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1 1914 Dimanche 27, violente canonnade de 6 heures du matin au soir, de Albert à Bucquoy, l’artillerie a fait son parc dans la pâture Marquant et M Frère, à la chapelle du jardinier, j’ai trié les petites pommes de terre, on a tiré toute la nuit. Lundi 28, canon vers 10 heures du matin jusqu’au soir, canon par intervalle la nuit. Mardi 29 décembre, canon le long du jour, été à Bapaume conduire 4 sacs de blé à Paul Savary et 8 sacs et 40 kilos à M Frère Guislain, porté beurre et œufs et cognac à M Stienne et contremaître, ramené 3 sacs de farine et moi vin en bouteille, commissions diverses, porté 4 lapins aux Sœurs Bleues, rencontré 6 bandes ou compagnies allemandes venant de Biefvillers et Miraumont, se rendant par Bapaume, sans fusils et sacs au dos. Ce sont des soldats, soi- disant, qui ont fini leur engagement de 4 mois et retour à Berlin, le soir et la nuit le canon. Mercredi 30 décembre, canon tout le long du jour, aéroplanes allemandes, françaises et anglaises, j’ai fait de la bière, pris du malt et du houblon à Bapaume, on a tiré le canon toute la nuit. Jeudi 31 décembre, canon tout le long du jour, le reste de fantassins allemands sont tous partis par alerte, à midi, réglé compte avec une ordonnance, reporté chaudière de M Frère chez Guilbert, j’ai commencé à battre avoine, le canon dans la nuit par intervalles, à minuit grand émoi fusillade partout pour annoncer le nouvel an allemand. 1915 Vendredi, triste nouvelle année, on a tiré beaucoup le canon tout le jour, j’ai encore battu un peu d’avoine, on a cuit pour nous, on a tiré le canon la nuit. Samedi 2 janvier, on a tiré tout le jour, à Bapaume conduire 1000 kilos de blé Coulmont, 3 sacs de farine, la farine vaut 50 marks, porté beurre et œufs M Stienne et contremaître, farine un peu pour moi, porté tonneau vide 1

2 partie francaise - premiers chapitres des feuillets-carnets de jm thomas

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1914Dimanche 27, violente canonnade de 6 heures du matin au soir, de Albert à Bucquoy,

l’artillerie a fait son parc dans la pâture Marquant et M Frère, à la chapelle du jardinier, j’ai trié les petites pommes de terre, on a tiré toute la nuit.

Lundi 28, canon vers 10 heures du matin jusqu’au soir,  canon par intervalle la nuit.Mardi 29 décembre, canon le long du jour, été à Bapaume conduire 4 sacs de blé  à Paul

Savary et 8 sacs et 40 kilos à M Frère Guislain, porté beurre et œufs et cognac à M Stienne et contremaître, ramené 3 sacs de farine et moi vin en bouteille, commissions diverses, porté 4 lapins aux Sœurs Bleues, rencontré 6 bandes ou compagnies allemandes venant de Biefvillers et Miraumont, se rendant par Bapaume, sans fusils et sacs au dos. Ce sont des soldats, soi- disant, qui ont fini leur engagement de 4 mois et retour à Berlin, le soir et la nuit le canon.

Mercredi 30 décembre, canon tout le long du jour, aéroplanes allemandes, françaises et anglaises, j’ai fait de la bière, pris du malt et du houblon à Bapaume, on a tiré le canon toute la nuit.

Jeudi 31 décembre, canon tout le long du jour, le reste de fantassins allemands sont tous partis par alerte, à midi, réglé compte avec une ordonnance, reporté chaudière de M Frère chez Guilbert, j’ai commencé à battre avoine, le canon dans la nuit par intervalles, à minuit grand émoi fusillade partout pour annoncer le nouvel an allemand.

1915

Vendredi, triste nouvelle année, on a tiré beaucoup le canon tout le jour, j’ai encore battu un peu d’avoine, on a cuit pour nous, on a tiré le canon la nuit.

Samedi 2 janvier, on a tiré tout le jour, à Bapaume conduire 1000 kilos de blé Coulmont, 3 sacs de farine, la farine vaut 50 marks, porté beurre et œufs M Stienne et contremaître, farine un peu pour moi, porté tonneau vide Benjamin chez M Bleuet, porté beurre et œufs chez M Raison, commissions diverses, canon et combats la nuit.

Dimanche 3 janvier, canon fort le long du jour, vanné avoine, pesé 200 kilos de pommes de terre. M Frère appelé par le Kommandant pour les semailles de blé et affaire, arrangé faute d’argent hommes et chevaux et charrues, humidité du sol, on a tiré la nuit par intervalles.

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Lundi 4 janvier, été à Bihucourt chercher 3000 kilos de charbon avec les Allemands pour les habitants, été 2 fois avec cheval Marquant, distribué après-midi, on a tiré le canon au loin et vers Douai, on a tiré au canon la nuit.

Mardi, été à Bapaume conduire pommes de terre à l’hospice pour Mme Stienne, poules et coqs contremaître Benoit Barbey, porté œufs Raison, pommes de terre, œufs et beurre M Gaston,  commissions diverses, on a tiré toute la nuit, combats vers Douai.

Mercredi, de grand matin combats vers Douai et Bucquoy, on a tiré tout le jour, j’ai battu avoine, on a cuit, la nuit on a tiré le canon.

Jeudi 7 janvier, été à Bapaume conduire blé de Lequette, 1000 kilos 12 sacs et 40 kilos, ramené 3 sacs de farine et moi un peu, porté beurre chez M Stienne et contremaître, commissions diverses, on a tiré le canon sur Albert tout le jour, la nuit le canon.

Vendredi 8 janvier, violent bombardement tout le jour sur Albert et Miraumont, j’ai battu et vanné, Delacourt a eu des difficultés avec un Allemand et a été puni de 3 jours de

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salle de police, a été au poste de police chez Antoine Raison, hier les fantassins qui sont partis la veille du nouvel an sont revenus après avoir été au feu à Bucquoy, on a pris le cheval de Paul Savary la noire aveugle dans les champs, on a tiré toute la soirée, l’ordonnance du Kommandant est venue apporter pétrole et donner à laver tunique et pantalon, canon toute la nuit.

Samedi 9 janvier, été à Bapaume chercher 700 ardoises et un paquet de clous chez Pamart contre bon, rapporté commissions diverses, battu après-midi avoine, canon le long du jour, l’ordonnance a apporté sucre, café, sel, lessive pour lui.

Dimanche 10, violents combats tout le jour, beaucoup d’aéroplanes, René Gréselle est décédé après-midi, canon la nuit assez fort.

Lundi, conduit blé à Bapaume 1000 kilos Coulmont, l’inspecteur dit que je peux prendre 400 kilos farine seigle sans payer, je n’ai rien pris sans autorisation, ramené levure et bière pour Normand, du son pour Flore, Marie Lequette, Charles et M Frère, canon toute la journée, fort, porté beurre contremaître et M Stienne, farine pour moi, on a cuit un peu, le canon la nuit.

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Mardi 12 janvier, été à Bapaume pour porter autorisation du Kommandant de Grévillers afin que le Supérieur du collège (enterrement) vienne voir M Eugène ou M le Doyen, qui a donné quelques biscuits et commissions, été chercher bon de blé, conduit hier lundi et offert farine de seigle, battu avoine après-midi, la nuit de lundi il a été tiré 2 coups de fusil, soi-disant, alors explications du Kommandant avec M Frère, le canon le long du jour.

Mercredi, le matin, M Frère, M Trollé, M le Curé et Mehaye sont tenus comme otages pendant la perquisition qui va avoir lieu, publié que l’on va perquisitionner et que les otages seront tenus si on trouve encore des armes qui doivent être déposées sur la place publique, les otages sont restés jusqu’à midi à la mairie, après-midi M Frère a été à la mairie pour explication de l’impôt foncier, tout s’est bien passé, le canon au loin de grand matin et le long du jour.

Jeudi, canonnade violente, beaucoup tout le long du jour et le soir vers Miraumont et Bucquoy, j’ai battu avoine et vanné. Il est demandé à la commune une indemnité de 17000 francs à la commune, M Frère a refusé disant qu’il était impossible de trouver cette somme il attend une transaction suivant la réponse de la Division, la nuit bataille.

Vendredi, violente canonnade tout le jour et le soir vers Miraumont et Bucquoy, j’ai battu avoine, convoqué les conseillers plus M Trollé pour demain chez Léonce Peugnet pour discuter du prix de l’indemnité.

Samedi, combat tout le jour, à 8 heures réunion du Conseil municipal chez Léonce Peugnet, puis à 10 heures réunion chez le Kommandant pour soumettre leur délibération et se mettre d’accord pour l’indemnité, été à Bihucourt chercher charbon puis distribué aux particuliers, pour de l’argent à 2 francs 75 l’hectolitre, fini de batte l’avoine, on a cuit, il est question qu’une machine de Gomiécourt viendra battre toutes les récoltes la semaine prochaine.

Dimanche 17 janvier, on a vanné le reste d’avoine, il y en a en tout 14 sacs, l’abbé Delville est décédé ce matin, on a placé le téléphone de chez Lempereur à M Dauthuille où est le Kommandant, il a été versé 4000 francs d’indemnité, canonnade tout le jour, …. ( des ponts dans le texte) est venu payer le fermage de son champ.

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Lundi, il fait des neiges, j’ai battu le blé avec Nina, canonnade très peu si ce n’est cet après-midi, M Eugène n’est pas bien.

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Mardi 19 janvier, M Eugène est décédé ce matin sans souffrance, les fantassins sont partis vers Douai, Marquis est parti avec eux conduire les bagages pour deux jours, battu blé avec Nina jusque midi, après-midi nettoyage du village avec Henri, après-midi vanné blé 11 quarts, canonnade au loin sur Douai, Alice a été à Bapaume pour commission et couronnes M Frère, le soir canonnade violente sur Douai, Arras.

Mercredi, de grand matin canonnade violente sur Arras et Douai après-midi sur Bucquoy, Miraumont, il n’y a plus de pain ni à Sapignies ni Beugnatre, on a cuit, j’ai battu seul.

Jeudi, on a enterré M Eugène, triste, j’ai battu seul et vanné le reste de blé bon fermier, en tout on a eu 18 quarts, canonnade tout le long du jour sur Miraumont, Bucquoy, pas de pain à la boulangerie.

Vendredi, battu blé hybride avec Nina, j’ai été chercher les ouvriers pour la batteuse M Trollé, pour les Allemands battre blé, canonnade lente toute le jour, il y a du pain de seigle un peu à la boulangerie, Louis est quitte.

Samedi, j‘ai battu un peu, Nina seule, été au charbon à Bihucourt pour le Bureau de Bienfaisance et distribué après-midi, réunion du Conseil municipal pour demander une nouvelle indemnité qui est très élevée, le soir un sous-officier est passé avec un homme pour faire le logement, nous avons 8 hommes et un sous-officier pour notre part, on n’a pas tiré beaucoup le canon, le ballon allemand a survolé Longueval.

Dimanche 24 janvier, j’ai été à Bapaume chercher bière pour Benjamin R, porté une poule de lui à M Stienne, commissions, rapporté son pour M Frère et Lequette, M Stienne livre bouteille, on a vanné le blé hybride 12/4, on n’a pas tiré le canon.

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Lundi 25 janvier, on n’a pas tiré le canon, j’ai battu avec Nina, fini le blé hybride à midi, commencé le blé à la voie d’en haut, on a chercher des pommes de terre, on a cuit pour nous, désinfecté chez M Frère les appartements de M Eugène.

Mardi, on a tiré le canon sur Arras et Ayette, j’ai été chercher 100 livres de farine de Mir  (?) , chez Gréselle pour M Frère contre un hectolitre de blé de 150 livres qu’on lui doit pour mélanger avec les 95 livres qu’il a eu à Beugnatre du moulin à vent, j’ai battu avec Nina jusque 10 heures, M Frère est venu dire d’arrêter et d’aller dans chaque maison, défendu de battre au fléau et à la petite batteuse il n’y a plus que la grosse qui marche. Le Kommandant est passé dans les granges et greniers pour vérifier les ressources qu’ils ont encore, on a pris les pommes de terre chez Bélot et Benjamin, vanné après-midi le reste du blé hybride, en tout on a eu 15 quarts et demi sur le fournil, ensuite on a eu blé mélangé voie d’en haut 6 quarts sur le fournil et 10 quarts bon fermier sur le fournil, on a tiré le canon la nuit.

Mercredi, on a tiré le canon tout le jour de Longueval à Arras loin, j’ai nettoyé chez Dauthuille, on a volé cette nuit beaucoup de poules et lapins, aujourd’hui les Allemands fêtent leur empereur.

Jeudi, on a tiré le canon vers Albert et Miraumont, scié bois, convoqué le Conseil municipal chez le Kommandant, à 3 heures, pour verser une nouvelle indemnité, Jeanne a cuit chez nous.

Vendredi, on a tiré beaucoup le canon vers Ayette et Longueval, beaucoup d’aéroplanes, on a cuit pour M Frère, publié pour les laissez-passer, après avoir le blé et l’escourgeon M Trollé, on dégrange avoine, en commençant par Coulmont, Albert Soiluer Joseph Heudicourt et Devaux Léon, j’ai coupé la haie du jardin, on dit qu’il est tombé accidentellement un aéroplane français entre Miraumont et Achiet le Petit,  lieutenant bras cassé.

Samedi, on a continué de battre, pris avoine aujourd’hui chez M Frère Aubert et Auguste Dudicourt, été couper la haie du jardin, Léon Duflot et Grand Emile ont été au poste

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pour n’avoir pas voulu verser leur part d’indemnité, ils ont été défermés après versement, on a tiré le canon vers Albert et Arras, beaucoup d’aéroplanes, la nuit on a tiré.

Dimanche 31 janvier, on a tiré beaucoup le long du jour, vers Albert et Ayette, été à Bihucourt chercher du charbon, pour payer 3000 kilos, il neige beaucoup, distribué charbon après-midi, on a tiré le canon la nuit ;

Lundi 1° février, on a continué le battage et Edouard Michez, on a tiré beaucoup le canon de Albert à Arras, on a tiré beaucoup toute la nuit.

Mardi, on a tiré au canon de Albert à Arras, été à Bapaume conduire le blé de M Frère 1250 kilos, ramassé 65 sacs de farine de blé et 250 kilos de rebulet pour faire pain gris, porté beurre et œufs à M Stienne et Bajeux, un peu de farine pour moi, on a tiré la nuit le canon.

Mercredi, on a beaucoup tiré au canon tout le jour, été coupé la haie du jardin et avec Joseph Dudicourt, visiter les chemins, triste visite à voir le bois, on a tiré beaucoup la nuit le canon et infanterie.

Jeudi, violente canonnade tout le jour, on a cuit pour nous et M Frère, été à la haie, été à la mairie dresser la liste des habitants pour le Kommandant, la farine vaut 55 marks ou 68 francs 75 les 100 kilos, rebutet aussi, on a tiré le canon la nuit.

Vendredi, on a tiré beaucoup le canon, ballon allemand a survolé vers la Croix de Paris, été à Bapaume conduire veau gras à Achille, ramené son pour Marie Lequette, été à la haie, on a tiré le canon la nuit.

Samedi 6 février, on a tiré le canon tout le jour, été chercher 3320 kilos de charbon à Bihucourt puis distribué, Jeanne a cuit, on a tiré la nuit.

Dimanche 7 février, on a tiré le canon tout le jour, été à la haie, après-midi relevé la liste des hommes de 15 ans à la naissance du 1° janvier 1860, on a tiré le canon la nuit.

Lundi 8 février, on a tiré le canon tout le jour, battu blé sur tonneau, triste moyen, été au cimetière pour M Frère et au jardin, affiché proclamation pour les appels, on a défait les piquets de fer à la pâture Mme Lesage.

Mardi 9 février, on a tiré le canon tout le jour, battu blé sur une échelle, on a su par un jeune homme d’Etreux, qui habitait le moulin, que M Lesage était décédé fin novembre, la nuit on a tiré le canon.

Mercredi, calme beaucoup d’aéroplanes, j’ai publié «aviateurs qui laissaient tomber petits sacs sans les remettre aux autorités allemandes »

Jeudi, calme, on a tiré peu au canon, affiché avis concernant les renseignements à l’ennemi, j’ai battu sur une échelle, on a cuit pour nous.

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Vendredi 12 février, il a neigé un peu, on a tiré le canon assez bien, battu blé sur échelle, la nuit on a tiré le canon.

Samedi, on a tiré le canon beaucoup vers Albert et Miraumont, été à Bihucourt chercher du charbon 3420 kilos et distribué l’après-midi, fini de battre le blé sur échelle, la nuit on a tiré le canon.

Dimanche 14 février, on a tiré le canon tout le jour vers Albert, Bucquoy, vanné le blé mâle 18 quarts, changé le trèfle de place.

Lundi, on a tiré le long du jour vers Bucquoy, St Léger, continué le battage à vapeur ( Lemaire, Frère Aubert, Savary François, Auguste Dudicourt, Gréselle, Mme Leroy, Alexandre Parsis, Zéphyr, Léonce Peugnet, Antoine Raison, Paul Savary, Lequette ), on passe dans les maisons pour inscrire ce qui reste de bestiaux ; vaches, veaux et chevaux, j’ai bouché la haie du jardin, on tire ce soir vers Puisieux et St Léger, mis sur le fournil 10 quarts de blé mêlé et 5 sacs d’avoine, 10 demi-sacs.

Mardi 16 février, aéroplanes et ballon captif, on a tiré peu, été à Bapaume conduire 1250 kilos de blé à M Frère et ramené 750 kilos de farine seigle à 45 francs 50 les 100 kilos,

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porté beurre et œufs à Mme Stienne, rapporté un peu de farine et 10 livres luzerne, on a tiré la nuit.

Mercredi 17 février, on a tiré beaucoup le canon tout le jour, publié l’appel à 10 heures pour jeudi par le Capitaine de Gendarmerie, la colonne s’en va demain, remplacée par la colonne d’Achiet le Petit, Jeanne a cuit, on a battu et ramassé blé battu dans beaucoup de maisons, on a tiré la nuit le canon.

Jeudi, revue passée à 11 heures 30, publié que la dite revue a lieu à 9 heures 45, M le Capitaine arrive en auto et passe la revue, 16 ont été inscrits, des fantassins sont venus couper la haie du jardin sur les champs, après-midi été la réparer, la colonne est partie à Aniche et ceux d’Aniche, bon Capitaine.

Vendredi, on a tiré le canon tout le long du jour, été à Bapaume à pied porté beurre et œufs à Mme Stienne et Bajeux, commissions, été dans les champs après-midi, après-midi 4 Allemands et M Frère sont passés partout pour faire le relevé du blé dans les granges et greniers, surpris d’en trouver encore tant.

Samedi, on a tiré le canon vers Miraumont et Bucquoy, été bêcher un peu au ¼, eu bien du mal avec tout à ranger.

Dimanche, on a tiré le canon beaucoup de Longueval à Puisieux, aéroplanes allemands, inspection de la maison par 4 hommes et sous-officier, rien d’anormal de trouver, logé le sous-officier qui inspectait, on a cuit pour M Frère, Flore Michez a tué vache, été au ¼ bêcher.

Lundi, journée calme, été à Bihucourt chercher 3680 kilos de charbon et distribué, publié que ceux qui veulent labourer et semer M le Capitaine met hommes et chevaux à leur disposition, on a cuit pour nous.

Mardi, journée calme, semé blé à M Frère, gazon route d’Irles, M Dauthuille est venu chercher la brouette de la commune pour mettre cailloux sur le chemin de Ligny-Thilloy, publié par le Kommandant : il ne signera les laissez-passer que de 9 à 10 heures, fagoté dans le pré les arbres ébranchés, Jeanne a cuit.

Mercredi, journée calme, la brouette est rentrée, il est arrivé par en haut une colonne d‘artillerie venant d’Ervillers 200 hommes et 200 chevaux, été bêcher au ¼, chez M Frère caché divers, il y a un homme de chez Jeanne qui va venir coucher, Jeanne a repris sa vache.

Jeudi, on a tiré le canon entre Longueval ( ? ) et Douai, les soldats vont labourer et semer, publié pour les laissez-passer plus avant dimanche, été fagoté au jardin.

Vendredi, été à Bapaume trouver l’Inspecteur au moulin pour farine aller à Achiet, commissions bière, on a tiré le canon, aéroplanes, distribué bons du blé de ceux qui en ont conduit à Beugnâtre en échange de la farine de seigle.

Samedi 27 février, on a tiré le canon Longueval Bucquoy, on fait triste pain, un Allemand le fait aujourd’hui, grand mouvement de troupes cette nuit et aujourd’hui.

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Dimanche 28 février, on a tiré le canon la nuit, été bêcher au ¼. Lundi 1° mars, on a tiré un peu, été fagoter au jardin, semé blé à M Frère au grand

buisson, la batteuse M Trollé est installée en face chez Marquant pour battre. Mardi, on a tiré le canon, été à Bapaume chercher bière pour M Frère et Constance,

ramené un tonneau pour Constance seulement, porté beurre et œufs à Mme Stienne et Bajeux, rapporté n peu de farine, on bat avec la machine dans la rue, on a cuit pour nous, on a tiré la nuit le canon.

Mercredi, violente attaque le matin de bonne heure, on a tiré tout le jour le canon, publié qu’il y aura appel demain à 11 heures des hommes de 15 à 55 ans, été semer blé à M Frère, on a cuit pour M Frère, passé dans les maisons où il y a des étrangers pour savoir leur

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naissance, on croit que c’est pour rationner les habitants pour la farine, on a tiré le canon la nuit.

Jeudi, on a tiré le canon tout le jour, violente canonnade de 4 à 5 heures l’après-midi sur la gauche d’Arras, appel des hommes à 11 heures, Léon Desjardins n’est pas venu, le Kommandant a été avec moi, fini de bêcher le ¼, on bat toujours repassé du blé pour concasser.

Vendredi, on a tiré le canon, publié que après-midi il est défendu de sortir du village, on fait des tirs réels, affiché proclamation, concassé une demi-heure blé en farine et une demi-heure pour Charles chez Martial Jacquin, ceux qui avaient du blé à Beugnâtre ont reçu farine seigle en échange à Bihucourt.

Samedi, on a tiré le canon, publié pour les laissez-passer qu’il faudra payer, ta misé farine pour un demi hectolitre de blé, j’ai eu 40 livres de farine.

Dimanche, on a tiré le canon, concassé un demi-hectolitre de blé chez Martial, convoqué les jeunes gens inscrits à aller lundi matin à la batterie, tamisé blé et j’ai eu 40 livres de farine donc 80 livres farine pour un hectolitre blé bon fermier de mars.

Lundi, calme, on a tiré le canon sur Douai, les jeunes gens sont à la batterie, été semé blé chez M Frère.

Mardi, arrangé bois au jardin, été chez les cultivateurs demander ce qu’ils ont encore à labourer pour semer froment et avoine.

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Mercredi10 mars, violente canonnade de 5 heures du matin jusqu’au soir entre Arras et Douai, été chercher brabant au bois et déposé chez M Frère, arrangé bois au jardin, on bat toujours à la grosse machine.

Jeudi 11 mars, on a tiré le canon, été semer blé au château Fontenelle, été finir bois au jardin, bêcher chez nous, on a cuit pour M Frère, publié qu’il est défendu d’aller chercher bois avec tombereau et traîneau, il est permis de ramasser les coupures et petites branches.

Vendredi, calme, bêcher à la maison, été au jardin finir de ranger, on a cuit pour nous. Samedi, on a tiré beaucoup le canon entre Arras, Douai et Longueval, bêcher au jardin,

été demander chevaux pour labourer, accepté.Dimanche, on a tiré le canon sur Arras et Bucquoy, été labourer et semer à la chapelle

petit coin de blé du bon fermier de nous avec Allemand, jardiné et semé, appelé par le Kommandant pour personnes travailler, jeunes filles et hommes valides, le soir Aschoff est rentré saoul, il a rendu.

Lundi, on a tiré le canon au loin sur Arras et Longueval, planté pommes de terre au grand jardin, aulx, oignons, pois, etc. , semé blé sur Bihucourt pour M Frère et Lisa Leroy, été ramasser feuilles au pré, on sème toujours, 15 attelages par pièce, été planté pommes de terre au ¼, convoqué pour l’appel jeudi à 11 heures et ceux qui répondent au travail demain à 8 heures, rassemblement en face de la mairie 17 heures.

Mercredi, rassemblement à 8 heures divisé en 3 parties, répandre fumier, ramasser betteraves et nettoyer village tout le soir, fini de planter les pommes de terre au ¼, semé oignons à la maison, on a tiré le canon tout le jour de Combles à Arras, reçu de M Frère 5 marks pour semage.

Jeudi18 mars, revue et appel par le Capitaine de Gendarmerie, on a tiré le canon, Flavie a cuit.

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Vendredi 19 mars, été à Bapaume, plusieurs commissions, j’ai repassé son chez Delacourt, on a cuit pour M Frère, on a tiré le canon le jour et la nuit.

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Samedi, appelé chez le Kommandant qui me dit que Delacourt Jules a une amende de 10 francs par la Division, réduite à 3 francs par lui, été semer au Château de Pys pour M Frère, publié l’appel des hommes our1 heure 30 pour nettoyer le village sous la surveillance d’officiers allemands, semé oignons, poireaux, carottes chaudes, Jeanne a cuit, on a tiré le canon tout le jour, beaucoup d’aéroplanes.

Dimanche, on a tiré le canon, beaucoup d’aéroplanes, le matin un cheval mort à transporter, on l’a mis dans le jardin Faidherbe, masse à dépouiller et il doit être visité par le vétérinaire qui a constaté une maladie de cœur, Gréselle a charrié les deux silos de betteraves 8 tombereaux, on a tiré le canon la nuit.

Lundi, on a tiré beaucoup le canon, beaucoup d’aéroplanes, le matin semé blé chez M Frère au Château de Pys, ensuite labouré les 5/4 à la chapelle et les ¾ aux 3 Arbres par deux Allemands, la nuit on a tiré le canon.

Mardi, on a tiré le canon, semé les 5/4 à la chapelle du blé japhet de Charles par un Allemand puis arrangé deux fois les 5/4 avec 3 arbres, après-midi nettoyé la place et surveillé les jeunes gens, scié du bois qui a été distribué aux pauvres puis sont arrivés quatre sous-officiers du 170° pour faire le logement avec eux, nous avons quatre hommes d’inscrits et un sous-officier, ils doivent arriver à 11 heures du soir, arrivés à 10 heures, nous logeons deux vaguemestres dans un lit et 3 ordonnances dans le fournil (170°) (bons chefs).

Mercredi, journée calme pour le tir mais la colonne d’artillerie part à 9 heures du soir et remplacée par une autre colonne qui arrive à 7 heures, nous logeons deux chevaux dans l’écurie et 10 hommes dans la grange, nuit blanche.

Jeudi, le nouveau Kommandant s’occupe battage, conduit où il y a des escourgeons, les hommes qui ont couché dans la grange ont trouvé un autre logement chez Constant.

Vendredi, calme pour le tir, été à Bapaume, aéroplane anglaise est venue jeter des bombes, une sur un parc de voitures, pâture de la fabrique, quelques voitures écrabouillées une autre entre la gare et l’Usine à gaz, trois prisonniers civils évacués du lateau ( ? ) ont été blessés et deux Allemands dont un est mort, commissions, régiment Frantz fait du logement, le 170° part à 7 heures du soir et est remplacé par Frantz qui, arrive à 2 heures du matin, M Frère a été à Achiet pour avoir du charbon pour la batterie, 1000 kilos et 2000 pour les habitants, payés par M Frère, départ du 170°, 7 heures du soir, passé la nuit à attendre le régiment Frantz avec sous-officier et secrétaires.

Samedi, le régiment Frantz arrive à 2 heures du matin, nous logeons un officier et 20 hommes dans la grange et le fournil, triste journée, il a fallu chercher 12 chevaux pour transporter les sacs des hommes, bon officier et secrétaires, ils viennent au rapport et écrivent, à midi concert par la musique en face de chez Dauthuille, régiment Frantz part pour Havrincourt à 8 heures, le caporal et l’homme qui a ses chevaux couchent chez nous, vers le soir un aéroplane anglais est venu jeter des bombes sur Bapaume, 7 bombes ont causé des dégâts sur Bapaume.

Dimanche, calme pour le tir, beaucoup d’aéroplanes, on vient faire le logement pour demain, ramassé gazon aux 3 arbres et chapelle, les hommes rentrent a nuit de conduire des munitions, v ers le soir un aéroplane a survolé Bapaume.

Lundi, calme pour le tir, à midi les deux colonnes d’artillerie (colonne du 103° artillerie) reçoivent l’ordre par téléphone qu’ils partent ce soir, en effet départ des deux colonnes à 8 heures, donc plus de soldats à loger, nouveau Kommandant qui paraît assez bon, cette colonne de ravitaillement (colonne du 10° Artillerie) vient de Pys, beaucoup d’aéroplanes, deux ont survolé Bapaume,  on a placé cette nuit des canons sur le donjon, un aéroplane a jeté une bombe qui a fait sauver les soldats, le soir un autre a survolé Bapaume salué à coups de canons, on a distribué ce que les Allemands ont laissé de charbon.

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Mardi matin, deux hommes sont venus pour loger et deux chevaux, gros, bons, il y a de tout, aéroplanes survolent Bapaume mais quittent car les canons sont nombreux, calme pour le tir, il est question d’évacuer les civils indigents.

Mercredi, on entend de nouveau le canon vers Longueval, bons hommes que nous logeons, on a cuit pour M Frère, il est question que l’on va avoir une nouvelle colonne d’artillerie venant de Le Sart (colonne du 26° d’artillerie), Jeanne a cuit, j’ai été à Béhagnies trouver le Kommandant pour avoir le chariot de M Frère, vu et accepté le retour pour le soir du chariot, on a tiré le canon la nuit aéroplanes de nouveau.

Jeudi Saint, été à Bapaume chercher Louis Leroy pour son père décédé à midi, aéroplane à midi a jeté 3 bombes sur Bapaume une bombe incendiaire est tombée et a incendié le hangar Provins, les autres sont tombées dans le hangar, 50 homes environ se reposaient et ont été asphyxiés, j’ai roulé le blé semé en mars, le soir à 7 heures un aéroplane est venu jeter six bombes sur Bapaume détruisant beaucoup de vitres, on a tiré beaucoup au canon , publié qu’il faut rentre à 8 heures et sortir à 6 heures.

Vendredi Saint, jardin, été après-midi labourer dans le fonds d’Avesnes avec 3 Allemands pour M Frère, on a tiré beaucoup surtout vers Pozières et toute la nuit.

Samedi Saint, été semer avoine avec Sylvain voie d’en haut, publié le beurre 1 franc 80, le lait 0 franc 80, les œufs 0 franc 10, on a cuit pour nous, on a réinstallé le téléphone venant de Martinpuich, les Allemands charrient le fumier, on fait des numéros en couleur, on refait du logement, il a plu après-midi, Mme Barry a été prise de crise à cause de l’évacuation forcée, on a tiré beaucoup le canon près, arrangé les tombes de M Frère, on a installé des canons à aéroplanes bois grignons, ils logent à Grévillers, on a pris la voiture Charles pour conduire Mme Compagnon à Quéant, on a tiré le canon la nuit.

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Pâques, on a tiré le canon, été à Bihucourt porter du pain chez Dauthuile et Clorinthe, été à Bapaume renseignements M Frère, Flore a eu sa voiture ce matin.

Lundi, le matin appel des jeunes gens pour nettoyer le village, il pleut, appel de tous les hommes, jeunes et vieux à 3 heures, on tire le canon, on défait un téléphone, on dit à l’appel qu’il va falloir évacuer les bouches inutiles parce que l’Angleterre nous déclaré famine, a dit un officier, liste remise par M Frère des évacués.

Mardi, concassé blé, un hectolitre à M Frère, Flavie a cuit, il faut savoir ce qu’il a encore de paille dans le village, le père Couvraine est décédé, la laine des moutons est saisie, les jeunes vont à la batterie, on tire le canon tout le jour, il pleut.

Mercredi, on tire le canon, scié du bois, on bat escourgeons et seigle, on vient des environs pour chercher beaucoup de paille, Jeanne a cuit.

Jeudi, on tire le canon, publié que le Kommandant met à la disposition des habitants 20 quintaux de pommes de terre hâtives à 8 francs le quintal, de 50 kilos, puis le Kommandant envoie note que les Américains veulent ravitailler les pays envahis par l’Armée allemande, réunion spéciale du Conseil municipal sur le sujet, le Maire de Bertincourt est chef du district du XIV° Korps des maires de notre région.

Vendredi, on a tiré le canon très fort, été à Bapaume voir M Stienne au sujet du Comité Hispano-Américain, attendre communications de M le Maire de Bapaume pour aller à Bertincourt, semé le champ de M Frère dans le fond d’Avesnes avec Charles, réglé.

Samedi, on a tiré le canon tout le jour, publié le matin appel à 9 heures pour aller à betteraves et nettoyer les rues, publié à midi que le beurre et les œufs ne doivent plus sortir du village mais vendus à la cantine, combat et alerte la nuit.

Dimanche, on a tiré le canon, il est passé 59 prisonniers français pris à Beaucourt, planté pommes de terre aux 3 arbres, les jeunes, travaillé après-midi pour nettoyer le village pour la venue du roi du Wurtemberg mardi courant, défait pâture ( lignes illisibles) .

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Lundi, (ligne illisible) des jeunes qui vont à la batterie, on a tiré le canon tout le jour.

Mardi, semé luzerne, le roi du Wurtemberg a passé, inaperçu, aéroplanes dans la matinée publié que les évacués doivent aller sur la place avec leurs bagages pour les peser, personne n’y a été, publié de ne mettre aucun bétail dans les trèfles, luzernes et autres herbages, débité cheval allemand à 0 franc 30 la livre, personne n’y a été, on a tiré le canon le soir principalement.

Mercredi, conduit 6 tombereaux de fumier aux 16 avec Rimbeaux et un cheval allemand, répandu et labouré, on a tiré le canon, été dans les maisons avec l’interprète pour dire aux évacués de préparer leurs paquets.

Jeudi 15 avril, été faire signer aux conseillers municipaux délibération, pour M Frère aller à Bertincourt pour traiter la question du ravitaillement, qui a été traitée en partie, on a tiré tout le jour et la nuit, publié que celui qui fera de la résistance pour partir, sera emmené comme prisonnier de guerre.

Vendredi, publié l’appel des 53 à 8 heures et que l’on distribue la viande de cheval gratis, été à Bapaume chercher boulanger pour nouvel appel à 11 heures, porté lettre à M Stienne, en effet appel par officiers allemands et révision, tout s’est bien passé, la liste des 53 est réduite à 25, la moitié vont à betteraves après-midi, on a tiré le canon tout le jour et la nuit, aéroplanes, été convoqué conseillers pour réunion à 7 heures.

Samedi, réunion du Conseil pour la farine à prendre la première fois à Quéant, elle sera distribuée par ménage à raison de 190 grammes par tête, on fait l’appel tous les jours à 7 heures 30 au casino des 25, que personne ne manque ou il y a punition, Marie (ou Maire ? ) a manqué ce matin et pris par les gendarmes et emmené au poste où il y sera 4 jours, il y a 3 gendarmes en garnison à Grévillers, on a tiré le canon.

Dimanche, on a tiré le canon, chercher cheval pour aller chercher les farines. Lundi, été à Quéant, chercher chez M Lotin, 560 kilos de farine blanche, 8 sacs 65

kilos et 2 petits de 20 kilos, accompagné par un Allemand et M Compagnon aussi, cheval Alexandre Parsis, voyage bon, bien reçu chez Marie Compagnon, de retour à 6 heures, on a tiré la nuit.

Mardi, on a cuit pour M Frère, tiré le canon et aéroplane, publié, revue des chevaux, il arrive une colonne du 29° d’artillerie, été distribué farine après-midi avec Mlle Marie et Marguerite, il en manque un peu à 1 kilo 300 par habitant et par semaine.

Mercredi 21 avril, calme pour le tir, été semé pour Martial Jacquin avoine et trèfle, ramassé deux voitures grains rue d’Avesnes (ex Kommandant) par les gendarmes.

Jeudi, ramassé gazon, Jeanne a cuit, accompagné interprète et gendarmes chez les évacués pour leur dire de préparer es bagages, publié revue de tous les chevaux à 6 heures 30,, ramassé une voiture grains rue de la Maladrerie, on a tiré le canon au loin.

Vendredi, calme pour le tir au loin, aéroplanes hardis, préparer bière à faire pour Martial, ramassé deux voitures de grains chez M Frère, Devaux et Zéphir, triste à voir, M Frère a été encore à Bapaume pour indemnité à payer, planté perches à haricots.

Samedi, calme pour le tir, attendu que l’on vienne perquisitionner, pas encore pour aujourd’hui, ramassé encore deux voitures grains, à 11 heures été avec gendarmes et interprète dire aux évacués qu’ils ont jusque 3 heures pour préparer leurs paquets et partir, sentinelles partout et triste départ pour Bapaume à 4 heures, en voiture, il en est de même des autres pays, semé carottes froides, publié que les laissez-passer 0 franc 50 et tenir les chiens fermés le soir.

Dimanche 25 avril, changé 4 hectolitres blé et 4 hectolitres avoine, triste travail, fait de la bière, surveillé le matin nettoyage du village avec les jeunes, accompagné des gendarmes chez les jeunes pour je ne sais quoi, aéroplanes hardis hier, on a cuit pour nous aussi hier samedi.

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Lundi, semé aux 4 de l’avoine à M Frère, on a tiré le canon assez fort et aéroplanes, préparé terre aux 5/4 pour cameline.

Mardi, on a tiré le canon beaucoup sur Longueval et aéroplanes, perquisitions toujours dans les maisons, nous y passons aujourd’hui heureusement, 12 hommes et deux gendarmes fouillent partout, semé cameline et préparé terre à betteraves.

Mercredi, on a tiré beaucoup le canon sur Longueval et aéroplanes, semé avoine au chemin de Warlencourt, préparé terre à haricots velus, publié diverses choses le soir.

Jeudi, on a tiré beaucoup le canon, beaucoup d’aéroplanes, on a cuit pour M Frère,  planté haricots, planté betteraves à vaches et carottes froides aux 3 arbres, ramassé faux, tra….. , volées et continué de battre, on a pris harnais Camille et Charlet dans la grange derrière, semé avoine au tournant du chemin de Warlencourt pour M Frère.

Vendredi, on a tiré beaucoup le canon et beaucoup d’aéroplanes, semé avoine au bois à M Frère, un dirigeable est- venu la nuit jeter des bombes, pas dormi, attaque violente le soir et tirs tourte la nuit.

Samedi 1° mai, on a tiré beaucoup le canon beaucoup d’aéroplanes, semé avoine route d’Irles M Frère, planté haricots ronds, distribué avoine aux chevaux on a tiré toute la nuit, défait sacs dans paille blé avoine, Charles a cuit.

Dimanche 2 mai, on a tiré beaucoup le canon et aéroplanes,  conduit jeunes chevaux en pâture, été à Bapaume, rien pour la farine, planté haricots à pied rond, violente attaque le soir et la nuit le canon.

Lundi 3. mai, on a tiré beaucoup le canon, à 3 heures attaque violente sur Longueval et le soir attaque violente sur Miraumont, aéroplanes, planté haricots à pied.

Mardi, semé avoine sur Bihucourt M Frère, on a tiré beaucoup le canon, la colonne du 29°, part et est remplacée par le reste du 26° qui vient de Beaulencourt, on a tiré toute la nuit, les bergers ont été chez le Kommandant pour la tonte des moutons, on a cuit pour nous et Jeanne après-midi, on a amené une voiture de pommes de terre pour planter chez nous dans la grange.

Mercredi, calme pour le tir mais aéroplanes, été semer trèfle aux 4 et route d’Irles pour M Frère, on a amené grain dans a grange pour magasin.

Jeudi 6 mai, calme pour le tir, nettoyé en face casino et ailleurs, semé avoine au buisson du Cler M Frère, concassé un quart de blé pour Achille et payé 5 francs, reçu semage M Frère 5 marks.

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Vendredi, calme pour le tir, passé dans les maisons pour visiter puits et citernes en prévision de l’eau pour l’été, fort orage, l’eau a inondé partout, les jeunes chevaux du village ont été emmenés ; deux M Frère, Zéphyr, Léon Duflot, Mme Lempereur, Marie Delacourt.

Samedi, on a tiré le canon assez fort sur Péronne, aéroplanes, distribué avoine aux propriétaires de chevaux, été couvrir chez M Walle, chevaux morts, arrivée de l’infanterie le soir.

Dimanche 9 mai, surveillé nettoyage du village avec les jeunes, on a tiré le canon, aéroplanes, réunion du Conseil municipal chez M Frère qui a répondu négativement aux demandes de verser 8000 francs par mois, la nuit le canon sur Longueval.

Lundi,  conduit voitures fumier M Frère, planté haricots à pied, on a pris les rhubarbes et les salades, on a tiré le canon.

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Mardi, été à Quéant chercher 532 kilos de farine grise, bien reçu chez Marie Compagnon, aidé à ramener commissions à Roussel à Achiet, été avec un Allemand et un mulet calme pour le canon.

Mercredi, publié les trèfles et les luzernes pour pâturer, distribué farine, arrivé au poids plus ce qu’il manquait de la dernière fois, été porté un pain à Bihucourt, on a tiré beaucoup le canon et un aéroplane est venu jeter des bombes sur Grévillers.

Jeudi Ascension, surveillé balayage des rues le matin, été voir les moissonneuses et les faucheuses pour les couteaux, l’infanterie reçoit l’ordre de partir à Achiet le Petit et une colonne arrive de Beaulencourt à 10 heures du soir, on a tiré le canon.

Vendredi, on a tiré le canon réunion du Conseil municipal pour le ravitaillement de St Quentin, été prendre les noms des faucheuses et moissonneuses.

Samedi, on a tiré beaucoup le canon sur Arras Douai, aéroplanes, sarclé pommes de terre au ¼, motelé dans le jardin distribué avoine aux civils, été à Bapaume chercher colis M Frère.

Dimanche, surveillé balayage des rues, il arrive du 180°, infanterie, on a tiré beaucoup et aéroplanes qui ont jeté 9 bombes sur Courcelettes et ont causé incendie, fait de la bière pour M Frère.

Lundi 17 mai, calme pour le tir, entonné bière M Frère qui fermente bien, on a cuit pour M Frère, réunion du conseil à 5 heures pour décider s’il y a lieu de donner 32000 francs aux autorités allemandes pour la commune ou 2 millions 300000 francs pour les 71 communes du district, scié du bois, les gendarmes quittent pour aller à Bihucourt.

Mardi,, calme pour le canon, publié pour les vaches défendu de les mettre dans les pâturages où il y a des plaques, convoqué les vieux pour aller charger le fumier le lendemain, on est avisé qu’il y a de la farine à Bertincourt.

Mercredi, été à Bertincourt chercher 1137 kilos de farine, voyage pénible, toujours arrêt en retournant, bon sous-officier, calme pour le tir, cuit pour nous.

Jeudi, conduit bière à M Frère, Jeanne a cuit, on a tiré le canon et le fusil la nuit vers 3 heures, été à Bihucourt porter pain à Dauthieu, aéroplane qui a jeté des bombes sur Courcelettes et Miraumont, dégâts, distribué farine qui a été long, belle farine blanche, un dirigeable a survolé Bapaume la nuit à 1 heure et a jeté des bombes.

Vendredi, on a tiré le canon et aéroplanes, été échardonner les blés, publié défense de tuer ou vendre aucun bétail, les bombes ont causé de grands dégâts à Bapaume sur la poste et ailleurs, on dit que l’Italie a déclaré la guerre à l’Allemagne.

Samedi 23 mai, été à Bihucourt porter lapin à Dauthieu et Henri, le canon très fortement sur Arras, été conduire pommes de terre à M Frère pour planter, distribué avoine aux civils.

Dimanche Pentecôte, balayage des rues, de grand matin le canon fortement sur Arras et toute la journée, convoqué Conseil toujours pour l’émission de bons, la nuit à 12 heures attaque brusque sur la   Boisselle,  aéroplanes dans le jour.

Lundi, le canon sur Longueval, beaucoup d’aéroplanes, la musique du 180° est venue jouer pour l’infanterie qui a festoyé, semé betteraves, le Conseil a été, pour non jour(  ?) l’émission des bons, on fait une liste des personnes qui peuvent travailler aux champs, on plante toujours pommes de terre.

Mardi, aéroplanes allemandes tôt, on cuit pour Marthe, on a tiré le canon beaucoup, publié les vaches en pâture, dix des jeunes vont travailler au Chemin de Fer que l’on va prolonger jusque Le Sart, dit-on, Paul Peugnet et Georges Vincent y vont aussi.

Mercredi, été convoqué les vieux des 53 pour remplacer les jeunes au travail, calme pour le canon, aéroplanes, été rouler les œillettes, on a cuit pour M Frère, appel tous les matins des 53, rapport aux réclamations de plusieurs, Léon Desjardin et Warnet doivent aller parler au Kommandant, les conseillers se réunissent pour l’émission de bons qui est acceptée par la force, été convoquer les 53 qui doivent aller à l’appel le matin.

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Jeudi, un dirigeable est encore passé la nuit, calme pour le tir, été à pommes de terre, les vieux vont travailler à pommes de terre et fumier, un aéroplane a jeté trois bombes sur le bois.

Vendredi, été à Bapaume, calme pour le tir, on a été chercher les oignons blancs, la femme Dhénin a été prise avec 5 sacs de blé qui ont été confisqués, on a cuit pour Flavie et Suzanne.

Samedi, été sarclé pommes de terre, on a été aux oignons blancs, motelé au ¼, distribué avoines aux civils, les fantassins du 180° partent, calme pour le tir, plusieurs aéroplanes.

Dimanche 30 mai, été au balayage des rues, la chèvre a fait des jeunes hier et un jeune a été tué par un cheval, on a tiré le canon, beaucoup aéroplanes.

Lundi, on a cuit pour nous, été aux œillettes, on a tiré le canon, aéroplanes, publié pour laissez-passer, Alice a été à Bihucourt.

Mardi 1° juin, été chercher farine à Bertincourt, Georgina est venue avec, cheval Zéphir et Martial Jacquin, bon accueil chez M Capron, rapporté vinaigre, chicorée et eau-de-vie pour Pauline, nos soldats vont travailler la nuit aux tranchées pour déplacer les canons, calme pour le tir.

Mercredi, distribué 1040 kilos de farine, calme pour le tir, aéroplanes, la pâture est mangée, on a coupé deux arbres, la grosse artillerie est reculée, ils vont travailler jour et nuit aux nouvelles tranchées.

Jeudi, très violent sur les nouvelles positions de Longueval à Bucquoy, on aiguise les lames de faucheuses et on commence à couper fourrage, été échardonné à la voie d’en haut.

Vendredi on a cuit pour M Frère, on a tiré beaucoup le canon la nuit, Céline, Mouronval est décédée, on l’enterre aujourd’hui, beaucoup de ballons captifs.

Samedi, on tire beaucoup le canon de gros ca libre, balayage des rues, beaucoup d’aéroplanes, hier la maison M Paul, de Bihucourt, est tombée d’une bombe, beaucoup de bombes hier et aujourd’hui, encore la maison Calot au bois de Logeat est tombée aussi toute la nuit le canon, été à Bapaume pour commissions.

Dimanche 6 juin, été motelé pommes de terre, tir très violent de Miraumont à Bucquoy, aéroplanes, les hommes vont travailler nuit et jour.

Lundi, toute la nuit tirs très violents, alarme sérieuse à 4 heures du matin, violent combat, préparation pour partir, tout est prêt à 5 heures, les mitrailleuses allemandes passent et une grosse colonne artillerie arrive de par Ligny-Thilloy, se met partout à l’abri dans les pâtures, le combat diminue vers 8 heures du matin, le 185° est passé en auto camion et se dirige vers Miraumont, on amène beaucoup de munitions, vers midi on charge le grain qu'il y a dans la grange, les hommes dégarnissent leurs chevaux et se reposent, on coupe trèfle et luzerne et 20 jeunes filles vont ramasser luzerne, j’ai été les convoquer, les colonnes d’artillerie sont toujours là et on met la voiture avec le grain chez Jeanne, les voitures campent pendant la nuit.

Mardi, violent combat toute la nuit à partir de 1 heure, beaucoup de trains de munitions, le combat dure jusque 11 heures, on décharge le chariot de grain, je vais avec le chef de culture délimiter les terroirs voisins pour le trèfle, convoqué les jeunes filles 18 pour aller soigner le fourrage, on campe tout le jour, deux colonnes du 10°et 29° d’artillerie arrivent et logent partout, le tir d’artillerie continue 60 prisonniers dont passés.

Mercredi, tir violent la nuit et le matin jusque 10 heures, violent orage, il arrive une colonne du 1°, les obus français tombent à Irles, été sarclé œillettes.

Jeudi, nettoyé les rues avec les jeunes à la suite du violent orage d’hier, on fauche toujours la verdure, il faut que toutes les cartes d’identité soient au bureau du Kommandant, combat l’après-midi jusqu’au soir, Aimé Parsy a eu 3 jours de cachot pour avoir passé l’heure le soir et Déjardin a eu 1 jour pour n’avoir pas été à l’appel, les jeunes Paul Frère, G Gaston

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Savary, Rotier Charles, Jean Delville, Benoît Dumont qui ont été pris avec des chaussures allemandes, sont condamnés à 3 marks qu’ils sont obligés de verser, Flavie a cuit.

Vendredi, cuit pour nous, été à Bapaume,  commissions, beaucoup de blessés allemands, il faut reporter les cartes d’identité, combat toute la journées sans violence, ils continuent de dévaliser les jardins ; fraises , salades, etc.

Samedi 12 juin, été à Bihucourt, porter pain café et chicorée, publié jeunes filles au fourrage, distribué avoine, cuit ce jour Marthe, la nuit violent combats, le jour combat toute la journée, aéroplanes.

Dimanche, nettoyé les rues avec les jeunes, les vieux vont faucher, comme toujours faux et machines, après-midi on amène le fourrage nouveau dans la grange derrière, je fais bière, tir et combat violent toute la nuit, le jour tir et combat aéroplanes, il passe encore beaucoup d’infanterie pour le front, beaucoup de pertes allemandes, il passe des canons hors d’usage et d’autres, gros, vont au combat, Frantz nous quitte et est remplacé par un autre.

Lundi, été à la farine 812 kilos et 45 kilos de sel, Charles accompagne, bon voyage, trois sacs pommes de terre à Julie 150 kilos, tir tout le jour au loin.

Mardi, publié qu’un enfant chez Leturcq a la rougeole, convoqué à nouveau jeunes filles pour fourrage, publié à midi qu’il faut porter les lames de faucheuses à la Kommandantur, publié le soir qu’il y a appel de tous les hommes jeunes et vieux à 8 heures 30, le Kommandant a dit qu’il va être émis les bons en question et qu’il faudra les accepter, il est défendu de rapporter du fourrage des champs, on charrie toujours le fourrage dans la grange  derrière qui se remplit, il fait toujours très beau temps et on coupe beau coup de verdure, calme pour le tir de jour et de nuit, on a cuit pour M Frère, distribué farine et sel.

Mercredi, calme pour le tir le jour et la nuit, on rapine toujours beaucoup dans les jardins, il va être donné 3 champs pour aller à la verdure.

Jeudi, on a tiré depuis une heure du matin et le  jour, toujours beau temps pour les fourrages beaucoup de personnes occupées, on a cuit pour Alexandre Parsis, invité à arroser les rues deux fois par jour avec arrosoir tonneau, eau à prendre à la brasserie et un cheval par semaine en commençant chez Lequette.

Vendredi, été à Bapaume porter deux petits lapins à Mme Bajeux, rapporté viande, on a tiré toute la nuit, dans le jour tir calme au loin vers Arras principalement, arrosé.

Samedi 19 juin, on charrie beaucoup du fourrage et tout le monde est occupé, jeunes filles et hommes, calme pour le tir loin, il arrive une forte colonne du 26° de Grandcourt, on finit de scier saules, dans les granges il y a des chevaux partout, jamais on n’en a tant eu, on rapine toujours dans les jardins, distribué avoine. 

Dimanche, on a balayé chacun devant sa porte, on charrie fourrage beaucoup dans toutes les granges, convoqué demoiselles pour travailler, arrosé mais le tonneau cassé, calme pour le tir au loin, aéroplanes, il est passé encore de l’infanterie pour Miraumont.

Lundi, conduit voir les batteuses, délimité le terroir sur Irles, Pys, Warlencourt, on a tiré beaucoup le canon, aéroplanes, on a cuit pour nous et Marthe, repiqué salades.

Mardi, on a tiré beaucoup la nuit, aéroplanes à 4 heures du matin, une colonne du 1° est partie hier soir, été à Bihucourt porter pain, huile et vinaigre, on tire au loin beaucoup, ramassé cailloux sur la route d’en haut, Jeanne a cuit.

Mercredi, Flavie a cuit, il pleut, on rapine toujours dans les jardins, il peut toujours, calme pour le tir, on tire un peu au loin, on dit que les civils prisonniers vont rentrer.

Jeudi, été à Bapaume porter poulets 2 à Mme Bajeux, rapporté 20 livres de farine blanche, commissions chez Achille et M Frère, on tire un peu au loin, il pleut toujours, publié que les habitants doivent recevoir les bons contre ce qu’ils vendent, le fourrage de Marquant est fini de distribuer, on a cuit pour M Frère.

Vendredi 25 juin, il pleut toujours, calme pour le tir au loin, ramassé cailloux.

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Samedi, été chercher 220 kilos de farine et 9 kilos de sel à Bertincourt, bon voyage, rapporté 15 litres de cognac pour vendre aux amis, on balaie chacun devant sa porte demain, tir un peu mais beaucoup d’aéroplanes.

Dimanche 27 juin, on distribue avoine  aux civils, convoqué jeunes filles pour aller au fourrage, il pleut, le soir on va dans les maisons pour inscrire vaches, génisses et taureaux qui partiront demain, on tire au loin, aéroplanes le matin.

Lundi, nettoyage chez Fléquin, il pleut, on ramasse les bêtes inscrites hier au nombre de 30 grandes et petites, été chercher chez M Guilbert 3 livres de houblon, on fait du logement pour le 18° d’artillerie qui est fusionné avec le 10° , calme pour le tir au loin.

Mardi, été chercher 1134 kilos de farine blanche, conduit en allant 200 kilos d’avoine à Langlet et 10 poulets à M Bajeux à Bapaume, bon voyage, calme pour le tir.

Mercredi, on a été saccager pommes de terre (pondeuses ?) au ¼ comme on le fait partout du reste, distribué farine, publié qu’il faut porter tous les sacs à la brasserie où on fait la réception, on a tiré beaucoup sur Arras.

Jeudi, calme pour le tir, convoqué jeunes filles pour le fourrage toujours employées, le fourrage se gâte à cause du mauvais temps, on charrie aussi le fumier.

Vendredi, été à Bapaume, commissions, huit gros canons sont arrivés la nuit à Bapaume venant de par Irles, la nuit on tire beaucoup le canon sur Arras, aéroplanes le soir beaucoup, reçu 40 francs de M Langlet et 14 francs de M Bajeux, publié pour les sacs à nouveau et porter les fléaux à la brasserie, le soir aéroplanes s’approchent et tirent avec mitrailleuses 3 françaises 2 allemandes.

Samedi, aéroplanes, publié à nouveau qu’il faut porter les fléaux et nettoyer chacun devant sa porte, on tire beaucoup, arraché pommes de terre au jardin, le soir on touche à l’appel, à partir du 24 juin, un bon de un franc par jour.

Dimanche, nettoyé devant la Kommandantur, été conduire à brouette 50 kilos de pommes de terre nouvelle pour 20 francs à Julie, il fait très chaud, commissions, rapporté un peu de farine de M Bajeux, fait de la bière pour nous, calme pour le tir, beaucoup d’aéroplanes.

Lundi 5 juillet, fait de la bière pour M Frère calme pour le tir, mais aéroplanes. Mardi, calme pour le tir, été au ¼ arraché pommes de terre précoces et (pondeuses?), il

fait très chaud, on a cuit pour Flavie, été à Bihucourt porter un pain, aéroplanes. Mercredi, été promener sur le terroir avec M Frère, calme pour le tir, publié plusieurs

affaires ci-contre, M Guilbert est au poste et puni à 5 marks chacun. Jeudi, été  à Bapaume conduire pommes de terre 50 kilos pour 16 francs, on a tiré

passablement, été fagoter au bois, on charrie toujours du fourrage. Vendredi, je suis très enrhumé, j’ai été lier et faire fagots au bois, on tire assez bien, Samedi, été chercher fagots avec cheval Marquant, on répare les trous avec des

planches, J Delacourt et Pierre Guislain, le caporal Paul part pour Strasbourg, nettoyé boues au casino, distribué avoine, arrosé avec cheval Flore F, on tire assez bien, mouvements de troupes avec autos.

Dimanche, nettoyé en face rues, porté bière à M Frère, été à Bapaume, commissions diverses, cuivre, on tire fort dans le matin.

Lundi 12 juillet, on a cuit pour nous et Suzanne a cuit après-midi, arrangé la rue de Biefvillers, on a tiré assez bien le canon, on rapine toujours dans les jardins.

Mardi, on a cuit pour M Frère, été à Bihucourt porter pain et autres à Dauthieu, il pleut, publié pour différentes choses ; prisonniers, laissez-passer, charbon, herbes, on a tiré un peu le canon.

Mercredi 14 juillet, cuit pour Alexandre, été à Bertincourt chercher 1200 kilos de farine grise, 50 kilos de sel 50 kilos de riz, médiocre voyage, rapporté 6 litres de vinaigre, on a tiré

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passablement le canon, porté à Charles pommes de terre, malt et houblon à Houlier, il pleut vers le soir.

Jeudi, distribué farine, on tire assez bien le canon, on cuit pour Marthe, on dévalise toujours les jardins

Vendredi, distribué sel et riz, il pleut, été à Bapaume, commissions diverses, nettoyé les rues, on tire le gros canon assez bien tout le jour.

Samedi, on cuit pour Flavie, nettoyé et ramassé boues avec Martial, il pleut, on tire peu, publié plusieurs affaires, reçu la semaine 7 francs, d’autres ont été diminués.

Dimanche, on tire beaucoup sur Arras, aéroplanes, repiqué poireaux, on travaille toujours aux champs, on pille au bois, il a été publié Mme Labalette 3 marks d’amende pour avoir été insolente envers des soldats allemands, M Guilbert 100 marks pour avoir trouvé des sacs après deux avertissements et des objets militaires allemands, on est averti de porter encore une fois, sacs , huiles, fléaux, lames de faucheuse à la Kommandantur.

Lundi, coupe herbe dans le cimetière, on tire beaucoup le canon, aéroplanes, mis de l’ordre à blé farine, le soir publié qu’il faut porter bouteilles.

Mardi 20 juillet, coupé herbes sur les chemins, aéroplanes, on tire le canon assez fort, on fait le logement pour des vélocipédistes une compagnie qui doit arriver demain.

Mercredi, continué de couper les herbes, on porte les bouteilles, on tire au loin, beaucoup d’aéroplanes, une anglaise a été attaquée par mitrailleuse et a été touchée, elle atterrit avec deux officiers à Beaulencourt dont un a été tué et l’autre prisonnier.

Jeudi, été au bois faire fagots, on a cuit pour M Frère, publié appel de tous les hommes jeunes et vieux, on coupe seigle et escourgeon, on rentre les premiers seigles chez nous et escourgeons chez Guilbert et Zéphyr.

Vendredi, range la grange, appel le matin, on défait le seigle pour batte chez Guilbert, les demoiselles font des liens dans la cour, grand embarras, je fais des ramassis des bottes, on ramène le seigle battu dans la grange, je nettoie toujours le village, on tire assez bien, orage.

Samedi, nettoyé et ramassé boues avec Martial, Noël est rentré de l’hôpital de St Quentin bien défait, les autres prisonniers civils ont été emmenés ailleurs pour travailler, beaucoup d’aéroplanes et combats entre elles, on tire peu le canon, distribué avoine reçus 7 bons (7 francs) pour la semaine.

Dimanche, appel des chevaux à 9 heures sur la place, été à Bihucourt porter pain, huile , vinaigre, sucre, travaillé à brodequins, après-midi travaillé à répandre gravier sur le chemin de Biefvillers, aéroplanes, on tire un peu au canon.

Lundi, nettoyé avec Martial, après-midi été à Bapaume reporter les sacs vides de Quéant, on commence à couper le blé, triste perspective, on charrie seigle et on place batteuse fosse à pulpes Peugnet, on tire peu le canon, combats d’aéroplanes.

Mardi, on tire peu le canon, il pleut, aéroplanes, on gaspille fortement le bois. Mercredi 28 août (erreur de date transcrite, il s’agit en fait du 28 juillet), été à

Bertincourt chercher farine, M Frère est venu avec moi, bon voyage, rapporté farine assez bonne, lard, sel, riz, acheté à Haplincourt 23 litres de cognac, M Frère savonnette et blanc, sucre, on a tiré peu le canon,

Jeudi, combat aéroplane nul, on tire peu, été à Bapaume chercher levure, distribution farine corvée assommante, on nous a coupé le blé aux 3 arbres, blé convenable, triste situation, rapporté » un peu de farine de M Bajeux.

Vendredi, distribué sel, riz, lard, été au bois rechercher fagots avec cheval Marquant, calme pour le tir, on coupe lentilles et escourgeons.

Samedi, on cuit pour M Frère et pour nous, calme pour le tir, nettoyage des rues, distribution avoine, aux civils un sac d’escourgeons, on fait une grosse meule à la voie d’en-bas, on ne paye pas faute de monnaies, reçu 9 francs.

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Dimanche 1° août, été à Bihucourt porter pain huile Dauthieu et Clorinthe, aéroplanes, calme pour le tir, on a coupé blé sur le plain.

Lundi, été arrangé bois, aéroplanes, calme pour le tir, Kommandant en permission. Mardi, été au bois, il pleut, on a cuit pour Flavie, porté cartes contrôlées pour la farine,

calme pour le tir. Mercredi, il pleut, scié du bois, après-midi été chercher deux voitures bois avec cheval

Marquant, aéroplanes, anniversaire de la déclaration de guerre le 2 août, les officiers ont fêté, on coupe le blé, la batteuse a été installée à la trouée St Martin, fosse à pulpes Léonce, elle bat seigle et avoine saison les vieux y vont et les jeunes coupent, Mme Lempereur a failli avoir des histoires avec de l’huile, elle est d’abord condamnée à 15 marks puis M Frère l’a fait tomber à 5 marks ou au poste, publié qu’elle ira au poste une journée et que M Frère Aubert a la cocotte et que la mairie est chez Normand.

Jeudi, on tire un peu, aéroplanes, une a jeté 5 bombes sur Achiet-le-Petit tuant deux femmes et plusieurs soldats.

Vendredi, été à Bapaume, commissions diverses, on tire le canon, il pleut, nettoyé le village, brouetté fumier et repiqué poireaux, situation sans changement, on coupe le blé et on bat le seigle chez nous.

Samedi, cuit pour M Frère, nettoyé le village avec Martial, conduit ordures au ¼, on a tiré sur tout le front, Zulma est décédée hier soir pour l’enterrer demain dimanche, distribué avoine aux civils, reçu la semaine 10 francs 50, publié cocotte chez Charlet.

Dimanche, été à Bapaume beurre et pommes, rapporté un peu de farine de M Bajeux, été apprêté bois, aéroplanes, calme pour le tir, on coupe blé, on finit de donner l’avoine, après perquisition de chez Lemaire on perquisitionne chez Soihur, on trouve beaucoup d’affaires entre autres un fusil.

Lundi 9 août, aéroplanes, été au bois arranger, orage, après-midi calme pour le tir, scié bois, Adolphe décédé.

Mardi, on cuit pour nous, arrangé bois derrière, publié nouvelle émission de 4 400000 francs et ceux qui manqueront aux appels seront punis, calme pour le tir, aéroplanes.

Mercredi, été au bois chercher deux tombereaux bois, pas bien portant, aéroplanes, un allemand s’est tiré deux coups de revolver dans la pâture Laballette, calme pour le tir, on coupe toujours récoltes avoine voie d’en haut et blé à la chapelle.

Jeudi, été chercher, farine, riz, sel, chicorée, commissions à Bapaume en passant, Joseph est venu avec moi, servi tard et retour à 9 heures 30, il a plu, commissions chez Léopold et Marie Richez.

Vendredi, publié appel chevaux sur la place, aéroplanes, tir au loin assez fort, distribué farine, fini tard, je ne me sens pas bien, Alice est couchée malade, le médecin allemand qui loge à Miraumont est venu la voir, ordonné quelque chose qui fait bien, aéroplanes, tir au loin, on bat blé et avoine.

Samedi, je ne suis pas bien, Alice va mieux, arrangé au cimetière, distribué avoine, reçu 10 francs 50, aéroplanes, calme pour le tir.

Dimanche 15 août, publié revue de tous les chevaux demain et nettoyage des rues par les habitants, il pleut un peu, remisé bois, calme pour le tir, aéroplanes.

Lundi, revue des chevaux, scié bois, été à la voie de haut changer les tas d’avoine pour luzerne, un aéroplane anglais a été démonté par les canons de Grévillers à Achiet-le-Petit, appareil brisé mais officiers indemnes, calme pour le tir, on continue de couper les récoltes

Mardi, on a cuit pour M Frère, bêché jardin, été arraché pommes de terre, on tire assez bien, aéroplanes, publié le soir rentrer à 9 heures, Auguste Dudicourt ….. ? pour trouver sacs et ficelles, M Charles retourne demain en permission de 14 jours. Mercredi, on cuit, aéroplanes, on coupe et on fait de grosses meules, Charles parti en permission.

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Jeudi 19 août, Suzanne cuit, il arrive de l’infanterie pour aider à la moisson, ils logent chez Victor, on a tiré beaucoup la nuit sur Arras, on fouille partout et on trouve encore beaucoup de choses, un vélo Malvina, un vélo Marie Richez, un cheval chez Arthur Savary et beaucoup d’autres choses, 2 gendarmes et 4 hommes, un vélo dame chez Marie Bouvet,   enfin pour nous bien passé, triste journée pour beaucoup, tiré assez bien, aéroplanes.

Vendredi, dans la nuit on a changé le ballon captif, il est entre deux bois, on tire beaucoup le canon tout près et mitrailleuses, la nuit dernière on a tiré beaucoup le canon toute la nuit sur Arras, été à Bapaume, commissions, prunes, beurre M Bajeux, planté choux au ¼, pas bien portant, on continue la moisson, on a charrié blé chapelle et 3 arbres.

Samedi, on a cuit pour nous, nettoyé village, distribué avoine et orge, on fait des lits dans toutes les maisons, on tire le canon assez fort et aéroplanes.

Dimanche 22 août, été à Bihucourt porté pain et lapins, relavé tonneaux, été à pommes de terre, toujours beaucoup de travail pour la moisson, on tire toujours beaucoup le canon direction Arras, aéroplanes, touché 10 francs 50.

Lundi, été à œillettes, avec les vieux qui raccommodent les sacs, Henri, Alfred, Nina, Marie Rose, Alphonsine, été semé trèfle, anglais à Miraumont.

Mardi, Suzanne a cuit, été à pommes de terre, à midi publié qu’il est défendu d’aller à pommes de terre dans les champs, calme pour le tir, aéroplanes, on continue la moisson, on charrie les deuxièmes coupes fourrages, bonnes.

Mercredi 25 août, ce matin à 4 heures, au passage à niveau d’Avesnes, accident camion auto et locomotive, 12 tués et 26 blessés grièvement, je fais de la bière, calme pour le tir, publié appel chevaux et fil téléphonique brisé aux bois grignons.

Jeudi, la moisson avance beaucoup, on vaccine et matricule les chevaux, calme pour le tir, aéroplanes, on sonne la cloche pour la prise de la dernière forteresse russe de Varsovie (Brest-Litovsk).

Vendredi 27 août, été à Bertincourt, bon voyage, ai rapporté 2/3 de farine blanche et 1/3 de grise, porté à M Bajeux, prunes et pommes et coquelets, M Frère venu avec Allemands, j’ai vu un aéroplane en 2 pièces sur deux camions autos.

Samedi, distribution farine, j’ai malté escourgeon, réussi, M Frère a cuit, distribué avoine, maigre distribution avoine en paille, publié de rentrer à 8 heures 30, balayer les rues et Marie Lequette 3 marks pour avoir été chercher fourrage.

Dimanche 29 août, été à Bihucourt porter pain et épicerie à Dauthuille, rapporté pommes de terre semences de Henri, reçu 10 francs 50 semaine, à 11 heures et à midi on a tiré passablement, aéroplanes.

Lundi, on a tiré beaucoup le canon, beaucoup d’aéroplanes, Suzanne a cuit, descendre, pommes de terre, on fait sauter des mines après-midi.

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Mardi, on a cuit pour Flavie, on bat le seigle et on vanne, on tire beaucoup le canon, aéroplanes.

Mercredi 1° septembre, on tire beaucoup le canon, batailles d’aéroplanes, françaises, anglaises allemandes, une anglaise est descendue mitrailler au matin à Courcelles-le-Comte, le Kommandant demande des pommes, il pleut.

Jeudi, été à Bapaume porter beurre à M Bajeux, on dit qu’hier les Anglais ont démoli le champ d’aviation de Cambrai et une aéroplane française dans le combat d’hier a démoli deux aéroplanes allemandes, un événement est arrivé cette nuit, Mme Dudicourt a hérité deux garçons allemands, Elie est venu réparer étable à lapins, calme pour le tir, pluie et mauvais temps, on bat toujours seigle dans la grange.

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Vendredi, Elie répare aujourd’hui l’écurie, calme pour le tir, temps humide, on bat à la batteuse, Martial bat aussi avec la batteuse Lequette chez Benjamin par en-haut et la grosse batteuse à la trouée St Martin, M Charles est revenu de permission ce soir, rapporté beau souvenir.

Samedi, on cuit pour nous, été délimiter du chemin de Ligny-Thilloy au chemin de Warlencourt, nettoyé et distribué avoine, aéroplanes combats, calme pour le tir.

Dimanche, été délimiter du chemin de Warlencourt à l’Epinette, vu monter ballon captif, la batteuse marche tout le jour, calme pour le tir.

Lundi, été à Bapaume pour dire à M Duhamel de venir pour cheval mort, porté beurre à M Bajeux, été abattre pommes chez M Frère, on coupe les œillettes, aéroplanes combats, on tire assez bien le canon.

Mardi, été à Bihucourt porter pain et farine, huile et autres commissions, lié et entré œillettes, on tire assez bien, combats aéroplanes, été à pommes de terre.

Mercredi, été abattre pommes chez M Frère, on tire assez bien, beau temps on rentre beaucoup de récoltes.

Jeudi, a été à pommes de terre toute a journée, calme pour le tir, la proclamation du roi des Belges, le tzar commande son armée en personne, le général Lyautey commande une armée par ici.

Vendredi, on a tiré beaucoup, combats d’aéroplanes, on a tiré une vingtaine d’obus sur le ballon au bout du bois, mauvaise situation et obligé d’atterrir tout le jour, été à pommes de terre M Frère, affiché le discours du Chancelier allemand, publié pour les récoltes.

Samedi, bataille d’aéroplanes, on tire assez bien le canon, le ballon se met à la Solette, nettoyé le village, pas d’avoine elle a été volée par des soldats, on bat toujours le seigle, infanterie, font des liens, Flavie a cuit.

Dimanche 12 septembre, beaucoup d’aéroplanes, calme pour le tir publié pour les pommes de terre qu’il faudra y aller, accompagné d’un soldat, porté bilan des récoltes en 1915, 13 ares 41 aux 3 arbres, 17 ares 75 à la chapelle, 33 ares 52 à la chapelle, 9 ares 95 le plain, 20 ares 11 avoine voie d’en haut, 19 ares 41 œillettes buisson du clerc.

Lundi, matin 8 heures, civils à la Kommandantur il est dit que l’on va aux champs Marquant, il n’y a pas trop de monde qui y va, on tire beaucoup, aéroplanes, le ballon se met dans la Solette, distribué avoine.

Mardi, tir violent nuit et jour, on désigne le champ M Frère, voie de Warlencourt, beaucoup y vont, aéroplanes après-midi.

Mercredi, été à Bertincourt chercher farine, café, chicorée, sel, bon voyage avec cheval Charlet et Alexandre Parsis, publié rentrée 8 heures du soir, pommes de terre, défendu cette semaine, distribution de paille, tir violent tout au long du jour.

Jeudi, distribué farine, tir très violent le long du jour encore, on a cuit pour nous, les fantassins s’en vont à Martinpuich.

Vendredi, tir très violent le long du jour toujours sur Arras, bêché dans le jardin, on a passé dans les maisons pour inscrire les objets en bronze, cuivre, laiton et nickel, avoir publié que et dit qu’il faut rentrer dans les maisons pour 8 heures.

Samedi, on a cuit pour M Frère, toujours tirs très violents et beaucoup d’aéroplanes, distribué avoine et nettoyé rues, le soir à 9 heures 30, 6 soldats sont venus et ont pris 5 lapins d’une valeur de 12 francs, reconnu le principal voleur.

Dimanche 19 septembre, fête du 10°, pâture Marquant musique, jeux et beuveries tard dans la soirée, on a pris aussi 19 poules à Benjamin, coupables connus et punis, on a tiré violemment la nuit et le jour vers Arras, aéroplanes.

Lundi, appel des chevaux à 7 heures, 11 heures et 6 heures, on leur a inoculé dans l’œil contre la morve, tir très violent toute la nuit et le jour toujours vers Douai, Arras, on

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commence à arracher les pommes de terre, cherché du monde, on commence par celles de Martial Jacquin qui sont belles et beaucoup, d’où émoi.

Mardi, publié recensement de bêtes à cornes à la mairie, tirs très violents le long du jour et de la nuit, aéroplanes semé seigle dans le jardin et trèfle, été avec M Frère faire le tour du terroir.

Mercredi, été déclaré chèvre à la mairie, Suzanne a cuit, tirs très violents tout le jour et la nuit sur Arras, aéroplanes, publié que les bêtes à cornes ne doivent pas sortir avant midi demain.

Jeudi, encore une escadrille de 14 avions est passée, superbe, au-dessus de Grévillers, Bapaume pour une destination inconnue, tir violent sur Martinpuich, Courcelettes, on passe dans les maisons pur voir vaches et veaux, il faut 10 vaches et 1 génisse pour première levée, on continue d’arracher les pommes de terre, la moisson est finie hier et les jeunes filles vont aussi.

Vendredi, été à Bapaume, commissions, porté œufs à M Bajeux, tir très violent l’après-midi entre Albert et Bucquoy, aéroplanes, vu grosses pièces à Bapaume, parties route d’Albert.

Samedi 25 septembre, tir violent sur Arras avant midi, aéroplanes, nettoyé les rues, distribué avoine, cuit pour Flavie.

Dimanche 26 septembre, reçu 14 francs, nettoyé pommes de terre, calme pour le tir. Lundi 27 septembre, anniversaire de l’invasion, on cuit pour M Frère et pour nous,

calme pour le tir, été à Bihucourt porter pain et commissions, il va arriver demain de l’infanterie.

Mardi, nettoyé pommes de terre, une partie de la colonne du 26° part à Bapaume et est remplacée par trois compagnies de mitrailleuses, dans la nuit il est tombé des obus à Miraumont et on a bombardé la gare provisoire de Miraumont, Suzanne cuit, tir assez fort et aéroplanes.

Mercredi, été à Bertincourt pour farine avec Delacourt et cheval Charlet, bon voyage, pris pains chez Capron, commissions à Haplincourt, calme pour le tir, on prétend que les Allemands, toutes les nuits, embarquent du matériel, il y a du vrai à ce que l’on voit, calme pour le tir.

Jeudi, distribué farine, calme pour le tir, aéroplanes, revue des 14 chevaux bons, distribué aussi lard et épicerie, demain 180 kilos de graisse.

Vendredi, calme pour le tir, distribution graisse, publié qu’il ne faut plus sortir après 7 heures du soir, on commence à déménager sur le front.

Samedi, nettoyé village, Sylvain charrie boues, distribué 6 sacs de pommes de terre aux indigents, calme pour le tir, il passe toujours du matériel sur Bapaume, distribué avoine.

Dimanche 3 octobre, reçu 12 francs cette semaine, très calme pour le tir.Lundi, été à Bapaume pour levure, pas eu, on tire au loin sur Arras, les hommes des

mitrailleuses du 99° et 119° sont partis cette nuit direction Arras, les Allemands avouent toutes leurs pertes depuis 15 jours mais n’ont pas reculé, posé porte neuve écu rie, on arrache toujours les pommes de terre, on a donné un sac que j’ai porté vieille Eléonore et Irménie.

Mardi, été à Bapaume chercher levure, on tire fort sur Arras, publié défense de vendre du cognac aux soldats et vente de charbon à 4 francs les 100 kilos, payables par moitié marks et moitié bons, pour le pesage il faut y aller, le tout a été vendu, pris 50 kilos, Suzanne a cuit.

Mercredi, calme pour le tir, les hommes qui couchent depuis six mois chez nous sont obligés de coucher chez Paul Peugnet et sont remplacés par deux caporaux, l’un vient de chez le barbier, l’autre de chez Frère Aubert ce n’est que demain, on a cuit pour M Frère, été à Bihucourt porter pains et commissions.

Jeudi, calme pour le tir, arraché carottes chez M Frère, été au cimetière, après-midi on arrache toujours pommes de terre.

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Vendredi, été au cimetière, calme pour le tir, on a cuit pour nous, beaucoup de lettres de prisonniers, on remplit la grange hyramache, les nouveaux soldats viennent coucher.

Samedi, nettoyage des rues, distribution avoine, calme pour le tir, on bat et on arrache toujours pommes de terre.

Dimanche, on tire un peu, défait les haricots, Auguste Dudicourt a une vache tuée qui était malade, Sylvain ramasse les boues et demain, charrie la courte paille de la batteuse.

Lundi, on tire assez bien, été enterré une partie de la vache Auguste et l’autre les soldats la mangent, les 14 chevaux marqués seront ferrés par les maréchaux allemands, 4 au 26°, 4 au 29° et 6 au 10° , le beurre vaudra 46 sous, les œufs 3 sous et le lait 5 sous.

Mardi, été chercher levure à Bapaume, on tire beaucoup, 11 aéroplanes anglais sont venus survoler tout le front jusque Grévillers, beau tableau, le soir attaque sur Logeat et Ayette, on nettoie les cheminées, fait germer un demi-hectolitre d’escourgeon pour malter, les soldats sont bons et donnent chandelles.

Mercredi, calme pour le tir, on a cuit pour M Frère, arrangé tombe de M Frère, les aéroplanes ont jeté des bombes en quantité sur Achiet et le front occasionnant des dégâts et accidents.

Jeudi, été à Bertincourt chercher farine, lard, graisse, sel, chicorée, bon voyage avec Léonce Peugnet, porté pain de Georgina, vu triste tableau, ramassé 82 bêtes à Bertincourt, 36 à Havrincourt et 32 à Bancourt et 150 moutons, le tout dirigé sur Ligny-Thilloy, conduit 50 kilos de pommes de terre à M Bajeux, ramené un peu de fari ne .

Vendredi, publié qu’il faut nettoyer le village, chacun en face de sa maison pour 8 heures, nettoyé jusqu’à midi, très calme pour le tir, après-midi distribué farine.

Samedi, calme pour le tir, les pommes de terre sont finies d’arracher, on bat toujours, distribué avoine.

Dimanche, passé, revue blé, avoine, fournil mangé à rats, on tire un peu.Lundi, on tire un peu, été constaté l’état des labours et semages avec M Frère, publié

pour les laissez-passer, les bêtes à cornes, etc.Mardi, été chercher levure à Bapaume, commissions M Bajeux beurre et œufs, revue

des bêtes, on tire un peu, été à Bihucourt pour M Frère pour les récoltes du territoire.Mercredi, on a cuit pour nous, malté un quart d’escourgeon, on ne tire pas, distribution

de pommes de terre à tous les habitants soit 12 kilos par habitants, été porter chemin de Bihucourt seigle et lentilles à Dauthieu pour semer, arrangé grenier, suspendre la farine pour que les souris ne la mangent.

Jeudi, porté pain à Bihucourt, commissions, on a tiré un peu, aéroplanes, distribué charbon en boulets à 3 francs 50 les 20 kilos, payable 2 marks et 1 bon communal, j’en ai eu un peu.

Vendredi 22 octobre, l’école des filles est transformée en salle de lecture et d’écriture, Alfréda est chargée du nettoyage, Eugène Warnet est parti à Bapaume, toujours même situation.

Samedi, il a gelé, on a cuit pour M Frère, on tire un peu, aéroplanes, nettoyé les rues, distribué avoine, on a cuit pour M Frère.

Dimanche, on dit que le 26° et le 10° vont partir en Serbie et remplacés par d’autres, été pour les chevaux au sujet du ferrage, convoqué les conseillers municipaux pour 3 heures.

Lundi, publié pour les tonneaux déclaration à la mairie, nettoyé les rues, calme pour le tir.

Mardi, on continue l’électricité, aéroplanes, Suzanne cuit, nettoyé village, publié qu’il faut conduire le fumier où on dira.

Mercredi, nettoyé village, on tire beaucoup sur Arras, repiqué salades et choux, aéroplanes.

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Jeudi, été à Bertincourt, bon voyage, il pleut, défense d’emporter des commissions, il n’y a pas de pain, il faut faire une liste des noyers du village, M Guilbert on a trouvé cuivre dans un chaudron, enlevé son camion, publié que l’on doit déclarer les tonneaux à bière, rapporté.

Vendredi, convoqué le Conseil municipal pour accepter les bons en paiement, accepté, distribué farine etc. , chez M Frère épicerie complète, on a trouvé chez M Frère des seaux en cuivre d’où punition de 50 marks ou 5 jours de poste, on ramone les cheminées, il y a eu commencement d’incendie chez Edouard Richez, dégâts au magasin allemand ; chaussures, harnachement, équipement, on pose toujours des piquets pour l’électricité.

Samedi 30 octobre, nettoyé la ruelle de chez Louis Goubet, été au cimetière, distribué avoine, difficile pour le pain faute de levure, calme pour le tir, aéroplanes, on a cuit pour Flavie, fait malter un quart d’escourgeon.

Dimanche 31 octobre, on tire assez bien, aéroplanes, range grenier convoqué Conseil pour 3 heures, convoqué chevaux pour la revue demain à 9 heures, M Guilbert est au poste à 6 heures du soir.

Lundi Toussaint, été à Bapaume pour levure qui sera distribuée demain seulement, triste jour, il pleut, on tire un peu, on dit qu’il y a un nouveau ministère.

Mardi, été chercher levure, on a cuit pour nous, on a payé, j’ai reçu 33 francs 60, les personnes qui ont fourni les bêtes à la dernière levée ont été payées en bons, calme pour le tir, le ballon qui se trouvait entre Logeat et Courcelles a flambé d’un aéroplane par bombe, un officier tué.

Mercredi, on a cuit pour M Frère, nettoyé village, publié qu’il faut laisser travailler le  ramoneur et distribution pommes de terre pour du 20 décembre au 20 février c’est à dire 12 kilos, calme pour le tir.

Jeudi matin, on a pris la nuit la vache d’Elise Leroy et ce matin enquête par deux gendarmes après-midi 4 gendarmes, résultat nul, M Trollé ayant refusé des betteraves à Mme Leroy c’est lui qui est reconnu coupable que la vache a disparu, il est en prison à 4 heures, distribué pommes de terre, les autorités deviennent exigeantes sur tout, calme pour le tir, on dit que Baillescourt est rasé par les obus anglais.

Vendredi, publié qu’à 9 heures réunion de toutes les vaches derrière l’école, rien de nouveau au sujet de la vache, Jeanne a cuit, calme pour le tir, on fait du logement pur infanterie, nettoyé les rues.

Samedi, nettoyé les rues, on tire assez bien, aéroplanes qui jettent des bombes sur la gare de Bapaume sans occasionner de dégâts, distribué avoine, été chercher paille à la meule, on abat les noyers, publié pour les écrémeuses et les tonneaux au beurre.

Dimanche, été à Bapaume, rapporté farine, on tire beaucoup, beaucoup d’aéroplanes qui jettent des bombes sur Achiet, elle n’ont pas causé bien de gros dégâts, les obus tombent à Courcelles, Miraumont, Bucquoy.

Lundi, de grand matin aéroplanes sur Bapaume qui jettent 9 bombes dont une près de chez Sophie et une sur l’école primaire qui casse toutes les vitres et blessent légèrement quelques civils, les obus tombent drus, comme hier on tire beaucoup.

Mardi, on a labouré sur le plain et aux 3 arbres et pommes de terres Colle et Déjardin, été chercher betteraves, on a commencé à prendre fourrage dans la grange par-devant, une batterie qui était à Baillescourt, du 26° est revenue cette nuit à cause de s obus.

Mercredi, on tire beaucoup le canon, obus tombent toujours à Miraumont, aéroplanes, on dit que le général de division de Miraumont va venir à Grévillers, on cherche du logement, la Croix Rouge partirait et les mitrailleuses, le Kommandant est venu visiter et a dit qu’on logerait un officier, la Kommandantur serait transférée chez Louis Bouvet on presse l’électricité et on abat les noyers.

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Jeudi 11 novembre, on tire beaucoup le canon, aéroplanes, une aéroplane française type Bristol montée par un aviateur anglais a atterri aux fourdraines d’une panne de moteur, aéronaute et appareil indemnes, j’ai été voir, l’aéronaute a été conduit en auto à Bapaume et 2 camions autos sont venus pour prendre l’appareil, il est toujours question du changement, rangé tout à la cave et au grenier.

Vendredi, grande surprise, le 10°, part demain samedi à St Aubin, grande animation, la Croix Rouge part également à Bapaume, on fait encore le logement, le Kommandant est venu à midi avec beaucoup d’officier s visiter logement, satisfait, on a cuit ce matin pour M Frère et Suzanne après-midi, adieu de Arthur.

Samedi, calme pour le tir, le 140° part à 9 heures, grande animation, beaucoup de travail pour les soldats, le 26° descend et loge à partir de chez Zéphyr et Charles, le  Kommandant revient avec escorte visiter le logement qui plaît, il reste une vingtaine d’hommes du 10°, le soir Charles Schmidt, Arthur mangent et couchent chez nous, la nouvelle Kommandantur sera chez Martial Barbey, le bureau du général chez Peugnet et le lieutenant Metz est provisoirement Kommandant.

Dimanche, les amis nous quittent, Arthur a mangé avec nous, reçu 14 francs 40, le Kommandant a donné femelle lapin avec 7 petits, on a tiré le canon, le téléphone de la division est chez Constance, publié appel des filles pour aller nettoyer les logements ; la Kommandantur, M Berry, maison institutrice, Gréselle et Joseph Savary sont au poste pour avoir pris trop de paille, le 10° charge fourrage, paille et pommes de terre.

Lundi, été à Bertincourt, bon voyage, porté bois à M Capron, Zéphyr est venu aussi, porté beurre à M Bajeux, arrivée de la division, nous avons 1 Vachmeister et le maréchal des logis major, très bons, nous mangeons avec eux, ils couchent cabinet, on a tiré un peu.

Mardi, distribué farine, grand remue ménage, il arrive beaucoup de beau mobilier, nos deux hommes partent chez M Trollé, pour si peu déjà regrets, nous mettons le lit et mettons un poêle et rien ne sert, un officier vient nous dire que nous recevrons un simple soldat dont il faudra avoir soin et beaucoup d’égards, il arrivera demain, nuit tranquille, on a bien dormi.

Mercredi, notre soldat arrive, c’est un futur juge, il est bien, pas fier, il apporte son manger, tout va bien, surveillé travaux dans la rue, on a cuit pour nous, publié  qu’il faut nettoyer rue, chacun en face de chez lui, on a tiré un peu, on prend toujours fourrage dans la grange, l’écurie sert de magasin de la division et on met une auto dans l’aire.

Jeudi, nettoyé les rues, on a tiré un peu, aéroplanes, on a cuit pour Flavie, été à Bihucourt porter pain et sucre, on fait cave pour abri, notre nouveau se plaît très bien, le soir on a apporté un lit de chez Geoffroy, il reçoit beaucoup de choses de chez lui.

Vendredi, été à Bapaume porter beurre et commissions M Bajeux, balayé partout, publié qu’il faut saluer les officiers, calme pour le tir, le soldat a dit qu’il était de Berlin et était avocat, très honnête et bon appétit.

Samedi, calme pour le tir, encore grand remue ménage, il nous est arrivé un nouveau locataire, un sous-officier chef des boulangers, bon type, il loge du coté de chez Jeanne, nettoyé les rues, beaucoup de travail, le 29° part à Avesnes, les mitrailleuses montent par en haut, le 10° de Biefvillers vient rue d’Avesnes.

Dimanche, balayé la division, distribution avoine, touché 5 francs 40, été à l’horloge arranger, elle marche, monté deux poêles pour les soldats, ils apportent le charbon, calme pour le tir, la cuisine de la division est bonne et distributions, calme pour le tir.

Lundi, grand travail dans les rues, on range les trottoirs, scories, haies, travaillé avec les ouvriers, calme pour le tir.

Mardi, publié la sortie à 6 heures et chaussures et ravitaillement, continué le travail sur trottoirs, on cuit pour M Frère, tout va bien calme pour le tir.

Mercredi, on tire beaucoup sur Arras, été chercher deux sacs de charbon pour soldats, acheté 5 kilos de café pour M Bajeux, continué travaux trottoirs.

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Jeudi, on a tiré beaucoup, 20 aéroplanes sont venus jeter des bombes un peu partout, on ne sait rien des dégâts, publié génisse de Flore Couvreux à 12 et 14 sous, encore arrangé trottoirs.

Vendredi, republié vache Flore,  été à Bapaume porter beurre à M Bajeux, rapporté un peu de farine, aéroplanes, on a encore tiré beaucoup le canon direction Arras, arrangé encore trottoirs.

Samedi, été à Bapaume porté viande à Mme Bajeux, contente, un peu de farine arrangé trottoirs, on a tiré beaucoup me canon direction Arras, on a monté le lit du sous-officier qui vient de Miraumont, bons camarades.

Dimanche, il a gelé très fort, on tire au canon sur Miraumont, aéroplanes, revue des chevaux pour demain à 9 heures, reçu 8 francs 50, distribution avoine, Charles et Schmidt sont venus rendre visite qui a été bonne, retour pour 9 heures.

Lundi 29 novembre, publié qu’il faut jeter de la cendre sur la chaussée, il pleut, distribué charbon aux civils, on tire beaucoup le canon direction Albert, les Allemands veulent prendre un morceau du bois d‘Aveluy.

Mardi 30 novembre, on a tiré beaucoup, aéroplanes, 8 qui ont jeté des bombes 40 sur la gare, Irles, Achiet-le-Petit, beaucoup de dégâts, publié qu’il faut conduire génisses, veaux, Jeanne a cuit, été chercher de la paille.

Mercredi, été à Bertincourt avec Zéphyr, bon voyage, porté un peu avoine à M Bajeux, porté un pain à M Capron, rapporté café, pendant le voyage on ramasse toutes les génisses et veaux, soit 52.

Jeudi, on a cuit pour M Frère, distribué farine, conduire toutes les charrues sur la place, on a emmené tous les noyers en gare de Frémicourt, le sous-officier de Miraumont est arrivé, bon camarade.

Vendredi, été à Bapaume chercher levure et commissions, on bouche le trou à fumier de Peugnet, temps humide, on tire le canon fort.

Samedi 4 décembre, on a cuit pour nous, on a tiré beaucoup le canon, cette nuit Eloi Pronier est décédé, été à Bihucourt porté un pain, bon voyage, été à l’horloge, nettoyé village.

Dimanche, on a tiré le canon, distribué avoine, reçu 8 francs 40, aéroplanes, grande bataille aéroplanes, un monoplace anglais a mitraillé un allemand qui a atterri près de Bapaume, hommes non blessés, un allemand biplan est alors arrivé et a poursuivi l’anglais qui est tombé, mitraillé, aux 14, les deux hommes sont tués et l‘appareil est démonté, triste journée à cette occasion.

Lundi 6 décembre, on a tiré le canon fort, été ranger le bois à perche au jardin, on a encore coupé un arbre au pré, toujours même situation, on arrange la grange à Zélie chez Eloi Pronier pour mettre en dépôt les paquets de Noël de la division, été chercher 3 sacs de charbon.

Mardi, on tire beaucoup le canon, un aéroplane est venu, les gendarmes perquisitionnent partout, d’où grand travail.

Mercredi, été à Bertincourt avec le cheval de Zéphyr et Sylvain, rapporté 1545 kilos de farine, riz, sel, graisse, vermicelle, savon, bon voyage, aéroplanes à Velu et en revenant Irles, Miraumont où ils ont jeté des bombes, M Georges est parti en permission pour 11 jours.

Jeudi, publié distribution riz, etc., on tire le canon, on fait des caves pour les soldats s’abriter des bombes une auprès de l’église, une rue d’Avesnes.

Vendredi, nettoyé le village, on répare la grange Lemaire près du poste, on prend des cailloux dans les cours pour mettre dans la cour Marie Caffenne, les briques aussi et on défait les murs pour entourer l’accumulateur électrique, été à Bapaume porté beurre et œufs à M Bajeux, rapporté farine et bois galoches, M Frère Aubert est décédé à 5 heures du soir après quelques jours de maladie, triste maison.

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Samedi 11 décembre, cuit pour M Frère, nettoyé les rues, remonté l’horloge, on tire beaucoup le canon, aéroplanes, distribué avoine reçu 8 francs 40, eu du malt de ….. , fait de la bière, on a enterré M Frère Aubert, belle affluence.

Lundi, on a tiré cette nuit beaucoup d’obus sur Courcelettes, on tire beaucoup le canon, beaucoup d’aéroplanes qui jettent des bombes entre Irles et Achiet le Petit et sur Achiet le Grand, publié pour les chiens et les instruments agricoles, les nettoyer en remises, passé chez les propriétaires de vaches pour demander si elles sont pleines et combien elles donnent de lait.

Mardi 14 décembre, été à Bertincourt chercher farine et graisse avec Zéphyr et le cheval de Lucien Frère, bon voyage beaucoup d’aéroplanes,.

Mercredi, distribué la farine, été chercher choux à vaches au ¼, on tire beaucoup le canon entre Albert et Ayette.

Jeudi, attendu gendarmes, perquisitions, calme pour le tir, rien de nouveau.Vendredi, nettoyé rues, été à Bapaume commissions diverses, M Eslin a donné 10

marks pour payer le sucre, calme pour le tir, Séraphine Mouronval est décédée ce matin.Samedi, Flavie a cuit, on tire le canon, distribué avoine à midi, publié appel de tous les

hommes et jeunes gens demain à 11 heures 30, remonté l’horloge, défait deux briques au poids du mouvement parce qu’elles avançaient, on a enterré Séraphine à 3 heures après-midi, nettoyé les rues.

Dimanche, été jeté un tombereau de fumier dans le jardin, coupé la haie, touché 5 francs 40, on tire le canon et aéroplanes, appel des hommes, M Georges est revenu ce soir, on a fait la fête.

Lundi, nettoyé les rues, été à Bapaume pour le ravitaillement, rien de nouveau, toujours la même situation, on coupe toutes les haies et pépinières pour transporter vers Achiet le Petit où, dit-on, on fait des tranchées.

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Mardi, été à Bertincourt chercher lard, graisse, café, lampes, etc. triste voyage avec cheval Delacourt, il a plu tout le jour, calme pour le tir.

Mercredi, on a cuit pour nous, nettoyé rues, on tire au loin, on ravage tout le petit bois, on commence les préparatifs de Noël, toujours la pluie.

Jeudi, on a cuit pour M Frère, été à Bihucourt porter deux pains Dauthieu et commissions Clorinthe, on a tiré beaucoup le canon, aéroplanes, nettoyé les rues, on prépare l’école des garçons pour fêter Noël.

Vendredi 24 décembre, ils fêtent Noël à l’école des garçons, à l’église et chez M Frère, on s’est servi de la lampe à acétylène, ça a marché, le soir on a joué une aubade à la galerie du clocher, concert dans la grange de M Frère, Dieudonné nous a donné notre Noël, Edouard a reçu beaucoup de paquets, bon, M Georges aussi, on a tiré beaucoup le canon, triste anniversaire de Fernande.

Samedi jour de Noël, distribué avoine, on a encore, après la messe allemande, joué une

aubade à la galerie, les soldats fêtent Noël,  les nôtres sont rentrés tard, on a tiré beaucoup le canon.

Dimanche 26 décembre, on a payé, reçu 6 francs, convoqué le Conseil municipal pour

4 heures à l’effet de payer le charbon des soldats soit 800 francs dont 180 marks que M Frère a été obligé de chercher dans plusieurs maisons, on a tiré beaucoup le canon.

Lundi, bottelé, et fagoté, publié que les enfants de 13 ans au-dessus doivent aller à l’appel demain à 8 heures moins le quart, on a tiré beaucoup le canon.

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Mardi 28 décembre, les petits vont travailler à nettoyer les passages, on coupe les haies, beaucoup d’aéroplanes, on a tiré beaucoup à l’ouest, les gendarmes continuent leurs perquisitions, s ont pris une garde robe chez le père Meunier.

Mercredi, on a tiré beaucoup le canon, une escadrille d’aéroplanes a été aperçue loin, ils revenaient, a-t-on dit de St Quentin détruire le champ d’aviation allemand, beaucoup d’aéroplanes.

Jeudi, on a conduit 6 tombereaux de fumier à la chapelle Cole et Déjardin, Duchemin et Lecomte ont chargé, canon un peu, Suzanne a cuit, publié certaines choses.

25 à 29 inclus

Vendredi, 31 décembre, on a tiré beaucoup le canon, aéroplanes allemandes, on a nettoyé les rues avec les petits gamins ru es propres, triste fin de l’année 1915.

1916

Samedi 1° janvier1916, on a tiré passablement, il pleut, les soldats fêtent le nouvel an.

Dimanche, calme pour le tir, distribué avoine, reçu 6 francs. Lundi, été à Bertincourt chercher farine, sel, café, avec Marquant et cheval Charlet, on a

tir assez bien à l’ouest. Mardi, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, on est venu au fourrage à la grange devant,

on a fait un tombereau de fumier Colle, on a cuit pour M Frère hier lundi, aujourd’hui pour Flavie et Jeanne, distribué la farine qui a été bien, ce soir grande attaque des Allemands à l’ouest.

Mercredi, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, 12 aéroplanes sont venus et ont jeté des bombes sur la boucherie de la brioche, travaillé avec les gosses dans les passages, charrié 3 tombereaux de fumier, Vincent, on a pris les nochères de Constance.

Jeudi, on n’a pas travaillé, on a cuit pour nous, continué de malter, été à Bihucourt porter un pain et 3 la pins chez Dauthieu, battu cameline et ranger, calme pour le tir, on fait neuve la ligne de Achiet à Bapaume.

Vendredi, on a tiré beaucoup le canon, charrié fumier 10 voitures Marquis et Savary Joseph, on a distribué du fourrage chez nous, travaillé avec les petits passages Barbier.

Samedi, on a beaucoup tiré le canon à l’ouest, aéroplanes, nettoyé la rue avec les gosses, après-midi distribué charbon, il en est resté et on l’a amené dans la cour pour vendre à Martial, Barbey a eu une affaire vilaine à ce sujet, conduit 6 voitures de fumier, 1 au ¼ et 1 au jardin.

Dimanche, été jeté tombereau de fumier au jardin, distribué avoine, reçu 6 francs, été arrangé fumier à la chapelle.

Lundi, distribué le reste de charbon à indigents, fini le fourrage par-devant, été décharrié fumier avec cheval Benjamin au ¼ et à la chapelle, 10 vont travailler à la route d’Irles, convoqué 6 filles pour la batterie demain, on a tiré beaucoup à l’ouest, 2 batteries de gros canons, sont parties sur Miraumont, elles ont reçu aubade des soldats, il est arriver pour manger un soldat du 121° de Ligny pour aider les secrétaires de l’intendance, bon, il couche chez Emile.

Mardi, on a tiré le canon à l’ouest, été travailler avec les petits, route de Biefvillers et Bihucourt, on continue le battage qui diminue.

Mercredi, on a tiré le canon à l’ouest, aéroplanes, publié pour les veaux à déclarer, été avec les jeunes aux jardins nettoyer, M Edouard a déménagé son lit pour coucher au bureau.

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Jeudi, été à Bertincourt chercher farine et sucre avec cheval Charlet et Delrue, froid et neige, rapporté savon et chicorée, vu aéroplanes au bois de Vélu, on a tiré le canon un peu à l’ouest.

Vendredi, été distribuer farine, rangé grenier triste, on a cuit pour M Frère, canon calme à l’ouest, aéroplane bataille fatale, il est dit qu’une française est atterrie touchée par le chasseur, elle est parvenue dans les lignes françaises mais les officiers seraient tués et l’aéroplane démoli.

Samedi, nettoyé village avec les enfants, calme pour le tir à l’ouest, on a labouré hier le ¼ ceux de Biefvillers, triste travail, la gendarmerie et passée dans toutes les maisons pour chercher après poêles qu’ion a pris dans la maison Benjamin, on vole un peu partout poules et la pins, on a passé, Joseph dans les maisons où il y a des vaches pour la laiterie et savoir si on arrivera aux 80 litres demandés.

Dimanche 16 janvier, distribué avoine, reçu 7 francs 20, calme pour le tir, été chez les propriétaires de vaches les informer de porter leur lait, mardi de 8 à 9 heures, à la Kommandantur, donner du lait pur ou forte amende, le lait sera payé 0 franc 20 le litre et le petit lait 5 centimes le litre, reçu avis d’aller chercher demain à Bertincourt 3800 kilos de charbon, on dit qu’un aéroplane allemand est tombé touché par des anglais, appareil démoli et aviateur gravement blessé, toujours même situation, distribué 4 cartes de prisonniers en Allemagne.

Lundi, été à Bertincourt chercher charbon avec cheval Delacourt et Lucien Frère, avec Zéphyr et Delrue, voyage à peu près, vu envolés aéroplanes de Vélu et vu beaucoup d’aéroplanes français et anglais, en effet il est venu les aéroplanes qui ont jeté  des bombes sur Le Sars, Warlencourt, Brioche, Ligny et Grévillers où 2 bombes sont tombées pour la première fois, une dans la cour de Sophie mémé, détruisant sa maison et une dans le chemin derrière les haies, ces bombes visaient le hangar Trollé où sont remisés les caissons du 26°, du fait des bombes, qui a été terrible, nous avons eu 6 carreaux de cassés  et d’autres maisons ont été pareilles, on a tiré beaucoup le canon au nord et au sud, hier réunion du Conseil pour verser encore 800 francs de charbon aux autorités, qui a été accepté, de plus en plus les 10 qui travaillent à la route ne sont pas payés par les autorités, alors la commune décide de les payer.

Mardi, calme pour le tir, distribué le charbon aux indigents, publié pour le petit lait, etc., déménagé le mobilier Sophie où on l’a transporté chez la mère Jacob, on a sonné la cloche à l’occasion du Monténégro qui aurait demandé la paix, dit-on, Suzanne a cuit.

Mercredi, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, aéroplanes, été étendu sable cour du général, les nettoyeurs de cheminée sont passés, Flavie a cuit, la laiterie marche chez Paul Savary.

Jeudi, balayé, été au bois avec Henri fagoter, triste tableau, le soir ramené le tombereau Col, on a tiré beaucoup au sud et au nord, M Edouard nous quitte et va aller à Irles pour aller travailler toutes les nuits aux tranchées.

Vendredi, été au bois avec Henri et ramené à midi un tombereau de bois Col, donné paille et publié à ceux qui ont des vaches, on a amené les soldats une voiture pulpes dans la grange à ceux qui n’ont pas de betteraves, il est arrivé un nouveau sous-officier pour manger, il couche ailleurs, on a tiré beaucoup le canon vers l’ouest.

Samedi, nettoyé les rues, on entasse paille grange sur rue, cuit pour nous, on continue d’abattre tous les noyers, les meules sont finies de battre, tous les chevaux sont couchés à l’écurie, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, on fait un musée des débris trouvés aux Anglais sur le front chez Charles, cédé à Joseph Dudicourt 5 kilos de farine.

Dimanche brouetté fumier au jardin, reçu 7 francs 20, été fagoté au pré d’église, il est arrivé le soir 2 tombereaux de pulpes, travail à ranger les pulpes, on a tiré beaucoup au nord et à l’ouest.

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Lundi, cuit pour M Frère, été faire signer les personnes qui ont eu du charbon et dire aux indigents d’aller toucher chez M Frère des effets de Bertincourt, distribué les pulpes aux personnes qui ont des vaches, on continue de couper toutes les haies, ils ont pris le tas de branches du jardin et ont coupé la haie sur Duchemin pour emmener aux tranchées, il est encore arrivé un tombereau de pulpes, M Edouard est parti tout de bon à Irles, M Georges a pris sa chambre et avons reçu un nouveau sous-officier qui couche avec Dieudonné.

Mardi, été à Bihucourt, Dauthieu est malade, porté du pain, mal reçu par ordonnance, distribué pulpes comme hier, on a tiré beaucoup le canon au nord et à l’ouest, aéroplanes.

Mercredi, été arrangé la place, ils se préparent à fêter l’anniversaire de l’empereur, on a planté des oriflammes partout et des décorations, il va arriver 30 civils pour travailler sur la route, la commune devra les nourrir, il y a eu une réunion de Conseil, ce soir on a beaucoup le canon au Nord et à l’ouest.

Jeudi, été à Bertincourt avec Joseph Dudicourt chercher farine, café, sel, on a tiré beaucoup le canon au nord, à l’ouest et au sud, bon voyage, la fête en question s’est bornée a pas grand chose.

Vendredi, distribué farine vite, on a tiré beaucoup le canon au nord sur Arras, le tas de bois que j’avais coupé au jardin nous a été remis, été le chercher avec Bélot.

Samedi, nettoyé village, encore été chercher bois au jardin avec Bélot, les civils sont arrivés cet après-midi ils sont de Beugny et vont rester dans la maison Benjamin par en-haut, la commune doit les nourrir, ils auront leur cuisinier et Col fera le pain chez Delacourt toutes les semaines, calme pour le tir aujourd’hui, Suzanne a cuit.

Dimanche, nettoyé le village le long du jour à l’occasion de la visite du roi de Wurtemberg qu’il fera demain à ses troupes, calme pour le tir.

Lundi, nettoyé encore le village jusqu’à midi, publié qu’il est défendu de circuler dans les rues de midi à 6 heures du soir, décorations des rues, le roi vient et mange chez Peugnet, un aéroplane est venu survoler Grévillers très bas, on a placé et tiré le canon, la vache Labalette a été tuée du tir de ces canons, on a fait des trous dans le jardin Dauthieu et pâture Aubert Frère, on a tiré beaucoup le canon au nord et à l’ouest, après-midi repos scié du bois.

Mardi 1° février, été à Bapaume, commissions, chercher bols pour civils, publié vaches à 14 sous et circulation libre jusqu’à 7 heures, M Guilbert a été à Bertincourt pour fers à cheval qu’il n’a pas ramenés, rapporté un peu de farine, café, lard, sucre, on a tiré le canon fort au nord et à l’ouest.

Mercredi, l’horloge a arrêté, j’y ai travaillé avant midi, elle marche, après-midi nettoyé l’étable, on a cuit hier pour Flavie et aujourd’hui pour M Frère, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, aéroplanes assez bien.

Jeudi, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest et au sud, rangé grenier, été travaillé au calvaire avec les jeunes.

Vendredi, on a tiré beaucoup le canon au sud et à l’ouest, fait de la bière, publié pour les instruments agricoles les réunir tous au pré Victor, réunion du Conseil, les autorités réclament beaucoup d’argent et il sera décidé demain, les hommes ont nettoyé les pommes de terre en cave, on a placé la batteuse sur la place verte pour finir les granges.

Samedi, été recevoir chez les propriétaires de vaches qui ont eu des pulpes, on a tiré beaucoup le canon et beaucoup d’aéroplanes dont une anglaise a été mitraillée par un chasseur, elle est atterrie dans la pâture Delevallée à l’arbre d’Irles, j’ai vu les aviateurs prisonniers, un peu blessés et l‘aéroplane, le soir, est passé pas trop endommagé, M Ernest nous a quittés, le Conseil s’est de nouveau réuni au sujet de l’indemnité à payer.

Dimanche, rangé fournil, fait de la bière qui ne mousse pas, reçu 7 francs 70, été dans les champs, M Edouard est venu nous voir et va partir à Sailly, on a tiré assez bien au sud et à l’ouest, aujourd’hui il est dit qu’un zeppelin a échoué dans la mer et a été perdu corps et biens

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hier le ballon captif qui est à Flers a été coupé par un obus français et a pris la clef des champs on ne sait où, jusqu’à présent.

Lundi, nettoyé avec les petits, on a cuit pour nous, on trace du Chemin de Fer de la crête Mercier au pré à pommes, une ligne qui sera gare de Grévillers, on verra l’avenir, on a tiré un peu à l’ouest, aéroplanes, on bat dans la rue d’en-haut.

Mardi, été à Bertincourt par Beugny pour porter lettres des prisonniers civils, bon voyage rapporté un peu de farine, lard, graisse, porté œufs à Mme Bajeux un peu de farine, commissions diverses, on a tiré à l’ouest, le ballon depuis hier soir a repris domicile dans le bois, beaucoup de ballons captifs, 5 sur le front, on a porté pain, Alice et Jean, à Dauthieu,

30 à 33 inclus

pris cheval de Lucien Frère, on a dégrangé hyvermache que l’on a battue et ramener battue.

Mercredi, distribué farine qui a été un peu légère, aujourd’hui on distinguait 7 ballons captifs aux alentours, on a tiré une dizaine d’obus après celui du bois, on entendait bien les obus, calme pour le tir, le soir aéroplanes.

Jeudi, on a tiré beaucoup le canon au nord, aéroplanes sont venus voir l’emplacement des ballons captifs et à midi celui du fond de Bihucourt aux 14, est parti au 6me obus que les Anglais ont tiré et, dit-on atterri dans les lignes françaises en direction de Péronne.

Vendredi, publié distribution de pommes de terre triées caves, Zéphyr et Guilbert, 12 kilos par habitant, le matin nouvelle réunion du Conseil à 9 heures, Zélie Fléquin a été autorisée à tuer une vache cet après-midi pour débiter demain, on a tiré beaucoup le canon au sud à au nord et à l’ouest.

Samedi, on a tiré assez bien à l’ouest et au nord, publié vache Zélie à 13 et 15 sous la livre, vite partie, les civils en ont eu et les indigents, hier Suzanne a cuit et aujourd’hui M Frère, Céline est venu cuire, Dieudonné est parti en permission pour 14 jours.

Dimanche, reçu 6 francs 50, rangé grenier et fournil, préparé pour aller à Bertincourt demain, un vaguemestre s’est tué dans le bois hier, on a tiré le canon fort au nord et un peu à l’ouest, on a beaucoup tiré beaucoup cette nuit.

Lundi 14 février, été à Bertincourt avec cheval M Trollé et Paul Frère, bon voyage un peu mouillé, ramené farine, lard, graisse, savon, porté un peu de pommes de terre chez Capron, il a été dit de porter le lait du soir à la Kommandantur chaque jour, on a tiré un peu à l‘ouest, on a tiré beaucoup le canon cette nuit.

Mardi, distribué farine vite et bien, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, toujours même situation, avancé 15 kilos de farine ravitaillement à M Guilbert 7 francs 50 et pain soldat, scié du bois.

Mercredi, fagoté, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, on trie les pommes de terre.Jeudi, calme pour le tir, été fagoté au pré deux arbres qu’on a coupés pour l’électricité,

la nuit à 11 heures grande attaque des Anglais à Serres qui a été un succès pour eux, 8 anglais sont arrêtés à Bapaume, prisonniers.

Vendredi, calme pour le tir, nettoyé la rue d’en haut.Samedi, on a tiré beaucoup, nettoyé la rue, le soir nouvelle attaque sur Serres, fagoté les

arbres, attaque allemande imprévue à 7 heures jusque 8 heures. Dimanche, calme pour le tir, beaucoup d’aéroplanes, le matin 10 anglais prisonniers

sont arrivés à la division pour interrogatoire, bien mis et pas gênés, ils sont partis à Bapaume, reçu 6 francs 80.

Lundi, on a tiré beaucoup le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d‘aéroplanes ont parcouru le front du matin au soir en jetant des bombes, répandu fumier au jardin.

Mardi, été à Bertincourt avec cheval Lemaire et Léonce Peugnet, neige, bon voyage, farine, potasse, lard, graisse, commissions diverses, calme pour le tir.

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Mercredi, on inscrit les poules partout, distribué farine, cuit pour M Frère et Suzanne après-midi, calme pour le tir, neige, toujours même situation.

Jeudi, calme pour le tir, on annonce une défaite turque à Erzéroum, on prépare pour fêter l’anniversaire du roi du Wurtemberg.

Vendredi, on fête le roi, il fait beaucoup de neige, triste situation pour les gens et les bestiaux qui n’ont rien à manger, calme pour le tir, préparé blé et scié bois, l’horloge ne veut plus rien savoir.

Samedi, calme pour le tir, le soir on a tiré assez bien à l’ouest, on a distribué du charbon, la neige fond heureusement, l’horloge veut remarcher, on a cuit pour nous, continué de malter.

Dimanche 27 février, touché 6 francs, scié du bois, la neige fond, il est passé de la très grosse artillerie allant sur le front, publié appel des vaches demain à 2 heures sur la place et défendu de tuer les poules, un soldat s’est tiré 3 balles de revolver dans la tête dans la pâture Benjamin et a été transporté mourant à Bapaume.

Lundi, on a tiré assez bien à l’ouest, été à Bihucourt porter pain à Dauthieu, donné étrennes à Jean, on a matriculé toutes les vaches, constaté qu’on venait chercher hyvermache.

Mardi, été à Bertincourt chercher farine, lard, graisse, café, savon, etc. avec cheval Trollé et Paul Raison, bon voyage, porté pain et blé, le soir grande attaque sur Albert.

Mercredi, on tire un peu, quelques aéroplanes, on parle d’une grande offensive sur Verdun, distribué farine, été avertir aux personnes de conduire vaches chez Lemaire ; M Gréselle 2, Delrue 1, Lequette 2, Victor Parsy 1, Jules Parsy 1,  Raison 1.

Jeudi, Louise Gosen est décédée, on l’enterre demain matin, épilé la haie du jardin, on tire très peu, on perquisitionne d’un côté et d’autre.

Vendredi, tir, nettoyé par en haut, on travaille chez Benjamin par en haut ceux du 10°, la division va partir pour le 15 mars, on a cuit pour M Frère.

Samedi 4 mars, il a fait de la neige tout le jour, on a glissé dans la grange et l’après-midi nettoyé neiges, on perquisitionne toujours d’un côté et d’autre, on a fouillé jardin d’Eugénie et trouvé beaucoup de choses, on a renvoyé vache à Victor et pris celle de Guislain Mouronval, on ne tire pas.

Dimanche 5 mars, publié appel pour nettoyage neige, beau temps, beaucoup aéroplanes, on travaille jusque midi, on ne tire pas, on dit que «la Provence » a été coulée avec 1800 hommes à bord dont 700 ont été sauvés, arrangé bois, les aéroplanes sont allés jeter des bombes sur Vélu champ d’aviation, commissions pour Dauthieu.

Lundi, été à Bapaume pour commissions, été voir les anciens locataires du 10°, publié qu’il faut déclarer les machines agricoles faucheuses, on a tiré le canon assez bien à l’ouest.

Mardi, nettoyé rues, arrangé fil de ronces grange, Suzanne a cuit, on a tiré un peu à l’ouest et au sud.

Mercredi, été à Bertincourt chercher farine avec Zéphyr et son cheval, bon voyage, commissions, on a tiré assez bien au sud et à l’ouest, aéroplanes, mardi donné 8 bons de travail (?), mercredi, 10 bons tr (?).

Jeudi, on a tué hier soir la vache de Guislain Mouronval des suites d’un mauvais vêlage, donc publié la distribution à 3 heures cet après-midi, distribué farine et servi 30 livres de viande pour les civils, Flavie a cuit, n a tiré un peu, donné 12 bons, mis fagots en place, il se fait de grands combats sur Verdun, le fort de Douaumont serait pris et aussi le fort de Vaux.

Vendredi, il a fait de la neige, publié l’appel des chiens sur la place à 2 heures, donc on a été sur la place avec les chiens, l’Allemagne a déclaré la guerre au Portugal, on travaille vite au chemin de Fer de Grévillers, donné 12 bons tr ( ?), le soir à 11 heures tir terrible pendant une heure.

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Samedi, on a cuit pour M Frère, porté charbon à Fifine, il est arrivé 2 Anglais à pied et un blessé à l’interrogatoire à l’école des filles, nettoyé rues, on a tiré beaucoup au sud, au nord et à l’ouest.

Dimanche, on a tiré beaucoup le canon au nord au sud et à l‘ouest, aéroplanes, le 10° part pour St Quentin, dit-on, à 5 heures du matin, le 10° de Bapaume part aussi, brouetté fumier au jardin, fagoté, reçu 9 francs.

Lundi 13 mars, on a tiré beaucoup le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, deux allemandes sont tombées, une à Bapaume pas touchée par eux, une à Le Sars, une anglaise est tombée à Puisieux, Mme Delporte a eu une histoire avec le Kommandant au sujet de la vaisselle, elle a 30 marks d’amende ou 6 jours de prison, la division déménage, il faut qu’elle soit installée le 15 à Biefvillers.

Mardi, on a tiré beaucoup le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, une anglaise est tombée mitraillée au dessus de Bapaume, publié que l’on ne vendra plus de petit lait, toujours la même situation qui est triste, on commence à avoir des correspondances des pays non envahis, par la Croix Rouge de Francfort.

Mercredi, on a cuit pour nous, la nuit dernière à 11 heures violente attaque d’artillerie sur Miraumont, Thiepval, la division part en emportant tout ce qu’elle peut de meubles, triste, arrangé petit jardin et replanté lauriers.

Jeudi 16 mars, été à Bertincourt avec le mulet et Col avec le cheval Delacourt, bon voyage, porté pain, rapporté semences, les sous-officiers de l’Intendance sont partis ce matin, regrets de nous quitter, ils ont pris beaucoup de meubles pour Biefvillers, on a tiré un peu au sud et à l’ouest, un aéroplane allemand à Vélu a pris feu en s’élevant et l‘aviateur a brûlé.

Vendredi, distribué farine, bêché le jardin et planté salade et chou, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest.

Samedi 18 mars, nettoyé le village, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, aéroplanes, Suzanne a cuit, touché 9 francs, le 80° artillerie qui est arrivé, il y a huit jours est parti à Ligny-Thilloy, on sème l’avoine.

Dimanche, publié que la circulation est à 8 heures et que l’on doit prendre connaissance des avis qui sont à la Kommandantur, on a tiré beaucoup le canon à l’ouest, jardiné.

Lundi, jardiné, on a tiré beaucoup le canon au sud et à l’ouest, toujours la même situation.

Mardi, on a cuit pour Flavie, bêché, on fait du logement rue d’Avesnes pour une colonne du 26°, les mitrailleuses sont parties, petit Pierre est rentré.

Mercredi, on a cuit pour M Frère, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, Madame Delporte est au poste depuis hier à 2 heures n’ayant pas versé son amende, on a installé un accumulateur dans les fonds Bertin, on ne sait pas pourquoi.

Jeudi, nettoyé rue de la Maladrerie, été à Bihucourt porter œufs et petites choses, bon voyage, on a tiré peu le canon, les mitrailleuses, rue de la Maladrerie, sont parties et d’autres sont venues, on a démonté télégraphe de Miraumont à Bapaume.

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donné 12 bot tré (? ? ?)Vendredi 24 mars Il a fait de la neige cette nuit, ramassé bons pour grains de 1914, le

matin prévenir, l’après-midi ramasser, quelques observations et Savary, Capelle, Jeanne Fléquin, Devaux et Lemaire n’ont pas donné leurs bons, on a peu tiré le canon, publié qu’on distribue une vache chez Victor Parsis de Edouard Michez, donné 11 bot tré ( ? ? ?).

Samedi, la neige est fondue, balayé les caniveaux, on a tiré un peu le canon vers le soir, le caporal a passé pour ramasser les 4 bons d’hier, Mme Delporte a été graciée à midi, donné 12 bot très ( ? ? ?), la nuit violent combat de minuit à 2 heures sur Thiepval

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Dimanche, on a tiré le canon assez bien, convoqué le conseil municipal pour 3 heures nettoyé pommes de terre, graissé le tombereau pour aller à Bertincourt.

Lundi, été à Bertincourt avec Vincent et le cheval Lucien Frère, bon voyage, porté pain et un peu de pommes de terre, on a tiré le canon assez bien au S O, on a cuit pour nous.

Mardi, distribué farine qui va bien, on a tiré un peu le canon, le 29° qui était à Avesnes revient à Grévillers et logera par en haut, il y a affiche pour les chiens, on devra déclarer pour le 1° avril et on paiera pour les chiens de garde 8 marks et 16 marks pour les chiens de luxe, donné 10 ba tré

Mercredi, Suzanne a cuit, on a tiré un peu le canon au N et O, aéroplanes, bêché et fumier de chez Masse, été pour les semences du jardin et convoqué conseil chez M Frère qui est indisposé.

 Jeudi 30 mars, mis tré… en place, 3 aéroplanes anglaises sont tombées, une à Bapaume route de Cambrai, une à Logeat, une à Bucquoy et hier une à Vélu, on a tiré beaucoup le canon vers Arras tout le jour, on a distribué de l’huile, Joly a été noyé

Vendredi, on a cuit pour Flavie, semé oignons et poireaux, on a tiré beaucoup le canon S et N beaucoup d’aéroplanes sur le front,

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convoqué le conseil au sujet du paiement de l’eau, soit 0 franc 50 par habitant et par mois.

Samedi, on a tiré le canon au Sud, on a cuit pour M Frère, aéroplanes, distribué charbon après-midi, toujours même situation.

Dimanche, planté pommes de terre au jardin, beau temps, beaucoup d’aéroplanes, on tire le canon beaucoup N et S.

Lundi, balayé le village avec les gosses, calme pour le tirMardi, continué à balayer le village, calme pour le tir. Mercredi, arrangé cour André qui travaille beaucoup pour faire des chambres, calme

pour le tir.Jeudi, continué le travail, on a eu du bois, conduit un tombereau de fumier au jardin, on

tire un peu S et O, Suzanne a cuit. Vendredi, été à Bertincourt, mauvais voyage, avec un cheval Léonce toujours, resté en

route, été avec M Guilbert et le mulet. Samedi, on a cuit pour nous, distribué farine, on a tiré assez bien au N et au S. Dimanche planté pommes de terre au ¼, on a tiré le canon au N et S, aéroplanes, il y a 8

jours un avion est tombé en flammes à Riencourt et le vendredi avant, 2 sont tombés à Bancourt, tous allemands.

Lundi, vidé l’abreuvoir un peu pour ôter la boue à l’entrée, on a tiré le canon vers le N et O, aéroplanes.

Mardi, nettoyé l’abreuvoir, il a plu, on a tiré le canon au N et O, reçu 9 francs 60, on a cuit pour Flavie, le cheval Coulmont est mort, on travaille très activement à la ligne de chemin de fer de Grévillers.

Mercredi, on a tiré le canon N et O, 333 anglais ont été fait prisoniers cette nuit à la Boisselle, on a distribué 27 kilos de pommes de terre par habitant, on a cuit pour M Frère.

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Jeudi 13 avril, on, a tiré le canon assez bien au sud et à l’ouest, publié différentes choses, on construit des lits partout chez Eloi Pronier et dans la petite grange chez Devaux, le Chemin de Fer avance très vite, nettoyé pommes de terre.

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Vendredi, on a tiré le canon assez bien à l’ouest, on a porté pour la deuxième fois, pour notre part, 7 œufs à la Kommandantur, toutes les semaines on doit en porter, nettoyé les rues, il y a une grande activité chez les Allemands, hier soir expérience des canons aéroplanes.

Samedi, on a tiré le canon au nord et à l’ouest, nettoyé le village, on a amené  une grande quantité de petits arbres pour établir une route allant au Chemin de Fer, on scie les arbres au pied et ensuite on fait sauter les racines à la dynamite, beaucoup de travail, on sème les œillettes, blé et avoine  et on plante les pommes de terre.

Dimanche, cette nuit, il est passé des aéroplanes la nuit et on a tiré beaucoup le canon au nord et à l‘ouest, grand mouvement de troupes sur le front ouest, il est arrivé le 29° qui était au Transloy et des mitrailleuses, beaucoup de troupes passent allant sur le front, fait de la bière.

Lundi, nettoyé la ruelle de Biefvillers le matin et après-midi planté pommes de terre derrière les haies, on a tiré le canon.

Mardi 18 avril, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, il pleut, travaillé jusque midi, nettoyé les rues, été à Biefvillers demander la permission de planter des pommes de terre sur le dit terroir, accepté par la Kommandantur, après-midi scié bois, touché 9 francs 60.

Mercredi, on a titré le canon au sud et à l’ouest, été montrer limite de terrains Biefvillers et Avesnes, nettoyé d ans les jardins, le Chemin de Fer avance très fort, il vient au village, on fait sauter les racines à la dynamite, on grave le petit chemin de la Chapelle et dans la pépinière Capron, on nivelle et on fait un chemin de bois, il y a une voie et deux garages, le soir attaque brusque des Anglais à la Boisselle pendant une heure.

Jeudi, on a tiré le canon à l’ouest, vu aéroplanes qui sont venus visiter Grévillers où il y- a beaucoup de munitions, été planter pommes de terre derrière les haies.

Vendredi Saint, on ne travaille pas, été planté pommes de terre dans le champ Charles route de Biefvillers, il a plu à 4 heures, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d ‘aéroplanes le matin, Suzanne a cuit.

Samedi, on a tué une vache génisse à Joséphine Normand, publié qu’on la débite à 2 heures 30, on n’a pas travaillé à cause du mauvais temps, on a cuit pour nous, jeudi un gendarme est venu visiter complètement la maison sur une dénonciation d’où travail, scié bois, calme pour le tir.

Dimanche de Pâques, le jeune Guilbert est décédé cette nuit, on a tiré peu.Lundi, été à Bertincourt, bon voyage, avec cheval Trollé et Zéphyr ; deux aéroplanes

allemandes sont tombées, nous avons vu en rentrant une brisée à Bertincourt, on a tiré assez bien, le Kommandant est venu, on va faire un magasin de ravitaillement dans la chambre, touché 5 francs.

Mardi, beaucoup d’aéroplanes, on a tiré le canon au sud et au nord, distribué farine, on a enterré le jeune Guilbert à 11 heures, deux soldats sont venus travailler à faire des rayons, convoqué les jeunes filles pour les champs.

Mercredi, beaucoup d’aéroplanes, on a cuit pour M Frère et Suzanne aussi, on a tiré le canon, planté pommes de terre tout le jour.

Jeudi, été arrangé terre et semer carottes betteraves et cameline, calme pour le tir, on arrange partout les granges pour mettre les chevaux.

Vendredi, beaucoup de canon au nord et au sud, beaucoup d’aéroplanes, nous avons un chasseur, trois aéroplanes allemandes sont tombées, balayé les rues, avec les jeunes.

Samedi, calme pour le tir, continué le balayage des rues, on a cuit pour Flavie.Dimanche, planté haricots, semé carottes, il n’y aura pas d’oignons, on a tiré assez bien,

aéroplanes, Edouard est venu de Le Sars nous voir, bonne visite, M Georges ne vient plus dîner, publié que les heures sont avancées d’une heure, etc.

Lundi, commencer à vider l’abreuvoir M Walle avec les jeunes, touché 6 francs 20, on a tiré un peu, toutes les nuits on tire toujours beaucoup.

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Mardi, même travail, il a fallu déboucher le tuyau qui conduit derrière et il y a deux pompes et un tonneau, on a tiré un peu.

Mercredi 3 mai, même travail, on a tiré beaucoup, publié une demi-vache à Alfred Lefebvre de Biefvillers dans notre grange à 18 et 20 sous la livre, le soir on tire beaucoup au sud et à l’ouest.

Jeudi, nettoyé la boue de l’abreuvoir, les obus tombent à Irles et Miraumont, on tire après le ballon qui est revenu au bout du bois, on voit très bien éclater les grenades.

Vendredi, chargé la boue sur des traîneaux, on trace le Chemin de Fer qui sera allongé jusqu’au chemin des bois grignons, il traversera notre jardin d’où grand chagrin, le cerisier et le pommier seront abattus, le soir grande attaque anglaise sans résultat de 11 heures à 2 heures, on a tiré beaucoup.

Samedi, nettoyé les rues, sarclé les pommes de terre dans les champs Charles, calme pour le tir, on a cuit pour M Frère, demandé pour avoir terre pour planter haricots et carottes, donné dans l‘autre champ ce que j’ai besoin, on a tiré beaucoup.

Dimanche, été arranger terre et planter pommes de terre au buisson du clerc, on tire beaucoup, Zélie Fléquin est condamnée à 150 marks ou 15 jours de prison, on a trouvé un vélo à Suzanne et on l’a pris, Jules Parsy a été condamné à 15 marks, Jeanne et Victorine à 3 marks pour n’avoir pas été à l’appel.

Lundi, été arranger chemin derrière les haies, on a tiré beaucoup la nuit, il est passé 26 anglais prisonniers, on arrange toujours les granges, le 20° artillerie arrive.

Mardi, été à Bertincourt avec Martial Jacquin et cheval de Joseph Dudicourt, M Frère, est venu avec mauvais aux yeux  ( ? ), il pleut, on laisse 1000 kilos de farine à prendre demain, touché 9 francs.

Mercredi, retourné à Bertincourt, beau temps, Suzanne a cuit, on a beaucoup de farine dont 1 kilo de farine blanche par habitant, calme pour le tir.

Jeudi, on a cuit pour Flavie, distribué farine, arrangé terre pour haricots, carottes, betterave, cameline, calme pour le tir.

Vendredi, semé tout dans le champ au buisson du clerc, aéroplanes qui ne quittent pas le front, on est venu voir la cour pour dépôt de fromage, on tire assez bien à l’ouest et toutes les nuits on tire beaucoup.

Samedi 13 mai, nettoyé village, il va encore arriver de l’artillerie, on scie toutes les soles ( ? ) des granges, le 26° se serre, on est venu voir grange, je crois que l’on ne mettra pas de chevaux, on tire assez bien à l’ouest, on a jamais vu tant de troupes, on fait tous les pans derrière l’école des garçons, on installe un quai d‘embarquement dans le fonds d’Avesnes et l’on travaille activement à faire des baraques en ciment armé pour dépôt de munitions.

Dimanche, les soldats sont arrivés à 1 heure la nuit et on a pris paille sur étable, arrangé cave, calme pour le tir la nuit à 1 heure une grande attaque anglaise qui n’a abouti à rien.

Lundi, arrangé chemin derrière les haies, 26 anglais ont été fait prisonniers, on tire un peu, rangé farine après-midi, fourni 25 kilos à Aglaé et 20 kilos à Lecomte Rémi, touché 9 francs.

Mardi, été herser pommes de terre sur Biefvillers et, on a tiré un peu, on travaille partout aux granges pour écuries.

Mercredi, travailler au chemin, grand mouvement de troupes qui changent, on a cuit pour nous, on tire assez bien à l’ouest.

Jeudi, on a cuit pour M Frère, on terrasse chez Guilbert et chez Trollé pour poser des tuyaux qui donneront de l’eau claire, ensuite on terrasse pour venir donner de l’eau sur la place, beaucoup d’aéroplanes sur le front, il est question de tuer chez nous la vache Achille.

Vendredi, on a cuit pour Flavie, on terrasse dans la cour Bélot pour donner de l’eau claire chez M Walle, grand embarras de Aglaé, on ne tue plus sa vache mais celle de Lequette, on la tue quand même chez nous à 3 heures de l’après-midi, j’aide le boucher,

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beaucoup d’aéroplanes sur le front, on ne tire pas beaucoup mais au loin, vers le nord on tire beaucoup.

Samedi, nettoyé village, aidé le boucher à dépecer la vache qui est vite vendue, à 5 heures du matin combat d‘aéroplanes, une allemande est tombée brûlée à Mametz, à midi une autre est tombée à Bucquoy, le 20° qui est arrivé, il y a huit jours, part cette nuit et sera remplacé par le 104°.

Dimanche, porté livret militaire à la Kommandantur de Zéphyr, Rotier, Peugnet Paul et Vincent, M Edouard est venu nous voir, sarclé pommes de terre au ¼, on tire un peu à l’ouest, aéroplanes.

Lundi, été échardonner avec les autres sur le plain, après-midi été convoquer remplaçantes pour les champs, aéroplanes, on tire un peu le canon, il y a un grand mouvement de troupes qu’on ne s’explique pas, le Kommandant est venu pour logement hommes et chevaux, on ne sait pas ce qu’ils décident, on arrange toujours tourtes les granges, touché 9 francs.

Mardi, été à Bertincourt avec Vincent et Marquis et le cheval Marquant, bon voyage, grand mouvement de troupes aussi par là, des troupes changent encore, la garde qui est venue il y a huit jours, part cette nuit, été convoqué nouvelles ouvrières des champs qui réclament, on a tiré beaucoup le canon sur Douai et Péronne.

Mercredi, distribué farine, on a tiré le canon assez fort à l’ouest, on prépare toujours logement pour chevaux dans les granges, situation toujours pareille.

Jeudi, journée calme pour le tir, les gendarmes perquisitionnent dans plusieurs maisons pour meubles, triste situation.

Vendredi, M Georges part en permission, nouvelle visite pour logement des chevaux, Jeanne n’est pas contente, on tire beaucoup dans la direction Montauban, Frice.

Samedi, mis des cailloux sur les trottoirs, aéroplanes qui se mitraillent, on a tiré le canon vers le sud.

Dimanche, fait de la bière, une escadrille de 12 aéroplanes est passée sur Grévilers en venant du sud, M Edouard est venu, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, toujours même situation, on a cuit pour M Frère.

Lundi, nous logeons un officier des canons aéroplanes qui est en repos pour 5 jours, on est venu prévenir qu’on travaillera dans la grange derrière, on a pris la chaudière, le 104°, pour aller chez Germaine, no a cuit pour nous, il va venir un général, on transforme chez Dauthuille, été y travailler.

Mardi, on cuit pour Flavie, été répandre fumier chemin de Warlencourt, on a tiré le canon assez bien au sud et à l’ouest.

Mercredi, été échardonner au bout du bois, on tire assez bien au sud et à l’ouest, un général va venir de nouveau à Grévillers d’où changement des hommes qui se serrent, beaucoup d’aéroplanes, aînée de Charles Michez s’est noyée dans l’abreuvoir, par en haut ce soir à 5 heures, touché 8 francs.

Jeudi Ascension 1° juin, été à Bapaume pour informer M Lesage et M Débois de la mort d’hier, après-midi été chercher cercueil sur l’épaule, à Bapaume de nouveau beaucoup d’aéroplanes, on tire beaucoup au sud et à l’ouest, on tire également toutes les nuits.

Vendredi, à l’appel, il est décidé que Noël et moi allons toujours balayer les rues, donc balayage, on continue d’arranger les granges en écuries, on tire le canon toujours au sud et à l’ouest, aéroplanes.

Samedi, balayage, on tire le canon au sud et à l’ouest, aéroplanes, les ouvrières réclament et 3 sont à l’amende de 5 francs pour n‘avoir pas été à l’appel, M Frère s’en occupe, réunion de Conseil à ce sujet, la Garde et le 104° partent pour Beugny, on réinstalle le téléphone à Grévillers pour le général qui va bientôt arriver, grand mouvement de troupes,

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(feuille arrachée) encore, la nuit violente canonnade, l’officier part demain à 5 heures en permission, le magasin est retransféré chez Marquant la place est libre.

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Dimanche, on tire le canon au sud et à l’ouest, aéroplanes, changement de troupes, le général Galliéni est mort, motelé pommes de terre et semé carottes.

Lundi, on tire le canon au sud et à l’ouest, aéroplanes, la Garde est partie à Beugny, d’autres, du 27° d’artillerie, arrivent, on transforme toujours les granges, on vient pour le logement chez nous, reçu 8 francs, la nuit les Anglais ont attaqué et la plus violente canonnade de la guerre a éclaté par ici, c’était terrible à entendre, beaucoup de tués et prisonniers allemands.

Mardi, calme relatif rapport à la nuit dernière, les Allemands accusent une grande bataille navale, il pleut, on transforme en maisons toujours granges d’où travail pour moi.

Mercredi, il arrive toujours de nouvelles troupes, le canon assez bien à l’ouest, on vient travailler la chambre de M Georges, on a cuit pour M Frère.

Jeudi, beaucoup d’aéroplanes, on a tiré le canon à l’ouest et au sud, on a cuit pour Flavie, il arrive encore de nouvelles troupes d’artillerie, fourni un quart de blé à Achille, été à Bertincourt avec M Guilbert, Aimé Parsy et moi, bon voyage, rentre tôt, en allant grenades et batailles d’aéroplanes, hier une est tombée à Bertincourt en capotant, une autre sur le front et aujourd’hui une à Mory.

Vendredi, distribué farine, travail vite, on a tiré le canon à l’ouest, aéroplanes, on travaille beaucoup dans la cave, on travaille partout aux transformations, cuit pour nous.

Samedi, nettoyé village, il peut toujours, M Georges est rentré ce matin à 2 heures, il apprend à midi qu’il faut qu’il déménage d’où travail qui ne sert pas car le nouveau logeur n ’arrive qu’au commencement de la semaine, un lieutenant est venu voir sa chambre on aura donc deux nouveaux, on tire le canon au sud et à l’ouest.

Dimanche Pentecôte, on tire le canon assez bien au sud et à l’ouest, il pleut, Edouard est venu.

Lundi, il pleut toujours, aussi toujours ébouer le village, on tire un peu le canon, le lieutenant du cabinet est arrivé, bon, ordonnance aussi, il arrive encore de nouvelles troupes du 27°, il est ordonné que les granges serviront à mettre du fourrage.

Mardi, toujours de l’eau, M Georges a couché dans le fournil en attendant qu’on range une chambre chez M Paul, on tire le canon à l’ouest, il arrive encore des nouvelles troupes.

Mercredi, il pleut toujours, on construit dans le bois à l’Ermitage, un nouveau hangar pour le ballon, on tire le canon à l’ouest, il arrive toujours de nouvelles troupes.

Jeudi, M Georges nous a quittés, il pleut toujours, les aérostats arrivent et s’installent à Grévillers, il est décidé qu‘il y aura des chevaux derrière, on est venu plusieurs fois pour cela, le lieutenant de la chambre est arrivé cette nuit, on tire le canon au sud et à l’ouest.

Vendredi, cuit pour M Frère, on a tiré le canon peu au sud et à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, tué la vache de Achille à 2 heures, travail qui a été bien et vite, belle vache, le matin on est arrivé dans la grange derrière pour transformer et faire écurie, toujours grand mouvement de troupes.

Samedi, on a débité la vache à 10 heures, dîné et publié à 2 heures, distribution qui a été bien en ordre, satisfait, on, a tiré le canon à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, on continue à la grange, Henri Delville a eu 2 jours de poste pour avoir abattu un arbre à Marie Lequette qui a été condamnée à 20 marks, la commune 5 francs pour absence d’une ouvrière.

Dimanche, apprêté 200 kilos de pommes de terre pour Elie les faire prendre à 7 marks les 100 kilos, M Edouard est venu rendre visite, on a tiré peu le canon, beaucoup d’aéroplanes, on a fini le travail à la grange et le soir sont arrivés les chevaux, plusieurs aéroplanes allemandes sont tombées.

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Lundi, reçu 9 francs, enterré la vache de Marie Lequette dans la tranchée du champ de M Frère après avoir aider à la dépouiller, on a mis dans la grange du bois de chauffage en réserve pour les autorités, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, il arrive encore de nouvelles troupes, c’est complet partout.

Mardi, on a cuit pour Flavie, toujours balayage des rues, le ballon est monté pour la première fois, on a tiré beaucoup au sud et à l’ouest, il arrive encore des troupes qui viennent, on ne sait pas d’où, c’est partout comble, on a tout resserré.

Mercredi, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, on a cuit pour nous, toujours mouvements de troupes.

Jeudi, on a tiré le canon au sud et à l’ouest, beaucoup d’aéroplanes, toujours balayé les rues.

Vendredi, été à Bertincourt avec Marquant, Paul Raison et cheval Lemaire, bon voyage, une aéroplane à Bapaume près de la gare a capoté et pris feu et aéronautes carbonisés, unautre anglaise a poursuivi une allemande et l’a démonté à Vaux presque à terre, très intéressant.

Samedi, cuit pour M Frère, la nuit on a tiré assez fort le canon au sud et à l’ouest et le jour, offensive de Péronne à Bucquoy, incroyable ce qu’on tire d’obus de part et d’autre, balayé les rues, on tire après le ballon qui est toujours dans le bois.

Dimanche, journée mémorable toute la nuit, on a tiré le canon du côté anglais, pas beaucoup dormi, les grenades tombaient drues dans le bois et Le Sars, Courcelettes, Miraumont, à 5 heures il est arrivé des soldats qui fuyaient de Miraumont dans la grange derrière, été chercher de la vaisselle que l’on a eu chez M Guilbert et Pouillaude, publié appel à 1 heure 30 pour aller au fourrage, on vient dire que l’on va mettre des chevaux par-devant, donc 9 par-devant et 10 derrière complet, été au fourrage comme les autres, à 4 heures 4 aéroplanes sont venus et ont, en une minute, incendié les trois ballons en face du front, un à Achiet, au bois de l’Ermitage et l’autre à Flers, spectacle très émouvant, beaucoup d’aéroplanes et on tire comme on a jamais fait sur le front de Péronne à Bucquoy, les Allemands ne répondent pas, il arrive de toutes les directions des troupes qui évacuent leurs cantonnements, l’offensive se poursuit avec intensité, on tire toute la nuit.

Lundi, distribué farine, on tire toujours avec intensité, il arrive de nouvelles troupes en débandades de partout, ils campent dans toutes les pâtures, sous les arbres, c’est beau à voir, il pleut après-midi ce qui dérange l’offensive.

Mardi, toujours de nouvelles troupes en détresse, on peut à peine conduire les munitions et le ravitaillement aux troupes tant le tir est continu, les Anglais n’arrêtent pas mais les Allemands tirent par intervalles, été à Bapaume pour avoir de la levure, il n’y en a pas, il y a beaucoup de chevaux tués ou blessés et aussi des hommes, on va en installer chez Marie Barbey, Achiet le Petit, Achiet le Grand, Bihucourt, Miraumont, Pys, Warlencourt, Le Sars, Martinpuich sont fortement bombardés, les civils se sauvent et il y en a qui viennent à Grévillers, toute la nuit bombardements intenses, cuit pour M Frère.

Mercredi, on tire sans arrêt, on conduit sans arrêt des munitions nuit et jour avec des autos et des caissons, il arrive des évacués de Pys, Irles, Miraumont tout le monde est forcé de partir, quel lamentable tableau ! , ils reviennent de conduire les munitions dans un triste état, il pleut toujours, on tire sans cesse, on amène la farine de Miraumont 180 sacs à la boulangerie, notre pâture est tristement arrangée, il campe des chevaux dedans et tous les arbres sont abîmés.

Jeudi, toujours même situation, on a cuit pour nous, on tire toujours beaucoup le canon avec intensité, l’offensive continue donc toujours, on voit des aéroplanes et 2 ballons sont remontés, un au bois, l’autre à Flers, on met les blessés dans l’église et il va arriver 500 travailleurs des trachées de l’armée auxiliaire, ils vont loger ; église, M Frère, Normand, Louisa, Zéphyr quel tableau ! , on travaille dans la rue après-midi, on n’a jamais vu tant de troupes de toutes catégories, la nuit on ne dort pas tant le canon tonne sans cesse.

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Vendredi, toujours grande anxiété au sujet des opérations, on n’a pas dormi de la nuit tant le gros canon a été intense, tout le jour ça a continué, aéroplanes, il y a 3500 (350 ?) chevaux à Grévillers, les grenades arrivent dans les environs et le soir il y en a deux qui sont venues pour la deuxième fois, à la gare et dans le bois, deux civils ont été à Courcelettes pour prendre le ravitaillement américain que les habitants ont laissé, peine inutile, ils n’ont rien rapporté, le soir on a bombardé Bapaume, 9 obus sont tombés, on n’a pas d’explications, on ne peut pas y aller, nuit terrible, tirs des canons de part et d’autre.

Samedi, terrible tir continu, tous les soldats reçoivent l’ordre de tenir sellés leurs chevaux, prêts à partir, ils sont tous dans l’anxiété, l’après-midi ils sont plus fermes, il leur arrive du renfort, le 185° passe à Grévillers et monte par en haut, le soir ils désellent, il passe par paquets environ 100 prisonniers anglais, il passe beaucoup de blessés allemands, on mène les munitions sur munitions au grand trot, il revient beaucoup de chevaux blessés et des hommes, on tire des obus principalement sur la route d’Irles, on a cuit pour nous, on ne travaille pas, toujours tir intense toute a nuit, aéroplanes, deux anglaises sont tombées, une au fond d‘Irles, l’autre à Beaulencourt, les allemandes deux aussi.

Dimanche 2 juillet, toujours tir intense, il passe encore des prisonniers anglais et beaucoup de blessés reviennent en auto, on cuit pour M Frère, les soldats sont encore dans l’attente, le combat dure toujours c’est très dur, on ne vit plus, on se demande comment cela finira, beaucoup d’aéroplanes qui jettent des bombes sur Bapaume, il est encore passé des prisonniers anglais, on amène en auto une masse de munitions que les caissons chargent et emmènent toute la nuit encore tir intense.

Lundi, il passe toujours des prisonniers anglais, encore grande émotion, l’aéroplane qui brûle les ballons est revenu pour faire disparaître celui du bois et de Flers, mais a manqué son coup, l‘après-midi celui de St Léger y a passé quand même, beaucoup aéroplanes, combats violents, les Anglais tirent toujours et les Allemands ne rirent pas du tout.

Mardi, calme relatif, on tire un peu par moment, il arrive encore un nouveau renfort d’infanterie, il passe toujours des quantités de blessés, on reprend le travail à midi mais un orage épouvantable, on dort enfin la nuit, on ne tire presque pas mais toutes les troupes restent cantonnées dans le village et autour.

Mercredi, travail, on arrange la rue de la chapelle, on met des briques et des cailloux, les grosses autos amènent toujours beaucoup de munitions, le train ne marche plus la ligne est coupée en plusieurs endroits, il est tombé hier encore trois obus sur Bapaume, on tire de nouveau vers le soir, on a cuit pour Flavie, reçu 8 francs.

Jeudi 6 juillet, on tire le canon par intervalle, duel d’aéroplanes sur Grévillers, intéressant mais sans résultat, publié que ceux qui veulent partir par crainte des bombardements se fassent inscrire, toutes les troupes restent cantonnées dans les pâtures et le village.

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Vendredi 7 juillet, on tire beaucoup le canon direction de Longueval, on parle de la prise par les Anglais de Montauban, il fait un orage extraordinaire, la place est peine de  camions détériorés, on y travaille et à l’atelier Lorcher ( ? mot illisible  ), mis des cailloux dans le village, l’offensive se poursuit, aéroplanes.

Samedi, on tire beaucoup, les Français sur Péronne, les Anglais par ici, un ballon est brûlé sur Achiet, beaucoup d’aéroplanes qui jettent des boules incendiaires sur les ballons, été chercher des matelas avec M Frère, 10 et 50 francs d’amende par chaque manquant.

Dimanche 9 juillet, on a cuit pour nous, on a distribué hier la farine qu’on a été chercher hier à Le Sars du ravitaillement, terrible tir sur tout le front, on compte 17 ballons anglais, beaucoup aéroplanes, violents combats, on compte deux anglaises tombées

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(aéroplanes) dont une au fond de Sapignies, l’autre doit avoir pu regagner nos lignes, à midi, 8 sont venues jeter des bombes à Bapaume, 2, on attend toujours du changement, le 29° doit partir.

Lundi, toujours des tirs très violents la nuit et tout le jour, beaucoup d’aéroplanes et combats, une allemande est tombée au fond de Pys, un aviateur est mort à Grévillers l’aéroplane brisé, les vieux qui travaillent partent, il y a toujours de nouvelles troupes et il arrive pour faire un campement complet de matériel, M Pouillaude est mort, il faut toujours chercher matelas et draps.

Mardi, cuit pour M Frère, on va arracher toutes les pommes de terre, c’est triste, le matin on voit le 91° d’infanterie dans la rue qui attend ses cantonnements qui sont très difficiles, été à Bapaume chercher cercueil chez Lancel, très triste à la suite des bombardements, toujours tirs très violents, chercher toujours matelas et nappes.

Mercredi, on balaie toujours la chaussée, toujours des tirs violents entre Péronne et Bucquoy, l’offensive se poursuit et on attend le résultat, il va arriver des civils pour travailler, c’est un comble, demain on va à Bertincourt, préparation, toujours chercher matelas.

Jeudi, tirs très violents la nuit, été à Bertincourt, bon voyage très vite, en revenant plusieurs obus sont tombés dans Bapaume, grands dégâts dans toute la ville, on tire toujours beaucoup tout le jour, beaucoup de troupes partout.

Vendredi, distribution farine, cuit pour Flavie, tirs très violents la nuit dernière et le jour, les Allemands ne répondent pas, publié pour porter pelles, le campement de la pâture est parti d’où travail avec fumier, triste tableau, toujours chercher matelas, les 102 prisonniers sont arrivés et logés dans l’église, M le Curé est dehors du presbytère et logé chez Guilbert, la situation ne s'embellit pas.

Samedi, on a tiré beaucoup a nuit et aussi le jour, plusieurs combats d’aéroplanes sans succès, 12 aéroplanes sont venus jeter des bombes sur Bapaume, Ligny-Thiloy, route d’Albert et Grévillers, 3 sur la ligne de Chemin de Fer sans succès, 2 sur les canons contre aéroplanes mais sont tombées sur la pâture Léonce tuant une vache à Léon Devaux, ramassé cinquante assiettes et cuillères pour les prisonniers civils, le soir invasion par le 157° d’infanterie qui loge partout greniers, etc., nous on installe un bureau dans le fournil, la nuit d’avant pris deux lapins.

Dimanche, grand remue-ménage, beaucoup de troupes, on conduit toujours des munitions, il en arrive de partout par des grosses autos, on tire toujours beaucoup au loin, on distribue la vache Léon, on va à toutes les pommes de terre, bien triste.

Lundi, il pleut toujours, chercher matelas, l’infanterie fait des tranchées aux fossés blancs aux fourdraines et aux chaudières, que va-t-il arriver ? , Bapaume est toujours bombardé.

Mardi, toujours même situation, il arrive de la nouvelle infanterie mais il part assez bien d’artillerie à Frémicourt, l’infanterie continue ses tranchées, encore chercher matelas oreillers, on tire toujours au loin, le soir un bataillon reçoit l’ordre de partir au front, la Kommandantur de chez nous part et on portera à manger.

Mercredi, touché 12 francs 40 pour trois semaines, on tire toujours beaucoup et on continue à faire des tranchées avec piquets en bois en fer et fil de fer, le 180° arrive en auto à midi, grand remue-ménage, des aéroplanes sont venus visiter bien longtemps Grévillers, le matin et le soir bombes sur la route d’Irles.

Jeudi, on tire toujours, les Anglais, M le Curé est parti en voiture dans les pays envahis grande surprise, combats d’aéroplanes, on continue les tranchées, nettoyé les rues, toujours matelas, la sœur de M Coulmont est morte hier soir, on enterre, je ne sais comment demain.

Vendredi, Bapaume est toujours bombardé nuit et jour, on tire beaucoup, beaucoup d’aéroplanes et violents combats, trois sont tombés à notre avantage, grands mouvements de

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troupes partout, on tire sur Ligny-Thilloy, grands dégâts aux pommes de terre, l ‘aéroplane courageuse est venue pour incendier les ballons sans succès, le 180° est venu au repos.

Samedi, on a tiré beaucoup la nuit et tout le jour, à 8 heures arrive l’ordre que le bureau doit partir et le reste du 157°, donc parti à midi, on se prépare pour cuire pour beau pain, à midi le 99° vient remplacer le 157° , la cantine dans l’écurie part aussi ainsi que les chevaux dans la grange par-devant, on y loge à la place du 99° qui sont très sales, beaucoup d’aéroplanes, 3 allemandes sont tombées dont une à Warlencourt, Bapaume toujours bombardé.

Dimanche, on a tiré beaucoup la nuit et tout le jour, on accuse une avance des Anglais de 8 kilomètres, on continue de faire des tranchées, dégâts aux pommes de terre, une partie du 180° part.

Lundi, les Anglais tirent toujours beaucoup et les Allemands le soir seulement, temps brouillard, le reste du 180° part au front ainsi que le 99°, beaucoup de pertes, le 20° d’artillerie et canons aéroplanes partent, il y a toujours du changement, Bapaume et Ligny-Thilloy sont toujours bombardés.

Mardi, toute la nuit très violentes attaques d’artillerie et le jour les Anglais ont beaucoup tiré, Bapaume toujours bombardé, tristes récits de la guerre et des combats !

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Mercredi 27 juillet, été à Bertincourt, bon voyage, passé par Bapaume, vu les ruines du bombardement surtout rue d’Arras qui est très triste et au but de la rue de Péronne, encombrement de troupes partout dans tous les villages, en revenant on bombardait à nouveau Bapaume à 2 heures de l’après-midi, revenu par Thilloy, remarqué tente hôpital à la briqueterie Duhamel, les obus passent au-dessus de nous aussi on va vite, on a tiré le c non tout le jour, le 157° est parti et les chevaux derrière aussi, remplacé par des (? ) du 74° d’artillerie, en un mot triste troupe pour la population civile.

Jeudi, on a tiré toute la nuit et le jour sans cesser, surtout les Anglais, distribué farine et denrées, beaucoup d’aéroplanes et combats aériens sans succès visible, grand remue de troupes, il en arrive toujours des nouvelles, on continue d’aller arracher et voler les pommes de terre sur Biefvillers et à la chapelle du jardinier, ils n’en laissent pas, Ligny-Thilloy est évacué définitivement et une partie d’Avesnes, ceux qui n’y sont pas nés, dit-on.

Vendredi, on a tiré toute la nuit et le jour de part et d’autre beaucoup, le 99° qui était en repos est arrivé, reformé, en auto, direction de Cambrai, ce sont les plus ……. ( sûrement que le rédacteur n’a pas osé porter son appréciation) que nous ayons encore vu, nous logeons sergent-major et son bureau de compagnie.

Samedi, le tir est assez calme du côté allemand mais très violent du côté anglais, on voit toujours passer des blessés allemands qui peuvent marcher, c’est très drôle, la moisson est plus que mûre, les seigles, escourgeons et avoines d’hiver tombent de maturité et personne, à la Kommandantur, ne s’en occupe, de grands événements se préparent, on pense, on continue toujours les tranchées, on les finit en les approfondissant et en adaptant des piquets et ronces, vers Ligny-Thilloy, Warlencourt et le bout du bois.

Dimanche 31 juillet, tous les jardins sont dévastés par la troupe, Bapaume est toujours bombardé ainsi que Ligny-Thilloy, beaucoup d’aéroplanes et combats violents aériens sans succès visibles, à 5 heures il a fallu que j’aille convoquer, de par la Kommandantur, les moissonneurs pour aller travailler le jour même le soir à piqueter seigle, ordre de la Division, on ira travailler le soir et le matin à cause du bombardement, on continue de tirer le canon très fort de part et d’autre mais il n’y a pas d’avance sensible si ce n’est que du côté de Longueval, Martinpuich.

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Lundi, tout le monde est convoqué pour aller à la moisson, beaucoup craignent le danger du bombardement, aussi pas très sérieux travail, on continue le tir très violent nuit et jour surtout du côté anglais, visites nombreuses des aéroplanes et combats sans succès visibles, le bureau et le sergent-major du 99° partent chez Gustine Cabot, il y a plus de place et le feu ne les gênera plus par ce temps de chaleur, c’est ce qui les gênait beaucoup, faire le manger et tout sur le poêle car le fournil est toujours occupé et dessus les étables à lapins, le cuisinier y a fait sa chambre à coucher, cela est plaisant malgré nos misères, ce départ nous vaut un peu de tranquillité et de repos, Bapaume et Ligny-Thilloy sont toujours bombardés.

Mardi 2 août, le tir est toujours très violent, beaucoup d’aéroplanes, les aéroplanes anglais sont très braves mais les allemands ne passent pas le front et se mettent sous le feu de leurs canons de défense, il arrive de nouveau du 99° , nous avons 6 hommes à coucher dans la place au feu, nouvel embarras, mais pas mauvais, on bombarde toujours Bapaume et Ligny-Thilloy, publié qu’il faut de nouveau balayer les rues comme il a été dit autrefois et il est défendu de prendre de l’eau aux robinets installés à différents endroits du village, chez M Trollé, sur la place et chez Raison Antoine, plus de cordes aux puits ou démolis, les civils devront souffrir du manque d’eau potable, la moisson continue tant bien que mal mais tout est trop mûr.

Mercredi 3 août 1916, anniversaire de la 3° année de guerre et Jeudi, c’est terrible et toujours même situation que l’on ne sache, toute la nuit tir très violent, beaucoup d’aéroplanes viennent du matin visiter tout ce qui se passe, il y a des troupes partout, dans toutes les pépinières et près des couverts d’arbres, fonds Bertin, pâture Lisa Leroy et Bajeux ainsi que la nôtre, pâture Marquant, les munitions arrivent toujours à la chapelle du jardinier, les caissons vides, attendant les chargements, se cachent dans les prés et sous les haies, c’est ce qui fait que notre haie du jardin au bout est toute mangée et ouverte à tous les amateurs de légumes et fruits, il en est de même de notre pâture où tous les arbres sont dépelurés à un point qu’ils sont perdus, au presbytère ils ont installé une tente de campement monstre pour l’artillerie, le pré Zéphyr et le pré à pommes sont également remplis, le pré Fléquin, Jules Paris, Normand, Coulmont, Walle et Raison Benjamin débordent de troupes de toutes sortes, a midi une escadrille de 15 aéroplanes est venue bombarder Grévillers avec des bombes, ce fut un moment de frayeur et de panique de la part des habitants et soldats, une quinzaine de bombes sinon plus, je n’exagère aucunement, une est tombée sur le jardin Zéphyr près de chez nous, la maison Fleurice a eu dans la toiture un fragment ou une aile de bombe qui a traversé la toiture chambre à coucher de Fleurice, réduisant tout en cendres dans sa chambre, elle est venue tomber au rez-de-chaussée qui était un bureau de la brigade pour delà s’enfoncer dans le plancher, le pareil est tombé sur la maison Léon Devaux traversant tout pour venir tomber dans la cave où ils étaient réfugiés dans un caveau en terre, pas d’accidents de ces deux faits, un soldat derrière chez Eloi Lecul a eu de ce fait une jambe coupée, une deuxième près la pâture Benjamin Raison, il a sa maison sans dégâts, la troisième au fonds Bertin, un officier a été tué, une troisième dans la pâture Sylvain sans dégâts une quatrième et une cinquième dans la pâture Marquant et Frère Aubert long fossé

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dégâts matériels, voitures, Louis Trieux a failli être tué s’il ne s’était couché sur le ventre, blessé légèrement, dans la pâture Eléonore Dauthuile on a dit que plusieurs soldats s’y reposaient et avaient été tués, en approchant le Chemin de Fer plusieurs n’ont fait aucun dégât, chez Lequette une est tombée sur la grange la démolissant en partie et celle de Rimbeaux en face, plusieurs chevaux et hommes ont été tués sous les décombres et la violence de l’explosion, un soldat a été tué en quittant le passage Labalette pour aller se cacher dans la cave faite jardin du Boër, une est tombée dans le jardin Lempereur, les autres dans les champs, en fin de compte une vingtaine de chevaux et plusieurs hommes sont tués ou

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blessés, mais aucun civil n’a été touché, on sait ce que c’est maintenant, nous l’avons échappé belle, nous allions charger les balayures de la rue d’Avesnes et étions chez Normand au moment de l’explosion avec Charles T qui conduisait le tombereau et Hubert N. En somme beaucoup de pannes et vitres brisées, nous en avons eu notre part, ensuite il a fallu nettoyer la chaussée chez Lequette d’où violence des gendarmes à l’égard de Théodore L, tous les curieux étaient pris pour travailler, ouvriers et ouvrières des champs sont revenus de ce fait en débandade, grand émoi ses soldats.

Vendredi 4 août, (il y a eu une erreur de calendrier on reprend la bonne date) on a tiré très fort le canon toute la nuit réciproquement, le 99° est parti à une heure la nuit et remplacé par d’autres, beaucoup de visites d’aéroplanes, on va recevoir tous, à partir de 13 ans, une carte d‘identité, grand travail pour M Frère et Kommandantur, le soir, avec M Frère, regardions tirer sur Courcelettes, Martinpuich et Longueval à la Baraque, tout à coup à 9 heures exactement la première grenade est arrivée sur Grévillers, venant de par Albert, elle est tombée sur le collège comprenant la maison André Savary, tuant beaucoup de soldats, à ce moment heureusement, 150 civils, qui étaient hébergés dans l’église, se sont sauvés, le 2° obus a attrapé un coin du clocher à la galerie face chez Normand, il est tombé tout un pan mettant à jour la cloche et brisant une partie de la toiture contre le clocher, le 3° obus est tombé dans le fumier Louis Bouvet abîmant sensiblement la maison et mettant en miettes ses étables, le 4° obus est tombé d ans le jardin de M Frère Aubert ne cassant que pannes et vitres, le 5° obus est tombé sur le trottoir en face la grange Charles, démolissant entièrement sa grange, coupant une patte à sa vache, tuant trois chevaux dans la grange, de ce fait tous les voisins leurs bâtiments ont été très détériorés, ces obus étaient de gros calibres et arrivaient exactement tous les quarts d’heure, dire l’épouvante qui régnait est indescriptible, tous les soldats s’étaient enfuis en plaine et les civils étaient dans les caves, plusieurs familles se sont sauvées en dehors de Grévillers.

Samedi, triste nuit de passée, on ne dort pas du tout, on craint toujours un nouveau bombardement, toutes les troupes ont reçu l’ordre de quitter Grévillers pour se retirer en arrière, on distribue les cartes d’identité, il se passe un incident entre Zéphyr et M Frère, cette nuit aussi ils ont achevé la vache de Charles avec une balle et ont pris la langue, au jour on l’a enterré dans la cour M Frère par des hommes que j’ai été chercher, Zéphyr devait transporter les restes des chevaux tués dans la grange mais ne l’a fait, d’où l’incident, on enterre aussi un cheval ruelle du Charron, on tire toujours grosses grenades sur les routes conduisant à Miraumont, Warlencourt et les deux du bois, à 5 heures du soir on recommence le bombardement du village en même temps qu’une escadrille d’aéroplanes jetait des bombes partout surtout dans les environs du Chemin de Fer ou dépôt munitions, une bombe est tombée chez M Frère démolissant le pignon de la grande salle et réduisant en miettes toute la vaisselle de ces Messieurs, plusieurs dans les prés et jardins de la chapelle, une dans le jardin de Martial Jacquin démolissant notre porte de jardin, tout cela est affolant, double bombardement, on descend de la literie dans la cave Fleurice pour être en sûreté, car ce n'est pas gai réellement, convocation des Conseillers pour demain afin de causer au cas où une évacuation des habitants s‘imposerait.

Dimanche 6 août, (porté 7 en surcharge) pas dormi toute la nuit, on a tiré sur le village partout principalement de la chapelle route d’Irles au village et sur le chemin vert derrière et rue de la Maladrerie, pour empêcher les voitures allemandes de ravitailler, avant midi, à 11 heures 30, un obus de gros calibre est tombé dans le fumier de Léon Duflot réduisant en miettes étables et ensevelissant tout sous les décombres de la maison et de la grange, de ce fait la maison Gustine Cabot, Léon Devaux et notre grange derrière ont beaucoup souffert ainsi que Bélot

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à midi moins le quart, un obus de gros calibre est tombé sur la boulangerie fromagerie réduisant tout en miettes, le four était plein de pains qui ont été perdus et beaucoup de sacs de farine éventrés, il y a des dégâts de grenades aussi chez Antoine Raison, Coulmont et Jules Paris et Joseph Dudicourt, toute la rue a été évacuée et sont montés par en haut ou dans les champs, Alexandre Paris a eu une grenade dans la vieille maison et un éclat a traversé sa maison et a été lui couper le bras dans son lit, il a été emmené à St Quentin par une auto de la Croix Rouge, a-t-on dit, sa femme et sa fille étaient chez Sylvain, on dit qu’il est mal, publié que les chevaux et les conducteurs doivent prendre à l’écurie à 5 heures 30 les chevaux et les conduire dans la cour de M Trollé où aura lieu l’appel, il faut emmener à la Division à Biefvillers, tous les chevaux harnachés et les tombereaux également, pour toutes les vaches et veaux que l’on doit amener à 6 heures, cour Zéphyr, à l’appel plusieurs jeunes gens conduisent les vaches et on emmène les veaux à tombereau, c’est un triste tableau, tout le monde est affolé et c’est la misère en attendant de plus grande, tout cela c’est du travail surtout pour les veaux, les Conseillers se sont réunis chez M Frère pour prendre certaines dispositions au sujet d’une évacuation probable du village, quand tout le travail de chargement des veaux a été fait à 7 heures du soir, une escadrille de 24 aéroplanes est venue survoler Grévillers jetant 14 bombes un peu partout mais la plupart inoffensives semant la terreur, on ne sait plus quitter les caves car à tout moment et en tout lieu c’est très dangereux, on n’est réellement plus bien, on est dans un état d’énervement très aigu, enfin le soir on couche dans la cave Fleurice où on espère se reposer un peu car ça ne peut plus durer de cette manière, il y a une chose ignoble qui discrédite et met la honte dans les rangs de nos ennemis, c’est de voir le pillage des maisons abandonnées dont les habitants se sont enfui principalement Zéphyr, Jeanne Fléquin, Claire Barbey, Achille Michez, Eloi Bachelet, Victor Paris, Zélie Fléquin, Louis Goubet, etc., c’est le pillage en règle et la rapine, tout est sans dessus dessous de la cave au grenier, il se passe même des incidents dans plusieurs maisons que l’on croit évacuées mais on remonte de la cave d’où confusion des pillards, à minuit alors que la famille Charles était couchée chez Fleurice et Charles dans son caveau, un gros calibre est tombé à un mètre de sa maison, par-devant, la détruisant aux trois quarts, faisant sauter la citerne et brisant fenêtres, mobilier, portes et toutes les pannes, cette fois on peut dire que c’est le comble de malheur, il ne lui reste plus rien et les voisins sont aussi très châtiés, il s’en est fallu de peu que Charles n’ait accroc dans sa cave, il est venu nous informer à minuit, la violence de l’explosion a été si forte qu’un gré a passé par dessus sa grange et la nôtre et est venu tomber dans notre cour, de ce moment 5 gros calibres sont encore tombés sur le village, un autre est tombé jardin Couvreux derrière, un dans le jardin Bouvet, les autres dans les prés du presbytère, c’est encore une nuit de fichue, le général de brigade couche à côté de nous dans la cave Fleurice, il part demain matin avec son personnel.

Lundi 7 août, tir très intense la nuit et le jour autour de Grévillers, l’affolement continue, plusieurs ménages quittent encore le village, le vol se fait de cette manière plus encore, Charles qui avait un sac de préparé pour apporter chez nous a été volé chez lui, on a enterré sur place les chevaux tués dans sa grange et après-midi on a ensaché le reste d’avoine à la brasserie Guilbert et emmené, toutes ces corvées sont pénibles à cause de la mauvaise odeur et les hommes ne veulent plus travailler, on commence depuis quelques jours, vu la situation, à tuer poules et lapins, on ne sait rien quant à évacuer, les obus tombent principalement dans les prés derrière la Maladrerie jusqu’aux fonds d’Avesnes, grand émoi à 7 heures 30 du soir, la Kommandantur qui ne compte plus qu’un secrétaire et un lieutenant et se trouve dans une des caves Gréselle, chez Eloi Lecul, fait appeler M Frère et moi, ils viennent d’être avisés que 150 habitants, les vieux principalement, doivent être réunis route de Bapaume au bout du village à 9 heures du soir, pour l’appel à effet d’être transportés avec leurs bagages avec des tombereaux, le Kommandant dresse une liste avec M Frère vivement et je vais prévenir les gens, mais il y a des contents et des mécontents d’où méli-mélo,

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d’aucuns partent sans être avertis, d’autres restent, il est question qu’ils vont coucher à Avesnes dans le souterrain et le lendemain partir à Frémicourt pour prendre le train, triste travail et triste tableau, enfin ils partent à 10 heures du soir sur les voitures de Grévillers qui sont à Bapaume en subsistance.

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Mardi, on tire beaucoup sur le village et alentour surtout route d’Irles, on a reposé cave Fleurice et la nuit, je suis obligé d’aller faire un tour car on craint le pillage qui se fait aujourd’hui sur une grande échelle chez les partants d’hier, on tire tout le temps maintenant et à des heures irrégulières, tout le monde commence à se préparer en vue d’une évacuation qui est proche car le tir est très fort, on est très énervé de voir tout ce qui se passe.

Mercredi, on a encore tiré toute la nuit, on prépare ses sacs pour le départ, on s’attend tous les jours à recevoir l’ordre, le tir des gros calibres est terminé, il ne tombe plus que des obus de campagne, on cache tout ce que l’on peut, on a beaucoup de travail car il est dit que l’on ne peut transporter que 25 à 30 kilos par personne, il reste très peu de troupes dans le village, juste les rapineurs qui sont très effrontés, Marquant a cuit après-midi pour nous sept pains pour en-cas car le nôtre diminue, sans levure le pain est lourd.

Jeudi, on retire aux gros calibres, le tir se fait de la Chapelle au moulin et la Maladrerie vers Biefvillers et la trouée St Martin, il y passe beaucoup de troupes à toutes heures, à midi il est tombé de nouveau des gros calibres, un dans le cimetière démolissant le monument Benjamin et un côté de l’église, un autre jardin Bouvet, un autre sur le presbytère et un sur la pâture Joseph Dudicourt sur Biefvillers, ça redevient très danger eux, il faut aller enterrer quatre chevaux tués à la Maladrerie derrière les 3 arbres et un, route de Biefvillers, triste et dangereux travail à cause des obus.

Vendredi 11 août, nuit assez calme, de grand matin on vient dire qu’une partie des habitants restants part à 9 heures du matin, travail pour moi d’aviser ces gens surtout les vieux infirmes, cette liste m’a paru  …….. ( des points dans le texte), on me dit qu’il faut des ouvriers et ouvrières et ce sont eux qui partent, tout cela me paraît équivoque, on ne dit même pas où ils vont, il se passe des incidents, M Frère est pris à partie par plusieurs habitants, l’appel se fait dans sa cour, Martial Barbey refuse de partir, il se rebelle contre un gendarme, il a été ligoté et dans sa crise de maladie, est tombé d’inanition et transporté sur un lit dans une étable, on charge les bagages sur les voitures de Grévillers venues à cet effet, les vieux infirmes sont hissés sur les voitures et Marie Mouranval qui a eu un bébé il y a quatre jours et les voilà partis sans adieux, Antoine Raison est parti après l’appel sans être inscrit, la rapine se fait en grand, on voit ce qui se passera quand nous serons partis, après-midi encore beaucoup de grenades aux places habituelles, on finit les préparatifs et le Kommandant me fait appeler pour prévenir le reste des habitants que, demain à 7 heures, on se rassemble sous le hangar de M Trollé pour partir à Favreuil, jugez de la surprise, on va être départagé pour être tous dans les environs de Bapaume, pour aider à faire la moisson.

Samedi 12 août, triste nuit, personne ne dort tant le tir est intense, je suis malade et n’ai aucune force, je suis à bout d’énervement et de surmenage, préparation pour le départ, on fait l’appel par communes auxquelles nous allons être affectés ; 11 à Bapaume, les jeunes avec les chevaux, 9 à Biefvillers, 25 à Favreuil où est la Kommandantur de Grévillers plus Eloi Bachelet et sa famille, 25 à Beugnâtre et 20 à Frémicourt, on se partage le ravitaillement qui se trouve sous clef dans le fournil de M Frère, devant M Coulmont, Conseiller municipal, on a chargé pour nous qui allons à Favreuil, 2 sacs de farine, 1 seau de graisse, (lard , café, sucre, riz en petite quantité) et quelques boites de lait condensé, j’ai demandé au Kommandant si je devais laisser les chèvres, il m’a dit de les emmener à Favreuil, c’est si près dit-il, Jean est très content, enfin départ à 9 heures chacun dans sa direction, enfin il faut tout quitter cette fois, sa maison avec tout, son clocher et son village et laisser les pauvres décédés au

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cimetière, quelles angoisses et quels serrements de cœur, il fait très chaud, on arrive à Biefvillers et on laisse ceux qui y restent, on gagne Favreuil par une chaleur accablante à 10 heures 30, nous n’en pouvons plus ni les chèvres, on décharge les paquets dans un pré et on se repose un peu, répartition des ménages dans les maisons qui ont été évacuées hier, nous rencontrons par hasard M Georges qui est très émotionné de nous voir ainsi, il nous dit que nous pouvons loger où est la boulangerie chez Delbecq, il en parle à la Kommandantur et c’est entendu avec la municipalité, on couchera dans un cabinet au grenier et on aura une petite place cuisine en bas, mais Charles

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et sa famille arrivent disant que le logement à côté des gendarmes ne leur plaît guère et voudraient bien rester avec nous, donc 10 à coucher et à loger au lieu de 6, transport des paquets à la brouette et aménagement, après-midi il passe 10 aéroplanes qui jettent des bombes sur Beugny, Lebuquière et Vélu, on tire beaucoup le canon, on se repose un peu de ses fatigues et émotions, la division reste à Biefvillers mais la boulangerie de la dite est installée à Favreuil, il nous répugne de revoir tous les soldats qui étaient à Grévillers, Favreuil en reste comble dans tous les bois, il y en a des campements, le recul n’a pas été bien fort.

Dimanche, pas dormi beaucoup, on a tiré beaucoup sur St Aubin, combats aéroplanes, une allemande descendue, 7 ballons captifs sont levés de Bapaume à St Léger, on a continué de tirer beaucoup le canon tout le jour, on finit d’arranger tout, ce n’est pas grand, reposé tout, cela n’est pas gai.

Lundi 14 août, on doit se présenter à l’appel à 7 heures du matin, on doit donc travailler pour eux, la moisson n’est pas à moitié, les hommes de Grévillers doivent aller à la batteuse qui vient de Grévillers avec des soldats, nous relions et Barbey enguerne, personne n’a de courage de travailler, c’est écœurant quand j’y pense qu’ils nous ont tout pris mais nous sommes obligés ou bien punition, on commence à 7 heures 30 à 11 heures 30 et appel de nouveau à 1 heure 30 à 7 heures, on bat meules d’escourgeon au calvaire, on vient chercher les bottes en allant et des autos enlèvent le grain tous les 2 ou 3 jours pour Ecoust, dit-on.

Mardi 15 août, malgré réclamations, il faut aller à la batteuse quand même, il n’y a pas d’ordre et mauvais travail, on a tiré très fort toute la nuit et le jour, le temps semble très long de ne rien savoir, le reste de la Kommandantur de Grévillers arrive à Favreuil, c’est le bouquet …….. (points dans le texte), les chèvres vont bien et ne manquent jusqu’à présent de rien, je vais m’occuper du ravitaillement et voir comment nous allons être ravitaillés ici, la boulangère qui a eu nos deux sacs de farine a cuit 32 pains soit un pain et demi pour deux personnes, nous avons alors retiré ce qui nous revenait à 10 personnes et M Georges nous cuira notre pain, on a payé un sou du pain pour fabrication à la boulangère, j’ai vu M le Maire qui s’occupera pour que nous touchions les denrées nécessaires, il a plu, la batteuse s’est arrêtée à 5 heures.

Mercredi, on a encore tiré le canon toute la nuit et le jour, combats d’aéroplanes sans résultats, temps brumeux, elle marche la batteuse toujours escourgeons, l’ancien fromager s’occupe de la surveillance des travaux, pas bon, Charles est toujours malade de son épaule et ne peut travailler, à 6 heures 30 du soir, la première grenade arrive sur la gare de Favreuil, la ligne vient jusqu’au monument et des caves, dépôts de munitions, sont espacées jusque Bapaume, ensuite un embranchement vient derrière St Aubin jusqu’à mi-chemin de Favreuil et à un quart d’heure d’intervalle elles arrivent, on se croirait de nouveau chez nous, que se passera-t-il et que va-t-il nous advenir ici ?

Jeudi, on a tiré toute la nuit et le jour, beaucoup d’aéroplanes anglaises et allemandes combats sans résultats, partage notre part de graisse avec Bachelet Eloi, la batteuse a cassé à 3 heures.

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Vendredi, nuit assez calme l’escourgeon sont finis de batte, été chercher chez Pecque denrées américaines, on a tiré beaucoup le canon à partir de midi jusqu’au soir, le 3° d’infanterie qui était en repos depuis 2 jours, est parti, on conduit toujours en auto camion quantité de munitions, on tire des gros calibres sur Bapaume.

Samedi 19 août, ce matin, il est passé une auto de civils de Achiet, à midi le maréchal de Biefvillers avec sa famille est passé avec un chariot allant à Lagnicourt, il nous a dit que notre pauvre clocher était tombé ce matin d’où leur peur, il est passé du 99° allant vers Grévillers, le cuisinier du Wachtube chez Zéphyr, Wihlem a demandé à Barbey s’il avait connaissance de vin caché à Grévillers, que l’on avait trouvé 160 bouteilles dans le jardin du presbytère sur indications de Mlle Marthe et son père ……. ( des points dans le texte), on a cuit dans le four M Georges 11 pains pour une semaine, il est toujours très bon pour nous.

Dimanche, été à la batteuse tout le jour sur ordre formel, c’est le comble, on a tiré toute la nuit et le jour, il est passé beaucoup d’infanterie allant sur le front, il y a au logement changement d’officiers et soldats qui donne matelas plumes, électrique est venu apporter poule, on lui en a remis à notre départ quelques unes, il nous a promis d’en apporter de temps en temps, il nous a dit que les Allemands avaient fait sauter le reste du clocher à la dynamite pour sécurité, mais ils ont enlevé la cloche et conduit à la gare de Frémicourt, destination Allemagne, quelles triste choses !

Lundi, on a tiré toute la nuit et le jour, il passe toujours de l’infanterie en auto allant vers Biefvillers, on bat le seigle, hypermache, lentilles, on ne sait rien des opérations, c’est le jus, le temps semble long, on a su que les 2° évacués étaient à Macquigny dans l’Aisne, on tire beaucoup.

Mardi, on a tiré toute la nuit et tout le jour beaucoup vers Miraumont et Bucquoy, beaucoup d’aéroplanes et combats, il y a eu 5 allemandes de descendues, on a réclamé que nous allions toujours à la batterie, qu’il n’était que juste d’aller chacun sa semaine, accepté, donc été lier avoine derrière les moissonneurs, M Coulmont, Joséphine Bouvet et Joséphine Savary sont retournés à Grévillers de Beugnâtre, nous avons su que toutes les maisons avaient été pillées.

Mercredi 23 août, on a tiré toute la nuit et le jour, lié avoine, beaucoup aéroplanes et ballons allemands sur le front de Péronne à Arras, la commune a été au ravitaillement, j’ai été demandé à M le Maire pour toucher la farine au lieu de pains, il a dit oui, demandé aussi si nous devions payer toutes les denrées, il a répondu oui également, que nous allions toucher nos jours de travail.

Jeudi, on a tiré beaucoup toute la nuit, M Georges est très bon pour nous, il passe un pain tous les jours au matin, j’ai mal aux reins, je ne dors presque pas, été aux champs avant midi et après repos, je suis indisposé, on a tiré beaucoup tout le jour, 24 aéroplanes anglaises sont venues visiter les campements et les positions ennemis, combats sans résultats, reçu le soir 14 francs de la première semaine.

Vendredi, mauvaise nuit, coliques et mal de reins violents, grosse attaque commencée hier à 3 heures et continuée toute la nuit, on a vu beaucoup d’aéroplanes tout le jour, jetant des bombes sur Biefvillers, Grévillers, Bihucourt, Achiet et Bapaume, été ramasser les bottes, ça va mieux, attaque recommencée à 5 heures très violente, on a distribué le ravitaillement, on a cuit le soir sur notre dernière distribution de farine de Grévillers, le soir 24 aéroplanes anglaises sont venues faire une démonstration.

Samedi, on a tiré toute la nuit et le jour beaucoup, toujours mouvements de troupes, été ramasser bottes, été chez la boulangère chercher farine répartie comme suit ; 100 grammes de farine allemande payable comptant et 200 grammes farine américaine par jour et par bouche, peu d’aéroplanes anglaises, le soir 22 aéroplanes allemandes sont venues et ont attaqué une anglaise qui est tombée entre Biefvillers, Grévillers et Bihucourt, il était question de retourner

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à Grévillers pour rapporter des pommes de terre avec une voiture mais à 10 heures du soir la Kommandantur a fait savoir qu’il fallait l’autorisation de la Division.

Dimanche 28 août, appel comme tous les jours, été à la batteuse, arrêtée à 11 heures à cause de la pluie, on a encore tiré tout le jour et la nuit, après-midi repos.

Lundi, on a tiré toute la nuit et le jour, été payé au ravitaillement farine allemande contre reçu, à 7 heures du soir 24 aéroplanes ont jeté des bombes sur Biefvillers et Grévillers, quant aux dégâts ….. ( des points dans le texte), à 8 heures un aéroplane allemand monté par des Anglais a été mitraillé et est tombé entre Biefvillers et Sapignies.

Mardi, toujours mouvements de troupes, on a tiré toute la nuit et le jour ramassé bottes, il pleut, repos, après-midi de nouveau ramassé bottes, on voit très distinctement 7 ballons anglais, à partir de midi très violente canonnade du côté anglais et le soir les Allemands ont répondu jusque .

Mercredi, à midi été ramasser les bottes mais il pleut, repos, après-midi nettoyé les rues, on ne tire pas beaucoup, il pleut et il fait froid.

Jeudi, à la batteuse, on a jeté sur Grévillers et environs une masse de bombes par trois fois pendant le jour, on amène toujours des soldats tués pour être enterrés au cimetière dans le bois Laguillez.

Vendredi 1° septembre, été à la batteuse, rien de précis quant aux opérations, on tire peu, on poursuit la moisson à outrance car on est en retard et le grain tombe à terre.

Samedi, on tire peu la nuit et le jour, été à la batteuse jusque midi et après fait une meule d’avoine, on a payé aujourd’hui l’eau du mois d’août à raison de 0 franc 50 par tête, on a cuit aujourd’hui 14 pains, il est grandement question de retourner demain qui sait, j’ai parlé au secrétaire de l’Intendance qui vient de temps en temps à la boulangerie.

Dimanche 3 septembre, enfin on va retourner, c’est décidé, pas dormi d’émotion, on aura à notre disposition trois tombereaux, pour nous tous un soldat nous accompagnera et deux par ménage pourront retourner, on a tiré beaucoup la nuit, levé à 4 heures, préparé tout et attelé, départ à 8 heures, heure allemande, triste voyage, beaucoup de grenades et beaucoup d’aéroplanes, Biefvillers est comble de troupes, on va vite et chacun se dirige chez lui, quel serrement de cœur en revoyant les lieux, toute la maison a été fouillée partout de la cave au grenier et tout a été enlevé, quel triste tableau ! , il ne reste plus rien dans les armoires, tout a été enlevé, dans le fournil également et dessus tout a été pris, il n’y a que le dessous du four qui a été épargné grâce à la présence de N Dame de Lourdes qui était dans une caisse avec le Christ, de ce fait Mme Berry et Charles ont eu quelques affaires de sauvées, toutes les étables ont été également visitées, nous avons rempli quelques sacs de charbon et pris ce qu’il restait dans le fournil, quelle désolation, quel triste tableau ! été ensuite au cimetière, il ne reste qu’un amas de décombres, le village est dans un triste état, beaucoup de bombes ont ravagé tout, le presbytère est coupé en deux et d’autres endroits sont abîmés, la Kommandantur est chez Jeanne, on voit peu de soldats qui n’ont pas l’air agréable, été ensuite arraché pommes de terre sur Biefvillers et aussi cameline, on a été très vite car les grenades arrivent sur Grévillers, route d’Albert et route d’Irles, combats d’aéroplanes très violents au-dessus de nous sans résultat, depuis ce matin a lieu une attaque très furieuse aussi c’est très dangereux pour nous, nous repartons vivement, la nuit dernière la brasserie Guilbert a brûlé par l’imprudence de l’infanterie qui y logeait, 20 ont été asphyxiés et 10 à demi, nous sommes rentrés à midi et grande tristesse de tout raconter, le combat dure tout le jour et la nuit avec une grande intensité.

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Lundi 4 septembre, on a encore tiré toute la nuit, été à la batterie le matin, pluie l’après-midi rien de nouveau, ai reçu 27 francs pour deux semaines.

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Mardi, calme relatif, cela paraît drôle après de telles aubades, c’est toujours la même situation, il est passé 8 prisonniers anglais, été à la batterie, il pleut toujours, la moisson n’avance guère, tout se secoue à terre.

Mercredi, on tire au loin, mouvements de troupes, il est encore passé 3 prisonniers anglais, à la batterie, toujours mauvaise santé, il est venu des aéroplanes vers le soir.

Jeudi, on tire un peu, beau temps été à la batterie, encore 3 anglais qui sont passés, toujours mouvements de troupes, aéroplanes et combats sans résultats.

Vendredi 8 septembre, on a tiré beaucoup toute la nuit vers Péronne, toujours à la batterie quel pillage ! on bat l’avoine sur place dans les champs, à la batterie on jette tout par terre, on dit qu’il faut battre l’avoine à tout prix, j’ai la mauvaise diarrhée, été à la Kommandantur, j‘ai dit que j’étais malade, repos me dit-on et voir docteur, avons touché 45 kilos de farine.

Samedi, on a tiré toute la nuit et le jour, été à la visite du docteur qui m’a remis pilules et repos, on a cuit onze pains, M Georges et les boulangers sont très bons pour nous, la nuit je ne dors pas, à 1 heure 30, une aéroplane anglaise est venue faire une visite et a jeté deux bombes chez M Savary causant d’importants dégâts aux bâtiments, 5 vaches ont été tuées dans l’étable et 7 chevaux tués, hommes …… (points dans le texte), l’autre est tombée sur un parc de caissons derrière chez Topart causant la terreur parmi nous en faisant sauter quatre caissons pleins de munitions par intervalles, nuit troublée mais tout se passe bien, aucun civil atteint.

Dimanche, je suis un peu mieux, été constaté les dégâts de nuit, on se croirait de nouveau chez nous, on tire beaucoup en direction de Combles.

Lundi, nuit et jour calme pour le tir, beaucoup de ballons et d’aéroplanes, été à l’appel pour ramasser les bottes, triste travail, il manque la moitié des grains, on a tiré beaucoup de grenades sur Bapaume, été appelé à la Kommandantur et il est décidé qu’à partir de demain je travaille sur la route.

Mardi 12 septembre, nuit calme, je travaille sur la route dans le village avec 3 gamins pour nettoyer, le 87° d’infanterie arrive et toujours mouvements de troupes, on tire au loin.

Mercredi, on tire peu, ça va mieux travaillant à l’aise, on est sans nouvelles du front et la situation est sans changement, il vient de Grévillers des voitures de meubles de toutes sortes des fenêtres, des portes, des cuves, des pannes de bois, c’est le pillage qui continue, reçu le soir 12 francs.

Jeudi, on a tiré beaucoup toute la nuit, beaucoup d’aéroplanes sont venus jeter des bombes en quantité, dit-on, sur Grévillers et Bihucourt, il passe toujours mobiliers et bâtiments en bois, le soir beaucoup d’aéroplanes sont venus, ils ont brûlé deux ballons allemands en direction de Bapaume.

Vendredi, on a tiré au loin et grands mouvements de troupes, un ballon allemand a encore été brûlé ce matin à Bapaume, beaucoup d’aéroplanes qui jettent beaucoup de bombes partout sur les tranchées, un chariot de fleurs et arbustes de toutes sortes ainsi que des lauriers sont arrivés de Grévillers pour arranger le cimetière des soldats, toujours ordre de la Kommandantur du 26°, M Georges nous prévient que la boulangerie va quitter Favreuil pour aller s’installer à Vaulx dit-il, donc recul encore un peu, une escadrille d’aéroplanes anglaises est venue très bas, une anglaise est tombée à Frémicourt.

Samedi 16 septembre, nuit calme, ce matin très tôt une escadrille d’aéroplanes anglaises est venue jeter des bombes sur Bihucourt et Bapaume, on tire au loin, les civils de Grévillers qui étaient à Bapaume sont à Sapignies depuis deux jours, ils ont passé allant à Beugny chercher manger pour leurs chevaux, une aéroplane allemande est tombée route d’Arras, deux ballons ont encore été brûlés, chercher 20 kilos de farine.

Dimanche, travaillé à la route tout le jour car les autres travaillent encore à la moisson, on a cuit 10 pains, mouvements de troupes, toujours aéroplanes, le garde a apporté pancartes

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avec noms et âges des familles évacuées pour poser aux portes des maisons, beaucoup de ballons sont montés, on a tiré beaucoup dans la nuit et le jour.

Lundi, il pleut, tout le monde à la route, on tire peu, on commence des tranchées face à Bapaume, après-midi pas de travail, mis tout en ordre dans les bagages.

Mardi, on tire peu, toujours mouvements de troupes, repos le matin, après-midi travail, calme pour le tir, le soir beaucoup d’aéroplanes, grand combat, pertes des deux côtés, les gendarmes qui ont logé à Grévillers s’en vont à Sains-les-Marquion, on en profite pour donner des nouvelles à Mme Catelin.

Mercredi, calme pour le tir, rien de nouveau, il pleut toujours, beaucoup de mouvements de troupes.

Jeudi, calme pour le tir, on continue les tranchées autour de Favreuil, beaucoup de travail pour nettoyer les rues.

Vendredi, le tir a repris dans la nuit, très fort, grosses grenades sur Bapaume et environs, beaucoup d’aéroplanes combat sans résultat, escadrille d’aéroplanes anglaises est venue visiter le bois Lenain et ensuite nouvelle escadrille est venue jeter des bombes incendiaires explosibles pour brûler les ballons, sans succès, en même temps un Fauker allemand a été descendu, route de Cambrai, par une anglaise, tirs très violents sur Bapaume.

Samedi 23 septembre, ce matin très tôt canonnade sur les environs de Favreuil Grévillers, Biefvillers, Villers et Bapaume, beaucoup d’aéroplanes, de ce fait rien de nouveau.

Dimanche, on tire le canon très près, les troupes reçoivent l’ordre de se tenir prêtes à partie, on a cuit 10 pains, tirs très violents tout le jour, combats d’aéroplanes avec pertes des deux côtés, on a ramassé les cartes d’identité pour mettre le cachet de la commune de Favreuil.

Lundi, pas dormi, tirs très violents toute la nuit et le jour, beaucoup d’aéroplanes, préparatifs des troupes à Favreuil, comprenant la 26° Division, reçu le soir 30 francs.

Mardi, départ des troupes de grand matin…….. , on tire toujours beaucoup, combats d’aéroplanes, un anglaise est tombée, les deux aviateurs, l’un était tué, l’autre blessé, route de Douai, l’après-midi tirs toujours violents, il arrive de nouvelles tropes, M Georges reçoit l’ordre de partir, une auto est venue charger 100 sacs de farine en deux fois, c’est nous deux Charles Vincent qui ont chargé jusqu’à 11 heures du soir.

Mercredi 27 septembre, anniversaire de l’invasion, toute la nuit tirs très violents de grosses grenades sur Bapaume, beaucoup d’aéroplanes une allemande a été descendue vers Mory, nous avons été au marais dans la plantation allemande arracher des pommes de terre pour nous, on profite du changement de tropes, nouvelle Kommandantur, appel et reprise sérieuse du travail qui avait été interrompu faute de direction, reste pour charger de tout et ce qu’il y a dans la boulangerie, on a cuit une grosse fois, pour la dernière, 15 pains, M Georges a donné en récompense du chargement des autos un demi-sac de farine, on a fait une bonne flamiche à poireaux, enfin M Georges est parti, adieux ! , un ballon allemand a eu le câble coupé et rendu libre pour une destination inconnue, beaucoup de grenades sur Bihucourt et Biefvillers.

Jeudi, beaucoup de grosses grenades aux environs, la nuit a été terrible, beaucoup de soldats reviennent blessés et pas gais, on a donné quelques kilos de farine à Léontine, 10 kilos, beaucoup d’aéroplanes en 2 fois et combats incessants sans résultats.

Vendredi, calme pour le tir, pluie, pas de travail, on vient nous chercher pour descendre 60 sacs d’escourgeons du grenier de l’école, le 26° ramasse tout du fait de son départ, après-midi travail dans les rues, été chercher à St Aubin une brouette des habitants de Bapaume qui a été définitivement évacué lundi dernier.

Samedi, calme pour le tir la nuit, pillage en règle de Bapaume, beaucoup de blessés reviennent du front, combats d’aéroplanes pertes des deux côtés, le travail n’est plus sérieux,

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c’est le gâchis, on va chercher le blé en meule sans être battu, les soldats de l’infanterie en font leur lit, ça n’inspire rien de bon de voir traîner dans la boue le blé et l’avoine.

Dimanche 1° octobre, scié du bois et repos, on tire beaucoup, combats d’aéroplanes une allemande a été descendue, une française est venue par deux fois pour incendier ballons, pas réussi, depuis notre arrivée on dit la messe à la chapelle, l’église sert d’ambulance, la cloche a été descendue et emmenée en Allemagne, celle de Grévillers a été emmenée à la gare de Frémicourt et expédiée aussi.

Lundi, on a tiré toute la nuit, gros calibre près de Favreuil et tout le jour aussi, beaucoup d’aéroplanes, été à pommes de terre tout le monde rapporte, touché le soir 9 francs.

Mardi, calme pour le tir, pluie, pas de travail avant midi, après à la chaussée avec gamins, grands mouvements de troupes, il arrive de l’infanterie de marine, qu’est ce que cela veut dire ? , ça sentirait le fin ?, qui sait ! , ils se défendent avec acharnement, on continue toujours les travaux de défense aux approches du village.

Mercredi, pluie, on tire beaucoup la nuit et le matin, l’après-midi été charger sur voitures bâtiments en fer, démontés du 26° pour être remontés à Béhagnies, les marins ne sont pas gais, ils sont fortement décimés, il tombe beaucoup de grenades.

Jeudi 5 octobre, on a tiré beaucoup grosse artillerie la nuit et leur tir violent sur Bucquoy, tout le monde au nettoyage des rues, touché 63 kilos de farine, cédé 10 kilos à Lemaire et 7 kilos 500 à Lecomte Rémi, le tout payé.

Vendredi, on a tiré toute la nuit et le jour avec de la grosse artillerie sur Bapaume et environs, tirs très violents toute la nuit vers Miraumont, on dit que les 25 civils de Grévillers à Beugnâtre vont être évacués qui sait où ……  , travaillé à la route.

Samedi, tir toujours très violent qui se rapproche sensiblement, beaucoup d’aéroplanes, travaillé à la chaussée, à l‘appel du midi on nous dit de prépares nos bagages pour partir demain midi, grand émoi, travail empressé, nous avons réglé tous nos comptes, tir très violent tout le jour et le soit tard.

Dimanche, le matin reçu 10 francs, on met la dernière main aux préparatifs, on vient nous prévenir que les ordres pour partir et la destination ne sont pas connus, il faut donc attendre, il pleut, les civils de Grévillers et Biefvillers arrivent en débandade, beaucoup de grenades sont tombées toute la nuit, ils sont exténués car ils ont amené leurs bagages à brouette, ceux de Biefvillers qui n’ont pas pu partir ce matin, on va les chercher avec des voitures dont Sylvain et conduits à Hermies, ceux arrivés le matin restent et logeront où ils pourront, à cause de tout ce dérangement nous ne partons pas.

Lundi 9 octobre, pas dormi de la nuit, tout étant emballé, toujours dans l’attente, il passe assez bien de prisonniers anglais blessés, depuis quelques jours les soldats ont des petits pains, alors demandé de faire quinze pains qui sont très beaux en prévision toujours du départ, calme pour le tir, ceux de Biefvillers et Grévillers, Jules Parsis, sont partis à midi pour Hermies, les ballons allemands sont avancés sur Mory, Bapaume, Haplincourt, Frémicourt, il faut attendre de nouveaux ordres, on ne part pas.

Mardi, dans la nuit des aéroplanes sont venus jeter de bombes sur Favreuil causant d’importants dégâts en hommes, chevaux et matériel à l’endroit

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derrière notre logement à 25 mètres, c’est dangereux, j’ai couché dans la boulangerie à terre, Alice et Jean chez Adelaïde.

Mercredi 11 octobre, on a tiré beaucoup la nuit avec de gros calibres sur Bapaume, Sapignies, Béhagnies, Bihucourt, Achiet, Grévillers, Mory, des aéroplanes sont encore venus la nuit et ont jeté des bombes aux environs et sur la boulangerie, d’après les tirs violents combats, une aéroplane anglaise a été mitraillée et a pris feu en haut, terrifiant spectacle sur

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Frémicourt, ces aéroplanes ont jeté pour les civils mais aucun n’a pu être ramassé, faute de maladresse des civils aux champs, le temps semble long, d’attendre, tir continu.

Jeudi, j‘ai redormi dans la mansarde, bien calme pour le tir, redonne farine aux boulangers pour quelques pains qui sont beaux, terrible canonnade toute l’après-midi, toujours dans l’attente du départ.

Vendredi 13 octobre, calme pour le tir la nuit et le jour, il arrive beaucoup d’infanterie pour renforts, le soir violente attaque, on a touché aujourd’hui du ravitaillement.

Samedi, on a tiré tout le jour beaucoup, on parle du départ de la Division actuelle et changement de troupes.

Dimanche, toute la nuit on a tiré beaucoup, il tombe des grenades dans le marais et les chevaux viennent se réfugier dans les jardins, le tir continue tout le jour.

Lundi, la Division va changer, elle est épuisée et très décimée, calme pour le tir, beaucoup d’aéroplanes et combats, pertes des deux côtés, la nuit visite d ‘aéroplanes sans bombes.

Mardi, on ramasse tous les instruments agricoles pour les emmener, nouvelle Kommandantur, vers midi 8 aéroplanes sont venus jeter des bombes sur le marais et sur l’embranchement du Chemin de Fer de St Aubin causant des dégâts, l’après-midi visite des aéroplanes, basse, un éclat d’obus a coupé le bras d’un soldat logé à côté de chez nous, l’après-midi grosses grenades entre Favreuil et St Aubin.

Mercredi 18 octobre, terrible combat toute la nuit, il pleut, grand mouvement de troupes, invasion infanterie au logement, le Kommandant a son logement à côté, il est bon, le soir, grenades sur le Chemin de Fer et ballons, été parler à la boulangerie pour nous fournir à nouveau du pain, accepté.

Jeudi, il pleut toujours, calme pour le tir la nuit et le jour, partout beaucoup d’infanterie, on a été chercher du pain soit 3 pains pour six personnes, l’infanterie qui revient le matin, est fatiguée et remplie de boue.

Vendredi, il fait froid, il gèle le matin, les Allemands tirent peu mais les Anglais n’arrêtent jamais de tirer partout, visites d’aéroplanes.

Samedi, le froid dure, calme pour le tir la nuit et le jour, beaucoup d’aéroplanes, 18 anglaises sont passées et ont détruit le Chemin de Fer de Marquion à Mory, combats d’aéroplanes pertes de deux côtés.

Dimanche, toute la nuit on a tiré, l’infanterie est partie ce matin, tir violent toute la journée, beaucoup d’aéroplanes anglaises ont jeté des bombes sur les tranchées, pertes allemandes.

Lundi, tir continu toute la nuit, le jour calme, il arrive de l’artillerie de Bihucourt qui n’est plus tenable, le Kommandant m’a dit qu’après avoir écrit au général hier pour nous partir plus loin il attendait une réponse sous peu, on verra, terrible bombardement à partir de 3 heures jusqu'au soir, à 4 heures en regardant au château …..tenne l’effet de tir sur Bapaume, j’ai vu tomber le clocher de l’église de Bapaume, très triste à voir.

Mardi, on a tiré toute la nuit, le matin on distribue graisse et pommes de terre, surprise étant chez Adelaïde, on vient nous dire que nous partons demain matin à 7 heures pour prendre le train à Croisilles, donc cette fois travail de départ, on n'oubliera pas les bonnes choses chez Adelaïde, le soir j'ai conduit les deux chèvres, grand chagrin de Jean et de moi, on a tiré toute l’après-midi et la nuit, on n’a pas dormi d’émotion.

Mercredi 25 octobre, à 7 heures arrivée des voitures pour prendre les bagages, chargement très vite, on prend tous les bagages et provisions, appel par le Kommandant qui commande une voiture pour les enfants et vieillards, adieux des gens qui nous ont fait plaisir et du Conve ?, en route, les hommes marchent et les femmes, escortés par les gendarmes,  on porte petits colis et Alice N Dame de Lourdes, Jean son baluchon, arrivée à la gare de Croisilles à 10 heures 30 en passant par Mory, beaucoup de monde de toutes les communes

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entre autres de Bihucourt, triste tableau de voir les vieillards, infirmes, etc. chargement des bagages sur le train, cotisation pour pourboires, les gens de Favreuil nous ont amenés, départ à 12 heures 30 par Marquion, Sauchy-Lestrées, Cambrai, Sin-le-Noble, Valenciennes et Artres, arrivée et arrêt à 6 heures 30 du soir, on nous apporte par la bonté du Comte d’Haussy et de sa famille, une bonne soupe, café, tartines, on procède aux appels par commune par le Comte, des voitures arrivent, on charge bagages et personnes chaque commune pour sa destination, il n’en est pas de même pour nous qui restons dans les wagons toute la nuit, on n’a pas dormi et froid dans compartiments à bêtes.

Jeudi 26 octobre, le matin de nouveau tout le personnel du château avec M et Mme et leur famille ont apporté du café et lait chaud, heureusement car on a froid, bonnes tartines au miel et à la gelée de pommes, à 9 heures arrive le Comte ainsi que les voitures qui doivent nous transporter à Haussy, en route à 10 heures et arrivée à 3 heures, très bon accueil de la municipalité et des habitants mais tout le monde ne peut rester, il en faut 15 à Haussy et 19 à St Waast, je dis 19 car cinq personnes de Favreuil sont venues avec nous après hésitation, les familles Thomas, Bachelet et Léontine Savary restent à Haussy, un logement nous a été donné chez M Leclerc Léon qui avait offert à la municipalité sa maison pour les évacués, c’est très bien, il a mis à notre disposition deux pièces, étables, écuries, un feu, une table, des chaises, un lit et une voisine un autre, on fera un lit à terre pour deux, beaucoup de travail pour conduire les bagages à la brouette qui avaient été déchargés à l’église, tout a été bien, j’ai été chercher 50 kilos de charbon pour 1 franc 75, on a bien mangé tous et encore mieux dormi car on ne tenait plus.

Vendredi, réveil à 7 heures 30, très bonne nuit, le matin continue arrangement du logement, diverses courses à la mairie, touché du pain à la coopérative qui est très bon, soit 6 livres par jour, c’est bien, visite de Germaine, Zélie, etc. de Grévillers de la première évacuation, ils sont à St Python, ici à Haussy bonnes personnes, on est installé pour de bon, il n’y a qu’un peu d’infanterie qui s’exerce.

Samedi, ranger maison, grenier et cour, bon temps, été rendu visite au logement des gens de Grévillers, tout le monde est bien et content.

Dimanche 29 octobre, été à la messe, belle église, remarqué horloge posée par Philippe avant la guerre, visite à M Grandjean, bon accueil, récits de la guerre, on nous vendra un litre de bon lait tous les jours le soir, acheté un hecto de charbon, on est très bien et très tranquille chez lui, quelle différence avec Favreuil !

Lundi, l’infanterie part, il arrive de l’artillerie, été voir pour électrique car il faut- s’éclairer le soir, l’électricité est dans l’autre partie de la maison occupée par deux demoiselles de Flesquières avec un petit garçon évacuées comme nous, pour faire place à la troupe, déménagé l’institutrice pour faire place aux soldats et aux civils prisonniers qui travaillent, nous avons touché 5 francs par personne comme évacués et ainsi toutes les semaines, nous paierons nos denrées mais le pain est gratuit, on va chercher avec cartes de pain et cartes pour le ravitaillement aussi, c’est bien organisé, depuis midi on entend très bien le canon direction Cambrai, Bapaume, on tire sans discontinuer.

Mardi, le canon tonne toute la nuit et le jour sans cesser, on a touché aujourd’hui 1 kilo de sucre par personne et 250 grammes de potasse ( ?) par personne, été arracher pommes de terre pour la commune jusque midi, M Régnier est très bon pour nous, on distribue cartes pour le pain et cartes pour le ravitaillement aux docks, appelé à la mairie pour âges et dates de naissance de tous pour établir de nouvelles cartes d’identité.

Mercredi 1° novembre, la Toussaint, le canon a arrêté la nuit et repris dans la journée toujours dans la même direction, été à tous les offices, il arrive de la nouvelle infanterie et matériel de ponts, l’artillerie s’en va.

Jeudi, le canon a repris ce matin et tout le jour, publié l’appel des hommes pour travailler, il marche une grosse batteuse à outrance et beaucoup de travail, il est dit que

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samedi il y aura appel sérieux car beaucoup à Haussy ne veulent plus travailler, été acheter lampe électrique à l’usine ampoule pour 3 francs 50, Marcel Bachelet l’a montée et raccordée, ça marche très bien, aussi économie de lumière, déchargé le soir avec Eloi, chariot de briquettes charbon pour la boulangerie coopérative, reçu 1 franc pour la peine, le canon arrêté  ce soir, il arrive de la troupe le soir à Haussy beaucoup.

Vendredi, on tire toujours le canon, rien de nouveau, le plus gênant c’est le bois pour préparer le feu, il est très rare ici.

Samedi, on tire toujours le canon, les évacués de Lens vont partir lundi, dit-on, le Korps d’Armée changeant, il prend ses évacués, après-midi été travailler aux champs avec Eloi pour M Lemaire, confectionné abat-jour avec Marcel, été acheter interrupteur électrique car il faut tous les jours décrocher l’ampoule, 2 francs 50.

Dimanche, été aux offices, toutes les nuits il pleut beaucoup, on tire toujours le canon, bien pour vivre et dans le logement.

Lundi, été travailler aux champs avec Eloi pour M Lemaire, c’est bon, à une heure à midi coup de théâtre, le garde publie que tous les évacués sans distinction doivent être à 2 heures sur la place d’Haussy avec tous leurs bagages, il faut juger de notre stupeur et du travail qui s’ensuit, aidé par de bons amis pour nous aider, on entasse pêle-mêle le linge tout mouillé de la lessive etc. enfin tant bien que mal, on entasse tout dans les sacs, laissé oublié le riz, bon souvenir de M Grandjean qui a donné œufs fromage et viande rôtie pour Jean, adieux de M Régnier, Leclerc et Lemaire, M et Mme Leclerc nous ont bien aidés, chargé dans la cour le tout sur un chariot, appel, en route pour Artres triste voyage, il pleut, arrivés à 6 heures, de suite montés dans un wagon sans bagages, on compte les personnes, enfin l’ordre est donné de monter les bagages et on reste jusqu’au lendemain 10 heures en wagons sous la garde de sentinelles, on ne dort pas assis sur nos sacs, il fait froid.

Mardi 6 novembre, le matin le Comte d’Haussy avec sa famille, son personnel et les bonnes sœurs apporte du lait et du café, enfin en route à 10 heures, passé par Valenciennes, St Amand-les-Eaux et entrée en Belgique puis Tournai, aiguillé le train passé par Antoingt et arrivée à Barritz à 3 heures de l’après-midi, descendu bagages et chargé pêle-mêle sur des chariots qui nous attendent pour Gaurain-Ramecroix qui est à 20 minutes, arrivée à 5 heures du soir avec nos amis les Belges, très bon accueil, dévouement de tous les habitants, on se rend au patronage où on sert de la soupe et tartines, on nous délivre des billets de logement pour deux, Mme Barry et Alice chez M Beaudechon, grand-mère et Jean chez M Lucien Lethellier, le père et moi à la ferme Graux chez M Degaene, grosse culture, bon accueil et bonne nuit.

La suite du récit se trouve dans le deuxième chapitre (PARTIE BELGE)

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