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Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes Jacques Bernuau Hôpital Beaujon, Clichy

Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

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Page 1: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

Jacques Bernuau

Hôpital Beaujon, Clichy

Page 2: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Virus non ou peu hépatotropes : quels virus ?

• non - A

• non - B ( non - D)

• non - C

• non - E

Page 3: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

• physiopathologie

• herpes virus

• virus non herpétiques

Page 4: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës dues à un virus non ou peu hépatotrope : physiopathologie Ia

• virus très cytopathogènes

Page 5: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Herpesvirus (très) cytopathogèneset maladies hépatiques aiguës

+(+)

+

nécrose H

nécrose H

+ / ++

+ / ++

VZV

Adenovirus

+++nécrose H+++HSV2

+++nécrose H+++HSV1

IHAlésions hépatiques

tropismehépatocytaire

virus

Page 6: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës dues à un virus non ou peu hépatotrope : physiopathologie Ib

• virus très cytopathogènes

• infection infra-clinique très fréquente

• manifestations cliniques initialesnon spécifiques (+++ fièvre)

• manifestations hépatiques inconstantes,le plus souvent infra-cliniques

• exceptionnellement, hépatite aiguë sévère, voire insuffisance hépatique aiguë

Page 7: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës dues à un virus non ou peu hépatotrope : physiopathologie II

• virus faiblement cytopathog ènes

• infection infra-clinique très fréquente

• manifestations cliniques initialesnon spécifiques (+++ fièvre)

• manifestations hépatiques inconstantes,le plus souvent infra-cliniques

• exceptionnellement, hépatite aiguë sévère, voire insuffisance hépatique aiguë

Page 8: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës dues à un virus non ou peu hépatotrope et faiblement cytopathogène :

physiopathologie III

Question : comment une h épatite aigu ë sévère ou une insuffisance hépatique aigu ë peut-elle se développer au cours d ’une infection par un virus peu ou pas hépatotrope et faiblement cytopathog ène ?

Page 9: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës dues à un virus non ou peu hépatotrope : physiopathologie IV

cofacteurs d’agression hépatique aiguë

. effet cytopathogène par de lamultiplication virale (immunosuppresseurs, autres ??) (HSV, VZV, adenovirus)

. syndrome d’activation des macrophages .

. ischémie hépatique par envahissement sinusoïdal par des cellules malignes viro-induites(lymphomes EBV induits)

. hépatotoxicité des médicaments (contemporains)

Page 10: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Rôles possibles des médicaments dans les hépatites aiguës dues à un virus non ou peu

hépatotrope : physiopathologie V

. aspirine, AINS inhibition mitochondriale (Σ Reye)

. immunosuppresseurs augmentation de lamultiplication virale

. paracétamol *, AINS, hépatocytoxicitéherbes m édicinales

* même à doses normales, mais prolongées (> 5-7 jours) , etsurtout chez les consommateurs chroniques d’alcoo l

Page 11: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Copyright restrictions may apply.

Watkins, P. B. et al. JAMA 2006;296:87-93.

Serum Alanine Transferase vs Time on Study

Page 12: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

• physiopathologie

• herpes virus

• virus non herpétiques

Page 13: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Herpesvirus : classification et tropisme cellulaire

B+++ (ORL)• EBV

B?� HHV8

T CD4?� HHV7

T CD4+� HHV6

• herpes virus humains

++++• CMV

non+++� VZV

non+++� HSV2

non+++� HSV1

• Herpes simplex

lymphocytesCellules épithélialesvirus

Page 14: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Herpesvirus et maladies hépatiques

±inflammation-EBV

???HHV8

???HHV7

+nécrose H+HHV6

?inflammation+CMV

+nécrose H+ / ++VZV

++nécrose H+++HSV2

++nécrose H+++HSV1

IHAlésions hép.tropisme hépatiquevirus

Page 15: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatite herpétique : HSV1 / HSV2

• rarissime (par rapport à VHA et VHB) , mais curable

• maladie due à l’effet cytopathogène viral, donc sensible au traitement antiviral

• malades objectivement immunodéprimés ou « normaux » !!

• primo-infection ou réactivation

• mauvais pronostic si IHA

Page 16: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatite herpétique : HSV1 / HSV2

• symptômes:

� terrain : immunodéprimé (chimiothérapie, corticoïdes..), femme enceinte, nouveau-né,

sujet en apparence normal

� fièvre > 38°5 C (malgré antipyrétiques) (90%)

� transaminases > 50 N, bilirubine < 100 µmol/L

� leucopénie inconstante

� éruption vésiculeuse très inconstante

Page 17: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Diagnostic� la suspicion clinique * suffit pour traiter

� sérologies : non (peu) contributives

� isolement viral (sang, foie) : PCR

� histologie h épatique� nécrose hépatocytaire focale non systématisée

� noyau globuleux, inclusions

� infiltration inflammatoire variable (+++ modérée ou absente si nécrose étendue )

* surtout si contexte herpétique ( partenaire, enfant )

Hépatite herpétique : HSV1 / HSV2

Page 18: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

• Si hépatite herp étique suspectée� acyclovir IV en urgence

• diagnostic différentiel : hépatite A• si diagnostic écarté , arrêt de l’acyclovir• si diagnostic confirmé

� efficacité possible: guérison sans séquelles� mortalité élevée (50%) si forme sévère

– insuffisance hépatique– terrain

� transplantation urgente : rarissime (et mauvais résultats)

Hépatite herpétique : HSV1 / HSV2

Page 19: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatite aiguë due à VZV I

• chez l’adulte, rarissime (par rapport à VHA et VHB) , mais curable

• maladie due à l’effet cytopathogène viral, donc sensible au traitement antiviral

• même raisonnement que pour HSV

• absence possible de toute éruption +++++

• mauvais pronostic si IHA

Page 20: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatite aiguë due à VZV II

• diagnostic précoce +++

- contexte contaminant (enfant malade)

- fièvre > 38°5 C + douleur épigastrique sans cause

• consommation fréquente de paracétamol

• hôpital (vite) , acyclovir IV

• Beaujon (en 10 ans) : 5 cas, 2 DC

Page 21: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites à CMV: immunocompétents

< 5 %Ictère

15-20 %Hépatomégalie

30 %Splénomégalie

20 %Éruption cutanée

30 %Pharyngite70 %Adénopathies30-50 %Myalgies

> 95 %Fièvre

Formes asymptomatiques > 95%

Page 22: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites à CMV: immunocompétents

< 1%Prothrombine �

15%Bilirubine �

75%Gamma GT > N

60%Phosphatases alc. > N

90%Aminotranférases > N

> 95% Prévalence

Page 23: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites à CMV: immunocompétents

+• lésions des cellules biliaires

±– inclusions virales

+– nécrose

• lésions hépatocytaires

++• granulomes

+++• infiltrats mononucléés

Lésions hépatiques

Page 24: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites à CMV : diagnostic s

±� immunohistochimie

non indispensable� histologie hépatique

• Hépatite à CMV

( > 48 heures )� ( virémie CMV )

� PCR

• Infection active

Page 25: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

• prévalence élevée : 30-70%• 3 problèmes particuliers

1. réplication asymptomatique2. diagnostic des lésions tissulaires

3. prévention chez les séronégatifs

Hépatites à CMV : immunodéprimés (sujets allogreffés)

Page 26: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

1. virémies asymptomatiques2. fièvre, anomalies des tests hépatiques3. date de survenue

• > 10 jours

4. facteurs de risque• donneur CMV + / receveur CMV –• sérum anti-lymphocytaire

5. association à un rejet chronique (relation de causalité incertaine)

6. prévention : valaciclovir / ganciclovir7. traitement curatif : ganciclovir

Hépatites à CMV: immunodéprimés

Page 27: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatite à EBV: manifestations

EBNA +

PCR sérum et foie

étendue (50%)

cause du DC (40%)

10MNI fatale

EBNA +discrète12-25MNI aiguëbénigne

DiagnosticNécrose hépatocytaire

Âge moyen

maladie

Markin RS, Liver 1994;

Page 28: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Foie et EBV : syndromes lymphoprolifératifs (SLP) liés à EBV

+possible *lymphome malin non hodgkinien

+rareSLP post -transplantation

+oui(DC 50%)

SLP lié à l’X

génome

EBV

nécrose hépatique

maladie

* infiltration massive du foie par des lymphocytes, ischémie

Page 29: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

• physiopathologie

• herpes virus

• virus non herp étiques

Page 30: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Virus non herpétiques à ADN

• Adénovirus

� hépatite clinique exceptionnelle

� enfants après greffe de mo ëlle

� IHA rarissime (ribavirine ?)

• Parvovirus B19

� pas de multiplication intra-hépatocytaire

� hépatite clinique et IHA exceptionnelles

� anémie aplastique possible

Page 31: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites fulminantes et parvovirus B19

9 - ??9 - ??4 - ???fièvre-paracétamol

4 / 05 / 0-. après TH

1 / 41 / 34 / 0 *survie / décès

. sans TH

37246154bilirubine (µmol/L)

107415317170ALAT

9/99/93/4encéphalopathie

6/97/90ictère

174122âge moyen (mois)

Autres(n=9)

VHA(n=9)

Parvo B19(n=4)

manifestations

Sokal et al: Lancet 1998 * tous listés pour TH urgente

Page 32: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Virus non herpétiques à ARN

H. cellules géantes ?

oui• paramyxovirus

oui

non *exceptionnelle

oui

peu (seul)pas/peu (seul)

• flavivirus - fièvre jaune- dengue

• alphavirus - chikungunya

exceptionnelle?• coxsackie

IHANécrose hépatocytaire

virus

* défaillance multiviscérale souvent associée

Page 33: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës associées aux infections par Arbovirus (ARN) Ia

• Dengue ( flavivirus )

� maladie du voyageur

� traitement recommand é (OMS) : paracétamol

� cause fréquente d ’IHA (Asie, Antilles) ( NAC)

Page 34: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Acute severe hepatitis and IgM + antibody to dengue fever virus

28 year woman, 6 days afterreturning from India ; fever

(40°C) and headaches ; paracetamol, 3 g daily, 4 days

on admission, serumALT > 100xN , factor V 50%, no clinicalencephalopathy ; IgManti-dengue virus +

IV N-acetylcysteinerecovery

Page 35: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës associées aux infections par Arbovirus (ARN) Ib

• Dengue

• Chikungunya (alphavirus)

• Fièvre jaune (vaccination préventive))

� jungle, mais aussi banlieues (Asie, Amér. Sud)

� paracétamol (et alcool …)

� IHA et Insuffisance rénale aiguë

Page 36: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Chikungunya virus epidemic in Saint Benoit, La Réunion Island : an epidemiologic study of a

cluster of acute liver diseases

J. Bernuau 1, W. Rakotoarivonina 2, M. Weber 2,Y. Jacques-Antoine 2, M. Lemarinel 2, F. Binois 3,

S. Massoulier 4, Asselah T 1, A. Abergel 4

1. Liver Unit, Hopital Beaujon, Clichy, France 2. Saint Benoit Clinic, Saint Benoit, La Réunion, Fra nce

3. CH, Saint Benoit, La Réunion, France4. Hepatogatroenterology, Clermont- Ferrand, France

In : Liver International, 2006 (abstract)

Page 37: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Taux Taux Taux Taux éééélevlevlevlevéééés des des des de

. alcoolisme. alcoolisme. alcoolisme. alcoolisme

. diab. diab. diab. diabèèèètetetete

. ob. ob. ob. obéééésitsitsitsitéééé

. HTA. HTA. HTA. HTA

800 000800 000800 000800 000habitantshabitantshabitantshabitants

Page 38: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

The Saint Benoit study : patients withs-AT > 20 N (Jan. – Feb. 2006) I

• mean age, 60 ; males (13 / 24) 54 %• CHIK infection (13/16) 76 %• recent ingestion of paracetamol 70 %

(therapeutic doses prior to admissionfor several days, overdose in few )

• chronic alcohol drinkers 41 % • chronic cardiovascular disease 41 %

Page 39: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

The Saint Benoit study : acute hepatic failure and deaths (Jan. – Feb. 2006) II

• 6/24 (clinical encephalopathy, 25 %s-AT > 4 000 U/L, Pro. Ratio < 40%)

• shock , 5/6 21 %• fatality rate , 11/24 46 %• fatal acute hepatic failure, 4/6 * 66 %• fatalities with Chik infection, 3/10 33 %

* cirrhosis, 1 / 6

Page 40: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

Conclusion I

Toute maladie virale aiguëinitialement fébrile, est « traitée »par hydratation (parfois insuffisante) et antipyrétique,

avant tout le paracétamol.

Page 41: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites aiguës et virus non ou peu hépatotropes

Conclusion II

Quand une hépatite aiguë sévère, voire une insuffisance hépatique aiguë avec encéphalopathie clinique, complique une infection par un virus non ou peu hépatotrope, la responsabilité du paracétamol doit toujours être envisagée et conduire à l’administration , par voie IV, de N-acétylcystéïne .

Page 42: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes
Page 43: Bernuau Hepatites A Virus Peu Hepatotropes

Hépatites fulminantes de cause indéterminée : rôle des herpesvirus*

10%4%EBV

00HHV6

13%6%CMV

00VZV

00HSV2

00HSV1

TransplantésHF non A-non E(n = 50)

Présence de génome viral dans le foie

* Mason et al. Hepatology 1996; 24: 1361-65