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21 CAPITALISATION DES MEILLEURES APPROCHES ET INNOVATIONS DU FCG DE 2005 A 2017 - BURKINA FASO

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CAPITALISATION DES MEILLEURES APPROCHES ET INNOVATIONS DU FCG DE 2005 A 2017 - BURKINA FASO

Ambassade Royale Du Danemark

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Les thématiques des axes d’interventions du FCG ont été considérées dans la sélection des pratiques à capitaliser. Ainsi, les pratiques capitalisées ont été regroupées selon les principales thématiques couvertes par les activités ou les projets financés par le FCG. L’ensemble des pratiques capitalisées sont réparties dans les thématiques selon ce qui suit :

Transversalité du genre dans les politiques publiques nationales ou Soutien au mainstreaming du genre Pratique de l’intégration du genre dans les politiques sectorielles et les PCD avec le

Secrétariat Permanent du Conseil National pour la Promotion du Genre (SP/CONAP Genre) ; Projet de mainstreaming du genre dans le développement du secteur privé au Burkina Faso

avec le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat du Burkina (MCIA).

Mise en réseau des OSC Réseautage des structures à la base avec la Fondation pour l’Etude et la Promotion des Droits

Humains en Afrique (FEPDHA) ; Mise en place et renforcement des capacités de réseaux dans la Lutte contre les coutumes et

pratiques discriminatoires à l’égard de la femme avec l’Association Femme et Vie (AFV) ;

Renforcement des capacités en plaidoyer Observatoires endogènes des conflits avec l’Association Koom pour l’Autopromotion des

Femmes du Burkina Faso (A.K.A.FEM/BF) ; Diffusion de films de capitalisation et de sensibilisation avec l’Association Semfilms ; Mobilisation de leaders religieux et coutumiers à travers l’approche GIM (Gender Impact

Model) avec l’Union des Religieux et des Coutumiers du Burkina Faso (URCB/BF) Actions musulmanes pour une effectivité de l’égalité de genre/renforcement des capacités

en plaidoyer des principaux acteurs de l’islam avec la Cellule Féminine Nationale du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI)

Monitoring/plaidoyer/action concertée pour l’égalité des sexes dans les sphères de décision dans le domaine de la gestion de l’eau potable avec Eau Vive

Influence politique des femmes Cadre de concertation des femmes avec l’Association PaglaYiri Réseautage pour la réduction des violences basées sur le genre et des stéréotypes sexistes

néfastes à la participation politique des femmes – Centre d’information et de documentation citoyenne (Cidoc)

Accompagnement de l’émergence de plusieurs femmes leaders au niveau national et local avec la Coalition Burkinabè pour la défense des Droits des Femmes (CBDF)

Lutte contre les violences basées sur le genre Dialogue en famille avec l’Association pour la Promotion et le Développement du Gulmu

(APDG) Mentorat des adolescentes avec l’Association Tin Tua (ATT) Le dialogue parental avec le Cadre de Concertation des ONG et Associations actives en

Education de Base au Burkina Faso (CCEB/BF) Les hommes ambassadeurs avec l’Association d’Appui et d’Eveil Pudsada (ADEP) Ecoles des maris, écoles des épouses : le stepping stones ou parcours avec l’Initiative Privée

et Communautaire contre le VIH/Sida au Burkina Faso (IPC/BF)

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Empowerment économique des femmes Formation aux métiers non traditionnels avec l’Association Tout pour Tous Yennenga

(ATTous-Yennenga) ; Appui aux start-up, avec quatre promotrices Promotion de l’entrepreneuriat féminin issu de la filière textile – L’Association des Femmes

Tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO).

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I.1. Soutien au mainstreaming du genre dans les projets, programmes et politiques

I.1.1. Intégration du genre dans les politiques sectorielles et les PCD – SP/CONAP Genre

a. Présentation de l’organisation

Le Secrétariat Permanent du Conseil National pour la Promotion du Genre (SP/CONAP Genre) est à l’adresse suivante : 01 BP 303 Ouagadougou 01 – téléphone : 25 50 51 95.

Sa mission est de suivre l’exécution et la coordination des activités du Conseil National pour la Promotion du Genre,

b. Description du projet

Le « Projet d’appui à la prise en compte du genre dans les politiques sectorielles et les plans locaux de développement » a une envergure nationale en ce qui concerne les politiques sectorielles et cible 3 régions (Centre, Centre-Sud et Centre-Est) et 10 communes (Saaba, Tanghin-Dassouri, Gorom-Gorom, Mogtedo, Zam, Arbolé, La-Todin, Imasgo, Kindi et Toussiana) pour les plans locaux de développement. D’une durée de 15 mois (octobre 2016-décembre 2017), il a pour objectif d’améliorer la participation des hommes et des femmes dans le processus de développement.

Il intervient à un double niveau : central et régional/local. Au niveau central, les acteurs bénéficiaires sont les membres des comités de suivi de la relecture des politiques sectorielles et Plans locaux de développement de 5 ministères (Ministère de l’Agriculture et des Aménagements Hydraulique ; du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques ; du Ministère de la Santé ; du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure ; et du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement). Au niveau régional et local, le projet vise les membres des comités de suivi de la relecture des PRD et PCD.

Le projet s’inscrit dans la dynamique actuelle de relecture des documents de politiques sectorielles et de planification territoriale pour une intégration transversale du genre dans ces documents.

Principales activités :

Renforcement des capacités des membres des Comités de suivi de la relecture des politiques sectorielles et des Plans locaux de développement en genre ;

Recrutement de trois (03) Consultants ayant de bonnes connaissances en genre pour faire partie des équipes chargées de la relecture des politiques sectorielles et plans locaux de développement ;

Organisation de rencontres d’analyse des documents (politiques sectorielles et PLD) sous l’angle du genre ;

Participation aux rencontres de restitution des documents.

c. Présentation de la pratique : Intégration du genre dans les politiques sectorielles et les PCD

La pratique est le résultat d’une démarche pro-active du SP/CONAP Genre et a pour ambition, à l’occasion de la relecture des politiques sectorielles et des PRD et PCD en cours, de renforcer les

MINISTERE DE LA FEMME, DE LA SOLIDARITE NATIONALE

ET DE LA FAMILLE-=-=-=-=-=-=-=-=-

CABINET -=-=-=-=-=-=-=-=-

SECRETARIAT PERMANENT DU CONSEIL NATIONAL POUR

LA PROMOTION DU GENRE

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capacités transversales sur le genre pour les membres des comités en charge du suivi de ces relectures.

Les cadres du SP/CONAP genre, appuyés par des consultants externes, sont donc en charge du renforcement des capacités des membres des comités de suivi de la relecture des politiques sectorielles et plans de développement pour les doter de la démarche et des outils d’intégration du genre dans ces documents de planification. Des ateliers de formation à destination des membres des commissions ad’hoc chargées de la relecture des politiques sectorielles et des plans locaux de développement ont été menées par les cadres du SP/CONAP Genre appuyés par des experts en mainstreaming genre et panification.

Forces : Les compétences internes du SP/CONAP Genre et son rôle dans la prise en compte de la

transversalité du genre dans l’ensemble des documents de planification sectorielle et territoriale ;

La prise en charge, par les ressources propres du SP CONAP Genre, de la formation des autres ministères avec au total 12 des 14 secteurs de planification touchés ;

La pérennisation et le renforcement de la démarche et des méthodes d’intégration du genre dans les documents de planification ;

L’implication du SP/CONAP Genre et de la DGESS/MFSNF dans les processus de validation des politiques sectorielles ce qui leur permet de vérifier la bonne prise en compte du genre dans ces documents ;

Le rapprochement du SP/CONAP Genre avec les collectivités territoriales à la faveur de ces activités : plusieurs collectivités ont envoyé leurs documents provisoires au SP/CONAP Genre pour amendements.

Faiblesses : Le décalage avec certaines planifications territoriales (révision des PRD/PCD inscrit au budget

2018) ; La durée du projet qui ne permet pas d’assurer le suivi de l’élaboration des politiques et

PCD/PRD comme initialement prévu ; Le SP/CONAP Genre ne maîtrise pas la qualité des participants à ses formations et de la réelle

implication des participants dans la relecture des documents. Dans certaines communes, le faible niveau des participants peut mettre en doute l’application des enseignements ;

Les premiers résultats ne sont pas à la hauteur des attentes dans les secteurs santé et recherche et innovation : les documents de politique sectorielle proposés ne prennent pas suffisamment en compte la question du genre selon l’évaluation du SP/CONAP Genre.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : Un PCD et un PRD ont été transmis au SP/CONAP Genre pour amendements (non encore

étudié au moment de la rencontre).

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

Capitalisation sur le module et les méthodes d’intégration du genre dans les documents de planification ;

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Continuité de l’action gouvernementale dans ses fonctions régaliennes d’élaboration des politiques publiques et d’appui aux collectivités territoriales sur les thèmes transversaux.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter : Les compétences et le niveau des participants aux formations ; L’accompagnement à l’élaboration des documents de planification : le cas des politiques

sectorielles Santé et Recherche et Innovations montre que de simples formations ne suffisent pas. Un accompagnement du SP/CONAP Genre lors de l’élaboration des documents de planification est nécessaire pour mieux prendre en compte les outils d’intégration du genre dans la planification sectorielle.

Le décalage avec le calendrier de planification des communes et des ministères sectoriels.

Les leçons apprises de la bonne pratique : Pertinence d’appuyer la structure publique en charge du mainstreaming genre au sein du

gouvernement pour assurer la continuité et le relai de l’action publique dans le domaine.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique : L’intégration de la démarche et des outils d’intégration du genre dans les guides

d’élaboration des politiques sectorielles, des PRD et des PCD afin qu’ils soient pleinement intégrés dans la démarche générale et non au coup par coup ;

L’inscription de l’accompagnement du SP/CONAP Genre aux commissions ad’hoc et de suivi de la relecture des politiques et des PLD de manière systématique.

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I.1.2. Projet de mainstreaming du genre dans le développement du secteur privé au Burkina Faso - MCIA

a. Présentation de l’organisation

Le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat du Burkina (MCIA), une institution de l’administration publique est à l’adresse suivante : 01 BP 514 Ouagadougou 01/ Tel : 25 31 44 93.

Sa mission est de mettre en œuvre et suivre la politique du gouvernement en matière de commerce, d’industrie et d’artisanat, avec comme vision « le Burkina Faso dispose d’un secteur privé dynamique, compétitif,

créateur d’emplois et de richesses pour une économie émergente d’ici à 2025 ».

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, le MCIA a planifié et mis en œuvre le Projet de « mainstreaming du genre dans le développement du secteur privé au Burkina Faso » sur la période de janvier 2017 à décembre 2017. Le projet couvre l’ensemble des 13 régions du Burkina.

L’objectif global du projet est de contribuer à la promotion du genre dans le développement du secteur privé au Burkina Faso. De façon spécifique, il vise à :

Accompagner les femmes dans la formalisation de leurs entreprises ; Renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique de l’intégration du genre dans le développement du secteur privé. En effet, il existe beaucoup de difficultés qui freinent le développement de PME par les femmes telles que le faible niveau de formation des femmes, le statut informel de la grandes majorité des entreprises féminines et des difficultés d’accès aux financements, l’insuffisance des capacités entrepreneuriales et managériales des femmes, la faible capacité des femmes à mettre sur le marché des produits répondant aux normes internationales.

Bien que les femmes représentent 52% de la population, très peu d’entre elles exercent dans le secteur formel (8,87%) selon le MCIA. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que les femmes sont victimes d’exclusions et d’inégalités, qui résultent pour la plupart de préjugés, de normes sociales, d’interdits et de la division du travail entre les sexes.

Cet état de fait est d’autant plus accentué que le MCIA qui a en charge la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière d’industrie, de commerce et d’artisanat n’est pas suffisamment outillé en matière de mainstreaming du genre pour incitation des entreprises à mettre en œuvre une démarche sensible au genre.

Il est donc nécessaire que la mise au point des interventions visant à développer le secteur privé fasse appel à des outils permettant d’analyser les sexo-spécificités, de façon à bien prendre en compte le rôle des femmes en tant que travailleurs, chefs d’entreprise. C’est ce à quoi veut contribuer le MCIA à travers ce projet.

Les résultats attendus de ce projet sont : Les entreprises des femmes sont formalisées et suivies ;

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Les capacités entrepreneuriales des femmes sont renforcées ; Le projet est géré de façon efficace.

Les bénéficiaires directs du projet sont les entreprises féminines du secteur privé qu’elles soient formelles ou informelles (50 femmes par région soit 650 femmes au total dont les capacités seront renforcées en entrepreneuriat au terme du projet) et les structures du Ministère en charge de l’industrie, du commerce et de l’artisanat pour la prise en compte systématique du genre dans les activités.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, le MCIA a développé une pratique mainstreaming du genre dans le développement du secteur privé.

Pour ce faire, le MCIA a entrepris de renforcer les capacités de son personnel dans la promotion de l’égalité des genres dans ses activités d’une part, et d’autre part d’inciter les entreprises à assumer pleinement leur responsabilité sociétale avec un focus particulier sur la question du genre. La pratique consiste aussi à mettre en place des actions d’appui à la formalisation des entreprises des femmes afin de réduire les inégalités homme/femme dans le secteur privé formel au Burkina Faso et de renforcement des capacités entrepreneuriales des femmes afin de leur donner les mêmes chances que les hommes dans le développement des activités de leur entreprise au regard des pesanteurs sociales qui pèsent sur elles.

L’approche s’est faite à travers la formation des acteurs du ministère et le renforcement des capacités techniques et matérielles des femmes pour formaliser leurs entreprises et augmenter leurs performances. Pour ce dernier aspect, il est question d’identifier 50 femmes par région et de renforcer leurs capacités sur la formalisation, de retenir les 25 meilleures pour un accompagnement subventionné dans la formalisation de leurs entreprises, et retenir encore parmi celles-ci les 10 meilleures qui seront appuyées par des kits de production (petits équipements).

Elles bénéficient aussi d’une mise en relation avec certaines structures spécialisées avec des appuis avantagés, telle que le Centre de Gestion Agréé (CGA) pour l’accompagnement à la mise en place de leur comptabilité et le renforcement de leurs capacités en matière de gestion/management d’entreprise et le Projet d’Appui à la Formalisation des Entreprisses du Secteurs Informel (FAPESI).

Pour la mise en œuvre du projet, les Directions Régionales du MCIA et du CEFORE ont été impliquées pour l’identification des bénéficiaires, suivants les critères de sélection proposés par un comité composé des techniciens de toutes les directions générales du ministère, du Secrétariat Général et de l’Unité de Gestion du projet.

Cette pratique, dont la mise en œuvre n’est pas encore achevée et évaluée, présente déjà des forces et des faiblesses.

Les points forts sont : • Le développement du mainstreaming au sein des agents du MCIA ;

L’appui à la professionnalisation des entreprises féminines.

Les points faibles de la pratique sont :

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• Il n’a pas été prévu un accompagnement pour l’accès au financement. Cela constitue une limite à la professionnalisation des entreprises féminines car elles ont un accès limité au crédit et aux fonds d’investissements.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• 650 femmes ont bénéficié de formations et connaissent déjà les avantages

de la formalisation ;• 50 femmes sélectionnées parmi elles sont déjà reversées au Centre de

Gestion Agréé (CGA) pour un accompagnement à la mise en place de leur comptabilité et renforcement de leurs capacités en matière de gestion et management d’entreprise ;

• Les impacts prévisibles sont la professionnalisation et la plus grande rentabilité des entreprises des bénéficiaires.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?

• Le ministère en tant que porteur de projet ;• L’implication/ Collaboration des acteurs régionaux DR du M et du CEFORE

CGA ;• La pertinence de l’intervention.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• La signature tardive de la convention de financement (qui devait

conditionner la mise en place des instances du projet) ;• Le virement tardif des fonds qui n’est intervenu que le 19 avril 2017 (qui au

eu pour conséquence la non-exécution des activités programmées) ;• L’accompagnement rapproché des femmes pour l’accès aux financements et

le renforcement de leurs capacités techniques et de gestion.

Les leçons apprises de la bonne pratique • La durée du projet est trop courte pour assurer un réel accompagnement des

femmes dans le développement de leur entreprise.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Considérer l’aspect d’accompagnement pour l’accès au financement des

entreprises (investissements et fonds de roulement) ;• Diversifier la mise en lien des entreprises avec des structures spécialisées

dans l’accompagnement (publiques, privées et associatives).

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I.2. Mise en réseau des OSC

I.2.1. Réseautage des structures à la base - FEPDHA.

a. Présentation de l’organisation

La Fondation pour l’Etude et la Promotion des Droits Humains en Afrique (FEPDHA), est une Organisation non gouvernementale de protection, de promotion des droits humains et du développement, officiellement reconnue en 2007. Son adresse est la suivante : 01 BP 5018 Ouagadougou 01, Tél : 00226 25 43 90 91/ 00226 70 20 50 95/00226 70 26 12 69, Email : [email protected] / [email protected] / [email protected]

La FEPDHA s’est fixée pour mission de « promouvoir tous les droits de l’homme en mettant en œuvre des programmes de formation et d’éducation aux droits humains ».

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, la FEPDHA a planifié et mis en œuvre le Projet de « Renforcement des capacités des membres du réseau de lutte contre les violences faites aux femmes dans le Sud-ouest » sur la période de juillet 2015 à juin 2017. Ce projet en effet, vient consolider un premier projet sur « droit, égalité et éducation au féminin » exécuté par la FEPDHA de 2011 à 2013 et qui a permis de former les femmes à leurs droits afin qu’elles puissent les connaître, les comprendre et les utiliser pour se défendre, se protéger et les promouvoir.

L’objectif global du projet était de contribuer à l’élimination des violences faites aux femmes dans le Sud-ouest. De façon spécifique, il visait à faire connaître les droits de protection et de promotion des femmes, en vue de combattre et de réduire les violences basées sur le genre dans les zones d’intervention du projet.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique des violences basées sur le genre qui existent dans la région, notamment les violences physiques, les coups et blessures volontaires, les mutilations génitales féminines (MGF), le poids des corvées domestiques, les violences morales et psychologiques, les violences économiques, les violences politiques, les violences culturelles : cas de la réparation de l’adultère particulièrement sévère et humiliant pour la femme. Ces violences principalement à l’endroit des femmes du fait de leur statut est partout inférieur à celui des hommes. Au sein de la famille, l’homme continue d’être le maître absolu en raison de son statut de chef de famille et dans la communauté ce sont les hommes qui gèrent les affaires de la cité.

Les résultats attendus de ce projet étaient :1. Les droits de protection et de promotion des femmes en vue combattre et de réduire les

violences basées sur le genre dans les zones d’intervention du projet sont connus ; 2. Les ambassadeurs et ambassadrices de lutte contre les violences faites aux femmes sont

identifiés, formés et sont actifs auprès de leurs pairs au sein des établissements ;3. Les violences basées sur le genre ont diminué dans la zone du projet ;

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4. L’expérience de la FEPDHA est capitalisée pour une mutualisation des connaissances et le partage d’expériences.

Les bénéficiaires directs du projet, sont de deux catégories : il y a d’une part les 25 femmes et 10 hommes des organisations membres du réseau de lutte contre les violences faites aux femmes dans le Sud-ouest, qui auront leurs capacités renforcées pour faire le plaidoyer auprès des différents cibles, sensibiliser les populations, animer les espaces d’écoute et l’observatoire de veille, accompagner et référer les victimes de violences aux structures de prise en charge. D’autre part il y a les 22 élèves ambassadeurs/drices de lutte contre les violences.A ceux-ci il faut ajouter des bénéficiaires intermédiaires qui sont les 10 OSC de promotion des droits des femmes et des filles, ainsi que les 50 enseignants et enseignantes impliqués dans le suivi des activités des élèves ambassadeurs/drices. Les bénéficiaires finaux sont les 500 élèves filles et garçons des lycées et collèges, et les populations touchées par le biais des séances de sensibilisation et le plaidoyer.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, la FEPDHA a développé une pratique de réseautage des acteurs à la base pour deux types de public cible : La population dans son ensemble et le milieu scolaire. Pour l’ensemble de la population, la pratique se fonde sur les acteurs locaux, hommes et femmes, dont les capacités ont été renforcées pour jouer un rôle d’éveil des consciences et de veille pour la protection des droits des populations. Il s’agit des relais ou points focaux, issus des organisations membres et constitués en réseaux de lutte contre les violences faites aux femmes dans le Sud-ouest. Ces relais sont chargés de l’animation des espaces d’écoute et des séances de sensibilisation, mais aussi de l’accompagnement, la prise en charge et la référence des victimes de violences dans leur localité.

En milieu scolaire, la pratique se fonde sur les élèves ambassadeurs-drices qui jouent le rôle de points focaux dans leurs établissements avec pour mission principale de sensibiliser leurs pairs et de veiller à la protection et à la promotion des droits des filles dans leur environnement scolaire. Leurs capacités ont été renforcées (formations sur les VBG et les grossesses en milieu scolaire, sur les IEC/CCC, sur le développement du leadership, équipement d’une boite à outils, etc.) en vue de se rallier au combat contre les inégalités de genre dans leur milieu familial et d’études. La stratégie est de faire une éducation par les pairs, plus efficace et plus adaptée pour un changement de mentalité avant l’âge adulte.

L’approche s’est faite à travers des animations d’information/sensibilisation sur les droits des femmes, du théâtre forum, des causeries éducatives, des conférences, des émissions radio, etc. Aussi, des outils et supports divers ont été utilisés et diffusés.

Cette pratique de réseautage comporte aussi bien des forces que des faiblesses. Les forces de la pratique sont les suivantes :

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• La réalisation de l’étude du milieu1, par une approche participative et concertées, a permis de connaitre le contexte et les pratiques en vue de définir une approche méthodologique adaptée ;

• La pertinence de l’action, car elle répond à un besoin réel, donc attendu par les bénéficiaires ;

• Le choix des relais et des points focaux du réseau parmi les associations à la base, déjà existantes et fonctionnelles ;

• Le mode d’intervention intégrées avec la participation des Tribunaux de Grande Instance et des Officiers de Police Judicaire, les services techniques en charge de l’action sociale et de la promotion de la femme, des droits Humains, les mairies, les responsables coutumiers et religieux, qui ont été formés comme formateurs ;

• La transformation des mentalités et des comportements des adolescents pour un changement réel de la société ;

• La durabilité de la démarche grâce à l’implication et l’engagement des responsables coutumiers et religieux, l’existence des réseaux et des ambassadeurs-drices scolaires, la collaboration avec les Service de l’Etat, etc.

Les points faibles de la pratique sont :• L’absence de situation de référence et d’un bon système de suivi évaluation

permettant de bien capter les effets et impacts de façon quantitative ; • La mobilité de certains ambassadeurs-drices scolaires (la majorité est en

classe 4è et 3è et en changeant de cycle, certains changent de localité). • Les réseaux mis en place sont limités dans la mobilisation de ressources

propres pour assurer la prise en charge de leurs activités ;• Les cas de violences à l’égard des femmes et la grossesse précoce ont

considérablement diminué, mais il en existe toujours, ainsi que des pratiques néfastes dans les zones les plus reculées.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• Plus de 17 216 personnes ont été touchées par les activités telles que les

causeries éducatives, les conférences, les émissions radiophoniques, théâtres forums, les mariages collectifs, etc. ;

• Des changements perçus dans les représentations et les attitudes des bénéficiaires : La baisse considérable des cas de violence, l’éveil des femmes car elles connaissent mieux leurs droits et les procédures de dénonciations des violations ; etc. ;

• La modification des certaines pratiques coutumières néfastes (cas de la dot à Gaoua qui a pris une valeur symbolique, accès de la femme à la terre à Kamti qui s’est beaucoup amélioré, la prise en compte des droits de la femme dans les jugements des tribunaux coutumiers avec le cas du « banc bleu2 » à Dano, etc.) ;

1 Les types de violence, les acteurs de ces violences, la perception de la violence par les gens, les acteurs à impliquer pour un changement, etc.2 Un tribunal coutumier de grande réputation qui gère des conflits familiaux, de terres et des dots, installé sur des chaises de couleur bleue.

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• Au regard de la pertinence de la question, des acteurs impliqués et de la dynamique créée, ainsi que les changements perçus dans les représentations et les attitudes des bénéficiaires, des impacts sont fortement probables.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?• La mise à disposition du financement par le Fonds Commun Genre ; • L’engagement des acteurs (le personnel enseignant, les services en charge de

l’action sociale et de la femme, des droits humains, etc.) et l’adhésion sans réserve des responsables coutumiers et religieux ;

• L’expérience de la structure de mise en œuvre (FEPDHA) en matière de lutte contre les violations des droits humains.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• L’insuffisance de moyens matériels et financiers pour couvrir toutes les

zones, surtout celles reculées ;• La durée du projet qui est très courte, par rapport à la problématique qui

requiert un changement de comportement, donc dans un processus de long terme ;• La non autonomisation des femmes : un changement durable de la situation

et du statut de la femme passe nécessairement par son l’autonomie économique, financière ;• La persistance de certains types de violences et la résistance de certains

hommes au changement ;• L’absence d’un bon mécanisme de suivi évaluation.

Les leçons apprises de la bonne pratique • La misère des femmes, l’analphabétisme et les pesanteurs socio culturelles

sont de véritables freins qui contribuent à les maintenir dans une situation de dépendance, d’assistées et surtout de non droit ;

• Pour pouvoir défendre ses droits, il faut d’abord les connaitre. Il est donc primordial de mettre en place des actions d’information/sensibilisation de toutes les couches sociales ;

• On ne peut pas produire de bons résultats par une action isolée ou en intervenant seul. Il faut la fédération des efforts de l’ensemble des acteurs pour une action intégrée.

• Pour un changement de comportement, il est importance d’associer les jeunes et adolescents, les préparer pour véhiculer des bons messages et avoir des comportements exemplaires ;

• la nécessité de continuer les activités de sensibilisation : bien que les attitudes et comportement ont évolué de façon significative, il faut noter qu’au regard de l’ampleur du phénomène de VFF, la lutte reste encore grande et cela passe par des activités de sensibilisation actives continuelles ;

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Etablir la situation de référence chiffrée et un bon système de suivi

évaluation permettant de quantifier les résultats, effets et impacts produits ;

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BURKINA -FASO Unité-Progrès-Justice ASSOCIATION FEMME ET VIE B P : 571 Bobo-Dioulasso Tel :(+226) 20 96 62 84 Email: femme_et_vie @yahoo.fr

• Prévoir et mettre en place un mécanisme pour permettre au réseau de prendre en charge le financement de ses activités ;

• Intégrer un objectif sur l’autonomisation économique des femmes à travers le développement d’Activités Génératrices de Revenu (AGR) ;

• Renforcer la sensibilisation avec des témoignages des victimes à l’appui ;• Faire une extension des activités du projet à toutes les communes rurales de

la région ;• Prévoir une implication plus active des chefs d'établissement et des

enseignants dans les sensibilisations.

I.2.2. Mise en place et renforcement des capacités de réseaux dans la Lutte contre les coutumes et pratiques discriminatoire à l’égard de la femme - AFV

a. Présentation de l’organisation

L’Association Femme et Vie (AFV), créée en janvier 2005 et officiellement reconnue en mars 2005 au niveau provincial et en mai 2013 au niveau régional, est à l’adresse suivante : 01 BP 571 Bobo-Dioulasso 01 - Tel: (+226) 20 96 62 84, E-mail: [email protected].

L’AFV s’est fixée pour mission de « travailler à plus de justice sociale », avec pour objectif de contribuer à changer positivement les relations humaines « par le respect de la

dignité de l’autre dans sa différence (religion, genre, ethnie, couleur de la peau, orientation sexuelle, langue, opinions politique et idéologique, origine, etc.) ».

b. Description du projet

L’Association Femme et Vie, avec l’appui du Fonds Commun Genre, a développé les RECOGEF (Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme).

Cela s’est fait à travers deux phases de projets, le premier en 2012-2014 pour le « Renforcement des capacités des organisations paysannes féminines dans la Lutte contre les pratiques et coutumes discriminatoires à l’endroit de le femme dans la région des Hauts Bassins », et le second en 2015- 2017 pour le « Renforcement des capacités des Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF) dans la lutte contre les coutumes et pratiques discriminatoires à l’égard de la femme dans la province du Houet ». Tirant les leçons de la première phase (sur le fait que l’échelle de la région était vaste contre peu de ressources, qu’il fallait davantage impliquer les hommes car l’accent avait été mis sur la formation des femmes), la seconde phase a consolidé les acquis de la première tout en recadrant l’action sur l’échelle provinciale.

Exécuté du 01/07/2015 au 30/06/2017, l’objectif global du projet « Renforcement des capacités des Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF) dans la lutte contre les coutumes et pratiques discriminatoires à l’égard de la femme dans la province du Houet » était de « Contribuer à la promotion des droits des femmes et l’égalité entre les sexes dans la Province du Houet ». De façon spécifique, Il s’agit de :

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Former 300 animateurs-relais (150 femmes et 150 hommes) issus des Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF) et 430 points focaux (215 femmes et 215 hommes) issus des Conseils Villageois de développement (CVD) dans les 207 villages de la province du Houet ;

Former trente (30) femmes et trente (30) hommes responsables des Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF) de la province du Houet sur le signalement, le plaidoyer et le plan d’action orienté vers les résultats intégrant le genre ;

Informer et conscientiser 7 800 personnes (hommes, femmes, responsables coutumiers et élus locaux) des treize communes de la province du Houet sur les droits de la femme et les techniques de leur mise en œuvre ;

Accueillir, écouter, conseiller et apporter un appui juridique et judiciaire à trois cents (300) femmes victimes de pratiques et coutumes discriminatoires par an dans la province du Houet de 2015 à 2017.

Les bénéficiaires directs du projet sont les 60 responsables et les 3 750 membres des 15 RECOGEF, les 430 responsables de CVD, 100 femmes victimes de violences dans les treize communes de la province du Houet. Les bénéficiaires finaux sont les autorités coutumières et politiques des 13 communes de la province du Houet et toute la population de la province.

c. Présentation de la pratique

La mise en place des Réseaux Communaux de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF) est intervenue sur les acquis d’un précédent projet qui avait permis d’identifier et former plusieurs catégories d’acteurs (associations, leaders religieux et coutumiers, élus locaux, agents de sécurité, responsables locaux de partis politiques, enseignants, agents de santé de la reproduction, etc.) à la problématique des violences faites aux femmes et aux mécanismes de leur protection à la lumière des textes internationaux et nationaux en la matière. Au vu des effets positifs constatés de cette mise en œuvre, il était judicieux de prendre des mesures pour renforcer ces actions tout en pérennisant les acquis engrangés. La pratique de réseautage a consisté à regrouper les cinq organisations (trois féminines et deux masculines) bénéficiaires de chacune des 15 commune/arrondissement en une structure faitière dénommée Réseau Communal de Concertation sur les Questions de Genre et de Droits de la Femme (RECOGEF). Suite au renforcement de leurs capacités, ces réseaux ont engagé un processus de reconnaissance qui leur a valu des agréments.

En vue de la pérennisation des rapports instaurés entre les réseaux et les structures régionales de promotion, de protection et de défense des droits humains, un cadre de collaboration a été formalisé à travers la signature de conventions de partenariat. Ainsi, une convention est signée entre chaque réseau et les services techniques impliqués que sont la Direction Régionale de la Promotion de la Femme et du Genre des Hauts-Bassins, la Direction Régionale des Droits Humains et de la Promotion Civique des Hauts-Bassins, la Direction Provinciale de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale, le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples. Au nom de cette convention de collaboration, ces services techniques s’engagent à poursuivre leurs appuis aux réseaux. Cela fonctionne jusqu’ici car la relation formalisée avait été longuement entretenue entre les réseaux et ces services depuis le début de la mise en œuvre du projet. Il faut aussi signaler que les actions des

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réseaux s’inscrivent dans les domaines d’action de ces services techniques et du coup, les réseaux se positionnent comme leurs partenaires de terrain.

Cette pratique de réseautage comporte aussi bien des forces que des faiblesses.

Les forces de la pratique sont les suivantes : • La pertinence de l’action, car elle répond à un besoin réel, donc attendu par

les bénéficiaires ; • La base des RECOGEF, constituée par des organisations à base

communautaire, donc un terrain favorable pour l’enracinement de l’action dans le milieu ;• L’implication des hommes (50%) comme animateurs-relais sur les questions

de Genre et de Droits de la Femme ;• La traduction en langue locale et diffusion des lois et textes relatifs aux droits

de la femme ;• La responsabilisation des RECOGEF et des CVD afin qu’ils assurent par eux-

mêmes (au sein de leurs communautés) une mission d’information et de conscientisation sur les questions de Genre et de Droits de la Femme ;

• Le développement d’un partenariat favorable à la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes, avec la signature des conventions entre les réseaux et les Services de l’Etat (action sociale, OPJ, Promotion femme et solidarité nationale, Droits humains, etc.) ;

• L’implication des responsables coutumiers et religieux dans le processus ;• La durabilité de la démarche grâce à l’existence des réseaux reconnus et

outillés, la collaboration avec les Service de l’Etat, l’implication et l’engagement des responsables coutumiers et religieux.

Les faiblesses de la pratique sont :• Les réseaux mis en place sont limités dans la mobilisation de ressources

propres pour assurer la prise en charge de leurs activités ;• Certaines pratiques coutumières néfastes sont atténuées mais non enrayées.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• Les RECOGEF désormais font partie du paysage socio-économique des

communes d’intervention et leurs actions marquent le quotidien des ménages. Ils sont sollicités par les victimes elles-mêmes ou par des témoins de violences faites à des femmes ;

• L’ignorance des droits de la femme et des lois y relatives est en recul dans l’ensemble des communes par le fait que de nombreuses personnes ont été formées ou ont participé aux activités d’information et de sensibilisation. Le sujet de la discrimination et des violences faites à la femme est débattu de manière courante sans crainte par les femmes et Le nombre de dénonciations a augmenté ;

• Les témoignages indiquent que les rapports entre les hommes et les femmes ont changé au sein de nombreux couples : il y a de plus en plus un climat de dialogue au sein des couples, le nombre de demandes de mariages civiles collectifs a augmenté au cours des deux dernières années ; les auteurs de VEF signalés ont compris qu’elles sont néfastes et se sont engagés à y renoncer, etc. ;

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• Contrairement aux attitudes d’avant, les rapports indiquent que des hommes acceptent sinon encouragent leurs épouses à adhérer aux associations et groupements, les autorisent à entreprendre des activités génératrices de revenus, à contracter des prêts pour ces activités, partagent les revenus de la vente des cultures de rente avec leurs épouses ;

• L’existence des conventions de partenariat avec les structures spécialisées dès le démarrage du projet a permis aux réseaux d’expérimenter de manière très positive le traitement conjoint des cas de dénonciation des violences faites aux femmes par l’accueil, l’écoute, le recours aux structures spécialisées (Promotion de la femme, Droits Humains et de la promotion Civique, Action Sociale, avocat) ;

• L’engagement des chefs coutumiers et religieux : exemple de l’Imam de Peni qui tient à voir l’acte de naissance des filles pour vérifier leurs âges avant de célébrer le mariage ;

• Un impact déjà visible est le renforcement de la collaboration entre les réseaux et les mairies : on note actuellement 95% des membres qui participent à des sessions communales ;

• Grace à sa contribution pour la mise en œuvre du projet, l’AFV siège au compte des OSC dans la commission d’assistance judiciaire au TGI de Bobo.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?• La mise à disposition du financement par le Fonds Commun Genre ; • Les acquis de la première phase du projet ;• L’engagement des acteurs impliqués : les réseaux, les responsables

coutumiers et religieux, l’administration, etc.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• La faible capacité des réseaux à mobiliser des ressources propres pour

assurer la prise en charge de leurs activités après la fin des financements ;• La persistance de certaines pratiques coutumières néfastes.

Les leçons apprises de la bonne pratique • La pertinence et la nécessité d’associer toutes les catégories d’acteurs et

groupes sociaux à la lutte pour l’éradication des discriminations à l’égard de la femme car leur enracinement est fortement social. La diversification des publics cibles formés a permis de partager la responsabilité de la lutte pour les droits des femmes à différentes échelles dans le milieu ;

• Malgré l’information et la sensibilisation, certains hommes ne sont pas prêts au changement. Changer voudrait dire perdre des privilèges ou un certain statut social.

• Au plan méthodologique, l’action conjointe hommes/femmes est plus efficace pour l’atteinte des résultats (50 % d’hommes) ;

• Malgré la limite qu’impose l’analphabétisme, la mise à disposition de la brochure a rendu l’information accessible à tous ceux qui savent lire dans les communautés ;

• Par la mise en œuvre de ce projet on s’est aperçu du solide ancrage social des violences faites aux femmes et de la supériorité supposée de l’homme par rapport à la femme dans le droit coutumier. C’est pourquoi les efforts de prise en compte des

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responsables coutumiers doivent être poursuivis. Il a été constaté un bon début de changement à ce niveau.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Plaider pour une prise en compte des réseaux par les plans de

développement communaux ; • Prévoir et mettre en place un mécanisme pour permettre au réseau de

prendre en charge le financement de ses activités.• Faire une extension des activités du projet à d’autres provinces de la région.

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I.3. Renforcement des capacités en plaidoyer

I.3.1. Observatoires endogènes des conflits – A.K.A.FEM/BF

a. Présentation de l’organisation

L’Association Koom pour l’Autopromotion des Femmes du Burkina Faso (A.K.A.FEM/BF) a été créée en 1999, elle est basée à Ouagadougou, 01 BP 5918 Ouagadougou 01 – tél : 25 36 40 38 / 70 26 02 80 – e-mail : [email protected] – site web : www.associationkoom.bf

La mission de l’association est de contribuer à l’épanouissement des femmes et des jeunes filles surtout en milieu rural. Elle a notamment pour objectif principal de promouvoir l’autopromotion des femmes et des jeunes filles surtout en milieu rural à travers des actions de communication pour le changement de comportement, des formations en droits de la femme, en gestion des activités économiques et la production et la commercialisation des produits maraîchers. L’association intervient dans 6 provinces du Burkina Faso : le Kadiogo, le Kourwéogo, le Namentenga, le Lorum, le Yatenga et le Zondoma.

b. Description du projet :

Le projet de « Promotion du leadership féminin dans la gestion des conflits intercommunautaires au niveau communautaire » intervient dans 7 communes du Yatenga : Thiou Oula, Ouahigouya, Tangaye Namissima, Koumbri, Zogori. D’une durée de 15 mois (octobre 2016-décembre 2017), il a pour objectif de contribuer à la promotion du leadership féminin dans la prévention, la gestion et la négociation des conflits intercommunautaires.

L’objectif spécifique du projet est ainsi de promouvoir les femmes dans les instances de résolution des conflits au niveau communautaires dans 6 communes de la province du Yatenga. En ce sens, la population cible et les bénéficiaires visés par le projet sont les représentants des femmes, les autorités locales et coutumières, les acteurs traditionnels de la gestion des conflits (tambourineurs et forgerons) ainsi que bien sûr les populations des villages d’intervention.

Ce projet intervient comme une réponse endogène nécessaire à des problèmes d’identification et de traitement de tensions communautaires (accès aux ressources, problèmes sociaux, conjugaux, etc.).

Dans ce cadre, les principales activités développées ont été les suivantes :

Information et sensibilisation sur la participation des femmes à la promotion de la paix, Identification et formation des formateurs locaux sur les thématiques de la paix,

prévention des conflits et gestion non violente des conflits, Sessions de communication pour un changement de comportement pour la paix, la

prévention et la gestion des conflits,

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Réalisation d’un diagnostic communautaire situationnel en vue de définir les moteurs des conflits à différents niveaux et les mécanismes de prévention et de gestion des conflits,

Capitalisation et partage d’expériences et initiatives de paix au niveau communautaire et à l’échelle nationale,

Réalisation d’échanges inter-pays sur les expériences réussies de participation de femmes leaders à la dynamique de paix.

c. Présentation de la pratique : observatoires endogènes de conflits

Face au constat d’une dégradation de la paix sociale dans certaines communes du Yatenga, l’A.K.A.FEM a expérimenté la mise en place d’observatoires endogènes des conflits en charge de la prévention et de la gestion non violente des différents conflits au sein des communes, que ce soit pour l’accès aux ressources, avec les services de l’Etat, aux conflits entre communautés ou même aux conflits familiaux. L’approche consiste à mettre en place des structures regroupant les autorités et des personnes ressources reconnues au niveau communautaire dans la gestion des conflits.

Forces : La composition endogène de l’observatoire présidé par le maire de la commune, les autorités

coutumières et religieuses, les écoliers, les représentantes des femmes, les CVD, les acteurs traditionnels de la gestion des conflits, le cas échéant la police ou la douane. Cette approche assure un ancrage de la structure dans la structure sociale des communes ciblées ;

L’Implication des autorités électives et coutumières constituent un facteur de pérennisation de l’observatoire, les membres de l’observatoire sont reconnus comme tels par la communauté, même après la fin du projet et pourront être sollicités par les populations ;

La présidente de l’A.K.A.FEM est une autorité locale et s’est fortement impliquée à tous les niveaux du processus de mise en place des observatoires et lors de la résolution des conflits;

L’implication des femmes dans les observatoires permet la valorisation de leur statut et la rupture d’un tabou social. Elle permet en outre la prise en compte des problématiques spécifiques des femmes qui peuvent s’adresser à ces représentantes plus facilement ;

Les membres des observatoires ont pu mener de nombreuses actions de sensibilisation de proximité et/ou de masse des populations des communes concernées pour prévenir les différentes sources de conflits ;

La présidente de l’A.K.A.FEM a pu valoriser cette expérience au niveau national auprès du MATD.

Faiblesses : L’initiative est centrée sur les chefs-lieux de communes avec des difficultés d’intervention dans

les villages éloignés; La composition de l’observatoire n’inclue pas certains groupes vulnérables notamment les agro-

pasteurs transhumants alors que la mobilité pastorale constitue une source de conflits dans ces communes ;

L’engagement des membres et leur position sociale les amène à poursuivre leur mandat au-delà du projet, néanmoins, les actions de sensibilisation et leur mobilisation pour aller rencontrer les protagonistes des confits et assurer leur gestion non violente risquent de s’essouffler sur la base d’une participation bénévole ;

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Quelle durabilité de la dynamique impulsée par le maire lors de la phase d’alternance démocratique dans les communes.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : Les observatoires ont permis la résolution de plusieurs types de conflits dans les communes

concernées : conflits fonciers, matrimoniaux, avec un site minier, entre élèves et directeur d’école, conflit électoral etc.

La tenue des élections municipales dans une commune restée sous délégation spéciale pour cause des conflits résolus grâce à l’observatoire.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) Un ancrage de longue date dans le milieu d’intervention qui a permis de s’appuyer sur les

structures sociales locales de résolution des conflits. Une duplication dans d’autres zones suppose une connaissance fine des structures sociales locales ;

La mobilisation sociale des femmes pour une réelle implication dans ces structures au niveau des leaders et de l’ensemble de la population ;

L’autorité de la présidente de l’A.K.A.FEM dans la province : ce facteur constitue une particularité de ce projet et a contribué à son succès mais il est difficilement « réplicable » par d’autres structures.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter La durée limitée du projet ; L’envergure géographique de l’intervention de l’observatoire qui se limite au chef-lieu et aux

villages proches ; La sensibilité de certains types de conflits, notamment entre agriculteurs et éleveurs, qui ne

parviennent pas toujours à temps aux membres de l’observatoire pour qu’ils puissent en assurer une gestion pacifique.

Les leçons apprises de la bonne pratique : Pertinence de s’appuyer sur les élus locaux et les autorités coutumières et d’associer des

personnes ressources reconnus par la communauté.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique. Intégrer les groupes vulnérables ou exclus des instances politiques pour participer aux

observatoires et notamment les pasteurs transhumants : cela permettrait de mieux gérer la mobilité pastorale et d’anticiper la gestion des mouvements des troupeaux en particulier aux périodes sensibles (saison culturale) : l’expérience du Réseau de Communication sur le Pastoralisme (RECOPA) peut être capitalisée en ce sens ;

Faire du plaidoyer pour une pérennisation des observatoires aux niveaux décentralisés et communaux.

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I.3.2. Diffusion de films de capitalisation et de sensibilisation – Association Semfilms

a. Présentation de l’organisation

L’Association Semfilms se donne pour mission d’œuvrer pour la promotion des Droits Humains à travers l’image et les TIC en Afrique de l’Ouest « afin que les populations connaissent mieux leurs droits fondamentaux et que les droits humains et l’État de droit au Burkina Faso et en Afrique soient mieux respectés ». L’association Semfilms intervient principalement au Burkina Faso mais également dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest via sa webTV et le festival ciné Droit Libre.

b. Description du projet

Le Projet « Genre & TIC : libérer la parole et rendre visible les bonnes pratiques des acteurs et actrices » couvre le territoire national du Burkina Faso. D’une durée d’un an, il vise à renforcer le niveau de connaissance des jeunes en matière de Genre à travers la production de contenus ainsi que la diffusion et la capitalisation du travail des acteurs et actrices engagés sur cette thématique. Il vise donc un large public mais principalement les jeunes burkinabè ainsi que les OSC et organisations œuvrant dans le domaine de la promotion du genre au Burkina Faso.

c. Présentation de la pratique : capitalisation et diffusion des expériences innovantes en matière de genre

La pratique fait suite à un double constat : (i) les jeunes, qui représentent pourtant la majeure partie de la population, sont souvent peu informés et se sentent peu concernés par les problématiques de genre et (ii) de nombreux acteurs et organisations interviennent dans le domaine de la promotion du genre mais leurs interventions sont peu connues, aussi bien par leurs pairs que par le grand public.

En réalisant des films et des courts reportages sur les questions liées au genre et sur les initiatives développées en faveur du genre au Burkina Faso, cette pratique contribue donc à une meilleure connaissance des problématiques liées au genre par le grand public en général et par les jeunes en particulier au Burkina Faso.

Cette pratique contribue également à créer du lien, de la cohérence et du partage au sein du milieu des OSC intervenant sur le genre en favorisant les rencontres entre les organisations et la diffusion des expériences menées et leçons apprises.

On retiendra, dans le processus de mise en œuvre de la pratique, les étapes suivantes qui ont permis de consolider cette bonne pratique :

1. Réalisation d’un film documentaire sur une problématique liée au genrea. Identification et listing des principales problématiques liées au genre ;b. Identification des acteurs et structures intervenant sur chacune des thématiques ;c. Contact avec ces acteurs et structures et présentation du projet ;d. Réalisation d’un documentaire avec l’appui de la structure porteuse du projet. Le film

comporte une présentation de la problématique, du projet et des témoignages et rencontres de bénéficiaires ;

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e. Diffusion du documentaire en ligne via une plateforme publique2. Diffusion d’un film documentaire auprès d’un large public

a. Identification, parmi les films en ligne, de ceux avec un large potentiel de diffusion et de sensibilisation, permettant de réellement « libérer la parole » ;

b. Planification de la diffusion publique et choix d’un lieu fréquenté par un large public et/ou un lieu de passage ;

c. Invitation des acteurs locaux travaillant sur la thématique pour la connexion entre eux des acteurs locaux et la présentation de leur travail aux populations locales ;

d. Projection et organisation d’un débat à la fin de la projection.

Forces : • Le recours à l’image est un moyen efficace, accessible à tous et parlant à

tout type de public ;• La mise en relation des acteurs entre eux et la capitalisation sur des

pratiques et les leçons tirées par les différentes organisations du secteur permet de faire le lien entre les différentes initiatives et de démultiplier les bonnes approches et pratiques ;

• L’utilisation d’une WebTV permet d’adresser un public jeune, premiers utilisateurs du web ;

• Le recours à un outil simple d’utilisation, un format court et des thématiques variées pour ne pas lasser un auditoire néophyte ;

• La diffusion des films de sensibilisation à des publics variés permet de libérer la parole sur des sujets tabous et de créer des espaces d’échange sur des thématiques rarement abordées.

Faiblesses :• Les Caravanes du film sont principalement organisées dans des centres urbains alors que les

principales problématiques liées au genre ont tendance à toucher plutôt un public rural ;• L’outil de la WebTV peut être lourd à utiliser alors que la connectivité dans le pays est faible.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles :

Il est encore tôt pour évaluer précisément les résultats obtenus par la pratique car le projet doit se terminer fin 2017 et la mesure des impacts est rendue difficile par le fait que les outils développés visent un public très large. Toutefois, on observe que l’outil « Caravane du film » en ce qu’il permet de toucher des publics très diversifiés permet de libérer la parole sur des thématiques tabous ou reléguées au second plan. On pense notamment à cette jeune institutrice qui, suite à une caravane, a parlé pour la première fois de l’agression qu’elle avait subie dans le cadre de son premier emploi. Un film sera réalisé sur son histoire permettant ainsi à d’autres femmes de sortir de la honte et du silence.

On peut également noter la documentation de pratiques innovantes et la mise en relation d’acteurs intervenant dans le domaine de la promotion du genre à titre d’acquis permettant ainsi de partager les pratiques intéressantes et de renforcer les capacités des uns et des autres.

Les facteurs de réussite de la pratique :

• L’expérience de l’association dans la réalisation de films et de documentaires : La pratique développée s’inscrit totalement dans la droite lignée des activités et modalités interventions

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habituelles de Semfilms ainsi que dans son plan d’action. L’expérience de l’organisation dans le domaine du cinéma et des documentaires et le fait qu’ils disposent de matériel approprié et de ressources humaines formées.

• Le caractère et l’ancrage militant de l’association : Semfilms est une association engagée dans la promotion des Droits et de la Démocratie et dispose donc déjà d’un réseau de partenaires et d’un public assez large, habitué à visionner et/ou utiliser ses productions et intervenant déjà dans des domaines similaires (défense des droits, lutte contre l’oppression, etc.).

• La participation au FCG : l’inclusion de Semfilms dans le FCG a permis de financer le développement d’un pôle genre dans leurs activités mais également de mettre l’association en relation avec de nombreux acteurs intervenant dans le domaine du genre qui ont pu servir de cas d’étude pour les reportages ou introduire sur des thématiques intéressantes.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter :

• La durée limitée du projet alors que le processus est long depuis le repérage du sujet jusqu’à la finition d’un film ;

• La réalisation de certains films peut se heurter à des difficultés telles que la résistance des acteurs ou spectateurs face à certains sujets ou encore le blocage institutionnel de certains acteurs (par exemple, refus du droit de filmer dans certains lieux), etc.

Les leçons apprises de la bonne pratique :

• La population est intéressée par les problématiques du genre et trouve un intérêt à évoquer ces problématiques habituellement laissées de côté.

• La documentation des bonnes pratiques et leur diffusion permet d’améliorer les compétences des acteurs et de diffuser les messages portés au grand public, démultipliant ainsi les effets des projets développés.

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique :

• Développer des initiatives similaires aussi bien dans les centres urbains que les communes rurales ;

• Mettre en œuvre des partenariats avec des chaînes de télévision pour une large diffusion des documentaires.

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I.3.3. Mobilisation de leaders religieux et coutumiers à travers l’approche GIM – URCB/SD

a. Présentation de l’organisation

L’Union des Religieux et des Coutumiers du Burkina Faso (URCB) a pour mission d’œuvrer à instaurer une synergie d’actions entre les communautés religieuses et coutumières afin de garantir une plus grande efficacité dans les interventions en matière de santé et de développement et ainsi promouvoir le bien-être des populations de façon durable et globale.

L’URCB est présente et intervient sur tout le territoire national.

b. Description du projet

Le « projet de mobilisation des leaders religieux et coutumiers pour la promotion du genre à travers l’outil GIM (Gender Impact Model) au sein des communautés dans 12 communes de la Boucle du Mouhoun » couvre 12 communes de la Boucle du Mouhoun dont 6 communes urbaines et 6 communes rurales. D’une durée de 2 ans, le projet contribue à réduire les violences faites aux femmes et aux filles à travers la promotion des valeurs traditionnelles et religieuses dans la Région de la Boucle du Mouhoun. Le projet vise à impulser un changement de comportement chez les populations de la Boucle du Mouhoun vis-à-vis des filles et des femmes et au sein de la famille, en règle générale, œuvrant ainsi à réduire toute forme de violences basées sur le genre. Pour ce faire, le projet entend travailler en priorité avec les leaders religieux et coutumiers qui sont les principaux interlocuteurs des populations en la matière dans leur localité et dont l’opinion peut réellement influencer le changement de comportement.

c. Présentation de la pratique : mobilisation de leaders religieux en faveur du genre

Le développement de la pratique fait suite à un diagnostic réalisé par l’URCB qui a abouti à la conclusion selon laquelle les violences basées sur le genre sont particulièrement importantes dans la Région de la Boucle du Mouhoun. La pratique développée visait à ce que les leaders religieux et coutumiers locaux les plus influents se mobilisent en faveur de la réduction des violences basées sur le genre afin d’influencer les populations dans leurs pratiques et de lutter contre l’idée selon laquelle certaines violences basées sur le genre sont des impératifs dictés par les religions.

En mobilisant les leaders des 4 principales communautés présentes dans la Boucle du Mouhoun, à savoir les musulmans, les catholiques, les protestants et les coutumiers, la pratique cherchait à toucher l’intégralité de la population des communes d’intervention – et alentours – ainsi qu’à promouvoir le dialogue inter-religieux et inter-communautaire.

Le processus de mise en œuvre de la pratique développée est très important en ce qu’il permet de s’assurer de l’adhésion des leaders impliqués et :

1. Identification des groupes religieux et ethniques locaux et de leurs problématiques ;2. Identification des leaders locaux influents de chaque groupe ;3. Rencontre et présentation de la démarche aux leaders ;4. Renforcement des capacités et sensibilisation des leaders ;5. Mise en relation des leaders pour une meilleure concertation sur les problématiques liées au

genre localement.

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Il est à noter que la conception d’un outil simple de sensibilisation des populations locales et sa mise à disposition des leaders est un facteur de réussite important de cette pratique.

Forces :

• La foi est un levier efficace pour introduire des changements comportementaux chez les populations ;

• Le projet s’appuie sur des leaders disposant d’une véritable influence au sein des communautés d’intervention ;

• La différenciation de l’outil et du message selon les ethnies et les appartenances religieuses est un gage d’efficacité et d’équité : un diagnostic des problématiques liées au genre a été réalisé et les outils ont ensuite été réalisés de manière à ce que des éléments concrets (extraits de textes saints, dictons et sagesses, etc.) soient cités pour chaque thématique afin de donner une vision éclairée de ce que prônent réellement les différentes religions ;

• Le dialogue inter-religions et la concertation des leaders permet de renforcer le lien et la communication entre les communautés ;

• Le renforcement des capacités en matière de gestion de conflits des leaders ainsi que le développement de leurs connaissances en matière de prescriptions religieuses relatives au genre permettent aux leaders points focaux de devenir des personnes ressources auxquelles ont recours les populations en cas de conflits ;

• Le maillage choisi est efficace en ce que des leaders sont identifiés dans chacune des communes pour être au plus près des populations locales mais que des points focaux mieux formés sont désignés au niveau de chaque province et représentent des personnes ressources.

Faiblesses :

• Le projet a rencontré des difficultés liées à la volonté de travailler avec les personnes notables au sein de chaque communauté puisqu’il s’agissait souvent de personnes âgées non alphabétisées cela posait problème au niveau du suivi de leurs activités ;

• Les notables religieux et coutumiers ne sont pas toujours les personnes ayant la vision la plus progressiste de la société et certaines problématiques liées à la modernité peuvent être ignorées par ces leaders ;

• Les femmes elles-mêmes sont relativement peu associées dans ce maillage ; • Les modalités d’intervention du projet prévoient que les leaders et points focaux

interviennent eux-mêmes pour régler les conflits au sein des communautés ce qui représente un coût que ne peuvent pas toujours supporter les acteurs et une concurrence potentielle envers les services sociaux ce qui nuit à la durabilité du projet.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles :

• 52 Point Focaux et 758 leaders ont compris l’importance du sujet et diffusent largement les messages portés par le projet ;

• Ces derniers sont devenus des références localement et sont régulièrement sollicités par les populations et par les services sociaux pour venir résoudre des problèmes ou des conflits, y compris non liés au genre ;

• Les populations parviennent mieux à faire la distinction entre émancipation de la femme et protection de la femme ;

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• Les populations ont pris conscience de leurs comportements et pratiques néfastes ;• Le projet a permis d’affiner les problématiques de violences basées sur le genre selon les

ethnies et les confessions, par exemple, il a permis de mettre à jour et d’adresser des violences à l’encontre des hommes au sein d’une communauté.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

• La conception portée par le projet et relayée par les points focaux locaux ne va pas à l’encontre des traditions et coutumes mais au contraire se basent sur ces dernières. Elle ne vise donc pas à émanciper totalement la femme de l’homme ou à véhiculer une image de la femme en contradiction avec les valeurs des populations locales mais plutôt à lutter contre les pratiques néfastes et violences ce qui permet une meilleure adhésion des populations.

• L’ancrage de l’organisation et son habitude de travailler avec les coutumiers et les religieux lui octroie une légitimité auprès des quatre communautés qui permet de traiter de ces sujets et d’avoir une réelle influence sur les pratiques.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter :

• Accessibilité et coûts d’accès aux zones d’intervention ;• Le contournement des résistances peut être long et fastidieux ;• La durabilité du projet est difficile à assurer en l’absence de prise en charge des acteurs

localement.

Les leçons apprises de la bonne pratique :

• Le recours à des agents issus des communautés elles-mêmes et jouissant d’un crédit important en leur sein permet de mieux amener ces communautés à accepter les changements induits et permet d’intervenir là où les populations ne font pas appel aux services de l’Etat (défiance, idée que les problèmes relèvent de la sphère privée ou que la pratique condamnée par l’Etat est une prescription religieuse, etc.) ;

• Le travail en concertation avec les différentes communautés permet d’œuvrer au vivre ensemble et de lutter contre les différentes formes d’extrémisme.

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique :

• Davantage impliquer les femmes dans ce type de projet ;• Prendre en compte davantage le poids financier et les responsabilités que suppose le fait

d’être point focal pour permettre à ces derniers d’être efficaces.

Quelques leaders coutumiers et notables de Dédougou

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I.3.4. Actions musulmanes pour une effectivité de l’égalité de genre à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso- CERFI

a. Présentation de l’organisation

La Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) est une Organisation de Société Civile à connotation religieuses, basée à Ouagadougou avec une couverture nationale.

Son adresse est la suivante : 1200 logements derrière le centre CIJEF ; 01 BP 6394 Ouagadougou 01/ Burkina Faso ; Tél. (00226) 50 36 87 95 /(00226) 70 33 08 58 / 78 83 14 12 Email [email protected] / [email protected] ,

[email protected]

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, la Cellule Féminine Nationale du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) a mis en œuvre le Projet « Actions musulmanes pour une effectivité de l’égalité du genre à Ouagadougou et à Bobo » sur la période de mars 2011 à mars 2013.

L’objectif global du projet était « d’améliorer la compréhension du genre et promouvoir l’égalité homme/femme dans le milieu islamique à Ouagadougou et bobo afin de réduire les disparités de genre au niveau local ».

De façon spécifique, il était question de : Sensibiliser les populations musulmanes à mieux cerner les concepts de genre pour une

meilleure compréhension de l’égalité homme/femme dans le milieu islamique burkinabè ; Renforcer les capacités des structures associatives et leaders d’opinion religieux sur les

notions de genre et droit de la femme en islam ; Renforcer les capacités techniques et institutionnelles de la Cellule Féminine Nationale en

matière de plaidoyer et de lobbying genre.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique des différences entre la femme et l'homme dans de nombreux domaines de la vie et qui se manifestent par la division sexuelle du travail, la charge du travail ainsi que par des disparités dans l’accès aux activités économiques, aux services sociaux, au revenu, aux moyens de production, à l'héritage. Cette situation globale de la femme est beaucoup plus accentuée chez la femme musulmane, qui passe pour le prototype de femme opprimée. Cela s’explique par plusieurs raisons dont les pesanteurs socioculturelles, la méconnaissance des textes islamiques ou leur mauvaise interprétation ou compréhension par plusieurs leaders religieux.

Les résultats attendus de ce projet étaient :

1. Les populations musulmanes sont sensibilisées sur les concepts de genre et comprennent mieux les notions d’égalité et d’équité homme-femme dans la société ;

2. Les capacités des structures associatives et des leaders d’opinion musulmans sont renforcées sur les notions de genre et de droits de la femme en islam ;

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3. Les capacités institutionnelles et techniques de pilotage du projet genre et islam par la CFN sont renforcées.

Les bénéficiaires directs du projet sont les femmes et les hommes, les étudiants musulmans, les fonctionnaires musulmans, les imams, les prédicateurs, les leaders d’opinion islamiques et les organisations musulmanes.

c. Présentation de la pratique

Par le Projet « Actions musulmanes pour une effectivité de l’égalité du genre à Ouagadougou et à Bobo », la Cellule Féminine Nationale du CERFI a développé une approche de renforcement des capacités en plaidoyer des principaux acteurs de l’islam pour une compréhension du genre la promotion de l’égalité homme/femme dans le milieu islamique.

Cette pratique visait à apporter un changement dans les mentalités et comportements du milieu islamique au Burkina, par rapport à la place de la femme. Les principaux défis étaient la faible prise en compte du genre dans le milieu islamique, la discrimination à l’égard des femmes musulmanes due à la méconnaissance de la législation islamique ou à sa mauvaise interprétation, la faible implication des femmes dans les processus de prise de décision au niveau des associations islamiques, le manque d’outils et d’instruments interne pour la vulgarisation de l’équité homme-femme, Faible application des textes religieux (coran et sunna) sur les droits des femmes musulmanes dans la société, etc.

La stratégie a été de s’appuyer sur la culture musulmane comme ressource capable de favoriser le changement escompté en matière de genre. En effet, les structures islamiques peuvent faire progresser l’équité/égalité des genres d’autant plus efficacement qu’elles agissent en connaissance de leur milieu et de leur principe de fonctionnement. Ainsi, la Cellule Féminine Nationale du Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamique (CFN/CERFI), en tant qu’organisation d’élites musulmanes, est habilité à intervenir dans ce domaine.

Pour ce faire, elle a développé une série d’activités permettant de toucher une large gamme d’acteurs dont le rôle est primordial pour atteindre les changements escomptés : actions de sensibilisation, de communication, de formation, de réflexion, de mobilisation et de lobbying. La stratégie a été de toucher directement et activement les principaux bénéficiaires, les imams, les leaders d’opinion, les responsables communautaires, dont la participation dans le cadre d’une approche consultative et participative contribuera à l’élimination des préjugés liés au genre dans le milieu musulman.

Cette pratique de formation en plaidoyer comporte des forces qui sont : • Le fait que ce soit un acteur interne aux entités de la religion islamique (le

CERFI) qui soit le porteur du projet ;• L’engagement de la cellule Féminine Nationale du CERFI pour la question du

genre et sa connaissance du milieu ;• L’accent mis sur l’implication des leaders d’opinion au sein de la

communauté musulmane.• L’implication des femmes et des hommes pour les formations et les autres

activités. Des faiblesses n’ont pas été relevées de la pratique.

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Le grand changement opéré par le projet est que les femmes et les hommes comprennent de plus en plus la notion du genre qui n’est pas étrangère aux textes religieux, car ceux-ci préconisent l’équité à tout point de vue entre homme et femme. Hommes et femmes doivent jouir au mêmes degré des ressources, et que les discriminations qui se font d’une façon ou d’une autre sur la femme ne sont nullement recommandées dans le coran mais fondées sur les pratiques culturelles. Les enfants doivent tous, filles comme garçons, bénéficier de la même instruction, les mêmes droits et devoirs au sein de la société.Source : Rapport atelier bilan FCG 2012-2015,

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets-impacts prévisibles ;• Les populations musulmanes des zones du projet sont sensibilisées sur les

concepts de genre et comprennent mieux les notions d’égalité et d’équité homme-femme dans la société

• Les capacités des structures associatives et des leaders d’opinion musulmans sont renforcées sur les notions de genre et de droits de la femme en islam ;

• La mauvaise compréhension ou interprétation des textes en leur défaveur des femmes ont été mises à jour et expliquées : Les causeries éducatives dans les mosquées ont fait prendre conscience aux femmes sur la mauvaise compréhension ou interprétation des textes en leur défaveur (telles que les violences basées sur le genre) ; par rapport l’accès et contrôle des ressources, Les femmes ont compris qu’elles bénéficient des mêmes avantages dans la gestion des ressources que les hommes ; Les hommes comprennent la nécessité du travail de la femme et les femmes prennent conscience que leur autonomie financière les libère des souffrances ; etc.

• La mise en réseau des OSC œuvrant pour l’égalité homme/femme : Formation de deux réseaux dans une synergie d’action pour la promotion de l’équité Ouaga et bobo ;

• L’influence politique des femmes s’est renforcée dans le milieu musulman: La CFN/CERFI a vu son leadership accroitre sur les questions du genre (Les capacités renforcées de la CFN sur genre et islam la positionne en leader car ces responsables sont sollicités pour animer les conférences et ateliers sur les questions genre dans d’autres milieux comme dans les autres structures islamiques).

Photo extraite du document de capitalisation des BP en genre au profit du FCG, Déc. 2015

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?• L’adhésion des Imams et de tous les autres acteurs ;• le soutien du Bureaux Exécutif National du CERFI et la volonté de ses

membres à impliquer davantage les femmes dans les prises de décisions ;• la reconnaissance du CERFI en tant que structure musulmane d’élite au

Burkina Faso par les autres communautés musulmanes ; • la capacité de mobilisation de la CFN ainsi que le degré d’engagement et son

implication dans les activités en faveur de la femme ;

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• la collaboration entre la CFN et certaines organisations féminines dans le cadre d’un réseautage au niveau national et au niveau des régions ;

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• Les difficultés d’obtenir rapidement la permission des certains responsables

pour faire les activités de causerie ; • Certains hommes pensent que ces exposés pourront révolter les femmes qui

prennent connaissance de leurs droits.

Les leçons apprises de la bonne pratique • Les femmes sont conscientes que le changement passe impérativement par

les hommes : dans les sessions de formation, elles ont signalé qu’il faut une forte participation des hommes dans ces genres de formation.

• L’utilisation des imams et leur engagement pour être des relais dans la transmission du message est un puissant canal pour un changement de comportement en matière de genre dans le milieu musulman.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Hommes et femmes souhaitent une continuation des formations sur le genre

dans le milieu islamiques en étendant aux autres structures islamiques ;• Les femmes recommandent qu’il y ait des AGR pour leur indépendance

financière.

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I.3.5. Monitoring/plaidoyer/action concertée pour l’égalité des sexes dans les sphères de décision dans le domaine de la gestion de l’eau potable – Eau Vive

a. Présentation de l’organisation

Eau Vive est une ONG française, intervenant depuis plusieurs décennies au Burkina Faso dans des programmes axés sur l’appui au développement local (économique, social et institutionnel), l’appui à la maîtrise d’ouvrage communale, l’appui au développement des services d’eau et d’assainissement et autres services sociaux de base (éducation et santé) ainsi que la promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.Elle est à l’adresse suivante : Eau Vive, Délégation pour le Burkina Faso et le Togo, 256 Rue Moé Saana, Paspanga Secteur 4, Ouagadougou. Tel :

+226 50 31 19 44/ 50 45 10 11/ 70 26 63 93E-mail : [email protected] / [email protected];

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, l’ONG eau Vive Délégation pour le Burkina Faso et le Togo a planifié et mis en œuvre « Le Projet Eau et Genre » (PrEau-Genre), sur la période de juin 2012 à juillet 2014. Le projet a couvert les communes de Dori, Gorgadji et Seytenga.

L’objectif global du PrEau-Genre était de renforcer l’influence des femmes dans les activités sociocommunautaires à travers leur contribution accrue à la gestion des services d’eau potable dans les communes de Dori, Gorgadji et Seytenga.

De façon spécifiques il était question de :

Réduire les contraintes liées à la participation et à la responsabilisation des femmes dans la gestion des services d’eau (les perceptions traditionnelles, l’analphabétisme, l’illettrisme, l’ignorance, l’insuffisance de charisme et d’assurance personnelle, la faible autonomie financière, la faible identification légale) ;

Soutenir la représentation et à la responsabilisation des femmes dans les structures de décision, de concertation, de réflexion et de gestion des services d’eau.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique de la place controversée de la femme dans l’accès et la gestion de l’eau. En effet, les femmes sont au centre de la problématique d’accès à l’eau potable, tant comme victime directe des problèmes que bénéficiaires directes des solutions. Pourtant, elles sont généralement en marge des responsabilités relatives à la gouvernance et la gestion des services d’eau potable. Pour des raisons socioculturelles et historiques, les femmes rencontrent des contraintes objectives qui entravent leur pleine responsabilisation dans les structures de de gestion. Il s’agit entre autre de l’analphabétisme, l’ignorance, la faible autonomie financière, le manque d’assurance et de charisme, etc. Ce contraste entre leur rôle de premières concernées et leur mise à l’écart dans la gestion de l’eau potable appelle à une remise en cause des perceptions et pratiques actuelles en matière de répartition des responsabilités et tâches entre les hommes et les femmes dans la gestion des services d’eau.

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Ainsi, les résultats attendus de ce projet étaient les suivants : Les populations de 30 villages dans les trois communes du projet sont sensibilisées sur les

enjeux de genre et les leaders locaux mobilisés pour promouvoir une meilleure responsabilisation des femmes;

150 femmes sont alphabétisées ; 90 femmes ont bénéficié de formation et pris part à des échanges sur la prise de parole en

public, l’exercice de l’autorité et le leadership, les techniques d’animation et d’assistance pour développer des activités économiques pouvant améliorer leur autonomie financière;

au moins 30% des membres des structures de gestion des services d’eau sont des femmes ; au moins 50% des femmes membres prennent la parole au cours des réunions dans ces

structures ; 90 femmes membres de structures de gestion des services d’eau ont bénéficié d’assistance

pour disposer d’une carte nationale d’identité; au moins 30% des responsables des structures de gestion des services d’eau sont des

femmes ; 90 femmes responsables au sein de structures de gestion ont bénéficié d’un

accompagnement spécialisé dans l’exercice de leurs fonctions ; au moins 80% des tâches assignées aux femmes responsables de ces structures sont bien

exécutées ; au moins 40% des points d’eau sont gérés de façon efficace par des femmes en qualité de

gestionnaire.

Les bénéficiaires directs des actions du projet sont : 90 leaders administratifs, religieux et coutumiers 300 hommes et femmes membres des structures locales 150 femmes membres des cadres de concertation et structures de gestion de l’eau 90 femmes pour les soutenir à prendre et assurer des responsabilités importantes dans les

structures de gestion des services d’eau 90 femmes pour les soutenir à assurer des responsabilités importantes dans les structures

de gestion des services d’eau, à acquérir de l’autonomie financière et à disposer d’une carte nationale d’identité

Les bénéficiaires indirects sont les femmes et hommes de trente villages dans trois communes de la Région du Sahel (Dori, Gorgadji et Seytenga). De façon plus indirecte, le projet a touché les 5 autres Communes d’intervention du programme EAUSAHEL d’Eau Vive qui seront témoins des progrès accomplis dans le cadre de PrEau-Genre.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de ce projet, Eau Vive a développé une approche de Monitoring/plaidoyer/action concertée pour l’égalité des sexes dans les sphères de décision dans le domaine de la gestion de l’eau potable.

La méthode d’approche s’est faite à travers des animations d’information/sensibilisation, théâtre-forums et formations.

Cette pratique comporte aussi bien des forces que des faiblesses.

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Les forces de la pratique sont les suivantes : Renforcement des capacités en en leadership, sur la prise de parole en public, sur les

rapports et enjeux de genre, les technique d’animation, exercice de l’autorité, etc. L’alphabétisation des femmes; Implication des hommes, des leaders locaux, des chefs coutumiers et religieux qui ont

apporté leur soutien aux femmes ; Coaching et soutien à la responsabilisation des femmes ; Sensibilisation pour l’évolution des mentalités (théâtre-forum).

Les points faibles de la pratique sont : Toutes les formations dispensées ont été de courte durée donc les formés ont juste eu

l’essentiel, les thèmes ne sont pas très approfondis ; La durée du projet a été courte donc ne permet pas de garantir une bonne pérennisation :

les AUE qui viennent d’être mises en place n’ont pas reçu leur récépissé et ne sont pas bien fonctionnelles et c’est la fin du projet.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ; Toutes les activités programmées ont été exécutées et les cibles sont atteintes ; Il y a une prise de conscience quant à la nécessité de responsabiliser les femmes dans la

gestion des services d’eau, et un changement de comportement des leaders sur le genre qui se mesure par leur acceptation de l’intégration des femmes ;

Les femmes sont impliquées dans les AUE des villages ce qui n’était pas le cas : 50% des responsables dans tous les villages ;

Les femmes sont maintenant conscientes qu’elles ont droit à la prise de parole dans les décisions, et qu’elles sont acceptées et écoutées : elles participent aux réunions et prennent la parole en public pour donner leur point de vue ;

• Il y a une meilleure connaissance du concept « genre » et de l’approche « Genre et développement » ;

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?

• L’engagement des acteurs impliqués (leaders locaux, des chefs coutumiers et religieux, etc).

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• Quelques hommes trouvent qu’on leur a imposé les femmes dans les

bureaux des AUE.

Les leçons apprises de la bonne pratique • influencer des femmes et des hommes afin de provoquer des changements

de mentalités et de comportements en faveur de l’amélioration du statut de la femme en particulier, n’est pas chose aisé en si peu de temps avec des moyens limités ;

• La participation à la gestion de l’eau peut également promouvoir la dignité des femmes en leur donnant une voix et un choix.

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• l’amélioration du statut et du rôle de la femme dans la vie sociocommunautaire passe par la mise en œuvre de solutions ciblées pour chacune des contraintes précédemment identifiées

• L’atteinte d’une bonne gouvernance dans la gestion de l’eau requiert un ensemble d’action intégrées telles que la volonté et l’engagement politique, L’adoption d’une approche transparente, cohérente et équitable mise en œuvre d’actions concrètes sur le terrain, le renforcement des capacités des institutions et des acteurs et actrice, l’utilisation des canaux de relais de l’information et de suivi.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Les changements de mentalité prennent du temps et les projets ne devraient pas s’arrêter

en si bon chemin. • Prendre des dispositions pour pérenniser les acquis du projet Eau et Genre.

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I.4. Influence politique des femmes

I.4.1. Cadre de concertation des femmes

a. Présentation de l’organisation

L’Association PaglaYiri (« La femme, bien être du foyer ») créée en 1975a été reconnue en 1988. Elle se situe à Zabré, dans la Province du Boulgou – tél : +226 40 71 42 00 mais a également une représentation à Ouagadougou - 09 BP 335 Ouagadougou 09 – tél : 25 36 34 00 – e-mail : [email protected]

La mission de l’Association PaglaYiri est de contribuer à l’épanouissement de la femme vivant en milieu rural en répondant à ses besoins et préoccupations quotidiens.

L’association intervient dans les provinces du Boulgou et du Zoundwéogo au Burkina Faso à travers cinq communes essentiellement : Zabré, Zoaga, Garango, Zonsé et Gon-Boussougou

b. Description du projet :

Le « projet de Renforcement de la participation des femmes dans les instances de prise de décision au niveau des collectivités territoriales et des partis politiques dans les régions du Centre-Est et du Centre-Sud » couvre 4 communes du Centre-Sud et Centre-Est : Zabré, Zoaga, Zonsé et Gomboussougou. D’une durée de 36 mois (septembre 2014 - septembre 2017), il avait pour objectif principal de contribuer à l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes dans les sphères de prise de décision au Burkina Faso.

Son objectif spécifique était ainsi de renforcer la participation des femmes dans les instances de prise de décision au niveau de quatre communes et de 10 partis politiques dans les régions du Centre-Est et du Centre-Sud d’ici à 2017.

La population cible et les bénéficiaires se déclinent donc comme suit:

- 39 femmes élues locales représentant le nombre total de femmes élues au sein des conseils municipaux des quatre communes ;

- 80 militantes non élues et 20 responsables des partis politiques (hommes et femmes) les plus actifs dans les régions du Centre-Est et du Centre-Sud soit 10 représentants par partis politiques ;

- 81 femmes leaders d’OSC des zones d’intervention ;- Les bénéficiaires finaux sont :

o Les conseils municipaux des communes cibles soit un total de 223 conseillers ;o Les partis politiques et les Organisations de la société civile locales ;o Les femmes des 04 communes et les groupes spécifiques (jeunes, personnes

vulnérables, etc.) des régions cibles du projet.

Le projet a été créé en réponse et pour saisir les opportunités liées à la décentralisation et aux élections pour améliorer la participation des femmes aux instances de décision au niveau communal et la concertation entre femmes pour orienter et peser dans les orientations de développement de leur commune.

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c. Présentation de la pratique : Cadre de concertation des femmes leaders

La pratique cible les femmes leaders des communes : responsables d’OSC, membres des partis politiques et élues locales. Suite à toute une série de renforcement de leurs capacités et à un processus de sensibilisation des partis politiques pour positionner des femmes sur les listes électorales, l’objectif est à la fois de renforcer le nombre de femmes élues des conseils municipaux mais aussi de poursuivre des cadres d’échanges entre femmes pour que les élues puissent porter et défendre les problématiques des femmes auprès des instances communales. Des cadres de concertation regroupant les 30 femmes formées par communes sont donc organisés régulièrement en amont de sessions du conseil municipal.

Forces : L’animation et le renforcement de capacités approfondi de 30 femmes leaders par commune

: membres des partis politiques, leaders OSC, élues locales : constitution d’un « noyau dur » de femmes déjà engagées, qui les renforce et les conforte dans leur statut de leader et d’exemples pour les autres femmes de la commune ;

Le renforcement de leurs capacités et une meilleure connaissance de leurs droits doivent leur permettre de mieux se positionner sur les listes électorales et de ne pas uniquement servir de faire-valoir aux hommes têtes de liste;

L’accompagnement de proximité par des animatrices endogènes permet de maintenir une dynamique forte de ces femmes et de les soutenir pour la tenue de leurs rencontres et des actions qu’elles envisagent de mener pour diffuser leurs connaissances auprès des autres femmes de la commune ;

L’implication et la sensibilisation des membres des partis, des autorités locales en parallèle permet de créer des synergies d’actions pour améliorer la place des femmes dans les listes et les instances locales ;

Les cadres permettent la prise en compte des problématique spécifique des femmes par la création d’un espace de dialogue et de concertation, ils permettent aux femmes élues de construire avec le groupe l’argumentaire des plaidoyers qu’elles vont porter de manière conjointe au conseil municipal ;

Les cadres permettent également de briser les barrières entre partis politiques : elles font partie du même groupe de dialogue sans préjuger de leur appartenance politique qui passe au second plan par rapport aux problématiques propres aux femmes ;

La pratique permet dans tous les cas l’amélioration de la participation citoyenne des femmes qui assistent aux conseils municipaux même avec un nombre limité d’élues femmes pour les assister dans leur mandat. Cela oblige en outre les femmes élues à une meilleure redevabilité envers les membres des cadres de concertation ;

La sensibilisation sur leurs droits et la place de la femme dans la société a également comme effet induit une prise de conscience par les femmes de l’importance de la scolarisation de leurs filles

Faiblesses : L’initiative est concentrée au niveau des chefs lieux de communes et les cadres touche peu

les villages éloignés ;

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Les femmes membres des cadres de concertations souhaitent répandre l’initiative et les sensibilisations dans les différents villages des communes mais risquent de se heurter à termes au manque de ressources pour assurer leur déplacement et leur mobilisation ;

L’efficacité de l’augmentation du nombre de femmes élues est variable selon les communes (de plus de 14 à 1 seule femme élue à Zoaga);

La durabilité des cadres de concertation sera fonction des capacités de ces femmes à maintenir leur engagement et leur mobilisation sur le long terme sur une base bénévole.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : Une plus grande représentation des femmes dans certains conseils municipaux ; Une forte implication des femmes pour intégrer les CVD dans les villages touchés par les

activités de formation et de sensibilisation des femmes (8/12 par ex. dans un village de la commune de Gon-Boussougou)

Les cadres de concertation ont permis aux femmes de revendiquer une meilleure dotation en personnel au niveau du centre de santé de Gon-Boussougou.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) Un ancrage de longue date dans le milieu d’intervention qui a permis de s’appuyer sur les

femmes leaders de la communauté ; Un processus de renforcement d’un groupe restreint de femmes reconnues pour leur

engagement initial que ce soit dans les OSC ou les partis politiques et qui les conforte dans leurs rôles et leurs responsabilités envers les autres femmes de la commune.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter Les tensions politiques dans certaines communes qui ont limité la participation des femmes ; l’envergure géographique de l’intervention de l’observatoire qui se limite au chef lieu et aux

villages proches.

Les leçons apprises de la bonne pratique : des processus conjoints de sensibilisation pour amener un plus grand engagement des

femmes dans les processus électoraux et pour inciter les partis à mieux les positionner sur les listes électorales ;

un processus continu de concertation pour faire remonter les besoins de la base auprès des élues locales.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique. L’accompagnement pour une prise en charge par les femmes du cadre des processus de

sensibilisation dans les villages de la commune et la remontée des préoccupations de la base vers les élues locales ;

Le processus de participation citoyenne et de redevabilité des élues est un exemple à diffuser auprès de l’ensemble de la population des communes.

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I.4.2. Réduction des violences basées sur le genre et des stéréotypes sexistes néfastes à la participation politique des femmes

a. Présentation de l’organisation

Le Centre d’information et de documentation citoyennes (Cidoc) est une association nationale à but non lucratif officiellement reconnue par récépissé

N°2003-473/MATD/SG/DGLPAP/DAOSOC du 09 septembre 2003. Il est à l’adresse suivante : Cité SOCOGIB Ouaga 2000, villa 157. BP 753 Ouagadougou 07 ; Tel : 25 50 54 43. Email : [email protected] ; [email protected] Cidoc s’est fixé pour mission « de contribuer au développement des capacités durables pour un engagement effectif et significatif des citoyens dans la gestion des affaires de leur communauté. A cet effet, le Centre s’efforce de promouvoir la gouvernance légitime et de renforcer le droit de participation des citoyens aux affaires publiques dans l’intérêt de la communauté ».

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, le Cidoc a planifié et mis en œuvre le projet de « Réduction des violences basées sur le genre et des stéréotypes sexistes néfastes à la participation politique des femmes dans la région des Cascades » sur la période d’octobre 2015 à septembre 2017.

L’objectif global du projet était de contribuer à réduire les violences faites aux femmes dans la région des Cascades et renforcer leur participation dans la gouvernance locale. De façon spécifique il visait à atteindre la tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines et augmenter la proportion de femmes engagées dans des sphères décisionnelles et d’influence dans les communes concernées d’ici la fin du projet.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique des violences basées sur le genre qui existent dans la région. En effet, dans les Cascades, les pesanteurs socioculturelles encore tenaces influencent négativement l’exercice de certains droits par les femmes. La femme subit encore dans cette région des traitements dégradants et inhumains à cause des conceptions idéologiques reçus et ancrés dans la tradition. Dans la zone du projet, les pesanteurs socioculturelles et les stéréotypes sexistes néfastes à la participation des femmes à la prise de décision, compromettant tout processus d’autonomisation des femmes.

Les résultats attendus de ce projet étaient les suivantes :

1. un inventaire des déterminants/causes des stéréotypes sexistes favorisant les violences basées sur le genre et néfastes à la participation politique des femmes est disponible ;

2. les capacités techniques et opérationnelles des membres des OSC, groupements de femmes, leaders communautaires, autorités locales sont renforcées sur la réduction des stéréotypes sexistes néfastes à la participation des femmes à la prise de décision ;

3. la proportion des femmes occupant des fonctions décisionnelles et d’influence dans les cadres de concertations et de coordination au niveau régionale et communale est accrue ;

4. la coordination et le suivi-évaluation du projet est assurée.

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Les bénéficiaires directs du projet sont constitués des organisations de la société civile, des groupements de femmes, des autorités politiques et administratives et des leaders communautaires. Les bénéficiaires finaux sont les hommes et les femmes de la zone de couverture de l’action, soit 327 806 femmes et 309 473 hommes.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, le Cidoc a développé un réseau de points focaux issus des associations à la base dans ses 17 communes de la Comoé et de la Léraba pour la promotion de la participation citoyenne des femmes dans la gouvernance. Formés et outillés dans le cadre du projet, ces relais communautaires ont une mission de veille et d’éveil sur les questions des droits des femmes et de la participation des femmes aux instances communales et villageoises (mairies, COGES, APE, etc.). Ils jouent un rôle de facilitateur dans les communes par des restitutions à la base des informations/formations reçues, de mobilisation pour les activités de grand public, d’alerte et d’information sur les évènements et situations relatives aux droits des femmes aux acteurs impliqués dans la mise en œuvre, etc.

En plus des points focaux, deux catégories d’acteurs ont été impliquées pour cette approche et ont joué des rôles importants : il s’agit des chefs coutumiers et de l’administration.

Les responsables coutumiers et religieux accompagnent le processus et jouent un rôle d’autorité et d’orientation. Ils constituent une caution morale à laquelle les populations se réfèrent. Une fois acquis à la cause de la femme, ils s’engagent et influencent les actions dans ce sens. L’administration quant à elle, (principalement le service de l’action sociale et de la promotion de la femme, celui des droits humains, les mairies), apportent un appui technique. Elle fournit les informations et données contribuant à la mise en œuvre du projet, participent aux activités de formation (sur la participation politique des femmes par exemple) et à la bonification des rapports divers. Pour la mise en œuvre des activités, le projet développé une collaboration avec les deux organisations faitières de femmes (Associations Munyu et Ramziya joie) comme partenaires de d’exécution.

Cette pratique de mise en réseau des points focaux comporte aussi bien des forces que des faiblesses.

Les Points forts et acquis forces de la démarche sont les suivantes : La réalisation de l’étude socio-comportementale qui a permis de connaitre la perception de

la communauté de base sur la participation politique de la femme, les violences aux femmes ainsi que les déterminants/causes des stéréotypes sexistes favorisant les VBG et celles néfastes à la participation politique des femmes ;

L’identification et la formation de points focaux issus des associations à la base déjà organisées et fonctionnelles ;

L’implication des autorités administratives, coutumières et religieuses, ainsi que des organisations de la société civile (Association Munyu, Ramziya Joie…) comme partenaires et alliés dans la mise en œuvre du projet;

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Les sensibilisations grand public par des théâtres forum, émissions radiophoniques interactives, activités sportives, etc.; qui permettent de toucher population au maximum ;

La réalisation d’exercices pratiques : lors des rencontres par exemple, on faisait diriger les débats par des femmes. Ces cas pratiques ont produit des changements, montrant que les femmes ont de la capacité à diriger des débats.

Les Points faibles et défis sont : Les réseaux de 17 points focaux n’a pas encore été formalisé à la fin du projet ; La représentative des femmes s’est améliorée dans les instances, mais la proportion des

femmes élues reste très faible.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• Les hommes n’empêchent plus les femmes de participer aux rencontres. De

plus, les femmes prennent part aux discussions et prises de décisions, elles sont libres de prendre la parole devant les hommes ;

• Plus grand engagement des chefs coutumiers dans la lutte contre les violences faites aux femmes ;

• La mise en place d’un système de veille et de mobilisation des femmes pour tout renouvellement des instances communales et villageoises (mairies, APE, COGES, etc.) : non seulement les femmes sortent nombreuses pour ces assemblées, mais elles sont nombreuses à se porter volontaires pour occuper des postes (ce qu’elles ne faisaient pas avant) ;

• Réduction des violences faites aux femmes dans la région des Cascades et renforcement de leur participation dans la gouvernance locale (Augmentation du nombre de femmes membres des instances) ;

• La Direction Régionale des droits humains a pris en compte certaines problématiques dans leur plan d’action, suite aux questions et problèmes soulevé lors de la mise en œuvre du projet.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?

• La mise à disposition du financement par le Fonds Commun Genre ; • L’adhésion de toutes les catégories d’acteurs ; • La pertinence de l’action (dans la commune de Mangodara par exemple, le

projet est intervenu à un moment propice, avec l’enseignant qui a enceinté à la fois les 5 filles de l’école primaire. Relayée par la presse nationale, cette situation interpellait tous les acteurs pour agir afin de protéger les droits des filles et des femmes. L’action donc était la bienvenue).

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• La durée du projet qui est courte, par rapport à la problématique qui

requiert un changement de comportement, donc dans un processus de long terme ;• La non autonomisation des femmes : le pratique n’a pas pris en compte des

activités d’amélioration des conditions financières des femmes ; or cela demeure un grand besoin pour les femmes ;

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• l’absence d’un bon mécanisme de suivi évaluation, absence de base de données (on constate par les bénéficiaires que le nombre de femmes candidates et élues à augmenter, mais aucune situation de référence ni les données actuelles pour faire des comparaisons claires) ;

Les leçons apprises de la bonne pratique • Pour avoir de très bons résultats en matière d’implication politique des

femmes, il ne faut pas attendre l’approche des élections pour mener des actions dans ce sens. il faut travailler longtemps avant la période des élections ;

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Il faut prendre la situation de référence de façon claire, pour pouvoir évaluer

les améliorations, et pouvoir apprécier les effets et changements apportés par les actions du projet.

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I.4.3. Accompagnement de l’émergence de plusieurs femmes leaders au niveau national et local- CBDF

a. Présentation de l’organisation

La Coalition Burkinabè pour la défense des Droits des Femmes (CBDF), est un regroupement de quinze (15) ONGs et associations autour d’une volonté commune de contribuer à accroître le respect des droits des femmes au niveau national et régional. La CBDF s’est formalisée en décembre 2002 et fonde ses stratégies d'action sur l'information, la sensibilisation et la formation, la concertation, les interpellations, le plaidoyer, le lobbying, l'assistance juridique et les échanges d'expériences. Elle est à l’adresse suivante : 1200 Logements Villa 64 ; 01 BP 3402 Ouagadougou 01 ; Tél. +226 50 36 00 32; E-mail: [email protected]

La CBDF s’est fixée comme mission de contribuer à accroître le respect des droits des femmes au niveau national et régional en visant :

L’égalité des rapports hommes/femmes et filles/garçons ;

L’élimination des violences faites aux femmes ; La citoyenneté des femmes et leur participation effective au pouvoir.

b. Description du projet

Avec l’appui du Fonds Commun Genre, la CBDF a planifié et mis en œuvre le Projet de « Renforcement des capacités des femmes leaders en vue de leur participation effective aux processus démocratique et électoral » sur la période de Février 2010 à Juin 2013. Le projet a couvert cinq provinces : le Ioba, le Sanmentenga, le Zounwéogo, le Seno et le Kourwéogo localisées dans cinq régions différentes.

L’objectif global du projet était de favoriser la participation effective des femmes leaders émergentes aux élections communales de 2011. De façon spécifique, il s’agissait de :

Renforcer les capacités techniques et managériales des femmes leaders émergentes en politique ;

Sensibiliser les autorités administratives des localités ciblées, la population et particulièrement des leaders communautaires sur l’implication et le rôle des femmes en politique ;

Amener les leaders des partis politiques à inscrire et à mieux positionner les femmes sur les listes de candidature des élections communales de 2011 ;

Capitaliser et partager les résultats des élections communales de 2011.

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Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique de la faible participation et représentation des femmes aux instances de prise de décisions au niveau législatif, municipal et dans les fonctions nominatives. En effet, malgré les dispositions internationales, régionales, nationales et les déclarations de principe des Etats, souvent favorables à la promotion de la femme, celles-ci demeurent sous-représentées dans les instances de prise de décision : par exemple, 16% femmes ministres dans le dernier gouvernement de 2011-2014, 21% de conseillères municipales aux élections municipales 2012, 19% de femmes députés aux législatives 2012, etc. D’où la nécessité d’entreprendre des actions de plaidoyer afin de permettre une participation effective et équitable des femmes et des hommes à l’animation de la vie politique et aux prises de décision.

Les résultats attendus de ce projet étaient : Les autorités administratives sont sensibilisées à l’importance de l’implication des femmes

dans la politique et facilitent les activités du projet ; Les leaders communautaires et la population sensibilisés sont favorables à la participation

des femmes leaders aux élections communales de 2011 ; Les leaders des partis politiques sont sensibilisés et acceptent d’inscrire et de mieux

positionner les femmes sur les listes électorales communales de 2011 ; Les résultats des élections communales sont disponibles ; Les résultats des élections communales sont diffusés.

Les bénéficiaires directs du projet sont les femmes leaders émergentes, les indirects sont les partis politiques et les femmes des zones d’intervention.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, la CBDF a développé une stratégie pour favoriser la participation effective des femmes leaders émergentes aux élections. Elle s’est basée sur des rencontres de sensibilisation avec les autorités administratives, politiques coutumières, religieuses sur l’implication et le rôle des femmes en politique ; un plaidoyer auprès des autorités politiques pour avoir un bon positionnement des femmes sur les listes de candidature des partis politiques ; le renforcement des capacités techniques et managériales des femmes leaders émergentes en politique; l’information/sensibilisations des populations surtout les femmes. Les acteurs impliqués étaient donc les autorités administratives, politiques coutumières, religieuses, les femmes parlementaires, les partis politiques, les femmes des partis politiques, des associations de femmes et des femmes leaders.

Cette expérience pour impulser la participation effective des femmes leaders émergentes aux élections comporte aussi bien des forces que des faiblesses.

Les forces de la pratique sont les suivantes : • L’implication des acteurs capable d’influencer les décisions ;• L’utilisation du plaidoyer ;• Les formations ciblées aux femmes leaders émergentes ;• Les sensibilisations grand public.

Les points faibles de la pratique sont :

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• La période de mise en œuvre de la pratique n’était pas adaptée car elle correspondait aux préparatifs des élections.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• 171/170 femmes leaders émergentes et 05 représentants de radio ont été

formés. Des femmes formées 81 ont déposé leur candidature aux municipales et 1 pour les législatives, 63 ont été retenues et 35 ont été élues.

• 95 leaders d’opinion ont été sensibilisés sur la nécessité d’accompagner les femmes en politique ;

• Les représentations théâtrales ont touchées 1128 personnes dans les cinq communes couvertes par le projet dont 284 jeunes, 440 femmes et 404 hommes;

• Cinq conférences publiques dans les cinq zones et 25 émissions radiophoniques dont cinq par commune ont été réalisées et diffusées.

• Une soixantaine de représentants de partis politiques a été sensibilisé sur la participation des femmes aux élections ;

• Une conférence de presse sur la diffusion des résultats des élections couplées de 2012 et des insertions des articles dans trois journaux. (Sidwaya, Le Pays, observateurs) ;

• l’analyse des candidatures aux législatives de 2012 a été réalisée.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?

• La mise à disposition du financement par le Fonds Commun Genre ; • L’expérience de la CBDF : expertise et outils disponibles ;• Le contexte a été bien analysé et toutes les parties prenantes ont été

impliquées telles que les autorités administratives, politiques coutumières, religieuses, les femmes parlementaires, les partis politiques, les femmes des partis politiques.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• Les résistances psychologiques (la politique est une affaire d’hommes) et la

mauvaise perception de la femme en politique (perçu comme du libertinage).• Les réticences de certains hommes à accepter les propositions de promotion

de la femme ;• La non réalisation de certaines activités planifiées à cause du budget

insuffisant, cela donne un goût inachevé.

Les leçons apprises de la bonne pratique • Le plaidoyer doit être constant et non une activité ponctuelle.• La problématique de la participation des femmes dans les instances de

décision étant une question complexe et sensible du fait des pesanteurs socioculturelles, il est important d’avoir l’engagement des autorités administratives, politiques coutumières, religieuses.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.

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• Alléger la lourdeur administrative pour faciliter l’octroi des fonds.• Avoir des financements de longue durée permettant de réaliser le

programme.

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I.5. Lutte contre les violences basées sur le genre

I.5.1. Dialogue en famille– APDG

a. Présentation de l’organisation

L’Association pour la Promotion et le Développement du Gulmu (APDG) également connue sous le nom Djawaba-djawaba a pour mission de promouvoir le développement de la Région de l’Est ainsi que les droits des femmes et des enfants.

b. Description du projet

Le « Projet de renforcement des capacités des acteurs, de promotion des droits des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre dans la région de l’Est » a été mis en œuvre dans 9 communes rurales reculées de la région de l’Est. D’une durée de deux ans, le projet vise notamment l’éveil des consciences et la promotion des droits des femmes pour améliorer la situation des femmes, filles et hommes vulnérables et victimes d’inégalités et de violences basées sur le genre dans la zone d’intervention du projet. Il s’agit d’une action de consolidation d’un projet déjà mené avec l’appui de la GIZ dans le cadre du programme PROSAD et du développement d’une nouvelle pratique pilote alors identifiée dans le cadre de ce programme mais que le temps n’avait pas permis de tester, le « dialogue en famille ».

Les activités développées dans le cadre de ce projet relèvent presque exclusivement de l’approche IECC/CCC sur les droits des femmes et les violences basées sur le genre. Le projet visait également à renforcer les capacités des membres de l’association en matière de genre et développement et des animateurs de l’approche dialogue en famille sur le contenu et les techniques d’animation.

c. Présentation de la pratique : le dialogue en famille

Outre les activités d’IECC traditionnelles de l’association (théâtre fora, ciné débats, radio diffusions, etc.), l’APDG a souhaité développer une approche allant plus en profondeur sur les problèmes de genre et permettant le suivi des impacts des activités menées. La pratique a donc visé une sélection de 25 ménages identifiés comme nécessitant une intervention et un accompagnement par les structures focales de l’APDG dans les communes d’intervention. Ces ménages ont été sensibilisés et suivis par un animateur chargé de restaurer le dialogue dans la concession et d’obtenir des changements de perception et de comportement de la part des différentes parties afin de restaurer un climat propice à l’épanouissement des individus. Cet accompagnement débouchait sur le mariage civil de 25 couples.

La pratique peut donc se résumer comme suit :

1. Identification participative avec la communauté des ménages particulièrement touchés par les violences parentales et/ou conjugales ;Présentation du projet à la communauté et notamment aux leaders locaux pour obtenir leur soutien et appui ;

2. Présentation du projet et de la démarche à la famille ;

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3. Organisation de sessions de sensibilisation au sein du ménage regroupant tous les membres de la famille autour de messages spécifiques choisis en fonction des violences diagnostiquées au sein du ménage.

Il est à noter que le recours à un binôme d’animateurs mixte (homme et femme) permet d’obtenir des résultats avec tous les membres de la famille.

Forces :

• La pratique permet de toucher véritablement les zones les plus vulnérables du fait des localités choisies reculées qui ne bénéficient habituellement pas d’interventions ;

• La pratique met le ménage au centre de l’action avec une identification préalable réalisée par les points focaux de l’APDG dans les communes qui connaissent bien le contexte et qui ont pu réellement repérer les cas nécessitant une intervention ;

• Le fait de traiter les questions en famille cela permet d’aller vraiment en profondeur sur certaines thématiques tout en restant dans la sphère privée ;

• Une démarche d’accompagnement de proximité et un suivi dans le temps qui permettent d’avoir un impact plus important que les actions de sensibilisation « de masse » traditionnelles

• Double influence interne/ externe : – Participation et implication des leaders locaux pour une bonne maîtrise des clés

d’exécution et pour le renforcement/ la multiplication des messages véhiculés ; – Recours à des animateurs externes pour contourner les blocages culturels internes,

« dans ces villages, les gens ne s’écoutent pas ».Faiblesses :

• Une démarche très coûteuse en temps et ressources pour finalement ne toucher qu’un nombre limité de bénéficiaires ;

• La durabilité des acquis n’est pas garantie en seulement deux ans ;

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles :

• Les populations sont sensibilisées à l’importance de la lutte contre les violences basées sur le genre et ont pris l’habitude de faire appel aux personnes ressources mises en place par le projet (leaders locaux ou animateurs externes) en cas de problèmes liés au genre ;

• Les ménages ont commencé à discuter et ont pris conscience de certaines pratiques considérées comme violence, les femmes ont commencé à s’exprimer dans ce ménage ;

• 126 couples en lieu et place des 25 initialement prévus ont souhaité se marier civilement ;• Les leaders ont compris l’importance de lutter contre les violences basées sur le genre dans

leur communauté et d’accompagner les ménages en difficulté et diffusent le message ;• Les individus au sein des ménages identifiés se sont engagés à faire des compromis de

manière à restaurer un climat favorable au sein du ménage et de cesser les violences identifiées au préalable ;

• La venue d’une délégation béninoise venue de Cotonou pour venir s’inspirer de la pratique ; • Les parents se sont engagés à protéger leurs enfants et à les scolariser : augmentation sans

précédent du nombre d’enfants scolarisés en CP1.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

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• L’ancrage de l’APDG au niveau des communes d’intervention ; • L’habitude de la pratique des activités d’IECC qui ont permis de développer des supports de

formation et sensibilisation ;• Le très fort engagement des membres de l’association qui a permis d’aller au-delà des

difficultés logistiques et financières.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter : • Des difficultés liées à la culture : « les femmes ne parlent pas » ;• Des difficultés liées au caractère inclusif de la démarche : la coordination des interventions

est difficile car tous les membres du ménage doivent être présents lors des interventions ; • La durabilité de la pratique est compromise par l’arrêt du projet car en deux ans, les

animateurs n’ont pas pu assurer la durabilité de leurs interventions dans les communes et le coût de déplacement jusqu’à ces communes ne permet plus de répondre aux sollicitations des populations locales.

Les leçons apprises de la bonne pratique :• Le recours à des agents externes à la communauté permet parfois de débloquer certaines

situations ou sujets tabous ; • L’adhésion des populations locales, et notamment de leurs leaders, est toutefois un

prérequis essentiel à la mise en place de ce genre de projets.

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique : • Mobiliser des sources de financement complémentaires pour continuer / dupliquer la

pratique ;• Former des ressources locales pour assurer le suivi ;• Etablir des partenariats avec des structures étatiques ou d’autres organisations pour éviter le

saupoudrage.

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I.5.2. Mentorat des adolescentes

a. Présentation de l’organisation

L’Association Tin Tua (ATT) a pour mission de promouvoir le développement durable par l’alphabétisation et la formation.

La zone d’intervention de l’Association Tin Tua est la région de l’Est, du Centre-Est et du Sahel.

b. Description du projet

Le « Projet de contribution à l’amélioration du respect des droits des femmes, et des filles adolescentes face au rapt et au mariage précoce/forcé dans les provinces de la Gnagna et de la Kompienga » est intervenu dans les communes de Piela et Bogandé pour une durée de 2 ans. Il avait pour objectif de faire s’engager la communauté contre le rapt et les mariages forcés/précoces et de mieux équiper les adolescentes pour que ces dernières puissent mieux vivre selon leurs droits.

Pour ce faire, le projet ciblait les adolescentes ainsi que leurs parents afin de les sensibiliser aux thématiques de rapt et de mariage forcé ainsi que les leaders communautaires qui étaient incités à s’engager contre ces violences faites aux femmes.

c. Présentation de la pratique : mentorat des adolescentes

La pratique cible particulièrement les adolescentes, victimes de rapt et principales concernées par le mariage forcé dans la région de l’Est ainsi que leurs communautés. Le mentorat des adolescentes est rendu possible à travers la constitution de clubs scolaires qui permettent de sensibiliser les filles et d’identifier les adolescentes en danger et par l’engagement de femmes exemplaires au sein des communautés qui accompagnent et sensibilisent les jeunes filles.

La pratique se décline comme suit :

1. Identification participative des mentors parmi les personnalités influentes de la communauté ;

2. Présentation du projet aux potentiels mentors identifiés et sensibilisation de ces derniers aux problématiques abordées ;

3. Mise en place de clubs de jeunes dans les établissements scolaires avec l’appui des écoles ;4. Sensibilisation de ces clubs ;

Animation et suivi par le mentor des clubs. Le mentor établit une relation de confiance avec les jeunes du club auquel il est rattaché et se tient à leur disposition pour toute question ou préoccupation.

Forces :

• Les leaders communautaires s’engagent contre les VBG et représentent en quelque sorte une « caution morale » qui influence les communautés dans leurs pratiques et habitudes ;

• L’engagement communautaire contre les VBG ;

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• Le recours à des figures exemplaires mais extérieures aux contextes familiaux des jeunes filles bénéficiaires permet de contourner les tabous familiaux, notamment en ce qui concerne l’éducation sexuelle ;

• Les mentors représentent des adultes ressources auxquels les jeunes peuvent faire appel en cas de problèmes (par exemple en cas d’enlèvement d’une camarade) ;

• Le principe des formations « en cascade » aussi bien au niveau des mentors que des élèves : les individus ayant bénéficié de la formation doivent la reproduire auprès de leurs pairs ;

• Formation en prise en charge psychosociale non spécialisée afin de pallier les difficultés rencontrées par les adolescentes suite à des actes de violence en l’absence de prise en charge spécialisée.

Faiblesses :

• Ne touche que les filles alors que les garçons sont également impliqués dans la thématique des rapts ;

• Le travail avec des cibles scolaires pose problème en ce que les groupes cibles sont en mouvement et peuvent être amenés à quitter la zone d’intervention ce qui représente une limite à l’ancrage des acquis du projet dans les communes d’intervention et un risque de dissolution des impacts du projet.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles :

• Les leaders des communes d’intervention et les comités de suivi de ces communes sont engagés pour lutter contre les violences faites aux femmes dans leur communauté. Ils réalisent du plaidoyer auprès des autorités locales et suivent les populations sur ces thématiques ;

• Les communautés sont sensibilisées aux questions de rapt et de mariages forcés ainsi que les adolescentes qui pouvaient parfois être elles-mêmes complices de ces actes.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

• Des personnes ressources et leaders qui deviennent des « référents » au niveau des communautés : gage de durabilité ;

• Engagement et exemplarité des pairs ;• Ancrage de l’association au niveau local grâce à ses structures relais dans les communes qui

ont permis d’identifier et de suivre les femmes mentors.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter :

• Les activités des mentors sur le terrain nécessitent des ressources : quid de la pérennisation des activités menées à la fin du projet ?

• L’éloignement des localités d’intervention et la piètre qualité des routes rend difficile l’intervention des mentors.

Les leçons apprises de la bonne pratique :

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• L’intervention contre les VBG nécessite à la fois une intervention en amont (sensibilisation, formation, prise de position des communautés) et en aval (identification des cas, signalisation, intervention, prise en charge).

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique :

• Développer des sources de financement à l’intention des mentors pour permettre à ces derniers d’effectuer leurs déplacements et leur travail dans de bonnes conditions : AGR, etc.

• Etendre le principe du mentorat aux garçons qui font aussi partie du problème des VBG et notamment du rapt.

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I.5.3. Le dialogue parental

a. Présentation de l’organisation

Le Cadre de Concertation des ONG et Associations actives en Education de Base au Burkina Faso (CCEB/BF) a pour mission d’accompagner les efforts de l’Etat burkinabè en matière d’éducation en optimisant la concertation et la coordination entre les ONG et les Associations qui interviennent en éducation de base formelle et non formelle et en renforçant leur contribution à l’amélioration de la situation de l’éducation au Burkina Faso. Il s’agit également de susciter une adhésion et un engagement durable des communautés de base

aux politiques de développement de l’éducation au Burkina Faso.

Le CCEB intervient dans les 13 régions et 44 provinces du Burkina Faso, principalement autour des thématiques d’éducation formelle et non formelle et de santé sexuelle des jeunes.

b. Description du projet

Le « projet de lutte contre les grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire dans les communes de Boromo, Dori, Léo, Orodara et Yako » avait pour objectif de réduire les cas de grossesses non désirées de filles adolescentes en milieu scolaire ainsi que de contribuer à stabiliser les filles adolescentes en milieu scolaire. D’une durée de trois ans, le projet s’adressait donc principalement aux adolescentes en milieu scolaire mais travaillait également avec l’entourage de ces adolescentes, concerné par la question des grossesses précoces et de la déscolarisation des adolescentes, à savoir :

1. Les adolescents ;2. Les familles des filles et garçons adolescents ;3. Les AME et les APE ainsi que le personnel enseignant ;4. Les leaders d’opinion et communautés locales au sens large.

c. Présentation de la pratique :

La pratique cible donc les filles et garçons des écoles primaires, collèges et lycées à partir du CE2 dans les cinq communes, soit environ 27 000 élèves. Elle vise à sensibiliser les jeunes filles et leur entourage (parents, camarades masculins, communautés) à la planification des cycles, la santé sexuelle et la protection contre les grosses précoces et les maladies sexuellement transmissibles. La pratique cible particulièrement les communes vulnérables du fait de la circulation de nombreux étrangers (miniers, commerçants, etc.).

La pratique se décline comme suit :

1. Identification de formateurs et animateurs relais au sein de la communauté ;2. Sensibilisation et formation de ces relais ;3. Identification d’écoles partenaires ;4. Conception de supports de sensibilisation ;5. Organisation des sessions de sensibilisation avec les parents, le personnel de l’école et les

élèves ;

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6. Mise en place de clubs scolaires pour assurer le suivi.

A l’instar de la pratique de mentorat, les animateurs se tiennent à disposition des bénéficiaires et de leur entourage pour répondre aux questions, assurer la médiation et appuyer dans la recherche de solutions aux problèmes rencontrés.

Forces :

• Des outils de sensibilisation innovants, faciles d’utilisation et parlants qui s’adressent à tout public (guide + bracelet) ;

• Sensibilisation et formation des parents exprimant le besoin de mieux comprendre et connaitre les problématiques liées à la santé sexuelle ;

• Sensibilisation et formation des adolescents ;• Etablissement ou rétablissement du dialogue au sein de la famille sur des

thématiques taboues ou peu abordées ;• Des parents d’élèves relais et animateurs qui deviennent des références

locales auxquelles les communautés et les jeunes font appel en matière d’éducation sexuelle ;

• Appui sur les clubs scolaires pour le relai des messages portés et la veille des situations de détresse.

Faiblesses :

• Un phénomène difficile à suivre et à mesurer pour évaluer l’impact du projet ;

• Difficultés liées à l’organisation d’activités par les clubs scolaire et à la pérennisation de ceux-ci (examens, cours, brassage, etc.).

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles :

• Diminution drastique du nombre de grossesses précoces dans certaines communes (47 à 16 à Léo) ;

• Maintien à l’école d’adolescentes enceintes et mamans ;• Changement des mentalités des communautés et responsabilisation des garçons.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

• Diffusion et mobilisation communautaire ;• Bonne connaissance du contexte local ;• Appui sur des organisations partenaires pour le recrutement des animateurs.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter :

• La diversification des messages en matière de protection nuit à la bonne compréhension par les élèves des problématiques ;

• Le calendrier de la cible (scolaire) diffère des calendriers des bailleurs ou des projets.

Les leçons apprises de la bonne pratique :

• La thématique des grossesses non désirées amène de nombreuses autres thématiques ;

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• Le maintien à l’école des élèves enceintes nécessite une prise en charge financière.

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique :

• Adosser cette pratique à des partenariats avec d’autres structures ou projets pour permettre la prise en charge des adolescentes enceintes ;

• Renforcer les réseaux scolaires avec la formation éventuelle de personnel interne aux établissements afin de garantir une certaine continuité dans lesdits établissements (notamment lorsque les élèves leaders des réseaux quittent l’école).

Les animateurs et élèves ambassadeurs de Leo sont tous unanimes : le projet a vraiment permis d’éduquer les parents et de renforcer le dialogue entre les parents et leurs adolescents. Ces derniers connaissent aussi mieux les risques liés à leur sexualité et les grossesses précoces ont ainsi diminué drastiquement depuis le début du projet. Une grande fierté est également le maintien à l’école d’élèves enceintes.

Source : entretiens réalisés en novembre 2017

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I.5.4. Les hommes ambassadeurs– ADEP

a. Présentation de l’organisation

L’Association d’Appui et d’Eveil Pudsada (ADEP) a pour mission d’œuvrer à l’amélioration du statut et des conditions de vie de la jeune fille, notamment par le développement de l’exercice de ses droits et par le renforcement de ses

capacités à prendre une place significative au sein de la société.

L’ADEP intervient dans six provinces : le Bulkiemdé, le Kadiogo, l’Oubritenga, le Sanmatenga, le Bazéga et le Yatenga.

b. Description du projet

Le « projet d’appui à la scolarisation des filles par la responsabilisation des hommes dans les localités de Kombissiri, Guirgho, Foulou-yarcé et Mané » est intervenu dans quatre communes pilotes du centre-Sud et du centre-nord pendant deux ans.

L’objectif global du projet était de contribuer à un meilleur accès ainsi qu’au maintien des filles à l’école à travers la responsabilisation des hommes au Burkina Faso. En ce sens, l’objectif spécifique était de responsabiliser les hommes dans la mise en œuvre d’initiatives favorables à l’accès et au maintien des filles à l’école dans les localités de Kombissiri, Gurigho, Foulou-yarcé et Mané d’ici à septembre 2017.

La population cible du projet ainsi que ses bénéficiaires sont en ce sens les hommes des communes citées mais également les jeunes filles, des enseignants et des parents d’élèves (hommes et femmes y compris).

Le projet a été conçu de manière à adresser spécifiquement la problématique du poids des traditions dans le pays moaga et notamment à s’attaquer aux conceptions du rôle de la femme et à la préséance donnée à l’homme qui impacte négativement la scolarisation des filles.

c. Présentation de la pratique :

La pratique cible essentiellement les hommes de l’ethnie moaga porteurs de conceptions de la femme et de la fille qui nuisent à l’épanouissement en général et à la scolarité en particulier de leurs filles. Le projet souhaite sensibiliser les hommes à l’importance de la scolarisation des filles et à l’intérêt que ces derniers pourraient tirer de la scolarisation de ces dernières afin qu’ils puissent disséminer le message et influencer les autres hommes de la communauté pour que ceux-ci scolarisent à leur tour leurs filles.

La pratique consiste ainsi à :

1. Identifier de manière participative avec les pairs les hommes représentatifs de la population masculine au sein de chaque communauté ;

2. Sensibilisation de ces hommes autour des problématiques liées à la déscolarisation des filles au sein de leur communauté et présentation des avantages à scolariser les filles ;

3. Recueil de leur engagement en faveur de la scolarisation des filles ;4. Organisation de sessions de sensibilisation de la communauté ;

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5. Intervention des hommes ambassadeurs en cas de déscolarisation d’une fille dans un ménage.

Les ambassadeurs font partie de la communauté et sont des personnes ressources locales. Ils peuvent répondre aux questions des membres de la communauté, intervenir en cas de besoin ou assurer la médiation dans des cas problématiques.

Pour les cas sociaux, le recours doit néanmoins être fait à des services spécialisés de l’Etat.

Forces : • La responsabilisation des hommes, souvent premiers responsables de la déscolarisation des

filles ;• Effets en cascade produits par le choix des ambassadeurs des bonnes pratiques en matière

de genre : hommes modèles choisis par leurs pairs qui répercutent les formations sur les autres ;

• Le passage par les autorités coutumière permet de légitimer l’intervention;• Association des communautés locales ;

Faiblesses :• N’adresse pas les autres raisons de la déscolarisation des filles : difficultés financières des

ménages par exemple.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : • Alphabétisation des hommes leaders.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) :

• Appui des communautés locales ;• Implication des hommes notables des communautés.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter :• Quid de la question de la prise en charge financière ? • Résistance de certains acteurs : par exemples, les enseignants qui se méfiaient et faisaient

blocage ;• Le calendrier des projets en milieu scolaire est un élément capital.

Suggestions/recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique : • Développement d’AGR pour permettre aux mères de financer la scolarité de leurs filles

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I.5.5. Ecoles des maris, écoles des épouses : le stepping stones ou parcours

a. Présentation de l’organisation

L’Initiative Privée et Communautaire contre le VIH/Sida au Burkina Faso (IPC/BF) est une Organisation non gouvernementale officiellement reconnue en Août 1998 par le récépissé N° 98-269/MATS/SG/DGAT/DLPAJ. Son adresse est la suivante : 06 BP 10220 Ouagadougou 06 , Tél. : (226) 50 38 51 63 / 50 41 10 47 E-Mail : [email protected] - Site web : www.ipcbf.org

L’IPC/BF s’est fixée pour mission d’ « impulser une réponse nationale de la société civile sur les défis de santé par une action communautaire organisée et efficace pour améliorer le bien-être des populations surtout les plus marginalisées ».

b. Description du projet

Le Fonds Commun Genre a permis de développer l’approche « écoles des maris, écoles des épouses » à travers le financement de deux projets exécutés par l’IFC/BF.

Le projet, qui était un projet pilote, a été mis en œuvre dans 33 villages des communes de Tenkodogo et de Bissiga (Province du Boulgou) de juillet 2012 à juin 2014. Le second, intitulé « Ecoles des maris, écoles des épouses : renforcement de capacités de 6 associations pour l’extension », constitue une mise à l’échelle de la pratique par le renforcement des capacités de 6 OBC sur l’approche répartis dans quatre provinces que sont Tenkodogo Koupéla Po et Yako. Cette seconde phase s’est exécutée sur la période de …. 2014 à mars 2017.

Le premier projet, qui a été exécuté en partenariat avec une association locale, avait pour objectif global de contribuer à réduire les disparités de genre en créant des espaces de discussions entre les hommes et les femmes dans les communes de Bissiga et Tenkodogo.

Quant au second, son objectif global était d’«accroitre de 1 à 7 le nombre d’association développant efficacement la stratégie " écoles des maris et des épouses " pour l'extension au Burkina Faso d'ici à fin 2016.

Ses objectifs spécifiques étaient les suivants : Obtenir l'adhésion des autorités administratives, des leaders coutumiers et religieux et de

la communauté des 6 localités pour la mise en place d'école pilote de maris et d'épouses dans leur localité;

Renforcer les compétences de 12 membres et de 24 encadreurs de 6 associations sur la Stratégie Stepping Stones, l'organisation et la gestion d'une école de « maris et d’épouses autour des relations hommes-femmes ";

Renforcer les compétences de 240 couples (240 hommes et au moins 240 femmes) dans les 6 villages pilotes pour discuter des questions relatives aux relations hommes femmes et pour exécuter un plan d’action touchant sur les relations de genre;

Assurer la coordination, le suivi et l'évaluation du projet.

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Cet objectif de mise à l’échelle de projet pilote a été formulé en réponse aux résultats très positifs produits et à la pertinence même de la pratique. Tous les deux sont dans le domaine de la réduction des disparités de genre, en créant des espaces de discussions entre les hommes et les femmes.

L’innovation dans la phase d’extension a été l’organisation de sessions pour les adolescents (es) et jeunes dans les provinces du Kouritenga et du Passoré. Cette expérience a fait suite aux leçons tirées de la mise en exécution du premier projet qui a révélé la pertinence et l’importance d’initier les jeunes aux questions de genre pour une future vie de couple harmonieuse.

Les résultats attendus de ce projet étaient : Six (06) écoles pilotes de maris et d’épouses sont mises en place; Des espaces de discussions entre les hommes et les femmes sur le genre sont créés; Plusieurs groupes de discussion composés de 15 à 20 hommes et femmes sont

fonctionnels; Des synthèses/décisions portant sur les actions à mener par individu, couple ou par toute la

communauté (action communautaire) pour améliorer les relations (couple, famille, communauté) et réduire les disparités de genre sont dégagées.

Les bénéficiaires directs du projet, sont les hommes et les femmes mariés, les jeunes filles et jeunes garçons, les leaders religieux, les OBC partenaires de la mise en œuvre des activités, le Ministère en charge de la Promotion de la Femme.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet pilote et dans la phase de mise à l’échelle, l’IPC/BF a développé la pratique «Ecoles des maris, écoles des épouses ». Pour la mise en œuvre de cette pratique, l’IPC a adopté le Stepping Stones ou « parcours » en français, qui est une approche Communication pour le Changement de Comportement selon laquelle le changement de l’individu est possible et durable s’il est partie prenante, si le pouvoir d’agir est renforcé (notamment chez les femmes) et si l’environnement est favorable (action sur le mari et l’épouse).

Selon le document de projet, l’outil PARCOURS (stepping stones) est un guide composé d’un ensemble d’exercices pratiques consacrés aux relations hommes-femmes et à l’acquisition de compétences en matière de communication et de gestion des relations humaines. Il se compose de 10 modules structurés et organisés dans un ordre bien défini. Il a pour but principal d’aider les membres de la communauté (femmes et hommes) à réfléchir à leurs besoins sociaux, sexuels et psychologiques, d’analyser les difficultés de communication qu’ils rencontrent et différentes manières d’entretenir des relations avec autrui. Il est basé sur la constitution des groupes de discussion de 10 à 15 personnes selon le sexe, l’âge et le statut matrimonial et organisation des discussions de groupe sur la base de « Parcours » ou « stepping stones ».

Selon la stratégie de cette pratique, il s’agit de ne pas dicter ce qu’il faut faire mais d’amener les membres d’une communauté à discuter et à décider par eux-mêmes de ce qu’ils peuvent engager comme action individuelles et collectives, selon le contexte social, pour une prise de conscience en vue d’un changement de comportement. Il appartient alors aux groupes après échanges sans barrières, d’élaborer leurs propres solutions.

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La pratique, telle que développée par l’IPC se fonde entre autre sur les principes suivants : L’approche participative L’approche basée sur l’outil Stepping Stones (Parcours). La consultation et l’intégration. L’information, éducation et la communication et la Communication pour le Changement de

Comportement. Le plaidoyer en direction des autorités et des leaders d’opinion locaux et de la communauté

en vue de les convaincre à s’impliquer dans la lutte pour la réduction des inégalités de genre dans leur communauté.

La méthode d’approche s’est faite à travers l’information, la formation, la sensibilisation et le plaidoyer.

Cette pratique comporte des forces qui sont les suivantes : Elle est concrète et très pratique (en en lieu et place des théories en la matière) ; Elle met le focus sur la cellule familiale à travers la communication entre les époux et les

épouses / les garçons et les filles pour impacter positivement sur la communauté ; Elle ne dicte pas la conduite à tenir mais amène les intéressés à discuter et à décider par

eux-mêmes de ce qu’ils peuvent engager comme actions individuelles et collectives en vue de trouver des solutions aux problèmes analysés par eux-mêmes ;

Elle implique le Ministère en charge du genre et les Directions régionales ; Elle implique les structures administratives (Haut-commissaire, maires, préfets,) les leaders

coutumiers et religieux qui se sont approprié également la stratégie et l’utilisent pour la gestion de la communauté.

La faiblesse de la pratique est relative à son coût, car elle recommande une analyse de base dans la communauté qui va identifier les problèmes de relations de genre, la prise en charge de certaines actions comme les sessions de formation, la réalisation des évaluations, etc.

Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;

En termes de résultats produits, les bénéficiaires se sont approprié la bonne pratique à travers les éléments suivants :

• La mise en place de cadres de concertation dans la communauté pour l’identification et la résolution des problèmes. A travers ces cadres de concertation, certains villages ont fait des réalisations de par leur propre moyen (construction d’une salle de rencontre pour les groupements féminins, d’une école, d’une piste rurale, d’une retenue d’eau, etc.) D’autres ont identifié des problèmes de santé et ont fait recours aux agents de santé (dépistage du VIH, cancer du col de l’utérus).

• l’organisation des femmes en groupements pour mener des activités génératrices de revenu (savon, embouche, spéculation céréalière, élevage, etc.).

• L’implication des femmes dans la gestion des revenus du couple.• La résolution des hommes à accompagner les femmes dans les formations

sanitaires.• La réplication des sessions aux membres de la communauté non

bénéficiaires.

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• les couples ont pris conscience de l’importance de la communication et du rôle complémentaire de chacun pour l’harmonie de la famille. Pratiquement tous les hommes et les femmes (99%) ont estimé avoir abordé des sujets importants de discussion entre conjoints.

Des effets sont perceptibles à trois niveaux :

• Les conditions de vie des femmes bénéficiaires sont améliorées sur le plan de la santé et de l’hygiène, et par rapport à leurs charges de travail qui diminué : Les hommes sont moins réticents à ce que les femmes adoptent des méthodes contraceptives ; ils n’hésitent pas à soutenir les épouses dans les travaux ménagers tels que l’approvisionnement en eau potable, en bois de chauffe et parfois même dans la préparation du repas familial ; on observe un intérêt particulier des parents à améliorer leurs relations avec leurs enfants et à en prendre davantage soin sur le plan scolaire, sanitaire, etc.

• Le niveau de communication au sein des couples bénéficiaires est amélioré, aussi bien par rapport à la fréquence (il n’était pas courant pour les époux d’échanger sur les sujets concernant leur vie quotidienne, 98% des couples ayant participé aux sessions reconnaissent qu’il y a eu une amélioration des relations de communication) que sur le plan de l’importance des sujets abordés (certains sujets étant considérés comme tabous et ne faisaient pas l’objet d’une prise de conscience de décision concertée) ;

• Le renforcement de la cohésion sociale : les interventions ont permis d’instaurer un climat de solidarité au sein de la communauté en réduisant considérablement les conflits sociaux qui étaient légions entre époux et entre voisins, 97 % des femmes notent un changement de comportement positif de leurs conjoints, 96 % des hommes et des femmes aux sessions affirment qu’ils contribuent à améliorer les relations au sein de la communauté.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) ?

• Le financement du projet par le Fonds Commun Genre ; • Implication des communautés dans tout le processus ; • L’engagement des acteurs (administration, responsables coutumiers et

religieux) ;• L’engagement et la disponibilité des Organisations à Base Communautaire

pour l'extension de la stratégie dans d'autres villages.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• Initialement, les modules n’étaient disponibles qu’en français tandis que la

plus part des facilitateurs en charge de les dispenser ne maîtrisaient pas cette langue ;• La traduction des modules en langue nationale mooré ne prenait pas en

compte tous les dialectes ;• La subvention était insuffisante pour soutenir tous les problèmes prioritaires

(un problème par village) identifiés par les communautés.

Les leçons apprises de la bonne pratique

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• Il est nécessaire de prendre en compte les langues locales dans l’élaboration des outils pour la mise en œuvre de programmes locaux ;

• Pour les questions concernant l’harmonie et le bien-être des hommes et des femmes, il est judicieux de prendre en compte d’autres groupes dans les discussions notamment des femmes dont leurs maris sont partis en immigration, les adolescents (es) et jeunes non encore mariés ainsi que les veuves ; il faut aussi tenir compte de la polygamie pour permettre la participation de toutes les femmes.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.• Diffuser et répliquer davantage la pratique.

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I.6. Empowerment économique des femmes

I.6.1. Formation aux métiers non traditionnels

a. Présentation de l’organisation

L’association Tout pour Tous Yennenga (ATTous-Yennenga), créée en 1994 est située à Koudougou - BP : 231 Koudougou - Tél : 25 44 21 36 - 70 20 53 64 - e-mail : [email protected]

Elle a pour mission de promouvoir l’insertion socio-professionnelle des jeunes en difficultés, la réinsertion sociale des détenus et des personnes âgées, les

droits humains et la protection de l’environnement dans les provinces du Kadiogo et du Boulkiemdé.

b. Description du projet :

Le « Projet de promotion des métiers non traditionnels pour les filles en situation difficile dans les régions du Centre et du Centre-Ouest » intervient dans les communes de Ouagadougou, Koudougou et Bobo-Dioulasso. D’une durée de 15 mois (octobre 2016 - décembre 2017), il a pour objectif de contribuer à améliorer le niveau de vie de jeunes filles en situation difficile à travers des métiers non traditionnels. Ses objectifs spécifiques se déclinent donc, en ce sens, comme suivent :

• Accroitre le taux de femmes qui s’engagent dans les métiers non traditionnels au Burkina• Accroitre le taux d’insertion socio professionnelle et le maintien en emploi des femmes

engagées dans les métiers non traditionnels

Population cible et bénéficiaires : • Les filles de 14 à 18 ans en situation difficile ou déscolarisées • Les femmes engagées dans les métiers non traditionnels• Les autorités communales• Les maris des femmes engagées dans les métiers non traditionnels

Le projet a été bâti sur la base de l’expérience des Centres Féminins d’Initiation et d’Apprentissage aux Métiers (CFIAM) à Ouagadougou et Koudougou qui offre exclusivement aux filles des formations dans les métiers non traditionnels (mécanique 2 roues, électronique, électricité automobile, tôlerie peinture) mise à profit pour renforcer les effectifs de filles formées, leur insertion professionnelle et la collaboration avec les communes pour l’identification des apprenantes.

c. Présentation de la pratique : Formation des filles dans les métiers non traditionnels

La pratique cible les jeunes filles déscolarisées des quartiers périphériques des trois principales villes du Burkina Faso. Elle vise à leur fournir une formation qualifiante dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes, gage d’un emploi gratifiant, source de réduction des inégalités basées sur le genre, facteur de progrès social, de cohésion, de justice sociale. L’éventail de leur choix de métiers est beaucoup plus réduit que celui des hommes ; l’opportunité offerte par les CFIAM permet la diversification des choix de carrière des femmes dans un contexte de mutations socio-économiques et technologiques.

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Forces : L’expérience et la crédibilité de l’association et de ses CFIAM, la qualité des formations

professionnelles dispensées, sanctionnées par un CQP et/ou un CAP présentés à l’issue de la formation ;

Le processus de ciblage via les « comités de non traditionnel » des communes composés des représentant des autorités locales et de 4 femmes bien implantées dans ces quartiers populaires pour accompagner l’identification des jeunes filles déscolarisées en situation difficile. Ce dispositif est plus efficace pour cibler les familles défavorisées par rapport à des sensibilisations de masse via des spots télé ou radio ;

Le processus de recrutement comprend la sensibilisation et des entretiens avec les équipes et un psychologue de l’association pour confirmer l’orientation et l’engagement des jeunes filles et de leurs parents (qui doivent assurer leur déplacement et leur nourriture sur le centre) ;

Les jeunes filles recrutées mettent en avant leur grande fierté d’exercer des métiers non traditionnels, leur émancipation et la revendication d’être égales aux hommes ;

La mise en place d’un accompagnement post-formation pendant une durée de 5 ans à travers :

o La constitution d’une base de données des filles formées et des employeurs potentiels et la mise en relations des filles qualifiées avec ces employeurs dans les filières concernées,

o La mise en œuvre d’un dispositif de formation à l’entreprenariat et à la gestion et de sélection pour l’obtention de crédit pour l’installation des ateliers des jeunes filles ;

L’extension de l’initiative à Bobo Dioulasso a permis à Attous de s’ouvrir à d’autres partenariats avec de nouveaux centres de formation.

Faiblesses : La forte dépendance des centres au financement extérieur : la durée du projet est courte par

rapport à des partenariats de plus long terme qu’entretient l’association avec des ONG et qui permet d’assurer la stabilité des filières de formation ;

La durabilité est fonction des capacités de mobilisation de financements complémentaires par l’association : les effectifs de filles formées varient en fonction des partenariats et des financements mobilisés ;

L’origine des filles qui rend plus difficile leur prise en charge au-delà de la durée du projet.

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : Augmentation des effectifs de filles formées : 115 filles contre 50 avant projet ; 17 filles qui ont obtenu un crédit d’installation après le processus de formation et

d’élaboration de plans d’affaires.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) L’expérience de l’association et son dispositif d’accompagnement post-formation ; Les comités du non traditionnel mis en place en partenariat avec les communes qui ont

permis le ciblage des jeunes filles déscolarisées et vulnérables.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter

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Les difficultés accrues des filles pour l’embauche dans ces métiers : moindre crédibilité aux yeux des employeurs, réticences de l’entourage et du mari, investissement plus important pour la création d’un atelier propre (par rapport à des métiers comme la coiffure, la coupe-couture etc.) ;

La dépendance obligatoire de l’association par rapport à des financements extérieurs ; Les risques d’abandon des filles davantage exposées aux problèmes de prise en charge, de

grossesses non désirées et de garde de leurs enfants ; Les coûts des deux dernières années de formation des filles qui ne sont pas couverts par le

projet.

Les leçons apprises de la bonne pratique : La crédibilité de l’association et de ses centres pour mobiliser des financements à même de

subventionner des formations trop chères pour les publics ciblés.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique. Le développement de dispositifs de parrainage pour une pérennisation des financements.

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I.6.2. Appui aux start-up

a. Description du projet :

Le projet « Start Up » financé par le FCG dans le cadre de son projet d’incubateur a été mis en œuvre auprès d’entreprises de la commune de Ouagadougou. D’une durée de 12 mois (janvier - décembre 2017), l’objectif du projet est de contribuer à l’autonomisation économique des femmes par le financement d’entreprises innovantes

La population cible et bénéficiaires de ce projet sont, en ce sens, des promotrices d’entreprises innovantes à la recherche de levée de fonds

Les principales activités développées dans ce cadre sont :

1. Lancement d’un appel à proposition ;2. Sélection de 4 dossiers d’entreprises innovantes ; 3. Révision du financement le cas échéant ; 4. Financement et accompagnement des entreprises par un consortium de bureaux privés.

b. Présentation de la pratique : appui au lancement de start-up

Le projet Start Up a été initié par le FCG pour répondre aux difficultés de financement des entreprises. Il a été conçu comme un projet pilote d’accompagnement au lancement d’entreprises innovantes portées par des femmes et intervenant dans des secteurs touchant en premier lieu les femmes.

Forces : Les projets d’entreprises sélectionnées sont « sensibles au genre » et permettent la

promotion d’innovations : o DomHelp est une entreprise de formation et de placement d’aides à domicile qui

sont majoritairement des femmes : non seulement l’entreprise a pour objectif de former des femmes pour renforcer leurs compétences et leur employabilité mais aussi de les accompagner pour la recherche d’emploi dans des conditions décentes

o Queen Mafa est un magazine d’actualités féminines en ligne et, grâce au projet, publiée sur papier depuis 2017 ;

o Biokaril est une entreprise de production de produits de beauté à base de karité et qui s’approvisionne auprès de groupements de femmes productrices ;

o Palobdé est une entreprise de production de serviettes hygiéniques lavables à destination des femmes.

Le projet lève un goulet d’étranglement majeur de la création d’entreprise : l’accès au financement pour des promotrices jeunes qui ne présentent pas les garanties nécessaires pour l’accès aux services financiers classiques ou aux fonds d’appui.

Faiblesses : Le canevas de présentation des projets et les critères de sélection paraissent inappropriés : la

base de la sélection porte sur les impacts sur les conditions de vie des femmes,

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l’« innovation » et la motivation des promotrices reçues ensuite en entretien mais pas sur un plan d’affaire crédible (qui n’est même pas prévu dans le canevas de présentation du projet);

Il n’y a pas de phase de maturation et d’approfondissement des projets notamment sur le plan organisationnel et économique :

o la rentabilité économique des entreprises n’a pas du tout été prise en compte : par exemple, les chiffres avancés par DomHelp et Queen Mafa laissent planer de sérieux doutes sur la rentabilité des activités, la promotrice de Biokaril n’a pas calculé ses coûts de production… ;

o les circuits d’approvisionnement en matière première ou en emballages n’ont pas été étudiés en amont : Palobdé a des problèmes d’approvisionnement tissu de bonne qualité et doit rechercher à l’import ce qui risque d’augmenter ses coûts, Biokaril n’a pas encore résolu ses problèmes d’emballage pour le savon et encore moins pour les crèmes ;

o les capacités techniques et les procédés de fabrication ne sont pas assurés : par ex. Biokaril n’a pas encore mis au point les procédés de fabrication des crèmes et autres produits (baume à lèvres etc.) : pour l’instant le seul produit à l’essai est le savon (à différentes compositions) ce qui ne constitue pas une grande innovation par rapport au marché ;

Diakonia n’a pas de compétences internes d’appui au secteur privé et a fait appel à un prestataire externe (le consortium TCI-ACI/D) qui lui-même contractualise avec des consultants indépendants : il n’y a pas de continuité dans l’accompagnement, chacun exécutant son mandat indépendamment ;

L’accompagnement paraît trop léger : plans d’affaires soit peu crédibles soit inachevés par non maîtrise des coûts, 4 formations : Comptabilité-gestion financière ; Marketing, commercialisation ; Gestion des ressources humaines ; Rédaction de projets pour répondre à appels à projets

Les promotrices ne sont pas forcément du métier et ont une double activité ; Le projet a accusé un retard de versement des fonds de 6 mois ainsi que retards sur les

formations et sur les procédures Diakonia : les promotrices ne se sont pas conformées aux procédures durant le début de leurs activités ;

Les membres du FCG et Diakonia ne privilégient pas Queen Mafa pour couvrir leurs évènements…

Les résultats obtenus/changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles : Publication du journal Queen Mafa (un numéro spécial et 3 numéros) ; 10 femmes en cours de formation à DomHelp et un site internet ; Entreprises Biokaril et Palobdé installées et en phase de test de leurs produits.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention)3

Aucune certitude sur la réussite de cet accompagnement (cf. faiblesses)

3 Cette innovation a été identifiée par les membres et le gestionnaire comme une expérience à capitaliser : en réalité, dans sa forme actuelle, elle ne se révèle pas une « bonne pratique ».

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Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonterMettre en place un accompagnement professionnel à l’incubation des start up pour accompagner des entreprises sur la base de plans d’affaires et de développement crédibles et rentables !

Les leçons apprises de la bonne pratique : L’appui au secteur privé ne s’invente pas, des professionnels du secteur sont à mobiliser pour

approfondir la démarche qui est pour l’instant inappropriée et peu crédible.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique. Revoir la stratégie de sélection, de maturation des dossiers et d’accompagnement ; Avoir recours à des professionnels de l’appui au secteur privé pour bâtir une démarche

efficace (en cours : un incubateur a été recruté par Diakonia pour aider au développement des entreprises innovantes identifiées).

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I.6.3. Promotion de l’entrepreneuriat féminin issu de la filière textile – L’Association des Femmes Tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO)

a. Présentation de l’organisation

L’Association des Femmes Tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO) est une association basée dans la zone péri-urbaine de Ouagadougou (Ponsomtenga) et qui intervient dans la filature, la teinture et le tissage. Reconnue en aout 2011 par le récépissé N°2011-00153 /MATDS/ RCEN/PKAD/HC/SG/DASE, elle a pour adresse : Village de Ponsomtenga/ Ouagadougou / Tel : 00 (226) 25506068 / 76251728 / 68090554 ; E-Mail : [email protected] Elle s’est fixée comme vision de « Placer AFEPO comme leader dans la promotion du Faso Dan Fani au niveau national et international »,

avec pour mission de « promouvoir le Faso Dan Fani de qualité et très diversifié en alliant la perfection tradition et modernité et veiller à mettre à profit ses capacités, pour pérenniser le Dan Fani par la formation des jeunes et le perfectionnement des tisseuses et teinturières ».

b. Description du projet

Grace à l’appui du Fonds Commun Genre, l’AFEPO met en œuvre le « Projet de promotion de l’Entrepreneuriat féminin au Burkina Faso », conjointement avec trois autres structures à Bobo, Fada, Ouahigouya et qui ont le même domaine d’intervention. En effet, l’AFEPO est le porteur de projet au profit des quatre structures que sont l’AFEPO, AGG (l’Atelier la Grace de Gulmu) dont le siège est à Fada N’Gourma, l’AZPF (Association Zoodo pour la Promotion de la Femme) dont le siège est à Ouahigouya, la COFATEX (Coopérative Faso Textile) dont le siège est à Bobo Dioulasso.

Il s’agit d’un projet le renforcement des capacités artisanales de femmes évoluant dans le corps des métiers du textile et de l’habillement, s’exécutant sur la période de janvier 2017 à décembre 2017.

L’objectif global du projet est de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat féminin issu de la filière textile. De façon spécifique, il s’agit de :

Renforcer les capacités/compétences humaines, et techniques des artisans des quatre (04) structures intervenant dans le domaine du textile (production du Faso Dan Fani)

Équiper les structures d’outils de production performants et adaptés afin d’assurer une production de qualité et de quantité.

Cet objectif a été formulé en réponse à la problématique des facteurs qui limitent l'entreprenariat des femmes et donc leur pleine autonomisation économique. Il s’agit entre autre du faible accès aux moyens de production (intrants, équipements modernes), l’incapacité de disposer de garanties pour l'accès au crédit, le niveau faible de revenu des femmes, le faible niveau d'instruction et la faible qualification des femmes, etc.

Les résultats attendus de ce projet sont :

Les ressources humaines sont renforcées par le recrutement et la formation de quarante (40) nouvelles artisanes, soit dix (10) par structure ;

Les capacités /compétences techniques sont développées ;

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La promotion du Faso Dan Fani est faite ; Des infrastructures modernes et équipement d’outils de production adaptés sont acquis.

Les bénéficiaires directs du projet, sont les membres des quatre structures artisanales : 47 membres de l’Association des Femmes Tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO) ; 47 femmes membres de l’Atelier la Grace de Gulmu (AGG) ; 274 membres de l’Association Zoodo pour la Promotion de la Femme (AZPF) ; 30 membres (dont 28 femmes et 2 hommes) de la Coopérative Faso Textile (COFATEX) ; 40 nouvelles artisanes recrutées et formées dans le cadre du projet.

c. Présentation de la pratique

Dans le cadre de ce projet, il a été développé une pratique d’autonomisation économique de femmes, à travers un processus de renforcement des capacités de structures déjà organisées autours d’une activité professionnelle. D’une part, le renforcement des capacités techniques contribue à une meilleure professionnalisation et donc une plus grande productivité et compétitive des bénéficiaires, d’autre part la mise en relation avec des fournisseurs pour des liens d’affaires et la participation à des manifestations commerciales, permet aux bénéficiaires d’étendre leurs réseaux relationnels pour les acquisitions de matières premiers et l’écoulement de leurs produits à des conditions intéressantes.

La stratégie d’intervention du projet repose sur le renforcement des capacités productives et commerciales des bénéficiaires, à travers un processus qui comprend :

Un ensemble de formations sur des thématiques diverses, qui seront animées des consultants (es) pouvant être interne.

L’acquisition des équipements de production, auprès des fournisseurs identifiés par l’équipe de projet (constitution d’une base de données) et qui seront contactés pour des propositions

La participation à deux (02) salons d’expositions. L’organisation des rencontres de plaidoiries avec les stylistes nationaux et FILSHA.

La stratégie tient compte du niveau d’instruction des bénéficiaires. En effet, pour l’ensemble des séances de formation, les langues locales sont utilisées en raison du faible niveau d’instruction et l’alphabétisation des femmes.

En tant que pratique de renforcement de capacités techniques et matérielles, elle ne comporte que des forces et des acquis, qui sont les suivants :

• Augmentation du niveau de performance et de professionnalisme des bénéficiaires : elles disposent des connaissances utiles pour les créations et les innovations, donc plus de créativité ;

• Amélioration de l’efficacité des bénéficiaires : avec les équipements, elles peuvent faire faire face à de grandes commandes dans de meilleurs délais, donc plus de rentabilité.

• Mise en relations de partenariat avec le fournisseur (FILSAH) : cela formalise une collaboration durable et facilite l’approvisionnement (en cas de manque de la matière premier par exemple, elles sont prioritaire dans la livraison, acquisition au pris d’usine, etc.);

• Relations d’affaire/ foires : cela augmente et diversifie la clientèle, et donne une ouverture sur de nouveaux marchés ;

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Les résultats obtenus/ changements induits par l’expérience/effets/impacts prévisibles ;• Meilleure maitrise de techniques de la chaine de production des pagnes

tissés ;• Plus grande la capacité de production et allègement de certaines taches

grâce aux équipements adéquats ;• Plus grande autonomie économique avec des revenus accrus (le projet a

permis aux structures de réaliser un chiffre d’affaire de près de trois millions de francs CFA et d’une commande de près de deux millions4).

• Plusieurs femmes ont retrouvé confiance en elle par l’acquisition d’une indépendance économique ;

• Le projet a été une vitrine pour permettre une rencontre et un partenariat avec les structures et des stylistes du Rwanda, du Ghana et du Burkina (François 1er pour le Dan Fani en teinture naturelle)5.

Les facteurs de réussite de la pratique (ayant permis à l’organisation d’améliorer son intervention) • La mise à disposition du financement par le Fonds Commun Genre ; • La réalisation des activités de formation et d’acquisition des équipements.

Les difficultés et obstacles surmontés ou à surmonter• Le retard dans le démarrage des activités

Les leçons apprises de la bonne pratique • Dans le domaine du tissage (et même de l’entrepreneuriat), les femmes en

général produisent les mêmes choses partout. Or, de plus en plus les gens veulent toujours de la création, il faut donc travailler à innover et non passer le temps à reproduire ;

• Quand la femme est autonome économiquement, elle a plus de considération et il y a plus d’harmonie dans les foyers. Il y a plus de concertation car le mari la consulte et la valorise. Cela crée aussi l’estime de soi.

Suggestions/Recommandations formulées pour maintenir ou améliorer la pratique.Orienter plus les financements et les appuis dans le sens de l’autonomisation économique car elle est la vraie source de protection des droits de la femme.

I.7.

4 Selon le rapport du premier semestre 2017.5 Idem.

TASSEMBEDO Marceline est une des nouvelles recrue de 18 ans qui a bénéficié de la formation d’initiation en filature, teinture et tissage. Depuis son mariage, elle n’avait aucune activité si ce n’est faire le ménage, préparé à manger pour son mari, manger et dormir. Cette situation avait fait perdre l’estime qu’elle avait d’elle-même. En effet, elle devait toujours tendre la main à son mari ou à sa mère pour ses besoins. Depuis la formation, elle a retrouvé confiance en elle et dit ne plus avoir honte de sortir dans la rue. En dépit du fait qu’elle soit une apprenante, ce qu’elle a gagné avec le tissage lui permet d’acheter le lait de son bébé, de subvenir à ses petits besoins et d’acheter même trois pagnes pour sa maman. Avec l’amour qu’elle a pour le métier, elle est certaine que dans peu de temps elle pourra se perfectionner et être une professionnelle. Grace au projet, elle a retrouvé l’estime d’elle-même et est sur le point d’acquérir une indépendance financière totale.Source : Rapport narratif du projet, janvier à juin 2017

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I.7. Grandes tendances, leçons apprises et recommandations des bonnes pratiques

I.7.1. Tendances se dégageant des projets capitalisés

a. Facteurs de réussite communs aux projets

La plupart des projets retenus pour la capitalisation du fait de leur caractère innovant ou de leur impact présentent des traits similaires qui contribuent à faire de la pratique développée une bonne pratique et qui participent à la réussite des projets :

(1) L’ancrage de l’OSC dans sa zone d’intervention

Dans un premier temps, on constate que la plupart des bonnes pratiques capitalisées ont été développées et mises en œuvre par des organisations solidement ancrées dans la zone d’intervention du projet. Cet aspect représente un gage de réussite de la pratique à plusieurs titres :

Les OSC se sont appuyées, pour mettre en œuvre le projet, sur des antennes ou relais locaux qui ont permis une bonne identification des problématiques à traiter et des publics cibles pertinents.

Les antennes ou relais locaux ont également permis le suivi de proximité du projet et l’accompagnement/le suivi des activités ;

La bonne connaissance préalable du public cible confère à l’organisation une forme de légitimité et permet d’obtenir la confiance des populations.

(2) Les partenariats avec les acteurs locaux

Dans un second temps, on remarque aussi que les organisations ont souvent recours aux acteurs locaux pour (i) légitimer la pratique et les messages développés (leaders), (ii) influencer le public cible (pairs) (iii) diffuser les messages et méthodes (radio, associations locales) et (iv) appuyer ou prendre le relai là où le projet rencontre des limites ou des difficultés (services de l’Etat, associations). Ces acteurs locaux peuvent être, selon les projets, de trois catégories différentes (en plus des éventuels relais de l’organisation tels qu’évoqués au point 1) :

Des leaders locaux : élus, notables, religieux, coutumiers, anciens, etc. ; Des groupements ou des OSC intervenant dans la zone ; Des Services de l’Etat ou associations d’envergure ayant des programmes

complémentaires, par exemple pour la prise en charge des situations socialement critiques que les projets ne peuvent et/ou n’ont pas vocation à gérer : par exemple dans le cas du CCEB, l’Association travaillent avec les Services sociaux pour les cas les plus critiques ;

Des médias locaux ; Des pairs : par exemple les élèves dans le cas du CCEB et de la FEPDHA ou les hommes

dans le cas de l’ADEP qui se posent en figures exemplaires et influencent

(3) Un processus participatif

Le processus d’association des populations aux projets et activités est un gage de succès en ce qu’il permet la compréhension par les populations des thématiques et messages portés par l’OSC et, dans un second temps, leur appropriation. En effet, les thématiques abordées par certains projets, notamment en ce qui concerne les VBG font souvent l’objet de résistances de la part des populations

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qui ont l’impression que le projet proposé vise à attaquer leur identité ou leurs coutumes. On note ainsi dans un grand nombre de pratiques développées une démarche/processus participatif. On peut dégager quelques éléments récurrents de ces processus participatifs :

Le recours à des acteurs locaux pour identifier les problématiques et publics cibles ; L’information et la sensibilisation des populations locales ; La formation de groupes locaux relais et ambassadeurs des messages portés ; La mobilisation des populations comme acteurs du processus : actes d’engagement,

formations en cascades avec la transmission des contenus des formations dispensées aux autres acteurs.

(4) La mise en réseau des relais et points focaux

Une fois formés et actifs sur le terrain, le fait d’être regroupés en réseau jouant le rôle de faitière, permet aux relais et points focaux de constituer un groupe plus fort (ils communiquent entre eux, se partagent plus efficacement les informations, entreprennent des actions ensembles, etc.). Aussi, la formalisation de ces réseaux légitime davantage ces acteurs et facilite leur collaboration avec les autres acteurs et partenaires (cas de la signature de conventions des RECOGEF avec les services techniques).

b. Difficultés relevées communes à la majeure partie des projets

Le facteur temps a été identifié comme particulièrement limitant dans le cadre de ces projets car les pratiques développées ciblent des changements de mentalités, un processus très long à mettre en place. Aucun des projets rencontrés n'a pu réellement pérenniser les actions mises en œuvre - ni l’évaluer de manière à pouvoir en tirer de véritables leçons pour la suite ou estimer les impacts de l’intervention. La limitation des financements sur une durée relativement courte constitue une contrainte pour des OSC très dépendantes de subventions extérieures : une durée plus longue des projets pourrait permettre d’asseoir une stratégie de sortie plus efficace.

Au niveau des tendances impactant négativement la mise en œuvre et la duplication des bonnes pratiques, la forte dépendance des OSC aux financements extérieurs a été identifiée comme principal facteur limitant la pérennisation et le passage à l’échelle des pratiques.

L’impossibilité à mesurer objectivement des effets/impacts des réalisations à cause de l’absence de situations de référence et de systèmes de suivi évaluations. Les appréciations sont qualitatives, elles donnent une première appréciation des effets du projet mais ne permettent pas réellement de mesurer l’envergure et l’importance des changements apportés.

c. Facteurs de durabilité de la pratique et du projet

Au-delà de ces forces et faiblesses assez généralement partagées par les différents bénéficiaires, l’équipe a pu observer des variables entre les organisations et les projets qui expliquent, en partie, les écarts observés en matière de durabilité et de pérennisation des pratiques développées.

(1) La continuité/cohérence du projet et plus spécifiquement de la pratique avec les activités courantes de l’OSC permet généralement à cette dernière :

D’intégrer les acquis et pratiques développées dans ses activités habituelles ; De continuer à suivre les bénéficiaires du projet une fois terminé ; De « vendre » son projet et ses méthodes à d’autres bailleurs.

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Les organisations ayant donc développé des pratiques cohérentes avec leurs activités habituelles ont pu plus facilement pérenniser, dupliquer ou passer à l’échelle les méthodes développées. Par exemple, le projet d’ATTOUS Yenenga s’inscrit totalement dans ses activités habituelles, le projet a permis à l’association de tester une nouvelle méthode de recrutement des filles et d’en accompagner davantage pour la formation. Le réseau de partenaires d’ATTOUS lui permet par ailleurs d’assurer la continuité de la formation des filles recrutées dans le cadre du projet et de les suivre jusqu’à leur installation ou leur embauche.

(2) On peut également évoquer ici la capacité des promoteurs à diversifier leurs sources de financement et la santé financière de l’organisation qui lui permet de maintenir certaines pratiques et de conserver en interne les ressources formées dans le cadre du projet FCG par exemple (chefs de projets, animateurs, etc.). On peut citer l’exemple d’ATT qui bénéficie d’un réseau d’animateurs financés par de nombreux partenaires : malgré la fin du projet, l’association a les capacités de continuer le suivi de ses actions auprès des clubs scolaires et des adolescentes. Ce n’est pas le cas d’APDG par exemple, qui n’a pas de sources de financement diversifiées et qui a du arrêter ses activités de suivi suite à la fin du projet.

(3) La capacité de l’OSC à se positionner comme référence de la bonne pratique développée est également une différence assez importante entre les OSC bénéficiaires. Lorsque l’OSC parvient à communiquer de manière efficace et à se poser comme spécialiste du domaine cela lui permet généralement de vendre son expertise à la fois à d’autres organisations sous forme de formations ou de partage de connaissance ou encore à des bailleurs qui intègrent leur projet dans leurs programmes. C’est par exemple le cas du CCEB qui a pu dupliquer cette expérience dans 17 communes du Burkina grâce à des financements de PLAN International. Il est par ailleurs partenaire du MENA pour élaborer un programme de dialogue parental dans toutes les régions du Burkina. Le CCEB est par ailleurs reconnu sur sa pratique et vend des formations sur le dialogue parental à d’autres organisations.

(4) Comme précédemment évoqué, l’implication des acteurs locaux et des services techniques fait également la différence concernant la durabilité des pratiques développées. On observe, en effet, que lorsque les services techniques ont été associés étroitement au projet et à la pratique, ceux-ci tendent à reprendre les méthodes et à faire appel aux relais formés perpétuant ainsi les acquis du projet. C’est le cas des RECOGEF, que l’AFV a accompagnés dans la signature de conventions avec structures régionales de promotion, de protection et de défense des droits humains. Au nom de ces conventions de collaboration, ces services techniques s’engagent à poursuivre leurs appuis aux réseaux et cela fonctionne jusqu’ici car la relation formalisée avait été longuement entretenue entre les réseaux et ces services depuis le début de la mise en œuvre du projet.

(5) La capacité des relais et points focaux locaux de se positionner comme personnes ressources localement et d’allouer des ressources pour continuer à intervenir. Dans certains projets arrivés à leur fin, des personnes ressources locales formées dans le cadre du projet ont continué à être sollicitées par les populations pour résoudre des crises ou intervenir en cas de VBG. On peut citer le cas des observatoires endogènes des conflits qui mobilisent à la fois les élus, les personnes ressources et les acteurs traditionnels de règlement des conflits au sein même des communautés ; ou des femmes élues dans le cadre du projet Pagla Yiri : leur positionnement social et le renforcement des capacités qu’ils ont reçu les maintiennent comme personnes référentes

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respectivement pour la résolution des conflits et pour le plaidoyer pour la prise en compte des problèmes spécifiques des femmes au niveau du conseil communal.

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