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Chirurgie pédiatrique orthopédique Fonds documentaire d’information patient Madame, Monsieur, L’objectif de ce document est de vous donner les réponses aux questions que vous vous posez. Il ne présente cependant que des généralités. Il ne remplace pas les informations que vous donne votre médecin sur l’état de santé de votre enfant. Code de la Santé Publique Article L1111-2 Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposées, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. Persomed Traitement chirurgical de la scoliose Rédaction : M. Elie et P. Simler Illustration : J. Dasic www.persomed.com 2007 Relecture scientifique Société française d’orthopédie pédiatrique (SOFOP) Relecture des patients Confédération interassociative sur la santé (CISS) Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR) Persomed 7 rue Ste Odile BP 62 67 302 Schiltigheim tél.: 00 (33) 89 41 39 94 fax : 00 (33) 89 29 05 94 Tous droits réservés ISBN 978-2-35305-148-9 Dépôt légal 1e trimestre 2007

Traitement chirurgical orthopédique Confédération ... · Traitement chirurgical de la scoliose. Simler Illustration : J. Dasic 2007 Relecture scientifique Société française

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Chirurgie pédiatrique orthopédique

Fonds documentaired’information patient

Madame, Monsieur, L’objectif de ce document est de vous donner les réponses aux questions que vous vous posez.Il ne présente cependant que des généralités.Il ne remplace pas les informations que vous donne votre médecin sur l’état de santé de votre enfant.

Code de la Santé Publique Article L1111-2

Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposées, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus.

Persomed

Traitement chirurgical

de la scolioseRédaction : M. Elie et P. Simler Illustration : J. Dasic

www.persomed.com

2007

Relecture scientifiqueSociété française d’orthopédie

pédiatrique (SOFOP)

Relecture des patients Confédération interassociative

sur la santé (CISS)Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR)

Persomed7 rue Ste Odile BP 6267 302 Schiltigheim

tél.: 00 (33) 89 41 39 94fax : 00 (33) 89 29 05 94

Tous droits réservés ISBN 978-2-35305-148-9Dépôt légal 1e trimestre 2007

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Utilité de cette partie du corps ?

La colonne vertébrale (ou rachis) est une tige de soutien flexible, sans laquelle il n’est pas possible de tenir assis ou debout.

Elle part du bas de la tête et va jusqu’en bas du dos, au niveau du bassin. Son rôle est de supporter le poids du corps, elle doit donc être bien stable. Mais elle doit aussi pouvoir bouger, pour s’adapter à nos mouvements.

Les nerfs transmettent les informations entre le cerveau et les muscles. Il peut s’agir d’ordre de mouvement ou de sensibilité. La colonne vertébrale entoure et protège un ensemble de fibres nerveuses appelé la moelle épinière.

Quelle partie du corps?De quoi est-elle constituée ?

La colonne vertébrale est constituée de petits os empilés, appelés les vertèbres. On en compte 33, réparties de la façon suivante :

- sept au niveau du cou (vertèbres cervicales),- douze dans le haut du dos (vertèbres thoraciques),- cinq dans le bas du dos (vertèbres lombaires), - cinq vertèbres soudées forment le sacrum et quatre vertèbres le coccyx, au niveau des fesses.

Entre chaque vertèbre, un coussinet souple appelé disque intervertébral leur permet de bouger les unes par rapport aux autres et d’amortir les chocs.

Des os longs et fins (les côtes) sont accrochés de chaque côté des vertèbres thoraciques et protègent les poumons. Cette partie de la colonne doit donc être assez rigide.

Vue de dos, la colonne vertébrale est droite. De profil, elle montre quatre courbures naturelles : elle est courbée vers l’avant au niveau de la nuque (lordose cervicale), bombée vers l’arrière dans le haut du dos (cyphose dorsale), creusée vers l’avant au niveau de la taille (lordose lombaire), et enfin, elle forme une bosse (cyphose sacro-coccygienne) au-dessus des fesses.

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Pourquoi faut-il traiter?Quel est le problème?

La scoliose est une déviation de la colonne vertébrale dans trois directions à la fois.

Elle atteint les vertèbres des régions dorsale et lombaire.

Vue de dos, la colonne n’est plus droite, mais courbée en « S ». A cause de cela, une épaule peut être plus haute que l’autre et la taille peut être de travers.

De profil, deux des courbures naturelles, la cyphose dorsale et la lordose lombaire, sont également perturbées. La cyphose s’aplatit, ce qui donne un dos plat. Les courbures peuvent même s’inverser, ce qui donne un dos creux entre les omoplates.

L’axe vertical de la colonne pivote. En tournant sur elle-même comme un escalier en colimaçon, la colonne entraîne les côtes qui sont fixées sur les vertèbres. D’un côté, les côtes se soulèvent. De l’autre, elles s’enfoncent vers les poumons. Cela créé une bosse dans le dos, que l’on appelle une gibbosité.

La scoliose idiopathique est une maladie dont on ne connaît pas la cause exacte. Elle touche plus souvent les filles que les garçons.

Elle pourrait être due à un dérèglement de la partie du cerveau qui contrôle l’équilibre.

En revanche, il est sûr que la scoliose n’est pas créée ou aggravée par des facteurs externes.

Elle n’est pas provoquée par l’équitation, un mauvais matelas ou un cartable trop lourd, ni parce que votre enfant se tient mal.

La scoliose évolue parallèlement à la croissance du dos. Son évolution est particulièrement rapide à l’adolescence, entre 11 et 13 ans pour les filles et 12 et 14 ans pour les garçons.

La croissance ne déclenche pas la scoliose, mais elle la révèle et l’accentue.

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Quels examens faut-il passer ?

Lors d’un examen torse nu, le médecin apprécie :

- de dos, la position des épaules et la symétrie de la taille ; - penché en avant, la bosse formée par la colonne vertébrale (gibbosité) ;- de profil, les courbures de la colonne vertébrale dans le haut du dos (cyphose dorsale) et au niveau de la taille (lordose lombaire).

La radiographie standard est une technique qui utilise des rayons (les rayons X) pour visualiser les os à l’intérieur du corps.

Sur une radiographie de dos, le médecin mesure la position exacte de la courbe du S. Il calcule également les angles formés par la courbe (angles de la scoliose).

Si cette valeur est supérieure à 30 degrés en fin de croissance, la scoliose a plus de risque de poser des problèmes à l’âge adulte.

Quelles sont ses conséquences ?

Cette maladie évolue rapidement avec la croissance du dos. La déformation s’aggrave de plus en plus et ne s’arrête qu’à la fin de la croissance.

La scoliose ne fait pas mal à l’adolescence, mais il faut stopper son évolution pour ne pas souffrir à l’âge adulte.

Lorsque la courbure de la colonne est importante, les disques placés entre les vertèbres (disques intervertébraux) s’usent rapidement. Cela provoque des douleurs, une raideur du dos et des problèmes au niveau des nerfs qui sortent de la colonne vertébrale.

Une scoliose très grave peut aussi gêner la respiration. La colonne vertébrale s’enfonce trop entre les omoplates (appelées aussi scapulas) et prend un peu la place des poumons. Le volume d’air qui peut y rentrer est réduit.

Une scoliose non traitée peut entraîner des douleurs à l’origine d’importantes gênes à l’âge adulte.

Enfin, la scoliose peut provoquer des déformations visibles (épaules de hauteurs différentes, bosse...).

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Les traitements médicaux...

Pour stopper l’évolution de la scoliose idiopathique, il est possible de porter une gaine rigide (un corset) entre 16 et 24 heures par jour selon la gravité de la maladie et les habitudes du médecin. Parfois, votre enfant porte un plâtre qui maintient tout le buste. Le corset stoppe souvent l’évolution de la maladie, mais il ne permet pas de redresser la colonne vertébrale. Il se porte jusqu’à la fin de la croissance. Plus le traitement commence tôt, plus il sera efficace.

La rééducation auprès d’un spécialiste du mouvement (un kinésithérapeute) ne peut pas modifier l’évolution naturelle de la scoliose. Elle ne constitue donc pas un traitement efficace contre son aggravation. Cependant elle se révèle utile pour accompagner le port du corset. Elle aide également à la correction des mauvaises positions associées à la scoliose.

... et leurs limites

Le port du corset est assez contraignant. Il n’a plus d’utilité si la scoliose est traitée trop tard car lorsque la croissance est terminée, la déviation de la colonne vertébrale n’évolue plus.

Certaines scolioses peuvent s’aggraver malgré le port d’un corset. Si la scoliose est trop importante et qu’elle augmente encore, le corset n’est pas suffisant pour contenir son évolution.

Quand faut-il opérer ?

Comme la chirurgie stoppe la croissance du dos, elle n’est généralement envisagée qu’à partir 12 ans pour une fille et 13 ans pour un garçon. Le chirurgien la propose si de solides arguments lui font penser que l’évolution naturelle de la scoliose aura des conséquences défavorables sur la santé de votre enfant à l’âge adulte.

Les risques si on ne traite pas

Sans traitement, la scoliose peut continuer à s’aggraver.

La déformation de la colonne vertébrale change la façon dont les articulations fonctionnent. L’usure des disques placés entre les vertèbres peut être telle qu’un disque s’abîme définitivement. Une partie du disque risque alors de déborder dans le canal où se trouve la moelle épinière (hernie discale) et de coincer un nerf. Cela est très douloureux et provoque parfois des difficultés pour bouger (paralysie).

En plus de la déformation physique entraînée par les scolioses, des problèmes plus graves risquent de poser de sérieux problèmes à l’âge adulte.

Elles peuvent continuer à évoluer après la croissance ou être douloureuses et entraîner des problèmes respiratoires.

Les traitements chirurgicaux...

Le but de l’opération est principalement de retrouver les courbures naturelles du profil de la colonne vertébrale (cyphose dorsale et lordose lombaire) et de réduire la courbure du S vu de face ou de dos.

L’opération stoppe également l’évolution de la scoliose.

Deux tiges métalliques sont fixées de part et d’autre de la colonne et modelées dans la position souhaitée.

La colonne, soutenue par ces tuteurs, est ensuite couverte de morceaux d’os (greffe d’os). En se soudant aux vertèbres, les morceaux d’os figent définitivement la correction. La zone de la colonne bloquée par la greffe devient rigide.

Les différents traitements

... et leurs limites

La colonne vertébrale atteinte de scoliose n’est plus aussi souple qu’une colonne vertébrale normale. Cette raideur empêche de redresser complètement la déformation. En général, la déviation peut être réduite de moitié.

Si la colonne vertébrale est très déformée et très raide, elle doit être préparée avant la pose des tiges métalliques. Un redressement trop brusque risquerait de l’endommager. Deux interventions chirurgicales sont nécessaires.

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L’opération qui vous est proposée

Introduction

La colonne vertébrale de votre enfant est déformée : il souffre d’une scoliose. Le chirurgien la redresse grâce à deux tiges métalliques. Une greffe osseuse (arthrodèse vertébrale) permet de stabiliser l’ensemble.

Avant l’opération

Pour déterminer comment soigner au mieux votre enfant, le médecin doit étudier la souplesse de la colonne.

Il prend une radiographie de dos, pendant que votre enfant se penche de côté, dans le sens contraire de la courbure (radiographies en bending) et observe la façon dont l’angle de la scoliose se corrige.

Parfois, un bilan plus complet du fonctionnement de la moelle épinière (bilan neurologique et I.R.M. de la moelle) permet d’être sûr qu’aucune malformation ne pourrait gêner l’opération.

Avant de corriger la scoliose, il faut parfois rendre un peu de souplesse à la colonne vertébrale au cours d’une autre opération chirurgicale : une thoracoscopie.

Cette intervention chirurgicale préparatoire peut se faire juste avant d’opérer la scoliose proprement dite ou bien dix à quinze jours avant. Dans ce cas, votre enfant doit ensuite rester allongé pendant deux semaines avec un poids aux pieds et un autre à la tête pour étirer sa colonne vertébrale (en traction). Cette manipulation, qui n’est pas douloureuse, redresse progressivement la colonne.

L’anesthésie

Avant l’opération, vous prenez rendez-vous avec le médecin anesthésiste-réanimateur qui examine votre enfant, propose une méthode adaptée pour l’endormir et vous donne des consignes à respecter. Au cours de l’intervention, votre enfant dort complètement (anesthésie générale).

L’installation

L’intervention se pratique dans une série de pièces appelée bloc opératoire conforme à des normes très strictes de propreté et de sécurité.

Votre enfant est allongé sur le ventre, puisque le chirurgien ouvre le dos (voie postérieure). La table d’opération ressemble à la couchette de Tintin dans la fusée qui l’emmène vers la Lune. Ses jambes sont pliées et ses mains posées au-dessus de sa tête. Une protection sous les épaules et une autre sous le bassin surélèvent son ventre. Ainsi celui-ci n’est pas comprimé, et cela limite les saignements.

Il existe des variantes techniques parmi lesquelles votre chirurgien choisit en fonction de son savoir-faire et du cas de votre enfant. Au cours de l’opération, il doit s’adapter et éventuellement faire des gestes supplémentaires qui rallongent l’opération sans qu’elle soit pour autant plus difficile ou plus risquée.

Lorsque votre enfant est endormi, le chirurgien enfile un petit tuyau (sonde urinaire) dans le conduit qui évacue l’urine, pour l’éliminer pendant l’opération et les jours suivants. De la même façon, on lui pose un tuyau qui va du nez jusqu’à l’estomac (une sonde gastrique). Celui-ci permet de vider le contenu de l’estomac dans une poche à l’extérieur. Enfin, un tuyau dans la gorge aide votre enfant à respirer. On parle d’intubation.

L’opération qui permet de corriger la scoliose est éprouvante. Elle nécessite une préparation psychologique et une grande motivation. Cette épreuve permet cependant d’aborder une vie d’adulte sans craindre les difficultés dues à l’évolution naturelle des scolioses graves.

Même si une opération sur la colonne vertébrale peut faire peur, sachez que les risques de paralysie sont très faibles, et qu’il peut s’agir de paralysies qui disparaissent par la suite. N’hésitez pas à poser des questions ou à faire part de vos doutes à votre chirurgien.

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Le geste principal

Après avoir repéré les vertèbres, le chirurgien place les crochets ou les vis qui vont servir à fixer les tiges de soutien le long de la colonne.

Chaque crochet ou vis est solidement accroché sur les vertèbres. Le nombre et la position des crochets ou des vis dépend de la courbure à traiter. L’ensemble est fixé selon un plan décidé avant l’opération, d’après les radiographies.

Ces outils sont faits de métaux bien tolérés par le corps humain (titane ou acier inoxydable).

La première tige est placée le long de la colonne vertébrale. Le chirurgien la modèle et la fixe aux crochets pour lui donner la forme voulue.

La deuxième tige est placée de l’autre côté de la colonne. Elle est aussi fixée par des crochets et reliée à la première grâce à deux ou trois traverses métalliques.

La première tige sert à faire la correction, la seconde à maintenir cette correction.

Pour fixer la correction à long terme, la colonne vertébrale est figée dans cette position à l’aide de petits morceaux d’os (greffons) que le chirurgien prélève sur le bassin ou sur les côtes de votre enfant. Parfois, il utilise pour cela de l’os artificiel.

crochet

L’ouverture

Le chirurgien incise la peau le long de la colonne vertébrale, dans le dos, de la base du cou au bas des reins. Il détache les muscles accrochés à l’arrière des vertèbres et les repousse sur le côté pour accéder à la colonne vertébrale.

Comme l’opération est longue et que le chirurgien met en place du matériel, le risque que des microbes envahissent la zone opérée est supérieur. C’est pour cette raison qu’on donne pendant l’opération, ou juste avant, des médicaments qui tuent les microbes (antibiotiques).

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Le geste principal (suite)

Pour faciliter la greffe, le chirurgien gratte les os de la colonne vertébrale pour qu’ils saignent un peu. Il pose ensuite les greffons de chaque côté des tiges, dans le but que les os se soudent. On appelle cela une greffe osseuse.

Au bout de trois à quatre mois, les tiges métalliques sont prises dans l’os et ne risquent plus de bouger.

La greffe d’os assure une correction solide et durable. Les tiges métalliques maintiennent la correction le temps que les os se soudent. Sans cette greffe, le système mécanique pourrait se fatiguer, faiblir et même se briser.

Pendant toute l’intervention, le chirurgien vérifie que la moelle épinière fonctionne toujours correctement. Un ordinateur particulier permet de contrôler l’activité des nerfs (monitoring de la moelle). Certains chirurgiens utilisent une autre technique : l’anesthésie est diminuée jusqu’à ce que l’enfant se réveille (réveil péropératoire). L’anesthésiste lui demande de bouger les pieds. S’il les bouge, il le rendort et l’opération reprend. Au réveil, il ne se souvient de rien !

Dans les cas extrêmement rares où ce test révèle une faiblesse ou des difficultés pour bouger (une paralysie), le chirurgien modifie la correction jusqu’à ce que les pieds bougent à nouveau ou bien enlève les tiges. Les paralysies définitives sont très rares.

greffons

Faut-il une transfusion?

L’opération intervient dans une partie du corps très riche en vaisseaux sanguins, qui risque donc de beaucoup saigner.

Durant les semaines qui précèdent l’opération, on prélève plusieurs fois un peu de sang à votre enfant pour constituer une réserve. Son organisme fabrique ensuite une quantité équivalente à celle qu’on lui a enlevée. Le sang prélevé est conservé pour l’opération, pendant laquelle on peut le lui redonner si nécessaire. C’est ce qu’on appelle une autotransfusion différée.

Un autre dispositif permet de réutiliser le sang qui coule au cours de l’opération. On l’appelle le cell-saver. Le sang est aspiré par une machine, qui le purifie puis le redonne à votre enfant pendant l’intervention.

Dans certains cas, il est nécessaire de donner le sang d’un inconnu (transfusion). Il provient alors d’une banque du sang. Rassurez-vous, les produits de transfusion subissent de nombreux contrôles destinés à éviter le risque de contamination par certaines maladies (hépatite, SIDA).

Les gestes associés

Si la scoliose a provoqué l’apparition d’une importante bosse dans le dos (gibbosité thoracique), le chirurgien peut la remodeler pour la diminuer. On parle alors de thoracoplastie.

Le chirurgien raccourcit les quatre à cinq côtes qui posent problème. Il prélève environ cinq centimètres de chacune de ces côtes, au niveau de la partie proche de la colonne. Il replace les bouts de côtes restants près de la colonne. Ils s’y ressoudent ensuite tous seuls dans la bonne position.

Si votre médecin intervient sur les côtes, les morceaux d’os qu’il retire peuvent servir pour la greffe osseuse. Les bouts de côtes sont broyés et posés le long des tiges pour la greffe.

Cette partie de l’opération peut faire entrer de l’air entre le poumon et les côtes (pneumothorax). Pour cette raison il est quelquefois nécessaire de mettre un tuyau qui aspire l’air pendant deux ou trois jours (drain thoracique).

La fermeture

Il est normal que la zone opérée produise des liquides (sang…). Pour qu’elle reste saine, le chirurgien met parfois en place un système (drainage), par exemple de petits tuyaux, afin que ces fluides s’évacuent après l’intervention.

Pour refermer, le médecin utilise du fil, des agrafes, ou un autre système de fixation. Il peut s’agir de matériel qui reste en place ou au contraire se dégrade naturellement au fil du temps (matériel résorbable).

L’aspect final de la cicatrice dépend surtout de l’état de la peau, des tiraillements qu’elle subit ou encore de son exposition au soleil, qu’il faut éviter après l’intervention…

La durée de l’opération

La durée de cette opération peut varier beaucoup sans que son déroulement pose un problème particulier, car elle dépend de nombreux facteurs (la méthode utilisée, le nombre de gestes associés…). Habituellement, elle dure entre quatre à six heures environ. Il faut compter en plus le temps de la préparation, du réveil…

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Dans les jours qui suivent...Douleur

Chaque organisme perçoit différemment la douleur. Habituellement, elle est assez importante et se fait sentir dès le réveil. C’est pourquoi votre enfant prend un anti-douleur puissant (de la morphine).

Selon les habitudes du centre hospitalier, la morphine est injectée petit à petit pour réguler la douleur ou l’enfant actionne lui-même une pompe à morphine quand il a mal.

Au bout de quelques jours (généralement deux ou trois, mais cela peut varier), la douleur diminue. Des médicaments plus légers suffisent alors.

Si malgré tout votre enfant a mal, il peut en parler à l’équipe médicale qui s’occupe de lui, il existe toujours une solution.

Fonction

Au réveil, votre enfant est couché sur le dos ou le côté. Il peut bouger un peu les bras et les jambes.

Il peut s’asseoir dès le troisième ou le quatrième jour après l’intervention, et se lever au cinquième jour.

Autonomie

Juste après l’opération, il y a des chances que votre enfant soit un peu somnolent. Il ne peut pas trop bouger, ni boire et manger seul. Le tuyau qui l’aide à respirer l’empêche de parler et n’est souvent retiré que le lendemain matin. Dès le premier jour après l’opération, il va mieux et il peut recevoir des visites.

Progressivement, il retrouve une vie normale. Il recommence à boire seul le lendemain et à s’alimenter quelques jours plus tard. Bientôt, il s’assoit et se tient debout. Il n’a plus besoin de corset.

Principaux soins

Les trois jours qui suivent l’opération demandent une attention particulière. En effet, un très faible risque de paralysie continue à exister pendant cette période. Il est alors indispensable de réopérer immédiatement.

Votre enfant reçoit directement la nourriture dont il a besoin par un tuyau piqué dans un vaisseau sanguin du bras (perfusion).

Il prend également des médicaments qui soulagent la douleur (antalgiques) et parfois, un traitement qui évite qu’un bouchon de sang (caillot) se forme dans une veine (phlébite).

Comme le dos est resté ouvert pendant près de six heures, le risque que la zone opérée soit envahie par des microbes (infection) est important. L’équipe médicale surveille donc attentivement votre enfant. Les infirmières prennent régulièrement sa température et font des prises de sang pour vérifier que tout est normal.

Comme il ne peut pas beaucoup bouger, elles font également sa toilette. Elles lui frictionnent le dos pour qu’il se sente mieux et pour éviter que des plaies douloureuses (les escarres) ne se forment.

Retour à domicile

En général vous ramenez votre enfant chez vous au bout d’environ deux semaines.

Cela dépend de l’établissement dans lequel il est soigné mais surtout de son état de santé et de son autonomie.

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Le résultat

Douleur

Il faut compter environ un mois pour ne plus avoir mal et être à nouveau tout à fait autonome.

Fonction

Il vaut mieux éviter de plier le dos en se penchant en avant tant que la greffe n’est pas solide, un crochet pourrait se déloger.

Les mouvements qui font trop bouger la colonne vertébrale sont interdits pendant six mois. Par exemple, il ne faut pas s’asseoir dans un fauteuil bas ou par terre.

Les tiges de soutien et la greffe osseuse rigidifient une partie de la colonne vertébrale. Elle bouge moins bien à l’endroit où se trouvent les tiges métalliques.

Cette perte est compensée par les mouvements des vertèbres restées libres et des hanches. On apprend à faire les mouvements différemment. Une danseuse de l’Opéra de Paris a subi cette opération, et cela ne l’empêche pas de danser !

Si votre enfant a subi une thoracoplastie, il peut suivre des séances de rééducation auprès d’un spécialiste du mouvement (kinésithérapeute) pour réapprendre à faire les bons mouvements pour respirer.

La rééducation peut également être nécessaire pour rééquilibrer le dos.Autonomie

Après un mois de repos, votre enfant peut retourner en classe. Il faut cependant attendre six mois pour reprendre le sport.

Principaux soins

Il est important de bien se reposer après une telle opération : l’enfant a subi une longue intervention et a perdu du sang. Le repos est une bonne garantie pour que la greffe osseuse se soude rapidement et correctement.

Sachez qu’il n’est habituellement pas nécessaire de retirer le matériel mis en place au cours de l’intervention.

Même si l’opération ne permet pas de redresser complètement la colonne vertébrale, elle réduit généralement la scoliose de moitié. Les patients sont souvent satisfaits de retrouver un dos équilibré et une silhouette plus jolie. De plus, l’opération stabilise la scoliose et l’empêche de s’aggraver.

Suivi

Il faut suivre rigoureusement les consignes de votre médecin. Allez aux rendez-vous qu’il vous programme, et, s’il en propose, faites passer à votre enfant les examens de contrôle. C’est important. Habituellement les patients sont revus par le médecin jusqu’à ce que le résultat attendu soit obtenu.

L’équipe médicale qui s’occupe de vous prend toutes les précautions possibles pour limiter les risques, mais des problèmes peuvent toujours arriver.

Nous ne listons sur la page suivante que les plus fréquents ou les plus graves parmi ceux qui sont spécifiques de cette intervention. Pour les risques communs à toutes les opérations, reportez-vous à la fiche « les risques d’une intervention chirurgicale ». Les risques liés à l’anesthésie sont indiqués dans le fascicule « anesthésie ».

Certaines de ces complications peuvent nécessiter des gestes complémentaires ou une nouvelle opération. Rassurez-vous, votre chirurgien les connaît bien et met tout en œuvre pour les éviter. En fonction de l’état de santé de votre enfant, il est plus ou moins exposé à l’un ou l’autre de ces risques.

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Les risquesAprès l’intervention

Il arrive parfois que la zone opérée soit envahie par des microbes (infection). Des médicaments (les antibiotiques) suffisent généralement à les éliminer. Des analyses permettent d’identifier le microbe et ainsi d’adapter le traitement pour une efficacité maximale. Si malgré cela, l’infection persiste, il faut envisager une nouvelle opération pour nettoyer. Le risque d’infection est légèrement plus élevé que pour une autre intervention en raison de la durée de l’opération et l’importance de l’ouverture.

Des petits bouts de sang solidifié (caillots) peuvent se former et se coincer dans les veines des jambes (phlébite) ou des poumons (embolie). Si ce risque est important, par exemple chez une jeune fille qui prend la pilule, on donne un traitement qui fluidifie le sang.

Il est possible que la zone opérée saigne et qu’il se forme une poche de sang (un hématome) qui nécessite un traitement complémentaire.

Si un nerf de l’oeil est comprimé pendant l’intervention, il peut arriver que votre enfant perde l’usage d’un oeil ou des deux. Cela reste extrêmement rare.

La scoliose continue parfois son évolution au-dessus ou en-dessous des tiges. Dans ce cas, il faut réopérer pour allonger le montage.

Pendant l’intervention

Des vaisseaux sanguins peuvent être coupés accidentellement et se mettre à saigner. Il faut alors les recoudre et éventuellement redonner du sang (transfuser). Des nerfs ou la moelle épinière peuvent être atteints au cours de l’opération. Si malgré un traitement adapté, ils s’abîment définitivement, il est possible que cela entraîne une paralysie ou une insensibilité de certains endroits du corps ou des difficultés de fonctionnement (handicap fonctionnel). Heureusement, cela est rare.

Un crochet glissé entre deux vertèbres peut comprimer la moelle épinière. Il suffit alors de modifier la position du crochet pour dégager la moelle. Le monitoring de la moelle et le test d’éveil pratiqués pendant l’opération permettent de dépister ce défaut.

Le redressement de la colonne vertébrale peut étirer un vaisseau sanguin. Le sang n’arrive alors plus dans la moelle, ce qui entraîne une paralysie. Si elle est détectée très tôt, on peut la faire disparaître en réopérant d’urgence pour enlever les tiges et les crochets. C’est pour cela que votre enfant reste trois jours sous surveillance attentive.

Il peut arriver que l’enveloppe qui entoure les poumons (la plèvre) soit trouée. Dans ce cas, de l’air y pénètre (pneumothorax), qu’il peut être nécessaire d’évacuer à l’aide d’un drain.

En cas de problème... Si vous constatez quelque chose d’anormal après l’opération, n’hésitez pas à en parler à votre chirurgien. Il est en mesure de vous aider au mieux puisqu’il connaît précisément le cas de votre enfant.

Après l’intervention (suite) Rarement, il arrive qu’un crochet du montage métallique se décroche. Si le reste du montage tient bien et que ce n’est pas trop douloureux, on ne fait rien.

Parfois, la greffe osseuse ne fonctionne pas : les greffons ne se soudent pas à la colonne. On parle de pseudarthrose. En plus d’être parfois douloureux, cela risque d’entraîner des contraintes supplémentaires sur une des tiges, qui peut casser. Il faut alors réopérer.

Les disques intervertébraux situés au bas de la colonne vertébrale travaillent davantage chez les patients opérés d’une scoliose. Ils s’usent plus rapidement et peuvent être à l’origine de douleurs.

Il peut arriver qu’une infection se manifeste jusqu’à dix ans après l’opération (infection tardive) ! Cela peut faire mal, mais surtout, cela peut nécessiter une nouvelle intervention pour retirer le matériel.