne. ESTRAGON. – Et s’il vient ?

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Séquence 12séance 3 —

30 35 40 45 50 55

VLADIMIR. – Avec quoi ? ESTRAGON. – Tu n’as pas un bout de corde ? VLADIMIR. – Non. ESTRAGON. – Alors on ne peut pas. VLADIMIR. – Allons-nous-en. ESTRAGON. – Attends, il y a ma ceinture. VLADIMIR. – C’est trop court. ESTRAGON. – Tu tireras sur mes jambes. VLADIMIR. – Et qui tireras sur les miennes ? ESTRAGON. – C’est vrai. VLADIMIR. – Fais quand même voir. (Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon. Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles. Ils regardent la corde.) À la rigueur ça pourrait aller. Mais est-elle solide ? ESTRAGON. – On va voir. Tiens.

Ils prennent chacun un bout de la corde, et tirent. La corde se casse. Ils manquent de tomber. VLADIMIR. – Elle ne vaut rien.

Silence. ESTRAGON. – Tu dis qu’il faut revenir demain ? VLADIMIR. – Oui. ESTRAGON. – Alors on apportera une bonne corde. VLADIMIR. – C’est ça.

Silence. ESTRAGON. – Didi. VLADIMIR. – Oui. ESTRAGON. – Je ne peux plus continuer comme ça. VLADIMIR. – On dit ça. ESTRAGON. – Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux. VLADIMIR. – On se pendra demain. (Un temps.) À moins que Godot ne vienne. ESTRAGON. – Et s’il vient ?

60 65 70

VLADIMIR. – Nous serons sauvés. Vladimir enlève son chapeau –celui de Lucky – regarde dedans, y passe la main, le secoue, le remet. ESTRAGON. – Alors, on y va ? VLADIMIR. – Relève ton pantalon. ESTRAGON. – Comment ? VLADIMIR. – Relève ton pantalon. ESTRAGON. – Que j’enlève mon pantalon ? VLADIMIR. – RE-lève ton pantalon. ESTRAGON. – C’est vrai.

Il relève son pantalon. Silence. VLADIMIR. – Alors, on y va ? ESTRAGON. – Allons-y.

Ils ne bougent pas.

Samuel Beckett, En attendant Godot, 1952 © Éditions de Minuit.

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Séquence 12 — séance 3

Réponds maintenant aux questions qui suivent, afin de vérifier que tu as bien compris ce texte.

A Une scène d’inaction

1- a) De manière générale, quelle impression te font les deux personnages ?

b) Résume en quelques mots l’action de cette scène : que constates-tu ?

2- a) Peut-on savoir où et quand se passe la scène ?

b) Quel est le seul élément du décor mentionné dans la scène ?

3- a) Le dialogue entre les deux personnages est-il continu ou interrompu ? Pour répondre, tu t’appuieras sur les didascalies.

b) Le rythme de la scène te paraît-il lent ou rapide ? Justifie ta réponse.

c) Le dialogue entre les personnages te semble-t-il faire progresser l’action ?

d) Leurs paroles expriment-elles des émotions ?

e) D’après l’ensemble de tes réponses, explique en quoi ce dialogue est différent d’un dialogue de théâtre traditionnel.

4- a) Souligne dans l’extrait quatre répliques qui expriment l’envie qu’ont les personnages de quitter les lieux.

b) Parviennent-ils à partir ?

c) « ESTRAGON. - Allons-y.

Ils ne bougent pas. » (l. 70-71)

Que peux-tu constater en comparant la réplique d’Estragon et la didascalie finale ?

d) Quel aspect des personnages est ainsi souligné ?

e) Cette pièce présente-t-elle un dénouement ? Justifie ta réponse.

Vérifie maintenant tes réponses en consultant le livret de corrigés.

B Étudier les caractéristiques du théâtre de l’absurde

1- a) Observe les répliques des lignes 51 à 56 : ces répliques s’enchaînent-elles de façon logique ?

b) Comment pourrais-tu qualifier la conversation des personnages (deux réponses sont possibles) :

¨ banale

¨ passionnante

¨ insensée

¨ spirituelle

c) En quoi les répliques des lignes 62 à 65 constituent-elles un dialogue de sourds ?

d) À partir de tes réponses, que peux-tu déduire sur la communication entre les deux personnages ?

© Cned, Français 3e — 159

Séquence 12séance 3 —

2- a) Observe les lignes 6 à 28, et retrouve le type de phrase employé systématiquement par chacun des deux personnages.

Estragon

Vladimir

• •

• •

Phrases déclaratives

Phrases interrogatives

b) Quel effet ce procédé produit-il ?

c) Observe les didascalies des lignes 39, 40 et 43. À quel type de personnages comiques Vladimir et Estragon te font-ils penser ?

3- a) Relève une réplique par laquelle Estragon exprime son désespoir.

b) Quelle action envisage Estragon pour en finir avec sa souffrance ? Tu citeras le texte à l’appui de ta réponse.

c) Ce projet réussit-il ?

d) « On ne peut pas » (l. 12) / « Il faut revenir demain » (l. 14).

Comment s’exprime dans ces répliques le sentiment de la fatalité ?

e) Montre que les deux personnages sont prisonniers à la fois des lieux, du temps et de leur souffrance.

f) En t’appuyant sur tes réponses précédentes, précise quel registre* se mêle au registre comique.

4- a) Quelle réplique nous fait comprendre que Godot est attendu comme un libérateur ?

b) Selon toi, que peut symboliser ce personnage qui ne viendra jamais ?

Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le corrigé. Ensuite, lis et recopie le « Je retiens » qui suit afin de le mémoriser.

Le théâtre de l’absurde. Le théâtre de l’absurde a profondément renouvelé le genre théâtral dans les années 50.

Né après le profond traumatisme engendré par la seconde guerre mondiale, ce genre s’interroge sur le sens de la condition humaine et de la vie. Il dénonce l’aveuglement des hommes, la vanité de nos paroles et de nos actes. L’absurde est en effet ce qui n’a pas de sens, et se révèle contraire à la raison.

Si Alfred Jarry est souvent présenté comme un précurseur du théâtre de l’absurde, c’est avec des auteurs comme Eugène Ionesco (La Cantatrice chauve, 1950) et Samuel Beckett qu’il se développe.

Le théâtre de l’absurde se caractérise par : è La disparition de l’intrigue traditionnelle et un cadre spatio-temporel imprécis è Des personnages en crise, sans identité marquée è Une absence de communication (le langage exprime le vide et l’incohérence) è Un mélange des registres comique et tragique è L’importance accrue des didascalies : le théâtre est autant gestes et attitudes que

paroles.

j e retiens

— © Cned, Français 3e160

Séquence 12 — séance 3

C Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Imagine, à la façon de Beckett, un petit dialogue absurde entre deux personnages de ton choix. Écris ce dialogue sous la forme d’un texte théâtral d’une vingtaine de lignes.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Imaginer une scène où l’action ne progresse pas

- Écrire un dialogue absurde composé de répliques banales et sans grande logique

- Proposer de nombreuses didascalies portant sur les gestes et les attitudes

- Mélanger les registres comique et tragique

- Adopter la présentation d’un texte théâtral

- Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

Je vérifie que … Fait

J’ai imaginé une scène où l’action ne progresse pas.

J‘ai écrit un dialogue absurde composé de répliques banales et sans grande logique.J’ai proposé de nombreuses didascalies portant sur les gestes et les attitudes.

J’ai mélangé les registres comique et tragique.

J’ai adopté la présentation d’un texte théâtral.

J’ai vérifié l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton dialogue de théâtre sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

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Séquence 12séance 4 —

Séance 4Aborder la relation entre texte et représentation

dans le théâtre contemporain Rhinocéros, Eugène Ionesco

Durée approximative : 1h

Dans cette séance, tu vas réfléchir à la relation entre le texte et la représentation, afin de comprendre l’importance de la mise en scène dans le théâtre contemporain.

Tu vas lire un extrait de Rhinocéros, une pièce d’Eugène Ionesco. La pièce raconte l’invasion d’une petite ville par des rhinocéros. Le héros, Béranger, comprend peu à peu que ce sont les habitants eux-mêmes qui se métamorphosent en bêtes. Un jour, il vient rendre visite à son ami Jean, qui est souffrant. L’action se passe dans la chambre de Jean. Une petite porte donne sur la salle de bain qui n’est pas visible sur scène.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte et écoute-le à la piste 35 de ton CD.

Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit d’extraits de la pièce d’Eugène Ionesco Rhinocéros, 1959 (© Éditions Gallimard), acte II, tableau II, de « BÉRANGER. - On a souvent l’impression qu’on s’est cogné, quand on a mal à la tête » à « JEAN. - Pourquoi pas ! Je n’ai pas vos préjugés ! »

Pour vérifier que tu as bien compris ce texte, réponds aux questions qui suivent.

A Analyser la progression de l’action : la métamorphose

1- a) En quoi Jean se métamorphose-t-il progressivement ?

b) Quels sont les différents signes physiques de cette métamorphose ?

2- a) Dans les lignes 25 à 30, souligne une phrase qui révèle que la métamorphose de Jean modifie son mode de vie.

b) Montre que la métamorphose concerne également le langage de Jean. Tu t’appuieras à la fois sur le texte et sur les didascalies*.

3- a) Comment peut-on qualifier l’attitude de Béranger à l’égard de Jean dans la première partie de l’extrait ?

¨ moqueuse

¨ agressive

¨ amicale

b) Justifie ta réponse en citant un élément du texte.

— © Cned, Français 3e162

Séquence 12 — séance 4

4- Relis attentivement les lignes 29 à 40.

a) Quel mot précis provoque un désaccord entre les deux personnages ?

b) Deux systèmes de valeurs s’opposent à travers les discours de Jean et de Béranger : attribue les valeurs qui suivent à chacun des deux personnages :

la morale – la nature – la loi de la jungle – l’intégrité primordiale – des siècles de civilisation – l’humanisme -

Béranger Jean---

---

Compare maintenant tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

B Étudier le mélange des registres et la portée de la pièce

1- « Je n’ai point de bosse. Dans ma famille, on n’en a jamais eu. » (l. 8)

a) À quel registre* cette réplique de Jean peut-elle se rapporter ?

¨ fantastique

¨ tragique

¨ comique

b) Relève dans la première partie de l’extrait une réplique de Béranger appartenant au même registre*.

2- a) Quelle conséquence la métamorphose de Jean a-t-elle sur sa conception de l’homme ? Pour répondre, tu t’appuieras sur des citations précises choisies dans les répliques de Jean.

b) Quelle expression montre que Jean est prêt à détruire le système des valeurs humanistes ?

c) Comment Béranger réagit-il aux déclarations de son ami ?

d) En quoi les positions défendues par Jean font-elles basculer la scène dans le registre* tragique ?

3- Dans sa préface à Rhinocéros, Ionesco écrit : « Rhinocéros est sans doute une pièce antinazie, mais elle est aussi surtout une pièce contre les hystéries collectives et les épidémies qui se cachent sous le couvert de la raison et des idées. »

a) En quoi l’épidémie de « rhinocérite » dont Jean est ici victime peut-elle s’apparenter à la montée du nazisme et des totalitarismes en Europe ?

b) La métaphore du rhinocéros s’est imposée à Ionesco au moment de l’invasion nazie en Roumanie : pourquoi selon toi, l’auteur a-t-il choisi cet animal plutôt qu’un autre ?

Vérifie tes réponses en consultant le livret de corrigés. Puis, recopie et apprends le « Je retiens » qui suit.

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Séquence 12séance 4 —

Le mélange des registres dans le théâtre contemporain.Dans le théâtre contemporain, il devient difficile de distinguer nettement la comédie de la tragédie. Le mélange des genres et des registres devient la règle.Ainsi, dans la pièce Rhinocéros, les dialogues ou les barrissements de Jean peuvent créer certains effets comiques mais la métamorphose du personnage sous les yeux des spectateurs instaure un climat d’angoisse qui fait basculer la scène dans le registre tragique.

j e retiens

C Aborder la relation entre le texte et la représentation : la mise en scène

1- a) Quel est le principal problème posé par la mise en scène de ce passage ?

b) Dans quelle pièce Jean se rend-il régulièrement au cours de la scène ?

c) Selon toi, que permettent ces déplacements réguliers ?

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés puis observe attentivement les documents qui suivent.

Document 1 Document 2

Rhinocéros, mise en scène par Jean-Louis Barrault, Rhinocéros, mise en scène par Jean-Louis Barrault, Théâtre de l’Odéon, Paris, 1960. Théâtre de l’Odéon, Paris, 1960. © Studio Lipnitzki / Roger-Viollet © Studio Lipnitzki / Roger-Viollet

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Séquence 12 — séance 4

Document 3

Rhinocéros, Mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville, Paris, 2009.

2- Au début de la pièce, les passages de rhinocéros ont lieu hors-scène et sont suggérés par le bruitage, et les nuages de poussières qui proviennent des coulisses. Par la suite, les métamorphoses des collègues de bureau ont lieu en coulisses, et ne sont pas vues par les spectateurs.

a) Quelle est alors la fonction de la cage d’escalier dans le document 1 ?

b) Dans le document 3, le passage du rhinocéros près de la terrasse d’un café est-il simplement suggéré ? Justifie ta réponse.

c) D’après toi, quelle mise en scène est la plus réaliste, celle de J.-L. Barrault (doc. 1) ou celle de Demarcy-Mota (doc. 3) ? Pourquoi ?

3- a) Comment est suggérée la transformation de l’être humain en rhinocéros dans les documents 2 et 3 ?

b) Quel élément rattache encore ces hommes à l’univers humain sur ces deux documents ?

c) Ionesco a déclaré que « lorsqu’on n’emploie pas d’accessoires, la pièce devient plus noire, plus tragique ; lorsqu’on les emploie, c’est comique, les gens rient. » Quelle mise en scène est-elle ici la plus inquiétante ? Justifie ta réponse.

Tu peux maintenant vérifier tes réponses dans le livret de corrigés. Puis, recopie et mémorise le « Je retiens » qui suit.

© Cned, Français 3e — 165

Séquence 12séance 4 —

L’importance de la mise en scène dans le théâtre contemporain.•LethéâtreduXXe siècle accorde une place essentielle à la mise en scène : le théâtre

devient un art total, autant visuel qu’auditif. Cela se traduit par :è Une multiplication des didascalies qui peuvent prendre autant de place et d’importance

que les paroles des personnages. C’est le cas, par exemple dans les pièces du théâtre de l’absurde.

è Une grande liberté laissée aux metteurs en scène.•Lechoix d’une mise en scène est important car il peut faire basculer une pièce dans

un registre plutôt que dans un autre. Ainsi, certaines mises en scène de Rhinocéros ont privilégié l’aspect comique, par l’emploi de nombreux accessoires (les cornes, les masques), alors que d’autres en ont fait une pièce inquiétante en insistant sur l’aspect tragique.

j e retiens

— © Cned, Français 3e166

Séquence 12 — séance 5

Séance 5Étudier la remise en cause du langage

dans une pièce contemporaine Un Mot pour un autre, Jean Tardieu

Durée approximative : 1h30

Le théâtre contemporain se caractérise par un questionnement sur le fonctionnement et l’importance du langage. Tu vas le découvrir dans cette séance, à travers l’étude d’un extrait d’Un Mot pour un autre, une pièce très courte de Jean Tardieu. Dans cette pièce, dont l’action se situe en 1900, une curieuse épidémie s’abat sur les classes fortunées : les gens prennent soudain les mots les uns pour les autres, « comme si, dit Tardieu, ils eussent puisé au hasard les paroles dans un sac. » Voici les premières lignes de cette pièce.

Prends maintenant ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Lis attentivement le texte.

Pour des raisons liées au respect du droit d’auteur, le texte n’est pas reproduit ici. Il s’agit d’un extrait de la pièce de Jean Tardieu « Un mot pour un autre », in La Comédie du langage, 1987 (© Éditions Gallimard), de « Décor : un salon plus 1900 que nature. » à « Allez, allez ! Croupissez ! Croupissez ! »

Maintenant que tu as lu ce texte, réponds aux questions qui suivent.

A Comprendre la scène

1- a) Quelle impression as-tu à la lecture de ce texte ? En quoi est-il surprenant ?

b) Le lecteur peut-il comprendre quand même ce qui se passe dans cet extrait?

c) Complète le petit résumé qui suit pour vérifier que tu as compris cette scène :

Irma, une ____________, vient apporter le _________ à sa maîtresse qui est en train de _______. Irma s’inquiète parce qu’elle n’a plus rien pour faire les __________. Sa maîtresse lui donne un peu d’_________ et l’envoie faire des _________ chez le petit ___________ d’en face car c’est le moins _______. Mais la domestique en réclame davantage. La maîtresse s’emporte alors et lui explique que le comte qui doit __________ d’un instant à l’autre lui doit de _________.

2- a) En observant le titre de la pièce d’où est tiré cet extrait, précise quel procédé l’auteur a utilisé pour écrire son texte.

b) « Loupez chez le petit soutier d’en face. »

Souligne dans cette phrase les mots qui ont été pris pour d’autres mots.

c) À quelles classes grammaticales appartiennent ces mots ?

d) La syntaxe (construction grammaticale) de la phrase est-elle respectée ?

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Séquence 12séance 5 —

3- Relis attentivement l’extrait suivant :

« IRMA, entrant et apportant le courrier. – Madame, la poterne vient d’élimer le fourrage. Elle tend le courrier à Madame, puis reste plantée devant elle, dans une attitude renfrognée et boudeuse. » (l. 3 à 5)

a) Où peux-tu trouver les informations qui permettent de comprendre le sens de la phrase prononcée par Irma ?

b) Réécris la phrase qu’Irma aurait dû prononcer normalement.

Vérifie maintenant tes réponses avant de poursuivre ton travail.

B Analyser le jeu sur le langage

1- a) Réécris les phrases suivantes en retrouvant les mots corrects. Tu peux relire les passages où ces phrases sont prononcées pour t’aider.

« Eh bien, ma quille ! » (l. 7) : _______________________________________________

« Salsifis ! » (l. 29) : _______________________________________________________

« Laissez-moi saoule ! » (l. 31) : _____________________________________________

b) Dans ces phrases, selon quel critère l’auteur a-t-il choisi les mots qui en remplacent d’autres ?

2- a) Associe chacun de ces mots du texte à ce qu’il désigne réellement. Pour t’aider, reporte-toi aux didascalies précédant chacune des phrases dans lesquelles ces mots apparaissent.

« gaulois » (l. 13)

« foreur du panier » (l. 14)

« dormant » (l. 32)

• •

• •

• •

cher

roman

francs

b) Montre que l’auteur a utilisé ici des images (comme la métaphore), des associations d’idées ou des jeux de mots pour choisir son vocabulaire. Pour cela, choisis un des trois exemples proposés ci-dessus et analyse-le.

c) « c’est que, c’est que, c’est que quoi-quoi ? » (l. 10)

« Quoi-quoi : yaque-yaque ? » (l. 17)

Dans ces deux exemples, quel procédé l’auteur utilise-t-il pour jouer avec le langage ?

3- Quel est l’effet produit par tous ces jeux sur le langage ?

Tu peux maintenant comparer tes réponses avec celles contenues dans le livret de corrigés.

C Étudier la portée de la pièce

1- Dans le préambule de sa pièce, Jean Tardieu écrit que « bien souvent les mouvements du corps, les intonations de la voix et l’expression du visage en disent plus long que les paroles ».

a) Rappelle par quel moyen ces informations sont données dans un texte théâtral.

— © Cned, Français 3e168

Séquence 12 — séance 5

b) Voici quelques exemples de didascalies choisies dans l’extrait. Classe-les dans le tableau qui suit.

Confidentielle – levant les bras au ciel – elle fond en larmes – avec agacement – dans une attitude renfrognée et boudeuse – geste de congédiement

Les mouvements Les intonations de la voix L’expression du visage

--

--

--

2- Toujours dans son préambule, Jean Tardieu explique que « nous parlons souvent pour ne rien dire » et que les mots n’ont pas « d’autres sens que ceux qu’il nous plaît de leur attribuer ».

Que dénonce Tardieu dans ces propos ?

3- a) Si les mots ont un rôle secondaire, sur quels aspects repose d’abord la communication entre les êtres ? N’oublie pas de t’appuyer sur tes réponses précédentes.

b) En quoi l’extrait que tu as lu illustre-t-il parfaitement sa réflexion sur le langage ? Tu développeras ta réponse en quelques lignes.

Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés puis recopie et apprends le « Je retiens » qui suit.

La remise en cause du langage dans le théâtre contemporain.En s’interrogeant sur le sens de l’existence, le théâtre contemporain remet en cause le langage dont il dénonce l’insignifiance, et parfois l’absurdité. Les dramaturges démontrent, par des moyens qui sont propres à chacun d’eux, la pauvreté du langage et son inefficacité. Ionesco et Beckett mettent en scène des dialogues absurdes, répétitifs et d’une grande banalité. Par ses jeux sur les mots, le théâtre de Tardieu dévoile le caractère illusoire du langage, réduit à un rôle secondaire, et met en lumière l’importance de la communication non-verbale, constituée de gestes, d’expressions, et d’intonations.

j e retiens

D Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture.

Imagine un petit dialogue entre deux personnages de ton choix, dans lequel tu remplaceras les mots attendus par d’autres que tu choisiras selon les mêmes procédés que Jean Tardieu. Écris ce dialogue sous la forme d’un texte théâtral d’une dizaine de lignes.

Pour réussir cet exercice tu dois :

- Écrire un petit dialogue comique dans lequel les mots attendus (verbes et noms) sont remplacés par d’autres

- Choisir les mots en fonction de leur sonorité, d’associations d’idées ou d’images

- Proposer de nombreuses didascalies qui permettent de comprendre parfaitement la situation

- Adopter la présentation d’un texte théâtral

- Vérifier l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Fais d’abord cet exercice sur ta feuille de brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant le tableau ci-dessous.

© Cned, Français 3e — 169

Séquence 12séance 5 —

Je vérifie que … FaitJ’ai écrit un petit dialogue comique dans lequel les mots attendus (verbes et noms) sont remplacés par d’autres.J‘ai choisi les mots en fonction de leur sonorité, d’associations d’idées ou d’images.J’ai proposé de nombreuses didascalies permettant de comprendre parfaitement la situation.

J’ai adopté la présentation d’un texte théâtral.

J’ai vérifié l’orthographe, les accords sujet/verbe et la ponctuation.

Si toutes les consignes ont été respectées, recopie ton petit dialogue sur ton cahier. Lis ensuite dans

le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

— © Cned, Français 3e170

Séquence 12 — séance 6

Séance 6Je m’évalue

Durée approximative : 1h

Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra

de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.

Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque

chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que

ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.

Je connais Je suis capable de La notion de parodie au théâtre :• LaparodieconsisteàI_____un

texte ou un sujet sérieux pour susciter le R _ _ _.

Citer l’auteur de la pièce Ubu roi qui est une parodie de T _ _ _ _ _ _ _:

• ____________________ La reprise des mythes antiques dans le

théâtre contemporain :

• Ilspermettentàcertainsauteursd’exprimer leurs I _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ dans un contexte historique tragique.

Citer deux pièces du XXe siècle qui reprennent des mythes antiques

• LaG______________________________deJean Giraudoux

• A____________deJeanAnouilh. Le théâtre de l’absurde.

• IltraduitlesI_____________sur le sens de la condition humaine.

Citer deux auteurs caractéristiques du théâtre de l’absurde :

• ________________________• ________________________

Les caractéristiques du théâtre contemporain.

Il se caractérise par :• LemélangedesregistresT_______

et C _ _ _ _ _ _.• LaplaceimportanteaccordéeauxD

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ qui soulignent la dimension visuelle et auditive de ce théâtre.

• L’importancedelaM___enS____dont le choix est capital.

• LaremiseencauseduL______dont le caractère est jugé illusoire et absurde.

Identifier dans la pièce Rhinocéros de Ionesco des aspects :

• comiques________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

• tragiques : __________________________________________________________________________________________________________________________________________________

• Citerlenomd’unauteur qui s’amuse à remettre en question le langage de manière systématique :

J_ _ _ T_ _ _ _ _ _

© Cned, Français 3e — 171

Séquence 12séance 6 —

Les emplois et les accords de l’attribut du COD :

• L’attributduCODsertàC________ _ _R le COD.

• IlfaitpartieduG_____V_____.• Lafonctiond’attributduCODnedoit

pas être confondu avec la fonction d’É _ _ _ _ _ _ _.

• L’attributduCODs’accordeengenre et en nombre avec le _ _ _ qu’il qualifie.

Encadrer l’attribut du COD dans les phrases suivantes :

a) Mon oncle et ma tante ont appelé leur fille Marie.

b) Je trouve ces prix exagérés.c) L’élève a trouvé ce questionnaire facile à

résoudre.d) Les lecteurs ont élu ce livre roman de

l’année.e) Mon camarade m’a rendu mon manteau

déchiré.f) Les enfants jugent les documentaires

ennuyeux.