Yahya Michot, Un an d'Exécutif des Musulmans de Belgique

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  • 8/4/2019 Yahya Michot, Un an d'Excutif des Musulmans de Belgique

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    Le ConseilBREVUE DU - TIJDSCHRIFT VAN DE

    Conseil Superieur des Musulmans de BelgiqueHoge Raad voor Moslims van Belgie

    Belcika Ytiksek Islam SurasiYahya Michot

    Un an d'Executif des musulmans de Belgiquep . 11-14

    Bruxelles - Brussel, Sha'ban 1416 - jan. 1996

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    exigences des milieux politiques et de l'opinion publique de cepays. Independance ne signifie cependant pas rupture desponts " et il est evident que representer et gerer a la beige lesaffaires des Musulmans du pays ne signifie pas volonte de secouper des pays dont beaucoup d'entre nous proviennent ou des'isoler du reste de I'Gumma. Certaines ambassades, plus pers-picaces peut-etre que d'autres, l 'ont d'ailleurs bien compris.

    2. La fin de I'amalgame entre le dossier immigration et Iedossier Islam. II fut un temps, dans ce pays, O U Ie dossier-Islametait confie, sous-traite x au Commissariat Royal a la Poli-tique des Imrnigres et O U les principales decisions a son sujetetaient prises au sein de la Conference interrninisterielle de lapolitique de I'immigration. Avec I'Executif, Ie dossier Islam estbel et bien revenu au ministere de la Justice, a cette administra-tion des Cultes qu'il n'aurait jamais df quitter. Certes, IeCentre pour l'Egalite des Chances et la Lutte contre Ie Ra-cisme, heritier officiel du Commissariat Royal a la Politiquedes Immigres, n'a pas perdu toute prerogative. Informateur,conseiller ou interrnediaire des autorites, il n'est cependant plusIe gestionnaire qu'il fut en la matiere et les interlocuteurs effec-tifs de I'Executif travaillent place PoeIaert.

    3. La fin des representants non religieux. Le fiasco du Conseil des Sages " par lequelle gouvernement essaya d'irn-poser a la cornmunaute des representants choisis par lui et inac-ceptables pour les croyants et les croyantes est reste dans toutesles memoires. Avec l'Executif, fini Ie regne ephemere et sterilede ces sages irreligieux et refuses par la base. Sauf exception -confirmant la regie -, les membres de l'Executif sont animesd'une sincerite religieuse et jouissent de la confiance des com-rnunautes dont ils sont issus. Bien sur, il y a eu de la part desautorites certains tris de personnes aussi regrettables qu' injus-tifies et injustifiables : des barbus " ont ete ecartes sans pos-sibilite de recours. La barbe ne semblerait cependant pas tou-jours pousser sur les visages seulement, tant il est vrai que cer-tains parlent aujourd'hui d' esprits barbus " . .. En tout etat decause, les autorites belges semblent avoir compris qu'il sera itimpossible d'aller vers une solution en imposant a notre com-munaute religieuse une direction non religieuse.

    Sous ces trois aspects, peut-etre peu apparents au premierabord mais essentiels a long terme, I'experience de l'Executifconstitue un grand pas en avant. .. , un grand pas en avant ou,mieux, un virage reorientant enfin le traitement du dossier dansla seule direction permettant d'esperer une vraie solution de laquestion de I'organe chef de culte musulman en Belgique. Onpourrait merne saluer Ie bon sens pragmatique - qualite tresbeige? - qui a, ainsi, finalement prevalu au niveau des autori-tes, apres de longues annees de tatonnements, d'incurie ou d'i-deologie. D'autres gouvernements europeens n'ont pas ce cou-rage ou cette intelligence.

    Ceci dit, la route nouvellement tracee devra etre clairementouverte aux usagers. En termes clairs, on n'aura rien gagne si,comme certains signes tendraient parfois a Ie laisser craindre, lagestion diplomatique de l'Islam n'a ete abandonnee par lesautorites qu'au profit d'une gestion policiere ", Ie ministerede I'Interieur et la Surete succedant au ministere des Affairesetrangeres et aux ambassades, un melange Islam / terrorisme /delinquance remplacant I' amalgame Islam / immigration et unExecutif de bons freres auxiliaires des forces de I'ordre re-layant I'ex-Conseil des Sages! Mais quand done les autoritesde ce pays feront-elles confiance a sa deuxieme communautereligieuse ?

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    Par ailleurs, il faudra bien entendu aller effectivement deI'avant dans la bonne direction recemment adoptee; ce qui im-plique un reglernent au fond des questions de la representationet du financement du culte musulman, avec des textes de loiscorriges ou crees ad hoc et un budget consequent releguantdans Ie passe la situation, aussi inconstitutionnelle que discri-minatoire, qui nous est faite aujourd'hui. Sinon, sur un terrainenfin assaini, l'Etat n'aura une nouvelle fois construit qu'unefiction, elabore qu'une solution virtuelle.Or c'est deja la que, durant la premiere annee d'existencede l'Executif, Ie bat a souvent blesse,DU BON TRAVAIL DANS UN CONTEXTE D"EFAVORABLE

    Reconnaissons que Ie contexte fut loin d' etre favorable: lesaffaires algeriennes et Ie proces dit du GIA a Bruxelles ; leselections legislatives de mai et la nomination d'un nouveauministre de la Justice, aux intentions longtemps peu claires, si-non apparemment negatives, vis-a-vis de I 'Executif mis enplace par son predecesseur I;la deterioration de la situation auCentre Islamique avec Ie depart - generalement peu regrette -de MrKouki et les incertitudes concernant sa succession ...

    Au sein merne de I 'Executif, tout ne fut pas parfait: man-que d'experience, de competence ou d'entrain chez quelques-uns, absenteisme chronique chez une autre, recemment demis-sionnaire, manque de jeu collegial de la part de certains freresturcs, indignite d'un membre charge de hautes responsabiliteset qu'il fallut finalement exclure, decouragement progress if dilau manque de moyens et aux incertitudes pesant sur I'avenir ...Malgre tous ces obstacles, on ne peut que saluer Ie travail ac-compli par cette equipe de benevoles qui ont consacre beau-coup de leurs temps de lois irs a la gestion de la comrnunaute,sans faire ni vagues ni la une des journaux mais humblementet, pour la plupart, efficacement, certains venant regulierementdes endroits les plus eloignes du pays, entierement a leurs frais.La gestion quotidienne des dossiers des enseignants fut assuree.Des exam ens furent organises en vue de designer de nouveauxprofesseurs dans les regimes francophone et neerlandophone.Une formation serieuse fut mise en oeuvre pour les futurs visi-teurs musulmans des prisons. D'innombrables reunions de tra-vail eurent lieu avec des responsables du ministere de la Justiceou des administrations gouvernementales des secteurs educatifset penitentiaires ... 2

    Durant d'autres reunions, I'Executif fit periodiquernent rap-port de ses travaux a I'Assemblee constituante et la consulta surles grandes lignes de sa politique ou sur les decisions majeuresa prendre. Certes, ses membres ne participerent pas tous acesreunions avec l'assiduite qu'on aurait theoriquernent pu at-tendre de tels responsables. D'une maniere generate, l'Executifjoua cependant honnetement Ie jeu de ce controle de son actionpar I'assemblee plus large dont il est issu. Alors meme quebeaucoup reste encore a faire pour accroitre I'ampleur de cesuivi de I 'Executif par la cornmunaute, rien de semblable donea I' i solement hautain qui caracterisa naguere Ie regne du Con-seil des Sages.

    Mais du cote des autorites, comment les choses se passe-rent-elles ? Une petite histoire est assez revelatrice a cet egard,

    I. Voir plus loin, p. 15, le dernier de la justification du projetd'amendement au budget introduit par le depute V. Decroly a laChambre, Ie21 novembre 1995.2. On trouvera plus de details sur le travail accompli par l'Executifdurant cette premiere annee dans I'extrait du rapport du CECLRreproduit plus bas.

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    QUI A TELEPHONE?15 novembre 1995, Fete de la Dynastie. Comme les chefs

    des cultes protestant, orthodoxe etc., le frere Yasin Beyens,president de l'Executif des Musulmans de Belgique, est invitepar le ministere de 1,Interieur a assister au Te Deum officiel ce-lebre a la basilique. Quand il se presente au debut de la cere-monie, on lui fait cependant remarquer qu'aucun siege n'a etereserve a son intention, vu Ie coup de telephone annoncant qu'ilne viendrait pas! Et Y. Beyens d'expliquer au protocole qu'iln'a jamais donne, ni fait donner, un tel coup de tele-phone ... Mais qui, alors, a telephone? Le Centre Islamique ?Par depit de ne plus etre invite a cette cerernonie comme il l'e-tait auparavant? Certaines mauvaises langues Ie penserent,D'autres hypotheses furent cependant avancees, qui situaientI'origine dudit coup de telephone dans certains cercles gouver-nementaux memes, opposes a la mise en place de I'Executif etjouissant d'assez d'autorite pour interdire au protocole d'ac-cueillir Ie Dr. Y. Beyens comme representant des Musulmanslors de cette ceremonie officielle ... La rumeur cita meme Ienom de certain haut fonctionnaire, qu' on suspecta de velleitesd'un retour a quelque forme de gestion diplomatique de l'Islamen Belgique ... Wa Lldhou a 'lam !

    L'affaire prit d'autant plus d'importance que l'apres-mididu 15 novembre, lors de la traditionnelle reception organisee auSenat, ce fut un responsable du Centre Islamique qui fut offi-ciellement invite ... Les autorites couraient-elles deux lievres ala fois : l'Executif et le Centre Islamique ? S'agissait-il d'unevolonte systematique d' affaiblir I'organe nouvellement cree enremettant en selle le principal acteur de la gestion diplomatiquede naguere ?

    On sait aujourd'hui que I'invitation adressee par le Senat auCentre Islamique a l'occasion du 15 novembre fut une erreur.Mr. Frank Swaelen, President du Senat, le confirma en effetlui-rneme, le 13 decembre, au depute Ecolo V. Decroly qui I'a-vait interroge sur la question a la demande du Conseil Supe-rieur 1. Voila done une affaire eclaircie, Quant au fameux coupde telephone, on nous dit qu'une enquete serait en cours ...

    L'HIVER DE TOUTES LES APPREHENSIONSEn tout etat de cause, a l'Executif, dans la Constituante et

    dans les milieux informes de la communaute, le 15 novembremarqua le debut de ce qu'on pourrait appeler I'hiver de toutesles suspicions et apprehensions, pour mille et une raisons.

    Fr. Swaelen expliqua I'erreur du Senat par le fait qu'il n'a-vait pas ete inforrne par Ie ministere de la Justice de la mise en

    I. Extrait de la lettre du 13/12/1995 de Fr. Swaelen au deputeV.Decroly,que nous rernercionsvivement de son intervention: Le Directeur du Centre islamique a longtemps ete considerecomme Ie representatntde la cornmunaute islamiqueen Belgique.La reconnaissancecomme organe representatif de la communautemusulmaneen Belgiquede l'Executif des Musulmansde Belgiqueparnotre Gouvernement date de novembre 1994, alors que I'entree enfonctionproprementdite se situe en fevrier de cette annee,Malheureusement,tandis que cette reconnaissancea ete signifiee acertaines instances, d'autres (parmi lesquelles Ie Senat) n'en ont pasete avisees.C'est done faute d'une mise au courant en temps utile que lesservicesdu senat n'ont pu inviter M. Beyens, President de l'ExecutifdesMusulmansde Belgique, a la reception du 15novembredernier.Soyez assure du fait qu'a I'avenir M. Beyens sera traite enrepresentant de la cornmunaute musulmane en Belgique dans toutesles ceremoniesauxquelles Ie Senat associe les representantsdes cultespresentsen notre pays.

    place de l'Executif, Exact, et Ie Senat ne fut pas la seule ins-tance ou administration gouvernementale dans ce cas, ainsi queles responsables musulmans eurent plusieurs autres occasionsde Ie constater. L'information, aux divers niveaux de pouvoir,avait ete reduite a un minimum, comme si M. Wathelet n'avaitaccepte ce nouvel organe que pour la forme, afin de ne pasterminer son mandat a la Justice sur Ie fiasco du Conseil desSages mais sans vraiment prendre les mesures adequates en vuedu succes de I'entreprise.Faut-il par ailleurs rappeler Ie caractere derisoire desmoyens de l'Executif ? Moins de trois millions effectifs par anet une administration reduite a un secretaire plein de mentemais cornpletement surcharge, l'agreation du deuxieme secre-taire promis par M. Wathelet etant sans cesse reportee par Ieministere de la Justice.

    Et les batons dans les roues, structurels et conjonctu-rels !

    La tutelle constante tout d'abord, par I'imposition a I'Exe-cutif d'une sorte de commissaire gouvernementale, non mu-sulmane, dont les autorites voulurent meme, a un certain point,deduire Ie salaire du budget de I,Executif, Passe encore pour cemanque de confiance, mais les freres de l'Executif, tous bene-voles, meriterent-ils Ie manque de respect dont ils firent parfoisl'objet de la part de fonctionnaires du ministere de la Justice?

    Concernant les cours de religion, on imaginera sans mal ladifficulte de gerer un corps de centaines d' enseignants sanspouvoir leur imposer un programme, sans disposer d'aucuneautorite disciplinaire sur eux et sans qu' eux-memes aient destatut clairement defini,

    Vis-a-vis du departement social de l'Executif, c'est peu direque le rninistere de la Justice faillit a trois taches:

    l.Fin octobre 1995, il n'avait pas encore avise les etablis-sements penitentiaires et hospitaliers que l'Executif etait pret aleur envoyer des aumoniers.

    2. C'est seulement Ie 27 octobre que la Justice donna al'Executif les precisions demandees longtemps auparavant surIe statut et la remuneration des futurs visiteurs musulmans desetablissements penitentiaires.

    3. La liste des candidats aumoniers fut transmise a la Jus-tice, pour l'mevitable exam en par la Surete, avant meme Ie de-but de leur formation (avril). Ce n'est qu'a la mi-octobre que laJustice informa l'Executif du refus de quatre des quarante-huitcandidats, dont un frere deja visiteur des etablissements peni-tentiaires de sa region, beige et tres apprecie,

    Enfin, la cerise sur le gateau: I'obligation de quitter I'im-meuble du 15-17 rue Belliard avant Ie 30 novembre 1995 signi-fiee a I'Executif par la Regie des Batiments, sans que rien n'aitete prevu par les autorites pour ce demenagement - ni siege al-ternatif, ni moyens financiers specifiques, ni reconnaissance a1Executif de la personnalite juridique indispensable pour louerou acquerir un nouveau siege.

    Face a une telle situation, il n' est pas etonnant que certainsfreres aient fini par baisser les bras, a l'Executif et dans laConstituante. D'ou une lettre du president de l'Executif au RoiAlbert II a la mi-novembre. D'ou aussi la lettre envoyee Ie 24novembre par la Constituante au nouveau ministre de la Justice,Stefaan De Clerck, pour lui demander de bien vouloir rece-voir personnellement les dix-sept membres de I 'Executif desMusulmans de Belgique a l'occasion du renouvellement deleur mandat, en cette fin de 1995. Cette entrevue nous semble

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    de la plus haute importance pour retablir Ie climat de confiancedont I 'Executif a besoin, pour pouvoir mener a bien ses mis-sions. D'ou enfin, Ie projet de Petition nationale des Musul-mans redige au sein du Conseil Superieur et qu'il fut decide delancer a la fin de l'hiver si la situation n'evoluait pas favora-blement d'ici la.

    LVEVRS D'ESPOIR ET tvALVATION OFFICIELLEAu moment decrire ces lignes (rni-janvier 1996); il nesemblerait cependant pas que la cornmunaute doive dans I'im-

    mediat recourir a cette petition, des signaux positifs arrivantenfin de la Justice. Le deuxieme secretaire propose par l'Execu-tif a finalement ete accepte. Des mesures sont prises pour quel'Executif cesse d'etre un organe SDF. Une lettre de la Justiceannonce pour 1996 un budget de cinq millions, c 'est-a-diredeux millions de plus que jusqu' ici mais dont il faudra direc-tement deduire Ie salaire du deuxieme secreta ire ; Ie ministreaurait au moins p~ suivre la suggestion de dix millions faite parIe Centre pour I'Egalite des Chances (voir plus bas). On parled'une extension des prerogatives dans Ie sens de la gestion descimetieres. Le choix de trois nouveaux membres de l'Executifresterait bien du ressort de I' Assemblee constituante dont il estissu et, contrairement a certaines rumeurs, ce principe ne seraitpas conteste par la Justice. Le ministre St. De Clerck devraitrencontrer I 'Executif en fevrier, Des contacts avec Ie premierMinistre seraient en cours pour elaborer un texte de loi institu-tionnalisant effectivement I'Executif ...

    Signaux que beaucoup considereront comme minimauxmais qui ont au moins Ie merite d'exister. S'ils permettent depenser que Ie nouveau ministre de la Justice ne remet pas enquestion I'existence de I'organe accepte par M. Wathelet, rienne peut cependant etre considere comme definitivement acquis.Ainsi est-il question, a la Justice, d'une evaluation du travail deI'Executif qui serait menee sur la base d'une consultation d'unevingtaine de mosquees considerees comme representatives .

    L'idee est saugrenue pour au moins trois raisons.Primo: les seules missions attribuees par la Justice a I'Exe-

    cutif concernent les eccles, les prisons et les hopitaux, Rien avoir donc avec les rnosquees, dont I 'Executif n' avait pas a sepreoccuper et ou il n'aurait de toute facon pas pu se faireconnaitre lui-rneme, par manque de moyens. Plutot que lesmosquees, ce sont les administrations de I'enseignement et desetablissements penitentiaires et hospitaliers qui devraient etreconsultees,

    Secundo: depuis 1989, une constante de la gestion gouver-nementale du dossier Islam a ete de traiter avec les musulmansen tant qu'individus, et pas avec les mosquees, considereescomme des institutions controlees par les integristes , Qu'onse souvienne a ce propos du tolle provoque dans divers milieuxpolitiques lors de la parution du premier rapport du Commissa-riat royal a la politique des immigres (nov. 1989), qui proposaitque les mosquees constituent un des deux piliers du Conseilmusulman dont la creation etait alors preconisee. Meme si onne peut que saluer cette premiere marque d'interet de la Justicepour les mosquees, ne vaudrait-il pas mieux qu'un virage aussiimportant soit negocie sereinement ? A moins, bien sur, qu'onne veuille une nouvelle fois diviser pour faire tout capoter.

    Tertio : Ie seul veritable lien entre 1Executif et la cornmu-naute est l' Assemblee constituante. Or, ce n'est un secret pourpersonne, parmi les membres de cette Assemblee, seuls lesfreres du Conseil Superieur ont systematiquement entreprisd'informer la base sur l'existence et l'action de l'Executif, quece soit par Le Conseil, des emissions radio a Bruxelles, des re-unions en province, etc. Est-ce done l'action de l'Executif ou1'assise communautaire du Conseil Superieur que la Justicecherche aujourd'hui a evaluer ?

    Tout cela n'est ni tres clair ni tres sage et on pourrait sou-haiter de nos autorites un peu plus de serieux, Pour les raisonsevoquees plus haut, le Conseil Superieur considere la mise enplace de 1Executif comme un acquis communautaire par rap-port auquel tout retour en arriere serait inconcevable. La pre-miere annee de ce nouvel organe a ete particulierement difficilemais il aurait pu naviguer beau coup plus mal, ou tout simple-ment chavirer, parmi les recifs et autres coups de tabac aux-quels il fut confronte, le plus souvent malgre lui. Si, comme dejuste, il doit faire l'objet d'une evaluation, le minimum seraitque cette derniere soit concue de maniere pertinente, sans pre-cipitation. Et ce qui serait encore mieux, ce serait de lui donnerenfin de veritables moyens pour augmenter sa vitesse de croi-siere et affronter la haute mer.

    Le Conseil Superieur prie le Tres-Haut pour que le bon senset l' esprit dernocratique belges jouent un role de plus en plusgrand dans la gestion gouvernementale du dossier de notrecommunaute.

    Y. MICHOT,President du Conseil Superieur des Musulmans de Belgique