32
Hiver 2010, vol. 5 no 3 Convention de la poste-publications no 41122591 www.maya.cc ENTREVUE avec La fluorisation de l’eau potable : le débat est relancé ! Dessaler l’eau de mer : la panacée du XXI e siècle ? Le procureur général du Québec deviendra-t-il la police de l’eau ? BIONEST À l’assaut des marchés mondiaux

Source Hiver 2010

  • Upload
    mayacc

  • View
    223

  • Download
    1

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Magazine Source Hiver 2010

Citation preview

Page 1: Source Hiver 2010

Hiver 2010, vol. 5 no 3

Conv

entio

n de

la p

oste

-pub

licat

ions

no

4112

2591

www.maya.cc

ENTREVUE avec

La fluorisation de l’eau potable : le débat est relancé !

Dessaler l’eau de mer : la panacée du XXIe siècle ?

Le procureur général du Québec deviendra-t-il la police de l’eau ?

BIONESTÀ l’assaut des marchés mondiaux

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page C1

Page 2: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page C2

Page 3: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 3

Page 4: Source Hiver 2010

Ce magazine est imprimé surpapier à contenu recyclé.

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

4

sommaire

Hiver 2010, vol. 5 no 3

© Tous droits réservés.Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazineSOURCE recommande ces produ i ts e t serv ices . Convent ion de la poste-publ icat ions no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.

15 LE MUNICIPAL LA FLUORISATION DE L’EAU POTABLE : LE DÉBAT EST RELANCÉ !

17 EAUX USÉES COMMENT ENLEVER L’AZOTE AMMONIACAL ?

19 INSTRUMENTATION COMMENT MESURER L’ALCALINITÉ ?

22 SUR LE RADAR DESSALER L’EAU DE MER : LA PANACÉE DU XXIe SIÈCLE ?

24 TECHNOLOGIELE CENTRE DES TECHNOLOGIES DE L’EAU, UN PARTENAIRE TECHNOLOGIQUE DE CHOIX !

tête

-à-tê

te

« Nous avons investi des sommes trèsimportantes puisque nous jouons dansla cour des grands. L’investissementfinancier est important, mais le capitalhumain l’est tout autant. Ça nous prendtoute une équipe pour y arriver. Lesexigences sont tellement élevées etcomplexes que même les gros joueursont de la difficulté à monter leursdossiers. À vrai dire, sachant aujourd’huitoutes les implications reliées à cemarché, je ne suis pas convaincue quenotre décision aurait été la même àl’époque. »

— Marlène Bonneville

10

C H R O N I Q U E S

8 En lien avec la ministre

L’ E N V E R S D U D É C O R

L E S B O N S C O N T A C T S 29

30

Connaître les eaux souterraines du QuébecUn engagement vital

Éditeur et rédacteur en chef :André [email protected]

Chroniqueurs :Line BeauchampJohn CiganaDominique DodierMarc-André DesjardinsFrance GauvreauHervé PageotChristian Sauvageau Monique Tardat-Henry

Direction artistique :MAYA communication et marketing

Designer graphique :S’AMI graphie (Syma)

Photos de la page couverture et de l’entrevue : Studio Oncle J

Révision linguistique :Annie Talbot

Impression :Carpe diem

Coordination des ventes :Grégory PratteTél. : 450 [email protected]

Abonnementet administration :MAYA communication et marketing457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 [email protected]

GESTION HUMAINE DES RESSOURCES 26L E J U R I D I Q U E 28

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 4

Page 5: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 5

Page 6: Source Hiver 2010

ÉDITORIAL

Qui n’a jamais entendu cette expression populaire québécoise ?Elle est tellement connue qu’elle fait maintenant partie intégrantede notre culture et de notre folklore. Certains associent lapaternité de cette expression au frère mariste Jean-PaulDesbiens, mieux connu sous le pseudonyme de Frère Untel. Bienque tous ne s’entendent pas sur son origine exacte, c’estassurément ce dernier qui l’a popularisée avec son ouvrage publiéen 1960 : Les Insolences du Frère Untel. L’œuvre marque àce point la société québécoise qu’elle devient l’un des premiersbest-sellers québécois avec un tirage de 100 000 exemplaires.Ce qui était phénoménal à l’époque et l’est encore aujourd’hui.L'ouvrage a, depuis, été réimprimé plusieurs fois et est considérécomme l’un des éléments déclencheurs de la Révolutiontranquille. Pour ce qui est de l’expression en tant que telle,vous aurez compris qu’elle signifie « être condamné à resterpauvre et à une destinée misérable ». Voilà pour la tranched’histoire !

Qu’en est-il de l’industrie québécoise de la gestion de l’eau ? Est-elle née, elle aussi, pour un petit pain ? Il semblerait que non,

du moins si on se fie au parcours exceptionnelde l’entreprise Bionest, dont nous avonsrécemment rencontré les dirigeants, les-quels se sont prêtés à notre tête-à-tête.L’entreprise de Grand-Mère n’a même pasdix ans d’existence que déjà elle se retrouvesur les marchés internationaux à jouer dansla cour des grands. Il va donc sans dire que

cette expression ne fait pas partie duvocabulaire de l’entreprise.

B iones t es t -e l le l a seu leent repr i se québéco ise del’industrie de la gestion de l’eauà faire affaire à l’extérieur duCanada ? Bien sûr que non. Desnoms comme ceux de SNC -Lavalin et d’Axor nous viennentrapidement en tête. Cela dit, ils’agit plus souvent de firmes degénie-conseil que d’entreprisesoffrant des produits. Le risque et

l’investissement semblent moins grands pour les premiers.Cependant, il existe plusieurs formes d’aide pour les entreprises.Trop souvent, ces dernières ignorent leur simple existence. Lapeur de l’inconnu et le confort d’un marché local nuisentégalement à l’émancipation. C’est donc en ce sens que Bionests’est démarquée puisqu’elle a su profiter de l’aide du MDEIE,de Développement économique Canada et de plusieurs autresprogrammes pour se lancer. De plus, ses dirigeants ne se sontpas contentés du marché sursaturé que représentent les États-Unis; ils ont plutôt ciblé les endroits où leur technologie avaitle plus de chances d’être en demande. Attaquer le marché desÉmirats arabes, il fallait le faire !

L’idée de ne pas être né pour un petit pain ne s’applique passeulement aux entreprises exportatrices. C’est davantage unequestion de philosophie et d’attitude, que l’on peut retrouvertant dans une entreprise qui œuvre localement que dans unemunicipalité. Il s’agit bien souvent d’avoir le désir de faireautrement, de faire mieux. La Ville de Saint-Hyacinthe en estun bon exemple. En effet, elle a décidé d’implanter un digesteuranaérobie et un assécheur thermique à sa station de traitementdes eaux usées. Ce faisant, la Ville a diminué la quantité deboues rejetée et transportée au site de compostage. De plus,le procédé a permis de diminuer les pathogènes et les mauvaisesodeurs dans l’air, de réduire les coûts de transport des boueset de diminuer les gaz à effet de serre engendrés par le transportde ces dernières. En outre, la technologie a permis à la Villede procéder à la méthanisation de la boue afin de produire dubiogaz pour alimenter sa flotte de camions et d’utiliser ledigestat comme fertilisant. Avouons que ce projet mérite qu’ons’y attarde. C’est d’ailleurs ce que nous ferons dans le prochainnuméro.

Comme vous le voyez, il est faux de prétendre que notreindustrie est née pour un petit pain. Mais quelquefois, si l’onveut manger à la table des grands ou encore simplementaméliorer son sort, il faut mettre les bouchées doubles, fairepreuve d’initiative, d’audace, de vision et, surtout, croire ennous. ■

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

6

Sommes-nous nés pour un petit pain ?

adum

ouch

el@

may

a.cc

André Dumouchel

L’idée de ne pas être né pour un petitpain ne s’applique pas seulement auxent repr ises expor t a t r ices . C’estdavantage une question de philosophieet d’attitude, que l’on peut retrouver tantdans une entreprise locale que dans unemunicipalité.

Connaissez-vous le bdd ?

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 6

Page 7: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 7

Page 8: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

8

Mme Line BeauchampMinistre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

En lien avec la ministre

Le Québec est véritablement choyé. Il possède, en quantité, l’une des ressources lesplus précieuses au monde : l'eau! Les eaux de surface et les eaux souterraines fontpartie de notre patrimoine commun, et l’État a une grande responsabilité en tant quegardien de ces ressources. Il lui faut les préserver et les gérer adéquatement aubénéfice des générations actuelles et futures.

Les eaux souterraines sont très sollicitées. Elles serventd’approvisionnement sur près de 90 % du territoire habité. Ellesconstituent souvent l’unique source d’eau économiquementexploitable en raison de leur qualité généralement bonne et de leurproximité avec le lieu où elles sont consommées. Et pourtant,malgré leur importance, nos connaissances sur ces eaux sontfragmentaires.

Nous avons donc décidé de dresser l’inventaire des grands aquifèresdu Québec, les réservoirs de stockage des eaux souterraines. Àcet effet, j’ai annoncé, en septembre 2008, qu’il y aurait desinvestissements majeurs. Depuis, nous avons mis en œuvre leProgramme d’acquisition de connaissances sur les eaux souterrainesqui permettra d’obtenir une image réaliste de cette ressource sur

les territoires municipalisés du Québec méridional. Un premierappel de projets a déjà permis d’octroyer plus de six millions dedollars pour la réalisation de cinq projets. Ceux-ci permettront decaractériser les eaux souterraines de l’est de la Montérégie, del’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay Lac-Saint-Jean, du sud-ouest de la Mauricie et d’une partie du Centre-du-Québec. Bientôt,d’autres projets de caractérisation débuteront.

Par ailleurs, mieux connaître les eaux souterraines implique ausside la recherche scientifique. À cet égard, nous avons instauré deuxprogrammes de recherche en partenariat avec le Fonds québécoisde la recherche sur la nature et les technologies et le Fondsquébécois de la recherche sur la société et la culture. Ainsi, nousvoulons élaborer ou améliorer des méthodologies et concevoir destechnologies et des outils d’aide à la gestion du territoire quiintègrent les connaissances sur les aquifères acquises dans lecadre du Programme.

Les données scientifiques et socioéconomiques recueillies sur leseaux souterraines constitueront la base sur laquelle pourronts’appuyer les décisions gouvernementales et territoriales visantune gestion durable des ressources en eau. Elles permettront auxautorités municipales de voir à une meilleure conciliation des usagesde l’eau et de localiser adéquatement le développement de pôlesd’activité sur leur territoire. En outre, les connaissances acquisesleur fourniront des données essentielles quant aux risques decontamination et de surexploitation de cette ressource.

En améliorant nos connaissances sur les eaux souterraines et enencourageant la recherche scientifique, nous posons un geste deplus pour assurer la pérennité et la qualité de l’eau au Québec. Nousvoulons, en définitive, planifier un développement optimal du territoireen nous assurant que les besoins d’approvisionnement en eaunécessaires aux diverses activités humaines puissent être satisfaits,et ce, de génération en génération, tout en préservant l’intégritédes écosystèmes. ■

Connaître les eaux souterraines du QuébecUn engagement vital

Les données sc ien t i f iques e tsocioéconomiques recueillies surles eaux souterraines constituerontla base sur laquelle pourront s’appuyerles décisions gouvernementales etterritoriales visant une gestion durabledes ressources en eau.

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 8

Page 9: Source Hiver 2010

www.hfontaine.com1295, rue Sherbrooke, Magog (Québec) Canada J1X 2T2 • Tél. : 819 843-3068 • Téléc. : 819 843-1006

Fiabilité

Flexibilité

Efficacité

La série 20 de Fontaine

la référence en matière de vannes murales

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:01 Page 9

Page 10: Source Hiver 2010

Gilles, de quel endroit êtes-vousoriginaire ?● Je suis né à Grand-Mère. J’ai ensuitedéménagé à Montréal pour aller fairemon cours classique, après quoi j’aidemeuré à Québec durant la période oùj’ai fait mon droit à l’Université Laval.

Jeune, quelle était votre réalitéfamiliale ?● J’étais le treizième enfant d’une famillede classe moyenne. Ma mère avait uneépicerie et un restaurant. Mon père, quantà lui, travaillait pour Abitibi-Consol àGrand-Mère. On ne manquait donc derien, j’avais même mon bicycle neuf !

● Il devait être le seul à avoir unebicyclette neuve ! [Rires.]

Comment se sont déroulées vosétudes ?● J’avais beaucoup de facilité. J’ai toutd’abord étudié pendant deux ans pourdevenir prêtre, mais je me suis vite renducompte que ce n’était pas pour moilorsque j’ai discuté avec mon conseillerspirituel. On me demandait d’arrêter lafête alors que je venais d’une famille oùtout était prétexte à s’amuser. Je n’arrivaispas à concevoir cette réalité.

Par la suite, comme j’étais très doué enmathématiques, j’ai pensé me diriger en

ingénierie . Mais après mon coursclassique, j’ai plutôt opté pour le droit.J’ai fait mon bac en assistant à environ5 % des cours. Au même moment,j’enseignais l’anglais, je vendais desvoitures, bref je faisais mille et un métiersafin de payer mes études.

Après le bac, j’ai été accepté au MBA.Toutefois, j’ai dû y renoncer faute d’argent.

Quelle a été votre premièreentreprise ?● Il s’agissait d’une entreprise delobbying, située à Québec. Chaquesemaine, j’organisais des dîners privésoù j’invitais des décideurs politiques que

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

10

tête

-à-tê

te

BIONESTQUI A DIT QUE NOUS SOMMES NÉS POUR UN PETIT PAIN ? LES DIRIGEANTS DE L’ENTREPRISE BIONEST N’ADHÈRENT ASSURÉMENT PAS À CETTE CROYANCE

PUISQU’ILS ONT DÉCIDÉ D’UTILISER LE MONDE COMME TERRAIN DE JEU. NE SE LAISSANT PAS ARRÊTER PAR LES BARRIÈRES TERRITORIALES TRADITIONNELLES,ILS ONT DÉCIDÉ D’EXPLORER DES MARCHÉS, QUOIQUE PROMETTEURS, QUE BIEN PEU D’ENTREPRISES DE CHEZ NOUS ONT TENTÉ DE CONQUÉRIR. FORTS D’UNE

TECHNOLOGIE INGÉNIEUSE ET UNIVERSELLEMENT EXPORTABLE, UN PÈRE ET SA FILLE SONT À LA TÊTE D’UNE ENTREPRISE QUÉBÉCOISE À LA CROISSANCE FULGURANTE

ET PROMISE À UN BRILLANT AVENIR.

COMMENT L’ENTREPRISE BIONEST A-T-ELLE VU LE JOUR ? COMMENT S’EST-ELLE DÉVELOPPÉE ? QUELS SONT SES PROCHAINS DÉFIS ? LE MAGAZINE SOURCEA RENCONTRÉ SES DIRIGEANTS POUR VOUS.

Entrevue réalisée par André Dumouchel

À l’assaut des marchés mondiaux

● Gilles Champagne, président● Marlène Bonneville, vice-présidente

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 10

Page 11: Source Hiver 2010

je mettais en contact avec des gens d’affaires. Seuls à seuls, la portefermée, ils pouvaient discuter des vraies choses. Il y avait des listesd’attente pour participer à mes dîners. Même René Lévesque y aparticipé.

Qu’avez-vous fait par la suite ?● J’ai été propriétaire du parc commémoratif de Montréal, l’un desplus gros cimetières et salons funéraires de l’île. Nous vendions 4500préarrangements par année. J’ai vendu le tout à Urgel Bourgie. Aprèscela, j’ai pris trois ans de vacances. En 1987, j’ai acheté Shalwin,une entreprise de portes et fenêtres située à Shawinigan. Je lapossède toujours aujourd’hui.

N’êtes-vous pas revenu à la pratique du droit ?● Sur l’insistance de ma femme, je me suis ouvert un bureaud’avocats. Je croyais n’avoir que quelques clients, mais le cabineta connu un vif succès. En 2000, j’ai laissé mes clients aux soinsde mon associé pour m’investir dans ma nouvelle passion : Bionest.

Comment l’idée de Bionest vous est-elle venue ?● L’idée est venue de mon partenaire. Il m’a approché en 1997afin que je m’associe à lui. Il disait travailler à l’élaboration d’un produitpouvant nettoyer les eaux usées.

Quel a été l’élément déclencheur de votre intérêt ?● J’étais peu intéressé à m’investir dans une nouvelle aventurejusqu’au jour où il m’a convaincu d’aller chez lui pour voir sonexpérience. À partir d’un conteneur dans lequel il faisait les tests,il rejetait l’eau dans sa piscine. Et l’eau était belle !

Je lui ai alors proposé d’utiliser le garage de mon bureau pour yinstaller un prototype et réaliser des tests. Nous avons engagéune personne techniquement solide pour enregistrer les donnéesde façon quotidienne, question de bien monter notre dossier. Chaquematin, je constatais que la fosse septique contenait une eau brune.Par la suite, lorsqu’on ouvrait la valve, une belle eau en sortait. Jeme suis dit : « Son système, il marche ! »

Marlène, à quel moment vous êtes-vous jointe à l’aventure ?● J’ai commencé dès les débuts de Bionest tout en poursuivantmes études en microbiologie. J’étais responsable de la partielaboratoire.

● Elle voulait réaliser une maîtrise à l’université. Mais je l’aiconvaincue d’attendre. Je voulais qu’on bâtisse l’entreprise ensemble.Je lui ai dit : « L’université sera toujours là si tu as envie de faireune maîtrise un jour. »

● Beaucoup de gens croient que mes études étaient prévues ence sens ou encore que mon père a démarré cette entreprise dansle but de m’y faire travailler. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’unconcours de circonstances.

● Marlène a apporté la fraîcheur d’une finissante universitaire.Son intelligence et ses idéaux ont contribué à nos processus dequalité. De mon côté, j’ai assuré le côté administratif, la gestionfinancière, le développement de marché et j’ai apporté monexpérience.

Comment s’est déroulé le processus d’autorisation de votre technologie ?● Nous n’avions pas réalisé les multiples embûches de laréglementation gouvernementale. Nous avons dû faire denombreuses représentations auprès des gouvernements pourfaire modifier le délai d’obtention des certificats d’autorisation.Celui-ci était de 90 jours, ce qui était totalement déraisonnable pournotre clientèle composée de particuliers. Lorsqu’on construit une

résidence, on est en droit de s’attendre à un délai de certificationbeaucoup plus rapide. Nous avons eu gain de cause et le délai estpassé à 10 jours. Le ministère de l’Environnement a par la suitemodifié ses règles pour toutes les entreprises « approuvées » parcelui-ci.

Quand avez-vous vendu vos premières unités ?● Le 1er août 2003. Rapidement, on est passé de 60 à 800 unités.Depuis, nous avons attaqué le marché international. La France, lesÉtats-Unis, la République dominicaine, les îles Turks et Caïcos, lesBahamas, le Costa Rica, la Colombie et le Panama font partie despays où l’on retrouve nos produits. De plus, il y a quelques jours,nous avons signé une entente avec le plus important fabricant deréservoirs français, une entreprise qui compte 48 usines !

Quel a été votre premier marché d’exportation ?● Nous avons d’abord tenté une percée aux États-Unis, mais lecontexte économique n’y était pas propice. On s’est donc tournévers l’Europe, plus particulièrement la France.

● Trouver le bon pays pour commencer n’est pas une mince tâche.Notre tentative en Suisse, par exemple, a été un cauchemar en raisonde la bureaucratie. Par contre, pour le marché français, nous avonspu compter sur Édouard Préfontaine, un partenaire parfait qui a faitun travail de démarchage extraordinaire.

Comment s’est orchestrée votre entrée en France ?● J’ai demandé à Édouard d’aller sur le terrain et d’interroger desconsultants. En cours de mandat, il a rencontré un jeune loupnommé Louis de Mentque. Louis vendait déjà 150 unités par annéepour une autre entreprise. Lorsqu‘Édouard lui a montré notretechnologie, il a aussitôt été séduit. Nous l’avons donc engagé.

Quels résultats avez-vous obtenus ?● Louis n’avait pas la tâche facile puisque nous n’avions pas decertificat d’autorisation, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, maisqui devrait changer le 1er avril. Entre-temps, il a tout de mêmevendu des unités en obtenant pour chaque projet des dérogations.Par contre, quatre clients sur cinq ne veulent rien entendre d’unedérogation, ce qui nous a fait perdre plusieurs occasions d’affaires.

● Il y a plus de quatre ans que la France annonce une importanteréforme de sa réglementation. Réforme qui n’est toujours pas aurendez-vous. Cela complique grandement le travail de Louis.

● Cela dit, nous sommes très bien positionnés en raison denos appuis. Par exemple, Véolia nous a placés sur sa liste des10 meilleurs produits. Notre entreprise commence à déranger enFrance…

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

11

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 11

Page 12: Source Hiver 2010

Quel type d’investissement a-t-il été nécessaire ?● Nous avons investi des sommes très importantes puisque nousjouons dans la cour des grands. L’investissement financier estimportant, mais le capital humain l’est tout autant. Ça nous prendtoute une équipe pour y arriver. Les exigences sont tellementélevées et complexes que même les gros joueurs ont de la difficultéà monter leurs dossiers. À vrai dire, sachant aujourd’hui toutes lesimplications reliées à ce marché, je ne suis pas convaincue que notredécision aurait été la même à l’époque.

● Si on n’avait pas voulu faire une percée internationale et si monpartenaire n’avait pas cru autant en la recherche, l’entreprise auraitune somme de 10 M$ de plus dans son compte en banque.

Comment en êtes-vous venu à courtiser le Moyen-Orient ?● C’est une belle histoire ! En visite à Dubaï, Marlène y a rencontréune Québécoise nommée Marie-Josée Primeau. Il s’agit d’unefemme d’affaires extrêmement brillante et charismatique. Elle aentre autres été présidente de la Chambre de commerce et duConseil des entreprises canadiennes de Dubaï et des Émirats duNord. Marlène a été très impressionnée par cette dernière.

● Je voulais qu’on l’engage. À mon avis, s’il y avait un endroit dansle monde où il y avait des besoins, du dynamisme et les moyenspour réaliser les projets, c'était aux Émirats arabes. Je croyaisqu’on se devait d’être présents dans ce marché pour faire croîtrel’entreprise. Et il me semblait que Marie-Josée était la personnequ’il nous fallait pour atteindre notre objectif.

● Pour mon partenaire et moi, il n’en était pas question. Noustrouvions que nous en avions plein les bras avec le Canada, laFrance et les États-Unis. Cependant, Marlène a été très tenace.Mon partenaire et moi avons finalement convenu d’embaucherMarie-Josée pour une période de six mois avec un budgetprédéterminé.

Quels ont été les résultats ?● Elle a fait un excellent travail. Elle avait décroché de groscontrats à Dubaï, mais tout a été mis sur la glace en raison desproblèmes financiers de l’endroit, ce qui était évidemment hors deson contrôle.

Elle a par la suite flairé des opportunités au Qatar et à Abou Dhabi.Toutefois, elle avait besoin d’un délai de six à neuf moissupplémentaires. Ce que nous lui avons accordé. Mais au bout dece délai, nous lui avons dit que si elle n’arrivait pas à accoucher,que nous nous passerions du bébé ! [Rires.] Parce qu’elle étaitconvaincue, elle a décidé de poursuivre l’aventure à ses frais. Ellea finalement réussi un peu plus de quatre mois plus tard.

Comment y est-elle arrivée ?● À travers son poste de présidente de la Chambre de commerceet par la peinture ! Elle est peintre et vend des murales à 50 000 $la pièce. Elle était invitée partout de par son rôle dans la Chambrede commerce; elle côtoyait les plus grands, les ministres, etc. Onpeut dire qu’elle sait bien se brancher. Je n’ai jamais vu une personneaussi douée pour les relations publiques. Si on est là-bas, c’est grâceà sa détermination. Je lui donne tout le mérite.

Entre-temps, nous lui avions envoyé le frère de mon associé. Enplus de détenir une solide expertise technique, il connaissait bienl’Arabie Saoudite et la mentalité de ses gens, ce qui a grandementaidé. Maintenant, on est très bien implanté là-bas.

Comment l’actionnariat de l’entreprise se décline-t-il ?● Certains des employés-clés, dont Marlène, détiennent 17,7 %des actions. Mon associé et moi nous partageons le reste. Laparticipation des employés à l’actionnariat a toujours été importantepour moi. J’ai toujours cru que, dans la vie, celui qui partage ne devientpas pauvre. À une autre époque, j’ai vendu 40 % de mes actionspour 1 $ à mes employés-clés. Ils sont ainsi devenus millionnaires.

Avez-vous bénéficié d’une aide extérieure dans lesdébuts de Bionest ?● Oui. Le MDEIE et Emploi Québec ont été d’une grande générosité.

Je tiens également à souligner le soutien extraordinaire deDéveloppement économique Canada, plus particulièrement deRichard Drouin. Ils ont été d’une aide exceptionnelle au momentoù nous en avions réellement besoin.

Combien d’employés compte Bionest ?● Nous comptions une centaine d’employés en date d’août 2009.Ce nombre a par contre diminué en raison de certains contratsdonnés en sous-traitance.

Quels sont les marchés les plus prometteurs pour votretechnologie ?● Les endroits où les gens doivent acheter l’eau. Les îles Turkset Caïcos sont un bon exemple. Les propriétaires doivent débourserprès de 3000 $ pour s’approvisionner en eau chaque année. Prèsde 40 % de cette eau est destinée à l’arrosage. Avec notre système,chaque propriétaire voit sa facture diminuer de façon draconienne.La clientèle est donc facile à convaincre.

Les terrains de golf, les terrains de camping et les hôtels sontaussi visés.

Le marché québécois est-il encore intéressant pour vous ?● Oh oui ! Environ 80 % de notre chiffre d’affaires provient duQuébec. Ce marché demeure très intéressant même si cepourcentage diminue en raison de l’exploitation de nos nouveauxmarchés.

Au Québec, votre marché est-il municipal ou résidentiel ?● Résidentiel.

● Cela dit, on ne vend pas nos produits directement auxconsommateurs, mais plutôt aux fabricants de fosses septiques etde réservoirs. Le fait de ne pas fabriquer de réservoir est un choixinnovateur qui nous évite bien des embûches sur le plan del’exportation.

Quels sont les principaux défis qui attendent votreentreprise ?● Bionest est en pleine croissance et je crois qu’elle est sur lepoint d’exploser au niveau des ventes. Je prévois une croissance

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

12

tête-à-tête

Contrat signé avecle Qatar

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 12

Page 13: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 13

Page 14: Source Hiver 2010

Quel est son chanteur / sa chanteuse préféré(e) ?Je l’ignore !

Le vôtre ?J’aime beaucoup les chansons d’Aznavour.

Quel est son plus grand défaut ?Elle est trop perfectionniste.

Le vôtre ?J’ai de la difficulté à signer des chèques. Non pas par avarice,mais c’est que je n’aime simplement pas dépenser.

Quelle est sa plus grande qualité ?Elle a une intelligence extraordinaire. Elle est très douée pouravoir une vision d’ensemble de notre industrie.

Votre plus grande qualité ?Je suis une personne très loyale, en amitié comme en affaires.

Est-elle nationaliste ?Je ne crois pas.

Et vous ?On l’est tous un peu. Mais je suis surtout pour le respect dela langue française.

Si elle devait vivre ailleurs qu’au Québec, où serait-ce ?Elle voyage à Dubaï, au Mexique et dans différents endroits.Mais je ne saurais pas dire quel endroit elle préfère. Je croisqu’elle est davantage une citoyenne du monde !

Et vous ?En Amérique du Sud. J’aime la mentalité et la façon de vivredes gens.

Quel est son plan professionnel ?Elle m’a déjà dit vouloir passer du temps en famille. Je croisdonc qu’elle voudra ralentir.

Et vous ?J’aimerais amener Bionest à un niveau exceptionnel afinqu’elle soit un bel héritage pour mes enfants. Je veux aussiqu’on puisse dire que j’ai fait de bonnes choses pourl’environnement.

Pourrait-elle faire de la politique active ?Non, elle n’est pas faite pour ça.

Et vous ?Moi, je le suis, mais je ne veux pas. Ça ne me tente plus.

Quel est son film favori ?Je l’ignore.

Le vôtre ?Aucun en particulier, mais j’aime beaucoup les films historiques,ça nous permet de mieux comprendre ce qui s’est passé.

Qu’apprécie-t-elle le plus de vous ?Le fait que je donne toujours l’heure juste.

Et vous d’elle ?Son intelligence et sa beauté ! [Rires.]

Est-ce difficile de travailler avec sa fille ?Oui, c’est très difficile. D'une part, il y a une dualité qui peutêtre parfois difficile, mais de l’autre côté notre loyauté estindéniable.

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

14

Quel est son chanteur / sa chanteuse préféré(e) ?Selon moi, c’est Édith Piaf.

Et vous ?Radiohead.

Quel est son plus grand défaut ?Une certaine impulsivité. De plus, quand il a une idée, on doitla suivre. Ça va avec son côté entrepreneur ! [Rires.]

Et le vôtre ?Je suis quelquefois trop minutieuse. Je veux tout prévoir ettout planifier.

Quelle est sa plus grande qualité ?Il est un grand visionnaire.

La vôtre ?Je suis très honnête et transparente dans mes rapports avecles gens.

Est-il nationaliste ?Définissez votre question. [Rires.] Je crois qu’il est fier de sonpays, peu importe la définition.

Et vous ?Aussi, mais probablement de manière moins forte que lui.

S’il devait vivre ailleurs qu’au Québec, où serait-ce ?Au Costa Rica.

Et vous ?En Islande.

Quel est son plan professionnel ?Je crois qu’il est en mode plaisir. Il a beaucoup ralenti.

Et vous ?Je n’ai pas réellement de plan. Cependant, j’ai toujours souhaitéprendre ma retraite à 30 ans. Cela dit, je ne veux pas resterchez moi à passer le balai. Je souhaite plutôt un heureuxmélange de plaisirs et de travail.

Pourrait-il faire de la politique active ?On l’approche pour qu’il se présente à la mairie, mais il ne veutpas. Il serait toutefois un excellent candidat.

Et vous ?Je suis ambivalente. Mais une chose est sûre, il faudrait quej’aie réellement l’impression d’être utile.

Quel est son film favori ?Un film qui le fait pleurer.

Le vôtre ?Shrek.

Qu’apprécie-t-il le plus de vous ?La qualité de mon jugement.

Et vous de lui ?Son expérience.

Est-ce difficile de travailler avec son père ?Certains aspects sont positifs, d’autres moins. Certaines chosespassent plus facilement en raison de notre lien. Par contre,quelquefois on se permet d’aller plus loin dans noscommentaires.

On les cuisines pour vous!

de 25 ou 30 % par année. Nos plus grands défis se situentassurément sur les plans de la recherche et du capital humain.

Quel conseil donnez-vous aux gens désireux de se lanceren affaires ?● De ne pas se décourager ! [Rires.]

● S’ils se lancent dans un secteur d’activité réglementé, je leurconseille d’être patients et d’avoir les poches creuses, car chaquepas coûte 50 000 $ et nécessite des expertises ou des tonnes depaperasse.

Monsieur Champagne, Mme Bonneville, merci beaucoup. ■

Exceptionnellement, nous avons demandé à nos interviewés de répondre à nos questions indiscrètes en plus de nous dire quelle serait,selon eux, la réponse de l’autre. À noter que les questions ont été posées de manière individuelle. Voyons voir s’ils se connaissent bien !

tête-à-tête

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 14

Page 15: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

15

Au Québec, 7 % de la population boit l’eau fluorée. Le débatsur la pertinence du traitement au fluor refait surface régulièrement…

Ainsi, au moment des fusions municipales de 2002, la Ville deQuébec ajoutait du fluor à son eau potable, ce qui n’était pas lecas de ses nouveaux arrondissements. Le ministère de la Santéet des Services sociaux a alors recommandé à la nouvelle Ville deQuébec d’étendre l’ajout de fluor à toutes les installations detraitement de l’eau potable de son nouveau territoire… L’adminis-tration municipale a répliqué en arguant que les instancesgouvernementales devraient imposer la fluoration si celle-ci étaitsi avantageuse. Aussi la nouvelle Ville de Québec a-t-elle abandonnéle traitement au fluor en avril 2008.

Dernièrement, la décision du conseil de la Ville de Saguenayd’intégrer le fluor au traitement de l’eau potable a relancé le débat.Il y a actuellement mobilisation d’une partie de la population de cetteville contre la fluoration de leur eau potable, comme ce fut le casà Québec en 2002…

Pour ou contre la fluoration de l’eau ? Une pratique qui déchire

autant la population que les politiciens et les scientifiques. Les étudessur les avantages et les inconvénients de la fluoration pullulent.Difficile pour le citoyen de s’y retrouver.

Sauf que des organisations crédibles comme la Direction de lasanté publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et SantéCanada favorisent cette pratique très nord-américaine. Les tenantsdes fluorures allèguent qu’une telle pratique permet d’éviter denombreux problèmes dentaires chez les enfants les plus défavorisésde la société. Moins de caries, moins de frais dentaires qui, on lesait, sont exorbitants. Ils affirment que les fluorures sont desminéraux que l’on retrouve couramment dans la nature, notammentdans l’eau, laquelle peut parfois présenter des niveaux beaucoupplus élevés que celui prescrit pour prévenir la carie dentaire. Deplus, le gouvernement du Québec absorbe 100 % des fraisd’installation des équipements d’injection des fluorures et lafourniture en vrac de ce produit. Ce sont là les principales raisonsde la Ville de Saguenay pour aller de l’avant avec ce projet…

Les opposants à l’eau potable fluorée s’appuient eux aussi surun large éventail de publications scientifiques qui démontrent un

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous auwww.maya.cc, sous l'onglet Source, ou envoyez-nous un courriel à [email protected]

L E M U N I C I P A L

Christian Sauvageaudirecteur, Service de l’hygiène du milieuVille de L’Assomptionus i n e f i l t ra t i o n@v i l l e .l a s s omp t i o n . q c . c a

LA FLUORISATION DE L’EAU POTABLE :

le débat est relancé !

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 15

Page 16: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

16

lien statistiquement significatif entre les fluorures et toute une série d’effets néfastespour la santé : augmentation du risque de fracture osseuse, réduction de la fonction

thyroïdienne, réduction du quotient intellectuel,condition apparentée à l’arthrite, cancer des os etfluorose dentaire (décoloration ou marbrure del’émail des dents). Ces spécialistes croient qu’il n’estpas nécessaire d’exposer l’organisme entier au fluoret à tous les risques qui sont associés à soningestion, puisque cette substance agit uniquementlorsqu’elle est appliquée directement sur l’émail dela dent, et non pas lorsqu’elle est métabolisée parl’organisme. Ils soulignent que les dentifricesfluorés sont facilement accessibles et prônent leretour aux visites bisannuelles pour un traitementau fluor en cabinet dentaire comme dans lesannées 1970-80, et ce, aux frais des organisationsde santé publique. L’objectif sera ainsi atteint, carpour eux, la question de la fluoration de l’eaupotable en est une de société qui va au-delà dutaux de caries chez les enfants défavorisés. Maispour les organisations de santé publique, il est plusfacile de « rejoindre » cette clientèle en ajoutantdes fluorures dans l’eau potable…

Cela dit, est-ce que le fluor améliore vraimentla situation ? Son impact sur l’environnement est-il connu ? Moins de 1 % de l’eau fluorée sert àla consommation... et le reste se retrouve dans noscours d’eau. Certains avancent que le fluor seretrouve à l’état naturel et qu’il ne peut êtredangereux pour notre santé ainsi que pourl’environnement. Pourtant, le simple fait que lefluor se retrouve à l’état naturel ne signifie pas pourautant qu’il n’a pas d’impact. À preuve, le phosphoreexiste à l’état naturel, mais il a néanmoins unimpact sur la prolifération des cyanobactéries.Les plantes aquatiques et terrestres affichent desvulnérabilités très variables à l’égard du fluor. Lesinsectes et les animaux aquatiques peuvent y êtreparticulièrement sensibles ou vulnérables, et ce,même à de très faibles doses. La fluoration peutavoir des effets sur les cours d’eau : les gensarrosent leur pelouse, lavent leurs autos, etc. Donc,le fluor se retrouve directement dans un coursd’eau ou dans le réseau d’égout municipal, ce quisuppose que les stations d’épuration devraientajuster leur traitement pour éliminer ce type derejet avant que celui-ci ne soit renvoyé dansl’environnement afin de minimiser les impacts surla faune, la flore ainsi que sur les humains. Cesderniers n’étant pas tous connus, c’est pourquoile principe de précaution devrait alors s’appliquer…

Nous ne pouvons continuer indéfiniment àpolluer notre environnement et à risquer la santéde nos enfants sans jamais démontrer une foispour toutes un quelconque bénéfice à l’ajout defluor à notre eau de consommation. ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous auwww.maya.cc, sous l'onglet Source, ou envoyez-nous un courriel à [email protected]

L A F L U O R I S AT I O N D E L’ E A U P O TA B L E : L E D É B AT E S T R E L A N C É !

[…] le simple fait que le fluor se retrouve à l’étatnaturel ne signifie pas pour autant qu’il n’a pasd’impact. À preuve, le phosphore existe à l’étatnaturel, mais il a néanmoins un impact sur laprolifération des cyanobactéries.

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 16

Page 17: Source Hiver 2010

E A U X U S É E S

Dans ma chronique précédente, j’ai abordé certaines questionsde base concernant l’azote ammoniacal. Dans celle-ci, nous allonstraiter des principaux procédés d’enlèvement de l’azote ammoniacalpouvant être utilisés dans nos stations d’épuration au Québec.

En premier lieu, il convient de mentionner que la façon la pluscourante d’éliminer l’azote ammoniacal est par le biais de procédésbiologiques. Les procédés physico-chimiques d’élimination del’azote ammoniacal ne seront pas abordés dans la présentechronique, étant donné qu’il s’agit souvent de solutions de dernierrecours appliquées dans de petites installations.

Selon le type de station d’épuration et les exigences de rejetqui seront établies, les modifications requises sur les ouvragesexistants pour l’implantation de procédés de nitrification pourrontêtre très différentes. Je me limiterai ici à trois types de stationsd’épuration : les étangs aérés, les boues activées et les stationsphysico-chimiques.

Étangs aérésSelon les plus récentes informations disponibles, on compte au

Québec près de 500 sites d’étangs aérés, ce qui représente environ70 % du nombre total de stations d’épuration en opération. Dansle cadre de la mise en œuvre de la Stratégie pancanadienne pourla gestion des effluents d’eaux usées municipales, un certainnombre de ces stations vont se voir imposer, à court, moyen oulong terme, de nouvelles normes visant l’enlèvement de l’azote

ammoniacal. Si ces normes nécessitent que l’azote ammoniacal soitenlevé toute l’année durant, il est alors évident qu’un procédéadditionnel sera requis. L’éventail des solutions technologiquespermettant une nitrification continue dans les étangs aérés estactuellement très restreint et se limite pratiquement à l’ajout d’unréacteur biologique à support fluidisé (type MBBR/SMBR) entête des étangs, ou encore entre les deux premiers étangs.

Utilisé en tête des étangs, le réacteur à support fluidisé traiteraen hiver une eau dont la température sera plus élevée, mais devradans ce cas assurer non seulement l’enlèvement de l’azoteammoniacal, mais aussi l’enlèvement préalable de la DBO5. Utilisédans la configuration inter-étangs, le réacteur traitera une eauplus froide, mais dont une bonne partie de la DBO5 auranormalement été enlevée dans le premier étang.

Dans le futur, d’autres solutions pourront venir enrichir leportefeuille d’options technologiques visant à rendre possible lanitrification à longueur d'année dans les étangs. Parmi ces solutionspotentielles, on note l’utilisation combinée de la bioaugmentation(ajout de bactéries spécialisées) et de médias de support dans lesétangs. Cette avenue, déjà exploitée dans certaines villes desÉtats-Unis, n’a toutefois jamais été testée au Québec. Une autresolution possible consisterait en la mise en place, à la sortie desétangs, d’un réacteur à biomasse fixe de type SAGR (SubmergedAttached Growth Reactor). Selon les données obtenues, ce procédé,qui utilise un média rocheux, pourrait permettre une nitrification àdes températures aussi basses que 0,5 °C. D’autres procédésutilisant différents types de média de support sont aussi susceptiblesde faire leur apparition au Québec. Des projets de démonstrationde ces différentes technologies pourraient être réalisés dans unproche avenir.

Boues activéesAu Québec, il y a 48 stations d’épuration de type boues activées.

Sur le plan de la nitrification, ce type de station est nettement

COMMENT ENLEVER L’AZOTE AMMONIACAL ?

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

17

Marc-Andre ́ Desjardinsing., Ph.D.vice-président, division EnvironnementAXOR Experts-Conseils [email protected]

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 17

Page 18: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

18

avantagé par rapport aux étangs aérés puisque les boues activéesconstituent en elles-mêmes un procédé permettant l’enlèvementde l’azote ammoniacal à longueur d'année, lorsque l’âge des boues(temps moyen de rétention de la biomasse) est suffisammentélevé. Un âge de boues suffisamment élevé permet d’assurer lemaintien des populations bactériennes nitrifiantes dont la croissanceest relativement lente.

Si la nitrification est insuffisante, particulièrement en hiver, desmodifications pourront être envisagées afin d’améliorer l’enlèvementde l’azote ammoniacal. De façon générale, trois options sont alorsconsidérées :

1. l’augmentation de l’âge des boues avec, si requis, desmodifications au système d’aération et l’ajout de bassinsd’aération et/ou de décanteurs secondaires;

2. la conversion du procédé en réacteur à support fluidisé (typeMBBR/SMBR);

3. la modification du procédé en procédé IFAS.

Le procédé IFAS (Integrated Fixed-film Activated Sludge) est unprocédé hybride combinant les boues activées et le réacteur àsupport fluidisé. Ce procédé peut constituer une alternativeintéressante pour l’amélioration des performances d’une station deboues activées, en tirant profit des avantages des procédés àbiomasse fixe tout en maximisant l’utilisation des ouvrages existants.

Stations physico-chimiquesMême si, au Québec, il y a peu de stations d’épuration de type

physico-chimique (13 stations), c’est avec ce procédé que les eauxusées sont traitées en majorité (54,8 % de la capacité hydraulique

totale en 2008). Ceci s’explique par le fait que certaines de cesstations sont de très grande capacité (à elle seule, la stationphysico-chimique de la Ville de Montréal représente environ 42 %de la capacité hydraulique totale des stations d’épuration auQuébec). Disons-le tout de suite : si une norme visant l’enlèvementde l’azote ammoniacal est imposée à une station d’épurationphysico-chimique, ça va coûter cher ! Et la raison en est fortsimple : ce procédé n’est pas conçu au départ pour enlever la DBO5,et encore moins l’azote ammoniacal. Il s’agit en fait d’un traitementprimaire qui ne vise généralement que la réduction des matièresen suspension (MES) et du phosphore. Avant d’être touchées parune norme sur l’azote ammoniacal, les stations physico-chimiquesvont donc devoir en premier lieu s’attaquer à l’enlèvement de laDBO5 carbonée, ce qui implique l’ajout possible d’un traitementbiologique après le procédé physico-chimique. En fonction desobjectifs environnementaux de rejets qui seront établis, certainesstations devront, en plus de l’enlèvement de la DBO5, réduire l’azoteammoniacal. La conception du procédé biologique devra alors entenir compte. Dans tous les cas, on parle d’investissements majeursqui seront nécessaires, tôt ou tard, en vertu de la Stratégiepancanadienne. ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous auwww.maya.cc, sous l'onglet Source, ou envoyez-nous un courriel à [email protected]

C O M M E N T E N L E V E R L’ A Z O T E A M M O N I A C A L ?

Disons-le tout de suite : si une normevisant l’enlèvement de l’azoteammoniacal est imposée à une stationd’épuration physico-chimique, ça vacoûter cher !

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 18

Page 19: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

19

Que ce soit dans l’eau potable ou dansles eaux usées, les effets de l’alcalinité sontomniprésents (tartre, corrosion, etc.). Il estdonc surprenant qu’aucune norme nes’appl ique en ce qui a trait auxconcentrations maximales permisesd’alcalinité dans l’eau. Toutefois, les expertsen matière de qualité de l’eau s’entendentpour dire qu’on peut considérer laconcentration d’alcalinité de l’eau potable« acceptable » lorsqu’elle se situe entre 30et 500 mg/l (ppm) de CaCO3, et « bonne »lorsqu’elle se situe entre 100 et 200 mg/lde CaCO3. L’alcalinité est reconnue commele principal facteur de contrôle del’agressivité de l’eau et de son pouvoirincrustant. Une eau agressive a tendanceà réagir avec le métal des canalisations età le corroder, alors qu’une eau incrustantea tendance à précipiter les sels dans latuyauterie et à réduire son diamètre utile.

L’eau potable possédant une concentrationélevée d’alcalinité peut également avoir ungoût dit de « soude » et peut contribuer audessèchement de la peau.

De façon générale, l’alcalinité de l’eause définit comme étant sa capacité àneutral iser un acide. El le est l iéeprincipalement aux carbonates, auxbicarbonates et aux hydroxydes. Les borates,les silicates, les phosphates et certainesformes de matières organiques contribuentégalement légèrement à l’alcalinité de l’eau.L’alcalinité d’un échantillon d’eau représenteen somme sa capacité de résistance auxvariations de pH, principalement causées parl’effet tampon des bicarbonates/carbonates.Un niveau faible d’alcalinité dénote unesusceptibilité aux variations de pH alorsqu’un niveau élevé d’alcalinité correspondà la résistance de l’eau aux variations de pH.Finalement, notons que l’alcalinité constitueun élément important dans le processusde nitrification.

Il convient donc d’en faire l’analysefréquemment afin de pouvoir opter pourles modes de traitement appropriés visantle rapprochement à sa concentrationsouhaitable. Les méthodes d’analyse sontnombreuses. Le spécialiste de laboratoiredevant effectuer les mesures de ce

paramètre doit pouvoir déterminer laméthode adéquate qui lui procurera laprécision et l’exactitude recherchée enfonction des exigences de l’application.

Mesures de l’alcalinitéComme pour la plupart des paramètres

d’analyse de l’eau, les méthodes les moinsdispendieuses de mesure d’alcalinité sontles trousses chimiques ou les bandelettes.Bien que simples d’utilisation, ces deuxdernières n’offrent évidemment ni précisionni traçabilité.

Une méthode d’analyse conducti-vimétrique peut être envisagée si laconcentration d’alcalinité excède 0,3 mg/l.Cette méthode de titrage est basée sur ladifférence de conductivité qui existe entreles réactifs et les produits de réaction lorsde la détermination de l’alcalinité.

La méthode considérée « intermédiaire »quant au prix et à la performance est lacolorimétrie, aussi appelée photométrie.Quoique non reconnue par les instances deréglementation, cette méthode bienrépandue, et ce, particulièrement enAmérique du Nord, permet d’obtenir unaffichage numérique relativement précis dela concentration d’alcalinité présente dans

COMMENT MESURER L’ALCALINITÉ ? I N S T R U M E N T A T I O N

France GauvreauB.Sc., directrice généraleHanna Instruments Canada [email protected]

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 19

Page 20: Source Hiver 2010

un échantillon d’eau simplement suite à l’addition d’un réactif dansce dernier. La différence de couleur obtenue entre l’échantillon brutet l’échantillon ayant réagi est interprétée par le microprocesseuret ensuite exprimée numériquement en mg/l de carbonate decalcium (CaCO3). Le désavantage de la méthode colorimétrique estle contrôle requis de certains interférents afin d’éviter l’obtentionde mesures erronées. Les colorimètres (photomètres) permettantd’effectuer ces analyses sont disponibles en instrumentsmonoparamètres ou plus souvent en instruments multiparamètresqui incluent également des paramètres à analyser tels que le chlore,la dureté, le pH, le fer, etc.

Selon les standards acceptés (Standard Methods for theExamination of Water and Wastewater et USEPA), deux méthodespar titrage (titration) sont reconnues pour la détermination del’alcalinité, soit la détermination des bases fortes appelées « titrealcalimétrique » (TA) par titrage à la phénolphtaléine dont le pointd’inflexion sur la courbe se situe à pH 8,3, et la détermination del’alcalinité totale appelée « titre alcalimétrique complet » (TAC) partitrage au vert de bromocrésol dont la formation ionique change àun pH de 4,5. Le titrage pourra être effectué au choix manuellementà l’aide d’une burette ou automatiquement à l’aide d’un titrateurautomatique potentiométrique. La plupart des titrateurs automatiquesprésentent les deux méthodes approuvées mentionnées plus haut.Dans les méthodes de titrages automatiques, le volume de titrantdosé correspond (via un calcul automatique du microprocesseur)au degré d’alcalinité de l’eau qui est typiquement affiché en mg/lde carbonate de calcium (CaCO3). Ces instruments qui intègrentgénéralement un agitateur magnétique, une burette automatique,une pompe péristaltique et un logiciel de gestion libèrent le technicien

de laboratoire familier avec les titrages manuels des opérationsfastidieuses requises telles que l’addition et le dosage du titrant, lamise en œuvre de la cinétique de la réaction, l’interprétation et letracé des courbes de titrage, le calcul mathématique des points demesure acquis pour les couples pH/volume ainsi que ladocumentation des résultats bruts et finaux obtenus.

En conclusion, comme la plupart des résultats d’analyse doiventdésormais être documentés et rapportés, les méthodes ditesd’appréciation visuelle (trousses chimiques et titrages manuels)sont vouées à perdre en popularité au détriment des méthodescolorimétriques ou titrimétriques qui offrent des possibilitésd’enregistrement et de transfert subséquent de données. La titrimétrie,bien que plus coûteuse que la colorimétrie, gagnera certainementen popularité au cours des années à venir en raison des précisionsoffertes ainsi que de l’absence d’interférence de cette méthodeéprouvée. ■

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous auwww.maya.cc, sous l'onglet Source, ou envoyez-nous un courriel à [email protected]

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

20

C O M M E N T M E S U R E R L’ A L C A L I N I T É ?

Exemple de t i trateurautomatique

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 20

Page 21: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 21

Page 22: Source Hiver 2010

Quelle serait la conséquence d’une utilisation toujours plus importantedes ressources en eau douce ? Le stress hydrique. Selon un articlerécent, il est en effet estimé qu’en 2025, quatre milliards d’êtreshumains, soit la moitié de la population mondiale, pourraient êtreconfrontés à un déficit en eau. Quelles pourraient être lessolutions ? L’eau de mer représentant près de 97 % de toutel’eau liquide sur terre, il serait raisonnable de croire que ledessalement de l’eau de mer pourrait constituer une solutionvalable aux problèmes de stress hydrique. Aujourd’hui, le dessalementdes eaux de mer ne représente que 0,9 % de toute la consommationmondiale d’eau potable. Par contre, la capacité installée d’usinesde dessalement augmente de 10 % par année un peu partout dansle monde. Creusons un peu cette technique assez peu connue auCanada pour y voir si c’est la panacée tant attendue.

Il existe trois grandes techniques de dessalement de l’eau demer : les technologies thermiques, les technologies membranaireset les procédés hybrides comprenant à la fois l’approche thermiqueet membranaire.

Technologies thermiques

Les technologies thermiques visent à reproduire les phénomènesnaturels de l’évaporation et de la condensation afin de produire uneeau douce, distillée, de grande qualité. Cette méthode est connuedepuis très longtemps. Pour y arriver, de l’énergie, sous forme dechaleur, est appliquée afin d’amener l’eau sous forme de vapeuret ainsi de la libérer de ses sels minéraux. Deux méthodes existentpour faire s’évaporer et condenser l’eau salée : la méthode àdétente étagée (ou, en anglais, MSF pour Multi-Stage-Flash) et laplus récente, la distillation à effets multiples (ou, en anglais, MED,Multi-Effect Distillation), qui permet de récupérer et de réutiliserl’énergie perdue. Les installations méridionales peuvent bénéficier,par exemple, de panneaux solaires pour diminuer la factureénergétique totale, mais la forte consommation d’énergie demeureune caractéristique des technologies thermiques et leur principalpoint faible. L’usine d’Al Jubail (Marafiq), en Arabie Saoudite estune des plus grosses usines de dessalement au monde, nécessitant27 unités de dessalement et produisant près de 800 000 m3 d’eaupotable par jour. Cette usine fonctionne sur le principe dudessalement thermique par distillation à effets multiples.

Technologies membranaires

Grâce à des membranes semi-perméables d’osmose inverse, onarrive à extraire une partie de l’eau douce de l’eau salée en

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

22

DESSALER L’EAU DE MER :

Ce texte vous fait réagir ? Pour nous faire part de vos commentaires, rendez-vous auwww.maya.cc, sous l'onglet Source, ou envoyez-nous un courriel à [email protected]

S U R L E R A D A R

John Ciganaing., M.Sc. A.vice-président, Développementdes affaires et marketingJohn Meunier [email protected]

la panacée du XXIe siècle ?

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 22

Page 23: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

23

appliquant une force qui contre la pression osmotique. Uneautre méthode fait appel à des techniques électromembranairesutilisant l’électricité pour séparer les sels minéraux de l’eausalée. Ces techniques, plus contemporaines, sont reliées deprès aux efforts de recherche et développement dans le domainedes matériaux membranaires et semi-perméables. Les fac-teurs influençant les performances de ces membranes sontnombreux : température, salinité de l’eau de mer, pressiond’opération, etc., sans parler des contaminants (huiles, plancton,etc.) pouvant contribuer au colmatage de ces membranes, doncà la diminution de la performance. L’énergie électrique est aussiun élément important du coût d’exploitation de telles installations.Par contre, le coût énergétique d’une installation d’osmoseinverse demeure plus faible (de 3,5 à 5 kWh/m3) que celui desinstallations thermiques qui oscillent entre 15 et 18 kWh/m3

pour les installations plus anciennes utilisant le système MSFet entre 5,7 et 7,5 kWh/m3 pour les références plus récentesfonctionnant avec la technique du MED.

Et les hybrides ?

Les systèmes hybrides ne sont pas réservés uniquement auxautomobiles ! Il est possible de combiner les techniquesthermiques et membranaires de dessalement au sein d’unemême installation. Pourquoi un client voudrait-il deux techniquesdifférentes de production d’eau potable ? Tout simplementparce que ces deux techniques sont complémentaires et offrentune plus grande flexibilité opérationnelle.

Et le dessalement au Canada ?

Bien sûr, le Moyen-Orient possède la plus grande part des12000 installations de dessalement à travers le monde. Maiscombien de gens savent que des installations de dessalementexistent en quantité respectable dans les Amériques ? L’Amériquecentrale et l’Amérique du Sud possèdent presque 40 installationsproduisant plus de 340 000 m3 par jour d’eau potable. Le suddes États-Unis possède une poignée d’installations dedessalement. Qu’en est-il au Canada ? Sauf quelques raresexceptions et de façon générale, nos réserves hydriques nejustifient pas le développement à outrance de projets dedessalement, du moins dans un avenir proche. Mais qu’en sera-t-il dans le futur ? Prédire l’avenir est toujours un pari risqué…Toutefois, si la neige et la pluie se font toujours aussi abondantesau Canada et que la gestion des ressources hydriques se faitde façon ordonnée, le dessalement continuera d’être unetechnologie dont l’utilisation sera l’exception plutôt que la normesur notre territoire. ■

D E S S A L E R L’ E A U D E M E R : L A P A N A C É E D U X X I E S I È C L E ?

Crédit: Photothèque VWS/Sidem

PROBLÈMES D’ODEURDANS VOS REGARDS SANITAIRES,

PLUVIAUX ET AUTRES?

Un panier pour chaque application :Acier InoxydablePVC

Le PR’OBIORUE est la solution.

Installation facile et économiqueAucun entretienÉvite les déchets de tomber dansle regard

[email protected] : 514-826-7767Bur : 450-447-8581

2070 Chemin Des Patriotes, Richelieu, Québec, J3L 4A7

Faits de matières recycléesComplètement biodégradable

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 23

Page 24: Source Hiver 2010

Il existe une cinquantaine de Centres collégiauxde transfert technologique (CCTT) au Québeccouvrant différentes sphères d’activité. L’objectif deces centres est d ’ut i l iser l ’expert ise (et leséquipements) disponible dans les cégeps, enparticulier en région où les centres de recherchesont peu nombreux et où les PME ont bien du malà obtenir de l’aide pour des problèmes « terre àterre », pratiques… à un coût raisonnable ! LesCCTT sont subventionnés par les ministères del’Éducation (MELS) et du Développement économique(MDEIE) et sont « sans but lucratif ».

L’un de ces CCTT est le CTE (Centre destechnologies de l’eau). Il est affilié au Cégep deSaint-Laurent dont l’expertise dans le domaine del’eau et de l’assainissement est reconnue. Il répondà un besoin pressant des PME aux prises avec desproblèmes de rejets, de surconsommation d’eau oude faible efficacité des systèmes existants. Sa missionest d’aider ces PME à résoudre des problématiquesliées à l’eau par le biais de recherches appliquées,de formation et de soutien technique.

Le CTE réalise des études de faisabilité et desessais de traitabilité, et peut effectuer la mise en routeou l’optimisation des systèmes. Le transfert desconnaissances doit être assuré à chaque étape, etcela, dans les deux sens : transfert des connaissanceset des compétences vers le partenaire, mais aussitransfert de l’industrie vers l’enseignement.

Le CTE collabore avec les autres intervenantscomme les universités, les firmes de génie-conseilou les équipementiers sans pour autant empiéterdans leur champ de compétence : l’université mènedes recherches fondamentales, publiables, alors quele CTE se consacre à des recherches très appliquées !

Enfin, autre rôle essentiel, le CTE accompagne sonpartenaire (PME, municipalité ou autre) dans larecherche de subventions tant provinciales que

fédérales. Elles sont assez nombreuses et souventméconnues…

On peut illustrer comme suit ce que peuvent êtrel’intervention et la démarche du CTE pour diminuerl’impact d’un rejet industriel :

- ségrégation des eaux les plus contaminées;- d iminut ion de l ’u t i l i sat ion de produi ts

problématiques (optimisation des doses utilisées,recyclage…);

- substitution de ces produits par d’autres; - changement de procédures;- traitement des effluents (par voie physico-

chimique, biologique, etc.).

Dans le cas d’une collaboration avec une PME,l’exemple de celle réalisée avec les Industries Fontainea présenté les étapes suivantes :

- cerner la problématique (corrosion des vannes-portes lors du transport maritime);

- rechercher une aide financière (subvention d’Enviroclub);

- proposer une démarche scientifique, des essais pertinents;

- réaliser ces essais en laboratoire (tests decorrosion, modification des agents chimiqueset des procédures);

- tirer les conclusions et suggérer des solutions;

- appliquer ces solutions dans l’industrie;- vérifier les gains environnementaux et

financiers ainsi réalisés.

Plus généralement, les activités du CTE visent àassurer le respect des normes présentes et à venir…et donc la protection de l’environnement !

N’oublions pas que les nouvelles règlementations,tant fédérales (stratégie pancanadienne) quemunicipales (règlements 2008-47 de la Communautémétropolitaine de Montréal) vont accentuer lespressions sur les municipalités et les industries dès2012 !

Dans un autre ordre d’idée, l’inauguration officielledu Centre des technologies de l’eau aura lieu le 22mars, Journée mondiale de l’eau. Les bureaux sontinstallés en face du Cégep dans la magnifique bâtissehistorique qui a jadis abrité le premier Collège deSaint-Laurent.

Plusieurs projets sont en marche et l’équipe duCTE attend avec enthousiasme vos suggestions, enparticulier pour offrir des journées d’information etde formation sur les problèmes d’un secteur particulier(industries du placage, de l’agroalimentaire, nouvellestechnologies, règlementations, etc.).

Je vous inv i te à consul ter not re s i te Web :http://www.cteau.com ■

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

24

T E C H N O L O G I E

Monique Tardat-HenryM.Sc.chercheuseCentre des technologies de l’eau

LE CENTRE DES TECHNOLOGIES DE L’EAU,

Le CTE réalise des études de faisabilité et des essaisde traitabilité, et peut effectuer la mise en route oul’optimisation des systèmes.

un partenaire technologiquede choix !

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 24

Page 25: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 25

Page 26: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

26

Le meilleur manager est celui qui sait trouver les talents pourfaire les choses, et qui sait aussi réfréner son envie de s’enmêler pendant qu’ils les font.

– Theodore Roosevelt

Les organisations, au Québec comme ailleurs, ont de moinsen moins de marge de manœuvre en ce qui concerne le maintiende leur rentabilité étant donné la compétition qu’opposent les paysémergents disposant d’une main-d’œuvre bon marché etabondante. Cette abondance ne caractérise pas vraiment leCanada; avec une relève insuffisante pour prendre le relais des10 millions de Canadiens qui partiront à la retraite sur un horizonde cinq ans, les organisations d’ici devront faire face à une

importante pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En effet, les baby-boomers sont nés entre 1946 et 1965 et vont, de ce fait,commencer à prendre leur retraite en 2010, si ce n’est pas déjàfait. En 2006, un Canadien sur trois était né durant cette période,selon Statistique Canada. La gestion intelligente et humaine desressources devient donc un facteur incontournable pour assurerla productivité, la rentabilité et la pérennité des organisations.

Vous me direz que ce sont les problèmes du secteur privé...Eh bien non, la fonction publique prévoit 14 251 départs à laretraite d’ici 2014, d’où l’importance d’une réflexion globale surle sujet, mais aussi particulière. Toutefois, avant de mettre en placetoutes sortes de stratégies pour contrer la pénurie qui se fait déjàsentir dans certains secteurs, il convient de s’adonner à unexercice d’introspection organisationnelle. Que possède monorganisation de plus que les autres ? Qu’avons-nous à offrir ?Quel type de culture est véhiculé ici ? Qu’offrent les entreprisesde ma région et de mon secteur d’activité ? Quels sont mesavantages concurrentiels sur l’axe des ressources humaines ?Pourquoi les gens partent-ils de chez nous, pourquoi restent-ils ? Ces questions, simples en apparence, sont cruciales audéveloppement des affaires, car leurs réponses, plus complexes,sont à la base de toute réflexion stratégique organisationnelle.

GESTION HUMAINE DES RESSOURCES

www.zcl.com • (780) 466-6648 Téléphone • (780) 466-6126 Télécopieur

Êtes-vous sérieuxlorsqu’il est question d’étanchéité?Lorsqu’il est question de réservoirs pour l’entreposage des eaux usées, une conception étanchegagne de l’importance. Installer un réservoir étanche comporte de nombreux avantages,particulièrement depuis les changements de la réglementation, car l’étanchéité est de plus enplus souvent obligatoire. Donc, si vous recherchez vraiment un réservoir étanche et facile àinstaller, songez aux réservoirs en fibre de verre ZCL Composites inc. pour vos projets futurs.

Les avantages des réservoirs étanches :• Construit d’une seule pièce - ne requiert aucune installation enchantier de composantes nécessitant joints ou scellements pourcompléter leur mise au point.

• Fabriqué en usine - élimine le besoin d’assembler ou de moulerle réservoir sur place ainsi que tous les imprévus causés par lesintempéries, les équipes de chantier ou les délais de livraison.

• Rendement éprouvé - les réservoirs ZCL entreposent des produits pétroliers depuis presque trois décennies où seule uneconception étanche est acceptable.

• Conception robuste - les réservoirs de base sont conçus pourêtre enfouis jusqu’à 7 pieds de profondeur, même en présenced’une nappe d’eau élevée et ils sont évalués pour soutenir unecharge nominale H-20.

Dominique Dodierdirectrice généraleEnviroCompétenced o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i r o c o m p e t e n c e s . o r g

La solution concernant les salaires doit être abordée avec finesse, car lesgénérations montantes ne sont pas si avides de gros salaires, mais bien d’unemeilleure qualité de vie et d’une plus grande capacité à évoluer au sein del’organisation.

DÉMOGRAPHIE ET RENTABILITÉ DES ORGANISATIONS

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 26

Page 27: Source Hiver 2010

Car comment procéder à une optimisation si on ne connaît pas leciment de nos ressources humaines ?

En examinant vos forces et vos faiblesses, vous pourrez établiret prioriser les cibles à atteindre pour favoriser la rétention de vosressources et en attirer de nouvelles – la problématique étantdouble. Gérer les ressources de façon humaine, ça signifie optimiserle système de reconnaissance, l’organisation du travail, lacommunication, le développement des compétences, la formation,la santé et la sécurité au travail et l’approche de gestion. Cependant,vos décisions ou stratégies devront s’articuler autour de l’humainet de ses besoins. Dans un marché d’employeurs, ce sont cesderniers qui dictent les règles; les ressources humaines ont alorspeu de pouvoir de négociation. Or, dans un marché d’employés,ce qui devrait arriver plus vite qu'on ne le pense, c’est l’employéqui détient le pouvoir. On estime que, dans un futur rapproché, unepersonne qualifiée recevra entre trois et cinq offres d’emploi. Alors,quel sera son choix ? Le futur employé choisira sans doutel’employeur offrant les meilleures conditions d’emploi et d’exercice.

La filière de l’environnement ne sera pas en reste, car elle doiten plus concurrencer d’autres secteurs de l’activité économique;la tarte reste de la même grosseur, mais les pointes de tartevarieront en fonction de la visibilité du secteur, de sa notoriété etdes conditions de travail offertes. Après avoir mesuré l’écart entrevotre position et celle désirée, vous aurez à établir un plan d’actionvisant l’amélioration de vos pratiques RH. Ne pensez pas que ceciprend trop de temps ou demande trop d’argent; pensez plutôt quele personnel reste une des charges les plus importantes des

entreprises, puisqu’il peut représenter jusqu’à 50 % des dépensesdans le secteur des services. Ce facteur humain apparaît donc deplus en plus comme un des leviers essentiels de la performance.La direction des ressources humaines ne doit plus être perçuecomme une fonction dans laquelle sont englouties des sommesdont on ne mesure jamais tout à fait les retombées. La DRHreprésente plutôt un investissement qui concourt au succès del’organisation à court et long termes.

Sans être une liste exhaustive de mesures, solutions ousuggestions, voici quelques exemples qui pourront vous mettre surla piste : horaires variables, politiques de vacances, conciliation travail-vie privée, télétravail, programmes de formation axés sur ledéveloppement des compétences, gestion des carrières,programmes de reconnaissance, etc. La solution concernant lessalaires doit être abordée avec finesse, car les générationsmontantes ne sont pas si avides de gros salaires, mais bien d’unemeilleure qualité de vie et d’une plus grande capacité à évoluerau sein de l’organisation. Une chose est sûre : avant de mettre enplace des solutions ou actions, consultez vos gens, car qui demieux placés que vos employés pour décider de ce qu’ils veulent ?

Et pour mesurer les retombées de l’implantation des nouvellesconditions, préparez un questionnaire que devront remplir vosemployés avant et après la mise en place de la politique. Cettefaçon de faire pourra vous donner des indicateurs très intéressantsqui vous permettront d’ajuster votre offre au fur et à mesure queles résultats se feront sentir du côté de la productivité et de larentabilité. ■

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

27

D É M O G R A P H I E E T R E N TA B I L I T É D E S O R G A N I S AT I O N S

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 27

Page 28: Source Hiver 2010

La Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau etvisant à renforcer leur protection (le « PL27 ») va modifier enprofondeur la gestion de l’eau au Québec lorsqu’elle entrera envigueur. Parmi les nouveaux mécanismes qui seront mis en place,le recours en réparation de dommages écologiques visant lesressources en eau constitue sans aucun doute une innovationmajeure.

Ainsi, lorsque par le fait, la faute ou l’acte illégal d’une personne,des dommages seront causés aux ressources en eau, notammentpar une altération de leurs propriétés physiques, chimiques oubiologiques, de leur potentiel écologique ou de leur état quantitatif,le procureur général, au nom de la collectivité, pourra désormaisintenter contre l’auteur des dommages une action en réparation.

L’État gardien de l’eau, ressource collective

Ce nouveau recours trouve ses assises dans la confirmation ducaractère collectif des ressources en eau par le PL27. En tant quegardien des intérêts de la nation, l’État a le devoir de protéger cetteressource collective et de demander réparation des dommages quilui sont causés. Le PL27 rappelle par ailleurs que la protection, larestauration, la mise en valeur et la gestion des ressources en eausont d’intérêt général et concourent à l’objectif de développementdurable. Il réaffirme également, à titre de corolaire, que toutepersonne est tenue de réparer, dans les conditions définies par laloi, les dommages qu’elle cause aux ressources en eau.

Cette nouvelle mesure correctrice couvre les diverses atteintesque peut subir la ressource eau : on vise ici les altérations à sespropriétés physiques, chimiques ou biologiques, mais également àson potentiel écologique ou à son état quantitatif. Il s’agit doncd’une responsabilité objective indépendante de toute atteinte auxbiens ou aux personnes.

Une responsabilité sans faute

Il faut comprendre qu’il s’agit là d’un pouvoir exceptionnel, car lerégime retenu est celui de la responsabilité sans faute, alors quele régime général actuel de responsabilité civile extracontractuelleau Québec est fondé sur l’existence d’une faute, d’un dommage etd’un lien de causalité entre les deux (article 1457 du Code civil duQuébec).

Or, avec le PL27, la faute, l’acte illégal, mais également le fait d’unepersonne peuvent engager sa responsabilité. En d’autres termes,même si une personne ne commet aucune faute et respecte lesnormes applicables à ses activités, sa responsabilité pourra êtreretenue si elle cause des dommages aux ressources en eau. Enoutre, si les dommages ont été causés par une faute ou un acteillégal de deux personnes ou plus, l’obligation de réparation estsolidaire, c’est-à-dire que l’État pourra recouvrer l’ensemble desdommages de l’une ou de l’autre.

Ce nouveau recours vient s’ajouter au régime actuel deresponsabilité civile et n’affecte donc aucunement les divers recoursexistants à la disposition des citoyens en vertu notamment du Codecivil du Québec ou de la Loi sur la qualité de l’environnement. Bienqu’exceptionnel au Québec, il est à souligner qu’un recours semblableexiste déjà au sein de l’Union européenne.

Finalités de l’action en réparation

Le recours en réparation vise l’une ou l’autre des trois finssuivantes, ou une combinaison de celles-ci : 1) la remise en l’étatinitial ou dans un état s’en rapprochant; 2) la réparation par desmesures compensatoires; et 3) la réparation par le versement d’uneindemnité, de type forfaitaire ou autre.

La remise en état suppose une connaissance préalable de lasituation qui prévalait avant le dommage, ce qui, on s’en doute, n’estpas toujours possible. L’article 8 tente de résoudre cette difficultéen stipulant que l’état initial « désigne l’état des ressources en eauet de leurs fonctions écologiques qui auraient existé sans lasurvenance de ces dommages, évalués à l’aide des meilleuresinformations disponibles ».

Par ailleurs, le gouvernement pourra déterminer par voie derèglement les conditions applicables à la remise en l’état initial età la réparation par des mesures compensatoires, de même que leséléments, barèmes ou méthodes à prendre en compte dansl’évaluation ou l’établissement des dommages et de l’indemnitéexigible. Il faut donc s’attendre à ce qu’un règlement soit adoptébien qu’il ne s’agisse pas d’une condition préalable à l’entrée envigueur de ce nouveau régime.

Les indemnités obtenues seront versées au Fonds vert (art. 10PL27) afin d’être « affectées au financement de mesures prises pourassurer la gouvernance de l’eau, entre autres pour favoriser laprotection et la mise en valeur de l’eau, ainsi que pour la conserveren quantité et en qualité suffisantes dans une perspective dedéveloppement durable ».

Cette nouvelle action en dommage se prescrira par 10 ans àcompter de la date à laquelle le ministre a connaissance desdommages (art. 11 PL27). Encore une fois, il s’agit d’une exceptionpar rapport au régime de prescription de trois ans prévu par leCode civil du Québec pour les actions personnelles et les actionsrelatives à des matières mobilières. À noter que cette prescriptionne court qu’à compter de la connaissance du dommage par leministre et non à partir du fait, de la faute ou de l’acte illégal à l’originede ce dommage. Le gouvernement justifie un délai aussi long parla gravité du préjudice écologique en cause, soit l’atteinte à uneressource vitale pour les êtres vivants.

Tout est donc prêt sur le papier pour imposer de nouvelles mesurescorrectrices aux atteintes aux ressources en eau. Reste à voirl’utilisation qu’en fera le gouvernement lorsque le PL27 entrera envigueur. ■

L E J U R I D I Q U E

Me Hervé Pageotavocat en droit de l’environnementDaigneault, Cabinet d’[email protected]

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

28

L E P R O C U R E U R GÉNÉR A L D U Q UÉB E C D E V I E N D R A -T- I L L A P O L I C E D E L’ E A U ?

[…] même si une personne ne commetaucune faute et respecte les normesapplicables à ses activités, sa responsa-bilité pourra être retenue si elle causedes dommages aux ressources en eau.

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 28

Page 29: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

29

Chef de file en caractérisationet mesure de débit

Caractérisation des eaux uséesÉchantillonnage: eau potable-baignade-uséeCorrection de pHÉvaluation environnementale phase 1,2 et 3

Courriel: [email protected] Tél : 450 681-3601 Téléc. 450 681-5196

www.esa.ca

identité d'entreprisepublicitédépliantaffichesite Web

organisation d’évènement

stratégiedéveloppement

L E S B O N S C O N T A C T S

Spécialiste du traitement des eaux municipales et industriellesServices offerts : gestion, exploitation et optimisation.Distributeur des compteurs d'eau Neptune.

20 275, Clark Graham, bureau 200 Baie d'Urfé, Québec, H9X 3T5

Télé. : 514-457-9991 • Téléc. : 514-457-9922 • Courr ie l : [email protected]

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 29

Page 30: Source Hiver 2010

L e m a g a z i n e d e l ’ e a u a u Q u é b e cSOURCE VOL. 5 NO 3 HIVER 2010

30

L’E

NV

ER

S D

U D

ÉC

OR

Sources : Umour.com, Nations Unies, Ushuaia et l’équipe de SOURCE.

Vous avez

des nouve

lles,

des anecd

otes ou d

es sujets

d’intérêt à

nous fair

e part ?

Faites par

venir le t

out à

[email protected]

Le printemps est à nos portes, le golfaussi… Avez-vous réservé votre départpour le tournoi de golf annuel de votremagazine SOURCE ? Si vous croyez qu’ilest trop tôt pour ce faire, détrompez-vous.L’événement est très couru et se déroule àguichet fermé année après année. Encoreune fois, il se tiendra au prestigieux Club degolf Glendale.

Inscrivez le jeudi 2 septembre à votre agendaet dépêchez-vous de remplir le formulaired’ inscr ipt ion sur www.maya.cc . Four !

Le printemps est à nos portes…

En 2008, à l’occasion du dernier G-8 quis’est tenu au Japon, les ministres desFinances des pays industrialisés réunis àOsaka ont été invités à se présenter…sans cravate ! Le gouvernement japonais avait décidé de fairecette demande aux dignitaires afin qu’ils aient moins chauddurant leurs réunions. Ainsi, les hôtes ont pu diminuer le recoursau système de climatisation. Un geste banal en apparence, maistout de même efficace pour l’environnement.

Avec les temps plus chauds qui s'annoncent à l’horizon,pourquoi ne pas imiter le Japon en établissant cette règle pourvos réunions ? Tout le monde y gagnera !

C’EST DANS LESPETITS DÉTAILS…

Le réchauffement de laplanète est-il réel ?

ALLONS À LYON !

La dernière édition du salon Pollutec qui s'est tenue à Paris en décembre dernier a été un grandcru… Cette année, l’important salon international se tiendra du 30 novembre au 3 décembre2010 à Lyon. Les organisateurs attendent plus de 75 000 visiteurs et 2 400 exposants. Le paysà l’honneur sera le Chili. Nous vous encourageons à participer à l’événement à titre d’exposantou même de simple visiteur. Vous pouvez obtenir de l ’ information en écrivant à[email protected] ou sur le site Internet du salon : www.pollutec.com

Si vous connaissez Joël Prud’homme de Nordmecconstruction, demandez-lui de vous parler de sonincroyable prestation au Centre Bell, à l’occasiond’une partie organisée par la Banque Laurentienne.Vous pouvez aussi visionner le DVD en sacompagnie. Un match mémorable...

C’est le 22 décembre 1992 que l’Assembléegénérale des Nations Unies a adopté la résolutiondéclarant le 22 mars de chaque année « Journéemondiale de l’eau ». Cette résolution invitait lesÉtats à consacrer ce jour, selon le contexte national,en conc ré t i san t des ac t ions te l l es que l asensibilisation du public par des publications, desdiffusions de documentaires, l’organisation deconférences, de tables rondes, de séminaires etd ’expos i t i ons l i és à l a conserva t ion e t audéveloppement des ressources en eau. Voussentez-vous interpellé par cette journée ? Queferez-vous pour la promouvoir dans votre entrepriseou votre organisation ? Ayez une petite penséepour les gens d’Haïti…

HISTORIQUE DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L'EAU

Connaissez-vous le bdd ?

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 30

Page 31: Source Hiver 2010

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page 31

Page 32: Source Hiver 2010

À Saint-Hyacinthe :

Traitement des eaux et des boues

Water and Sludge Treatment

Tratamiento de aguas y lodos

2021, rue HalpernSt-Laurent (Québec) H4S 1S3 CanadaTél. (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775E-mail : [email protected] : www.mabarex.com

La Ville de Saint-Hyacinthe met en service un système innovateur de digestion et de séchage des boues et autres matières organiques résiduelles. Le biogaz en excès servira également à sécher l’ensemble des boues de l’usine d’épuration qui, de plus, pourront être utilisées en agriculture sans danger.

Pour ce projet, Mabarex a conçu et installé les équipements de manutention de boues humides et séchées, de génération et récupération de chaleur, le système de séchage et le silo de boues séchées. Le tout en intégration harmonieuse avec le système de digestion anaérobie.

M. Louis Barré, président, Mabarex inc., M. Pierre Mathieu, surintendant usine d’épuration, Ville de Saint-Hyacinthe, M. Claude Bernier, maire, Ville de Saint-Hyacinthe, M. Vincent Pépin, directeur-général, Bio-Méthatech, M. Pierre Gabrielli, ing. , directeur service de l’ingénierie, Ville de Saint-Hyacinthe

Mabarex a réalisé au Québec plus de systèmes de déshydratation, digestion et séchage de boues municipales et industrielles que ses concurrents. Nous sommes fiers partenaires du projet innovateur réalisé par la Ville de Saint-Hyacinthe.

Le Prix en infrastructures municipales décerné par le MAMROT et le CERIU lors du Congrès INFRA 2009, a été remis à la Ville de Saint-Hyacinthe le 17 novembre dernier.

Ce séchoir de boues municipales et industrielles est le plus populaire en Amérique du Nord, car il est

le plus fiable

manrécuséchdige

Mabarex a réalisé au Québecdigestion et séchage de boueque ses concurrents. Nous sodu projet innovateur réalisé pla Ville de Saint-Hyacinthe.

Ce et ien

le

Le coûtde la disposition des boues sera ZÉRO

Digesteurs – procédé LIPP de Bio-Méthatech

On est aux boues depuis plus de 25 ans!

SOURCE_MARS_2010_01B:SOURCE_MAI _2005 V1 08/03/10 23:02 Page C4