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Soirée CAP du 10 octobre 2018 © Groupement paroissial de Montrevel « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » Les fins dernières (1) Introduction Lors de notre dernière réunion d’équipe funérailles, nous avons fait un constat d’une réalité tout à fait paradoxale : la mort est occultée, cachée, et en même temps elle est partout présente. D’un côté, on aseptise la mort en la médicalisant ; on la cache dans les hôpitaux ou les maisons de retraite ; on termine hors de chez soi pour aller au funérarium ; on cherche à en être maître par le biais de lois dites sur la fin de vie, ou de déclarations intempestives du style : « Je choisis le jour de ma mort ! ». D’un autre côté, même si elle est quelque peu dénaturée, la mort est partout présente dans les actualités ou les films. Peut-être est-ce une manière pour notre société, et éventuellement nous-même, de masquer notre peur, notre incompréhension face à cette réalité humaine de la mort, qui est inéluctable pour chacun d’entre nous ? Le Concile Vatican II l’a bien saisi lorsqu’il écrit : « C’est en face de la mort que l’énigme de la condi tion humaine atteint son sommet » 1 . En d’autres termes, la mort vient révéler la réalité du mystère de notre vie humaine. Oser la regarder en face fait naître en nous de grandes questions : Est-ce que tout est fini ? Qu’est-ce qu’il y a après ? Qu’est-ce qui va rester de moi ? Etc. De fait, foncièrement, fondamentalement, la personne humaine est faite pour la vie, pour choisir la vie. Il en résulte alors que la mort est considérée comme un échec qu’il nous faut maitriser, dépasser, dompter ! Et pourtant, écoutons ce que nous dit l’Écriture Sainte : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, » (Dt 30,19) Comment ? Le Deutéronome continue : « en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Dt 30,20) L’homme est fait pour aimer, et cet amour conduit à une longue vie, il est éternel. « L’amour ne passera jamais ! » (1Co 13,8) nous dit saint Paul. Ces quelques réflexions introductives nous donnent le plan de cet entretien, et certainement du suivant. 1 Vatican II, Gaudium et Spes, n° 18.

« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie Les fins dernières (1)

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Page 1: « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie Les fins dernières (1)

Soirée CAP du 10 octobre 2018 – © Groupement paroissial de Montrevel

« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » Les fins dernières (1)

Introduction Lors de notre dernière réunion d’équipe funérailles, nous avons fait un constat d’une réalité tout à fait

paradoxale : la mort est occultée, cachée, et en même temps elle est partout présente.

D’un côté, on aseptise la mort en la médicalisant ; on la cache dans les hôpitaux ou les maisons de retraite ;

on termine hors de chez soi pour aller au funérarium ; on cherche à en être maître par le biais de lois dites

sur la fin de vie, ou de déclarations intempestives du style : « Je choisis le jour de ma mort ! ».

D’un autre côté, même si elle est quelque peu dénaturée, la mort est partout présente dans les actualités

ou les films.

Peut-être est-ce une manière pour notre société, et éventuellement nous-même, de masquer notre peur,

notre incompréhension face à cette réalité humaine de la mort, qui est inéluctable pour chacun d’entre

nous ? Le Concile Vatican II l’a bien saisi lorsqu’il écrit :

« C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet »1.

En d’autres termes, la mort vient révéler la réalité du mystère de notre vie humaine. Oser la regarder en

face fait naître en nous de grandes questions : Est-ce que tout est fini ? Qu’est-ce qu’il y a après ? Qu’est-ce

qui va rester de moi ? Etc.

De fait, foncièrement, fondamentalement, la personne humaine est faite pour la vie, pour choisir la vie. Il

en résulte alors que la mort est considérée comme un échec qu’il nous faut maitriser, dépasser, dompter !

Et pourtant, écoutons ce que nous dit l’Écriture Sainte :

« Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la

bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, » (Dt

30,19)

Comment ? Le Deutéronome continue :

« en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve

ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et

Jacob. » (Dt 30,20)

L’homme est fait pour aimer, et cet amour conduit à une longue vie, il est éternel. « L’amour ne passera

jamais ! » (1Co 13,8) nous dit saint Paul.

Ces quelques réflexions introductives nous donnent le plan de cet entretien, et certainement du suivant.

1 Vatican II, Gaudium et Spes, n° 18.

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Soirée CAP du 10 octobre 2018 – © Groupement paroissial de Montrevel

Ensemble, dans le Christ Jésus, osons contempler la réalité de la mort afin d’entrer dans la vie nouvelle et

éternelle. Elle est en continuité avec notre vie avec cette radicale nouveauté de la vision de Dieu. La mort

est le passage, la naissance qui nous permet donc d’accueillir cette nouveauté qui est l’accomplissement de

notre vocation d’homme.

« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore

été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le

verrons tel qu’il est. » (1Jn 3,2)

Avant de nous mettre en chemin, prenons le temps de la prière :

« Dieu qui donne la preuve suprême de ta puissance, lorsque tu patientes et prends pitié, sans te

lasser, accorde-nous ta grâce : en nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au

bonheur du ciel. Par Jésus-Christ notre Seigneur. »2

Evangile du retour à la vie de Lazare « Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de

Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,

beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.

Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la

maison. Marthe dit à Jésus : ‘Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais

maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.’

Jésus lui dit : ‘Ton frère ressuscitera.’

Marthe reprit : ‘Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.’

Jésus lui dit : ‘Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;

quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?’

Elle répondit : ‘Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le

monde.’

Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : ‘Le Maître est là, il t’appelle.’

Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré

dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient

à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils

pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.

Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit :

‘Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.’

2 Oraison de la messe du 26ème Dimanche du Temps Ordinaire.

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Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut

saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : ‘Où l’avez-vous déposé ?’ Ils lui répondirent :

‘Seigneur, viens, et vois.’

Alors Jésus se mit à pleurer.

Les Juifs disaient : ‘Voyez comme il l’aimait !’ Mais certains d’entre eux dirent : ‘Lui qui a ouvert les

yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?’

Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit :

‘Enlevez la pierre.’ Marthe, la sœur du défunt, lui dit : ‘Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour

qu’il est là.’ Alors Jésus dit à Marthe : ‘Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.’

On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : ‘Père, je te rends grâce parce que tu

m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui

m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé.’

Après cela, il cria d’une voix forte : ‘Lazare, viens dehors !’ Et le mort sortit, les pieds et les mains liés

par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : ‘Déliez-le, et laissez-le aller.’

Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait,

crurent en lui. » (Jn 11,17-45)

Sans faire une étude exégétique de ce texte, relevons différents éléments qui nous permettent de vivre

dans le Christ le mystère de la mort.

Tout d’abord, devant la mort, il y a une forme d’injustice. La mort est là, on n’y peut rien ! Elle entraine des

« si » qui n’ont pas de réponse, surtout lorsque nous y sommes confrontés dans des cas dramatiques

(maladies, accidents, etc.).

Dans cette dimension, il faut noter que la mort affecte bien évidemment celui qui la vit, mais pas

seulement. Du fait de la séparation, elle touche ceux qui restent et qui la vivent d’une autre manière. En

même temps, il y a une réalité relationnelle qui demeure mais qui est différente. « La mort entraine une

séparation mais ne supprime pas la communion », a pu dire la Pape Paul VI au Jean Gitton au moment du

décès de l’épouse de ce dernier.

Deuxièmement, sans la présence du Seigneur Jésus la réalité de la mort nous afflige et nous écrase. La

présence du Christ ne répond pas aux questions qui se posent. Mais il invite à le contempler afin d’entrer

dans un acte de foi. Si on se situe au niveau affectif, cet acte de foi ne retire pas la peine, ou la souffrance,

mais il permet de vivre l’instant qui est donné. Il est tout de même à noter que cet acte de foi n’est pas

spontané. L’acte de foi s’accomplit dans un cheminement qui ne peut se faire seul mais dans le réconfort

fraternel. C’est, me semble-t-il tout le sens de la démarche de deuil qui est non seulement psychologique

mais également spirituel.

Troisièmement, c’est dans cet acte de foi que nous trouvons, non pas une explication, mais un sens à la

mort. En effet, par sa mort, le Seigneur Jésus a rempli de sa présence cet acte ultime de l’être humain.

Cette présence conduit à l’accueil de la vie ! La mort, qui semblait victorieuse, est vaincue par Jésus !

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« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et

croit en moi ne mourra jamais », dit Jésus à Marthe.

Un dernier point est à relever. Lazare, lorsqu’il retourne à la vie par la puissance de l’appel de Jésus, sort lié

par des bandelettes avec un suaire sur la tête. Une nouvelle parole du Seigneur le délie et l’ouvre à une vie

nouvelle. Le péché nous conduit à la mort ! Le Seigneur Jésus nous sauve du péché, il nous libère et nous

ouvre ainsi le chemin de la vie ! Cela nous donne à penser la place essentielle de la prière et des

sacrements, particulièrement du sacrement des malades, auprès de ceux qui sont mourant.

Il me serait possible de partager de nombreux témoignages concernant cette importance de la prière et de

la célébration des sacrements auprès des mourants même si ceux-ci ne semblent pas conscients !

Mourir dans le Christ Jésus Deux passages de saint Paul peuvent éclairer notre foi et nourrir notre espérance alors que nous entrons

dans une réflexion sur la mort :

« Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous

supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous

manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. » (2Tim 2,11-13)

« Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort

que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons

été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le

Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis

à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera

à la sienne.

(…)

« Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.

Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de

pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est

vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché,

mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (Rm 6,3-6.8-11)

La mort Fin de notre vie terrestre, la mort est et demeure un grand mystère tout en donnant un sens, une urgence

à notre vie. Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit au numéro 1007 :

« Nos vies sont mesurées par le temps, au cours duquel nous changeons, nous vieillissons et, comme

chez tous les êtres vivants de la terre, la mort apparaît comme la fin normale de la vie. Cet aspect de

la mort donne une urgence à nos vies : le souvenir de notre mortalité sert aussi à nous rappeler que

nous n’avons qu’un temps limité pour réaliser notre vie ».

Puis, il cite le livre de l’Ecclésiaste :

« Souviens-toi de ton Créateur, aux jours de ta jeunesse, (…) et que la poussière retourne à la terre

comme elle en vint, et le souffle de vie, à Dieu qui l’a donné. » (Qo 12,1.7)

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Ces paroles de sagesse, nous engage à revenir à l’origine, au commencement du Ciel et de la Terre. En

effet, dans le deuxième récit de la création, alors que Dieu façonne l’homme, l’auteur sacré nous fait

prendre conscience que l’être humain est un être complexe composé d’un corps et d’une âme.

« Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le

souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Gn 2,7)

Il résulte de ce verset que l’homme est un corps, modelé de la terre, qui possède une haleine de vie ayant

une dimension d’éternité puisqu’elle vient de Dieu. Il est, en quelque sorte, à la jonction de la réalité du

temps et de celle de l’éternité et vit cela d’une manière harmonieuse. Il est appelé à vivre dans une intimité

avec Dieu en s’occupant de l’œuvre de la création voulue par Dieu. Nous sommes avant le péché originel !

« Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par

la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,23-24).

Ce verset du livre de la Sagesse vient nous rappeler que l’homme, créé à l’image de Dieu, était destiné à ne

pas mourir, et que la mort est une conséquence du péché.

La désobéissance de l’homme le conduit à la mort, mais elle est vaincue par l’obéissance du Christ sur le

bois de la Croix.

« Jésus, le Fils de Dieu, a souffert lui aussi la mort, propre de la condition humaine. Mais, malgré son

effroi face à elle (cf. Mc 14, 33-34 ; He 5, 7-8), il l’assuma dans un acte de soumission totale et libre à

la volonté de son Père. L’obéissance de Jésus a transformé la malédiction de la mort en bénédiction

(cf. Rm 5, 19-21) » (CEC n° 1009)

Ces paroles fortes du Catéchisme de l’Église Catholique peuvent nous étonner et éventuellement nous

choquer. Comment la mort peut-elle devenir une bénédiction ? C’est si bon de vivre !

Sens chrétien de la mort Pour parler de la mort nous sommes remontés à l’œuvre de la création, afin de parler du sens chrétien de

la mort, il nous faut remonter à l’origine de notre vie chrétienne : le baptême. De fait, par le baptême, le

chrétien est mort avec le Christ pour vivre avec Lui, et en Lui, d’une vie nouvelle, une vie transformée, une

vie dans une demeure éternelle.

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de

mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une

place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de

moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » (Jn

14,1-4)

Il en résulte que notre vie terrestre est un pèlerinage vers la cité céleste. L’entrée dans cette cité céleste

s’accomplit dans cet acte de l’homme ultime qu’est la mort.

En nous appuyant sur la miséricorde de Dieu, qui nous accompagne tout au long de notre vie terrestre,

l’Église nous encourage à nous préparer à l’heure de notre mort non pas dans la peur, mais dans la

confiance et dans l’amour, en nous appuyant sur nos grands frères dans la foi que sont les saints et d’une

manière particulière : Marie et saint Joseph, patron de la bonne mort.

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Le jugement particulier Afin de parler de cette rencontre attendue au soir de notre vie, il nous faut nous rappeler cette réalité

fondamentale de la vie chrétienne : c’est une vie d’alliance ! Par la grâce baptismale, Dieu scelle dans le

sang du Christ une alliance avec celui qui est baptisé. Toute la vie chrétienne devient alors un authentique

chemin de foi, un pèlerinage de foi, qui permet de mettre en œuvre d’une manière toujours plus profonde

cette alliance avec Jésus. Un chrétien n’est jamais seul parce que le Christ est toujours avec lui.

Ce pèlerinage de Foi est vécu dans l’Espérance et mis en œuvre par la Charité. L’Espérance du Bonheur à

venir et la Charité qui est la Foi en acte, qui est la mise en œuvre de l’amour de Dieu dans et par notre vie.

Rappelons-nous les premiers mots de l’encyclique du Pape émérite Benoit XVI, Deus Caritas Est :

« Nous avons cru à l’amour de Dieu: c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de

sa vie. À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la

rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son

orientation décisive. »3

La foi nous donne de faire l’expérience et d’accueillir Dieu qui est Amour dans notre vie. La foi nous permet

de donner un sens, une orientation, à notre vie. La foi s’accomplit dans la rencontre avec le Seigneur au soir

de notre vie. Écoutons encore une fois saint Paul :

« Ainsi, nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur, tant

que nous demeurons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision.

Oui, nous avons confiance, et nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer

près du Seigneur. Mais de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre

ambition, c’est de plaire au Seigneur. Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le

tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait, soit en bien soit en mal, pendant

qu’il était dans son corps. » (2Co 5,6-10)

Il en résulte que ’au moment de notre mort’, alors que nous achevons notre pèlerinage sur la terre, nous

serrons mis en présence de Jésus, Rédempteur de l’homme. Il nous tendra les bras et nous invitera à

accueillir son amour miséricordieux afin que s’accomplisse la volonté du Père.

« Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé.

Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais

que je les ressuscite au dernier jour. » (Jn 6,38-39)

Quelle réponse allons-nous donner ? Comment allons-nous réagir ? Écoutons ce dialogue bouleversant.

Nous sommes au Golgotha :

« L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : ‘N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et

nous aussi !’ Mais l’autre lui fit de vifs reproches : ‘Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un

condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que

nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.’ Et il disait : ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu

viendras dans ton Royaume.’ Jésus lui déclara : ‘Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras

dans le Paradis.’ » (Lc 23,39-43)

3 Benoît XVI, Deus Caritas Est, 25 décembre 2005, n° 1.

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Certes, le Catéchisme de l’Église Catholique nous rappelle la foi de l’Église :

« Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un

jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification (cf. Cc. Lyon : DS 857-

858 ; Cc. Florence : DS 1304-1306 ; Cc. Trente : DS 1820), soit pour entrer immédiatement dans la

béatitude du ciel (cf. Benoît XII : DS 1000-1001 ; Jean XXII : DS 990), soit pour se damner

immédiatement pour toujours (cf. Benoît XII : DS 1002). » (n° 1022)

Tout en gardant présent à l’esprit l’enseignement du Catéchisme, n’oublions jamais les versets de l’Évangile

cités plus haut qui viennent nous dire très clairement :

La volonté de Dieu c’est que tout homme soit sauvé, mais il nous laisse libre. Dieu veut nous sauver

mais pas sans nous !

Quoique nous ayons fait, la Miséricorde de Dieu est sans limite, sans borne. Aussi, sachons donner

à Jésus nos péchés, nos misères, notre peur.

Entrons dans l’Espérance. « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance »

(Jn 10,10). « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », nous dit saint Jean de la Croix.

Envoi Au terme de ces premières réflexions sur les « fins dernières », j’aimerais rappeler que notre regard est un

regard de foi qui peut être facile à poser mais qui peut être occulté par les nuages du doute ou de la peur.

C’est totalement légitime ! Lorsque l’heure sera venue, personne ne sait quelle attitude il aura, dans quelle

démarche d’abandon ou de résistance il se trouvera. C’est pourquoi, nous devons avancer avec humilité en

demandant la grâce de Dieu afin de vivre cet acte humain dans la confiance et dans l’amour.

Si nous sommes appelés à accompagner des mourants, restons également très humble car l’acte de mourir

est vécu dans une grande solitude face à l’invisible et l’inconnu. Avec amour, sans automatiquement de

parole mais avec le regard et des gestes délicats, essayons de témoigner de la présence aimante de Jésus

tout en invitant le mourant à aller vivre cette grande rencontre.

Face à la mort, c’est notre propre finitude qui nous rejoint et c’est elle qui nous fait peur ! Et pourtant c’est

une rencontre avec Jésus à laquelle nous sommes appelés. Alors, dès aujourd’hui, comme a pu le dire le

saint Pape Jean-Paul II :

« N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! (…) N’ayez pas peur ! Ouvrez,

ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! (…) N’ayez pas peur ! Le Christ sait ‘ce qu’il y a dans

l’homme’ ! Et lui seul le sait ! »4

Père Pierre Le Bourgeois

4 Jean-Paul II, Homélie de la Messe d’intronisation, 22.10.1978.