Témoignage Sr Marie de La Trinité

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Témoignage Sr Marie de la Trinité sur Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (1873-1897)

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La Joie sur le Visage

Puisque le Seigneur est si proche, nous navons pas le droit dtre triste. Thrse revient souvent sur le devoir dtre toujours joyeux .

Un jour que je pleurais, elle me dit de mhabituer ne pas laisser ainsi paratre mes petites souffrances, ajoutant que rien ne rend la vie de communaut plus triste que lingalit dhumeur . Je lui rpondis : Vous avez raison. Dsormais je ne pleurerai plus jamai squavec le bon Dieu : Lui seul je confierai mes peines. Il me comprendra et me consolera toujours. Pleurer devant le bon Dieu ! reprit Thrse, Gardez-vous bien dagir ainsi. Vous devez paratre triste bien moins encore devant Lui que devant les cratures. Comment ! Ce bon Matre na pour rjouir son coeur que no monastres. Il vient chez nous pour se reposer, pour oublier les plaintes continuelles de ses amis du monde, car, le plus souvent, sur la terre, au lieu de reconnaitre le prix de la croix, on pleure et on gmit. Et vous feriez comme le commun des mortels ?... Franchement, ce nest pas de lamour dsintress. Cest nous de consoler Jsus, ce nest pas Lui de nous consoler. Je sais bien quil a si bon coeurque, si vous pluerez, Il essuiera vos larmes ; mais ensuite Il sen ira tout triste, nayant pu reposer en vous sa tte divine. Jsus aime les coeurs joyeux. Il aime un me toujours souriante,. Quand donc saurez-vous Lui cacher vos peines ou Lui dire en chantant que vous tes heureuse de souffrir pour Lui ?

Cest pourquoi il faut sobliger garder toujours un visage souriant :

lorsque nous sommes seuls. Elle me reprenait chaque fois quelle me voyait plisser le front ou contracter le visage : Le visage est le reflet de lme : il doit toujours tre calme et serein comme celui dun petit enfant toujours content, mme lorsque vous tes seule, parce que vous tes constamment en spectacle Dieu et aux anges.

lorsque nous souffrons. Nous prlions un jour du bonheur des martyrs et de notre esprance de le devenir cause des perscutions religieuses : Pour moi, me disait Thrse, je mexerce dj souffrir joyeusement. Par exmple, lorsque je me donne la discipline, je mimagine tre sous les coups des bourreaux pour la confession de la Foi : plus je me fais mal, plus je prends un air joyeux. Jagis de mme pour tout autre souffrance corporelle : au lieu de laisser mon visage se contracter par la douleur, je fais un sourire.

mme est surtout lorsque nous sommes humilis.

LAmour Misricordieux

Le souvenir de nos fautes passes ne doiy pas nous accabler. La confusion davoir pch doit cder le pas la confusion dtre tant aim :

Nous autres, disait Thrse, nous ne sommes pas des saints qui pleurons nos pch ; nous nous rjouissons de ce quils servent glorifier la misricorde du bon Dieu.

Lhumilit profonde

Je voudrais avoir plus de force et dnergie pour pratiquer la vertu disais-je. Et si le bon Dieu vous veut faible et impuissante comme une enfant, croyez-vous que vous aurez moins de mrite ?... Consentez donc trbucher chaque pas, tomber mme, porter vos croix faiblement, aimez votre impuisssance ; votre me en retirera plus de profit que si, porte par la grce, vous accomplissezavec lan des actions hroques qui rempliraient votre me de satisfaction personnelle et dogueil.

Mattristant de mes dfaillances : Vous voil encore sortie de la Petite Voie ! La peine qui abat et dcourage vient de lamour-propre ; la peine surnaturelle relve le courage, donne un nouvel lan pour le bien. On est heureux de se sentir faible et misrable parce que, plus on le reconnait humblement, attendnt tout gratuitement du bon Dieu sans aucun mrite de notre part, plus le bon Dieu sabaisse vers nous pour nous combler de ses dons avec magnificence.

Lenfant de Dieu se sait incapable de gravir part lui-mme le rude escalier de la perfection. Il doit se laisser emporter dans les bras de Dieu. Un laisser-faire qui ne supprime pas leffort humain. Do la parabole que Thrse invente partir de ses propres souvenirs denfant Alenon : Vous me faites penser au tout petit enfant qui commence se tenir debout, mais ne sait pas encore marcher. Voulant absolument atteindre le haut dun escalier pour retrouver sa maman, il lve son petit pied afin de monter la premire marche. Peine inutile ! Il retombe toujours sans pouvoir avancer. Eh bien ! consentez tre petit enfant : par la pratique de toutes les vertus, levez toujours votre petit pied pour gravir lescalier de la saintet. Vous narriverez mme pas monter la premire marche. Mais le bon Dieu ne demande que votre bonne volont. Bientt vaincu par vos efforts inutiles, il descendra lui-mme et, vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son royaume o vous ne le quitterez plus. Mais si vous cessez de lever votre petit pied, Il vous laissera longtemps sur la terre.

Le jour bienheureux o Jsus descendra Lui-mme pour vous emportez dans ses bras, serez-vous plus avanc davoir gravi cinq ou six marches par vos propres forces ? Est-il plus difficile Jsus de vous prendre au bas qu la moiti de lescalier ? Il y a encore un avantage pour vous ne pas pouvoir monter, cest de rester toute votre vie dans lhumilit, tandis que si vos efforts taiet couronns de succs, vous ne feriez pas pito Jsus. Il vous laisserez monter toute seule et il y aurait tout craidre que vous tombiez dans la complaisance de vous-mme.

Lenfant se prsente devant Dieu les mains vides. Cest pourquoi il ne craint plus le jugement de Dieu : Si vous ne voulez pas avoir peur, faites comme moi : prenez le moyen de forcer le bon Dieu ne pas vous juger du tout, en vous prsentant devant lui les mains vides ; cest--dire ne gardez rien pour vous, donnez tous vos mrites aux mes au fur et mesure que vous les acquerez ; de la sorte, le bon Dieu ne pourra plus juger ce qui nest plus vous.

Mais si Dieu ne juge pas mes bonnes actions, Il jugera les mauvaises !

Que dites vous l ! Notre Seigneur, qui est la Justice mme, ne pourra juger vos mauvaises actions sIl ne juge pas les bonnes ! Rassurez-vous : pour les victimes de lAmour, il ny aur pas de jugement. Le bon Dieu se htera de rcompenser, par les dlices ternelles, son propre amour quIl verra brler dans leur coeur.

Le dmon de lorgueil tourne sans cesse autour de nous. On saveugle, on sentnbre si facilement Voyez le pauvre Lamenais, qui avait pourta,t crit de si belles choses sur lhumilit ! Tout ce que lon peut dire ou crire nest rien. Ce qui prserve, cest dtre chaque instant dans la disposition daccepter humblement dtre repris, mme si lon a pas conscience davoir eu tord, et surtout de ne pas sexcuser intrieurement. Lhumble paix qui sen suivra sera la rcompence de notre effort. Il nous est bon et mme ncessaire de nous voir quelques fois terre, de constater notre imperfection : cela fait plus de bien que de se rjouir de ses progrs. Pour vous aider, rpter avec confiance cette prire, particulirement au moment du combat : Jsus doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vtre. Aussitt vous sentirez lapaisement et la force de pratiquer lhumilit.

Cest tonnant comme les mes perdent facilement la paix propos de la vertu de puret ! Le dmon ne lignore pas : cest pourquoi il les tourmente tant ce sujet. Et pourtant il ny a pas de tentations moins dangereuses que celle-l. Le moyen de sen dlivrer, cest de les regarder avec calme, ne pas sen tonner, encore moins les craindre. Habituellement, la premire attaque, on spouvante, on croit que tout est perdu : cest justement de cette peur, de ce dcouragement dont le diable ce sert pour faire tomber les mes. Pourtant soyez sre quune tentation dorgueil est bien plus dangereuse et le bon Dieu est bien plus offens quand on y succombe que lorsque lon fait une faute mme grave contre la puret, car Il a gard la fragilit de notre nature pervertie, tandis que pour une faute dorgueil il ny a pas dexcuse. Cest cependant une faute que les mes commettent souvent et facilement sans sen inquiter ! Une tentation dorgueil devrait tre crainte plus que la feu, tandis quune tentation contre la puret ne peut quhumilier notre me et par l lui faire plus de bien que de mal. Amour hroque

Quand vous tes malade, dites-le tout simplement la Mre prieure, puis abandonnez-vous au bon Dieu, sans trouble, que lon vous soigne ou que lon ne vous soigne pas. Vous avez fait votre devoir en le disant : cela suffit. Le reste ne vous regarde plus : cest laffaire du bon Dieu. SIl vous laisse manquer de quelque chose, cest une grce, cest quIl a onfiance que vous tes assez fort pour supporter quelques chose pour Lui.

La Joie de Sauver les mes

Vous vous plaignez de votre manque de courage alors que cela devrait causer votre plus grand bonheur. O serez votre mrite sil fallait que vous combattiez seulement quand vous vous sentez du courage ? Quimporte que vous nen ayez pas pourvu que vous agissiez comme si vous en aviez. Si vous vous sentez trop lche pour ramassr un bout de fil et que et que nanmoins vous le faites pour lamour de Jsus, vous ave plus de mrites que si vous accomplissiez une action beaucoup plus considrable dans un moment de ferveur. Au lieu de vous attrister, rjouisseez-vous donc de voir quen vous laissant sentir votre faiblesse, le bon Dieu vous mnage loccasion de lui sauver un plus grand nombre dmes.

La Charit Fraternelle

A la rcration plus quailleurs, vous trouverez loccasion dexercer votre vertu. Si vous voulez en retirer un plus grand profit, ny allez pas avec la pense de vous rcrer, mais avec celle de rcrer les autres ; pratiquez-y un complet dtachement de vous-mme. Par exemple, si vous racontez lune de vos soeurs une histoire qui vous semble intressante et que celle-ci vous interrompe pour vous raconter autre chose, coutez-l avec intrt quand mme elle ne vous intresse pas du tout, et ne cherchez pas reprendre votre conversation premire. Et agissant ainsi vous sortirez de la rcration avec une grande paix intrieure et revtue dune force nouvelle pour pratiquer la vertu, parce que vous naurez pas cherch vous satisfaire, mais faire plaisir aux autres. Si lon savait ce que lon gagne se renoncer en toutes choses.

La principale causes de vos souffrances, de vos combats, vient de ce que vous regarder trop les choses du ct de la terre et pas assez avec esprit de foi. Vous cherchez trop vos satisfactions. Et pourtant, savez-vus quand vous trouverez le bonheure ? Cest quand vous ne le chercherez plus. Croyez-moi, jen ai fait exprience.

Quand cela vous cote daller rincer le linge leau froide, cest igne que cela cote aussi aux autres car nous sentons toutes peu prsb les mmes choses. Si, au contraire, il fait chaud, rester de prfrence la buandrie pour laver le linge. En prenant les plus mauvaises places, on pratique la fois la mortification pour soi et la charit pour les autres, puisquon leur abandonne les meilleurs places.

Quad on travaille pour le bon Dieu, on nattend aucune reconaissance de la crature et ses reproches ne peuvent pas vou enlever la paix. Conseils de Soeur Marie de la Trinit

Voyez-vous, le moyen dtre heureux dans la Petite Voie de Thrse, cest de sabandonner Dieu et de penser soi le moins possible, ne pas mme chercher se rendre compte si lon fait des progrs ou non : cela ne nous regarde pas. Nous navons qu nous exercer faire avec le plus damour possible tous nos petits actes de la vie courante, reconnaitre humblement, mais sans tristesse, nos mille imperfections sans cesse renaissantes et demanNder avec confiance au bon Dieu de les transformer en amour.

Nos petits dfauts. Je dis petits parce que, du moment quon les reconnait et quon le dsire de sen corriger, ils ne sont pas profonds et ne font pas de peine Jsus, car il nous servent plutt dchelons pour arriver Lui par la souffrance et lhumiliation. Un saint est celui qui se relve toujours. Je ne sais plus qui a dit cette parole, mais se frelever suppose que lon tombe toujours.

Toute la vie de Thrse se rsume en ce seul mot : elle a aime le bon Dieu dans toutes les petites actions ordinaires de la vie commune, les accomplissant avec une grande fidlit. Elle avait toujours une grande srnit dme dans la souffrance comme dans la jouissance, parce quelle prennait toutes choses comme venant de la part du bon Dieu.

Tout souffrir des autres, ce nai pas gai. Me lever tous les jours avec cette perspective ne mallait pas. Jinvoquai petite Thrse et Mre Marie-Ange de me faire connaitre clairement ce que le bon Dieu me demandait. Aussitt, je pensais que jtais bien sotte de vouloir ainsi tout souffrir des autres et quil fallait prendre au contraire la rsolution de ne rien souffrir de personne. Faire comme Thrse qui, par exemple, lorsque le bruit dune soeur la fatigait, lcoutait avec plaisir et loffrait Jsus comme une mlodie. Depuis que je pratique cette rsolution, je nai jamais tait si heureuse de ma vie.

La vrit cest que je vis dans ine fte perptuelle cause de mon abandon la volont du bon Dieu. Jaime ma part telle quelle est, parce que cest celle que le bon Dieu a faite et quelle lui plait ainsi.

Thrse mavait dit quaprs sa mort il fallait souvent remplir se mains de roses, afin de lui donner la joie de pouvoir les rpandre sur le monde. Donc, par nos petits actes de vertus, nos lans damours, nous pouvons combler son plus ardent dsir.