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v-. L orsqu'eu' i 843 lurciit faites les restaurations à 1' aile nord de la Baøflique de St. Marc, cet fut un toile général; tous les amateurs d'au[, tous les archéologues poussèrent des cris d'indignation, criant au sacrilège, à la profanation: la com- mission chargée de diriger les travaux, rie se faisant pas peut-être une idée assez exacte du devoir qui incombe à celui qui est chargé de restaurer un édifice tel que St. Marc, ne s' était pas suffisamment préoccupée de conserver le caractère d'antiquité du monument. Â cette époque tout le monde regretta qu' il n'existât aucun ouvrage pouvant servir de guide pour éviter de semblables dé- gradations mais aucun éditeur, ni en Italie, ni à 1' Étranger n' avait osé entreprendre ce travail colossal; si presque tous les Principaux monuments d'Italie ont été décrits et illustrés dans des ouvrages publiés par les grands éditeurs allemands, mais surtout anglais et français, personne n'avait songé à entreprendre une monographie de St. Marc, comprenant bien que ce ne pouvait être là une affaire de spéculation. Kreutz publia en 1843 un programme très insuffisant et com- mença sa publication; mais elle fut tout d'un coup arrêtée et 1' ouvrage menaçait d' en rester là, lorsqu'en 1 877 1' éditeur On- gania, un nom désormais bien connu de tous ceux qui s'occupent de 1' art italien et de Bibliographie, publia un nouveau program- me et annonça u' il voulait reprendre le travail au point où l'a- vait laissé Kreutz, mais en en élargissant considérablement le cadre. Document l^ Il Il Il IL Ill illll L l^ Il lli Il li 0000005635368

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orsqu'eu' i 843 lurciit faites les restaurations à 1' aile nordde la Baøflique de St. Marc, cet fut un toile général;tous les amateurs d'au[, tous les archéologues poussèrent

des cris d'indignation, criant au sacrilège, à la profanation: la com-mission chargée de diriger les travaux, rie se faisant pas peut-êtreune idée assez exacte du devoir qui incombe à celui qui est chargéde restaurer un édifice tel que St. Marc, ne s' était pas suffisammentpréoccupée de conserver le caractère d'antiquité du monument.

 cette époque tout le monde regretta qu' il n'existât aucunouvrage pouvant servir de guide pour éviter de semblables dé-gradations mais aucun éditeur, ni en Italie, ni à 1' Étrangern' avait osé entreprendre ce travail colossal; si presque tous lesPrincipaux monuments d'Italie ont été décrits et illustrés dans desouvrages publiés par les grands éditeurs allemands, mais surtoutanglais et français, personne n'avait songé à entreprendre unemonographie de St. Marc, comprenant bien que ce ne pouvait êtrelà une affaire de spéculation.

Kreutz publia en 1843 un programme très insuffisant et com-mença sa publication; mais elle fut tout d'un coup arrêtée et1' ouvrage menaçait d' en rester là, lorsqu'en 1 877 1' éditeur On-gania, un nom désormais bien connu de tous ceux qui s'occupentde 1' art italien et de Bibliographie, publia un nouveau program-me et annonça u' il voulait reprendre le travail au point où l'a-vait laissé Kreutz, mais en en élargissant considérablement lecadre.

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Nous 1' avouons en toute sincérité, nous nous associâmes detout coeur au concert de louanges qui s' éleva alors à 1' adresse del'homme courageux, qui, seul, allait tenter ce que les plus grandséditeurs de l'Europe n' avaient point osé ou voulu faire; mais nousn'étions nullement convaincu de sa réussite. N'était-il pas en effettéméraire de sa part de risquer une semblable entreprise ?

Aucun guide n'existait, et cela de l'aveu même des savants.Il fallait donc tout créer, tout faire, tout étudier par soi-même.Mais notre éditeur vénitien s'entoure d' hommes érudits, ayantchacun une spécialité, qui, comme lui, ont la religion de l'amourdu sol natal, et de concert avec eux il travaille sans relâche, cher-chant constamment, dénichant chaque jour quelque curiosité igno-rée, (un grand nombre de planches reproduisent des bas-reliefs, etc.,se trouvant dans des parties sombres et négligées par les touristeset leur étant par conséquent inconnus) ne négligeant rien, n'ou-bliant rien.

Il réunit autour de lui une phalange d'artistes auxquels ilinspire son amour du "rai et du beau il excit leur zèle, il leurcommunique son ardeur-,

'il leur fait exécuter ces aquarelles, ces

dessins à la plume que les amateurs ont pu admirer comme nousau Palais l)iieal où les originaux ont été exposés 1' année dernièrependant quatre ou cinq mois. Quelle perfection quel travail pa-tient, soigné dans ses moindres détails!

Mais ce n' était pas tout il fallait traduire tout cela en chro-molithographies, en photogravures, en gravures; et là encore, le zèleinfatigable de 1' éditeur se montre, et plus éclatant peut-être, pourle soin qu' il apporte à rendre la vérité du ton, l'harmonie géné-rale: la façade de la Basilique, par exemple, se compose de 21 plan-ches chromolithographiques qui sont tirées avec une telle perfec-tion, que 1' on croirait n'en voir qu' une seule, et elles n'ontpas la dureté que l'on reproche d'ordinaire à la chromolithogra-phie; c' est un vrai tour de force

Aussi sontravail est-il aussi complet que possible sous tousles rapports; nous admettons bien que quelqu' tin puisse trouverà glaner dans ce vaste champ, mais désormais la moisson est faiteet les archéologues, les amateurs d' art et de curiosités peuventse féliciter, leur chère Basilique est sauve; pas une des pierresqui la composent n' L été négligée, tout a été reproduit avec unevérité ai sissantc.

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Non seulement 1' Editeur nous donne la façade actuelle deI' Eglise, mais encore il nous initie aux diverses modificationsqu' elle a subies. II s' aide de tout: des tableaux anciens de Bellini,pour nous donner la façade au XV» siècle; des fouilles faites lorsdes restaurations en 1882, pour nous donner une idée de ce qu'elleétait dans les premières années de son édification; et ces dernièresplanches ne sont pas les moins intéressantes,

Quand parurent les premières planches de cet ouvrage incom-parable, nous fûmes obligé d'avouer que si la publication conti-nuait ainsi, elle serait sûrement à la hauteur de l'admirable Ba-silique d' or. Nos doutes persistaient cependant, précisément àcause de cette perfection, car il semblait impossible, nous le répé-tons, qu' un seul homme, isolé, sans 1' aide de personne pût me-ner à bonne fin une publication aussi grandiose, qui fait le plusgrand honneur à la Bibliographie italienne, et qi n'a certaine-ment pas d'égale en son genre.

Aujourd'hui que 1' ouvrage est arrivé à son complet achève-ment, nous applaudissons d'autant plus que nous avions plus doutéde sa réussite.

Comment du reste ne pas rendre justice à l'éditeur Onganialorsqu on feuillette son oeuvre merveilleuse. En voici la distribu-tion générale:

TEXTE par une réunion d' écrivains vénitiens sous ladirection de Mr. le Prof. Camille Boito.

Cc texte se divise ainsi qu' il suit:Introduction. - Légendes et Traditions. Histoire architec-

tonique. - Restaurations. - Crypte, Chapelles, Autels, Tombes.--Marbres. - Sculptures en général. - Sculptures Symboliques.

Sculptures importées, (Pilastres d' Acri, colonnes historiées,chapiteaux, etc.) Bronzes. - Sculptures en bois. - Pavé -Mosaïques des parois. - Clocher. - Histoire civile. - Juspatro-nato. - Procurateurs.Rite. - Primicier (Saint Office.) -Chapelle Chorale. - Table. -- Bibliographie.

PLANCHES. - Six cent cinquante planches, dont 45chromolithographies - 143 gravures - 68 gravures oncouleur - 442 Phototypies.

Toutes ces planches sont d' une rare perfection, celles enchromo sont exécutées avec tant de soin que l'on croirait voir devéritables aquarelles.

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Cet ouvrage déjà si complet comme on le voit, l'est encoredavantage par suite de la publication de l'ouvrage intitulé:

LE TRÉSOR DE St. MARC, dont le texte est dù à la plumeérudite de M.r 1' \hhé Pasini, chanoine de la Marciana, et dont lapartie illustrée Lie compte pas moins de 2 i planches eu chromoli-thographie et 76 en phtotvpie en couleurs variées, toutes d' unegrande beauté et qui mettent sous les yeux de l'amateur émerveilléles richesses incomparables du Trésor de notre Basilique.

Le texte de cette magnifique publication qui, bien qu'elle for-me l'appendice Pour ainsi (lire obligé de la première, peut êtreachetée séparément, est imprimé, comme tout ce qui a rapportà St. Marc, avec un très grand luxe et dans un style qui rappelleles plus beaux jours de l'ancienne typographie vénitienne si ju-stement célèbre. De plus, dans le texte seront intercalées des re-productions d'anciennes gravures (fac-simile), représentant des céré-monies religieuses ou publiques, dans lesquelles étaient portés desornements sacerdotaux qui n'existent plus aujourd Imi, mais quià cette époque figuraient au Trésor de St. Marc.

Nous signalons pour mémoire la Procession du Doge ledimanche de Rameaux, magnifique et précieuse reproductionen 8 planches J' une gravure fort rare du VI , siècle.

Comme on le voit rien n'est négligé, et cependant ce travaildéjà si colossal ne suffisait pas encore au zèle infatigable de I' E-diteur. Au fur et ?i mesure que son travail avançait, il réunissaittous les documents, soit manuscrits, soit imprimés qui se réfèrentà la Basilique et qui devaient servir de pièces justificatives, attes-tant la véracité des assertions contenues dans le texte. Cc sontces documents, réunis en Ufl magnifique volume in-4.', que nousavons sous les yeux et dont L1OUS nous proposons de donner briè-vement un aperçu, persuadé que nous pourrons être agréable auxbibliophiles, aux amateurs de curiosités et à tous ceux qui s'occupentd' études historiques, en leur donnant une idée, quoique bien in-complète, de l'importance du cc volume dont la traduction nesaurait être faite sans lui enlever toute sa saveur d'authenticité.

**Documenti per la atoria dell' auguata ducale Bai1tca

di San Marco, tel est le titre de ce patient travail de recherches,de réunion de documents empruntés aux archives de la Marciana,du vIusce Corjer, aux Archives Royales de 1' Etat à Venise, etc.

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Il se compose de:r.° Une Préface par Mr. le Comm. Cecchetti.2.° Une chronologie des Doges.3.0 Sources manuscrites et imprimées du IX au XVIII e siècle.4.0 Chronologie des Chroniques et des Documents du IXe au

XVIII U siècle,5 .° Chroniques et documents pour servir à l'histoire de la Basi-

lique de St. Marc.6.0 Appendice aux chroniques et aux documents.7.° Livres imprimés ayant trait à l'Auguste Basilique de St. Marc

jusqu'à la fin du XVIHO siècle.8.0 Collection de fac-similés relatifs à 1' Auguste Basilique de St.

Marc.Nous ne saurions donner un plus juste exposé de cc volume

qu'en traduisant la Préface de M. le Comm. B. Cecchetti, Di-recteur des Archives Royales de I' Etat à Venise, illustre paléo-graphe bien connu, qui, admirant dès le principe l'infatigableardeur de I' Editeur Ongania, 1' a aidé dans ses recherches, a classéet coordonné tous ces documents (c'est Ongania qui nous le ditdans son programme,) et a voulu enfin iLli donner cette marqued'estime d'écrire la préface de ce volume, laquelle donne un ex-posé succinct des documents et signale l'importance des principauxd'entre eux.

« Ce n' est pas à travers des fenêtres historiées que la lumièredescend, enveloppant les fidèles dans une onde mystérieuse, etqu' elle porte au Dieu de miséricorde, leurs prières exprimées pardes psalmodies expiatoires; mais comme un emblème de puissance,elle court rapide, se réfléchissant sur les magnifiques parois où sedéroulent les légendes des anciens âges et des temps modernes,parois qui ont valu à cc temple unique le surnom d'Egltse d'or.

« La Construction d'un aussi riche édifice est d'autant plus ad-mirable que les habitations des particuliers étaient alors pauvres;la grandeur, la richesse, I' honneur de ce peuple nouveau, touts'était réuni dans ce monument, souvenir éloquent de sa vie pas-sée, hypogée construit avec les restes des cités dévastées par les bar-bares, orné des trophées conquis. enrichi du tribut de tous les âges.»

« A ceux qui déplorent que l'esprit religieux ait trop exclu-sivement dominé au moyen-âge, envahi toute la société et multi-plié les églises, les institutions, les oeuvres pies, il suffira de voir

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ce temple, qui n'aurait pas été élevé sans la valeur inapréciahieattachée alors par les fidèles aux reliques des Saints; sans lespieuses légendes, les traditions et le culte fervent de nos pères.Ce sentiment, que notre époque sceptique déplore ou raille, futsi fécond dans le domaine des ouvrages civils en monuments et enoeuvresd' arts excellentes, quel' on peut lui pardonner bien des excès,et même les entraves qu' il a mises au progrès. Sans ce fort senti-ment qui entrainait les multitudes, bien qu' il ne les ait pas toujoursmaintenues également unies, 1' Art ne pourrait se glorifier de sescréations les plus élevées, et l'Italie, qui tient une si grande placedans le monde de l'art, ne serait pas aujourd'hui l'école du beau,inspiratrice continue du sentiment artistique.

« Saint Marc n'est pas seulement le temple de la prière ; àl'exemple des anciennes Basiliques il a été dès le principe l'é-glise du Prince, le lieu où furent débattus les graves intérêts dela nation ; où furent ratifiés les traités, acclamés les Doges. Plusqu' un modeste lieu de prières, ce devait être la superbe maisondu Dieu de la Victoire et de la grandeur, l'orgueil de tout Vé-nitien, la chose la plus chère, qu'il aurait défendue comme le sym-bole et le gage de son indépendance. »

« C' est une église-reine qui a laissé de ccté l'humilité, lamodestie, 1' ombre; et elle resplendit d'or et de vie dans la va-riété infinie de ses marbres, dans les scènes de ses mosaïques,dans ses colonnes accumulées comme autant de trophées à la di-vinité; et elle est entièrement belle, depuis ses voûtes couvertes depeintures qui défient les siècles, jusqu' à son pavé, travaillé com-me un tapis, où F oeil se perd dans les méandres et dans la mar-queterie la plus minutieuse; depuis les flèches gracieuses, au sommetdesquelles se trouvent, comme des gardiens, des vierges et desSaints; jusqu' à la Crypte où il semble encore que l'on entenderaisonner les prières des fidèles devant les reliques déposées ence lieu dédié à 1' Evangéliste de la force, symbole de 1' Etat. >)

« Avec elle s' élève la nouvelle Venise, ces îles se peuplent;le siège du gouvernement qui y a été transféré depuis peu d'an-nées devient plus sûr; la confiance entre dans tous les espritsVenise est désormais une puissance, et sur son labarum elle a mis

Saint Marc pour armoiries.Mais sur ce temple dont les anciens souvenirs seraient si pré-

cieux, quels sont les documents et combien en existe-t-il?

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Sans nuire aux mérites de ce recueil qui représente tout cequi n pu être réuni sur l'insigne monument, il faut avant toutdéclarer que Saint Marc était presque terminé, et dejt incrusté demosaïques et couvert de marbres quand les documents commen-cent à en parler. Nous devons aux chroniqueurs quelques souve-nirs sur son histoire avant le X[ll siècle, pendant lequel, en pe-tit nombre, commencent à se montrer les écrits qui en parlent.

Faisons quelques remarques sur cette collection, qui, nous n'hé-sitons pas à le reconnaître, est très recommandable.

Les fragments de chroniques ont été choisis par M. le che-valier Soranzo, sous-conservateur à la Bibliothèque nationale laMarciana. M. le chevalier Frédéric Stefani, avec cette intelligenceque tout le monde connaît et qui n'a d'égale que sa courtoisie,a indiqué, en grande partie, les Documents, dont la série a étécomplétée par d'autres. Du Musée municipal et du Recueil Cicogna,grâce à la complaisance de ses excellents employés et avant toutde son Conservateur M . r le Comm. Nicolas Barozzi, ont été tiréesquelques indications utiles et maints fac-similés. M. Jean Saccardo,neveu de cet habile ingénieur de la Basilique, qui veille avec unsoin si jaloux à la conservation de ce précieux monument, a gra-cieusement offert I' Appendice aile Cronache e ai Documenticompilé par lui avec titi qui donne les plus grandes espé-rances sur son avenir dans les études touchant l'histoire nationale.Nous sommes heureux de pouvoir reproduire ici les considérationsdont il accompagne cet Appendice.

« En ajoutant cet appendice aux fragments (te Chroniques etde Documents concernant la Basilique de St. Marc, je ne prétendscertainement pas les présenter comme la dernière pierre de l'édi-fice que l'on vient d'élever. Une foule de patientes recherchesseraient encore à faire, et 1' on parviendrait probablement à dé-couvrir quelque nouvelle donnée artistique, quelque nouvelletradition pour un nouvel appendice, et peut-être quelqu' un desdocuments qui suivent aurait par suite besoin d' etre corrigé oumodifié. Cependant si le temps m' a manqué pour aller jusqu'aufond de ce mare magnum de la Bibliothèque Marciana et du Mu-sée Civique (Correr), qui sont à Venise les plus riches dépôts dechroniques, j' ai cherché à consulter celles d' entre elles qui ont leplus d' importance, c' est-à-dire les plus anciennes et celles quiportent le nom de leur auteur, ce qui les distingue d' un grand

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nombres d' autres, qui sont anonymes. 11 reste peu à tirer deschroniques appartenant au XIV" et au XV siècle; les plus intéres-santes, comme celles de Donato Contarini, et d'autres anonymes,classées à la Marciana cl. VII Manusc. 324, ont été largement re-produites dans le présent appendice. Des chroniques qui portentun nom plus ou moins légitime, mais toujours de provenanceancienne, ce qui est leur plus beau titre, aucune n' a été omiseet si l'on ne trouve pas citée ici la Savina, la Veniera, la Zanca-rola et tant d' autres semblables, c' est parce qu'il rie s' y trouvaitrien qui intéressât d'une façon spéciale ceux qui s' occupent derecherches sur la Basilique. Cependant, bien que les chroniquesconsultées pour 1' Appendice, aient en grande partie le mérite del'antiquité ou qu'elles soient recommandables à d'autres titres,elles n'offrent certainement pas toutes la même importance, etc'est pour cela que je crois utile d'indiquer à ceux qui les con-sulteront, leur exacte valeur historique.))

«Les Chroniques d' André Dandolo et de Marin Sanudo, ainsique les Annales du Monde par Etienne Magno, pourraient s'ap-peler la clef de voûte de l'histoire de Venise depuis l'originejusqu' au V siècle, et 1' on p.ut ajouter la plus grande foi àces textes, car ils sont d'un autorité, je dirai presque sans appel.Les annales d' Etienne Magno (1500-1572), jusqu' à présent con-nues seulement d'un très petit nombre, et dont I' importance, ilfaut 1' espérer, sera divulguée par quelque érudit actif, bien qui' é-crites dans un style barbare et lourd, sont si intéressantes que1' on est porté à croire qu'elles seules, si elles étaient complètes,suffiraient à fournir les documents sur St. Marc, Malheureusementon u' en conserve au Musée civique que cinq volumes un, relatifà l'histoire des familles patriciennes de Venise les autres, à decourtes périodes de 1' histoire universelle, depuis l'origine de Venisejusque vers le XVI e siècle; c'est un reste misérable de cet ou-vrage colossal, qui embrasse l'histoire de tous les peuples et detous les pays, avec I' abondance du chroniqueur et la sagacité de1' historien. Dans le recueil des Documents, ont déjà été reproduitsles passages les plus intéressants des célèbres chroniques d'AndréDandolo ; il n'en a pas été ainsi de celle de Marin Sanudoj'ai cru opportun de consulter l'original que l'on conserve à laMarciana, bien qu' il soit incomplet, plutôt que l'édition de Mu-ratori qui omet ça et là des fragments concernant précisément

Fw-

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St. Marc, et qui est traduite dans une langue pesante, où la grâceingénue de Marin Sanudo, grâce qui y fait tant ajouter foi, estpresque complètement absente. »

« A ces trois chroniques 1' on peut ajouter celles de JacopoCaroldo, sécrétairc du Conseil des X (vers t 5oo), qui fit le dé-pouillement des diverses archives du Gouvernement, et, commeon le voit par le doc. 8o8, connut aussi celles des Procurateurs.Mais il est regrettable qu' il n'ait pas fait de celles-là aussi, unexamen complet, car ses chroniques seraient pour Saint Marc lesplus intéressantes entre toutes, comme suivant 1' avis de Foscaririi(Letteratura Veneziana), elles le sont pour l'histoire Vénitiennedu XIVC siècle. La chronique de Donato Contarini est très pré-cieuse pour l'histoire de Venise en général, et pour la Basiliquede St. Marc en particulier; elle va jusqu'en 1433, mais elleparait être dans les fragments rapportés, une copie de chroniquesplus anciennes, contemporaines des faits narrés. Les chroniquesitaliennes de Zorzi et de Pierre Dolfin, du XV° siècle, sont égale-ment très importantes; la chronique DoJfina si souvent citée parSariudo dans les vite dei Duchi, est déclarée par lui la plus dif-fuse qu'il ait vue. s

« Indépendamment de leur valeur réelle, les chroniques se re-commandent par le récit des faits qui semblent contemporains; parexemple celle de Donato (Doc. 853, 857) celles Agostini et Trevi-San, pour les notices regardant la seconde mitié du XVI° siècle,époque à laquelle elles furent écrites. C' est ce qui fait que lesDiari (journaux jour par jour); sont bien plus importants que leschroniques, tels sont ceux de Sanudo, de Michiel, les annales deMalipiero, la Cronachetta de Jean Stringa (1) (Doc. goo). etc.

s Les autres chroniques citées çà et là (comme la Barba et celleattribuée à Daniel Barbaro) toutes deux du XVIe siècle, ont unecertaine valeur, exception faite de celle de Jean Bon (Doc. 820).Tant dans la notice citée que dans beaucoup d'autres, l'auteur

) A vrai dire clic est anonyme; mais V auteur indique assez son nom endisant qu'il a complété la Venezia de Sansovino, et en pariant au livre VIII,des Procurateurs de Saint Marc. Cette Cronachotta est conservée à la Bi-bliothèque Universitaire de Padoue, d'où j ai également tiré le Doc. 821, ap-partenant à des ch.oaL1ues très éteidues en truis volumes depuis le cornmen-Cernent du XVe siécle jusqu' en 1552, pleine de curieux détails, surtout à lafin; d'une très belle calligraphie et d'une conservation admirable,

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de ce manuscrit appartenant au XVIE C siècle, se sépare des autreschroniqueurs plus anciens et est tout-à-fait neuf, ce qui n' estcertainement pas de nature à inspirer confiance ; si je le cite donce' est pour être complet, car il vaut mieux avoir trop que troppeu. On peur, par contre considérer, comme très digne de foi,la chronique d'Henri Dandolo (Doc. 823) que Foscarini attribueau XIV' siècle, mais dont nous n'avons trouvé qu'une copie duXVIIIe siècle; le détail cité concorde avec ce que disent d'autreschroniqueurs et historiens dont les ouvrages sont imprimés (Fa-roldo, Annali di Venezia, Venezia 1577) et mérite qu'on y ajou-te foi. s

« Encore un coup d' oeil sur les documents tirés des livres dedépenses de !a Procuratie, Ces volumes, d' une lecture bien sou-vent très difficile, ont été consultés, en commençant des premiersjusqu'au Tome XIX du Cassier Chiesa, qui se termine à l'année1684, époque i. laquelle l'intérêt qu' ils présentent pour l'histoirede la Basilique est bien amoindri. Je les ai tous parcourus lesuns après les autres, et s' il se trouve des lacunes pour le XVL0siècle, il faut les attribuer à la perte des volumes qui se rappor-tent à cette période ; ils ont été égarés ainsi que les plus anciensperte irréparable et bien pé:iible quand on lit dans la Relazionede Fortunat 01mo, rédigée CO 1640 (voir Doc. 840) qu' en cetteannée-là on conservait encore tous les livres de dépenses à partirde l'an 1200. »

L' Editeur a voulu ajouter les auteurs les plus anciens et lesplus accrédités qui ont parlé de la Basilique, et tandis qu'il a eusoin que pour l'impression de ce volume les usages de la typo-graphie du XVP, siècle fussent observés, il l'a orné de bon nom-bre de planches, fac-similés patiemment et difficilement réunis parlui; d' où il s' ensuit qu' il n' y aura certainement personne quipuisse lui imputer à crime si, avec la meilleure volonté de faireun travail qui offrît un aspect, non seulement complet, niais en-core agréable et harmonieux, il n'a pu toujours atteindre à ladistinction des sujets et à leur clarté que, cependant, nous nousflattons d' avoir obtenue, grâce aux tables. Il a voulu d' autre partembellir ces pages de beaucoup d'autres illustrations, toutes plusou moins, relatives à St. Marc.

Bien que pour un monument aussi insigne, le présent recueil(tic 962 documents) ne puisse être regardé comme considérable

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(même s'ils étaient tous d'une même importance) nous devonstoutefois déclarer que pour plusieurs motifs, parmi lesquels onne saurait omettre quelque manque de clarté dans l'écriture desmanuscrits et beaucoup d'inexactitude chez les copistes anciens,nous avons dû surmonter de nombreuses difficultés, et malgré dessoins grands et minutieux, nous n'avons pas toujours pu réunir,comme nous l'aurions désiré, tous les documents relatifs à unmême sujet.

Deux méthodes pouvaient être adoptées dans le classementdes pièces: par date et par objet. En conservant toutefois rigou-reusement l'ordre chronologique, 1' on aurait trop éloigné les unsdes autres certains documents qui, comme par exemple ceux dela Chapelle Zeno, (bel ensemble d'écrits dans lesquels figurentdes noms illustres de I' âge d' or de l'art), auraient dû être pré-sentés avec titres et notes, de façon à devenir intelligibles. Ona donc dû autant que possible, réunir, en les distingant par deslettres, certaines séries de documents (dans lesquelles à été ensuiteconservé 1' ordre des dates) et les faire entrer, avec la date dupremier d' entre eux, dans la série générale. Ici le désordre des é-poques était inévitable; car il fallait, un ensemble de documentsétant épuisé, rétrograder et revenir à des dates de beaucoup an-térieures. Mais avec les matériaux qui nous ont été fournis, il nousa semblé que nous devions suivre cette méthode mixte, ne pou-vant, comme cela aurait été préférable, coordonner tous les docu-ments par objet, ni tous, ainsi que nous 1' avons dit, par dates.

Nous dirons donc à propos de la méthode que nous avonsadoptée pour les reproduire, que nous nous sommes attaché à laplus grande exactitude.

Nous savons que même en remontant les siècles, les documentsne représentent pas, avec les solécismes, avec la négligence desrègles de l'orthographe et avec les erreurs, le degré spécial dela culture ou de la barbarie d'une époque et du lieu ou de larégion déterminée où ils ont été écrits, car c'est le travail maté-riel des Copistes, qui constituaient alors une corporation nom-breuse. En effet, outre que ces copistes travaillaient pour les Chan-celleries des Princes, des autorités ecclésiastiques et des notaires, ilsfournissaient encore de manuscrits le commerce de la librairie.

Nous savons par une longue expérience que les mêmes copis-tes ne commettaient pas toujours les mêmes erreurs et cela dans

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un seul manuscrit. Tout cela cependant ne nous autorise pas àles corriger. La copie pour nous ne peut être que la copie. Cetterègle paraîtra excessive pour une partie de ce recueil, les docu-ments n'appartenant pas à des époques éloignées; ce qui importeaux amateurs de recherches, ce n'est pas tant la forme graphiquede ces documents, que leur substance, dont la reproduction fidèlerend quelquefois l'intelligence difficile. Mais depuis quelle époque,et dans quels cas, (car la raison chronologique: ne serait pas el-le-même une donnée absolue) doit-on, ou peut-on se permettrecette retouche, si nous pouvons nous exprimer ainsi, artistique,orthographique et grammaticale ? Et dans quelles limites fe-ra-t-on ces corrections, et pourront-elles se borner à 1' intervalleentre les mots, et à la ponctuation? Nous n'entamerons pas ici unediscussion paléographique, à propos de documents qui sortentpour la plupart du domaine de la paléographie. Mais ces décla-rations suffiront pour faire comprendre que nous nous en som-mes tenu à la reproduction exacte des vieux manuscrits, en sou-haitant cependant que les savants, dans un temps où 1' on use etabuse tant des documents anciens, décident sil est permis de mo-derniser et pour quels siècles, les texte des documents anciens,ainsi que beaucoup le voudraient. Quant à nous, nous avons eul'intention d'être fidèle et y avons mis tous nos soins ; nousespérons avoir réussi.

Ces documents sont-ils très importants?Méritent-ils tous de voir le jour dans ce recueilLa forme splendide sous laquelle ils sont présentés ; le grand

nombre de fac-similés qui les illustrent, leur font certainementprendre dans la grande oeuvre de la Basilique, une place distin-guée auprès des planches qui en représentent les admirables dé-tails. Les chercheurs peuvent être sûrs que ces documents sonttout ce qui reste de souvenirs écrits sur ce temple insigne. Ilsattestent l'accord des chroniqueurs entre eux sur les faits princi-paux qui concernent la Basilique; la vigilance régulière et con-tinuelle, les soins jaloux du gouvernement même, en ce qui con-cernait 1' administration de cette église; 1' oeuvre durable et efficacedes Procurateurs; et ils nous énumèrent des noms et des faits, sinon tout-à-fait inconnus, qui ne sont, du moins, ainsi réunis etcoordonnés dans aucun livre.

Cc Il Codica Diplomatico dell' Augusta Ducale Bai1ioa

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dl Han Marco," commence dès son origine et finit peu de joursavant la chute de la grande République. Et même les chroniques,par amour d' une antiquité plus reculée encore, remontent à uneépoque antérieure à celle à laquelle on a communément attribuéle transport du corps de St. Marc, et le commencement de 1' édifi-cation en son honneur de la Chapelle portant son nom.

Car les trois époques mémorables de la Basilique sont: l'an-née 828, époque à laquelle Buono de Torcello et Rustico de Ma-lamocco, excités par la crainte que les musulmans ne détruisissent,le temple de St. Marc à Alexandrie, obtinrent du moine Stauratius,et du prêtre Théodore, tous les deux grecs, qui en étaient lesgardiens, de soustraire le corps de I' Evangétiste, et après avoirtrompé la vigilance des Douaniers, transportèrent à Venise les res-tes mortels de son futur patron; 1' année 97, pendant laquelle,victime de la fureur populaire, le doge Pierre Caridiano IV estmassacré, le Palais Ducal incendié et avec lui cette première égliseconsacrée à St. Marc; l'année 1071, époque à laquelle fut terminéela reconstruction de la Basilique, reconstruction qui avait été com-mencée vers la fin du Xe siècle (consacrée ensuite en 1094), etque l'on commença alors à orner de mosaïques. Mais ces datesdésormais certaines, passent chez les chroniqueurs à travers unesérie d' années différentes ; ce qui fait que ce recueil commencepar 1' année Soo et veut que la Chapelle Ducale ait été terminéeà plusieurs époques successives à dater de l'an 803, c'est-à-direbien avant que le corps de Saint Marc eût été transporté à Ve-nise. Les noms des sages marchands sont changés (Tribuno de Tor-cello et Rusticus Trondonico de Malamocco, ou seulement RuonoTribuno ou Memmo); et on y prétend que des marbres précieuxont été apportés pour la dite Chapelle qui n'existait pas même encore,et que l'on fait consacrer en l'an 803.

Il est cependant hors de doute que, transporté à Venise, (etles péripéties du voyage, et la procession solennelle qui l'accom-pagna dans la Basilique, sont reproduites dans des mosaïques trèsintéressantes quoique bien souvent renouvelées) sous le dogat deGiustiniano de Agnello Partecipazio, le corps du Saint fut déposédans un endroit caché du Palais Ducal en attendant qu'on érigentune Chapelle en son honneur près de celle de St. Théodore, surun terrain cédé par les religieuses de St. Zacharie.

Les chroniques nous parlent de 1' aide que prêta le doge Gin-

J

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stiniano à Michel, empereur de Constantinople, pour la reprise dela Sicile aux Sarasins ; et des dépouilles rapportées à Venise, bienque cette expédition et même deux autres auxquelles les Vénitiensavaient envoyé des vaisseaux, eussent été malheureuses. Elles con-tinuent à raconter que la modeste église ayant été construite, ellefut déclarée dès le principe Chapelle des Doges; elle fut terminéepar Jean, frère et successeur de Giustiniano, qui, en mourant en829, légua par son testament, pour l'achever et l'orner, certainsmarbres et matériaux de la maison de Teofilatto de Torcello etd' autres.

Les incertitudes sur l'époque du transport du corps de SaintMarc (Romanin lui assigne la date de 839), et de la constructionde la première église qui reçut ce corps, sont communes en ce quiconcerne le clocher, dont on prétend que les fondements furentjetés en 829 et plus généralement en 912 par le doge Pierre Tri-buno, confondant ensuite, eu égard à l'époque et aux doges suc-cessifs, la continuation de l'édifice avec son commencement.

Dès la fondation de la première Chapelle Ducale, il fut ce-pendant institué un Procurateur, qui devait veiller à la conserva-tion de l'église; Il Procurator operiu Boati Maroi" ou fabricien;on nomma à cet emploi des prêtres, des vicaires et à leur tête lePrimicier dont le premier se nommait Erico.

D'autres chroniques énumèrent en commençant par le pre-mier, non seulement la série des Procurateurs de St. Marc, maisencore leurs compétiteurs aux élections et les votes obtenus parchacun d' eux; ces notices se rapportent au commencement du1X0 siècle, et nous les soupçonnons fort de ne mériter aucunecréance,

La première Chapelle Ducale (certainement modeste, et peut-être couverte en bois, comme d'autres églises l'étaient de chau-me encore a u IVe, siècle ), fut ainsi que nous l'avons dit, brû-lée (976) lors de l'incendie allumé au Palais Ducal par le peuplesoulevé contre le doge Pierre Candiano 1V, qui fut tué en mêmetemps que son fils encore à la mamelle. Son successeur Pierre 1.Orseolo, homme d ' une grande piété, se consacra entièrement à lareconstruction de l'église d'une façon somptueuse cette fois. Et iciencore, quoique la date de 976 ne puisse être mise en doute, leschroniqueurs vont errant, même jusqu'au siècle suivant, en attri-buant la fondation au doge l)ominique Contarini (1o63), et disent

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avec beaucoup de naïveté «que comme on avait des épargnes,il fut proposé ou de les dépenser à réédifier la dite église ou àfaire une guerre ; il fut délibéré de construire la dite église.» Etcette délibération pacifique aurait été inspirée par le souvenir etles restes de I' église construite à Byzance en l'honneur des dou-ze Apôtres. Le doge prodigua ses richesses particulières pour dé-corer le temple, il invita à y travailler des artisans grecs, et com-manda peut-être alors à Constantinople la Pals d' oro, qui auraitété cependant apportée à Venise sous le dogat d' Ordelal-to Falier(1096-1102), qui y est en effet peint en émail auprès de 1' Impé-ratrice Irène Ducène, niais en costume de la cour de Constantinople.

Suivant d'autres chroniques la Pala, qui fut plus tard agran-die par le Doge Sebastien Ziani, et enrichie de pierres précieusessous le Doge André Dandolo (i), aurait été transportée à Ve-nise en 1028, sous le prince Pierre Centranico.

Mais la légende, inspirée par toutes les beautés du templemerveilleux, domine en tout ce qui le concerne. L'architecte es-tropié, auquel on devait élever une statue, s' il eût vraiment faitune oeuvre merveilleuse et dont la conception ne put avoir unecomplète réalisation; l'abbé Joachim plein de l'esprit de Dieu etson serviteur dévot, qui fit faire dans l'église beaucoup de choseset de dessins oà l'on a vu dans la suite certaines ressemblanceset certains effets, de façon que l'on répute pour certain « quetoutes ces choses étaient mystérieuses et en signe de prophéties; »Albert Le Grand (XII[ siècle) qui, anticipant sur les descriptionsfantastiques de Contarini, découvre dans les marbres de la Marcia-na, d'étranges figures de rois couronnés, etc.....

Quand fut terminée la construction de la grande église sousJe Doge Dominique Selvo (1071), peu après ou pendant les pre-mières années du XII » siècle, furent commencées les peintures enmosaïques, probablement par les premiers artistes grecs, et lesmurs commencèrent à se couvrir de marbres, travail qui paraitavoir été terminé en I r59. Et le plus ancien rnaftre mosaïste (ma-gister musilci) dont le nom se retrouve dans les documents, est unmattre Marco greco indriomeni (de 1159). Vers la fin du Xl»siècle la pieuse tradition raconte la découverte miraculeuse ducorps de Si Marc (25 Juillet 1094), dont il est étrange qu' à peineun siècle après l'incendie de la première chapelle ducale, On eûtperdu toute trace. Et ce fut alors que le temple fut consacré.

Il

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Le Trésor Public fut toujours ouvert pour son embellisse-ment; la générosité des doges fut toujours magnifique, les pré-sents des particuliers fréquents.

Vilio Vilio lui fait don d'une maison et d'un terrain iiôiVitale Michiele II et Sebastien Ziani, consacrent à son agrandisse-ment la propriété et les droits des Vénitiens à Tyr (1164-I 175) etle dernier lui laisse ses biens en mourant. Et la religion naïve duMoyen-âge rappelle aux législateurs leur devoir, qui est de ne rienépargner en honneur et pour l'embellissement du temple Auguste,car, . comme le bienheureux Saint-Marc intercède constammentpour nous auprès de Dieu, ainsi nous devons faire tous nos effortset y sommes tenus pour honorer sa Sainte Eglise

A Lucas Talenti, Procurateur aux construction et à la conso-lidation des Lies de Rialto, succédait en 977 François Gradenigo,auquel on donait la charge de Procurateur aux constructions del'église St. Marc; Paul Morosini lui succéda, et en 98, FantinoGradenigo, etc. En i 159 Othon Baseggio était Procurateur de St.Marc et en i 176, Etienne Barozzi (Arch. Ven. 1, 103).

Les Procurateurs de St. Marc, appelés de supra, c'est-à-diresur la Basilique et les bâtiments de la Place, ces vexiUlfari no-itri comme le dit leur capitulaire ou statut, juraient d'en recou-vrer avec zèle les revenus et de les administrer consciencieusement;et dans leurs archives, bien que manquent les anciens registrestenus dans la Procuratie depuis 1200, et les privilèges qui fu-rent brûlés en 1231 ; les documents sont cependant encore trèsnombreux, et la série des registres de caisse, presque complète

partir de la fin du XVe siècle; le travail continuel, les soinsdiligents, passionnés de ce magistrat important, pour la conserva-tion et la décoration du temple, apparaissent clairement. Aucuntravail n'est exécuté si au moins un des Procurateurs n'y assiste,et sans qu' il en ait décidé la nécessité. Ils doivent surveiller,visitant au moins une fois par semaine, tant dessus que dessous,ce qui est fait dans la dite église et tout ce qui doit être exécuté.Le Gastaldo de la Procuratie surveille les ouvriers.

Le Grand Conseil, le Collège, le Sénat promulguent les loisou prennent les dispositions administratives. En 1309 le Collègeécrit à 51er Gabriel Dandolo, capitaine des Galères, qu' il ait àse pourvoir en Romanie de marbres pour 1' église de St. Marc; en1330, l'autorité des Doges sur la Basilique, qui était d'abord

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absolue, est mitigée, c'est-à-dire qu' ils doivent agir d' accord avecleur Conseil, qui a le droit de porter les affaires au Sénat ou àla Quarantie: Juramus etatum et honorent ecclesim BeatiMarci, boue fide sine fraude consorvare. En 15 56 il est établique le Doge ne pourra, sans l'approbation des Procurateurs etde son Conseil, y ordonner de nouvelles constructions. Il devaitoffrir pour la décoration de l'église un drap d'or ou une tapis-serie, et fournir de ses deniers trois ou quatre trompettes en ar-gent (1229).

Il y était enseveli, et quelques dogaresses I' y furent aussi;elles étaient également obligées \ certains tributs à I' égard deI' Eglise, et il reste pour I' attester, dans 1' atrium, les anciennespierres tumulaires du Doge Vitale Falier, m. io9ti, et Felice, femmedu doge Vitale Michici m. I io 1. Le dernier qui y fut enseveli futAndré Dandolo, m. 1354. Chaque Doge, comme pour affirmer sondroit de patronage, faisait appendre dans St. Marc son écu avecses armoiries. Le poids de ces écussons, dont la série commenceavec Marin Morosini en 1252, et le péril qui pouvait en résulterpour les visiteurs et les fidèles, fit prendre la détermination, d'a-bord d'en réduire la dimension, et ensuite d'interdire complète-ment qu' ils fussent appendus dans la Basilique

L' histoire des mosaïques de St. Marc est très bien éclairciepar les documents contenus dans ce volume; vers le milieu duXlll. p siècle, le besoin presque continuel de réparer ces mosaïquesqui tombent, le désir cependant d'en couvrir les parois encorenues, amena à insérer dans le Capitulaire des Procurateurs, l'obli-gation pour chaque maître en mosaïque, d'avoir deux élèves( r258).Les admissions de ceux-ci, devenus maitres à leur tour, sont nom-breuses. Et pour être admis au service de la Basilique, il fallaitdonner des preuves de sa capacité ; ces épreuves du reste étaientrétribuées. Il fallait exécuter un travail en mosaïque sur quelqueparoi ou un tableau isolé. Le jugement sur un dc ces concours, estcurieux; il y brille cependant une grande loyauté, car il avait étéimposé à quelques maîtres qui avaient fait un tableau de St. Jérôme,de donner Leur avis sur leur propre travail et sur celui des autres.C'était en 1566, les juges furent Jacques Sansovino, Jacques Tin-toret, Paul Veronêse, et il résulta que les mosaïstes furent rangésainsi par ordre de mérite: 1 . 0 François Zuccato, dont l'oeuvre futappréciée de 400 à (ioo ducats: 2 0 Jean Antoine Rianchini, 300

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3U Barthélémy Bozza, de 200 à 300; 4 .(' Bianchini ditRosso ou Rossetto de ZOO à io. Parmi ces mêmes artistes, FrançoisZuccato, invité à apprécier lui-même son oeuvre, affirmait sansaucune modestie, qu'elle valait bien fioo ducats: la mosaïque deBianchini 300, celle de Rossetto 100; mais avant de se décider Liprononcer ce jugement il se récriait, disant: « Messeigneurs, degrâce, ne me contraignez pas à cela, mes bons Seigneurs. s Et il necéda que devant la volonté expresse des Procurateurs, qui ensuiteapprécièrent son travail 500 ducats.

Bien qu'il nous manque les noms des premiers mosaïstes, de-puis 1524, nous en avons une longue liste, et de plus, les documentsnous fournissent un grand nombre de détails sur leurs travaux. Bienque ces documents contiennent les renseignements dont nous par-lons ci-après, nous donnons cependant la préférence à des notes deMr. l'ingénieur Saccardo, qui s'exprime ainsi

Au dessous de quelques mosaïques de l'église, portant ladate de 1458, on lit, Silvester tecit, sous une autre, Antonius fecit.En 1490, OU plus probablement en 1450, Miche! Giambono écri-vait son nom au dessous des mosaïques de la Chapelle de la Ma-donna dei Mascoli. La même année, les Registres de la Procuratiedo Supra font mention d'un Pierre, d'un Marc et d'un Alvisede! mosaico. En 1507, floUS trouvons Vincent Sebastiani et le prêtreGrisogono; en 1517, Marc Lucien Rizzo et Vincent Bianchini ; en-suite, pour ne parler que des principaux maitres, le prêt. AlbertZio, les frères François et Valerio Zuccato, Barthélémy Bozza,Dominique Bianchini, Dominique di Santi, Jean Antoine Marini,Arminius Zuccato fils de Valerio, Laurent Ceccato, Alvise et Je-rôme Gaetano père et fils, Pierre Luna, Jacques Pasterini et le ro-main Lcopo!d dal Pozzo. Nous rappellerons les noms des autresmaîtres mosaïstes (genre baroque): Jean Mio dit le Vicentin, Phce-bus Bozza, Hector Locatello, Don C ypriani du Couvent de SaintAntoine, André Venier, Alvise Marin, Dom. Cadenazzo, JosephPaulutti, Leonard Cigola, Etienne Bronza, Paul Rossi, Pierre Spa-gna, Jean Marie Pizzato, Dom. Cigola et Pierre Monaco.

Les Documents nous fournissent d' intéressant détails sur leprix des émaux et des ciments, sur les méthodes et la quantité detravail prescrites aux maitres. Mais deux faits démontrent le senti-nient du beau et le culte de 1' antique chez les gouvernants et lesVénitiens d'autrefois: la prescription de reprodw ire les mosaïques

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à refaire, fidèlement semblables aux précédentes; et de n' y pointintroduire de parties peintes au pinceau (i 551 . Cette défense, dontil est superflu de faire remarquer la sagesse, parut trop sévère oul'on feignit de la trouver telle et de ne pas devoir l'exécuter fi-dèlement. Mais s' il est permis de passer sur la mosaïque une é-ponge imbibée d' eau légèrement teintée pour faire disparaître lesblancs du ciment, personne ne pourrait juger honnête de faire aupinceau ce qui doit être fait au moyen de 1' émail ou du marbreencastré, car il est évident que ce dernier procédé est beaucoupplus long, plus pénible et beaucoup plus durable; et puis c'est dela mosaïque.

Quoique les Bianchini tic fussent pas irréprochables sous cerapport, et qu' ils fussent accusés d' user de co procédé, cependantle fait suivant eut un très grand retentissement et donna lieu à unprocès contre François et Valerio Zuccato, procès qui est devenusurtout célèbre à cause des noms illustres qui figurent aux débats.

Barthélémv Bozza assurait que ses confrères Zuccato avaientpeint et ajouté au pinceau des clochers sur fond d' or, de mêmeque Jean Baptiste Bianchini, Jérôme Vinci, s' excusa sur ce qu'é-tant fort gros, il ne pouvait monter sur l'échafaudage et ne sa-vait rien. Vincecit Biatichini déposa que Valério Zuccato, ayantboutique à S. Filippo e Giacomo, dessinateur de coiffes, savaitpeu travailler et se bornait à tailler les émaux. Melchior Michiel,Procurateur et caissier, invita alors à monter sur l'échafaudageplacé auprès des mosaïques où étaient exécutés de petits clocherset des nuages, Titien Vecellio, Jacques Pistoia, André Schiavone,Jacques Tintoret, Paul Veronèse et autres, ainsi que le Directeurdes travaux de la Procuratie, Jacques Sansovino, les mosaïstesDominique, Jean Antoine et Vincent Bianchni et BarthélémyBozza. La mosaïque une fois lavée, Titien ami intime de François,déposait tout en sa faveur, disant qu'elle lui semblait encore plusbelle et qu' il n' y trouvait aucun défaut, concluant enfin sur sonignorance en pareille matière; « Cite non voglio impa'arne aparlar di quel cite non so. » Le Procurateur insistait, demandants' il était permis d'employer la couleur sur les mosaïques ; laréponse ne pouvait être douteuse, et les frères Zuccato furent enconséquence condamnés à refaire le travail à leurs frais. Le procèsest ici, pour la première fois, intégralement publié.

Au XVIP' siècle, les mosaïstes commencèrent à manquer, ainsi

•1'

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que dans la fin du suivant, et l'on en demanda à 'Florence, à Ro-me, à Naples. On engagea le Romain dal Pozzo. De nouvelles mé-thodes furent proposées ; et il fut interdit de tirer des boites sur laplace de St. Marc à cause des dommages que les secousses, occa-sionnées par leur détonation, portaient aux mosaïques.

La Procuratie eut une série de Directeurs des travaux (Proti),quelques uns illustres, comme Jacques Sansovi;io, qui avait succédéà Barthélémy 11. Buono (1529), François de Bernardino, BalthazarLonghena, Dominique Margutti, André Tirali, Antoine VjsettiJérôme Soardi, etc. Elle demanda leur avis scientifique au célèbremathématicien Bernardin Zendrini, à 1' abbé Dominique Cerato,architecte de la ville de Padoue, aux ingénieurs Robert Zuccareda,Marc Grcgorii, Gaetano Brunello, Antoine Sotari, Pierre Lucchesiet sûrement à bic i d' autres, dont il nous manque les témoigna-ges écrits.

Les rapports entre le chef des travaux et la Procuratie n'étaientpas toujours des meilleurs ou des plus corrects, économique-ment parlant. Deux longs procès en font foi; ces procès furent in-tentés par le Docteur François Sansovino, fils du sculpteur Jacques,l'un pour une certaine image en marbre de la Vierge avec quelquespetits anges et enfants, dont l'histoire remonte à 1536, et qui, bienque commandée au père par les Procurateurs, fut restituée au filsCI ' 1573, parce qu' elle ne plaisait pas ; l'autre 1546-1572, pour laporte en bronze de la Sacristie, estimée par le sculpteur véronaisJérôme Campagnai 2286 ducats z livres 16 sous.

Les principaux soins des Chefs des travaux et des Procurateursde St. Marc (et quelques uns des ces derniers furent à cet effetspécialement délégués), furent dirigés sur la solidité de l'édifice etsur la toiture.

Il y a dans ce recueil des relations fort longues sur la toiture,sur les coupoles et sur une réparation générale de la façade exté-rieure, des mosaïques et du pavé.

On a de nos jours chaudement agité cette question si l'ondoit laver et nettoyer la mosaïque et les marbres-,et bien quepour les premières la question semble avoir été résolue, elle n'estcependant pas encore vidée. Le fait est que les Procurateurs faisaient,au moins une fois 1' an, laver et netto yer mosaïques et marbres;que cette mesure était prescrite et fut en vigueur jusqu'aux dernièresannées de la République (1797); que le mandat en était confié àdes ouvriers spéciaux, payés par la Procuratie.

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Il ne nous appartient pas d'apprécier cette mesure, mais per-sonne ne saurait nier que pour une chose aussi simple, dans laquellele progrès n'a que faire, la République ne pût et ne voulût voirce que nous voyons nous mêmes, ni que son attachement à sachère Basilique fût moindre que le nôtre; du reste, le gouverne-ment veille à ce que rien ne soit fait dans la Basilique, qui puissenuire à l'ensemble, ni cri le caractère.

L'intelligent amour de l'antique, la ferme volonté de con-server l'auguste temple harmonieux dans toutes ses parties, sansdes additions discordantes ou des applications ijui en aurait dérangé1' ensemble, toutes ces considérations apparaissent lorsque les re-liques de Pierre Orséolo ayant été apportées, on discuta longuementsi 1' on pouvait lui ériger un autel dans la Basilique ; après de lon-gues études on ne trouva pas de place. Et cependant on voulait ac-cueillir avec le pus grand honneur les restes mortels de celui quiavait, avec tant de zèle et de ses propres deniers, reconstruit cetteBasilique. li est beau d'assister à cette lutte entre le sentimentreligieux fervent et celui non moins puissant de I' amour du beau,entre les savants et les praticiens, qui s' unissaient en une mêmeopinion avec un admirable ensemble.

Ce fut un émoi de cc genre, bien que pour une chose de beau-coup moins d' importance, que causèrent en 1530 n do rnarochidi piera n que l'on voulait tirer du Baptistère pour les colloquersur les deux colonnes d' Acri, cc qui, dit Sanudo, eût été trèshonteux.

La Basilique n' eut pas à éprouver de grands dommages aprèsles incendies. 11 est vrai que le Sanctuaire fut brûlé eu t 230 (sui-vant d' autres un an avant ou après), les reliques de la S - t Croixet du Sang de Jésus n' eurent cependant pas à en souffrir ; on1419, les coupoles brûlèrent; on ne sait si ce fut une main cri-minelle qui y mit le feu ou si ce fut le résultat d' un orage: plustard elles furent couvertes en plomb. Mais les dommages furentréparés sans que la construction primitive en fût altérée. Oneut également peur d' incendils criminels en 1569.

La Basilique est ornée de bronzes remarquables des sculp-teurs et fondeurs Zanino Alherghetti, Alexandre Leopardi, Antoineet Tullio Lombardo, Pierre Campanato, Titien de Padoue, De-siderio de Florence. Il y a d' eux de belles oeuvres dans le Choeur,le Baptistère, la Chapelle Zeno (1503-1521).

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D'autres écrits parlent des Orgues (1364) faites par un Gia-comello; des pavillons qui s'élèvent au dessus de 1' Eglise, 1385,des chevaux, dépouilles emportées de Constantinople, des reliquesde St. Isidore, [10m que les Vénitiens si portés à remanier les nomsà leur fantaisie, chalgent en S. Sidro ; du clocher que les chro-niques disent terminé en 1147 (bien que quatre ans après il ne futélevé qu' à une certaine hauteur) et dont la cime fut brûlée parla foudre pendant les premières années du XVe siècle, d' aprèsce que nous disent les documents.

Ceux qui aiment à s'instruire trouveront bien d'autres détailsencore, très intéressants; ils voudront bien nous pardonner si nousn' avons pu les leur signaler tous, ou si ceux que nous leur a-vons donnés sont erronés, mais la faute en est aux chroniqueurs.Ce sont là des matériaux pour le superbe temple, ce n' en est pas1' histoire. Celle-ci dans un autre volume, oeuvre d'écrivains distin-gués, sera amplement développée, avec la description de tout cequi a rapport à 1' antiquité et à 1' Art.

Neuf siècles se sont écoulés depuis que ce temple admirables' est élevé pour personnifier Venise dans sa splendeur, pour luiinspirer l'espérance aux jours de ses malheurs et de ses luttes,pour confirmer les promesses de l'avenir. Et elle est la Chiesad' oro encore aujourd' hui, comme l'ont vue les âges reculés, gra-cieuse, resplendissante, grandiose, le monument le plus beau deVenise, la partie la plus claire et la plus durable de sa renom-mée, dans 1' histoire et dans 1' art; car sur elle reposent tous lessouvenirs les plus chers, les moments les plus solennels de l'e-xistence de ce peuple.

SAINT MARC a été l'invocation bénie et glorieuse, dans lesguerres, daus les mouvements populaires, dans les victoires, lesconquêtes. Son Lion ne disparattra jamais des pays conquis par laRépublique, ni ne s' éteindra jamais dans les traditions vénérées deson gouvernement; car dans les diverses péripéties de la fortune deVenise, Saint Marc fut toujours aimé, admiré, en honneur auprèsde tous les golvernements, jamais oublié Monument d' un âgedont l'histoire se confond avec celle de l'art et du be.u, il res-plendit toujours par ses flèches, ses mosaïques, par les dessins deses décorations architecturales, semblables à des dentelles, commesi en le regardant, toutes les générations oubliant les passionset les misères d' ici bas, se retrempaient et se sentaient grandesen possédant un tel trésor.

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LA BASILIQUE DE SAINT MARC À VENISEOUVRAGE ÉDITÉ ET DIRIGÉ PAR

FERDINAND ONGANIA DE VENISEcommencé en 1877, terminé en 1887.

(Seule Edition de 5Go Exemplaires numérotés).

Cette publication se compose:I. - La Basilique de Saint Marc. Ouvrage complet, divisé en cinq Portefeuilles, comprenant:

a) Port. N.° T.27 planches grand in-folio gravées, coupes géométriques et détails du pavé.h) Port. N.° II. - 45 planches grand in-folio, chromos, vues, mosaïques. 21 de ces planches réu-

nies forment la façade mesurant 2, 41 sur 1, 73.c) Port. N.° III. — 68 planches grand in-.° gravées. Détails des mosaïques secondaires, non com-

prises dans le Portefeuille N.° I.d) Port. N.° IV. - 68 planches grand in-.° gravées en couleur, détails du pavé et ornements en

mosaïque.e) Port, N.° V. - 425 planches grand in-4.0, phototypies d'après nature. Autels, monuments,

sculptures, etc., c'est-à-dire toutes les décorations intérieures et extérieuresminutieusement détaillées.

(Collection d'une tris grande importance par suite de sa variété et de son authenticité).Prix des cinq Portefeuilles 1838 fr.

f) La Procession du Doge le dimanche des Rameaux, gravée a Venise (1556-1569)8 planches grand in-folio (Appendice du Poriefuille N.° T.) .......Prix5 o fr.

g) Texte de l'ouvrage par plusieurs écrivains vénitiens sous la direction de M.r le pro-fesseur Camille Boito. - i vol. grand in-.° avec gravures intercalées dans le texte etplusieurs fac-similés .. ... .. . .. .. . .. . .. . . .. .Prix50 fr.— La traduction en français par Aif. Cruvellié, revue par Emile Molinier, sera remise gra-luitement à ceux de M. M les souscripteurs qui en feront la demande. 3 vol in-8.0

h) Documents pour l'histoire de l'auguste basilique ducale de Saini Marc à Venise,depuis le IXe siècle jusqu'à la fin du XVIIIC, tirées des Archives royales d'Etat, dela Bibliothèque Marciana, etc. i vol. grand in-40, XXXII-400 pages avec gravures, tchromo et 123 fac-similés....................Prix75 fr.- Un coup d'oeil sur l'ouvrage la Basilique de Saint Marc à Venise et sur les Documents s'yréférant, par Aif. Cruvellié, in-8,° 23 pages. Venise 1887. (Gratis).

i) Le Trésor de Saint Marc à Venise, par l'Abbé A. Pasini, chanoine de la Marciana.-i vol- grand in-.° avec figures intercalées et Portefeuille contenant ai chromos et 79phototypies en couleurs .....................Prix 320 fr.

L'Edilion française par Emile Molinier (attaché au Musée du Louvre), sera remise gratui-tement à ceux de M. M. les souscripteurs qui en feront la demande.

Prix de l' ouvrage complet 2333 fr.

Il' - Reliure. — L'ouvrage complet a vol. grand in-folio, 16 vol. grand in-4.0 , reliurevénitienne demi parchemin trèsriche, avec dorures, etc .. . . . . . . . .Prix 600 fr.La même reliure vénitienne demi parchemin, simple ..........Prix 400 fr.

M.Meuble devant contenir l'ouvrage complet (voir modèle d'autre part) .Prix 5oo fr.

1 in,I4

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Parties de l'ouvrageque l'on peut acquérir séparément.

Iv.

V.VI.

VII.

VIII.

Ix-

- FaV ade de Saint Marc. 21 planches en chromolitographie grand in-folio.(Tirage limité à ,o Exemplaires).................PrixLa même montée avec bordure, sans verre .............Prix

- La Procession du Doge etc. R planches gravées grand in-folio ......PrixLe Trésor de Saint Marc, XCIII planches grand in-. o - Texte par l'abbé AntoinePasini, chanoine de la Marciana; traduction française par E. Molinier, attaché auMusée du Louvre (Tirage limité t 100 Exemplaires) ..........Prix

-- La Pale doro. - 6 planches chtomo. - Texte par G. Veludo, traduit en françaispar Aif. Cruvellié. (Tirage limité à 200 Exemplaires) ............ixLa même encadrée - bordure fac-similé réduit du cadre de l'original et Textes. Prix

- Documents, j volume grand in-. o, imitation de l'ancienne typographie vénitienne.(Tirage limité à ioo Exemplaires) .................Prix

Aperçu des matières contenues dans ledit volume, dans la brochure intitulée " Un coupd'oeil sur la Basilique et sur les Documents etc. " par Alf. Cruvellié, (Gratis).

- Texte de l'ouvrage " La Basilique de Saint Marc. ,, i vol. grand in-4 .0 , imitation del'ancienne typographie vénitienne, arec traduction en français par Aif. Cruvellié, revuepar Emile Molinier, attaché au Musée du Louvre. (Tirage limité à i.00 Exemplaires). Prix

Reliures spéciales artistiques, imitation de l'antique.

45° fr.600 fr.

o fr.

320 fr.

8o fr.120 fr.

o fr.

95 fr.

X.

X,.

XII.

XIII.

xlv.

Reliures byantiues.

- Reliure grand format en velours, avec bossettes et croix byzantine en émail vénitienet ciselées avec relief en argent et gaine en maroquin .........Prix ioo fr.

- Reliure grand format en velours, avec grande plaque en métal doré et émail Vénitien,bossettes, relief en argent et ciselures, d'après l'original existant au Trésor de SaintMarc (Voir l'ouvrage Le Trésor de Saint Marc - Planche IV) avec gaine en maroquin. Prix 1500 fr.

- Reliure grand in-4. 0, en velours, avec grande plaque en métal doré, bossettes, émailvénitien et perles, avec reliefs en argent, d'après l'original existant au Trésor de SaintMarc (voir l'ouvrage Le Trésor - Planche VI), avec gaine en maroquin . . .Prix i000 fr.Reliure grand in-4.0, en velours, avec grande plaque en métal doré, perles et pierres,émail vénitien, reliefs en argent, bossettes, d'après l'original existant au Trésor deSaint Marc (voir l'ouvrage Le Trésor - Planche X), avec gaine en maroquin.Prix i 200 fr.Reliure grand in 4.0, en velours, avec grande plaque en métal doré, émail vénitien,perles et pierres, avec ciselures et reliefs en argent et bossettes, d'après l'original exis-tant au Trésor de Saint Marc (voir l'ouvrage Le Trésor - Planche VIII) avec gaineen maroquin .........................Prix 1200 fr.

Reliures vénitiennes au petit fer.

- Reliure en nacre avec relief, dorée. XVI C sièelc, d'après l'original au Musée de Venise. Prix- Reliure en peau, grand in-4.0, XVIe siècle, avec Lion de Venise en relief, dorée et

ornements en couleur, d'après l'original au Musée de Venise .......Prix- Reliure en peau, grand in-4. 0, avec Lion de Venise et ornements en relief, dorée,

d'après l'original au Musée de Venise...............Prix- Reliure en peau, grand in-. o, XVC siècle avec Lion de Venise, dorée, 8 bossettes

et coins en métal ciselé, d'après une ancienne reliure ..........Prix

xv.XVI.

XVII.

400 fr.

250 fr.

250 fr.

io fr.

NOTA. L'ouvrage étant maintenant entièrement terminé, l'éditeur, dans le but de faciliter l'acqui-sition des exemplaires disponibles, ouvre une nouvelle souscription à la condition suivante:

Le paiement de l'ouvrage complet - compris l'appendice - pourra être effectué entrois ans par à-compte trimestriels. Le paiement du premier à-compte, à la réception del'ouvrage.

Venise, 25 Avril 1888.Ferd. Ongania Édit.

Vcnjc, Imprimerle Emillenne.

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Mciii le contenant les vourncs composant louvragc complet

La Basilique de Saint i%Ïac à VeniseciiJilniI

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Titi et indication i mettre SUr le fIos (les volumes le 1 nuvi age.

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Comme on le voit ce vo- r0 Aoùt i86.lume est du plus haut inté-L'ouvrage, que vous avez entreprisr&, il a été accueilli favo-avec une passion intellientc et un ad-rablement par les persiiiirable courage pour illustrer d' une

on-façon grandiose notre Saint Marc, estnes les plus compétentes;tel, que plus que des éloges, vous nié-

nous reproduisons ci-contreritez la reconnaissance de tous ceux quiune des nombreuses lettres

aiment P art et P histoire, et en particu-lier de ces Institutions auxquelles ilélogieuses adréssées t\ l'Eappartient d l en encourager les progrès.diteur; elle est de la So-Je suis personnellement heureux de

ciété di stora Patria de Ve-

pouvoir vous annoncer que le ConsiglioDirettivo della R. Deputazione dlfisc et vient parfaitementStoria Patria, dans sa séance d' hierà F appui de ce que noussoit', in' a chargé à L' unanimité de vous

avons dit à propos de laexprimer: qu' en particulier I' inappré-beauté de ce magnifiqueciable Recueil des Actes d' Archives etVolume, des notices les plus rares et les plus né-

cessaires qui Ont rapport à la Basilique

Nous ne saurions doncde .t. Marc, édité par vous eu un forttrop engager ceux (lui s'volume qui vient de paraitre commetéressent à l'art, à l'art italo-

base des monographies qui vont suivre,Constitue à lui seul un monument quibyzantin, ainsi qu' à F ar-satisfait il désir depuis longtemps ma-chéologie, d'en faire l'achat,nifesté, et illustre et fournit de docu-

ils y trouveront une foule

ments de la manière la plus authenti-que et la meilleure tout ce qui a quel-A détails importants, re-9UC rapport avec la construction deproduits avec une méticu-1 élise et toute notice historique et

le tise exactitude, ce qui leurartistique qui s'y rattache.La R. Deputazione fait en consé-épargnera la peine, le cas

quence des voeux pour que tous les ma-''lieant, de recourir à desthtuts d'Art et toutes les principalesoriginaux, bien souvent trèsB ibliothèques s' enrichissent d'un ou-dilliciles à déchiffrer.

vrage aussi importants vous ddomnia.geant ainsi en partie des immenses sa-

Et maintenant que notrecrifices que vous avez été obligé delche est terminée nous se-faire, Monsieur le Chevalier, pour pré-rons bien heureux si notresenter un travail qui, dans toutes sesfaible voix peut inspirer à

parties, réponde à son grand objectif, etqui honore I' Art et Venise.ceux qui liront ces ligne, la Votre tout devoué Serviteur

pensée de souscrire à I l ou- G. BERCHETvrage la Basilique de St secrétaireMarc, et d'encourager ainsiI Editeur Ongania qui n' a pu accomplir une oeuvre aussi colossalesans les plus grands sacrifices de toute nature, guidé plus par sonm:ilour patriotique que par l'espérance du lucre, chose si rareauourd' hui, et qui mérite une récompense éclatante.

\cnisc, Avril i\r'