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TOME II MACRO ECONOMIE

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TOME II

MACRO – ECONOMIE

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Objectif général : analyser les phénomènes macro-économiques contemporains

(croissance, inflation, chômage) à l’aide de quelques théories macro-économiques ;

parallèlement, appréhender les politiques économiques à mettre en œuvre pour atteindre

l’équilibre.

Cheminement

Point de départ : la comptabilité nationale, les agrégats macro-

économiques : leçon 4

Etape 1 : appréhender les phénomènes monétaires et leurs interactions avec

l’économie réelle : leçon 5

Etape 2 : acquérir les notions de théorie macro-économique et les éléments de

politique économique (politiques monétaire

et budgétaire notamment) : leçon 6

Etape 3 : analyser les phénomènes macro-économiques : croissance, chômage,

inflation, et la mise en œuvre des politiques économiques en vue d’atteindre l’équilibre :

leçon 7

Etape 4 : appréhender les problèmes internationaux :

mondialisation, globalisation

financière, Europe : leçon 8

METTRE EN ŒUVRE LES COMPETENCES ACQUISES DANS LE

CADRE PROFESSIONNEL ET EN TANT

QUE CITOYEN

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LEÇON 5 : AGREGATS MACRO-ECONOMIQUES.

MACRO-OBJECTIFS (dossier pédagogique de l’UE)

1. présenter et d’analyser de manière critique les principaux mécanismes économiques : le circuit économique fondamental et les agrégats macro-économiques ; 2. mettre en évidence le rôle de la croissance économique dans nos sociétés contemporaines : variation du revenu national et du volume de l'emploi.

OBJECTIFS : Au cours de cette leçon, l’étudiant va :

1. définir les agrégats nationaux (PIB, PNB, revenu national, dépense nationale) et en appréhender les

techniques de calcul ;

2. expliciter les notions de PIB nominal et réel, et de déflateur du PIB ;

3. examiner dans quelle mesure ces agrégats constituent un bon indicateur de richesse, de bien-être et

de croissance.

4. établir un premier lien entre PIB et emploi ; 5. réfléchir à la pertinence de ces agrégats; 6. analyser l’évolution et les déterminants de la consommation et de l’investissement ;

7. analyser la problématique des finances publiques ;

8. analyser le contenu de la balance des transactions officielles (BTO) et en interpréter les soldes. PLAN : SECTION 1 : LE CALCUL DU PRODUIT GLOBAL. SECTION 2 : LA CONSOMMATION ET L’EPARGNE. SECTION 3 : L’INVESTISSEMENT. SECTION 4 : LES FINANCES PUBLIQUES

SECTION 5 : COMPTES EXTERIEURS : BALANCE DES PAIEMENTS

RESUME & QUESTIONS DE REVISION.

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SECTION 1 : LE CALCUL DU PRODUIT GLOBAL.

Au cours de la leçon 1, nous avons défini la macroéconomie comme la branche de la

science économique qui analyse le fonctionnement de l’économie dans son ensemble, et

notamment les fondamentaux de notre économie tels que le taux de croissance économique,

le niveau du chômage, celui de l’inflation, … Avant d’exposer les théories qui concernent ces

phénomènes, une première étape est indispensable : LA QUANTIFICATION DES AGREGATS :

nous allons donc nous attacher à définir les principales variables macroéconomiques : produit

global (PIB/PNB)1 et dérivés, consommation, investissement, épargne, finances publiques,

commerce extérieur, en nous basant sur les principes de la comptabilité nationale. Celle-ci

est une technique utilisée pour fournir une mesure quantitative, exprimée en valeur

monétaire, de la totalité de l’activité économique d’un pays au cours d’une période donnée

(en général une année).

Partons du schéma économique simple que nous avons présenté à la leçon 1 :

Offre Demande Revenus Coûts Impôts, taxes, ONSS Impôts, taxes, ONSS Allocations … Subventions Dépenses Recettes Demande Offre FLUX REEL FLUX FINANCIER

1 Produit Intérieur Brut – Produit national Brut – voyez ci-dessous.

MARCHE DES FACTEURS

MARCHE DES PRODUITS

ENTREPRISES MENAGES ETAT

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TROIS APPROCHES DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE

Ce schéma nous montre les trois approches de la quantification de l’activité

économique d’un pays2 :

à partir du flux réel (traits pleins) transitant par le marché des biens et des services, on

observe la PRODUCTION INTERIEURE – OU NATIONALE (OPTIQUE PRODUIT) ;

à partir du flux monétaire (en pointillés) transitant par le marché des facteurs, on mesure

le REVENU NATIONAL (OPTIQUE REVENU) ;

à partir du flux monétaire transitant par le marché des biens et des services, on voit

comment LES REVENUS SONT AFFECTES EN « DEPENSES » (OPTIQUE DEPENSE).

Remarquons que ces trois optiques sont le reflet d’une même réalité. Ce schéma est très

simplifié ; la comptabilité nationale3 doit en fait enregistrer les flux générés par les

opérations de tous les agents économiques, en ce compris l’Etat et le Reste du Monde.

Dans l’économie réelle, il faut tenir compte d’une série de « complications » exclues de notre

schéma simple : les ménages ne dépensent pas en consommation la totalité de leurs

revenus : ils paient leurs impôts et épargnent. De même, ils ne consomment pas l’ensemble

des biens produits : certains sont achetés par les entreprises elles-mêmes, d’autres par

l’Etat ; les entreprises exportent une partie de leur production et empruntent pour investir, …

Objectif 1 : définir PIB & PNB et en appréhender les techniques de calcul

LE PRODUIT INTERIEUR (NATIONAL)

L’approche produit conduit à une estimation du PIB (Produit Intérieur Brut), qui se définit

comme LA VALEUR MONETAIRE DE L’ENSEMBLE DES BIENS ET SERVICES FINALS produits dans

l’économie pendant une période donnée, en général une année.

Notez l’importance du terme « finals » : un produit final est ce qui est vendu pour la

consommation ou l’investissement. Le calcul du PIB exclut donc les « doubles

emplois », c’est-à-dire les biens intermédiaires dans le circuit de production.

Lorsqu’un un agriculteur produit du blé, le vend à une minoterie qui le transforme en farine, elle-même vendue à

un boulanger qui fabrique du pain destiné aux consommateurs, seule la valeur du pain sera prise en compte dans le

PIB, car autrement, nous comptabiliserions trois fois la même chose.

2 Pays, ou région … En Belgique, le PIB est aussi calculé pour chacune des trois Régions (Bruxelles, Flandre, Wallonie). 3 La comptabilité nationale est une « science » relativement neuve. Bien que des tentatives de quantification des flux du circuit économique et/ou des stocks de capital aient été tentées de façon très rudimentaire au XIXème (notamment par Robert GIFFEN [leçon 2]), c’est à l’économiste américain Simon KUZNETS (1901-1985 – prix Nobel 1971) que l’on doit la conception des méthodes actuelles, dans les années 1930-1940. Ses travaux ont également porté sur une théorie de la croissance ; il y constate d’importantes inégalités de revenus au XIXème siècle, qui tendent à s’estomper à partir de 1910, mais réapparaissent en force dès 1970. Ses théories ont été remises récemment en cause notamment par Thomas PIKETTY (France, 1971) dans son magistral ouvrage « Le capital au XXIème siècle » (2013 – surnommé par certains le « Marx 2.0 »).

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LA VALEUR AJOUTEE

En fait, le calcul du PIB se base sur L’IMPORTANTE NOTION DE VALEUR AJOUTEE (VA). Prenons

l’exemple d’une entreprise « BOIS » qui vend des troncs d’arbre coupés dans la forêt, à une

entreprise « SCIERIE » qui les débite en planches, vendues à une entreprise « MEUBLES » qui

fabrique une armoire destinée à un consommateur final4.

Coûts des MP Ventes VA

BOIS 0 (hypothèse) 375 € 375 € SCIERIE 375 € 875 € 500 € MEUBLES 875 € 1500 € 625 €

= 1500 € La VALEUR AJOUTEE par chaque entreprise de la filière est égale au prix de vente (hors taxe)

du produit dont on déduit le coût des matières premières ou intermédiaires en amont. Notez

que la somme des valeurs ajoutées est égale au prix payé par le consommateur final pour

son armoire. Notez également que c’est sur base de ces VA que les entreprises paient la taxe

sur la valeur ajoutée (TVA), finalement supportée par le consommateur.

LES ENTREPRISES UTILISENT LA TOTALITE DE LEUR VALEUR AJOUTEE POUR REMUNERER LES

FACTEURS DE PRODUCTION EN SALAIRES, INTERETS ET PROFITS.

Examinons par exemple à ce sujet ce que pourrait être le compte de résultats simplifié5 de

l’entreprise « Bois » :

Coûts (Charges) Revenus (Produits)

Salaires 310 Chiffres d’affaires 375 Intérêts 40 (= VA dans ce cas) Profits 25

375 375

Nous pouvons donc écrire :

VA = (salaires + intérêts + profits)

= rémunération des facteurs

= VA nettes au coût des facteurs

4 Les montants figurant dans le tableau sont hors TVA. 5 Pas d’achats de matières premières, de charges diverses, d’amortissements, ni d’impôt …

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DE LA VALEUR AJOUTEE AU PRODUIT INTERIEUR

La somme des valeurs ajoutées nettes au coût des facteurs de tous les secteurs économiques

est appelée PRODUIT INTERIEUR NET AU COUT DES FACTEURS (PINCF). Pour obtenir le

PRODUIT INTERIEUR BRUT AU COUT DES FACTEURS, il faut AJOUTER au PINcf les

amortissements6 imputés par les différents secteurs économiques.

VA = PINcf

et

PIBcf = PINcf + amortissements

Le consommateur final, lorsqu’il achète un bien, paie un prix intégrant les impôts indirects ;

dans l’exemple ci-dessus, le consommateur qui achète la table paie 1500 € plus la TVA.

Donc, pour obtenir le PRODUIT INTERIEUR BRUT AU PRIX DU MARCHE (c’est-à-dire le prix que

paie le consommateur final), il faut ajouter au PIBcf les impôts indirects et en retrancher les

éventuelles subventions versées par les pouvoirs publics aux entreprises.

PIBpm = PIBcf + impôts indirects – subventions

PRODUIT INTERIEUR & PRODUIT NATIONAL7

Un concept alternatif au PIB est le PRODUIT NATIONAL BRUT (PNB), qui est l’output total

produit PAR le pays concerné, alors que le PIB est l’output total produit à l’intérieur du pays

concerné. Ainsi, lorsque des voitures japonaises sont fabriquées en Belgique, à l’aide de

capitaux japonais, la VA ainsi dégagée fait partie du PNB japonais, ET du PIB belge.

Pour obtenir le PNBpm, il suffit de corriger le PIBpm des paiements nets de revenus aux

facteurs de production dus par le reste du monde.

PIB = PNB (= VA des entreprises du pays, en ce compris à l’étranger)

+ revenus des facteurs versés à l'extérieur - revenus des facteurs en provenance de l'extérieur

Notez que dans la plupart des pays industrialisés, cette correction est faible, de telle sorte que PNB et PIB sont

deux valeurs proches (cette correction n’excède guère 1 à 2% en valeur absolue, dans notre pays). Par contre, dans

certains pays émergents ou de développement (pour utiliser un vocabulaire up-to-date), où les investissements

étrangers sont souvent fort importants, la différence entre les deux agrégats peut être très marquée (PIB > PNB). En

Belgique 2014 : PIB = 400.692 ; PNB = 406.681 (en millions d’€).

6 Les amortissements constatent en valeur monétaire la dépréciation des investissements (immeubles, matériels, …). 7 Jadis, on utilisait par principe le concept de PNB ; actuellement, on préfère celui de PIB, vu les liens avec l’emploi (cfr infra). Notez les appellations anglaises : PIB = GDP (gross domestic product) ; PNB = GNP (gross national product).

= Paiements nets de revenus

aux facteurs de production

dus par le reste du monde

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Source : BNB

poids « dérisoire » du secteur primaire (agriculture, ….) : moins de 1% du PIB ; poids important des services, pratiquement 70% du PIB : économie tertiarisée ; Services > 3 x (agriculture + industrie + construction) ! Services marchands > (agriculture + industrie + construction + services non marchands) attention : les montants sont à prix courants (= ils incluent l’inflation - voyez ci-dessous).

Le graphique ci-dessous permet une comparaison des PIB/habitant8 des pays de l’UE (chiffres

2013, par rapport à la moyenne de l’UE28 = 100) en SPA (standard de pouvoir d’achat). Un

SPA est une sorte d’unité monétaire artificielle qui permet d'acheter le même volume de biens

et de services dans tous les pays considérés (voyez ci-après) ; en bleu, nos voisins directs.

Source : http://europa.eu/publications/statistics/index_fr.htm - données au 1er juin 2015

8 Le PIB/habitant s’obtient en divisant le PIB par le nombre TOTAL d’habitants du pays concerné. C’est donc une MOYENNE arithmétique, qui doit notamment être complétée par des paramètres de dispersion, tel l’écart-type ou l’asymétrie.

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Objectif 2 : expliciter les notions de PIB nominal et réel,et de déflateur du PIB

Nous venons de voir que le PIBpm était calculé sur base des prix du marché. Le problème

est que les prix varient au fil du temps ; LA HAUSSE DES PRIX (INFLATION) PERTURBE L’IMAGE

QUE L’ON A DE L’EVOLUTION DU PRODUIT GLOBAL.

A titre d’exemple, le PIBpm de la Belgique était en 2002 de 268 milliards d’€, et en 2011, de 375 milliards d’€.

Notre pays a-t-il réussi le tour de force d’augmenter sa production de 40% en 10 ans ? Non, bien entendu9. Un petit

exemple fera bien comprendre le problème : soit une économie qui produit du pain :

Année 1 Année 2

Cas (a)

Année 2

Cas (b)

Année 2

Cas (c)

Hypo-thèses

Quantité 1000 1100 1000 1044 Prix constants

Prix 1,50 1,50 1,65 1,58

PIB= Q*p 1500 1650 1650 1650 Prix courants

Δ% PIB 10% 10% 10% Taux de croissance

nominal

Δ% Prix 0 10 % 5,33% Inflation

Δ% volume

(quantités) 10 % 0 4,4 %

Taux de croissance

réel

Nous voyons qu’entre l’année N1 et l’année N2, le PIB monétaire (prix courants) a augmenté de 10%; mais nous

constatons que cette augmentation s’est faite respectivement en volume (cas a), en prix (cas b), et partiellement en

prix et en volume (cas c).

LE DEFLATEUR DU PIB

Or, quand on parle de croissance économique (CONCEPT IMPORTANT, VU L’IMPACT

SUR L’EMPLOI), c’est d’une augmentation du produit global en volume qu’il s’agit,

autrement dit du PIB réel. Lorsque nous calculons pour une année donnée le PIB au prix

du marché en nous basant sur les prix actuels, nous obtenons le PIB NOMINAL, ou encore à

prix courants. Mais si nous voulons comparer ce PIB à celui d’une quelconque année

antérieure, alors nous devons recalculer le PIB actuel à l’aide des prix en vigueur cette

année-là, c’est-à-dire le PIB REEL, ou à prix constants (on parle « d’euros chaînés »).

Pour obtenir le PIB réel, il suffit de diviser le PIB nominal par le DEFLATEUR DU PIB.

PIB à prix constants = PIBDéflateur

courantsprix à PIB

9 Quoique que cela soit possible avec un fort taux de croissance annuel soutenu, ce qui n’était pas le cas.

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9

PIBt aux prix t0 = t

t

0PIBDéflateur

courantsprix à PIB

auxprixt

Exemple : PIB réel de la Belgique aux prix de 2012 (en millions d’€ - chiffres BNB + mes

calculs)

2012 2013 2014

PIBpm nominal (monétaire) 388.171 395.242 402.027

Taux de croissance nominal 1,82% 1,72%

Déflateur aux prix de 2012 101,53 102,18

PIBpm réel aux prix de 2012 388.171 389.301 393.453

Taux de croissance annuel réel 0,3% 1,06%

Le DEFLATEUR DU PIB est défini comme l’indice implicite des prix du PIB, à savoir une

moyenne pondérée des prix de tous les biens et services du PIB, la pondération attribuée à

chacun étant égale à son importance en pourcentage dans le PIB.

Veillez à ne pas confondre le déflateur du PIB avec les indices de prix synthétiques,

notamment l’indice des prix à la consommation (couramment dénommé INDEX), qui ne

reprend que quelque 500 biens et services de consommation courante (« le panier de la

ménagère »)10.

Objectif 1 : définir revenu national, et en appréhender les techniques de calcul

LE REVENU NATIONAL

Le REVENU NATIONAL (RN) est défini comme la somme des rémunérations attribuées aux

détenteurs de facteurs de production d’un pays durant une période donnée :

les rémunérations des salariés ;

les revenus de la propriété immobilière (loyer, fermages, …) ;

les revenus de la propriété mobilière (dividendes, intérêts, …) ;

les bénéfices des entreprises individuelles, au sens large ;

les bénéfices non distribués des sociétés ;

les revenus non fiscaux échéant à l’Etat.

Pour calculer le revenu national net (RNN), on additionne donc :

les revenus attribués aux ménages ;

les revenus non attribués par les entreprises (à savoir les bénéfices mis en réserve et les

impôts directs) ;

les revenus attribués aux pouvoirs publics, sous forme d’intérêts et de profits, et dont on

soustrait les intérêts de la dette publique.

RNN = PNNcf

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Et : PNBpm = RNN + amortissements + impôts indirects – (subventions).

Et puisque la différence entre PIB et PNB est constituée par les paiements nets dûs aux

facteurs par le reste du monde, on a :

RNN = PIBcf – amortissements11 + paiements nets dûs par le RM

Voyez ci-après le développement sur les liens entre PIB et RN, et sur les comparaisons internationales.

Objectif 3 : examiner dans quelle mesure ces agrégats constituent un bon indicateur de

richesse, de bien-être et de croissance.

LA DISTRIBUTION DU REVENU NATIONAL

Un concept fréquemment utilisé pour effectuer des comparaisons internationales est celui de

REVENU (NATIONAL) PAR HABITANT, exprimé dans une unité monétaire commune, par

exemple le dollar US. Ainsi, on dira : le revenu annuel par habitant du pays X est de 15.000

$, et celui du pays Y de 3.000 $. On en déduit alors que le pays X est bien plus riche que le

pays Y, et que ses habitants jouissent d’un meilleur niveau de vie. Avant de tirer de telles

conclusions, il faut toutefois tenir compte de deux éléments :

le coût de la vie dans les pays concernés (voyez ci-après la notion de PPA) ;

la distribution du revenu national.

Le second est d’importance : un pays peut connaître un « bon » niveau de revenu, mais avec

les richesses concentrées dans les mains d’une minorité. Pour mesurer la répartition (ou la

concentration), on utilise souvent la courbe de LORENZ12 (schéma ci-dessous), ou encore

un outil statistique appelé indice de GINI13, qui calcule le rapport entre d’une part la surface

comprise entre la courbe de Lorenz et la diagonale et d’autre part la surface du triangle sous

la diagonale : on obtient une valeur comprise entre 0 [distribution égalitaire, sur la diagonale]

et 1 [une seule personne perçoit tout le RN]). En Belgique, cet indice est environ de 0.2914

10 Ces indices seront étudiés au cours de la leçon 7, au cours de laquelle nous apprendrons à « mesurer » l’inflation. 11 Ce qui est logique, dès lors que les amortissements qui constatent la détérioration du capital constituent une sorte de revenu négatif pour leurs détenteurs. 12 Max Otto LORENZ (1884-1962), économiste américain ; « Methods of measuring the concentration of wealth », publications de l’association américaine de statistiques, 9: 209-219, 1905 13 Corrado GINI (1884-1965), statisticien, démographe, sociologue et ethnologue italien. 14 Pour un classement mondial de l’indice de Gini, voyez www.statistiques-mondiales.com./gini.htm ; les chiffres diffèrent selon les sources ; l’indice n’est pas le même selon qu’on le calcule sur les revenus bruts et sur les revenus après impôt, puisque notre système fiscal basé sur la progressivité de l’impôt corrige partiellement les distorsions et concoure à la redistribution des revenus.

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Dans ce diagramme, l’abscisse donne les % de revenu national et l’ordonnée des % de population, avec des

échelles identiques. La diagonale du carré ainsi formé indique une répartition du RN strictement égalitaire ; la

répartition réellement mesurée donne une courbe qui s’écarte plus ou moins de la diagonale : dans le pays 1, le

point A montre que 40 % du RN est détenu par 20 % de la population ; dans le pays 2, au point B, 20 % de la

population détiennent 80 % du revenu, ce qui montre une forte concentration de revenus entre les mains de

quelques nantis (courbe en pointillés).

L’indice de Gini est par essence synthétique, et ne permet donc que des comparaisons

globales. Par contre, la courbe de Lorenz est plus précise, car on peut comparer par quintiles

ou déciles15. Les deux cartes ci-dessous donnent les indices de Gini actualisés16.

15 Et même centiles. Interprétation : si par exemple le salaire mensuel moyen est de 2.000 € et que le centile supérieur reçoit 7% des revenus du travail, cela signifie pour le 1% des mieux rémunérés un salaire moyen de l’ordre de 14.000 €/mois. 16 Il s’agit bien d’une répartition du REVENU. Les indices concernant la répartition du patrimoine montre une répartition beaucoup plus inégalitaire (Gini : Europe, en moyenne : 0,67 ; USA : 0,73).

CHIFFRES-CLES (RN *106€) : 2015 = 409.407, dont salaires bruts 148.896 (36,37%).

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COMPARAISONS PIB ET RN AU NIVEAU MONDIAL

Source : T. Piketty, le capital au XXIème siècle, p 109, éd. Seuil, 2013

Ce tableau montre une comparaison des PIB et des revenus par habitant (MOYENNES) par

grands blocs continentaux17. Pour passer du PIB au revenu mensuel par habitant, l’auteur a

déduit du PIB 10% pour les amortissements du capital, puis divisé par 12. Les montants ont

été calculés en termes de parité du pouvoir d’achat (PPA), dès lors que le coût de la vie

est différent d’un pays à l’autre. La PPA est un taux de conversion monétaire qui permet

d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies (INSEE).

Par exemple, supposons un taux de change de 1,30 $ pour 1 €. La question est : un européen qui va aux USA avec

1.000 €, soit 1.300 $, peut y acheter une certaine quantité de biens et services ; pourrait-il se procurer la même en

Europe ? Selon les indices ICP18, la réponse est non, car il apparaît que le coût de la vie est en moyenne19 plus cher

de 10% dans la zone euro qu’aux USA ! Et son pouvoir d’achat, qui est 1.300 $ aux USA, ne serait que de 1.200 $ en

Europe. On dit alors que la PPA est de 1,20 $ pour 1 €.

Alors que la correction PPA par rapport au taux de change est faible pour les pays « riches »,

elle est de plus de 2 pour les pays « pauvres » d’Asie et d’Afrique. Cela est dû aux prix très

bas des services et des biens locaux, produits avec une main d’œuvre à bas salaires.

On voit très bien le clivage « nord-sud », et en Europe, le clivage « est-ouest ». Mais il y a plus : ce tableau n’a pas

tenu compte de la correction « paiements nets du reste du monde » pour passer du PIB au RN. Cette correction est

minime, et représente pour les pays riches 1 à 3% du PIB, ce qui constitue malgré tout un bon complément.

Autrement dit, ces pays bénéficient d’un RN supérieur à leur PIB, au détriment des autres, en particulier des pays

d’Afrique subsaharienne, où le RN est de 5 à 10% inférieur au PIB. Cela est dû au fait qu’une part du capital

industriel (donc en dehors de l’immobilier résidentiel et du capital agricole) est détenu par les pays riches

(estimation : de 40 à 50%, voire plus dans certains secteurs).

17 L’Océanie, qui représente moins de 0,5% de la population mondiale, a ici été intégrée à l’Asie ; de même, les pays « satellites » de l’UE, comme la Suisse ou la Norvège, y ont été inclus. 18 Voyez la leçon 7. 19 Il s’agit encore une fois de moyennes ; l’énergie est bien moins chère aux USA, au contraire de l’enseignement et de la santé.

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Objectif 1 : définir la dépense nationale et en appréhender les techniques de calcul

LA DEPENSE NATIONALE

La dernière approche a pour objet d’estimer la DEPENSE NATIONALE (DN), valeur monétaire

des dépenses effectuées pour les biens finals par l’ensemble des agents économiques. La

comptabilité nationale regroupe les dépenses en quatre catégories :

A) LA CONSOMMATION PRIVEE (C) constitue la principale composante de la dépense nationale

(plus de 50 %). Nous développerons ce concept à la section 2.

B) LA CONSOMMATION PUBLIQUE (G) comprend tous les achats de biens et services de l’Etat,

plus les rémunérations, qui représentent la valeur du « produit » des fonctionnaires.

Remarquez que les dépenses de transfert (allocations, retraites, …) ne sont pas inclues ici ; le

montant de G utilisé dans la comptabilité nationale est donc fondamentalement différent de

celui du budget de l’Etat ; nous nous intéresserons aux dépenses publiques dans la section 4.

C) LA FORMATION INTERIEURE BRUTE DE CAPITAL (I) (« investissements » des entreprises, y

compris la variation des stocks, des ménages et de l’Etat) sera décrite à la section 3.

D) LES EXPORTATIONS NETTES (X-M) correspondent à la différence entre les exportations et

les importations.

DN = C + G + I + (X – M) = PIBpm

RETENEZ CETTE IDENTITE, qui constitue l’équation de la demande globale ; nous

allons en effet l’utiliser très fréquemment dans les leçons ultérieures.

CHIFFRES-CLE (*106€ - prix courants) :

PIBpm 2015 (409.407) = C (210.803) + G (99.078) + I (92.676) + (X-M) (6.850)

Note: importance de X et M en Belgique: 2015: X = 345.592 ; M = 338.742

Variation des composantes : PIB prix constants (2004 : « bonne » année ; 2009 : mauvaise)

À prix constants 2004 2009 2012 2015

PIB 3,3 -2,8 -0,1 1,37

C 1,7 0,6 -0,3 1,3

G 1,3 1,9 1,7 0,2

I 7,8 -8,4 -2,0 2,3

(X-M) 0,3 -0,5 0,4

X 6,1 -11,1 1,8 4,8

M 6,1 -10,6 1,3 5,2

Source : BNB/ICN – comptes nationaux – 1ère estimation des comptes annuels 2015 – avril 2016

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Le graphique ci-dessous montre dans quelle mesure ces différents agrégats contribuent à la

croissance du PIB réel.

Source : rapport BNB 2015

Objectif 4 : établir un premier lien entre PIB et emploi .

LE LIEN ENTRE PIB ET EMPLOI

Source : BNB/ICN – comptes nationaux – 1ère estimation des comptes annuels 2015 – avril 2016

Le graphique ci-dessus montre la relation entre évolution du PIB et marché de l’emploi. L’histogramme décrit le

taux de variation trimestriel réel du PIB (donc, à prix constants) par rapport à l’année précédente (échelle de

gauche). La courbe rouge décrit le taux de variation de l’emploi par rapport à l’année précédente (échelle de droite).

Nous remarquons une corrélation évidente : les phases de décroissance du PIB vont de pair avec une détérioration

du marché de l’emploi. La courbe rouge avec des points montre mieux encore le phénomène, puisque nous

constatons que le volume de travail des salariés est en nette baisse durant ces mêmes périodes.

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Le graphique ci-dessous montre l’évolution du taux de croissance du PIB et de celui de

l’emploi intérieur sur plus d’un demi-siècle.

Croissance des « Trente glorieuses »

Crises : chocs pétroliers 1ère guerre du Golfe 2ème+ crise boursière crise subprimes

Retenons ceci : pour créer de l’emploi, il faut de la croissance.

Nous verrons toutefois à la leçon 6 que ce n’est pas si simple …en effet, nous constatons que même dans des

périodes de bonne croissance (par exemple, 1966-1967), l’emploi décroit ! L’explication à ce phénomène sera donné

au travers de la loi d’OKUN.

Objectif 5 : réfléchir à la pertinence de ces agrégats.

LA COMPTABILITE NATIONALE : TROP « MECANIQUE », TROP « MATERIALISTE » ?

Les concepts de produit intérieur (national) et de revenu national sont utilisés dans tous les

pays du Monde pour mesurer la richesse et la croissance économique, de même que le stock

de capital accumulé par les agents économiques. Toutefois, la méthode fait l’objet de

sérieuses critiques, qui vont dans deux sens.

Le PIB est une mesure « mécanique » des activités dites économiques.

J’engage une charmante jeune fille comme salariée déclarée pour faire mon ménage, et la valeur du PIB

augmente des rémunérations que je lui verse. Peu après, nous nous marions, de telle sorte qu’elle fait maintenant

mon ménage « gratuitement »; de ce fait, le PIB diminue du salaire que je ne lui paie plus !

Un brillant généticien, professeur d’Université et chercheur de renommée est rémunéré au barème du secteur

public ; sa contribution au PIB est mesurée au montant de son salaire, et non à sa « production » réelle.

Une croissance effrénée de la consommation est souvent basée sur le crédit et donc l’endettement des ménages ;

le PIB s’accroît. Mais qu’en est-il quand ces ménages se retrouvent surendettés ? Crise ???

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Il est évident que, le PIB ne recensant que les activités visibles, toutes les activités

domestiques, le « do it your self », mais aussi les activités non déclarées (ce que l’on appelle

l’économie souterraine) ne sont pas prises en compte. Selon certains économistes, le

chômage croissant et les taux d’imposition et de prélèvements sociaux particulièrement

lourds auraient considérablement développé cette économie souterraine, d’où une sous-

estimation chronique du PIB.

Les critiques les plus acerbes sont assurément celles qui mettent en cause la conception

très matérialiste du PIB.

Une nouvelle usine s’installe dans votre ville ; elle empoisonne la vie de son voisinage, par la fumée, le bruit, le

ballet incessant des poids lourds ; qu’à cela ne tienne : la valeur de sa production accroît le PIB d’autant (non prise

en compte des externalités négatives20).

L’Etat engage de nouveaux professeurs, pour donner cours dans des filières d’enseignement non porteuses

d’emplois ; peu importe : le PIB s’accroît du salaire de ces enseignants. (problème de l’efficacité des dépenses

publiques).

Le brouillard matinal provoque un gigantesque carambolage sur l’autoroute, causant blessés et dégâts matériels.

Les factures des hôpitaux et des carrossiers augmenteront le PIB d’autant.

On comprend le sens de la critique : le PIB ne prend en compte aucun des aspects

négatifs générés par la croissance, pas plus qu’il ne prend en compte la beauté des

paysages, la qualité de l’éducation et de la formation, la santé des individus, …

DU PRODUIT INTERIEUR AU BIEN-ETRE ECONOMIQUE

La notion de « BONHEUR NATIONAL BRUT » est un concept imaginé en 1972 par Jigme

Singye Wanchuck, ex-roi du Bhoutan21. Cet indice repose sur la croissance économique, mais

également sur trois principes fondamentaux : la conservation et la promotion de la culture

(bhoutanaise), la sauvegarde de l’environnement (y compris les ressources durables), la

bonne gouvernance responsable.

Des économistes, tel James TOBIN22, ont développé la « mesure du bien-être économique »

ou encore « BIEN-ÊTRE ÉCONOMIQUE NET » : du PIB, on exclut les composantes qui ne

contribuent pas au bien-être, et on ajoute des éléments essentiels au bien-être et qui n’en

font pas partie.

BEN = PIB + (valeur du temps de loisirs et de l’économie souterraine)

- valeur des dommages subis par l’environnement

20 Leçon 3, tome I. 21

Né en 1955. Le Bhoutan est un petit royaume Himalayen (1,5 x la Belgique et 710.000 habitants) enclavé entre l’Inde et le Tibet, assez « fermé ». Le relief implique des communications extrêmement difficiles, et la télévision ainsi qu’internet n’y ont été autorisés qu’en 1999. Le 20 mars a été décrétée journée du BNB par l’ONU. 22 James TOBIN (1918-2002), économiste américain, prix Nobel 1981, notamment connu pour avoir proposé une taxe universelle (dite « taxe Tobin ») sur toutes les transactions financières dans le but de financer l’aide au développement.

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LES INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT

Le Programme des Nations Unies pour le Développement23 a mis au point un indice de

développement humain (IDH) :

Source : hdr.undp.org/fr/statistiques/idh/

http://hdr.undp.org/fr/content/explorateur-de-donn%C3%A9es-publiques-0

23 PNUD, organisation de l’ONU créée en 1966, chargée globalement de promouvoir le développement humain.

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En ordonnée : indice de revenu (plus haut revenu = Qatar = 100%) ; en abscisse : indice IDH (indice le plus élevé :

Norvège). La Norvège est donc moins riche que le Qatar, mais selon les critères IDH, ses habitants y vivent mieux. Le

nom des pays apparaît à droite des points (sélection personnelle de quelques pays).

En 2013, la Norvège occupe le 1er rang (sur 186) au classement IDH, la Belgique le 17ème. Tous les pays de l’UE

sont classés dans les 50 premiers, à l’exception de la Bulgarie et de la Roumanie ; les USA sont 3ème, le Japon 10ème, la

Russie 55ème, la Chine 101ème, l’Inde 136ème. Les 30 dernières places du classement sont occupées pratiquement sans

exception par des pays africains, les deux dernières l’étant par la RDC et le Niger.

Sur le site hdr.undp.org/fr/données/carte/ , vous trouverez un planisphère interactif qui vous

permet de visualiser les indicateurs pour chaque pays. Par ailleurs, le PNUD a récemment

développé un indice d’inégalité de genre (IIG), construit sur le même principe que l’IDH, qui a

pour objectif de mesurer les inégalités que subissent les filles et les femmes (même source) :

Voyez la situation sur http://hdr.undp.org/en/content/table-4-gender-inequality-index

Tout ceci montre que la croissance du PIB et du revenu n’offre pas la garantie d’une

société heureuse et épanouie, mais elle en constitue probablement une condition

nécessaire.

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SECTION 2 : LA CONSOMMATION ET L’EPARGNE.

Objectif 6 : analyser l’évolution de la consommation et ses déterminants.

LA LOI D’ENGEL, HIER ET AUJOURD’HUI

Nous savons que la consommation constitue la composante la plus importante (> 50%) du

produit intérieur. Il est donc logique que nous en analysions le comportement en termes

macro-économiques. L’approche micro-économique nous a déjà fourni des éléments

intéressants ; rappelez-vous LA LOI D’ERNST ENGEL24 : au fur et à mesure que le revenu

augmente, la part consacrée à l’alimentation diminue, celle consacrée au logement reste

constante et la part affectée aux « biens de luxe » augmente.

Pays An Nourr. Logt Commentaires

B 185725 61%

50%

18% Famille ouvrière

Famille aisée (et consommation très différente !)

D 1907 38% à

51%

18% Selon les revenus

F 1856

1930

71%

60%

20% les parts dévolues aux soins personnels et de santé, aux transports et

aux loisirs sont passées de 1% à plus de 10%.

F 1790

1990

50%

3%

PAIN UNIQUEMENT (ouvriers)

PRODUITS CEREALIERS

Evolution de la consommation des ménages en France. Source : INSEE26

24 Leçon 2 25 Article d’Engel paru en 1857. 26 Ces enquêtes sont longues et coûteuses ; elles ne s’effectuent qu’à intervalles d’environ 5-6 ans, d’où des chiffres pas toujours très récents.

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Nous constatons une diminution de la part du revenu consacrée à l’alimentation, mais également à l’habillement

(ce qu’un site français traduit humoristiquement par l’image ci-dessous) :

http://conso-vestimentaire.skyrock.com/

Dès les années 1950-1960, les ressources croissantes des ménages ont été mobilisées pour l’acquisition de biens

durables. Depuis les années 1970, c’est la part des services qui progresse le plus rapidement : santé, éducation, et

loisirs. Une explication à ce phénomène est le taux d’équipement des ménages (saturation). La part consacrée au

logement a augmenté dans les années ’90 ; cela est dû essentiellement à l’explosion des prix de l’immobilier, en

particulier dans les zones urbaines27.

Source : http://histoiregeo34.canalblog.com/ (France)

Tableau de consommation France 2006 et ci-dessous comparatif 2005 – 2011 (INSEE)

27

Chaque génération espère une amélioration de son niveau de vie par rapport à celui de ses parents. Cela semblait possible après la seconde guerre mondiale. Toutefois, la génération du baby boom est arrivée sur le marché de l’emploi au moment de la crise des années ’70 (Leçon 7), et a connu le chômage. La situation était quelque peu meilleure pour la génération née après 1960, mais l’amélioration des revenus a été absorbée par la hausse vertigineuse des prix de l’immobilier et des taux d’intérêt restés élevés malgré la désinflation. A chaque génération sa peine, semble-t-il …

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Source : note de conjoncture Insee (France)

Le comportement moyen du consommateur change donc nettement en fonction de

son revenu ; il est toutefois clair qu’au sein de chaque classe de revenu, la dispersion autour

de la moyenne est assez élevée. Revenu et consommation n’ont pas toujours une évolution

similaire dans le temps. A la consommation effrénée durant les « Trente glorieuses28 », a

succédé une évolution en dents de scie avec des tendances décennales qui traduisent une

croissance n’excédant en pas moyenne 2%/an.

Poser des hypothèses sur ces comportements est loin d’être simple : inquiétude

face à l’avenir ? Changement d’attitude vis-à-vis de la société de consommation ?

La Banque Nationale de Belgique (BNB) effectue des enquêtes auprès des consommateurs

afin de mesurer leur confiance. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la situation.

Source : BNB, juillet 2016 – (3) y compris les prévisions de la situation économique, du chômage, de la situation financière

28 On appelle « les Trente Glorieuses » les années de forte croissance de l’après seconde guerre mondiale, jusqu’au début des années 1970. L’expression est due à Jean FOURASTIE (1907 – 1990), économiste français, « Les Trente Glorieuses. Ou la révolution invisible de 1946 à 1975 » (1979).

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J.M. KEYNES : FONCTION DE CONSOMMATION & PROPENSIONS A CONSOMMER

La fonction de consommation29 représente la relation existant entre le niveau du revenu

disponible (Yd = le revenu brut perçu par l’agent économique moins les prélèvements

fiscaux et para-fiscaux directs) et le niveau des dépenses de consommation.

KEYNES écrit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la

fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements

détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur

consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. »30

La relation entre consommation et revenu s’exprime par LES PROPENSIONS A CONSOMMER :

la propension moyenne (PMC) est définie par le rapport C/Yd : si le revenu disponible

du consommateur est de 1.500 € et s’il dépense 1.200 € en consommation, alors sa

propension moyenne est égale à 80% (1.200/1.500) ;

la propension marginale (Pmc) est la proportion consommée de la dernière unité

monétaire gagnée ; si le consommateur reçoit 1 € de plus et en dépense 0,60 €, sa

propension marginale est de 60 %.

Il existe malheureusement assez peu d’études publiques sur la question. Dans le cours de macro-économie de P. Combes Motel (Université d’Auvergne)31 figurent un ensemble de tableaux et graphiques intéressants, dont à la page 10, une évolution de la propension à consommer des ménages français 1949-2011. Ce graphique montre une relative constance de la propension MOYENNE à consommer ; par contre, la propension MARGINALE est plus volatile, avec par exemple un effondrement lors du déclenchement de la crise en 2008. Fonction – type : C E Sur la bissectrice, revenu = consommation C = f(Y) a = consommation autonome (ne dépend pas du revenu) au-delà du point E : épargne = a Y

Source : ICN-Bureau du Plan – prévisions économiques 2016 – février 2016

29 Nous reviendrons plus amplement sur cette fonction à la leçon 6. 30 John Maynard KEYNES, Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt de la Monnaie (1936), Livre III, Chapitre XIII. 31 http://cerdi.org/uploads/sfCmsBlog/html/27/macro%201213%20chap12%20supports%20pcm.pdf

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ALBERTO ANDO & FRANCO MODIGLIANI32 : LE CYCLE DE VIE

F. MODIGLIANI part du principe que la consommation est fonction du revenu courant, mais

aussi en partiellement de la richesse de l’individu (son patrimoine), d’où la notion de cycle de

vie : en général, l’individu dispose d’un revenu et d’un patrimoine relativement faibles au

début de sa vie d’adulte ; les revenus de son activité professionnelle vont lui permettre

d’accroître sa consommation et de se constituer un patrimoine ; à l’âge de la retraite, ses

revenus professionnels diminuent, mais il compense par les revenus patrimoniaux. L’épargne

ne varie pas seulement en fonction du revenu (Keynes), mais aussi de l’âge. Y,C C Y Constitution du patrimoine Phase de désépargne

Phase d’emprunt et de remboursement Patrimoine

JAMES DUESENBERRY33 : LA THESE DIFFUSIONNISTE

L’économiste américain James DUESENBERRY (Harvard) a une approche du problème qui

diffère radicalement des précédentes. Elle se base sur deux hypothèses (thèse

diffusionniste) :

le GROUPE D’APPARTENANCE : l’idée est qu’il existe un groupe leader de référence (cadres

supérieurs, professions libérales) qui crée de nouveaux modèles de consommation; tous

les autres groupes vont ensuite essayer d’imiter le premier, qui adoptera alors un nouveau

comportement. D’une manière générale, chaque catégorie socioprofessionnelle donnerait

à celle « qui la suit » (par le revenu) un modèle de consommation à reproduire.

D’un point de vue économique, le consommateur est plus attentif à son niveau de consommation relatif au

reste de la population qu’à son niveau absolu ; son ratio C/Y dépend de sa position dans la fonction de

distribution (au sens statistique) des revenus; il sera d’autant plus important que le revenu du consommateur se

situe sous la moyenne, car il tente alors de « s’accrocher » à un niveau de consommation standard ; comme le

dit Duesenberry, « keep up with the Jones », autrement dit, ne jamais être en reste sur ses voisins pour ce qui

concerne la télévision, le smartphone, les vacances, la voiture …

la consommation présente est non seulement influencée par le niveau du revenu, mais

également par le niveau de consommation antérieur. Il apparaît plus difficile à un ménage

de réduire sa consommation plutôt que son épargne. C’est L’EFFET DE CLIQUET.

32 Alberto ANDO (1929-2002), économiste d’origine japonaise ; Franco MODIGLIANI (1918-2003), économiste italo-américain, prix Nobel 1985. Voir notamment The Life-Cycle Hypothesis of Savings : Aggregate Implications and Tests », American Economic Review, vol. 53, 1963. 33 James DUESENBERRY (1918-2009), économiste américain, professeur à Harvard ; “Income, Saving and the theory of consumer behavior”, Thèse de doctorat, 1949.

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23

SECTION 3 : L’INVESTISSEMENT.

Objectif 6 : analyser les composantes et les déterminants de l’investissement.

LA DEFINITION « ECONOMIQUE » DE L’INVESTISSEMENT

En économie (≠ comptabilité), l’investissement signifie la production de biens d’équipement

au sens large. Il y a donc investissement lorsque les constructions, les équipements et les

stocks se sont accrûs. L’investissement net est égal à l’ensemble des investissements

(bruts) dont on soustrait la dépréciation du capital (= amortissements).

Dans les théories macro-économiques, l’investissement joue un double rôle :

à court terme, il est une composante importante de la demande globale [C+I+G+(X-M)],

et influe donc sur le PIB et l’emploi ;

à long terme, il augmente le produit potentiel de la nation (déplacement de la FPP vers la

droite), et stimule la croissance économique.

La comptabilité nationale ventile l’investissement (Formation Brute de Capital Fixe = FBCF)

en 3 éléments : les logements, l’investissement public, la FBCF des entreprises. Cette

dernière représente en moyenne près de 65% de la FBCF totale (2013 : 48.912 * 106 € sur

76.067), et il est important d’en comprendre les déterminants : quels éléments influencent

les entreprises dans leurs décisions d’investissements ? La réponse à cette question tient en

3 mots : recettes, coûts et anticipations.

Source :Panorama des comptes nationaux OCDE 2014

LA DECISION D’INVESTISSEMENT

En principe, une entreprise investit dans le but de produire et vendre plus et donc d’obtenir

des recettes supplémentaires. L’évolution du PIB est un élément important. Lorsque la

croissance est soutenue, on constate une hausse du taux des investissements.

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Le coût de l’investissement constitue un autre élément important et fait référence au TAUX

D’INTERET REEL, qui est égal au taux nominal moins le taux d’inflation34. Si les

banques affichent un taux de 8% et si le taux d’inflation est de 2 %, le taux d’intérêt réel

sera de 6%. Il constitue un bon indicateur du coût de l’investissement, car il faut rémunérer

les capitaux investis, qu’ils aient été empruntés ou soient constitués de fonds propres.

Enfin, les entreprises vivent dans un univers incertain ; si aucune n’est évidemment capable

de prévoir exactement comment évoluera son activité, elles anticipent les conditions

économiques; ainsi, si elles estiment qu’une reprise de la croissance est en vue, elles

planifient des investissements nouveaux.

A partir de ces considérations, nous pouvons dégager la fonction de demande

d’investissement des entreprises, qui établit TCEPA une relation entre le niveau

d’investissement et le taux d’intérêt.

Imaginons une entreprise qui souhaite planifier un investissement de 15 millions €. Elle prévoit un flux de

recettes annuelles de 1.350.000 €, soit 9% du montant. Si le taux d’intérêt est de 10%, l’investissement ne sera pas

rentable, et donc pas réalisé ; par contre, il le sera si le taux est de 6%, par exemple. Les entreprises ont en général

divers projets d’investissement possibles ; chacun d’entre eux présente un « return »35 défini ; plus le taux d’intérêt

est bas, plus grand sera le nombre de projets rentables, toutes choses égales par ailleurs, et plus important sera

l’investissement réalisé.

i*

I1 I2

Cette courbe se déplacera vers la droite dès que, à taux d’intérêt identique, les entrepreneurs

trouvent des raisons d’accroître leurs dépenses d’investissement ; ce sera le cas, par

exemple, lorsque :

le PIB sera plus élevé ;

l’impôt sur les profits et les revenus du capital diminuera ;

les prévisions des managers quant à la marche future des affaires sont optimistes.

34 Voyez la leçon 5. 35 On parle de ROI : return on investment.

I = f (i)

I

i réel

I’ = f (i)

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SECTION 4 : LES FINANCES PUBLIQUES

Objectif 7 : analyser la problématique des finances publiques.

UN SECTEUR PUBLIC BIEN VASTE …

Le secteur des administrations publiques est défini par référence au système européen des

comptes nationaux (SEC95) ; il comprend :

l’administration centrale (organes et administrations qui relèvent de l’Etat fédéral, à

l’exception de la sécurité sociale) ;

les administrations d’Etats fédérés (Communautés et Régions) ;

les administrations locales (essentiellement les provinces et les communes) ;

les administrations de la sécurité sociale (ONSS, INAMI36, …)

LES RECETTES DES POUVOIRS PUBLICS

Les recettes ordinaires des pouvoirs publics proviennent essentiellement de trois sources :

la fiscalité (impôts et taxes : IPP, ISOC37, TVA, …) ;

la parafiscalité (cotisations de sécurité sociale38) ;

les recettes non-fiscales et non parafiscales (loyers, intérêts, dividendes, …).

Certaines recettes sont qualifiées d’« extraordinaires » (on dit souvent « one shot ») : ventes

d’immeubles, de participation dans des entreprises, avec les plus-values pouvant en résulter

Les trois cartes ci-dessous montrent respectivement les recettes, les dépenses et les dettes

publiques brutes des états membre de l’UE, en % du PIB (2014). Nous constatons que

pratiquement tous les pays « ponctionnent » au moins 40% des richesses créées (en vert).

La Belgique atteint les 50%, les « champions » en la matière sont les norvégiens qui frisent

les 60% ; les pays taxateurs sont également de gros dépensiers. Enfin, nous voyons bien la

césure entre les pays du Nord (y compris les Pays-Bas et l’Allemagne), « vertueux » en

matière de dette publique (en jaune et vert très clair, ceux qui respectent la norme des 60%

- voyez ci-dessous), et ceux du Sud. Cela a une conséquence dont nous reparlerons : les

« nordistes » veulent imposer leur conception de la rigueur budgétaire, et refusent de payer

pour les « sudistes » ; l’Allemagne se montre de plus en plus intransigeante sur le sujet, et

trouve des alliés chez les finlandais, les hongrois, les danois, les néerlandais, …

36 INAMI : Institut National de Maladie-Invalidité. 37 IPP : impôt des personnes physiques ; ISOC : impôt des sociétés, frappant les bénéfices des sociétés. 38 Ces cotisations sont payées par les actifs (salariés, fonctionnaires, indépendants, professions libérales, …) et par les employeurs ; elles sont calculées à partir des salaires bruts.

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Ce tableau montre la composition des recettes des administrations publiques belges, en % du

PIB. Une part importante de celles-ci provient des impôts sur les revenus (la moitié), alors

que la TVA représente une part relativement minime39.

Source : Institut des Comptes Nationaux & BNB, rapport BNB 2015

39 Un débat pourtant important mais néanmoins relativement éludé est « comment financer l’ensemble des dépenses publiques » ? Plusieurs voies sont possibles : impôts sur les revenus, TVA, cotisations sociales, … Certains économistes prétendent que le financement de la sécurité sociale uniquement à l’aide de cotisations prélevées sur les revenus du travail est aujourd’hui une ineptie. D’autres encore estiment qu’il serait judicieux de rééquilibrer à tout le moins les parts respectives des impôts sur les revenus et des impôts indirects, dont la TVA. Une diminution de l’IPP amoindrirait la fraude fiscale. Par contre, la TVA sur les biens courants frappe indistinctement tous les ménages, quel que soit leur revenu ; elle désavantage les revenus modestes.

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LES DEPENSES DES POUVOIRS PUBLICS

Les dépenses publiques40 peuvent faire l’objet d’une classification en trois catégories :

les dépenses courantes (personnel, frais généraux, …) ;

les dépenses de transfert, soit en « nature » (les services publics « gratuits », comme

l’enseignement), soit en numéraire (allocations diverses, retraites, …) ;

les dépenses d’investissement.

Dans l’ensemble des dépenses publiques belges, les principaux postes sont (en % du total) :

la protection sociale (45%) ;

les services généraux des administrations (18%) ;

la santé (14%) ;

l’enseignement (12%).

A titre de comparaison, la défense ne représente que 2%, l’ordre et la sécurité publique 3,5

et la protection de l’environnement à peine 1,5. Notons que de nombreuses dépenses sont

incompressibles à court terme : frais de fonctionnement courants, salaires du personnel, …

Source : le Vif/Express, n°25, juin 2014

40 Attention : le « G » dans l’équation de la DN ne représente qu’une part des dépenses que nous décrivons ici. Ainsi, G n’inclut pas les transferts sociaux. Les investissements publics sont inclus dans I, mais pas le matériel militaire, …

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DEFICITS ET DETTES PUBLICS

Le déficit public est le résultat de la différence entre les recettes et les dépenses

lorsque D>R. Dans ce cas, l’Etat va se financer par l’emprunt.

La dette publique est constituée de l’encours global de l’emprunt, à savoir

l’ensemble des montants restant à rembourser sur l’ensemble des emprunts.

Le déficit public est le s’obtient en deux étapes :

le solde primaire, différence entre les recettes et les dépenses hors charges d’intérêts ;

solde duquel on soustrait les intérêts de la dette publique.

Problème : la dette publique créée aujourd’hui constitue une charge pour les générations

futures, qui devront rembourser au détriment de leurs propres besoins.

La tendance actuelle est que les Etats doivent viser un solde primaire positif, de façon à

dégager des moyens pour limiter le recours à l’emprunt et faire baisser la dette publique. Ce

solde est particulièrement sensible à l’évolution conjoncturelle. En effet, lorsque l’activité

économique ralentit :

les recettes fiscales et parafiscales diminuent : les salaires stagnent, il y a moins

d’emplois, les bénéfices des sociétés diminuent ; le rendement de l’impôt sur les revenus

est moindre, et les caisses de la sécurité sociale se remplissent moins rapidement ;

à l’inverse, certaines dépenses augmentent, notamment les allocations de chômage.

Evolution : solde primaire ; charges d’intérêt ; besoin de financement (en % PIB)

Source : www.debtagency.be et BNB

Nous remarquons bien ce phénomène : dès le début de la crise financière, en 2008, le solde primaire commence à

baisser, et devient même négatif !. Par contre, depuis 20 ans, les charges d’intérêt de la dette publique diminuent ;

cela est dû à la conjonction de deux éléments : la baisse de la dette publique (voyez le graphique ci-dessous) et la

baisse des taux d’intérêt, qui ont atteint au début de ce 3ème millénaire des niveaux historiquement bas.

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DES CONTRAINTES EUROPEENNES

Lorsque les Etats membres de l’Europe ont décidé en 1992 de se lancer dans l’aventure de la

monnaie à l’horizon 2000, le Traité fondateur41 a prévu une série de critères dits « de

convergence » à atteindre pour faire partie du club. Parmi ces critères, deux concernaient

les finances publiques : le déficit public ne peut excéder 3% du PIB, et la dette

publique 60%. Au moment du passage à l’Euro, les pays qui se trouvaient au-dessus de

ces normes devaient avoir fait la preuve qu’ils étaient sur le chemin de la rédemption… Ce

fut le cas de la Belgique.

Evolution du taux d’endettement belge et des soldes, en % du PIB

Source : www.debtagency.be - rapport annuel 2015

Ces contraintes ont été depuis lors confirmées par différents Traités, dont le Pacte de

stabilité et de croissance42. Concrètement, les dérapages budgétaires sont prohibés,

l’équilibre de finances publiques est la règle (max 0,5% du PIB hors conjoncture), les Etats

doivent prendre les mesures nécessaires, sous peine de sanctions. La plupart des Etats ont

dû prendre des mesures d’austérité, car nombre frôlent au dépassent les 3%, comme le

montre le tableau ci-dessous (en % du PIB ; ligne bleue : 0% ; ligne rouge = -3%) :

41 Traité de MAASTRICHT. Ces notions seront plus amplement développées au cours de la leçon 9. 42 Traité de Dublin, puis Pacte d’Amsterdam (1997), réformé en 2005, et enfin « six pack » (2011).

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LES DEPENSES PUBLIQUES, FACTEUR DE CROISSANCE ?

Selon les économistes keynésiens43, la dépense publique est un facteur de croissance.

A travers elle, l’Etat soutient notamment la demande. Ils recommandent en période de crise

un accroissement délibéré du budget de l’Etat. Or, dans une recherche sur les causes des

différences de croissance économique entre les pays de l’OCDE, l’économiste James

GWARTNEY44 a mis en exergue sur une période de 45 ans (1960-2005), une relation inverse

entre la croissance et le niveau des dépenses publiques (en % du PIB).

Sa conclusion est claire (mais évidemment discutable, voire contestable) : de fortes dépenses

publiques engendrent une croissance faible.

L’explication de ce phénomène résiderait dans ce que les économistes appellent l’effet d’éviction, expression qui

désigne l’extension de l’activité du secteur public au détriment du secteur privé. Une des causes principales est que

l’Etat finance son déficit en empruntant sur les marchés financiers, provoquant une hausse des taux d’intérêt et

évinçant de ce fait des investissements privés45. Une autre cause réside dans le fait que de fortes dépenses

publiques nécessitent des prélèvements fiscaux importants, réduisant ainsi le revenu disponible et la

consommation46.A contrario, les opposants à cette thèse avancent que si le déficit public s’accroît, c’est précisément

parce que l’investissement privé s’effondre. En revanche, lorsque l’investissement et la consommation reprennent,

les finances publiques se portent mieux ; c’est la théorie des stabilisateurs automatiques.

43

Développement au cours de la leçon 6. 44 James GWARTNEY, économiste américain, Professeur à l’Université de Floride, directeur de recherche en charge de la publication du rapport annuel « Economic freedom of the world » - http://www.workforall.net/Contact_workforall.html 45 Voyez la section 3 ci-dessus. 46 Voyez la section 2 ci-dessus.

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Portefeuille de lecture/6 : dettes publiques47

47 Martin Wolf (UK – 1946) est diplômé de l’Université d’Oxford, journaliste économique au Financial Times.

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SECTION 5 : COMPTES EXTERIEURS : BALANCE DES PAIEMENTS

Objectif 8 : analyser le contenu de la balance des transactions officielles (BTO) et en

interpréter les soldes

LA BP : COMPTABILITE DES OPERATIONS EXTERIEURES

La balance des paiements est un document statistique regroupant l’ensemble des

transactions économiques et financières d’un pays avec le reste du monde (RM), au

cours d’une période donnée (une année), élaboré selon le principe de la comptabilité en

partie double. Elle enregistre :

à l’actif : toutes les opérations générant une entrée de devises (recette) pour les

agents économiques du pays, qu’ils vendront sur le marché des changes ; ces opérations

correspondent à une offre de devises sur le marché des changes48 ;

au passif : toutes les opérations qui impliquent une sortie de devises (dépense) par les

agents économiques du pays, qu’ils devront acheter sur le marché des changes ; ces

opérations correspondent à une demande de devises sur le marché des changes.

Elle se compose de :

1. la balance des transactions officielles (BTO) qui comprend :

la balance des biens et services, également appelée « balance courante » (on parle

souvent de « balance commerciale », notion plus restrictive) ;

la balance en capital ;

2. le mouvement des réserves de devises de la Banque centrale

Du point de vue comptable, la balance des paiements sera parfaitement EQUILIBREE

(solde nul). Ceux qui parlent donc d’excédent ou de déficit de balance des paiements

émettent un non-sens. Par contre, des déséquilibres se retrouveront dans des sous-

comptes de la balance, par exemple entre les exportations et les importations de

marchandises, ou encore les mouvements de capitaux.

48 Voyez leçon 5

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La BTO (balance des transactions officielles)

Balance des transactions officielles

Actif = Entrée (offre) de $ Passif = Sortie (demande) de $

1- Balance des biens et services (balance courante)

Exportations des biens et services (X) Importations des biens et services (M)

Exportations de biens

Tourisme en Belgique

Revenus de K et L perçus par les résidents

Autres revenus perçus par les résidents

Importation de biens

Tourisme à l’étranger

Revenus de K et L distribués aux non résidents

Autres services payés aux non résidents

2- Balance en capital

Importations capital (MK) Exportations capital (XK)

Emprunts belges à l’étranger

Achats d’actions belges par l’étranger

Investissements directs étrangers en Belgique

Dépôts étrangers en Belgique

Prêts belges à l’étranger

Achats belges d’actions belges étrangères

Investissements directs belges à l’étranger

Dépôts belges à l’étranger

Notez qu’il existe en outre un poste « erreurs et omissions », indispensable à l’équilibre des

comptes, car l’outil statistique peut ne pas être parfaitement rigoureux ; l’ampleur de ce

poste est d’ailleurs révélateur de sa fiabilité ; toutefois, un montant important peut indiquer

la présence d’opérations illégales qui échappent par définition à la statistique, tel le

blanchiment d’argent.

SOLDES DES BALANCES : INTERPRETATION

a) Le solde de la balance courante = « exportations nettes » : NX = X-M

Situation Balance courante Flux de devises

X > M Positive Entrées > sorties ▶▶▶ entrée nette

X < M Négative Sorties > entrées ▶▶▶ sortie nette

b) Le solde de la balance en capital = « exportations nettes de capital » : NXK = XK-MK

Situation Balance en capital Flux de devises

XK > MK Négative Sorties > entrées ▶▶▶ sortie nette

XK < MK Positive Entrées > sorties ▶▶▶ entrée nette

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Le solde en devises (entrée ou sortie nette) est noté : ΔR = (X-M) – (XK-MK) Lorsque la BTO

est excédentaire, les réserves en devises de la Banque centrale peuvent augmenter de ΔR,

si elle achète l’excédent. Cet « achat de devises » correspond à une demande sur le marché

des changes ; inversement, lorsque la BTO est déficitaire, la Banque centrale peut couvrir

la différence par une vente de devises en puisant dans ses réserves. Cette diminution

des réserves (ΔR <0) constitue une offre sur le marché des changes.

Dans le régime de changes flottants (leçon 5), la Banque Centrale n’intervient pas

pour acheter ou vendre des devises. Dans ce cas, ΔR = 0, et l’actif de la BTO étant égal au

passif, on a : X + MK = M + XK et donc : X – M = XK – MK. Un excédent commercial (X-M > 0)

se traduit alors par XK > MK, soit une « exportation » nette de capitaux ; l’équilibre de la

balance des paiements devra se faire soit par un emprunt à l’étranger, soit par un

placement à l’étranger.

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Notons le poste investissements directs (en fait, « étrangers » ou IDE) ; les IDE recouvrent aussi bien les

créations de filiales à l’étranger que les fusions-acquisitions transfrontières ou les autres relations financières

(notamment les prêts et emprunts intra-groupes). Ils constituent l’élément moteur de la multinationalisation des

entreprises et de la mondialisation de l’économie, et sont l’un des principaux indicateurs de l’attractivité

économique des pays. Nous noterons la volatilité de ce poste dans notre BP ; la raison en est que notre pays est très

impacté par les transferts de fonds des sociétés transnationales (multinationales).

Le tableau ci-dessus montre l’importance du flux import-export de notre pays, ainsi qu’une balance commerciale déficitaire.

70% de notre commerce international s’effectue intra UE (balance déficitaire), 30% hors UE (balance excédentaire).

VVOOIICCII PPOOSSEESS LLEESS PPRREEMMIIEERRSS JJAALLOONNSS DDEE NNOOTTRREE MMOODDEELLEE MMAACCRROO--EECCOONNOOMMIIQQUUEE ::

** LLEE PPIIBB ((PPNNBB)) EESSTT LL’’OOUUTTIILL PPRRIINNCCIIPPAALL DDEE MMEESSUURREE DDEE LLAA CCRROOIISSSSAANNCCEE,,

NNOORRMMAALLEEMMEENNTT PPOOUUVVOOYYEEUUSSEE DD’’EEMMPPLLOOIISS ((TTOOUUTTEESS CCHHOOSSEESS EEGGAALLEESS PPAARR AAIILLLLEEUURRSS,,

PPLLUUSS LLAA CCRROOIISSSSAANNCCEE EESSTT IIMMPPOORRTTAANNTTEE,, PPLLUUSS IILL YY AA DD’’EEMMPPLLOOIISS)) ;;

** LLEESS PPRRIINNCCIIPPAALLEESS CCOOMMPPOOSSAANNTTEESS DDUU PPNNBB SSOONNTT LLAA CCOONNSSOOMMMMAATTIIOONN EETT

LL’’IINNVVEESSTTIISSSSEEMMEENNTT ;; CCEE SSOONNTT EELLLLEESS QQUUII «« TTIIRREENNTT »» LLAA CCRROOIISSSSAANNCCEE ;;

** LLAA CCOONNSSOOMMMMAATTIIOONN DDEEPPEENNDD EESSSSEENNTTIIEELLLLEEMMEENNTT DDUU RREEVVEENNUU DDIISSPPOONNIIBBLLEE ;;

** LL’’IINNVVEESSTTIISSSSEEMMEENNTT DDEEPPEENNDD EESSSSEENNTTIIEELLLLEEMMEENNTT DDUU TTAAUUXX DD’’IINNTTEERREETT RREEEELL ;;

MMAAIISS AAUUSSSSII

** LLEESS RREESSPPOONNSSAABBLLEESS PPOOLLIITTIIQQUUEESS PPEEUUVVEENNTT MMEETTTTRREE EENN ŒŒUUVVRREE DDEESS MMEESSUURREESS

VVIISSAANNTT AA SSTTIIMMUULLEERR CCOONNSSOOMMMMAATTIIOONN && IINNVVEESSTTIISSSSEEMMEENNTT,, NNOOTTAAMMMMEENNTT VVIIAA LLEE

SSYYSSTTEEMMEE FFIISSCCAALL ;; IILLSS PPEEUUVVEENNTT IINNFFLLUUEERR DDIIRREECCTTEEMMEENNTT SSUURR LLEE PPIIBB VVIIAA LLEESS

DDEEPPEENNSSEESS PPUUBBLLIIQQUUEESS..

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RESUME.

1. La macro-économie se base sur quelques concepts fondamentaux, tels que le PN (produit national), le taux de chômage, le taux d’inflation, qu’il est important de quantifier. Cette quantification est le but poursuivi par la comptabilité nationale. Trois approches de l’activité économique d’un pays sont possibles : l’optique produit, l’optique revenu, l’optique dépense. 2. L’approche produit conduit à estimer le Produit Intérieur Brut (PIB) ou son alternative, le Produit National Brut (PNB). Le calcul du PIB se base sur la notion de valeur ajoutée par les entreprises ; celles-ci utilisent la totalité de leur valeur ajoutée pour rémunérer les facteurs de production. Les sommes des VA nettes au coût des facteurs de l’ensemble des secteurs économiques fournit la valeur du PINcf. En y ajoutant les amortissements, on obtient le PIBcf. En ajoutant à ce dernier les impôts indirects et en retranchant les subventions, on obtient enfin le PIBpm. 3. Le PIBpm utilise les prix du marché, et prend donc en compte l’inflation; on parle alors de PIB nominal, ou monétaire, ou à prix courants. Afin de pouvoir mesurer l’évolution du PIB en volume, on utilise le concept de PIB réel, ou à prix constants; on l’obtient en divisant le PIB nominal par le déflateur du PIB. 4. Le revenu national (RN) est défini comme la somme des rémunérations attribuées aux détenteurs de facteurs de production. Le RNN est égal au PNNcf. A partir de ce RN, on dégage le revenu par habitant, qui permet de comparer la richesse des pays. Il faut toutefois prendre en compte la répartition du revenu national, mesurée par la courbe de LORENZ et par l’indice de GINI. La dépense nationale (DN) montre comment est « dépensé » le produit national : consommations privées et publiques, formation brute de capital fixe, exportations nettes de biens et de services.

5. Ces concepts font l’objet de nombreuses critiques, à cause de leur aspect à la fois « mécanique » et matérialiste. Ainsi, le PIB ne prend en compte ni les activités souterraines, ni les externalités négatives générées par la croissance. C’est la raison pour laquelle certains économistes proposent un nouveau concept, celui du Bien Etre Economique Net. De son côté, le PNUD calcule un indice de développement humain (IDH) qui tient non seulement compte du RN/habitant, mais également de facteur tels que l’espérance de vie et l’éducation. 6. La consommation privée constitue la composante la plus importante du PIB. La fonction de consommation est un concept fondamental en macro-économie; elle représente la relation entre le revenu disponible Yd de l’agent économique et sa consommation. De là découlent les notions de propensions moyenne et marginale à consommer, propensions qui a priori diminuent au fur et à mesure que le revenu s’accroît. L’épargne représente le solde entre Yd et C. 7. Diverses théories ont tenté de mettre en évidence une corrélation entre la consommation et d’autres éléments que Yd. La théorie de Friedman suppose que les individus réagissent différemment selon que la variation de leur revenu semble permanente ou pas (théorie du revenu permanent) ; Modigliani y intègre la notion de cycle de vie, dans laquelle les jeunes empruntent et les vieux désépargnent ; enfin, Duesenberry avance des facteurs sociologiques et imagine l’effet de cliquet : le niveau de consommation antérieur conditionne le niveau courant.

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8. L’investissement est également une composante importante du PIB, et stimule la croissance économique; il comprend les logements, les investissements publics et la formation brute du capital fixe (FBCF) des entreprises. Pour une entreprise, le coût d’un investissement est en général représenté par le taux d’intérêt réel. Si les recettes prévues sont suffisantes, l’investissement est rentable. Plus le taux d’intérêt est élevé, moins il y aura de projets rentables ; la fonction de demande d’investissements est donc décroissante au taux d’intérêt. 9. Une autre composante importante du PIB est la dépense publique. Pour faire fonctionner ses structures administratives, offrir des biens publics, assurer une protection sociale à ses citoyens et investir dans des infrastructures, l’Etat (sensu lato) a d’abord besoin de recettes Dans une très large mesure, celles-ci proviennent des impôts et taxes payés par les agents économiques, ménages et entreprises. Dans les pays européens, la pression fiscale se situe entre 40 et 50% du PIB, parfois au-delà. 10. La dette (total des encours des emprunts) et le déficit (différence entre recettes et dépenses annuelles) publics constituent deux défis de taille pour un état moderne. Dans le cadre européen de la monnaie unique, des traités obligent les états membres à limiter leur dette publique à 60% du PIB, et leur déficit à 3%, avec une tendance à l’équilibre. Tout membre qui n’atteint pas ces normes doit se soumettre à une cure d’austérité. Par ailleurs, certaines études ont montré que les dépenses publiques ne stimulaient autant pas la croissance que les théories keynésiennes l’affirmaient : en empruntant, les états font monter les taux d’intérêt et évincent ainsi une partie de l’investissement privé. 11. La balance des paiements est un compte qui enregistre les transactions économiques et financières d’un pays avec le reste du monde. Elle se compose de la balance des transactions officielles (BTO), regroupant d’une part la balance courante (dont exportations et importations) et d’autre part la balance des capitaux, et du mouvement des réserves de devises de la banque centrale. Les transactions enregistrées dans la balance se traduisent par des entrées et des sorties de devises. Le solde de la balance courante est appelé « exportations nettes » ; s’il est positif, les entrées de devises sont supérieures aux sorties ; le solde de la balance en capital est appelé « exportations nettes de capital » ; un solde positif traduit une balance négative, les sorties de devises étant supérieures aux entrées. Lorsque les entrées de devises sont supérieures aux sorties, la banque centrale peut acheter l’excédent et augmenter ainsi ses réserves ; dans le cas contraire, elle peut couvrir l’excédent de demande de devises en diminuant ses réserves.

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QUESTIONS DE REVISION ET PROBLEMES.

NOTIONS A MAÎTRISER : Valeur ajoutée, PIB, PNB, déflateur, RN, courbe de Lorenz, DN (et son équation) ; consommation et épargne, propensions à consommer, investissement ; recettes, dépenses, déficit et dette publics ; balance des paiements (balances commerciale, courante, en

capital).

QCM 1. Le PIBpm est supérieur au PIBcf du montant :

a) des taxes indirectes b) des taxes directes c) des amortissements d) des subsides aux entreprises

2. Les indicateurs tels que le PIB ou le PNB prennent en compte et intègrent dans leur calcul

a) les notions de qualité de vie et de bien être b) les aspects négatifs de la croissance tels que la pollution par exemple c) l'économie souterraine et le travail clandestin d) les richesses générées par les transactions monétaires

3. Si le PIB est exprimé en € courants, une modification d’une période à l’autre provient :

a) exclusivement d’une modification des prix b) exclusivement d’une modification des quantités c) soit de l’une ou de l’autre ou encore des deux ensembles d) d’une modification de la qualité des produits

4. Si PNBpm = 415 (* 109 €), les taxes indirectes = 50, les subventions = 7, les amortissements = 20 et la contribution nette à l’étranger = 3,5, alors PIBcf vaut :

a) 348,5 b) 368,5 c) 408,5 d) 454,5

5. L'IDH ne prend pas directement en compte:

a) le PIB/habitant b) les inégalités homme/femme c) l’espérance de vie d) le niveau d’éducation

6. Une propension marginale à épargner négative signifie que : a) L’ de la consommation est plus que proportionnelle à l’ de revenu b) La propension marginale à consommer est < 1 c) L’ de la consommation est moins que proportionnelle à l’ de revenu d) L’épargne moins que proportionnellement au revenu

7. Un pays en déficit de balance courante aura un BTO en équilibre ou en surplus ssi :

a) il importe plus de titres de reconnaissance de dettes qu’il n’en exporte ; b) les étrangers lui empruntent plus de capitaux qu’ils ne lui en prêtent c) les capitaux étrangers importés sont supérieurs aux capitaux qu’il exporte ; d) ses finances publiques sont en surplus.

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Questions 1. Les affirmations suivantes sont-elles vraies ou fausses ? Justifiez ! (**) a) puisque le PIB chinois est 18 fois plus élevé que le PIB belge (2013), l’économie chinoise de porte donc mieux que la nôtre ; heureux chinois ! b) les principaux déterminants de la FBCF sont le niveau des ventes et le taux d’intérêt ; c) les variations de la consommation et de l’investissement sont en général simultanées. 2. Quelles composantes du PIB (C, I, G, X, M) sont affectées par les opérations suivantes ? Commentez brièvement (*). a) vous achetez un frigo b) vous êtes marchand de vin et achetez au producteur des bouteilles de vin chilien c) l’Etat construit une nouvelle autoroute d) vous construisez une nouvelle maison e) l’Etat achète des nouveaux avions de chasse pour son armée. 3. Une mine d’argent paie ses employés 200.000 € (c’est son seul coût) et vend son produit à un bijoutier 300.000 € ; celui-ci paie ses employés 250.000 € et vend les bijoux 1.000.000 €. (*) a) ces opérations se déroulant la même année, quel en est l’impact sur le PIB ? b) quelle est la valeur ajoutée à chaque stade de production ? c) que valent les salaires et les profits ? (pour répondre aisément, établissez le compte des deux entreprises comme page 4)

4. Jessica est coiffeuse et gérante de sa SPRL (société) salon de coiffure. Ce dernier samedi, ses recettes ont été de 680 €, dont 100 € de TVA à reverser à l’Etat ; pour réaliser cette recette, elle a acheté des matières premières pour 22, dont 2 de TVA. Ses équipements se sont dépréciés de 5 € ; elle s’est versé un salaire de 200 €, sur lequel elle va payer 50 € d’IPP. Les profits de son entreprise ne sont pas distribués, mais sont taxés à l’ISOC au taux de 20%. Quelle est la contribution de Jessica : a) au PIB ? b) au revenu national ? c) au revenu disponible des ménages ? d) aux recettes de l’Etat ? (***) 5. Une économie produit 3 biens finals : ()

Biens 2013 2014

Quantités Prix unitaire Quantités Prix unitaire

Voitures 100 10.000 120 10.200

GSM 1.000 100 2.000 200

Pommes de terre 2.000 kg 6 200 kg 6

a) calculer le PIB nominal en 2013 et en 2014 b) calculer le taux de croissance réel du PIB entre 2013 et 2014 en utilisant 2013 comme année de base c) même exercice en utilisant 2014 comme année de base d) que vous dit la comparaison des montant obtenus en b) et c) ? Problème ? 6. Le vieillissement de la population en Europe aura-t-il une influence sur la consommation et l’épargne ? Argumentez votre réponse. (). Pistes de réflexion : théorie de Modigliani ; mais aussi répartition des patrimoines (voyez T. Piketty, http://piketty.pse.ens.fr/files/capital21c, graphiques et tableaux présentés dans le livre, tableau des chapitres 9, 10), problème des retraites

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7. Quel sera l’impact sur la FBCF des entreprises : (**) a) d’un crédit d’impôt sur l’investissement ? b) d’une baisse des taux d’intérêt ? c) du pessimisme des managers quant à l’évolution prochaine de la consommation ? d) d’une augmentation de l’impôt sur les bénéfices des entreprises ? Expliquez votre raisonnement. 8. Construisez la BP de l’économie belge (B) à partir des données suivantes : (***) a) la B a acheté du pétrole pour 100 € au Qatar b) la B a vendu de la bière pour 80 € aux USA c) les touristes étrangers ont dépensé 25 € à Knokke d) les résidents B ont acheté 50 € d’assurance-vie en Allemagne e) des résidents B ont acheté 10 € de drogue à des dealers colombiens f) des résidents B ont envoyé 20 € à leur famille en Turquie g) des entreprises résidentes B ont payé 30 € de dividendes à des actionnaires résidant à l’étranger h) des hommes d’affaires étrangers ont payé 40 € de pots-de-vin à des politiciens B (inimaginable, bien sûr, c’est juste pour les besoins de l’exercice !) i) des entreprises résidentes B ont emprunté 70 € à des banques étrangères j) des investisseurs étrangers ont acheté 15 € de junk bonds (titres pourris) à des banques résidentes B k) des non résidents ont déposé 55 € dans des banques résidentes B ; l) une entreprise belge (résidente) a investi 100 € dans une filiale au Brésil Le mouvement des réserves est égal à 0. Quel est le problème rencontré ? (utilisez le tableau de la BTO à la section 5)

Réponses au QCM : 1) a ; 2) d ; 3) c ; 4) b ; 5) b ; 6) a ; 7) c.