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Editorial Coordinateurs : Mongi Aouinet, Néjiba Hamrouni, Charles Auhteman et Sylvaine Petit Formateurs : Sabah Mahmoudi, Florence Al Aswad, Moncef Ayari, Lotfi Touati Secrétariat de rédaction : Mohamed Drissi Traduction : SETRA Traductions Rédaction : Manel Mejri, Ghabri Olfa, Raoudha Selmi, Karima Ben Youssef, Melek Lakdar, Zahra Ben Kalma, Mohamed Boughanmi, Rim Ben Frej, Marwa Sahli, Wafa Ghawari, Chokri Belhedi, Hattab Fezai. Exemplaire gratuit : ne peut être vendu Numéro 1 21 mars 2012 Avec le soutien de : http://journalducitoyen.wordpress.com/ Contact : [email protected] Imprimerie : Imprimerie des Berges du Lac, imprimeriedulac.com Fierté d’appartenance « Débattre de la politique », dans la presse tunisienne, aujourd’hui, s’apparente à approuver ou réfuter le parti Al Nahdha. Il n’y a pas un média ou presque qui n’affiche pas ses couleurs face aux décisions politiques de cette nouvelle Tunisie. C’est un bon début dans la démocratie, mais il faut surtout veiller à honorer, gratifier et crédibiliser notre métier de journaliste. L’accompagnement de 24 stagiaires par des formateurs nationaux est de permettre une meilleure couverture de cette période décisive dans la vie politique du pays. Durant cinq jours de formation intensive et un suivi sur trois mois, les formateurs nationaux s’appliquent à mettre à disposition des journalistes, tout leur savoir et leurs compétences exceptionnels. Et la motivation des 24 nous a bien prouvé qu’ils ont la volonté d’améliorer leur profession. Leurs écrits ont été à la hauteur de nos attentes ; et les prochains numéros ne seront que meilleurs… Fruit d’un travail d’équipe, de mixité d’idées. Notre objectif à tous est d’aboutir à un journalisme droit, objectif et serein… Florence AL ASWAD Session de Formation pour Journalistes : «Couverture du Débat Politique» Débat politique entre le représentant du (POCT) et celui du (PDP) Le représentant du POCT Mohamed Mazzem et celui du PDP Iyad Dahmani ont parlé aussi bien de la vague de froid qui sévit dans le pays que de la fragilité de la situation économique lors d’un débat organisé par le Syndicat National des Journalistes avec la collaboration de l’Institut Panos Paris. Ce débat, tenu le mercredi 8 février 2012 dans un hôtel de la capitale, dans le cadre d’une session de formation destinée aux journalistes, a aussi été une occasion pour passer en revue les réactions suscitées par l’initiative de Sebsi. Mohamed Mezzem pense d’abord que le Gouvernement doit prendre des mesures préventives pour faire face à ce type de conditions météorologiques et non compter exclusivement sur la société civile, alors que Iyad Dahmani a insisté sur le rôle de la société civile et s’est félicité des efforts qu’elle a déployé comparé au rôle relativement modeste joué par le Gouvernement. Situation Economique Difficile Par ailleurs, Mohamed Mazzem a évoqué la fragilité de la situation économique du pays « au niveau de la production et de la distribution des richesses, ce qui accentue les disparités entre les régions, renforce le chômage, particulièrement dans les régions intérieures, et nécessite une redistribution des investissements par l’Etat qui doit jouer le rôle de locomotive, afin d’orienter les nouveaux investissements vers l’agriculture et vers les industries offrant les plus grandes opportunités d’emploi ». Pour sa part, Dahmani constate que « le recul des investissements est dû à la médiocrité des infrastructures de base combinée avec l’endettement de l’Etat, plus particulièrement dans le domaine du tourisme », ajoutant que le développement économique se base essentiellement sur le tourisme, qui doit se focaliser plus sur les secteurs du tourisme culturel et médical… Et l’initiative de Sebsi Quant à leur point de vue sur l’initiative de Sebsi ; Dahmani - le représentant du PDP - a expliqué que le Gouvernement de la Troika n’avait pas tenu ses promesses faites au peuple, et que le pays passait par une phase nécessitant un gouvernement de Salut National et non d’un gouvernement dominé par un seul parti. Par ailleurs, Mazzem, du Parti des Travailleurs, pense que cette déclaration a été préparée à plusieurs niveaux, et que Beji Caied Sebsi n’a pas proposé de solutions lorsqu’il tenait les rennes du pouvoir, ajoutant que l’initiative dite «de Sebsi» avait été préparée avec l’accord d’Ennahdha. Mazzem a par ailleurs nié avoir reçu des fonds du Président Syrien et accuse ses détracteurs de manquer de preuves, ajoutant que le Parti des Travailleurs Tunisiens soutient le mouvement populaire syrien contre le Régime d’Al Assad. Wafa Ghouari

JDC N°1 VF

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Journal du Citoyen N°1 en français

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Page 1: JDC N°1 VF

Ed i to r i a l

Coordinateurs : Mongi Aouinet,

Néjiba Hamrouni, Charles

Auhteman et Sylvaine Petit

Formateurs : Sabah Mahmoudi, Florence Al Aswad, Moncef

Ayari, Lotfi Touati

Secrétariat de rédaction :

Mohamed Drissi

Traduction :

SETRA Traductions

Rédaction :

Manel Mejri, Ghabri Olfa,

Raoudha Selmi, Karima

Ben Youssef, Melek Lakdar,

Zahra Ben Kalma,

Mohamed Boughanmi, Rim

Ben Frej, Marwa Sahli, Wafa

Ghawari, Chokri Belhedi,

Hattab Fezai.

Exemplaire gratuit : ne peut être venduNuméro 1 21 mars 2012 Avec le soutien de :

http://journalducitoyen.wordpress.com/ Contact : [email protected] Imprimerie : Imprimerie des Berges du Lac, imprimeriedulac.com

Fierté d’appartenance

« Débattre de la politique », dans

la presse tunisienne, aujourd’hui,

s’apparente à approuver ou

réfuter le parti Al Nahdha. Il n’y

a pas un média ou presque qui

n’a"che pas ses couleurs face

aux décisions politiques de cette

nouvelle Tunisie. C’est un bon

début dans la démocratie, mais

il faut surtout veiller à honorer,

gratifier et crédibiliser notre métier

de journaliste. L’accompagnement

de 24 stagiaires par des formateurs

nationaux est de permettre une

meilleure couverture de cette

période décisive dans la vie

politique du pays. Durant cinq

jours de formation intensive et un

suivi sur trois mois, les formateurs

nationaux s’appliquent à mettre à

disposition des journalistes, tout

leur savoir et leurs compétences

exceptionnels. Et la motivation

des 24 nous a bien prouvé qu’ils

ont la volonté d’améliorer leur

profession. Leurs écrits ont été

à la hauteur de nos attentes ; et

les prochains numéros ne seront

que meilleurs… Fruit d’un travail

d’équipe, de mixité d’idées. Notre

objectif à tous est d’aboutir à

un journalisme droit, objectif et

serein…

Florence AL ASWAD

Session de Formation pour Journalistes : «Couverture du Débat Politique»

Débat politique entre le représentant du (POCT) et celui du (PDP)Le représentant du POCT Mohamed Mazzem et celui du PDP Iyad Dahmani ont parlé aussi bien de la vague

de froid qui sévit dans le pays que de la fragilité de la situation économique lors d’un débat organisé par le

Syndicat National des Journalistes avec la collaboration de l’Institut Panos Paris.

Ce débat, tenu le mercredi 8 février 2012 dans un

hôtel de la capitale, dans le cadre d’une session de

formation destinée aux journalistes, a aussi été une

occasion pour passer en revue les réactions suscitées

par l’initiative de Sebsi.

Mohamed Mezzem pense d’abord que le

Gouvernement doit prendre des mesures

préventives pour faire face à ce type de conditions

météorologiques et non compter exclusivement sur

la société civile, alors que Iyad Dahmani a insisté sur

le rôle de la société civile et s’est félicité des e$orts

qu’elle a déployé comparé au rôle relativement

modeste joué par le Gouvernement.

Situation Economique DifficilePar ailleurs, Mohamed Mazzem a évoqué la

fragilité de la situation économique du pays « au

niveau de la production et de la distribution des

richesses, ce qui accentue les disparités entre les

régions, renforce le chômage, particulièrement

dans les régions intérieures, et nécessite une

redistribution des investissements par l’Etat qui

doit jouer le rôle de locomotive, afin d’orienter les

nouveaux investissements vers l’agriculture et vers

les industries o$rant les plus grandes opportunités

d’emploi ».

Pour sa part, Dahmani constate que « le recul

des investissements est dû à la médiocrité des

infrastructures de base combinée avec l’endettement

de l’Etat, plus particulièrement dans le domaine

du tourisme », ajoutant que le développement

économique se base essentiellement sur le tourisme,

qui doit se focaliser plus sur les secteurs du tourisme

culturel et médical…

Et l’initiative de SebsiQuant à leur point de vue sur l’initiative de Sebsi ;

Dahmani - le représentant du PDP - a expliqué que

le Gouvernement de la Troika n’avait pas tenu ses

promesses faites au peuple, et que le pays passait

par une phase nécessitant un gouvernement de

Salut National et non d’un gouvernement dominé

par un seul parti. Par ailleurs, Mazzem, du Parti

des Travailleurs, pense que cette déclaration a été

préparée à plusieurs niveaux, et que Beji Caied

Sebsi n’a pas proposé de solutions lorsqu’il tenait les

rennes du pouvoir, ajoutant que l’initiative dite «de

Sebsi» avait été préparée avec l’accord d’Ennahdha.

Mazzem a par ailleurs nié avoir reçu des fonds

du Président Syrien et accuse ses détracteurs de

manquer de preuves, ajoutant que le Parti des

Travailleurs Tunisiens soutient le mouvement

populaire syrien contre le Régime d’Al Assad.

Wafa Ghouari

Page 2: JDC N°1 VF

Le Conseil Constitutionnel entre la Tunisie d’Hier et la Tunisie d’Aujourd’hui- La Première Constitution est le fruit du Mouvement Réformateur National

- Sans le savoir, Habib Bourguiba a fondé la Dictature Novembrienne

La Tunisie fût le premier pays arabo-musulman à adopter un régime constitutionnel, lorsque Bey Mohamed promulgua le 9 septembre 1857 un texte connu sous le nom de A’ahd Al Amane ou Traité de Loyauté. Ce texte fut préparé pour répondre aux ingérences étrangères dans les affaires intérieures du pays suite aux troubles engendrés par le meurtre

d’un juif accusé d’avoir renversé et tué un enfant musulman avec son véhicule. L’intention du Bey Mohamed était de mettre en place une constitution et d’enclencher des réformes, y compris la mise en place d’un conseil municipal à Tunis réunissant des représentants des communautés étrangères en plus des membres tunisiens.

La préparation de la Constitution a commencé à

l’époque du Bey Mohamed, mort le 24 septembre

1959, et c’est son frère Mohamed Sadok qui a veillé

à ce qu’elle soit finie et annoncée publiquement en

1861 au terme d’une série de réformes.

Cependant, la révolution d’Ali Ben Ghedhahem

a mis en veille l’application de cette constitution

3 ans après sa promulgation, avec la naissance

du Mouvement Réformateur National initié par

Kheireddine Ettounsi, dont la référence était

« Akouam Al Massalek Fi Maarifet Ahoual Al

Mamalek » (Le plus sûr moyen pour connaître

l›état des nations) publié en 1867. L’action

et la lutte des mouvements réformateurs se

sont intensifiées avec l’occupation française

et l’installation du Protectorat en Tunisie. Les

associations et les journaux créés et développés au

cours de cette période ont joué un grand rôle dans

l’émergence d’une conscience nationale parmi les

intellectuels réunis dans le cadre du Mouvement

des Jeunes Tunisiens, qui a appelé à une assemblée

représentative élue par le Peuple et à la mise en

œuvre de structures constitutionnelles, et dont le

principal instigateur était Ali Bach Hamba.

Le Mouvement des Jeunes Tunisiens a continué

sa lutte pour la mise en œuvre de réformes, et

qui s’est finalement soldé par la création du Parti

Libre Constitutionnel en Mars 1919, dirigé par

Abdelaziz Thaalbi ; sa principale revendication

était la promulgation de la constitution

permettant au peuple de diriger ses propres

a�aires dans le cadre de l’Etat Husseinite, et

l’adoption d’une série de réformes soutenues par

le Résident Général Lucien Saint, principalement

la mise en place du Grand Conseil et des Conseils

Régionaux en 1922.

Les activités et la lutte politiques se sont poursuivies

au cours des 13 années suivantes, jusque ce que

le Groupe de Travail Tunisien régissant le parti

(Habib Bourguiba, Mahmoud Matri, Tahar Sfar

et Bahri Guiga) ont appelé lors d’un congrès

du Parti Libre Destourien tenu à la Rue de la

Montagne en 1933 à plusieurs réformes dont la

promulgation d’une Constitution garantissant la

souveraineté du Peuple. La lutte a alors pris une

autre dimension, et les revendications du Congrès

de la Rue de la Montagne ont été confirmées lors

du Congrès de Ksar Hellal tenu le 2 mars 1934 par

le Groupe de Travail Tunisien ; ceci a constitué le

début de la lutte contre l’occupation, coordonnée

par le Néo-Destour (Groupe de Travail Tunisien)

pour la réalisation des aspirations du peuple, et

dont la principale était la Constitution devant

mener à l’indépendance.

Le 13 janvier 1952, Habib Bourguiba appela à la

lutte armée.

Premier Conseil National ConstitutionnelLe 1er juillet 1954, Mendes France a proclamé

l’indépendance intérieure du pays lors d’un

discours o!ciel prononcé devant Lamine Bey à

Carthage, et l’Accord d’Autonomie a été signé le

3 juin 1955.

Les grandes lignes politiques du leader Habib

Bourguiba concernant l’indépendance et la

souveraineté ont été exposées lors du Congrès

de Sfax tenu le 15 novembre 1955, et ont surtout

appelé à la promulgation d’un Décret portant la

création d’un Comité National Constitutionnel,

signé par Lamine Bey le 29 décembre 1955. Ce

Conseil élu au su�rage universel par le peuple a

été chargé de préparer la Constitution du pays.

Après l’indépendance totale obtenue le 20 mars

1956, l’Etat Tunisien s’est empressé d’exaucer un

vœu populaire, celui d’avoir une Constitution, et

c’est alors que les membres du Conseil Constitu-

tionnel ont été élus le 25 mars 1956. Ces élections

ont alors été remportées par la liste du Front Natio-

nal menée par le Parti du Néo-Destour et les orga-

nisations nationales le soutenant. Les gagnants ont

présenté le programme du premier gouvernement

d’indépendance au Conseil lors de sa réunion du 9

avril 1956 et ont par la même occasion élu le Lea-

der Bourguiba. Le premier gouvernement de l’ère

de l’indépendance a été constitué le 14 avril 1956,

et c’est Jallouli Fares qui a été désigné Président du

Conseil Constitutionnel à la place de Bourguiba,

puis le Conseil a aboli le Beylicat et a déclaré la

République le 25 juillet 1957.

Ce n’est qu’au 1er juin 1859 que la Constitution

a été annoncée, soulignant la séparation des

pouvoirs et le respect des droits humains. Les

premières élections législatives et présidentielles

ont été organisées selon les termes de la nouvelle

Constitution le 8 novembre 1959, et ont été

remportées par le Front National présidé par

Habib Bourguiba.

Nouveau Conseil National ConstitutionnelLe peuple tunisien, exalté par son indépendance

de la colonisation française, croyait fort que

ces élections remportées par le Leader Habib

Bourguiba qui a pris en main la destinée du

pays, allaient mener la Tunisie sur le chemin

de la démocratie assurée par la Constitution

de 1959. Cependant, les choses ont pris une

autre tournure, et la Constitution fût l’objet de

plusieurs amendements et transformations au

gré des partisans du Parti Libre Destourien dirigé

par le Leader, et qui en ont font finalement un

Leader Suprême et Président à Vie. La situation

s’est empirée au fil des ans et la corruption a

gangréné le pays au cours des années quatre

vingt. La Tunisie a alors connu des mouvements

d’opposition de la part de partis politiques et de

forces syndicales, qui ont fini par un coup d’Etat

pacifique en 1987 renversant le Leader Bourguiba

par son propre Premier Ministre et militaire

de formation Zinelabidine Ben Ali, prenant

le pouvoir et devenant le 7 novembre 1987 le

deuxième Président de la République Tunisienne.

Le peuple tunisien a exprimé son soulagement

pour ce Changement qualifié de « béni », et

croyait que de vrais changements allaient être

amorcés sous le règne de Zine El Abidine Ben

Ali. Mais deux ans à peine après ce changement,

les élections ont été falsifiées, les espoirs pour

l’instauration de la démocratie se sont e�ondrés

et la corruption a regagné du terrain dans les

domaines économique, social et même culturel.

Les sonnettes d’alarme ont été tirées à plusieurs

reprises pour avertir les autorités des dangers

guettant le pays, mais celles-ci sont restées

impassibles aux remous populaires, jusqu’au 17

décembre 2010 lorsque Mohamed Bouazizi s’est

immolé par le feu dans la région de Sidi Bouzid

; une étincelle qui a engendré le soulèvement

populaire partout dans le pays, réclamant

des réformes dans tous les domaines, puis la

formation d’un conseil national constitutionnel

après la chute du régime précédent et la fuite de

Ben Ali vers l’Arabie Saoudite le 14 janvier 2011.

La présidence a été remise à Foued Mbazaa,

Président de la Chambre des Députés en vertu de

l’Article 57 de la Constitution dissoute, la tâche

du Conseil Constitutionnel étant d’élaborer une

nouvelle constitution garantissant les droits, la

liberté et la dignité réclamés haut et fort par la

révolution ayant secoué le pays.

Les attentes du peuple vis-à-vis de ce Conseil et

ce qu’il en adviendra du pays après l’élection de

la deuxième constituante restent tributaires des

défis futurs.

Zahra Ben Kamla

Page 3: JDC N°1 VF

La France vient d’octroyer à la Tunisie, par le biais

de l’Agence Française de Développement, une

enveloppe de deux cent milliards, en application

de l’accord signé par l’ancien Gouvernement de

Caied Sebsi avec la France lors de la réunion du

G8 à Deauville.

La Tunisie va bien profiter de ces deux cent

milliards pour soutenir son économie. La question

est de savoir si ce montant sera distribué, utilisé

pour couvrir les dépenses publiques ou pour

alimenter d’autres secteurs. M. Manoubi Akrout,

journaliste et analyste économique a indiqué que

ce montant faisait partie d’un grand programme

de soutien au printemps arabe, visant à permettre

aux pays bénéficiaires de restructurer leurs

économies après la paralysie de leurs entreprises

et des institutions de l’Etat.

M. Akrout a aussi expliqué que l’accord entre la

Tunisie et la France concerne plus spécialement

l’emploi et la formation professionnelle mais

aussi le financement de petits projets. Quant à

la pertinence de cette subvention en ce moment

précis, M. Manoubi Akrout pense qu’elle arrive

au bon moment alors que le Gouvernement

se prépare à soumettre le projet de budget

complémentaire.

Cet analyste a ajouté que ce montant injecté dans

la trésorerie générale permettra aux experts

chargés du budget d’avoir une meilleure visibilité

qui leur permettra de définir les dépenses et les

équilibres financiers avec plus de réalisme.

M. Manoubi Akrout a insisté sur le fait que

la France, à l’instar des autres pays, est bien

consciente de la situation économique que

traverse le pays, et que son engagement à aider

l’économie tunisienne à aller de l’avant reflète le

volume considérable d’échanges commerciaux

entre les deux pays.

Le budget complémentaire pour 2012 sera

soumis dans peu de temps, et ses di�érentes

rubriques commencent à être plus nettes, à

travers les consultations organisées au sein

des conseils régionaux de développement. La

question est maintenant de savoir comment nous

allons faire face aux priorités, et quelles seront

les nouvelles sources de financement.

Soutien Européen à la Région du Printemps ArabeEconomie

La France injecte Deux Cent Milliards dans l’Economie Tunisienne

L’animateur TV égyptien Bassem Youssef :

« Je suis optimiste pour l’avenir de l’Information en Tunisie et en Egypte »Bassem Youssef est l’animateur du programme TV controversé AL BARNAMIJ (Le Programme) diffusé sur la chaîne égyptienne ONE TV. Son émission aborde les sujets politiques d’actualité avec beaucoup d’ironie et de satire. Il est venu récemment à Tunis pour tourner de nouvelles séries et pour animer un spectacle intitulé « les artistes de la liberté d’expression » les 24 et 26 février 2012. Ce spectacle a réuni dans l’espace Zephir de la Marsa le journaliste Haitham Mekki, des artistes engagés tels Bendirman, Mehdi et des rappeurs.Il est aussi venu en Tunisie pour observer la situation des médias après le 14 janvier et étudier les différences et similitudes entre les expériences tunisienne et égyptienne dans un cadre marqué par l’abondance de l’information dans cette période de transition.Dans cette interview, Bassem Youssef parle de son programme, de son travail et du métier de journaliste en Egypte.

Parlez nous d’abord de Bassem Youssef

Je suis un citoyen égyptien, médecin spécialiste

en chirurgie du cœur, je vis en Egypte et je

suis devenu célèbre grâce au programme AL

BARNAMIJ. Avant ce programme, j’ai conçu

plusieurs séries sur YouTube avant de partir

travailler avec toute mon équipe pour la chaine

ONE TV.

Amour de l’InformationComment vous est venue l’idée du programme ?

Je suis d’abord un amateur de ce qu’on appelle

les satires politiques, un domaine très développé

aux Etats-Unis à la manière de Tom Stewards.

J’avais envie de faire quelque chose de similaire,

surtout que j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup

de mensonges, de faux et d’hypocrisie dans les

médias. J’ai commencé par des vidéos faites chez

moi et c’est comme ça que tout a commencé.

Quant aux obstacles auxquels il a eu à faire

face et doit encorea�ronter aujourd’hui, il dit

« mon travail devient de plus en plus di"cile

car je cherche toujours à innover et à inventer

de nouvelles choses, tout en gardant l’e�et de

surprise pour garder mon public » ce qui met

encore plus de pression sur lui.

Quelle est la position d’AL BARNAMIJ dans le

paysage médiatique égyptien ?

« Il est di"cile pour moi de répondre à cette

question, car on peut pas vraiment classer ce

programme dans cette mosaïque des médias en

Egypte. On est habitué dans notre pays à deux

choses : la comédie d’une part et les programmes

sérieux d’autre part, alors que dans notre

programme, nous réunissons les deux, ce qui

suscite les interrogations des téléspectateurs

qui se trouvent face à des séquences drôles mais

sérieuses en même temps ».

Y a t’il un feedback positif de la part des

auditeurs ?

Comme pour tous les programmes du monde, il

y a toujours un feedback positif et un feedback

négatif. Mais dieu merci jusqu’à ce jour, tous les

échos que nous avons reçu sont excellents.

Les pressions continuentAvez-vous fait l’objet ou faites-vous l’objet de

pressions surtout que vous n’arrêtez pas de

critiquer le Conseil Militaire Egyptien ?

Non cela n’a pas encore eu lieu.

Que pensez-vous du secteur des médias en Egypte

et croyez-vous que des changements auront lieu ?

Des intimidations ont été exercées à l’encontre

de plusieurs confrères journalistes soutenant le

processus révolutionnaire, mais elles ne m’ont pas

encore visé personnellement. Elles s’apparentent

souvent à de la di�amation ou de la diabolisation

des activistes et de la révolution, et donc de tous

ceux qui se tiennent derrière.

Quel avenir pour les médias égyptiens ?

Je suis assez optimiste car le rideau de peur a été

détruit, et les gens font tout pour dire librement ce

qu’ils pensent ; il n’est plus question de réprimer

les gens et de les domestiquer comme cela a été

le cas par le passé ; la liberté d’expression est

devenue une évidence.

Que pensez-vous des médias tunisiens comparés

aux médias égyptiens ?

La seule di�érence entre les secteurs des médias

en Tunisie et en Egypte, c’est le nombre de chaînes

et de professionnels des médias. On assiste aux

mêmes confrontations politico-médiatiques, aux

mêmes problèmes et aux mêmes accusations.

Quant à l’alternative qu’il propose et pour laquelle

il travaille, il dit :

« L’alternative existe dans toutes les régions du

monde : un Etat civil, un gouvernement élu, des

forces armées sous l’autorité civile, ce ne sont

pas des choses que j’ai inventé, mais celles qui

existent dans plusieurs pays démocratiques ».

Rym Ben Frej

Page 4: JDC N°1 VF

Le Syndicat a annoncé dans sa déclaration du

20 février une grève de 4 jours des ouvriers

municipaux. Quelles en sont les raisons et

pourquoi aucun accord n’a pu être conclu ?

D’abord, il faut rappeler que ces revendications

sont légitimes, et elles concernent essentiellement

une catégorie de travailleurs vivant des conditions

sociales di�ciles, et qui ne peut plus attendre.

Ce secteur a été négligé par l’ancien régime,

et s’en est toujours plaint. Même du temps de

Ben Ali nous avons fait des grèves partielles et

nous avons exprimé les mêmes revendications

qu’aujourd’hui, à savoir l’octroi d’une prime

spéciale de dépenses pour l’ensemble

des employés municipaux, et la

définition d’une date pour commencer

les négociations concernant le système

de base unifié.

Au Syndicat nous avons essayé de

trouver des solutions avant d’appeler à

la grève. Nous avons organisé une grève

de 4 jours en signe d’avertissement,

puis une grève de 2 heures au cours

du mois de janvier, ensuite nous avons

demandé à faire des réunions, sauf que

le Gouvernement n’a fait que chercher

des excuses et de chercher à gagner du

temps.

Par ailleurs, ce qui est étrange et

que nous ne trouvons pas innocent,

c’est ce qu’a fait le Gouvernement la

veille de la réunion de la commission

administrative des municipalités lorsqu›il a

signé la même convention avec les employés du

Ministère de la Santé, ce qui reflète une politique à

2 mesures dans son traitement des revendications

ouvrières et risque de semer la zizanie au sein du

Syndicat.

Après l’annonce de la grève des ouvriers

municipaux, des gens ont jeté des sacs poubelle

devant les locaux régionaux de l’UGTT et même

devant le siège central, et vous avez alors

directement accusé ENNAHDHA. Avez-vous des

preuves ?

Nous n’avons pas accusé Ennahdha sans

preuves, et nous n’accusons personne à tord.

Nos accusations se basent sur les témoignages

de syndicalistes locaux qui ont reconnu ces

personnes a�liés à Ennahdha. Nous disposons

aussi d’aveux enregistrés.

Les personnes arrêtées ont été livrées à la justice

qui leur a infligé des amendes de 4800 Millimes.

Que pensez-vous de ce jugement ?

L’UGTT va faire appel de ce jugement qu’il

considère ridicule par rapport au tord subi.

Nous demandons aussi à Ennahdha d’ouvrir

une enquête interne au sein de ses structures et

de ses bases, car si ses partisans peuvent ne pas

avoir reçu d’instructions, ils ont failli à leurs

responsabilités, ce qui est inacceptable.

Quelles sont les raisons de la discorde entre

l’UGTT et le parti ENNAHDHA ?

Il y a des raisons directes et des raisons profondes.

Les premières faisant suite à la grève des employés

municipaux alors que les profondes sont peut-

être dues aux positions du Syndicat par rapport

à plusieurs sujets. ENNAHDHA essaie aussi de

limiter le rôle de l’UGTT à celui de revendicateur,

sans plus ; ce parti cherche même à mettre la

main sur le Syndicat.

Plusieurs accusent la direction syndicale d’être

très proche des mouvements de gauche. Qu’en

pensez-vous ?

Les directions régionales et locales n’ont pas

changé et l’UGTT, étant proche des ouvriers,

est considérée de Gauche par nature. Ceci

n’empêche pas la présence de plusieurs tendances

politiques, des gauchistes, aux centraux modérés,

aux partisans de la droite. L’indépendance de la

centrale syndicale n’est pas menacée pour autant,

car de nombreux syndicalistes se sont sacrifiés

pour cette indépendance, et nous n’hésiterons pas

à la défendre encore plus.

Faites-nous une évaluation du travail du

Gouvernement …

Le Gouvernement exprime ce qu’il ne pense pas,

car d’une part il condamne les agressions contre

les locaux du Syndicat, mais ne se montre en

revanche pas déterminé à traiter avec sérieux des

sujets actuels tels que le chômage, la flambée des

prix ou encore la révision des systèmes de base du

Code du Travail.

Le problème essentiel est aussi l’absence de

réactivité. Le Gouvernement semble avoir

un agenda qu’il veut réaliser à tout prix sans

considérer l’opposition, les syndicats ou la société

civile.

J’ajoute à cela l’absence d’e�cacité, comme par

exemple son intervention tardive dans les zones

ayant subi de fortes précipitations de neige, où la

société civile a été plus e�cace, en attendant une

meilleure intervention dans les zones inondées.

Comment jugez-vous la diplomatie tunisienne ?

Ce que l’on remarque c’est que la diplomatie

a fait plusieurs erreurs, et qu’elle est en train

d’impliquer la Tunisie dans des agendas qui ne

sont ni les siens ni ceux des pays arabes, et qui

n’ont aucun intérêt pour la Tunisie maintenant.

Par rapport à la Conférence des amis de la Syrie,

notre position est claire : nous sommes

pour l’arrêt des tueries contre le peuple

syrien, et nous ne soutenons sous aucune

forme le régime Al Assad, mais nous

refusons toute intervention militaire

étrangère dans ce pays.

Par ailleurs, et en ce qui concerne la visite

du Premier Ministre en Arabie Saoudite,

il y a un point qui nous semble être très

grave, qui est la reconnaissance implicite

que Ben Ali soit un refugié politique en

Arabie Saoudite ce qui va à l’encontre des

principes de la révolution.

J’ajoute que la politique étrangère est

basée sur l’emprunt et l’hypothèque du

pays à l’étranger, et qui ne ramène ni pain

ni travail aux tunisiens.

Le Président de la République a

annoncé l’organisation prochaine d’élections

municipales. Est-ce possible en l’absence d’un

Code Electoral ?

Il est nécessaire d’entamer des réformes au niveau

des municipalités, sauf que l’on ne peut pas

précipiter les élections de cette façon sans un Code

Electoral clair consensuel, et sans préparations.

Je voudrais ici insister sur la nécessité de relancer

le Haut Comité Indépendant pour les Elections,

car on n’accepte plus de remettre les élections

au Ministère de l’Intérieur ou de permettre à

certains partis de les manipuler ; cela fera revenir

la dictature. Si ce Haut Comité n’est pas remis sur

pied, nous ferons pression par tous les moyens.

Les médias font constamment l’objet de

pressions et les journalistes sont agressés

presque tous les jours, qu’en pense le Syndicat ?

Ils font des médias un bouc émissaire pour y

essuyer leurs erreurs. Comme tous les secteurs,

l’information s’est libérée de la dictature, mais

ne peut pas bien sûr se débarrasser de ses e%ets

néfastes en si peu de temps. Ce n’est pas non

plus une raison pour museler ou domestiquer les

médias. Il ne faut pas aussi imposer des réformes,

car c’est aux gens du métier de le faire.

Manel Mejri

Sami Tahri, Secrétaire Général Adjoint de la Syndicale Ouvrière chargé de la Publication :

Les revendications du Syndicat sont urgentes et le Gouvernement ne cesse de promettre et de chercher à gagner du tempsLes relations entre le Gouvernement provisoire et l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) a connu des remous ces derniers temps avec des d’accusations mutuelles ; le Gouvernement accuse l’UGTT de vouloir aggraver la situation alors que la Centrale Syndicale l’accuse de chercher à gagner du temps et de négliger les besoins urgents des travailleurs.Les positions de l’UGTT sur l’urgence des revendications et de leur légitimité et la façon avec laquelle les dossiers économiques sont traités ainsi que le travail du Gouvernement à l’intérieur et à l’extérieur ont fait l’objet de notre entretien avec M. Sami Tahri, Secrétaire Général Adjoint chargé de la Publication.