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Liberté du Judaïsme La lettre de L.D.J. N° 93-Janvier-février 2008 Le numéro 2,50€ La première association laïque et humaniste en France et dans la communauté juive (Le Monde, 4/3/1990) Siège social 1 rue Pixérécourt 75020 Paris 01 47 97 30 63 ÉDITORIAL 2008 L.D.J. vous souhaite à vous et à tous les vôtres une heureuse année 2008 qui, selon la coutume, doit être meilleure que celle que nous quittons. Au seuil de cette nouvelle année, nous ne savons pas ce qui nous attend. Mais nous pouvons rêver à la Paix. La paix ne tombe pas du ciel. Elle naît de la volonté des hommes qui se battent pour elle. En Europe, nous vivons relativement en paix. Annapolis a fait naître l’espoir d’un compromis entre Israéliens et Palestiniens et peut-être avec des voisins arabes. Mais qu’en sera-t-il ailleurs au Proche et Moyen Orient ? Nous sommes citoyens du monde. Nous ne pouvons pas rester silencieux face aux conflits qui déchirent les pays d’Afrique, d’Asie. Bon courage pour l’an 2008 ! Doris Bensimon Appel aux cotisations Réglez rapidement votre cotisation ou votre abonnement à la Lettre de L.D.J pour 5768 (septembre 2007 à août 2008). Vous pouvez aussi nous rejoindre pour la première fois. L.D.J. vit seulement de vos cotisations. Envoyez votre chèque à notre trésorière Noémie Fischer, 119-119 bis rue d’Avron 75020 Paris. Sommaire Éditorial………...………...………..........p. 1 Quelques lignes sur un très beau livre......p. 1 Isaac sur l'autel.........................................p. 3 Regards sur l'AG de L.D.J.......................p. 3 Coin des livres..........................................p. 4 Activités...................................................p. 6 QUELQUES LIGNES SUR UN TRÈS BEAU LIVRE Dans les rayons des librairies, un ouvrage écrit par Pierre Bayard, porte un titre amusant : Comment parler des livres que l’on n’a pas lus? Je voudrais me livrer à un exercice opposé. Comment parler d’un livre que l’on a lu et relu et qui chaque fois vous a réservé des découvertes et des émotions nouvelles ? Cela n’est pas facile ! L’auteur de ce livre, paru et primé en 1994, est Alan Isler, né en Angleterre dans les années 1930. Il a longtemps vécu dans l’État de New York où il a enseigné la littérature anglaise, à Queens’ College. L’action se déroule au centre de New York, à Manhattan, dans une maison de retraite située à l’ouest de Central Park, West End Avenue. Cette résidence porte le nom d’une poétesse juive américaine, Emma Lazarus. Née au XIX° siècle, elle est l’auteure d’un célèbre poème, gravé sur une plaque de bronze, au pied de la Statue de la Liberté, poème souhaitant la bienvenue aux nouveaux immigrants 1

Liberte du Judaisme 093 janvier fevrier 2008

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Liberté du Judaïsme N°093 janvier-février 2008

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Page 1: Liberte du Judaisme 093 janvier fevrier 2008

L i b e r t é d u J u d a ï s m eLa lettre de L.D.J.

N° 93-Janvier-février 2008 Le numéro 2,50€La première association laïque et humaniste

en France et dans la communauté juive(Le Monde, 4/3/1990)

Siège social 1 rue Pixérécourt 75020 Paris 01 47 97 30 63

ÉDITORIAL

2008

L.D.J. vous souhaite à vous et à tous les vôtres une heureuse année 2008 qui, selon la coutume, doit être meilleure que celle que nous quittons.

Au seuil de cette nouvelle année, nous ne savons pas ce qui nous attend. Mais nous pouvons rêver à la Paix. La paix ne tombe pas du ciel. Elle naît de la volonté des hommes qui se battent pour elle.

En Europe, nous vivons relativement en paix. Annapolis a fait naître l’espoir d’un compromis entre Israéliens et Palestiniens et peut-être avec des voisins arabes. Mais qu’en sera-t-il ailleurs au Proche et Moyen Orient ?

Nous sommes citoyens du monde. Nous ne pouvons pas rester silencieux face aux conflits qui déchirent les pays d’Afrique, d’Asie.Bon courage pour l’an 2008 !

Doris Bensimon

Appel aux cotisationsRéglez rapidement votre cotisation ou votre abonnement à la Lettre de L.D.J pour 5768 (septembre 2007 à août 2008). Vous pouvez aussi nous rejoindre pour la première fois. L.D.J. vit seulement de vos cotisations. Envoyez votre chèque à notre trésorière Noémie Fischer, 119-119 bis rue d’Avron 75020 Paris.

SommaireÉditorial………...………...………..........p. 1Quelques lignes sur un très beau livre......p. 1Isaac sur l'autel.........................................p. 3Regards sur l'AG de L.D.J.......................p. 3Coin des livres..........................................p. 4Activités...................................................p. 6

QUELQUES LIGNESSUR UN TRÈS BEAU LIVRE

Dans les rayons des librairies, un ouvrage écrit par Pierre Bayard, porte un titre amusant : Comment parler des livres que l’on n’a pas lus?

Je voudrais me livrer à un exercice opposé. Comment parler d’un livre que l’on a lu et relu et qui chaque fois vous a réservé des découvertes et des émotions nouvelles ? Cela n’est pas facile !

L’auteur de ce livre, paru et primé en 1994, est Alan Isler, né en Angleterre dans les années 1930. Il a longtemps vécu dans l’État de New York où il a enseigné la littérature anglaise, à Queens’ College.

L’action se déroule au centre de New York, à Manhattan, dans une maison de retraite située à l’ouest de Central Park, West End Avenue. Cette résidence porte le nom d’une poétesse juive américaine, Emma Lazarus. Née au XIX° siècle, elle est l’auteure d’un célèbre poème, gravé sur une plaque de bronze, au pied de la Statue de la Liberté, poème souhaitant la bienvenue aux nouveaux immigrants

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Et maintenant, quel est le titre de ce roman ? C’est Le Prince de West End Avenue. Ce prince n’est pas n’importe quel fils de roi. C’est le héros shakespearien, Hamlet, fils de Hamlet, roi du Danemark, qui vécut au XI° siècle au Danemark. Les résidents de cette maison de retraite, tous octogénaires et dont certains ont survécu à l’Holocauste, ont monté une troupe d’art dramatique. L’année dernière, ils avaient représenté ‘Roméo et Juliette’, cette année ils veulent représenter ‘Hamlet’.

Le personnage principal du roman est Otto Korner, Juif d’origine allemande, survivant d’Auschwitz, qui a pu rejoindre New York grâce à son beau-frère venu le chercher en Europe, à Malte, dans un camp où il était interné, après la fin de la Deuxième guerre mondiale.

En allant tous les jours à Central Park, il rencontra une dame, affectueuse et fortunée, qui, séduite par cet homme cultivé, le demande en mariage. Il hérita de cette dame sans s’y attendre, et cet héritage lui permit d’être admis dans cette riche maison de retraite.

Dans l’action de ce roman, sont décrits deux lieux et deux époques différents. D’une part l’action présente à Manhattan, d’autre part l’Europe Occidentale de l’entre-deux-guerres, la Suisse où Otto a vécu quelques mois quand il était étudiant, et surtout l’Allemagne. Otto appartenait à la bourgeoisie juive allemande, qui aimait son pays, croyait en lui, et défendait ses valeurs et sa culture. En premières noces, il avait épousé sa jeune cousine Méta, jolie, distinguée, bonne pianiste. Elle n’avait pas la culture politique de son mari, et pourtant, dès le début des années 1930, elle insista auprès de lui pour qu’ils quittent l’Allemagne, avec Hugo, leur petit garçon. Elle se heurta au refus catégorique de son mari, jusqu’au jour où la Gestapo vint les saisir. Méta et son fils moururent au cours du voyage, mais Otto arriva à Auschwitz et y survécut. La vie à Auschwitz occupe très peu de pages, mais elle constitue la toile de fond impalpable, mais toujours pesante sur laquelle se déroule la vie à ‘Emma Lazarus’. On imagine les petites tragédies de cette vie en vase clos, les tensions, les jalousies, quelquefois les amitiés. L’écrivain ne nous épargne aucun détail sur les misères physiques d’Otto, ses vertiges, des problèmes digestifs, intestinaux ou urinaires qu’il veut cacher à tout prix, par amour-propre, et pour ne pas être interdit de sortie. La mort plane dans ce petit univers, mais ne tue pas le désir de vivre des résidents. Et l’une de leurs principales activités est l’art dramatique. C’est sur l’insistance d’Otto qu’ils ont choisi Hamlet. Cela explique le titre du roman.

Pourquoi Otto tient-il tellement à monter cette pièce, avec l’espoir secret de tenir le rôle principal ? Entre Hamlet et Otto, il y a des points communs : on peut en distinguer trois. Comme Hamlet, Otto vit dans une angoisse perpétuelle due à une nature complexe d’insatisfait ; il aurait tellement aimé devenir un grand écrivain allemand, atteindre la célébrité d’un Rilke. Plus que l’angoisse, c’est la culpabilité qui les met tous deux à la torture : Hamlet n’arrive pas à venger son père, quant à Otto, sa culpabilité est écrasante : s’il avait fui l’Allemagne quand sa jeune femme le lui demandait, elle n’aurait pas péri, et son fils non plus ! Pour survivre, il est obligé de verrouiller sa mémoire. Si le verrou saute, Otto s’écroule. Et de façon plus légère, Otto constate un autre point commun entre Hamlet et lui-même : l’un comme l’autre sont incapables de rendre une femme heureuse. Tout ceci est exprimé avec un humour noir, une dérision, et aussi une compassion qui parfois font sourire le lecteur, et parfois le font rire…

La fin du livre nous raconte que nous sommes arrivés au jour où la représentation doit avoir lieu. Otto sera ‘Hamlet’, il n’a plus de vertiges, il a atteint une certaine sérénité. « Ce soir, nous allons triompher » et il nous livre son dernier message : « L’essentiel c’est la bonne volonté ». De nombreux invités sont déjà arrivés, l’hymne israélien sera joué avant le spectacle, et la chorale des dames chantera l’hymne américain à la fin.

Ces quelques lignes ne prétendent pas rendre la richesse et l’intensité du roman. Dans cet univers de personnes très âgées évolue un couple, une thérapeute et un médecin. Cette jolie jeune femme, Mandy, rappelle à Otto un amour de jeunesse, Magda, un amour malheureux, en Suisse. Mandy attend un enfant. C’est à ce bébé qui va naître qu’Otto lèguera son patrimoine.

Maryse Sicsu

INTERNETInternautes rejoignez-nous: www.col.fr/ldj/E-mail [email protected] aux débats [email protected] vous inscrire, prenez la page d’accueil du sitehttp://fr.groupes.yahoo.com/group/courrier-ldj/Vous pouvez alors participer aux débats, lancer vos idées, recevoir des informations sur nos activités par simple clic sur:[email protected]

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ISAAC SUR L’AUTEL

Abraham venait de charger l’âne qui devait porter tout ce qui est nécessaire pour un sacrifice. Sauf le bélier servant en pareille circonstance. Isaac eut quelque soupçon. Ne sacrifie-t-on pas des enfants chez les idolâtres ? Ne sacrifie-t-on pas des soldats pour quelque guerre ? Si tant est que c’est Dieu qui semble exiger pareille offrande, il faut donc que je me soumette. Isaac dirigea son regard sur son père Abraham. L’attitude de celui-ci semblait fermée à tout sentiment. Cependant, à certains moments, son visage semblait être celui d’un homme accablé sans qu’il trahisse quelque velléité de révolte.

Isaac était lié pour le sacrifice après que l’autel fut préparé pour l’holocauste.

-Abraham, Abraham !-Me voici.-N’étends pas ta main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal !

Un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson servait à l’holocauste.Mais Isaac était cependant sourcilleux. Est-ce convenable pour une petite tribu nomade ne comportant pas beaucoup d’enfants hébreux de servir d’holocauste. Et la tribu ? Qu’en sera-t-il de la descendance promise ? Abraham semblait en avoir conscience. Fallait-il que Dieu mette la petite famille à l’épreuve ? Cette expérience était-elle nécessaire ? Et qu’un accident la fasse échouer ? N’avait-il pas promis une nombreuse postérité ? Était-il certain qu’un bélier se trouve nécessairement au bon endroit ? Le désert dans sa grande étendue, répond-il à tous les besoins ? Isaac ne voyait-il pas dans les yeux de son père le voile du doute ?

Eliahou Eilon

Bureau de L .D. J.Doris BENSIMON, présidenteFlora NOVODORSQUI, vice-présidenteSimone SIMON, secrétaire généraleAnna SARFATI, secrétaire générale adjointeNoémie FISCHER, trésorièreVous pouvez toujours contacter L. D. J. au 01 47 97 30 63

REGARD SUR L’A.G. DE L.D.J

C’est sans doute pour éprouver la pugnacité et le dévouement de ses membres que L.D.J. avait maintenu un jour de grève des transports pour tenir son Assemblée générale annuelle.

Moi, qui peux descendre jusqu’à la rue du Cambodge en me laissant porter par la rue de la Chine, je m’y suis rendu pour glisser mon pouvoir sous la porte que je croyais trouver fermée. Quel ne fut pas mon étonnement de constater que, quoique arrivé presque à l’heure, le tour de table était déjà bien garni. J’ai pu, dès mon arrivée, constater que L.D.J. était une association qui ne respectait pas la parité et premier homme dans cette assemblée, c’est en m’abritant derrière mon chapeau que j’ai pris place autour de la table.

Mon second étonnement fut d’apprendre que contrairement à ce que l’on entend dans bien des associations et ailleurs, tout allait bien pour L.D.J.

La présidente annonça une progression constante des sympathisants, un tirage du bulletin à 760 exemplaires, ce qui dans un pays où la presse écrite est dite en perdition est plus qu’honorable et une montée progressive du nombre des adhérents. La trésorière nous annonça qu’elle avait retrouvé tous les chèques qu’elle avait cru, à tort, perdus, que le budget était équilibré, ce qui n’est pas fréquent en France. La responsable des activités présenta un programme dont un rapide calcul – mais j’ai dû me tromper – m’a montré qu’il devait couvrir jusqu’à l’an 2010 inclus.

Je notai que, dans un esprit d’ouverture très tendance actuelle mais combien utile, l’association essayerait de tisser des liens avec des associations générées par les immigrations autres que les nôtres et qu’une occasion pour ce faire nous était offerte avec l’ouverture, en limite de notre 20ème

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arrondissement, de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, qui s’est installée dans l’ex-musée des colonies dont notre ministre actuel, en charge de ces dossiers, avait boudé l’inauguration.

On passa au renouvellement du Conseil d’Administration. La trésorière dit qu’elle avait déjà beaucoup donné, la présidente qu’elle avait beaucoup d’années et moi, sollicité, j’ai, avec l’aide de quelques faux-fuyants, fui devant les responsabilités. On vota à l’unanimité des présents et des représentés, mais seuls les premiers ont eu droit à des chocolats, qu’une participante attentionnée avait pour notre plaisir apportés.

Isidore Jacubowiez

Post-Scriptum

Cette A.G. a été très conviviale. Merci aux présents, malgré la grève !

Le budget est équilibré, grâce aux bénévoles. Mais n’oubliez pas de régler votre cotisation ou votre abonnement. Nous ne sommes pas riches !

Nicole Abravanel, Hélène Bendjo, Doris Bensimon, Margaret Cohen, Armand Lévy, Roselyne Richter, Maryse Sicsu, Simone Simon, arrivés à l’issue de leur mandat de deux années, ont été réélus.Une nouvelle candidate, Marlène Celermajer, a été élue.Ils ont rejoint les membres du C.A. élus en novembre 2006 : Noémie Fischer, Flora Novodorsqui, Anna Sarfati, Irène Wekstein.

Le C.A. a réélu le bureau : Doris Bensimon, présidente, Flora Novodorsqui, vice-présidente, Simone Simon, secrétaire générale, Anna Sarfati, secrétaire générale adjointe, Noémie Fischer, trésorière.

D.B.

COIN DES LIVRES

Schnapper (Dominique), Qu’est-ce que l’intégration ? Paris, Gallimard, Collection Folio/Actuel, 2007, 240 p.

Sociologue, Dominique Schnapper est l’auteure de nombreux ouvrages consacrés à la démocratie, la citoyenneté, la nation et aux immigrés. Ce livre est une réflexion sur l’évolution de la notion de l’intégration depuis le XVIII° siècle. Il se réfère à de nombreux sociologues américains et européens ainsi qu’aux politiques d’intégration des démocraties occidentales.

Dominique Schnapper constate que le terme « intégration » est ambigu parce qu’il appartient à la fois au langage politique et à celui de la sociologie. Il est l’objet de nombreux débats.

Pendant une longue période, surtout lorsqu’il s’agissait d’immigrés, Américains et Français ont utilisé le terme « assimilation ». Mais les recherches ont montré que l’assimilation des immigrés n’était pas un processus rectiligne. Des sociologues distinguent alors l’adoption des traits culturels de la société de la participation aux diverses instances de la vie sociale. Les sociologues français préfèrent les termes d’acculturation, puis d’intégration qui, selon eux, n’impliquent pas l’oubli de la culture d’origine des migrants. Plus récemment, le vocabulaire a encore changé : on évoque la régulation, le « faire société », le « vivre ensemble ». Mais l’interrogation reste la même. Elle porte à la fois sur l’intégration des individus à la société et sur l’intégration de la société dans son ensemble.

Depuis les années 2000, des migrants et leurs descendants considèrent la notion d’intégration comme péjorative. Selon eux, les politiques de l’intégration veulent imposer leurs normes à des dominés qui revendiquent une double culture et la légitime recherche de leur identité.

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Dominique Schnapper insiste sur le risque de confusion entre le sens politique et le sens sociologique dans les recherches sur l’intégration.

Pourtant, tous les pays européens élaborent leurs politiques officielles d’intégration des immigrés et de leurs descendants. En France, Michel Rocard, Premier ministre, a fondé en 1990 le Haut Conseil à l’intégration chargé de l’élaboration d’une politique de l’intégration qui fixerait les droits et les devoirs des nouveaux arrivants. Créée en 2004, la Haute Autorité de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) devait s’engager dans le combat contre toutes les formes de discriminations : racisme, intolérance religieuse, sexisme, homophobie. Aujourd’hui, la France est dotée d’une abondante législation concernant l’intégration et les discriminations. Mais qu’en est-il en réalité ?

Dominique Schnapper cite de nombreuses enquêtes démographiques et sociologiques menées aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France. Chacune de ces recherches est marquée par la particularité du pays qu’elles étudient.

En France, elles s’accompagnent d’un débat relatif au multiculturalisme qui pourrait favoriser le repli du groupe sur ses origines et le communautarisme.

Le dernier chapitre du livre concerne l’intégration de la société nationale. Le projet de la société démocratique est d’intégrer tous ses membres en tant que citoyens libres et égaux et de leur donner des conditions de vie aussi égales que possible. Le problème ne concerne pas seulement les immigrés et leurs descendants, mais encore toutes les catégories de la population marginalisées par leur situation sociale. L’intégration évoque le collectif – l’intégration de la société ; elle implique l’idée que les individus s’intègrent à quelque chose qui existe déjà. En France, jusqu’à la fin des années 1980, l’École, l’Église, l’armée, les syndicats, les partis politiques avaient contribué à constituer une population nationale à partir de populations diverses par leurs origines géographiques et leurs appartenances sociales, y compris les migrants et

leurs enfants. Quinze ans après, la crise économique, les troubles sociaux et la situation géopolitique mondiale avec l’opposition entre l’islamisme et le monde démocratique n’expliquent pas cette situation, même si tous les facteurs concourent à l’évolution des modalités de l’intégration. Toute la société a changé à un rythme de plus en plus accéléré. La famille traditionnelle a éclaté. Toute autorité est contestée. On vit dans une société de plus en plus individualiste et conflictuelle.

Pourtant, en guise de conclusion, l’auteure veut rester optimiste. On peut penser que les formes plus souples et plus fluides de la participation des individus à la vie collective sont à long terme plus solides que les formes d’intégration imposées de l’extérieur. L’aspiration des sociologues à produire un savoir rationnel sur la société ne saurait évacuer l’interrogation sur l’intégration de la société qui est au cœur de leur projet.

Les stratégies de l’intégration sont le thème de l’année de L.D.J. La lecture de ce livre est difficile pour le non-sociologue, mais elle peut nous aider à comprendre de quoi nous voulons discuter.

Doris Bensimon

Abravanel (Nicole), Benoit-Roubinowitz (Martine), Delmaire (Danielle) (Eds.), Histoire et Conscience. Il y a soixante ans, l’ouverture des camps d’extermination, Éditions du Conseil Scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 2007, 169 p.

En janvier 2005, deux journées d’étude organisées aux universités de Lille et d’Amiens ont été consacrées à la mémoire de l’ouverture des camps d’extermination. Des rescapés ont raconté leur survie jusqu’à la libération des camps, des adolescents ont fait part de leur émotion après la visite d’Auschwitz-Birkenau. Des historiens et des écrivains ont présenté leurs travaux toujours plus approfondis sur ce passé qui ne doit pas tomber dans l’oubli. Ces Actes ne se résument pas. Je vous conseille de les lire.

Doris Bensimon

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ACTIVITÉS DE L.D.J

Mercredi 16 janvier 2008Conférence-débat

13 rue du Cambodge 75020 ParisAccueil 19 h 30 – Conférence 20 h

Figures politiques de l’identité juive à Sarcellespar Annie Benveniste, maître de conférences à Paris VIII, auteure de ce livre paru chez l’Harmattan en 2002

Dimanche 20 janvier 2008 – 16 hCercle de lecture

Edgar Morin, Vidal et les siens, Seuil 1996 et Éditions PointsRéunion chez Doris BensimonTéléphonez-lui une semaine avant la réunion au 01.47.97.30.63

Dimanche 10 février 2008 – 14 hVisite de la Cité nationale

de l’histoire de l’immigrationPalais de la Porte Dorée293 avenue Daumesnil 75012 ParisRDV à 14 heures précises dans le hall d’entréeTéléphonez à Doris Bensimon 01.47.97.30.63c’est indispensable pour nous retrouver

Dimanche 17 février 2008 – 16 hCercle de Lecture

Paula Jacques, Gilda Stambouli souffre et se plaint, Gallimard, Folio, 2003Réunion chez Maryse Sicsu.Téléphonez-lui une semaine avant la réunion au 01.46.55.73.83

Mercredi 20 février 2008Conférence-débat

13 rue du Cambodge 75020 ParisAccueil 19 h 30 – Conférence 20 h

Changer de nomPar Nicole Lapierre, directrice de recherche au CNRS, auteure de ce livre paru chez Gallimard, Folio essais, en 2006

Mercredi 19 mars 2008Conférence-débat13 rue du Cambodge 75020 ParisAccueil 19 h 30 – Conférence 20 hImmigration et syndicalismepar Daniel Richter, syndicaliste CFDT, métallurgie

Dimanche 30 mars 2008 16 hProjection Vidéo

Entretiens avec Joseph MincParcours d’un militant syndical et politique au XX° siècleFilm (en DVD) réalisé par Philippe Lazar

Littératures juives de l’imaginaireCycle de conférences présentées par Irène Wekstein et Martine Grinberg

Mercredi 6 février 2008 – 20 h à 22 hLes contes hassidiques de Rabbi Nachman de Braslav

Mercredi 26 mars 2008 – 20 h à 22 hLes Visions de Peretz

Mercredi 16 avril 2008 – 20 h à 22 hL’univers fantastique de DerNister

Mercredi 7 mai 2008 – 20 h à 22 hLe rêve comme raison de vivre chez Bruno Schulz

Lieu : Maison de la culture yiddish, 18 passage St Pierre Amelot Métro Oberkampftel. : 01.47.00.14.00

VALISKECercle Wladimir Rabi - Strasbourg

Nos amis organisent du 15 au 21 juin 2008 un voyage en Pologne. Ce parcours vous mènera au cœur de la vie juive et à la découverte des hauts lieux de la culture yiddish passés et présents sur les traces des grands auteurs yiddishDate limite d’inscription : 30 mars 2008Ils organisent aussi du 25 juin au 5 juillet 2008 un voyage en Galicie orientale et Bukovine (Ukraine de l’Ouest) sur les traces de la présence juive millénaire dans cette partie oubliée de l’Europe. Rencontre avec des survivants de la Shoah et avec des jeunes engagés dans la sauvegarde de la mémoire ainsi qu’avec des écrivains, intellectuels, artistes et musiciens.Date limite des inscriptions : 31 mai 2008Pour plus d’informations contactez André Kosmickitel. : 03.88.97.86.02 – E-mail : [email protected]

La Lettre de L.D.J./ Janvier-février 2008Rédaction et administration

1 rue Pixérécourt 75020 PARIS Tél. : 01 47 97 30 63Directeur de la publication : Doris Bensimon

Comité de lecture: Doris Bensimon, Mireille Florent-Saül,Flora Novodorsqui, Simone Simon

Dépôt légal à la parution ISSN 1145-084

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