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6 Mise en œuvre de la méthode proposée
6.1 IntroductionDans cette dernière partie sur la méthode transitoire, deux catégories
d’essais sont présentés. La première est celle d’essais en incidence normale, que
l’on confrontera aux résultats fournis par le tube à ondes stationnaires, de
manière à évaluer les performances de la méthode in situ de fonction de transfert
par rapport à une mesure de référence, et à s’assurer du bon fonctionnement des
équipements de mesure et du programme de traitement associé. La seconde
regroupe des essais avec source au sol, en conditions in situ ou non, destinés à
démontrer la viabilité de cette disposition inhabituelle.
6.2 Incidence normale - Confrontation avec le tube à ondes stationnaires
6.2.1 Mise en œuvre des deux méthodes
6.2.1.1 Tube à ondes stationnaires : caractéristiques et procédure
Nous avons utilisé ici un équipement développé à Trondheim sur le
principe de la méthode de Chung et Blaser [Chung_Blaser-1980], de type fonction
de transfert. L’intérêt majeur de celle-ci, par rapport à la mesure traditionnelle de
taux d’ondes stationnaires, est sa rapidité. L’équipement en question a fait l’objet
de tests approfondis et est en service depuis plusieurs années.
Le diamètre du tube employé ici est de 0.1 m et sa longueur de 2 m, ce qui
permet d’effectuer des mesures de 100 Hz à 3 kHz. Pour des raisons pratiques,
nous nous sommes limité à la bande 100 Hz - 2000 Hz. L’espacement entre les
microphones était de 0.06 m pendant les mesures. Les mesures ont été réalisées
avec correction préalable des différences de phase et de sensibilité en amplitude
des capteurs. La fonction de transfert étant obtenue par intercorrélation, on s’est
servi, à chaque mesure, de la fonction cohérence pour décider de la qualité des
résultats et éventuellement recommencer. On a veillé à chaque fois à l’étanchéité
des assemblages réalisés pour monter les échantillons. On notera qu’il était
possible d’obtenir des spectres beaucoup plus fins avec cet équipement, mais
175
nous avons jugé cette option superflue. La résolution fréquentielle de la mesure in
situ est de toute façon très grossière par rapport à celle que fournit notre tube à
ondes stationnaires.
6.2.1.2 Méthode in situ de fonction de transfert : configuration
Toutes choses égales par ailleurs, les espacements dr suivants ont été
choisis : 0.04 m et 0.16 m, ce qui correspond respectivement aux domaines de
fréquence suivants : [425,3400] et [100,850] Hz, conformément à [74]. Les résultats
présentés correspondent à des échantillons carrés de 2.4 m de côté. Le calcul du
délai entre l’instant d’arrivée de l’onde directe et celui de la contribution la plus
tardive en provenance de la plaque donne une largeur de fenêtre de 6 ms. Bien
entendu, il est possible de prendre une largeur plus faible, mais cela n’a pour
conséquence que la dégradation des performances de la méthode, comme nous le
vérifierons dans la suite.
Le déroulement d’une mesure est détaillé à l’annexe E.
6.2.2 Résultats
6.2.2.1 Laine de roche 15 cm
200 400 600 800 1000 1200 1400
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert 16 cm 6 msFonction de transfert 4cm 6 ms
Figure-73 : Rockwool classe 36
La Figure-73 nous montre les valeurs d’absorption donnée par une mesure
au tube à ondes stationnaires (ligne continue) et par la méthode in situ (lignes
avec symboles). Cette convention est conservée dans la suite. L’accord entre les
deux types de mesures est bon à partir de 200 Hz, avec un écart de 0.1 au
176 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
maximum dans le cas où l’espacement est de 0.04 m. Avec l’espacement 0.16 m,
l’accord n’est correct qu’entre 250 et 600 Hz. La réduction de la taille de la fenêtre
s’accompagne naturellement d’un déplacement de la courbe concernée vers la
droite de celle-ci.
6.2.2.2 Glava Akuex MarsVariabilité au tube à ondes stationnaires
Ces essais comparatifs, entre mesure de fonction de transfert et tube à
ondes stationnaires, nous auront permis de toucher du doigt l’une des faiblesses
majeures de la mesure par ondes stationnaires, l’importance critique de la
préparation des échantillons. La Figure-74 nous montre les courbes d’absorption
de deux échantillons d’un même matériau, en l’occurence le Glava Akuex Mars
sur surface dure. La ligne en pointillés est la première obtenue, avec un
échantillon monté légèrement en force, car un peu trop grand pour le porte-
échantillon. Cette courbe est en désaccord total avec les mesures in situ.
L’inquiétude quand à l’effet des conditions de montage nous a incité à découper
un autre disque en faisant en sorte qu’il s’ajuste parfaitement dans le porte-
échantillon. Les nouvelles valeurs d’absorption sont représentées par la ligne
continue. Le lecteur conviendra avec nous que l’écart est très important.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesMontage correctMontage en force
Figure-74 : tube à ondes stationnaires, effet des conditions de montage sur le résultat de mesure.
Sur surface dure
La ligne continue est reportée sur la figure suivante, et elle s’accorde bien
avec les résultats de la méthode in situ au-dessus de 350 Hz. Le lecteur pourrait
objecter à bon droit que rien ne semble justifier notre choix de mesure de
177
référence, sinon un certain opportunisme. En fait, ce choix est celui du bon sens,
si l’on considère que l’on doit s’efforcer de comparer des résultats obtenus pour
des échantillons qui se trouvent dans le même état de contraintes mécaniques.
Or il est clair que l’échantillon utilisé pour la mesure in situ est en appui
simple sur le sol. Il nous faut donc chercher à recréer ces conditions dans le tube à
ondes stationnaires. Avec ce matériau apparaît la question du raccordement entre
les mesures obtenues avec des espacements de microphones différents. Les
mesures avec espacement 16 cm donnent les meilleurs résultats entre 350 et 800
Hz environ, mais la courbe obtenue avec l’espacement 4 cm est assez fidèle à la
mesure de référence sur l’ensemble du spectre considéré. La nécessité de réduire
la taille de la fenêtre, en présence de réflexions parasites, aurait pour effet logique
de diminuer la valeur du maximum d’absorption, du fait de la réduction de
résolution fréquentielle introduite (Cf Figure-75).
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert 16 cm 6 msFonction de transfert 4 cm 6 ms
Figure-75 : Mars sur surface dure
Sur vide d’air
Le problème de la création d’un vide d’air dans un porte-échantillon de
tube à ondes stationnaires est plus délicat qu’il n’y paraît. Nous l’avons résolu ici
à l’aide d’une bande d’adhésif formant une collerette à l’intérieur du morceau de
tube qui sert de porte-échantillon. La collerette sert d’appui à l’échantillon (Cf
Figure-76).
178 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
Vide d’air
Tub
e à
onde
sst
atio
nnai
res
Glava Akuex Mars
adhésif
Figure-76 : reconstitution d’un vide d’air dans le tube à ondes stationnaires.
L’idéal aurait été de disposer d’un morceau de tuyau de diamètre externe
égal au diamètre interne du tube à ondes stationnaires. L’accord entre les deux
méthodes de mesure est bon au-dessus de 400 Hz, mais le problème du
raccordement des mesures obtenues avec des espacements différents se manifeste
de nouveau.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert 16 cm 6 msFonction de transfert 4 cm 6 ms
Figure-77 : Mars sur vide d’air de 150 mm
On constate par ailleurs que les résultats de la méthode in situ sont décalés
vers le bas en fréquence par rapport à ceux de la méthode de référence, décalage
dont l’origine n’est pas éclaircie (Cf Figure-77).
179
6.2.2.3 Plaque perforée Danogips
Les plaques perforées ont été mesurées sur vide d’air. Elles ont été
préalablement clouées sur les cadres, de manière à assurer l’étanchéité du
montage sur le pourtour des plaques et à éviter les vibrations parasites. Du côté
du tube à ondes stationnaires, un échantillon à été découpé à la scie à ruban.
Plusieurs essais de montage ont été nécessaires avant de parvenir à des valeurs
de cohérence satisfaisantes. La solution retenue ici consiste à piéger l’échantillon
entre deux morceaux de tube comme sur la Figure-78.
Plaque perforée
vide d’air
Tub
e à
onde
sst
atio
nnai
res
Figure-78 : montage de plaque perforée dans le tube à ondes stationnaires.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert 16 cm 6 msFonction de transfert 4 cm 6 ms
Figure-79 : plaque perforée sur vide d’air de 150 mm
L’accord est convenable entre les deux types de mesures jusqu’à 200 Hz.
Ce type de matériau a d’ordinaire un comportement résonant à une certaine
180 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
fréquence, mais ici le textile employé présente une résistance élevée au passage
de l’air, ce qui introduit un amortissement important, donc une résonance quasi
absente, probablement dans le but d’obtenir un matériau assez absorbant sur une
large gamme de fréquences. De même que pour le matériau précédent, on
observe un décalage entre les résultats fournis par les deux méthodes (Cf Figure-
79).
6.2.2.4 Sol de la salle sèche
Il n’était bien entendu pas question de prélever une éprouvette de béton, et
ceci ne manque pas de nous rappeler un autre inconvénient de la méthode au
tube à ondes stationnaires : le fait qu’elle ne rentre pas dans la catégorie des
méthodes de contrôle non destructif. Nous présentons donc uniquement des
résultats in situ en nous référant aux tables qui permettent, rappelons-le,
d’attendre une absorption proche de zéro sur tout le spectre considéré. Les
résultats montrent un bon accord avec nos attentes jusqu’en-dessous de 300 Hz
pour la mesures avec 16 cm d’espacement et un peu moins de 400 Hz avec 4 cm
(Cf Figure-80).
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Alp
ha (
1)
Tolérance
Fonction de transfert 16 cm 6 msFonction de transfert 4 cm 6 ms
Figure-80 : sol de la salle sèche
181
6.2.3 Conclusions sur les mesures en incidence normale
Plus le matériau est absorbant à basse fréquence, plus la limite basse de la méthode
est faible. La méthode in situ de fonction de transfert améliorée, mise en œuvre à
incidence normale, dans des conditions favorables, mène à des résultats qui sont
comparables à ceux que donne la méthode de référence au-dessus de 200 à 350
Hz selon le matériau. Pour l’instant, nous retenons la dernière valeur pour limite
basse de notre méthode. Qualitativement, on peut quand même dire que plus le
materiau testé est absorbant à basse fréquence, plus la limite de la mesure est
basse. Ceci peut s’expliquer comme suit. Plus le matériau est absorbant, plus
l’onde réfléchie est atténuée, et donc plus l’énergie des réponses impulsionnelles
mesurées est concentrée dans le temps. Par conséquent, la fenêtre conserve
d’autant mieux le signal utile.
Des problèmes : un décalage fréquentiel entre les méthodes et le raccordement des
mesures. Outre les difficultés rencontrées face aux matériaux peu absorbants, nous
constatons par ailleurs un décalage fréquentiel entre les deux types de mesures, à
l’origine duquel il faudrait s’attacher. Sur un plan pratique, la question du
raccordement des courbes obtenues avec différents espacements de microphone
est apparue. Si l’on souhaite réaliser cette liaison sans intervention humaine, il ne
semble pas y avoir de solution simple. Au passage, on remarque que les mesures
données pour des espacements faibles semblent tout à fait valables à basse
fréquence voire meilleures dans certains cas, et on peut donc se demander si une
extension vers le bas du domaine de mesure, à espacement constant, n’est pas
envisageable. Il semble en fait que la limite fréquentielle inférieure imposée par
[74] soit trop sévère.
La vocation de la méthode in situ de fonction de transfert : être un outil
d’ingénierie. Enfin, ces mesures in situ illustrent la remarque faite au premier
chapitre sur le problème de la relation d’incertitude temps / fréquence. Une
largeur de fenêtre trop faible fausse les résultats à basse fréquence et lisse les
variations rapides de l’absorption dans la bande utile. Pour obtenir avec notre
méthode in situ des courbes aussi peu régulières, au sens mathématique du
terme, que celles du tube à ondes stationnaires, il nous faudrait pouvoir employer
des fenêtres d’analyse beaucoup plus larges. Mais cela est bien entendu
impossible dans le cas de notre expérience, et a fortiori en général dans le cadre
182 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
d’une mesure réellement in situ. Ceci confirme que la méthode in situ de fonction
de transfert doit être vue jusqu’à nouvel ordre comme un outil d’estimation des
propriétés acoustiques d’un matériau plutôt que comme une méthode d’analyse
fine.
Deux inconvénients du tube à ondes stationnaires. En marge de notre travail
sur la méthode in situ de fonction de transfert, nous avons pu voir par nous-
mêmes que le montage d’échantillons dans un tube à ondes stationnaires pour
des mesures avec ou sans vide d’air soulève quelques difficultés, qui, si elles ne
sont pas traitées correctement, peuvent se traduire par des mesures totalement
erronées. Par ailleurs ces mesures nous rappellent qu’il n’est pas toujours possible
d’effectuer une mesure au tube à ondes stationnaires, car le prélèvement d’un
échantillon n’est ni toujours simple ni toujours acceptable.
183
6.3 Incidence oblique en laboratoire
6.3.1 Protocole
La configuration de transducteurs employée dans la suite est celle que
nous avons représentée sur la Figure-57. Nous avons réalisé une série de mesures
dans la salle sèche où nous avions testé la méthode de fonction de transfert
originale. Nous avons effectué des essais sur les matériaux choisis pour notre
comparaison avec le tube à ondes stationnaires, à l’exception des plaques
perforées. Pour les matériaux rapportés, toutes les mesures sont effectuées sur
surface dure, c’est-à-dire sans vide d’air.
Afin de tester l’inocuité du contact direct entre la source et l’échantillon
testé, nous avons réalisé à chaque fois une mesure de référence, à disposition
quasi-constante, en suspendant la source de telle sorte qu’un vide de quelques
millimètres la sépare de l’échantillon.
L’espacement des microphones est fixé à dr=0.06 m, la distance source-
sonde à r=0.6 m.
6.3.2 Mesures : application du modèle à découplage sphérique
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
r=0.6 m source au solr=1m source au solr=1m source découplée
Figure-81 : béton peint du sol de la salle sèche
Du fait de la rapidité des calculs, même si le modèle à découplage
sphérique ne semblait pas applicable ici, d’un point de vue théorique, nous
l’avons utilisé dans un premier temps pour exploiter les mesures, avant de nous
184 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
appuyer sur un modèle théoriquement plus solide.
Dans le paragraphe qui suit, lorsqu’une forme comparative apparaît, la
référence est notre mesure in situ de fonction de transfert avec source "en l’air".
D’une manière générale, on constate que, dans des conditions analogues, il est
possible d’utiliser des fenêtres au moins aussi longues. La partie conservée de la
réponse impulsionnelle contient en effet davantage de signal utile, du fait de la
plus faible distance source-sonde.
Concernant la pratique de la mesure, la nouvelle disposition (Cf Figure-57)
n’apporte pas de mauvaise surprise et les mesures ci-dessous ont été bien plus
faciles à effectuer.
6.3.2.1 Sol réfléchissant : nette amélioration
Les résultats sont excellents à partir de 200 Hz et sur toute la bande testée,
le coefficient d’absorption ne dépassant jamais 0.07 (Cf Figure-81). A noter tout de
même, la présence d’une pente moyenne positive, que l’on peut attribuer aux
non-linéarités du système de mesure, comme on l’a vu précédemment. Une
mesure avec une distance source-sonde de 1 m est présentée, la source étant
posée, dans un cas, sur le sol, et dans l’autre, suspendue à quelques millimètres.
Les deux courbes correspondantes sont très proches, ce qui est très réconfortant.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert classiqueSource au sol
Figure-82 : mesure sur matériau Mars, avec source au sol
6.3.2.2 Glava Akuex Mars : bon accord mais variabilité
Le matériau médian donne des résultats tout à fait honorables, par rapport
au tube à ondes stationnaires. Les deux courbes se suivent fidèlement à partir de
185
200 Hz environ. Les résultats sont mêmes meilleurs que ceux que fournit la
méthode de fonction de transfert classique (Cf Figure-82). Mais ceci n’est valable
que lorsque la sonde se trouve assez loin des bords du panneau à l’aplomb
duquel elle est placée.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)Glava Akuex Mars 20 mm Variabilité des mesures
Son
de v
ers
le b
ord
Figure-83 : effet de la position de la sonde par rapport aux bords des panneaux de Mars
Lorsque la position de la sonde change, on constate une grande variabilité
dans les résultats, au-dessus de 1200 Hz (Cf Figure-83). Les mesures avec source
découplée donnent des résultats semblables.
6.3.2.3 Laine de roche : satisfaisant
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
Ondes stationnairesFonction de transfert classiqueSource au sol
Figure-84 : Rockwool, mesure avec source au sol
186 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
Les résultats sont sans surprise, comme d’habitude avec ce matériau. La
transition vers 200 Hz est un peu moins bien cernée qu’avec la mesure de
fonction de transfert classique. Au dessus, l’ajustement est atteint à 0.05 près (Cf
Figure-84).
6.3.3 Incertitudes de mesure
Les résultats d’incertitude de mesure de distances dans le cas des essais en
laboratoire et en incidence normale n’ont pas été produits dans ce mémoire.
Rappelons que cette situation avait déjà été traitée par d’autres comme
Waddington [Waddington-1990]]. Pour la nouvelle configuration, ces résultats
sont intéressants, du fait de la conjugaison de la courte distance et de l’incidence
quasi-rasante. La variabilité des résultats proviendrait essentiellement des relevés
de distances, en particulier de celui de la distance source-sonde r1 et de la
distance sonde-paroi d. A la différence de Waddington, on n’a pas recherché de
formule analytique. Les résultats qui suivent n’ont donc que la généralité qu’un
utilisateur assidu de la méthode en question peut bien leur prêter, mais la
procédure qui nous les fournit est applicable en un clin d’œil à une mesure
quelconque.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.01
0.02
0.03
0.04
0.05
0.06
0.07
0.08
0.09
0.1
|Alp
ha (
r+0.
05 m
)-A
lpha
(r-0
.05
m)|
Alpha très faibleAlpha très élevé
Figure-85 : effet de l’incertitude sur la distance source-sonde, mesure à +/- 0.05 m
Un opérateur attentif peut relever la première à 0.005 m et la seconde à
0.001 m près. Dans la configuration actuelle, la source est posée sur la paroi, la
distance source-paroi ne varie donc pas d’une mesure sur l’autre, de même pour
l’espacement entre microphones. Les résultats concernant la distance source-
187
sonde sont consignés sur la Figure-85.
Du fait de l’importance différente de l’onde réfléchie par rapport à l’onde
directe selon le matériau, on peut s’attendre à ce que l’incertitude sur la distance
sonde-paroi ait des effets plus importants pour des matériaux réfléchissants que
pour des matériaux absorbants, et c’est ce que l’on vérifie sur la Figure-86.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.01
0.02
0.03
0.04
0.05
0.06
0.07
0.08
0.09
0.1|A
lpha
(d+
0.00
1 m
)-A
lpha
(d-0
.001
m)| Alpha très faible
Alpha très élevé
Figure-86 : effet de l’incertitude sur la distance sonde-paroi, mesure à +/- 0.001 m
Les deux figures précédentes sont obtenues par simulation de mesure, à
partir de résultats réels, pour une configuration où la limite fréquentielle
théorique est de 160 Hz environ, en introduisant une variation dans une des
grandeurs d’entrée de la fonction de traitement des mesures. Les écarts par
rapport aux mesures de référence sont faibles en valeur absolue dans le domaine
de validité des résultats, et d’autant plus faibles que l’absorption est élevée, ce qui
correspond bien à ce qui était attendu, au moins pour le paramètre d. Pour
terminer, rappelons qu’il est possible d’éliminer les incertitudes géométriques en
réalisant un dispositif (source, sonde) solidaire, avec tout de même le risque de
l’introduction d’une erreur systématique.
6.3.4 Conclusion sur les mesures avec source au sol en laboratoire
Les résultats donnés par cette mesure avec source au sol sont très
concluants. Le modèle de réflexion à découplage sphérique semble bien adapté à
cette configuration. L’excitation mécanique parasite redoutée ne s’est pas
montrée. Il est donc possible de passer à des essais in situ.
188 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
6.4 Mesures in situ
6.4.1 Choix d’une salle : à la recherche de conditions suffisamment sévères
6.4.1.1 Contraintes
Figure-87 : l’intérieur de la salle d’étude.
La vocation de notre méthode est l’utilisation in situ. Maintenant que nous
sommes rassurés quant à son bon fonctionnement en conditions idéales, il nous
reste à voir si la méthode est capable de quitter le laboratoire sans voir ses
qualités s’étioler. Pour cela, un test en situation est nécessaire. La situation en
189
question doit être réaliste, c’est-à-dire représentative de celles auxquelles serait
confrontée quotidiennement une méthode opérationnelle. Si nous reprenons
l’analyse préliminaire des contraintes de la mesure in situ telle que nous
l’envisageons, un lieu d’essais adapté doit être avant tout, suffisamment petit et
réverbérant ; il doit être de plus exposé aux bruits parasites, car dimensions
réduites, absorption faible sur les parois et sources de bruit parasites sont le lot
d’une pièce d’habitation.
Nous nous sommes donc mis en quête d’un tel local, avec l’intention d’y
mesurer l’absorption de matériaux rapportés, en l’occurence ceux que nous
connaissons, en les mettant en œuvre au sol, ceci plutôt que de mesurer
l’absorption de matériaux nouveaux, sans référence permettant de juger de la
qualité des résultats. Ce souhait imposait donc de trouver une pièce dont le sol
soit une surface dure et réfléchissante.
6.4.1.2 La salle retenue
Le local que nous avons choisi satisfait ses conditions. Il s’agit d’une petite
salle d’étude de l’Université de Trondheim (Cf Figure-87). Voici les données la
caractérisant :
Quasi-parallélépipèdiqueDimensions (L,l,h) : 4.5 m x 2.7 m x 2.4 mMatériaux :
Sol : linoléum ciré, donc absorption partout inférieure à 0.03, selon [Davis-1987].Murs (L,h) : béton peint, légèrement rugueux - (l,h) : entièrement vitrés.Plafond : béton lisse, peint.
Localisation : les parois vitrées donnent, l’une sur un extérieur calme, l’autre sur un couloir passant.Ventilation en fonction, éclairage hors fonction, pendant toute la durée des mesures.
Les surfaces les plus réfléchissantes, même à basse fréquence, sont aussi les
plus proches, dans le cas d’une mesure sur le sol.
6.4.2 Conditions de mesure
6.4.2.1 Bruit
Actif - On dénombre les sources de bruits parasites suivantes : outre
quelques passereaux, une ventilation, la circulation dans le couloir, et
l’équipement de mesure. Le niveau sonore, relevé au plus bruyant de la journée,
au niveau de la sonde, atteint 49 dB(A).
190 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
-80
-60
-40
-20
0
20
Niv
eau
(dB
re
1)
SignalBruit
Figure-88 : spectre du rapport signal sur bruit de la mesure de réponse impulsionnelle dans la salle d’étude.
Plus pertinente est l’évaluation de l’effet du bruit sur la mesure MLS, avec
les paramètres choisis. Pour cela, il suffit de réaliser une mesure fictive, sans
signal MLS excitateur, et de déterminer l’intercorrélation entre le signal de bruit
enregistré par les capteurs et la séquence MLS utilisée pour les mesures. Pour que
cette opération ait un sens, il faut que les paramètres de la mesure fictive soient
les mêmes que ceux d’une mesure normale : même ordre de séquence, et même
nombre de séquences moyennées. Il est alors possible de calculer le spectre de
bruit et de visualiser le rapport signal sur bruit d’une mesure en fonction de la
fréquence, comme sur la Figure-88, où la courbe signal est le spectre de la
pression acoustique enregistrée en M2.
Ces résultats nous confortent dans le choix du moyennage de 50 séquences
MLS par mesure, le rapport signal sur bruit étant manifestement suffisant.
Passif - Malgré la salle qui est clairement assez réverbérante, l’examen
d’une réponse impulsionnelle laisse l’impression de se trouver dans une salle
particulièrement sèche. La réponse s’éteint en effet très vite et les réflexions
parasites précoces sont très atténuées par rapport au signal utile. Il n’en est pas de
même si l’on place la source en hauteur, comme pour une mesure traditionnelle
au doublet microphonique. La justification qualitative de la disposition au sol
pouvait paraître quelque peu sujette à caution, mais ces essais préliminaires
dissipent nos inquiétudes.
191
6.4.2.2 Différence de marche
La salle a été vidée des tables et chaises qui la meublent d’ordinaire. Les
seules sources de réflexions parasites sont donc ses parois. Avec une distance
source-sonde de 0.60 m, la différence de marche entre l’onde directe et la
première réflexion parasite est de 2.90 m, ce qui autorise l’emploi d’une fenêtre de
6.8 ms de largeur. En mesurant la réponse impulsionnelle, on retrouve bien cette
valeur (Cf Figure-89). Celle-ci correspond à une résolution fréquentielle d’environ
145 Hz.
0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 0.014
t (s)
-0.4
-0.2
0
0.2
0.4
0.6
0.8
Am
plitu
de (
arbi
trai
re) première réflexion parasite
6.8 ms
Figure-89 : réponse impulsionnelle en M2
On peut vérifier sur la Figure-90 que la configuration en incidence oblique
est plus favorable que celle en incidence normale.
0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 0.014
t (s)
-0.6
-0.4
-0.2
0
0.2
0.4
0.6
Am
plitu
de (
arbi
trai
re)
(source)première réflexion parasite
p
(murs)seconde réflexion parasite
Figure-90 : réponse impulsionnelle en M2 dans le cas de l’incidence normale (distance source-sonde identique).
192 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
La réponse impulsionnelle obtenue ici correspond à une source suspendue
à 0.6 m du sol de la salle, à l’aplomb de la sonde. Le pic parasite observé, environ
4.2 ms après le début de la portion utile de la réponse, ne peut être que le fait
d’une réflexion sur la source, évoquée au § 2.3.2, la distance de parcours étant
trop faible pour qu’une paroi du local soit impliquée. Un bref calcul de différence
de marche confirme cette hypothèse. La résolution fréquentielle de la mesure de
fonction de transfert s’en trouve donc inutilement réduite.
6.4.2.3 Thermique / Climatisation
L’évaluation du facteur thermique est délicate, sans parler de son contrôle.
Qualitativement, en s’appuyant contre un des murs, il est possible de ressentir un
mouvement d’air. Par ailleurs, la grande surface vitrée donnant sur l’extérieur
introduit des changements de température rapides, sous l’action du soleil.
6.4.3 Matériaux
De même que dans le cas de la mesure en incidence normale, la procédure
suivie est décrite à l’annexe E.
6.4.3.1 Surface
La présence de plinthes, ainsi que le format des panneaux - 1.20 m x 0.60 m
-, empêchent de mettre en place les matériaux rapportés sur une surface
supérieure à 1.80 m x 2.40 m sans effectuer de découpes. La surface sur laquelle
s’effectue la mesure est donc diminuée par rapport aux mesures effectuées au
laboratoire, ce qui laisse augurer des écarts entre les deux sessions de mesure.
6.4.3.2 Linoléum
Nous avons mesuré l’absorption du revêtement de sol de la salle d’étude
avant tout parce qu’il paraissait souhaitable de vérifier qu’elle avait bien les traits
d’une surface dure, afin que la comparaison avec les mesures dans la salle sèche
soient aussi justifiées que possible. Par ailleurs, le linoléum est un matériau
classique des logements comme des bureaux, un autre matériau du "monde réel",
donc intéressant en soi pour évaluer notre méthode. Le linoléum est en outre un
bon exemple de matériau très réfléchissant.
Les cinq mesures que nous avons réalisées sur ce matériau montrent d’une
manière générale une courbe d’absorption présentant une pente moyenne
positive et une valeur moyenne de α négative. Or nous attendrions plutôt une
193
pente nulle et une valeur moyenne légèrement positive. Le désaccord entre
théorie et pratique est très certainement à imputer au système de mesure, en
particulier aux erreurs de phase qu’il introduit, et qui, rappelons-le, sont d’autant
plus sensibles que le matériau testé est peu absorbant (Cf Figure-91). Un
équipement de mesure plus performant est nécessaire pour obtenir des résultats
satisfaisants, comme nous l’avons vu.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
Mesure particulièreMoyenne
Figure-91 : mesure de l’absorption du revêtement de sol de la salle
Une fois présentés les traits communs de ce quarteron de mesures, on ne
peut passer sous silence leurs différences. Une assez grande variabilité a en effet
été constatée d’une mesure à l’autre. La Figure-91 montre l’enveloppe des
mesures réalisées. La variabilité semble augmenter avec la fréquence. Nous
l’avons déjà vu, l’origine de cette variabilité n’est pas à chercher dans des erreurs
de positionnement, même si l’équipement a été déplacé et repositionné entre
deux mesures (Cf 5.4). Le bruit de fond dans la mesure est lui aussi à écarter,
d’après nos relevés préliminaires. Reste donc à invoquer les fluctuations à grande
longueur d’onde des paramètres thermiques du milieu, variations de température
et effets de convection. Nous ne savons pas comment la méthode se comporte
face à ces phénomènes, et il est très difficile de prouver quoi que ce soit en
conditions in situ, car les moyens de contrôle sur les sources de chaleur et
d’écoulements d’air manquent. Lors de nos mesures dans la salle sèche, nous
n’avions pas constaté de variations de ce genre, et il est probable que les locaux
auxquels la méthode est destinée soient beaucoup plus stables thermiquement
que notre salle d’étude à grandes surfaces vitrées. Malgré tout, l’interrogation
194 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
demeure.
6.4.3.3 Glava Akuex Mars
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Frequency (Hz)
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
Alp
ha (
1)
LaboratoireIn situ
Figure-92 : Mars sur surface dure
Dans le cas de ce matériau, les résultats de mesure, au-dessus du premier
pic, dépendent fortement de la position de la sonde par rapport aux bords du
panneau à l’aplomb duquel elle se trouve. La Figure-92 montre une comparaison
entre une mesure dans la salle sèche et une mesure dans la salle d’étude avec des
positions de sonde très proches. L’accord est assez bon, même si la surface mise
en place était différente.
A position constante, nous n’avons pas constaté la même variabilité que
dans le cas du linoléum, simplement parce que la fonction de transfert est
beaucoup moins proche de l’unité, s’agissant du premier matériau, et donc moins
sensible. Mais la question reste posée néanmoins de savoir comment mesurer
l’absorption d’un tel matériau. Il semble que le recours à une moyenne de
mesures prises avec différentes positions de sonde soit indispensable.
Indispensable, mais délicat à justifier et à définir.
195
6.4.3.4 Rockwool
Nous avons réalisé deux mesures. Pour l’une, la source se trouvait sur le
même panneau que celui à l’aplomb duquel était positionnée la sonde. Pour
l’autre, la source se trouvait sur un panneau différent. Les résultats sont sans
surprise (Cf Figure-93). Tout d’abord, la position de source ne change rien aux
résultats, ce qui signifie qu’aucune excitation mécanique parasite n’entre en jeu.
Par ailleurs, l’accord avec les mesures antérieures est très bon jusqu’à 200 Hz.
L’absorption est simplement un peu plus faible qu’en laboratoire, à 0.05 près.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
H in situ erc=1H laboratoire erc=1Ondes stationnaires
Figure-93 : Rockwool classe 36.
6.4.4 Conclusion
A la lumière de ces résultats, la méthode de fonction de transfert avec
source en surface semble mériter le qualificatif d’in situ, comme défini au § 1.3.2.
La comparaison entre laboratoire et milieu non protégé donne des résultats
honorables, sur les deux matériaux testés. Ces expériences en salle d’étude
soulèvent tout de même deux problèmes non spécifiques de notre méthode, celui
de la variabilité thermique du milieu et de ses effets métrologiques, et celui de la
procédure de mesure pour les matériaux mis en œuvre en panneaux, en
particulier du positionnement des capteurs par rapport aux bords des panneaux.
196 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
6.5 Le modèle de surface infinie en pratique : beaucoup de bruit pour rien ?
100 200 300 400 500 600 700 800
Fréquence (Hz)
0
0.02
0.04
0.06
0.08
0.1
Alp
ha s
pécu
laire
- A
lpha
sur
face
infin
ie (
1)
Figure-94 : différence entre modèle de surface infinie et modèle à découplage sphérique, cas du matériau Rockwool classe 36
Nous avons appliqué l’expression de Nobile et Hayek aux mesures en
incidence normale, comme à celles qui ont été réalisées in situ avec source au sol.
Les deux essais se justifient dans la mesure où ils correspondent à des incidences
et à des produits kr différents.
6.5.1 Mesures en incidence normale
S’agissant de la mesure en incidence normale, contentons-nous de résultats
aux extrêmes, pour la laine de roche tout d’abord. La différence entre les deux
modèles est continuellement décroissante, ce qui correspond bien à une
convergence de la réflexion vers la réflexion spéculaire, lorsque la fréquence
augmente. L’écart n’est plus significatif pour les fréquences supérieures à 200 Hz
(Cf Figure-94).
L’écart est nettement plus faible pour le sol de la salle sèche (Cf Figure-95).
Il n’est en fait jamais significatif en valeur absolue. En valeur relative, il est plus
faible que celui que l’on constate dans le cas d’un matériau très absorbant.
Au-dessus de 800 Hz, l’écart est très faible, quel que soit le matériau. Aussi
n’est-il pas la peine de présenter de résultats supplémentaires.
197
100 200 300 400 500 600 700 800
Fréquence (Hz)
-0.01
0
0.01
0.02
Alp
ha s
pécu
laire
- A
lpha
sur
face
infin
ie (
1)
Figure-95 : différence entre modèle de surface infinie et modèle à découplage sphérique, cas du sol de la salle sèche.
6.5.2 Mesures avec source au sol
Nous avons donc appliqué l’expression de Nobile et Hayek aux résultats
obtenus pour les trois matériaux testés ici. La Figure-96 donne par exemple les
résultats pour le matériau Mars.
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Fréquence (Hz)
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
Alp
ha (
1)
Nobile & HayekDécouplage sphérique
Figure-96 : Mars, comparaison modèle de Nobile et Hayek / modèle à découplage sphérique .
Les calculs se sont avérés fort longs, plusieurs dizaines d’heures pour
chaque mesure sur la configuration matérielle 2. Ceci s’explique par le fait que, le
produit kr étant faible, le développement asymptotique de l’expression ne
s’applique pas ; il faut donc évaluer directement l’intégrale par quadrature, ce qui
198 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire
est nettement plus coûteux que dans le cas de l’incidence normale, où les calculs
prennent quelques minutes avec le même ordinateur.
Dans le cas du linoléum, l’absorption retournée par l’expression de Nobile
et Hayek est supérieure sur presque toute la bande étudiée. Au contraire, pour les
deux autres matériaux, l’alpha obtenu par le modèle de découplage sphérique est
supérieur.
On retrouve le même comportement que pour les essais en incidence
normale. En premier lieu, l’écart entre les deux modèles est d’autant plus grand
que le caractère absorbant est prononcé. De même, l’écart diminue avec la
fréquence, la réflexion réelle s’approchant de plus en plus de la réflexion
spéculaire. L’écart est en revanche plus grand que pour les mesures précédentes,
du fait de la position de source différente. Pour les mesures en laboratoire, la
position élevée de la source permettait en effet d’approcher plus rapidement la
réflexion spéculaire que dans le cas des essais in situ.
Comme le lecteur peut le constater, l’application des modèles de surface
infinie à l’exploitation de mesures in situ de fonction de transfert est une
déception pour qui espère une amélioration des résultats, en particulier pour les
matériaux très réfléchissants. Les résultats sont très peu différents, alors que
parallèlement le temps de calcul est considérablement augmenté. Pour les
incidences obliques, on arrive aux mêmes conclusions. D’un point de vue plus
positif, on peut considérer que ces modèles sophistiqués apportent ici une
confirmation de la validité de modèles plus simples comme le modèle de
réflexion à découplage sphérique.
6.6 Conclusion générale sur la méthodeNotre méthode de fonction de transfert avec source en surface vient de
passer avec succès le test de l’in situ. Elle s’affirme donc comme un bon outil
d’ingénierie, permettant d’accéder facilement au coefficient d’absorption d’une
paroi plane dans un local vide, même de petites dimensions, pour des fréquences
supérieures à environ 250 Hz, et ceci de manière non destructive. Les essais ont
montré qu’elle se comporte bien avec une large gamme d’absorbants. Si elle
présente des faiblesses pour les matériaux très réfléchissants, il semble que l’on
puisse espérer de franches améliorations à condition de disposer de matériels,
préamplificateurs et microphones, en particulier, présentant des non-linéarités
199
atténuées et de meilleures caractéristiques de bruit. Une réserve, nous n’avons
pas encore appliqué la méthode à des mesures sur vide d’air.
Concernant les modèles de propagation, les modèles sophistiqués ont
surtout servi à saisir la physique de l’interaction onde-paroi, le modèle de
découplage sphérique gardant l’apanage de la mesure concrète. Ce modèle
s’affirme donc comme représentant assez fidèlement l’interaction onde-paroi
pour la configuration géométrique retenue. Le souhait d’utiliser les modèles de
surface infinie a conduit à une implémentation optimisée, une étude d’injectivité
par représentation conforme. Dans le même esprit, la méthode de Newton-
Raphson se montre une remplaçante efficace de la méthode du point fixe, pour
ceux qui cherchent des résultats d’impédance et non de simple absorption. De ce
point de vue, l’apport de cette étude sur la méthode transitoire va au-delà de la
méthode proprement dite, et intéresse aussi les utilisateurs de la méthode de
fonction de transfert classique, toujours d’actualité [Guignouard-1996],
[Storeheier_Vigran-1996].
Le point faible de notre méthode est celui du mode d’acquisition choisi, le
mode transitoire, pour lequel la résolution fréquentielle de la mesure est fonction
des dimensions du local. Pas question donc d’espérer mettre en évidence des
résonances aiguës sur une paroi particulière, ni de couvrir la partie inférieure des
fréquences intéressant les professionnels du bâtiment. Pour les satisfaire sur ce
dernier point, il faut passer par des mesures en régime stationnaire, à défaut
d’inventer une méthode qui contourne la relation d’incertitude temps-fréquence.
L’étude d’une méthode en régime stationnaire complémentaire fait l’objet du
chapitre suivant.
200 Chapitre 6 Mise en oeuvre de la méthode transitoire