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Administration 23 rue de Sainte Marie 25750 DESANDANS - Tel : 03.81.93.59.36 [email protected] Timothée LAINE RÉCITAL DE VOIX PARLÉE À LA CARTE Épopée du public, épopée du poème Le récital à la carte c’est un choix de 146 textes de 71 auteurs français et étrangers - chinois (Li Ching Chao), japonais (Haïkus), persans (Omar Khayyam), mexicains (Octavio Paz), russes (Marina Tsvétaïéva), anglais, écossais (Shakespeare, White), allemands (Goethe, Hölderlin, Rilke, Handke, Trakl) italiens (Ungaretti, Leopardi) grecs (Yannis Ritsos), espagnols ou portugais (Machado, Pessoa)…- qui vont de l’antiquité à la période contemporaine en passant par le moyen âge, la renaissance, l’époque classique et romantique, pour un total de 5 heures de texte que le comédien dit par coeur. Le texte le plus court fait 10 secondes – deux courtes phrases tirées des « Cahiers de Malte Laurids Brigge » de Rainer Maria Rilke, le texte le plus long fait 9 minutes – Un coup de dés de Stéphane Mallarmé (1842-1898). On distribue la liste des textes au public. Le public est l’architecte du programme.

Timothée LAINE RÉCITAL DE VOIX PARLÉE À LA … · RAYMOND QUENEAU (1903-1976) Des gestes bien démésurés (1mn) JEAN TARDIEU (1903-1995) ... Le récital de voix parlée à la

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Timothée LAINE

RÉCITAL DE VOIX PARLÉE À LA CARTE

Épopée du public, épopée du poème

Le récital à la carte c’est un choix de 146 textes de 71 auteurs français et étrangers - chinois (Li Ching Chao), japonais (Haïkus), persans (Omar Khayyam), mexicains (Octavio Paz), russes (Marina Tsvétaïéva), anglais, écossais (Shakespeare, White), allemands (Goethe, Hölderlin, Rilke, Handke, Trakl) italiens (Ungaretti, Leopardi) grecs (Yannis Ritsos), espagnols ou portugais (Machado, Pessoa)…- qui vont de l’antiquité à la période contemporaine en passant par le moyen âge, la renaissance, l’époque classique et romantique, pour un total de 5 heures de texte que le comédien dit par coeur. Le texte le plus court fait 10 secondes – deux courtes phrases tirées des « Cahiers de Malte Laurids Brigge » de Rainer Maria Rilke, le texte le plus long fait 9 minutes – Un coup de dés de Stéphane Mallarmé (1842-1898). On distribue la liste des textes au public. Le public est l’architecte du programme.

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I

PINDARE (-518- -438) Onzième Ode olympique (1mn 45s)

UMM HAKIM (période omeyyade)

Je suis lasse de la tête que je porte (15s)

OMAR KHAYYAM (1040 – 1125) Cinq Quatrains (1mn30s)

LI CHING-Chao (1084 ?–1141)

Un air (45s)

GUILLAUME DE MACHAUT (1300 – 1377) La complainte de l’amant (1mn 30s avec traduction)

FRANÇOIS VILLON (1431–1489)

Ballade des dames du temps jadis (1mn 15s) Ballade des pendus (1mn 30)

Epitaphe (15s)

II

PIERRE DE RONSARD (1524–1585)

Le premier Livre des Amours Sonnet : J’espère et crains (1mn) Sonnet : Ciel, air et vent (1mn)

Sonnets pour Hélène : Madrigal (1mn)

Mignonne, allons voir si la rose (45s)

JOACHIM DU BELLAY (1522-1560) Heureux qui comme Ulysse (1mn)

LOUISE LABE (1526-1566)

Sonnet II (1 mn) Sonnet III (1 mn)

Sonnet IIX (1 mn) Sonnet IX (1 mn)

Sonnet XVIII (1 mn)

JEAN DE LA CROIX (1542 – 1591) Nuit obscure (1mn 45s)

SHAKESPEARE (1564-1616)

Sonnet (1mn 15s)

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III

JEAN DE LA FONTAINE (1621-1695) Le lion amoureux (2mn 30s)

Le lion abattu par l’homme (45s) Le vieillard et l’âne (1mn) Le loup et le chien (2mn)

Le lion et le rat (45s) La colombe et la fourmi (1mn)

Le cochet, le chat et le souriceau (2mn)

CORNEILLE (1606-1684) Stances de Rodrigue Acte I scène VI Le Cid (3mn)

JEAN RACINE (1639 – 1699) Phèdre - monologue de Théramène – acte V scène 6 (4mn)

AGRIPPA D’AUBIGNE (1552-1630) Les lys me semblent noirs, le miel aigre à outrance (1mn)

Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT (1594-1661) Sonnet inachevé (1mn)

MATSUO BASHÔ (1644-1694)

Trois Haïkus (30s)

MORIKAWA KYOROKU (1656-1715) Haïku (15s)

IV

L’ABBE DE L’ATTAIGNANT (1697–1779)

Le mot et la chose (2mn)

FRIEDRICH HÖLDERLIN (1770 – 1843) Patmos (court extrait) (1mn)

GOETHE (1749-1832))

Faust (La nuit) extrait (3mn)

VOLTAIRE (1694-1778) A Madame du Chatelet (2mn)

KOBAYASHI ISSA (1763-1827)

Quatre haïkus (30s)

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V

LEOPARDI (1798-1837) Chant nocturne d’un berger errant d’Asie ( 8 mn)

LAMARTINE (1790-1869)

Le lac ( 3mn 30 s)

VICTOR HUGO (1802–1885) Le mot (1mn 45s)

La conscience (3mn 30s) Demain, dès l’aube (1mn)

Les martyres (2mn) La vision (7mn 30s)

GERARD DE NERVAL (1808 – 1855)

El desdichado (1mn)

ALFRED DE MUSSET (1810 – 1857) Nuit de décembre (6mn)

CHARLES BAUDELAIRE (1821- 1867) LES FLEURS DU MAL

Le voyage (6mn 30s) L’albatros (1mn)

L’invitation au voyage (1mn 15s) Spleen (1mn 30s)

La vie antérieure (1mn) La beauté (45s)

Réversibilité (1mn 15s) Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne (30s)

Le vin du solitaire (45s) SPLEEN DE PARIS

Enivrez-vous

PAUL VERLAINE (1844- 1896) Je ne sais pourquoi (1mn)

Ariette (30s) D’une prison (30s)

L’heure exquise (30s) Chanson d’automne (30s)

Gaspard Hauser chante (45 s) J’allais par des chemins perfides (30s)

O triste, triste était mon âme (30s) Dans l’interminable ennui de la plaine (30s)

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ARTHUR RIMBAUD (1854 – 1891)

Voyelles (1mn) Le bateau ivre (6mn)

Illuminations (extraits)

Je suis un inventeur (1mn) Dans un grenier où je fus enfermé (45s)

J’ai tendu des cordes (15s) J’ai embrassé l’aube d’été (45s)

La réalité étant trop épineuse (45s)

Le buffet (1mn) Ma bohème (1mn)

Au cabaret vert (1mn) Oraison (1mn)

L’étoile a pleuré rose (15s)

Une saison en en enfer (extraits) Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin (1mn)

L’ennui n’est plus mon amour (30s) A moi, l’histoire d’une de mes folies (1mn)

La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe (30s) Enfin, O bonheur, O raison, j’écartai du ciel l’azur (30s)

Je devins un opéra fabuleux (15s) Oui, l’heure nouvelle est au moins très sévère (30s)

Le cœur volé (1mn)

Les assis (3mn) Les effarés (1mn 15s)

Le dormeur du Val (1mn) Roman (1mn 45s)

STEPHANE MALLARME (1842-1898) Un coup de dés ( 9mn)

TRISTAN CORBIERE (1845 – 1875)

Le Crapaud (1mn)

ALPHONSE ALLAIS (1854-1905) Complainte amoureuse (30s)

Le châtiment de la cuisson appliqué aux imposteurs (30s)

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VI GUILLAUME APOLLINAIRE (1880 – 1918)

Nuit Rhénane (1mn) Sous le pont Mirabeau (1mn)

RAINER MARIA RILKE (1875 – 1926)

Le roi lépreux (1mn) Première Elégie (court extrait) (2mn)

Deux courtes phrases tirées des « Cahiers de Malte Laurids Brigge » (10 s)

GEORG TRAKL (1887 – 1914) De Profundis (2mn)

FERNANDO PESSOA (1888 – 1935)

Le livre de l’intranquilité extrait (30s)

ANTONIO MACHADO (1875 – 1939) Une nuit d’été (1mn)

C’est une belle nuit d’été (1mn)

PAUL CLAUDEL (1868 – 1955) IV ème ode-prologue (4mn)

IV ème ode-strophe 1 (5mn)

KÔDA ROHAN (1867-1947) Haïku (15s)

PAUL VALERY (1871-1945)

Le vin perdu (1mn)

MAX JACOB (1876-1944) Amour du prochain (45s)

SAINT-JOHN PERSE (1887 – 1975)

Exil-strophe 3 (3mn45s) Vents-strophe 1 (2mn45s)

ROBERT DESNOS (1900–1945)

Le dernier poème (30s)

MASAOKA SHIKI (1867–1902) Quate haïkus (1mn)

CATHERINE POZZI (1882–1934)

Il ressemblait à l’absolu (15s)

MARINA TSVÉTAÏÉVA (1892–1941) Tu m’aimas dans la fausseté (1mn)

La neige(30s)

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LOUIS ARAGON (1897-1982)

Strophes pour se souvenir (2mn)

RAYMOND QUENEAU (1903-1976) Des gestes bien démésurés (1mn)

JEAN TARDIEU (1903-1995)

Le dilemme (45s)

OCTAVIO PAZ (1914-1998) Toucher (15s)

Complémentaires (15s) Certitude (30s)

JACQUES PREVERT (1900-1977)

Voyages (30s) Barbara (1mn30)

RENE CHAR (1907-1988)

Marthe (1mn)

GIUSEPPE UNGARETTI (1888–1970) Vie d’un homme : 10 courts poèmes (3mn30s)

PIERRE REVERDY (1899-1960)

Tard dans la vie (45s)

YANNIS RITSOS (1909–1990) Conciergerie : à l’approche de l’aube (1mn15s)

Conciergerie : erreurs (45s)

WATANABE HAKUSEN ( 1913-1969) Haïku (15s)

GHERASIM LUCA (1913-1994)

Qui voyez-vous ? (1mn) Les cris vains (45s)

Madeleine (30s) Zéro coup de feu (1mn 30 s)

Passionnément (seul texte lu, 3mn 15s)

LEOPOLD SEDAR SENGHOR (1906-2001) Femme noire (1mn 4Ss)

EUGENE GUILLEVIC (1907-1997)

Courts textes (2mn 30s)

MOHAMMED DIB (1920-2003) Tiré de L’enfant jazz : Paysage (30s)

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VII

ANDRE DU BOUCHET (1924-2001) DANS LA CHALEUR VACANTE

La nue (1mn)

HENRI MESCHONNIC (1932-2009) Parole rencontre : Cinq poèmes (2mn)

MICHEL BUTOR (1926)

Entre les vagues : Table ouverte (1mn)

PHILIPPE JACCOTTET (1925) Le mot joie (3mn30s)

JACQUES DUPIN (1927)

Le soleil substitué 3 fragments (2mn)

KENNETH WHITE (1936) Terre de diamant : 8 courts poèmes (3mn30s)

PETER HANDKE (1942)

Gaspard (30 s)

JEAN-PIERRE VERHEGGEN (1942) Ridiculum vitae 4 courts extraits (1mn30s)

VALERIE ROUZEAUX (1967)

Pas revoir (Les roses les roses je les loue) (45s)

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Épopée du public

Épopée du poème

Manifeste pour un Récital de voix parlée à la carte

Origine et processus de la manifestation

Qualité et sens des textes proposés

Épopée du public architecte, compositeur de voyages renouvelés

Épopée du poème

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Origine et processus de la manifestation Le récital de voix parlée à la carte n’aurait pas pu naître d’une idée éclair qui se serait invitée par inadvertance. La proposition qui invite le public à construire le programme d’une soirée à partir d’une liste de textes retenus par le passeur est le fruit d’un travail ancien, continu, contrapunctique - nous préciserons ce point en priorité - et quotidien. Contrapunctique, parce que le concept de récital à la carte s’est élaboré à la suite de trois pratiques régulières : 1) L’exercice de la lecture publique qui résulte de longues recherches en bibliothèque. La lecture à voix haute oblige à un rapport tout à fait particulier avec le texte, relation paradoxale sur laquelle je voudrais m’arrêter un instant. L’utopie du lecteur, en opposition au travail de l’acteur, serait de lire pour la première fois l’œuvre qu’il présente au public, afin que le texte impose sa structure, sa matière, son discours, avant que la voix média ne puisse penser à ce qu’elle transmet. Le test du micro est la preuve empirique de cette remarque. La première prise de son, lors d’une découverte, est toujours la meilleure prise, indépassable. Concrètement si la lecture publique exige une technique rigoureuse, la vérité de la lecture ne s’acquiert pas en rabâchant les phrases, les chapitres ou les vers, le passeur doit au contraire s’abandonner, s’autoriser une confiance qui lui permet alors de lâcher prise, de se laisser conduire par la structure du texte. L’idéal serait que le lecteur et l’auditeur découvrent en simultanéité l’écriture d’un auteur, afin que le texte surgisse au plus près de l’énergie originelle. Cette réflexion résulte de plusieurs années d’expérience de lecteur public qui ont abouti à quelques cinquante programmes thématiques ou qui défendent l’œuvre d’un auteur. 2) Dans le même temps, je proposais sur douze années (1997-2008) six récitals de poésie « Clameurs , « De Villon à Ghérasim Luca », « Poèmes du monde », « Rimbaud à la lettre » « Dans le chaleur vacante » d’André Du Bouchet ou « Philoctète » de Yannis Ritsos. Le travail des récitals se différencie du travail des lectures, parce qu’ils s’appuient sur la mémorisation et l’interprétation des textes. Il est à souligner néanmoins que sans lecture en amont, les récitals n’auraient pas de sens. Pour dire par exemple un poème de René Char, il me faut avoir lu l’ensemble des textes de l’auteur en intimité et lu en public deux programmes qui éclairent l’œuvre sous des angles particuliers, pour Victor Hugo, trois programmes…etc. La relation entre le passeur et le poème dans un récital et dans une lecture n’est pas la même. S’il me fallait exposer la différence en quelques mots, j’expliquerais que dire un texte par cœur, c’est chercher le corps à corps, le cœur à cœur entre deux respirations, deux souffles, deux voix. 3) Depuis 1991, je pratique les « Balbutiements » qui sont un processus de production littéraire singulier confrontant différents niveaux de langage portés par le corps, le souffle et la voix. Quatre étapes composent ce processus d’écriture : improvisation sans thème préétabli devant un public avec enregistrement sur magnétophone, retranscription libre sur papier, travail d’écriture classique, édition et lecture devant public avec possibilité d’extrapolation. La première étape improvisée exige la même disposition d’esprit que le lecteur devant une page d’écriture. La page en quelque sorte doit être d’abord blanche. Dans les « Balbutiements », le silence est le point iconique à partir duquel, dans le simulacre de la table rase, des sons peuvent être produits comme une première fois toujours renouvelée.

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La résonance de ces trois pratiques a permis dans un premier temps que je réponde favorablement à des propositions de prise de parole à l’occasion d’un salon du livre, dans des maisons d’arrêt, lors de journées du patrimoine aux alentours d’une abbaye par exemple ou d’une demeure du dix-huitième, en extérieur, dans un village, en milieu urbain, pour l’inauguration d’une médiathèque, d’un théâtre, lors d’une randonnée pédestre …etc. Ces expériences m’ont fait entendre les textes dans un autre ordre, se répondant autrement les uns les autres. Tout doucement, le concept de récital à la carte faisait son chemin.

Qualité et sens des textes proposés Premier point concernant le programme : le choix des œuvres résulte d’une « cuisante morsure de la nécessité » (Lear : acte 2, scène 4). Second point : si quelques correspondances entre les textes sont la conséquence d’une conscience en amont, la plupart des résonances se découvrent et continuent à se découvrir au fil du temps. Il est vrai qu’entre le premier vers du sonnet de Pierre de Ronsard « J’espère et crains, je me tais et supplie » et le premier vers d’un autre sonnet de Louise Labé « Je vis, je meurs, je me brûle et me noie », le lien structurel du vers est flagrant. Le public entend le seizième siècle et devine que le choix des deux textes n’est pas innocent. Plus complexe est la mécanique du lien, quand il arrive à la conscience après coup, après voir travaillé pour d’autres raisons des textes d’auteurs apparemment éloignés. Je prendrai ici l’exemple de trois femmes poètes : Li Ching Tchao, Louise Labé et Marina Tsvétaïèva. Une femme chinoise du XIème siècle, une femme française du XVIème siècle et une femme russe du XXème siècle. Il m’aura fallu de longues années de découverte, de travail et de rencontre pérenne pour ressentir physiquement l’affiliation rythmique de ces trois poètes. Oui, ces trois écritures étrangères ont en commun une liberté rythmique commune ; oui, Louise Labé me fait plus penser à Li Ching Tchao et Marina Tsvétaïèva qu’à Pierre de Ronsard, lorsque je dois respirer ses textes. Ces deux exemples qui concernent Louise Labé montrent en fait l’infini réseau souterrain de correspondances entre les écritures. Julien Gracq a magnifiquement écrit sur la chaîne ininterrompue de la langue*. Le récital à la carte me démontre chaque soir qu’il y a une architecture cathédralesque des harmoniques textuelles. Cette découverte empirique n’exclut pas les travaux pédagogiques habituels. Je continue bien sûr à proposer des lectures thématiques et d’autres qui présentent l’œuvre d’un auteur à partir d’un point de vue subjectif. Le récital à la carte est une offre supplémentaire qui table sur l’insondable profondeur des œuvres, sur leur propension à révéler du sens là où l’on croyait en avoir compris les limites. Je donnerai un exemple : je dis les vingt-cinq strophes du « Bateau Ivre » depuis plus de douze années. Le texte à chaque fois me surprend et si je parlais de lui comme d’un paysage, à chaque fois il prend la lumière autrement et me révèle une perspective nouvelle. Il en est des grands textes comme de toutes les grandes œuvres, ils nous offrent des possibles renouvelés, ils nous obligent à reconsidérer ce que nous croyions acquis. Le récital à la carte repose sur cette confiance fondamentale : le texte de l’auteur pense plus que le passeur ou l’intermédiaire culturel. C’est le poème qui conduit mieux que quiconque la pensée. Le poème ne se contente pas de dire je, il cherche l’autre à qui parler et s’il parle étranger dans sa propre langue natale, il saura susciter au plus intime de chacun une propension à se révéler traducteur. Le poème est en lui-même « un mode d’apparition du langage » comme l’écrit Paul Celan.

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Épopée du public architecte, compositeur de voyages renouvelés

Épopée du poème Alors oui, avec le récital de voix parlée à la carte, le public devient acteur dans le sens où’il compose le programme d’une soirée rendue unique par sa simple présence participative. Chaque personne s’engage dans un voyage dont il ne connaît pas le parcours, mais dont il peut déterminer à un moment donné une étape. Voyage à travers les siècles. Voyage d’un continent à l’autre. D’une écriture à l’autre. D’un univers à l’autre, créant des passerelles, des résonances, des interférences impensées au préalable qui se révèlent lors de leur confrontation surprise. Je peux témoigner que chaque soirée est une aventure unique, que chaque soirée porte une signature unique, que chaque soirée devient l’épopée d’un groupe de personnes de tous âges, d’expériences professionnelles diverses, hommes, femmes, enfants, chômeurs, élus de la république, réunis avec la même responsabilité de choisir un texte qu’ils désirent entendre, après avoir en avoir entendu un autre, leur choix venant toujours en écho d’un autre texte. Précisons que je commence la soirée par cette strophe des indiens Navajos « La beauté devant moi fasse que je marche/ La beauté derrière moi fasse que je marche / La beauté au dessus de moi fasse que je marche / La beauté au dessous de moi fasse que je marche / La beauté tout autour de moi fasse que je marche ». Et les surprises vous étreignent. Entendre par exemple une première fois « Le crapaud » de Tristan Corbières après « Le pont Mirabeau » de Guillaume Apollinaire, c’est faire se révéler autrement l’architecture des poèmes, c’est les entendre autrement grâce à une nouvelle articulation, c’est appréhender, grâce à une résonance inconnue qui surgit entre deux désordres, l’énigme de leur ordre. Je parlais précédemment de responsabilité, j’aurais pu parler de désir re-suscité surtout si on se rappelle la définitive phrase de René Char : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. » Dans la résonance des harmoniques – qui demeurent - se créent de nouvelles notes fondamentales, non seulement sur le plan sonore mais également au niveau du sens. N’oublions pas Valéry qui parlait « d’oscillation » « d’hésitation prolongée » « entre le son et le sens ». Et cette expression déjà magnifique à penser abstraitement prend corps dans les intervalles imprévus que le public compose. Vous entendez filer les harmoniques. Vous vous laissez transporter. Le public est un tisserand aux mains multipliées, aux désirs souterrains ; sa sagesse du début de séance peut se métamorphoser en arrogance, en foi inébranlable dans le langage, et c’est comme cela qu’après une heure trente de textes partagés, une voix approuvée par l’ensemble de la salle vous ordonne, ce qu’aucune raison intermédiaire ne pourrait concevoir, de dire « La vision » qui introduit « La légende des siècles » de Victor Hugo. Vous ne réfléchissez plus ; vous vous en référez à l’auteur ; vous le tutoyez sans plus de ménagement ; vous vous défaussez : « Parle leur » ; et votre voix n’est plus fragile, votre corps répond aux souffles attentifs et retenus de la salle qui trouve cette rencontre naturelle. Puisque c’est comme cela qu’ils osent, une fois encore, vous sentez qu’ils ont eu raison au-delà de votre raison, de votre savoir, de vos lectures, de ce que vous saviez des possibles contenus dans le programme que vous avez mis plus d’une décennie à habiter. Il me faut reconnaître que « les étincelles du hasard » ont bien souvent remis en question les nombreux a priori que nous trimballons tous avec nous, malgré nous. Un certain soir, ils ont eu la magnifique audace de terminer la rencontre par « Un chant nocturne d’un berger errant d’Asie » de Giaccomo Leopardi, alors que le récital avait commencé avec Valérie Rouzeaux et Philippe Jaccottet ; et la judicieuse opportunité de leur choix vous accompagne longtemps après ; vous vous émerveillez déjà lorsque vous rentrez dans la nuit et que la pleine lune caresse malicieusement les toits des villages du Haut-Doubs comme un clin d’œil irréel qui vous incite à penser que vous rêvez votre

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vie ; vous vous émerveillez plus tard encore au fil des souvenirs qui s’invitent dans votre quotidien incrédule. Je me souviens aussi d’une petite fille qui me demanda « Nuit de décembre » de Musset. J’hésite. Est-elle sûre de vouloir entendre six minutes d’un texte qui n’est pas destiné aux enfants ? Et c’est elle qui, par son écoute, interroge la solitude, c’est elle qui m’oblige, à ce moment-là, au voyage que je jugeais improbable, et c’est justement parce que je n’étais pas prêt, qu’il me fallait tout entier m’abandonner à l’écoute directe de cette petite fille qui exigeait Musset et rien d’autre, que le miracle se produisît et qu’une autre voix intérieure me fît mieux comprendre ce que voulait dire en écho St John Perse «murmurant murmures d’aveugle-né dans les quinconces du savoir ». Nouvelle coupure, nouvelle couture et une nouvelle compréhension de ce mot quinconce : oui, je suis bien l’aveugle-né dans les quinconces du poème, dans les quinconces des poèmes où s’aventure la voix parlée conduite par l’érudition aléatoire du public ; dès lors le récital devient lui-même poème. Je pourrais multiplier les exemples. Prendre les programmes de toutes les soirées, car il y aurait à écrire sur chaque soirée, il y aurait à inventorier les découvertes, à les penser, à s’émerveiller des rencontres inattendues. C’est pourquoi la première expression qui m’est venue alors que je sillonnais les routes d’un village à l’autre, d’une ville à l’autre, chaque jour habité par une ivresse de celui qui a entendu ce qu’il n’avait pas entendu jusque là, c’est le mot épopée. Épopée du public d’abord, je le crus, épopée du poème ensuite je le découvris. Croyez-moi, le passeur que je suis comprend mieux encore ce vers de Rimbaud : « Au gouvernail, on voit des fresques ». Et quelles fresques ! « Ithyphalliques et pioupiesques » ? Pas seulement. À la question « Qu’est ce que la poésie ? - j’aurais préféré « Qu’est ce que le poème ? » -, la réponse de Jean-Michel Maulpoix est pertinente. Il ouvre bien des perspectives, pose des dialectiques (des forces contraires précise t-il) qui donnent à penser, à désirer le poème. Je cite les titres de ses paragraphes : « avancer/ se retourner », « chercher/ trouver », « couper / lier » écrit-il. N’est-ce pas la description involontaire de ce que fait le public ? Sûr de son savoir (aveugle-né il ne devrait pas l’être) ou aventureux et désireux d’entendre ce qu’il ne croit pas savoir, la voix dans le public qui s’élève exprime un désir d’odyssée selon le terme d’Henri Meschonnic : « Le poème montre que l’odyssée est dans la voix. Dans toute voix. L’écoute est son voyage. » Il est vrai que souvent le voyage n’est pas là où on l’attend. Une Ode olympique de Pindare n’est pas seulement un témoignage antique et grecque, c’est un lien direct, présent avec notre désir de chanter l’exploit de ce que la Bible nomme notre temple, c’est-à-dire : le corps. Et lorsque la voix en appelle à Pindare, lorsqu’elle se retourne si loin, si proche, elle ne sait peut-être pas encore qu’elle pourra mieux avancer avec Du Bouchet, mieux sentir sa marche montagnarde. En intériorisant la coupure du vers du poète grec, elle se prépare à respirer le manque d’oxygène de Du Bouchet et inversement. On voit qu’il ne s’agit pas d’aimer ou pas les juxtapositions géographiques ou historiques improbables, mais de s’ouvrir aux télescopages les plus inouïs pour dépasser justement l’inentendu de ces résonances et de se mettre en position de les entendre. Que veut dire en position ? La réponse doit être en même temps claire et savante : il s’agit (c’est vrai pour le passeur comme pour la personne du public qui écoute le poème), il s’agit de se trouver à la bonne distance non pas du texte en général, non pas du vers, non pas du mot ou du phonème, mais du souffle originel à la source du geste de l’écrit. Et c’est dans ce mouvement de retournement et d’avancée, c’est dans l’acte de couper ou de lier (je veux entendre plusieurs fables de la Fontaine à la suite ou je demande à entendre un « Haïku » de Matsuo Bashô après « La Muse qui est la grâce » de Paul Claudel) que le poème impose une loi qui fait que l’on ne trouve pas toujours ce que l’on cherche, mais souvent beaucoup plus que ce l’on cherche. C’est vrai que je sais d’avance que Kenneth White a lu Morikawa Kyoruku, qu’il n’a pas seulement voyagé dans les trains et les avions, mais surtout dans les livres ; cependant cette concordance anticipée n’est pas la grande source de l’épopée ; la connaissance en amont d’un seul homme ne peut pas être la véritable source de l’épopée. Le

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récital de voix parlée à la carte impose une érudition nouvelle, monumentale, incommensurable : celle de la rencontre inopinée avec un public dont « Le coup de dés jamais n’abolira le hasard », celle d’un horizon qui s’ouvre à l’énigme, à l’odyssée, de façon exponentielle chaque fois qu’une voix singulière exige, invente, compose une articulation nouvelle entre deux poèmes. Henri Meschonnic écrit encore « Un poème ne célèbre pas, il transforme ». Le récital de voix parlée à la carte est un objet en constante métamorphose qui oblige à la reprise critique de son propre savoir. Le récital et son interactivité permettent et au poème et à la voix de réinventer et la vie et le langage. Épopée du public, épopée du poème, le récital de voix parlée à la carte nous transforme en relieur de corps qui ne restent pas étrangers les uns aux autres au fond de l’inconnu du poème. * « en lisant, en écrivant » Julien Gracq

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TIMOTHÉE LAINE

BIBLIOGRAPHIE

« EMPREINTES » (500 exemplaires) Éditions L’Atelier du Grand Tétras (Mont de Laval 25) mars 2010 « CINQ POÈMES DRAMATIQUES » :

« L’APPEL » « LE LIT, ELLE » « LE CONCERT » avec le concours du Centre national du livre « L’INCARCÉRÉ » avec le concours du Centre national du livre « L’APPARITION »

(1000 exemplaires chacun) Éditions Main d’Oeuvre collection Réplique (Nice 06) novembre 2008

« L’INCARCÉRÉ » a été reçu par le Bureau des lecteurs de la Comédie Française et lu pour la première fois dans le cadre du Festival des écritures contemporaines par Éric GÉNOVÈSE, Sociétaire de la Comédie Française, au Théâtre du Vieux Colombier, le 30 juin 2008 « L’APPEL » livre d’artiste unique Éditions Jane Otmezguine (Nice 06) mars 2008 conception et maquette de Claude Délias acquisition par la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale de Nice « BALBUTIEMENTS » (500 exemplaires) Éditions L’Atelier du Grand Tétras (Mont de Laval 25) juillet 2005 ouvrage publié avec le concours du Centre régional du livre de Franche-Comté et de la Région Franche-Comté « CINQ FOLIES » (30 exemplaires + 5 exemplaires HC) Éditions Jane Otmezguine (Nice 06) sous le titre « ARAR Cinq folies » mars 2005 dans une collection de bibliophilie avec des œuvres originales du plasticien Claude Délias acquisition par plusieurs grandes bibliothèques de France et par le Musée Rimbaud de Charleville-Mézières Collaboration au numéro 44 - EnfanSillages - de la revue BACCHANALES éditée par la Maison de la Poésie Rhône-Alpes, novembre 2009 Collaboration au numéro 4 de la revue ici é là éditée par la Maison de la Poésie de St-Quentin-en-Yvelines, juin 2006 Collaboration au numéro 35 de la revue BACCHANALES éditée par la Maison de la Poésie Rhône-Alpes, novembre 2004 Créateur avec le peintre Aki Kuroda d’un journal littéraire COSMISSIMO, collaboration aux 5 premiers numéros (1991 – 1993).

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TIMOTHÉE LAINE

BIOGRAPHIE Né en 1955, Timothée Laine mène un travail artistique ouvert sur plusieurs fronts.

Lectures littéraires : plus de 50 programmes thématiques ou par auteur (dont créations avec des textes de Michel Butor, Pierre Alechinsky…).

Récitals de poésie dans toute la France. À l’initiative de plusieurs spectacles et performances pluridisciplinaires en collaboration avec des peintres (Aki Kuroda, Claude Délias) et des musiciens (Arthur Aharonian, Danuta Glowacka…). Maison de la Poésie de St-Quentin-en-Yvelines (78) « Rimbaud à la lettre » 2006, « L’Appel » 2009, « Théâtre des Balbutiements » 2009 ; Centre Européen de Poésie d’Avignon « Le banquet d’un acteur » 2002, « Le banquet littéraire » 2005.

Plusieurs mises en scènes dont : « Phèdre » de Yannis Ritsos, Théâtre du Quai de la Gare à Paris, « Thyeste » de Sénèque, place des Grés à Paris et « Peinture sur bois » de Bergman, Théâtre Oblique à Paris.

Improvisations « Balbutiements » depuis 1991 à La Villette (Pavillon Tusquet et dans une Folie du parc), au Théâtre Montorgueil, au Théâtre de l’Ile Saint-Louis à Paris en 1995, à l’Aire des Poètes de Belfort et Montbéliard en 1999, au Centre Européen de Poésie d’Avignon en 2002, à la médiathèque de Carros (06) en 2004, à la Maison de la Poésie de St-Quentin-en-Yvelines (78) en 2006, à la bibliothèque d’Evry (91) en 2006, aux Pérégrinations Littéraires de « Saute-Frontière » (39 et Suisse) en 2006.

Auteur de deux pièces de théâtre inédites : « Rue Daguerre » et « désespérément, Faust ».

Récital de voix parlée à la carte - épopée du public, épopée du poème : 146 textes de 71 auteurs pour près de cinq heures de poèmes mémorisés dont la liste est distribuée au public. Le public est l’architecte du programme.

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Durée du spectacle

Selon le contexte et la demande du public

Contacts 23, rue de Sainte Marie 25 750 DESANDANS tel : 03.81.93.59.36 fax : 03.81.93.42.95 mail : [email protected]

Artiste : Timothée LAINE 19, rue de Coulmiers 75 014 PARIS tel : 01.45.42.34.44 [email protected]

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