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Textes de Guy Brenier qui fut rédacteur en chef et contributeur important On se décide, oui ou non ? 2 Treize à la douzaine 3 Midi à quatorze heures ? 5 De l’eau pour le Sahel ! 8 Prête-moi ta plume, pour écrire un mot*. 10 De FIL en aiguille 11 Les mots pour le dire 12 Ma candidature 13 Sottisier 14 Le système pifométrique 15 Patronymes 18 Mai 2007 - Mars 2011 - Qui dit mieux ? 20 De l’Atlantique à l’Oural en bateau 21 Roissy CDG, un cas de figure cartographique 23 L’Imprimerie nationale déménage à Choisy-le-Roi (la presse) 25 Questions et réflexions : Charters… Où est le risque ? 27 Symbiose 29 1 - Terre nette 30 Notre ami Lapente-Cote, P3 chez Précaire, 32 Nous z’aut’ des Auberges 34 Je ne marche plus 35 A propos de Notre Amitié 37 La crue 38 1958 – Une petite lumière d’espoir dans le trouble. 40 Un TGV européen ? 41 Roulés dans la farine 42 Soixante-seize fois un. 44 Statistiques bigoudaines 46 Humeur. 47 L’Empreinte écologique d’après WWF 48 La beauf attitude 51 La France, le seul pays où les milliardaires font grève ! 52 Miss Koty 53 Un journal, des journaux 54 Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 1/55

Textes de Guy Brenier dans "Notre Amitié"

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Textes publiés dans "Notre Amitié" le bulletin des anciens et amis des Auberges de Jeunesse de la Région parisienne. Guy fut le rédacteur en chef et contributeur de ce bulletin.

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Textes de Guy Brenierqui fut rédacteur en chef et contributeur important

On se décide, oui ou non ?" 2Treize à la douzaine" 3Midi à quatorze heures ?" 5De l’eau pour le Sahel !" 8Prête-moi ta plume, pour écrire un mot*." 10De FIL en aiguille" 11Les mots pour le dire" 12Ma candidature" 13Sottisier" 14Le système pifométrique" 15Patronymes" 18Mai 2007 - Mars 2011 - Qui dit mieux ?" 20De l’Atlantique à l’Oural en bateau" 21Roissy CDG, un cas de figure cartographique" 23L’Imprimerie nationale déménage à Choisy-le-Roi (la presse)" 25Questions et réflexions : Charters… Où est le risque ?" 27Symbiose" 291 - Terre nette" 30Notre ami Lapente-Cote, P3 chez Précaire," 32Nous z’aut’ des Auberges" 34Je ne marche plus" 35A propos de Notre Amitié" 37La crue" 381958 – Une petite lumière d’espoir dans le trouble." 40Un TGV européen ?" 41Roulés dans la farine" 42Soixante-seize fois un." 44Statistiques bigoudaines" 46Humeur." 47L’Empreinte écologique d’après WWF" 48La beauf attitude" 51La France, le seul pays où les milliardaires font grève !" 52Miss Koty" 53Un journal, des journaux" 54

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 1/55

On se décide, oui ou non ?Le premier écologiste de France, soucieux de démocratie appliquée, va nous consulter afin que nous nous prononcions en mai prochain pour ou contre… Pour ou contre quoi, au fait ? Pour l’Europe ? Oui, trois fois oui !Auparavant, lisons le préambule de la Constitution qui va encadrer les destinées de cette Europe que nous sommes nombreux à vouloir : on y lit huit fois le mot « social » ou un de ses composés. Bravo ! On lit quatre-vingts et quelques fois les mots et expressions : échanges commerciaux, libre échange, prix à la production, libre concurrence, productivité… Il ne vous vient pas comme un doute ? Que devient l’homme, dans cette affaire ? Où le trouve-t-on ? Il est question de son travail, de son argent, du profit qu’on peut en tirer, mais nous, citoyens de base, salariés et retraités, où est notre place dans cette Europe du CAC 40 et des affaires ? Quelle avancée sociale ? Quel bien-être pour les Européens que sont nos enfants qui devront, durant plusieurs décennies, supporter les conséquences – surtout les ambiguïtés – d’un texte approuvé par le Medef qui applaudit à la directive Bolkenstein ? Voilà qui devrait faire réfléchir. Soyons, comme notre Premier ministre, attentifs au contenu de cette Constitution taillée pour une Europe libérale et à ses conséquences inscrites dans le texte. Devons-nous nous réjouir de la privatisation de France-Télécom, demain de celle d’EDF et, pourquoi pas, à terme, de tout le système hospitalier et scolaire ? Dénationalisations, démantèlements, remise au privé de l’outil collectif, exportation du travail et délocalisation, c’est ça avant tout le libéralisme. On me dira qu’en votant Non je mêlerai mes voix à celles d’un certain vicomte qui sent l’eau bénite et nous offre la France d’avant-hier en modèle, ou à un incertain et peu fréquentable Jean-Marie La Peste, le négationniste. Peut-être alors vais-je voter Oui… Oui avec le président que j’ai soutenu dans la peur en assurant sa réélection en mai 2002. Oui avec Super-Menteur qui a promis de réduire la fracture sociale, de résoudre le chômage, de résorber les trop grands écarts de revenus, de combattre la corruption et le copinage, d’aplanir les inégalités sociales, de mener une saine et transparente gouvernance… Il a même promis de faire payer les pollueurs, c’est dire.

Oui à l’Europe, les copains, mais pas celle-là !G. Brenier

2-2005 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 2/55

Treize à la douzaineou La mesure du temps

Au début était Cro Magnon qui vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Durant environ 15.000 ans il va observer la nature et en tirer profit en créant des outils, en enfouissant des graines, en domestiquant le cheval et le mouton, en apprenant à stocker dans la grotte ses récoltes pour l’hiver. Mais il ne possède encore aucun instrument lui permettant de mesurer le temps afin de se livrer « en temps utile » aux opérations qu’exige la terre.

12, 3 X 4, 6 + 6, 24 et la suite

On doit aux Chaldéens d’avoir fixé la durée de l’année solaire et de l’avoir divisée en douze mois. Avant eux, l’année est luni-solaire (les règles des femmes). Le croissant arabe en est le dernier avatar. Précisons que notre année de 365 jours comporte douze lunaisons plus une dizaine de jours qui faussent les calculs. Le Chaldéen va y remédier en usant de son cerveau et de son corps pour désigner les étalons qui lui sont nécessaires et dont certains sont encore en usage : le pouce, la main, le pied, la coudée, la toise… Comment s’y est-il pris ? C’est à la portée de chacun de nous. Plantez dans votre jardin sur un sol très plat un poteau téléphonique surmonté d’une boule. A l’aide d’un crayon à graver, notez chaque jour au sol la course de l’ombre portée par la boule. Le 20 juin, à midi, vous obtiendrez le point le plus rapproché de la base du poteau. Le 20 décembre, à midi, vous aurez le point le plus éloigné :

N o u s a v o n s d é f i n i l ’ a n n é e s o l a i r e , l’observation du ciel va aboutir au Zodiaque qui partage le ciel dans sa partie où court le Soleil en douze segments affublés de douze figures symboliques vite reprises par la religion qui en fait son fonds de commerce. Bien avant le calendrier révolutionnaire, les Egyptiens donneront à ces douze segments des noms rappelant la nature et ses générosités : crue

du Nil, labours, semailles, floraison, récolte, mise en grange, fraie des poissons, le tout assorti d’un animal fétiche ou symbolique introduit par les religieux : le bœuf, le chien, le lion, les poissons, le serpent, le bélier… et leurs prédateurs qui les font travailler ou s’en nourrissent.

Pour la définition de l’année, c’est la main qui va servir d’étalon aux Chaldéens :

Qu’ont vu les Chaldéens de cette main ? Quatre doigts = quatre saisons. Trois phalanges par doigt = les trois mois composant les quatre saisons observées en fonction de la durée du jour. Un doigt moyen et ses trois phalanges = le Printemps. - Un doigt long = l’Eté. - Un doigt moyen = l’Automne. - Un doigt court = l’Hiver.

Pour définir le début de l’année solaire, il suffisait aux Egyptiens de noter le jour où apparaissait à l’observatoire d’Alexandrie une étoile remarquable, Sirius, étoile de 1ère grandeur visible l’hiver sous nos latitudes. Les Chaldéens se fient aux migrations d’oiseaux et aux cycles de la germination mais la précision reste aléatoire et provoque des querelles. Les Grecs verront les choses de manière plus rationnelle. Car, grâce aux Arabes et aux Phéniciens, ils ont appris la géométrie et les mathématiques (al gèbre est un mot arabe). Anaximandre de Milet et Aristarque de Samos vont s’attaquer au problème de la division du temps. C’est ce dernier qui suggéra que la Terre était une sphère gravitant autour du

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 3/55

Soleil en trois cent soixante jours : année de douze mois de trente jours plus cinq jours de liesse pour plaire aux dieux et conjurer le sort (le Mardi Gras, nos carnavals de printemps, le charivari…) qu’il fait débuter à l’équinoxe de printemps. La chrétienté verra les choses à sa manière en faisant naître le Christ au solstice d’hiver et en adoptant le calendrier de Jules César, d’où son nom de calendrier julien (en - 43) qui fait débuter l’année au 1er janvier. Et la semaine ?

C’est aux Chaldéens que l’on doit la semaine de sept jours. Gens de bon sens, ils se sont fiés aux phases de la Lune pour diviser le temps = quatre phases de sept jours auxquelles ils donnent les noms des planètes connues à l’époque. Voici l’heptagone chaldéen :

Mais, outre cette exception avec le nombre sept, on n’avait pas quitté le système duodécimal. En effet, la division du jour comportait alors huit « moments » diurnes et quatre moments nocturnes (8 + 4 = 12). On s’en satisfera jusqu’à ce que les Grecs y mettent de l’ordre et il faudra attendre dix siècles pour que tout ce petit monde accepte que la journée soit divisée en douze séquences diurnes et douze séquences nocturnes. On venait d’inventer l’heure. On inventa ensuite des systèmes de vases gradués qui, en se vidant, jalonnent la journée en douze portions égales : les douze heures du jour divisées elles-mêmes en un multiple de 12, les minutes et leurs duodécimales, les secondes. Ce qui ne fait d’ailleurs pas toujours le bonheur de nos petits écoliers.

Et voilà que, 800 ans avant notre ère, l ’ imagination créative émigre dans le Péloponnèse avec les Phéniciens qui colonisent tout l’espace méditerranéen. Aristote puis Aristarque de Samos et plus tard Ptolémée vont inventer des instruments d’observation qui permettront de fixer les bases de l a cosmogon ie que nous connaissons encore aujourd’hui. En – 385, Aristarque prédit que la Terre est une sphère. Il est repris quatre siècles plus tard par Ptolémée qui suggère que c’est la Terre qui se déplace dans l’espace et non le Soleil. Mais il n’est pas écouté car pour ses contemporains c’est Hélios qui, sur son char, parcourt le Ciel autour de la Terre laquelle reste le centre de l’Univers. Les Chinois, les Incas savent déjà qu’il n’en est rien. On en est resté là durant tout le moyen âge, malgré Galilée et Copernic. Car, pour la religion catholique dont l’emprise s’étend à toute l’Europe, la Terre que Dieu a créée ne peut se situer ailleurs qu’au centre de l’Univers. Il faudra attendre 1952 (oui, j’ai bien dit 1952 !) pour que Rome se décide à accepter « comme une hypothèse commode et probable mais pas comme une certitude » que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil et non l’inverse. Ptolémée persiste, il réalise une sphère et il y place naturellement les pôles et l’Equateur. Il définit le début de l’année au moment où le Soleil se trouve sur le plan de l’Equateur (l’Equinoxe) et donne à l’année sa valeur de 365 jours à compter du 21 mars. Il divise cette valeur par douze (les douze mois) et suggère de diviser la journée en deux périodes de douze heures comme le font les Phéniciens. Rien n’a changé depuis.

G. Brenier4-2010 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 4/55

Midi à quatorze heures ?Lorsqu’il est midi, il est quatorze heures. Ne cherchez pas, c’est la conséquence d’un des caprices de Giscard d’Estaing (avec les diamants de Bokassa et le remplacement du jeudi par le mercredi pour les écoliers). Pour d’obscures raisons d’économies d’énergie Giscard nous a remis à l’heure allemande. Nous vivons donc sous trois heures différentes : a) celle du soleil, b) l’heure dite légale, en avance de soixante minutes sur celle du soleil, et c) l’heure d’été, en avance de deux heures sur la première.

Qui décide de la mesure du temps ?

Les Incas, les Chinois, les Egyptiens, les Sumériens, les Grecs, les Arabes, les Celtes, toutes les civilisations anciennes ont cherché à fixer la mesure du temps qui s’écoule. Leur unique outil : le Soleil dans sa course apparente autour de la Terre. Tous ont planté verticalement un manche de pioche (à défaut de poteau téléphonique) sur un sol très plat afin de noter les points de passage de l’ombre portée par la pointe de cet objet. Le point médian leur a fourni le moment de la demi journée, le mi-di, moitié du jour. Devenus géomètres, ils ont procédé au découpage de la journée en 12 portions diurnes et 12 portions nocturnes. Plus tard, vers le XIVe siècle, on a inventé l’horloge, la pendule, la montre… On doit au néerlandais Charles Huygens d’avoir mis au point le système mécanique d’échappement qui permet (pour faire court) d’indiquer l’heure qu’il est. Encore fallait-il s’accorder pour que toutes les horloges d’une ville ou d’une province marquent la même heure. Jusqu’en 1876, l’heure de midi était fixée par le méridien du lieu. Il était midi lorsque le Soleil culminait dans le ciel là où l’on se trouvait et l’on s’en accommodait puisqu’on vivait au rythme du soleil, de la marche à pied et du déplacement à cheval. A l’Observatoire de Paris, un coup de canon déclenché par une loupe dirigée vers le soleil de midi et allumant une mèche indiquait alors aux Parisiens qu’il était midi.

Le train va tout changer

Or, voilà qu’on venait d’inventer le chemin de fer. Et l’heure du méridien était toujours en usage. L’express Paris-Brest mettait alors (disons) huit heures pour effectuer son parcours. Pareil pour le rapide Paris-Strasbourg. Partant tous deux à 10 heures de Paris, ils arrivaient huit heures plus tard en gare de Brest et de Strasbourg : à 18 heures… à l’heure du méridien de Paris. Mais à 17 h 28 à l’heure du méridien de Brest, à 18 h 21 à celui de Strasbourg. Ils avaient croisé leur homologue, le Brest-Paris qui arriverait à Paris à 18 h 32 tandis que la pendule de la gare de Brest affichait 18 heures et que le Strasbourg-Paris croisait son homologue qui arriverait à Paris à 17 h 39. Quelque chose n’allait pas qu’il fallait corriger. C’est ce que firent des savants du monde entier réunis le 7 février 1879 à Greenwich, siège de la National Geographic Society. Ils décidèrent alors que la Terre serait divisée en vingt-quatre fuseaux horaires avec le méridien de Greenwich pour référence, fuseaux dans lesquels l’heure serait en tous lieux constante.

Un jour que nous campions à l’île d’Ouessant, nous assistâmes au coucher du soleil. C’était au tout début de juillet. A ma grande surprise, je constatai qu’il était 22 h 20. Dans mon village de la banlieue, j’avais noté deux jours auparavant que ce même coucher s’était produit à 21 h 50. Où était donc le mystère ?

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 5/55

Sachant que 15° de longitude = une heure de course du Soleil dans l’espace, un degré représente 4 minutes d’ensoleillement d’un point à un autre à latitude égale (Dreux ou Provins par rapport à Paris). 13° 23’’ séparent Strasbourg de l’île d’Ouessant. Presque la valeur d’un fuseau horaire. L’écart entre ces deux lieux est donc de 53 minutes. Il fait encore nuit à Ouessant lorsque le soleil est levé à Strasbourg, il fait déjà nuit dans cette dernière ville lorsque le soleil disparaît à Ouessant. Ayant voyagé vers l’ouest (et Ouessant est une sacrée référence !), nous avons suivi le soleil dans sa course et l’avons vu se coucher plus tard qu’à Paris. Si nous étions allés camper à Strasbourg, vers l’est, nous aurions assisté au phénomène à 21 h 26, une demi heure plus tôt qu’à Paris. Phénomène ou pas, nous acceptons le décalage horaire sans nous questionner lorsque nous voyageons hors des frontières puisque c’est inscrit dans le code du voyageur. Or, bizarrement, nous voilà surpris lorsque ce décalage a nos propres frontières pour cadre. A ce propos, le cas de la Russie mérite qu’on s’y attarde.

Le tsar Alexandre II a envoyé un représentant à la conférence de Greenwich mais celui-ci a reçu la consigne de ne rien signer. La Russie dans son entier, de la Pologne à Vladivostok conservera l’heure de Moscou. Incluant l’Ukraine, l’empire s’étend alors sur 147°, soit dix fuseaux horaires. Et, sous l’oukase du tsar, les trains circuleront à l’heure de Moscou. Jusques et y compris le transsibérien qui traverse le pays d’ouest en est dans sa totalité. Il faudra attendre 1931 pour que Staline adopte le principe des dix fuseaux horaires (neuf aujourd’hui, l’Ukraine étant devenue indépendante). Et, puisque dans ce pays les usages sont tenaces, le transsibérien continue de fonctionner à l’heure de

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 6/55

Moscou. Il passe par exemple à Irkoutsk à 13 h 10 (18 h 10). Il faut lire l’horaire local entre les parenthèses pour savoir l’heure effective de son passage en un lieu donné.

Si le Chili n’occupe qu’un seul fuseau horaire de par sa configuration verticale, les Etats-Unis et le Canada sont partagés en quatre fuseaux (cinq en comptant l’Alaska), ce qui a donné de la matière à de nombreux écrivains pour la trame de quelques bons romans policiers. Exemple : 13 heures à New York = 9 heures à San Francisco, ce qui ne facilite pas les appels téléphoniques et les horaires des transports aériens.

La Chine ne s’est pas embarrassée avec ces histoires de fuseaux horaires, Mao a décidé que l’heure serait uniforme en République Populaire de Chine. Ce sera comme ça et pas autrement. C’est pourquoi, quand il est 20 heures au méridien de Fujin, près de Vladivostok, et seulement 17 heures à celui de Kashgar, à la frontière de l’Afghanistan, il est 18 heures dans toute la Chine. Quand les premiers sont sur le point d’aller dormir, les autres sont encore au travail.

Je ne suis pas certain d’avoir trouvé midi à quatorze heures mais je suis sûr d’avoir fait fonctionner vos neurones.

G. Brenier

La   laïcité,   c’est   quand  Dieu   et   le  Diable  se  serrent   la   paluche  lorsqu’ils  se  croisent   en  se  rendant   chaque  matin  au  boulot.  retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 7/55

De l’eau pour le Sahel !En#in  une  entente  humanitaire.  

Aux  Etats-­‐Unis  et  au  Canada,  où  les  gens  ne  sont  pas  aussi  mauvais  qu’on  le  dit,  un  grand  élan  de  solidarité  s’est  créé  en  faveur  du  Sahel  qui,  on  le  sait,  souffre  de  sécheresse.  

Les  Etats  du  Texas,  de  Floride,  de  l’Ohio  pour  les  USA  et  d’Alberta  au  Canada,  des  Etats  particulièrement  pollueurs,  se  sont  réunis  le  1er  avril  2012  et  ils  ont  pris  la  décision   conjointe   de   créer   un   fonds   spécial   a#in   de   venir   en   aide   aux  populations  du  Sahel.  Des  usines  de  dessalement  d’eau  de  mer  et  des  pipe-­‐lines  de  18  pouces  vont  être  installés  sous  l’égide  de  l’ONU  qui  supervisera  l’ensemble  du  projet.  15.600  km  de  réseau  d’irrigation  vont  permettre  à  huit  Etats  africains  de  pouvoir  développer   leur   agriculture.   Le  montant   du  projet   est   évalué   à   six  milliards  et  demi  de  dollars.  

Le  débit   total  des   trois   réseaux  sera  de   12.000  m³/heure,  ce   qui  correspond  à  l’irrigation  de  cinq  de  nos  départements.  Les  travaux  devraient  durer  trois  ans.  Total   a  donné  son  accord  pour   s’associer   au  projet.  Gazprom  et  Exxon   se  sont  montrés  favorables  mais  ils  ont  demandé  un  délai  de  ré#lexion.  

C’était  une  première  information.  En  voici  une  autre  :  

De  son  côté,  Atlantico  nous   informe  :  «  Voici  maintenant  une  question  que  tout  bon  trader  londonien  se  pose  souvent  :  lorsque  le  supercalculateur  automatique  de  la  Bourse  de  Séoul  ou  de  Tokyo   joue  sur  une  conversion  Yen/Livre  Sterling,  notre  trader  sait  que  l’ordre  émis  fera  le  trajet  Londres-­‐Tokyo  en  seulement  115  millisecondes.   Cependant,   à   l’heure   du   trading  haute   fréquence  sur   des   écarts  in#iniment  petits,  ces  115  millisecondes  sont  encore  trop  longues  face  à  une  salle  de  marchés  aux  ordres  deux  fois  plus  rapides.  C’est  pourquoi,  pas  moins  de  trois  projets  proposent  à  l’horizon  2013/2015  de  relier  directement  la  City  à  Tokyo  et  Séoul   par   un   câble   optique,   sur   15.600   km   sans   halte   ni   relais   terrestres   via  l’océan  Arctique.   Ces   trois  projets   sont   :   l’Arctic  Fiber   canadien,   l’Arctic  Link  américain  et  le  Polarnet  Projekt  russe.  

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 8/55

 Dès   le  mois   d’août  2012  débutera   l’étude  du  passage   pour   la   pose  du  premier  câble  par   les  Canadiens  de  l’Arctic   Faber.  C’est  avant  tout  un  dé#i  technologique  majeur.  Traversant  l’océan  Arctique  pour  la  première  fois  à  l’aide  de  brise-­‐glaces  nucléaires,   les   câbles   seront   tendus   depuis   les   Cornouailles   jusqu’à   Séoul   et  Tokyo   par   l’océan   Atlantique,   les   îles   du   Nunavut   et   le   détroit   de   Béring   sur  15.600  km.  Plus   tard,   la   #ibre  concurrente  du  projet  russe  traversera  l’Arctique  en  longent  les  côtes  de  Sibérie.  

La première information était fausse. La seconde est hélas vraie. Je vous laisse conclure.

G.  Brenier@  Atlantico, 27 mars 2012.

Atlantico est à l’UMP ce que Médiapart est au PS. 3-2012 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 9/55

Prête-moi ta plume, pour écrire un mot*. Vous  assis   lisse  tout   are  de  colon  biné  π   é  ρ   :  C’était  à   vent   1/3  l’un  dit   sûr   le  coude  neveu  ré  1/4,  l’œuf  acteur  a  pelé  au  scie  deux  puits  peut  pré  posé  à  dépôt  zée  une  miss  Yves  dent  la  boue  hâte  dune  de  moi  zèle.  C’est  taie  teint  messe  sage  de  Pi-­‐Héros  à  son  âme  y  Colon  bine,  et  crie  au  clair  de  l’une  pour  lui  dires  d’eux  maux  et  lui  deux  ment  dé  camp  esse  kilo   raie  lâche  anse  de  l’hareng  contré.  Ilot  frais  de   lavoir   chaise  aile   le  lande  main  mate   un  peu  après  qu’elle  se   soie   fête  bêle.  

Colon  bina  raie  pondue  ouie  sangs  A  tendre.  Cent  cela  voué  ou  vair  te  ment  elle  étêtait  prise  de  l’âme  hie  Pi  air  eau.   Il  a  pro  mis  qu’il  ce   fée   rabot,  qu’île  mètre  haie  thune  l’aval  hier  maie  saucisson  plu  belle  à  tour  et  se  présente  raie  avec  un  bouc  haie  de  mue  gai  et  dés  choque  au  las  Allah  lique  heur  de  franc  boise  et  au  cure  à  sceau.  

Deux  vents  sa  raie  ponce,  Col  on  bina  bien  ri  gaule  et.  Ilet  a  paru  un  scie  kil  avé  et  cri,  la  fée  tant  trait  puits  aile  a  houx  vert  les  friands  disent  essai  écrit  yé  :  «  Mange  on  lait  an  semble  maintes  nant  à  van  deux  noues  en  bras  sait  !  –  Ou  y,  café  le  Pi-­‐Héros,  Jean  nez  13  en  vie  !  »  

Label  ne  porc   taie   ri  hein   soue  sage  up,  aile  a   lait  deux  venir   son  à  menthe.   Ce  lasse  cent  haies  deux  puits  qu’ils  et  taie  talé  dans  séant  semble  allo  casions  dune  serrer  mon  i  de  #ille  en  saille  oh  vil  âge.  Il  paresse  haie  toux  d’œuf   treize  et  prix  maie  nielle  ni  luit  nant  par  lait  ou  verte  ment  rat  port  oh  comme  ment  terre  et  aux  vils  Huns  rats  goths  du  voies  y  nage.  

Compte   île   con  sommé  à  prêt  sept  sennes  des  chauds   colas  Allah  lique  heure  ?  Six  lances  !  Dix  on  pour  l’âme  orale  queue  sa  naît  para  comptable  y  scie.  

Mort  alité  :  Colomb  y  n’a  faux  thé,  ces  serre  thym  et  aile  sœur  à  punie  houe  aile  a  pêche  et.  Aile  va  noue  fer  un  petit  colon  binais  sou  l’aine  œuf  m’oie.  

Laids  cris  vains  en  vaque  anse.  -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐*)   S-plication : Inscrivez-vous sans tarder à un atelier d’écriture, ça aide à se remuer les méninges et parfois on rigole bien.

3-2011 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 10/55

De FIL en aiguille

Tout ça ne tient qu’à un FIL. C’est FILoctète, ce FILou, qui l’affirme. Car, s’il a du FIL à retordre et s’il FILe un mauvais coton, il n’en est pas moins FILandreux dans son propos. Son histoire est cousue de FIL blanc.

Se libérant d’un FIL à la patte, ce FIListin buveur d’eau car victime du FILoxéra, FIt L’inverse de ce qu’on attendait de lui. C’est son ami ThéoFIL, un cinéFIL de renom, qui l’affirme.

D’abord il FI Les monts avant de suivre le FIL de la rivière. Pour survivre, il FI La manche accompagné en FILe indienne d’un FIL en trope nommé FILippe. Ils se fâchèrent car ce dernier n’avait pas inventé le FIL à couper le beurre. Affirmation gratuite ? Non, car un FIL ibère le proclamait souvent par la TSF, la téléphonie sans FIL.

Vous ne perdez pas le FIL ? Je poursuis :FILoctète, qui a un FIL à la patte et dont l’espoir ne tient qu’à un FIL – ce faux FIL a beau dire, on ne le croit plus tant il est FIL à menteux – FILoctète, donc, avait pour FIL conducteur un ouvrage célèbre, Au FIL de l’épée, de son excellent camarade Charles le FrancoFIL, l’homme qui s’exprimait sans notes tout en respectant le FIL de son discours. L’ouvrage était son FIL d’Ariane. Il le gardait en poche, il lui servait de coupe-FIL dans les longues FILes d’attente, ou lorsqu’il guettait la place de serre-FILe dans les déFILés. Un jour, il a perdu le FIL à la suite d’un coup de FIL adressé depuis FIL à Delphie par une FILeuse nommée FIL au Maine, une rapide née sous le signe d’une étoile FIL ante. Du coup, il a disparu, il est passé en FILigrane. C’était pourtant, un pro, FIL !

Cette histoire m’a été contée par Liliane FILiâtre, vous savez, cette personne FILiforme qui chaque hiver FILe vers les Antilles, des îles en enFILade.

FILibert le FILologue.

(Yerres,  Atelier  d’écriture.)

1-2012 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 11/55

Les mots pour le direDepuis   quelques   années,   depuis   que   le   chômeur   est   devenu   «   une   personne   à   la   recherche  

d’emploi   »   et   la   femme   de   ménage   une   «   technicienne   de   surface   »,   on   assiste   à   une   évolution   du  langage  qui  n’est  rien  d’autre  qu’une  dérive  des  mots  destinée  à   en   faire  oublier  le  sens.   Ainsi  le  mot  réforme   qui   pourtant  désigne   la   remise   en   question   d’un   texte   en   vue   de   l’amender,   de   l’améliorer,  cache-­‐t-­‐il   en   réalité   l’inverse   de   ce   qu’il   proclame   :   réforme   scolaire,   hospitalière,   de   la   justice,   des  retraites,   du   code   du   travail…   se   traduisent   par  des   sanctions  bien   plus  que   par   l’amélioration   des  conditions  de  vie  de  la  majorité  de  ceux  qu’elles  touchent.  A  chaque  usage  du  mot  réforme,   il  s’agit  de  mettre   en  valeur  l’aspiration  au  mieux-­‐être   et  d’en  détourner  le   sens  a#in  de   faire  passer  la  politique  programmée  de  démolition  des  acquis  au  pro#it  du  seul  capital.  

Depuis  que  les  hommes  politiques  alignent  leur  langage  sur  celui  des  commerciaux,  on  assiste  au  double  phénomène  du  matraquage  et  du  détournement  des  termes.  On  n’expose  plus,  on  n’explique  plus,  on  communique  à  coup  de  «  petites  phrases  »   élaborées  par  des  gens  issus  des  grandes  écoles  et  dont  la  fonction  est  de  détourner  les  mots  de  leur  origine  a#in  de  séduire  et  d’endormir  :  la  valorisation  du  travail,   les  partenaires   sociaux,   les  fruits  de   l’effort  commun  partagés,   le  redéploiement  des  tâches…  pour   dire   récession,   délocalisation,   chômage   banalisé   et,   en   #inale,   pro#its   accrus   assurés   pour  l’actionnaire.  

In?lation  verbale  et  langue  de  bois

En   appelant   libéralisme  à  visage  humain   le   capitalisme  sauvage,   investisseurs   les  actionnaires,  plans  sociaux  les  licen-­‐ciements  et  management  la  mise  en  pièces  des  entreprises,  on  voit  où  conduit  le  new  langage   en   usage   au   sommet   de   l’Etat,   dans   la   bouche   des   ministres   chargés  de   véhiculer   les  éléments   de  langage.   Ils  nous  servent  quotidiennement  par  voie   de  presse   et  à  grands  coups  de   JT  le  breuvage   infect  d’une   couleur  et  d’un  aspect  si  séduisants  que  nous  l’absorbons  sans  même   y  prêter  attention.   A   ces  mots  qui  veulent   tout   résumer  s’ajoute   l’in#lation   verbale   où   l’épithète   bien   choisie  conduit  à   l’obligation  de  croire  avec,   sournoisement,  le   formatage   de   la  pensée  qui  aboutit  à   l’inverse  de   l’enseignement   du   siècle   des   Lumières   :   on   cherchait   à   atteindre   le   niveau   de   pensée   des  philosophes,   on   s’aligne   aujourd’hui   sur   les  moins   cultivés,   les   moins   engagés   (les   braves   gens,   la  France  profonde,  la  France  d’en  bas)  qu’on  #latte  parce  que  c’est  plus  aisé  et  surtout  plus  fédérateur  :  de  tel   fait,   vous  devez  penser  ceci   et  non   pas  cela   !  Aux   citoyens  conscients  et  organisés,  on  préfère  des  sujets  silencieux   et  soumis,   rassemblés,   certes,  mais  pour  accepter  les  turpitudes  de   Bruxelles   et  le  diktat  du  CAC  40.  

L’exemple   le  plus  frappant  de   détournement  des  mots  est  cette   fausse  querelle  autour  du  mot  laïcité  et  des  lois  de  1905.  Même   la  #ille  de  son  papa  s’en  est  emparée  pour  se   refaire   une  vertu  après  les  propos  tenus  pendant  quarante  ans  par  son  géniteur.  On  n’ose  pas  manifester  ses  doutes  à   l’égard  de  l’Islam,  on  risque  de  passer  pour  anti-­musulman  ou  raciste,  alors  on  s’abrite  derrière  le  bouclier  des  mots-­‐valises  en  se   gardant  bien  d’en  fournir  une  dé#inition  claire.  Les  intéressés  l’ont  si  bien  compris  qu’ils  se   laissent  pousser   la   barbe   et  sortent  des  armoires  burkas  et  tchadors  tandis  que,   sur  l’autre  trottoir,  dé#ilent  d’autres  barbus  en  redingotes  et  chapeaux  d’un  autre  âge.  Dans  le  même   temps,  pour  plaire  au  parti  que  l’on  sait,  on  traite  d’une  identité  nationale  qui  n’est  autre  qu’un  mode  de  sélection,  de  rejet.  

Conjointement,   on   fait   porter   toute   la   responsabilité   du   mal   sur   une   catégorie   ciblée   :   les  immigrés  et  en  premier  sur  leur  partie   la   plus  visible,   les  «  sans-­‐papiers  »,   thème  rassembleur  s’il  en  est.   Ils  disent  reconduite   à   la   frontière   pour  expulsion,   ils   disent   tolérance   alors  qu’il   faut  entendre  mépris  de  l’autre.  On  fait  ainsi  oublier  volontairement  que  s’ils  parlent  notre   langue  c’est  parce   que  durant  deux  siècles  nous  leur  avons  apporté  «  la  civilisation  »,  sous-­‐produit  #latteur  et  contrepartie  de  la  mise  au  pillage  de  leurs  ressources  naturelles.  

Ecoutez,   analysez   les   mots   et   les   termes,   ouvrez   vos   oreilles   à   la   critique,  demandez-­‐vous  pourquoi  telle  «  petite  phrase  »  et,  à  bon  entendeur,  salut  !

G.  Brenier

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 12/55

Ma candidature  

J’ai  décidé  de  me  porter  candidat  à  la  Présidence  de  la  République  en  2012.  Il  s’agit  d’un  acte  mûrement  réRléchi.  En  premier  lieu,  je  le  fais  pour  vous  tous  et  je  sais  que  vous  m’accorderez  votre  conRiance.  Je  le  fais  aussi  pour  Madeleine  à  qui  j’ai  promis  qu’elle  serait  un  jour  la  Première  Dame  de  France.  

A vous tous et à tous les Français, je promets :

De mettre fin à l’impuissance publique, De faire de la France une République irréprochable, De vaincre le chômage (ce sera ma priorité), De réhabiliter et valoriser le travail (j’irai le proclamer à Gandrange), De maintenir les 35 heures hebdomadaires de travail ainsi que l’âge de la

retraite à 60 ans. De développer la croissance (j’irai la chercher avec les dents), De ne pas augmenter l’impôt et de ne pas en créer de nouveaux (je ne me fais

pas élire pour augmenter les impôts !)De développer et d’améliorer un système de santé qui fait référence dans le

monde entier, De faire en sorte que l’Europe se protège dans la mondialisation, De ramener la France au premier rang dans le concert des nations, De répondre à l’urgence du développement durable, De permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement, De transmettre les repères de l’autorité, du respect et du mérite, De faire en sorte que l’école garantisse le succès de tous les élèves, De mettre l’enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs

mondiaux, De sortir les quartiers difficiles de l’engrenage de la violence et de la relégation, De maîtriser l’immigration en mettant en place de grandes politiques solidaires,

fraternelles et responsables, etc, etc, etc…

Vu,  le  Candidat.  G.  Brenier.  

Si  après  tout  ça  vous  ne  votez  pas  pour  moi…  

1-2012 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 13/55

SottisierSi tu veux faire dire des sottises à ton meilleur ami,fais lui parler d’aviation.

Moins ils en savent et plus ils ont à dire. Moins ils ont à dire et plus ils le disent fort.

Entendu sur les terrasses d’Orly (jadis) et ailleurs :

Scientifique : «  Les  trous  d’air,  c’est  toujours  quand  on  sort  des  nuages.Et cet autre : «  Les   trous   d’air,   c’est   en   relation  avec   les   marées,   c’est  pour   ça  que   ça  se  produit   toujours   au-­‐dessus  de  la  mer.Pas contente :  «  On  a  traversé  un  trou  d’air,  ils  ne  nous  avaient  même  pas  prévenus.  Un autre :  «  Les  trous  d’air,  ils  ont  bon  dos,  c’est  le  pilote  qui  n’ose  pas  nous  dire  qu’il  abandonne  les  commandes  pour  se  dégourdir  les  jambes.  Un connaisseur :  «  Celui-­‐là,  il  est  gros,  c’est  un  charter  !Un averti :  «  Pour  les  charters,  ils  nous  mettent  toujours  des  vieux  avions,  ça  leur  permet  de  les  user.Etonnée :  «  On  a  fait  l’aller  et  retour  en  charter,  c’est  moins  cher  et  ça  demande  pas  plus  de  temps.  Un papa affirmatif devant un Airbus A-300 :  «  Celui-­‐ci,  c’est  un  Boeing.  Tous  les  gros  avions  c’est  des  Boeing  je  te  dis  !  Un expert devant un Vickers Viscount :   «   Le   turbopropulseur,   c’est   simple,   c’est   un   moteur   à   pistons  conventionnel  qui  actionne  un  réacteur  auquel  on  branche  une  hélice.  Petit futé :  «  Sur  les  quadriréacteurs,  pour  faire  des  économies,  lorsqu’ils  sont   en  altitude,   ils  n’ont   qu’à  couper  deux  moteurs.  Dans le même registre :  «  Les  Américains  nous  vendent  des  avions  mais  ils  en  brident  les  moteurs  a#in  qu’on  ne  fasse  pas  concurrence  à  leurs  compagnies.  La logique :  «  S’ils  décollaient  dans  le  même  sens  que  le  vent,  ça  les  aiderait  à  prendre  de  la  vitesse.  Devant un Tupolev 154 d’Aeroflot :  «  Çui-­‐là,  je  le  reconnais,  dessus  il  y  a  écrit  CéCéCéPé  (il  faut  lire  :  SSSR).  Déçue de son voyage :   «   On  a   mal   choisi   nos   places   dans   l’avion,   on  n’a  vu   que  des   nuages   durant   tout   le  voyage  !Emotive :  «   Il  s’est   mis   à  nous   faire   des   acrobaties,  ça  penchait   d’un  côté,   ça  penchait  de   l’autre…  Pour  moi,   il  devait  pas  trouver  la  piste.  Déconcerté :  «  Ça  faisait  pas  un  quart  d’heure  qu’on  était  en  l’air,  ils  nous  ont  fait  attacher  nos  ceintures  et  on  n’a  pas  atterri.  Y  savent  pas  ce  qu’ils  veulent  !  Etonnée :  «  On  a   voyagé  sur  un  petit   coucou,   il  y   avait  à  peine  vingt-­‐cinq   places,   eh  bien   ils  étaient  deux  pour  piloter.  Pas  étonnant  que  ça  coûte  si  cher  !  Un type fait son important :  «  C’est  facile  à  piloter,  pendant  la  guerre,  deux  ou  trois  heures  d’école  et  hop  !  on  les  envoyait  en  mission  pour  bombarder  (En  réalité  :  +  de  60  heures).  Un ignorant :  «  Leur  décalage  horaire,  j’y  comprends  rien  :  on  a  volé  pendant  cinq  heures  et,  à  l’arrivée,  ils  nous  ont  fait  changer  nos  montres,  c’était  deux  heures  seulement.  Radine :   «  On  a  proposé  que  mon  mari  prenne  le  petit   sur   ses  genoux,   ils  auraient  gagné  une  place  et   nous  ça  nous  aurait  coûté  moins  cher.  

Entendu à Villeneuve-Saint-Georges :

Pas content mais résigné :  «  Ils  passent  toujours  au-­‐dessus  des  mêmes  maisons,  on  devrait  demander  au  maire  qu’il  fasse  quelque  chose  !Géocentrisme :  «  Ils  font  exprès  de  passer  juste  au-­‐dessus  de  chez  moi.  Précis :  Certains  jours,  ils  sont  à  dix-­‐quinze  mètres  au-­‐dessus  de  ma  maison  (280-­‐300  m).  Observateur :  «  Pour  atterrir,  ils  se  guident  sur  le  parking  du  supermarché,  c’est  toujours  éclairé.  Amer :  «  Avant  d’atterrir,  on  les  voit  qui  vident  leurs  réservoirs  au-­‐dessus  de  chez  nous.  Une solution :  «  Le  bruit,  c’est  la  faute  des  aiguilleurs  du  ciel,  ils  n’ont  qu’à  les  faire  passer  plus  haut  !  

G.  B.  

Toutes ces remarques, authentiques, ont été glanées au fil des années, depuis 1950 où j’ai commencé à prendre mes habitudes sur les terrasses d’Orly. retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 14/55

Le système pifométrique   Dans  le  cadre  des  restrictions  budgétaires  conduisant  au  non  remplacement  des  postes  de  fonctionnaires,  le  Pavillon  de  Breteuil  est  appelé  à  devenir  un  simple  musée  ouvert   aux   seuls   historiens   de   la   métrologie.   Le   système   métrique,   jugé   trop  contraignant   par   la   Commission   constituée   pour   en   juger,   a   rendu   son   rapport   et,  à  compter  de  2014,  le  système  pifométrique  y  sera  substitué.  

La pifométrie est une science très ancienne et universelle. La preuve en est que chacun vient au monde avec son propre pifomètre incorporé. Cette particularité, appelée pifogenèse, relève de la transmissibilité des acquis et explique pourquoi le système pifométrique reste sensible aux influences sociales, corporatives, voire ethniques. Dans ces conditions, il est tout à fait surprenant de constater que la pifométrie n'a jamais fait l’objet de travaux sérieux. Il est aujourd'hui nécessaire, essentiel et urgent de combler cette grave lacune. Le pifomètre, instrument personnel comme il a été précisé, n'est en vente nulle part, bien entendu. Il est d’une remarquable justesse et d’une sensibilité inégalable : jamais personne n'a eu besoin d'un pifomètre à vernier, encore moins d'un pifomètre à vis micrométrique. L'instrument de base issu de la pifogenèse suffit en toute occasion.

Les  unités  du  système  pifométrique

Unités  de  quan5té  :

La   palanquée  :  Unité de grande quantité. Exemple : Nous étions une palanquée à concourir pour seulement trois places. La   tapée   :  Unité de grande quantité, avec une connotation de dégoût : J'ai encore une tapée de dossiers à me farcir.La   flopée   :  Unité de grande quantité, avec une connotation d'excès : Ils étaient une flopée à attendre un taxi.La   chiée  : Unité générique très populaire, voire triviale, de grande quantité connote naturellement à la fois le dégoût, l'excès et le mépris : Ils sont une chiée à vouloir prendre leurs congés en même temps. La  tripotée  :  Unité de grande quantité, avec une connotation de mépris : Dans cette boîte, il y a une tripotée de bons-à-rien.La   ribambelle  :  Unité désignant une longue suite d'objets ou de personnes offrant des caractères semblables, généralement ennuyeux : On a assisté à une ribambelle de questions sans intérêt.Le  max  : Unité de très grande quantité situant la mesure aux limites du raisonnable, voire même au-delà : Il a témoigné un max contre moiLe   fifrelin   :   Unité de petite quantité qui admet une forme adjective, qualifiant une quantité infinitésimale : Il m’en reste un fifrelin. Son synonyme immigré est le chouïa  : un petit chouïa de farine pour lier la sauce. La   liche?e  :  Unité de petite quantité souvent associée à une notion de minceur : une lichette de beurre au fond de la poêle.Le  iota : Unité de quantité nulle qui marque une constance désespérante : Ma situation financière n'a pas bougé d'un iota.Bézef  :  Unité adverbiale synonyme de "beaucoup" mais toujours utilisée dans la forme négative : Je travaille un max, pour pas bézef.

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 15/55

Lerche  :  Synonyme de bézef. S'emploie dans les mêmes conditions : Untel travaille pas lerche, et il gagne un max !La   dose  :  Unité de grande quantité associée à des valeurs humaines. Ses multiples sont la bonne dose et la sacrée dose : Pour supporter ça, il faut une bonne dose de patience ou : A l’atelier, il faut une sacrée dose de souplesse. La   ra5on  :  Unité de grande quantité synonyme de dose, mais évoquant, étymologiquement parlant, une certaine idée de rationalité ou de perfection parfaitement inaccessible. Les multiples sont la bonne ration et la sacrée ration : On a débuté avec une bonne ration d'optimisme ou : On s’est lancés sur ce projet avec une sacrée ration d'optimisme.La   couche   :  Unité de grande quantité. La grandeur à laquelle s'applique cette unité est rarement précisée. Les multiples sont la bonne couche et la sacrée couche. S'exprime au pluriel par une de ces couches : Machin en tient une (de ces) couche(s) ! ou : Celui qui a pris cette décision en tient une sacrée.La   tonne  :  Unité de très grande quantité toujours utilisée au pluriel pour renforcer l'idée de lourdeur ostentatoire inhérente à la mesure : Pour se faire remarquer ils en font des tonnes !

Autres  unités  :

De nombreuses autres unités de quantité sont communément employées mais n'ont pas été définies ici. Il incombe à chacun de se reporter à son dictionnaire favori. Le présent document se limitera à citer les plus connues : Exemples : un soupçon de curry, un rien de cannelle, un doigt de porto, une goutte de vinaigre, un nuage de lait, une larme de cognac, une pointe de fantaisie, Et leurs antonymes : Une avalanche d’engueulades, un monceau de poussière, une nuée de mécontents, une myriade d’ennuis, une kyrielle de postulants, tout un arsenal de cuisine, une débauche de projets, une orgie de questions…

Unités  d'es5ma5on  et  d'ajustage  :

Au   pif : Unité d'estimation permettant une approximation des grandeurs, des valeurs ou des attitudes : Au pif, ça fait deux kilomètres. A  vue  de  nez  :  Unité dérivée de la précédente : A vue de nez, je dirais 30°. A  la  louche  :  Unité définissant à la fois les fromages industriels et une quantité mesurable par excès : Par tempérament, il en rajoute à la louche.Le  cheval  près  :  Unité d'estimation grossière, indiquant que la mesure effectuée eût mérité une plus grande acuité : On n’est pas à un cheval près. Le  poil  près  :  Unité d'estimation fine, le plus souvent par défaut. Son sous-multiple est le quart de poil près : Tu mesures ça à un poil près. La   poussière   :   Unité d'ajustage de haute précision. Compte tenu de son extrême finesse, est toujours utilisée au pluriel pour affiner la mesure grossière d'une grandeur par un système conventionnel : Mille deux cents euro et des poussières. La  brou5lle  :  Unité moins fine que la poussière. Elle est préconisée lorsque la mesure s’applique à un sujet négligeable : Laisse tomber les broutilles.Le  pouce  :  Unité d'ajustage indiquant que la mesure d'une grandeur par un système conventionnel est donnée par défaut, et qu'il convient d'y apporter plus de précision si l'on veut être sérieux : Un steak de 200 g, et le pouce.

Unités  de  temps

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 16/55

Le  bout  de  temps : Unité de temps classique, employée aussi bien pour le passé que pour l'avenir. Les multiples sont le bon bout de temps et le sacré bout de temps : Ça a duré un bon bout de temps.L'éternité  :  Unité considérée comme synonyme du bout de temps mais qui ne s'applique que si ce dernier a été ou sera vraiment difficilement supporté : On a attendu une éternité avant d’être servisL'instant   :   Unité strictement équivalente au bout de temps et à l'éternité, mais qui accorde à l'intervalle mesuré un préjugé de décontraction, d'aisance et de légèreté : Je vous demande juste un instant. Le   laps   de   temps   :  Unité qui tend à se démocratiser. La certitude apaisante qu'elle induit par essence peut être corrigée en lui associant l'adjectif "certain", ce qui, paradoxalement, lui confère une certaine imprécision, voire une imprécision certaine : Ça va demander un certain laps de temps.Le  bail : Unité s'appliquant toujours au temps passé, avec une connotation de longueur regrettable : Ça fait un bail que j’attends.La   paie : Unité équivalente au bail, qui pourrait faire référence à la durée toujours trop longue qui s'écoule entre deux versements de salaire. S'emploie dans les mêmes conditions : Ça fait une paie qu’on t’a pas vu.La  minute  :  Unité de temps à venir, utilisée pour une mesure a priori. Pour une mesure a posteriori, la minute est qualifiée de coiffeur. Malgré ce que laisse supposer une homonymie aussi fâcheuse que fortuite, cette unité n'a aucun rapport avec la soixantième partie de l'heure. Ses sous-multiples sont la petite minute et la seconde, mais ils n'apportent rien sur le plan de la durée : Je vous demande juste une minute ou : j’en ai pour une seconde et je suis à vous.L'heure   :   Unité de temps passé ou à venir, en général difficilement supporté et souvent subjectivement amplifié. Les multiples et sous-multiples, la bonne heure et la petite heure, n'apportent aucune information de durée supplémentaire mais servent à nuancer le degré du désagrément subi : Ça ne demandera qu’une petite heure ou : ça fait une bonne heure que je poireaute.

On pourrait aussi traiter des distances, comme par exemple le bout d’ chemin, la trotte, le petit kilomètre. On notera au passage que s’il existe des « petits kilomètres », il n’en existe pas de grands, ils sont bons, jamais grands. Le bout d’ chemin mérite qu’on s’y arrête. Un p’tit bout d’ chemin laisse penser qu’il s’effectue à plusieurs alors que le bon bout d’ chemin annonce une fatigue à surmonter. Le méchant bout d’ chemin indique un risque d’embûches. Quant au sacré bout d’ chemin, il donne une idée assez claire de l’infini. Si l’on vous dit que c’est à deux pas du lieu où vous vous trouvez, remplacez le mot pas par pâtés de maisons. Le corollaire est valable pour le vélo : trois coups de pédale signifie souvent l’autre extrémité de la localité. Lorsqu’on vous dit à vol d’oiseau, il est prudent de doubler la distance et de la tripler si l’on ajoute que la route serpente. La portée de fusil, son multiple la portée de canon et son sous-multiple la portée de lance-pierres se mesurent à l’oreille tandis que pas bien loin, qui ne s’oppose pas à tout près, s’apprécient à l’œil. Lorsque vous dites que vous êtes à une demi-heure en voiture de votre travail, précisez votre heure de prise de service.

Et tout ça, pour vous inciter à prendre des mesures.

Maître Pifo. retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 17/55

PatronymesIl y avait jadis à Coubert deux bouchers : Pinabelle et Miraucourt.

Parmi les habitants il y avait Anacréon, Goujon, Legros, Legras, Legrand, Lefort, Lepetit. Il y avait aussi Carré et Séron, les Moulin, voisins des Meunier, et une famille polonaise au nom imprononçable constitué de neuf consonnes. Le curé s’appelait Bellot (orthographe ?), les jeunes du caté le surnommaient Belle Gueule. Il se trouve que le curé de l’église Sainte-Cécile, à Paris, s’appelait réellement Bellegueule.

J’ai partagé les bancs de la communale avec Poirier, Quatresous, Gagnant, Laforge, Janvier et Genet (les parents de Genet étaient pépiniéristes : les plantes à Genet). Plus tard, à Estienne, nous trouvions dans la même promotion Lécrivain, Leloup et Renard, Avril et Juillet, Herbette, Lheureux et Chanceux.

Au régiment, dans ma chambrée il y eut Trouillard et Bigot ; dans la section on trouvait un grand rouquin nommé Lafraise, un petit rondouillard au nom de Laverge, et un autre, charcutier de son état qui s’appelait Courge. J’étais sous les ordres du lieutenant Fourrier. Le colonel qui commandait le régiment s’appelait Fuzy.

J’ai connu une demoiselle Môme qui a épousé un monsieur Lenfant. Dans l’entourage de ma mère une dame Py s’est remariée avec un certain Moineau. Une dame Alexandre a divorcé pour reprendre son nom de jeune fille Legrand et, pour compléter, une dame Lacour était en ménage avec un certain Delarue.

Au Journal officiel, tandis que Maisonneuve se faisait construire un pavillon, il y avait parmi le personnel Banyuls, Sauterne, Dieu, Lesaint (le notaire de Villeneuve-Saint-Georges s’appelait Dieulesaint), Bouteloup, Loizeau, Cheval, Mouchebeuf, Lhéritier, Février, Empereur, Laverdure, Déglise, Mangematin, Fertile. J’ai travaillé dans une imprimerie où un prénommé Parfait avait pour vis-à-vis un prénommé

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 18/55

Modeste. Dans cette même imprimerie, la comptable s’appelait madame Sixous.

A Yerres, le principal du collège s’appelait Bœuf, un des directeurs du primaire Piedvache. Ce dernier a eu en classe Touchebeuf. Un jour d’élections je me trouvais en qualité de délégué d’une liste, nous avons vu arriver un couple. Le monsieur s’appelait Abbassadian, son nom figurait en premier sur le registre. Sa femme se nommait Zu-quelquechose, épouse Abbassadian, elle fermait la liste du registre. Un autre jour, j’ai vu une madame Leblanc épouse Lenoir (ou l’inverse, je ne sais plus).

Parmi ceux qui suivent, quelques-uns ont peut-être figuré dans la rubrique « Comme son nom l’indique » du Canard enchaîné. Au JO, nous corrigions le Bulletin officiel du registre du commerce et des métiers, nous ne manquions jamais de relever et de noter les patronymes équivoques dont le fleuron restera « Ugolin, boucher ». J’en ai retenu quelques autres : Leclerc, notaire, Jean Bon, charcutier, Dubois, menuisier, Renaud, garagiste, Darbois, ébéniste, Lafleur, pépiniériste, Verrier, miroitier, Leblanc, marchand de couleurs, Dutoit, plombier zingueur, Gigot, boucher, Lemarchand, épicier, Ménage, électroménager, Letourneur, décolletage, Delavaquerie, éleveur, Plumard, mobilier, Couture, tailleur, Voiture, taxi et ambulance, sarl Léveillé-Mabitte, chauffage, sans oublier le sénateur de l’Hérault Poudevigne, défenseur de la viticulture et Vignemal, qui présidait une activité syndicale viticole du Midi.

Les exemples de Jean Mangeret et Jean Aymard sont cocasses mais que dire de ces Rousseau que les parents ont prénommé Jean-Jacques ? On trouve ainsi des Auguste Comte, des Michel Simon, des Albert Lebrun, des Louis Pasteur, des Pascal Paoli, des Jules Verne, des Gérard Philipe et, dans ce registre, la palme se partage sans hésitation entre Lazare Garcin et Noël Lepaire.

GB.

2-2012 retour  au  début-----------------------------------------------------

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 19/55

Mai 2007 - Mars 2011 - Qui dit mieux ?Ça commence avec Le Fouquet’s+ le yacht de Bolloré+ les vacances aux USA+ les engagements auprès de Bush+ un divorce+ Disneyland+ un remariage+ Petra avec le fils de Carla sur les épaules+ la mainmise sur les patrons des médias+ la Rolleix+ le bling-bling affiché+ Rachida Dati, l’erreur de casting+ le bouclier fiscal+ les coupes dans les remboursements de la Sécu+ l’augmentation des honoraires des médecins+ le forfait hospitalisation+ la TVA des restaurateurs+ le pouvoir d’achat qui diminue+ la réintégration à l’OTAN+ l’engagement en Afghanistan+ la soumission des ministres aux conseillers de

l’Elysée+ les déclarations faites au pape sur l’école publique+ le vote de refus des Français sur l’Europe effacé+ la France ridiculisée à l’étranger+ la fermeture des tribunaux d’instance en province+ la réception de Kadhafi sous sa tente+ l’affaire Woerth-Bettancourt+ le Prince qui veut s’emparer de l’EPAD+ l’inutile discussion sur la burka+ le néfaste débat avorté sur l’identité nationale+ l’expulsion des Roms+ les rafles d’enfants étrangers devant leur école+ l’Union pour la Méditerranée avortée+ les promesses non tenues+ les lois votées à la hâte sans décret d‘application+ la présence médiatique incessante+ les vacances de MAM en Tunisie+ les vacances de Fillon en Egypte+ la grippe H1N1 et la 2e erreur de casting+ le Médiator+ Proglio et l’EDF+ les roucoulades au MEDEF+ 6.000 € de salaire par jour aux patrons du CAC 40+ l’appartement d’Estrosi+ les avions de la République pour amis+ 16.000 postes d’enseignants supprimés

+ la colère des magistrats+ tout ce que j’oublie et qui n’est guère glorieux.

Qui dit mieux ?

Normal, on a le droit d’avoir des amis Normal, je prête bien ma voiture au voisinNormal, c’est un vaste et beau paysNormal, les USA sont nos alliés historiquesEt la vie privée, qu’est-ce que vous en faîtes ?Si on ne peut plus se distraire… Quand l’amour est plus fort, on cèdeRagots de journalistesNormal, ils sont subventionnés pour obéirNormal, j’ai une Lip et je n’en fais pas une histoireNormal, chacun a sa marque et son styleBelle et prometteuse, on cède à son charme naturelNormal, la justice sociale commence toujours par le hautÇa oblige les faux malades et profiteurs à se dévoilerNormal, vu la durée des études et les contraintes Normal, ils n’ont qu’à se faire soigner chez euxNormal, c’était une promesse de ChiracNormal, ils n’ont qu’à travailler plus pour gagner plusNormal, l’Europe l’a fait, pourquoi pas nous ?Normal, il s’agit d’un conflit contre l’obscurantisme Une légende entretenue par la presse de gauche

Normal quand on est chanoine de LatranNormal, gouverner c’est agir pour le bien du paysNormal, ces imbéciles n’ont rien comprisNormal, le nombre des délits est en diminutionSi c’est la coutume chez lui, ça doit être respectéQuelle affaire Woerth-Bettancourt ? Normal, puisqu’il a les compétences et de l’ambitionEst-ce que ma femme se promène voilée ?Si on ne peut plus parler entre Français, où va-t-on ?Des gens sans foi ni loi, le plus souvent analphabètesNormal, leurs parents n’ont qu’à se soumettre aux loisC’était compter sans ces salauds d’ArabesNormal, c’est la faute de la crise mondialeNormal, c’est la faute des parlementairesNormal, il faut gagner à être connuNormal, ça ne dérange que les jalouxNormal, ça ne dérange que les envieuxNormal, c’est le principe de précaution dicté par JospinSi on ne peut plus favoriser la science, où va-t-on ?Normal, il faut prendre les compétences où elles sontNormal, ce sont eux qui font tourner l’économieNormal, ils ont de très gros besoinsNormal, Estrosi est un ami, un fidèleNormal, on ne va pas leur demander de se déplacer à véloNormal, des gens qui travaillent 6 heures par jour, sont souvent absents et ont 6 mois de vacances dans l’annéeCes gens défendent leurs privilèges et leur carrièreÇa, c’est une vue de l’esprit et l’amalgame pratiqué par les médias et la presse de gauche N’importe quel autre aurait fait pire, ça c’est sûr !

1-2011 retour  au  début

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 20/55

De l’Atlantique à l’Oural en bateauIl s’agit d’un exercice de style, d’un cas d’école destiné à faire saliver les

plaisanciers aventureux, à faire rêver de bonheur ceux qui se représentent l’Europe fluviale allant de l’Atlantique à l’Oural. Suivez bien, c’est simple :

On doit posséder un bateau solide, un fluvio-marin bien motorisé, possédant de bonnes réserves en eau et en carburant, une climatisation efficace, une cambuse bien garnie et un lot impressionnant de cartes de navigation… et de permis de naviguer, ce qui est une toute autre histoire.

On quitte Bordeaux (Bx) en remontant la Garonne. On emprunte le canal latéral à la Garonne jusqu’à Toulouse. On poursuit sur le canal du Midi et l’on franchit l’étang de Thau. On en sort dans le canal du Rhône à Sète qui, à Beaucaire, nous amène dans le cours du Rhône. Il nous est aisé de remonter le Rhône, droit au nord. On passe Lyon (Ly), ensuite on s’engage sur la Saône, que l’on quitte à Heuilley, pour emprunter le canal de la Marne à la Saône jusqu’à Saint-Dizier où l’on s’engagera dans le canal de la Marne au Rhin lequel nous conduit dans le Rhin à Strasbourg (St). On a alors franchi 1.080 km et 284 écluses depuis Bordeaux. On se laisse porter par le courant du Rhin jusqu’à rencontrer le Neckar dont on remonte le cours jusqu’à sa jonction avec le canal Rhin-Danube. On aboutit naturellement dans le cours du Danube qui nous fait traverser Vienne (Vi), où par parenthèse il est bleu dans les livres et les opérettes, Budapest (B-P) et, environ 1.000 km plus loin, on atteint la mer Noire. Puisqu’on a un peu de temps on peut remonter le Dniepr jusqu’à Kiev (Kv) et au-delà en Bielorussie. Mais poursuivons à l’est et passons le détroit de Kertch, traversons la mer d’Azov et remontons le cours du Don jusqu’à Voronej (Vr). Nous emprunterons le canal Don-Volga et nous voilà à Volgograd (Vo), anciennement Stalingrad, sur la Volga. Un choix s’impose alors : partons vers notre droite. Nous descendons le cours de la Volga, atteignons Astrakhan (Ak), situé sur la mer Caspienne. Nous pouvons atteindre Bakou (Bk). Plus bas, nous touchons les côtes de l’Iran, nous sommes au pied des monts Demavend qui dominent Téhéran (Th). Si, à Volgograd, on choisit d’aller vers le nord, à main gauche, on va remonter le cours de la Volga. On a vite atteint Kazan (Kz) où il nous est loisible de remonter la rivière Kama jusqu’à Perm (Pe), où nous nous trouvons en Oural. Sinon, poursuivant notre périple sur la Volga, nous allons passer à Nijni-Novgorod où l’on peut remonter la rivière Oka jusqu’au sud de Moscou et là on emprunte la Moskva qui traverse la capitale de la Russie. Si l’on poursuit sans remonter l’Oka, nous voici dans le réservoir de Rybinsk, le Rybinskoïe Ozero. A notre gauche, la Volga se poursuit jusqu’au canal de Moscou qui nous amène au cœur de la capitale russe. Si nous traversons le Rybinskoïe Ozero, on s’engage sur la rivière Cheksna, on franchit le canal de la Soukona qui se prolonge par la rivière Soukona

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 21/55

laquelle se jette dans la mer Blanche à Arkhangelsk (Ar). Si l’on néglige ce canal, on va traverser le lac Blanc, poursuivre sur la rivière Kovja, emprunter le canal Vytegra lequel nous amène dans le lac Onéga. Il ne reste qu’à remonter le Svir pour atteindre le lac Ladoga que nous traversons pour nous laisser aller sur la Néva qui traverse Saint-Petersbourg (S-P) et se jette dans la Baltique.

Je vous ai dit que c’était simple.

Octobre 2001.

C’était un rêve un peu fou, j’en conviens. Toutefois, il n’empêche que cette Europe des canaux existe puisqu’il est possible de relier Bordeaux à Varsovie par les canaux du Nord, la Hollande, le MitelKanal qui permet d’atteindre Berlin et un canal qui, depuis la Spree aboutit à la Vistule. Il n’empêche que si l’on remonte le Dniepr et ensuite le Pripet canalisé, on peut rallier la Vistule depuis la mer Noire. Il n’empêche que le canal Rhin-Danube qui vient d’être mis en service possède un ancêtre à très faible gabarit tracé par l’empereur Guillaume. Il n’empêche que les Suisses ont dans leurs cartons un projet permettant de relier le lac de Neuchâtel à Bales. Il n’empêche que la Russie stalinienne envisageait une liaison Volga-Niemen c’est-à-dire ouverte sur l’Europe occidentale, avec un bief de partage situé à 202 m d’altitude (le canal Champagne-Bourgogne culmine à 345 m à Langres). Il n’empêche que les Russes, lassés de voir leurs camions arraisonnés et pillés, ont ouvert une liaison fluviale entre Gennevilliers et Moscou. Il n’empêche que si la France n’était pas en retard d’une guerre, la liaison à grand gabarit permettrait de relier le reste de l’Europe à Paris par le canal du Nord. Il s’en faut de 118 km mais c’est trop pour nos finances, on préfère privilégier la route. Alors, est-ce un rêve un peu fou ?

2-2004 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 22/55

Roissy CDG, un cas de figure cartographique3.238 hectares

plus de 1.500 hectares sur la Seine-et-Marneplus de 800 hectares sur le Val-d’Oiseplus de 800 hectares sur la Seine-Saint-Denis

  L’aéroport  de  Roissy   Charles  de  Gaulle,   CDG  pour   les   passagers   et  LFPG  pour  les  aviateurs,  s’étend  sur  trois  départements.  Le  chauffeur  de  la  navette  qui  assure   les   liaisons   entre   les   diverses   aérogares   peut   se   vanter   de   changer  environ  120   fois  de  département  au  cours  de  son  service  quotidien.  Lorsqu’on  vient  de  Paris  et  qu’on  prend   l’avion   à   l’aérogare  1  (le   camembert)   et  que   l’on  décolle  face  à  l’ouest  sur  la  piste  N°  1,  la  plus  au  nord  et  la  plus  utilisée  pour  les  décollages,  on  change  13  fois  de  département  en  moins  de  deux  heures.  

  Imaginons  des  lois  à  l’américaine,  par  exemple  une  interdiction  de  vendre  de   l’alcool   dans   le   93,   l’obligation   de   protéger   une   espèce   dans   le   95   et   une  restriction  à  la  taille  des  arbustes  dans  le  77.    On  pourra  consommer  ou  acheter  du  whisky  dans  l’aérogare  1  et  à  l’extrémité  de  l’aérogare  2  mais  pas  au  début  de  celle-­‐ci   ;   lors   des   battues   organisées   pour   décimer   la   population   de   lapins   de  garenne   qui   envahissent   le   site,   il   faudra   épargner   dans   le   95   les   lièvres   de  Beaumont,  espèce  protégée  ;  quant  aux  espaces  verts  qui  ornementent  le  site,  les  jardiniers   devront   veiller   au  strict   respect  des   limites   territoriales.   Je   blague  à  

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 23/55

peine  car,  en  1972,  à  l’ouverture  de  Roissy,  seules  les  affaires  de  douane  et  celles  relevant   des   tribunaux   étaient   traitées   par   la   préfecture   de   Seine-­‐Saint-­‐Denis.  Pour  les  litiges,  les  incidents  et  les  accidents  corporels,  la  police  départementale  respectait  les  limites  territoriales.  C’est  pas  chez  moi,  j’y  vais  pas  !  Depuis  1978,  la  préfecture   du   93   regroupe   tous   les   cas   relevant   de   l’ordre   et   de   la   sécurité.  Toutefois,   les   deux   autres   départements   prêtent   des   effectifs   lorsque   se  produisent  des  manifestations  ou  lors  de  la  visite  de  chefs  d’Etat  étrangers.  Plus  tard,  pour  mettre  un  terme  à  cette  ambiguïté  des  limites  territoriales,  Aéroports  de  Paris  a  placé  le  Concorde  F-­‐BVFF  à  la  rencontre  des  trois  départements.  

  Le  cas  n’est  pas  unique,  loin   s’en  faut.  L’aérogare  d’Orly-­‐Sud  est  partagée  par  moitié  entre  l’Essonne  à  l’ouest  et  le  Val-­‐de-­‐Marne  à  l’est,  la  RN  7  qui  passe  dessous   formant   frontière.   Lorsqu’on   arpente   le   grand   hall,   on   change   de  département.   Il   doit   même   se   trouver,   si   l’on   cherche   bien,   une   hôtesse   qui,  derrière  son  comptoir,  a  un  pied  dans  le  Val-­‐de-­‐Marne  et  l’autre  dans  l’Essonne.

  Et   que   penser   des   Ciments   Lambert   qui   extraient   à   Villeparisis   (77)   le  gypse   qui   sera   transformé   en   plâtre   à   Vaujours   (93)   ?   Allez   dire   lequel   des  départements   encaisse   la   taxe   professionnelle,   celui   qui   extrait   et   fournit   la  matière  première  ou  celui  qui  la  commercialise  ?  

  Il  se  trouve  à  Misy-­‐sur-­‐Yonne  une  écluse  dont  les  portes  amont  sont  situées  dans   l’Yonne  et   les  portes  aval  sur   le   territoire   de   la   Seine-­‐et-­‐Marne.  L’éclusier  habite   la   Seine-­‐et-­‐Marne   mais   son   jardin   se   trouve   dans   l’Yonne.   Qu’on   se  rassure,  l’écluse  dépend  dans  sa  totalité  de  la  subdivision  de  Nevers.  

  Pour  l’anecdote,  il  existait  sur  la  frontière  germano-­‐polonaise  un  pont  qui  avait   toujours   été   objet   de   litige   entre   Allemands   et   Polonais.   Ce   pont  franchissait   l’Oder   et   il   comportait   un   poste   de   police   à   chacune   de   ses  extrémités.   Une   vieille   querelle   d’Allemands   voulait   que   les   Polonais  n’entretiennent   pas   le   pont.   Un   jour,   ils   ont   peint   la   moitié   du   pont   d’un   vert  éclatant  alors   que   les  Allemands   avaient  auparavant  choisi  pour   leur  partie  un  gris   feldgrau.   La   photo   a   #iguré   dans   la   presse,   Léonid   Brejnev   s’est   fâché   en  disant  que  cela  donnait  une  mauvaise  image  du  socialisme.  

  Au  fait,  c’est  quand  qu’on  la  fait  cette  Europe  ?  

1-2001 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 24/55

L’Imprimerie nationale déménage à Choisy-le-Roi (la presse)

C’en est fini de la rue de la Convention. Trop à l’étroit dans ses murs, l’Imprimerie nationale a explosé à Douai, à Evry, à Strasbourg et maintenant à Choisy-le-Roi.

On la confond parfois avec l’imprimerie des Journaux officiels. Ceux-ci relèvent des services du Premier ministre tandis que la « nationale » est placée sous la tutelle du ministère… des Finances.

Créée en 1640 par Richelieu en même temps que l’Académie française, l’Imprimerie nationale succéda à l’imprimerie royale, créée en 1538 par François Ier. C’est un établissement dont le savoir-faire technique se double d’une « mémoire » des métiers de l’imprimerie et de la typographie. L’atelier des langues orientales en est le parfait exemple : on y trouve aussi bien des hiéroglyphes que des idéogrammes, les différents alphabets arabes, hébreux, sanscrits, arméniens, étrusques ou mandchou. Sa collection de poinçons est l’une des plus importantes et plus complètes au monde.

A sa fondation, à la Renaissance, elle va rivaliser avec les Italiens, les Hollandais, les Allemands et donner au royaume tout son rayonnement. Claude Garamond dessine le caractère « romain de l’Université », devenu un classique. Il sera repris par le « romain du Roi », dessiné par Grandjean. Napoléon ajoutera plus tard le Didot, le Plantin et d’autres caractères encore.

Imprimerie royale, nationale, de la République, impériale, elle retrouve son titre de nationale en 1870.

Trois missions lui sont fixées : exigence artistique, exécution d’un service public, auxiliaire du travail intellectuel et scientifique. Les règles européennes en ont fait une société anonyme dont l’Etat est l’unique actionnaire. Elle a du même coup perdu le monopole dont elle bénéficiait pour les publications de l’Etat.

L’Imprimerie nationale est responsable de la parution de l’annuaire des téléphones, entre autres. Mais aussi de textes officiels, parfois confidentiels comme les sujets du bac ou des concours d’accès aux Grandes écoles, des documents dits « sécurisés » comme les passeports, permis de conduire ou les cartes d’identité. D’autres documents de très grande diffusion comme les formulaires des services du fisc ou des imprimés administratifs à usage interne, les directives données aux différents services.

Mais l’entreprise est aussi éditeur d’art. On y compose encore « à la main », on y grave encore en taille douce pour des ouvrages à tirage limité, des rééditions d’ouvrages devenus rares.

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 25/55

Le savoir-faire des ouvriers de la « nationale » est irremplaçable. Hélas, la notion de rentabilité, de prix de revient et de libre concurrence obèrent la qualité de la « belle ouvrage » et la pérennité de certains ateliers est aujourd’hui fortement remise en question. Les commandes se font plus rares, les moyens modernes de reproduction de la langue écrite ont évolué. L’Imprimerie s’est donc mise à éditer des CD-ROM afin de suivre la mode et la demande. Mais, ouverte aux marchés européens, elle entend se placer en concurrente (et rivale) de premier plan grâce à son apport potentiel et à son immense savoir-faire.

Les impressionnantes collections de la nationale en font aussi un musée : plus de 500 000 poinçons dont certains datent de François Ier, 15 000 caractères en bois pour affiches, 2 500 fers à dorer, 14 000 poinçons pour la musique… Mais on peut encore y voir dans ses ateliers des machines entretenues en état de marche depuis le XIXe siècle. Un patrimoine très bien conservé.

Quelques dates :

1538 : François 1er accorde à Conrad Néobar le titre d’imprimeur du roy,1540 : Robert Estienne est nommé imprimeur du roy pour le grec, Claude

Garamond est nommé graveur officiel du roy,1640 : création de la manufacture royale qui devient imprimerie royale, 1749 : parution des premiers volumes de l’Histoire naturelle de Buffon,1795 : création de l’Imprimerie de la République,1809 : l’imprimerie devient « impériale » et quitte le Louvre pour l’hôtel de Rohan,1903 : installation de l’Imprimerie nationale dans la plaine de Javel, 1921 : installation des ateliers rue de la Convention,1994 : en vertu du marché unique européen, la nationale change de statut et

devient une société anonyme.

1-2004 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 26/55

Questions et réflexions : Charters… Où est le risque ?

Charter n’est pas un type d’avion, c’est un mode de paiement, une charte entre le client et la compagnie.

Selon le principe qu’il ne suffit pas de faire voler des avions mais qu’il faut aussi les remplir, les gros porteurs mis en service dans les années 70 (Airbus A-300, DC-10, B 747,) ont créé la nécessité de conquérir et fidéliser une clientèle qui n’avait jusqu’alors jamais pris l’avion en raison de son coût. Les avions doublant, triplant leur capacité, on a pu abaisser les tarifs, on est alors passé du voyage élitiste pour PDG et stars de l’écran au transport de masse. Dans le même temps se sont créées des chaînes hôtelières dont les compagnies aériennes sont les actionnaires (Novotel, Sofitel…) : captif dans sa démarche, le passager devient client de l’hôtel.

Charters ? Oui, examinons cela : on a d’une part les compagnies nationales qui offrent sur leurs vols réguliers les sièges vacants à une clientèle qui paie moins cher mais plusieurs mois à l’avance pour une destination donnée. Exemple : je crée un groupe charter si je vais trouver Air France en apportant 50 places pour le carnaval de Nice à six mois ou plus de celui-ci. Air France nous réserve 50 places au tarif préférentiel, payables 6 mois à l’avance. Voilà un vol charter. D’autre part, des « vols affrétés », dits charters, à classe unique, pour des groupes constitués par les agences de voyages dont la vocation est justement… de remplir les hôtels et les avions (Fram, Club Med, Nouvelles Frontières, Go Voyages…). Pour assurer ce service à la demande, des compagnies dites charters se sont créées dans chaque pays (cherchez la banque qui se trouve derrière !).

La déréglementation, le libéralisme économique sauvage, les accords de Bruxelles, voici réunis les trois facteurs du risque aérien.

La déréglementation : je vis dans une société libérale, je me moque de ce que fait le concurrent, je baisse mes tarifs afin de tirer mon coefficient de remplissage vers le haut, J’opère à minima, je supprime les services à bord, je me contente d’appareils de l’ancienne génération que j’entretiens en ayant recours à la sous-traitance, je paie mon personnel en bas de la grille des salaires. Le « low cost » est né. Voyons ce que disent les accords de Bruxelles. Prenons un exemple : une société belge achète aux Lithuaniens avec des capitaux espagnols des avions issus des surplus russes et obtient le permis d’exploiter une ligne Lille-Madère. Au nom de la liberté d’entreprendre, Bruxelles donnera son accord et pénaliserait l’Etat qui s’y opposerait. Ainsi, Air Machinopoulos, compagnie grecque, peut venir exploiter en France une ligne Bordeaux-Chambéry si elle le souhaite et si elle trouve une clientèle. Paris ne peut pas s’y opposer et la Commission de Bruxelles, pour qui la sécurité des vols n’est pas son problème, soutiendra l’initiative.

La sanction ?L’OACI, Organisation Internationale de l’Aviation Civile, fournit des recommandations, édicte des règles strictes, impose des obligations, mais ne sanctionne pas. C’est aux Etats de faire le ménage chez eux. C’est la porte ouverte aux pavillons de complaisance. Ainsi la dissolution d’Air Afrique a donné naissance à des micro-compagnies locales qui se donnent une vocation internationale – prestige oblige ! – mais dont la fiabilité prête à commentaires. Question subsidiaire : qui, dans un ministère parisien, prendra le risque de fâcher le président d’une

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 27/55

République africaine (chez qui le sous-sol regorge de pétrole), en refusant que ses avions se posent à Orly ou à Roissy ? Cornélien.

La DGAC, Direction générale de l’Aviation civile, fait appliquer les règles, opère des contrôles drastiques, sanctionne les indésirables… lorsqu’elle les débusque. Les textes, les hommes : même problème que pour l’inspection du travail, l’insuffisance humaine : un contrôleur pour 1.700 mouvements d’avions c’est dire que les mailles du filet sont larges. Ces gens sont compétents, ils se tiennent informés, se livrent sans relâche à une chasse aux avions vétustes mais ils sont trop peu nombreux, ne disposent pas d’assez de temps. De surcroît, ils prennent des risques diplomatiques. Ils sont le radar au bord de la route, ils incitent à lever le pied.

Il incombe donc aux agences de voyages de se livrer à des investigations, d’exiger des garanties, d’opérer une sélection.

Le matériel.La vie d’un avion est d’environ vingt-cinq ans. A la condition qu’il soit parfaitement entretenu. Que fait une compagnie aérienne de ses avions parvenus en fin de vie dont elle veut se défaire ? Une compagnie sérieuse les « ferraille », les vend à un casseur au prix du kilo de métal. Gain pour ce casseur : 5.000 €. Mais on trouvait, à la fin des années 80, des Caravelle en état de vol pour 500.000 F. En conséquence : que fait un riche potentat d’une République latino-américaine voulant créer sa propre compagnie ? Il s’informe du marché de l’occasion qui déborde d’appareils retirés des compagnies nationales réputées honnêtes et met en service des appareils de 2e, de 3e main. Le potentat peut aussi s’appeler Banque Machin et créer à Paris sa compagnie « low cost », à bas coût. Dans les textes, elle présente toutes les garanties requises. On n’exige de son PDG aucune autre compétence que financière. Qu’il s’agisse de yaourts, de vêtements de confection ou d’aviation, les actionnaires de la Banque Machin attendent de leurs placements un profit à deux chiffres. Des sociétés d’investissement se sont jetées dans le créneau et le nombre des compagnies aériennes s’est multiplié par 3 en dix ans. La déréglementation y a largement contribué. Un avion au sol ou à demi rempli mange de l’argent. Il faut impérativement le remplir à 100 %, le rentabiliser en le faisant voler 24/24. Faire voler un siège vide revient cher. Un siège occupé, même si c’est à 50 % du prix plafond, c’est de la trésorerie qui rentre. Voilà pourquoi Internet et les affiches du métro fourmillent de propositions de billetterie aérienne à prix cassés.

Toutes les compagnies dites charters ne sont pas des moutons noirs et il en est même qui, conscientes de leurs insuffisances, confient la maintenance de leurs appareils à des compagnies nationales (Air France-KLM peut le prouver). Mais la tentation demeure d’aller au plus économique, de tirer sur les normes et, en finale, de compromettre la sécurité.

Une note optimiste maintenant : plus de 25.000 appareils assurent une moyenne de cinq vols commerciaux quotidiens dans le monde. Plus de vols que de secondes dans une journée ! Et ce en tous lieux et par tous les temps. Plus de six millions de personnes franchissent chaque jour la passerelle d’un avion, près de deux milliards de passagers/an. Ce chiffre est en augmentation de 6 à 7 % par an. La sécurité aérienne s’est multipliée par 30 en 25 ans. Voilà qui est positif.

Ne perdons pas non plus de vue que l’eau polluée tue quotidiennement autant de personnes que trente Boeing 747 peuvent en contenir : environ 12.000 chaque jour, 4 millions par an. C’est moins spectaculaire, ça ne paraît pas dans la presse.

G. Brenier. 4-2005 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 28/55

Symbiose En 1946, j’ai dix-sept ans. Allant à vélo dans les bois d’Ozoir-la-Ferrière, étant

seine-et-marnais, originaire d’un patelin proche, je vais revoir la maison forestière de La Pointe Le Roy. Celle-ci est déserte. Voilà qui est curieux ! Au-dessus de la porte figure un écusson triangulaire indiquant AJ. Voilà qui est nouveau. Mes parents étaient Ajistes avant la guerre. Un mois plus tard, je suis inscrit au foyer Paris-XII, le foyer gestionnaire du relais d’Ozoir.

La même année, j’ai parmi mes lectures favorites un certain Norbert Casteret qui me fait rêver et me donne l’envie d’aller découvrir le pays du grand silence noir, la spéléologie. A quelques mois de là, après avoir lu plusieurs ouvrages de cet éminent auteur, voilà que je tombe sur une affiche annonçant la présence de Casteret à Pleyel, point de passage obligé de tout explorateur avec P.-E. Victor, Haroun Tazieff, Henri Lothe, les Mahuzier et j’en passe. J’assiste donc avec enthousiasme à la conférence et à la projection.

Il se trouve auprès de l’orateur un petit groupe de scouts en tenue, avec le béret et le foulard. Après la projection et les commentaires, l’un d’eux prend la parole et présente un second film (de Pierre Ichac) : le record de durée sous terre établi par un groupe d’Eclaireurs de France, 223 heures passées dans la grotte de Lombrives, dans l’Ariège. Passionnant !

A la fin de la projection, je vais me présenter et demande des renseignements : où peut-on pratiquer, comment faire, quel équipement… « Viens avec nous », propose le responsable. J’indique que je ne peux pas m’engager, que je suis déjà aux Auberges de Jeunesse.

« Nous aussi, disent plusieurs d’entre eux. Ce ne sont pas des scouts mais des Eclaireurs de France. Quatre sont également Ajistes (et anars) : Jean Dizabot, Jean Couture, Tolboukine

dit Tolbo et une fille, Zizette. Le clan Claude Sommer, qui pratique la spéléo, est le premier qui ait adopté la mixité. Une révolution dans le scoutisme ! Au clan Claude Sommer (du nom d’un éclaireur résistant fusillé à la cascade du bois de Boulogne), on trouve tout l’échantillon social et politique. Il en naîtra en 1952 une communauté ouvrière de travail, la SOGETRAM. A quelques mois de là, les Eclaireurs sont reçus à l’AJ de Recloses, dans divers relais ajistes proches des lieux d’escalade, dans les bivouacs du Cuvier et de Larchant où les Ajistes ont leurs habitudes. On entonne les mêmes chants, on fait « collo », on fait du stop ensemble. En retour, des Ajistes viennent partager les séances d’entraînement à la spéléo des Eclaireurs dans les carrières de Louvres, dans les Catacombes, à Arcy-sur-Cure. On explore ensemble dans la Chartreuse.

La symbiose s’est opérée par la base. Placés devant l’évidence, les instances nationales suivront. Les Eclaireurs spéléos de la France entière établissent la liaison avec les Ajistes spéléos de toutes les régions… On conduit des explorations ensemble dans le Grésivaudan, le Vercors et les Basses-Alpes… Ailleurs, Ajistes et Eclaireurs qui pratiquent d’autres activités font de même dans tout le pays : voile, montagne, séjours à la neige, canoë…

Dans le même temps est créée l’UNCM (l’UCPA aujourd’hui) qui rassemble divers mouvements de jeunesse sur le plan national. Mais il faudra attendre plusieurs années pour en voir mûrir les fruits.

G. Brenier. 1-2005 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 29/55

1 - Terre nette www.anaaj.paris.free.fr

C’est nouveau, ça vient de sortir. L’AnaAJ possède désormais son site Internet, une adresse informatique universelle qui offre à tous de savoir qui nous sommes, ce que nous faisons, quels buts nous poursuivons, quels furent nos motivations, notre passé.

Du pour, du contre. Personnellement, je suis partagé. Etre contre Internet, c’est mener le combat des moines copistes contre l’invention de Gutenberg, en 1490. Or, nous l’avons prouvé, nous ne sommes pas opposés au progrès. Etre pour, c’est prendre le risque de tuer les héritiers de Gutenberg dont je fis partie avec fierté. Un exemple ? Raffarin est en train de mettre en place la consultation exclusive du Journal officiel par Internet, ce qui entraînera la suppression du support papier (Internet n’est pas affilié au syndicat du Livre et on n’a pas de retraite à lui assurer). Or, nul n’étant censé ignorer la Loi (relisez Casamayor), ceci amène à la possession obligatoire pour chaque citoyen d’un moyen de consultation informatique. A défaut de quoi, ignorer la loi n’est plus un acte de désobéissance civique mais la conséquence d’une carence née de la volonté de l’Etat par son Premier ministre.

L’allusion au Journal officiel est révélatrice d’une évolution qui s’est opérée depuis une dizaine d’années : les quotidiens affichent tous une diminution de leurs ventes d’environ 10 % tandis que dans le même temps la consultation « en ligne » suit une courbe croissante. Pourtant, ni leur contenu ni leur ligne éditoriale n’ont varié. Les sociétés commerciales mais aussi les associations, les municipalités possèdent toutes un site que l’on peut consulter, auquel on peut s’adresser, que l’on peut questionner par le biais d’une messagerie. On peut engueuler son député par l’Internet. Le site Internet devient le complément direct d’objet de l’écrit et nos amis de la région Rhône-Alpes ne s’y sont pas trompés qui confient à « la Toile » le contenu de leurs publications écrites.

Si Internet est un moyen de fixer pour la postérité et à travers le monde un ensemble de documents sur l’histoire et l’importance de notre mouvement en Europe et notamment en France durant un demi-siècle, je dis bravo !

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 30/55

Si nous en attendons un afflux de nouveaux adhérents, anciens Ajistes devenus internautes et nous ayant découverts sur leur écran, nous allons au-devant de déceptions. Disons qu’il s’en trouvera trois.

Un site Anaaj ? Au nom du devoir de mémoire, oui. Oui, car nous sommes le dernier carré d’une époque, d’un moment de ce pays que nos petits-enfants doivent connaître. Un site pour dire que nous avons bien randonné, bien skié ou réussi notre fête annuelle n’est d’aucune utilité (sinon à servir notre ego). Un site pour faire savoir qui nous fûmes, ce que nous fîmes et qui nous sommes, oui, trois fois oui !

Notre site Internet doit être une source de mémoire, un lieu où puiser sur le passé, un document simple, clair et incontestable qui aidera l’étudiant de Sciences Po préparant une thèse ou l’instit d’un village où se trouve une ancienne AJ et dont les élèves sont curieux d’apprendre. Ce site doit être un outil destiné à mieux connaître et mieux comprendre ce qu’étaient les Auberges de Jeunesse et l’Ajisme, pourquoi et comment nous nous sommes sentis engagés et avons œuvré et comment nous avons, dans la mesure de nos moyens, tenté de faire progresser la société. C’est pourquoi, les pages de ce présent bulletin consacrées à notre passé ajiste doivent naturellement y figurer.

Les choses étant ce qu’elles sont, le site de l’Anaaj n’étant pas la propriété exclusive des seuls possesseurs d’un ordinateur, notre CD a pris la décision de créer une commission qui se chargera de son contenu, commission à l’écoute de tous.

A votre disposition : [email protected] pour les initiés. Le nom de ce site va probablement changer car nous nous sommes demandé : qui connaît anaaj ? alors que les deux mots auberges de jeunesse sont universellement connus ainsi que la spécificité des AJ de France. C’est donc vers ces mots que nous allons chercher un nom plus proche de notre véritable enseigne.

G. Brenier

4-2004 retour  au  début-----------------------------------------------------

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 31/55

Notre ami Lapente-Cote, P3 chez Précaire,nous a adressé la lettre suivante :

Je suis un citoyen et un salarié français. En tant que tel, - je paie l’impôt sur le revenu, - je paie la taxe d’habitation, - je paie la taxe foncière, - je paie la taxe sur la valeur ajoutée, - je paie la taxe sur les produits pétroliers, - je paie la redevance télévision, - je paie des contributions sociales,- je paie des contributions retraites, - je paie le 1 % solidarité, - je paie une contribution sociale lorsque j’achète des cigarettes ou de l’alcool, - je paie mes amendes sans les contester. Je suis pour l’impôt. Je suis pour qu’il soit équitable. L’impôt permet à la collectivité de faire œuvre de solidarité et de rendre les services que nous sommes en droit d’attendre pour nous et en premier pour nos concitoyens plus démunis.

Or, aujourd’hui, un escroc dont la place devrait être en prison et un maquignon obtus veulent me faire payer un crime que je n’ai pas commis. Ils me demandent, le lundi de Pentecôte, d’effectuer un Travail d’Intérêt Général (TIG : pour ceux qui l’ignorent : mesure pénale substitutive d’une peine de prison). Pourtant :Je ne suis pas responsable de la mauvaise gestion des fonds publics, Je ne suis pas responsable des cadeaux fiscaux faits aux plus nantis au détriment des personnes les plus démunies, Je ne suis pas responsable de l’imprévoyance des pouvoirs publics et de l’incurie des ministres, Je ne suis pas responsable de l’état de dégradation des services d’urgence et plus généralement de la dégradation des conditions de travail et d’accueil dans les hôpitaux publics,Je ne suis pas responsable de la dérive mercantile des maisons de retraite, Je ne suis pas responsable du manque de personnel soignant dans lesdites maisons ni de leur manque de qualification,

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 32/55

Je ne suis pas responsable des milliers d’heures d’aide ménagère qui ont été supprimées faute de crédit,Je ne suis pas responsable d’une société qui éloigne les familles car la « mobilité » est devenue une valeur d’insertion professionnelle et sociale. Tous ces faits, en tant que citoyen, je les dénonce et je les combats.

Avec cynisme et aplomb, on me demande de faire œuvre de solidarité ! Solidarité ? alors que dans le même temps l’impôt sur les grandes fortunes a diminué !Solidarité ? alors qu’un grand patron (Carrefour) se paie une retraite dorée de 87 millions d’euros (soit 6.000 années de salaire d’un smicard !) Solidarité ? alors qu’à peine nommés nos ministres ont multiplié par 7 leurs indemnités ! Solidarité ? alors que nos patrons délocalisent à tout va… afin de ne plus payer d’impôts et de charges en France !Solidarité ? alors que l’impôt sur les sociétés a baissé de 30 % !Solidarité ? alors que le chômage monte comme monte la valeur de l’action cotée en Bourse !Solidarité ? alors que le soi-disant déficit de la sécu est dû entre autres à de grandes entreprises qui remettent à plus tard, en toute impunité, le paiement de leurs cotisations (de « nos » cotisations).

Solidarité ? Descendons voir ce qu’il en est dans le sérail hospitalier : Solidarité avec madame Marie-Rose Van Lerberghe, récemment nommée directrice des hôpitaux de l’Assistance Publique de Paris, qui ferme à tour de bras des lits de long et moyen séjour. Cette ancienne directrice des ressources humaines chez Danone, spécialiste des licenciements de masse, se voit attribuer un salaire mensuel de 23.000 € (150.000 F). Pour la soutenir dans sa mission, Madame Van Lerberghe est abritée (à nos frais, camarade contribuable !) dans un hôtel particulier de 600 m² (ça ne vous rappelle rien ?) situé sur l’île Saint-Louis, au loyer mensuel de 14.000 €.

L’histoire ne dit pas si cette dame a travaillé lundi de Pentecôte… par esprit de solidarité.

e-Lapente-Cote. 3-2005 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 33/55

Nous z’aut’ des Auberges

Il  arrive  parfois  que  l’on  dise,    à  l’évoca6on  d’un  grand  nom  de  la  scène,  de  l’écran,  de  

la  poli6que  :  «  Tiens,  on  le  connaît,  c’est  un  ancien  Ajiste  !  »  

Le  nom  de  Jacques  Piraux  n’apparaît  pas  dans  les  médias.

Sous   le   6tre   Le   dernier   soldat   du   plomb,   Le   Monde   daté   du   30-­‐31   juillet   nous  

présente   un   journal   et   son   animateur   :   Le   Démocrate   de   l’Aisne,   dernier   6tre  

composé   au   plomb   dans   ce   pays.   Son   rédacteur-­‐compositeur-­‐imprimeur-­‐diffuseur,  

Jacques  Piraux,  65  ans,  prend  une  retraite  méritée.  Homme  haut  en  couleurs,  il  parle  

peu  de  lui,  il  traite  surtout  du  journal  qu’il  anime,  créé  au  début  du  siècle  dernier,  et  

de  l’atelier  dont  il  voudrait  faire  un  musée.  

C’est   un   humble,  un   besogneux,  un   rat   d’atelier   porté   par  sa   voca6on,   sa   foi,   son  

envie   de   transmeWre   la   connaissance   du   langage,   du   théâtre   de   quar6er,   du  

patrimoine,  de  la  nature.  Le  journaliste  qui  l’a  rencontré  en  dresse  un  portrait  puis  il  

le  laisse  s’exprimer  :  

«   Mon   école,   ce   furent   les   Auberges   de   Jeunesse,   Léo   Lagrange,   l’an6racisme,  

l’Interna6onale,  le  pacifisme,  la  nature,  la  fraternité,  la  mixité.  Tout  ça  m’a  forgé  un  

pe6t  côté  anarchiste.  »

Comme  lui,  ancien  de  la  profession,  ancien  des  Auberges,  je  voulais  parler  de  Jacques  

Piraux.  Je  suis  donc  de  par6-­‐pris  et  je  propose  –  non,  je  demande  –  qu’il  soit  consen6  

un   abonnement   d’honneur   à   Notre   Ami6é   pour   cet   homme   qui   a   œuvré   pour  

répandre  le  savoir,  la  connaissance,  la  culture,  l’éduca6on  populaire.  

G.  Brenier.  3-2006 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 34/55

Je ne marche plusJe n’ai jamais été un randonneur infatigable, j’étais seulement un

honnête marcheur, un marcheur moyen, de bonne composition, attentif au paysage, aimant la compagnie d’autres marcheurs, sachant se repérer à l’aide d’une carte. J’ai marché derrière un allongeur de pas qui me semait dans les grimpettes, un meneur qui ne se serait pas arrêté plus de cinq secondes pour contempler un champignon ou une fleur, derrière le bucolique qui nous a fait rater des trains…

Je ne marche plus, je suis devenu le traînard qui peine dans les montées et fait rater les trains. Le souffle me manque et j’en sais la cause.

Je ne marche plus dans les deux sens du terme.

A dix ans, on m’a fait marcher pour apporter à l’école la vieille ferraille qui allait forger l’acier victorieux. Six mois plus tard, je courais vers le sud pour fuir ceux qu’on allait bientôt appeler l’Occupant. J’aurais dû en retenir la leçon. A treize ans, on m’a fait marcher pour agiter un petit drapeau sur le passage du maréchal. Notre instituteur, pourtant Parisien de souche, n’a jamais su trouver la rue de Rivoli où nous devions nous rendre, nous nous sommes malencontreusement égarés dans le quartier de l’Arsenal. A dix-huit ans, j’ai marché en retroussant mes manches. Je marchais aussi au rythme des heures sup’ et des premières reconversions. On nous parlait alors de matériel moderne. J’ai marché sur les Grands Boulevards et dans le triangle République-Bastille-Nation en criant « Liberté ! Justice ! » et, plus tard : « Paix en Indochine ! » puis « Paix en Algérie ! ». On a aussi marché en criant « L’OAS ne passera pas ! » et l’on a eu Poujade et Le Pen. J’ai marché en criant : « Pompidou, des sous ! » On marchait allègrement, c’était dans l’air du temps.Je me suis mis à réfléchir et me suis demandé en quoi Moulinex libère la femme. Libère de quoi ? me suis-je questionné. Je n’ai pas marché quand on m’a recommandé de mettre un tigre dans mon moteur. J’avais cessé de marcher quand Omo s’est mis à laver plus blanc. J’ai assisté à la marche en cortège de ceux qu’on invitait à suivre le bœuf.

J’entends d’ici : « Tu pratiques l’amalgame, le mélange des genres, en mêlant le politique au commercial ». Non car l’un et l’autre sont souvent (toujours !) intimement liés. Les lobbies sont là pour en faire la démonstration, lorsque par exemple on légifère pour rendre obligatoire le versement des salaires par virement bancaire : on contraint le prolo à se présenter devant le guichet d’une banque où il lui sera proposé insidieusement plus tard d’acquérir des valeurs maison pour faire fructifier son argent. Laissez venir à moi les petits cent francs… Et ça a marché avec l’actionnariat populaire (Salauds de grévistes qui vont faire chuter le cours de mes actions !)

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 35/55

Puisque nous vivons envahis par les slogans destinés à nous faire marcher, prenons-en un au hasard : Auchan ou la vraie vie. C’est placardé grand comme ça partout. Plaçons en regard un autre slogan de la même époque derrière lequel nous avons tous marché en 2002 : Nous devons réduire la fracture sociale ! La vraie vie donne l’envie d’aller adhérer en courant : La vraie vie va réduire la fracture sociale. Non ?

Regardons-la de plus près, cette vraie vie : la vraie vie, selon la famille Mulliez, qui possède et gère de manière népotique vingt enseignes satellites d’Auchan (Auchan qui automatise sans honte ses magasins pour supprimer les caissières, ces budgétivores), consiste à fidéliser une clientèle à laquelle elle vend à la tonne des produits de basse qualité en empochant des « marges arrière », à en tirer profit et à se domicilier en Belgique, afin d’échapper à l’impôt. Voyez Moulinex qui s’est libéré des femmes en décentralisant ses lieux de production en Chine ou ailleurs. Ils ne s’y sont pas trompés mais savent nous tromper : LA VOILA LEUR VRAIE VIE ! Quant à la fracture sociale, au nom des valeurs républicaines, celui qui a su si bien nous en parler nous a fait marcher. Il n’est plus descendu dans le métro depuis qu’il a inauguré la première ligne du RER, il ne se représente pas une famille de cinq personnes dans une chambre d’hôtel et, s’il se salit les mains, c’est en flattant le cul des vaches, un de ses sports favoris. Toutefois, promis-juré, celui qui se proclame le premier écologiste de France l’a affirmé, la fracture sociale sera réduite ! Oui, mon joli, et avec Omo je lave plus blanc, Auchan c’est la vraie vie, Moulinex libère la femme et avec Axa ma petite famille dort tranquille.

Un autre est en train de nous faire marcher. Courir, devrais-je écrire. L’homme à la fracture sociale a assuré sa pérennité. Son successeur putatif aux allures de prince, qui prononce Kärcher pour dire conciliation, émule de Jaurès, grand admirateur de Léon Blum et avant peu de Marcel Sembat et Benoît Frachon, est en train de nous faire le coup du « Je vous ai compris ! » de l’ancêtre. Sentez, camarades, comme je sens la sueur ! Plus ouvrier que moi, tu meurs ! Il tient à chacun le langage qu’il veut entendre, avec les mots et le ton pour le dire. Ecoutez-le avec la dame du Medef, il se fait tout aussi rassurant : « Je vous ai compris, je suis avec vous dans l’épreuve, comptez sur moi ! » Au grand bal des faux-culs, il se classe hors-concours.

Nous aussi avons compris. Il ne me fera pas marcher cette fois s’il se retrouve seul au second tour devant l’homme aux allures mussoliniennes et aux jeux de mots douteux. Merci, j’ai donné. Je ne marche plus.

G. Brenier.

1-2007 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 36/55

A propos de Notre AmitiéNotre Amitié, ce sont quatre parutions annuelles à raison de 25 pages de texte par

numéro : cent pages offertes chaque année à environ 300 lecteurs. Bravo ! C’est du contenu qu’il sera question et le contenu du bulletin, c’est vous, c’est ce que vous m’adressez. Et vous êtes peu nombreux. Je viens donc au-devant de la critique, j’en appelle à votre avis.

J’ai repris la confection après Grand Jean au numéro 75, le présent numéro porte le n° 112. Comptez : cela fait 37 exemplaires. Pas loin de mille pages (sans compter le Remue-AnaAJ) soumises à votre curiosité, à votre attente. Trente-sept fois en bientôt dix ans que revient l’interrogation, au moment de la composition et de la mise en pages : Est-ce que ça va plaire aux copains ? Qu’attendent-ils du bulletin ? Cet article est-il opportun ? Cet autre n’est-il pas trop long, trop engagé, trop superficiel ? Celui-ci peut-il attendre ? Qu’apporte cet autre ? Celui-là est-il dans l’esprit des Auberges ? Qu’en restera-t-il ?...

Des interrogations qui reviennent comme par exemple : devons-nous nous cantonner à publier exclusivement ce qui a trait à nos propres activités anaajistes (sorties, séjours, randos, rencontres régionales ou manifestations purement « ajistes ») qui intéressent directement les participants, leur servent de repères et où ils se retrouvent et s’identifient dans l’amitié de souvenirs partagés dans un chalet ou en gîte ou devons-nous aller chercher hors de l’ajisme la variété des sujets traités et marquer un engagement (celui de naguère) quitte à passer pour de vieux schnocks radoteurs ? J’attends vos réponses.

C’est la période électorale agitée et passionnée présente qui me conduit à ces réflexions : présidentielles et législatives vont changer considérablement le climat de ce pays. L’espoir, une fois encore, nous trahit, l’avenir nous interroge. Sans vouloir entrer dans un débat démagogique complaisant ou un débat polémique sans issue, celui qui a en charge le contenu du bulletin souhaiterait parfois user de repères au moment de sa confection. Par exemple que manque-t-il ou qu’est-ce qui est superflu ou trop appuyé, quelle place donner au futile, au culturel, au passé, à l’anecdote ?

Notre Amitié est un bulletin de liaison. Seulement ça ? Remplit-il son rôle ? A-t-il pour seule vocation d’informer sur la vie ajiste et associative ? Doit-il dépasser son rôle d’information et devenir un espace de débat ? Lui est-il permis de se positionner devant les grands sujets de société et lesquels ? Autant d’interrogations qui reviennent lorsqu’on consulte la collection, lorsqu’on tente de se mettre à la place de tel ou tel lecteur abonné qu’on ne doit ni lasser ni décevoir.

Quels compléments, quelles améliorations apporter au contenu ? Ainsi je pense qu’il serait souhaitable qu’existe une rubrique « Lettres de lecteurs », sorte de tribune libre dans laquelle on trouverait le point de vue de chacun. Sur la forme comme sur le contenu. Car, en même temps que l’on se demande si tel article plaira et à qui il plaira, il arrive qu’on se demande aussi s’il sera lu et quel impact il aura. Oui, car vous êtes muets, les copains.

C’est pourquoi vous trouverez dans le Remue-AnaAJ une invitation à donner votre point de vue*. Vous direz si ce point de vue mérite d’être publié. De toute façon, une synthèse de vos réponses paraîtra dans Notre Amitié de septembre. A vos plumes les copains !

G. Brenier.

* Et ne faites pas comme ces parents d’élèves qui militent dans les associations où l’on ne croise que les parents des « bons » sujets, lesquels parents se réunissent pour s’auto-congratuler.

2-2007 retour  au  début-------------------------------------------------

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 37/55

La crueCrue : état par lequel le niveau d’un cours d’eau est si haut qu’il envahit les terres

alentour.

La montée des eaux, la crue, est provoquée par l’excès de pluie, on le sait depuis toujours. La crue se dessinait sournoisement, elle se réalise de manière tapageuse et nous submerge. C’est une pluie médiatique permanente que nous subissons, déclenchée et mise en scène à dessein par un personnage pour qui communiquer est plus important qu’agir, pour qui paraître, donner une brillante image de sa personne est la première préoccupation.

Les médias de toutes obédiences, domestiqués, en situation de suzeraineté ou d’appartenance, déversent sans limites leur flot de louanges, de révérences, de complaisances et de flatteries pour le reality show permanent qui nous amène jour après jour, près des portes ou embusqués derrière les buissons, jusque sous les draps du seul individu digne d’intérêt dans cette nation, l’hypertrophié du MOI, trahi par sa sémantique, que vous aurez reconnu. Soumis sans qu’on le leur demande, pratiquant l’autocensure sans qu’on le leur ordonne, faisant fi de toute critique, ils régalent le lectorat et l’électorat qui s’en repaissent des banales petites aventures d’alcôve et des bons mots de celui qui est en train de nous administrer à haute dose le mépris dans lequel il nous tient, de ruiner la dignité de la fonction présidentielle sous le prétexte d’un langage direct qui plaît au peuple et de manières appelées à frapper les esprits (« Maintenant, les Français savent qu’ils ont un vrai mec à l’Elysée, un mec qui en a et qui s’en sert » [Souvenons-nous des envolées verbales mesurées au milligramme près du Général, du choix des adverbes et des prépositions de Georges Pompidou, du langage châtié et réfléchi de François Mitterrand…]).Prodigues de qualificatifs élogieux pour le nouveau César, les médias régalent les tenants du libéralisme à l’américaine qui voient ainsi se fondre les valeurs intrinsèques au pays de Voltaire, se ternir l’image de la République citoyenne de Jaurès, se dissoudre ce que nous considérons comme notre patrimoine, nos acquis, et qui font notre fierté : la justice sociale dans la dignité. Quel titre de la presse sérieuse aura sereinement mais sévèrement analysé la précipitation que met ce citoyen à flatter la mitre, la kippa et l’imam depuis son accession au trône, reniant ainsi les valeurs de neutralité que même le pieux Charles avait respectées ? Non, la presse s’en repaît, applaudit et nous invite à approuver. La crue médiatique va nous accoutumer à l’idée faite pour flatter l’électorat croyant que nous sommes tous les enfants naturels de la fille aînée de l’Eglise, que nous allons tous pratiquer la « laïcité positive » dans un bel élan. Nous sommes conduits à nous demander à quand la prière obligatoire chaque matin à l’école et le crucifix dans les salles de classe ? La crue n’est pas celle du Nil qui enrichit chaque année de son limon les terres qu’elle recouvre, elle est programmée pour corrompre et pour détruire : voyez avec qui s’est allié le monarque pipeule, qui il écoute et qui le conseille, voyez ce qui sépare le dire et le faire, voyez les mesures prises depuis dix mois, en totale opposition avec les intentions « sociales » annoncées. Comme une plante qui pourrit sur pied, le Code du Travail subit de plein fouet les effets néfastes de la crue. L’un après l’autre les acquis de juin 36 sont les feuilles de cette plante que le Medef arrose d’acide afin qu’elle pourrisse au plus vite, qu’enfin on en finisse avec les syndicats, les grèves, les voyageurs « pris en otage » et tout ce qui fait gripper la machine à produire et peut nuire à la progression du CAC 40. A ce propos, il est bon de rappeler qu’en termes de productivité la France se situe au 5e rang mondial. Elle doit coûte que coûte tenir ce rang. On nous le martèle lors de chaque JT : travailler plus pour gagner plus… et produire de la plus-value afin que la Bourse reste florissante. La crue nous culpabilise. Insidieusement, elle désigne du doigt tous ceux qui ne se réjouissent pas et n’applaudissent pas devant les gesticulations du volatil Narcisse Ier et son « alliance objective »avec le Medef et les grands chevaliers d’industrie lesquels ne se privent pas de « décentraliser », devant ceux qui n’approuvent pas les mesures fiscales prises à la hâte en faveur des riches alors que dans le même temps étaient décrétées avec la même hâte les « franchises qui vont sauver la Sécu », ceux qui osent critiquer l’hypocrisie des quotas d’Hortefeux ou dénoncent les provocs faites aux jeunes des cités qui font voter les faibles contre la peur… La crue nous prépare au pire avant de privatiser le système de santé et celui des retraites du haut en bas. L’énergie et les transports sont atteints et même dépassés, la privatisation va bientôt toucher l’enseignement, le système carcéral et, pourquoi pas, la justice et la police…

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 38/55

La crue nous montre les lignes que la culture doit prendre pour modèles et qu’elle situe du côté de Disneyland et du tandem J.-M. Bigard-Doc Gynéco… (Imaginons un instant de Gaulle ou Pompidou emmenant dans leurs valises Jean Rigaud en visite au Vatican ! Ô, madame, quel tollé dans les colonnes du Figaro et de la Revue des Deux Mondes !) La crue nous montre sans discontinuer le plaisir que semble éprouver le monarque, premier et meilleur en tout, à nous infliger le spectacle de sa suffisance, de son pouvoir et l’immense satisfaction qu’il retire de la hauteur méprisante depuis laquelle il nous toise. Ses sorties, ses familiarités de langage, ses tutoiements à répétition le démontrent.La crue médiatique nous oblige à confondre la fonction présidentielle avec un spectacle, à applaudir à ce qu’on croit être une erreur passagère et qui est une grave faute de goût : L’est chouette, hein, l’est sympa not’ président ! Sournoise ou tapageuse, soutenue et instrumentalisée par les grands patrons des médias, la crue progresse désormais dans les esprits et dans les actes afin que ce qui semblait être hier une exception amusante et passagère devienne la norme. Il nous devance sur le chemin de la médiocratie. La crue s’étend et aucune voix ne s’élève, aucun cri ne jaillit de la rue devant le recul du pouvoir d’achat, devant l’abrogation sournoise des 35 heures, devant l’obligation de travailler 164 trimestres au lieu de 150 pour mériter le repos, devant le nombre croissant des emplois précaires, devant la misère qui gagne maintenant ce qu’on désigne d’un euphémisme : les classes moyennes, devant l’instauration de deux France, celle qui possède face à celle qui doit se lever tôt et se soumettre, devant la régression de ce qui constitue nos valeurs et nos acquis, devant l’allégeance faite au pape et les attaques menées au Vatican même contre l’esprit de la laïcité, l’esprit de la République (Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur) contre l’Egalité et la Fraternité et demain contre la Liberté qui figurent dans notre devise. On laisse ainsi polluer et pourrir l’esprit de la République. Mais attention au désamour, d’autres ici et là le jugent comme un faiseur et ne se privent plus de dire que s’il gouverne la France comme il gère sa vie privée nous ne sommes pas sortis de la crise *.

Moins  ils  ont  à  dire,  plus  ils  le  crient  fort.  Attendons  qu’apparaisse  au  grand  jour  ce  qui  restera   dans   l’Histoire   comme   la   plus   belle   escroquerie,   la   plus   grande   mysti#ication  de   ce  début   de   siècle   :   le   sarkozisme.   C’est   seulement   quand   les   eaux  se   seront   retirées   que   l’on  pourra  dresser  le  bilan  négatif  de  la  crue.  On  peut  espérer,  tout  invite  à  douter.  

En  attendant,  préparons-­‐nous  à  réagir,  que  diable  !  G.  Brenier,  

21-­01-­2008.  retour  au  début

* Quelque chose a changé depuis 2007, l’avez-vous noté ? L’expression critique, l’impertinence, le verbe corrosif commencent à se faire jour dans quelques titres. Hier il était insultant et risqué de critiquer la fonction présidentielle et celui qui l’exerce. On y mettait les formes, on restait dans la dérision. Depuis mai 2007, un autre est venu qui a donné le ton, a montré l’exemple et la conduite à tenir. Même si parfois il semble se calmer, chassez le naturel, il revient au galop. Aujourd’hui, ses débordements appellent à réfléchir (même et surtout dans ses propres rangs), nous contraignent à réagir. C’est devenu un devoir citoyen. Ce serait commettre une faute que de continuer à laisser faire, à laisser pourrir et la fonction et la République. Le mépris dans lequel nous tient celui qui gère notre destin le justifie, il nous y invite et sert de modèle et d’argument. Les limites et le point de non retour sont dépassés. Ce qui faisait sourire n’amuse plus mais inquiète. La lecture de la presse étrangère en fait foi. C’est lui qui a tiré le premier, il a ouvert le champ à toutes les audaces. La chute est annoncée.

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 39/55

1958 – Une petite lumière d’espoir dans le trouble.

Henri Alleg publie La question (qui sera saisi quatre mois plus tard) - L’aviation française bombarde un convoi de la Croix Rouge à Sakhiet Sidi Youssef - L’exposition universelle de Bruxelles ouvre ses portes - Un « Comité de salut public » se réunit à Alger et proclame l’Algérie française - Un mois plus tard, de Gaulle est acclamé à Alger où il vient pour déclarer : « Je vous ai compris ! » - Le 28 septembre la Constitution de la Ve République est adoptée - Des élections suivent : l’UNR et le CNI son allié totalisent 331 siège sur 475 à l’Assemblée nationale - On inaugure le CNIT à La Défense.

Un  mardi   de   septembre.   J’assiste   à   la   réunion  de   reprise   de   la   11e   section   du  parti   socialiste   SFIO   auquel   j’ai   adhéré   depuis   1955.   Lucien  Weil,   journaliste  socialiste,   à   qui   a   été   refusé   un   article   de   tribune   libre   dans   Le   Populaire-­Dimanche,   l’a   fait   paraître  en   anglais  dans  L’Observer.   Il  est  exclu  du  parti   sans  jugement.   La   commission   des   con#lits   a   tranché   sans   l’avoir   entendu.   L’article  mettait  en  cause  l’attitude  de  Guy  Mollet  dans  les  opérations  de  Suez,   en  1956,  alors   qu’il   était   président   du   conseil.   A   l’annonce   de   la   sanction,   l’intéressé  demande  à  être  entendu  par  le  bureau  national.  Refus  du  secrétaire  de   section  qui  applique  la  mesure  et  exige  son  départ  sur-­‐le-­‐champ.  Il  ne  se  lève  pas  seul,  nous  sommes  une  quarantaine  à  quitter  la  salle  et  nous  nous  rendons  place  de  la  République,   à   la   brasserie  Le   Thermomètre   où   nous   rejoignent   des   camarades  des  XIVe  et  XVIIIe  sections  du  parti.    

Une   semaine   plus   tard,   le   16   septembre,   en   présence   d’Edouard   Depreux,  Mireille   Osmin,   Alain   Savary,   Jean   Poperen,   Claude   Bourdet,   Gilles   Martinet,  Pierre   Bérégovoy   et   d’autres   dont   les   noms   m’échappent,   naît   le   P.S.A.,  Parti  Socialiste  Autonome,  qui  deviendra  deux  ans  plus   tard  le  PSU,   issu  de  l’Union  de  la  gauche  socialiste  et  qui  va  s’engager  à  fond  contre  la  guerre  en  Algérie,  qui  va   devenir   le   ferment   de   mai   68.   Une   autre   manière   de   penser   la   gauche,  d’obliger,   par   un   effet   d’onde   de   choc,   le   parti   socialiste   à   se   remettre   en  question.  Ephémère  mais  dynamique,  il  a  rempli  son  rôle  en  faisant  émerger  des  idées  novatrices.  

Je   me   garderai   de   toute   comparaison   avec   une   situation   analogue   et   assez  récente.  

G.  Brenier.  1-2008 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 40/55

Un TGV européen ? C’est pas pour demain. Mais est-ce si irréaliste ?

22 septembre 1981 : le TGV, train à grande vitesse, relie Paris à Lyon en 2 h 40. Vive le progrès ! L’exploit, c’en est un, va donner des idées à toutes les capitales européennes et même du monde entier qui vont s’empresser d’envoyer des observateurs… plagiaires. Dès lors, la réponse réside dans la question : on s’y met ou pas ?

On s’y met sans empressement. On y sera amené par le fait de la raréfaction du combustible fossile et par l’excès de CO2 généré par les 1.800 avions qui sillonnent en permanence le ciel européen d’une métropole à une autre. Le transporteur DHL, qui a des concurrents en Europe, ce sont 180 avions qui volent jour et nuit pour livrer du fret et du courrier. Ce n’est qu’un exemple. On a crié « Au fou ! » lorsque la SNCF a fait le pari que toute métropole à une heure d’avion de la capitale pourrait être ralliée en moins de temps par le train. Elle a gagné son pari sur le trajet Paris-Lyon dès la mise en service du TGV, elle en fait la démonstration sur les destinations de Marseille, Lille, Londres, Strasbourg et Amsterdam. Et pour cause : les gares se trouvent en centre ville tandis que Roissy, Marignane et Satolas sont situés à plus de cinquante minutes des milieux d’affaires et, de surcroît, l’avion nécessite de se présenter au moins une heure avant le départ du vol et, lorsqu’on a atterri, on n’est pas pour autant sorti de l’aérogare. Pour que cette théorie soit fondée, la SNCF a fait partir de divers points de Paris et sa banlieue et à des heures diverses des agents ayant pour mission de se rendre à Lyon par divers moyens. L’avion était battu. Plus tard, il le fut également sur le trajet Paris-Marseille. Les compagnies aériennes ont eu beau jeu d’abaisser leurs tarifs ou d’offrir une sucette aux passagers, elles ont dû supprimer des vols. On ne doit plus dire TGV mais LGV, Lignes à Grande Vitesse. C’est devenu un label. La vitesse de 350 km/h étant aujourd’hui banalisée – et même dépassée – Moscou se trouve à moins de 12 heures de Paris, Istanbul à 14 heures, Lisbonne à 7 heures. La mise en place d’un réseau européen n’est pas une utopie puisque, régulièrement, La vie du rail nous tient informés des études menées dans divers pays européens qui sont en train d’envisager de créer un réseau relié à celui du voisin. Si l’Italie, la Croatie et la Grèce soulèvent de lourds problèmes d’infrastructure du fait de leur relief accidenté, l’Europe baltique et l’Europe danubienne n’offrent pas plus de difficultés que le seuil de Bourgogne ou le plateau lorrain. L’Espagne constitue son réseau, l’Allemagne possède le sien avec l’ICE. La Russie a poussé très loin l’étude d’une liaison Moscou-St-Pétersbourg et Moscou-Volgograd. Les Etats scandinaves et la Pologne envisagent de créer leur réseau relié à l’ICE allemand, la Tchéquie n’est pas hostile à une liaison Prague-Berlin, l’Ukraine étudie une liaison Kiev-Odessa qui pourrait engendrer un prolongement au nord vers Moscou. La technologie est là, le financement est possible, mais il manque la volonté politique de créer la SECF, la Société Européenne des Chemins de Fer. Il existe l’OICF (Organisation Internationale des Chemins de Fer) qui a pour mission d’harmoniser la signalisation, l’usage du courant, l’intégration des méthodes. Souhaitons-lui bonne chance. Mais l’OICF reste une coquille vide, dépourvue de moyens financiers face aux lobbys aériens et surtout routiers. Il manque la volonté politique et l’on peut même dire que c’est mal parti puisque Bruxelles favorise la libre entreprise c’est-à-dire la privatisation, le démantèlement des sociétés nationales qui ont fait leurs preuves. Plus de SNCF mais deux sociétés avec la création de RFF, Réseau Ferré de France qui, sans cesse dans le rouge par son obligation d’investir, ne tardera pas de se faire racheter par De Wendel… ou par l’Oréal (on a tous en mémoire la Maison de maçon qui est aussi le mieux-disant culturel qui nous vend aussi de la téléphonie mobile).

G. Brenier. 2-2008 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 41/55

Roulés dans la farineLes   ennemis   de   toute   politique   autre   que   celle   qu’ils   nomment   très   à   tort  «   démocratie   »,   vu   qu’elle   est,   de   notoriété   publique,   le   pouvoir   d’une   maigre  oligarchie   de   dirigeants   d’entreprise,   de   détenteurs   de   capitaux,   de   politiciens  consensuels  et  de  stars  médiatiques,  ont  inventé…  (…).  

Cette phrase d’introduction, empruntée à Alain Badiou (dont je ne partage pas tous les points de vue, loin s’en faut), m’a entraîné à quelques réflexions depuis seize mois que nous sommes entrés en Sarkosie appliquée.

Le patronat a repris ce qu’il appelle son droit de propriété sur le travail, modèle Second Empire modifié Comité des Forges, modifié 1934, en inventant et en faisant adopter la flexi-sécurité de l’emploi, un barbarisme qui porte l’habit gris du faux jeton (lisez : chômage organisé, précarité légalisée). Des sites Internet incitent à revenir sur les lois de 36 qui « ruinent la France ». Le droit du travail se résume à travaillez plus et plus longtemps et bouclez la, vous n’avez plus que ce droit ! L’électron libre qui « fait président » annonce que nous pouvons toujours manifester, il s’en fiche.

La sécurité sociale, notre Sécu, qui servait de modèle à l’Europe est maintenue en état artificiel de déficit mais on ponctionne les malades (4 milliards sont à récupérer auprès de grosses sociétés sur lesquelles l’Urssaf ferme les yeux et auprès de Bercy en taxes diverses sur les alcools, les tabacs, etc).

Les économies drastiques que l’Etat doit réaliser – à cause de la gestion socialiste, naturellement (lisez Le Figaro sur Internet, vous serez édifiés*) – se font sur le compte du peuple. La règle veut désormais qu’on nationalise la pauvreté et qu’on privatise le profit avec pour résultat : désertification accrue des campagnes par la suppression de bureaux de poste, de tribunaux d’Instance, d’hôpitaux, d’écoles… Privatisation du réseau autoroutier payant et transfert aux régions des infrastructures routières et ferroviaires, transfert de l’entretien des équipements et des services de l’Etat vers les départements lesquels s’assèchent par l’endettement, pressurisation des démunis qui s’appauvrissent davantage, alors que l’Elysée exige du Trésor public (toi et moi) qu’il fasse des cadeaux aux banques, qu’il indemnise des riches par des aménagements fiscaux qui leur permettent d’être plus riches encore, offre le repas à 250 députés qui ont bien voté lors de la pantomime de la réforme de la Constitution et soulage Tapie d’une déprime… à nos dépens. L’UMP, avec qui tout est possible comme il était dit durant la campagne électorale, nous oblige à nous répéter : on s’est tous fait avoir !

La liste s’allonge des raisons de grogne, de révolte.

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 42/55

Le Monarque s’en prend à la presse et à aux médias, il cherche à brader les chaînes dites nationales au profit des télévisions commerciales privées et, si France-Télévision survit aux assauts, il a décidé qu’il en nommerait lui-même les directeurs. Je veux, j’exige, j’ordonne : c’est la démocratie directe façon Sarko. Il oblige le contribuable à éponger 20 milliards d’euro après le fiasco de France Télécom, s’apprête à faire entrer le capital privé dans La Poste qui doit être une affaire rentable et on voit venir le jour où la SNCF s’appellera Areva, Bouygues-Rails ou Danone-Transports. L’alliance Suez-GDF, toute récente, est un pas de plus vers la privatisation du secteur énergétique, GDF et EDF qui, comme c’est bizarre, nous annoncent une augmentation de 4 % de leurs tarifs pour la rentrée. Le service public doit produire du dividende à ses actionnaires, il est fait pour ça, nous est-il expliqué. Voilà qui est nouveau ! Achetez des actions Suez et Areva, camarades ! Et si votre mutuelle augmente ses tarifs, changez-en ! Et c’est là que je voulais en venir pour conclure.

Cette seule petite phrase de la ministre de la Santé traduit bien la vision qui est la sienne, sa mentalité et celle de tout le gouvernement en place : la mutuelle n’est rien d’autre pour elle qu’une affaire commerciale. Le terme de mutuelle signifie pour la ministre : épicerie, mise en concurrence sur un marché, petite société par actions dont on attend des dividendes… Aucune idée de solidarité, de générosité, ou de mise en commun dans son propos, seulement du profit. Jusqu’alors, on accusait les mutuelles de faire survivre l’esprit corporatiste, aujourd’hui on en fait un fonds de commerce. La belle Roselyne assimile l’esprit mutualiste au Pari Mutuel Urbain où l’on additionne des mises dans le but de se les partager et sans doute feint-elle d’ignorer qu’à leur origine les sociétés mutualistes s’appelaient : sociétés d’entraide et de secours mutuels. Elle feint de l‘ignorer et elle pense en l’exprimant que tout cet argent des cotisants serait bien mieux dans la poche des gros groupes bancaires qui, eux, possèdent l’expérience et savent réaliser du profit.

Après l’énergie, la santé et demain la justice, l’armée et l’école placées sous le règne du privé c’est-à-dire du profit. Voilà à quoi nous devons nous attendre. Il faut à tout prix satisfaire les lecteurs du Figaro qui ne veulent plus payer d’impôts ni de fonctionnaires ni de trente-cinq heures mais qui vivent des dividendes… que nous produisons, ce qu’ils oublient.

G.B. Juillet 08.

*) Vous trouverez, tiré à part, ce qu’on peut appeler une Chronique de la haine ordinaire puisée sur Internet dans les commentaires des lecteurs du Figaro au sujet du refus d’Hortefeux de laisser se

produire une manifestation contre les centres de rétention des sans papiers. Edifiant ! 3-2008 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 43/55

Soixante-seize fois un.Je   lis  dans  Le  Figaro  que   l’un  des  patrons  du  CAC  40,  hormis  les  avantages  tels  

que   parachute   doré   et   stocks-­‐options,   dispose   d’un   salaire   annuel  égal   à   76   fois   la  moyenne  des  salaires  de  ceux  qu’il  emploie.  J’ai  relu  :  soixante-­‐seize  fois.  Or,  tous  ne  sont   pas   smicards.  Plaçons   alors   la   barre   à   2.500   €   et   poussons   l’analyse.  Le   Figaro  (Serge   Dassault),   qui  ne   refuse   jamais  de   prendre   la   défense   de   son   lectorat   le   plus  cher,   y  va   de   son   chapitre   et   justi#ie   cet   écart   de   1   à   76   par   les   «   nécessités   »   et   les  «  besoins  »  liés  à  la  fonction  dudit  patron.  

  Ils vivent dans un autre monde. Pour eux, le mot de chômage ne signifie pas privation de travail, absence d’avenir, renonciation à tout projet mais courbe d’un graphique qu’il faut maintenir haut pour conserver à l’action en Bourse un niveau acceptable par les actionnaires. Je cite : « La décision de supprimer 550 postes chez Total doit être considérée comme un acte fondé et responsable ».

Ils vivent dans un autre monde, sans voir la désespérance de ceux qu’ils ont en charge quand on lit que le patron (français) de Continental, s’adressant à la presse, se réjouit de voir l’usine de Timişoara doubler sa production avec des ouvriers à 300 € par mois : « Que me reprochez-vous ? Mes sentiments européens sont profonds, je fais travailler l’Europe, quelle critique apportez-vous à ça ? ».

Ils vivent dans un autre monde lorsque, pris les doigts dans le pot de confiture, ils veulent nous faire constater et croire que leur enrichissement personnel entraîne de facto l’enrichissement et le bien-être de tous par les effets induits (lu dans un commentaire d’un article du Figaro favorable au bouclier fiscal). Soit ils sont inconscients, soit ils n’ont pas le courage de dire que pour sauvegarder leurs « valeurs », la seule variable dans laquelle on peut tailler selon leur vision de la société est l’élément humain.

Ils ne veulent plus entendre les termes de lutte de classes, c’est dépassé, c’est de l’ancien siècle. Ils vivent en vase clos dans l’enfermement mental du profit pour le profit. Le rapport 1/76 ne les choque pas, ne les interroge pas. Ils ne savent ni le prix du pain ni le montant d’un loyer, ils vivent sans se questionner sur le sort des autres, ils raisonnent en termes d’abstractions, de graphiques et de pourcentages. Finalement, les marginaux, ce sont eux. Que l’on en juge :

La société - son PDGRémunération annuelle fixe

Rémunération annuelle totale %

Groupe Danone - F. Riboud 1.050.000 4.279.350 + 7 LVMH - Bernard Arnaud 1.679.396 3.879.396 - 3,06L’Oréal - Jean-Paul Agon 2.100.000 3.465.000 - 13,38GDF-Suez - G. Mestrallet 1.337.667 3.168.037 + 15,33Arcelor Mittal – L. Mittal 1.471.000 3.160.000 - 1,57Total – Ch. De Margerie 1.250.000 2.802.000 + 4,28Vivendi - J.-B. Levy 885.800 2.568.000 + 2,31

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 44/55

Alsthom - Patrick Kron 1.035.000 2.535.000 - 2,84Air liquide - Benoît Potier 1.020.000 2.512.000 + 2,61

Imaginons alors, mettons-nous dans la peau de cet homme aux besoins et aux nécessités astronomiques :

Me   levant   de   bon   matin,   après   soixante-­‐seize   douches   j’use   de   soixante-­‐seize  rasoirs,   je   me   fais   servir   soixante-­‐seize   petits   déjeuners  que   je   consomme   en   lisant  attentivement   les   soixante-­‐seize   exemplaires   du   Figaro   du   jour   dans   ses   pages  économiques,  j’embauche  soixante-­‐seize  paires  de  chaussures,  j’endosse  soixante-­‐seize  vestes,  je  sors  mes  soixante-­‐seize  BMW  équipées  d’autant  d’autoradios  et  me  rends  au  bureau  où  je  vais  émarger  soixante-­‐seize  fois  plus  que  la  moyenne  du  personnel  que  je  dirige.  Quand   vient  midi,   on  me   sert   soixante-­‐seize   plateaux-­‐repas   auxquels   j’ajoute  soixante-­‐seize   cafés…  Ceci  se   justi#ie   par   nature   autant   que  par   nécessité   puisque   j’ai  soixante-­‐seize   fois   plus   de   responsabilités   et   soixante-­‐seize   fois   plus   de   besoins  élémentaires.  

Je blague mais pendant ce temps, les plans sociaux se multiplient, les licenciements (actes fondés et responsables) se banalisent, les délocalisations et les restructurations ne surprennent plus, l’état de chômeur dont nous avions si honte jadis menace tous ceux qui ont encore un emploi. Tous, car même des entreprises florissantes ont recours à ces méthodes de voyous, encouragées par la mise au pilon du Code du Travail, le recours au travail précaire, aux agences d’intérim, aux aides de l’Etat providence dont les actionnaires sont les premiers bénéficiaires (demandons-leur où passe l’argent des aides à l’emploi, ils restent muets !).

Depuis le deuxième choc pétrolier, le chômage est passé de 2 à 9 %, les valeurs se sont inversées, la liberté d’entreprendre s’est confondue avec le libéralisme sauvage dont elle est un sous-produit, la liberté du travail s’est vite traduite par liberté d’exclure et… de normaliser la pauvreté. Ils appellent cela « harmoniser les moyens à l’économie de marché ». En retour, écoutons leurs propos cyniques et volontairement simplistes : «  De  quoi  se  plaignent-­‐ils  ?   Ils  ont   les  Assedic,  le  RMI  et  des  moyens  d’assistance  qui  nous  coûtent  une  fortune,  ils  sont  payés  à  ne  rien  faire  et  de  surcroît  ils  se  plaignent  et  manifestent.  C’est  le  monde  à  l’envers  !  ». Je n’invente pas, c’est le discours qu’ils tiennent.

Depuis bientôt dix ans, la France voit se creuser les écarts entre ceux qui produisent la plus-value et ceux à qui elle profite. La machine s’emballe, dix années ont suffi pour doubler la mise : l’écart 1 à 40 d’hier s’exprime aujourd’hui par 1 à 80 ou davantage. Le nombre des riches et le niveau de leur fortune ne cesse de croître. Une haute bourgeoisie nouvelle se développe, nous rappelant les fameuses deux cents familles qui ont fait les belles heures du début du XXe siècle. Nous voilà rendus devant les deux mille familles, Morfales et Fils.

G. Brenier. 2-2009 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 45/55

Statistiques bigoudainessix jours et sept nuits à Loques-tu-Dis.

Cinquante et un Anaajstes venus des quatre coins de l’Hexagone ont bénéficié de soixante-seize heures et trente-quatre minutes d’ensoleillement sans une goutte d’eau.

Ils ont consommé vingt-deux raies au beurre, cent soixante-douze filets de cabillaud, cent cinquante-six parts de poisson panné, soixante-huit litres de vin rosé, quarante-sept kilos de pommes de terre, cent trente-quatre pains en morceaux, dix-sept kilos de fromages variés, deux cent quarante-trois fruits divers et quatre litres et demi de salive en bavardage au cours des repas.

Une petite équipe d’une vingtaine de randonneurs a parcouru en tout sept cent dix-neuf kilomètres huit cent trente sur les GR, dans la lande et sur les sentiers des douaniers, d’autres, plus témé-raires encore, ont gravi deux mille sept cent vingt marches pour escalader le phare d’Eckmühl tandis que chaque soir (ou presque) cinq courageux(ses) ont mouillé leur maillot de bain dans une eau dont la température variait entre 17° 8 et 19° 3.

Vingt-trois parmi les cinquante et un ont pris huit cent vingt-deux photos, trois ont filmé pour une durée totale de seize heures cinquante-quatre.

Cinq ont débattu pour savoir si l’on devait prononcer Pain-Mare ou Penne-Marche. Le débat s’est achevé sans conclusion.

Tous ont cherché en vain une femme portant la coiffe bigoudène. Ils ont fini par en dénicher une, en cire, au musée de Pont-L’Abbé.

Les cinquante et un Anaajistes ont acheté et envoyé trois cent quarante-deux cartes postales. Seulement onze d’entre eux ont pensé à en faire signer aux copains présents pour d’autres copains absents.

7 % ont critiqué l’organisation mais n’ont rien proposé. 19 % ont loué l’organisateur à l’issue du séjour. 39 % ont dit que c’était très bien mais n’ont pas commenté. 21 % ne se sont pas prononcé. 19 % n’ont pas été consultés.

G. Brenier.

4-2009 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 46/55

Humeur. Monsieur Frédéric Lefèbvre,

J’ai pris connaissance de votre proposition de voir travailler les personnes se trouvant en arrêt pour maladie et j’y souscris pleinement, il y a beaucoup trop de profiteurs dans ce pays.

Ainsi, reprenant votre argumentation, je suis parvenu à convaincre ma fille des avantages que procurera cette nouvelle disposition. Celle-ci va subir une opération d’un genou nécessitant la pose de deux prothèses. Son chirurgien prévoit trois mois d’immobilisation complète et au moins deux mois de rééducation. Employée dans une société habilitée à accorder des crédits à l’achat d’automobiles, secteur sinistré du fait de la crise, elle peut donc travailler devant un ordinateur, constituer et suivre ses dossiers.

Entre autres avantages, mère célibataire, elle n’aura plus à faire surveiller et conduire ses garçons à l’école en son absence (8 et 6 ans), elle épargne donc 165 € chaque mois. Un autre avantage est qu’elle n’aura aucuns frais de transport ni aucune de perte de temps (gain réalisé : 48 € et 60 heures chaque mois). Organisant son travail à sa guise et sans la contrainte d’horaires, elle pourra donc travailler plus, par exemple le samedi, voire le dimanche puisque c’est la volonté de notre Président. Et comme il n’est pas possible de vivre simultanément sous deux régimes, choisissant de rester salariée, elle fera économiser à la Sécurité sociale le montant des indemnités journalières qu’elle n’aura pas à percevoir, acte de civisme que je vous prie de noter.

Je l’ai également convaincue de renoncer à ses congés payés, juste contrepartie puisque, du fait de cette situation, elle va faire défaut à son employeur durant les deux ou trois semaines post-opératoires. Enfin, pour avoir l’assurance de conserver son emploi, je l’ai persuadée de prendre en compte la proposition qui lui a été faite par son directeur d’accepter une diminution de 10 % de son salaire du fait de la crise que subit sa profession.

Je vous approuve d’avoir émis ce projet et j’attends de voir quelle suite en donneront les instances chargées de son application.

Je vous adresse mes reconnaissantes salutations.

G.B.

4-2009 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 47/55

L’Empreinte écologique d’après WWF(organisation indépendante pour la protection de la nature

regroupant 5 millions d’adhérents pour un réseau mondial de cent pays)

Sa mission est de stopper la dégradation de l’environnement et de construire un avenir où les humains vivent en harmonie, en conservant la biodiversité et en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables, en provoquant la réduction de la pollution et du gaspillage.

Un rapport de l’Unesco appelé « Planète vivante », soutenu par le WWF et paru en 2008, a fait l’objet de l’émission Le dessous des cartes, présentée par Jean-Christophe Victor sur Arte. C’est cette émission et la lecture de ce rapport qui ont inspiré ce qui suit.

Qu’est-ce que l’empreinte écologique ? C’est ce qui est demandé (ou prélevé) à nos ressources naturelles pour produire ce qui constitue notre subsistance et ce qui accompagne les activités humaines, qu’elles soient nécessaires, utiles, futiles ou accessoires. L’empreinte écologique varie selon les lieux et le type de civilisation et, pour le comprendre, prenons l’exemple de la cuillère en bois servant à lier une sauce.

Imaginons un Indonésien qui a besoin d’une cuillère en bois. La forêt proche lui offre six variétés de bois dans lesquelles il ira prélever une branche – et une seule – après quoi, muni d’un simple couteau, il taillera, dégrossira, polira et abandonnera les copeaux sur place. Ceux-ci, vont sécher, pourrir, se mêler à la terre et se transformer en humus qui nourrira d’autres plantes.

Un Français a besoin d’une cuillère en bois. Il se rend à l’Intermarché du coin où il choisit, parmi six modèles presque semblables, celui qui lui semble le mieux convenir. Il est écrit dessus « Made in Indonésia ». Sa cuillère est du même bois – et vient peut-être du même arbre – que la première. Cet arbre a été abattu, ses branches inutiles ont été brûlées sur place, générant non pas de l’humus mais du CO2. Il a fallu une machine pour abattre l’arbre, il en faut une autre pour le débiter en billes, une troisième pour débiter les billes en planches, une encore pour la découpe des cuillères, une pour la finition… d’autres machines pour le transport, le conditionnement, la mise en place du produit et d’autres encore. Des machines qui consomment de l’énergie fossile, qui ont nécessité divers minéraux, du transport, de l’eau et du courant électrique lors de leur fabrication. Pour ne pas être dérobé, l’article est présenté « sous plastique » en emballage jetable et potentiellement polluant. Pour rentabiliser les machines, on invente des modes que la publicité se charge de répandre et, bientôt, la cuillère en bois, devenue obsolète (on dit : has been !), sera remplacée par un autre modèle.

Des constats !

Depuis plus de quarante ans, la planète est mise à rude épreuve. L’empreinte écologique indique que nous demandons à la nature le doublement de nos besoins. La croissance économique a dopé l’exploitation des ressources selon une courbe ascensionnelle. Selon le lieu et le mode de vie l’empreinte écologique n’est pas la même pour tous sur Terre. Ainsi, vous pourrez reprocher à ce Français de ne pas être allé prélever directement une branche de hêtre dans la forêt voisine, il vous rétorquera que ça n’est ni dans sa culture ni dans ses possibilités. On l’a élevé dans une société libérale basée sur la reproduction des objets à l’infini : la consommation. A titre d’exemple, un Américain qui absorbe 1.000 calories pour sa subsistance demande à la planète seize fois plus d’énergie potentielle (empreinte écologique) et rejette vingt-trois fois plus de CO2 qu’un Indou pour ces mêmes 1.000 calories (plus de 20 % d’obèses aux USA, 1,07 % en Inde). Dans certains pays (Malaisie, Amérique du Sud), on en vient à la déforestation totale pour planter des palmiers qui produisent l’huile de palme, bon marché, de plus en plus utilisée, si nocive pour la santé.

Les pays riches trouvent les moyens de vivre sur des terres plus légères (ils réduisent ainsi leur empreinte écologique au moindre coût). Les pays émergents doivent trouver un nouveau modèle de croissance pour améliorer leur bien-être en restant dans les limites de ce qu’offre la planète. Leur bien-être et leur bien-vivre car, le plus souvent, on les incite à produire… pour nos besoins propres artificiellement entretenus par les

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 48/55

modes et la publicité. On prétend ainsi augmenter leur PIB, en réalité on tire sur leurs ressources naturelles pour leur apporter en contrepartie les excédents de nos produits fabriqués dont ils n’ont que faire car inadaptés à leurs besoins et à leur culture.

Que dire également du gaspillage que pratiquent les pays occidentaux dans lesquels chacun de nous rejette chaque année 70 kg de nourriture (dates de péremption, conditionnement douteux, mauvais choix…), des kilos encore de ces appareils Hi-Tech fabriqués pour être très vite remplacés par un modèle plus performant, dont le recyclage est insuffisant, qui utilisent des métaux rares issus de mines dévastatrices de l’environnement, du plastique que l’on retrouve en suspension dans les océans et dans la nature…

La demande humaine en ressources renouvelables et en absorption de CO2 ne peut être maintenue. L’empreinte écologique est comparée à la capacité de régénération de la planète. L’homme, dès les années 70, consommait plus que le renouvellement écologique de la Terre, soit en 2007 une surexploitation de près de 50 %. Ce dépassement peut se comparer à un compte en banque auquel on retire plus d’argent qu’il n’en possède. Rappelons également que les pays les plus pauvres ne représentent que 12 % de l’empreinte mondiale alors qu’ils totalisent 5 milliards d’êtres sur les 6 milliards que comporte l’humanité.

La tasse de caféRevenons à notre cuillère en bois. L’empreinte « eau » d’une tasse de café noir est de 140 litres. Oui, vous avez bien lu : 140 litres ! Ce chiffre comprend l’eau utilisée pour abreuver le plant de café, récolter, conditionner, raffiner, transporter et emballer les grains de café avant la mise en vente. Si le produit final est présenté dans une tasse jetable et selon qu’on y ajoute du lait et du sucre, on atteint alors le chiffre de 200 litres d’eau pour une tasse (Ces données chiffrées sont extraites de l’émission « Capital terre », sur M6 ainsi que Le dessous des cartes, sur Arte).

A-t-on réfléchi au fait que l’eau blanche (eau de pluie) est devenue eau grise mêlée de produits toxiques au cours de son ruissellement sur les plants de café abreuvés d’engrais et de pesticides ? Ces produits toxiques vont retrouver les résidus industriels dans les fleuves qui les transportent jusqu’à la mer. On exploitait jadis les ressources naturelles des pays « colonisés », on empoisonne aujourd’hui leurs cours d’eaux par notre demande sans cesse grandissante au nom du sacro-saint rendement à l’hectare et du consumérisme.

Le problème de l’eauLe rapport sur lequel nous nous appuyons pour rédiger cet article met l’accent sur l’eau et son usage : eau blanche venue du ciel, eau verte des rivières dans lesquelles on pompe sans mesure pour abreuver les cultures, eau grise des rejets domestiques et industriels. Tout cela finit à la mer. On a agi jusqu’alors comme si la mer était en état de tout absorber et de tout purifier. Depuis Lavoisier, partant de l’idée que l’eau est une ressource inépuisable, on a laissé Pechiney, Rhône-Poulenc et IG Farben déverser dans les lacs et rivières des tonnes de produits toxiques que le sel de la mer pourrait dissoudre. On a simplement oublié que si la mer est salée c’est parce que le sel en suspension dans la terre a pour dernière destination les océans. On a édifié les usines de transformation près des rivières lesquelles nous semblaient destinées à recevoir tous les déchets de la chimie ainsi que ceux de notre consommation usuelle. On a négligé le fait que tous les médicaments que nous absorbons partent dans les urines avec le Bonux de la lessive, les eaux pluviales des parkings urbains, les lisiers bretons et les pesticides répandus sur les maïs. Tout cela converge vers la mer où l’on découvre soudain des poissons mâles qui pondent des œufs qui ne seront jamais fécondés. On voit ainsi que « l’eau pure d’une source » n’existe plus que dans les fables de La Fontaine et dans l’esprit des riches qui ne veulent pas entendre qu’un carat (0,2 gramme) d’or nécessite 9.000 litres d’eau et trois à cinq grammes d’arsenic pour être commercialisé. Sur les continents, l’augmentation de la demande en électricité justifie la construction de barrages hydroélectriques. Ces barrages modifient les débits et tout l’écosystème s’en ressent. On apporte le courant électrique à des gens que l’on prive des poissons d’eau douce qui constituent leur nourriture et qui ne peuvent se reproduire et, dans le même temps, on désertifie les terres en limitant la circulation naturelle de l’eau. WWF évalue à plus de 500 millions le nombre des personnes victimes de ce

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 49/55

procédé. Ailleurs, on prélève allègrement sans regarder vers l’aval. L’exemple le plus frappant est celui de la mer d’Aral, asséchée dans les années 50 par un réseau d’irrigation destiné à favoriser les plantations de coton d’Azerbaïdjan (il faut 11.000 litres d’eau pour produire 1 kilo de coton lequel entre pour 80 % dans nos vêtements). Ailleurs encore, l’édification de barrages et les retenues d’eau privent plusieurs centaines de milliers de personnes de leurs terres c’est-à-dire de leur nourriture : la Chine et, la Russie totalisent à elles deux une superficie inondée supérieure à la France.

Prenons l’exemple du poissonL’insouciance ajoutée à la cupidité font que de nombreuses espèces se raréfient et sont appelées à disparaître : le thon rouge, la baleine à bosse, le requin marteau et bien d’autres encore. Des centaines de milliers de requins sont sacrifiés chaque année pour leurs ailerons dont les Asiatiques sont friands. On arrache leurs ailerons et on les rejette estropiés à la mer où ils meurent. Les pêcheurs marseillais s’entêtent à pêcher le thon rouge qu’ils vendent aux Japonais dont on sait que le poisson constitue la moitié de l’apport en protéines, ces mêmes Japonais qui, sous un rassurant prétexte scientifique, sacrifient des milliers de baleines pour leurs besoins alimentaires. Chez eux, ces faux-culs de Japonais ont défini des quotas et des zones interdites à la pêche près de leurs côtes afin de favoriser la reproduction mais lancent impunément des navires-usines à travers les mers du monde pour marauder le poisson. Les organismes d’alerte pondent des directives, les Etats prennent des engagements mais il n’existe aucun gendarme pour verbaliser les contrevenants.

Il est temps d’y penser… et d’agir !Ces indicateurs montrent à l’évidence que la course à la richesse et au bien-être de ces quarante dernières années a mis la planète à rude épreuve. La croissance économique a dopé une exploitation toujours plus forte des ressources naturelles et la multiplication de toujours plus de rejets et de déchets, palpables et potentiels, de destructions que personne ne songe à maîtriser ou gérer. Les implications sont claires : les pays riches doivent trouver des manières de vivre plus légères en réduisant leur empreinte écologique, en limitant leur dépendance aux combustibles fossiles. Il faudra donc inventer un nouveau modèle écono-mique, adapter nos manières de vivre et nos façons de procéder pour les rendre compatibles avec les impératifs de la préservation des espèces et des ressources naturelles. Non, les amis, l’écologie tout court ou politique n’est pas un gadget. Pensons à ce que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants, aux reproches que pourraient nous adresser les générations futures. Refusons le productivisme en prenant soin de ne pas trop décroître (ce qui va être malheureusement le cas dans les vingt années à venir).

Les Ecologues de l’AnaAJ, L.E. et G.B.

Inspiré par le  Rapport  Planète  vivante  2010,  diffusé par WWF.  

1-2011 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 50/55

La beauf attitude

Extrait du catalogue des jouets de Noël de la chaîne Leclerc : « Dès 3 ans » indique le cartouche !

Une insulte à l’intelligence et au bon goût.

Voici avec quoi (pour 299 €) le médiatique et bouillonnant Michel-Edouard Leclerc entend préparer la jeunesse à entrer très tôt dans le consumérisme et la « beaufitude ». Le bel idéal qu’il prône dans ses inter-ventions télévisées se traduit dans les faits à orienter ceux dont on veut faire des dominants à la cervelle creuse lesquels, plus tard, seront nantis d’un bulletin de vote… (je vous laisse apprécier la suite). Tous les magasins le font, c’est une mode. Et je ne parle pas ici de la mode des jouets guerriers made in Japan !

Alors qu’un jouet catalogué « dès 3 ans » doit être créatif, doit éveiller et développer la connaissance, la curiosité et la compréhension de l’enfant, ici on l’incite à paraître, à posséder, à dominer, à étaler sa supériorité… et l’on montre ainsi comment fabriquer des beaufs. Comme papa, mieux que le petit voisin !

A cette image s’ajoute le mini caddy pour la fillette qui suit sa maman dans les rayons du magasin et qui fait d’elle une future consommatrice. Cela fait sourire parce que c’est touchant, ça me fait grincer plus encore que les confiseries disposées à dessein à la hauteur des yeux des enfants.

G.B.

4-2010 retour  au  début-------------------------------------------------------

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 51/55

La France, le seul pays où les milliardaires font grève !

Une grève inattendue a marqué ce mois de juin 2010, une grève qui a pris en otages plus de dix millions d’honnêtes citoyens privés de leur élément culturel essentiel. C’est un scandale, il faut faire quelque chose en faveur de ces gens contraints de faire grève pour être entendus et compris.

C’est de l’équipe nationale de foot qu’il s’agit. Les Bleus. Regardons de plus près les salaires mensuels qui leur sont accordés.

Et c’est bien en euro que je m’exprime :

Thierry Henry 666.000 Jérémy Toulalan 258.000Franck Ribery 416.000 André-Pierre Gignac 242.000Lassana Diara 416.000 Alou Diarra 233.000Nicolas Anelka 400.000 Bacary Sagne 216.000Eric Abidal 400.000 Hugo Lioris 208.000Patrice Evra 400.000 Djibril Cissé 208.000Yoan Gourcuff 367.000 Anthony Reveillère 208.000William Gallas 320.000 Stève Mandanda 192.000Florent Malouda 292.000 Mathieu Valbuena 192.000Abou Diaby 292.000 Sébastien Squillaci 180.000Gaël Clichy 292.000 Cédric Carrasso 166.000Sydney Govou 267.000 Marc Planus 85.000

Soit 6.914.000 € au total chaque mois, 82.968.000/an (le budget annuel d’une ville de 50.000 habitants !).

Thierry Henry gagne chaque mois de quoi s’offrir trois pavillons de la valeur estimée de celui que j’occupe. Gaël Clichy peut chaque mois s’acheter un appartement F4 dans le Marais. Marc Planus, le petit dernier, nous fait pitié avec son salaire mensuel pourtant supérieur à trois traitements annuels d’instituteurs ou, plus précisément, six annuités de SMIC chaque mois.

Je vous laisse conclure.

Léo Lagrange, reviens, ils sont devenus fous !

De  notre  envoyé  spécial  en  Afrique  du  Sud.3-2010 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 52/55

Miss Koty

J’ai pris l’habitude de l’appeler « Madame ». Peut-être est-ce à cause de sa distinction naturelle. Ou bien de ses manières qui lui donnent des airs de princesse orientale. Toujours est-il qu’elle a ce qu’on appelle du chien.

Le soir, lorsque je rentre, je la trouve assise sur le muret servant de clôture et auquel je m’accoude parfois pour bavarder avec un voisin ou un passant. Elle m’a suivi du regard depuis l’arrêt de l’autobus jusqu’à ce que je touche le portillon. Elle tend le front pour un rapide et rituel baiser puis elle quitte son perchoir et s’apprête à me suivre. Parfois elle me précède. Le bruit de la clé dans la serrure, pourtant familier, la remplit de joie. Elle entre avec moi, reprend ses aises, se sent chez elle. Elle ne me quitte plus. Où que j’aille, je la trouve dans mes pas. Pour l’occuper sans entendre ses appels, je lui raconte ma journée à Paris, le travail, les collègues, l’attente dans le métro…

J’ouvre et épluche mon courrier du jour, elle participe en écoutant mes commentaires à mesure que je déchire les enveloppes : « EDF, qu’est-ce qu’ils me veulent ?... Une carte postale de Lucien et Simone… Un avis m’informant que mon abonnement à une revue arrive à échéance… Urba chose, c’est la copropriété… ». Elle hoche la tête, approuve, marque le doute ou la curiosité et finit par me désigner sa source d’intérêt : le placard et le frigo. Son air insistant m’indispose : « T’es gentille, tu me plais beaucoup mais laisse-moi le temps de m’organiser ! »

Je choisis une boîte de tripes. On partagera. Avec trois pommes de terre en robe des champs, une part de fromage et une banane, ça fera un repas du soir convenable. Après quoi, nous passerons la soirée ensemble sur le canapé, devant la télé. Parfois, elle passe la nuit avec moi. D’autres fois, sans que j’en sache la raison, elle disparaît après le dîner sans même un remerciement. Il arrive qu’elle reste une semaine sans donner de nouvelles.

Récemment, elle m’a laissé plus de vingt jours sans visite. Et puis, sans doute remuée par quelques réminiscences, elle est revenue me montrer la nouveauté du moment : trois superbes chatons tigrés, pas très agiles, encore pisseux qu’elle est allée chercher un par un par la peau du cou pour me les exhiber.

G.B.

3-2011 retour  au  début

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Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 53/55

Un journal, des journauxIl  se  passe  toujours  quelque  chose  quelque  part  et  ça  intéresse  toujours  quelqu’un.

J’ouvre  mon  journal  :-­‐  Ariane  5  :  vingt-­‐septième  tir  réussi  (photo).-­‐  Glissement  de  terrain  au  Honduras,  plus  de  cent  disparus.  -­‐  Le  Sénat  adopte  le  projet  de  loi  sur  les  retraites.  -­‐  Sochaux  reste  leader  devant  l’OM.  -­‐  Dimanche  minuit  :  dernier  délai  pour  le  tiers  provisionnel.  -­‐  Pollution  accidentelle  de  la  Nivette  à  Trois-­‐Niveaux  (photo).  -­‐  Persistance  du  beau  temps  jusqu’à  jeudi.  -­‐  Découverte  d’un  trésor  à  Fonds-­‐la-­‐Caisse  (photo).  -­‐  Tragique  accident  sur  la  D.  31  à  l’entrée  de  Juygnes  (photo).  

On aurait pu allonger à loisir cette liste de nouvelles et d’informations, toutes fausses mais vraisemblables mais qui montrent bien l’importance relative des sujets abordés selon nos intérêts, nos motivations, notre sensibilité ou nos nécessités du moment. Le rôle du journal est de toucher tous les publics possibles, donc d’aborder tous les sujets en nuançant l’importance accordée aux articles selon la sensibilité ou l’orientation du lectorat dont il est le reflet et parfois le porte-parole : les actifs, les usagers, les contribuables, les sportifs, les redevables, les possesseurs d’animaux domestiques, les syndiqués, les consommateurs, les ayants droit, les automobilistes, les artisans, vous et moi. C’est la variété de ce lectorat qui commande. On dit « la presse » et ce terme confond indistinctement tout ce qui se diffuse en kiosque. Nuance ! On devrait dire « les presses » et en distinguer au moins cinq :

La presse quotidienne, nationale et régionale, La presse hebdomadaire, La presse spécialisée,Les mensuels, La presse gratuite.

La presse quotidienne nationale (appelée à tort la presse parisienne) est la vitrine du pays. Elle est autant rédigée pour les lecteurs français que pour le reste du monde car c’est elle qui sert de chambre d’écho et de référence, tant auprès des ambassades et des gouvernements étrangers que dans les grands hôtels internationaux et les entreprises multinationales intéressées par ce qui se fait, se pense et se dit en France, plus généralement sur des sujets économiques ou politiques. Elle est lue par des gens qui savent la décrypter et qui connaissent les grandes orientations de chaque journal. Sans oublier les « Français de l’étranger » qui, quoi qu’on dise, restent attachés à ce qui se passe sur leur terroir et sont lecteurs car toujours électeurs.

La presse quotidienne régionale a trouvé ses lettres de noblesse durant l’Occupation, avec le rationnement qui obligeait à surveiller localement la mise en circulation des tickets pour les ayants droit. C’est elle qui nous informe des décès dans la localité, des accidents et incidents survenus dans le canton, des travaux routiers, des festivités, inaugurations et manifestations qui se tiennent dans sa propre commune et qu’il est bon de connaître. Des nouvelles qui font parfois sourire, mais qui sont le reflet de la vie rurale. Ces journaux ont un propriétaire et une ligne éditoriale mais tous se proclament « apolitiques ». Leur règle est de ne pas déplaire et la réalité veut qu’ils doivent naviguer sous les regards d’un préfet, entre des élus de toutes tendances et un lectorat de toutes sensibilités.

La presse spécialisée. Quotidienne, celle-ci recouvre les titres tels L’Equipe ou Paris-Turf. On peut y ajouter les journaux de Bourse, des titres à tirage très limité à l’usage d’une profession (Le Quotidien du Médecin) et d’autres, à tirage restreint, qui intéressent un public ciblé constitué d’abonnés. Hebdomadaire, on trouve en premier lieu les programmes de la télévision, suivis de la presse féminine, la presse pipeule, des journaux d’annonces... Une dizaine de titres se partagent le marché dans chacune de ces catégories. Nous nous garderons d’en analyser le contenu, le plus souvent en prise directe avec le consumérisme par le biais de contrats publicitaires.

La presse hebdomadaire d’opinion est à la fois généraliste et engagée. Elle vient en complément de la précédente par la force des choses, la nature ayant horreur du vide. Hormis six titres dominant le marché (Le JDD, VSD, Le Point, L’Express, le Nouvel Obs et Marianne), les autres sont « à tirage confidentiel ».

Les mensuels. La mode, les voyages, l’informatique, les animaux, la santé, l’éducation, l’automobile, les jeux, la maison, le jardin, la scène et l’écran, l’astrologie, l’économie, la pêche, la décoration, l’écologie…, autant de sujets et de bonnes raisons de faire triompher la diversité. Toutes ces rubriques offrent environ douze à quinze titres au lecteur assoiffé. Il suffit généralement de 30.000 lecteurs pour qu’un éditeur qui lance un mensuel retombe sur ses pieds. Plus de deux mille titres sont répertoriés. Leur durée de vie varie de plus d’un siècle (Rustica) à moins d’un semestre. Il en

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 54/55

naît deux ou trois chaque semaine, souvent balayés par les vents de la concurrence si leur contenu n’est pas solide ou s’ils n’ont pas bon appui publicitaire qui les fasse perdurer. Pour le contenu, le besoin a vite fait de devenir une nécessité si la rédaction « accroche » suffisamment de lecteurs.

La presse gratuite. Je m’abonne à l’AFP, à Reuters, à Associated Press et autres, j’établis des contrats avec des agences de publicité et je peux livrer chaque matin un journal composé uniquement de dépêches d’agence dans lequel l’unique rédacteur veille à ce qu’il ne soit surtout pas dit de mal des annonceurs. Pas de commentaires, pas de ligne éditoriale, seulement des nouvelles mises bout à bout pour un public peu curieux et démuni d’esprit critique.

L’info,  denrée  périssable

Le journal est un objet que l’on achète à huit heures le matin, qu’on lit avec empressement et qui, à midi, est étalé sur la table de la cuisine pour peler les pommes de terre du repas. Jadis, il constituait un moment de lecture et faisait le tour de la famille. La « Té-Sef » l’a relégué au second rang. Puis la télé est venue, suivie du satellite qui a permis de faire de grands sauts dans l’espace, de réduire le temps, puis de l’annuler en montrant l’événement en direct, alors même qu’il se produit. La chaîne CNN, un modèle du genre, en a fait son fonds de commerce.

Internet fait circuler l’information en temps réel, sur le vif. Une demi-heure après l’ouverture des kiosques, un journal a déjà reçu dix messages signalant une erreur d’appréciation, un oubli ou le mauvais choix d’un titre. Monquotidien.fr, le journal sur le Net, est remis à jour toutes les heures, on en connaît le contenu sur l’écran du PC familial. C’est si vrai que certains journaux, comme Les Echos, songent sérieusement à abandonner le support papier. De nouveaux titres apparaissent, essentiellement virtuels, comme Rue89, Médiapart ou Atlantico, sites engagés animés par des journalistes qui ne s’expriment que par l’Internet. Sans parler des « blogs » (souvent attachés à une doctrine) qui sont une autre manière de faire circuler l’information hors de tout contrôle et de toute éthique.

Boulevards  et  sentiers  de  l’information

Au tout début, il y eut le coureur de Marathon. Quand Paris apprit par porteurs à cheval que Napoléon avait atteint les portes de Moscou, la retraite de Russie était engagée depuis vingt jours. Les Trois Glorieuses ne furent connues qu’un mois plus tard aux Etats-Unis. Puis vint la fée Electricité. En 1832, monsieur Havas fonde à Paris la première agence autorisée à vendre et diffuser des nouvelles. La France, libérée de Charles X et de ses lois restreignant la presse, voit alors se développer une floraison de titres. Havas sera suivi en 1865 de Reuter, un émigré allemand réfugié en Angleterre, qui s’est précipité sur l’invention du télégraphe pour installer son réseau à travers l’Europe depuis Londres. Il va faire hâter la pose d’un câble sous-marin reliant l’Irlande à Terre-Neuve et New York. Dès lors, le nombre des agences se multiplie, elles se spécialisent avec l’apparition de la photographie, avec le développement et les besoins de l’ère industrielle. Nationale ou privée, chaque pays aura désormais son agence de presse, ses agences vendant tout ce qui peut s’imprimer dans la presse quotidienne ou hebdomadaire. Plus tard, en 1907, Edouard Belin invente un procédé qui permet de transmettre des images (le bélinogramme).

On se trouve là dans le creuset qui reçoit et diffuse tout ce qui peut ou doit paraître à destination de tous les publics du monde entier. Fournisseurs et demandeurs d’informations opèrent et réagissent au gré de l’actualité et de leurs besoins à la manière du grossiste chez lequel se fournit un réseau de détaillants. Prenons un exemple : le 3 avril 2007, une rame du TGV Est atteint la vitesse de 573 km/heure, record du monde. Ce même jour, un incident bloque quatre TER en gare de Quimper tandis que la région PACA met en service la nouvelle rame Alsthom. Le bureau de presse de la SNCF se devant de diffuser les trois nouvelles, adresse donc trois messages à l’AFP qui va les diffuser à son tour. Tous les journaux de France vont bénéficier de l’information. Il va de soi que le record du monde de vitesse fera unanimement la une de toute la presse. Avec un article en retour en page 3. Var-Matin ne fera aucun cas de l’incident en gare de Quimper, trop lointain pour ses lecteurs, alors que Le Télégramme de Brest – s’il en parle – ne consacrera que six lignes à la mise en service des nouvelles rames en région PACA. Chacun voyant midi à sa porte développera à sa manière l’événement local, ici les rames Alsthom, là le retard des TER en gare de Quimper. Pareillement, le naufrage d’un ferry faisant cent victimes en Indonésie ne méritera que six lignes dans Var-Matin alors qu’un feu de broussailles à Cogolin donnera lieu à un article illustré d’une photo. L’émotion guide parfois le choix d’une information.

On peut ajouter que les agences de presse nationales sont le reflet de la pensée des gouvernements des pays qui les entretiennent et les subventionnent. Elles sont « la voix de son maître ».

La suite dans notre prochain numéro… 4-2011 retour  au  début

Extraits de « Notre Amitié » , bulletin de l’Anaaj Paris page 55/55