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Lettre ouverte du Front de gauche de la 7ème circonscription des Français de l´étranger concernant la «loi travail», adressée le 28 mai 2016 à la sénatrice Hélène Conway-Mouret Madame la Sénatrice, Nous nous permettons, en tant que Front de Gauche Allemagne, de vous interroger sur ce qui nous paraît être des incohérences entre les objectifs affichés par les "Cahiers de la présidentielle" du PS et le projet de réforme de la loi sur le travail. Le PS affirme en effet que "soutenir les capacités des entreprises à investir, exporter, embaucher, vise à bâtir une économie forte et moderne pour faire reculer durablement le chômage et créer de la richesse pour la répartir à travers le salaire, la fiscalité, la solidarité, les infrastructures publiques". N'aurait-il pas été plus judicieux, dans une perspective d'embauche et de recul du chômage, de préparer un projet de loi visant à réduire le temps de travail à 32h plutôt que de proposer une semaine hebdomadaire de travail pouvant atteindre 60h ? Nous rappelons, à ce propos, que les 60h vont largement au-delà des recommandations de l'OIT dont on penserait, a priori, que le rôle essentiel est de défendre les travailleurs des pays en développement (OIT : Questions/Réponses sur les entreprises et le temps de travail : http://www.ilo.org/global/docs/WCMS_153257/lang-- fr/index.htm). Les Cahiers de la présidentielle proclament par ailleurs "l’affirmation d’un Etat stratège et redistributeur, qui organise les conditions de l’épanouissement de chacun et de la création de richesses pour tous, dans tous les territoires et dont les orientations sont comprises et partagées par le plus grand nombre". Comment peut-on parler de "création de richesses pour tous" lorsqu'on envisage de permettre un taux horaire majoré des heures supplémentaires de 10% ? Comment ose-t- on annoncer "des orientations comprises et partagées par le plus grand nombre" alors que les Français manifestent leur désaccord depuis des semaines et que le gouvernement a de nouveau fait passer un projet de loi à l'Assemblée nationale grâce au 49.3 ? Enfin, nous pouvons lire que le dernier Cahier présidentiel aura rempli le rôle suivant : "Nous y affirmerons notre projet politique face au dessein de repli de l’extrême droite et au programme frontal, programme thatchérien, de casse du modèle social français que porte la droite." Le PS ne provoque-t-il pas "la casse du modèle français social" en voulant faire primer les accords d'entreprises sur la loi et les accords de branche, en reléguant les grands syndicats nationaux au rang de figurants du fait de la conclusion d'accords d'entreprises votés directement par les salariés ? Comment est-il possible de s'imaginer que les salariés d'une entreprise pourront seuls tenir tête à leur patron ? La loi El Khomri n'a-t-elle justement pas l'intention d'affaiblir les salariés face au patronat ? Ce projet de loi nous semble en complète contradiction avec l'objectif affiché par le PS "d'une croissance plus qualitative, coopérative, durable, riche en emplois". Nous vous demandons de répondre à ces quelques points concrets avant le 3 Juin. À notre habitude, nous publierons à cette date notre lettre et votre réponse sur les réseaux sociaux et auprès de nos adhérents et sympathisants. Nous vous prions d'agréer, Madame la Sénatrice, l'assurance de notre sincère considération.

Lettre Ouverte du FdG aux 4 Sénateurs PS - 28052016

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Lettre ouverte du Front de gauche de la 7ème circonscription

des Français de l´étranger concernant la «loi travail»,

adressée le 28 mai 2016 à la sénatrice Hélène Conway-Mouret

Madame la Sénatrice,

Nous nous permettons, en tant que Front de Gauche Allemagne, de vous interroger sur ce qui nous

paraît être des incohérences entre les objectifs affichés par les "Cahiers de la présidentielle" du PS et

le projet de réforme de la loi sur le travail.

Le PS affirme en effet que "soutenir les capacités des entreprises à investir, exporter, embaucher,

vise à bâtir une économie forte et moderne pour faire reculer durablement le chômage et créer de la

richesse pour la répartir à travers le salaire, la fiscalité, la solidarité, les infrastructures publiques".

N'aurait-il pas été plus judicieux, dans une perspective d'embauche et de recul du chômage, de

préparer un projet de loi visant à réduire le temps de travail à 32h plutôt que de proposer une

semaine hebdomadaire de travail pouvant atteindre 60h ? Nous rappelons, à ce propos, que les 60h

vont largement au-delà des recommandations de l'OIT dont on penserait, a priori, que le rôle

essentiel est de défendre les travailleurs des pays en développement (OIT : Questions/Réponses sur

les entreprises et le temps de travail : http://www.ilo.org/global/docs/WCMS_153257/lang--

fr/index.htm).

Les Cahiers de la présidentielle proclament par ailleurs "l’affirmation d’un Etat stratège et

redistributeur, qui organise les conditions de l’épanouissement de chacun et de la création de

richesses pour tous, dans tous les territoires et dont les orientations sont comprises et partagées par

le plus grand nombre". Comment peut-on parler de "création de richesses pour tous" lorsqu'on

envisage de permettre un taux horaire majoré des heures supplémentaires de 10% ? Comment ose-t-

on annoncer "des orientations comprises et partagées par le plus grand nombre" alors que les

Français manifestent leur désaccord depuis des semaines et que le gouvernement a de nouveau fait

passer un projet de loi à l'Assemblée nationale grâce au 49.3 ?

Enfin, nous pouvons lire que le dernier Cahier présidentiel aura rempli le rôle suivant : "Nous y

affirmerons notre projet politique face au dessein de repli de l’extrême droite et au programme

frontal, programme thatchérien, de casse du modèle social français que porte la droite." Le PS ne

provoque-t-il pas "la casse du modèle français social" en voulant faire primer les accords

d'entreprises sur la loi et les accords de branche, en reléguant les grands syndicats nationaux au rang

de figurants du fait de la conclusion d'accords d'entreprises votés directement par les salariés ?

Comment est-il possible de s'imaginer que les salariés d'une entreprise pourront seuls tenir tête à

leur patron ? La loi El Khomri n'a-t-elle justement pas l'intention d'affaiblir les salariés face au

patronat ?

Ce projet de loi nous semble en complète contradiction avec l'objectif affiché par le PS "d'une

croissance plus qualitative, coopérative, durable, riche en emplois". Nous vous demandons de

répondre à ces quelques points concrets avant le 3 Juin. À notre habitude, nous publierons à cette

date notre lettre et votre réponse sur les réseaux sociaux et auprès de nos adhérents et

sympathisants.

Nous vous prions d'agréer, Madame la Sénatrice, l'assurance de notre sincère considération.