SUIVEZ LE CHEMIN LUMINEUXDans ce journal, les Allumés du Jazz, regroupement de labels indépendants,vous présentent leurs productions. Il s'agit de CD de jazz ou proches du jazz,où apparaissent en général des artistes européens, en majorité vivants etcréatifs. La qualité des enregistrements et des musiciens est reconnue,parfois distinguée. Les productions sont originales : peu de compilations, derééditions, d'enregistrements du domaine public, de " coups " médiatico-commerciaux... Elles se réalisent en complicité avec les artistes, en fonctionde leurs projets et de leurs oeuvres.Les Allumés du Jazz vous proposent d'acheter leurs productions" en direct ". Le principe est simple, vous choisissez dans le journal les CDqui vous intéressent, vous remplissez un bon de commande, vous l'envoyezavec un chèque et vous recevez les CD par la poste dans les 4 jours. Dèsdemain vous pourrez recevoir à votre domicile ces très beaux objets pleinsde musique indépendante.

Exprimez votre indépendance ! Ne restez pas inféodés à la World Company !

Boycottez la consommation musicale de masse ! Rejoignez le mouvement inexorable !

Suivez la voix tracée par l'avant-garde des Allumés ! Précédez la voix tracée par l’arrière-garde des Allumés !

Choisissez la bande son de vos rêves ! Et votre chemin sera illuminé de musique indépendante !

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5, rue de Charonne, cour J. Vigues, 75011 Paris - Tél 01 40 21 90 65 / Fax 01 40 21 82 30 - E-mail : all.jazz@wanadoo.fr

« Comment entendez-vous l’avenir du jazz ? »

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 1

« Comment ? » répète inlassablement le mal entendant, bien élevé. « Entendez-vous ? » dans nos campagnes, au milieu du brouhaha desnouveautés qui souvent ne se renouvellent guère, comment trier le bon grain de l’ivraie parmi la masse des CD, mort-nés, assassinés, per-dus dans la forêt, mais aussi exilés, combattants de l’ombre, éternels résistants, infatigables concepteurs de nouvelles utopies.« L’avenir » fait partie du Grand Jeu. Il est légitime de se poser la question au moment où nos disques disparaissent des bacs desgrandes surfaces dites culturelles. Repli actif des combattants vers l’internet, la vente par correspondance, et retour aux petites boutiquesspécialisées. Mais ici la question portant sur l’écoute a pour but de faire jaser. En la posant cette fois à des musiciens, producteurs, diffuseurs,journalistes, on désirait savoir ce qu’on avait dans la tête, la petite musique qui y trotte, les rêves qui s’y forgent, les voix de Jeanne, la résis-tante. Les réponses oscillent entre l’ombre morose et la lumière béate, ou la lumière aveugle et l’ombre des maquis. Clair-obscur où, au boutdu compte, apparaissent clairement les portraits de ceux et celles qui se sont prêtés à ce petit jeu de divination. Rallumez !

ENTRETIENSp. 4 et 5

Hélène Labarrière Serge Adam Denis ColinEric Echampard

PICCOLO, SAXO,ET CIE

p. 8Le soprano

Fabien Barontini, directeur du festivalSons d’hiverLouis Amstrong, Sidney Bechet, DukeEllington, Charlie Parker, King Oliver,Thelonious Monk, Bud Powel, Art Tatum,Charlie Mingus, Django Reinhardt, MilesDavis, Roland Kirk, Lester Bowie…et lesbluesmen…tous formidables créateurs,sujets autonomes et actifs d’unmouvement collectif qui a bouleversé leXXe siècle et qui s’appelle leJAZZ…Musique à l’héritage dilapidé parune bande de clones qui en singent lediscours (manipulateurs d’esthétiquecomme d’autres manipulent aujourd’huiles gènes ou l’opinion), qui n’ont pas lecourage d’exister des susnommés etproposent une musique fade, décorsconsensuels d’une société uniformiséeoù l’individu-sujet n’existe plus. L’avenirdu jazz ne s’entend pas du côté de cetinventaire. Mais il s’entend du côté desmusiciens qui continuent à inventer…etqui écoutent l’histoire et leur époque,l’histoire de leur époque et eux danscette histoire…et qui inventent lerythme, les rythmes de notre désordrevivant.Suggestion pour le prochain question-naire des " Allumés " : Commententendez-vous l’avenir du rythme ?

Etienne Brunet, musicienDans les épîtres selon synthétique, il estimprovisé qu’Albert, Charlie, Eric etJohn reviendront sur terre avec la plus

belle musique de jazz. Tous les petitssalopards de tricheurs qui font semblantattraperont des maladies virtuelles. Ilsguériront instantanément en devenantvraiment sincères. La populationfatiguée de la musique spongiforme setournera à nouveau vers les héros dujazz.Paix et amour, paix et amour mesfrères, avec une antenne de télévisionressemblant à une lettre grecquedessinée à l’intérieur d’un cercle. Bref,j’en ai tellement assez que je deviensaigri, j’me brouille avec tout le monde etj’ai pas l’bon discours, celui qui collebien à l’époque ! J’ai disjoncté, j’ai lecoupe-circuit désintégré et les plombsfondus. Je n’entends plus rien à rien. J’aiune crise punk de cyber destroy.J’espère retrouver l’optimisme début jan-vier zéro zéro. Je deviens étranger à cemonde et presque sourd à son avenir.J’entends un bruit infernal en formede pollution et de chômage musicalau jus d’aromate. C’est l’impassepartout…C’est l’impasse partout !

Philippe Carles, rédacteur en chefJazz MagazineComment pouvez-vous imaginer quequelqu’un soit en mesure d’ " entendrel’avenir du jazz " ? Même ceux quifont le jazz – les musiciens – en sontincapables, et ceux qui aimeraient qu’ilsoit fait selon leurs goûts – certainsproducteurs, certains journalistes et

autres spécialistes – sont heureusementimpuissants à l’infléchir. D’ailleurs, àchaque fois que quelque prophète outhéoricien a été assez imprudent pourlire l’avenir du jazz, celui-ci a gaiementdémenti, voire ridiculisé, ses prédictions(liste sur demande). Et puis, si j’avaisla moindre idée du jazz qui sefera entendre demain et au-delà, voiredans quelques secondes, où serait lasurprise ?

Olivier Gasnier, vendeur FNAC, cri-tique à Jazz Magazine et ClassicaAucune certitude face à une tellequestion, variante du " Tomorrow is thequestion " d’Ornette Coleman. Doit-onattendre " Quelque chose d'autre " ?Sans doute. Et à base de métissagecomme le jazz l'a souvent fait.Mais peut-être qu’ " entendre l'avenir dujazz ", c'est être prêt à recevoir et àécouter toute proposition de la partdes musiciens. Ce qui revient à direque l'avenir c'est aussi le présent, et unprésent varié et riche de tentatives voirede réussites. Libre à chacun, ensuite, defaire son choix - difficile - parmi les (trop?) nombreux enregistrements paraissantchaque mois et la pollution d'unmarketing déguisé ou pas (d'une cou-verture médiatique élargie à la pub TV,en passant par des sélections/guides entout genre). Car l'avenir du jazz se joueaussi au niveau de la diffusion et de laproduction, c'est-à-dire sur le terrain de

l'économie.Une économie que l'on nous imposetrop facilement et pour laquelle ce n'estpas la réalité qui compte mais la façondont " on " (les décideurs/dictateurséconomistes et financiers de tous poils,véritables détenteurs du pouvoiraujourd'hui) imagine la réalité. Et là, lechoix des major companies de continuerde produire du jazz ou pas (selon lessacro-saints critères de rentabilité) peutinfluencer le paysage jazzistique. Soitelles se retirent et on peut espérer uneprésence plus facile pour les labels ditsindépendants, qui prennent souvent lerisque de défendre des musiques enlesquelles ils croient et qui, souvent,portent en elles " l'idée de la révolteet de la liberté* ", soit les majorcompanies continuent, et alors " ce n'estqu'un combat, continuons le début** ",mais " le simple fait d'entamer uncombat est déjà une victoire *** ".

* : Philippe Carles et Jean-Louis Comolli inBuenaventura Durruti (nato,1996).** : Bernard Lubat in Conversatoire(Labeluz,1999).*** : B. Durruti in Buenaventura Durruti(nato,1996) et Abel Paz Un AnarchisteEspagnol : Durruti. (Quai Voltaire,1993)

Jouez

avec

les A

llumés

!

de Jean-Jacques Birgé

Il y avait les ADS(club composé desfidèles fans du jour-nal de Spirou), il y adésormais les ADJqui aiment leur jazzcomme d’autres leurpetit groom. Les ADJviennent d’accueillirsix nouveaux labelsdont vous pourrezobtenir les disquesdès le mois pro-chain : le légendaireSaravah, véritablevoyage à lui toutseul, l’audacieux lanuit transfigurée(magnifique nomemprunté au titre del’une des plus bellesoeuvres d’ ArnoldSchönberg 1899) deTarbes, Gimini, (lebeau trio de SophiaDomancich et autresréjouissances)...

Steve Lacy en concert au festival « Jazz sous les pommiers », Coutances1997 - Photo Christian Ducasse

(suite p. 12) (suite p. 10)

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 2

Nouveautés > Eric Barret

Sophia Domancich (piano), Riccardo Del Fra(contrebasse), Simon Goubert (batterie), Eric Barret(saxophone ténor)Réunion de quatre des plus talentueux musicienseuropéens. Nouveau répertoire écrit par Eric Barret, avecl’exigence artistique qui le caractérise, il franchit un nou-veau cap dans sa quête musicale.

CharlotteRef : CP189

> Cache Cache

New Shapes

Typo

AARef : 312627

> F. Corneloup Trio

Jean Aussanaire (saxophone et clarinette), FrancisGenest (percussions), Pierre Leger (contrebasse)Les trois Tourangeaux ont cette fois répondu à l’invitation deMichel Bastien, typographe de l’atelier patrimoine de laMaison du peuple à Saint-Claude (Jura), afin de mêler lessons de leurs instruments à ceux des machines. Lerépertoire créé pour l’occasion a été enregistré live parmi lespresses, fondeuses et plieuses d’imprimerie.

François Corneloup (saxophones soprano et baryton),Eric Echampard (batterie), Claude Tchamitchian(contrebasse)

Le nouvel opus d’un trio incandescent. Corneloup et sesdeux complices assument avec énergie et générosité unemusique d’urgence que la chaleur de leur interprétation faitpasser haut la main.

EvidenceRef : EVCD2029

> André Jaume

> Boni &Echampard Duo

EmouvanceRef : EMV1009

> Cohen & Cotinaud

Two Angels for Cecil

Sylvie Cohen (piano), François Cotinaud (saxophone)

Pérenniser la tradition, mais en la laissant vivre, évoluer, setransformer : c’est dans cet esprit que S.Cohen etF.Cotinaud ont adapté ce répertoire judéo-espagnol,traditionnellement chanté, à leur instrumentariumoccidental, en le réarrangeant, et en aménageant desespaces d’improvisation ou de variations.

Raymond Boni (guitare), Eric Echampard (batterie)

« Comme Django, Cecil Taylor a un jeu à la fois orchestral,polyinstrumental, percussif, très dansant, profond, etl'aisance, la fulgurance d'un tempérament de fauve dontl'authenticité limpide pénètre l'âme dans un immense crid'amour pour la liberté. » Raymond Boni

MusiviRef : MJB008

> Cueco / Villarroel

> Hélène Breschand

in SituRef : IS 190

> Denis Colin et les Arpenteurs

natoRef : 777770

Harpiste

Etude de TerrainDenis Colin (clarinette basse), Pablo Cueco (zarb),Bruno Girard (violon), Régis Huby (violoncelle, chant),Didier Petit (violoncelle, chant), Camel Zekri (guitare)

Une musique envoûtante, doucement hypnotique,qui embarque l’auditeur dans le labyrinthe de sesprogressions harmoniques et la broderie subtile de sesmotifs amoureusement.......enlacés.

Hélène Breschand (harpe)

Son intérêt se porte sur la construction musicale pouvantreprésenter la charnière entre la musique écrite etl’improvisation. Par conséquent, la notion de temporalité etdu sens tactile interviendront dans son approche del'instrument.

André Jaume (clarinette), Rémi Charmasson (guitare),Randy Kaye (batterie), Jean François Canape(trompette), Bob Harrison (contrebasse)« (…) En fait, le travail de ces cinq-là, à propos et autour del’œuvre de celui-ci, s’impose comme une insidieuse etimparable démonstration : que cette musique n’est pas figéeet prête à entrer au musée, qu’elle est langue vivanteofferte à des discours inouïs, (...) »

3 Windows + Trio - Portraits of J.Giuffre

CelpRef : C39

> André Jaume

CelpRef : C40

Clarinet SessionsAndré Jaume (clarinette), Rémi Charmasson (guitare),Randy Kaye (batterie), Barry Altschul (batterie), AlainSoler (guitare)«Depuis que j’ai étudié avec Jimmy Giuffre, je suis retournéà mon premier instrument, la clarinette si bémol, monpremier amour musical. Un instrument n’est pas une chosefroide. Il vous rend ce que vous lui donnez, il a besoin qu’onlutte avec lui et pour lui.» André Jaume

Jean-Pierre Jullian (batterie), Thierry Madiot(trombone), Guillaune Orti (saxophone), Lionel Garcin(saxophone), Stéphan Oliva (piano), ClaudeTchamitchian (contrebasse)Premier disque du sextette de J-P Jullian. Attentif auxsons : celui de son instrument d’abord, juste, ouvert,enrobant, de ses multiples reflets et projets, celui des autresinstruments.

> J-P Jullian

EmouvanceRef : EMV1010

àghia triàdha

Quatuor Joachim : Zbigniew Marc Kornowicz (violon),Johanna Rezler (violon), Diane Phoenix (alto), LaurentRanou (violoncelle)Le Quatuor Joachim existe depuis des années. Il a lesaudaces de son assurance ; à côté d’un lyrisme passionné,de la tendresse la plus pure et la plus expressive, il accepteles indications d’un jeu excessif, n’hésite pas àaller aux extrêmes dans des vibratos exagérés, descrissements, des grincements, des glissandi gothiques,pousse la chansonnette et même un cri.

> Michel Musseau

Transes EuropéennesRef : TE021

Mandragore, Mandragore !

Nathalie Loriers (piano), Sal La Rocca (contrebasse),Hans Van Oosterhoot (batterie)

« Une personnalité remarquable, un toucher magnifique, unsens de l’espace éblouissant. » Jazz Magazine

PygmalionRef : 595182

PygmalionRef : 595272

Silent Spring> Nathalie Loriers

Yo m’enamori Cadran Lunaire

Transes EuropéennesRef : TE020

Pablo Cueco (zarb), Patricio Villarroel (piano)

Mademoiselle, en hommage à une jeune fille, Think of one,contre la pensée unique, Le dix, ou le retour du sept avectrois ans de plus, Gracias a la vida, encore merci à Violeta,Señorita, pour une autre jeune fille, All blues, parce que toutfinit toujours par une chanson.

Outcome

> Jef Sicard Trio

Charlotte Prod.Ref : CP188

François Laizeau (batterie, percussions), FrançoisMéchali (contrebasse), Jef Sicard (saxophone alto,soprano, clarinette basse, conques), Joël Sicard (piano)« Jef Sicard a choisi de s’exprimer en trio « gravant un Rêvede Claude » de toute beauté, conçu comme un hymne à laliberté... » Serge Loupien

Le rêve de Claude

La Pièce

> J’OZZ Quartet

MusiviRef : MJB007

Suite carnavalesqueRay Kaczynski (batterie, percussions), Luc Rebelles(saxophone alto, soprano et baryton), Paul Rogers(contrebasse), Marc Stutz-Boukouya (trombone ténor)Les compositions de L.Rebelles et de M.Stutz-Boukouya,pour ce premier CD, constituent le répertoire chaud etvibrant de cette suite. Ils se sont entourés de musicienshabitués des meilleurs festivals de jazz internationaux :une section rythmique dont l’impétuosité grondeperpétuellement.

> K.Roll / Charles

J.Méreu (trompette, voix), C.Rollet (batterie, voix),G.Villerd (saxophone, voix), J-F Baëz (accordéon),D.Ancel (cuisine, voix), P.Chavent (cuisine, voix),X.Garcia (compositions electro-acoustiques), T.Cousin(additional sounds)En scène, les cuisiniers s’activent les premiers et lesmusiciens se contentent alors d’en prendre note(s). Histoirede faire triompher d’emblée la gourmandise. (...) Dans lesfragrances qui éveillent l’appétit avant même que la musiquene délivre le moindre fumet.

Renaud Garcia-Fons (contrebasse), Gérard Marais(guitare)

Ce nouveau disque est la suite d’une osmose acoustique.Rencontre des cordes, lyrisme, émotions et sonoritéscolorées vous transportent dans un univers magique.

> Garcia-Fons / Marais Accoustic songs

Xavier Charles (clarinette, micros), Kristoff K.Roll(dispositifs électro-acoustiques)La Pièce oscille entre un cinéma pour les oreilles, uneperformance improvisée et une installation sonore.Superposition de diverses attitudes : corps sonores joués endirect devant les micros, sons fixés joués (échantillonneur),séquences sur bande, transformation live de sons fixés ounon.

Jérôme Barde (guitare), Donald Brown (piano), EssietEssiet (contrebasse), Billy Kilson (batterie), Bill Mobley(trompette, bugle)

Bill Mobley « arrange en donnant ampleur, chaleur, nuanceset profondeurs chatoyantes. L’exécution (de l’orchestre)frôle la perfection sans risquer la froideur. »

Télérama

Bertrand Renaudin (batterie), Yves Rousseau(contrebasse), Hervé Sellin (piano), inv. Jonas Knutsson(saxophone alto et soprano), Gueorgui Kornazov(trombone)L’arbre voyage scelle la rencontre humaine et musicale deces cinq musiciens aux sensibilités nourries de leursdifférentes influences, tous ardents défenseurs de lamélodie et du lyrisme.

> Bill Mobley

Space Time Rec.ref : BG 9911

> Bertrand Renaudin

Mean what you say

L’arbre voyage

CC ProductionsRef : CC987628

PotlatchRef : P199

ArfiRef : AM025

Label HopiRef : HOP200024

Ronald Baker (trompette, bugle, voix), Patrick Filleul(batterie), Alain Mayeras (piano, orgue), David Salesse(contrebasse), Jean-Jacques Taïb (saxophone)R.Baker enregistre ici un disque qui, tout en apportant samarque de créativité et d’originalité, est dans la droite ligned’un jazz traditionnel qui nous a transmis son swing, sapulsation et sa spontanéité.

> E Guijecri Festin d’oreille

PotlatchRef : P299

Derek Bailey (guitare), Steve Lacy (saxophone soprano)

Ces deux géants de l’improvisation se sont rencontrésquelques rares fois dans les années 70, et il en restequelques témoignages chez Saravah et sur Incus(Company). Ici, dans un concert exceptionnel, les deuximprovisateurs poussent leurs démarches respectives auplus profond de leur radicalisme.

> Bailey / Lacy

Rob Brown (saxophone, flûte), William Parker(contrebasse), Matthew Shipp (piano)" La musique prend des formes courtes et fugaces, tôtestompées, ténues et abluées, comme si l’improvisationdéveloppait d’abord le scepticisme à l’égard des certitudesachevées (...) Il s’agit à chaque instant de tenir la chroniquedu guet, d’éveiller un climat, de surprendre une esquisse, delaisser surgir un risque. " Jean-François Abert

> Matthew Shipp Magnetism

Bleu regardRef : CT 1957

Gilles Barikosky (saxophone ténor), Sonia Cat-Berro(voix), Raphaël Dever (contrebasse), Vincent Frade(batterie), Guillaume Naud (piano)

« Je vais vous dire ce qui me plait chez elle, c’est qu’ellesourit en chantant et on le sent » F.Charbault« Sonia interprète un répertoire de standards arrangés avecsobriété et finesse... »

CharlotteRef : CAT98

> Sonia Cat-Berro A singing affair

Elisabeth Boudjema (violon), Pascale Jaupart(violoncelle), Fanny Leveque (violon), Thierry Maillard(accordéon, piano), Pascal Sarton (contrebasse), AgnèsToussaint (violon alto), Jean-My Truong (batterie)« L’apport des cordes, avec cette espèce de décalageconstant, donne à cet album un charme très particulierrespectant deux règles absolues : la mélodie et swing. »Frédéric Charbaut

Nahia New Septet

RDCRef : 40066-2

> Sylvain Luc > Thierry Maillard

> Emmanuel Bex MauveJ.Barde (guitare), P.Bebey (chant, flûte pygmée), M.Betty (chant), E. Bex (orgue Hammond, Fender-Rhodes,clarinette, OBX, voice harmoniser, accordéon),DJ Shalom, S.Huchard (batterie), X.Jouvelet (program-mation percussions), F.Laizeau (batterie) J.Largent(percussions), M-M. Lebévillon (contrebasseélectroacoustique), E. Lekeravec (cornemuse), F.Verly(percussions), J-P Viret (contrebasse)Le versant tranquille, apaisé d’Emmanuel Bex.

Pee WeeRef :

Cristal Prod.Ref : CP.BAK02

> Ronald Baker Live à la Coursive

Volume 2

Sylvain Luc (guitare), Serge Luc (batterie), Gérard Luc(accordéon)

« A défaut d’être un jazzman au sens où certains peuventl’entendre, loin de ces guitaristes exclusif pour qui le mondene tourne qu’autour de quelques cordes, Sylvain Luc est unimprovisateur utilisant son instrument comme un orchestre àpart entière » Jazzman

> Manuel Villarroel Trio

Gus Nemeth (contrebasse), François Ricard (batterie),Manuel Villarroel (piano)« Retour de Manuel Villarroel, sous une des formules qu’ilaffectionne le plus, le trio, exultant de joie improvisée et ennouvelle compagnie (...). Porté par une inspiration incontes-tablement familiale, cet album est une fête de retrouvailles,impatiemment attendue avec un grand musicien. »Francisco Cruz

Transes EuropéennesRef : TE022

Vand’oeuvreRef : VDO9917

> Camel Zekri

D.Alhassane (voix), A.Tigani (douma), R.Belgacem(darbouka), H.Boumbourou (kountigi), X.Charles(clarinette), D.Chavaucher (voix), B.Djibo (voix),M.Doneda (sax.), A.Keïta (balafon), Y.Moumouni (flûte),Naïno (douma), H.Oumarou (godjé), O.Soumana(kalangou), B.Temtaoui (cornemuse), U.Volker(accordéon), A.Zekri (darbouka), C.Zekri (guitare, oud)En décembre 1996, des improvisateurs européens,maghrébins et africains ont descendu le fleuve en pirogue,à la rencontre de cette musique. Il ne s’agit pas d’arttraditionnel, ni d’art contemporain, mais d’un art résolumentactuel.

Le festival de l’eau

Gilles Coronado (guitare), Hubert Dupont (basseélectrique), Christophe Lavergne (batterie), StéphanePayen (saxophone), + inv. Serge Adam (trompette),Boris Blanchet (saxophone ténor), Geoffroy De Masure(trombone), Guillaume Orti (saxophone alto, baryton)« ...un combo parfaitement homogène, qui témoigne par safougue et son inspiration de la vitalité de la jeune scène jazzfrançaise. » Aden

> Swing Gadjé

GorgoneRef : GP 115-1

> Sylvain Beuf

RDC RecordsRef : 40067.2

Impro PrimoSylvain Beuf (saxophone), Stéphane Huchard (batterie),Christophe Wallemme (basse), Bojan Zulfikarpasic(piano)

Réédition de son premier album de 1994, clin d’oeil aumonde latin et au Brésil, mariant parfaitement hard-bop etballades.

CristalRef : BJT 1299

> Big Joe Turner Blues in ChedignyRon Baker (trompette), Big Joe Turner (basse), JeffBoudreaux (batterie), Johan «The professor» Dalgaard(clavier), Bruce «Mississippi» Johnson (voix), DavydJonhson (saxophone), Mar Todani « Slim » (guitare)Ce Big Joe Turner est bassiste et l’un des meilleurs dans lemonde du Blues. Il a d’ailleurs joué pendant plus de 5 ansavec B.B King et travaillé avec Albert King et Little Milton.

Quoi de Neuf DocteurRef : DOC 059

Kriss RomaniVincent Cabaye (percussions), Franck Cardon (violon),Hamid Hammache (guitare flamenco, oud), Erich Pralat(contrebasse), Christelle Rimbert (violon alto), FrédéricTetaert (guitare), Arnaud Van Lancker (accordéon,chant)Initiation au voyage et à la fête, Kriss Romani (tribunaltzigane en langue roumaine) oscille entre czardas et piècesmélancoliques. Parce que nourri de l’errance, l’univers deSwing Gadjé s’affirme riche de mille tendances, entretradition rom, Orient, et une vraie tendresse pour lachanson.

> Thôt

25 cd* en 1500 signes = missionimpossible. Pirouette économico-déontologique : rien à ajouter à toutle bien déjà dit/écrit (liner notes,chroniques dans Jazz Mag,commentaires du vendredi sur France-Musique) sur Bailey-Lacy, Boni-Echampard, Cache Cache (relireMéziat), Denis Colin, Corneloup,Garcia-Fons - Marais (cf. Denis Martin)," Portrait of Giuffre " et " ClarinetSessions " de Jaume, le douxprintemps de Nathalie Loriers, le JefSicard (de rêve) et autres " émois ".Reste à signaler les nuances trèsbleues du " Mauve " de Bex, sonéventail de timbres et de swing, les jeuxlibres (parfois vivement free) d'HélèneBreschand " harpiste ", les lancinances,mélismes et danses douces du piano-sax de Cohen et Cotinaud, l'exquisedilacération de Monk et Miles et lecollier de chocs forgé par les doigtsorfèvres de Villarroel (Patricio)-Cueco,la roborative démonstration par le" J'oZZ Quartet " qu'on peut encoreformer un pianoless quartet (près d'undemi-siècle après celui de Mulligan) àbase de trombone et de sax (barytonmais pas seulement) et ouvrir desvoies neuves, l'espèce de chimère (oud'hybride) à sept têtes - dont deuxviolons, parfois un accordéon et,constante, la nerveuse pulsation signéeJean-My Truong - inventée par ThierryMaillard, l'énergique et parfois ironiquelyrisme à quatre cordes manigancépour d'autres transes (ce serait ici uneparenthèse) par Michel Musseau, lescourses à fond d'archet, plainteséraillées et bruits de vie de " SwingGadjé ", et jusqu'au phare quisuperbement éclaire les aventuresdigitales de l'autre Villarroel (Manuel),tel un point d'exclamation après le mot" jazz ".Philippe Carles, rédacteur en chef deJazz Magazine (avec l'espoirqu'absents et oubliés ne liront pas ceslignes)

De quoi s’agit-il ? D’indépendance, derésistance, de survie sans doute. Demusique vivante. A l’écoute desnouveautés des producteurs allumés(certains d’entre eux sont desmusiciens) ici et maintenant, on estfrappé par la diversité des intentions etdes attitudes. Parmi les groupes auxformats et syntaxes " classiques " dansle jazz historique, on remarque le trio vifde la jeune pianiste belge NathalieLoriers, le trio chantant et tendre deManuel Villarroel ainsi que le quartettelumineux d’Eric Barret, aux allures deall stars. Dans le domaine du " jazzcontemporain " made in France (unrépertoire original et des rôles assezprécis sur le plan des harmonies et desrythmes), la formule du " pianoless

trio " semble prépondérante : à traversles rêveries tortueuses et lyriques deJef Sicard, l’orfèvrerie sage (doubléede typos percussives) du groupetourangeau Cache Cache ou encoreles ardentes circonvolutions deFrançois Corneloup. Mais aussi dans latroublante richesse timbrale du sextettede Jean-Pierre Jullian, la profondeur dechamp de la harpiste seule HélèneBreschand, les fluidités boisées et lesrévérences (à Jimmy, aux deux Buddy)d’André Jaume, les brûlanteséchappées belles du quartette J’ozz oules claires et savantes destructurationsdu collectif Thôt. Appétences demétissages extra européens :romances judéo-espagnoles deSylvie Cohen et François Cotinaud,exhalaisons de cannelle et de musc desArpenteurs de Denis Colin, ren-contres pluridisciplinaires et incan-descentes (à vingt voix) provo-quées par Camel Zekri sur le fleuveNiger. Enfin les radicaux libres, valeu-reux expérimentateurs jusqu’au bout dusouffle : l’évidente complicité de DerekBailey et Steve Lacy un soir de 1983 auDunois, les fulgurantes tensionspoétiques de Raymond Boni et EricEchampard, la mise en espace nontempérée de la clarinette de XavierCharles par les dispositifs électroa-coustiques des Kristoff K. Roll etc.Gérard Rouy, collaborateur à JazzMagazine

De deux choses l'une : zapper ouchoisir. J'ai choisi de ne pas zapper. Lacuriosité me pousse à écouter d'abordNathalie Loriers (Pygmalion), jamaisentendue jusqu'à présent. Dans lecontexte ultra balisé du trio, la pianiste s'en tire avec une belle autorité. Dès lepremier morceau : une densité quiévoque le Bud Powell de " Un pocoloco " : plutôt rare. Dans ce contexte apriori conventionnel, elle peutsurprendre par sa liberté de ton, samaîtrise des climats et desdynamiques, des ellipses harmoniquesqui, pour emprunter souvent àune esthétique impressionniste nesombrent pas du tout dansl'évanescence. Le quartette Thôt etses invités (Quoi de neuf Docteur ?)inscrivent une réussite de plus à l'actifde la très productive nébuleusetournant autour du collectif Hask. Onvoit bien que cette musique flirte parfoisavec l'obsession techno mais ici,abstraction et incarnation fusionnent.Donc ça swingue, et sur tous cesrythmes tordus, Gilles Coronadobalance quelques solos d'une aisanceconfondante. De nombreuses trou-vailles d'écriture et d'orchestrationconfinent à l'inouï, et l'humour aussipointe son nez cruel (souvenir detonton Monk ?).

Renaud Garcia-Fons et Gérard Marais(Hopi) savent faire surgir de cesmoments magiques que seule lamusique totalement improvisée peutproduire. Il y en a plusieurs dans cedeuxième disque d'un duo à la poésieaérienne qui se penche également surquelques grands textes du répertoire(Ornette, Monk), et nous délivre uneversion d'une fraîcheur inespérée del'inusable " All the things you are ".Retour au piano. Matthew Shipp (BleuRegard) livre une sorte d'épure du freejazz, en vingt courtes séquences trèsdifférenciées où son trio développecomme un art de l'attente, ouvrant ainsides perspectives neuves à uneesthétique qui s'en trouve commeterriblement rajeunie. La nouvelle vaut qu'on s'y attarde.Les solos de Sophia Domancich(Gimini) se déroulent comme desmétaphores de la vie biologique. Uneobstination sans violence mais ferme ettendue les habite. Un engagement totalsans aucun artifice. Le piano sanspianisme. La passion sans la niaiserie.La musique libre sans les clichés.Didier Levallet, musicien etcollaborateur à Jazzman

Face à face avec une sélection desdernières productions de labels" Allumés du Jazz ".Impressionnant. Etonnant.Pas seulement par les aspects pal-pables et physiques de cet ensemble :pile de presque 20 cm de haut, auxboîtiers et covers flamboyants.Mais aussi, bien sûr, et surtout, par soncontenu.

On n'en attendait pas moins de ceshétérodoxes, de ces rebelles quirefusent les " lois du marché ".Parlons clair, qui refusent de produire" soupes " aseptisées, muzaksd'ascenseurs et revivals divers et sansâme.

Inventivité, créativité, immense variétéd'univers et de démarches.On reste pantois.

Solistes et compositeurs inspirés etpuissants explorant moult territoires.Valeurs sûres de la scène françaiseet européenne toujours en quêtede renouvellements, d'expériencesinouïes.Inconnus et quasi-inconnus qui ne vontpas le rester.

Tous dénicheurs, sourciers, cataly-seurs, inventeurs de nouvellesrichesses, loin des autoroutes du" music business ".Le jazz vif dans toutes ses splendeurs.

Dans toutes ses déclinaisons.Hors des sentiers battus. Créationsdiverses, singulières, inattendues...Ignorant et contournant les règles dujeu dominant : non aux rééditions,resucées, compils et best of " Vu à laTélé " !

Tremplins, reflets et refuges pour laparole et les cris de formes jazzistesniées et occultées.

Ces " Allumés " ne sont pas des" barjots " au sens péjoratif. C'est biende la flamme intérieure de ces dizaineset dizaines de créateurs qu'il s'agit ici.

Elle nous réchauffe, nous éclaire.Montre le chemin du jazz de demain.Pierre-Henri Ardonceau,collaborateur à Jazz Magazine

Dans la présente sélection desAllumés du Jazz on trouve sixsaxophonistes, leaders ou co-leaders,six voix d'aujourd'hui, reliées à desdegrés divers à l'histoire du jazz depuisles années 50. C'est dans lesstandards, le rapport au blues queSylvain Beuf (Impro primo, RDCRecords) et Eric Barret (New Shapes,Charlotte) trouvent une partie de leursracines et de leur musique. Enrecomposant les formats et les codes -ceux du quartette avec rythmique, ceuxdes séquences harmoniques et ryth-miques - et en tournant autour de laconstruction exposé du thème / solos /retour au thème, ils montrent que cejazz devenu classique n'a pas encoresa place au musée.Jef Sicard (Le Rêve de Claude,Charlotte) et François Cotinaud (Yom'enamori, avec Sylvie Cohen, Musivi)tracent de fructueux passages entre lefree afro-américain et la musiquedite contemporaine. Parmi leurs ins-pirateurs du jazz : Roland Kirk (Sicard)ou John Gilmore (Cotinaud), desesprits libres. Sicard et Cotinaud,poètes discrets ont la mélodievoyageuse, leur musique raconte aussil'amour avec finesse et sans niaiserie,c'est rare. Francois Corneloup (Cadranlunaire, Evidence) et Jean Aussanaire(du trio Cache Cache, Jeuxtypographiques, AA) sont venusrejoindre la confrérie des créateursdans les années 90. Leur recherchedans les musiques improviséess'appuie sur l'ancrage dans un territoireplutôt que dans des repèreshistoriques. A leur tour, ils perpétuentcette connaissance de soi et des autressi nécessaire pour que le jazz reste cetart du temps présent.Sylvain Siclier, journaliste au Mondeet collaborateur à Jazzman*Note du facteur mélomane : 33 - 25 = 8

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 3

Points de vue, images du Jazz33. Bon Dieu quel chiffre ! 33 nouveautés produites par les Allumés du Jazz confiées pourune revue de presse à six plumes éminentes : Philippe Carles, Gérard Rouy, Pierre-HenriArdonceau, Sylvain Siclier, Didier Levallet et Gérald Arnaud - ce dernier ayant déclaréforfait en dernière minute. Dites 33. L’âge du supplice et de la résurrection dit-on.

A l’heure où les déboussolés sont légions, les Arpenteurs de Denis Colin publient leurEtude de Terrain, relevé topographicomusical précis et état des lieux où, avec ou sanspendule, on ne perd jamais le Nord.

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 4

Qu’est-ce que représente le free jazz pour vous ?J’étais trop petit quand il est né, mais il était toujoursassez populaire au tout début des années 70. Il adéclenché mon envie d’être musicien. Dans ma vie demusicien, le free jazz est fondateur. A 15 ans,j’écoutais Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Doors ouSoft Machine. C’était passionnant, très bien, bravo !Mais quand j’ai découvert le free jazz, c’était trèsdifférent : là je me suis identifié. J'ai commencé àétudier la musique (conservatoire) et vers 19 ans, suisentré en contact avec les musiciens de free jazz quihabitaient Paris ; essentiellement Alan Silva. A traverslui, j’ai rencontré les gens du quartette de FrankWright. J’ai étudié avec Alan Silva qui très vite, m’ apris dans son orchestre avec quelques autresélèves : le Celestrial Communication Orchestra. AlanSilva a fondé l’IACP. On n’était pas particulièrementappréciés par les musiciens de free jazz. On était unpeu les blancs becs mais on a pu quand mêmecôtoyer des gens qui ont été très importants pournous. Outre Alan Silva, il y avait Mohammed Ali,Bobby Few, Butch Morris et Bernard Vitet qui nousréconfortaient quand les types comme Frank Wrightétaient assez durs avec nous…

Qu’avez vous appris d’essentiel avec eux ?Alan nous disait toujours : " N’essayez pas de faireune autre musique, faites la vôtre ". Il avait uneinsistance extraordinaire pour nous dire à quel point lamusique qu’on allait faire était la nôtre. C’était mêmeune frustration, parce que ce que je voulais justement,c’était imiter leur truc ! La fréquentation de ces gens-là m’a montré à quel point ils avaient un rapportidentitaire à leur musique extrêmement fort. Lapremière marque où je commence à pouvoir devenirautonome par rapport à ça, c’est la sortie du premierdisque en solo " Clarinette basse seule ".

Et les « musiques improvisées » dans tout ça ?L’improvisation musicale est un art sublime. Elleremplit certaines fonctions ; j’en évoquerai deuxaujourd’hui : 1) L’acceptation de l’imprévu est un moteur vital, unepuissante valeur morale. On peut comprendre commeune démarche spirituelle, avec toutes les difficultés etles embûches que cela comporte, le fait d’accepter etmême d’inviter « l’imprévu » au grand concert de sapropre vie.2) Dans notre culture musicale européenne, latradition, puissamment représentée par les oeuvrescontemporaines comme par les répertoires moderneset classiques, a hiérarchisé la valeur des artistes-musiciens dans l’ordre suivant : 1) le compositeur,2) le chef, 2 bis) le soliste (attention, zone de conflits),3) l’interprète d’ensemble. On en a vraiment marre !Les effets pervers de cette hiérarchisation sont innom-brables et pourront faire l’objet d’un développementqui n’a pas sa place ici. L’improvisation musicalepermet de pulvériser cette manière de vivre lamusique.Une fois ces deux aspects aperçus, vouscomprendrez que le terme « musiques improvisées »me gène. L’improvisation musicale est un procédé,une façon qui engage profondément le musicien.La composition et l’interprétation également.L’improvisation ne permet pas tout. La composition,

non plus. L’articulation des deux fait l’objet de mestravaux depuis plus de vingt ans. L’engagementexclusif dans l’une ou l’autre voie me parait mal venu.Mais pour « faire carrière », d’un côté comme del’autre, il faut faire acte d’allégeance (« choisir soncamp » disent les naïfs).

Les contraintes esthétiques qui permettent d’êtrereconnu par ses pairs comme digne représentant desmusiques improvisées sont aussi nombreuses quedans un vieux traité d’harmonie. Qu’est-ce que la« frei Musik » ?Pour revenir à la musique elle-même, la nature del’engagement du musicien dans l’improvisation (je nepense pas à une improvisation décorative, un chorusbien encadré par-ci, par-là, mais à une improvisation« constituante », au coeur même de la piècemusicale), la nature de cet engagement donc, estextrêmement difficile à concilier avec la position del’interprète (ou du compositeur, en amont). Oui, c’est difficile. Et alors ?

A quel moment ressentez vous le besoin de faireun disque ? En tant que consommateur, le disque est ce quipermet de découvrir la musique, de rentrer en contactavec elle et, quand j’ai de la chance, de l’aimer. C’estun objet de communication d’une puissanceconsidérable. Les musiques qui m’ont fait musicien, je les aidécouvertes à travers le disque. Et ensuite, toute lamusique que j’ai jouée en a été imprégnée. Toutel’influence africaine, par exemple, vient de certainsdisques de la collection Ocora ou du Musée del’Homme que j’ai écouté des centaines de fois. Ce

sont des musiques qui n’ont pas lieu sur scène et queje n’aurais donc jamais pu écouter sans le disque.J’aime aussi beaucoup découvrir les musiques par laradio. Il n’y a pas cette espèce de charge affective quirend propriétaire quand on achète un disque. Là çaarrive comme ça, dans ton assiette et tu prends ou tune prends pas. La radio permet une écoute légère.Faire un bon disque, c’est très délicat. A un momentdonné, l’artiste sollicite et met en branle un systèmeindustriel. Il désire que son acte soit répété à 1000,20000, 300000 exemplaires. Il décide donc que cetacte mérite cette multiplication.

Il vous semble donc évident qu’un musicien faitde la musique pour les autres et pas seulementpour soi ?On ne se fait pas médecin pour se soignersoi-même ! Je joue pour les autres. La branlette a uncertain charme, mais … bon, un peu, ça va ! Unconcert, c’est une réunion. Il y a un effet de groupe. Lefait qu'on soit tous ensemble, on a le sentiment qu’ilva se passer quelque chose.A l’inverse, quand on reste à la maison et qu’on met lapetite galette dans la belle machine, là, cette mêmeénergie prend une dimension obscène parce quecette magnifique chaîne hi-fi n’a pas le pouvoir dedonner la présence humaine du public et des artistes.C’est autre chose. Un jour, j’ai écouté à la radio uneversion live de « Tutu » de Miles Davis qui n’avait rienà voir avec la version sur disque. J’ai été frappéd’entendre à quel point Miles Davis ne faisait pas lamême chose en studio et sur scène. Le débordementd’énergie du saxophoniste, du batteur me sont alorsapparus clairement comme faisant corps avecl’atmosphère du moment.Certains musiciens " contemporains " ne souffriraientpas de changer une note lors d’un concert. Je trouvecette idée vieillotte. Il serait temps qu’ils réalisentqu’entre la scène et le disque, le véhicule est différent.

Et votre nouveau disque ? Les Arpenteurs est un quintette fondé en 95, à lafaveur d’une commande proposée par BanlieuesBleues pour le centenaire du cinéma : musiques pourdes films muets des frères Lumière. Le groupe alorsconstitué a ensuite tourné pendant quatre ans avantd’enregistrer pour la première fois au printemps 99 unalbum qui s’intitule " Etude de Terrain ". Il sort le 11février. Prenez rendez-vous très vite avec votredisquaire parce qu’il y aura la queue !Je préfère d’abord éprouver le groupe en concert. Caril y a des conceptions musicales qui président àl’existence de ce groupe et il faut que les musiciens ytrouvent leur place et éventuellement les modifientpour leur donner un maximum de dynamisme. Toutcela ne peut se faire que sur scène. Et à un momentdonné la musique commence à être vraiment vivante.On se sent prêt, il se passe quelque chose, ça vaut lapeine de passer au disque.

Pourquoi " Etude de Terrain " ?Parce qu’on est des Arpenteurs ! On marche, on courtle monde, on mesure l’espace découvert, on estouvert à tous vents, on arpente l’âme. On est doncouvert à l’état d’âme. Propos recueillis par Nicolas Oppenot.

Denis Colin et son quintet «Les Arpenteurs», Assier, Août 1998.Patrick Zachman / Magnum Photos

in Situ1993 - IS138

>Denis Colin TrioTrois

>Denis Colin Trioin situ àBanlieues Bleues

TransesEuropéennes1994 - TE 01

>Denis Colin TrioFluide

in Situ1998 - IS180

>Denis Colin &les ArpenteursEtude de Terrain

nato2000 - 777770

E g a l e m e n tdisponibles auxADJ

> Un DMIOpération blowup - 1992Grrr - 2020

> F. TusquesLe jardin desdélices - 1992in Situ - IS163

> F. TusquesBlue Phèdre 1996Axolotl - AXO103

> Didier PetitNOHC - 1998in Situ - IS180

Denis Colin : Entre terrains

Les drums « très plaisir » d’Eric EchampardCette appréciation d’un batteur « historique » (voir dernière du journal des ADJ) va comme un gant aux peaux douces d’undes plus enthousiasmant batteur de l’heure.

> R. Boni & E. EchampardTwo angels for Cecil

> F. CorneloupCadran Lunaire

Evidence2000 - EVCD2029

Emouvance2000 - EMV1009

Comment naître batteur de jazz en l’an 2000 ?Ni plus ni moins qu’en 1940 ou 1970. Les sensibilités, lesgoûts, les affinités guident nos choix vers les modesd’expression qui nous ressemblent. C’est au musicien deréflechir si le jazz s’arrête à la frontière d’un pays, d’ un style,d’une manière de composer. Il me semble que jusqu’àaujourd’hui, son histoire est l’exact contraire.Que pensez-vous des batteurs suivants : Baby Dodds,Kenny Clarke, Charlie Watts, Christophe Marguet ?Avec Baby Dodds, on remonte à la source. Il est toujoursintéressant de connaître et questionner le passé. Ainsi, oncollecte des éléments, des informations dont on peut seservir ou bien s’affranchir. J’ai eu la chance lors d’un stage ily a des années d’échanger quelques 4/4 seul avec KennyClarke. Je grade le souvenir de son grand enthousiasme departager, son humour, sa gentillesse. Je connais peu CharlieWatts mais la discothèque familiale - mon père est guitariste- m’a procuré beaucoup de sensations à l’écoute de lamusique produite à cette époque. Fascination pour MitchMitchell, Bobby Colomby, Bill Bruford, Ringo Starr. J’ai leplaisir de connaître Christophe Marguet. C’est un musicien

qui, pour être le plus en phase possible avec sa sensibilité,son exigence artistique, se questionne sur la musique qu’il aenvie de jouer. Pour celà il est à l’origine d’une formationqu’il dirige, pour laquelle il compose, avec desmusiciens qu’il affectionne... aussi, je l’admire beaucoup.Di Donato, Corneloup, Ducret, Boni : un parcoursexemplaire ? J’ai rencontré Di Donato en 91 alors que j’étais encoreétudiant en percussion classique. Il m’a convié à uneaventure en quintette. Cela a été un très bon départ à larecherche du sens dont on doit charger son proposmusical afin d’exprimer quelque chose d’authentique,compréhensible, efficace dans l’instant. J’y ai apprisque l’exigence de soi, avant tout, doit être le moteurinfatigable d’une pratique artistique. Je partage depuisquelques années les routes de Corneloup, Ducret, Boni. Depersonnalités et d’univers différents, l’attention qu’ils portentchacun à ce qu’ils font me fascine et me séduit. C’est à moide faire en sorte que ce qu’ils m’offrent ne soit pas desrencontres de hasard.Propos recueillis par Nicolas Oppenot.Stéphane Ouzounoff

« Ce sont mes frères qui m'ont initiée à la musique, aujazz, qui m'ont emmenée dans les boîtes - comme ilsétaient pianistes, j'ai choisi la contrebasse, pensantque toutes sortes de musiques l'utilisent, que jepourrais jouer de la musique classique, du jazz ouaccompagner des chanteurs. »

Y a-t-il des disques qui vous ont donné envie dejouer ?Je n'ai pas découvert la musique par les disques maispar les musiciens que je fréquentais. A quatorze ansje passais des nuits blanches dans des restos où desgens jouaient, à quinze ou seize ans dans des clubsdont certains aujourd'hui disparus. Ce n'est qu'aprèsque j'ai commencé à écouter de manière plusattentive. Les contrebassistes qui m'ont influencée, çava de Ron Carter à Charlie Haden, de Dave Holland,NHØP, Ray Brown à Marc Johnson... De temps entemps, je suis allée voir Jean-François Jenny-Clark , ilm'a beaucoup apportée. J'ai eu la chance de jouertrès jeune, et de manière professionnelle, j'ai apprissur le tas. J'ai appris autant en jouant avec GérardBadini qu'avec Daniel Humair. Les expériences col-lectives aussi m'ont beaucoup apporté, comme le col-lectif Incidences à Montreuil. Au Petit Opportun ou auSunset, les solistes défilaient, j’étais « sideman » fai-sant mon boulot au mieux assumant mon rôle de bas-siste. Dans un travail plus collectif, on discute aussibeaucoup de la musique, des projets. J’aimeapprendre.

Vous sentez-vous proche de quelqu'un commeJean-François Jenny-Clark, qui a été toute sa vieun " sideman de premier plan ", ou le fait d'êtreleader est-il prioritaire ?Etre leader, c’est faire des choix et les défendre, aurisque de se tromper. Diriger un groupe m’aide àtrouver ma place dans un travail collectif. Je joue dansplusieurs formations : avec Sylvain Kassap dansStrophes, avec Yves Robert dans L’été, avec DavidChevallier dans (music is a) noisy business et jeparticipe aussi à Los Incontrolados. Après trois ans, lequartette de Sylvain Kassap arrive à un moment trèsintéressant. Sa musique est très définie et en mêmetemps, il y a une grande interaction dans le quartette.C'est vraiment une musique de groupe, avec un sond'orchestre génial, très proche de quelque chosed'acoustique sans instrument harmonique. J'ai uneplace dingue dans cet orchestre. Avec Yves Robertc'est un autre univers. Il est pour moi en ce momentabsolument extraordinaire. Une musique à la foislyrique, gaie, facile d'accès, à l'intérieur de laquelleil se passe autre chose. Chacun apporte sapersonnalité, essaye d'entrer dans l’univers d’Yves etde le servir au mieux. Les rencontres, c'est toujoursimportant, mais c'est comme dans la vie : c'estformidable ou c'est la catastrophe. Faire l'amour lapremière fois c'est toujours tentant. Quand on com-mence à se revoir, apparaissent les difficultés, et

quand on vit ensemble c'est carrément dur. C'est làque ça se transforme et devient autre chose. Demême en musique, les rencontres sont indispen-sables, mais le travail en profondeur est capital.

Et « Stations avant l'oubli » ?C'est un projet qui a plusieurs origines. D'abord lavolonté de faire quelque chose avec mes frères, l'unétant pianiste, l'autre écrivain, et puis de faire untravail sur le rapport entre texte et musique, poésie etmusique. Ce sont à la fois des problèmes esthétiqueset affectifs qui se sont confrontés à travers ce projetpartagé entre mon frère Jacques et moi - Dominiqueétant décédé. C'est un projet un peu fou, intense pourmoi, qui m'a permis de rencontrer des musiciens surl'improvisation, sur les textes. Tous ceux qui y ontparticipé sont sensibles à la poésie, au verbe. Il y ades chanteurs, des comédiens, chaque morceau étantune sorte d'essai en laboratoire. Le résultat reste pourmoi un disque vital, qui dit l'importance de mes frèresdans mon histoire.

Le mot " jazz " représente-t-il quelque chose pourvous ?Ce n'est pas aux musiciens de définir ce qu'ils font. Siécoutant la musique que je fais vous me ditesque c'est du jazz, je dirai oui, et si vous me ditesque ce n'en est pas, je dirai oui aussi, ça m'estégal. J'ai l'impression d'appartenir à une famille demusiciens, à un grand groupe d'amis, un groupe large qui ne comprend pas que des gens avec qui je jouemais avec qui je parle aussi. J'ai l'impression d'êtresur quelque chose qui prend du temps, à l'inverse du zapping. Si c'est ça le jazz, je veux bien. Ce qui

m'intéresse, c'est d'être sur une scène ou dans un lieude répétition et de faire de la musique avec d'autres :comment allons-nous jouer ensemble ?

Jouer ensemble oui ! Mais pour qui et pourquoi ?Pour qui ?- pour moi, parce que jouer m’aide à comprendre quije suis.- pour ceux avec qui je joue car l’action de jouerm’apprend un peu qui ils sont.Pourquoi ? - parce que la musique par son altération est larencontre et l’intimité à l’état pur,- parce que jouer dans le monde qui m’entoure c’estpeut-être mon seul vrai espace de liberté,- parce que celui qui écoute sait peut-être pourquoi.

Et puis de toutes façons, je ne sais rien faire d’autre !

Propos recueillis par Catherine Cristofari.

> Hélène & Jacques LabarrièreStations avant l’oubli

Quoi de Neuf1998 - DOC046

> HélèneLabarrièreMachination

Deux Z1996 - 84119

> SylvainKassapStrophes

Evidence1998 - EVCD826

> Yves RobertL’Eté

Deux Z1999 - ZZ84133

Egalement disponibles aux ADJ :> Lee Konitz Medium rare (Label Bleu - 1986) > Malo Vallois Dans lesarbres (Pan Music - 1990) > J-M Padovani Nimeno (Label Bleu - 1991)> Mike Cooper Island Songs (nato - 1994) > Collectif avec Yves RobertLes Films de ma ville (nato - 1995) > Daniel Casimir Soundsuggestions (Charlotte - 1995) > Collectif avec N.Richard, T.Hymas,B.Delbecq, C.Robinson Buenaventura Durruti (nato - 1996) > MaloVallois ComiXité (Pan Music - 1997)

Qui est Juliette ? Juliette, c’est l’utopie universelle. C’est-à-direpour des musiciens les instants rares etprivilégiés où il y a une communication absolue.On rêve tous d’être amants de Juliette.Spécialement Philippe Foch et Benoît Delbecq.(Ndlr : Juliette est la fille de Serge Adam).

Quoi de neuf docteur ? Est-il une référencedirecte à Bugs Bunny ? Si oui pourquoi ?Les noms sont plus faciles à trouver qu’à porter.Mais celui-là en particulier est un vrai bonheur àdéfendre. Bugs Bunny, c’est quand même lamusique des grands orchestres dans les dessinsanimés des années cinquante, mis en scène de

façon complètement ludique et inventive.

Comment sont choisis les artistes sur votrelabel ? Aujourd’hui, il est très difficile pour un artisted’accéder au marché. L’idée, c’était de permettreà des personnes de talent de bénéficier d’unestructure de label pour accéder à la distribution.J’ai accueilli un artiste par mois pendant quatreans. La limite de l’exercice tient au fait que cesont les musiciens qui sont les producteurs etnon le label. Et comme chacun sait un musicienest un très mauvais producteur, surtout quand ils’agit de sa propre musique. Les résultats desventes étant catastrophiques, Night and Day

(Ndlr : le distributeur) a arrêté de cautionner cettedémarche d’accueil depuis août 1999.Actuellement je me recentre sur la production(la vraie, avec investissement - en temps et enmoyens financiers sur un ou deux projets par an).Le premier projet de cette série 2000 sera ledisque de Stéphane Payen (Thôt), un jeunesaxophoniste qui défend contre vents et marées" noires " un projet ambitieux pour le jazz dedemain.Quelle idée avez-vous du jazz ? Juliette n’est pas loin. Une certaine idée de laliberté universelle.

Propos recueillis par Catherine Cristofari.

Le 1er février dernier, lors du festival Sons d’Hiver, en première partie de Ralph Towner et Gary Peacock, Serge Adam présentait ses «Amants de Juliette » (avec Benoît Delbecq et Philippe Foch) pour un concert qu’en des temps d’effervescence, on aurait dit mémorable.Après le concert, le trompettiste et animateur du label Quoi de neuf docteur ? a répondu aux questions de notre correspondante.

Dans les jardins d’Adam

Photo Christian Deblanc

Non, Hélène Labarrière n’est pas une femme à basse ! Non, Hélène Labarrière n’est pas une contrebassistesuperswingante qui a fait ses classes avec Slide Hampton, Johnny Griffin ou Lee Konitz ! Non, Hélène Labarrièren’est pas l’indispensable compagne de route de Sylvain Kassap, Yves Robert, Benoît Delbecq ou Los Incontrolados!Non ? Enfin si bien sûr, mais au delà de ces aspects certes précieux et constitutifs «et celà pour parce que»,elle est l’inestimable présence nous rappelant à nous-mêmes, nous rappelant que la musique a un corps, que lamusique est un corps.

Hélène Labarrière : Fenêtre sur cordes

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Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 5

Quoi de Neuf Doct.1998 - DOC050

Quoi de Neuf Doct.1994 - DOC005

Quoi de Neuf Doct.1996 - DOC033

Quoi de Neuf Doct.1996 - DOC017

Quoi de Neuf Doct.1995 - DOC004

Quoi de Neuf Doct.1991 - DOC002

Quoi de Neuf Doct.1993 - DOC003

> Adam, Delbecq...Les amants de Juliette

> Adam, Delbecq...> 51 ° Below> La femme du boucémissaire

> A l’envers> En attendant lapluie

> Le retour > Thôt

Quoi deNeufBig Band

Quoi de Neuf Doct.2000 - DOC059

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 6

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LE JEU DES ALLUMES : Le parcours du producteur indépendantREGLE DU JEU 1 à 6 joueurs – 1 dé - pions - papier - crayonBut du jeu : Producteur indépendant, vous cherchez à produire un nouveau disque. De la recherche de subventions à la sortie du disque vous devrez passer par toutes les étapesde cette création. Chaque joueur devra traverser les trois phases de jeux : PROJET – PRODUCTION – SORTIE DU DISQUE.Chacun a, au départ, un capital de 100 points, qui pourra augmenter ou diminuer au cours de la partie. Le joueur devra pour accéder aux différentes phases du jeu, avoir en sa possession 70 points. S’il ne les a pas, il devra attendre un ou plusieurs tours pour pouvoircontinuer, chaque tour perdu valant 10 points.Le gagnant étant celui qui arrive le premier, avec le nombre de points requis, à la case SORTIE DU DISQUE.

Déroulement de la partie :Pour chaque case, le joueur doit se référer aux indications inscrites à l’intérieur.Sur chaque case " phase de jeu ", le joueur doit s’y arrêter (il n’est pas nécessaire de faire un nombre pile avec le dé).La case permet d’avancer de trois cases. La case permet de rejouer.

Tous les joueurs lancent le dé, le plus grand nombre débute la partie.Vous débutez par la phase PROJET.

Case PRODUCTIONVous devez avoir 70 points (si vous ne les avez pas, attendez le nombre de tours suffisant, chaque tour perdu vaut 10 points).A partir de cette case vous devez effectuer le parcours suivant : aller vers la case STUDIO puis MASTER, USINE et DISTRIBUTION (entre chaque étape, revenez àvotre point de départ, case PRODUCTION).Une fois votre parcours terminé, en ayant 70 points, vous pouvez vous diriger vers la dernière phase de jeu : la SORTIE DU DISQUE.

Case STUDIO : Retournez à la case PRODUCTION pour ensuite vous diriger vers la case MASTER.

Case MASTER : Retournez à la case PRODUCTION pour ensuite vous diriger vers la case USINE.

Case USINE : Retournez à la case PRODUCTION pour ensuite vous diriger vers la case DISTRIBUTION.

Case DISTRIBUTION : Retournez à la case PRODUCTION.Vous pouvez maintenant, en ayant 70 points, débuter la dernière phase de jeu qui vous amènera à la sortie de votre disque.

Case SORTIE DU DISQUEVous avez 70 points et vous êtes le premier : Vous avez réussi ! ! ! Votre disque est sorti…le public n’a maintenant plus qu’à l’acheter…Bonne chance pour laprochaine création.Vous n’avez pas 70 points : Si vous n’avez pas assez de points, vous devez patienter sur la case (chaque tour perdu vous rapporte 10 points) en espérant qu’un autrejoueur ayant déjà les 70 points ne vous rattrape pas.

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Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 7

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Sidney Bechet - Archives Jazz Magazine

L’histoire du soprano moderne estindissociable de celle de Steve Lacy.Très tôt, celui-ci choisit d’en faire soninstrument unique et, au milieu desannées 50 (âgé alors de vingt ans), ilcôtoie beaucoup de musiciens newyorkais et commence à travailler avecCecil Taylor. C’est le début d’unelongue période de maturation jazzpendant laquelle il rencontrera, parmibeaucoup d’autres, Gil Evans,Thelonious Monk, dont il ne cessera,jusqu’à aujourd’hui, de jouer toutesles compositions. Non seulementLacy peut/doit être considéré commele maître de l’instrument, mais aprèsavoir " ruminé " les thèmes monkienset les fondamentaux du jazz, ila considérablement transformé lemodèle quelque peu figé del’improvisation : approche radicale-ment différente des chord changes,jonglage avec les intervalles inusités,renouvellement du phrasé, matériauthématique très expressif utilisantsouvent des cellules répétitives.L’exploration patiente et minutieusede l’instrument l’amène à uneincroyable maîtrise du son : untimbre d’une plénitude immédiate-ment reconnaissable, une articulationsouple et très précise, un contrôledes suraigus et des harmoniques(dont il répertorie savamment lesdoigtés spéciaux).

Tous ces " secrets ", aussi bienl’approche de l’instrument que del’improvisation, sont livrés dans unouvrage lumineux paru en France :Findings. Il n’est pas, et c’estheureux, de disciples de Lacy (ausens de suiveurs serviles), comme lejazz nous y a trop souvent habitués.En revanche, il a certainement

influencé par son esprit, sonexemplarité, un grand nombre demusiciens (pas seulement dessopranistes). Et surtout, il a, bieninvolontairement, aiguillé de manièredécisive la trajectoire de l'un des plusgrands. C’est en effet après l’avoirécouté que Coltrane se mit à jouer dusoprano. Longtemps, d’ailleurs, oncroira que ce fut ce dernier quiressortit l’instrument de l’oubli, etbeaucoup de ses " suiveurs " doiventencore ignorer le rôle décisif de Lacydans ce processus originel.A la suite de Coltrane, nombre demusiciens se mettent au soprano ycompris (quelquefois pour de simplesraisons de tonalité similaire) lesténors. Mais les résultats sontsouvent loin d’être à la hauteur desespérances, même chez les pluscélèbres. Ainsi peut-on réécouterSonny Rollins s’y essayer dans" Poinciana " (sur Last Album, paru en1972) pour comprendre les difficultés de l’entreprise. Ce même Rollins qui àl’époque où il était travaillé par lesrecherches d’Ornette Coleman et deColtrane, côtoyait parfois un Lacyvenu partager sa " retraite musicale "sur ce fameux pont de Williamsburg àNew York. Avec Lacy, l’histoire du soprano, nonseulement renaît mais soulèveaussi l’intéressante question desinfluences de style, de transmissiondu " patrimoine jazzistique ", de la" culture d’improvisation " entremusiciens. C’est à coup sûr le lieudes grands « malententendus ».Ainsi, alors que peu de musiciensrevendiquent - et l’on comprendpourquoi - une filiation directe avecLacy, les "suiveurs" de Coltraneseront nombreux, encore plus ausoprano qu’au ténor d’ailleurs.Comme s’il suffisait, après avoirmaîtrisé une certaine fluiditébien trompeuse, d’exploiter lesapparences d’un jeu curieusementréduit à des gimmicks digitaux.Jamais un message n’aura étéautant trahi, transformé en charabiasuperficiel, désincarné, aseptisé.Peut-on imaginer que l’une des plusfortes avancées musicales etspirituelles ait été ainsi retournéepour renforcer une aliénation qu’elleavait tant combattue ! Où sont lesresponsables de la " mort du jazz " ?

Le travail de Coltrane sur l’instrument(en particulier au soprano) était-il à cepoint indépassable pour conduire lesgénérations postérieures à uneimpasse ? Dave Liebman constitueraune issue possible à cette impasse àl’instar de Wayne Shorter (tous deuxcomme Coltrane, ayant appartenu àl’orchestre de Miles Davis). Shorter et

Liebman susciteront à leur tour biendes vocations.Rien de tel lorsque l’on réécouteaujourd’hui l’œuvre d’un Evan Parker(soprano et ténor). Au contraire,l’influence coltranienne apparaît demanière déterminée et généreuse. Considéré aujourd’hui comme celuiqui a entraîné le plus loin le jeu dusoprano, Evan Parker - loin d’êtreignoré - n’a pourtant jamais connu lesfaveurs des milieux jazzistiques.Peut-être se refuse-t-on à voircombien sa musique dérive desdécouvertes les plus inouïes du jeucoltranien. Parker se concentre sur lafameuse dernière période (après1965) et isole les dérapagesles plus extrêmes de la transecoltranienne, pour en faire leséléments constitutifs d’un nouvelidiome qui trouvera son terraind’expression dans une maîtriseexceptionnelle du souffle continu.Dès lors, la palette du jeu parkeriensemble inépuisable : sons multipho-niques, superposition de couchesmélodiques, discours multiplesentrelacés et simultanés, accéléra-tions fulgurantes, continuumslancinants (les chants africains nesont pas loin) comme s’ils étaientobtenus par un effet magiquede " sustain " autorisé par lessurprenantes propriétés physico-acoustiques du tube droit et étroit dusoprano.

Evan Parker, figure emblématique dela musique improvisée européennedepuis bientôt trente ans, a bien sûrsuscité à son tour de nombreusesremises en cause chez les musiciens.Parmi ceux qui l’ont beaucoupécouté, on peut citer les françaisMichel Doneda, Stéphane Rivesou Jean Morières, le Suisse Urs

Leimgruber, l’Anglais John Butcher,l’Américain Bhob Rainey, l’ItalienGianni Gebbia…Très actif depuis vingt ans,Doneda fait partie (avec Leimgruber)de ceux qui poursuivent desrecherches complexes et subtiles surle soprano et étendent notrecompréhension / sensibilité à unenouvelle musicalité. Chez lui, lanotion d’espace, la plongée dansle son, le souffle de l’instrumentintroduisent à de nouveaux territoires.

L’instrument est vécu comme unprolongement du corps. Il faudra donctrès utilement lire cette histoire dusoprano en la prenant bien sûr àrebours et aussi comme celle d’uninstrument d’exception avec lequeldes musiciens exceptionnels ont sudénouer des crises.Tout comme dans les années 60, lachance a pu se présenter à ceux quin’hésitaient pas à d’abord écouterShepp, Ayler ou Ornette Colemanpour mieux découvrir par la suiteWebster, Hawkins ou Charlie Parker,et bien à la belle jeunesse aux oreillesravies par Michel Doneda écouté unsoir d’Olympia (en première partie deSonic Youth), on conseillera vivementde se plonger dans Evan Parker, puisde revenir longuement vers Coltrane.Alors l’écoute de Lacy constituera cetexcellent pivot de retour au jazz.

Sites InternetPour M. Doneda, le site de La Flibuste :www-sv.cict.fr/flibustePour E.Parker : un site (essentiel) : www.shef.ac.uk/misc/rec/ps/efiPour Steve Lacy : http:/ /senators.free.fr/Findings : Editions Outre-Mesure (1994).

> McPhee /Parker / Lazro

Vand’oeuvre1995 - 9610

> Bailey / LacyOutcome

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> Michel DonedaL’élémentairesonore

in Situ1991 - 590107

> L.Coxhill - T.MahalE.Jones/M.DonedaC.Watts - L.Konitz....Vol pour Sidney

nato1992 - 777706

Ils jouent aussi du soprano (disques disponibles aux Allumés du Jazz) : Sylvain Beuf (La danse des Internotes, Impro Primo), Tony Coe (Les Voix d’Itxassou,The Lonely Bears - avec The Lonely Bears), François Corneloup (Fregoli, Jardins ouvriers, Cadran lunaire), François Cotinaud (Princesse, Pyramides, Opéra, Loco Solo), AlainDebiossat (Dan Mandingue, L’or du temps), Jimmy Giuffre (Eiffel - avec André Jaume), François Jeanneau (Rencontre, Taxi Way, ONJ 86), Sylvain Kassap (Quixotte, Senecio,Foehn, Saxifrages, Deux - avec Corneloup, Pointe Noire - avec Corneloup), Maurice Merle (avec le Marvelous Band, le Workshop de Lyon), Jean Morières (L’Ut de Classe),Jean-Marc Padovani (One for Pablo, Takiya ! Tokaya !, Nocturnes, Nimeno, Jazz Angkor), Michel Portal (Anyway, Men’s land, Cinémas, Dockings), Steve Potts (Pearl), Sam Rivers(Eight Day Journal, Winter Garden), Tim Ries (Regards - avec Frank Amsallem), Larry Schneider (So Easy), Yoshko Seffer (Mestari), Eric Seva (Ametys - Détours). Louis Sclavis(Ad Augusta per Augustia, Ceux qui veillent la nuit, Danses et Autres Scènes), Andy Sheppard (Inclassificable), Barney Wilen (Le grand Cirque).

> Coxhill/ThomasHalim

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> Doneda/LazroGeneralGramofon

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> Doneda/Lazro/Lê QuanLive inVandoeuvre

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> Michel DonedaOgooue-Ogoway

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>Achiary/DonedaCe n’est pourtant

Deux Z1996 - ED13056

> Michel DonedaL’anatomie des clés

Potlatch1998 - P 598

> Lacy / WatsonSpirit of Mingus

Free Lance1992 - FRL CD016

> Steve LacySolo

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>Steve LacyBye Ya

Free Lance1996 - FRL CD025

Steve Lacy - Photo J-M Foussat extraite deOutcome (Potlatch)

Sidney Bechet - Archives Jazz Magazine

John Coltrane - Archives Jazz Magazine

Le soprano, ou comment (ré)écouter le jazz ?

> Dave LiebmanN.Y Nites

Pan Music1988 - PMC1101

> Nick trio /LiebmanDis Tanz

Transes Europ.1996 - TE 009

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 8

« Inventé » par Sidney Bechet (Allumeur de Jazz), continué par Johnny Hodges et Lucky Thompson (essayistes merveilleux), sublimé par John Coltrane,le soprano est devenu le révélateur des grands ténors en chair, (après Trane et Lucky : Wayne Shorter et Evan Parker) et l’instrument de prédilection desgrands chercheurs solitaires (Steve Lacy, Lol Coxhill, Michel Doneda). Le saxologue Jean-Jacques Roger revient sur quelques traits de ces spécialistesde la « carotte ».

Barney, Trane, Shorter, Liebman ... sur le chemin deJef Sicard « Déjà séduit à l’âge de dix ans par le son large, généreux et pulpeux deSidney Bechet, je rencontrai à Nice quelques années plus tard BarneyWilen, qui avec Lucky Thompson, furent les premiers musiciens de jazzbe-bop à envahir de leur soprano mon champ auditif. Barney me parlait deremplacer le pavillon par une forme en boule comme le cor anglais etd’incurver légèrement le manzuelo pour une écoute plus directe. Puis il y eutColtrane qui m’emmena dans son image vague. Son soprano au son dechenaï " m’orienta " : Bismillath Khan … j’optais pour le chenaï, puis lehautbois mais ces deux derniers nécessitant un travail trop exclusif, je jouaisenfin le soprano qui me remettait dans le même registre que la clarinette,mon premier instrument. A la fin des années soixante dix, j’écoutais SteveLacy, John Surman, Steve Marcus, Dave Liebman et Steve Grossman avecMiles Davis. J’appréciais beaucoup leurs approches chromatiques que leregistre élevé du soprano permet. Mon choix fût définitif à l’écoute de Wayne Shorter au sein de Weather Report, musicien qui me fascine toujours. »

Jef Sicard : Le rêve de Claude (Charlotte) - CP 189

Lol for Sidney" Je n’ai jamais rencontré de saxophoniste soprano qui n’ait été impressionnépar la manière qu’avait Bechet d’aborder son instrument. John Coltrane,Steve Lacy et Evan Parker ainsi que d’autres ont développé des identitésradicalement différentes de Bechet et ces musiciens ont eu une telle influenceque, depuis les années soixante, relativement peu de jeunes musiciens setournent vers Bechet. Cela n’indique pas un manque d’appréciation de la partdes innovateurs dont certains (Coltrane, Lacy et Evan Parker justement) ontenregistré des compositions en hommage à ce " chef de file " de l’instrument.Bechet était considéré par Albert Ayler comme un des personnages dont lamusique manifestait une grande force spirituelle et incarnait l’essence mêmedu jazz. " Lol CoxhillLe soprano convient parfaitement à la personnalité singulière de Lol Coxhill. Il lejoue avec un grand sens des " courbes " et visite allégrement tout le champmusical du New Orléans à la Free Music en passant par les standards ou lepunk. Il s’est vite imposé comme un poète de l’ instrument. Sidney Bechet est l’unde ses héros.

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Label Bleu199 - LBLC 6597

par Jean-Jacques Roger

Certaines chroniques de CD vous semblent injustes,déplacées, mal motivées, fausses, mauvaises... Vousaimeriez y répondre... Le journal les ADJ vous en offre lapossibilité.Quelques conditions sont nécéssaires : l’auteur doit signersa chronique et fournir le texte intégral (photocopie) de lacritique critiquée. Il ne doit pas être impliqué directementdans le CD chroniqué (producteur, musicien etc.). La critiquede la critique ne doit pas être une nouvelle critique du CDmais bien une critique de la critique, elle ne doit pas êtreinjurieuse. Elle doit être argumentée.

Le début de la chronique est formidable, d’une grande virtuosité :en trois phrases ne contenant que des valeurs positives, voiredes compliments sur Jean-François Canape, l’auteur arrive àinstaller un malaise. Il crée une tension digne des plus grands. Onattend avec impatience, on se délecte à l’avance... Le deuxièmeparagraphe est plus conventionnel, on sent qu’Alex veut fairemonter la pression. Il dit du bien, il flatte sans retenue. Lesuspense s’installe. On commence à comprendre la méthode :les compliments s’adressent au trompettiste, au “ side-man ” etjamais au leader ou au compositeur. Ce passage, sans douteajouté après coup par Alex, est en fait un court développement dela fin du précédent qui se terminait avec l’idée ambigüe de “ tonussympathique ”.Dans la suite de l’article, en un seul long paragraphe, on sentqu’Alex va enfin donner son point de vue sur le CD. C’est lemoment de vérité où le critique montre réellement tout son savoirfaire. Il ouvre brillamment par l’affirmation de l’existence de deux“ écueils structurels ”. On est impressionné et on attend ladémonstration. Celle-ci est malheureusement assez faible,bien en dessous de ce à quoi Alex a pu nous habituer, noussurprenant souvent par la pertinence et le bien-fondé de sesremarques, soutenues par une écriture imagée et didactique.

Alex présente le fait que l’orchestration est inédite comme unefaiblesse, ce qui ne saurait être le cas. Soit l’orchestration estfaible, mauvaise, déséquilibrée etc., soit elle est bonne. Le faitqu’elle soit inédite ne saurait la rendre bonne ou mauvaise. Iltente de nous démontrer en quoi elle est un écueil : Canape auraitpris la “ solution de facilité ” en ne choisissant pas uneorchestration plus “ classique ” (mais rarissime... c’est-à-direquasiment inédite ?). Canape aurait ainsi “ contourné le piège del’épreuve de vérité ”. Notons au passage la contradiction : s’ils’agissait effectivement d’un piège, Canape a bien fait de lecontourner. Cette notion d’épreuve de vérité pose un problème :elle peut recouvrir plusieurs sens. Le premier : l’épreuve devérité par rapport à l’institution (le milieu, la critique, le“ mundillo ”...).

(suite p. 10)

Mais au fond, c’est quoi la musique ? ! !Illico, j’ouvre mon petit Larousse illustré et je lis : " Art de combinerles sons "…Je le sens assez bien…Quand tout à coup, un peuplus loin je découvre ébahi " Suite de sons produisant uneimpression harmonieuse " Et voilà ! Encore cette foutue dualitéentre ART et HARMONIEUX. Tenant absolument à trouver uneporte de sortie, je vais voir à ART et parmi une grande variété dechoses, je trouve dans la définition principale " Expressiondésintéressée et idéale du Beau "…Étant moi-même totalementdésintéressé, je cours voir à HARMONIEUX et je trouve " quiproduit des sons agréables à l’oreille ".Déjà j’avance un peu. Musique et HARMONIEUX seraient pareilstout en étant désintéressés dans leurs combinaisons.Bon allez, on n’est jamais si bien servi que par soi-même, jeremets mes esprits en place et je ponds. " La musique estl’organisation de sons générant de l’émotion. Cette émotion est laconséquence physique d’un trouble dont le sens nous échappeintellectuellement, physiquement et apparemment ! ! ! "Et toc !Didier Petit

Quand j’étais petit, si l’étiquette d’un vêtement dépassait, ondisait : " on voit la marque. ". A ces mots, on rabattait à vive allurel’étiquette du pull, de la veste ou de la chemise concernée. Celane se faisait pas : on ne devait pas voir la marque ! Aujourd’huitout est marqué : pulls, tee-shirts, chemises, chaussures, sacs àmain, sacs à dos, sacs poubelle … Chacun avance à pas sûrs,porteur de signes qui sont autant de garanties d’une démocratiebien mise au destin rigoureux.

L’été passé, dans le quotidien social démocrate " Le Monde ", unbizarre article consacré à l’anarchisme et au renouveau de laculture libertaire me citait comme producteur de free jazz. Cettespécificité me parut bien étrange, mais l’un de mes amis, ayant lul’article m’assura que le free jazz " marchait " à nouveau.Quelques géantes compagnies de disques s’étant même laisséesaller à " signer " des artistes de renom pratiquant le free jazz pourdes sommes importantes.

À petite dose on peut aimer bien le free jazz, c’est expressif. Enécouter un peu fait souffrir un chouilla mais ça permet d’avoir l’airouvert et donc moins con. C’est bien d’avoir l’air moins con. Pasbesoin d’aller très loin, ce qui compte c’est la marque : " En cemoment je porte un peu de free-jazz ", " Oh celui-là quelnuméro ! ". Le monde moderne est une chose bien organisée etpleine de démocratie, il y a même une petite place pour le freejazz.

Si vous pensez qu’il faut penser que le free jazz est une chose unpeu datée, il vous reste la musique improvisée. Pas la musiqued’improvisation non ; un style qui s’appelle Musique Improvisée oùpas mal de gens jouent des choses que l’on peut tout de suitereconnaître comme de la musique improvisée. Ca rassure !

On a aussi Brad Meldhau, l’éphèbe. Un genre à lui tout seul, untruc à la page qui fait la joie de toutes les écoles de commerce etdes pharmaciens. Les pharmaciens aiment le jazz, c’est unetradition, c’est pas bête un pharmacien.

Toutes ces choses sont charmantes mais finalement inoffensivespar rapport à un autre genre plus ambitieux et très prisé : le jazzd’Etat. Depuis un peu plus d’une décennie et demie, l’Etat – moinsréputé pour son bon goût que Dieu le Père et c’est sans doute làque la démarche est brave – s’est mis en tête de façonner ungenre de jazz nouveau, un jazz chouette et obéissant, pas tropcompliqué, avec des petites passes brillantes sans vulgarité, unjazz qui réconcilie chrétiens et romains en mettant au pas subrep-ticement ses anciennes colonies. Une réussite assurément !

Les uns fixent l’objectif obstinément, les autres s’en détournentabsolument. Mais tout le monde garde la pose : l’important c’estde voir la marque. Les magasins où vont les gens les moins fortunés vendent desproduits sans marque.

Que faire ?

Comment faire de la musique au moment où on nous annonceque pour l’art sans Etat : point de salut, au moment où l’on resteindifférent aux pratiques racistes de ce même Etat - divinementlibéral, diablement policier - au moment où l’on proteste gentimentdevant les tonnes de fioul qui se pâment sur les plages et où l’ons’amuse d’un pas de danse de la femme du président avec Dengquand sont exécutés publiquement en Chine les prisonniers quifabriquent les jouets de nos enfants… ?

Se parler et faire fi de ces peurs dont l’emprise sur toutesles musiques rendent l’atmosphère irrespirable; gonfler nospoumons ? Et ainsi redonner sa liberté au free jazz, réimproviserla musique improvisée, et même improviser toutes les musiques,dégager le jazz de ses obligations étatiques ? Se passer desmarques pour dépasser les cadres, affûter à nouveau nos lameset nos esprits, se rappeler du feu ? Jouer un peu, jouer beaucoup,jouer avec le feu, pour de vrai ?

Ce que vous voulez, ce que nous voulons. Et jouir …sans entrave.Jean Rochard

Le numéro du « Monde » du vendredi 15 octobre 1999 voitcélébrer la fin du siècle avec une sélection de 100 disques, 100films et 100 livres classés par ordre de préférence par les lecteursdu Monde. Comme il ne s’agirait pas que le résultat débordel’effet (commercial) escompté (cette opération est réalisée enpartenariat avec une grande chaîne de vente de produitsculturels), on leur a prémâché le travail en restreignant cette listeà 200 par discipline. Ces pratiques populistes qui consistent àfaire dire aux gens ce qu’on attend d’eux en leur faisant croirequ’ils l’ont décidé, constituent une manière de révision del’histoire aux incidences graves. La publicité propose sesproduits, on les achète puis on les élit et ils entrent au Panthéondes élites. Le tour est joué et on peut revendre encore et encoreles mêmes disques, livres ou films. Et comme Le Monde seprésente comme un journal sérieux, le doute n’est pas permis. LeMonde fait partie sans aucun doute de la presse publicitaire. Aulieu d’informer, de raconter, de montrer les liens qui font l'histoire,de nous présenter ces merveilleux passeurs sans qui rien n’estpossible, on s’arrête sur " les génies (décrétés) absolus " et " lesvaleurs (marchandes) sûres ". Le Monde ne célèbre pas la fin dusiècle mais le triomphe de la marchandise et la fin de l’art commeélément réel de vie sociale.

Si ce type de classement (la dictature des sondages comme seulevaleur de la démocratie) est invivable (pour qui a la vie en hauteestime), celui-ci en particulier entérine l’absence de sens sidommageable à l’époque. Doit-on rire devant une liste qui célèbreJohnny Hallyday en 24ème artiste du siècle et qui oublie parexemple Little Richard, Bo Diddley et avant eux tous cesbluesmen comme Robert Johnson ou Bessie Smith quicontinueront à mourir sans que l’ambulance n’arrive jamais ? Lamusique noire, musique fondatrice des musiques populaires de cesiècle est particulièrement maltraitée. De la période du jazzlibertaire ne subsiste qu’un seul disque, comme par hasardd’inspiration religieuse. Ainsi, Le Monde reproduit un siècled’injustices racistes et discriminatoires qui a vu nombre devéritables créateurs dépouillés par une armée d’imposteurs outout au moins de pâles imitateurs. Doit-on rire devant les choixanachroniques de Bach, Verdi, Mozart, Tchaïkovsky, Chopincomme artistes du siècle quand Arnold Schönberg, (simpleexemple et juste un des créateurs fondamentaux de la musiquedu XXème siècle) est oublié ? Doit-on rire quand on voitStravinsky derrière Francis Cabrel ? Doit-on rire encore devant lechoix de compilations réalisées après la mort des artistes quandne subsistent plus aucun droit phonographique ? On ne rit plus,c’est le dégoût et la colère devant autant de manipulation. Lorsquele Monde fera un petit référendum sur les 100 dictateurs du siècle,il pourrait bien, suivant ses propres règles, se trouver élu. La commission Solidarité des Allumés du Jazz

Le siècle que nous venons de quitter fût celui des prouessestechniques. Même le patrimoine du jazz en a été modifié. Vous nevous en rendez peut-être pas compte mais pour ne prendre qu’unexemple standard (si j’ose dire) " How high is the moon " a quandmême pris depuis les sixties un sérieux coup de vieux ourétrogradé dans notre imaginaire comme on voudra.Par contre, le son des enregistrements a été purifié, aseptisé,nous allons droit vers le " zéro défaut ". Faut-il s’en réjouir ?Certes il y a encore quelques îlots de résistance. Nos baroqueuxà nous que sont les inconditionnels du vinyle gardent jalousementdes trésors où la chaleur du son fait presque oublier l’irréparableoutrage des têtes de lecture.

Une question de fond reste cependant posée : la sociététechnicienne qui perdurera au vingt et unième siècle laissera-t-elle subsister le droit à l’erreur, à l’imperfection ?

Quelle que soit l’admiration qu’on lui porte, on a pu frémir envoyant un Glenn Gould renoncer au concert pour inaugurer untravail de laboratoire où chaque mesure est peaufinée à l’infini sinécessaire. À l’inverse du cinéma, l’art du montage ne devientplus alors qu’une technique froide, artificielle. Qui pourra jamaismieux restituer l’âme d’une œuvre autrement que jouée " d’unsouffle " avec les peurs, les moments de grâce, les faiblessesmême de l’interprète au moment des dernières embûches ?

Musiques d’improvisation et où donc la notion de risque estréputée plus élevée, le jazz doit continuer à témoignerque l’artiste est un funambule qui risque sa peau. Pour les enre-gistrements à venir je souhaite donc, lorsque l’occasion se pré-sente, le maintien de ce que réclame d’ailleurs le peuple depuisl’Antiquité : des " pains " et des jeux !

Quoi de plus troublant que cette " absence " de Monk derrièreMiles, au beau milieu d’un solo et dûment enregistré ? Mieux,nous savons depuis peu que " Kind of Blue ", l’album du siècle,n’avait pour moitié pas été enregistré à la bonne vitesse ! D’où ceclimat inquiétant qui fit peut-être beaucoup pour le succès del’album. Comme quoi, lorsqu’elle sait laisser un couvert au hasard,la technique aussi peut faire de l’art.

Si j’ai un vœu musical à formuler pour le troisième millénaire, c’estdonc celui-là : qu’il laisse passer la vie et que la techniquen’envahisse pas un domaine où on ne peut à la fois être sampleuret sans reproche. Quand Jean-Michel Jarre appuie sur un sibémol en faisant vibrer une cathédrale sonore zébrée de rayonslaser (avec un fond de pyramides c’est encore mieux) ce n’estmusicalement qu’un si bémol.

Bref, quand on a quelque chose à dire il y a déjà tout ce qu’il faut.À propos savez-vous qu’il y a depuis peu une quatrième pédalesur le Steinway ?Alors on se calme, hein ?Jean-Louis Wiart

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 9

Lettre ouverte au « Monde »(non publiée)

Que faire ?

Éloge de l’imparfait

Le monde est petit

Trois brunes libres

La critique de lacritique« La critique est facile mais la critiquede la critique l’est encore plus »

Jean-FrançoisCanape TrioK.O.N.P.S

HOP200004

Pour inaugurer cettenouvelle rubrique,nous avons choisiune chronique d’AlexDutilh, rédacteur enchef de Jazzman, àpropos d’un CD deJ e a n - F r a n ç o i sCanape. On ne pou-vait faire moins.

(suite de la page 1) Iris, qui a un très beau cataloguede world music et qui fait un beau travail avec leguitariste de jazz manouche Romane, Elabeth, (unclin d’oeil à Cocteau ?), avec Jimmy Gourley et MarcHemmeler, et Djaz au nom sans équivoque. Parailleurs nos camarades d’AA présentent toujoursmoult concerts au Petit Faucheux (un lieu sanséquivalent). La sortie de Torero Loco, nouveau etremarquable groupe de l’Arfi est imminent. Le disquetant annoncé de Jeff Gardner « plays Paul Auster »(Axolotl) est paru, jazz et littérature font toujours bonménage. La fin de siècle n’a pas été très smart ennous prenant l’indispensable Lester Bowie (à paraître« Viva Lester » sur Birdology qui proposeraégalement Groove Alla Turca de l’ex OrnetteColeman : Jamalaaden Tacuma). Black and Blueprépare un projet secret. Bleu Regard recueille unbeau succès dans la presse internationale (Uneconférence des Oiseaux (Jazzman), Le Bounceentier de l’histoire du jazz (Jazz Magazine), A solarElipse (Village Voice)). CC Production prépare unprojet secret. Celp prépare un projet secret. Le triode Jef Sicard pourra être entendu le 22 mars.Charlotte a également présenté une création àThiais de François Méchali : Transméditerrannéenne,rencontre de musique arabo-andalouse avec « laplus savante des musiques populaires du 20èmesiècle - ie le jazz ». Deux Z prépare un projet secret.Le Briegel Bros Band (EMD) se produira après satournée suédoise à Epinal le 7 avril (qui possède unbeau lac et de belles images). Emouvance prépareun projet secret. Le dernier disque de l’ONJ sortantdirigé par Didier Levallet sortira prochainement surEvidence. Après avoir été congédié sans autre formede procès par son distributeur « Harmonia Mundi »,Free Lance vient de signer un contrat de distributiondirecte avec les magasins Fnac. Avis aux aficionadosde Mal Waldron, Steve Lacy, Marion Brown, JudyNiemack, Scott Colley etc. Gorgone Jazz prépare unprojet secret. Le prochain album des Disques Grrrsera un CD-Audio lisible essentiellement sur unordinateur. " Loopy Loops " (c'est son titre) est uneoeuvre dont l'interprétation varie à chaque lecture, enfonction du travail accompli au clavier ou à la sourispendant son écoute. Jean-Jacques Birgé, le

compositeur, et Frédéric Durieu, le programmeur, sesont rencontrés à l'occasion du cédérom " Alphabet "." Le K ", d' Un Drame Musical Instantané et avecRichard Bohringer, nominé aux Victoires de laMusique, est à nouveau disponible. Amateurs desites Internet : Attention ! Label Hopi vient d’ouvrir unsite à consulter impérativement www.labelhopi.com àfaire pâlir les plus blasés des internautes. Dans leprochain journal des ADJ, nous reviendrons sur lesnouvelles technologies (Internet, CD Roms etc.). inSitu s’infiltre : les prochains Didier Petit sortiront chezla nuit transfigurée (superlabel de Tarbes - voir Une)et chez Leo (label anglo-russe historique). JMSprépare un projet secret. Après le mega succès deSuites Africaines (troisième vente jazz après DianaKrall et Keith Jarrett), Label Bleu vient de sortir untrès beau disque de Christophe Marguet. La Lichèreprépare un projet secret. En l'an 2000, le labelMusivi prévoit de produire au moins un CD intitulépeut-être " Big Ornette ", en co-production avecl'association du Collectif Alka dont le siège est àTroyes, en hommage à Ornette Coleman (inutiled'attendre que les gens aient disparu pour leur rendrehommage) : 13 musiciens joueront des compositionsde Serge Adam, Luis Vina, Manu Codjia, et FrançoisCotinaud. nato a relevé dans le magazine littéraire384 (février 2000) une phrase extraite d’un entretienavec le marxiste existentialiste Jean-Paul Sartredatant de mai 1975 : " J’ai toujours été en accordavec les Anarchistes qui sont les seuls à avoir conçuun homme complet, à constituer par l’action sociale,et dont le principal caractère est la liberté ". Nûbaprépare un projet secret. Le magnifique label Owlrecords a été acheté par Universal. Pee Wee sortirale prochain Tania Maria « Viva Brazil », le quintet deFrançois Jeanneau et le prochain Kartet. Rééditionde « La danse du vent » de Louis Winsberg chezPygmalion et sorties prochaines de Duke’sExperience, Marcello Ferreira, So Kalmery. Quoi deNeuf Docteur ? prépare un projet secret. Le groupede Michel Fernandez (RDC) a effectué une tournéeen Afrique de l’Ouest en février dernier. Seventhprépare un projet secret. Space Time a un siteinternet www.bluegeo.com. Pablo Cueco « Sol,suelo, sombra y cielo » avec le Transes EuropéennesOrchestra dirigé par Patricio Villarroel. Nouveau CDTranses Européennes et concerts au théâtre duLierre (Paris 13e - M°Bibliothèque) du 17 au 20 mai.Duo Adrien Politi/Alain Petit avec Juan José Mosalini,Pablo Cueco et Sandra Rumolino. Un CD autour dutango... sans un seul tango. Et pour finir en mai faitesce qu’il vous plaît mais ne manquez pas l’inimitablefestival de Vandoeuvre 03 83 56 75 00 intimementassocié au label Vand’oeuvre... Ciao Les kids !

Tigrenoune

Les Allumés du Jazz vous proposent d’acheter les disques référencés dans ce bulletin au prix de : 99 Frs (album simple), 149 Frs (album double), 190 Frs (album triple), 99 Frs (album LP) (frais de port inclus pour toute commande en France métropolitaine). Vous pouvez également commander Le Livre des Indépendants (regroupant l’ensemble des références de chaque label) pour 35 Frs de port. Pour les commandes hors France métropolitaine, veuillez rajouter 30 Frs (participation aux frais de port) à votre commande (payable par chèque).____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

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Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 10

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(Suite de la p. 9)L’idée serait que cette orchestration nepermet pas, par absence de comparai-son possible, de juger ce travail, de“ donner une note ” ou de mesurerl’effort. C’est l’hypothèse sportive ouscolaire. On fera le crédit à l’intelligenced’Alex de ne pas la retenir.Un deuxième sens possible serait“ épreuve de vérité ” par rapport àl’Histoire du Jazz et à la tradition. Celasupposerait que Jean-François Canapecherchait à se situer avec ce CD danscette problématique, ce qui est loind’être prouvé. A l’écoute, on penseraitplutôt à une saine légèreté et à unhédonisme de bon aloi.

Une autre hypothèse serait “ épreuve devérité ” par rapport au projet lui-même.C’est à dire l’accomplissement d’un acteartistique fort dans la réalisation duprojet tel que l’artiste le définit lui-même.En bref, Canape n’aurait pas transcendéson projet et ce par le choix d’uneorchestration originale. L’hypothèse estplus intéressante mais on imagine malcomment une partie aussi constitutivedu projet musical, et donc essentielle àcelui-ci, que peut l’être l’orchestrationd’un trio pourrait constituer la faiblessede la réalisation de ce projet, puisquejustement elle fait partie du projet et nonde sa réalisation. Dans ce passage lemot le mieux employé est sans conteste“ paradoxalement ”. Suit, pour illustrer,une métaphore sportive sur le “ jeu aupied ” dans le rugby, qui si elle résumesans doute assez bien le propos d’Alexne démontre rien de plus et n’éclaire enrien. La suite de l’article est enrevanche très claire. Alex n’aime ni lescompositions, ni la réalisation du CD. Ilaffirme : “ les compositions ne sont pastoujours à la hauteur du potentiel dessolistes ”, ce qui lui semble le “ défaut lemieux partagé de la scène actuelle ”.La remarque est intéressante, maiscomment exclure l’inverse ? C’est-à-direque le peu de temps généralementconsacré au montage d’un projetne permet pas aux solistes d’assimileret de transcender le travail ducompositeur ?

Ce n’est d’ailleurs ici pas le cas (à partpeut-être le premier morceau quipourrait donner cette impression), onsent une réelle continuité entre l’écritureet l’improvisation, une répartitiondes rôles et des voix qui donnetoujours à entendre et à savourer untravail de composition volontairement“ en chantier ”, qu’on pourrait imaginercomme celui d’un leader libertaire etgourmand.

Ensuite, Alex se perd dans lescontradictions. Il trouve le sond’ensemble convaincant, alors qu’iln’aimait pas l’orchestration. Il retourneensuite en “ terre de rugby ” pour unenouvelle métaphore sportive, “ un essaià confirmer ”. Jean-François Canapeavait “ joué au pied ”, maintenant c’estun “ essai ”, qui comme chacun sait semarque à la main, qu’il doit confirmer (aupied, bien sûr...). Alex joue ensuite un jeu dangereux. Ildonne des conseils sur le choix descompositeurs susceptibles d’améliorer leprojet dans l’avenir. Il se substitue ici àl’artiste, sort de son rôle et au finaldiscrédite son propos. Il conclut par unefausse question, mettant en cause ledirecteur artistique de Hopi, cherchantainsi à trouver une excuse à Jean-François Canape - pour qui il éprouvemanifestement du respect, voire unecertaine amitié - pour la soi-disantfaiblesse de ce CD. C’est ce qu’onappelle, je crois, “ botter en touche ”.Dans cet article, Alex joue “ perso ”, il estsouvent “ hors jeu ” et accumule lesfautes. On le sentait déjà à l’ouverturede la chronique avec la notion de“ mundillo ”; l’emploi de ce terme enespagnol et entre guillemets laisseentendre que le milieu du jazz seraitfermé, replié sur lui-même, fonctionnanten autarcie intellectuelle et affective...Rappelons qu’Alex fait partie de cemilieu, et qu’il en est même un desacteurs importants... Alex était demauvaise humeur, et pas en forme, c’estdommage pour Jean-François Canape,pour les musiciens, pour Hopi et pour ceCD qui méritait certainement beaucoupmieux. Pablo Cueco

Artiste Titre Réf. LabelCollectif 10ème Anniversaire CC987627 CC Prod.Adam/Delbecq/Foch DOC005 Q. de NeufAkchoté.N Soundpage(s) ZZ84115 Deux ZAlibo. M Kintetik 591462/5 PygmalionAlvim. C Mister Jones AXO102 AxolotlAlvim. C Threefold LLL57 La LichèreAmants de Juliette (Les) DOC050 Q.de NeufAmsallem/Ries quartet .. Regards FRL-CD020 F. LanceAperghis. G Triptyque TE014 Transes E.Apollo Cap Inédit AM024 ArfiArc en Ciel Orchestra .. Salée 9510 CristalArgüelles. S Busy Listening ZZ84120 Deux ZAwado. A Bonjour la terre PMC1122 Pan MusicAZUL HOP200021 HopiBacan.P et le Clan..En public à Bobigny PW011 Pee WeeBailey & Léandre .. No Waiting P198 PotlatchBaker.R Qtet .. Eyes on the tradition 9607 CristalBarboza.R LLL167 La LichèreBarboza.R La Tierra sin Mal LLL257 La LichèreBarboza.R & Dominguez.J LLL277 La LichèreBardet/Georgel/Kpade .. A la suite 312624 AABaron Samedi .. Marabout Cadillac AM023 ArfiBarre's trio No Pieces EMV1003 Emouv.Barthélémy Monsieur Claude ZZ84124 Deux ZBarthélémy Solide EVCD316 EvidenceBebey.F Dibiye PW017 Pee WeeBeckett/Levallet/.. .. Images of Clarity EVCD315 Evidence4tet Belghoul .. Harmolodies CT1948 Bleu Reg.Won Bere Gpe .. Tanalaton Conakry CC987624 CC Prod.Beresford.S Eleven Songs for D. Day 777750 natoBeresford.S Avril Brisé 777764 natoBeresford.S Pentimento 777765 natoBeresford.S...Directly to Pyjamas 777727 natoBeresford.S...Deadly Weapons 777747 natoBergonzi.J... Signed by ZZ84104 Deux ZBernard.P Racines TE016 Transes E.Berrocal.J La nuit est au courant IS040 In SituBerrocal.J Hotel Hotel 777715 natoBerthoumieux.M .. Les couleurs d'ici 591402/1 PygmalionBête a bon dos ..Doucement les basses AM021 ArfiBex.E Steel Bex PW009 Pee WeeBex.E "3" PW022 Pee WeeBex'tet Rouge et Or PW004 Pee WeeBinot Objet de jazz CP186 CharlotteBirgé/Vitet Carton GRRR2021 GRRRBlesing/Tortiller/...Ecume LLL127 La LichèreBlesing/Rousseau .. Elif CC987625 CC Prod.Blue Boy.B...Plus tard dans la soirée LLL187 La LichèreBlue Boy.B... Parlez vous Français ? LLL87 La LichèreBoisseau/Piromalli/..Triade 312622 AABoni's family .. After The Rap EMV1005 Emouv.Bonnardel inv. Padovani .courant acide...CR175 Charlotte Bottlang.R Exilés PMC1110 Pan MusicBourde /d'Andrea .. Paris - Milano IS106 In SituBourde/d'Andrea .. E la storia va 312612 AABournet.P Story Board PMC1113 Pan MusicBrazier.C Pérégrinations CT1953 Bleu Reg.Bréchet 5tet Autour de Monk 312614 AABreschand.H joue Berio, Breschant,... IS190 In SituBriegel Band Voyage en eaux troubles EMD9401 EMDBriegel Band Détours EMD9901 EMDBrown.D Piano Short Stories BG9601 Space T.Brown.D Wurd on the Skreet BG9806 Space T.Brown.D Enchanté ! BG9910 Space T.Brown.M 4tet .. Back to Paris FRL-CD002 F. LanceBrown/Thomas/...A Season of Ballads BG9703 Space T.Brun.C In Brooklyn PW007 Pee WeeCache Cache .. L'Océane 312600 AACache Cache .. Tandems 312609 AACampagnie des musiques à ouïr (La) LLL287 La LichèreCanape.J-F K.O.N.P.S. HOP200004 HopiCapon Original 4tet .. Capophonie CC987621 CC PROD.Casimir.D Sound Suggestions CR172 Charlotte Casula.V This is Always PMC1120 Pan MusicCaumont.E Mieux qu'un baiser 175532 PygmalionCaumont.E Ciao mon cœur 591582/0 PygmalionCavalière.A 40061 2 RDCCDL Suite pour le vin CP183 Charlotte Celea/Couturier .. Passaggio LBLC6567 Label BleuChalet.J-P Autoportrait CR174 Charlotte Charles/Charmasson..A scream for C.T CT1943 Bleu Reg.Charmasson .. Résistances C32 CelpCharmasson trio .. Nemo C22 CelpCharmasson/Tchamitchian ..CaminandoC16 CelpChassagnite Chazzéologie IPFC1017 LazerChassagnite 4tet .. Samya Cynthia LLL07 La LichèreChevallier.D Noisy Business ZZ84128 Deux ZCholet/Ruegg .. Suite Alpestre PW013 Pee WeeCholet/Michel .. Benji PW018 Pee WeeCoe.T Les voix d'Itxassou 777704 natoCoe.T Tournée du Chat 777709 natoCoe.T Mer de Chine 77767 natoColin.D Trio IS138 In SituColin.D Trio Fluide IS180 In SituColin.D Trio In situ à Banlieues Bleues TE001 Transes E.Collectif Vol pour Sidney 777706 natoCollectif BO du Journal de Spirou 777716/7 nato **Collectif Les Films de ma ville 777718 natoCollectif Buenaventura Durruti 777733 nato **Collectif Joyeux Noël 777742 natoCollectif 6 séquences pour A.Hitchcock 777763 natoCollectif Arfi Potemkine AM018 ArfiCollectif Arfi Tragédie au Cirque AM019 ArfiColley.S Portable Universe FRL-CD027 Free L.Como.J-P Express Paris-Roma 272700 PygmalionComo.J-P Solea 591442/7 PygmalionComo.J-P Padre 591452/6 PygmalionComo.J-P Trio .. Bleu Citron 595062 PygmalionCooper.M Island Songs 777707 natoCorneloup.F Trio EVCD824 EvidenceCorneloup.F 4tet .. Fregoli EVCD519 EvidenceCoronado.G Urban Mood TE019 Transes E.Cotinaud.F Princesse MJB002CD MusiviCotinaud.F Pyramides MJB003CD MusiviCotinaud.F Loco Solo MJB006CD MusiviCoulon-Cerisier.P .. Lazuli 312616 AACouturier/Larché .. Acte IV CR166 Charlotte Couturier/Chalet .. Pianisphères CR167 Charlotte Coxhill/Thomas .. Halim 777719 natoCueco/Villarroel (Duo) En public aux... TE005 Transes E.Data Error Le Retour LLL97 La LichèreDavies Riot.P Trio .. Voices Off 312608 AADawson.A Waltzin' with flo BG9808 Space T.Day.T Look at me 777749 natoDebiossat.A Dan Mandingue 591422/9 PygmalionDebiossat.A L'or du temps 591432/8 PygmalionDebriano.S 5tet .. Obeah FRL-CD008 Free L.Debriano/Sanchez... Panamaniacs FRL-CD019 Free L.Dehors.L En attendant Marcel EVCD723 EvidenceDelage.M Big Band .. Special Passeport9801 CristalDelbecq.B Paintings ZZ84109 Deux ZDérives Jazz .. simple 9707 CristalDeschepper.P .. Attention Escalier EMV1004 Emouv.Diseurs de musique VDO 9814 Vand'œuvreDoneda.M L'élémentaire sonore IS107 In SituDoneda.M L'anatomie des clefs P598 PotlatchDoneda.M Ogooue-Ogoway TE003 Transes E.Doneda/Achiary .. Ce n'est pourtant ED13056 Deux ZDoneda/Lazro .. General Gramofon 777741 natoDoneda/Lazro.... Live in Vandoeuvre IS037 In SituDrouet.J-P Solo TE004 Transes E.

Drouet.J-P Les variations d'Ulysse TE006 Transes E.Drouet.J-P Parcours TE008 Transes E.Drouet/Frith En public aux Labo... TE012 Transes E.DSOT Big Band 312625 AADucourtioux Un ciel de traîne CC987613 CC Prod.Ducret.M Gris LBLC6531 Label BleuDupont.H Altissimo PW003 Pee WeeDupont.H Dans le décor PW016 Pee WeeDyade En bonne et due forme PMC1123 Pan MusicEdelin.M Parapluies de Cherbourg ndcd012 Charlotte Edelin 4tet Déblocage d'émergence 312611 AAEffet Vapeur (L') AM016 ArfiElectric RDV Michel Marthaler Quartet CP185 Charlotte Emler/SellamDuo PW019 Pee WeeEuroquartet Convergences CR148 Charlotte Fabre.G Traversées PMC1124 Pan MusicFavarel.F GpThe Search 312615 AAFavre.P Mouvement CT1952 Bleu Reg.Ferrer.V Poemas de F.G.L 777736 nato **Festin d'Oreille AM026 ArfiFestou inv. A.Jaume / Do it CR179 Charlotte Firmin.F Batteriste IS165 In SituFortuna.X Balbuceos PMC1201 Pan MusicFour in One TM IS120 In SituFournier.D La voix des tambours ED13116 Deux ZFournier.D Maë LLL197 La LichèreFrançois.C Healing Force PMC1115 Pan MusicFriedman.D Ternaire ZZ84107 Deux ZZGalliano.R Qtet .. New Musette LBLC6547 Label BleuGalliano/Capon .. Blues sur Seine LLL177 La LichèreOpossum Gang .. Kitchouka 312617 AAGarcia.B Isn't it romantic ? ZZ84130 Deux ZGardner.J Noches habaneras AXO107 AxolotlGareil.P Lato Sensu C17 CelpGinape.V Café CP187 Charlotte Giuffre/Jaume .. Eiffel C6 CelpGodard.M Aborigène HOP200002 HopiGodard.M Le Chant du Serpent LLL37 La LichèreGodard.M 4tet .. Una mora HOP200013 HopiGodard/Sharrock/... .. Dream Weavers HOP200017 HopiGorgé.F & Meens.D IS121 In SituGoualch Tryo .. Voici ma Main EMD9701 EMDGouirand.D Passages ZZ84131 Deux ZGoyone.D Lueurs Blues LBLC6550 Label BleuGrand Lousadzak / Basma Suite EMV1007 Emouv.Grillo.A Vibraphone Alone C24 CelpGrillo.A Couples C35 CelpGrimaud.D Slide VDO 9915 Vand'œuvreGritz.P Thank you to be CR170 Charlotte Gubitsch.T Contra vientos y mareas PMC1105 Pan MusicGubitsch.T Sans cesse, suite PMC1128 Pan MusicGuillaume.S Miage 591392 PygmalionGürültü Le Halva qui rend fou 312626 AAHacker.A Hacker Ilk (vol 2) CD1180 natoHaynes.R True or False FRL-CD007 Free L.Helmus.J Un Avec 590212 LazerHervé.A Paris Zagreb ZZ84102 Deux ZHohki.K chante Brigitte Bardot 777755 natoHohki.K Love in Rainy Days 777756 natoHuby.R Le sentiment des brutes TE017 Transes E.Hymas.T Oyaté 777702/703 nato **Hymas.T Flying Fortress 777739 natoHymas/Bush A sense of Journey 112010 natoHymas/Bush Remake of the American... 777721 nato **Hymas/Bush Left for Dead 77723 nato **Hymas/Jenny Clark/Thollot Winter's Tale777725 natoHymas/Rivers .. Winter Garden 777769 natoICIS (Coffret) IS167/9 In Situ ***Imbert.D Ametys EMD9302 EMDJaume.A Cinoche C7 CelpJaume.A Merapi C34 CelpJaume.A Bissau C36 CelpJaume Five Something C15 CelpJaume 5tet/Tavagna .. Piazza di Luna C10 CelpJaume/Alschul/Phillips .. Giacobazzi C25 CelpJaume/Haden/Clerc .. Peace / Pace ... C19 CelpJaume/Medeski .. Team Games C31 CelpJaume/Raharjo .. Borobudur suite C30 CelpJeanneau/Celea/Renaudin .. Rencontre CC987604 CC Prod.Jet All Star 4tet .. Live at Jazz en Tête BG9704 Space T.Kartet Pression ZZ84118 Deux ZKartet Jellyfishing PW025 Pee WeeKassap 4tet Quixote EVCD417 EvidenceKassap 4tet Strophes EVCD826 EvidenceKassap/Corneloup .. Pointe Noire EVCD518 EvidenceKassap/Corneloup .. Deux EVCD721 EvidenceKer Ourio.O Central Park Nord PW021 Pee WeeKer Ourio.O Oté l'Ancêtre ! PW026 Pee WeeKikoski.D Presage FRL-CD011 Free L.Kilimandjaro I on Blues EMD9801 EMDKochoyan.S Hong Kong Express 44140001 AbaloneKonitz/Alvim Guarana AXO106 AxolotlKrief.H La dolce vita HOP200005 HopiKühn/Humair/Jenny Clark .. Usual... LBLC6560 Label BleuLabarrière.H Machination ZZ84119 Deux ZLabbé.P Si loin si proche Nuba1097 NubaLabbé/Morières .. Ping Pong Nuba270890 NubaLaccarrière Perc.Cie .. Au sud du Nord CC987618 CC Prod.Lacy.S Solo IS051 In SituLacy.S trio Bye-Ya FRL-CD025 Free L.Lacy/Watson Spirit of Mingus FRL-CD016 Free L.Lange inv. Gambale .. Double concept CR158 Charlotte Lazarévitch/Aerts/Renaudin / Songs CC987606 CC Prod.Lazro.D Outlaws in Jazz CT1947 Bleu Reg.Lazro.D and his orchestra CT1955 Bleu Reg.Lazro.D 5tet Dourou CT1954 Bleu Reg.Lazro/Zingaro .. Hauts Plateaux P498 PotlatchLazro/Doneda/Lê Quan Ninh IS037 In SituLazro/J.McPhee .. Elan Impulse IS075 In SituLe Berre.V My One And Only Love PW006 Pee WeeLemoine.P Kassalit ZZ84126 Deux ZLevallet Swing Strings Sy. .. Eurydice EVCD06 EvidenceLevallet.D Tentetette .. Générations EVCD212 EvidenceLeviev/Holland .. The Oracle PMC1112 Pan MusicLiebman.D NY Nites PMC1101 Pan MusicLivia.A Plurabelle LBLC6563 Label BleuLlabador.J-P Birds Can Fly C29 CelpLonely Bears (The) 777705 natoLonely Bears (The) .. Injustice 777720 natoLongnon.J-L Bop Dreamer 591612 PygmalionLopez/Cotinaud .. Opéra MJB004CD MusiviLorenzini/Ballester/... Le diable bleu CC987612 CC Prod.Machado.J-M .. Chants de la mémoire HOP200016 HopiMachado.J-M .. Blanches et Noires LBLC6572 Label BleuMadiot.T Bakamutz ZZ84122 Deux ZMahieux.J Chantage(S) EVCD110 EvidenceMahieux.J Mahieux EVCD314 EvidenceMahieux.J Franche Musique HOP200023 HopiMansour.A Tumbleweed GP0595 GorgoneMansour.A Créatures GP1295 GorgoneMarais.G Est HOP200001 HopiMarais.G Mister Cendron HOP200006 Hopi **Marais.G Quartet Opéra HOP200010 HopiMarais.G Big Band de Guitares HOP200012 HopiMarais.G 7tet .. Sous le vent HOP200018 HopiMarais/Garcia-Fons .. Free Songs HOP200009 HopiMaria.T Europe PW014 Pee WeeMarvelous Band (Le) AM020 ArfiMaté.P Emotions CR180 Charlotte Mattei/Chassagnite/... .. Kamala LLL147 La LichèreMauci/Oliva/Zagaria .. Souen C11 CelpMéchali.F Détachement D'orchestre CR140 Charlotte

Méchali.F Orly And Bass CR169 Charlotte Méchali.F L'Archipel CR171 Charlotte Melody Four Hello we Must be Going 777760 natoMevel.G trio La Lucarne incertaine 312618 AAMicenmacher.Y Fera Feza HOP200008 HopiMobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 1BG9805 Space T.Mobley.B Jazz Orch.Live at Small's Vol 2BG9809 Space T.Mr le Baron D'ici là PMC1126 Pan MusicMontanaro.MTenson CT1945 Bleu Reg.Morières.J L'Ut de classe Nuba5614 NubaMorières 5tetWakan' Nuba1629 NubaMorris/Tyler/Charles .. Collective Impro. CT1946 Bleu Reg.Mosalini/Beytelmann/Caratini .. BordonaLBLC6548 Label BleuMouradian.G Solo de kamantcha EMV1006 Emouv.Murray.D Flowers Around Cleveland CT1951 Bleu Reg.Musseau.M Sapiens, Sapiens … TE007 Transes E.Nantes Open Jazz/Miscellaneous SongsCC987605 CC Prod.Nick trio/Liebman .. Dis Tanz TE009 Transes E.Niemack.J Long as you're living FRL-CD014 Free L.Niemack.J Straight up FRL-CD018 Free L.Niemack.J Night and the Music FRL-CD026 Free L.Niemack.J & Walton.C trio .. Blue Bop FRL-CD009 Free L.Nissim.M Solo CR177 Charlotte Nissim 7tet Décaphonie 312613 AANOHC IS181 In SituNotenstock Live in Vienne 590952 LazerNotenstock A côté du soleil LZ105 LazerNotenstock Pour une étoile LZ110 LazerNozati.A VDO 9712 Vand'œuvreO'Neil/Wolfaardt / Rubato Brothers 312610 AAOcéan au Pied, La Mer 40056 2 RDCOctuor de violoncelles (L') TE013 Transes E.Oliva.S Clair - Obscur PMC1117 Pan MusicOlympic Gramofon PW010 Pee WeeONJ Denis Badault .. Bouquet Final LBLC6571 Label BleuONJ direction D.Levallet ONJ Express EVCD825 EvidenceONJ direction D.Levallet .. Séquences EVCD928 EvidenceOpéra-jazz pr les enfants ..Ze blue note CR104 Charlotte Orient Express Moving Shnorers TE010 Transes E.Ortega.A On Evidence EVCD213 EvidenceOrtega 9net Neuf EVCD620 EvidencePadovani Quatuor 312607 AAPadovani Qtet .. Nocturne LBLC6566 Label BleuPadovani/Cormann .. Mingus Cuernav.. LBLC6549 Label BleuPadovani One for Pablo HOP200011 HopiPadovani Takiya ! Tokaya ! HOP200014 HopiPadovani Jazz Angkor HOP200019 HopiPadovani Chants du monde HOP200022 HopiPaga Gnosis 591542/4 PygmalionPaga Haunted 591552/3 PygmalionPansanel.G Navigators ZZ84129 Deux ZPansanel/Gouirand .. Nino Rota Fellini ZZ84121 Deux ZPapadimitriou.S .. Piano cellules IS010 In SituPapous dans la tête (Des) PAP01 ** Transes E.Papys du swing (Les) ..Bourgueil Berton312621 AAParis Musette vol. 1Swing et manouche LLL137 La LichèreParis Musette vol. 2Swing et manouche LLL207 La LichèreParis Musette vol. 3Vent d'automne LLL217 La LichèrePauvros.J-F Le Grand Amour 777710 natoPekar.M & Big Band P... .. New Songs GP0395 GorgonePeka.Mr & Liebman.D & friends GP0695 GorgonePepper/François Trio .. Camargue PMC1106 Pan MusicPerez/Bertaux .. Orange 590202 LazerPesce.S Jazzdaïa CT1956 Bleu Reg.Phillips.B Naxos C14 CelpPied de Poule .. Indiscrétion GRRR2013 GRRRPilz.M 4tet Melusina drops016 Charlotte Collectif Polysons DOC010 Q. de N.POM (Le) PW015 Pee WeePOM (Le) Estramadure PW024 Pee WeePonthieux.J-L .. Double Basse HOP200007 HopiPortal.M Dockings LBLC 6604 Label BleuPortal.M Any Way LBLC6544 Label BleuPotts.S 4tet Pearl CC987602 CC Prod.Pozzi.M Acadacoual TE002 Transes E.Primitifs du Futur/Trop de routes, trop... LLL247 La LichèrePujol.F PMC1119 Pan MusicPy.C Onze Têtes Live PW001 Pee WeeQuatuor vocal .. Nomad TE011 Transes E.Qques Instants Chavirés .. L'Amour ZZ84117 Deux ZQ. de N. Doc. Big Band .. Le retour DOC002 Q. de N.Q. de N. Doc. Big ..En attendant la pluieDOC003 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band .. A l'envers DOC004 Q. de N.Q. de N. Doc. Big..Femme du bouc .. DOC017 Q. de N.Q. de N. Doc. Big Band .. 51° Below DOC033 Q. de N.Rangell.B The Blood Donation HOP200003 HopiRaulin.F First Flush ZZ84114 Deux ZRaulin/Oliva duo .. Tristano EMV1008 Emouv.Raux.R Under the Magnolias LLL27 La LichèreRava.E Rava l’Opéra va LBLC6559 Label BleuRDC Jazz Sampler 40058 2 RDCRecedents Zombie Bloodbath on... 777762 natoRecyclers Rhymes ZZ84111 Deux ZRecyclers Visit ZZ84127 Deux ZReinhardt.B 40003 2 RDCRenaudin.B Paris Concert CC987607 CC Prod.Renaudin.B La confrérie des Caisses CC987611 CC Prod.Renaudin.B La traversée du jour CC987622 CC Prod.Renaudin.B Gpe .. Mémoire CC987610 CC Prod.Renaudin.B quartet .. Spring of Peace CC987601 CC Prod.Renaudin.B quartet .. Interplay CC987603 CC Prod.Renaudin.B Trio .. Special CC987614 CC Prod.Renaudin.B trio .. Acoustic Mop CC987620 CC Prod.Rivers/Hymas .. Eight Day Journal 777726 natoRobert.Y Tout court ZZ84103 Deux ZRobert.Y Tout de suite ZZ84113 Deux ZRobert.Y Eté ZZ84133 Deux ZRobert.Y Des Satellites avec des... EVCD08 EvidenceRomano.A Palatino LBLC 6585 Label BleuRosa.A Latin Soul 189832 PygmalionRosa.A Sarada 272002 PygmalionRosa.A Chocolate 272702 PygmalionRoubach/Gastaldin/... .. Esquisse CR178 Charlotte Rousseau/Tortiller/.... ..Les jours de fête CC987619 CC Prod.Rousseau/Tortiller/Vignon .. Spectacles HOP200020 HopiRovere/Garcia .. Bi-Bob C27 CelpRueff.D Cosmophonic TE018 Transes E.SAEP Comme c'est bizarre LLL77 La LichèreSage.H Les araignées GRRR2022 GRRRSamoun.M Sur la route CP181 Charlotte Santacruz.B Latitude CT1949 Bleu Reg.Santacruz/Lowe/...After the Demon's... 312623 AASchneider/Soler/HauenensEtre HeureuxCP184 Charlotte Sclavis.L Ad Augusta per Angustia 777740 natoSeffer.Y Mestari CR131 Charlotte Seffer.D Silky LLL157 La LichèreSeffer.D Bluesons rouge LLL237 La LichèreSeffer.D 40062 2 RDCSellam.P Sérénade PW012 Pee WeeSellam/Renne .. Embrasse-moi PW005 Pee WeeSellam/Renne .. Traditional Odyssey PW008 Pee WeeSicard.J Isthme CR176 Charlotte Sicard.J 4rtetLe fil d'Ariane 312601 AASilva.A Take some risks IS011 In SituSilva.A In the tradition IS166 In SituSmall.M Waiting CR182 Charlotte Soler.A Plays the red bridge C38 CelpSoler.A: Réunion .. J'irai valser sur vos.. C33 CelpSourisse.B Nain de Jardin PW002 Pee WeeSouth African Friends Sangena 312603 AAStrazzullo.N PMC1125 Pan MusicString Trio of N-York .. An Outside Job 312604 AA

Swallow/Taylor .. Parlance IPST1019 LazerTabato Luz Bin ! EVCD722 EvidenceTchamitchian/Boni Ké Gats EMV1002 Emouv.Temiz.O Fis Fis Tziganes LLL107 La LichèreTemiz/Kassap .. Istambul da Eylül LLL67 La LichèreTexier.H Mad Nomad(s) LBLC6568 Label BleuTexier.H trio The scene is clean LBLC6540 Label BleuTexier.H 4tet La Companera LBLC6525 Label BleuTexier.H 5tet Mosaïc Man LBLC 6608 Label BleuTexier.H 5tet An indian’s week LBLC6558 Label BleuThéberge.F Asteur 591352 LazerThémines.O trio .. Fresques et sketches 312619 AATheory du Reptil (la) PW023 Pee WeeThibault-Carminati.M .. Brume CR168 Charlotte Thollot.J Tenga Niña 777701 natoThomas.C All Star The Finishing Touch BG9602 Space T.Thomas.C All Star .. Live in Europe BG9807 Space T.Thomas.P 4tet .. Portraits CR173 Charlotte Me Thomas 7tet .. Entre chiens et loups 312620 AAThuillier.F Brass Trio .. Quand tu veux DOC026 Q. de N.Tierra del Fuego .. Calcuttango MJB005CD MusiviToca-Toca Toubab ou pas CC987615 CC Prod.Torero Loco Portraits AM025 ArfiTortiller.F Vitis Vinifera HOP200015 HopiTouch Luna IPJH1018 LazerTouré-Touré Laddé 188602 PygmalionTous Dehors Dentiste EVCD827 EvidenceTrio à Boum A ciel ouvert EVCD111 EvidenceTsuxma Hayashi Music of Nô PMC1108 Pan MusicTusques.F Octaèdre AXO101 AxolotlTusques.F Blue Phèdre AXO103 AxolotlTusques.F 1965 - Free Jazz IS039 In SituTusques.F 1992, le jardin des délices IS139 In SituTyler.C Folly Fun Music Magic CT1941 Bleu Reg.Tyler.C Mid Western Drifter CT1942 Bleu Reg.Tyler.C Voyage from Jericho CT1944 Bleu Reg.Un DMI L'hallali GRRR2011 GRRRUn DMI Sous les mers GRRR2012 GRRRUn DMI Qui Vive ? GRRR2015 GRRRUn DMI Kind Lieder GRRR2017 GRRRUn DMI Urgent Meeting : vol 1 GRRR2018 GRRRUn DMI Opération Blow Up : vol 2 GRRR2020 GRRRUn DMI Machiavel GRRR2023 GRRRUn DMI Jeune fille qui tombe, ... IS074 In SituUn DMI avec R. Bohringer .. Le K GRRR2016 GRRRVallois.M Danse les arbres PMC1109 Pan MusicVallois.M Compli X cités PMC1129 Pan MusicVan Hove.F Flux P2398 Potlatch **Viguier.J-M Hot Sand EMD001 EMDViguier.J-M Sage EMD9601 EMDVillarroel/Deschepper/Merville..Improv.. TE015 Transes E.Waldron.M 3 Le Matin d'un fauve 312606 AAWaldron/Brown .. Songs of love and .. FRL-CD006 Free L.Waldron/Brown .. Much More ! FRL-CD010 Free L.Wallenstein.B .. Taking Off CT1950 Bleu Reg.Watson/Lindberg .. The memory of.. LBLC6535 Label BleuWatson/Lacy/Lindberg .. The Amiens ... LBLC6512 Label BleuWatson trio.E .. The Fool School 312602 AAWatson.E trio .. Punk Circus FRL-CD023 Free L.Wilen.B Dream Time ZZ84108 Deux ZWilen.B Le Grand Cirque 777768 natoWinsberg.L Camino 591492/2 PygmalionWinsberg/Luc .. Petits déjà … 591482/3 PygmalionWodrascka.C .. Transkei 312605 AAWorkshop de Lyon .. Côté rue AM022 ArfiYoron Israël Connection ..A Gift For You FRL-CD024 Free L.Zig Rag Orch.. Postcommunism ... ZZ84116 Deux ZZigmund.E trio .. Dark Street FRL-CD022 Free L.Zingaro.C Solo IS076 In SituZoomtop Orch. .. Enregistrement public CC987616 CC Prod. Zoomtop Orchestra .. 10 Years CC987626 CC Prod.

LPAmati Ensemble (The) .. Lawes Purcell 745 natoBeresford.S Avril Brisé ZOG1 natoBeresford.S Pentimento ZOG3 natoBoni/Eastley/day .. Les mistrals 865 natoBuirette.M La mise en plis GRRR1009 GRRRClark.C Dedications FRL-003 Free L.Coe.T Mer de Chine ZOG2 natoCollectif BO du Journal de Spirou 1715/1774 nato **Coxhill.L Café de la Place 1085 natoCoxhill/Boni/Horsthuis .. Chantenay 80 10 natoCoxhill/Deshays .. "10 : 02" 439 natoDay.T Look at me 1229 natoDebriano.S 5tet .. Obeah FRL-008 Free L.Ferrer.V Poemas de F.G.L 2 124 natoHacker.A Hacker Ilk (vol 1) 214 natoHacker.A Mozart - Music for friends 670 natoHacker.A Mozart - Gran Partita 1132 natoHacker.A Hacker Ilk (vol 2) 1180 natoHymas.T Flying Fortress 1435 natoKassap 8tet Saxifrages ! EVCD102 EvidenceKassap.S Foehn EVCD103 EvidenceLavaillant.D Direct 140 natoLevaillant.D Barium Circus 382 natoLevallet.D Quiet Days in Cluny EVCD101 EvidenceLevallet Swing .... Original Session EVCD203 EvidenceLindberg.J Haunt of the Unresolved 40 natoMalfatti.R & Quatuor a vant Formu 175 natoMarcial.E Canto Aberto FLVM3003 Free L.McCraven.S 4tet .. Intertwining Spirits FRL-005 Free L.Méchali.F Le Grenadier Voltigeur 70 natoNozati/Van Hove .. UIT 994 natoPauvros.J-F Hamster Attack 1544 natoRaux.R 4tet .. Feel good at last FRL-004 Free L.Sage/Vitet Supposons le problème .. GRRR1008 GRRRSommer.G Seven Hit Pieces EV105 EvidenceTohban Djan .. Poison Petal 1657 natoVan Hove.F KKWTT 355 natoUn DMI Rideau ! GRRR1004 GRRRUn DMI A travail égal salaire égal GRRR1005 GRRRUn DMI Les bons contes font ... GRRR1006 GRRRUn DMI L'homme à la caméra GRRR1007 GRRR

45ToursMelody Four La Paloma 0H5 nato

K 7Beresford.S Pentimento ZOG3 nato

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Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 11

Tarifs :CD Simple / LP : 99 Frs CD Double / Double LP : 149 FrsCD Triple : 190 Frs45Tours : 30 FrsCassettes : 40 FrsVoir aussi rubrique Nouveautés p.2.Pour commander, référez-vous au bonde commande.

Pascale Labbé, musicienne, productrice pourNûbaJe ne voudrais plus entendre un jazz travaillécomme un produit, soumis aux lois dumarché, institutionnalisé, enseigné, diplômé,« festivalformaté », collectionné, classifié,sectaire, identitaire, macho. J’ai envie d’entendretoujours et encore des musiques profondes,subtiles, des voix particulières qui sont le refletd’une aventure intérieure, humaine, solitaire oucollective, des musiques malaxant irrespectueu-sement la matière, des musiques baignéesd’influences, de mouvements corporels, sonores,poétiques, politiques ; des musiques façonnées,empoignées par ceux-là même qui la jouent. Deshurlements de rage, des chants de libération etde jubilation.

Joëlle Léandre, musiciennePlus respecté, entendu, écouté et vendu, et nonce produit " agréable " devenu commercial…De joie et jubilation, réflexions aussi, mais derisques, musique urgente, dérangeante parfois,le jazz est une musique d’individus, doncriche et complexe, toujours en devenir, " work inprogress "…Comme nous, non ? Attention aux" networks " qui arrivent à définir les styles, goûts,sorte de fédérations…Dangereux tout ça ! Plutôtdes rencontres et chocs d’autres musiques…Essayons de défricher ces instants rares etparfois éphémères…Tant pis pour l’affiche ! ! !En soi, musique rebelle, qui résiste, laissons-laainsi.

Jean Morières, musicien, producteur pourNûbaEn étant optimiste, et si les vilains capitalistes nenous dévorent la moelle, nous assisterons à desrencontres tous azimuts, à l’émergence d’universqui se relient, des rencontres de saxes avec del’orgue d’église, du cymbalum avec des guitaresélectriques, des anklungs avec des clarinettesbasses et des violons, des tambours bata avecdes taragots etc., en somme une musique deliberté et de jouissance, inventive, subtile et forte,une musique de risques et d’écoute. Je penseque les discours musicaux vont s’approfondir etse diversifier encore plus, créant DES jazz quis’entrecroisent dans une grande créativité.

Stéphane Ollivier, journaliste pour lesInrockuptibles et Jazz magazineJ’ " entends " bien qu’on cherche là à stimulermes pouvoirs de divination, mais face à ce typede question j’aurais plutôt fâcheusement ten-dance à me crisper et répondre bêtement et aupied de la lettre, que l’ " à-venir " non seu-lement je ne l’entends pas (c’est très clair qu’au-jourd’hui personne comme l’homme à l’affût deJulio Cortazar ne peut proclamer : " Cette phraselà je l’ai jouée demain ! " nous indiquant claire-ment la direction – et ce n’est peut-être pas plusmal, aucune voie n’est déjà tracée où s’en-gouffrer en masse et le front bas, l’étendue resteintacte, tout reste à faire, l’ " avenir nous appar-tient ! " en somme, aucun génie ne nous l’a enco-

re confisqué…) ; mais qu’en plus je ne cherchepas spécialement à le projeter, parce que ce quej’aime par dessus tout c’est me laisser sur-prendre par ce qui, dans l’instant, finit toujourspar surgir de neuf (même si l’on sait très bien quecet inouï qui affleure en fin de compte est le fruitd’un long travail " en cours " : pas de mysticismelà-dedans, juste une façon un peu naïve de sau-vegarder de l’émerveillement face au monde desphénomènes en se gardant le plus possible des "bilans et perspectives " !). Enfin, et pour faire unpeu de " deleuzisme " primaire, je ne suis pas loinde penser que c’est la dernière chose qu’on puis-se lui souhaiter au jazz, finalement, un ave-nir…parce qu’il en serait alors sans doute défini-tivement terminé de ses infinis devenirs et ducycle de métamorphoses dans lequel il estdepuis l’origine engagé…

Didier Petit, musicien, producteur pour in Situ" et bien par là j’entends pas grand chose "(Pierre Dac)Il y a en fait au moins deux questions dans cettequestion ! " Comment entendez-vous l’avenir ? "et " Quel avenir du jazz ? ".En premier lieu, j’entends l’avenir commej’entends le présent et bien sûr le passé, soit :une éternelle bataille entre les émotions standarddes époques successives (on pourrait direindispensable à la cohésion sociale pour fairemoderne) et une tentative constante et joyeusede révéler et poser les émotions rares etenfouies qui existent en chacun d’entre nous(indispensable au développement de lapersonnalité et moyen de lutte contrel’oppression). Parfois, à certaines époques, cesdernières, « les émotions rares », se diffusentaisément, tant la disponibilité à lutter contrel’aliénation est importante, parfois l’époque estplus sourde car préoccupée par d’autresévénements. Dans ces moments précis, cesémotions gênent. Il ne me semble pas quel’avenir déroge à cette règle même si nouspouvons avoir la sensation aujourd’hui que lastandardisation envahisse le monde. En bref,si notre époque n’est pas très propice à laproduction musicale privilégiant l’émotion rare,cela n’implique pas automatiquement la fin de lamusique au profit de la pollution sonoregénéralisée.Dans le jazz, il existe dans le monde entier desmusiciens, producteurs, diffuseurs, journalistes,publics et j’en passe…Des gens ayant uneactivité liée au jazz, dynamiques face à la raretéet à toutes formes d’oppressions. L’histoire dujazz étant irrémédiablement liée à l’oppression

(même quand celle-ci est plus abstraite ousournoise), il y aura toujours des humains pourproposer autre chose et autrement. Peut-êtren’importe quoi mais pas n’importe comment. Celapeut continuer à se trouver sous la dénominationjazz mais peut-être pas, l’essentiel étant l’idéevéhiculée par ce mot, pas le mot en lui-même.Tout dépend de la capacité de tous les acteurs àbousculer, jouer, danser et vivre ! ! Nousresterons heureux !

Fabrice Postel, producteur pour Label HopiQuestion où se dissimulent plusieurs questions etdonc plusieurs réponses. La première réponsequi me vient à l’esprit : « Je n’en ai aucuneidée ». Que veux dire le mot jazz au XXIèmesiècle ? Je suis très optimiste en matière decréation artistique, de rencontres et d’échangesentre les artistes (jazz, world, contemporains,classiques, baroques, européens, asiatiques,africains, sud-américains, cubains...). Lesquestions qui me préoccupent aujourd’hui sontliées aux problèmes de distribution, de diffusion,de la scène et d’une certaine politiquedite culturelle mise en place par le ministèrede la Culture et de la Communication.L’institutionnalisation du jazz depuis unevingtaine d’années n’a pas toujours été auservice de la musique, et de ce fait beaucoup dequestions se posent sur l’avenir du jazz ? Lesnouveaux marchés, les nouveaux médias, lisezla dernière « Lettre du disque » et analysez cetavenir. Il fait peur... Epicurien né, la musique faitpartie de ma vie, et tant que les artistesexprimeront leurs sentiments, leurs révoltes, leurphilosophie..., le jazz restera l’expression libre dela musique. La création est la source de nosproductions et la rivière est loin d’être tarie.L’esprit créateur reste l’élément majeur d’unavenir harmonieux, un avenir inconnu et unprésent excitant.

Dominique Répécaud, musicien, producteurpour Vand’œuvre, directeur du Festival deVandoeuvre-les-Nancy N’ayant jamais considéré la musique commedevant disposer d’un passé et préparer unavenir (qui bien évidemment ne sera pas radieuxéconomiquement), n’ayant jamais considéré cequi se nomme jazz aujourd’hui comme devantbénéficier d’un statut à part (trop de statues),désireux surtout de me confronter à tous les jazz(ce qui n’exclut pas le jazz), je ne peux imaginerquoi que (couac) ce soit dans le futur. Jouez,jouons, il en restera toujours quelque chose.Les jazz, comme le son qui les définit, ne sontque de l’air en vibration (air connu et parfaitementvérifié physiquement). Tant qu’il y aura de l’air (ce qui est la véritablequestion, relative au futur : air social, airpolitique…).

Jean Rochard, producteur pour natoQuatre semaines ! Quatre semaines que nousmarchons au milieu des corps inhabités et desdécombres. Nous suivons le vent, d’est en ouest,d’ouest en est. Il nous guide. Nous marchonspour échapper au Grand Pouvoir. Fatigués, nousavons soif. Nous allons passer la nuit dans uneville frontière, jadis recouverte de forêt. Nouscherchons une cache. Quelques notespresqu’imperceptibles étouffées par une grosseporte s’échappent d’un endroit sombre. Nous

entrons. Sur une scène, un type qui ressemble àJoe Mc Phee rend hommage à Lester Bowie etjoue " de l’ancien vers le futur ". Quelquessurvivants abîmés mais le regard brillantl’écoutent. Nous nous asseyons. Du bar, où iln’y a plus rien à boire, un vieux situationniste,intact, nous glisse : " Il y a du Johnny Hodges là-dedans ". La plus jeune d’entre nous sort de sonsac une photo de Jimi Hendrix, puis une d’AlbertAyler. Elle pleure. La musique est partagée, lasécheresse disparue. Mais très vite les sirèneshurlent et la police cerne l’endroit. Ça ne fait rien,nous sommes sauvés.

Jacques Thollot, musicienUne autre lecture de l’histoire en version originale.Dans une ferme isolée de la campagne, au jour lejour s’aggrave l’agréable (prospérité économiqueet dépression de l’esprit). « J’ai les pieds sur terremoi Monsieur » « Oui mais c’est la Terre qui n’apas les ailes au ciel ! » Un pied dans le passé,l’autre dans l’avenir, je pisse au présent. Lasuperficie de la grande musique lâche du terrain,d’insidieuses et obscures forces destructricess’unissent pour bouter hors d’Europe toutes lesformes de langages. Les langues se créent par leparler de tous. La nouveauté peut être issue del’approche d’une compréhension plus intimeoù d’autres développements inusités face àl’héritage démesurément riche que constitue lejazz. Le bebop ne peut montrer ses différencesqu’à force d’être pareil. Que vox populi passe detout à fait à quelque part. « Se réapproprier lestextes de Goethe » se dit la mezzo soprano puiselle ajoute : « tout dire avec son coeur, êtrepleinement vivant, la radio et le jazz sommetoutefont bon ménage ». Et Stendhal (MonsieurMoi-Même) de répliquer : « Je note le son quechaque chose produit en touchant mon âme ».I can’t give anything but love (le ratage : clef dusublime).

PS:Corneloup/Tchamitchian/Echampard plutôtsuper et les drums très plaisir.

François Tusques, musicienEntendons-nous bien ! Les élèves desconservatoires font du jazz parce qu’ils ne saventpas en faire. Pour ma part je fais du bluesinstrumental et je continuerai à jouer du pianoparce que je ne sais pas en jouer.Le jazz se développera parce qu’il n’a pasd’avenir.

Bernard Vitet, musicienJ’entends que le jazz reviendra, comme touteschoses, poussière d’étoiles. A supposer que nousayons au préalable réussi à définir ce qu’est lejazz et en préciser les limites, j’ai du malà choisir entre deux schémas. Le jazz a-t-il,en se mondialisant, abandonné progressivementsa fonction révolutionnaire au profit d’unacadémisme de bon ton, ou bien le jazz, grâce àson potentiel insurrectionnel basique, n’a-t-il paspénétré en quelques décennies un large secteurde toutes les musiques du monde, qu’elles soientpopulaires ou non, leur léguant à des niveauxdivers de sa vigueur dialectique et créatrice.On aurait pu aussi se demander : commentsouhaiteriez-vous l’avenir du jazz ? A cettequestion, je répondrais en développant depréférence le second cas de figure.

Les Allumés du Jazz5 rue de Charonne - 75011 ParisTél : 01 40 21 90 65 Fax : 01 40 21 82 30email : all.jazz@wanadoo.fr

Les Allumés du Jazz : AA, Abalone, Arfi, Axolotl jazz,Birdology, Black & Blue, Bleu Regard, CC production,Celp, Charlotte Records, Cristal, Deux Z, LesEtonnants Messieurs Durand, Emouvance,Evidence, Free Lance, Frémeaux et Associés,Gorgone Jazz, Grrr, Label Hopi, in Situ, JMS, LabelBleu, La Lichère, Lazer production, Musivi, nato,Nûba, Pan Music, Pee Wee, Pygmalion, Potlatch, Q u o id e n e u f d o c t e u r ? , RDC Records, SeventhRecords, Space Time Records, Transes Européennes,Vand’oeuvre

Les dessins sont de Cattanéo, les costumes et la réalisation de Joëlle Dechanet

Les Allumés du Jazz No 2 - 2ème trimestre 2000 Page 12

Comment entendez-vous...Suite de la p. 1

Le coin des médailles«Le Ministre des Beaux-Arts a l’intention de donner la croix de la légion d’honneur à Ravel ... Pourquoi pas ? C’est bien son tourau Ministre ...» - Erik Satie 1920 «Ravel refuse la légion d’honneur mais toute sa musique l’accepte» Erik Satie mai 1920 -

Le cinéma a ses Césars (qui n’était pas un cinéaste),la musique a ses Victoires (qui n’était pas unemusicienne), le jazz a eu ses Djangos (qui était unmusicien) et maintenant ses Eurodjango (changementde monnaie oblige).

Nathalie Loriers (Pygmalion Records), distinguéeMusicien Contemporain - EURODJANGO, Trophées duJazz Européen (attribués le 11 février 2000)

Sylvain Beuf (RDC Records), lauréat 2000 des NouveauxTalents Jazz aux Victoires de la Musique. Extrait de Police Partout, Musique Nulle Part par Cattanéo et Jiair in Jazz

Magazine 484 Spécial Allumés - Sept. 98

Sites sur Internet de certains Allumés : Grrr www.hyptique.com/drame/Label Hopi www.labelhopi.com

Potlatch www.potlatch.digiweb.frSeventh Records www.seventhrecords.com

Space Time Records www.bluegeo.comGimini Music www.gimini.com

Concert Transes Européennes au Théâtre du Lierre (Paris 13e - M° Bibliothèque)

12 avril à 20h30Duo Adrien Politi/Alain Petit, Manuel Villarroel en solo,

duo Cueco/VillarroelSur invitation uniquement. Invitation à retirer entéléphonant aux Allumés du Jazz (dans la limite desplaces disponibles).