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Directeur. Fondateur : P~erre
Organ~
Rédaction et Administration : 221, Boulevard deRegistre du Commerce 11.';78ABONNEMENTS : France, Colonies ct Protectorats,
SOMMAIRE1
J
Faut-il protéger les Industries Marocaines?
Comment ouvrir les marchés Sud-Américainsaux produits Marocains, par René RENARD
La Cote Commerciale
Le marché marocain vu d'Allemagne
Echos
Chronique Financière
Chronique Agricolela Crise Agricole (suite).les contingents et la loi du 6 août 1933.
Chronique Immobilièreles Transactions Immobilières avecl'Indigène Marocain.
Pratique et Jurisprudence.
Chronique MaritimeInformations Maritimes.
Marché de la Main-d'œuvre
Page à nos abonnés étrangersProduction et exportation des fruitsmarocains.
Dans noire prochain numéro nous publierons la suite de noire élude sur "Les imporlalionsélrangèr'es au Maroc" (V. n° 5 du 15 Mai).
faut-il protéger les Industries Marocaines?
Depuis le recensement fait par l'ancienOffice Economique, en 1926, personne n'aencore réussi, administration ou groupements divers, à dresser un tableau vraimentcomplet des industries existantes. Cependant, nous allons essayer de tracer dans sesgrandes lignes le développement des affaires industrielles au Maroc, en dégageantleur situation actuelle.
La révision de l'Acte d'Algésiras étant,paraît-il, une des préoccupations gouvernementales du jour, nous étudierons impartialement si cet acte a été profitable ou nonaux industries. Nous espérons que notre exposé fixera, chez nos abonnés du Maroc,l'importance réelle de l'industrie de leurpays, quant à nos lecteurs étrangers, ils ap-
prendront ce que le Protectorat fournit déjànormalement et pourront éviter de s'employer dans une concurrence en pure pertepour certains articles ; inversement, ils reconnaîtront des débouchés éventuels pourcertaines matières premières nécessaires àl'industrie marocaine ou acquerront lacertitude de pouvoir trouver au Maroc, àmeilleur compte qu'ailleurs et à qualité égale, certains produits comme les conservesde poissons ou de légumes, par exemple.
Le Maroc, colonie de peuplement et deproduction agricole intense, devait fatalement donner lieu à une poussée très vivede l'industrie alimentaire.
Les minoteries, comprenant plus d'unevingtaine d'établissements importants, peu-
4 BULLETIN COMMERCIAL DU l\IAROC
vent traiter annuellement plus de 1.800.000qx de blé. A ces usines européennes ilconvient d'ajouter un grand nombre de petits moulins indigènes. L'importation desblés et dérivés étant interdite dans la zonefrançaise, ces établissements approvisionnent à eux seuls le marché intérieur. Ils ontde plus un débouché assuré sur la France,grâce à l'octroi d'un contingent pour les semoules et farines.
Les expéditions sur la France ont été del'ordre de 53.000 qx en semoule de blé pourl'année 1933. Malheureusement, la protectionappliquée aux blés et dérivés a entraîné lahausse des prix intérieurs et ces minoteriesne peuvent pas, dans l'état actuel, placerleurs fabrications à l'étranger sans le secoursde primes allouées parcimonieusement parl'Etat. Elles subissent donc le contre-coupde la protection, qui s'est traduit par unehausse des prix de revient
Nous ferons la même constatation pourl'industrie des biscuits et des pâtes alimentaires. Cette branche de l'activité a particulièrement souffert des hauts prix des farines artificiellement maintenus. Les troisprincipales biscuiteries de Casablanca, l'unepouvant produire 3.000 kg. par jour, les deuxautres de 500 à 600 kg. chacune, sont évidemment concurrencées, sur leur propremarché, par les industries étrangères quilivrent des biscuits fabriqués avec de la farine achetée aux cours mondiaux, alorsqu'elles-mêmes ne peuvent employer quedes farines payées sur place à des prix maintenus élevés par la prohibition d'entrée. Aussi, l'importation des biscuits étrangers a-telle atteint, malgré l'industrie locale, 4.200qx valant près de deux millions de francsen 1933, la Belgique étant, en tonnage, leplus fort importateur.
Les fabriques de pâtes alimentaires sontau nombre de vingt environ dans tout leProtectorat, dont huit à Casablanca. La situation était la même que pour les biscuiteries jusqu'au milieu de 1933, et les fabriques locales luttaient difficilement contreles pâtes alimentaires étrangères fabriquéesavec des semoules payées aux cours mondiaux. Depuis, elles ont obtenu une protection efficace, grâce à l'interdiction d'entréedes pâtes alimentaires d'importation, maiscette interdiction comporte quelques dérogations pour les pâtes de luxe, françaises ouitaliennes, qui peuvent pénétrer dans la limite d'un petit contingent. Cependant, leclient privé des pâtes auxquelles il était habitué, n'a pas toujours reporté ses achats
sur la production locale. La loi de lasubstitution s'est révélée exacte dansce domaine comme dans d'autres. Heureusement, pour l'avenir de ces industries alimentaires, qu'une baisse sensible du prixdes céréales atténue sans cesse la marged'écart entre les prix locaux et les coursmondiaux qui fut, au cours de l'année 1932,de 80 fr. par quintal en moyenne.
La fabrication des bières, eaux gazeusesdiverses, sucres et vinaigres, à l'inverse desproduits précédents, ne donne lieu à aucuneprotection, et porte sur des produits locauxou d'importation, achetés aux cours mondiaux. Ces affaires semblent prospères. Citons, pour les bières, la grosse usine Casablanca « Les Brasseries du Maroc », dontla production mensuelle se chiffre par 6.000ou 7.000 hl. Malgré la concurrence extérieure qui a placé au Maroc, en 1933, 23.000 hl.de bières françaises, espagnoles et allemandes, valant près de 3 millions de francs,cette société a réussi à exporter 4.200 hl.valant 420.000 fr., dont 800 hl. sur l'AfriqueOccidentale Française. Beaucoup de brasseries, situées dans de vieux pays protégés,pourraient envier les résultats obtenus parcette société, dont les bénéfices s'inscriventà chaque bilan pour des chiffres dépassantgénéralement la moitié du capital social !(Cf le Bulletin Commercial du 5 juin, page17, Chronique financière).
L'installation de la Compagnie Sucrièreest encore trop récente pour qu'il soit possible de se prononcer sur le rendement decette affaire, qui peut produire de 20.000 à30.000 tonnes par an ; cependant, il est loisible de constater que cette raffinerie, quifait venir sa matière première de l'extérieur,a dû travailleur dans des conditions satisfaisantes, les statistiques trahissant pour l'année 1933 un chiffre d'importation de 24.191tonnes de sucre brut contre 10.614 T. en1932 et 356 T. seulement en 1931. On saitque l'usine fut mise en marche au milieude 1932. L'importation (surtout française etun peu tchécoslovaque) est tombée de136.000 T. en 1931 à 131.000 T. en 1932 et124.000 T. en 1933, ce qui semble prouverque, sans avoir recours à des moyens artificiels de protection, les industries localesaussi bien qu'importatrices, peuvent trouver un débouché intéressant.
En nous bornant à signaler les 3 ou 4vinaigreries marocaines, d'une capacité annuelle de production de 9.000 à 10.000 hl.de vinaigre, dont le débouché n'intéresse
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 5
guère que les seuls européens, nous passerons à l'importante section de l'industriealimentaire des conserves de poissons et delégumes.
L'industrie de la pêche compte actuellement 14 usines d'inégale importance (7 àCasablanca ; 3 à Fédala ; 2 à Mazagan ;2 à Safi). Mais, cette année, six affairesnouvelles viennent grossir ses rangs. Cesdernières entreprises sont en cours d'installation à Safi, qui possèdera désormais sixou huit usines et assurera une productionde conserves de poissons au moins égale à25% de la capacité des usines de la régionCasablancaise. Deux de ces nouvelles affaires se signalent plus particulièrement parleur importance, l'une pourra faire 100.000caisses de conserves par an ;, l'autre de 3.000à 4.000 qx. de salaisons (sardines pressées).Malheureusement, la création de ces affairesa quelque chose d'artificiel. Elles semblentse monter surtout dans le but de participerà la répartition du contingent de 50.000 qxd'entrée en franchise sur la France. Néanmoins, on peut espérer que toutes ces usinestravaillant dans des conditions parfaites pourl'établissement d'un prix de revient bas(abondance et bon marché de la pêche, coûttrès bas de la main-d'œuvre, absence d'impôts et de lois sociales comparables à ceuxdes vieux pays, etc... ) pourront exporterleur surplus dans de très bonnes conditionssur l'étranger, ou même en France, en acquittant les droits du tarif minimum pourles quantités dépassant le contingent.
Aussi, les directeurs des anciennes usinesde conserves, effrayés à juste titre par cesnouveaux concurrents, sont-ils nettementopposés à toute modification de l'Acte d'Algésiras qui aurait pour résultat d'entraînerune hausse des prix intérieurs et, partant,de leur fermer les débouchés à l'exportation,la seule chance de vie qui leur reste.
* * *
Si, quittant le domaine alimentaire, onpasse à d'autres industries, comme les Huileries et savonneries du Maroc, on constateque dans cette branche également, la facultéde produire à des prix de revient très basa été un facteur de succès. L'usine la plusimportante, située à Casablanca, produiraitde 4.000 à 5.000 tonnes de savons par anet raffinerait environ 3.000 tonnes d'huile desoya. Les résultats sont satisfaisants, malgréles fortes importations presque exclusive-
ment marseillaises, grâce au développementdes habitudes d'hygiène chez l'indigène. En1933, la France a placé 6.000 tonnes de savons au Maroc, contre 5.000 en 1932 et 4.860en 1931.
Les trois fabriques de bougies installéesà Casablanca, dont l'une peut produire annuellement environ 600 tonnes, et les deuxautres réunies 600 tonnes également, pourraient exporter dans de bonnes conditions,notamment sur les colonies françaises, sil'incidence de certains droits de portes nevenait augmenter les prix de revient. Ellessouffrent de la concurrence étrangère, etaussi de la régression· de l'emploi des bougies même chez l'indigène, à cause du développement de l'électricité. Il est vrai qu'elles doivent faire venir leur matière première (la paraffine) de l'extérieur. Les importations, presque toutes d'origine étrangère (anglaise, polonaise, italienne) ont étéde 3.186 tonnes en 1933, contre 2.913 en 1932et 2.666 en 1931.
L'importante usine Casablancaise des superphosphates, dont la capacité de production est de 24.000 à 25.000 tonnes par an,trouve une de ses principales ressourcesdans l'exportation. Le chiffre total des ventes de superphosphates sur l'étranger s'estélevé à 6.513 tonnes en 1933 contre 7.727en 1932 et 9.850 en 1931.
Dans notre étude sur « la constructionet son avenir» (voir le Bulletin Commercial du 5 juin) nous nous sommes longuement étendus sur l'industrie du ciment i lesdeux usines Casablancaises pouvant produire 250.000 tonnes annuellement. La situation de cette branche de l'activité nécessitet-elle une protection ? Il ne semble pas,si l'on juge d'après les bilans accusés parla plus ancienne des deux affaires qui aréussi à placer 125.000 tonnes sur le marchéintérieur en 1933, ce qui lui a permis demaintenir son dividende précédent (cf compte-rendu financier dans le Bulletin Commercial, du 5 juin). La concurrence étrangère avait régularisé les prix en supprimantun monopole de fait, et son action s'étaitrépercutée sur l'essor de la construction,ainsi que nous l'avons exposé. D'ailleurs,cette société songe à augmenter sa capacitéde production par la mise en marche d'unenouvelle usine, dans le courant de l'année1934, fait qui prouve évidemment que lesdirecteurs jugent l'industrie parfaitementviable.
6 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
A cette industrie du ciment, nous rattacherons les nombreuses affaires spécialiséesdans la fabrication des tubes et carreaux enciment, beaucoup prises isolément paraissent insignifiantes mais leur réunion influesur le chiffre de la production.
Il convient de citer en outre les deuxgrosses affaires d'explosifs, ayant toutesdeux des établissements et dépôts dans labanlieue de Casablanca ; l'une déjà ancienne, l'autre d'installation toute récente (milieu de 1933) et dont la prospérité est .fonction de l'essor de la construction et desgrands travaux, partant du bon marché intérieur.
L'industrie du bois est représentée parde nombreux établissements (dépôts de boisimportés) ; à elle se rattache la fabricationdes cageots qui prend de plus en plus d'importance avec le développement de l'exportation des primeurs. L'industrie du meubleest l'apanage de deux grosses affaires etd'une multitude de petits artisans, européensou indigènes, qui travaillent dans des ateliers de 2 à 5 personnes.
L'industrie métallurgique est encore peudéveloppée dans un pays neuf comme leMaroc, toutefois, il convient de noter legrand nombre d'ateliers de constructionsmétalliques et de chaudronnerie, moyens oumodestes, qui se trouvent dans le quartieravoisinant la nouvelle gare de Casablanca.
L'électricité est distribuée pour l'éclairage, par des usines spéciales, dans tous lesgrands centres. Indépendamment, un groseffort a été accompli pour fournir la forcemotrice aux industriels. La centrale thermique de Casablanca et l'usine hydroélectrique sur l'Oum er Rebia sont à mentionner plus spécialement.
* * *Malgré la brièveté de ce tour d'horizon
des industries marocaines, qui comporte,nous le reconnaissons, de nombreuses lacunes, car dans le cadre limité de cet articlenous avons négligé le crin végétal, les scieries de marbres, industries d'exportationtoutes deux, nous espérons avoir suffisamment prouvé que l'avenir de l'industrie duProtectorat réside dans le maintien des prixde revient peu élevés.
Actuellement, gr'âce à son statut international, le Maroc bénéficie de la possibilité
de s'approvisionner sur le marché mondialà des prix très bas ; il dispose, en outre,d'une main-d'œuvre indigène bon marché,s'adaptant rapidement aux conditions de laproduction en série, d'impôts très légers,toutes conditions que lui envient les industries des pays fortement protégés dont larançon est l'aggravation des charges fiscales.
Nous avons constaté que nos industriesétaient prospères, sauf, peut-être, ce quiparaît un paradoxe, celles que l'on a vouluprotéger, comme les fabriques de pâtes alimentaires, ou celles obligées de traiter desdenrées artificiellement maintenues à descours élevés comme le blé et la farine (biscuiteries, minoteries). Impartialement, nousreconnaîtrons que seules deux industriespourraient trouver un avantage immédiatà la protection, celles des ciments et desbougies. Mais ces affaires sont déjà prospères. Serait-illogique, pour augmenter provisoirement leur profit, de frapper la collectivité et notamment un grand nombre decommerçants vivant du commerce d'impor- 'tation, par une protection abusive qui auraitpour résultat l'arrêt des transactions. Lahausse des ciments qui s'ensuivrait porteraitle coup de grâce à la construction déjà ralentie. Pour les bougies, le renchérissementde ce produit consommé par nos protégésà pouvoir d'achat excessivement réduit, serait très mal interprété. Le Français est àjuste titre, fier du développement de Casablanca. C'est avec orgueil qu'il étale leschiffres de la progression rapide de ce portdevenu en 20 ans le 7" des ports français(près de 2 millions de tonnes de marchandises manipulées en 1933).
Donc, l'adaptation et non pas la révisionde l'Acte d'Algésiras est souhaitable, si elletend simplement à donner une certaine autonomie au Maroc pour la négociation de sesdébouchés. Elle sera néfaste si elle se faitsous le signe d'une protection dont l'industrie n'éprouve pas la nécessité, car elle enserait indirectement la pl'enùère victime.D'ailleurs, le marché intérieur est trop petit pour justifier une défense qui s'est montrée néfaste aux industries mêmes de certains pays à consommation intérieure largement étendue.
Le Maroc possède sur les autres pays dumonde le gros avantage de produire à desprix très bas et de pouvoir s'approvisionnerlà où il le veut. Ce serait une faute impardonnable de lui faire perdre cette faculté !
* ~
1
j1
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 7
Comment
Sud -Américains
ouvrir les marchés
aux produits Marocains
Nous avons énuméré, dans un précédentarticle, tous les produits marocains quitrouveraient un débouché facile dans lespays Sud-Américains et plus particulièrement en Argentine.
Pour ouvrir ces marchés, l'essentiel, avanttout, est de faire connaître tous les produitsmarocains aux Sud-Américains.
Parmi les meilleurs moyens, pour ouvrirles marchés Sud-Américains aux produitsmarocains, il y aurait le tourisme. Or, pratiquement, jusqu'à présent, le tourisme auMaroc reste inconnu aux Sud-Américains.Il y a bien deux bateaux français par mois,venant de Buenos-Aires, faisant escale à Casablanca, mais ce sont des bateaux de charge, des frigorifiques, qui ne transportent àpeu près pas de passagers Sud-Américains.
Il n'y a pas un seul bateau allant d'Europe en Amérique du Sud, qui fasse escaleà Casablanca. C'est très regrettable. Que lesbateaux étrangers allant en Amérique duSud ignorent le Maroc, c'est compréhensible. Cela n'est pas admissible pour les ba
,teaux français !
Pour que des touristes Sud-Américainsviennent au Maroc, il faut leur donner desbateaux, autres que des bateaux de charge,qui touchent Casablanca. A cet égard, il fautreconnaître que les lignes françaises desservant l'Amérique du Sud, sont très mal représentées. Nous n'avons plus qu'un vie1.L,{ bateau convenable, le Massilia, de la Sud·Atlantique, lequel ne touche pas Casablanca.Le superbe Atlantique, cet incomparable palais flottant, a disparu. On ne l'a pas remplacé. Les Chargeurs Réunis n'ont que desfrigorifiques, bateaux de seconde catégorie,mettant 27 jours et plus pour aller de Franceen Amérique. Les Transports Maritimes, deMarseille, n'ont que deux bateaux convenables, le Campana et le Florida, qui ne fontpas escale au Maroc, encore font-ils bientriste figure à côté de tous les nouveauxbateaux italiens : les çonte Biancamano,Augustus, Océania, Neptunia.
Les Sud-Américains cherchent, avant tout,les bateaux de luxe. Aussi prennent-ils, pourl'instant, le Cap Polonio allemand, ou les anglais de la Royal Mail et de la Blue StarLine, comme l'Asturias, l'Alcantaras, l'Almanzora, l'Arlanza, l'Andalucia Star, l'Almeda Star et enfin les Italiens dont nousavons parlé ci-dessus, sans compter tous lesbateaux de seconde catégorie de ces paysque l'on prend de préférence aux bateauxfrançais, comme les Sierra et Monte, allemands, à classe unique.
Le port de Casablanca est suffisammentbien équipé pour qu'une grande partie deces bateaux touchent Casablanca, aussi bienqu'ils touchent Vigo et Lisbonne. Il est vraique l'Espagne et le Portugal ont une grandeclientèle pour l'Amérique du Sud, ce quele Maroc n'offre pas encore. Mais le Marocest le point terminus de toute l'Afrique duNord sur l'Atlantique; or, toute cette Afrique du Nord peut devenir une clientèle intéressante pour l'Amérique du Sud, sanscompter que tous les Levantins, Syriens etautres, dont le développement est considérable en Amérique du Sud, prendraient volontiers des lignes touchant les ports nordafricains, s'il en existait.
Tout prochainement, en octobre, il y auraà Buenos-Aires, un congrès eucharistique,où l'on n'attend pas moins d'un million depélerins, dont plus de la moitié, certainement, viendra d'Europe. Pour tous ces pèlerins européens, on a déjà prévu des croisières spéciales, lesquelles ont, à côté de leurcaractère religieux, un intérêt touristique.Il y aura, sans doute, un ou plusieurs bateaux français; or, jusqu'à présent, aucunde ces bateaux affrétés pour ces croisièresen Argentine, français ou étrangers, n'a songé à prévoir une escale à Casablanca, à l'aller ou au retour. C'est dommage. Il est tempsencore. Qu'on y songe. Il appartient auxpouvoirs publics d'y penser et de faire desdémarches dans ce sens.
Le Maroc, comme tout le monde se plaîtà le reconnaître, est un pays qui se prêteadmirablement au tourisme, non seulement
8 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
à raison de tous les merveilleux moyens decommunication qu'on y a créés, mais aussiet surtout à raison de ses sîtes et plus encoreà raison de tous les vestiges qu'on y rencontre d'anciennes civilisations, depuis celles desphéniciens, carthaginois, romains, à cellesplus récentes de notre période moderne. Etpuis, quoi de plus captivant et de plus intéressant que d'y trouver encore tout ce monde arabe tel qu'on peut se le représenter àtravers les Contes des Mille et Une Nuits.
Il a été fait beaucoup déjà pour le tourisme au Maroc par le Syndicat d'Initiativedu Maroc. Il peut être fait davantage encoreen s'adressant, maintenant, non seulement àceux qui peuvent devenir des touristes, mais
des clients intéressants, comme doivent l'êtreles Sud-Américains.
Ainsi, à notre sentiment, il doit être fait,dans toute l'Amérique du Sud, une activepropagande en faveur du tourisme au MarocBien entendu, cette propagande devrait êtresuivie d'organisation de croisières spécialesde touristes Sud-Américains pour le Maroc.Il en existe déjà pour des croisières parcourant tous les ports de la Méditerranée. Ilsuffirait donc de s'entendre avec les Compagnies de navigation qui organisent cescroisières, afin qu'elles joignent dans leurprogramme le Maroc. La chose n'est pas impossible!
René RENARD.
La Cote Commerciale
PRIX DE GROS DES PRINCIPALES MARCHANDISES
Casablanca
DÉSIGNATION
DES MARCHANDISESUNITÉ COURS 1 COURS
DU 11/6 DU 18/61---1----1----11---------1
DÉSIGNATIONDES MARCHANDISES
81 COURS COUR'"UNIT DU 11/6 DU 18/611---------
Blé dur (Maroc) 100 k. Jt At 47» (Chaouïa). . . . . .» 50 -
Blé tendre ............» 56 -
» . . . . . . . . . . • . . .. »Maïs »
Avoine »
Graine de lin »
Fèves (tout venant) »
Pois chiches » . . . l)
Alpiste »
Coriandre »
Amandes douces »
» amères.... »
Crin végétal supérieur .. »
Œufs (courant) I.o/omlrés
Cuirs bœufs salés verts 100 k.Peaux moutons » la douz.Bœufs vivant r e qualité le k.Moutons vivants »
Porcs vivants maigres »
30/50 30/509,50 9,50
'i6 - 76-95/IOO 95/10065/68 65/68
100/122,50100/122,50100- 100-
12,5 12,5092 - 92 -200 200
»
Orge
»» .
»
»
JuilI.5234 -
Jt At 48Juill. 39Juill. 94
« 46JuilI.60JniIl.80In JI 64625 525 -
62/6420/22
150 110 2/2,251,50/3
2/3
JI At 444750
Jo JI 41,50/49
38,50Juin 38,3UO
JI At 51Jn Jt 45Jt At 94Jn Jt 52In At 63JI At 83In JI 64
625525
62/6420/2:i
150110
2/2,301,50/32,50/3
Sucre en pain 100 kg.Huile d'olives du pays »
Pétrole en fût de 200 1. le fûtEssence » »
Houille .. . .. . . . . . . . . ... la t.Bougl'es Fo"~;er 4 caisse.
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Thés verts r e qualité le kg.Café vert Rio N° 7 ))Cotonnades blanches fr.24 ydsVins d'import. bl. ou r. hect.Vins du pays» "
EngraisSuperphosphates 100 k.Phosphates moulus »
Phosphate bicalclque 38·42 0/0 »
Nitrate de soude »
Sulfate d'amoniaque »
Sulfate de potasse »
Poudre de sang '........ »Chaux grasses en poudre »
Chlornre de potassium. »
Nitrate de potasse. . • . . »
205/230420 230 240 200 155 145/16025/40
500 45 70/8065/75
205/240420 230 240 200 155 145/16025/40
500 45 70/8065/75
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 9
PRIX DE DETAIL DES PRINCIPALES DENREES ET PRODUITS DE CONSOMMATION
A CASABLANCA
PRODUITS
EpiceriePain Français ..........•
~ Indigène ..Sucre scié ..
~ en pains .Farine .Riz .Beurre (Russe ou Arg.)
~ (Européen) .Café grillé 1'. qual. . .
~ ~ 2" ~ .Thé (Lipton) ..Bougies .Savon c Marseille ~ .Pétrole .Essence ..Lait frais .Huile d'olives .
~ ordin ..Olives ....•............Vin rouge ou blanc ....Vinaigre ....•..........Haricots secs ..Lentilles .Œufs .
BoucherieViande de bœuf :
de France (hors série) .,1'. qualité ..2" qualité .
Viande de mouton :hors série .r· qualité .2" qualité ..
Viande de porc :hors série ..1" qualité .2" qualité .
Veau de France .~ du pays ..
PoissonsPageot .Merlan .Raie .Rouget ..Soles .Sardines .
UNITÉ
kilopainkilo
2 kiloskilo»»
»
125 gr.paq.
500 gr5 lit.
»litre
»
»
kilolitre
»
kilo»
douz.
kilo»))
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»
»)l
)l
kilo)l
»))
)l
Il
PRIXdu 13 Juinau 19 Juin
l,20 0,50àO,602,20à 2,504,75à5 -
2,401,25à4 4,80 à 1010 à 2818 à 407,50 à 156,00
2,25à5,501,00 à 1,25
6,506,50à6,752,OOà2,256,50ù 9,902,75à3,906 à 8
1,20à2--1,40à2,502 à 1)
2,40à8 3 à 7,20
14 à 24 10 à 126à 7 -
14 à 15 8àl0 6à 7-
l'là 14 lOà 12 8à 9
18à30 l'là 18 -
3,25 à6,504 2
10,50 à 7,7510,50 à ZO,75
2,00 -
PRODUITS
VolaillesPoulet .Canard ..Lapin .•.............Pigeon ..
LégumesArtichauts ..Carottes ..Céleri en bottes .Choux .Choux-fleurs .Courgettes .Epinards .Fèves fraîches .Haricots verts .Navets .
1 Oignons secs .Petits pois ..Poireaux .Pommes de terre :
blanches ou rougesnouvelles .
Salades ..Tomates .Topinambours .
FruitsAbricots secs .Amandes sèches .
)l vertes .Bananes ..Cerises , .Citrons .Dattes .Figues sèches .Fraises .Noix .Pommes .Poires .Pêches ..Oranges .Mandarines .
UNITÉ
unité»
Il
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bottepièce
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bottekilo
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Jl
kilo»)l
»
dOllZ.
kilo»
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»
»
kilodouz.
»
PRIXdu 13 Juinau 19 Juin
8 à1414 à2016 à225 à 6-
0,40àO,501 à 2
2,50à3 là2
0,60à10,20
1 à 1,250,50
1,50à30,25
0,75àll,50 0,50
0,90, 1, I,Z51,25
D,40. D,BD, 0.751,00 1,25 -
2,50 à 67à8 2à3 -
4,50 à 56àlO 3 à 6 .6 à 8 -
2,50à4 10 àl2 -
8 5-6-8 8à 12 5 à 75 à 8-
Le marché
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
marocain vu d'Allemagne
(Extrait du Hamburger Fremdenblatt du 5 Juin 1934)
« Les possibïlités d'importation au Marocfrançais paraissant s'étendre en raisonde circonstances diverses, il semble qu'il serait intéressant de se renseigner plus complètement sur le pays. On évalue le nombredes habitants du Maroc français à environ3 à 4 millions, dont, d'après nos informationspersonnelles, un million constitue desacheteurs de marchandises européennes.Ils se trouvent surtout dans les grandesvilles de la côte et dans les autres grandesvilles de l'intérieur.
« En dehors du port de Casablanca, quis'est développé rapidement au cours desdix dernières années, à la suite de son équipement, l'importation des marchandises sefait par les ports suivants: Rabat, avec sonsite pittoresque, Mogador, Agadir, Safi, PortLyautey, Mazagan, dont les débouchés, à 150ou 120 km. environ de la côte, sont constituéspar les quatre grandes villes de Fès et Meknès au Nord, et Marrakech et Taroudant àuSud. Mais il existe encore un grand nombred'autres villes et localités qui ont une population à puissance d'achat, quelquefois parcequ'elles sont peuplées de garnisons, commeTaza, Saïdia, Taroudant, Oujda, Berkane,Tafilelt, Berguent, Tiznit, qui jouèrent unrôle pendant la pénétration « pacifique » duterritoire.
« Bien que, de source française, certainschiffres de population aient été donnés pources villes, ces chiffres ne reposent que surdes estimations, car comment peut-on fixerpar exemple si Marrakech a 120.000 ou140.000 habitants, quand il n'y a pas encorede contrôle de la population organisé, quand,en plus, les habitants sont illettrés pour laplupart, et quand, par dessus tout, les familles, ou une partie de celles-ci, sont absentes, puisqu'elles mènent la vie de colporteurs, nomades, etc...
« La pénétration « pacifique » des marches de l'Anti-Atlas ne fut pas effectuéeseulement pour avoir tout le pays sous lamain et pouvoir pousser le réseau de routesvers l'Est et contrôler les routes de caravanes(en tout dix parcourent le Sahara du Nord
au Sud) par Taudeni vers Tombouctou, etc...mais pour protéger les recherches pétrolièrescommencées depuis six ans et qui viennentd'aboutir depuis quelques mois, car les forages ont réussi et la richesse en pétroledépasse toutes les espérances. La Francevoulait en somme, à cause de l'importancede cette grosse découverte de pétrole, créerune base de façon à se rendre à l'avenirindépendante pour la fourniture de ce produit et pour cela tenir tout le Maroc français bien en mains, pour pouvoir pousserl'exploitation de ces terrains pétrolifères àtoute allure.
« Ceci devait être expliqué en premierlieu pour comprendre l'activité qui se développe actuellement dans le Maroc français.Le renforcement des garnisons, et l'activitédes constructions de l'Etat qui en est résultée en partie, comme la construction deroutes pour autos, toujours poussées plusavant, dans l'attente d'opérations futures,la subite réussite de la pénétration « pacifique » des territoires de l'Anti-Atlas, et ladétente qui en est résultée dans le Sud, lesforages de pétrole dont les résultats ont dépassé toutes les espérances, ainsi que ceuxobtenus par ailleurs pour l'extraction de lahouille, ont agi favorablement sur le pays,si bien que non seulement une impulsionen fut la conséquence pour l'industrie privée,mais qu'une sorte de fièvre de la spéculationprit naissance. On cherche à se procurer desconcessions et des droits de livraisons ;, lesventes de fonds et de terrains se multiplientdans certaines régions comme lors des prospections d'avant-guerre, à 1'époque où Alfred Mannesman vint lui-même au Marocpour les gisements de minerai.
« On nous annonce qu'il existe une certaine demande en matériaux de constructiondans certaines régions, et nous nous réservons de rechercher quels genres de matériaux sont plus spécialement recherchésdans ces centres. Pour les textiles, les Japonais, par des offres sans cesse meilleurmarché, pour les étoffes de coton et soieartificielle, ont fait perdre à l'Angleterreun gros pourcentage de son débouché.
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 11
« Pour voir comment les besoins du Maroc français se sont développés avec la progression de la civilisation dans ce pays,nous estimons intéressant de fixer la position du commerce allemand avec le Marocfrançais, y compris la zone de Tanger, etde comparer avec les résultats de 1932 :
159837
50315
38214
1932
172193
276113
123
11025
893
51395249107
75
836334
190421
1.079
1.2472.3101.708
732
320813
1.090
2.350
9~
148284
91720884
104377
48255119
5163
601314147
2,820
46685735
660
Bouteilles isolantes :»Verres de table »Appareils et objectifs
photographiques .....» 21Autres articles verre ...» 53Robinets » 392Fer en barres »29.696Arbres métalliques de 2
m/m » 1.135Marchandises en fer blanc» 1.098Cuves » 236Armatures » 765Pelles, etc.. ............» 263Outils .................» 105March. de fil métal. .....» 120Ustensiles de cuisine en
émail , »Fournitures »Serrures et clés »Cuvette de roulements à
billes »Couteaux, ciseaux, rasoirs »Dés, tire-bouchons, etc. »Aiguilles à coudre ..... »Déchets d'aluminium .. »Fonte d'aluminium .... »Marchand. d'aluminium »Fils entièrement ou par-
tiellement en cuivre .. »Laiton »Marchandises en cuivre :»Articles dorés »Objets argentés »Fils pour l'électrotech-
nique ................» 516Machines à écrire .. pièce 51Machines à calculer .. » 16Phonos »1.457Parties de phonos dz 16Caisses enregistreuses pièce 24Tracteurs dz 125Moteurs diesels ........» 194Pièces détachées ......» 56Machines à coudre ....» 41Machines à travailler le
métal ................» 227Machines à travailler le
bois »Charrues et machines.
agricoles ............» 353Pièces détachées .......» 79Machines à nettoyer les
récoltes »Machines pour moulins »Pompes »Machines pour le froid »Appareils de levage, grues»
1933
22
114523
478
392
11916
1932
2.186
2.469
358
2.885150
188
171533328
1.306
2.833
3,3
1.386
4341.276
334
9.55214.8831.228
4710
11275322
431508
232.223
5321313
4,2
(dz=100 kgs.) 1933-------Pommes de terre dz 5.791Bois de sapin fm 3.905Huile de soya dz 983Produits chimiques » 253Viandes » 435Houilles t.23.334Briquettes t.Huiles minérales de grais-
sage dz 1.495Carbure de calcium » 1.254Couleurs » 310Crayons grosse 1.211Laques dz 201Articles de beauté ....» 98Eau dentifrice .........» 114Alcaloïdes .............» 10Médicaments ..........» 22Soie artificielle non teinte» 118Tissus mélangés en soie
artificielle »Bas en soie artificielle .. »Parements en soie »Tissus de laine »Tissus de coton »Feurtres »Torchons »Souliers de cuir de 600
à 1.200 g. . pairel0.40SSouliers de cuir de 600 g. »12.021Cadres d'autos pièce 1.441Diverses marchandises en
caoutchouc dzFilms pour photos »Marchandises en cell u-
loïd »Papier d'emballage »Article en carton »Tissus d'asbeste »Stéatite »Ambre jaune »Carreaux de revêtement
pour murs » 3.148Autres produits similai-
res » 771Services de table porce-
laine » 438Bouteilles »1.354Verres ................» 213
12 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
« Cette comparaison est très précieuse,car elle laisse voir dans quel sens des progrès peuvent être réalisés.
« Le commerce allemand d'importation en1933 en provenance de ce pays s'est, parailleurs, comporté comme suit (les chiffres
84
3.6274
318
52757824012235
entre parenthèses sont ceux de l'année 1932).Phosphates 934.514 qx (890.600)Crin végétal 156.062 (139.256)Millet 1.281 (1.047)Graine de lin 2.818 (32.031)Dattes et raisins .,. 1.400 (910)Amandes sèches 1.058 (1.357)Liège brut 10.982 (9.048)Gomme 227 (264)Manganèse 5.505 (1.085)Autres minerais 2.223Boyaux 80Peaux de moutons .. 285Poils de chèvres .,. 68Tomates 868Laine en suint .. , . 213
« Les chiffres d'exportation montrent ainsi que l'Allemagne, à l'exception des textiles,est bien introduite pour beaucoup d'articles,et qu'il serait intéressant de continuer àprogresser plus avant pour les disques,fils pour l'électrotechnique, fils de cuivre, fer à forge, houille, bois de sapin, aluminium, carbure de calcium, etc... Maintenant que l'on nous a accordé l'autorisationde commercer et de circuler librement dansle Maroc français, nous devrions tenter notre chance pour améliorer notre position surtous ces articles et même en développerd'autres. »
51
276222
347
332471
551853
160
1932
3.672
1.298616
1933
Machines pour reliure .. »Machines à polir le verre »Pièces détachées »Dynamos »Installations de téléphone »T.S.F »Compteurs électriques .. »Cuisinières électriques et
appareils de chauffage »Installation électrique
pour lumière ........» 319Tubes d'isolement pour
fils électriques »Outils piècePièces détachées d'avions »Pièces détachées pour
vélos dz 239Horloges » 277Disques pour phonos, pièce38.458Harmonica »1.153Jouets dz 532
I~CHOS
LA REGLEMENTATION
DE L'EXPORTATION INVISIBLE
Beaucoup de Casablancais se sont étonnésde voir les touristes Allemands au Maroc,circuler à pied dans notre ville, éviter lesmoindres dépenses, si futiles fussent-elles,ils en ont conclu à une grande misère outreRhin, ou à une avarice sordide. L'Exportateur Français du 7 juin nous donne la raisonde cette impécuniosité des touristes allemands.
L'Allemagne a ramené de 700 à 200 rentenmarks la limite des capitaux exportablespar ses touristes se rendant en France, alorsqu'elle maintient le chiffre antérieur pourceux qui se rendent en Suisse ou en Italie.(Le rentenmark vaut environ 6 francs).
L'Italie a interdit les exportations de devises. Pour les besoins des Italiens voyageant
à l'étranger, les sorties de devises sont limitées à un maximum de 5.000 lire par tête.
L'Espagne ne laisse sortir que 5.000 pesetas, qu'il s'agisse d'un seul voyageur ou detoute une famille.
La Hongrie n'accorde que 50 pengos.
La Tchécoslovaquie ne limite pas les sorties de devises pour la Yougoslavie et l'Autriche, elle autorise 9.000 couronnes pourl'Allemagne, mais fixe à 1.000 couronnes seulement l'exportation à destination de tousles autres pays dont la France.
La Pologne ne réglemente plus la sortiedes devises, mais elle exige que chaque nation lui envoie en réciprocité un nombre detouristes égalant celui qu'elle a laissé sortir.
L'Autriche permet à ses nationaux se rendant en France d'emporter 200 schillings.
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 13
Nous pensons que le Service du Tourismen'aura pas manqué en présence de cette réglementation de demander à chacun desconsuls des pays intéressés, le sort réservéau Maroc dans la discrimination des sommesautorisées. Nous aimons à croire que leProtectorat, dont la balance commerciale estlargement déficitaire avec tous les pays cidessus cités, sauf l'Espagne, ne sera pas,par surcroît, traité en parent pauvre sur laquestion touristique. La Tchécoslovaquie,par exemple, qui nous vend pour 3 millions500.000 par trimestre, et ne nous achète rien,va-t-elle en plus tarir les courants touristiques possibles sur le Maroc ?
LES LAINES EN SUINT
La vente aux enchères pour 35 tonnes delaine en suint, à laquelle procédait la Société Nord Africaine de Ventes Publiques,le 8 juin dernier, n'a donné aucun résultat,les acheteurs ne voulant pas dépasser leprix de 3 fI'. 50 pour les lots les meilleurs,tandis que les vendeurs exigeaient au minimum 4 fI'. 25 au kg..
Les transactions étaient genees par lanouvelle baisse de 18%, signalée la veille,de Marseille, baisse qui résultait de l'interdiction d'importer en Allemagne de la lainebrute et des produits lainiers semi-ouvrés,jusqu'au 30 juin.
« Les Echos » estiment que les stocksallemands de textiles bruts à fin mai repré-
sentaient 4 à 5 mois de production et queles stocks de produits fabriqués chez lesdétaillants avaient crû sensiblement depuisjuin 1932, soit à concurrence de 150 à 200%de la production industrielle textile mensuelle.
Il est fort possible que les interdictionsd'achat soient reportées, de mois en mois,plusieurs fois encore. Nous ne manqueronspas de tenir nos lecteurs au courant de cettequestion, qui intéresse une des branches del'exportation marocaine, qui a été la plusvivement touchée au cours de ces dernières années.
Rappelons que dans notre numéro du 1er
mai 1934, nous avions déjà consacré unerubrique à l'interdiction d'exportation descuirs et peaux en Allemagne, et à la chutedes exportations de laines marocaines.
IMPORTATION DES CEREALES
EN HOLLANDE
La centrale des céréales des Pays-Bas faitconnaître que depuis le 4 juin l'importationdes céréales de Hongrie, Roumanie, Yougoslavie, Bulgarie et Pologne, ne peut s'effectuer que contre compensation d'échange demarchandises des Pays-Bas ou des IndesNéerlandaises.
(Hamburger Fremdenblatt, du 5 juin1933) .
Cl1fOl1iqtle Y--'il1al1Cière ~-~~~~~~
l.1a Bourse de l:larisLa Bourse a connu durant cette quin
zaine un accès de pessimisme exagéré. Lepublic reste dans l'expectative. Malgré ledépôt du projet de réforme fiscale et lessérieux dégrèvements qu'il comporte, l'ambiance n'est guère favorable. Les professionnels sont impuissants à assurer eux-mêmesun courant suffisant de transactions et nese mettront à acheter que lorsqu'ils sentiront que le public est prêt à suivre. Or,celui-ci demeurera réservé tant que l'atmosphère politique ne s'éclaircira pas. Laréduction de 3,5 à 3% du taux de l'intérêtdes bons de la défense, les rentrées d'or
considérables de ces dernières semaines,bien que favorablement commentées, sontrestées sans effet sur le marché.
Cependant, on ne saurait trop conseillerd'acheter pendant cette période creuse pourprofiter du redressement qui ne peut guèretarder.
Les grandes valeurs industrielles françaises sont appelées à bénéficier en premièreplace d'une amélioration de l'orientation générale des marchés financiers.
Les valeurs de matières premières ont,par ailleurs, une marge bénéficiaire appréciable, et il faut prévoir d'ici l'automne uneavance certaine des valeurs de caoutchouc,d~ pétrole et de cuivre.
14 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
Bruits el Nouvelles
SOCIETE MAROCAINEDES AUTOMOBILES PEUGEOT
Les comptes de l'exercice au 31 octobre1933 de cette filiale de Peugeot se soldantpar un bénéfice de 237.583 fr., qui a permisde répartir, après avoir affecté 104.000 fr.aux amortissements et 63.790 fr. à la réservespéciale, 8% d'intérêt au capital.
CHEMINS DE FER DE TANGER A FES
Recettes du 1er janvier au 11 mars 1934 :2.011.000 francs contre 2.283.600 fr. pour lapériode correspondante de 1933.
COMPAGNIE DES CHEMINS DE FERDU MAROC
Recettes du 1er janvier au 11 mars 1934 :10.665.680 francs contre 10.462.880 francspour la période correspondante de 1933.
1
Les Valeurs MarocainesBourse de Paris
~aroc 4 1/2 % 1929 .~aroc 4 % 1930 .~aroc 4 % 1931 .~aroc 4 1/2 % 1932 .Banque Commerciale du ~aroc .Banque Africaine du Nord .Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie .Société ~arseil1aise .Foncière Lyonnaise .Chemins de fer du ~aroc .Energie Electrique du ~aroc .~arocaine Distribution Electricité .Saint Frères (priv.) .Aciéries de Longwy .Compagnie Française des ~étaux .Schwartz-Hautmont .Lilles Bonnières (priv.) .Superphosphates et Prod. Ch. ~aroc .Port de Fédala .Ports ~arocains .Compagnie Générale Transatlantique .Transports ~aritimes .Chaux et Ciments du ~aroc .Paris-Maroc .Compagnie Asiatique et Africaine .Etablissements Henry Hamelle .: .Compagnie Générale du Maroc .Compagnie ~arocaine .Tabacs du ~aroc .Chemins de fer Tanger-Fès .Ougrée-~arihaye .Société Auto-Hall .Brasseries du ~aroc, act .Brasseries du ~aroc, parts .Poliet et Chausson ~aroc .Crédit FonCier Ouest-Africain .~aroc 1910 .
COURS COllRS
du 5/6 du 20/6
84] 870804 821800 816844 86896 101
324 332620 620529 521
1.425 incotéincoté »1.750 »1.250 1.190
134 145235 235
1.825 1.851incoté 695
695 690incoté incoté
765 807943 94527 25,50
incoté 133118 108
7 7,259,50 10
1.925 1.950390 415250 265
7.695 7.810incoté incoté
4]5 40654 59,50
369 3573.160 3.150
incoté incoté708 674802 incoté
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC.
BULLETIN DE L'OFFICE DE COMPENSATION DE CASABLANCA
15
NOMBRE DERNIER COUPON COURS DUValeur VALEURS Demande OIlreDE
TITRES nominale PAYR LE NKT UJuln 21 Juin--------
Bons et ObligationsCaisse de Prêts Immobiliers du Maroc
7.3il 500 1-4 - 34 20- Bons 8% ex cp 16 ............ 525 - 512 5254.606 500 1-4 - 34 17,50 ~ 7% ................... 525 - - 520
38ti .190 500 1-4 - 34 15- ~ et oblig. 6% ............ 502/500 500 - -25.000 1.000 1-1 - 34 25- Office Chérifien des Phosphates 5% 880 885 - -
Actions40.000 1.000 30- 5-33 - Caisse de Prêts Immobiliers du Maroc - - 7')- -_;)
(lib. de 250 fr.)4.400 500 15-1-32
1
25- Anciens Etabl. Buisson Act. A .... 3'20 - - 3302.000 500 15 - ]-32 25- :1> :1> ~ Act. B .... - - 320 -
12.800 2;)0 ]5 - 5-33 20 - cte Afr. At. Cons. Schwartz-Hautmont - - - 2554.2UO 500 1-12-33 2~- Etabl. Bernard Héguy ............. - - - 3]05.000 500 1-5-33 40- Huileries et Savonneries du Maroc .. - - - -
15.000 lOO 1-8-33 15 - Africaine de Matériel Industriel ... - - - 1503.600 500 15-12-33 40- Anciens Etabl. Henri Bernard ..... - - - 370
30.000 100 31-5 - 33 4,50 CIe Autonome Chérifienne ......... - - - -]0.000 500 31-12-33 100 - c'e Africaine dé Transports ....... 2.100 2.100 - -9.000 500 15-12-33 2-1,] 0 c,e Fasi d'Electricité ............... - - 1.050 -
45.000 100 15 - 7-33 12- France-Auto, act. anc. ............. 120 - - 13035.000 100 1~) - 7-33 10,50 :1> act. nouv. ............ 115 - - ]2060.000 100 15 - 6-30 l'l,50 Générale Automobile Marocaine .... - - - --10.000 100 31 -7-31 ]5 - Marocaine d'Automobiles ........... 50 - - -
160.000 250 1 -8-33 45 - Omnium Nord-Africain ............ 585 585 - -31l.000 WO 5-12-33 9,33 Tramways et Autobus de Fès ...... 60 - - -16.000 ](lO 16-10-:l:l 7- Tramways et Autobus de Meknès ... 75 75 - -7.500 1.000 1 - 6-33 ]00 - Immob. et Finan. Chérifienne •••• ··1 1. non - _. 1.100
1
Parts bénéficiaires620 - 15 - 1-31 2~· -1 Anciens Etabl. Buisson ............. - - - -
1
] 1 0 - Etabl. Bernard Héguy ..............
li
120 - ]-]2-:)2 - - -- -3.000 -- 15-]2-33 12,25 rOmp,gille ~"i d'EI,ctdcité ........ 425 - - 455
500 -- 31-7-31 33,33 Marocame d Automoblles ........... - - - -')~h .- 6 - 6-33 336,06 Immob. et Finan. Chérifienne ...... 2.70cl - -.... Jt)
Coursprécédents
4.500206542
50032
20
275
llO
A titre indicatif : Hors cote
Actions Banque d'Etat du Maroc .:. Marocaine d'Approvisionnements (S.A.M.A.) .:. Mines d'Aouli.......................... V.P.:. Mines d'Erdouz .~ Comptoir Immob. du Maroc .:1> Fez-Auto .~ Auto-Rabat. . . . . . . . . . . . . . .. . .:. Mines du Bramrane Tensift .:. C:hérifienne dllivernage .......................•.....:. Briqueteries, Carrières et Usines d'El Hank .:. Transports de Rabat-Salé ..:. Minière des RehaInnas .:. Etablissements Industriels J. Lafon .:. Moulins de Fès .
COURS IlU
Demande nItre14/6 21/6--------
- - - -18 16 - -- - 70 -- - 45 -475 - -- 470- - - 30- - - 200- - - 100- - - 20
- - - 600- - 305 -- - - 500- - - 100- - - 300
16 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
Chrol1iqtle 1-\gricole
La Crise Agricole (1) (suite)
LES CONTINGENTS ET LA LOI DU 6 AOUT 1933
La métropole vient de fixer les contingents de produits agricoles marocains qu'elleacceptera en franchise des droits de douaneau cours de la campagne 1934-1935.
L'événement présente cette année uneimportance exceptionnelle, en raison d'uneloi récemment votée par le Parlement, celledu 6 août 1933 ; il m'oblige à interromprel'étude des crises agricoles et de leur mécanisme pour montrer la portée de l'un desconcours les plus énergiques apportés parla Puissance protectrice au pays protégédans ces temps de restrictions.
Il est nécessaire, tout d'abord, de rappeler la crise agricole très brève qui a sévien 1921-1922.
A cette époque, comme aujourd'hui, maisà un moindre degré, la production agricoledu Maroc était surabondante ; le développement du pays faisait prévoir un accroissement de l'excédent; la baisse des prix sefaisait sentir et menaçait d'être désastreusepour une colonisation naissante, si elle secontinuait. L'ouverture rapide du marchémétropolitain - alors mal approvisionné- apporta un remède rapide à la situation.
Deux mesures contribuèrent à obtenir cerésultat. La première fut l'institution provisoire d'une prime à l'exportation du blé,destinée à compenser les droits de douaneperçus à la sortie de cette céréale ; cetteprime disparut au bout de quelques mois,dès que les dits droits purent être supprimés. La seconde mesure fut l'admission enFrance d'un contingent de diverses marchandises marocaines en franchise des droitsde douane.
La crise agricole dura à peine un an ;dès 1923, les emblavements reprirent leurextension rapide et c'est au début de cettemême année que se placèrent les premiersessais méthodiques en vue d'organiser l'exportation de nos primeurs.
Ces deux faits montrent l'importance desmesures prises alors et leur succès. L'his-
toire de l'agriculture marocaine au coursdes années qui suivirent, est trop connue,pour que j'insiste : l'équilibre de l'offre etde la demande s'est rétabli presque instantanément ; les crises locales de surproduction se sont évanouies, du moins celles quipréoccupaient le plus l'esprit public. Pourles cultures qui souffraient elles-mêmes depléthore en Europe, il n'en a pas été demême et celle du lin textile, qui avait couvert quelques 1600 hectares au Maroc, etqui avait alimenté deux usines de rouissage,disparut alors. Les efforts d'un colon, qui futappelé à jouer un rôle actif dans la défensede l'agriculture marocaine· au cours de cesdernières années, sont restés impuissants,malgré les appuis qu'il obtint de l'Administration marocaine, et aussi des industrielsfrançais, car il est indispensable de soulignerle concours que ceux-ci apportent depuislongtemps à l'agriculture de ce pays. Leurrôle est essentiel et c'est précisément surlui que la métropole vient de se baser pournous aider à résoudre la crise présente, sij'interprète bien le décret fixant les contingents pour l'année 1934-35.
Le trait caractéristique de ce texte n'estpas le maintien du contingent convenu pourles blés: l'encombrement du marché français, semblable à celui du marché marocain,ne permet guère de penser qu'en l'ouvrantplus largement on apporterait des apaisements définitifs à notre gêne. Si nous devonsdéfendre énergiquement les avantages acquis, nous ne pouvons que nous incliner devant les préoccupations propres de la métropole; nous ne pouvons faire valoir quela qualité d'une partie de nos blés pour répondre éventuellement à des besoins nonsatisfaits par l'agriculture française. Lesstocks mondiaux sont encore trop importantspour que l'on puisse revenir rapidement àune situation saine, celle où il y a à peuprès équilibre entre la production et la
(1) V. n° 1 à 6 du Bulletin Commercialdu· Maroc.
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 17
consommation. S'il est permis, s'il est impéTieux de trouver de ce côté des palliatifstemporaires à nos maux, c'est ailleurs que,pour le présent, on peut espérer des remèdes durables aux conséquences financières de la crise.
Les contingents accordés pour l'avoine,l'orge, les fèves, les oranges, les mandarines,ne nous apportent aucune nouveauté ; ilssont à peu de chose près ceux de l'an dernier ;: ils ne modifieront pas sensiblementla situation générale. Ceux des pommes deterre sont maintenus ; ceux de légumes fraissont fixés à titre provisoire seulement; ilsont été légèrement augmentés, à titre indicatif. La métropole tient donc compte de lavocation horticole du climat marocain.
Les contingents suivants ont été augmenés :
Ceux de maïs ont été portés de 500.000qx à 850.000 ;
Ceux de lin (graine) de 100.000 qx. à200.000 ;
Ceux de pois ronds de 60.000 qx à 80.000 ;Ceux d'amandes en coques de 700 qx à
1.000 ;Ceux d'amandes sans coques, de 24.000
qx à 30.000 ;Ceux d'écorces à tan de 5.000 qx à 15.000 ;Ceux de henné de 15 qx à 50.Quelle est la signification de ces mesures?
Quel parti tirer de ces dispositions ?Elles donnent, d'abord, une directive gé
nérale : diversifier les cultures annuelles,donner une impulsion plus vive à certainesd'entre elles: maïs, lin à graine, pois, etc.. ,au détriment de celles qui encombrent unmarché déjà congestionné, de celle du blétendre en particulier.
Elles ont, en outre, une portée plus pré<:îse.
L'exonération des droits pour les écorcesà tan sont un encouragement évident auxplantations d'acacias et autres arbres à tanin, et favorisent la reforestation des régions"pauvres, remède classique aux crises agri.coles de surproduction.
Les contingents accordés pour les amandes ont une signification double : encourager les envois directs de ces fruits du Marocvers la France, et, d'autre part, favoriserla plantation des amandiers et pousser noscolons - aussi bien que nos indigènes à demander à ces arbres des ressources queles céréales leur donnent parcimonieusementdans les régions mal adaptées à la produ,ction du blé, celles du Sud surtout.
Le henné n'est guère cultivé au Maroc;néanmoins, le Souss et le Draa pourraientdans certains cas, trouver en lui une denréeà donner en échange du blé et de l'orgedont ces contrées ont besoin. Ce contingentaiderait à résoudre certains problèmes deravitaillement et d'agriculture indigène ;. ilest un appui immédiat, un encouragementtrès net de la Nation protectrice à ses protégés.
L'accroissement des contingents de maïset de graine de lin vise deux cultures quisont surtout pratiquées par les indigènes :il a donc en premier lieu la même signification d'assistance au peuple protégé que celuidu contingent de henné. Sa portée est plusvaste : il intéresse un grand nombre defellahs ; en outre, aider l'indigène à écoulerses maïs et ses lins à bon prix, c'est, dumême coup, l'aider à réduire ses culturesde blé tendre, à décongestionner le marché.Les colons s'orienteront aussi dans cette voie.Ce remède à la crise du blé - dont la nécessité était déjà apparue à quelques espritsil y a plusieurs années - prend donc uneforme concrète. Les nouvelles facultés d'exportation que l'on donne au Maroc correspondent, pour ces deux plantes, à la production de plus de 50.000 hectares. La réductioncorrespondante des emblavures de blé amèneraient facilement une diminution de400.000 qx dans la production de cette céréale ; on aboutirait à peu de chose près àl'équilibre entre cette dernière et les facultésd'absorption du marché (y compris l'exportation sur l'étranger).
Il est évident, d'autre part, que cette vuesimplifiée des choses est un peu théorique ;il est au moins difficile - je dirais volontiers impossible - de réaliser en un an pareille modification dans la distribution descultures. Bien plus, les lins et les maïs quiseront exportés au cours de la campagne1934-35 sont ensemencés depuis longtemps;les lins sont déjà récoltés. Les négociateursfrançais, qui ont consenti le contingent, connaissent cette particularité ; il est indubitable qu'en répondant ainsi à l'appel de nosreprésentants, ils voulaient indiquer au Maroc la voie à suivre pour sortir de la criseselon leur conception.
Cette volonté d'assistance ressort nettement des dispositions de la loi du 6 août1933 tendant à .établir des droits de douanesur les fruits et graines oléagineux ; l'article 4 prescrit, en effet : « Dans la limitedu crédit qui sera ouvert, chaque année,par la loi de finances, et qui sera égal aumaximum, aux trois quarts du supplément
18 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
culteurs pour lutter contre la crise du blé,et, suivant la réflexion profondément justeque formulait un des plus éminents négociants en céréales de Casablanca, dans unede ses études sur la crise du blé, nous nepouvons pas envisager pour celle-ci une solution de restriction : notre situation exigeque nous allions vers une production plusgrande de richesses exportables. La France,grâce aux efforts obstinés de nos négociateurs, et, en premier rang, de Monsieur leRésident Général et de Monsieur le Directeur Général de l'Agriculture, nous en offrele moyen : aux sacrifices de ses industrielsil appartient à nos ruraux de répondre parun effort de rénovation culturale et à noscitadins par des initiatives d'organisationcommerciale et industrielle. L'esprit d'entreprise du peuple marocain ne laisse aucundoute sur le parti qu'il tirera des circonstances.
Comme la loi sur les contingents et la suppression des droits de douane à l'exportation des céréales ont marqué la fin d'unepetite crise agricole en 1921-22, et le débutd'une phase importante dans l'évolution del'agriculture marocaine, la loi du 6 août1933 et le décret de 1934 fixant les contingents sont appelés à marquer une atténuation permanente de la très grave crise actuelle et le commencement d'une ère nouvelle pour notre agriculture, celle de la multiplication des cultures annuelles, de la division des risques, de la recherche de lastabilité économique, celle, aussi, de la collaboration plus rationnelle et plus confianteavec le commerce et l'industrie.
de produits résultant de l'application dunouveau tarif... il sera procédé à la suppression des taxes de sortie et à la réductiondes tarifs de transports intérieurs, à l'allocation de subventions aux sociétés officiellesde prévoyance et organisations agricoles similaires, et, d'une manière générale, aufinancement de toutes mesures susceptiblesd'améliorer la production et de bénéficierdirectement au producteur local.
« Des décrets, rendus sous le contreseing du Ministre des Colonies, et du Ministre du Budget, fixeront les modalités d'application du présent article. »
Le texte ne laisse aucun doute sur lavolonté de la métropole de venir en aideà ses protégés en leur réservant largementses achats de fruits et graines oléagineux ;le sacrifice qu'elle impose à ses industrielsest incontestable: 8 fr. par quintal pour lesgraines de lin ; 13 fr. 70 pour le sésame ;9 fr. 20 à 9 fr. 90 pour la moutarde et lecolza; 15 fr. 50 pour la navette; 16 fr. pourl'œillette; 11 fr. pour le ricin; 10 fr. pourle pavot ; 3 fr. 30 pour le soja.
Grâce aux contingents qui nous sont largement accordés, nous pouvons profiter decette protection pour le ricin que nous cultivons à peine, et pour le lin, dont la cultureest bien connue des indigènes. Les autresplantes que j'ai citées ci-dessus, prospéreraient aussi au Maroc; à part celle du sésame, la culture des autres paraît être inconnue des indigènes, mais, si j'ai bonnemémoire, la moutarde sauvage a fait l'objetde petites expéditions à Port-Lyautey. Lemoins que l'on puisse dire, c'est que desvoies nouvelles sont ouvertes à nos agri- (A suivre). BAB N'IGRAN.
Cllrol1iqtle Il111nobitière~~~~~~
Doctrine ~t l.6égistalion
LES TRANSACTIONS IMMOBILIERES AVEC L'INDIGENE MAROCAIN (l)
D. - Indigène illettré. - Ce cas revêtun intérêt d'autant plus grand que le nombre des indigènes illettrés est relativementconsidérable au Maroc. Comment procéder,si l'on est amené à passer un acte avec l'und'eux, pour formaliser une convention valable ?
En principe, une seule solution s'offre auxparties : celle de souscrire un acte authentique par devant notaire français, suivantles modalités que nous avons exposées.
L'acte sous seings privés doit être, en ef-
. (1) Voir les Bulletins nO 4, 5 et 6.
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC 19
fet, écarté par application de l'article 427D.a.C. qui interdit ce moyen de preuve auxpersonnes illettrées.
Il existe, cependant, un moyen consacrépar l'usage, de rendre possible, en l'espèce,l'emploi de l'acte sous seings privés.
Cette acrobatie juridique consiste à faireétablir par devant adoul ou notaires arabesune procuration émanant de l'indigène illettré à une personne lettrée et l'habilitant àvendre ou hypothéquer, selon l'occurrence.
Le mandataire intervient ensuite valablement es qualités à l'acte sous seingsprivés qui constate l'accord des parties puisqu'il répond aux exigences de la loi.
Il est à remarquer que cette solution neheurte nullement les principes qui régissentla matière.
Les adouls qui sont incompétents pourformaliser des transactions sur des propriétés soumises au régime de l'immatriculation
sont évidemment habiles à recevoir des actesconcernant le statut personnel des indigènes(acte de filiation, acte de tutuelle, acte demariage, testament, procuration, etc... )
Ainsi se concilient, en l'espèce, les diversesdispositions du droit français et du droitmusulman.
En résumé, il appert de toutes les considérations qui précèdent que l'Européen traitant avec l'indigène marocain doit passerson acte devant notaires musulmans, s'ils'agit d'une propriété non immatriculée.
Si le contrat envisagé est, au contraire,relatif à une propriété immatriculée ou eninstance d'immatriculation, les parties ontle choix entre l'acte sous seings privés ou l'acte authentique par devant unnotaire français ; enfin, si l'Indigène ou l'Européen est illettré, l'acte authentique devient le seul admis à constater valablementleurs conventions, sauf à recourir au truchement de la procuration adoulaire.
l~ralique ~t Jurisprudence
Comment garantir efficacement un prixde vente d'immeuble?
La question de la garantie du prix devente présente, au Maroc, un intérêt majeurdu fait que la législation en vigueur ne reconnaît pas l'existence du privilège du vendeur d'immeubles.
En droit français, l'article 2103 du CodeCivil dispose in principio que « les créanciers privilégiés sur les immeubles sont :Iole vendeur ,sur l'immeuble vendu, pourle paiement du prix... ~
Il n'en est pas de même en droit fonciermarocain.
Si, donc, le vendeur ne stipule pas desûretés conventionnelles pour garantir lapartie du prix non payée, il risque de pâtirde l'insolvabilité de l'acquéreur.
Il importe d'insister sur la profonde différence qui existe à cet égard entre la législation locale et celle de la métropole ; ilarrive fréquemment, en effet, que des personnes peu averties des particularités dudroit foncier marocain se croient protégées,parce que françaises, par les dispositions duCode Civil, alors que leur garantie est, enréalité, purement illusoire.
Aussi, croyons-nous utile d'énumérer brièvement avec leurs caractéristiques propresles diverses garanties qu'il est prudent deréserver dans un contrat de vente immobilière.
Il faut citer, en premier lieu, l'hypothèqueconventionnelle pour sûreté du paiement dusolde du prix de vente.
Le vendeur la stipulera en termes exprèset il indiquera d'une manière précise lessommes qu'elle est appelée à garantir.
Il mentionnera, par exemple, que l'hypothèque garantit le recouvrement de toutessommes dues, en principal, intérêts, frais etaccessoires.
En ce qui concerne les intérêts, le vendeur soucieux de ses droits visera, aucontrat, l'article 160 du dahir du 2 juin1915, qui lui accorde la possibilité d'êtrecolloqué pour une année et pour l'annéecourante, au même rang d'hypothèque quepour son capital « à condition, toutefois, quece droit résulte de l'acte, qu'il soit inscrit,et que le taux de l'intérêt soit indiqué. ~
Une dernière précaution consistera à prévoir à l'acte une indemnité forfaitaire également garantie par l'hypothèque convention-
20 BULLETIN COMl\ŒRCIAL DU MAROC
nelle et représentant les frais nécessairesen cas de recouvrement de la créance parles voie judiciaires, y compris les frais dereprésentation par mandataire.
La garantie hyothécaire pourra, en outre,être complétée par la stipulation d'une actionrésolutoire prévue pour le cas de non paiement du principal ou des intérêts à l'échéance, ou de retard dans le paiement de cessommes.
L'exercice de cette action résoud rétroactivement le contrat et fait rentrer l'immeuble aliéné dans le patrimoine du vendeur.
Le sort des sommes déjà versées au moment de la résolution doit être réglé paravance à l'acte de vente. Quelquefois, lesparties stipuleront qu'elles demeurent acquises au vendeur, à titre de dommages intérêts. Plus fréquemment, elles sont appeléesà être remboursées.
En tout état de cause, il importe de préciser que si le vendeur se réserve habituellement le bénéfice d'une action résolutoire,il ne l'exerce effectivement que dans de fortrares hypothèses.
Le faisceau de garanties que nous avonssignalées peut être utilement couronné parla clause d'exigibilité immédiate du prix,payable à terme dans certains cas limitativement énumérés (revente de l'immeuble, retard dans le paiement des échéances, etc.. )
Cette stipulation est, comme la précédente, de style dans la plupart des contrats.
Il existe évidemment d'autres clauses degarantie que celles que nous énumérons,puisque toute latitude est laissée aux parties dans la rédaction de leurs conventions.
Cependant, les sûretés que nous préconisons sont suffisantes à protéger très efficacement le vendeur contre toute éventualitéfâcheuse et à lui assurer, soit le paiementde l'immeuble vendu, soit, à défaut, sa réintégration dans son patrimoine.
Pour les autres garanties qu'il est loisiblede prévoir, il faut se garder des stipulationssuperfétatoires ou inopérantes.
Abonnez - vous
Telle celle quî consiste à édicter la nullitédes aliénations entre vifs consenties par l'acquéreur avant le paiement intégral de sonacquisition.
Cette clause est naturellement inopposable à un sous acquéreur éventuel, puisquecelui-ci n'était pas partie au contrat primitifet elle ne saurait se résoudre que par desdommages intérêts.
Mieux vaut s'en tenir, en cas de doute,aux garanties classiques ci-dessus énumérées.
Quels sont les droits de ConservationFoncière exigibles pour l'inscription
d'une vente totale?
Ceux-ci comprennent :
1) Un droit fixe de dépôt de 10 francs.2) Un droit proportionnel de 0,60% cal
culé sur le prix de vente avec minimum de12 francs.
3) Un droit fixe de duplicata de 10 francs.
Quel est le tarif des amendes de timbre
et d'enregistrement au Maroc '?
Les actes qui n'ont pas été enregistrésdans les délais (trois mois à compter de ladate de l'acte pour les contrats sous seingsprivés) sont frappés d'une amende qui estégale au triple du droit simple pour les mutations, au droit simple lui-même dans laplupart des autres cas.
En ce qui concerne l'impôt du timbre,les actes assujettis au timbre de dimension(acte de vente par exemple) et non timbrésou insuffisamment timbrés, sont frappés d'une amende de 100 francs; il en est de mêmepour les quittances sous seings privés.
Quant aux contraventions au timbre proportionnel, elles sont sanctionnées par uneamende égale à 10% du montant des effetsnégociables ou non négociables.
EL FQUIH.
au Bulletin (ommercial ~u Maroc
BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
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21
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Marché de ta Main - d'll~uvre
L'état du marché de la main-d'œuvre s'estsensiblement amélioré pendant ces dernières semaines.
A CASABLANCA, les professions libérales sont toujours très encombrées. Lechômage semble s'accroître parmi les employés de commerce. Par contre, de nombreux placements ont été réalisés dans d'autres branches professionnelles, particulièrement en vue des travaux de moisson (mécaniciens agricoles).
A FES, les travaux agricoles redonnentégalement un peu d'activité. L'achèvementdes travaux de l'usine électrique de l'OuedFès a réduit quelques ouvriers européensau chômage.
A MARRAKECH, on enregistre un accroissement des demandes d'emploi du personnel domestique, comme chaque année àla période estivale.
A MEKNES, les chantiers municipauxd'assistance restent le seul débouché pourla main d'œuvre disponible.
A RABAT, le chômage paraît persisterdans la métallurgie et s'accentuer dans lestransports.
A OUJDA, la situation du marché dutravail est particulièrement bonne. Le départ des ouvriers des chantiers pour les travaux de moisson a provoqué de nombreuseset importantes offres d'emploi d'ouvriersmarocains.
22 BULLETIN COMMERCIAL DU MAROC
l)age '-a 110S i-\bonnés I~lrangers
Les Fruits et Primeurs du Maroc (suite 1)
Il - PRODUCTION ET EXPORTATIONDES FRUITS
Total 250.000 à 305.000 »En plus de ces plantations d'orangers, on
compte plus de 200 hectares de plantationsd'amandiers et un grand nombre de vergers
Total 1.790 à 2.050»qui donnent une production de :Indigènes 200.000 à 250.000 quintauxEuropéenne 50.000 à 55.000 »
d'essais comprenant, suivant les reglOnsabricotiers, pêchers, pruniers, cognassiers,pommiers, cerisiers, etc...
Parmi ces vergers d'essais, dont beaucoupappartiennent à des colons, le Gouvernement possède 4 jardins d'essais et a subventionné la création de 7 vergers expérimentaux.
Exportation. - L'exportation fruitière, àpart les amandes, qui, comme nous l'avonsdit, font depuis longtemps déjà l'objet d'untrafic appréciable, a débuté par les prunesjaponaises et les agrumes, avec les chiffressuivants:1931: 994 quintaux;,1932 : 1.055 quintaux; Contrôlés par 1'0.C.E.1933 : 4.637 quintaux;» »
Régions de productions. - Les principales régions, par ordre d'importance sont :Meknès, Rabat, Gharb, Maroc Oriental (Vallée du Zegzel), Casablanca, Chaouïa, Marrakech, Fès.
Principales variétés cultivées. - OrangesThompson-Navel, Washington-Navel,
Ovale double, fine sanguine, Valencia Late.Mandarines. - Mandarines de Blidah et
King of Siam.Abricots. - Bullida, Luizet, Précoce de
Boulbon.Pêches. - Mayflower, Côte d'Azur, Ams
den, Précoce de Hale.Prunes. - Beauty Plum, Formosa, d'AgenCerises. - Bigarreau Cœuret, Bigarreau
Napoléon.Poi·res. - Wilder, Bon-Chrétien, William.Pommes. - Reinette d'Angleterre, Rei
nette du Canada.Amandiers. - Sultane de Meknès, Bey
Rozet, Princesse.Oliviers. - Sévillane, Ascolona dura, Pi
choline Marocaine, Manzanillo.Controle. - Des Arrêtés du Directeur
Général de l'Agriculture fixent les qualitésminima exigées pour l'exportation en France et à l'étranger des agrumes et des amandes sèches. Cette réglementation sera étendue dans un avenir prochain à l'ensembledes fruits exportés du Maroc.
(1) Voir le Bulletin Commercial nO 6 du5 juin 1934.
1.200 Hect.850 »
àà
1.000790
Historique. - Depuis fort longtemps l'arboriculture au Maroc a été une branche d'activité indigène, mais qui n'a jamais donnélieu à des échanges d'une importance notoire. Les jardins indigènes sont peut-êtred'un pittoresque saisissant, mais leur production n'est en général pas très importante.Seules les amandes donnent lieu à un commerce d'exportation qui atteint 25 à 30.000quintaux.
Si ces cultures indigènes sont toujoursrestées à l'état embryonnaire, elles ont cependant démontré les possibilités de cultureet de production des arbres par région, lavaleur supérieure de certaines variétés surd'.autres. Elles ont semé l'espoir en l'arboriculture chez un grand nombre de colons ;elles ont surtout démontré l'utilité des bonnes méthodes de plantations, d'entretien, laformation et la nécessité du bon choix duporte-greffe. La nécessité de rationaliserla production pour une standardisation stricte des produits s'est fait sentir. Sur ces données, le colon s'est mis au travail. Et c'estl'avenir, mais un avenir très proche et pleinde promesse, c'est la perspective d'un Maroc producteur de fruits abondants, de qualités variées et sélectionnées parmi les meilleures obtenus sous un ciel et dans les climats les plus favorables.
Etat actuel de l'arboriculture. - Depuis1928, on a créé, dans les régions les pluspropices à l'arboriculture, de nombreusespépinières d'où sont issues, en partie, lesplantations suivantes
OrangersIndigènesEuropéens
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ENVIRONS CASABLANCA. - 4 h. terrainmaraîcher, eau abondante. Prix: 35.000 fr. 08
IMPRIMERIE RAPIDE CASABLANCA-FÈS.
Le Directeur-Gérant : P. VUILLZ1'.