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Edouard Proust Camille Guipouy Atelier "Porte de la Chapelle" M2 PROMU - Ecole d'Urbanisme de Paris Tentative d'épuisement d'un lieu Saint-Denis, Avenue du président Wilson. Devant l'arrêt de bus "Pont Hainguerlot" (Ligne 153) Camille, 12h32. Ça sent mauvais, une odeur de poisson et de cuisine, de friture aussi. Des voitures sont garés en face en file indienne. Des pigeons trainent autour de nous, ils cherchent probablement à se mettre quelque chose sous la dent, mais il n'y a qu'une boîte vide de savon de Marseille et une vieille peau de banane pourrie dans leur périmètre. Un homme passe avec son fils, enfin je suppose. Il est peut être aller le chercher au metro pour qu'ils passent le week-end ensemble. C'est peut-être pour ça qu'il porte un gros sac sur le dos. On entend un bruit de fond, le bruit des voitures qui défilent en dessous de nous et plus intensément celles qui passent juste devant nous. Je m'y suis habitué, c'était dérangeant au début mais là ça va mieux. Rien. Un homme vêtu d'une grosse doudoune noire s' approche. Il se fige à l'arrêt de bus juste devant nous. Il regarde les horaires affichés. Il attend. Un homme et une petite fille passent. Elle secoue la tête pour enlever sa capuche sans utiliser ses mains parce qu'elle tient la main de son père d'un côté et une sucette de l'autre. Son père, enfin je suppose, porte une longue toge en tissu africain avec un sweatshirt par dessus. C'est pas le seul que j'ai vu habillé comme ça. Rien, juste le bruit des voitures et cette odeur immonde. Des feuilles volettent sur le sol. C'est l'automne. Toujours rien et cette odeur qui, en fonction des courants d'air devient de plus en plus nauséabonde. Il y a une inscription sur le compteur à côté de moi : une date et "zlune". Ah enfin, le bus arrive. Il dépose un passager qui part en direction de Saint-Denis. Deux hommes viennent par la droite, ils doivent arriver de la porte de la Chapelle. Je les entends parler mais je ne les comprends pas, ils ne parlent pas français. Un homme marche en direction de la Chapelle, il mange un sandwich. Il y a des déchets coincés entre les voitures. Cela doit faire longtemps qu'elles sont garés là. Rien. Une moto passe. Edouard, 12h32. L'odeur n'est pas agréable. Une odeur de poisson séché ou autre chose de ce genre (sûrement issu d'un magasin local et actuellement préparé dans un appartement au dessus de nous.. A moins que ça ne soit le restaurant un peu plus loin). Bruits de voiture ininterrompu (autoroute juste à côté). Le trottoir est suffisamment large pour qu'on y marche aisément. Traitement routier comme c'est courant en France, donc rien d'étonnant. Autoroute plus rues latérales pour desservir les habitation. Une de ces rues, sur laquelle nous sommes, n'est pas très passante. Quelques voitures de temps en temps. Et un arrêt de bus juste devant nous. Les maisons sont dans un état vraiment moyen. On imagine de la précarité dans l'habitat ici. Un homme passe avec son fils. Pigeons sur le trottoir. Un bus s'arrête. Un autre 2 minutes après. C'est fréquent. Peut-être desservent-ils des destinations différentes. Des gens arrivent, attendent et montent régulièrement dans les bus. Globalement que des hommes d'âge mur voir avancé.

Tentative d'Épuisement d'un lieu: Porte de la Chapelle (Saint-Denis)

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Tentative d'Épuisement d'un lieu: Porte de la Chapelle (Saint-Denis).- Avenue du président Wilson, devant l'arrêt de bus "Pont Hainguerlot" (Ligne 153)- 12h32- Observations de Camille et Edouard

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Page 1: Tentative d'Épuisement d'un lieu: Porte de la Chapelle (Saint-Denis)

Edouard Proust

Camille Guipouy

Atelier "Porte de la Chapelle"

M2 PROMU - Ecole d'Urbanisme de Paris

Tentative d'épuisement d'un lieu

Saint-Denis, Avenue du président Wilson.

Devant l'arrêt de bus "Pont Hainguerlot" (Ligne 153)

Camille, 12h32.

Ça sent mauvais, une odeur de poisson et de cuisine, de friture aussi. Des voitures sont garés

en face en file indienne. Des pigeons trainent autour de nous, ils cherchent probablement à se

mettre quelque chose sous la dent, mais il n'y a qu'une boîte vide de savon de Marseille et une

vieille peau de banane pourrie dans leur périmètre. Un homme passe avec son fils, enfin je

suppose. Il est peut être aller le chercher au metro pour qu'ils passent le week-end ensemble.

C'est peut-être pour ça qu'il porte un gros sac sur le dos. On entend un bruit de fond, le bruit

des voitures qui défilent en dessous de nous et plus intensément celles qui passent juste devant

nous. Je m'y suis habitué, c'était dérangeant au début mais là ça va mieux. Rien. Un homme

vêtu d'une grosse doudoune noire s' approche. Il se fige à l'arrêt de bus juste devant nous. Il

regarde les horaires affichés. Il attend. Un homme et une petite fille passent. Elle secoue la tête

pour enlever sa capuche sans utiliser ses mains parce qu'elle tient la main de son père d'un côté

et une sucette de l'autre.

Son père, enfin je suppose, porte une longue toge en tissu africain avec un sweatshirt par

dessus. C'est pas le seul que j'ai vu habillé comme ça. Rien, juste le bruit des voitures et cette

odeur immonde. Des feuilles volettent sur le sol. C'est l'automne. Toujours rien et cette odeur

qui, en fonction des courants d'air devient de plus en plus nauséabonde. Il y a une inscription

sur le compteur à côté de moi : une date et "zlune". Ah enfin, le bus arrive. Il dépose un

passager qui part en direction de Saint-Denis. Deux hommes viennent par la droite, ils doivent

arriver de la porte de la Chapelle. Je les entends parler mais je ne les comprends pas, ils ne

parlent pas français. Un homme marche en direction de la Chapelle, il mange un sandwich. Il y

a des déchets coincés entre les voitures. Cela doit faire longtemps qu'elles sont garés là. Rien.

Une moto passe.

Edouard, 12h32.

L'odeur n'est pas agréable. Une odeur de poisson séché ou autre chose de ce genre (sûrement

issu d'un magasin local et actuellement préparé dans un appartement au dessus de nous.. A

moins que ça ne soit le restaurant un peu plus loin).

Bruits de voiture ininterrompu (autoroute juste à côté).

Le trottoir est suffisamment large pour qu'on y marche aisément. Traitement routier comme c'est

courant en France, donc rien d'étonnant. Autoroute plus rues latérales pour desservir les

habitation. Une de ces rues, sur laquelle nous sommes, n'est pas très passante. Quelques

voitures de temps en temps. Et un arrêt de bus juste devant nous.

Les maisons sont dans un état vraiment moyen. On imagine de la précarité dans l'habitat ici.

Un homme passe avec son fils.

Pigeons sur le trottoir.

Un bus s'arrête. Un autre 2 minutes après. C'est fréquent. Peut-être desservent-ils des

destinations différentes. Des gens arrivent, attendent et montent régulièrement dans les bus.

Globalement que des hommes d'âge mur voir avancé.

Page 2: Tentative d'Épuisement d'un lieu: Porte de la Chapelle (Saint-Denis)

Il y avait des enfants qui jouaient dans une rue juste à côté tout à l'heure. Mais je n'ai pas vu de

jeunes filles. En revanche, pas mal de groupes de garçon qui semblent "vagabonder" (va et

viennent qui si ils n'allaient pas quelque part en particulier).

Une voiture roule vite, cout d'accélérateur brutal et qui semble inutile. Sensation de danger

augmente.

L'odeur revient. Je ne m'étais pas rendu compte qu'elle avait disparu un instant.

Un homme à vélo passe sur le trottoir.

Je note que la plupart des personnes semblent venir du Sud (Paris) mais rien de fiable en

seulement quelques minutes d'observation.

Majorité de maghrébins et noirs. Tout à l'heure j'avais aussi vu quelques indiens, et des

pakistanais ou turcs.

Personne ne s'arrête, tout le monde marche.

Des hommes passent avec des sacs à la main.

Un homme se retourne. Surement interloqué par notre activité de prises de notes sur cet

ordinaire qui se déroule sous nos yeux ?

Je confirme qu'il y a une grande proportion d'homme. Aucune femme, si ce n'est des enfants

dont la main est tenue par leur père. Il y avait une poussette un peu avant le début de la prise de

note, mais la femme était accompagnée par son mari. Surement une question de culture. Mais

dans certains quartier à grande mixité sociale comme le Champy à Noisy-le-Grand, la présence

des femme est forte.. Donc ce point est à exorciser car important.

Un scooter vient de passer.