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11 mercredi 8 juin 2011 CULTURE Comprendre, mesurer et sentir Plus qu'un livre, Il était une fois les filles… est un ouvrage de réfé- rence qui se lit comme un ro- man. Patrick Banon nous montre la place des filles, des femmes, leurs origines historiques et my- thologiques. Ces croyances in- croyables qui se rapportent au «sexe faible» peuvent frapper ou interpeller, elles sont surtout mi- ses en avant pour mieux expli- quer les différences et en dégager les stéréotypes. 21 questions sur les relations hommes-femmes, les carrières, la vie sociale, les obligations des uns et des autres, pourquoi certains mythes ou re- ligions enferment les femmes dans un rôle maternant… tant de thèmes abordés à destination des adolescents avides de connais- sances. C'est un documentaire passionnant qui informe et fait débat tout en reprenant quel- ques récits de mythes égyptiens, grecs, bibliques… Aujourd'hui ces différences sont signe de diversité et de ri- chesse, non plus de menace et pourtant, c'est une lutte perma- nente. Les illustrations épurées agrémentent ça et là les propos cités. Riche, philosophique et in- dispensable! • Mesurer et peser sont les activi- tés proposées dans ce Je mesure tout. En effet, tout se mesure: un point de coccinelle ou un grain de poivre mais aussi un terrain de football; du millimètre à l'hec- tare, il n'y a qu'à prendre son mètre! Pour peser deux fraises ou une brebis, même principe… tout est expliqué, comparé. Ainsi, l'enfant rigolera en appre- nant que 20 chats domestiques pèsent le même poids qu'un ba- byfoot, à savoir 100 kilos. Mesu- rer le temps devient aussi ins- tructif et s'appuie sur le quoti- dien. L'auteur n'hésite pas à com- parer le temps qu'un enfant passe dans une journée bien rem- plie avec celui qu'une abeille met pour pondre 3.000 œufs… Tout est jeu et sourire car les illustrations sont très drôles, les comparaisons inattendues et le concept original. Les enfants piè- geront leurs parents à coup sûr tout en apprenant et jouant au contremaître. Très ludique et ori- ginal. • Deux petits livres à toucher pour les tout-petits. C'est moi le roi des animaux est l'histoire d'un lion persuadé que c'est lui le roi de la savane. Avec sa crinière clinquante, il se croit supérieur! Attention au zèbre qui rivalise de beauté, à la girafe au pelage doux ou à l'éléphant si imposant. Dif- férentes peaux à toucher, ru- gueuses, douces ou lisses, c'est toujours un plaisir de retrouver Bénédicte Guettier et sa présen- tation insolite des animaux. Avec le grand méchant loup, il est aussi question de pelage, et de grandes dents très pointues, d'oreilles velues; impressionnant ce loup? Pas tant que cela! On peut le caresser et mieux l'appri- voiser… Deux mini-albums pour les petites mains curieuses, aux couleurs vives et à l'issue joyeuse! Marie Lempicki – Patrick Banon, Anne Lise Boutin: Il était une fois les filles… Mythologie de la différence, Acte sud junior, essai, dès 14 ans, 112 pages, prix: 14,80 euros. – Mireia Trius, Oscar Julve: Je mesu- re tout, De La Martinière jeunesse, dès 4 ans, 96 pages, 12,90 euros. – Bénédicte Guettier: C'est moi le roi des animaux et Pour être un grand méchant loup, Casterman, coll. Poil aux pattes, dès 2 ans, 12 pages, prix: 12,95 euros. Participez à notre jeu-concours, organisé en partenariat avec LIBO, qui chaque mercredi met deux exemplaires du livre de poche sélectionné en jeu. Ce livre est par ail- leurs mis en évidence au rayon littérature de la librairie. Pour tenter d'empocher le poche de la semaine, envoyez un SMS au 644 47 avec le code: Voix (espace) Nom (es- pace) Prénom (espace) Vigan. Les gagnants tirés au sort seront prévenus par retour de SMS et pourront retirer leur exemplaire à la li- brairie LIBO au 11, rue du Fort Bourbon à Luxembourg. www.libo.lu Les violences silencieuses Désormais en format poche (édit. Le Livre de Poche), Les heures souterraines de Del- phine de Vigan évoque avec une belle maîtrise de fond et de forme le paradoxe de la solitude urbaine dans un ré- cit à double voix. Au milieu du bourdonnement incessant de la ville, Delphine de Vigan attire l'attention de ses lecteurs sur deux personnages, Mathilde et Thibault, qui telles des fourmis travaillent et chemi- nent tous les jours à travers les quartiers encombrés de Paris. La plume de cette romancière fran- çaise se veut une loupe grossis- sante pour décrire avec une pré- cision d'entomologiste des quo- tidiens devenus insupportables à force de constantes répétitions ou d'humiliations. Mathilde élève seule ses trois enfants et travaille comme cadre dans une entreprise de marke- ting. Depuis qu'elle a osé énon- cer un léger désaccord avec son supérieur hiérarchique lors d'une réunion de travail, celui-ci a mis en œuvre une terrible machine de guerre visant à l'évincer de sa place. Sans que le terme ne soit ja- mais prononcé dans le roman, Mathilde subit ce qui est de l'or- dre du harcèlement moral, une violence invisible et destructrice. Thibault quant à lui, a choisi d'être médecin urgentiste au cœur de la capitale française. Il prend aussi bien le pouls de ses patients que celui de la ville car il passe ses journées dans sa petite voiture au milieu des embouteil- lages pour se rendre d'une visite à une autre. «Sa vie est au cœur de la ville. Et la ville, de son fracas, couvre les plaintes et les murmu- res, dissimule son indigence, exhibe ses poubelles et ses opu- lences, sans cesse augmente sa vitesse». Tout en déplorant la solitude dans laquelle vivent la majorité de ses patients, il se sent lui-même abandonné, car la femme qu'il aime n'éprouve au- cun sentiment à son égard. Ces deux protagonistes vivent au rythme effréné de la ville, sont soumis à ses codes de conduite, notamment ceux du métro dont les subtilités sont décrites par l'auteur aux heures de pointe. «Quand le métro arri- vera, bondé, irascible, il faudra lutter. Selon une loi tacite, une forme de jurisprudence souter- raine appliquée depuis des dé- cennies, les premiers resteront les premiers. Quiconque tente de s'y soustraire se voit conspué.» Face à ce mouvement urbain oppressant, Delphine de Vigan oppose l'immobilisme imposé à Mathilde dans sa carrière et à Thibault sur ses trajets quoti- diens en pleine circulation rou- tière. L'immobilité y est vécue comme une mise à l'écart perni- cieuse. Reste la question latente de savoir si cette ville tentaculaire autorise encore la rencontre et le sauvetage de points isolés que sont Mathilde et Thibault. Retenu pour l'ultime sélection du Prix Goncourt 2009, Les heu- res souterraines de Delphine de Vigan adopte un ton réaliste, dur à entendre mais terriblement juste sur les violences silencieu- ses qui se dissimulent au sein de la cité urbaine et de l'entreprise. Nathalie Cailteux Les heures souterraines, de Delphine de Vigan, paru aux éditions Le Livre de Poche (ISBN 978-2-253-13421-3, 249 pages). Prix littéraires Prix littéraires Des lauriers pour Modiano et Serra Le Prix de la BNF 2011 a été attribué lundi soir à Patrick Mo- diano pour l'ensemble de son œu- vre à l'occasion du dîner des mécè- nes de la Bibliothèque nationale de France destiné à l'acquisition du manuscrit enluminé de la Vie de sainte Catherine, classé Trésor national. Le prix Goncourt de la biogra- phie a été décerné mardi au diplo- mate et écrivain italien Maurizio Serra pour sa biographie Mala- parte, vies et légendes (Grasset). Dans cette magistrale biographie de Malaparte (1898-1957), écrite pour le public français, cet es- sayiste lettré et francophile, am- bassadeur d'Italie auprès de l'Unesco, se propose de livrer, à partir de documents souvent iné- dits, le portrait de ce caméléon insaisissable, auteur de Kaputt, La peau ou Technique du coup d'Etat. En 1942, Benjamin Silberberg (alors âgé de 18 ans), son père et son frère sont arrêtés par la police de Vichy et déportés à Auschwitz. C’est le début d’un calvaire inimaginable. Des trois il est le seul à survivre à la barbarie. Il lui faut alors se reconstruire une vie dans la normalité ... Un récit poignant, parfois très dur. 13 × 20 cm, 228 pages, broché 24,90 BENJAMIN SILBERBERG J’avais 20 ans. J’avais connu l’enfer. En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre. Egalement disponible sur www.editions.lu

20110608 Delphine de Vigan

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13 × 20 cm, 228 pages, broché Désormais en format poche (édit. Le Livre de Poche), Les heures souterrainesde Del- phine de Vigan évoque avec une belle maîtrise de fond et de forme le paradoxe de la solitude urbaine dans un ré- cit à double voix. En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre. Prix littérairesPrixlittéraires www.editions.lu Egalement disponible sur

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11 mercredi 8 juin 2011 CULTURE

Comprendre, mesurer et sentir■ Plus qu'un livre, Il était une foisles filles… est un ouvrage de réfé-rence qui se lit comme un ro-man. Patrick Banon nous montrela place des filles, des femmes,leurs origines historiques et my-thologiques. Ces croyances in-croyables qui se rapportent au«sexe faible» peuvent frapper ouinterpeller, elles sont surtout mi-ses en avant pour mieux expli-quer les différences et en dégagerles stéréotypes. 21 questions surles relations hommes-femmes,les carrières, la vie sociale, lesobligations des uns et des autres,pourquoi certains mythes ou re-ligions enferment les femmesdans un rôle maternant… tant dethèmes abordés à destination desadolescents avides de connais-sances. C'est un documentairepassionnant qui informe et faitdébat tout en reprenant quel-ques récits de mythes égyptiens,grecs, bibliques…

Aujourd'hui ces différencessont signe de diversité et de ri-chesse, non plus de menace etpourtant, c'est une lutte perma-nente. Les illustrations épuréesagrémentent ça et là les proposcités. Riche, philosophique et in-dispensable!• Mesurer et peser sont les activi-tés proposées dans ce Je mesuretout. En effet, tout se mesure: unpoint de coccinelle ou un grainde poivre mais aussi un terrain defootball; du millimètre à l'hec-tare, il n'y a qu'à prendre sonmètre! Pour peser deux fraises ouune brebis, même principe…tout est expliqué, comparé.Ainsi, l'enfant rigolera en appre-

nant que 20 chats domestiquespèsent le même poids qu'un ba-byfoot, à savoir 100 kilos. Mesu-rer le temps devient aussi ins-tructif et s'appuie sur le quoti-dien. L'auteur n'hésite pas à com-parer le temps qu'un enfantpasse dans une journée bien rem-plie avec celui qu'une abeille metpour pondre 3.000 œufs…

Tout est jeu et sourire car lesillustrations sont très drôles, lescomparaisons inattendues et leconcept original. Les enfants piè-geront leurs parents à coup sûrtout en apprenant et jouant aucontremaître. Très ludique et ori-ginal.

• Deux petits livres à toucherpour les tout-petits. C'est moi leroi des animaux est l'histoire d'unlion persuadé que c'est lui le roide la savane. Avec sa crinièreclinquante, il se croit supérieur!Attention au zèbre qui rivalise debeauté, à la girafe au pelage douxou à l'éléphant si imposant. Dif-férentes peaux à toucher, ru-

gueuses, douces ou lisses, c'esttoujours un plaisir de retrouverBénédicte Guettier et sa présen-tation insolite des animaux.Avec le grand méchant loup, ilest aussi question de pelage, et degrandes dents très pointues,d'oreilles velues; impressionnantce loup? Pas tant que cela! Onpeut le caresser et mieux l'appri-voiser… Deux mini-albums pourles petites mains curieuses, auxcouleurs vives et à l'issue joyeuse!

■ Marie Lempicki

– Patrick Banon, Anne Lise Boutin:Il était une fois les filles… Mythologiede la différence, Acte sud junior,essai, dès 14 ans, 112 pages, prix:14,80 euros.– Mireia Trius, Oscar Julve: Je mesu-re tout, De La Martinière jeunesse,dès 4 ans, 96 pages, 12,90 euros.– Bénédicte Guettier: C'est moi le roides animaux et Pour être un grandméchant loup, Casterman, coll. Poilaux pattes, dès 2 ans, 12 pages,prix: 12,95 euros.

Participez à notre jeu-concours, organisé en partenariatavec LIBO, qui chaque mercredi met deux exemplairesdu livre de poche sélectionné en jeu. Ce livre est par ail-leurs mis en évidence au rayon littérature de la librairie. Pour tenter d'empocher le poche de la semaine, envoyezun SMS au 644 47 avec le code: Voix (espace) Nom (es-pace) Prénom (espace) Vigan. Les gagnants tirés au sort

seront prévenus par retour de SMS et pourront retirer leur exemplaire à la li-brairie LIBO au 11, rue du Fort Bourbon à Luxembourg. www.libo.lu

Les violences silencieuses Désormais en format poche(édit. Le Livre de Poche), Lesheures souterraines de Del-phine de Vigan évoque avecune belle maîtrise de fond etde forme le paradoxe de lasolitude urbaine dans un ré-cit à double voix.

■ Au milieu du bourdonnementincessant de la ville, Delphine deVigan attire l'attention de seslecteurs sur deux personnages,Mathilde et Thibault, qui tellesdes fourmis travaillent et chemi-nent tous les jours à travers lesquartiers encombrés de Paris. Laplume de cette romancière fran-çaise se veut une loupe grossis-sante pour décrire avec une pré-cision d'entomologiste des quo-tidiens devenus insupportables àforce de constantes répétitionsou d'humiliations.

Mathilde élève seule ses troisenfants et travaille comme cadredans une entreprise de marke-ting. Depuis qu'elle a osé énon-cer un léger désaccord avec sonsupérieur hiérarchique lors d'uneréunion de travail, celui-ci a misen œuvre une terrible machinede guerre visant à l'évincer de saplace.

Sans que le terme ne soit ja-mais prononcé dans le roman,

Mathilde subit ce qui est de l'or-dre du harcèlement moral, uneviolence invisible et destructrice.

Thibault quant à lui, a choisid'être médecin urgentiste aucœur de la capitale française. Ilprend aussi bien le pouls de sespatients que celui de la ville car ilpasse ses journées dans sa petitevoiture au milieu des embouteil-lages pour se rendre d'une visite àune autre. «Sa vie est au cœur dela ville. Et la ville, de son fracas,

couvre les plaintes et les murmu-res, dissimule son indigence,exhibe ses poubelles et ses opu-lences, sans cesse augmente savitesse». Tout en déplorant lasolitude dans laquelle vivent lamajorité de ses patients, il se sentlui-même abandonné, car lafemme qu'il aime n'éprouve au-cun sentiment à son égard.

Ces deux protagonistes viventau rythme effréné de la ville,sont soumis à ses codes deconduite, notamment ceux dumétro dont les subtilités sontdécrites par l'auteur aux heuresde pointe. «Quand le métro arri-vera, bondé, irascible, il faudralutter. Selon une loi tacite, uneforme de jurisprudence souter-raine appliquée depuis des dé-cennies, les premiers resterontles premiers. Quiconque tente des'y soustraire se voit conspué.»

Face à ce mouvement urbainoppressant, Delphine de Vigan

oppose l'immobilisme imposé àMathilde dans sa carrière et àThibault sur ses trajets quoti-diens en pleine circulation rou-tière. L'immobilité y est vécuecomme une mise à l'écart perni-cieuse.

Reste la question latente desavoir si cette ville tentaculaireautorise encore la rencontre et lesauvetage de points isolés quesont Mathilde et Thibault.

Retenu pour l'ultime sélectiondu Prix Goncourt 2009, Les heu-res souterraines de Delphine deVigan adopte un ton réaliste, durà entendre mais terriblementjuste sur les violences silencieu-ses qui se dissimulent au sein dela cité urbaine et de l'entreprise.

■ Nathalie Cailteux

Les heures souterraines, deDelphine de Vigan, paru auxéditions Le Livre de Poche (ISBN978-2-253-13421-3, 249 pages).

Prix littérairesPrix littéraires

Des lauriers pourModiano et Serra

Le Prix de la BNF 2011 a étéattribué lundi soir à Patrick Mo-diano pour l'ensemble de son œu-vre à l'occasion du dîner des mécè-nes de la Bibliothèque nationalede France destiné à l'acquisitiondu manuscrit enluminé de la Viede sainte Catherine, classé Trésornational.

Le prix Goncourt de la biogra-phie a été décerné mardi au diplo-mate et écrivain italien MaurizioSerra pour sa biographie Mala-parte, vies et légendes (Grasset).Dans cette magistrale biographiede Malaparte (1898-1957), écritepour le public français, cet es-sayiste lettré et francophile, am-bassadeur d'Italie auprès del'Unesco, se propose de livrer, àpartir de documents souvent iné-dits, le portrait de ce caméléoninsaisissable, auteur de Kaputt, Lapeau ou Technique du coup d'Etat.

En 1942,

Benjamin Silberberg

(alors âgé de 18 ans),

son père et son frère

sont arrêtés par la

police de Vichy et

déportés à Auschwitz.

C’est le début d’un

calvaire inimaginable.

Des trois il est

le seul à survivre

à la barbarie.

Il lui faut alors se

reconstruire une vie

dans la normalité ...

Un récit poignant,

parfois très dur.

13 × 20 cm,

228 pages,

broché

24,90 €

BENJAMINSILBERBERG

J’avais 20 ans.J’avais connu l’enfer.

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