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    Potiques de la discontinuit, de 1870 nos jours, I. Chol (dir.), Presses de lUniversit Blaise Pascal, 2004

    D. Guillaume1

    RUPTURE FORMANT MAILLON

    Physionomie des ruptures dans les pages en vers

    de LAjourdAndr du Bouchet

    Introduction. Dater le discontinu ?

    La posie dAndr du Bouchet est facilement envisage comme exemplaire

    dune criture du discontinu cheville son ambition ontologique1 , comme peuvent

    le donner voir et lire ces deux pages, que plus de vingt ans sparent , entreDans la

    chaleur etLe Surcrot2 :

    Ce balbutiement blanc

    cette bulle

    la figure

    encore crible de pierre

    ct de chaque roue

    dans la paille

    qui craque

    prs de la lumire. (CV. 13)

    dansson bloc

    le ciel

    une

    pierre comme

    rejointe ici la pierre du premier bloc

    ici

    et sans ici se dtacher

    ciel.

    (Aj. 106)

    Naturalit pure ou relative abstraction des lments, maintiens de phrases et

    de vers reconnaissables comme tels (malgr les substantivations et disjonctions), isols

    dans des blancs qui ne peuvent que rappeler Mallarm, mme si les dcrochages sont

    plutt reverdyens : bien des traits distinguent cette criture des modernismes potiques

    ultrieurs quil sagisse de la rupture textualiste mise en uvre par un Denis Roche,

    1 . Une synthse nuance de ce type de lecture est prsente par Michel COLLOT larticle duBouchet du Dictionnaire de posie de Baudelaire nos jours, dirig par Michel JARRETY, PUF,2001, pp. 85-89.2 Respectivement parus au Mercure de France en 1968 et chez Fourbis en 1990, puis repris dans

    LAjour, Mercure de France, 1990, abrg dsormais en AJ, suivi du n de page. Jabrgerai par DP

    les rfrences aux entretiens que du Bouchet ma accords, raconts dans Dplacement des glaciers.Rcit dentretiens avec Andr du Bouchet , inPotiques et posies contemporaine(collectif), Le tempsquil fait, 2003.

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    ou du minimalisme hyper-rflexifs dune Anne-Marie Albiach. Date peut-tre dans

    son projet mme, cette pratique nen prsente pas moins des volutions frappantes, qui

    ne permettent pas une reprsentation monolithique de luvre : retrait dune forme

    dexpressionnisme lexicale, ancr dans le corps (avec le balbutiement , la

    figure , ce qui cribl(e) et craque ), dnuement typographique croissant et

    radicalisation des contrastes dans le dispositif graphique et rythmique (dcrochages et

    dcalages, htromtries fortes). Moins explicite, les ruptures sont comme

    stylistiquement intriorises.

    Lide dune volution, immanente une dynamique de la rupture, correspond

    trs bien la potique dAndr du Bouchet telle quil la formule. Disjonctive,

    lcriture manifeste une voix dont elle constitue le dehors, et dont le passage porte

    dun instant lautre linluctable rupture de leffort pour dire ce qui est hors

    parole :

    la parole

    des dehors, quand elle rentre et sombre la

    parole en sous-uvre muette aussitt rpond,

    comme mot pour mot, rupture formant maillon,

    lintonation

    roulement lointain localisant

    dans sa volute une distance hors parole

    ( Hercule Seghers ,LIncohrence, Fata Morgana, 1979, p. 69)

    Dveloppement qui en croiserait bien dautres, et o ne se dclent que trop aisment

    les grands traits de la potique romantique du sublime, dont les prmisses remontent

    lesthtique kantienne des facults posant, notamment, un sujet transcendantal,ngatif, du jugement et les premiers exposs systmatiques, aux fragments des

    frres Schlegel3. La fragmentation se conoit comme mise en uvre et trace dune

    puissance productrice infinie, rvle par la mdiation dun sujet configurant la langue

    en systme spcifique.

    Ce dernier point claire la faveur du modle linguistique dans lanalyse des

    uvres. Mais le moment critique contemporain se place plutt sous patronage

    3 . Cf. Ph. LACOUE-LABARTHE et J.-L. NANCY,LAbsolue littraire, Seuil, 1978, pp. 43-44 et parexemple le fragment 116 de lAthenaeum, ibid., p. 121.

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    esthtique, et il en est la remise en cause de tout ce paradigme. Jean-Marie Schaeffer

    oppose ainsi un certain vertige interprtatif, solidaire de la sacralisation romantique de

    lart, et lexigence dune description la fois prcise et modeste des uvres, apte

    circonscrire le domaine de lexprience esthtique celle du plaisir gratuit 4

    et qui laisse en suspens toute question de sens. La premire attitude engloberait

    diverses drives pri-soixante-huitardes (lectures psychanalytiques, heideggeriennes,

    derridiennes : irreproductibles et autolgitimatrice ), la seconde staye plutt de

    esthtique analytique amricaine citant Nelson Goodman, Arthur Danto o

    leffort descriptif doit permettre dexpliciter les rgles dune interprtation accessible

    une vrification intersubjective de bonne foi , concernant un phnomne qui permet

    darticuler hdonisme et possibilit de connaissance. Le premier type de critique est

    suppos accompagner de sa sympathie une posie laquelle Char sert de rfrence

    majeure5 . Le second conviendrait assez pour analyser divers dispositifs qui tendent

    faire par le recours au collage, la vido, la performance en directe de la

    posie un mode parmi dautres de lart contemporain, et pour lequel du Bouchet

    appartient un fumeux pass mtaphysicien6.

    Sans partager tout fait cette exigence de critres communs pour la lecture,

    doutant de la franche opposition entre interprter et dcrire, on cherchera nanmoins

    lire du Bouchet de manire enrichir la connaissance de luvre, voire esquisser une

    mthode. Approchant une posie qui se veut non paraphrasable, les interprtations

    proposes historiques et biographiques se voudront la fois claire, et

    dlibrment rductrices : un cadre valide, et pas plus. Elles font apparatre que le

    discontinu est tension vers lunit, comme chez Mallarm pour qui lespacement du

    pome ne se spare pas dun travail sur le nombre.Il sest agi par ailleurs de considrer que, malgr labsence de rgle explicite, ou

    apparente, la forme rythmique de cette posie est descriptible, autrement quau cas par

    4 . Jean-Marie SCHAEFFER,LArt de lge moderne, Gallimard, NRF Essais, 1992, p. 387.5 . Ibid., pp. 13, 386 et 355-357. Yves Bonnefoy est cit comme autre exemple de pote franais dont laposie a pu croiser la sacralisation potique heideggerienne.6 . Sur le rapport de la posie aux arts contemporains, cf. J.-C. PINSON, Sentimentale et nave, ChampVallon, 2002, p. 14 et Michel DEGUY, Po&sie la BNF , in Po&sien 101, octobre 2002, pp. 5 et

    13. Trs lcoute du nouveau de lpoque (Salut les modernes / Salut les anciens, POL, 2000),Christian PRIGENT se dit assez indiffrent au dpouillement puritain blanchi sous le harnais post-mallarmen , auquel il reconnat encore une allure ; Une erreur de la nature, POL, 1996, p. 188.

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    cas : quil existe un systme des discontinuits7. Le rechercher conduit postuler une

    unit dynamique de luvre qui intgre la production de diffrences : ce qui, dj, est

    une interprtation. Mais les rgles rythmiques connues sont mtriques, contrairement

    au rythme : et, sil hrite de spculations antiques8, le modle mtrique familier

    accompagne une priode et une aire somme toute restreinte de lhistoire musicale, en

    Europe, de la Renaissance au 19esicle.

    Outre quil est conu depuis longtemps comme processus dynamique et

    contrastif autour dun sommet dintensit : laccent autant que comme systme

    de ritrations priodiques, celles-ci peuvent inclure des temps ingaux (dans la

    musique populaire), sorganiser en cycles amples plus proches de la phrase que

    de la mesure (en Inde). Outre que limposition de lisochronie (aprs le chant

    grgorien) fut lie la polyphonie, le cadre rythmique, comme organisation des

    dures, a dabord soumis la ligne mlodique avant de lui tre subordonn, comme au

    mouvement de la parole, monodique, qui put alors saffranchir en rcitatif non mesur.

    Si la musique, au 20e sicle, retrouva et mla tous ces possibles9, la recherches de

    schmes descriptifs pour un rythme potique de cette poque doit sans doute se les

    rappeler galement : ils substituent des formes trs diverses de discontinuit au continu

    de le ritration mtrique.

    1. Interprter du Bouchet ?

    Soit deux pages en vers de LAjour, lune extraite du Surcrot

    (Axiales, Mercure de France, 1992), et lautre de Congre (Pomes et

    Proses, Mercure de France, 1995):

    7 . On pense bien sr tout le travail dHenri MESCHONNIC, de puis Critique du rythme, Verdier,1982. Il semble significatif de la situation contemporaine que ces recherches la mthodologie etaux concepts certes problmatiques naient pas vraiment fait cole, et que ce soit plutt la mtriquequi occupe actuellement le champ. Celle-ci se fixe une ambition dlibrment descriptive, propose descritres formaliss rutilisables et laisse largement de ct toute question de sens, ainsi dans lecollectif dirig par Michel MURAT sur Le Vers franais. Histoire, thorie, esthtique , Champion, 2000( lexception des prises de position de Michle AQUIEN et de Jean-Pierre BOBILLOT, que lon peutconsidrer comme des variations sur la position romantique ).8 . Cf. la mise au point propose dans ma thse,Les figures de la voix. Une tude du rythme chez Andr

    du Bouchet et Jacques Rda, Septentrion, 2000, pp. 14-27.9 . Ces considrations sappuient sur larticle rythme du dictionnaire de Marc HONEGGER,Connaissance de la musique, Bordas, 1996 (1976), pp. 917-924.

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    D. Guillaume5

    heurter la

    chambrecompacte

    soi-mme air

    tel que dehors la montagneairtoujours

    etdehors venant du nord.

    (Aj. 109)

    air

    arrtcomme respir

    centrerespiratoire alors

    atteint

    sur

    un

    escarpement. (Aj. 170)

    Les deux pages signifient explicitement une discontinuit brutale,

    initialement traumatique, dans la mise en relation dun anonyme sujet de parole et

    de son dehors : lespace la / chambre et llment vital l air

    se solidifient compacte ou se figent arrt . Leffort qui se dit

    est une aspiration la continuit : il tend surmonter ce heurt, en liant l air

    que lon est celui venant du dehors , en intriorisant un instant ce dernier

    dans lintimit dun centre respiratoire , en convertissant le choc facial en

    possible mouvement qui surmonte un escarpement . La connaissance du

    contexte historique et, plus rcemment, biographique au-del dune simple

    vision paysagiste que rarticulerait le pote, par la fentre de sa maison Truinas,

    dans les Pralpes , permet damorcer une interprtation de tels passages.

    Sans doute sagit-il toujours, pour une gnration dont les uvres

    slaborent partir dune exprience prcoce de la guerre, de surmonter

    leffondrement dun monde soudain dvitalis, rduit des lments matriels

    quil reste ragencer, de fond en comble10 . Le choc des conflit mondiaux

    redouble ici la violence plus largement faite aux significations traditionnelles,

    collectives et intimes, par la main mise, sur les vies, de la production et de la

    consommation de masse. Cest la perte daura analyse par Benjamin, quexprime

    10 . Cf. Andr du Bouchet la croise des langages , entretien avec M. PTILLON,Le Monde deslivres, 10 juin 1983, p. 19.

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    D. Guillaume6

    et laquelle rpond luvre dun Baudelaire11. Suggrer, selon Mallarm,

    autrement que comme change fiduciaire signifier avec les lments

    propres lart, pour Reverdy12 cet effort, romantique puis symboliste, pour

    refonder lhomme en parole, se dplace, dans la posie des annes cinquante.. On

    passe dune certaine efflorescence subjective, explore par le surralisme, aux

    artes de limmdiat reconquis par Char13 . Ici la qute dAndr du Bouchet

    croise en de des fortes nuances qui spcifient chacune celles de

    Bonnefoy, Jaccottet ou Dupin.

    Peut-tre y va-t-il aussi dun rapport plus singulier aux instances

    parentales et linguistiques encore que lon y retrouve certains lieux communs

    fort anciens sur la proximit des potes avec la mre nature, avec lenfance14. Si

    llment fusionnel quil sagit chaque fois de regagner soi-mme air ,

    air toujours , centre / respiratoire peut indiquer quelque chose comme

    une mre, celle-ci, pour du Bouchet, est juive : point biographique tu par du

    Bouchet pote pratiquement jusqu sa mort, et notamment lors des polmique

    qui entourrent ses traductions et commentaires de Celan15 . Une parole juive

    arrt(e) ? Cest en tout cas ce quvoque Andr du Bouchet, dans une

    interview, propos de sa grand-mre maternelle, qui le grand-pre interdisait de

    parler le yiddish16 . Si un pre, en tout cas dans lhypothse

    psychanalytique , agence le symbolique et la loi, il semble ici forcer des

    dcisions mal comprises : du Bouchet juge le sien, amricain dorigine franaise

    n en Russie, en disant quil na jamais compris pourquoi il se disait citoyen

    amricain. Linstance lgale rend problmatique lidentit subjective. Le franais

    11 . Cf. Walter BENJAMIN, Charles Baudelaire, Payot, 1990 (1979), pp. 196-197 et 226-227 parexemple.

    12 . Pierre REVERDY,Nord-Sudn1, mars 1917, in uvres compltes, I, Flammarion, 1975, p. 17.13 . Andr DU BOUCHET, Fureur et Mystre, par Ren Char , Les Temps modernesn42, avril1949, p. 747.14 . Cf. Friedrich HLDERLIN, En bleu adorable , dans la traduction dAndr DU BOUCHET,uvres, Gallimard, Bibliothque de la Pliade, 1967, p. 940 : Voudrais-je tre une comte ? Je lecrois. Parce quelles ont / La rapidit de loiseau ; elles fleurissent de feu, / Et sont dans leur puretpareilles lenfant. [] Antoine MASSON tente dclairer sa pratique clinique laide de la posiedAndr du Bouchet in La troue adolescente. Clinique et posie , Compar(a)ison II/1999, PeterLang, Bern, 2001.15 . Respectivement Strette, Mercure de France, 1971, recueil auquel ragit Henri MESCHONNIC in On appelle cela traduire Celan in Pour la potiqueII, Gallimard, 1973, pp. 387-405, et Tbingen,le 22 mai 1986 in Dsaccorde comme par de la neige, Mercure de France, 1989, que critique HdiKADDOUR dans son article Le bancal aujourdhui , in Lmotion impossible, Le temps quil fait,

    1994.16 . Si vous tes des mots, parlez. Rencontres avec Andr du Bouchet, film de Mickal JAKOB ralispar Bernard JOURDAIN, 2M+ production, 2000.

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    D. Guillaume7

    nest pas la langue de cette loi, et du Bouchet tentera jusquau bout de retrouver la

    fracheur la naturalit ? de ce franais qui fut sa premire langue et non

    celle de ses parents, celle dun pays quen 1940 il quitte pour dix ans, en pleine

    adolescence17. La neige et le froid sont comprendre, dans ses pomes, en chos

    avec des rfrences russes insistantes et parfois surprenantes Pasternak et

    Mandelstam, mais aussi Tolsto, Gogol, Dostoevski18, la montagne, bien

    avant linstallation Truinas, en relation peut-tre avec cette Savoie que quittrent

    une premire fois les du Bouchet au 18esicle.

    Ces quelques remarques visent avant tout amorcer une interprtation

    qui nen reste pas une certaine idalisation de la posie sous lgide de

    Mallarm ou de Heidegger laquelle sest toujours trs fermement oppos

    lauteur deLAjour. La monotonie des motifs djoue dailleurs assez videmment,

    dans ces textes, les traductions scnarises qui ne tiendraient pas compte du dtail

    de lcriture. Par rapport la cohrence propre de luvre, toute interprtation

    pche du fait quelle risquent de se construire, pour partie, partir de catgories et

    de scnarios simplificateurs forms pralablement la lecture des pomes. Une

    tude plus systmatique pourrait les nuancer, et mieux montrer ce qui les taye.

    Toute analyse abstraite ambitionnant une production de connaissance scarte

    dailleurs de la lecture personnelle, autrement cratrice, que lcrivain considre

    de fait comme la plus proprement intelligente, au point de valoriser un vritable

    atomisme des rceptions, dont la surdit lune lautre peut tre une marque

    dauthenticit19. Si nous cherchons nous faire comprendre tout en dgageant

    des singularits en acte dans lcriture, il reste trouver un fragile quilibre entre

    mortification critique20 et comprhension potique.

    17 . Entretien cit avec Monique PTILLON.18 . Du Bouchet a traduit Mandelstam et Pasternak avec lequel il entretenait des relationschaleureuses. Il se rfre Tolsto dans son entretien avec Georges PIROU, lorsque de dernierlinterroge sur sa gnalogie littraire, in Mercure de Francen1179, novembre 1961. Pour Gogol etDostoevski, ainsi que pour la Savoie (infra), cf. DP..19 . Cf. DP, et le commentaire par du Bouchet des vers de Verlaine sur Baudelaire : Je ne tai pasconnu, je ne tai pas aim , entendus comme parole damour absolu , inDsaccorde comme par de

    la neige, pp. 79-80.20 . Cf. Walter BENJAMIN : la critique est la mortification des uvres ; cit in Rainer ROCHLITZ,Le Dsenchantement de lart. La philosophie de Walter Benjamin, Gallimard, NRF Essais, 1992, p. 46.

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    D. Guillaume8

    2. Du nombre et de Mallarm

    Nopposons pas trop vite impressionnisme et formalisme, sympathie ou

    dlire interprtatif, dans la perception des mots, lcoute de la signifiance, et

    analyse abstraite de concepts et de formes schmatiss. Lhypothse, trs

    ancienne, dune dynamique cratrice, nimplique peut-tre pas davantage de

    prsupposs mtaphysiques que celle dune permanence et dune identit dune

    transparence dans les conditions de perception et de production des formes

    esthtiques, ce qui doit en permettre la description objective21. linverse, dans

    lapproche dun texte, trs vite les formes simples, choisies par souci de mthode,

    se compliquent, et les employer nampute pas forcment la richesse dune uvre

    vive.Assurment la potique dclare dAndr du Bouchet, quant au vers,

    prolonge le vers-librisme : il sagit dcouter la chanson qui est en soi , comme

    le pose Gustave Kahn22, de renouer la mlodie dune lme. Mais lon sait

    que dans Crise de vers , o Mallarm sexprime ainsi, il maintient la ncessit

    du nombre officiel , qui ne connat que des dissolution(s) personnelles23.

    Le mtre demeure la marque dune ambition cosmogonique rudement mise

    lpreuve par la modernit. (U)ne rgularit durera , dans les occasionsamples et parce qucrire, cest trouver une commune mesure ce qui se

    fractionne (. 273-274). Du Bouchet, cet gard, demeure plus mallarmen

    que le causeur de la rue de Rome, auteur d ventail(s) , Chanson bas ,

    Petit(s) air(s) et autres Billets rims. Amplitude et hauteur, sont chez lui

    permanentes particulirement en vers, o se dit le face face avec les

    lments, dans le temps, la prose largement majoritaire, et mle aux vers

    pouvant tre, par moments, plus anecdotique et surtout rflexive. Aussi, rejetant lpaulement du rythme providentiel au mme titre que dautres chevilles

    mythologiques 24, peut-il parler de scansion propos de ses propres vers

    (DP) : ce qui implique une rgularit.

    21 . Sur litrabilit dun nonc, y prsupposant la prsence dintentions dtermines, cf. la critiquedAustin par Derrida et la rponse de Searle, rsumes par Pierre V. ZIMA, La dconstruction. Unecritique, PUF, 1994, pp. 54-56.22 . Cit in Henri MESCHONNIC, Critique du rythme, Verdier, 1982, p. 603.

    23 . Stphane MALLARM, Crise de vers , in uvres, Classiques Garnier, 1985, p. 272. Volumeabrg dsormais en , suivi du numro de page.24 . Andr DU BOUCHET,Matire de linterlocuteur, Fata morgana, 1992, p. 43.

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    D. Guillaume9

    Labstraction thorique et lexprimentation formelle dlibre en moins,

    chaque moment versifi, chez du Bouchet, rejoue au fond lambition du Coup de

    d, quexplique pour partie sa prface. Mais le travail de la mesure nest pas ici

    spar, en textes mesurs, sonnets et autres, clos sur eux-mmes, de ce coup

    dans le hasard, de ce travail pour articuler LIncohrence compacte du monde.

    Chaque pome propose, sans rcit , la partition qui montre au mieux une

    pense un complexe de sensations, penses et dites nu , et qui doit

    tenir un monde. La fragmentation de la page signifie un effort d unit (.

    423-424), vers un rythme total (277) face ce qui met au dfi le langage : au

    fond, lexplication orphique de la terre, [] seul devoir du pote 25 une

    fois pos que si la Posie mallarmenne comme Musique est proche

    lide (. 297), lopration spirituelle quelle ralise en son essence implique

    davantage pour du Bouchet une appartenance au monde sensible comme il va, et

    nous prend 26.

    Lauteur de LAjour et son titre le dit bien carte toute ide de

    Livre ultime, puisque dire en posie, cest selon lui ouvrir la parole commune27.

    Mais la discontinuit de lcriture dans sa pratique, jour aprs jour, comme

    dans sa disposition typographique ne cesse duvrer lmergence dun fil

    conducteur latent (423) dont parle Mallarm comme du Bouchet28. Cest dans

    cette dynamique, vers une unit en acte, que chaque page est un travail du nombre

    aussi, entre lme et le hasard. Les lments de rgularits de rptition se

    comprennent comme marques dans un processus de diffrenciation, au fil de

    laquelle une parole unie sarticule29. Et cela dautant plus que lexpression

    senvisage, chez du Bouchet, comme activit au trs long cours, porteuse de toute

    25 . Verlaine , in Stphane MALLARM,crits sur le livre, ditions de lclat, 1985, p. 144.26 . (D)ans la relation compacte appele monde , lesprit [ne] connatra [qu] en avant de sa parolebrivement , car chaque fois l, / cela ne se soutient pas ; Andr DU BOUCHET, Peinture, FataMorgana, 1983, pp. 21, 42-43.27 . Plutt que de citer, une fois encore, Mallarm (au fond le monde est fait pour aboutir un beaulivre ) javancerai [] que le monde est sans aboutissement, et quune phrase napparat la rigueurcomme aboutie, sue lorsque nous avons oubli ce quelle voulait dire. Parler peut alors rafrachir lammoire. [] Dans cette dperdition de la parole, [] je reconnais [] son ressort intarissable. ;Andr DU BOUCHET, Lcrit haute voix , in Pierre CHAPPUIS, Andr du Bouchet, Seghers,Potes daujourdhui, 1979, pp. 90-91.28 . et les mots spars aussi loin quils peuvent ltre les uns des autres sans que le fil distenduqui les relie soit perdu ne se confondent pas moins que si jamais ils navaient t articuls (AJ.18)

    29 . Sur lunit subjective du rythme ou voix envisage comme ide-problme engendrant des affirmations de diffrences , en sries de rptitions sans ressemblance ( partir dune lecture deDiffrence et rptition, de Gilles DELEUZE), cf. ma thse,Les figures de la voix, pp. 43-45.

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    D. Guillaume10

    une tradition quelle remmore, oublie et mtamorphose (DP). labore

    dailleurs en des annes o le vers libre en sa puret connaissait un repli (que lon

    songe lvolution dAragon bien sr mais aussi dEluard, de Char, la pratique

    dun Follain), la diffraction rythmique dAndr du Bouchet prend son sens

    comme agencement des mesures quelle dfait, et comme vise dune unit

    mouvante.

    3. Saisir un rythme.

    Afin de mieux comprendre cette criture, travers ses modalits

    concrtes, on peut donc en tenter une description en sappuyant ft-ce pour lestransformer sur des critres et des procdures en usage pour la posie mtrique.

    Isolant les passages justifis gauche et o le retour la ligne ne tient pas la

    simple saturation de la prcdente (qui, comme chez Reverdy, ne dborde jamais,

    non plus, le cadre de la page), il faut alors dlibrment les traiter comme des

    squences en vers entendus au sens traditionnel. On les distinguera dautres

    intervention(s)30 sur la mise en page (essentiellement dcalage droite des

    attaques, espacement, dcrochages), considres comme plus proche de la prose(ainsi lest le Coup de d, par rapport aux Posies). Cela signifie que la dcoupe

    des vers conserve une pertinence linguistique : elle diffre en cela des dispositifs

    labors par Denis Roche, montrant de plus en plus lautonomie de la ligne par

    rapport lnonc31. Cela implique en outre, ici, une pertinence du nombre,

    strophique et syllabique : le formatage graphique hrit des vers mesurs

    marque aussi une attention au compte des syllabes32 et cela dautant plus

    que celle-ci demeure trs gnralement, chez du Bouchet, infrieur aux huitsyllabes, soit la limite de la capacit de perception du nombre syllabique33.

    30 . Jacques ROUBAUD,La Vieillesse dAlexandre , Ramsay, 1988 (Maspro, 1978), p. 170.31 . Ibid., pp. 170-177. Sur la dcoupe du vers comme confrontation de la parole empirique lidalitde sa vise que le vers, comme articulation abstraite, figure , ce qui peut conduire un Roubaud dcrter de nouvelles rgles formelles, cf. Laurent JENNY, La Parole singulire, Belin, 1990, pp. 116-120 et 134-139.

    32 . Benot DE CORNULIER, article Mtrique et formes versifies du Dictionnaire de posie dirigpar Michel JARRETY, op. cit., p. 498.33 . Benot DE CORNULIER, Thorie du vers, Seuil, 1982, p. 90.

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    D. Guillaume11

    Une page de vers par rfrence la vision simultane de la

    Page (. 423-424) de Mallarm, et sen cartant sera donc une squence

    correspondant ces critres. Beaucoup plus brve, en outre, que le Coup de d,

    elle correspond comme lui une phrase unique : sans ponctuation interne, mais

    pratique propre du Bouchet avec tout au plus un majuscule initiale

    (supprime compltement, partir deAxiales) et un point final (qui disparat dans

    Tumulte, dernier recueil, postrieur LAjour). Il peut y avoir, assez

    exceptionnellement, plusieurs pages de vers dans une seule page graphique.

    Ayant tabli le corpus, exhaustif, des 64 pages versifies du recueil, on a cod

    pour chacune delle le nombre syllabique de chaque vers34, ainsi que la

    disposition rimique et strophique : A, B, C, dsignent des lments rcurrents

    (vers, chos, nombre strophique), et X des lments non rcurrents des

    variables (ANNEXE A).

    3.1 Strophes graphiques

    Lanalyse permet ainsi une caractrisation assez claire de la disposition

    strophique (ANNEXE C). On en est venu distinguer trois types dagencements :symtrique ou par inversion (ABBA)35, juxtaposant des units diffrentes (AB,

    ABAB), et identiques, par sries (AA). Trois points apparaissent, selon la

    longueur des textes laquelle, globalement, crot avec le temps (ANNEXE B).

    Tout dabord, les pages de deux strophes appartiennent essentiellement aux plus

    anciens textes de Laisses (9 occurrences sur 15), et prsentent un agencement

    nettement mineur o un distique avant tout (6 cas), mais aussi un tercet voire un

    quatrain prcdent un monostiche de clture. Pour les pages de quatre strophes,ensuite, massivement issues du Surcrotet de Congre , cest une configuration

    symtrique qui lemporte assez nettement, puisquelle apparat dans 5 cas sur 12.

    Les pages de trois vers peut-tre parce que ce sont les premire, dans lordre

    34 . Plutt que de les compter comme simple dcrochage lintrieur dun mme vers, on a comptcomme vers part entire les lignes non justifies gauche mais places plus bas quun versprcdent. Cela vite de trop masquer par le compte la ralit de la disposition dans la page dautantplus que certains de ces vers constituent une strophe eux seuls , et semble plus conforme laprdominance des vers brefs.

    35 . Par rapport une suite abab, B. de Cornulier parle de type classique inverti pour abba (AP.136) Prcisons quil envisage ainsi les dispositions rimiques, et que nous tudions pour lheure lenombre de vers par strophe.

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    D. Guillaume12

    croissant, excder une configuration minimale deux lments prsentent un

    bilan peu prs quilibr, entre symtries (7 cas) et sries (9 occurrences sur 12).

    Ces dernires lemportent surtout dans les 13 pages de 5 strophes et plus,

    pratiquement toutes postrieures Laisses. Avec 6 occurrences de sries, contre 4

    de juxtapositions et 3 dinversion, elles suggrent que la ritration simple,

    notamment rsolutoire, pour ces pages plus amples, prend le pas sur tout systme

    binaire. Constriction, construction, continuit : cest bien une ouverture qui

    semble sagencer avec le temps.

    3.2 Nombres et rimes

    Pour les configurations rimiques et surtout mtriques (ANNEXE D),

    ltude porte sur les 54 pages de 4 vers et plus laissant de ct 3 pages de 2

    vers, offrant peu de possibilits dagencement, et 7 pages de 3 vers, dont 6, nous

    lavons vu, sorganisent en une succession de 2+1 vers. Le compte des syllabes a

    t fait selon une diction courante, qui dune faon gnrale tend minorer les

    occurrences de mesures connues (4, 6, 8 syllabes) mais favorise les rcurrences.

    Quant aux chos, y ont t incluses les finales consonantiques les plusmarquantes, en [-r] notamment : du type air / toujours / nord .

    Malgr cela, frappe demble, alors, la prgnance des rcurrences

    mtriques par rapport tout systme rimique : 10 des 54 pages tudies ne

    comportent aucun chos, contre 4 seulement sans isomtrie36. Il se produit donc

    un renversement par rapport aux pratiques traditionnelles, et les suites de formes

    syllabiques jouent ici le rle architectonique occups jadis par la structure

    rimique. Si les agencements du nombre retiendront donc, par la suite, eux seulstoute notre attention, remarquons toutefois les rapports quils entretiennent avec

    les homophonies. 47 pages sur 54 (soit 87%) commencent par un nombre

    rcurrent, 27 seulement par un cho, mais 25/54 premiers vers (soit 46%) entrent

    dans un double rseau de rcurrences. Le marquage fort de cette attaque simpose

    dautant plus que la suite des pages en diffre.

    Si quelques doublets (en majuscules dans la colonne de droite) renforcent

    le dveloppement rythmique, trs gnralement, en effet, des rimes ou reprises de

    36 . 10 des 15 pages 2 strophes (dont 6 3 vers) sont sans homophonie de fin de vers.

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    D. Guillaume13

    mots, mais surtout des assonances, composent un rseau complmentaire par

    rapport celui des isomtries (en minuscules dans la colonne de droite) soit

    quun cho vienne marquer un hapax mtrique, soit que le rang de reprise diffre

    entre les deux systmes, ne permettant pas la perception claire des deux reprises

    simultanes37. Globalement, au-del des attaques, les rptitions peuvent donc

    tre dites stratifies, deux niveaux mtriques et rimiques qui parfois se

    nouent en un seul, et mme trois, puisque cette structuration ne correspond pas

    la dcoupe en strophes graphiques.

    3.3 Modules et variables

    Comment sagencent donc ces suites, telles que nous les avons tablies,

    du point de vue du nombre syllabique ? Commenons par en dterminer les

    lments. Appelons, la suite de Benot de Cornulier, modules les vers et

    groupes de vers qui entrent dans la constitution dunits suprieures,

    superstructures que lon dira pour lheure strophiques 38. Si lon distingue les

    modules des autres vers et groupes, non rpts, une premire typologie se dgage

    (ANNEXE E). Elle attnue en particulier la crainte de simplement masquerlalatoire en accumulant des variables artificiellement indiffrencies.

    Les modules, en effet, lorsquil consistent en un seul vers imposent une

    scansion avant tout mono- et dissyllabique (dans 76% des cas) ; les distiques

    rcurrents ont, quant eux, trs largement de tels vers pour base (notamment des

    vers monosyllabiques), et pour complment un vers ne dpassant pas les 4

    syllabes (dans 79% des cas), les deux composant un enchanement croissant.

    Aucun vers modulaire du corpus na plus de 7 syllabes (2 occurrences).Au contraire, les variables simples tendent imposer des vers de 3, 4 et 5

    syllabes, et peuvent atteindre jusqu 11 syllabes. Les variables en distiques, dont

    le vers bref est mono- et di-, mais aussi tri- voire pentasyllabique, sagencent avec

    des vers dpassant les 4 syllabes (dans 58% des cas) ; ils sont en outre

    37 . Pour quun doublet soit marqu comme tel, il faut donc que la n-ime isomtrie (de rang A, parexemple) soit en mme temps le n-ime cho prosodique (de rang A aussi, et non B ou C).38 . Benot DE CORNULIER, Art potique, Presses Universitaires de Lyon, 1995, pp. 131-134, 262.

    Les strophes, dans la posie classique, sont des units priodiques quivalentes [je souligne] enstructure rimique (et en suites de formes syllabiques []) (ibid., p. 271) ce qui nest pas exactementle cas dans la posie analyse ici.

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    majoritairement mineurs. On voit ainsi, nouveau, se dessiner un systme deux

    composantes complmentaires : des modules brefs et croissants partir du

    premier vers , des variables plus amples, enchanement dcroissants.

    3.4 Pages et cellules rythmiques : suites de modules et doprations

    Modules et variables composent ensemble des cellules rythmiques,

    indpendantes des strophes graphiques (et spares par un point dans lANNEXE

    D). De telles cellules ont t conues comme units de transformation partir du

    principe mtrique traditionnel, celui de la rptition du mme que variait

    parfois des inversions dordre. Toute cellule est ici la transformation dun module.La description propose (ANNEXE F) a tent de constituer chacune de ces

    cellules de la faon la plus conomique possible, par quelques oprations simples

    effectues sur des modules en petit nombre. Ces derniers se composent de vers

    ritrs A, B, C quelque soit leur agencement monostiche A, distique

    AB, tercet ABC mais aussi ABB ou autres du moment que leur prise en

    compte comme module permet une description conomique de la page. Ils ont

    dabord t figurs par des chiffres (1,2), les oprations apparaissant alors sous laforme dune ponctuation spcifique, complique seulement, en de rares occasions,

    par quelques indices. Cela fait surtout apparatre les enchanement de modules.

    Puis, les modules tant cette fois lud na t conserv quun codage

    alphabtique des oprations, afin dtudier leurs enchanements (le point signalant

    toujours la dmarcation entre cellules, et le tiret apparaissant pour marquer la

    jonction de plusieurs oprations dans une mme cellule).

    Sept oprations peuvent ainsi tre analyses, dont les trois premires sontfondamentales, et les trois dernires, marginales. On fait ici prcder leur

    dfinition et illustration de leur ponctuation spcifique, puis (aprs une barre

    oblique) du codage alphabtique qui leur correspond.

    1) / V : variable, plac en second lment dun distique (type AX en dbut de page), ou

    substitu ce second lment (AB = 1 > AX = 1).

    2) / I et / IV : inversion (AB = 1 > BA = -1 ; AX = 1 > XA = -1)

    3) + / A et + / AV : ajout dun vers un module, par reprise du vers contigu (AB = 1 >

    ABB = 1+, AAB = +1) ou dune variable, signale alors comme telle (ABX = 1+).

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    D. Guillaume15

    4) t / T et t / TV = tercet par reprise du premier lment dun distique (AB = 1 > ABA

    = 1t, AXA = 1t)

    5) ( ) / R = modification par reprise, o le chiffre entre parenthse indique l module dont

    un lment a t substitu au vers de dpart dans le module modifi (AB = 1 et CD

    = 2, AD = 1(2), AC = 1(-2), etc)6) b, c, d / N = modification par innovation, si le nouvel lment est lui-mme

    modulaire (AB = 1 et CD = 2, AE = 1b, o lindice b signale quil sagit de la

    seconde version du module 1).

    7) x / M : multiplication, ou duplication (AB = 1 > ABAB = 1x)

    La schmatisation par chiffres non ponctus (ANNEXE G) fait apparatre

    que la configuration rythmique des 50 textes tudis peut toujours tre analyse

    comme ritration et variation partir dune base de 1 ou 2 modules, avec unenette prfrence pour la ritration dun module unique (34 cas contre 16

    bimodulaires, soit respectivement 68% et 32%). Dans ces pages dapparence si

    fragmente en raison, notamment, du caractre contrastif des modules comme

    des variables , cest bien une base continue qui simpose travers les

    prcdentes analyses : lagencement de loin le plus frquent rpte une fois le

    mme module , et parmi les pages deux modules diffrents, 10 sur 16

    juxtaposent une fois immdiatement un module lui-mme lalternance suivie(de type 1212) est marginalise (6 cas sur 50).

    tablir les enchanements les plus significatifs des sept oprations sest

    rvl relativement laborieux, tant donn leur nombre. La notation alphabtique

    ponctue aide distinguer trois positions : initiale, intermdiaire et finale. On a

    tenu compte la fois des positionnements les plus spcifiques de chaque opration

    (frquence dune position par rapport la frquence globale de lopration), et

    des frquences compares de chacune selon les positions. Par exemple, le tercet

    de variable (AXA = TV) en position dattaque nest pas en soi extrmement

    frquent , par rapport aux autres oprations (6 occurrences contre 18 cas de

    simples positions de variable et 12 daddition de vers modulaires), mais ce

    placement est de loin le plus significatif pour cette opration (1 occurrence

    intermdiaire, et une finale). On arrive ainsi, pour un schma trois positions, la

    proposition suivante la barre oblique signifiant lalternative, par ordre

    dcroissant de probabilit, et le point, la sparation entre positions (cellules

    rythmiques) : V/A/TV. AV/I . IV./I.

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    D. Guillaume16

    Cinq oprations subsistent donc dans ce schma de base et mme

    quatre, si lon admet que laddition de variables (type AXX) est elle-mme une

    variante de laddition de modules (type ABB). Nombre de pages ne comportent

    que deux cellules, et il parat dj assez caractristique tant donn labsence,

    et mme le refus, de toute rgle rythmique explicite, a priori, dans cette posie

    de retrouver deux oprations enchanes dans lordre prvu par le schma. Aux

    douze squences possibles avec trois oprations, on a donc ajout les 16

    envisageables avec deux seulement, soit 28 combinaisons possibles (ANNEXE

    H ; les points de suspension, droite ou gauche des lettres, correspondent des

    oprations alatoires, non prvues par le schma de base). Elles se retrouvent dans

    27 textes sur les 50 tudis certains textes ralisant simultanment plusieurs

    enchanements soit 54% des pages (30 textes, soit 60%, si lon admet des

    enchanement lintrieur de cellules plus complexes, et non pas seulement dune

    cellule lautre). La part imprvisible serait moindre si lon tenait compte aussi

    des occurrences une seule opration comme ralisation du paradigme. Elle

    demeure ici consquente, peine minoritaire, et il ne sagit certes nullement de

    mettre ce rythme au pas.

    Le schma de base, comme ses ralisations les plus frquentes, montre

    bien toutefois que la tendance dominante est le passage dune addition (A, AV)

    une inversion (I, IV). Cela peut sexpliquer assez simplement, selon une logique

    de la complexit croissante, au fil de la page, dans la configuration et donc

    dans la perception de ce qui est configur : position et rptition prcdent ainsi

    linversion, dautant plus que le vers initial est fortement marqu. Mais il demeure

    frappant, en outre, de remarquer que ce mouvement rythmique des pages contredit

    assez exactement la dcoupe strophique, qui va quant elle, tendanciellement,

    vers moins de symtrie et une addition immdiate dun nombre lui-mme :comme si, la perception simultane, visuelle, de la page, qui impose une

    dcantation, sopposait en sous-uvre une tension rythmique croissante, vers une

    plus grande complication architectonique.

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    D. Guillaume17

    Conclusion. Une physionomie

    ((La signification : une physionomie.))

    L. Wittgenstein,Investigations philosophiques, 568

    Construire un monde sur une page, comme figuration sensible de

    relations au tout : prs dun sicle aprs Mallarm, la difficult potique dire

    rend plus idale encore cette vise cosmogonique. Sa ralit de pome en

    pomes dmultiplie donc la rupture dagencements qui passent encore bien par

    le nombre. Lhistoire peut clairer, par hypothse, ces discontinuits : lhistoire de

    nos socits, qui peinent partager et transmettre rcits et symboles, celle dunsujet, dont la parole slabore partir de donnes familiales o se mlangent, au

    fil du sicle, langues, pays, violence politiques et religieuses celle de la posie,

    galement, transforme par cette uvre. Aussi la forme discontinue qui

    nous est offerte ne prsente-t-elle pas dapparence dont la description livrerait

    immdiatement un sens au lecteur de bonne foi.

    Pas de message clairement ritrable, paraphrasable hors de ses formes,

    outre les simples linaments voqus. Ce qui arrive au sens tient la disposition,

    chaque fois singulire, des lments reconnaissables (mots, structures

    syntaxiques, lments mtriques et leur traitements rcurrents) : on pourrait dire,

    comme Wittgenstein propos de ce que signifient les structures propositionnelles

    et les agencements artistiques, que cela se montre, et ne se dit pas39. Or cette

    forme, percevoir et comprendre, sanalyse par strates et contrepoints : entre

    dcantation graphique et complication mtrique, elle-mme module par les chos

    rimiques.

    Chaque niveau mais en particulier celui du rythme syllabique, plus

    prcisment tudi ici peut tre analys comme manifestant une unit

    dynamique : connaissant des continuits, des gradations, des volutions dans le

    temps et des transformations par unit (les pages de vers). Cela ramne

    lhypothse dune puissance configurante unique et continue penser au fond

    39 . Ludwig WITTGENSTEIN, Tractatus, 4.12, 4.121, 4.1212 et Investigations 523 in Tractatuslogico-philosophicussuivi deInvestigations philosophiques, Gallimard, Tel, 1999 (1961), pp. 53 et 273.

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    D. Guillaume18

    comme nature40 , qui agence des discontinuits. Celles-ci tiennent notamment

    ce que lunit nest telle qu intgrer des variables et leur traitement. Dans ce

    rythme, des types denchanements et de mouvements se retrouvent, pour tout ou

    partie, plutt que des lments et des places fixes comme en mtrique. Pour

    reprendre une rfrence qui est dans lair du temps, mais que du Bouchet connat

    bien depuis 1944 (DP.), ces pages ont entre elles, plus que des traits communs,

    une ressemblanc(e) de famille 41. Ce qui les rassemble tient au gntique42

    autant voire plus qu limmdiatement manifeste : des suites doprations, de

    transformations, engendrent la physionomie de pages reconnaissables quoique

    diverses. Mieux les dterminer afin de mieux saisir ce quelle transforme implique

    de les prciser encore et de poursuivre lenqute sur un corpus plus large.

    40 . Sur la mise en vidence dune naturalit du sujet du rythme chez H. Meschonnic, cf. ma thse,Lesfigures de la voix, pp. 38-39. Mais le travail descriptif des mtriciens repose largement sur lhypothsedune volution plus ou moins continue dont lagent implicite, la force motrice largement inconsciente,est lhistoire des formes potiques comparable celle de la langue , et incarne par quelquesgrands noms mais aussi par la foule des auteurs aujourdhui mconnus manifestant le mme cours

    irrpressible. Trs sensibles chez Roubaud (qui valorise plutt les ruptures scandant un processus delibration : Hugo, Rimbaud, Roche), ces prsupposs se dclent aussi chez J.-M. GOUVARDlorsquil tudie, graphique lappui, lvolution de distributions stratgiques dans lalexandrin, du 17eau dbut du 19esicle, ou de 1850 1870 ; Thorie du vers, Champion, 2000, pp. 120-121, 171. Cesvolutions doivent tre indpendantes par rapport lesthtique et la thmatique des auteurs, ettiennent aussi mouvement naturel de la lecture ; ibid, p. 202. Benot DE CORNULIER est conscientdu problme lorsquil oppose, propos du 19esicle, crise mtrique de longue dure et actionsindividuelles , libration suppose et ttonnements , foisonnement rels ; Dictionnaire de

    posie, loc. cit. pp. 499-500.41 . Ludwig WITTGENSTEIN,Investigations philosophiques, 67, op. cit p. 148.42 . Il me reste prciser bien davantage ce qui, dans la mthode recherche ici, pourrait devoir unelinguistique gnrative et ses hypothses avec ses implications lourdes : en dernire instance, lerattachement de la linguistique aux sciences de la vie, le langage tant conu comme un organe

    codant des instructions dans le code phylogntique de lespce humaine , lesquelles se manifestentde faons variables selon les langues ; cf. J.-C. MILNER, Le Priple structural, Seuil, 2002, p. 231, etFranois DELL,Les rgles et les sons. Introduction la phonologie gnrative, Hermann, 1985, p. 46.

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    D. Guillaume19

    ANNEXE A : relevs (exemples)

    Txt.n

    Titrepage

    Txt. Nbresyl.

    Code chos Code Nbrestr.

    Code

    28 Scr.10910v

    heurter la

    chambrecompacte

    soi-mme air

    tel que dehors la montagneairtoujours

    etdehors venant du nord.

    3112

    3

    812

    16

    ABBC

    A

    XBC

    BX

    lacompacte

    air

    montagneairtoujours

    nord

    AAXA

    B

    ABB

    XB

    4

    1

    3

    2

    63 Cgre1709v6

    air

    arrtcomme respir

    centrerespiratoire alors

    atteint

    sur

    unescarpement.

    1

    34(5)

    16

    2

    1

    14

    A

    XB

    AX

    C

    A

    AB

    air

    arrtrespir

    alors

    atteint

    sur

    un

    A

    BB

    XA

    C

    A

    CX

    1

    2

    2

    1

    1

    2

    A

    B

    B

    A

    A

    B

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    D. Guillaume20

    ANNEXE B : nombre de vers et de strophes par page

    Nbre de vers 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14Txt..Lss./Scr.

    0 1/2= 3

    6/1= 7

    8/3= 11

    3/6= 9

    2/8= 10

    3/5= 8

    0/3= 3

    0/5= 5

    0/3= 3

    0/1= 1

    0/2= 2

    0 0/2= 2

    Nbre de 1 2 3 4 5 6 7 8Txt.Lss./Scr.

    1/5= 6

    10/5= 15

    7/11= 18

    4/8= 12

    1/6= 7

    0/5= 5

    0/1= 1

    0/1= 1

    ANNEXE C : configurations des strophes graphiques

    Nbre de Configurations2 [15]. 21 : 6 31 : 2 41 : 2 divers : 53 [18] AXA : 7 AAX : 2 XAA : 7 : 24[12] AB BA :

    2AX XA :

    3AX AX AA BB XAA

    AXXA

    AAAX

    AAXA

    A

    Inversion : 5 Juxtaposition : 2 Srie : 4 15[6] AA X AA AXA BB XAAXA : 1 XXAXA : 2

    Inversion : 1 Juxtaposition : 2 Srie 36[5] XAA BAB XA BA BA ABB AAB XXAXAA AAXAXA

    Inversion :1 Juxtaposition : 2 Srie : 27[1] XAAXAAA

    Srie : 18[1] ABXB BAAB

    58[13] 3 4 6

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    D. Guillaume21

    ANNEXE D : configurations mtriques et rimiques

    Txt. Config. nbresyl. Config. rime1 AX.XA Aaxx

    4 ABX.ABB xaxxax

    6 AB.BA.XXA Aaabxbx

    8 AX.BA.BA Axaxx

    9 AXAXX Aaxxa

    11 ABBB.CCA ABxxaxb

    12 AXX.XA

    13 AX.XA.BAB xaxxaxa

    14

    16 AX.AX AxAx

    18 AXX.XA Axbab

    19

    20

    21 AX.XA

    22 AB.BA AxxA

    23 AX.XA Axax

    24 AAX.XBB

    25 AB.BA.BXB.XA xaBxaaxxb

    26 AXA.BA.CD.ACA.BD AxbxAxbxxABa

    27 ABB.CA.CBXX xaBbbaxxx

    28 ABB.CA.XBC.BX AaxabaBbxb

    29 AAXX

    31 AAX.AXX AAxxxx

    32 ABCCC.XCBA AxxxxbaBb

    33 ABAA.CBC.AD.BE.ADE ABcdeaCbcdxeea34 AXXX.AX Aabbcc

    35 AXA.XA xaAxx

    36 AAAB.AAC.CCB xAbxAcCabx

    37 XXA.XA aaxax

    38 XXA.XA aaxax

    39 AX.XAA

    40 AB.CA.CX.AB Axbxbabx

    41 AXAA.BX.AA.BBBB AX AabxBccbxBcxxa

    42 AX.XA.BXB xxaxxxa

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    D. Guillaume22

    43 A.BC.A.XCB xabAxxb

    44 XABBXX xxaaaa

    45 aabb

    46 AX.AX.AX xaxxxa

    47 AB.XA.XA.BABB xa(bc)AxAcxBx48 AAAB.ABXA xAbxcabc

    49 A.BC.DA.DA.CBC.XC xaaxbbxbcacx

    50 ABBBA.CC xxaxbba

    51 A.BX.A.XB.A.XXBB AxbxaxxxccB

    52 A.BCC.BCA ABxaxxb

    53 AX.BA.XBA xaBxaxb

    55 AX.BX.AB AxabxB

    56 ABX.ABX AxxAxx

    58 AA.BB Axxa

    59 AB.BAA

    60 AXAX

    61 AXAXXX xxAxxa

    62 AB.BA .CDCD ABabxxxx

    63 AX.BA.XXA.AB AbBxacAcx

    64 ABBBB.XABBB ABaxaxaBa

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    D. Guillaume23

    ANNEXE E : modules et variables

    Modules Nombre Variables NombreSimples : A [38] Simples : X [59]

    1 15 0 12 14 1 53 4 2 24 4 3 137 1 4 13

    5 106 67 38 39 110 111 1

    Doubles : AB [29] Doubles : XX [12]12 5 0-7 113 2 1-4 214 3 3-1 122 2 5-1 1 [4]23 3 2-3 124 3 7-2 125 1 9-2 1[2-3]26 1 5-3 127 1 7-3 1[2]31 5 6-5 143 141 151 1

    Autres [2] Triples : XXX 2421 1 4-6-8 13111 1 2-6-3 1

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    D. Guillaume24

    ANNEXE F : oprations

    1) / V : variable, plac en second lment dun distique (type AX en dbut de page), ou substitu

    ce second lment (AB = 1 > AX = 1).2) / I et / IV : inversion (AB = 1 > BA = -1 ; AX = 1 > XA = -1)3) + / A et + / AV : ajout dun vers un module, par reprise du vers contigu (AB = 1 >

    ABB = 1+, AAB = +1) ou dune variable, signale alors comme telle (ABX = 1+).4) t / T et t / TV = tercet par reprise du premier lment dun distique (AB = 1 > ABA = 1t,

    AXA = 1t)5) ( ) / R = modification par reprise, o le chiffre entre parenthse indique l module dont un

    lment a t substitu au vers de dpart dans le module modifi (AB = 1 et CD = 2, AD =1(2), AC = 1(-2), etc)

    6) b, c, d / N = modification par innovation, si le nouvel lment est lui-mme modulaire (AB =1 et CD = 2, AE = 1b, o lindice b signale quil sagit de la seconde version du module 1).

    7) x / M : multiplication, ou duplication (AB = 1 > ABAB = 1x)

    ANNEXES F : oprations

    Textes Configurations Chiffres ponctus Codage alphabtique1 AX.XA 1.-1 V.IV4 ABX.ABB 1+.1+ AV.A6 AB.BA.XXA 1.-1.+-1 I.AV-IV8 AX.BA.BA 1.-1.-1 V.I .I9 AXAXX 1t++ TV-AV-AV11 ABBB.CCA 1+.-1b A.IN12 AXX.XA 1+.-1 V-AV.IV13 AX.XA.BAB 1.-1.-1t V.IV.IT14 16 AX.AX 1.1 V.V

    18 AXX.XA[2] 1+.-1 V-AV.IV19 20 21 AX.XA 1.-1 V.IV22 AB.BA 1.-1 .I23 AX.XA 1.-1 V.IV24 AAX.XBB +1.2+ A-V.V-A25 AB.BA.BXBXA 1.-1.-1t.-1 I.TV.I26 AXA.BA.CD.ACA.BD 1t.-1.2.1t(-2).2(-1) TV.I..TIR.IR27 ABB.CA.CBXX 1+.2(-1).2(1)++ A.IR.R-AV-AV28 ABB.CA.XBC.BX 1+.2(-1).-2(-1).-1 A.IR.AV-I-IR.IV29 AAXX 1+++ A-AV-AV31 AAX.AXX +1.1+ A-V.V-AV32 ABCCC.XCBA 1++.+-1 A-A.AV-I33 ABAA.CBC.AD.BE.ADE 1t+.1bt.1c.-1d.1cd T-A.NT.N.IN.NN

    34 AXXX.AX 1++.1 V-AV-AV.V35 AXA.XA 1t.-1 TV.IV36 AAAB.AAC.CCB +1.2(1).-2(1) A.R.IR37 XXA.XA +1.1 AV-V.V38 XXA.XA [2] +1.1 AV-V.V39 AX.XAA 1.-1+ V.IV-A40 AB.CA.CX.AB 1.2(-1).2.1 .IR.V41 AXAA.BX.AA.BBBB AX 1t+.2.1+.2x.1 TV-A.V.A.M.V42 AX.XA.BXB 1.-1.2t V.IV.TV43 A.BC.A.XBC 1.2.1.+2 .AV44 XABBXX 1+++ V-A-AV-AV45 46 AX.AX.AX 1.1.1 V.V.V47 AB.XA.XA.BABB 1.-1.-1.-1t+ IV.IV.IT-A48 AAAB.ABXA ++1x.-1 A-A-M.IV

    49 A.BC.DA.DA.CBC.XC 1.2.-1bx.-2t.-2 INM.IT.IV50 ABBBA CC 1+.-1.2 A.I51 A.BX.A.XB.A.XXBB 1.2.1.-2.1.++-2+ V.IV..AV-IV-A

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    52 A.BCC.BCA 1.2+.2.1 A53 AX.BA.XBA 1.-1.+-1 V.I.AV-I55 AX.BX.AB 1.2.1(-2) V.V.IR56 ABX.ABX 1.1 V.V58 AA.BB 1+.2+ A.A59 AB.BAA 1.-1+ I-A60 AXAX 1t+ TV-AV61 AXAXXX 1t+++ TV-AV-AV-AV62 ABBA CDCD 1.-1.2x I.M63 AX.BA.XXA.AB 1.-1.+-1.1 V.I.AV-IV.64 ABBBB.XABBB 1+.+1 A.AV

    ANNEXE G : enchanements de modules

    Configurations TotalUn module [34]1 4

    11 20111 61111 311111 1Deux modules alterns [6]12 2121 11212 112121 1121212 1Deux modules avec srie [10]112 21122 111212 1122 2

    1221 312122 1