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S. Letchimy - Député- Président de la Région Martinique Le génocide tzigane Le génocide tzigane, une théorisation oubliée de l'infériorité des races. C'est à Berlin, à proximité de celui consacré aux victimes de la Shoah et de celui dédié aux homosexuels, qu'un mémorial aux Tsiganes victimes du nazisme vient d'être inauguré. C'est un des premiers signes en Europe qui symbolise et reconnait une histoire longtemps niée de la barbarie dans cette partie du monde durant la seconde guerre mondiale! Près de 500 000 tsiganes d'Europe ont été persécutés, puis exécutés en masse, sur la base des théories scientifiques racistes du nazisme, elles-mêmes fondées sur l'inégalité des races et des hommes ! Les déportations dans des camps de concentration de ces êtres humains considérés comme racialement inférieurs et asociaux, précédés d'internements dans des camps, étaient de règle en Allemagne. Dès la mise en place du régime, la logique de l'infériorité des tziganes a conduit à la codification des principes de l'extermination dans les lois de Nuremberg . La traque des asociaux et la répression sociale et raciale non juive vont aboutir à la liquidation pure et simple de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Elle n'a pas fait l'objet de beaucoup de recherches historiques. Les hommes et femmes dont la "vie était indigne d'être vécue", car différents des aryens, étaient stérilisés ou euthanasiés. Dans le grand Reich la liquidation a été systématique. En France depuis la loi de 1912, instaurant le régime des nomades, puis les assignations à résidence pendant la deuxième guerre mondiale, les tziganes furent aussi victimes du régime de Vichy et ont été enfermés dans des camps d'internements, ce jusqu'en 1946 ! Cette communauté exprime une identité transnationale au destin singulier dans sa diversité anthropologique et historique. Elle est identifiée sous une labellisation contemporaine et expéditive, celle des roms. Actuellement, 11 millions de tziganes ou de roms vivent en Europe. C'est la plus grande minorité ethnique mais aussi la plus pauvre et celle qui subit toujours des discriminations et le racisme. Ils représentent une réalité sociale et culturelle qui s'impose à l'Europe même si elle se différencie du standard classique. C'est avant tout un problème humain qui pose un problème politique et éthique à l'Europe et à la France dans cette fraternité qui nourrit des solidarités, mais aussi dans ces crises qui stigmatisent les peurs et les replis. (Merci au journal Libération du 27 et 28 octobre, de conclure son article sur la question par une double invitation : reconnaître aussi ce génocide et lever les ambiguïtés administratives)

Déclaration du président sur l'inauguration du mémorial tzigane

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Page 1: Déclaration du président sur l'inauguration du mémorial tzigane

S. Letchimy - Député- Président de la Région Martinique

Le génocide tzigane

Le génocide tzigane, une théorisation oubliée de l'infériorité des races.

C'est à Berlin, à proximité de celui consacré aux victimes de la Shoah et de celui dédié aux

homosexuels, qu'un mémorial aux Tsiganes victimes du nazisme vient d'être inauguré.

C'est un des premiers signes en Europe qui symbolise et reconnait une histoire longtemps

niée de la barbarie dans cette partie du monde durant la seconde guerre mondiale!

Près de 500 000 tsiganes d'Europe ont été persécutés, puis exécutés en masse, sur la base

des théories scientifiques racistes du nazisme, elles-mêmes fondées sur l'inégalité des races

et des hommes !

Les déportations dans des camps de concentration de ces êtres humains considérés comme

racialement inférieurs et asociaux, précédés d'internements dans des camps, étaient de

règle en Allemagne. Dès la mise en place du régime, la logique de l'infériorité des tziganes a

conduit à la codification des principes de l'extermination dans les lois de Nuremberg .

La traque des asociaux et la répression sociale et raciale non juive vont aboutir à la

liquidation pure et simple de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Elle n'a pas fait

l'objet de beaucoup de recherches historiques.

Les hommes et femmes dont la "vie était indigne d'être vécue", car différents des aryens,

étaient stérilisés ou euthanasiés. Dans le grand Reich la liquidation a été systématique.

En France depuis la loi de 1912, instaurant le régime des nomades, puis les assignations à

résidence pendant la deuxième guerre mondiale, les tziganes furent aussi victimes du

régime de Vichy et ont été enfermés dans des camps d'internements, ce jusqu'en 1946 !

Cette communauté exprime une identité transnationale au destin singulier dans sa diversité

anthropologique et historique. Elle est identifiée sous une labellisation contemporaine et

expéditive, celle des roms.

Actuellement, 11 millions de tziganes ou de roms vivent en Europe. C'est la plus grande

minorité ethnique mais aussi la plus pauvre et celle qui subit toujours des discriminations et

le racisme. Ils représentent une réalité sociale et culturelle qui s'impose à l'Europe même si

elle se différencie du standard classique.

C'est avant tout un problème humain qui pose un problème politique et éthique à l'Europe

et à la France dans cette fraternité qui nourrit des solidarités, mais aussi dans ces crises qui

stigmatisent les peurs et les replis.

(Merci au journal Libération du 27 et 28 octobre, de conclure son article sur la question par

une double invitation : reconnaître aussi ce génocide et lever les ambiguïtés administratives)