QDIMANCHE9AOÛT2015

Dieu n’est pas un triangle

« – DIS, TU CROIS EN DIEU ? Oùest-il ? - Est-ce qu’on est sûrqu’il existe ? - Il paraît qu’il afabriqué le premier hommeavec de la boue…»Dans la même discussion à bâ-tons rompus il sera question delicornes, de fantômes, desdieux de l’Olympe et de magie.Harry Potter, le Seigneur desanneaux et Percy Jackson sontpassés par là. Il faut reconnaî-tre que le panthéon des adultesest tout aussi hétéroclite.Au XIXe siècle, on pensait que

les croyances, superstitieusesou religieuses, et même les ré-cits merveilleux seraient ba-layés par la Raison et la Scien-c e . P o u r t a n t l e s r é c i t smythologiques ou légendairesfascinent un public de plus enplus large et de plus en plusjeune. Tous, adultes et enfants,nous continuons de rêver oud’inventer des personnages etdes histoires extraordinaires.Ils nous aident, dit-on, à mieuxcomprendre et affronter lemonde réel.

C’est compliquéMais si les enfants aiment leslicornes parce qu’elles sont bel-les et fragiles et les monstresparce qu’ils font peur, ils sa-vent très vite qu’ils n’existentpas. Pour Dieu, c’est une autreaffaire. « Je crois que Dieu exis-te mais je ne sais pas à quoi ilressemble. Et puis j’ai prié et il

ne m’a pas répondu », dit undes enfants.Alors je lui dis que pour moiaussi, Dieu, c’est compliqué. Jesais seulement qu’il n’est pas lepère Noël ni Superman, ni mê-me un triangle. Montesquieudisait que, si les trianglesavaient un dieu, il aurait troiscôtés. De tout temps, les hom-mes ont représenté leurs dieuxà leur image, pourtant chacunen a une perception différente.Je lui dis aussi que si Dieu nousa créés avec un peu de boue,c’est une belle histoire, commu-ne à de nombreuses civilisa-tions. Mais je ne crois pas qu’ilnous a créés pour montrer sapuissance ou pour que nous leréinventions à notre gré.Non, décidément Dieu n’est pasun triangle. Je dis aussi quepour moi c’est une force quim’aide à mieux vivre, à mieuxaimer, à être en harmonie avec

les autres et le monde. Et puis il y a tout à faire sur Terre.Nos petits enfants ne sont plus nécessairement élevés dans un contexte religieux. Mais leurs interrogations sont là et, plus que jamais, ils sont à la recher-che de sens et de valeurs. « Le message est reçu même si la source est oubliée » (Jean-Claude Guillebaud). A nous d’entrer dans leur univers, de faire un peu la part du rêve et de la réalité

C’est les vacances. Le tempsdes petits-enfants, des rireset des jeux. Le temps aussi,au hasard d’une promenade,de réflexions que d’aucunsqualifieront de métaphysi-ques.

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