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MAROC Serge Lutens en son riad fabuleux VOITURE L’ALLURE ÉLECTRIQUE Intimité retrouvée, avec les petits canapés pour deux DESIGN AVRIL 2019 LE STYLE EN PLUS | LE MATIN DIMANCHE ARCHITECTURE Dix ponts entre deux mondes

VOITURE L’ALLURE ÉLECTRIQUE · 5 SOMMAIRE E N C O R E! | D E S I G N 2 0 1 9 UNE CanapéMontgolfière, coll.GlobeTrotter, MarcelWanderspour RocheBobois. Vesteetpantalonen tweedirisé,Chanel

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MAROCSerge Lutensen son riadfabuleux

VOITUREL’ALLUREÉLECTRIQUE

Intimité retrouvée,aveclespetits canapéspourdeux

DESIGNAVRIL 2019

L E S T Y L E E N P L U S | L E M AT I N D I M A N C H E

ARCHITECTUREDix ponts entredeuxmondes

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#CHANELhandbagStories

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MINI One Cabrio Brighton Edition, 1’499 cm3, 75 kW (102 ch), consommation: 5,7 l/100 km, émissions de CO2: 130 g/km (moyenne de toutes les voitures neuves vendues en Suisse: 137 g CO2/km), émissions de CO2 liées à la fourniture de carburantet/ou d’électricité: 30 g/km, catégorie d’efficacité énergétique: F. Prix public recommandé: CHF 31’782.– (prix normal: CHF 34’380.–, roues d’hiver complètes d’une valeur de CHF 840.– comprises, moins rabais de CHF 3’438.–), 1er loyer conséquent:0% du prix du véhicule, taux annuel effectif: 1.92%, taux de leasing mensuel: CHF 349.–, durée: 48 mois, kilomètres parcourus par an: 10’000 km. Modèle illustré:MINI Cooper S Cabrio Brighton Edition, 1’998 cm3, 141 kW (192 ch), consommation:6,3 l/100 km, émissions de CO2: 157 g/km, émissions de CO2 liées à la fourniture de carburant et/ou d’électricité: 36 g/km, catégorie d’efficacité énergétique: G. Prix public recommandé: CHF 40’603.– (prix normal: CHF 43’270.–, roues d’hivercomplètes d’une valeur de CHF 1’660.– comprises, moins rabais de CHF 4’327.–), 1er loyer conséquent: 0% du prix du véhicule, taux annuel effectif: 1.92%, taux de leasing mensuel: CHF 466.–, durée: 48 mois, kilomètres parcourus par an: 10’000 km.Action de leasing MINI et offre MINI Relax valables du 1.4.2019 au 30.6.2019 (livraison du véhicule au client jusqu’au 31.8.2019) pour une durée de leasing maximale de 48 mois pour la MINI Cabrio Brighton Edition. Assurance tout risque obligatoireet non incluse. Le leasing n’est pas accordé s’il entraîne le surendettement du consommateur. Une offre de MINI Financial Services, une dénomination de BMW Services Financiers (Suisse) SA.

GET THE MINI CABRIO LOOK.LA NOUVELLE MINI CABRIO BRIGHTON EDITION.AVEC MINI RELAX À PARTIR DE CHF 349.– PAR MOIS.MINI.CH/FR/BRIGHTON

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SOMMAIRE

ENCORE!|

DESIG

N2019

UNECanapé Montgolfière,coll. Globe Trotter,Marcel Wanders pourRoche Bobois.Veste et pantalon entweed irisé, Chanel.Chemise en soie,Koché. CollierTangerine recouvertd’or 18 cts, AurélieBidermann. EscarpinsFFreedom, polyamide,cuir d’agneau etcaoutchouc, Fendi.

Lionel DeriazSimon Pylyser

Design|Avril 2019

Repli sur l’intime

Longtemps, les éditeurs demeubles pro-posaient surtout des canapés vastes oùsiéger en grande compagnie, des tablesbasses où étaler toutes les éditions dela presse du dimanche, des étagères oùclasser le contenu de la bibliothèquenationale... Unmobilier que l’on croirait

conçu pour les aéroports, ces espaces aériens et sanscloison, ouverts sur le vaste monde. Or, la vraie vieest plus confinée que cela. Bien sûr, les maisons cos-sues continuent à tenir salon avec ampleur. Bien sûr, lavague actuelle des bureaux paysagés favorise toujourslesmeubles ambitieux.Mais l’ère du repli a commencé.Et pas seulement à la faveur des petits appartements

descentres-villes... Il y aunnouveaudésird’intimedansla manière d’organiser son chez-soi. Les fauteuils sedotent de dossiers protecteurs et deviennent des nidspour solitaires. Les sofas, eux, retrouvent des dimen-sions humaines (voir notre sélectionp. 18) et se prêtentau tête-à-tête, à la confidence. Ne les nomme-t-on pas«canapés de conversation»? Les textiles doux sont tou-jours plus demandés.C’est commesi, après unepérioded’esbrouffeetderéceptionsspectaculaires,venait l’enviede chercher la réassurance, le dialogue avec soi-même.Il ne suit jamais aucune tendance, mais regardez la de-meure de décoration virtuose que le parfumeur SergeLutenss’estconstruiteàMarrakech(p. 14).Cettemaisonrecluseetsecrètetrace leportraitdesonâme.Et lavôtre?

encore! est un supplément duMatinDimanche et de la SonntagsZeitung. Il ne peut être vendu séparément.Adresses: Tamedia Publications romandes, encore!, Avenue de la Gare 39, case postale 615, 1001 Lausanne, Tamedia AG, encore!, Werdstrasse 21, Postfach, 8021 ZurichEditeur: Tamedia Publicationsromandes SA, 33, av. de la Gare, 1001 Lausanne Directeur Division Tamedia Publications romandes: Serge Reymond Rédaction en chef: Renata Libal (responsable) Edition: Loyse Pahud Mise en pages: Géraldine Dura (directrice artistique) Image: Lucie Voisard Ont participé à ce numéro: Textes: Charles-André Aymon, Mathilde Binetruy, Kathleen Brosy, Hanspeter Eggenberger, Isabel Hemmel, Pierre Thomas (www.thomasvino.ch) Photos: Jeremy Bierer, Lionel Deriaz Stylisme: Simon Pylyser Illustrations: André Gottschalk Conception graphique: Ariel Cepeda Production alémanique: Paulina Szczesniak Secrétariat:Alessandra Ducret Photolithographie: Photomedia Impression: Swissprinters AG, Zofingue Marketing: Florence Ruffetta Responsable commercial: Karim Mahjoub Publicité: Publicité Print Suisse romande, Tamedia SA, Tamedia Advertising, av. de la Gare 33, 1001 Lausanne, tél. +41 21 349 50 50, [email protected]; Publicité Print Suisse alémanique, Tamedia AG, Tamedia Advertising, Werdstrasse 21, 8021 Zurich, tél. +41 44 248 42 30, [email protected], advertising.tamedia.ch Indication des participations importantes selon article 322 CPS: Actua Immobilier SA, CIL Centre d’ImpressionLausanne SA, Homegate AG, ImmoStreet.ch S.A., LC Lausanne-cités SA, Société de Publications Nouvelles SPN SA. Tous droits réservés. En vertu des dispositions légales relatives aux droits d’auteur ainsi qu’à la loi contre la concurrence déloyale et sous réserve de l’approbation écrite de l’éditeur, sont notamment interdites touteréimpression, reproduction, copie de texte rédactionnel ou d’annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques, électroniques ou tout autre support, qu’elles soient totales ou partielles, combinées ou non avec d’autres œuvres ou prestations. L’exploitation intégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés,notamment sur des services en ligne, est expressément interdite.

Serge Lutens et sa maisonmusée de Marrakech P. 14

10 ponts d’un mondeà l’autre P. 26

Des électriques quisoignent leur look P. 29

PHOTO

S:P

ATRICKNAGEL

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Renata Libal,rédactrice en chef

Design: canapésde conversation P.18Canapé Geo, Paolo Grassellipour Saba Italia.Costume en laine,Paul Smith. Blouse en soieavec plastron, bouclesd’oreilles Danseuse étoileet Tribale, Christian Dior.Escarpins en daim,Lutz Huelle.

10 Swiss madeL’élégance du bois par l’éditeur design Rö

12 TrendMobilier à louer, une réponse aux besoins nomades

13 ShoppingTables sveltes sur jambes de colosse

30 BeautéAprès avoir fait pschitt, les parfums tracent un nouveau sillage

6 Merveilles: vin, album, hôtel, montre,nouveautés... 24 Voyage: ne rien faire au fil

du Mékong 31 Ses goûts: l’universcinématographico-artistique

de Louise Kugelberg

SUJETS

RUBRIQUES

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ENCORE!|DESIG

N2019

MERVEILLES

Carnets defées

MONTRES

PAPETERIE

Quand écrire (re)devient un acte de pur plaisir… Avecces carnets, cartes, enveloppes, livres d’or et boîtes derangement signés Christian Lacroix pour la papeterienew-yorkaise Galison, le plusmisérable des bureauxva se transformer en un pays desmerveilles et le pirescribouillard en une Alice éblouie. On ne peut que rêverde glisser unmot, une note, une confession à côté deces dessins fabuleux où fleurs, oiseaux et animaux –parfois unemicro Tour Eiffel –mènent la danse. ChezChristian Lacroix, on n’est jamais loin du conte de fées.On se souvient des costumes d’opéra, des illustrationsdu Petit Larousse, des longues robes et des baguettesmagiques. L’univers du grand couturier français, néà Arles en 1951, venu à lamode par la grâce de sondoctorat en histoire de l’art sur le thème du vêtementdans la peinture du XVIIe siècle (et par sa femme) ne

s’est jamais cantonné au domaine de lamode vestimen-taire. Sa fibre décoratrice l’a conduit à aménager deshôtels (Petit-Moulin ou Bellechasse à Paris, Jules-Césarà Arles), à tracer le profil duTGV et du tramway deMontpellier, à dessiner des flacons de parfums oudes timbres, à imaginer les uniformes des hôtessesAir France. Ses réalisations hétéroclites ont suscité lebuzz, un nombre incalculable de fois. Sans doute queles objets de papeterie qui paraissent actuellementsont petits,mais le travail à l’œuvre est d’une immensedélicatesse requérant des techniques raffinées commel’embossage ou la découpe au laser. Et donc, on s’assiedà sa table, on éteint sa tablette, on contemple les dessinsensorcelants et on trace des lettres. Paulina Szczesniak

Semaine aprèssemaineDonner l’heure, le mois, la date et le jour de la semaine,c’est bien. Mais afficher aussi le numéro de chaquesemaine, c’est bien mieux, puisque cela permet de géreravec précision les agendas de la foule business. Lanouvelle petite complication très précieuse de PatekPhilippe propose cette fonction innovante en grandeélégance. Les informations sont clairement indiquées parcinq aiguilles superposées. Et pour la touche de poésie, latypographie des chiffres et lettres a été créée et dessinéeà la main avant d’être décalquée sur les cadrans. R.L.

Patek Philippe, Calatrava Semainier, mouvement automatique,acier, 40 mm, sur bracelet en cuir de veau. Prix sur demande.

BONNE BOUCHE

Un carnet qui invite à desprises de notes inspirées.

PHOTO

S:PHILIPPE

GARCIA,ANDRÉGOTTSCHALK,M

ARTINEDUTRUIIT,DR,THECHED

IANDERMATT,JO

ELVONALLMEN

Rouge du Paysau sommet

PARPIERRETHOMAS

«C’est quoi, le cornalin?»,se sont exclamés, à l’issuedes 25e Vinalies de Paris,les œnologues françaisqui découvraient le vin

le mieux noté du concours: 99 points sur100! Une unanimité rarissime à un telniveau… Cet honneur échoit au DomaineduMont-d’Or, qu’on voit du train ou del’autoroute, avec ses guérites jaunes surune colline à l’entrée de Sion. Un domainehistorique du Valais, fondé en 1848par le sergent-major vaudois François-Eugène Masson et, aujourd’hui, propriétéde Schenk à Rolle (VD). On y cultived’abord du johannisberg, sur la moitié dela surface de 24 hectares, vinifié en secet en moelleux. Et des vins surmaturés,comme la Petite Arvine sous l’Escalier: le2016, noté 96/100, a remporté le Trophéedu meilleur vin doux, cette année, àParis. 70% de blanc pour 30% de rouge…Qu’un rouge sec brille réjouit le nouveaudirecteur du Mont-d’Or, le Valaisan Marc-André Devantéry. Nommé en 2017, cetœnologue de 52 ans a suivi ses tout pre-miers vins avec l’aide de la jeune cavisteFlorence Troger. Pour le cornalin, que lespécialiste (mondial) des cépages, JoséVouillamoz, voudrait voir rétabli dans sonnom d’antan de «Rouge du Pays», petitrendement et grande maturité sont néces-saires, et le beau temps de l’automne 2017a favorisé ce cépage tardif. Robe profonde,nez puissant, avec des notes de cuir etd’épices, ce vin frappe par sa structure,riche, grasse, ample, mais équilibrée,avec une note de baie de sureau en fin de

bouche. Ce beau rouge n’a pasconnu le bois, mais un cuvagelong de trois semaines, puis desremontages, en cuve en acier. Iln’a pas été collé. Hélas, les 3000bouteilles de 2017 sont épuisées.Mais le 2018 arrive déjà sur lemarché. «Je n’ose pas le dire: ilest encore meilleur, avec moinsd’alcool (13°9 pour le 2017), plusd’acidité et un beau potentiel»,confie Marc-André Devantéry.

L’étiquetteCornalin du ValaisVieux Cachet 2017Le prix 26 fr. (70 cl)L’adressehttps://montdor.ch

Christian Lacroix Stationary for Galison,dès env. 20 fr. jusqu’à 60 fr., www.galison.com

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ENCORE!|

DESIG

N2019

Etre soi, entrèsfrais

Nect’art

Le spa du fabuleux Hôtel The Chedi, àAndermatt (oui, c’est loin!) est un endroitpresque spirituel: les couloirs très pursdéjouent le sens de l’orientation avec desubtils jeux de miroir et les clients y déam-bulent encapuchonnés en peignoir ocre,comme autant de moines jet-set en quêtede vie éternelle. Et cette piscine! Trente-cinq mètres d’obscurité bleutée – on s’yimmerge comme on changerait de monde.Depuis la saison d’hiver, un nouveau délicevient s’ajouter aux précédents: le spa pro-pose, en presque exclusivité suisse (avec lecentre Melrose, à Genève), les traitementset produits de Tata Harper, reine si accla-mée des cosmétiques dits Clean Beauty,

Mettez un hôtelier (Le Beau-Rivageà Neuchâtel), Thomas Maechler, ungaleriste d’art, Stefano Pult (Lange +Pult, Auvernier et Zurich), et un vigne-ron, Louis-Philippe Burgat (Domaine deChambleau), autour d’une table et ils vousconcoctent un… nect’art. Comme le raisinprovient de la parcelle qui domine la ligneCFF à Colombier, le nom s’est imposé:Zurich-Neuchâtel Art-Express, jouantsur les origines des uns et de l’autre. Levigneron est connu pour son pinot noirPur-Sang, membre de la Mémoire desvins suisses. Sa cuvée d’art, qui en est à sadeuxième édition, elle, met à l’honneur legamaret, planté il y a près de trente ans. En2015, la météo a permis de le faire mûrirjusqu’en novembre, pour en extraire tousles arômes «sudistes», épicés et denses,d’un vin rouge de bonne garde, élevé vingtmois en fût de chêne. Pour que le plumagesoit à la hauteur du breuvage, la célèbreplasticienne suisse Sylvie Fleury a vêtu lesbouteilles de fausse fourrure et les a cou-chées dans un doux nid. Pierre Thomas

soit naturels, bios et sans adjuvant synthé-tique. L’expérience du rituel des masquesde visage multiples est troublante, tantles textures sont fraîches et les senteursfranches. Gingembre, romarin, calen-dula... tous les recoins du jardin botaniques’unissent pour l’éclat du teint. D’originecolombienne, l’Américaine se souvientavec tendresse des cosmétiques concoctésmaison de son enfance. Depuis 2010, elle afait de cette douceur un empire du luxe, de65 millions de dollars en 2017. La voilà à laconquête de l’Europe. Renata Libal

Engin spatial

BEAUTÉ

VINS

ACCESSOIRE

3,2,1 feu: décollage pour la Lune,équipé d’un Longchamp! Dans laligne de sacs homme Astronaute:un weekender argent, couleur decombi de cosmonaute. Idéal aussipour une escapade terrienne. K.B.

Soins visage et soins corps, dès 200 fr. TataHarper, spa The Chedi, Andermatt. Réouverture le18 mai. Produits en vente chez Globus, dès 79 fr.

Sac de voyage Astronaute, toile polyester et polyuréthane, 420 fr.Vendu par caisse en bois de 6 bouteilles,350 francs, sur www.chambleau.ch

La piscine de l’Hôtel The Chediétire son bleuté sur 35 mètres.

Tous les produits Tata Harper sont à basede plantes bios, dans un secteur luxueux.

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DE

SIG

N2

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9MERVEILLES

On aurait presque envie de la manger...Soin anti-âge de dernière génération,la crème rose a pour joyeuse missionde raviver l’éclat des teints fatigués.Jusque-là rien de révolutionnaire... Lanouveauté tient aux vertus réfléchissantesde la substance et à ses pigmentslégèrement colorés. Effet bonne minegaranti! Et touche de gourmandise danssa salle de bains. K.B.

Barbapapa enpot

Crème Rose Lumière Clarins, sur le marchéà partir du 13 mai, 149 fr.

Avec lesgrandsLa reine Elizabeth, KateMoss, NelsonMandela, Bill Gates, Yves Saint Laurent, ouencore AndyWarhol: tous sont passés der-rière l’objectif de David Bailey. Et tous ontleur portrait inclus dans le sumo collectordes Editions Taschen consacré au photo-graphe anglais. Trois cents clichés, réalisésentre 1950 et 2010, pour un album numéro-té, signé et livré avec un lutrin dessiné parle designerMarc Newson: quelques beauxtête-à-tête en perspective. K.B.

PHOTO

David Bailey, Editions Taschen, 3000 exem-plaires, dès 3300 fr. Disponible en juin.

S’asseoir,mangerDESIGN

D’une certaine manière, il est impossibled’être un designer contemporain sansqu’un partie de son cœur batte à Milan.Quelle que soit la créativité des autrescapitales du design européen – Londres,Cologne, Helsinki... – , le nord de l’Ita-lie reste le berceau incontesté du beaumeuble. C’est ainsi que TomDixon,créateur anglais connu pour son esthé-tique industrielle et son amour des maté-riaux bruts, y ouvre en ce mois d’avril uneadresse permanente, tout près de la Scala.Et pas n’importe laquelle: il s’agit d’unrestaurant à 100 couverts, dont l’aména-gement a été entièrement pensé par sonstudio. La démarche est plutôt innovante:«Il n’y a rien de plus poussiéreux qu’unshowroom de luminaires et meublesconventionnel, soutient le designer. Nousavons besoin d’un lieu où les gens puissent

ralentir.» Le restaurant a ainsi vocationde lieu de vie, où le visiteur teste lampes,chaises et couverts en conditions réelles.En outre, cet espace fixe se prête aux lan-cements de nouveaux produits, commecela a été le cas durant le tout récentsalon dumeuble. Les amateurs y ont dé-couvert la collection de chaises Fat, avecleur gros bourrelet de mousse en guise dedossier, ainsi que d’incroyables lampes àsuspension du nom de Spring, sortes decages en rubanmétallique que l’on peutcompresser à l’envi. A Londres déjà, TomDixon, 59 ans, propose un restaurant liéà son studio. Mais l’adresse milanaise estson premier ancrage en Europe continen-tale – un choix certes pas innocent en cestemps de Brexit. Renata Libal

Les chaises Fat affichentune silhouette à la foisépurée et souriante.

COSMÉTIQUES

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Un café et la sophistication, svp!

Chemex Ottomatic 2.0 dès 350 fr.

PARCHARLES-ANDRÉAYMON

Chemex, «pur design, purarôme». La baseline de cefabricant de cafetièresfiltre, qui est à l’industriedu petit noir ce que lehipster est à la sociologie,

ne peut laisser demarbre l’hommede goût.Adoptée par tous les baristas indépendantsqui ont fleuri sur les pavés de nos villes, lavoici à disposition du vulgumpecum.Oui,elle est belle. Oui, elle fait le café (ce qui estun grand plus par rapport à votre iPhone,par exemple). Ainsi, on ne peut que se pâ-mer devant la carafe en verre ultrarésistantet soufflée en forme de sablier. Sa partie su-périeure accueille le filtre et un bec verseur,

tandis que la partiemédiane est cerclée debois réfractaire à la chaleur et d’un cordonde cuir, ce qui permet de la saisir aisément.Le tout exsude un esprit technique et unexotisme légèrement sud-américain, ce quipromet un café à la fois authentique etmaî-trisé. A l’usage, d’ailleurs, c’est exactementça. A l’opposé desmacchinette italiennes,quimettent lamouture sous pression pouren extirper l’arôme, la Chemex porte àson sommet l’idée d’extraire en douceur,par filtration, la quintessence d’un café. Lamachine contrôle ainsi à la goutte près lapercolation de l’eau à travers lemélange, viades astuces techniques qui vont du contrôledu débit à lamatière utilisée pour filtrerle breuvage. Evidemment, à un tel niveaude sophistication, le choix du café prendune importance primordiale. Les esthètesseront tentés par le Kopi Luwak ou le BlueMountain. Les autres se rabattront sur desmouturesmoins prestigieuses, quitte à lesfaire couler sur des cubes de glace, car, oui,elle fait aussi les IcedCoffee.

TOYS FOR BOYS

The Manzoni by Tom Dixon, via Manzoni 5,Milan, ouvert du mardi matin au dimanche midi.

Tom Dixon exposeses créationsdans le restaurantqu’il vient d’ouvrirà Milan.

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Aquis Date Relief

Pour nous, l’innovationdoit toujours remplir une

fonction.Par exemple, en surélevant

notre lunettede 2 mm, nous en avons

amélioré la prise.Un détail.

Mais quand on s’intéresse auxmontres,

c’est le genre de détail qui faittoute la différence.

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T out a commencé avecun meuble composéde tiroirs empilés, le«Schubladenstapel». Vis-sés les uns aux autres,les sept tiroirs de cettepièce initiatrice for-

ment une tour irrégulière comme celle queconstruisent les enfants avec leurs plots.Certains regardent un peu à gauche, d’autreslouchent vers la droite. Mais – et c’est làle tour de force – une totale harmonie sedégage de l’ensemble.

Le couple de designers suisses Susi et UeliBerger, aujourd’hui de véritables vedettes,a imaginé ce meuble en 1981, pour la deu-xième collection de mobilier de la maisonRöthlisberger, qui en était alors à ses balbutie-ments. La première avait vu le jour quatre ansauparavant, dans l’urgence. En effet, depuisla fin des années 1950, la menuiserie fondéeen 1928, travaillait sous licence pour KnollInternational. Et voilà que cette entreprise asoudain délocalisé sa production à l’étranger!ChezRöthlisberger,onadécidédese lanceretde fabriquer ses propres créations.

L’idée a germé dans la tête d’un procheami d’Ernst Röthlisberger, le patron d’alors:le marchand de meubles bernois TeoJakob, lui aussi devenu célèbre. On a faitappelàquelques amis designers,commeKoniOchsner,TrixetRobertHaussmann,ainsiqueles Berger, justement. On les a laissés travail-ler et puis, on a lancé la production.

Aujourd’hui, quelques collections etdeux générations plus tard – Ernst a passé

le témoin à son fils Peter en 1982 et celui-cien a fait de même en 2017 avec ses fils –Röthlisberger, basée à Gümlingen, près deBerne, occupe 65 personnes. Celles-ci ne secontentent pas de faire des meubles, ellesréalisent aussi de très complexes travauxd’aménagement d’intérieurs. Un petit uni-vers bourdonnant et vrombissant qui pos-sède son propre département d’ingénierieet son showroom. Sur le toit, des panneauxphotovoltaïques suppléent entièrement à laconsommation de courant de l’entreprise.

Innover?Mêmepaspeur!«Lorsqu’un client aux Etats-Unis com-mande une armoire sur mesure, avoirquelqu’un sur place facilite les choses»,souligne Jan Röthlisberger, codirecteurde la société et très fier de sa filiale new-yorkaise. Evidemment, il n’est pas questionici de n’importe quel client ni de n’importequelle armoire. Il faut déjà pouvoir s’offrirdu Röthlisberger. Et approcher la maison,qui n’accepte en général que les demandesprovenant d’architectes et ne répond quetrès exceptionnellement aux commandesdirectes. Qu’il s’agisse de construire desescaliers dans une villa à Saint-Moritz, destables de conférence high-tech au Palaisfédéral, d’un bar à vins au sein du restau-rant Ornellaia à Zurich ou des nouvellesvitrines du Musée archéologique canto-nal de Neuchâtel, tout est imaginé, fabri-qué et vissé au Sägeweg 11 (chemin de laScie, en français, cela ne s’invente pas!),à Gümlingen: souvent, les meubles sont

entièrement montés sur place. Ensuite, onles démonte et l’on achemine chaque piècepar camion, bateau, voire en hélicoptère, àdestination.

Le travail est millimétré. «Dans la me-sure du possible, les menuisiers se rendentpersonnellement sur le chantier, surtoutlorsqu’il s’agit de vieux bâtiments. Celaépargne les mauvaises surprises, inévitablesquand on travaille uniquement sur plan»,explique Jan Röthlisberger. Il nous fait visi-ter les 3800 m2 de l’entreprise, qui sententbon le bois et où l’on joue un peu partout durabot et de la polisseuse.

Et chacun y met toute son âme. «Lorsquenous engageons quelqu’un, cela doit êtreune personne qui aime très, très profondé-ment son métier. Et qui s’adapte à l’équipe.»Car la société reste une entreprise familiale.«Les pauses prises en commun sont doncobligatoires», rigole Jan Röthlisberger. Lacohésion de ses troupes lui tient à cœur.La tradition aussi. La preuve par l’une desnouveautés de la collection de meubles,baptisée Stabellö: cette relecture contempo-raine d’une chaise paysanne alpine (675 fr.)a reçu l’an passé le prix suisse du design. Lacréatrice japonaise Tomoko Azumi a utiliséune pièce en acier pour relier le dossier àl’assise. «Un Suisse n’aurait pas eu le reculnécessaire pour avoir cette idée», souligneJan Röthlisberger. Après tout, pourquoipas? Chez Röthlisberger, on n’a pas peurd’innover. Mais en ouverture du très chiccatalogue de la maison, figure toujours lafameuse pile de tiroirs.

UN MEUBLE NE PEUT SE CONTENTER D’ÊTRE BEAU. LA MENUISERIE BERNOISE RÖTHLISBERGERREPENSE LES CLASSIQUES ET NE CRAINT PAS LES COMPLEXES AMÉNAGEMENTS INTÉRIEURS.

JanRöthlisbergerA 35 ans, JanRöthlisberger estl’aîné de la quatrièmegénération. En 2017,avec ses deux frères, il asuccédé à leur pèrePeter aux commandesde l’entreprise. Cedernier demeureprésident du conseild’administration. Toutpetit déjà, Jan jouaitentre les établis. Il n’estcependant pas devenumenuisier, mais s’estformé à la planificationpublicitaire et au designindustriel à l’école decommerce. Il s’occupedu marketing et desventes. Sa piècepréférée est l’une desrares lampes signéesRöthlisberger, la Block 2,de Henry Pilcher.

TEXTE PAULINA SZCZESNIAK

L’élégancedu bois

HABILETÉ Le fame«Schubladenstape(pile de tiroirs) de Uet Susi Berger, estplaqué de palissan matière brute, chezRöthlisberger, pèsetrès vite quelquescentaines de kilos. Travail dmenuiserie 2019:choix soigné, high-(coupe), savoir-fairmanuel (ponçage).

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TREND

ChangementdedécorTout a commencé par un nouveau sofa qui ne passait pas

dans la cage d’escalier... En plein déménagement vers sonnouvel appartement, l’Américain Jay Renodoit revendre, en

pestant, un meuble qu’il n’a même pas eu le loisir de déballer. Dela mésaventure naît une idée et une entreprise: la société Feather(pour se sentir léger comme une plume) propose depuis 2017 toutunchoixdemobilier à louer. Attention: rien à voir avecdes vieilleriesde récupération, les pièces relèvent dudesigndequalité, parfois grif-fé d’un grand nom. L’esthète intéressé choisit une lampe (à moinsde 10 dollars par mois) ou un package pour chambre (quelquesdizaines de dollars) et rend le tout quand il change d’humeur. Leslogan est clair: «Posséder moins, vivre davantage.» Bon, pour lemoment, il vaut mieux vivre à New York ou San Francisco pourbénéficier de ce service, mais des initiatives un peu analogues sedéveloppent unpeupartout, surtout dans les grandes villes, surtoutdans lemonde anglophone. La clientèle de choix réside évidemmentdans la populationdes expatriés, ces nomades des tempsmodernes,qui entendent de plus en plus – surtout les femmes semble-t-il –arpenter le globe en tout confort et sans se lester de containers nide garde-meubles à domicile. A Londres, la journaliste et curatrice

TEXTE KATHLEEN BROSY

d’art Henrietta Thompson et son mari Edward Padmore ont lancél’année dernière la plate-forme très exclusive Harth (qui se pro-nonce comme hearth, le foyer), qui permet de louer des meublescontemporains d’exception tout comme des antiquités ou desscuptures – souvent onéreux à l’achat. «Une manière d’amenerl’économie circulaire dans les intérieurs», précise l’entrepreneuse.C’est que l’idée de la durabilité fait son chemin dans tous les sec-teurs, essentiellement auprès des jeunes générations. Le principed’échange commence à fonctionner pour les poussettes de bébécomme pour lesmaisons de vacances ou les voitures, pourquoi paspour lesmeubles,même (surtout?) lesmeubles haut de gamme?EnSuisse, le phénomène est encore timide, avec un accent mis sur ledépannage plutôt que sur la décoration de prestige. Mais une mai-son commeMyoTaku à Lausanne prend le bon virage. Et Ikea testeces temps une offre de leasing pour bureaux. Si l’expérience s’avèrefructueuse, elle sera étendue au mobilier non professionnel. Labonnenouvelle? Les services de déménagement,montage etmêmemise en scène dans l’appartement sont souvent inclus. Et pendantce temps, vous avez tout loisir d’aller proposer vos vêtements del’an dernier dans une boutique de secondemain.

LHarionse ristis ex estincipsa cust, cor alitior

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Ambiance décalée à louersur la plate-forme anglaiseHarth: lorsque la têtesculptée ne reviendraplus à ses hôtes, ceux-cipourront la rendre.

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SÉLECTION RENATA LIBAL

SurunplateauDES PIEDS SOLIDES SOUTIENNENT UN PLATEAU FIN, PRESQUE

AÉRIEN. LES TABLES INVENTENT UN NOUVEL ÉQUILIBRE.

mpée sur ses pattes, commeci la table Bull, en bois deFukasawa pour B&B Italia.

Les pieds en diagonale de la table Ordinal, en bois plaqué, optimisent l’espace.Collection I Contemporanei, Michael Anastassiades pour Cassina.

Le soc

pour cette ta

Des angles et lignes fluides pour cette table ultramince nommée Belgravia,en chêne graphite et eucalyptus, Rodolfo Dordoni pour Molteni&C.

s

La traverse en aluet illumine le dessousdu marbre. Christophe

uminium réfléchit la lumièredu plateau, allégeant l’effete Delcourt pour Minotti..

lyingBridge en bois d érable, est constituée de troispanneaux, avec un centre légèrement épaissi.Mario Bellini pour Bottega Ghianda..

cle sculptural reproduit un eff

able ronde en bois nommée Kensington,

Jean-Marie Massaud pour Poliform.

Inspirée du pont d’un bateau, la table FBridge en bois d’érable est constituée

Solidement caun taureau, voicchêne, Naoto F

uit un effet de fonte,

Un jeu de matières tout en puissance pour ce socle

en bronze et bois de la table Gerardo, collection

Indigo Tales, Romeo Sozzi pour Promemoria.

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RENCONTRE

TEXTE RENATA LIBAL

L’ANTRE MAROCAIN QUE LE PARFUMEURSERGE LUTENS PEAUFINE COMPULSIVEMENT

DEPUIS TRENTE-CINQ ANS S’ENTROUVRE AU PUBLIC.VISITE D’UNE PERFECTION ARCHITECTURALE.

COULOIRSDE L’ÂME

Le parfumeur SergeLutens, dans la maisonde Marrakech, une miseen architecture de sa vieet de ses obsessions.

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ATRICKNAGEL

A vec son costume noir et sa canne élé-gante, Serge Lutens apparaît commeen sa légende, se détachant d’un pand’ombre et de silence pour se laisserinonderde la lumièredecepatiooùmur-mureune fontaineetbruissentquelquespalmiers. Il s’assure que ses invités sontservis de thé, prend leurs mains dansles siennes, demande les signes astrolo-giques – un rituel de courtoisie qui sug-

gère qu’il ne va plus jamais vous oublier. Et de fait, le célèbre parfumeur,retranché à Marrakech, n’est pas homme à oublier beaucoup. Sa vie,comme son incroyable maison, est bâtie de strates émotionnelles quis’accumulent sans jamais effacer la précédente. Sa maison, son œuvre,son univers clos… Existe-t-il un vocable assez puissant pour désigner cepâté demaisons, au cœur de lamédina, ces 3000m2 oùplus de 50 piècesméticuleusementdécorées s’enchevêtrentaugréd’undédaledecouloirsétroits?Duriad, lademeuregarde l’épaisseurdumur(140centimètres…)et le repli sur soi, autour d’un jardin, comme un cheminement intime.Du palais, il y a l’ambition du projet, l’hallucinante minutie décorative,l’absoluerichessedesmatériaux.Telplafonddecaged’escalier, travailléenmoucarnasse – cette technique qui imbrique d’infimes stalactites ouvra-gées et peintes – a occupé deux artisans durant quatre ans. Partout, dubois de cèdre sculpté, desmarbres rares, d’aériennes calligraphies. SergeLutens, 77 ans en ce printemps de bougainvillées enfleur, est un hommeà l’exigence infinie. On le perçoit à ses parfums sibyllins (L’Haleine desdieux,Tubéreusecriminelle,L’Innommable…),quimettent sesblessuresensenteurs.Lechantier toujoursrecommencédelamaisondesonâmeen

est une démonstration encore plus flagrante. Depuis trente-cinq ans,il orchestre là lemeilleurdu savoir-fairemarocainenune sorted’apo-théose de virtuosité. Au plus intense de l’activité, il y a eu jusqu’à 400ouvriers sur le site. Aujourd’hui, douzeemployés veillent à l’entretienet une vingtained’artisansfinalisent –oumodifient – enpermanencele chef-d’œuvre. Serge Lutens n’y a jamais vécu.Ni personne d’autre.Le parfumeur y travaille, créant les senteurs à son nom dans un ate-lier donnat sur le patio. Puis il repart chaque soir. C’est tout juste si,parfois, quelques privilégiés sont invités à s’émerveiller devant lespeintures orientalistes (dont huit tableaux de Jacques Majorelle) oules bijoux et objets d’art berbères. La lourde porte s’entrouvre pour-tant, ces temps: une fondation a été créée pour assurer l’avenir decetteconstructionuniqueetunpartenariat établi avec lepalaceRoyalMansourproposeunevisiteàseshôtes.Bienvenuedansun labyrinthemystique, auxmurs patinés commedu vieux cuir, bienvenuedans lesrêves et les cauchemars de Serge Lutens.

Ce lieu échappe au temps, au bruit du monde, à la raison...Cela s’est fait presque malgré moi. Personne ne pourrait jamaisavoir envie de concevoir un tel projet… Au départ, je pensais sim-plement me construire un pied-à-terre. Puis l’expansion a pris placedansma tête.

Racontez!En 1968, je viens de signer un contrat avec Dior pour créer sonmaquillage et son image. Après des années de disette, j’ai un peud’argent – celui du contrat – et un peu de temps. Je descends de Parisvers le Sud et j’ai envie de tout dépenser. On est en février, j’arrive à

Chaque motif sur le mur,chaque détail d’architecturea été dessiné par SergeLutens. Et la maison sentbon le cèdre qui la tapisse.

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Marseille, la nuit tombe, jemange et bois du vin tout seul ( j’enbuvaisbeaucoup, à l’époque, je n’en bois hélas plus du tout). Quand je sors,un peu éméché, je rencontre un homme appuyé au bastingage d’unbateau de croisière. J’embarque avec lui pour leMaroc. Il y fait froid,il pleut des cordes, le ciel est triste. Je pousse jusqu’àMarrakech. Là,le miracle a lieu: un miracle de lumière, d’eau, d’air – il est presqueun éther ici, tellement il est pur. C’est le choc. Rien de tel n’existeailleurs. J’ai envie de rester.

Vous êtes tout de même rentré à Paris...Oui, je commence à travailler – j’ai dépensé tout mon argent – maisune nouvelle culture s’ouvre à moi, de couleurs et de sensations. Etsurtout, jeprendsgoût auparfum.C’est lorsdecepremier séjourquejedécouvre lesboîtes anciennesqui contiennentdesodeurs, le cèdre,la cire dont les femmes se parfument les cheveux, les pâtisseries…J’accumuleces trésors, sansavoirencore l’idéed’en fairedesparfums.

Et cette maison?Je refais des voyages et je cherche à acheter. En 1974, je vais trèsmal,je suis en dépression, sans but… Pour m’empêcher de sombrer, jevisite des palais en ruines. Tout me semble trop compliqué. Un jourun vieil hommeme prend par le bras: «Viens,me dit-il, je sais ce quetu cherches.» Il ouvre une porte sur une maison effondrée et c’estle coup de foudre. Tout en moi se relâche. J’achète sur-le-champ…Aujourd’hui, ceque j’entreprends faitmilliardaire,maisà l’époque, j’aipayéunebouchéedepain. Iln’yavaitpasd’Européensdans lamédina,à part quelques excentriques dont je faisais déjà partie.

Cette maison est au cœur du complexe d’aujourd’hui?Oui, c’est l’espace aménagéenmadrasa, l’école coranique.Autant j’ailâché mon imaginaire dans les autres parties de la demeure, où j’ai

dessiné chaque détail de mon univers à partir des savoir-faire d’ici,autant je n’ai rienmixé dans cet espace religieux. L’appartement, lui,estd’inspirationcoloniale, axésur lavisionduMarocdesannées 1930.

Et finalement, les travaux s’éternisent…Je pense en avoir pour un an, que je vais pouvoir m’y installer. Jeprends goût à travailler avec les artisans. J’apprends beaucoup aveceux, avec lesdocuments.L’échangeest extraordinaire. Il fautdirequeles codes de cet art mystique étaient en train de partir, faute d’êtreutilisésdans l’architectureet ladécorationcontemporaines.LeMarocétait pauvre et personne n’avait les moyens de cette munificence.Mais les choses finissent par prendre une direction que je n’auraisjamais imaginée: je veux y mettre tout ce que j’aime du Maroc et lamaisonprend le pouvoir, finit parme chasser, à force de travaux tou-jours nouveaux qui s’imposent. Elle devient autre chose.

Quoi donc? Un temple au savoir-faire local?Non, non, Je n’ai pas cet esprit! Je ne suis ni scientifique ni archéo-logue. Il s’agit du Maroc, mais surtout de ma propre vie. C’est monhistoirepersonnellequim’a tiré vers cetteœuvre. Jen’ai pas été actif,j’ai été activé. Comme en amour – on n’a pas le choix. Cette maisonestma vie, ma façon de voir les choses.

Une manière belle et sombre…Mavie a été très compliquée. Je suis né en 1942, à Lille, c’est la guerreet je ne suis pas le fils de l’épouxdemamère. La loi dePétain interditl’adultère. Ma mère a peur – sa faute est passible de prison – et meplace. Durant trois ans, pour me protéger, je n’ai ni mère ni nom.SergeLutensn’apasdenom.Jen’existepas,point.Mamèreporteunerobenoire, dedivorcéeen fait, pourmonbaptêmeet cette robegardeune influence énorme sur ma vie, me donnant le goût du noir. Celam’a imprimé. Toute ma vie je serai persécuté par l’histoire de cettefemmedont je n’ai jamais saisi l’essence – la femmedema vie.Notrecomplicité a été terrible jusqu’à samort, à unmois de ses 100 ans.

Alors, vous vous échinez à bâtir une perfection.J’ai été le principe de la faute – vue comme telle par la société – ettoute ma vie je vais tenter de la réparer. Le garçon qui est devantvous a toujours 16 ans: cravate, costume noir et irrésistible quête dubeau et de la maîtrise. Le fautif qui veut absolument qu’on l’aime etqui n’y arrive pas.

Quand vous entrez dans votre maison, que ressentez-vous?Je ne vois que les défauts. C’est le problème. J’entre ici pour venirchercher lapetitebête.Onabeaumedire«c’est superbe, c’estbien»…ce ne l’est pas assez pourmoi. C’estmamaladie.

Où habitez-vous?Je loge dans une chambre avec jardin à la Palmeraie, où j’ai acheté unterrain à une époque où ce lieu de plaisance près de la ville n’était pasencoreenvogue. Je fais en sortedenepas commencerdedécoration,car je sais que je ne pourrai pas arrêter. Les murs sont bordeauxfoncé, très sombres, avec peu de lumière.

Vous décririez-vous comme un collectionneur?Pas du tout. Je suismûpar une finalité: assembler, terminer, passer àautre chose – ça oui! J’ai eu la chance de trouver des tableaux orien-talistes dans les années 1970 – ce serait impossible aujourd’hui. Jen’ai plus du tout cette pulsion d’achat, car lesmurs sont pleins. C’estcommel’appétit: quandona faim, l’odeurde lacuisineest irrésistible.Mais quand est rassasié, cesmêmes effluves deviennent écœurants.

Ne me dites pas que vous n’achetez plus rien…Je développe, à côté d’ici, un autre complexe de trois maisons. Ceprojet n’est pas encore très clair dans ma tête, mais mon cœur estdéjà passé de l’autre côté dumur: je vois unemaison bijou, commesortie d’un coffret, qui résumemes expériences enparfumerie, avecdes notes, des carnets, des dessins. Un lieu d’exploration olfactive.

Votre dernière Eau d’Armoise est addictive et évanescente…Elle est très peu concentrée, car l’armoise – une herbacée que j’aidécouverte ici enmontagne – serait insupportable, en parfum. Ellem’est arrivée comme ça, dans un coinmagnifique où il n’y a jamaispersonne. Beaucoup de choses m’arrivent par coup de cœur.

Eaux de Politesse… Une valeur peu à la mode, non?Les Eaux de la collection Politesse, c’est disparaître et apparaîtreaussi. C’est l’éclipse.Moi j’aime la courtoisie, les choses bien faites…J’aime l’idée de décider d’être beaupour les autres.Unepersonnali-té forte et individuelle: tout le contraire de la joliesse stéréotypée.

Monhistoire sinscritdans cesmurs.Maisla maison a pris lepouvoir etma chassé

RENCONTRE

EN VISITE-Plafond minutieusementmarqueté.-La bibliothèque est chargéede livres précieux etanciens: album del’exposition colonialede 1931, histoire de labijouterie du XIXe siècled’Henri Vever, etc..-Serge Lutens au travaildans son atelier.

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PETITS, MOELLEUX ET ENVELOPPANTS,LES NOUVEAUX SOFAS FONT LA PART BELLEÀ L’INTIME. EN COUPLE OU AVEC QUI ON VEUT.PHOTOS LIONEL DERIAZ STYLISME SIMON PYLYSER

CONFIDENCES

DESIGN

SURCANAPÉ

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Canapé Eda-Mame, mousse de polyuréthanerevêtue d’un tissu élastique, Piero Lissonipour B&B Italia. Lampadaire Camana, métal,câble intégré, Jörg Boner pour Atelier Pfister.Robe en soie et gants en voile, Akris.Escarpins en daim, Lutz Huelle.

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DESIGN

Canapé Womb Settee, tissu, acier, métal chromé,Eero Saarinen pour Knoll. Canapé Surpierre, moussesynthétique, bois de chêne, Frédéric Dedelley pourAtelier Pfister. Coussin Turbenthal, garnissage enplume, Alfredo Häberli pour Atelier Pfister.Top et pantalon court en satin doublé, serre-têteen satin, Prada. Bracelets Maria et Ajoncs recouvertsd’or 18 cts, Aurélie Bidermann. Escarpins en cuiret jacquard de soie métallisé, Rochas.

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Canapé Collection Albert & Ile, Minotti historique, veloursde laine mohair, Minotti. Tasses Origin, double paroi deporcelaine, India Mahdavi pour Nespresso. TabouretSteg, plaqué bois de noyer américain, Stauffacher Benzpour Atelier Pfister.Manteau oversize en jacquard de soie métallisé, Rochas.Robe en crêpe de satin et escarpins en cuir à lanièrescloutées, Elie Saab.

Assistant photo Kendra Mantini Coiffure/Maquillage EmmanuelFlorias Mannequin Flora Musy Production & Sélection canapésLucie Voisard Direction artistique Géraldine Dura

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MÉKONGAUFILDUNERIEN FAIRE

TEXTE RENATA LIBAL

Unique en son genre, leGypsy parcourt le fleuveen grand style et au ralenti.

Un mobilier design inspiréde l’artisanant local.

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ralentit encore, tandis que les passagers redécouvrentl’idée même d’oisiveté. Le paysage vallonné défile encamaïeuxvégétaux, des joursdurant, sans tracehumainevisible sur la rive, et le balancement des feuilles de ba-naniers produit un effet presque hypnotique. Chaqueinstant se vit au gré des frissons de l’air, des infiniesvariations de lumière qui rendent cinématographiquele moindre rocher dans la rivière. Tel matin de brume,impossible de naviguer, la forêt apparaît en strates suc-cessives, sortant progressivement du rêve cotonneux,au fur et à mesure que le voile se lève. Cette émotion nes’oublie pas. Puis la vie s’ébroue et reprend son cours,comme un film qui continue après que l’on a pressé sur«pause». Les hors-bord de fortune s’élancent à nouveauau ras de l’eau, avec leur vrombissementde libellule sousecstasy et leurs conducteurs en casques de moto. Lesbarges chargées dépassent la croisière de plaisance, quiavance, souveraine, surce largerubancouleurcappuccinoqui est l’un des plus grands fleuves d’Asie.

Reste que la réalité qui se découvre au fil de l’eaubrouille unpeu la romance. La régionest l’unedesmoinspeuplées et des plus pauvres dumonde; 75% de la popu-lation vit avec moins de 2 dollars par jour. Le tourismereprésente d’ailleurs l’une de ses principales ressources.L’accès en bateau permet de se confronter à des condi-tions que le voyageur a rarement l’occasiondepercevoir,commecevillagede laminoritéHmongde120habitants,aux huttes en bois, à même la terre battue. On frissonneà imaginer l’ambiance en période de mousson, quand lapente boueuse entraîne les fragiles constructions – avecleurs petits greniers à riz sur pilotis – en direction dufleuve. Pas d’électricité, un seul point d’eau alimenté parunesource.Aucuneroutenerelie levillageauxbourgadesvoisines et l’école locale – 26 enfants s’ébattent entrecochonnets et poulets – affiche fermé depuis trois ans,fautedetrouverunenseignantprêtàs’installer là.Neresteguère qu’à cultiver lesmaigres lopins disputés à la jungle.Enamont, sur l’autre rive, levillageBo, àpeineplusgrandmaisdotéd’unerouteetdeconstructionsenbriques, s’ensortmieux, avecdesmétiersà tisserdanschaquemaison.Les femmes vendent leurs étoles en soie et coton à prixfixe: 6 dollars, pas de discussion. Elles ont bien intégrél’économie globalisée… Au final, la croisière quitte lescollines moussues de la jungle pour rejoindre les vastesplainescultivéesdeThaïlande.Etvoilà lepontmonumen-tal quimarque la frontière et l’arrivéeenpaysprospèreetcoquet. Le contraste n’en est que plus poignant.

Au plus près d’un fleuve qui fait peurLe bateau plat, à fleur d’eau, permet – impose? – unevision rapprochée de ce Mékong mythique, fleuve nour-ricier et sacré qui alimente six pays. La survie de plus de60 millions de personnes en dépend directement, qu’ils’agisse de pêche, d’eau ou d’énergie. Les gens du cruen font leur salle de bains, tous les autres peuvent sepermettre de plisser le nez en pensant aux pesticides etautres déchets d’usine qu’il a forcément absorbés, aprèsque la source jaillie dans l’Himalaya, au Tibet, a pris sesaises en Chine. En cette mi-février, les eaux s’avèrentexceptionnellement basses et les villageois lorgnentvers l’amont, se demandant quand les grands barrageschinois voudront bien ouvrir les vannes et irriguer leurscultures. En attendant, les flots majestueux charrientsandales et bidons, tout juste si l’onne voit pas passer lesarmoires frigorifiques (elles doivent s’être échouées aufond). Le soir venu, lorsque leGypsy accoste sur l’une deces improbables plages de sable clair que la saison sècherévèle, que l’apéritif est servi devant le feu de camp, unetristesse poignante étreint le voyageur: que dire de cesarbres enguirlandés de lambeaux de plastique, commedes épouvantails témoins de la catastrophe enmarche?

Ce trajet à bord du merveilleux Gypsy relève avanttout du voyage immobile, où l’étranger voit défiler la viefluvialeenspectateur, tourà touréblouiethorrifié, recon-naissant et impuissant. Là, on s’informe sur les ONGactivessurplace,pouressayerdesoutenir l’école.Ailleurs,à Pakbeng, on s’émeut de pouvoir mener au bain unefière éléphante de 19 ans,Mae Bunma (nom qui signifiechance), recueillie après mauvais traitements, dans le sijoli sanctuairepouréléphants.Ailleursencore,on s’inter-roge sur la manière dont les villages éloignés profitentde lamanne du tourisme. Et au dîner, on remercie aveceffusion le cuisinier du bateau, pour sa fabuleuse saladede fruits aux piments et ses noix de Saint-Jacques poê-lées. Les passagers débarquent au dernier jour le cœurchaloupé d’émotions contradictoires. C’est sans douteà cela que tient la valeur d’un voyage: à lamanière dontil imprègne ceux qui l’ont vécu d’une vision nouvelle.Quitte à ce qu’elle soit caléidoscopique.

L angueurdélicieuse...Voilàun lit de jour (tout unconcept!) en rotin, recou-vert de tissage artisanal,sur lepontd’unbateauduMékong. Un tel meubleincarne le luxe du tempsqui s’écoule, comme dusable entre les doigts. Lasoussignée s’est laissébercer sur ce day bed avecravissement, les yeuxper-

dusdanslevert insolentdela jungleoualorsdanslespagesd’un polar de Colin Cotterill (excellente manière, pleined’humour, de plonger dans le quotidien laotien). C’étaiten février, et leGypsy en était à ses tout premiersmois defonctionnement.LeGypsy?Prenezunelonguebargetradi-tionnelled’Asie,decellesquiserventàtouslestransports–gens,poulets,marchandises–etconfiez-laàunarchitecte(Pascal Trahan, basé à Phuket) et une designer de renom(JiraparnnTokeere et son agenceTouchable, à Bangkok):voilà donc 41 mètres de confort et de bon goût parfaits.La compagnie de navigationMekong Kingdoms enrichitainsi sa flotte déjà élégante d’un joyau unique, destiné àrelier l’ancienne cité royale, Luang Prabang, au Triangled’or, cette terre en frontières de trois pays (Birmanie,Laos et Thaïlande), jadis haut lieu du trafic mondiald’opium. Un voyage au ralenti de trois ou quatre jours,selon que l’on remonte ou descende le courant. A bord,deux vastes chambres à coucher lambrissées invitent àunrythmehorizontal, tout commele loungeavecvuesurla canopée (c’est là qu’est sis le fameux lit de jour) ou ledeckà l’avant,pour regarder le futur,nezauvent.Chaquedétail est soigné, de la couverture à motifs traditionnelsaux luminaires en paille tressée, aux orchidées qui sebalancentmollement le long du bastingage.

Le temps au ralentiEnembarquantsurleGypsy, levoyageurchangedemonde.A Luang Prabang déjà, avant le départ, c’est comme si lecours dumonde avait subitement freiné. Depuis son ins-cription au patrimoine mondial de l’Unesco, il y a vingt-cinq ans, l’ambiance a étonnamment peu changé. Certes,les terrasses en bord de fleuve sont densément peupléesde jeunes touristes enpantalonsbatik, les anciennesmai-sons de bois sont devenues des hôtels de charme, maisl’irréelle quiétude aux abords des temples reste intacte.Aux aurores, quand les moines traversent la ville pourcollecter leur repas en offrande, les touristes se pressentpour leur tendre du riz. Le flash des appareils photo neparvient jamais à troubler les visages des hommes enrobe safran. La légende veut que Bouddha ait souri en sereposant à cet endroit.On a envie de croire qu’il souriraitencore s’il voyait les bas-reliefs dorés des temples, le paslentetdéhanchédeshabitantsdulieu, lesmarchésàmêmele sol qui vendent une profusion de minuscules légumesmulticolores et d’herbes aromatiques (et quelques ratsde bambou frais écorchés…). A bord duGypsy, le rythme

A Luang PrabangRestaurant Le Manda de Laos inviteles dîneurs à s’attabler sur des pon-tons, parmi les nénuphars des troisétangs classés par l’Unesco. La cuisinelocale est simplement renversante ettrès subtilement présentée.Unit 1 Ban That Luang, 10 NorrassanRoad, www.mandadelaos.com.Hôtel La ville fourmille d’hôtelsde charme, beaucoup sis dans cesdemeures coloniales, en bois, quicaractérisent l’architecture du lieu.My Lao Home, www.mylaohome, estun établissement dispersé dans laville, au gré des rénovations, à tarifsdoux. Plus raffinée, avec une jolie pis-cine, la Maison Souvannaphoum estune ancienne résidence princière.Rue Chao Fa Ngum, Banthatluang, dès135 fr. la chambre, www.angsana.com.

Sur le fleuve- Le Gypsy appartient à la flotte deMekong Kingdoms. Demander impéra-tivement l’accompagnement d’un gui-de à l’aise en anglais, qui puisse expli-quer clairement les enjeux socio-économiques et environnementauxde la région. La croisière est encore encours de rodage et les prestations nesont pas forcément à la hauteur despromesses du site.www.mekongkingdoms.com. Voyageprivatif exclusivement, pour 4 person-nes, dès 4800 dollars ttc.- Le Mekong Elephant Park, à Pak-beng, permet de se sensibiliser à laproblématique des éléphants en capti-vité maltraités au Laos, en rencontrantses quatre protégés.www.mekongelephantpark.com

Au triangle d’OrLe Gypsy arrive sur le pas de porte del’hôtel Anantara Golden Triangle (quiappartient aussi au groupe hôtelierMinor). L’établissement de grand luxeest lié à un sanctuaire pour éléphantsen captivité et participe activementà la réflexion sur leur avenir.www.anantara.com/en/golden-trian-gle-chiang-rai, dès 1334 fr. la chambre,«expérience» avec les éléphants incluse.

Quelques étapes

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DEPUIS PEU,UN SOMPTUEUXVAISSEAU DE TECKET DE CHAUMERELIE, EN GRANDSTYLE, LE LAOSET LA THAÏLANDE.UNE EXPÉRIENCEDE LANGUEUR…AVEC QUELQUESBRUSQUES RÉVEILS

VOYAGE

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N201910PONTS

ENTRE DEUXMONDES

LOYSE PAHUD ET PAULINA SZCZESNIAK

CES CONSTRUCTIONSAÉRIENNES PERMETTENTDE CHANGER D’UNIVERSEN UN RIEN DE TEMPS.

7845 mètres de pontsur le détroit de l’Øresundréunissent l’Europe continentaleà la péninsule scandinave.

ÉVASION

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4FondateurAmérique du Nord-Eurasie (Islande)

La construction On ne peut pas dire que le Pont aumilieu des continents (Brúmilli heimsálfa en islandais)soit beau. Depuis 2002, cette passerelle de fer enjambede ses 15 mètres la faille des Fées sur la péninsule deReykjanes soit, en langage plus scientifique, la dorsalemédio-atlantique entre les plaques tectoniques d’Eura-sie et d’Amérique du Nord. Ce trait d’union intercon-tinental est encore appelé Leif the Lucky’s Bridge, enhommage à Leif Erikson, Islandais aventureux, quidécouvrit l’Amérique du Nord au début du XIe siècle.D’un bord à l’autre On ne peut pas dire – non plus –que le fossé surplombé donne le vertige. Quoique. Dansce lit de sable basaltique, chaque jour depuis sa nais-sance il y a vingt millions d’années, l’Islande grandit.Malgré l’austérité lunaire des roches, la terre vit: entreles deux bords du pont, l’écartement croît de 2,5 cmpar an. Le noir canyon originel et son système defissures perpendiculaires traversent toute l’île. Maisc’est ici, à 60 kilomètres au sud-ouest de Reykjavik, quel’on peut le chevaucher. Une visite aussi fondamentalemérite bien un certificat: à Reykjanesbær, le Centred’informations le délivre. (L.P.)

6StratégiquePéninsule deCrimée-Russie

La construction Il ne manque pas d'ambition, le pontde Poutine! Unissant la péninsule de Kerch en Crimée àl’ouest, à celle de Taman, dans le kraï de Krasnodar enRussie à l’est, ses 18 km inaugurés en mai 2018 en fontle plus long de Russie et d’Europe. Sa réalisation àtravers le détroit de Kerch, entre mer Noire et merd’Azov, est russe: deux ans de travaux, jour et nuit, avec20 navires et 5000 ouvriers... Les coûts? 3 milliardsd’euros pour une structure posée sur 595 piliers sou-tenus par 7000 pieux, permettant l’envol d’une auto-route à 4 pistes et de deux voies ferroviaires. (Celles-ciseront achevées fin 2019, mais ont dû être déviées à lasuite de la découverte d’un site antique hellénique.)D’un bord à l’autre Relier la Crimée à la Russie, c’estmatérialiser l’annexion, en mars 2014, de la péninsuleukrainienne par la Russie. L’Ukraine avait alors bloquétoutes les voies de transport vers la Crimée. Mainte-nant, les arches du pont interdisent le passage desnavires de plus de 33 mètres de haut, empêchant unepartie du trafic maritime ukrainien entre les régions dupays à l’est de la Crimée et celles de l’ouest. Un coupd’œil à une carte, et on voit à qui profite le pont. (L.P.)

1RoyalCopenhague-Malmö(Danemark-Suède)

La construction Le pont de l’Øresund est né enl’an 2000, après une gestation de 40 mois. Avec ses1092 mètres suspendus par haubans (sur les 7845totaux), il détient un record mondial. Il achemine autoset chemins de fer, mais ni piétons ni vélos.D’un bord à l’autre Avec ses deux rampes de plus de3 km chacune, un tunnel et une île artificielle, le pontrelie la capitale danoise à la suédoise Malmö, et parconséquent l’Europe continentale à la péninsule scandi-nave. Un rapprochement royalement scellé, puisqu’àpeine le dernier segment posé par la grue flottante, le14 août 1999, Victoria de Suède et Frederik duDanemark s’échangeaient un bec princier sous leshaubans. Même le nom de l’édifice clame la bonneentente: le danois Øresundbroen et le suédoisÖresundsbron ont accouché de l’hybride Øresundbron(Øresund ou Öresund étant le nom du détroit). La sériepolicière suédo-danoise Le Pont complète le tableauavec notre bel Øresundbron en majesté. Sauf que dansle premier épisode, un affreux cadavre apparaît, étenduau milieu de l’autoroute suspendue. Brrr. (P.S.)

3OptimisteMozambique-Tanzanie

La construction Baptisée Pont de l’Unité (Daraja laUmoja en swahili), cette rampe de 720 mètres de longet de 13,8 de large jetée sur la rivière Ruvuma entreNegomano (Mozambique) et Mtambaswala (Tanzanie)sera longtemps resté à l’état de projet: les deux pays enparlaient déjà en 1975, sitôt après l’indépendance duMozambique et alors que Nyerere menait sa politique decollectivisation de la Tanzanie à la chinoise. Maisensuite, conflits et pauvreté croissante n’en ont guèrefait une priorité. Les travaux réalisés par un consortiumchinois commencent en 2005 et s’achèvent en 2010.D’un bord à l’autre Derrière le pont sur un fleuve qui sefranchit sinon en ferry, il y a l’envie des deux pays dedévelopper la région, et d’ouvrir un nouveau corridorentre l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Pour amélio-rer la route qui mène au pont (peu engageante et doncpeu fréquentée), le Mozambique, en 2017, a souscrit ungros emprunt au Fonds africain de développement. Lesécologistes qui craignent une atteinte à la réserveNiassa juste à l’ouest du pont ne sont pas emballés. Onne sait ce que pensent les éléphants. (L.P.)

2ConquérantHongkong-Zhuhai-Macao (Chine)

La construction Inauguré par Xi Jinping le 23 octobre2018, il est LE plus grand pont maritime du monde:55 km de long comprenant un tunnel sous-marin (pourlaisser passer les bateaux en surface) et 4 nouvelles îles.La réalisation de l’édifice apte à résister contre les trem-blements de terre et les typhons durant 120 ans a causéla mort de 10 personnes et en blessé plus de 600. Lechantier a 17 milliards de dollars a duré près de neuf ans.Sa belle courbure a été dictée par les courants marins.D’un bord à l’autre La Chine étire ce ruban pour mieuxintégrer Hongkong, ancienne colonie britannique, etMacao, ancienne colonie portugaise, devenues Régionsadministratives spéciales depuis leur rétrocessionà la Chine. Voici donc Zhuhai, province de Guangdong,l’une des premières zones économiques spéciales desannées 1980 et destination touristique très courue,à une demi-heure de Hongkong. Macao, la «Las Vegasasiatique», s’est aussi rapprochée. La Chine com-muniste de Xi Jinping bétonne ainsi sa présence dansle delta de la rivière des Perles, contrôlant de toujoursplus près l’autonomie de Hongkong. (L.P.)

5Européen(Roumanie-Bulgarie)

La construction Il a été baptisé le Pont de la nouvelleEurope. Rien de plus normal quand on sait qu’il a étélargement financé par l’Union européenne (106 miosd’euros sur 282) et construit par une entreprise espa-gnole. Long de près de 2 km, ce pont routier et ferroviaireentre Calafat (Roumanie) et Vidin (Bulgarie), inauguré enjuin 2013, n’est que le deuxième entre les deux pays surles 650 kilomètres de Danube qu’ils se partagent. Neufans de discussions puis six de travaux, pour 4 voiesautos, une ferrée, des pistes cyclables et piétonnes...D’un bord à l’autre Ce point de passage, sur unDanube impérial de 1 km 300 m de large, est un maillonvital pour l’Union européenne sur un axe courant del’Europe du Nord et du Centre à la Grèce, via la Turquie. Ilouvre aussi la voie à de nouveaux débouchés pour lesentreprises des deux côtés du fleuve. Il devrait en outrevivifier les échanges entre la petite ville portuaire rou-maine de Calafat (20000 habitants) et la plus impor-tante Vidin (55000), carrefour historique de différentescultures et religions depuis l’époque romaine à traversle Moyen Age et l’empire ottoman. Un dépaysementde part et d’autre pour 6 euros de péage en auto. (L.P.)PH

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7PatchworkWashington-Oregon (USA)

La construction Sur le pont Astoria-Megler, on secroirait aumanège, sur les montagnes russes: plat eten béton aumilieu, tandis que près des berges, unestructure à poutres en treillis s’élève pour laisser passerles bateaux. La rivière Columbia qu’il franchit est icid’une largeur extrême de 6 km, car toute proche de sonembouchure dans le Pacifique. Amarée basse, soncentre se retrouve à sec... Rampes et raccords s’ajou-tent à l’ensemble, mais la partie la plus photogéniqueest bien le treillis d’acier vert menthe. Avec 751m, lepont construit entre 1962 et 1966 a longtemps été leplus long dumonde avant d’être, en 1991, dépassé parle japonais Ikitsuki.D’un bord à l’autre Depuis 1926, la US Highway 101court le long de la côte ouest, frôlant le Canada et des-cendant jusqu’à Los Angeles, mais il fallait prendre unbac sur la Columbia à la frontière entre les Etats deWashington – le très vert – et de l’Oregon – home ducastor. Si deux pistes autos et deux voies cyclablespermettent de franchir le fleuve, on n’y a accès à piedqu’un jour par an, lors duGreat Columbia Crossing. (P.S.)

9DansantMillennium(Londres)

La construction 5000 personnes peuvent s’y pres-ser en même temps. Mais l’impression est plus belle,beaucoup plus belle, quand on a le Millennium Bridgepour soi, à l’aube ou tard dans la nuit. La passerellepiétonne de 325mètres et ses ailerons d’acierdonnent le sentiment de danser sur la Tamise.D’un bord à l’autre Difficile de dire quelle vue est laplus saisissante: vers le Nord, vers la City et ce monded’hier où rayonne la coupole de la cathédrale Saint-Paul ou vers le Sud, le monde de demain avec en figurede proue le bâtiment en briques de la Tate Modern...Il n’y avait plus eu de nouveau pont dans le centre deLondres depuis un siècle quand a été inaugurée en juin2000 cette Lame de lumière signée Norman Foster.Deux jours plus tard, le pont était déjà fermé! En cause:des oscillations latérales imprévues, et inquiétantesen regard des 18,2 millions de livres qu’avait englou-ties le projet. Deux ans et 5 millions plus tard, leWobbly Bridge, comme il fut surnommé (le pontbranlant), équipé d’un nouveau système d’amor-tissement, était à nouveau praticable. (P.S.)

8AmbitieuxEl Qantara (Canalde Suez, Egypte)

La construction Une inclinaison de 3,3% aumaximum – accessibles aux petits moteurs - et70mètres de hauteur – pour laisser passer lesbateaux: devant un pareil défi, les ingénieurs du plusgrand pont d’Egypte n’ont pas eu d’autre choix qued’allonger l’édifice total, avec des avant-ponts, jusqu’à3,9 km... Le pont haubané (la portée principale) luiaussi a représenté un beau challenge: comme les deuxpylones devaient évoquer des obélisques, il fallaitqu’ils soient exceptionnellement hauts et fins.D’un bord à l’autre La presqu’île du Sinaï a étélongtempsmal reliée à l’Egypte. Les ferries qui obs-truaient le trafic fluvial avaient en outre de faiblescapacités. Puis, le Japon est intervenu et dans le cadred’un projet d’aide au développement a assumé le 60%des 230millions nécessaires. Le 9 octobre 2001,Hosni Moubarak pouvait inaugurer le Pont de l’amitiéégypto-japonaise surnommé aussi Pont Moubarak dela paix jusqu’à la chute de l’Egyptien en 2011. Depuis,on en est resté au Pont de la paix ou, plus simplementencore, au Pont du Canal de Suez. (P.S.)

Trait d’union des hauteurs, le pontsuspendu suisse séduit les randonneursaccros aux raccourcis et sensations fortes

10SéculaireBad Säckingen(D)-Stein (CH)

La construction 80 centimètres... C’est de cettemodeste longueur que ce pont couvert sur le Rhin de203,4 mètres dépasse celui, mondialement célèbre,de Lucerne. Elle fait de cette passerelle de bois leplus long pont couvert d’Europe. Mentionné pour lapremière fois en 1272, détruit à plusieurs reprisesau cours des siècles par les guerres ou les crues, il apris sa forme actuelle en 1699.D’un bord à l’autre D’un côté l’Allemagne, de l’autrela Suisse? Une géographie politique aussi claire n’a deloin pas toujours existé. En 1801, le pont a appartenubrièvement au Duché de Modène, et plus tard, au titred’ancienne possession habsbourgeoise, il a fait partiedu Grand-Duché de Baden. Aujourd’hui, il est propriétéde la ville allemande de Bad Säckingen, mais commele Rhin est une frontière naturelle internationale, unebande blanche traverse le pont en sonmilieu. En 2014,des travaux de restauration ont révélé que les grospiliers de pierre avaient été garnis d’explosifs parl’armée suisse. Une attaque et l’édifice en bois étaitpulvérisé... Dernière bizarrerie: jusqu’à 1978, les autosavaient le droit de rouler sur les vieilles poutres. (P.S.) PH

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Avec 494 mètres, la passerelle Charles Kuonen au-dessus deRanda, dans la vallée de Zermatt est la plus longue du monde.

Une passerelle pour courir d’un sommet à l’autreElles raccourcissent les dénive-lés, survolent les glaciers quis’effondrent sous l’effet du climat,enjambent les à-pics, rapprochentles sommets. Elles, ce sont lespasserelles suisses. Ces suspen-sions aériennes s’imprimenttoujours plus souvent dans nosrégions alpines. Le Valais estcélèbre pour sa liste impression-nante de constructions récentes(12 depuis 2010), et la dernière endate, inaugurée en juillet 2017,n’est rienmoins que la passerelle laplus longue dumonde (photo). Elleraccourcit de deux heures (500mde dénivelé) le chemin de randon-

née dit Sentier de l’Europe, entreGrächen et Zermatt, et porte le nomde son sponsor principal CharlesKuonen. Dominant la vallée de85mètres, ses 65 centimètres delarge, derrière des câbles d’acier etun treillis métalliquemais sur uncaillebottis transparent, offrent auxrandonneurs 494mètres demarchecéleste sur fond de Cervin. Plusqu’un raccourci, elle est très vitedevenue une attraction, un butd’excursion en soi.Swissrope, l’entreprise suissebasée à Frutigen qui a construitce chef d’œuvre – vertigineuxmais non oscillant, grâce à un

système d’amortissement desvibrations récemment breveté –,n’en est pas à son coup d’essai:depuis qu’elle s’est ouverte auxpasserelles, la spécialiste en télé-phériques en a construit 37, chaquefois plus longs; l’avant-dernier àSattel, dans le canton deSchwytz, lefameux RaiffeisenSkywalk, faisait375m, et le prochain, annoncé pourcette année, battra le record deRanda avec... 665mètres. Ce nesera pas en Suisse, mais en Alle-magne, dans la station de ski deWillingen, à côté de la piste desaut. Deux sensations fortes d’uncoup: un vrai raccourci! (L.P.)

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P orsche ne lèvera le voile sur le modèle Taycanqu’au mois de septembre. Pourtant, début marsdéjà, le constructeur de voitures de sport deZuffenhausen, dans la banlieue de Stuttgart, a puannoncer avec fierté que plus de 20000 clientsavaient manifesté leur intérêt. Entendez par là20000 personnes qui avaient accepté de payer

2500 euros juste pour figurer sur la liste, sans avoir vu le design finalde l’engin ni en connaître les performances officielles.

La nouvelle Taycan est la toute première voiture 100% électriquede la célèbre marque sportive, alors que la demande pour ces autos,qui ne relâchent pas de CO₂ ni en ville ni ailleurs, ne cesse de croître.Le succès de lamarque 100%électriqueTesla le prouve. Aupoint quemême les constructeurs traditionnels, qui ne s’attendaient pas auboom du «tout-électrique», s’y sont mis. Et tous sont bien décidés àlivrer au pionnier californien une lutte sansmerci. C’est que les Teslafont face à des problèmes de jeunesse que les grands constructeursont depuis longtemps résolus. L’hiver dernier, par exemple, plusieurspropriétaires de Tesla ont vu leurs vitres se fendre sous l’effet destempératures très basses…

Les grands constructeurs ne se contentent pas mettre la pressionà Tesla sur le plan technique. Ils jouent à fond la carte du design surlequel lamarquecalifornienneest restéecurieusementconservatrice.Si sa grande limousine S aux airs de coupé n’est pas dépourvue d’élé-gance, le SUVModel X avec ses portes papillon a un air lourdingue debaleine, et le Model 3, qui vient de débarquer sur nos routes, se fonddans lamasse des voitures aux lignes banales.

Le SUV de Tesla souffre ainsi de la comparaison avec la JaguarI-Pace, déjà disponible sur notre marché et qui a été élue, en dé-cembredernier,«Voituresuissede l’année2019»parun juryspécialisé.L’anglaise ne paraît pas seulement plus distinguée que la Tesla, elle lasurclasse également sur le plan des performances. Traction intégrale,400 chevaux, 4’’8 pour passer de 0 à 100 km/h, une autonomie de480 km avec une seule charge: ce sont là des caractéristiques tech-niques qui placent la barre très haut. En outre, alors même que sesdimensions sont compactes, la I-Pace offre un habitacle très vaste.C’est un avantage qu’elle tire de sonmodedepropulsion: lesmoteursélectriques prennent nettement moins de place qu’un moteur tradi-tionnel et sa boîte à vitesses. C’est pourquoi Jaguar a développé uneplateforme entièrement conçue pour elle plutôt que de la fabriquersur une base déjà existante.

Dans le segment des compactes Premium, Volvo vient, par le biaisdesamarqueélectriquePolestar, de lancerunerivaledirecteà laTeslaModel 3. La Polestar 2 est une voiture à cinq portes avec hayon, d’unepuissance de 408 chevaux et dotée d’une autonomie de 500 km.Côtédesign, elle conserve de petits airs caractéristiques de Volvo, mais enmoinsmaladroits. «Le groupe de clients cibles, très progressistes, delaPolestar 2 apprécieront sansaucundoute l’intérieur véganedesérieetses tissusrévolutionnaires»,affirmeavecconviction lechefdesignerMaximilianMissoni. La Polestar 2 vient d’être présentée au Salon deGenève et sa production destinée au marché mondial débutera auprintemps 2020enChine.Onpeut d’ores et déjà la commander,maisuniquement en ligne.

Alors que Jaguar et Polestar ont développé de nouvelles plate-formes pour leurs véhicules électriques, l’Audi e-tron 55 n’a pas l’airtrèsdifférentdesautresSUVAudiàpropulsionclassique.Avecses408chevaux, il se situe dans la moyenne de la concurrencemais marqueunpeu le pas auniveau autonomie avec son «jusqu’à 417 km»officiel.MercedesaussiproduitsonpremierSUVentièrementélectrique.Avec408 chevaux et une autonomie annoncée de 450 km, son EQC a unlook typiquede lamarque, àpeineest-il unbrinplus raffinéqu’unGL.

Style et autonomieDu côté des Français de PSA (Peugeot, Citroën, Opel), on proposeavec le DS 3 Crossback un SUV compact qui peut être commandéen version essence, diesel ou 100% électrique (E-Tense). Ses per-formances sont plutôt ordinaires et les 136 chevaux annoncés assezmodestes. Son autonomie devrait être «supérieure à 300 km». Cettedonnée fait de lui unvéhicule urbainplutôt qu’un roi des longuesdis-tances. Mais, la marque DS étant un spin-of «de luxe» de Citroën, ledesigna son importance.De là à en faireune«icônede style», commeson constructeur le définit lui-même, il va encore falloir renoncer àquelques fioritures.

De cepoint de vue, les impatients qui attendent laPorscheTaycanne devraient pas avoir trop de souci à se faire.Même si on ne sait pasencore en détail à quoi cette sportive électrique va ressembler, lesdifférents prototypes comme la Mission-E permettent de s’en faireune idéeassezpréciseet il nedevraitpasyavoirdemauvaise surprise:ce sera une vraie Porsche. Et une vraie Porsche au niveau des perfor-mancesaussi, carmêmesi aucunchiffreofficieln’aencoreétédévoiléconcernant sapuissance, onsait qu’il lui faudra«clairementmoinsde3,5 secondes pour passer de 0 à 100 km». On sait aussi que son auto-nomie – sans conteste le critère le plus important pour un véhiculeélectrique – sera de «plus de 500 km». Nul doute qu’en Suisse, paysoù la concentrationdePorsche est la plus forte, la Taycan connaîtraun grand succès commercial.

Une allure quiélectriseELLES AFFINENT LEUR LOOK, ENFIN. LES NOUVELLES CONCURRENTES DU SPÉCIALISTE

DE LA VOITURE ÉLECTRIQUE TESLA ONT TOUS LES ATOUTS ESTHÉTIQUES POUR SÉDUIRE.TEXTE HANSPETER EGGENBERGER

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La Jaguar I-Pace: aérodynamie,puissance (400 chevaux)et autonomie (480 km).

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B arbant, bof, banal...Le coup de pschittmatinal, dans sa sallede bains avant de filervers le monde extérieur,semble de plus en pluss’inscrire dans une rou-

tine hygiénique machinale. Surtout auprèsdes jeunes générations. Où est donc pas-sée la magie du parfum? Qui se souvientencore de la délicatesse de nos (arrière-)grand-mères, qui vénéraient le flacon unpeu kitsch sur une coiffeuse et se versaientdeux gouttes au revers du poignet et derrièrel’oreille, en l’honneur d’une fête de famille oud’une sortie à l’opéra? Comme, aujourd’hui, ladiffusion des tendances passe beaucoup parles réseaux sociaux, les parfums s’éloignentdes projecteurs, amplement devancés par lestutoriaux de maquillage. Les influenceusespeinent un peu à montrer en image l’effet quela senteur produit sur elles... Bref, les grandesmarques s’emploient avec ardeur à réenchan-ter cet univers pourtant riche en émotions.Le marché du parfum représente quelque42milliardsdedollarsannuels,mais ilmontre(contrairement au make-up) des signes destagnation. L’heure est donc à l’innovation et– outre les senteurs en soi – cela passe aussipar la quête de nouveaux gestes à même demodifier le rapport affectif au parfum.

Une des pistes pour accéder au cœur desnouvelles générations est de proposer desproduits en résonance avec la mobilité etla vitesse du monde moderne. Comme per-sonne n’a le temps de passer des heures danssa salle de bains à se concocter des maquil-lages et parfumages dignes d’une mise enbeauté de star, on imagine de petits flaconscompacts, qui ne se renversent pas au fonddu sac et permettent un rafraîchissementexpress avant une soirée chic au programme.Et voilà donc de luxueuses serviettes parfu-mées (chez Bulgari), inspirées de la traditionjaponaise des Oshibori, qui permettent de sepurifier les mains avant un repas. Il s’avèreaussi que ce type de conditionnement estparfait pour les sauts de puce en avion: pasbesoin de le déclarer comme liquide.

Une bille qui vise bienUne autre solution pour le quotidien pratiques’appelle roll-on, tube à bille. Dior (HypnoticPoisonetMissDior)etByredoenont imaginéde très mignons. On peut s’en servir discrète-ment, sans parfumer son voisinage, à peu prèspartout, en bus, au travail, en rue... en admet-tant simplement que l’on s’en mette sur lanuque, ledécolletéet l’intérieurdespoignets…Si, en revanche, on préfère viser le point queles experts désignent comme idéal pour ex-haler les odeurs – à savoir le nombril – on

Plusdrôlequ’un pschittPOUR NE PLUS SIMPLEMENT S’ASPERGER, L’ESPRIT DU PARFUM SE RENOUVELLE.

LES MAISONS DE BEAUTÉ PROPOSENT DE NOUVEAUX GESTES ET DE NOUVEAUX PRODUITS.TEXTE ISABEL HEMMEL PHOTO JEREMY BIERER

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laisse à chacun le soin de se débrouiller pourl’application. Cela dit, le roll-on s’avère parfaitaussi pour doser le parfum. Les textures, elles,varient. Si Dior emploie un liquide prochedu gel, Byredo propose une substance mêléed’huile, et Diptyque, dans sa série Les GestesParfum, utilise un concentré sans alcool sem-blable à une eau de parfum.

Un autre mode d’application séduit aussi– surtout – en Asie: le coussinet, cushion pourles intimes. Diptyque, Kenzo, Chanel s’ysont mis. Le principe? L’eau de parfum estencapsulée dans un gel puis absorbée par unapplicateur à effet éponge. Comme pour lesfonds de teint. Le boîtier de Flower Kenzoa été particulièrement remarqué, avec sondessin de coquelicot et son joli miroir.

Dans un autre registre pratique, on re-tient la campagne publicitaire d’YSL autourdeBlackOpium,avec lavariante«stylodepar-fum» Click & Go Gel. A peine plus épais quele célèbre stylo Touche Eclat, l’applicateur-pinceausensuelprendaisémentplacedansunepochette de soirée. De quoi faire la nuit... Etque dire de ce format baume à lèvres quediffuse depuis peu Aqua di Parma, pour lesdiverses senteurs de la marque? Chaque bai-ser a désormais son odeur.

Des cheveux qui embaumentPeut-être plus classiques, mais néanmoinsporteurs d’une gestuelle différente, entrentenscènelesparfumsdecorps(labrumeSoleilBlanc de Tom Ford) et de cheveux, dérivésdes succès des grandes marques (Petite robenoirepourGuerlain,ChanceEauTendrepourChanel, Donna pour Valentino, Bal d’Afriquepour Byredo). L’idée est simple: parfumer lapartie du corps qui bouge le plus, capte et dif-fuse le mieux les odeurs. Enrichis d’essencesbienfaisantes, peu dosés en alcool, ces par-fums fonctionnent seuls ou en accompagne-ment de la fragrance mère.

A moins que l’on choisisse de personna-liser son effet: une senteur dans la crinièreau vent, une autre, en résonnance, au creuxde la nuque. Cette tendance à vouloir secomposer un fragrance signature, rien quepour soi, participe aussi au renouveau dela gestuelle: on pschitte, mais en couchessuccessives, avec des parfums spécialementsélectionnés. Cette pratique dite du layeringsuit un principe de base: d’abord les nuancesplus lourdes et capiteuses, mâtinées ensuitepar des notes légères(entre deux, attendreque la peau sèche). En version sauvage,l’exercice peut s’avérer audacieux, car l’har-monie est un art subtil. Les aventuriers del’odeur retiendront peut-être simplementque les notes de bois aiment celles de citronou de vanille – c’est un début. De plus enplus de marques proposent aujourd’huiun kit de base, avec lequel expérimentersans risque. Ainsi le Pure Musc de NarcisoRodriguez a été pensé pour nuancer leseffets de tous les autres parfums de lamarque. Hermès ou Etro vendent par deuxou trois des fragrances qui s’épousent par-faitement. Et les maisons Kenzo et ThierryMugler (ci-contre) lancent carrément desgammes entières qui fonctionnent dansn’importe quel mariage.

Le parfum a longtemps été un mystèresensuel. Il devient terrain de jeu et d’explora-tion. Ces nouveaux gestes affichent un petitair délicieusement allègre.

NOUVEAUXRITUELS Byredo, brume pourcheveux Bal D’Afrique,dès 50 fr.Bulgari, serviettesparfumées Oshibori Eaude Thé Bleu, 15 pièces,env. 50 fr.Tom Ford, parfum corpsBody Spray, dès 68 fr.Dior, Miss Dior Roll-on,dès 50 fr.Diptyque, parfum solidePhilosykos, 52 fr.Acqua Di Parma,baume pour les lèvresSoleil Blanc, All Over FicoDi Amalfi, dès 16 fr.

TANT DEFOIS MOIAvec ces 5 fragrancesMugler Cologne, lespossibilités d’harmoniesse multiplient. Lacollection mixte proposeune couleur parsensation (énergieorange, tendresse bleue,etc.) et invite aux pluspsychédéliques desmélanges, Alors, soufflebleuté à la réglisse et àl’ambre blanc (Love YouAll) ajouté au petit grainvert & muscs blancs(Come Together)?

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EN FAIT, ELLE EST ARCHITECTE D’INTÉRIEUR.MAIS LÀ, LA SUÉDOISE VIENT DE TOURNERUN FILM SUR VAN GOGH, QUI, TRÈS VITE,A GALOPÉ DANS LA COURSE AUX OSCARS.

E lle a grandi comme un enfantdes livres d’Astrid Lindgren,dans une vieille maison decampagne toute colorée. Et au-jourd’hui la designer suédoise

pendule entre Londres et New York, où ellevit avec son mari, le peintre et réalisateurJulian Schnabel. Ensemble ils viennent detourner A la porte de l’éternité (2), filmsur Vincent Van Gogh, qui sort dans nossalles le 24 avril. Willem Dafoe, dans le rôlede Van Gogh, a été nominé aux Oscars.

Une scène d’At Eternity’s Gatequi vous ressemble?Celle où Van Gogh marche dans les prés etoù le spectateur voit, à travers ses yeux, seschaussures qui avancent. Moi, tout ce qui estvertm’attire,commeleKensington Park (3)à Londres ou le High Line Park à New York.Avec Julian, avant le début du tournage, nousétionsàSaint-Moritz. Je l’aiconvaincudefaireune balade et il a remarqué qu’il regardait sespieds en marchant. Il a dit: «Ça, il faut qu’onlemette dans le film.»

Vous êtes passionnée d’art contem-porain… Quels artistes suivez-vous?J’aime Cy Twombly. Et aussi, même si ellen’est plus contemporaine car disparue en1944, lapionnièresuédoisede lapeintureabs-traite,Hilma af Klint (1). Avec Julian, nousvisitons une expo partout où nous allons. ALondres, nous verrons Franz West à la TateModern ( jusqu’au 2.6) et «Van Gogh andBritain» à la Tate Britain ( jusqu’au 11.8).

En tant qu’architecte d’intérieur, vousaimez associer le vieux et le moderne…Vous pensez à l’Hôtel Firehouse (6), àLondres! J’avais reçu le mandat de trans-former une vieille caserne de pompiers enhôtel. J’ai axé sur la convivialité. Je trouvebeau de faire revivre ce qui a vécu.

Si l’on est sur les traces de Van Gogh,à Arles, où faudrait-il aller manger?Au restaurant Chez Bob, en pleineCamargue. On y mange de la charcuteriecamarguaise, de lapoutargue (7), de la jouede taureau, et le soir, des musiciens gitans

viennent s’y produire. Tout lemonde danseet chante! On a beaucoup fréquenté cetendroit pendant le tournage…

Quelles sont vos préférences mode?Sur les tapis rouges, on vous a vuevêtue de la même robe…(Elle rit.) J’adore la mode! La robe que vousévoquez est d’Azzedine Alaïa (4). Luiet Julian ont été amis pendant trente ans.Azzedineestmortdurant le tournagedeVanGogh, c’est pourquoi nous lui avons dédié lefilm. Etmoi, pour les grandes occasions, j’aiporté la robe qu’il m’avait offerte, une foisen blanc, une autre fois en vert, et en noirlors des Golden Globes.

Un film aimé entre tous?Un? Disons que s’il fallait dresser un top 3de ceux que j’ai vus ces derniers mois, ceserait Capharnaüm de la Libanaise NadineLabaki, Shoplifters de Hirokazu Koreeda etRomad’AlfonsoCuarón.Mais, hors temps etpour l’éternité, reste Ingmar Bergman (5).J’ai grandi avec ses films, je les aime.

TEXTE PAULINA SZCZESNIAK

LouiseKugelberg

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N2019

SESGOÛTS

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