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Note De Synthèse Candidature pour le Master 264 : Entrepreneuriat et projets innovants Numéro de dossier : YEJLZNC6 Ludovic Craïssac Avril 2014 1 LUDOVIC CRAÏSSAC NOTE DE SYNTHESE

Existe-t-il un âge pour entreprendre ?

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DESCRIPTION

L’entrepreneuriat est un phénomène complexe et pluriel qu’il convient d’appréhender dans sa dimension globale, en ne se focalisant pas exclusivement sur son acceptation économique (développement de nouvelles activités économiques et/ou création d’entreprise) mais bien en l’étudiant de façon dynamique : c’est tout le sens de l’expression « esprit d’entreprendre ». Les jeunes de 2014, que nous avons approché en utilisant le concept de génération, sont de plus en plus sensibilités à l’esprit d’entreprendre du fait de la multiplication des initiatives publiques comme privées. Différentes formes d’entrepreneuriat existent comme l’engagement associatif. Quant à l’essor de la création d’entreprise, il apparait comme évident que les opportunités de par l’existence de structures variées d’accompagnement dépassent largement les contraintes qui sont principalement subjectives et non pas objectives. Le grand défi des années à venir est alors l’éveil de l’esprit d’entreprendre tout au long de la vie et non pas uniquement chez les plus jeunes. De cette façon, entreprendre peut s’apparenter à un véritable art de vivre.

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!Note De Synthèse

!Candidature pour le Master 264 : Entrepreneuriat et

projets innovants Numéro de dossier : YEJLZNC6

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Ludovic Craïssac Avril 2014

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!!!Sommaire !!!

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Introduction 3 I. L’esprit d’entreprendre chez les jeunes: une dynamique en marche ? 5

1. L’approche globale du phénomène entrepreneurial 5 2. Le cas de l’engagement associatif des jeunes en France 7

II. L’esprit d’entreprise chez les jeunes: entre contraintes et opportunités : 9

1. Des contraintes objectives et subjectives à nuancer 9 2. De nombreux dispositifs publics et privés à saisir 12

Conclusion 14 Bibliographie 15

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Introduction ! Du 14 janvier au 29 avril 2013, se sont tenues les premières assises de l’entrepreneuriat en France, organisées par Mme Fleur Pellerin, déléguée auprès du ministre du Redressement productif, chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique . Organisées autour de 9 1

thématiques de travail, comme la mobilisation des talents pour la création d’entreprise ou l’entrepreneuriat des jeunes, ces assises entendent créer un environnement propice à l’entrepreneuriat en France. Depuis le début des années 2000, la thématique de l’entrepreneuriat est à l’agenda politique des pouvoirs publics français et européens, en témoigne les nombreuses lois françaises comme celle sur l’Innovation de 1999 (dite loi Allègre) ou plus récemment la loi de Modernisation de l’économie de 2008 qui crée notamment le régime de l’auto-entrepreneur, accélérant irrémédiablement le nombre de création d’entreprises. L’Union européenne s’est également emparée du sujet en adoptant entre autres l’agenda d’Oslo en octobre 2006, à la suite de la conférence «  Entrepreneurship Education in Europe : Fostering entrepreneurial mindsets throught education and learning  » ; cet agenda 2

s’insérant dans la stratégie de Lisbonne visant à faire de l’UE « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale. » 3

En étudiant le terme «  entreprendre  » du sujet retenu, il apparait nécessaire de ne pas considérer l’entrepreneuriat sous sa seule dimension économique. En effet, comme l’explique Catherine Léger-Jarniou : 4

l’appréhension de l’entrepreneuriat comme «  l’action humaine consistant à entreprendre pour générer de la valeur en créant ou en développant des activités économiques grâce à l’identification et à l’exploitation de nouveaux produits,

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Le site internet des assises de l’entrepreneuriat est accessible en ligne : http://www.redressement-1

productif.gouv.fr/assises-entrepreneuriat

L’ensemble des documents entourant l’agenda d’Oslo est accessible sur le site de la DG Entreprises et industrie 2

de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sme/promoting-entrepreneurship/education-training-entrepreneurship/policy-framework/2006-conference/index_en.htm

Conclusions du Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000, paragraphe 5 (ligne d’action). 3

Document accessible en ligne : http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/fr/ec/00100-r1.f0.htm

Catherine Léger-Jarniou (dir), 2013, Le grand livre de l’entrepreneuriat, éditions Dunod, pp7-84

processus ou marchés » apparait comme réductrice, ne permettant pas de saisir 5

le phénomène d’entrepreneuriat dans toute sa complexité. Partir du verbe entreprendre pour saisir ce phénomène nous invite à étudier l’entrepreneuriat de façon globale, s’inscrivant dans un environnement social et environnemental donné, porté par des acteurs pluriels agissant en accord avec des valeurs et des référentiels d’action propres. Au cours de cette note de synthèse, nous tenterons donc de nous inscrire dans cette approche de l’entrepreneuriat combinant « esprit d’entreprise » et « esprit d’entreprendre » . 6

Si nous passons maintenant à la question de l’âge également présente dans le sujet, associée au verbe « exister » qui sous-tend une donnée naturelle, notre réflexion tend évoluer vers la problématique générale : est-ce que l’âge constitue une contrainte ou une opportunité pour entreprendre ? Au cours de cette note de synthèse nous tenterons d’apporter un éclairage nuancé à cette problématique en nous focalisant sur la jeunesse. Il est indéniable que cette focalisation induit un biais d’analyse, se justifiant néanmoins par les contraintes de l’exercice imposant un format court et une envie personnelle d’approfondir cette problématique de fond. Enfin, par « jeunesse », nous adoptons un point de vue culturaliste comme le fait Chantal Nicole-Drancourt en considérant les 7

jeunes d’aujourd’hui comme des individus fédérés par des valeurs et des références communes. Cette approche prend tout son sens avec la génération «  mai 1968  ». Dans notre cas, nous nous focaliserons sur la génération « Internet » née entre les années 1990 et le début des années 2000, notamment marquée par un contexte de globalisation pluriel et complexe , l’essor des 8

nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’émergence de préoccupations environnementales, etc. De fait, l’étude de notre sujet nous emmène à essayer de comprendre si le fait d’être jeune est un facteur contraignant, un frein ou bien un stimulateur, une ressource pour entreprendre? Nous utiliserons successivement les notions d’« esprit d’entreprendre » et d’« esprit d’entreprise » pour rendre compte des dynamiques principales de l’entrepreneuriat chez les jeunes en 2014.

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OCDE, 2012, Panorama de l’entrepreneuriat, page 95

Catherine Léger-Jarniou (dir), 2013, Le grand livre de l’entrepreneuriat, éditions Dunod, pp86

Chantal Nicole-Drancourt, 1996, Historique du sujet et statut du sujet. L’apport de la sociologie du comportement dans Les 7

jeunes et l’emploi, recherches pluridisciplinaire, Paris, La documentation Française.

C’est notamment l’approche adoptée par Michel Serres, 2011, Petite Poucette, Manifeste Le Pommier8

I. L’esprit d’entreprendre chez les jeunes: une dynamique en marche ? Comme nous l’avons évoqué en introduction, l’esprit d’entreprendre (qu’il est possible de traduire par « entrepreneurial spirit ») ne doit pas être confondu avec l’esprit d’entreprise (« spirit of enterprise »). Le fait d’entreprendre se réfère à l’action et à la prise d’initiative de façon globale. Concrètement, c’est le fait de mener un projet sur une période donnée, avec des ressources et des acteurs s’inscrivant dans un environnemental social et environnemental mouvant. !

1. L’approche globale du phénomène entrepreneurial L’esprit d’entreprise correspond à un faisceau de compétences plurielles et variées que tente de mettre en exergue le référentiel de compétences Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche lors de la conférence des prés ident d ’univer s i tés e t le MEDEF . Ce référentiel entend 9

offrir un cadre à l’ensemble des programmes de formation des étudiants du système français. Il définit des objectifs par niveau d’étude, s’inscrivant dans le système LMD du processus de Bologne, et précise les compétences associées à chaque étape de formation. Ce qu’il faut bien garder à l’esprit c’est que l’approche par les compétences de l’entrepreneuriat est celle qui est dominante auprès des pouvoirs publics. C’est également le cas du Permis d’Entreprendre qui vise à aider les étudiants à découvrir les compétences entrepreneuriales : pro-activité, adaptation, autonomie, créativité, responsabilité, etc.

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Les objectifs du référentiel de compétences Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre pour les formations de niveau Licence.

Référentiel de compétences Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre, octobre 2010, 22 pages, disponible en 9

ligne : http://www.cpu.fr/wp-content/uploads/2013/09/referentiel_entrepreneuriat_def.pdf

De fait, des initiatives sont à noter, signe d’une prise de conscience de la nécessité de considérer l’entrepreneuriat de façon globale en tant que prise d’initiatives et conduite de projets. Cependant, beaucoup reste à faire et la vision de l’entrepreneuriat comme la simple création de nouvelles entreprises reste dominante au sein du monde académique mais aussi auprès des pouvoirs publics. Par exemple, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a identifié comme objectif principal des assises de l’entrepreneuriat évoquées en introduction de doubler le nombre de création d'entreprise par an sur le territoire d’ici à cinq ans. C’est également le cas de la Commission européenne qui considère l’entrepreneuriat sous sa seule dimension «  création d’entreprise  ». Pour renforcer la prise de conscience auprès des jeunes de ce qu’est l’esprit d’entreprendre «  les voies de progrès s’inscrivent dans le métissage des approches, des programmes développés et des acteurs, selon un processus allant de l’éveil entrepreneurial au développement d’un potentiel entrepreneurial puis à la décision d’entreprendre.  » Nous sommes face à un véritable potentiel 10

d’ouverture des formations, couplé à l’essor d’actions en dehors du champs strictement scolaire. L’enquête Créactiv-Université de Nantes réalisée en 2008 11

montre très clairement l’importance des échanges d’expériences entre professionnels et étudiants comme dans le cas des Journées de l’Entrepreneur ou encore les Start-Up weekends. Enfin, l’esprit d’entreprendre est de plus en plus valorisée par les recruteurs comme ce fut le cas dans mon cas, lors de mon entretien pour un stage six mois chez Solocal group, il m’a été demandé ce que je pensais de la « capacité à entreprendre » d’un individu et si c’était important pour un stagiaire dans une direction des relations institutionnelles d’une grande entreprise. ! Comme nous venons de le voir une dynamique est en marche en faveur des jeunes pour tenter de les sensibiliser à l’importance de l’esprit d’entreprendre, tant de la part des pouvoirs publics que des acteurs privés. Toutes les formes d’acculturation à l’esprit d’entreprise ne débouchent pas forcément sur la création d’entreprise. C’est le cas de l’engagement associatif que nous allons évoquer maintenant, en tant que dynamique de création, conduite de projets, prise de risque et responsabilisation des actions.

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Nathalie Schieb-Bienfait, 2013, dans Le grand livre de l’entrepreneuriat, Catherine Léger-Jarniou (dir), éditions 10

Dunod, p 205

Ibid p 20511

2. Le cas de l’engagement associatif des jeunes en France ! L’engagement associatif peut être considéré comme une expression de l’esprit d’entreprendre. Cette forme d’engagement a été choisie comme grande cause nationale en 2014 signe là encore d’une prise en compte progressive mais continue de l’esprit d’entreprendre en France et plus généralement en Europe. Les jeunes sont tout particulièrement concernés par l’engagement associatif. Les associations sont définies comme des «  concrétiseurs de l’action » et perçues comme garantes d’un changement concret de la société 12

par les actes. Il existe une véritable attractivité des jeunes pour le monde associatif : d’après les chiffres de l’observatoire de la jeunesse plus d’un tiers 13

des jeunes français adhèrent à au moins une association . Depuis les années 14

1990, les taux d’adhésion sont relativement stables, c’est donc une tendance de fond qui s’observe depuis plus de 20 ans maintenant. Toutefois, si on affine un peu les chiffres comme le fait Valérie Becquet , 61% des jeunes membres d’une 15

association se déclarent actifs et seulement 15% d’entre eux occupent une position hiérarchique au sein de l’association. Il est également important de noter que de nombreux jeunes s’engagent dans des projets ponctuels qui ne donnent pas lieu à la création d’une organisation propre. Toujours selon Valérie Becquet, 63,5% des jeunes engagés dans une ou plusieurs associations affirment que c’est la dimension utilitariste qui justifie leur engagement : par dimension utilitariste il faut comprendre l’envie d’être utile, l’importance des actions et le goût d’entreprendre. Bien entendu, d’autres facteurs d’engagement existent comme la dimension relationnelle mais ce qui est important dans notre étude c’est bien de montrer que l’engagement associatif est une des formes de matérialisation de l’esprit d’entreprendre chez les jeunes. A ce titre, l’association France bénévolat a réalisé en 2007/2008 l’enquête « BOB  » (baromètre de 16

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Valérie Becquet, 2009, « L’engagement des jeunes dans l’espace public », dans Roudet Bernard (dir.), Regard sur les 12

jeunes en France, Presses de l’université Laval (Québec)/INRS/INJEP, pp. 103-122.

Disposant d’un site internet : http://www.injep.fr/ 13

Observatoire de la jeunesse, mai 2011, Etudes et synthèses : des jeunes plus engagés dans la vie de la cité, étude réalisée 14

par Bernard Roudet

Valérie Becquet, 2009, « L’engagement des jeunes dans l’espace public », dans Roudet Bernard (dir.), Regard sur les 15

jeunes en France, Presses de l’université Laval (Québec)/INRS/INJEP, pp. 103-122.

Site internet disponible en ligne : http://www.francebenevolat.org/16

l’opinion des bénévoles) où nous pouvons constater dans le tableau ci-dessus 17

que près de la moitié des jeunes engagés dans une association font du « besoin d’activités  » un facteur déclenchant de l’engagement associatif. La reconnaissance d’un certain dynamisme au sein de l’association est également un facteur clé expliquant leur engagement. S’engager dans une association n’est pas une activité anodine. Il s’agit dans bien des cas de conduire des projets sur une certaine durée, d’être responsable devant les autres membres des actions prises au nom de l’association et même de devoir gérer un budget et des ressources affectées annuellement principalement par des cotisations et/ou des subventions. La constitution des dossiers de demandes de subventions elles-mêmes constituent une socialisation à l’entrepreneuriat, constituée de pratiques administratives où les appels à projets prennent une place de plus en plus importante. ! Nous avons tenté de le montrer, l’esprit d’entreprendre chez les jeunes est de plus en plus encouragé, se matérialisant sous différentes formes comme l’engagement associatif. La création d’entreprise et l’essor de nouvelles activités économiques que nous allons maintenant considérer constituent une autre forme de concrétisation de l’esprit d’entreprendre !

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Enquête BOB, France bénévolat, 2008, L’engagement bénévole chez les jeunes, sous la direction de Dominique 17

Thierry, document disponible en ligne : http://www.francebenevolat.org/uploads/documents/3a1afd7ed071c247539efb2090ca0d6ef491a978.pdf

II. L’esprit d’entreprise chez les jeunes: entre contraintes et opportunités : Au cours de cette seconde partie nous nous insérons dans la définition de l’entrepreneuriat fournie par l’OCDE citée en introduction (page 4) : le développement de nouvelles activités économiques par la création de nouvelles entreprises. Selon les chiffres fournis dans Le grand livre de l’entrepreneuriat , 24% 18

des créateurs d’entreprises ont moins de 30 ans et seulement 9% ont moins de 25 ans : soit une estimation de 131.000 entreprises créées en 2011 par des jeunes de moins de 30 (dont 82.000 avec le régime d’auto-entrepreneurs). La création d’entreprise chez les jeunes est fortement corrélée au niveau d’études : plus des 3/4 des créateurs d’entreprises en 2011 sont issus de l’enseignement supérieur. Concernant les domaines d’activités, la moitié des créateurs offre des services aux entreprises (commerce et construction en tête). Une fois ce bref état des lieux réalisé, il convient d’étudier les dynamiques à l’oeuvre favorisant ou freinant le processus d’entrepreneuriat. !

1. Des contraintes objectives et subjectives à nuancer ! Lorsque je me suis rendu à la StartupKeynote organisée par Learn Assembly et Maddyness le 12 mars dernier, j’ai pu m’entretenir avec Xavier Zeitoun, fondateur et CEO de 1001 Menus, Rodolphe Menegaux, senior Investment Manager, XAnge Private Equity et Morgan Angov, fondateur et CEO de l’application mobile U&I. Tous trois ont alors affirmé que le fait d’être jeune n’est pas un handicap en soi. Ce sont plutôt les attributs normatifs associés à la jeunesse qui constituent des freins à la création et au développement d’une entreprise : manque de ressources financières, difficulté à appréhender un environnement complexe et défaut d’une culture du risque en tête. Le manque de ressources financières est le premier attribut normatif associé au fait d’être jeune. Le passage entre le monde académique et le monde professionnel se fait dans la majorité des cas avec des ressources financières limitées. C’est ce qu’à démontré de façon plus argumentée Modigliani avec sa théorie du cycle de vie . En effet, il montre que le patrimoine des jeunes 19

individus est en règle générale faible voire négatif du fait notamment de crédits

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Nathalie Schieb-Bienfait, 2013, dans Le grand livre de l’entrepreneuriat, Catherine Léger-Jarniou (dir), p 19718

Franco Modigliani, 1960, The permanent income and the life cycle hypothesis of saving behaviour: 19

comparison and tests

contractés en début de carrière professionnelle. Le graphique ci-dessous entend rendre compte de façon plus explicite cette théorie . 20

Or ce manque de ressources financières de la part des jeunes est un frein objectif à la création d’une entreprise. Toutefois cette approche par la contrainte est à nuancer fortement car elle considère l’individu comme isolé de la société. Ce dernier est bien au contraire encastré dans une myriade de réseaux plus ou moins connectés qui offrent de fortes possibilités de financement en amorçage : des business angels (avec de nombreux réseaux comme Investessor ou Investir en direct), des fonds d’investissements d’amorçage (Partech Ventures ou Ventech), des fonds d’investissements d’entrepreneurs (Kima ventrues fondé par Xavier Niel et Jérémie Berrebi) ou encore l’essor du crowdfunding (la plateforme américaine Kickstarter par exemple). De très nombreuses autres contraintes objectives pourraient être développées : acculturation aux codes formels et informels propres au monde de la création d’entreprise (faire un business plan ou savoir faire un pitch), choix d’une structure juridique parmi les très nombreuses possibilités en France (entreprise individuelle, société à responsabilité limitée, société anonyme), etc. Là encore, les contraintes de cette note de synthèse ne me permettent pas de prétendre à l’exhaustivité.

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Ce dernier est extrait du cours de macroéconomie d’Olivier Brossard en 2e année à Sciences Po Toulouse.20

Une autre catégorie de contraintes agit également comme un frein à la création d’entreprise particulièrement chez les jeunes : les contraintes subjectives. Parmi celles-ci, l’absence d’une culture de l’échec socialement valorisée en France contribue à une auto-limitation incorporée de l’entrepreneuriat chez les jeunes. En effet, un véritable gap existe entre la volonté affirmée des jeunes de créer une entreprise et le passage à l’acte, qui est très limité comme nous l’avons vu dans le chapeau introductif de notre deuxième partie. Le sondage Opinion-Way pour l’APCE de 2010 montre que 21

plus de la moitié des jeunes français de 18 à 29 ans ont « l’intention de créer une entreprise un jour  ». Ce sondage est corroboré par de nombreuses études comme l’affirme Nathalie Schieb-Bienfait . Cette véritable aversion pour le 22

risque, ce que nous appelons ici la peur de l’échec, constitue une contrainte majeure à l’entrepreneuriat chez les jeunes. Là encore, de nombreuses initiatives ont successivement émergé pour tenter de libérer les volontés : c’est par exemple le cas de l’article très détaillé «  naissance, vie et mort de ma startup  » de 23

Guilhem Bertholet retweeté plus de 500 fois et partagé des centaines de fois sur d’autres réseaux sociaux comme Facebook ou Google+. Son long article fournit un retour d’expériences sur l’échec d’une création d’entreprise. Nous pouvons également citer le récent ouvrage de Robert Greene où ce dernier montre que 24

les grands entrepreneurs (reconnus comme tels) comme Steve Jobs ont connu de très nombreux échecs dans leurs carrières. Néanmoins ce type d’initiatives est plutôt anecdotique. Une véritable barrière cognitive semble perdurer principalement du fait de l’absence de transmission de valeurs entrepreneuriales dès le plus jeune âge, telles que le sens du risque et l’acceptation de l’échec, ce dernier n’étant pas une fin en soi mais bien une expérience à valoriser. ! Nous venons de le voir, l’esprit d’entreprise chez les jeunes est principalement contraint par des facteurs subjectifs et dans une moindre mesure par des facteurs objectifs. Face à ces contraintes, il existe de très nombreuses opportunités que nous allons étudier maintenant.

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Opinion-Way pour l’APCE, Les jeunes et l’intention entrepreneuriale, 2010, 1024 personnes interrogées de 18 21

à 29 ans disponible en ligne : http://media.apce.com/file/41/6/intention_entrep_jeunes.29416.pdf

Nathalie Schieb-Bienfait, 2013, dans Le grand livre de l’entrepreneuriat, Catherine Léger-Jarniou (dir), p 19922

Blog de Guilhem Bertholet : http://www.guilhembertholet.com/blog/2013/07/18/post-mortem-naissance-23

vie-et-mort-de-ma-startup-fail/

Robert Greene, mars 2014, Atteindre l’excellence, éditions Leduc.s24

2. De nombreux dispositifs publics et privés à saisir ! Depuis la création des Maisons de l’entrepreneuriat au sein d’établissements d’enseignement supérieur en 2001, les pouvoirs publics français et européens n’ont eu de cesse de porter de nouveaux dispositifs pour favoriser l’entrepreneuriat des jeunes. De fait, l’Union européenne a fortement contribué à l’émergence de ces dispositifs à l’échelle nationale : dans l’agenda d’Oslo de 2006 mentionné en introduction de cette étude, nous pouvons citer l’objectif A4 «  mettre en place des stratégies nationales en faveur de la formation à l’entrepreneuriat » ou encore l’objectif B1 « mieux intégrer les programmes et activités liés à l’entrepreneuriat dans les cursus officiels des établissements scolaires à tous les niveaux (primaire, secondaire et professionnel). » 25

En France, on assiste à la montée en puissance des dispositifs en faveur de l’entrepreneuriat étudiant vers la fin des années 2000 avec le lancement du plan d’action national Etudiants entrepreneurs en 2009 mais aussi avec les assises de l’entrepreneuriat de 2013. Pour être plus concret, il peut être intéressant de se focaliser sur le plan «  Entrepreneuriat étudiant  » adopté à la suite desdites assises. Il repose sur quatre axes principaux : 1/ généralisation des formations à l’entrepreneuriat ; 2/ lancement d’un appel à projet pour la formation de 30 pôles pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE) ; 3/ lancement d’un prix « Tremplin entrepreneuriat étudiant » récompensant chaque année 50 lauréats avec des prix de 10.000€ pour la création d’entreprise et 4/ création du statut « étudiant entrepreneur ». La création de ce statut est peut être le dispositif le plus incitatif : il permettra dès la rentrée 2014 aux jeunes diplômés de conserver leur statut étudiant tout au long de la période de création d’entreprise, par l’intermédiaire de l’inscription dans un diplôme d’université. De fait, ce statut permet de conserver tous les avantages liés au statut étudiant : mutuelle à des prix préférentiels, aides au logement, bourses de l’enseignement supérieur, etc. A côté des dispositifs publics d’aide à la création d’entreprise pour les jeunes, existent également des structures privées d’accompagnement. Nous pouvons noter tout d’abord les très nombreux réseaux d’entrepreneurs comme « Parrainer la croissance », « France Digitale » ou encore le « Centre des jeunes dirigeants ». La force de ces réseaux repose sur l’échange d’expériences est le

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L’ensemble des documents entourant l’agenda d’Oslo est accessible sur le site de la DG Entreprises et 25

industrie de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sme/promoting-entrepreneurship/education-training-entrepreneurship/policy-framework/2006-conference/index_en.htm

partage d’informations. Cet échange d’expériences est l’un des vecteurs principaux poussant à la création d’entreprise. Comme le montre Scott SHANE, «  les entrepreneurs découvrent les opportunités liées à l’information qu’ils détiennent déjà » . Il distingue alors trois types d’information qui 26

poussent à l’entrepreneuriat: celles qui concernent les marchés, celles portant sur les différentes façons de servir les marchés et celles en relation avec les problèmes des consommateurs. De fait, les réseaux d’entrepreneurs constituent des noeuds de concentration de ces trois types d’information de par l’organisation de conférences thématiques, de rencontres informelles et de partage d’expériences. J’ai notamment pu me rendre compte de cela lors d’événements organisés par Learn Assembly, plateforme dédiée à l’entrepreneuriat lancée par Antoine Amiel. Par exemple, lors de la conférence du mardi 1er avril sur la consommation collaborative, j’ai pu m’entretenir avec Francois De Landes, co-cofondateur de Sejourning et de Misterbnb. Grâce à ces échanges, j’ai pu intégrer un autre regard sur la consommation collaborative, plus concrète et moins idéalisée, notamment concernant le choix du modèle économique particulièrement difficile à trouver sur ce marché naissant. A côté de ces réseaux, il existe également d’autres structures d’accompagnement à la création d’entreprise pour les jeunes comme les incubateurs de plus en plus présents dans l’environnement entrepreneurial : des incubateurs d’écoles, des accélérateurs privés comme 50 partners ou encore des incubateurs portés par des grandes sociétés comme Orange avec le Orange Fab. Nous pouvons enfin citer le cas d’événements comme les StartupWeekends ou même les StartupBus, réunissant des dizaines de jeunes dans un bus à travers toute l’Europe pour échanger sur la création d’entreprise . Là encore, nous ne 27

prétendons pas à l’exhaustivité et une étude plus poussée permettrait une approche plus détaillée. ! Nous venons de le voir, il existe une grande variété de dispositifs d’accompagnement pour créer son entreprise, qu’ils soient publics ou privés. La création d’entreprise est de fait un nouvel impératif promu et valorisé par une coalition d’acteurs variés (Union européenne, Etat, collectivités territoriales, réseaux d’entrepreneurs, grandes entreprises).

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Scott SHANE, 2000, Prior knowledge and the discovery of entrepreneurial opportunities, Organization Science, 26

11, 4, p. 448-469

Plus d’informations sont disponibles sur leur site internet : http://europe.startupbus.com/all-buses/ 27

Conclusion !! L’entrepreneuriat est un phénomène complexe et pluriel qu’il convient d’appréhender dans sa dimension globale, en ne se focalisant pas exclusivement sur son acceptation économique (développement de nouvelles activités économiques et/ou création d’entreprise) mais bien en l’étudiant de façon dynamique : c’est tout le sens de l’expression « esprit d’entreprendre ». Les jeunes de 2014, que nous avons approché en utilisant le concept de génération, sont de plus en plus sensibilités à l’esprit d’entreprendre du fait de la multiplication des initiatives publiques comme privées. Différentes formes d’entrepreneuriat existent comme l’engagement associatif. Quant à l’essor de la création d’entreprise, il apparait comme évident que les opportunités de par l’existence de structures variées d’accompagnement dépassent largement les contraintes qui sont principalement subjectives et non pas objectives. Le grand défi des années à venir est alors l’éveil de l’esprit d’entreprendre tout au long de la vie et non pas uniquement chez les plus jeunes. De cette façon, entreprendre peut s’apparenter à un véritable art de vivre. !!!!!!!!!!!!!!!

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Bibliographie !Ressources académiques: !!Francis BECARD, décembre 2011, Panorama national de l’enseignement de l’entrepreneuriat, innovation et de l’entrepreneuriat étudiant !Valérie BECQUET, 2009, « L’engagement des jeunes dans l’espace public », dans Roudet Bernard (dir.), Regard sur les jeunes en France, Presses de l’université Laval (Québec)/INRS/INJEP !Catherine LEGER-JARNIOU (dir), 2013, Le grand livre de l’entrepreneuriat, éditions Dunod !Catherine LEGER-JARNIOU, 2008, Développer la culture entrepreneuriale chez les jeunes Théorie(s) et pratique(s), Revue française de gestion, n° 185, p. 161-174 !Margaux DERHY, Julien BENGUE, Louis CARLE et Etienne PORTAIS, 2014, Backpack, partez explorer le monde des startup, Maddyness et La petite étoile !Philippe HAYATH, octobre 2012, Pour un new deal entrepreneurial, créer des entreprises de croissance, rapport de mission à l’intention de Mme Fleur Pellerin !Franco MODIGLIANI, 1960, The permanent income and the life cycle hypothesis of saving behaviour: comparison and tests !Chantal NICOLE-DRANCOURT, 1996, Historique du sujet et statut du sujet. L’apport de la sociologie du comportement dans Les jeunes et l’emploi, recherches pluridisciplinaire, Paris, La documentation Française. !OCDE, 2012, Panorama de l’entrepreneuriat !OPINION-WAY pour l’APCE, 2010, Les jeunes et l’intention entrepreneuriale, 1024 personnes interrogées de 18 à 29 ans !Bernard ROUDET, observatoire de la jeunesse, mai 2011, Etudes et synthèses : des jeunes plus engagés dans la vie de la cité !Scott SHANE, 2000, Prior knowledge and the discovery of entrepreneurial opportunities, Organization Science !Nathalie SCHIEB-BIENFAIT, 2013, dans Le grand livre de l’entrepreneuriat, Catherine Léger-Jarniou (dir), éditions Dunod !Dominique THIERRY, France bénévolat, 2008, enquête BOB, L’engagement bénévole chez les jeunes. !!!

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Ressources en ligne : !!Blog de Guilhem Bertholet : http://www.guilhembertholet.com/blog/2013/07/18/post-mortem-naissance-vie-et-mort-de-ma-startup-fail/

Documents de la Commission européenne sur l’agenda d’Oslo, DG Entreprises et industrie http://ec.europa.eu/enterprise/policies/sme/promoting-entrepreneurship/education-training-entrepreneurship/policy-framework/2006-conference/index_en.htm

Référentiel de compétences Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre, octobre 2010, 22 pages, disponible en ligne : http://www.cpu.fr/wp-content/uploads/2013/09/referentiel_entrepreneuriat_def.pdf

Site internet des assises de l’entrepreneuriat est accessible en ligne : http://www.redressement-productif.gouv.fr/assises-entrepreneuriat

Site internet de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) : http://www.injep.fr/

Site internet de France bénévolat : http://www.francebenevolat.org/

Site du ministère de l’enseignent supérieur sur l’entrepreneuriat étudiant : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid25427/entrepreneuriat-etudiant.html

Stratégie de Lisbonne : conclusions du Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000,http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/fr/ec/00100-r1.f0.htm

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