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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE RAYAN NEZZAR Le marché du travail Séance 7

Séance 7 le marché du travail

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CONFÉRENCE D’ÉCONOMIE APPROFONDIE

RAYAN NEZZAR

Le marché du travail Séance 7

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3. Les grands débats sur le marché du travail

1. Point sur les notions fondamentales

2. Les réformes du marché du travail

Le marché du travail Séance 7

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Les notions fondamentales

Les définitions du chômage

Taux de chômage = nb chômeurs / population active (employés + chômeurs)

vs. Taux d’emploi = employés / population en âge de travailler

Chômage au sens du BIT : en âge de travailler (15-64 ans), sens emploi, en recherche et immédiatement disponible

Chômage au sens de l’INSEE : catégorie A (équivalent BIT) vs. B/C (activité réduite) vs. D/E (pas immédiatement disponibles)

Chômage conjoncturel (position dans le cycle) vs. Chômage naturel (structurel + frictionnel ou de conversion lié aux changements technologiques) => notion de NAIRU (Friedman)

Taux de chômage et NAIRU en

Belgique (1980-2011)

Source : Bureau fédéral du Plan

Evolution des taux de

chômage en Europe et aux

Etats-Unis (2007-2015)

Source : OCDE

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Les notions fondamentales

Les théories économiques du chômage (1/2)

Chômage classique : à LT, l’emploi augmente au même rythme que la population active, offre et demande de travail s’égalisent => le chômage est toujours volontaire, lié aux rigidités du marché du travail (salaire minimum, etc). Effet revenu (relation positive entre prix et offre de travail) vs. Effet de substitution (loisirs vs. travail)

Chômage keynésien : involontaire, dépend à CT des variations de l’activité car le salaire n’a pas la même fonction régulatrice que le prix sur les marchés de biens : pas d’ajustement du salaire nominal (expression d’une convention et non d’un prix de marché). En revanche, ajustement de l’emploi à la conjoncture par la flexibilité interne et externe à l’entreprise.

Pour Malinvaud (1980), les deux peuvent coexister :

Chômage keynésien lorsque excès d’offre sur le marché des biens => il faut stimuler la demande adressée aux entreprises

Chômage classique lorsque insuffisance de l’offre et rigidités => il faut stimuler la profitabilité des entreprises et ajuster les salaires réels à la productivité (Real W = Nominal W / Dt indice des prix)

En période de crise => ramener le taux de chômage à son niveau d’équilibre

En milieu de cycle => réduire le taux de chômage naturel

Loi d’Okun (1962) : relation empirique négative entre taux de chômage et taux de croissance. Il existe un seuil de croissance qui permet d’absorber les gains de productivité et l’augmentation de la population active (1,5% en France).

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Les notions fondamentales

Taux de création et de

destruction d’emplois

en France (2000-2010)

Source : INSEE

Les théories économiques du chômage (2/2)

Courbe de Beveridge (1944) : relation empirique négative entre taux de chômage et nb d’emplois vacants (50k en France : appariement imparfait entre offre et demande de travail ?)

Schumpeter (1942) : destruction créatrice avec l’innovation (en France, 15k créations et destructions d’emploi chaque jour) => atrophie des secteurs moins productifs vs. croissance des secteurs plus productifs

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Les notions fondamentales

Les justifications socio-économiques des politiques de l’emploi

Soutenir la demande en période de crise : ex. allongement de la durée d’indemnisation du chômage en 2009 aux USA ; contrats aidés en France en 2008

Prévenir les effets d’hystérèse après un choc exogène (ex. chômeurs de longue durée = 30% aux USA)

Renchérir le coût des licenciements : ex. taxe sur les licenciements (Blanchard & Tirole, 2003) incite les entreprises à investir sur la reconversion des salariés ; cotisations plus élevées sur les contrats atypiques (ex. CDD dans l’ANI 2013)

MAIS rigidités et barrières à l’entrée et à la sortie de l’emploi réduisent le nb de licenciements et d’embauches et accroissent la durée passée au chômage => segmentation et dualisme du marché du travail (Lindbeck & Snower, 1988).

Salaire minimum empêche la baisse des bas salaires => chômage des moins qualifiés (50% des chômeurs en France n’ont pas le baccalauréat).

Autorisation administrative des licenciements (1975-86 en France) : accroît les délais d’ajustement de l’emploi à la demande sans réduire le nombre des licenciements.

Indemnités de licenciement : renchérit leur coût, désincitent à l’embauche.

Indemnisation du chômage : accroît l’effet de substitution et génère des trappes à inactivité.

Autres entraves à la fluidité du marché du travail : immobilier (prix et disponibilité), transports

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Les notions fondamentales

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Les notions fondamentales

Le prix du travail, élément de compétitivité-prix

Le prix du travail traduit un modèle de financement de la protection sociale (bismarckiens vs. beveridgiens) ainsi que la place de l’intervention publique dans la société.

Coin socio-fiscal : coût total d’un travailleur pour une entreprise au-delà du salaire net (taxe sur les salaires, cotisations patronales, etc). Permet une première mesure de la compétitivité-prix : il explique 40% des coûts salariaux en France (vs. 35% en Allemagne et 25% au Royaume-Uni).

Coûts salariaux unitaires : coût horaire de la main-d’œuvre / productivité horaire du travail. Mesure également la compétitivité-prix d’une entreprise, qui peut être améliorée soit en diminuant le prix du travail, soit en augmentant sa productivité.

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Les notions fondamentales

Les justifications économiques du salaire minimum

Pour le salarié, supérieur au salaire de réserve (Pissarides, 1990) : salaire en-dessous duquel le chômeur n’accepte pas la demande de travail du fait de trappes à inactivité

Pour l’employeur, proche du salaire d’efficience (Leibenstein, 1957) : il existe une relation positive entre salaires et productivité. Le salaire d’efficience est supérieur au salaire de marché du fait des asymétries d’information (les employeurs ne connaissent pas à l’avance la productivité des salariés + le salaire d’efficience incite les salariés à rester dans l’entreprise et encourage leur productivité).

Au plan micro-économique, il permet de lutter contre les monopsones (sur les marchés où les employeurs sont dominants et fixent un salaire faible qui décourage l’offre de travail)

Au plan macro-économique, il permet d’orienter le partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits (ex. salaire minimum fédéral gelé pendant 20 ans aux USA)

MAIS : Le salaire minimum peut avoir un impact négatif sur l’emploi ex. Kramarz (1999) : +1% SMIC = +1.5% de chômage au niveau du SMIC (10% des salariés en France ; effet de diffusion d’une hausse du SMIC jusqu’à 1,4 SMIC soit la moitié des salariés).

L’OCDE proposait en 2013 des SMIC régionaux en France (plus élevé en IDF).

En Allemagne, les salaires minimum étaient fixés par branche jusqu’en 2015. Ajd, salaire minimum fédéral fixé à 8,5 € bruts de l’heure. N’a pas fait augmenter le chômage.

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Les notions fondamentales

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1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats sur le marché du travail

2. Les réformes du marché du travail

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Les réformes du marché du travail

Les politiques de soutien à la demande de travail

La réduction du prix du travail (politique de l’offre 1/2)

« TVA sociale » en Allemagne en 2007 (de 16 à 19%) : changement d’assiette pour financer la PS

Allègements de cotisations patronales : 20 Md€ en France, dégressives de 1 à 1,6 SMIC => 9,5% du W brut au niveau du SMIC après CICE et PRS vs. 43,8% à 1,6 SMIC. Selon la DARES, 170k emplois créés entre 1994 et 1999. Mais défavorable à l’emploi industriel et crée une trappe à bas salaires.

La « modération salariale » (politique de l’offre 2/2)

Accord de Wassenaar aux Pays-Bas (1982) : W +6% / an dans les 1970s vs. +1,5% dans les 1980s

Egalement en Allemagne dans les années 2000 : Possible car stagnation des prix de l’immobilier (pas de perte de revenu disponible brut pour les ménages, cf. note du CAE # 2, février 2013)

Les réformes du contrat de travail pour lutter contre le dualisme du marché

Jobs Act en Italie : réduction du coût des licenciements pour les nouveaux CDI , assouplissement des seuils sociaux, progressivité des indemnités prud’homales selon l’ancienneté des salariés => abaissement du seuil de réactivité du chômage à la croissance et levée de barrières réglementaires à la croissance dimensionnelle des entreprises = +25% d’embauches en CDI (700k sur 2015)

Définition des critères du licenciement économique dans la loi en Espagne : déficit d’exploitation pendant un certain nombre de trimestres donnés => sécurise les employeurs (critère objectif)

En France : rigidité du CDI (faible période d’essai, coût des licenciements) => 85% des embauches en CDD ou intérim ; les W réels ne réagissent pas aux variations de la profitabilité des entreprises

PJL Travail : accords de modulation des salaires pendant cinq ans en cas de difficultés économiques

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Les politiques de réduction de l’offre de travail

La réduction de la taille de la population active (« partage du travail »)

Réduction généralisée du temps de travail : Lois Robien 1996 et Aubry 1998 et 2000 : incitations à la RTT par allègements de cotpat généralisées par Fillon en 2002 (20 Md€). Les 35H ont créé 300k emplois entre 1998 et 2002 (DARES). Mais effets paradoxaux sur les gains de productivité : +1,8% en 2000 vs. + 1,5% en 2004 alors que corrélation négative entre nb d’heures travaillées et productivité (OCDE, 2009) : ex. Corée (2250h / 26$/h) vs. Allemagne (1420h / 51$/h)

Départs anticipés à la retraite (malthusienne : réduit l’offre de travail) : 1M de préretraites en France à partir de 1976, politique analogue aux Pays-Bas

Le chômage partiel pour maintenir l’emploi en temps de crise

En Allemagne, a permis de préserver 1 pt d’emploi pendant la crise (250k salariés vs. 18k en France). Développement du temps partiel : 27,6% de l’emploi total en Allemagne vs. 18,9% en France (2014).

Simplification des régimes de chômage partiel dans l’ANI 2013 en France mais qui restent complexes

Les réformes du marché du travail

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Les politiques de soutien à l’offre de travail

La lutte contre les trappes à inactivité pour inciter au retour à l’emploi

Loi Hartz IV en Allemagne : réduction de l’indemnisation du chômage => diminue le salaire de réserve mais augmente les inégalités de revenus (indice de GINI > 0,3)

Incitations monétaires à la reprise d’emploi : EICT et WTC depuis les années 1970 aux USA et en UK. En France, PPE et RSA activité remplacés par la prime d’activité en 2016 (2M de bénéficiaires, montant moyen 170 € / mois) mais dont l’efficacité reste à démontrer.

En vue de la nouvelle convention Unédic, proposition d’une dégressivité des indemnités chômage (objectifs budgétaire et d’incitation au retour à l’emploi)

Les contrats aidés pour les populations les plus éloignées du travail

250k en France, dont 3/4 dans le secteur non marchand (administrations, associations, etc). Investissement dans le K humain pour réduire les effets d’hystérèse.

MAIS : Sienesi (2001) : moindres chances de retrouver un emploi pérenne pour les bénéficiaires de contrats aidés en secteur non marchand vs. en secteur marchand (étude de cohortes en Suède) car signal négatif pour les futurs employeurs (Zylberberg, 2004) => les contrats aidés seraient moins efficaces que les réductions de cotpat

Egalement effet d’aubaine dans le secteur privé (1 contrat sur 2 aurait de toute façon été conclu) mais réduit avec les contrats d’avenir, ciblés depuis 2012 sur les quartiers politique de la ville (150k jeunes dont 80% n’ont pas le bac)

Les réformes du marché du travail

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Les politiques d’optimisation du fonctionnement du marché du travail

Mieux ajuster offre et demande de travail

Rupture conventionnelle 2008 : représente ajd 15% des sorties d’emploi (vs. 10% licenciement éco, 23% licenciement perso, 50% fin de CDD ou intérim et 2% démission), réduit les coûts de séparation

ANI 2013 : simplification de l’homologation des PSE et accords « défensifs » de maintien dans l’emploi

Plan Pôle emploi 2015 : mutualiser les offres d’emploi, rendre le marché du travail plus transparent recentrer l’accompagnement => objectif de réduction du chômage frictionnel

Améliorer la qualité du dialogue social

Insuffisance de la représentativité syndicale et absence des OS dans les conseils d’administration

Egalement important pour les pays en reprise (Allemagne) car les revendications salariales augmentent avec l’emploi

L’investissement dans le capital humain

Création en 2003 d’un droit individuel à la formation (20h/an) désormais rechargeable (ANI 2013) complété par le Fonds de sécurisation des parcours professionnels (2009) pour la requalification des salariés licenciés économiquement

Formation professionnelle : 34 Md€ gérés de façon paritaire, dont seulement 10% bénéficient aux demandeurs d’emploi => Enjeu de redéploiement pour développer leur employabilité

Question de l’individualisation de la protection : compte personnel d’activité (formation + pénibilité) attaché à la personne et non au statut : protection des individus vs. protection des emplois

Les réformes du marché du travail

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1. Point sur les notions fondamentales

3. Les grands débats sur le marché du travail

2. Les réformes du marché du travail

Le marché du travail Séance 7

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Les grands débats sur le marché du travail

Comment stimuler l’emploi des jeunes actifs et des séniors ?

Catégories particulièrement touchées par la crise : -4,2 pts taux d’emploi des actifs de 18-25 ans depuis 2008 ; durée au chômage plus élevée pour les 55-64 ans : 17 mois vs. 9,5 mois pour les 25-49 ans et seulement 9% de retour à l’emploi après un an

Corrélation entre faible taux de chômage des jeunes actifs et développement de l’apprentissage : un jeune sur quatre en Allemagne et en Autriche (resp. 7,6% et 8,7% de chômage des jeunes actifs) vs. 400 000 en France (6% des jeunes dont moitié de bac +2 et plus => politique insuffisante et mal ciblée)

Politiques anti-malthusiennes pour inciter au report du départ à la retraite : ex. surcote pour les années cotisées au-delà de 60 ans introduite en 2003 (réforme Fillon)

MAIS les mesures catégorielles peuvent présenter des effets négatifs (Friedlander, 1997)

Ex. échec du contrat de génération (20k conclus dont 50% d’effet d’aubaine selon la DARES) => Favoriser les programmes d’accompagnement court (2 à 12 semaines de training en Allemagne) et les mesures générales d’allègement de cotpat

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Les grands débats sur le marché du travail

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Les grands débats sur le marché du travail

Faut-il imiter le « modèle allemand » ?

Développement du travail temporaire (27%), modération salariale (accords de branches), basculement de l’assiette de financement de la PS depuis le facteur travail vers la consommation (« TVA sociale »), lutte contre les trappes à inactivité (Hartz IV), etc

Ces réformes du marché du travail ont été réalisées dans les années 2000 avec une croissance mondiale > à 4% / an et avec une politique budgétaire accommodante (impulsion de +0,7% / an) => Pas certain qu’elles soient reproductibles en bas de cycle et dans un contexte de consolidation budgétaire

S’agissant de leurs conséquences socio-économiques : le patrimoine médian des ménage médians allemands est 2 fois plus faible qu’en France + forte hausse des inégalités de répartition (De Grauwe & Yi, 2013) et du taux de pauvreté (de 12% à 16% entre 2002 et 2010) => Il s’agit d’une préférence collective alors que l’Allemagne a d’autres faiblesses structurelles (not. sa démographie et sa natalité : 1,4 enfant / femme)

En outre, ces réformes ne seraient pas soutenables à grande échelle : objectif de gains de compétitivité-prix pour gagner des parts de marché d’exportation vs. partenaires UE.

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Les grands débats sur le marché du travail

Comment lever les freins à l’embauche ?

Faut-il faciliter les licenciements ? Corrélation empirique entre réformes du CDI et reprise de l’embauche dans la période récente (Bénassy-Quéré, 2016). Ex PJL Travail : assouplissement des conditions du licenciement économique, plafonnement des indemnités prud’homales.

CAE, « Dynamique des salaires en temps de crise » (2013) : Permettre un meilleur ajustement des W réels : s’ils progressent plus vite que la productivité, l’ajustement en période de crise se réalise par le niveau d’emplois => ne plus revaloriser le SMIC au-delà du niveau de la croissance et rendre plus acceptable une modération salariale (meilleures relations de travail, encadrement des hautes rémunérations, modération des prix du logement). Autre piste pour diminuer encore le prix du travail : SMIC régionaux (OCDE, 2013) ou par branche et « SMIC jeunes » mais faible acceptabilité politique.

Lever les barrières à l’entrée sur le marché des biens : Indicateur d’imperfections de la concurrence = 4,8 en France vs. 3 en Italie ou 1,1 en Allemagne et au Canada => Obstacles à l’accès au marché, restrictions sur les activités ex. loi Royer 1973 (autorisation d’ouverture des grandes surfaces) ou professions réglementées ex. taxis (rapport Attali : rachat licences + libre entrée flux = +0,2% PIB)

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Les grands débats sur le marché du travail

L’emploi est essentiellement

créé en France dans les TPE

et PME qui opèrent dans le

secteur des services

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FIN DE LA SÉANCE

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