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Enquete france prescrire

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Page 1: Enquete france prescrire

PAGE 434 • LA REVUE PRESCRIRE JUIN 2009/TOME 29 N° 308

Vigilance

� Une enquête nationale a été menéeen France en 2007, par les 31 centresrégionaux de pharmacovigilance fran-çais, dans des services de 63 centreshospitaliers et centres hospitalo-uni-versitaires. 2 692 patients ont été sui-vis. 3,6 % des hospitalisations ontparu dues à un effet indésirable médi-camenteux.

� Au 7 avril 2009, seuls des résultatsparcellaires sont publiés.

� 1 fois sur 2, l’effet indésirable a étéconsidéré évitable ou “potentielle-ment” évitable.

� 30 % des effets indésirables ontété imputés à une interaction médica-menteuse.

� Les hémorragies et les chutes ontsouvent été à l’origine d’hospitalisa-tions.

� Les antivitamine K, les anticancé-reux et les diurétiques ont paru lesclasses de médicaments le plus sou-vent à l’origine d’hospitalisations.

� En France, depuis 1997, plusieursenquêtes réalisées dans des établis-sements de santé, ont mis en évi-dence qu’environ 3 % des patientshospitalisés l’étaient pour un effetindésirable médicamenteux, souventune hémorragie liée au traitement anti-coagulant.

� En pratique, en 10 ans, en France,l’incidence des patients hospitaliséspour effets indésirables médicamen-teux n’a pas changé, alors qu’unegrande partie de ces effets indésira-bles semblent évitables. Le système desoin n’a pas évolué dans ce domaineet les leçons n’ont pas été tirées desprécédents constats.

Rev Prescrire 2009 ; 29 (308) : 434-435.

Les effets indésirables des médica-ments altèrent la qualité de viedes patients, multiplient et prolon-

gent les séjours à l’hôpital et, au total,augmentent la mortalité (1).

En 2008, les résultats d’une enquêtenationale française réalisée dans desservices de centres hospitaliers et centreshospitalo-universitaires par les 31 centresrégionaux de pharmacovigilance fran-çais ont été publiés (2,3,4).

À la fin des années 1990 et au milieudes années 2000, plusieurs enquêtesnationales avaient été menées en Francedans des établissements de santé publicsou privés pour évaluer la fréquence deseffets indésirables médicamenteux ouliés aux soins, à l’origine d’hospitalisations(lire en encadré page 435).

En 2007, quelle a été la proportion depatients hospitalisés pour effets indési-rables ? Combien en sont morts ? Quellesont été les classes de médicaments leplus souvent en cause ? La situation a-t-elle évolué en 10 ans ?

Une enquête nationale de grande ampleur en 2007

Entre fin mai 2007 et début juillet 2007,les effets indésirables à l’origine d’unehospitalisation ont été identifiés sur14 jours consécutifs par les 31 centresrégionaux de pharmacovigilance fran-çais dans des services de 63 centres hos-pitaliers et centres hospitalo-universi-taires tirés au sort (2,3).

Il s’agissait de services de court séjourde spécialités médicales telles que lapédiatrie, la cardiologie, la pneumologieou la neurologie.

2 692 malades ont été suivis jusqu’à cequ’un diagnostic soit retenu. Le diagnos-tic d’effet indésirable médicamenteux aété posé chez 97 patients, par une équipede cliniciens et de pharmacologues.

Une rétention des résultats. Au 7 avril2009, seuls des résultats parcellairessont publiés (2,3). La moitié seulementdes effets indésirables survenus durantl’enquête ont été listés. On ne sait pas

quels types d’effets indésirables sontconcernés dans l’autre moitié des cas.Seulement 4 types d’effets indésirablesont été rapportés : troubles vasculaires,troubles du système nerveux, troublesdigestifs, troubles généraux et anomaliesau site d’administration. Peu de détailssont fournis.

Pour 4 % des patients, l’effet indésira-ble n’a pas régressé et l’évolution resteinconnue.

Le nombre de patients morts des suitesd’effets indésirables n’est pas connu.

3,6 % des patients hospitalisés l’ontété pour effets indésirables. En France,en 2007, la fréquence d’hospitalisationpour effets indésirables a paru similaire àcelle de 1998 et estimée à 3,6 % (intervallede confiance à 95 % : 2,77-4,43) (2à4).

Les hospitalisations pour effets indési-rables ont paru augmentées avec l’âgedes patients, pour atteindre 4,91 % chezles plus de 65 ans (4).

Ces résultats conduisent à estimerqu’environ 144 000 patients sont hospi-talisés pour effets indésirables, sur uneannée, en France, soit 1,5 million de jour-nées d’hospitalisations (2à4).

Évitables ou potentiellement évita-bles 1 fois sur 2. Pour 1 patient sur 3, l’ef-fet indésirable a été considéré comme évi-table, et “potentiellement” évitable dans17 % des cas (a)(3).

Parmi les effets indésirables observés,30 % ont été imputés à une interactionmédicamenteuse (3,4).

Hémorragies, chutes, etc. Les effetsindésirables appelés “troubles vascu-laires”, surtout des hémorragies, ont étéles troubles le plus souvent la caused’une hospitalisation pour effets indési-rables. Ils ont représenté 21 % des effetsindésirables observés (2à4). La proportiond’hémorragies n’a pas été précisée.

Les chutes ont représenté 8 % deseffets indésirables ayant entraîné unehospitalisation.

Les autres principaux effets indésira-bles médicamenteux étaient des “troublesneurologiques” 11 %, des “troubles diges-

Résumé

Hospitalisations pour effetsindésirables médicamenteux en France

Reproduction interdite, sauf pour les abonnés individuels dans le cadre d'une diffusion limitée, en petit nombre, à but non commercial.

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tifs” 9 %, des “troubles généraux et ano-malies du site d’administration” 9 %.Aucune précision n’a été donnée.

Antivitamine K, anticancéreux et diu-rétiques. Les antivitamine K ont été àl’origine de 12,3 % des hospitalisationspour effets indésirables en 2007 (2à4).Parmi les autres médicaments en cause,on trouve cités des médicaments anti-cancéreux, 13 % ; puis des diurétiques,9 % ; et des antalgiques, 9 %.

Plus généralement, les principalesclasses pharmacothérapeutiques encause ont été : les médicaments du sys-tème nerveux central, 26 % ; les médi-caments cardiovasculaires, 22 % ; lesmédicaments du sang et organes héma-topoïétiques, 13 % ; les anticancéreux etimmunodépresseurs, 16,8 % (b)(2à4).

En pratique : pas d’amélioration en 10 ans

En France, de 1997 à 2007, l’incidencedes patients hospitalisés pour effets indé-sirables médicamenteux n’a pas changé,et la part des hémorragies sous anticoa-gulant est toujours la même, alors qu’unegrande partie de ces effets indésirablessont considérés évitables ou “potentiel-lement” évitables. En 10 ans, le systèmede soin n’a pas progressé dans cedomaine, et les leçons n’ont pas ététirées des précédents constats.

Début 2009, les résultats de ce travailmené en 2007, pourtant d'envergurenotable et riche d’enseignements, n’ontété que partiellement présentés parl’Agence française de sécurité sanitairedes produits de santé. Ce manque detransparence augure plutôt mal une priseen compte constructive de ce nouveauconstat. L’ampleur des dégâts justifiepourtant au contraire une très large mobi-lisation.

« D’abord ne pas nuire » est un principede base des soins de qualité.

©Prescrire

a- Il n’y a pas de définition des effets indésirables poten-tiellement évitables dans les comptes rendus disponibles(réf. 2à4).b- Sur demande expresse de Prescrire, le Centre régionalde pharmacovigilance de Bordeaux a cité les grandes classesde médicament du système nerveux en cause dans les effetsindésirables. Ce sont d’abord les antalgiques, puis les anti-dépresseurs, les anticonvulsivants, les antimigraineux, lesbenzodiazépines, les neuroleptiques, les médicaments de lamaladie d’Alzheimer, les médicaments de substitution dela dépendance aux opiacés (réf. 5).

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En France, depuis la fin des années1990, la fréquence des effets indésira-bles survenant dans des établissementsde santé ou à l’origine d’une hospitali-sation est estimée par les quelquesrésultats des enquêtes nationales quiont été publiés.

Cette fréquence a peu évolué, et ilreste nécessaire d'en tirer sérieuse-ment les conséquences.

1997 : une enquête nationale pro-bante. En France, une enquête natio-nale, menée par les Centres régionauxde pharmacovigilance, dans les hôpitauxfrançais, avait inclus 2 132 patients hos-pitalisés en “chirurgie” (y compris engynéco-obstétrique), en “long séjour”ou en “médecine” (1).

10 % des patients à l’hôpital, un jourdonné, présentaient au moins un effetindésirable (1). Plus de 1 % des effetsindésirables recensés étaient la causeprobable d’un décès (1). 1,1 % des hos-pitalisations étaient motivées par l’effetindésirable médicamenteux.

1998 : une étude prospective. En1998, une enquête prospective incluantplus de 3 000 hospitalisations dans plu-sieurs services médicaux d’établisse-ments publics français avait mis en évi-dence qu’environ 3 % des patientsétaient hospitalisés pour un effet indé-sirable médicamenteux.

Les antiarythmiques et les médica-ments stimulants cardiaques (subs-tances non précisées) étaient les plusfréquemment à l’origine d’une hospita-lisation. 13 % des patients hospitaliséspour effet indésirable médicamenteuxl’étaient pour une hémorragie liée à leurtraitement anticoagulant. 9 % despatients hospitalisés à cause d’un effetindésirable avaient des saignementsdigestifs provoqués par les AINS (2).

4 % des patients hospitalisés à caused’un effet indésirable sont morts à causede l’effet indésirable médicamenteux,soit 0,12 % des patients hospitalisés (2).

2004 : étude Eneis. Une “enquêtenationale sur les évènements indésira-bles graves liés aux soins”, alias étudeEneis, a été réalisée prospectivement en2004 sur 8 754 patients hospitalisés encourt séjour d’établissements de soinspublics ou privés, de médecine et de chi-rurgie (3,4).

3 % à 5 % des patients avaient étéhospitalisés pour effets indésirables dessoins. 1,6 % des hospitalisations avaientété motivées par un effet indésirablemédicamenteux grave. Un tiers deseffets indésirables médicamenteuxgraves étaient dus à un anticoagulant,souvent un antivitamine K, résultantd’erreurs de suivi ou d’administrationdans 30 % des cas. Les personnesâgées étaient apparues les plus vulné-rables (3,4). Des erreurs liées au médi-cament ont été constatées dans la moi-tié des effets indésirables causesd’hospitalisation, et dans un tiers deseffets indésirables survenus au coursd’une hospitalisation.

©Prescrire

1- Prescrire Rédaction “Effets indésirables médi-camenteux : les résultats édifiants d’une enquêtenationale dans les hôpitaux publics français” RevPrescrire 1998 ; 18 (184) : 373-375.2- Pouyanne P et coll. “Admissions to hospitalcaused by adverse drug reactions : cross sectionalincidence study” BMJ 2000 ; 320 : 1036.3- Prescrire Rédaction “L’étude épidémiologiquefrançaise Eneis approche la part de l’évitable àl’hôpital et en soins ambulatoires” Rev Prescrire2005 ; 25 (267 Suppl.) : 896-901. 4- Prescrire Rédaction “2005 : les effets indésira-bles graves des soins médicamenteux recensés parl’étude Eneis” Rev Prescrire 2005 ; 25 (267 Suppl.) :909-910.

1997-2004 : 3 enquêtes nationales (en France)incontournables

Extraits de la veille documentaire Prescrire. 1- Prescrire Rédaction “Déclaration de Berlin sur lapharmacovigilance” Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) :276-281.2- Afssaps “Les matinées avec la Presse - Hospitali-sations dues aux effets indésirables des médica-ments : résultats d’une étude nationale - Point surla nouvelle campagne d’information sur les traite-ments anticoagulants antivitamine K” 25 septem-bre 2008 : 3 pages.3- Afssaps “Compte rendu de la réunion de la Com-mission nationale de pharmacovigilance du 25 mars

2008 - Etude EMIR (effets indésirables des médica-ments : incidence et risque) sur les hospitalisationsliées à un effet indésirable médicamenteux” 20 mai2008. Site www.afssaps.sante.fr consulté le 19 sep-tembre 2008 : 21 pages.4- Haramburu F et coll. “Incidence of hospital admis-sions due to adverse drug reactions : the EMIRstudy” 29es journées de pharmacovigilance, Cler-mont-Ferrand : 9-11 avril 2008. Fundamental ClinPharmacol 2008 ; 22 (suppl 1) : 20 (abstract 95).5- Haramburu F “Lettre à Prescrire. EMIR” 14 octo-bre 2008 : 1 page.

Reproduction interdite, sauf pour les abonnés individuels dans le cadre d'une diffusion limitée, en petit nombre, à but non commercial.