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ACTES DU 3 e COLLOQUE ARY BORDES : L’HÔPITAL PUBLIC DANS LE SYSTÈME DE SOINS EN HAÏTI : DÉFIS, ENJEUX ET STRATÉGIES POUR AMÉLIORER LA PERFORMANCE Actes du 3 e Colloque Ary Bordes HAÏTI 2013

Actes du 3e Colloque Ary Bordes HAÏTI 2013 · Les enjeux du financement des soins au niveau de l’hôpital public : l’expérience de l’Hôpital universitaire Justinien — Dr

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ACTES DU 3e COLLOQUE ARY BORDES :

L’HÔPITAL PUBLIC DANS LE SYSTÈME DE SOINS EN

HAÏTI : DÉFIS, ENJEUX ET STRATÉGIES POUR

AMÉLIORER LA PERFORMANCE

Actes du 3e Colloque Ary Bordes HAÏTI 2013

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INTRODUCTION DES ACTES DU 3E COLLOQUE ARY BORDES 3

PRINCIPALES PISTES DE RÉFLEXION ET RECOMMANDATIONS 4

CONFÉRENCES 5

BLOC D’INTRODUCTION 5 Mots d’ouverture 6 Conférence d’introduction : Rôles de l’hôpital dans les systèmes de santé : grandes tendances — Lucien Albert 6

BLOC 1 : GOUVERNANCE 7 Gouvernance : L’autonomie de gestion des hôpitaux publics est-elle souhaitable dans le contexte du système de santé haïtien? — Dr Elie Nicolas 8 L’Hôpital universitaire de Mirebalais : Défis et enjeux pour une intégration réussie au sein du système de santé haïtien

— Dr Maxi Raymonville 9 Hôpital départemental de La Providence des Gonaïves : grandes lignes du Projet d’établissement hospitalier — Dr Ephène Emmanuel 10 Période d’échanges — Bloc gouvernance — Modérateurs : Dr Émile Charles et Dr Pavel Desrosiers 10

BLOC 2 : GESTION DES RESSOURCES HUMAINES 11 Investir dans la gestion des ressources humaines pour des établissements hospitaliers performants — Dr Carl-Ardy Dubois 15 Médecins spécialistes dans les hôpitaux périphériques : victimes ou héros? — Dr Georges E. Beauvoir 15 Dotation budgétaire : défis pour une planification efficiente de la dotation en ressources humaines des institutions publiques de santé

— Dr Marie-Jeanne Offosse 16 Analyse tendancielle du budget du MSPP entre 2001 et 2011 — Dr Jean Patrick Alfred 16 Les mécanismes de rémunération des médecins : quels impacts sur leurs comportements et la performance? — Georges-Charles

Thiebaut 17 Le SIGRH : un outil pour mieux piloter et mieux décider — Dr Érika Laforest 17 Période d’échanges — Bloc Gestion des ressources humaines — Modérateurs : Dr Jimmy Beaubrun et M. Antoine Verdier 17

BLOC 3 : FINANCEMENT DES SERVICES DE SANTE 18 Gratuité des soins et financement basé sur les résultats : que sait-on de ces deux réformes à la mode pour les pays à faible revenu ? —

Valéry Ridde et Anne-Marie Turcotte-Tremblay 21 Le financement des soins de santé en Haïti : enjeux et défis — Dr Junot Félix 21 Importance des assurances dans le financement des soins en Haïti : un apport nécessaire ou superflu? — Emile Pantaléon 22 Les enjeux du financement des soins au niveau de l’hôpital public : l’expérience de l’Hôpital universitaire Justinien — Dr Jean Geto Dubé 22 Utilisation de contrats basés sur la performance dans 17 hôpitaux d’Haïti : l’expérience de Manman ak timoun an sante (MATS) — Dr Jacqueline Gernay 23 Période d’échanges — Bloc Financement des services de santé — Modérateurs : Dr Adrien Demes et Dr Patrick Pascal Saint-Firmin 23

BLOC 4 : SYSTEME D’INFORMATION SANITAIRE 24 Tableau de bord et amélioration de la performance de l’hôpital : Entre outil de gouvernance et reddition de comptes — Claude Sicotte 26 Rôle stratégique du système d’information au sein des hôpitaux : la place de iSanté — Dr Nancy Rachel Labbé Coq 26 État d'avancement du Système d'information sanitaire et perspectives — Dr Jean Patrick Alfred 27 Période d’échanges — Bloc Système d’information sanitaire — Modérateurs : Dr Maryse Gourdet et Dr Frédéric Barau Déjean 27

ACTIVITÉS DE CLÔTURE 28 Conférence de clôture : Qui a déjà vu un hôpital haïtien performant? — Dr Mario Laroche 29 Période d’échanges — Modérateurs : Dr Gabriel Thimothé et Dr Paul Adrien 29 Mots de clôture officiels 29

REVUE DE PRESSE 30

Résumé 30 De quoi souffrent les hôpitaux haïtiens? 30 Liste de textes publiés dans les médias 34

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Actes du 3e Colloque Ary Bordes 3

INTRODUCTION DES ACTES DU 3E COLLOQUE ARY BORDES Le 3e Colloque Ary Bordes a attiré plus de 300 décideurs, gestionnaires, acteurs et responsables des services de santé haïtiens, les 29 et 30 octobre 2013 à l’Hôtel Karibe de Port-au-Prince. Invités à réfléchir sur «L’hôpital public dans le système de soins en Haïti : Défis, enjeux et stratégies pour améliorer la performance», experts nationaux et internationaux et gestionnaires ont débattu de la performance hospitalière à l’aune de quatre grandes thématiques : la gouvernance, la gestion des ressources humaines, le financement des services de santé et le système d’information sanitaire. La discussion tombe à point, alors que le réseau hospitalier haïtien est au cœur de transformations majeures. Construction, reconstruction, rénovation : de Mirebalais aux Gonaïves, en passant par Les Cayes, Jacmel ou l’HUEH, plusieurs projets liés aux infrastructures hospitalières sont en cours ou viennent d’être réalisés en Haïti. Les infrastructures hospitalières occupent par ailleurs une place centrale dans la nouvelle Politique Nationale de Santé (PNS) et des efforts considérables sont déployés pour le renforcement des hôpitaux universitaires et départementaux et pour la revitalisation du réseau des HCR. Il apparaîssait donc pertinent de réfléchir aux défis et aux enjeux liés à l’intégration et à la pérennisation de ces infrastructures, en inscrivant la réflexion dans la perspective globale de la performance du système. «Pour que ces infrastructures puissent contribuer à réaliser la vision de la nouvelle PNS sur l’horizon de 25 ans que nous nous sommes fixés, il faut voir au-delà du redressement des murs en béton. […] La modernisation de nos structures hospitalières ne saurait être complète si nous ne saisissions l’opportunité d’améliorer tout aussi bien leurs systèmes de gestion», a résumé la Ministre de la Santé publique et de la Population, Dr Florence D. Guillaume. Les Actes du 3e Colloque Ary Bordes ne constituent pas un compte-rendu exhaustif de cette activité d’envergure considérable de la vie scientifique haïtienne. On y trouvera d’abord les principales recommandations tirées des discussions, sous forme synthétique. Le lecteur trouvera ensuite les faits saillants de chaque bloc de discussions, sous forme de brefs résumés au début de chaque bloc. Libre à lui par la suite, au gré de ses intérêts et de ses préférences, d’approfondir la réflexion sur certains aspects, en accédant au contenu intégral de chacune des vingt communications présentées à l’occasion du 3e Colloque Ary Bordes. Les supports et extraits audio de chacune des interventions1 sont effectivement accessibles sur internet et l’adresse URL permettant d’accéder au contenu de chaque conférence est précisée. On trouvera finalement, en guise de conclusion des Actes du 3e Colloque Ary Bordes, un bref résumé de la couverture médiatique de cet évènement d’envergure de la vie scientifique haïtienne.

1 Notons que ces extraits audio ont déjà été consultés plus de 565 — en Haïti, mais également dans plusieurs pays nord-américains et africains — fois depuis leur mise en ligne.

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PRINCIPALES PISTES DE RÉFLEXION ET RECOMMANDATIONS

Appréhender l’amélioration de la performance hospitalière selon une perspective systémique s’inscrivant dans la durée

Cohérence avec les priorités sanitaires et intégration des stratégies déployées en amont et en aval de l’hôpital — soins de santé primaires en particulier

Renforcement des capacités à gouverner les ressources financières, matérielles et humaines avec efficacité et efficience et à assurer la maintenance adéquate des ressources matérielles

Pérennisation des infrastructures et optimisation de leur contribution à l’amélioration de l’état de santé de la population

Définition d’un modèle de financement durable et adapté au contexte à partir des leçons apprises des expériences d’exemption de paiement et de financement basé sur la performance menées en Haïti

Développement des liens entre l’hôpital et les autres acteurs de sa communauté pour la mise en œuvre de stratégies de développement local cohérentes — autres représentations de l’État, société civile, population, secteur privé, etc.

Investissement dans la formation et le développement de ressources humaines qualifiées — en particulier des prestataires de soins

Développement des mécanismes de surveillance et de régulation

Procéder à une planification rigoureuse du développement du réseau hospitalier à partir d’informations fiables et utiles à la prise de décision

Renforcement des capacités de planification stratégique et implantation d’outils de planification adaptés

Renforcement des capacités de coordination

Poursuite du développement du système d’information sanitaire dans une double perspective de gouvernance hospitalière et de reddition de comptes

Poursuite du plan de développement des milieux hospitaliers en zones périphériques dans la perspective d’une amélioration de la couverture hospitalière — priorisation des prestataires de soins sous-représentés

Accompagner les hôpitaux dans le renforcement de leurs capacités tant cliniques que gestionnaires

Amélioration des processus de travail et des capacités de gestion de l’organisation — développement d’outils de travail et de soutien à la pratique

Amélioration de l’environnement de travail — modèles d’organisation, environnement de pratique propice à la croissance professionnelle, modèles de pratiques et outils à disposition des prestataires de services

Amélioration du rendement et de la productivité des ressources humaines — développement professionnel, développement de systèmes de reconnaissance et d’incitation, etc.

Amélioration de la capacité à collecter, compiler et analyser de l’information fiable et utile à la prise de décision en milieu hospitalier

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CONFÉRENCES

Bloc d’introduction FAITS SAILLANTS Le 3e Colloque Ary Bordes a été inauguré par les mots d’ouverture officiels de circonstance. La représentante du MSPP, la directrice générale Dr Guirlaine Raymond, et le chargé d’affaires du Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du Canada, M. Vincent Le Pape se sont succédés pour une brève allocution. Dr Guirlaine Raymond a insisté sur l’importance de la réflexion pour le MSPP, qui «préconise la restructuration des institutions sanitaires en vue d’une meilleure prestation de soins à la population». Elle a invité l’assistance à réfléchir en termes de solutions durables plutôt qu’en termes de contraintes, de manière à formuler des recommandations réalistes, réalisables et utiles au développement du réseau hospitalier public. M. Vincent Le Pape a par la suite salué la collaboration soutenue entre le Canada et Haïti pour l’amélioration de la gouvernance et le renforcement des capacités du secteur de la santé. Il a entre autres souligné la contribution canadienne quant à la modernisation des pratiques de gestion et de développement des ressources humaines, à la formation de plus de 300 gestionnaires de la santé au DESS-MGSS depuis 2000, ainsi qu’à l’amélioration des pratiques de santé maternelle et infantile et à la modernisation des infrastructures hospitalières. M. Le Pape en a également appelé à des retombées et à des résultats concrets pour le 3e Colloque Ary Bordes, dans la perspective du renforcement des pratiques de gestion hospitalière et de la livraison de soins de santé de qualité à la population haïtienne. La conférence d’introduction de M. Lucien Albert, portant sur les grandes tendances observées dans le monde dans l’évolution des rôles de l’hôpital au sein des systèmes de santé, a permis de bien situer la problématique de la performance hospitalière dans la perspective historique de sa contribution à l’amélioration de la santé de la population. Le rôle de l’hôpital a effectivement évolué de par le monde, suivant différentes tendances. Avant le 19e siècle, l’hôpital était surtout dédié à isoler les patients infectieux et à fournir des soins de base aux pauvres. Vers la fin du 19e siècle, les soins médicaux sont venus s’ajouter, puis les soins chirurgicaux au début du 20e siècle. Dans les années 1950, les systèmes de santé étaient plutôt hospitalo-centriques, alors qu’à partir des années 1970, on a observé la tendance à vouloir hiérarchiser les hôpitaux et les hôpitaux de district se sont répandus dans plusieurs pays. Depuis les années 1990, l’hôpital est surtout orienté vers la dispensation de soins aigus et de chirurgies ambulatoires. Historiquement, l’hôpital est donc en constante évolution. Les hôpitaux, dans les pays développés comme dans les pays en développement, ne constituent pas une réalité homogène d’une part, et l’évolution de chaque hôpital est influencée par son histoire personnelle, son histoire particulière, d’autre part. Pour une contribution maximale de l’hôpital au sein du système de santé, celui-ci ne doit toutefois pas travailler en silo, mais plutôt fonctionner de manière cohérente avec les autres stratégies de soins déployées — soins de santé primaires, par exemple, ou référence et contre-référence des patients entre les établissements de santé. Plusieurs pays tendent d’ailleurs vers l’intégration verticale de l’hôpital, c’est-à-dire une fusion, du point de vue organisationnel et de l’organisation des services, entre les activités de prestation de soins de l’hôpital et celles de son réseau de soins de santé primaires, de recherche, etc. L’hôpital est actuellement l’objet de beaucoup d’attention en Haïti. Mais il existe des risques. Il y a le risque de «l’éléphant blanc», qui représente un projet d’hôpital coûteux, déconnecté des réalités locales et dont la pertinence épidémiologique, sanitaire et économique n’a pas nécessairement été démontrée. Il y a le risque de «l’éléphant malade», c’est-à-dire celui de l’hôpital qui a été beau, jeune, bien équipé, bien construit, mais qui se détériore rapidement parce qu’il n’y a pas de ressources pour le maintenir. Il y a finalement le risque de «l’éléphant égaré». Cet hôpital n’a pas de chef de troupeau et se développe sans tenir

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compte de l’environnement dans lequel il évolue. Il est souvent supporté par une coopération ou par une instance quelle qu’elle soit. Cet hôpital donne les soins qu’il a envie de donner, et il a des ressources, mais il n’articule pas nécessairement son action en fonction des besoins observés dans son environnement et des priorités sanitaires nationales. Les questions de gouverne, de renforcement des pratiques de gestion, de financement, de gestion des ressources humaines devraient donc être au cœur du débat pour relever le défi de la performance hospitalière — et éventuellement d’une réforme des hôpitaux. Mais faut-il penser le changement ou changer le pansement?

INTERVENTIONS

Mots d’ouverture Dr Guirlaine Raymond, Directrice générale du Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP)

Pour écouter l’allocution du Dr Raymond

M. Vincent Le Pape, chargé d’affaires au Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement

Pour écouter l’allocution de M. Le Pape

Conférence d’introduction : Rôles de l’hôpital dans les systèmes de santé : grandes tendances — Lucien Albert

Lucien Albert est un spécialiste du management et du changement dans les organisations de santé. Il a contribué à plusieurs réformes de systèmes de santé, dont des réformes hospitalières. Il dirige l’Unité de santé internationale (USI), organisation affiliée à l’Université de Montréal et au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et impliquée dans la recherche et le développement, la planification et la coordination de projets en santé dans plus de 30 pays (dont le PARC en Haïti).

*** L’hôpital est un élément clé des systèmes de soins. Il est un grand consommateur de ressources. La présentation examinera la place de l’hôpital dans les systèmes de soins, ses rôles possibles, montrera que la place de l’hôpital varie très sensiblement selon les contextes et les pays et que sa contribution à l’amélioration de la santé de la population varie en conséquence. La présentation montrera l’importance d’une véritable stratégie d’organisation des soins, particulièrement hospitaliers, pour encadrer le développement de nouveaux hôpitaux.

Pour écouter la présentation de M. Albert

Support de présentation

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Bloc 1 : Gouvernance FAITS SAILLANTS

Le bloc sur la gouvernance s’est ouvert sur une invitation du Dr Elie Nicolas à réfléchir à la question de l’autonomie de l’hôpital public en Haïti. Le Dr Nicolas a d’abord brossé le portrait du modèle d’organisation des services de santé à trois niveaux à l’échelle départementale — services de santé de premier échelon et HCR, Hôpital départemental et hôpitaux universitaires et spécialisés — et de la répartition des établissements hospitaliers haïtiens entre les secteurs public (33%), mixte et privé philanthropique (30%) et privé libéral (37%). Il a par la suite insisté sur le caractère a priori favorable du cadre légal pour l’autonomie de gestion des hôpitaux publics, notamment matérialisé à travers la volonté de décentralisation et de participation citoyenne à la gestion des affaires de l’État affichées dans la Constitution de 1987 et réitérées dans la nouvelle Politique Nationale de Santé. L’opérationnalisation de la décentralisation et de la participation communautaire se heurte toutefois à plusieurs obstacles, notamment le flou entourant la définition des rôles et des responsabilités des intervenants aux niveaux central, départemental et institutionnel, la carence de ressources humaines compétences et qualifiées, la faiblesse des mécanismes de contrôle et de reddition de comptes, la forte centralisation de la prise de décision et de la dotation budgétaire. Après avoir présenté différents modèles de gouvernance hospitalière, notamment ceux explorés en Haïti (l’expérience des institutions mixtes appartenant à l’État mais dont la gestion est confiée à une ONG, par exemple, où les tentatives d’autonomisation de l’HUEH à travers la mise en place d’un conseil d’administration en 1986 et en 1992), le Dr Nicolas s’est demandé si l’autonomie de l’hôpital public haïtien était possible dans le contexte actuel. Sa réponse à cette question est «oui… mais aussi non». Selon lui, certains établissements seraient prêts à tenter l’expérience de l’autonomie ou de la semi-autonomie de gestion, pour autant que la personnalité juridique de l’établissement soit clairement définie et acceptée par l’ensemble des intervenants impliqués — conseil d’administration, autorités ministérielles. Toutes les institutions cependant, devraient faire l’objet d’un renforcement institutionnel incluant le recrutement de ressources humaines qualifiées, la formation des ressources humaines existantes et l’accompagnement de proximité — de manière à ce que les membres des conseils d’administration puissent appréhender leur rôle dans la gouvernance stratégique de l’institution et non pas strictement dans la gestion des opérations courantes. Les Drs Harold Prévil, Maxi Raymonville et Éphène Emmanuel se sont par la suite succédés pour présenter les modèles de gouvernance en vigueur dans leur hôpital respectif, à savoir l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot, appelé à redéfinir sa vision et son mode de fonctionnement après le séisme du 12 janvier 2010, l’Hôpital universitaire de Mirebalais nouvellement construit dans le département du Centre, ainsi que l’Hôpital La Providence des Gonaïves, hôpital départemental reconstruit dans l’Artibonite. Le Dr Prévil a d’abord présenté l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot, institution du département du Nord ayant la particularité de faire partie du réseau public des Hôpitaux communautaires de référence, mais d’être supporté entièrement par des fonds privés — issus de différentes sources, incluant le recouvrement des coûts auprès des patients. Après le séisme du 12 janvier 2010, l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot a rapidement vu son affluence augmenter, passant d’un hôpital de 73 lits à un hôpital de plus 300 lits en quelques jours. Le Dr Prévil est ainsi revenu sur le processus de redressement de l’hôpital et sur l’importance d’impliquer à cet effet tant la communauté que les partenaires financiers et les membres du conseil de gestion de l’hôpital. Il a finalement soulevé de délicats questionnements quant à l’autonomie réelle des hôpitaux, en faisant notamment le parallèle avec certaines initiatives de protection sociale en santé dont la stabilité et les stratégies de pérennisation sont loin d’être assurées dans le contexte actuel. Le Dr Raymonville, directeur exécutif et président du conseil de direction de l’Hôpital universitaire de Mirebalais (HUM), a ensuite présenté cet établissement de 300 lits nouvellement érigé dans le Plateau central grâce à la

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collaboration entre le MSPP et l’organisation Partners in Health/Zanmi Lasante. Pour le Dr Raymonville, l’HUM est la concrétisation de la volonté de décentralisation des soins de santé complexes et de haute qualité du MSPP, dont la clé du succès réside dans un partenariat solide entre l’État, une ONG et les institutions de formation des professionnels de santé. De par sa vocation universitaire, l’HUM remplit effectivement des fonctions de formation de la main-d’œuvre sanitaire (résidence hospitalière, formation continue des ressources humaines et spécialisations) et de recherche tant clinique qu’opérationnelle et susceptibles d’avoir des répercussions sur la qualité des soins offerts à la population, ainsi que sur la rétention des professionnels de la santé. La qualité du partenariat entre les différents acteurs est d’ailleurs primordiale pour la réalisation de cette mission. Cela implique, pour l’HUM, des relations étroites entre Partners in Health/Zanmi Lansante et le MSPP, mais aussi avec la FMP/UEH. Ce partenariat s’inscrit dans la durée (au moins dix ans), et les rôles et responsabilités de chacune des parties, ainsi que les mécanismes de gestion de l’hôpital y sont clairement établis. Outre la qualité du partenariat, la stratégie à long terme pour la pérennisation de l’HUM au sein du secteur public repose finalement sur sa capacité à lever et à gérer d’autres sources de financement — la diversification des sources de financement (assurances, recouvrement de coûts, vente de services, etc.) figure d’ailleurs au plan d’action de l’établissement. Le Dr Emmanuel, a bouclé le bloc de conférences sur la gouvernance en présentant le projet d’établissement hospitalier (PEH) de l’Hôpital La Providence des Gonaïves (HPG) en cours de finalisation. Le PEH, a-t-il expliqué, consiste en la définition claire du projet médical, du projet de soins, du projet managérial et du plan d’action devant permettre à l’Hôpital de réaliser sa mission auprès de la population. Le processus d’élaboration du PEH a été mené sur un mode participatif et consensuel, de manière à favoriser l’adhésion de l’ensemble des acteurs de l’hôpital — prestataires de soins, personnel administratif, technique et de soutien, etc. Sans revenir sur l’ensemble des actions entreprises à l’HPG, mentionnons que la réflexion partagée par le Dr Emmanuel et les leçons apprises de l’expérience sauront être utiles aux dirigeants hospitaliers qui souhaitent entreprendre une telle démarche. INTERVENTIONS

Gouvernance : L’autonomie de gestion des hôpitaux publics est-elle souhaitable dans le contexte du système de santé haïtien? — Dr Elie Nicolas Dr Elie Nicolas est un médecin diplômé de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il est également détenteur d’une maîtrise en santé publique de l’Université d’Antioquia et d’un diplôme en gestion de projet de l’Université du Connecticut. Il a occupé plusieurs fonctions stratégiques au MSPP : il a été directeur général, a dirigé deux directions centrales (UCDR et UCPP) et était jusqu’à tout récemment conseiller technique à la Direction de l’organisation des services de santé (DOSS). Il est actuellement consultant indépendant et membre fondateur de Futurist Group, en plus d’enseigner l’administration de la santé et la bioéthique à la FMP de l’UEH et d’être le chef du Département de santé publique de l’Université Lumière.

*** Après les tentatives infructueuses des années 1986 et 1992, l’autonomie de gestion des hôpitaux publics est-elle souhaitable dans le contexte actuel? Est-elle possible? Quelles en seraient les cibles? Quelles en seraient les implications sur les plans légal, administratif et sur le budget du MSPP? Quels en seraient les avantages pour le secteur de la santé? Une réflexion approfondie impliquant tous les acteurs concernés s’impose avant toute prise de décision. Cette communication propose des pistes pour en dessiner les contours.

Pour écouter la présentation de Dr Nicolas

Support de présentation

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L’expérience de l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot : les étapes stratégiques pour un redressement et la définition d’une nouvelle vision — Dr Harold Prévil

. Harold Prévil est un médecin de famille spécialisé en obstétrique-gynécologie. Il a également complété un DESS en management et en gestion des services de santé de l’Université d’État d’Haïti, ainsi qu’une maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal. Il est actuellement directeur exécutif de l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot et prépare une maîtrise en leadership à la Thierry international School of leadership, en vue d’être admis au doctorat dans la même discipline.

*** Après le séisme du 12 janvier 2010, l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot (HSCM) a subi une forte croissance de ses activités accompagnée d’une augmentation substantielle de ses coûts d’opération, ce qui a constitué une source d’instabilité tant du point de vue institutionnel que communautaire. Afin d’assurer sa survie, l’institution s’est dotée d’un plan de redressement précisant les modalités de collaboration entre le MSPP et les partenaires de l’HSCM. Cette communication présentera les enjeux et défis relatifs au maintien de ce partenariat, ainsi que les opportunités que présente le statut d’institution mixte pour l’amélioration de la gouvernance hospitalière en Haïti.

Pour écouter la présentation de Dr Prévil

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L’Hôpital universitaire de Mirebalais : Défis et enjeux pour une intégration réussie au sein du système de santé haïtien — Dr Maxi Raymonville

Dr Maxi Raymonville est un obstétricien-gynécologue diplômé de la FMP/UEH et Fellow in Global Health Delivery de la Harvard Medical School et de la Brigham and Women Hospital. Depuis plus de 22 ans, il collabore avec Zanmi lasante et Partners in Health (ZL/PIH), où il a occupé plusieurs fonctions. Sa vaste expérience dans le domaine de la santé reproductive et maternelle l’a notamment amené à apporter une assistance technique pour le développement et l’implantation de programmes dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne — Rwanda, Lesotho, Malawi, Burundi. Dr Maxi Raymonville est directeur exécutif et président du conseil de direction de l’HUM.

*** Cette communication présente l’Hôpital universitaire de Mirebalais (HUM), nouvellement érigé dans le Plateau central, sous l’angle des structures de gouvernance qui lui permettent d’assurer sa mission tant clinique qu’académique — organisation administrative, financement, partenariats, reddition de comptes, etc. Elle s’ouvre sur les enjeux et défis à considérer pour assurer sa pérennisation au sein du secteur public du système de santé haïtien.

Pour écouter la présentation de Dr Raymonville

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Hôpital départemental de La Providence des Gonaïves : grandes lignes du Projet d’établissement hospitalier — Dr Ephène Emmanuel

Dr Éphène Emmanuel est un médecin spécialisé en obstétrique-gynécologie et diplômé de l’UEH. Il détient également une maîtrise en santé publique de la Walden University et un diplôme en échographie transthoracique et vasculaire du Sanford-Brown Institute of Trevose. Il est actuellement directeur médical de l’Hôpital La Providence des Gonaïves.

***

Cette communication présentera le pré-Projet d’établissement hospitalier (PEH) du futur Hôpital départemental La Providence des Gonaïves (HPG). Développé avec l’appui technique de la firme Conseil Santé SOFRECO dans le cadre du Projet HPG financé par la Coopération canadienne et géré par l’UNOPS, le PEH est le Plan stratégique quinquennal de l’HPG et précise ses modalités d’organisation et de fonctionnement. Élaboré sur une base consensuelle, il constitue une réponse aux problèmes hospitaliers vécus et anticipés. Outil de gestion précisant la vision, la mission et les valeurs de l’HPG, il a pour objectif de faciliter la mise en œuvre d’actions coordonnées en vue de l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité dans l’Artibonite.

Pour écouter la présentation de Dr Emmanuel

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Période d’échanges — Bloc gouvernance — Modérateurs : Dr Émile Charles et Dr Pavel Desrosiers Pour écouter la période d’échanges du Bloc Gouvernance

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Bloc 2 : Gestion des ressources humaines FAITS SAILLANTS Le bloc sur la gestion des ressources humaines était le plus chargé, avec six conférences. Cette thématique a suscité des échanges nourris, les participants demeurant attentifs jusqu’à la période de questions, malgré les légers retards observés sur l’horaire de la journée. Les deux premières conférences ont retenu l’attention de belle façon, présentant en exclusivité des analyses originales tirées de collectes de données menées dans l’ensemble des établissements hospitaliers haïtiens d’une part, et auprès de médecins spécialistes quant à la pratique en périphérie d’autre part. S’en sont suivies deux présentations portant plus spécifiquement sur les liens entre la dotation en ressources humaines et la dotation budgétaire. Une présentation sur les mécanismes de rémunération des médecins et leur influence sur les comportements et la performance des systèmes de santé, et une présentation sur le système d’information et de gestion des ressources humaines (SIGRH), développé par la DRH du MSPP avec l’appui du PARC, complétaient le programme copieux de ce deuxième bloc de conférences. Le Dr Carl-Ardy Dubois a d’abord jeté un regard critique sur la situation des ressources humaines dans les établissements hospitaliers publics en Haïti en analysant les données recueillies dans chacun de ces établissements en fonction d’un cadre d’analyse de la performance hospitalière. Ce cadre d’analyse2 stipule que la performance de tout système d’action peut être jugé à l’aune de trois fonctions essentielles : une première fonction fondamentale dans le cas de l’hôpital consistant à produire des changements dans la condition et l’état du patient, et deux autres fonctions essentielles en amont, à savoir l’acquisition, le déploiement et le maintien des ressources — incluant les ressources humaines —, et la transformation de ces ressources en services appropriés. Ce modèle, soutenu par des preuves scientifiques et empiriques, permet d’appréhender les liens entre performance des ressources humaines et performance hospitalière. Le Dr Dubois a ainsi pu, à partir des données recueillies dans les 67 établissements hospitaliers (HCR, hôpitaux départementaux et hôpitaux universitaires répartis dans les dix départements) étudiés, présenter ses analyses sur la couverture hospitalière en Haïti (distribution des hôpitaux et des lits par département et par statut (public, privé, mixte)), sur la dotation hospitalière globale en ressources humaines (par catégories de personnel), sur la distribution du personnel par lit hospitalier (incluant des données sur la dotation des spécialités médicales). Cela a par la suite permis la comparaison avec des établissements hospitaliers «étalons», et ce, en fonction de normes internationales et des normes proposées par le MSPP pour la dotation en ressources humaines des établissements hospitaliers. La compilation et l’analyse des données ont permis de faire certains constats quant à la dotation en ressources humaines des hôpitaux haïtiens et à leur capacité de transformer les ressources en services. D’abord, la capacité litière disponible de 0,24 lit pour mille habitants peut être considérée comme étant faible lorsque comparée à celle d’autre pays de la région, se traduisant par une faible couverture de la population haïtienne par les services de santé. Le nombre de travailleurs par lit hospitalier (1,9 dans les HCR et 2,7 dans les hôpitaux départementaux) est comparable à ceux de pays industrialisés (sur un spectre allant de 1,7 travailleurs par lit en France à 5,4 travailleurs par lit aux États-Unis avec plusieurs nuances entre les deux). Comment alors expliquer une si faible performance hospitalière en Haïti? La composition de la main-d’œuvre hospitalière offre une partie de réponse, étant dominée par les personnels de soutien administratif, technique et logistique (62%), contre 38% pour les prestataires de soins (médecins, infirmières, auxiliaires de soins, etc.). Les normes proposées par le MSPP reflètent, après analyse, cette forte

2 Ce cadre d’analyse, initialement développé dans un contexte de performance des soins infirmiers, a ici été adapté au contexte hospitalier haïtien. Pour davantage d’information concernant ce cadre d’analyse de la performance : Dubois, CA, et al., «Conceptualizing performance of nursing care as a prerequisite for better measurement: a systematic and interpretive review», BMC Nursing, 2013. (doi : 10.1186/1472-6955-12-7; http://www.biomedcentral.com/1472-6955/12/7).

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propension à maintenir une dotation élevée en personnels de soutien administratif, technique et logistique, alors que pour le Dr Dubois, il pourrait être pertinent d’explorer d’autres alternatives, par exemple la contractualisation de certains services. Il y aurait de toute façon des rattrapages à faire pour répondre aux normes de dotation hospitalière, notamment en ce qui concerne les médecins spécialistes et les personnels de soins qualifiés. Les déficits sont plus aigus dans les HCR que dans les hôpitaux départementaux. Un redéploiement de certains personnels pourrait être envisagé, mais il importe avant tout de procéder à un exercice rigoureux et systémique de planification des besoins de l’offre de la main-d’œuvre sanitaire à travers le pays. Le Dr Beauvoir a par la suite retenu l’attention de l’auditoire en présentant des données sur la disponibilité des médecins spécialistes dans les hôpitaux périphériques en Haïti — la dotation des régions éloignées en spécialistes étant par ailleurs une problématique étudiée partout dans le monde. De nombreux chercheurs se sont effectivement penchés sur la question de l’attrait et de la rétention des personnels médicaux spécialisés en régions éloignées dans les pays industrialisés 3 comme dans les pays en voie de développement 4 , ce qui a permis d’identifier, tous contextes confondus, trois grandes catégories de facteurs pour l’attrait et la rétention des personnels médicaux spécialisés : les facteurs personnels (âge, situation familiale, origine, etc.), les facteurs institutionnels (conditions de travail, perspectives de carrière et de développement professionnel, etc.) et les facteurs contextuels (cadre de vie, services sociaux disponibles, écoles, etc.). S’appuyant sur une revue de la littérature, le Dr Beauvoir a ainsi pu construire un cadre d’analyse pour caractériser la problématique telle que vécue en Haïti, de manière à pouvoir formuler des stratégies adaptées au contexte. Une enquête qualitative (focus groups, administration de questionnaire et entrevues auprès d’informateurs-clés) a par la suite pu être menée pour sonder la perception du travail en périphérie de 95 acteurs du système de santé dans l’aire métropolitaine, ainsi que dans les départements du Nord, du Sud, du Nord-Ouest et de la Grande-Anse. La perception générale des personnes sondées quant à la pratique médicale en zone périphérique peut se résumer au commentaire formulé par un des résidents interrogés : «Les médecins de service qui travaillent en zone périphérique sont des héros». Ces «héros» sont souvent des professionnels issus du département (12 sur 33), des gens qui rêvent de développement professionnel dans leur propre milieu (16 sur 33), mais qui sentent toutefois que les facteurs professionnels de la périphérie ne sont pas attrayants : 18 médecins sur 33 ne sont pas satisfaits des perspectives de carrière, 20 sur 33 ne se sentent pas encadrés par le MSPP et 22 sur 33 ne sont pas satisfaits de la rémunération qu’ils reçoivent. Au final, 23 des 33 médecins interrogés sont prêts à laisser leur poste en périphérie si rien ne change au cours des cinq prochaines années, contre 10 qui se sentent chez eux. Les spécialistes qui ont accepté d’aller pratiquer en zone périphérique ne sont donc globalement pas satisfaits de leur travail, et plus particulièrement de leurs conditions de travail. Parmi les facteurs de motivation pour la pratique médicale en zone périphérique, les personnes interrogées mentionnent tout de même : le service à la communauté (95%) et la volonté d’améliorer le système de santé (91%), les perspectives de carrières (81%), de formation continue (79%), de conditions de travail adéquates (74%) et de stabilité d’emploi (69%), et enfin le salaire décent (65%) et les avantages sociaux (47%) — ce qui incite à croire que les professionnels ne sont pas prioritairement mûs par l’argent et, de manière générale, motivés. Les obstacles à la pratique professionnelle en zone périphériques concerneraient plutôt : les conditions de travail (infrastructures inadéquates, manque d’intrants, non existence de laboratoires fiables, surcharge de travail, peu d’encadrement institutionnel, manque de considération), les revenus

3Voir : Leduc, N., Bilodeau, H., «Analyse des facteurs d’attraction, d’installation et de maintien de la pratique médicale dans les régions éloignées du Québec», Coup d’œil sur la recherche et l’évaluation, vol. 42, 2006. Leduc, N., Bilodeau, H., «Les mesures gouvernementales québécoises d’incitation à la pratique médicale en régions éloignées ou isolées», Cahiers de sociologie et de démographie médicales, vol. 43 : 3, 2003, pp. 505-527. 4 Lehman, U., et al., «Staffing remote rural areas in middle- and low-income countries : A literature review of attraction and retention», BMC Health Services Research, 2008, 8 : 19.

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et la famille (cherté de la vie, grille salariale inéquitable, rémunération insuffisante, arriérés salariaux, absence d’avantages sociaux et manque de flexibilité de l’administration), l’accomplissement et le développement professionnels (manque de valorisation, faiblesse des plateaux techniques, isolement professionnel, absence de formation continue, régression des compétences) et le cadre de vie (absence d’écoles de qualité, séparation des famille, difficultés liées au logement, absence de services sociaux et publics de base, vie socioculturelle et loisirs). Les recommandations pour adresser la problématique de la dotation des hôpitaux périphériques concernaient finalement le fait de : capitaliser sur la motivation des médecins spécialistes pour le recrutement au sein des institutions hospitalières de la périphérie, mettre l’accent sur la croissance des milieux hospitaliers de la périphérie et mettre en place des stratégies intersectorielles de développement local. Les présentations du Dr Offosse, directrice du projet HFG de USAID qui fournit de l’assistance technique au MSPP dans les domaines du financement de la santé et de la gouvernance, et du Dr Alfred, assistant directeur de l’Unité d’étude et de programmation (UEP) du MSPP, ont par la suite abordé les aspects budgétaires liés à la dotation des établissements hospitaliers en ressources humaines. Le Dr Offosse a dans un premier temps insisté sur les difficultés liées au recrutement des ressources humaines nécessaires à l’accomplissement de la mission des hôpitaux haïtiens dans le contexte de faibles revenus et de discipline fiscale auquel sont assujettis les pays en voie de développement. La dotation en ressources humaines des institutions hospitalières publiques dépend en effet des ressources dont l’État dispose et de la répartition qu’il choisit d’en faire entre ses différents secteurs d’activité. Un arbitrage a par la suite lieu à l’intérieur de chaque ministère pour allouer les ressources, et ce, en fonction de l’historique des dépenses et des priorités établies par les autorités ministérielles. La dotation budgétaire à la rémunération, nommément les dépenses en salaire autorisées par l’État, se situe autour de 12% du budget national depuis les dix dernières années. Une augmentation considérable de ces crédits est difficilement envisageable à court terme. Pourtant, simplement pour satisfaire ses besoins prioritaires dans l’ensemble des départements sanitaires (2013-2014), le MSPP aurait besoin d’une enveloppe bonifiée de 25%. Il importe donc de procéder avec la plus grande rigueur dans la dotation de tout nouveau poste au sein du système — le caractère stratégique du poste à combler et son incidence sur les soins offerts à la population doivent donc être étroitement pris en considération. Dans ce contexte, des pistes de réflexion ont pu être formulées pour l’utilisation optimale des ressources financières allouées à la rémunération du personnel : au niveau du personnel (assiduité et productivité des agents budgétisés, délégation de tâches, tutorat, polyvalence), au niveau des institutions de santé (réseautage, renforcement du système de référence et de contre-référence des patients, partenariats public-privé (PPP)) et au niveau de la planification de la main-d’œuvre de l’ensemble du système. Le Dr Alfred a repris l’analyse du point de vue plus spécifique de l’allocation des disponibilités budgétaires à l’interne du MSPP dans la dernière décennie (2001-2011), dans la perspective d’émettre des recommandations et de propositions pour la transformation des idées politiques en résultats désirés — particulièrement de la capacité des ressources humaines à fournir des services à la population dans le contexte de l’hôpital. Certains constats, à la base de la réflexion, méritent d’être mentionnés. Par exemple, le fait que la proportion du budget de l’État alloué à la santé ait augmenté en moyenne de 38,63% par année sur la période étudiée, alors que les dépenses effectives affichaient comparativement une croissance moyenne évaluée à 12,2%. De façon générale, le poids moyen du budget du MSPP au sein de l’État est de 5,64% — un pic (près de 11%) a été observé en 2008-2009, mais dans les faits, seulement 19% de ce montant prévisionnel ont été effectivement dépensés et la différence peut être attribuée à des corrections concernant les prévisions et les décaissements réels des périodes antérieures. Rapporté à la population, le budget alloué était inférieur à 10$ US par habitant jusqu’en 2006. À partir de 2006-2007, on note une hausse significative de ces dépenses rapportées par habitant à 25$. Les dépenses du MSPP ont suivi une tendance à la hausse sur la période observée, augmentant en moyenne de 13,53% par année — le MSPP décaissait effectivement en moyenne 78% des budgets qui lui étaient alloués sur la même période. En ce

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qui concerne plus spécifiquement les dépenses liées aux ressources humaines, on constate que les dépenses en salaires ont globalement augmenté sur la période étudiée — dépassant même souvent les prévisions effectuées. Cependant, seulement 33,6% de ces dépenses en salaires concernaient les prestataires de soins (médecins, infirmières, auxiliaires pharmaciens, technologistes de labo, dentiste, agent communautaire, etc.), pour 37,6% de la masse salariale totale du MSPP. 80,8% des 9 162 personnels du MSPP exerçaient par ailleurs dans le département de l’Ouest (juin 2012), soit 80,7% de la masse salariale totale du MSPP — depuis janvier 2013, les 474 nominations effectuées au MSPP visaient cependant 66,24% de prestataires (33,6% antérieurement), dont 83,33% ont été affectés dans les départements. Malgré ces améliorations, l’État haïtien dépense tout de même moins, lorsque les dépenses sont rapportées à la population, que les États de la région (Jamaïque, République dominicaine, Cuba) ou des États comparables (notamment le Burkina Faso). L’agenda international, alors que 86% des dépenses en santé sont assumées par l’international, a également une influence sur la distribution des ressources — trop souvent de manière verticale. Au-delà de cette influence, d’autres grandes tendances doivent également être prises en considération dans la planification de la main-d’œuvre sanitaire en Haïti : la croissance démographique et l’urbanisation, les aspirations démocratiques des citoyens, l’augmentation des maladies chroniques et la transition épidémiologique de manière plus générale, les difficultés à mettre en place la couverture universelle. La question au cœur de la présentation du Dr Alfred : Comment avoir davantage d’argent national pour la santé et davantage de santé pour son argent? La poursuite de la mise en œuvre de la Politique nationale de santé adoptée en 2012 pourrait apporter certaines réponses… Georges-Charles Thiebaut a par la suite présenté les impacts des mécanismes de rémunération des médecins observés en lien avec les comportements et la performance des systèmes de santé et des hôpitaux. Ces mécanismes agissent sur l’utilisation des services — réconciliation de l’offre et de la demande de services de santé — et constituent donc des incitatifs visant à influencer le comportement du médecin et à agir sur les caractéristiques de l’offre de soins, ainsi que des sources externes de motivation pour orienter le comportement des médecins en fonction des objectifs du système de santé. Ils sont donc intrinsèquement liés à la performance. Il existe différentes manières de déterminer le niveau de rémunération des médecins : par le médecin lui-même (domaine privé), par négociation entre un bailleur (public ou privé) et les médecins (remboursement des actes, conditions salariales) et par décision administrative (l’État détermine le niveau de rémunération de façon unilatérale et centralisée). Le paiement peut quant à lui être assumé par : le patient (remboursé ou non), un tiers payant, ou l’organisation qui emploie la ressource. Les mécanismes de rémunération doivent ainsi être cohérents avec les variables du système dans lequel ils sont exercés : valeurs, conceptions de la santé, objectifs du système de santé, vision, institutions, financement, etc. Après présentation des avantages et des inconvénients de différents mécanismes de rémunération (salaire, capitation, paiement à l’acte ou à l’épisode et paiement à la performance), notamment en fonction des coûts, du volume de production, de la pertinence des soins dispensés et du nombre de références, M. Thiebaut a précisé qu’il n’existe pas de mécanisme de rémunération parfait et applicable à tous les contextes, qu’il s’agit plutôt de faire des choix (et des concessions) en fonction des priorités sanitaires — plusieurs pays optent d’ailleurs pour une combinaison de mécanismes. Les enjeux à prendre en compte dans la mise en place de tout système de rémunération dans les pays en voie de développement devraient cependant concerner : l’adaptation au contexte et à la situation socio-économique, la réduction de la fragmentation du financement, la pérennisation des sources de financement, la fixation d’un revenu encourageant le travail dans les hôpitaux publics, la cohérence avec les mécanismes de paiement, la définition claire des rôles et responsabilités des médecins et les mécanismes d’imputabilité s’y référant, ainsi que le développement d’un système d’information fiable… Le Dr Érika Laforest a d’ailleurs conclu le bloc de présentations sur la gestion des ressources humaines en présentant le Système d’information et de gestion des ressources humaines (SIGRH) nouvellement implanté à la Direction des ressources humaines (DRH) du MSPP. Le SIGRH est un outil stratégique utile à la planification et à

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la prise de décision concernant les ressources humaines à disposition du Ministère, accessible à différents niveaux d’accès via le réseau internet — public, niveaux institutionnel, départemental, central. Le SIGRH comprend des données sur l’ensemble des employés du MSPP, budgétisés comme contractuels et facilite ainsi la gestion des ressources humaines à différents degrés de décentralisation — notamment en ce qui a trait aux avantages sociaux, aux mouvements de personnels, à la gestion des contrats, etc. Les prochaines étapes d’implantation du SIGRH prévoient l’ajout et la consolidation de données, notamment sur les personnels rémunérés par bailleurs de fonds privés, sur les résidents et sur les prestataires en service social.

INTERVENTIONS

Investir dans la gestion des ressources humaines pour des établissements hospitaliers performants — Dr Carl-Ardy Dubois

Carl-Ardy Dubois est professeur agrégé à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Il est directeur scientifique du Centre de formation et d’expertise en recherche en administration des services infirmiers (Centre FERASI). Il est également chercheur boursier sénior du FRQ-S (Fonds de recherche du Québec en santé). Ses principaux champs d’expertise sont la gestion des ressources humaines en santé, l’organisation des services de santé et l’organisation du travail professionnel dans le secteur de la santé.

*** Cette présentation permettra de jeter un regard critique sur la situation actuelle des ressources humaines dans les établissements hospitaliers. Elle mettra en relief les difficultés associées à la dotation et offrira l’occasion de discuter des stratégies qui doivent être envisagées pour assurer une disponibilité et un déploiement adéquat des ressources humaines dans ces établissements, mieux planifier les ressources humaines hospitalières et maximiser la contribution de ces dernières à l’amélioration des services.

Pour écouter la présentation de Dr Dubois

Support de présentation

Médecins spécialistes dans les hôpitaux périphériques : victimes ou héros? — Dr Georges E. Beauvoir

Georges E. Beauvoir est docteur en médecine et chirurgien orthopédiste diplômé de l’UEH et certifié par le Hassadah Medical Center de la Hebrew University de Jérusalem. Il détient aussi un diplôme de bioéthique de la Red Bioetica de l’UNICEF en Argentine, ainsi qu’une maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal. Il est actuellement chef du Département d’orthopédie de la FMP/UEH et responsable de la Clinique d’orthopédie de l’École Saint-Vincent pour enfants handicapés. Il a auparavant été Chef du service de traumatologie et d’orthopédie de l’HUEH, président et membre fondateur de la Société haïtienne d’orthopédie et de traumatologie (SHOT).

*** La prestation de soins de qualité dans les hôpitaux publics périphériques d’Haïti, déjà difficile en raison du nombre réduit de médecins spécialistes disponibles, est compromise par la concentration des activités de ces derniers dans les grands centres urbains. Quelle est l’ampleur réelle du problème et comment, dans ce système de santé en

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pleine expansion, y apporter remède? Cette communication, appuyée sur la consultation de plusieurs acteurs du système et la recension de documents issus de pays confrontés à la même problématique, explore et propose des stratégies d’action réalistes.

Pour écouter la présentation de Dr Beauvoir Support de présentation

Dotation budgétaire : défis pour une planification efficiente de la dotation en ressources humaines des institutions publiques de santé — Dr Marie-Jeanne Offosse

Dr Marie Jeanne Offosse a plus de dix ans d’expérience dans le secteur de la santé, principalement dans l’analyse du financement et la gestion des finances publiques. Elle a apporté de l’assistance technique dans plusieurs pays africains (Bénin, Burkina Faso, Congo, Côte-d’Ivoire, Ghana, Libéria, Malawi, Mali, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo, Sierra Leone et Togo) par l’entremise de diverses organisations régionales et internationales et dans le cadre de la coopération bilatérale. Elle est actuellement directrice du projet HFG de USAID, projet qui fournit une assistance technique au MSPP dans les domaines du financement de la santé et de la gouvernance.

*** Les faibles revenus des pays en développement et la discipline fiscale à laquelle l’ensemble des économies du monde sont appelées à se soumettre limitent la marge de manœuvre des gouvernements pour répondre aux besoins grandissants en ressources humaines des établissements publics de santé, ces besoins évoluant proportionnellement à la croissance des populations. Devant cet enjeu crucial et dans un contexte de ressources financières limitées, les responsables d’établissements sanitaires doivent faire preuve d’ingéniosité dans la gestion de leur capital humain. À cet égard, ils sont invités à explorer une palette d’options afin d’utiliser les ressources humaines mises à leur disposition de façon efficiente afin de garantir des soins de qualité à la population.

Pour écouter la présentation de Dr Offosse Support de présentation

Analyse tendancielle du budget du MSPP entre 2001 et 2011 — Dr Jean Patrick Alfred

Jean Patrick Alfred est un médecin généraliste diplômé l’Université Notre Dame d’Haïti. Il détient aussi un DESS en management et en gestion des services de santé de l’Université d’État d’Haïti et une maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal. Il a occupé différentes fonctions de gestion et de recherche dans le système de santé haïtien, tant au sein du secteur public que privé. Il est actuellement assistant directeur de l’Unité d’étude et de programmation (UEP) du MSPP.

*** L’analyse du budget permet de rendre compte de l’efficacité et/ou de l’efficience de l’utilisation des ressources disponibles. À partir de l’analyse budgétaire il devient possible d’identifier certains brisants potentiels des budgets, d’émettre certaines propositions/recommandations et de parvenir à jeter les bases de la transformation des idées politiques en des résultats désirés.

Pour écouter la présentation de Dr Alfred Support de présentation

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Les mécanismes de rémunération des médecins : quels impacts sur leurs comportements et la performance? — Georges-Charles Thiebaut

Georges-Charles Thiebaut détient un Ph.D en santé publique spécialisé dans la gestion des services de santé. Ses champs d’expertise touchent à l’évaluation de programme, l’évaluation de la performance organisationnelle ainsi que les valeurs organisationnelles. Il agit actuellement à titre de consultant et se prépare à commencer des études postdoctorales.

*** Cette présentation vise à décrire et à analyser les différents mécanismes de rémunération des

médecins et leurs influences sur leurs comportements ainsi que sur la performance des systèmes de santé. Dans cette optique, ces mécanismes sont appréhendés comme des incitatifs agissant sur l’utilisation et la qualité des services de santé.

Pour écouter la présentation de M. Thiebaut Support de présentation

Le SIGRH : un outil pour mieux piloter et mieux décider — Dr Érika Laforest Médecin diplômé de l’Université Notre Dame d’Haïti, Dr Michaelle Erika Laforest détient également un DESS en management et en gestion des services de santé de l’UEH. Elle a été assistante-directrice médicale à l’Hôpital de la Communauté haïtienne, coordonnatrice nationale du programme de nutrition et santé chez Caritas et a participé à l’élaboration de plans de développement communaux avec la firme Intell Consult. Elle est aussi membre fondateur de la firme GRECO (Groupe de recherches, d’études et de consultation) et agit à

titre de conseiller technique pour la Direction des ressources humaines du MSPP depuis juillet 2012.

***

La Direction des ressources humaines (DRH) du MSPP travaille depuis trois ans à l’implantation d’un Système d’information et de gestion des ressources humaines (SIGRH) permettant l’accès décentralisé aux informations relatives aux ressources humaines du MSPP. Cette base de données unique permet aux gestionnaires des départements et des établissements hospitaliers sur l’ensemble du territoire national de mieux gérer leurs ressources humaines, de mieux planifier leurs besoins (formation, dotation, etc.) et d’offrir des services décentralisés à leurs employés. Cette communication présente cet outil stratégique facilitant la prise de décision et assurant la transparence de l’information aux niveaux central, départemental et institutionnel.

Pour écouter la présentation de Dr Laforest Support de présentation

Période d’échanges — Bloc Gestion des ressources humaines — Modérateurs : Dr Jimmy Beaubrun et M. Antoine Verdier

Pour écouter la période d’échanges du Bloc Gestion des ressources humaines

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Bloc 3 : Financement des services de santé FAITS SAILLANTS Le financement des services de santé était incontournable dans le cadre de la discussion sur la performance hospitalière. Les présentations portant sur cette thématique ont particulièrement retenu l’attention des participants au 3e Colloque Ary Bordes. Le professeur Valéry Ridde a mis la table en faisant l’état des lieux de deux approches «à la mode» dans le financement des services de santé, à savoir la gratuité des soins et le financement basé sur les résultats. Le Dr Junot Félix a par la suite partagé les conclusions d’une étude portant sur les impacts et les effets des politiques nationales de financement mises en œuvre ces vingt dernières années dans les départements de la Grande-Anse, du Nord-Ouest et du Sud, avant de céder le microphone à M. Emile Pantaléon, directeur de l’Alternative Insurance Company, venu présenter le rôle que les compagnies d’assurances privées peuvent jouer dans le financement des services de santé. Dr Jean Géto Dubé a par la suite présenté les répercussions des multiples approches de financement des services déployées en Haïti sur le fonctionnement des hôpitaux. Le bloc sur le financement des services de santé s’est conclu avec la présentation du Dr Jacqueline Gernay sur les résultats quant à l’utilisation des contrats basés sur la performance après une année de mise en œuvre du programme Manman ak timoun ansante. Le professeur et chercheur Valéry Ridde a ouvert le bloc sur le financement en présentant une synthèse des connaissances sur deux approches populaires depuis cinq à dix ans : le financement basé sur la performance (PBF) et l’exemption du paiement au point de service (la gratuité). Le PBF se définit comme le transfert d’argents ou de matériels conditionnel à la mise en œuvre d’actions ou à la réalisation d’objectifs de performance prédéterminés. Cette approche, notamment prônée à travers le monde par la Banque mondiale, est donc centrée sur l’offre et est fondée sur l’hypothèse que les prestataires de soins — et les organisations pour lesquelles ils travaillent — doivent être motivés par des incitatifs. Il existe diverses manières de mettre en place des mécanismes de PBF, allant de l’approche contractuelle (avec les agents de santé), à la distribution conditionnelle d’argent aux usagers de certains services ciblés. Selon de récentes études, si des résultats liés au PBF ont pu être mesurés, il est peut-être prématuré de tirer des conclusions quant à l’efficacité du PBF et ses effets positifs auprès de la population. La seule étude récente sur les effets du PBF en Haïti, ne note aucun effet significatif sur la performance des services où des incitatifs étaient offerts et ceux où il n’y en avait pas5. Globalement, il reste encore plusieurs enjeux liés aux processus à étudier quant à l’implantation du PBF : les exigences administratives occasionnées par les programmes de PBF, la documentation du passage à l’échelle de projets-pilotes, les jeux d’intérêts et de pouvoir, etc. La gratuité consiste quant à elle à la réduction, voire à la suppression officielle des paiements directs pour les services de santé ciblant un groupe, une région, ou un service. Les services sont donc gratuits du point de vue du patient mais doivent en contreparties être financés par un tiers payeur. Les études disponibles montrent généralement une augmentation de l’utilisation des services lorsqu’est abolie la barrière financière — et parfois une amélioration de l’état de santé de la population. La mise en œuvre de politiques de gratuité de manière trop hâtive peut cependant avoir des effets systémiques déstabilisateurs : augmentation subite du nombre de consultations, surcharge du personnel, manque d’information sur les interventions réalisées, sous-financements ou retards dans les remboursements, concurrence avec d’autres politiques publiques, etc. La prudence est donc encore de mise. Qu’on parle de PBF ou de gratuité, il apparaît primordial de bien préparer l’implantation de ces politiques. La tenue d’un débat public permettant d’exposer des points de vue divergents, experts ou citoyens, devrait en ce sens précéder à toute implantation, afin d’exposer le moins possible l’enjeu du financement aux pressions politiques —

5 Zeng et al., «Impact of performance-based financing on primary health care services in Haiti», Health Policy and Planning, Volume 28, Issue 6, Pp. 596-605. (http://heapol.oxfordjournals.org/content/28/6/596.full)

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nationales et internationales. Finalement, ces deux réformes majeures auxquelles sont confrontés les systèmes de santé à travers le monde, ne devraient peut-être pas systématiquement être opposées. Il pourrait être pertinent de tracer des liens entre ces deux approches de financement, le PBF permettant d’agir positivement sur l’offre sanitaire, alors que la gratuité permet d’agir sur la demande. Le Dr Junot Félix a enchaîné en revenant plus spécifiquement sur les enjeux et les défis liés au financement des soins de santé en Haïti. Basée sur une étude portant sur les impacts et les effets des politiques nationales de financement mises en œuvre en Haïti ces vingt dernières années (gratuité, recouvrement de coûts, subventions, etc.) sur l’accès aux soins, sur la qualité des services et sur l’organisation des services, la présentation ciblait spécifiquement les départements sanitaires du Nord-Ouest, de la Grande-Anse et du Sud. Le tremblement de terre a modifié certains paramètres quant au financement des soins : l’augmentation du nombre d’organisations soutenant le secteur de la santé et la gratuité des soins instaurée par la situation d’urgence — 90% de la population déplacée avait accès aux soins en 2011, contre 56% pour l’ensemble des Haïtiennes et des Haïtiens avant le séisme. La multiplicité des acteurs et la fragmentation du système qu’elle entraîne a cependant un impact sur l’efficacité et l’efficience des services, ainsi que sur la capacité du MSPP à reprendre le contrôle une fois l’urgence dissipée. Il est difficile d’estimer objectivement la structure du financement de la santé en Haïti, une large part provenant de sources internationales et plusieurs programmes se juxtaposant. Les utilisateurs des services sont parfois appelés à apporter une contribution, qui peut varier en fonction de l’institution qu’ils fréquentent et des services dont ils ont besoin — alors que les trois quarts de la population vivent avec moins de deux dollars par jour. Les programmes d’assurances, encore peu développés en Haïti, complètent les sources de financement du système. Des initiatives de financement diverses se développent un peu partout, sans nécessairement être coordonnées. Dans les départements étudiés, le programme de maternité rurale développé par Médecins du Monde dans la Grande-Anse et implanté dans neuf institutions de premier échelon, le programme de soins obstétricaux gratuits (SOG) développé par l’OMS et implanté dans 43 institutions du pays — aujourd’hui devenu Manman ak timoun ansante —, le programme de financement basé sur la performance initié par MSH en 2010, les Centres de diagnostic intégré de la Coopération cubaine et le programme américain PEPFAR cohabitaient par exemple. En termes d’accessibilité aux services, la barrière financière demeure un obstacle important pour la population haïtienne. Les impacts sur la qualité sont plus difficiles à mesurer. On note cependant que les institutions fonctionnant essentiellement par recouvrement de coûts, les ruptures de stocks et pénuries fréquentes affectent la performance des institutions et des individus, altérant la qualité des soins — et la perception des utilisateurs. En ce qui concerne les programmes de soins gratuits, on peut noter, avec la hausse de fréquentation qu’ils entraînent alors que les ressources sont maintenues au même niveau, une baisse de la qualité des soins — diminution du temps alloué au patient, surcharge du personnel, insuffisance des intrants, interventions complémentaires non financées, etc. En ce qui concerne les programmes de financement basé sur la performance, on ne note aucun impact réel sur la qualité des soins, ces incitatifs visant la performance globale ayant surtout une influence sur la qualité de la gestion et du fonctionnement des institutions. Compte tenu des résultats présentés, on peut avancer qu’à long terme, l’abolition des coûts pour le patient pourrait être un élément vers lequel tendrait une approche de financement diversifiée (alliant financement basé sur la performance et gratuité), qui pourrait introduire également des mécanismes d’assurances publiques, de fonds d’équité, et autres. Les frais fixes réduits pourraient aussi être envisagés, particulièrement s’il est accompagné de mécanismes d’exemption pour certains groupes cibles. Il s’agit en quelque sorte de jeter les bases d’une politique de protection sociale. M. Emile Pantaléon, directeur technique de l’Alternative Insurance Company, est venu partagé la contribution que les programmes d’assurances privées, encore peu répandus en Haïti, peuvent apporter quant à l’amélioration de l’accessibilité des soins. Dans un contexte de faible accessibilité de la population aux services, entre autres pour des raisons d’ordre financier, et où le taux de pénétration des assurances-santé privées représente à peine 4% de

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la population, certaines pistes peuvent effectivement être explorées. Les fonds gérés par des assureurs privés et comptabilisés dans les comptes nationaux de santé représentaient 30% (649 883 031 gourdes) en 2010-2011 — contre 37% provenant des ONG et 33% de la contribution directe des ménages. Maintenant, comment les assurances peuvent-elles être un acteur plus efficace dans le secteur de la santé en Haïti? Il pourrait notamment être pertinent d’étudier les possibilités de rapprochement entre les programmes d’assurances privées et les objectifs du MSPP — certaines compagnies d’assurances ont par exemple déjà commencé à s’aligner sur les objectifs de santé maternelle et infantile du MSPP en autorisant le remboursement du suivi pré-natal. Les réseaux de prestataires affiliés aux compagnies d’assurances peuvent aussi être un vecteur de développement pour la pratique des prestataires privés, et ce, même en zones périphériques. Les assureurs privés constituent une source de financement complémentaire pour les hôpitaux — sans exclure les hôpitaux publics. Il est donc souhaitable que ces acteurs puissent travailler de concert, de manière à assurer l’accès de la population haïtienne à des soins de qualité, au meilleur coût possible et en temps opportun. Le Directeur exécutif de l’Hôpital universitaire Justinien (HUJ), Dr Jean Géto Dubé, a quant à lui abordé le financement des services de santé en Haïti du point de vue de l’hôpital public, avant de proposer des pistes de réflexion pour en améliorer l’efficacité et l’efficience. Arrivé à la tête de l’HUJ en mars 2012, le Dr Dubé a immédiatement compris qu’il allait devoir conjuguer avec les contraintes financières, comme matérielles — incapacité à acheter des intrants, dette accumulée, arriérés salariaux, services inopérants, etc. Même si des soins peuvent être dispensés dans ce contexte grâce à l’engagement de certains prestataires et à la gestion rationnelle des ressources limitées, l’HUJ s’est lancée, dans le but d’améliorer sa performance, dans l’analyse de son financement sous deux angles : les sources de financement et les dépenses réalisées — sur une période de trois ans. Si l’analyse n’a pu être menée de manière exhaustive puisqu’il peut être difficile de quantifier certains investissements réalisés par des partenaires, par exemple au niveau des infrastructures, ou encore certains dons reçus de différentes sources, elle autorise tout de même certains constats intéressants. Le financement de l’HUJ est constitué des allocations attribuées par le MSPP, des recettes internes, du remboursement de certaines dépenses dans le cadre du Projet Manman ak timoun ansante (MATS), du fonds PEPFAR, du FNUAP, et d’autres sources. Les ressources du MSPP servent surtout à la rémunération des ressources humaines, dans une proportion moyenne de plus de 95%. Les immobilisations et dépenses en investissements reposent donc, le plus souvent, sur les partenaires de l’hôpital. La venue du programme MATS, si elle a pu constituer une bouffée d’air frais pour les finances exsangues de l’hôpital, a toutefois eu l’effet immédiat de faire chuter ses recettes internes, ajoutant à la dépendance de l’hôpital envers l’extérieur. Cela a toutefois permis d’accroître les dépenses en immobilisations et en matériel — suggérant l’idée d’exploiter les synergies entre les différents programmes financés par des partenaires externes pour l’amélioration de la performance de l’ensemble de l’hôpital. Il ressort de l’étude menée à l’HUJ que l’hôpital devra continuer à explorer la piste de la vente de service, ces recettes permettant à l’hôpital de financer les programmes moins attrayants pour les partenaires. La gestion rationnelle des ressources mises à disposition de l’hôpital demeure un enjeu majeur, tout comme la nécessité de mettre en place un plan d’établissement de renforcement institutionnel et de la gestion financière afin de bien aiguiller les nouvelles entrées de ressources. Au niveau plus systémique, il pourrait être pertinent de veiller à consolider les sources de financement afin d’en accroître la prévisibilité au niveau institutionnel. Dr Jacqueline Gernay, de l’OMS, a conclu le bloc de conférences sur le financement avec la présentation des leçons apprises de l’utilisation de contrats basés sur la performance dans 17 hôpitaux haïtiens — donc Justinien — dans le cadre de l’expérience Manman ak timoun ansante (MATS). Le programme MATS du MSPP, financé par le gouvernement du Canada et mis en œuvre avec l’appui de l’OPS-OMS, vise l’amélioration de la santé des femmes et des enfants de moins de cinq ans via l’amélioration de l’accès et de la qualité. Des bonus à la performance, fixés en fonction de variables quantitatives (nombre d’interventions par rapport à la ligne de base obstétrique et par

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rapport à la ligne de base pédiatrique) et qualitatives (satisfaction des patients, respect des protocoles, tenue de dossiers des patients et registres) étaient prévus dans le cadre de la mise en œuvre du programme. Dr Gernay est venue présenter les résultats préliminaires observés après 12 mois de mise en œuvre — en fonction du suivi d’indicateurs traceurs, de la lecture des rapports techniques, de rencontre avec les responsables d’institutions. Des améliorations ont pu être notées par rapport à la situation antérieure au programme, même après seulement un an de mise en œuvre — surtout par rapport à l’accès aux services, les effets sur la qualité étant difficilement mesurables à si courte échéance. Des défis demeurent pour la poursuite du programme MATS, première expérience de gestion basée sur la performance en milieu hospitalier en Haïti : le renforcement des systèmes administratifs et comptables des institutions, l’implication d’acteurs extérieurs à l’hôpital mais nécessaires pour l’harmonisation des pratiques des différents partenaires sur son territoire de desserte (directions départementales et centrales), le renforcement des capacités de gestion des stocks et des intrants, les stratégies de pérennisation. INTERVENTIONS

Gratuité des soins et financement basé sur les résultats : que sait-on de ces deux réformes à la mode pour les pays à faible revenu ? — Valéry Ridde et Anne-Marie Turcotte-Tremblay

Valéry Ridde est professeur agrégé au département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal et chercheur de l’Axe Santé Mondiale du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM). Ses travaux et réflexions scientifiques, qui portent sur des thématiques relevant de la santé mondiale, sont disponibles au www.equitesante.org. Anne-Marie Turcotte-Tremblay est coordonnatrice de programme et doctorante au CRCHUM.

*** Dans le débat actuel pour la couverture universelle en santé, et notamment pour réformer les

systèmes de santé et l’accès aux soins, deux camps s’affrontent ces dernières années. L’un réclame de supprimer le paiement direct au point de service ("les abolitionnistes") et l’autre affirme que les budgets des formations sanitaires et les salaires des agents de santé doivent être alloués en fonction des résultats ("les pbfistes"). Au-delà de l’analyse des idéologies qui sous-tendent ces deux approches, cette communication présentera les preuves scientifiques des tentatives de mise en œuvre de ces deux approches dans les pays à faibles revenus. Et si finalement ce débat, au lieu d’opposer deux approches, permettait de créer une nouvelle fenêtre d’opportunité de réformes dont les gagnants seraient tant les citoyens usagers que les agents de santé?

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Le financement des soins de santé en Haïti : enjeux et défis — Dr Junot Félix Pour écouter la présentation de Dr Félix Support de présentation

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Importance des assurances dans le financement des soins en Haïti : un apport nécessaire ou superflu? — Emile Pantaléon

Emile Pantaléon est détenteur d’un baccalauréat en Gestion d’assurances de personnes et d’un Certificat en technique actuarielle vie et santé. Il compte 22 années d’expérience dans le domaine des assurances en Haïti, tant au sein du secteur public que du secteur privé. Il est également Fellow du Life Management Institute (FLMI) et occupe actuellement les fonctions de directeur technique de l’Alternative Insurance Company, compagnie d’assurances haïtienne.

*** Dans le contexte haïtien, les barrières financières peuvent compromettre l’accès de la

population à certains soins hospitaliers tant publics que privés. Cette communication propose de partager la contribution que les programmes d’assurances privées peuvent apporter quant à l’amélioration de l’accessibilité des soins. Elle suggère également des pistes à explorer pour favoriser la contribution des assureurs à la mise en place de stratégies de financement devant contribuer à l’amélioration et au développement des soins hospitaliers en Haïti.

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Les enjeux du financement des soins au niveau de l’hôpital public : l’expérience de l’Hôpital universitaire Justinien — Dr Jean Geto Dubé

Dr Jean Géto Dubé est un médecin diplômé de l’Université d’État d’Haïti (UEH) spécialisé en urologie. Il détient également un DESS en management et gestion des services de santé (DESS-MGSS) du même établissement, ainsi qu’une maîtrise en administration de services de santé de l’Université de Montréal. Il occupe actuellement le poste de directeur exécutif de l’Hôpital universitaire Justinien du Cap-Haïtien, en plus d’assurer l’enseignement en évaluation de programmes de santé au DESS-MGSS de l’UEH.

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Le financement des hôpitaux publics haïtiens peut constituer un obstacle à leur développement. La situation de l’Hôpital universitaire Justinien (HUJ), structure hospitalière départementale et universitaire située dans le chef-lieu du Nord (Cap-Haïtien), sera présentée dans cette communication afin de stimuler les débats sur cet enjeu. Après une brève présentation de la structure de financement de l’HUJ — et de ses dépenses —, une analyse de chaque type de financement sera introduite. Ce qui nous mènera à considérer différents scenarii quant à la façon optimale de financer et de dépenser afin de produire des services de qualité.

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Utilisation de contrats basés sur la performance dans 17 hôpitaux d’Haïti : l’expérience de Manman ak timoun an sante (MATS) — Dr Jacqueline Gernay

Dr Jacqueline Gernay est diplômée de médecine chirurgie et accouchements (Université Libre de Bruxelles) et de pédiatrie (University of the West Indies) en plus d’être titulaire d’un Master de Santé publique (Royal Tropical Institute of Amsterdam). Elle cumule une vaste expérience dans la mise en œuvre de programmes intégrés de soins de santé primaires dans les Caraïbes, incluant l’utilisation d’agents de santé communautaire polyvalents, l’implantation d’un système de surveillance de mortalité maternelle intégré au système de surveillance de routine, la décentralisation et la gestion des services de santé. Depuis 2002, elle est consultante pour l’OPS/OMS en Haïti, en Jamaïque et en République dominicaine.

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Le programme MATS a été établi en coordination avec le MSPP dans 17 hôpitaux départementaux et universitaires du pays avec l’objectif d’améliorer la santé maternelle et infantile. Ce programme vise non seulement à améliorer l’accès, mais également la qualité des soins fournis aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans. Afin d’atteindre cet objectif, des contrats basés sur la performance ont été signés avec les institutions participantes afin d’améliorer la gestion technique et financière des hôpitaux. Cette communication couvre les résultats préliminaires de 12 mois d’intervention.

Pour écouter la présentation de Dr Gernay Support de présentation

Période d’échanges — Bloc Financement des services de santé — Modérateurs : Dr Adrien Demes et Dr Patrick Pascal Saint-Firmin

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Bloc 4 : Système d’information sanitaire FAITS SAILLANTS Les échanges sur le système d’information sanitaire ont également été fructueux. Le premier conférencier, Claude Sicotte, a ouvert la discussion en présentant le tableau de bord comme un outil utile à la gouvernance et à la reddition de compte dans une perspective d’amélioration de la performance hospitalière. Le Dr Nancy Rachel Labbé Coq a par la suite présenté la contribution de iSanté à la production d’information stratégique utile à la prise de décision. Finalement, le Dr Jean Patrick Alfred est venu témoigner de l’état d’avancement du système d’information sanitaire national unique (SISNU) du MSPP, ainsi que des perspectives pour la poursuite de son amélioration. La présentation du professeur Claude Sicotte a dans un premier temps bien campé les liens entre système d’information et performance hospitalière, en soulignant l’utilité de l’outil de tableau de bord tant à l’interne pour les responsables des institutions hospitalières et des cliniciens (gouvernance et prise de décision) qu’à l’externe pour les responsables sanitaires centraux, les bailleurs de fonds et la population (reddition de compte). Depuis quelques années, la performance occupe une place prépondérante dans le discours sur la santé, tant du point de vue clinique que du point de vue gestionnaire, sans pour autant qu’elle fasse l’objet d’une définition claire et unique. Quatre modèles de performance sont plus largement répandus : le modèle rationnel d’atteinte des buts, le modèle de l’analyse des processus internes, le modèle de l’acquisition des ressources et le modèle des relations humaines. C’est donc dire que la performance est multidimensionnelle et que les modèles présentés reflètent tous des visions différentes, mais complémentaires, qui peuvent être juxtaposées, voire équilibrées entre elles, pour l’optimisation de la performance dans sa globalité. Maintenant, comment pouvons-nous apprécier la performance? Il s’agit en fait de bien définir les indicateurs que l’on souhaite mesure, en fonction de la vision de la performance — les indicateurs de suivi en ce qui concerne la gouvernance interne et les indicateurs de résultats en ce qui concerne la reddition de comptes externe. Deux grands défis se posent alors : celui de la multidimensionnalité et celui de la mesure sommative de la performance de l’organisation. L’adoption d’une vision configurationnelle, c’est-à-dire qui prenne en considération le caractère multidimensionnel de la performance en favorisant l’intégration et la synergie entre les indicateurs de suivi et de résultats, apporte ici des pistes de solution. On devrait effectivement chercher à établir un modèle d’appréciation de la performance qui soit large (complet, varié, multidimensionnel) et intégré (compromis entre certains indicateurs, inclusion des forces opposées) de manière à ce que des perspectives multiples, et parfois contradictoires, puissent être prises en compte pour apprécier la performance. Deux modèles méritent à cet effet d’être pris en considération : il s’agit du modèle parsonien et du modèle du bilan équilibré («balanced scorecard» de Kaplan et Norton) qui, s’ils ne constituent pas des solutions simples et ne règlent pas la complexité de l’évaluation de la performance, ont le mérite d’en reconnaître le caractère multidimensionnel et d’être caractérisés par leur approche holistique de la performance. Le modèle parsonien est basé sur la théorie de l’action sociale (Parsons) qui définit les fonctions que devrait remplir l’organisation pour être considérée comme performante : adaptation (acquisition des ressources, réponse aux besoins de la population, attrait des clientèles, mobilisation de la communauté, capacité d’innovation et de transformation), buts (efficacité, efficience, équité, satisfaction du public), production (volume de soins et de services, productivité, coordination, qualité) et valeurs (consensus autour du système de valeurs de l’organisation, climat organisationnel, environnement de travail, état de santé des employés, satisfaction au travail). Le modèle du bilan équilibré repose quant à lui sur l’adoption d’une vision stratégique par l’organisation et des moyens qu’elle se donne pour traduire les objectifs organisationnels en un ensemble cohérent de mesure de la performance. Il intègre généralement les variables suivantes : le client, le financement, les processus d’affaires et la capacité de l’organisation à apprendre et à se développer. L’élaboration d’indicateurs pour l’évaluation de chaque variable de ces deux modèles doit permettre d’évaluer la performance,

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mais sur quelles bases peut-on concevoir des tableaux de bord utiles tant à la reddition de comptes qu’à la gouvernance? Le message à retenir ici est surtout de se doter, dès le départ, d’un modèle large, multidimensionnel, allant au-delà de la simple liste d’indicateurs, de manière à favoriser l’alignement dans une perspective d’optimisation. En d’autres termes, il s’agit de mettre sur pied un modèle qui permette de répondre aux besoins en informations utiles tant à la gouvernance de l’organisation (tableau de bord de pilotage à l’interne) qu’à sa reddition de comptes (tableau de bord de reporting à l’externe). Le Dr Nancy Rachel Labbé Coq a par la suite présenté le système iSanté, développé par I-TECH avec la collaboration de l’Université de Washington et à la demande du MSPP et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains. La surveillance et la production d’information sanitaires sont, tel que reconnu dans la PNS, essentielles à la prise de décision dans le secteur de la santé. Or, pour que les données récoltées soient effectivement utiles à la prise de décision, il faut avoir la capacité de les compiler et de les analyser, et pouvoir y accéder facilement. Le système iSanté, développé à partir de 2005, a cet objectif. Il s’agit d’une plateforme de l’univers Windows, simple et facile à manipuler où des utilisateurs multiples peuvent à la fois rentrer des données sur le suivi des patients et accéder à des informations spécifiques ou consolidées. La base de données a historiquement débutée avec l’archivage des dossiers de patients atteints de VIH/sida (dossiers adultes et dossiers pédiatriques), à partir de 2005. Sont ensuite venues s’ajouter les données sur les soins de santé primaires, en particulier ceux liés à la santé maternelle et infantile (dossiers obstétriques des femmes prises en charge, dossiers pédiatriques). iSanté est actuellement implanté dans 109 institutions à travers le pays, pour un total de 206 993 dossiers. S’il a été développé dans une perspective de suivi et de gestion des dossiers de patients, iSanté peut cependant être utilisé tant du point de vue clinique que gestionnaire. La base de données pourrait également avoir des applications utiles pour l’organisation des services de santé, l’amélioration de la qualité, l’évaluation de la performance, la formation, la recherche, etc. Des fonctionnalités de facturation et d’enregistrement comptable pourraient également être intégrées au système. Les fonctions de laboratoire et d’imagerie font l’objet d’un projet pilote. En termes de perspectives, on espère que d’autres modules, dans la perspective de revitalisation du CONASIS du MSPP, pourront être ajoutées au système iSanté — en fonction des besoins déjà exprimés par les institutions hospitalières. Il est également envisagé de permettre la production de rapports plus complexes et plus diversifiés, et de faciliter la gestion des rendez-vous comme des mécanismes de recouvrement de coûts. Les défis en ce qui concerne l’implantation du système d’information sanitaire sont bien connus : l’absence de cadre légal et de politique en matière de sécurité et de confidentialités des informations médicales, l’absence de standards pour le partage d’informations, les difficultés liées à l’identification unique des patients, la poursuite de l’amélioration de la qualité des données, l’utilisation effective des informations pour la prise de décision et le maintien des ressources nécessaires au développement du système d’information sanitaire. Le Dr Jean Patrick Alfred a finalement présenté l’état actuel du système d’information sanitaire du MSPP et ses perspectives de développement. Le Système d’information sanitaire national unique est un ensemble articulé de moyens, de normes et de procédures mis en place pour collecter, traiter, analyser et interpréter de façon continue des données fiables, en vue de produire et de diffuser des informations utiles à la prise de décision à tous les niveaux du système, dans le cadre de la planification, de l’exécution, du suivi et de l’évaluation des activités sanitaires. Il existe au MSPP d’autres bases de données spécifiques — ressources humaines, tuberculose, VIH/Sida, données financières, carte sanitaire, etc. Il est prévu, dans le cadre de l’implantation du SISNU de tenir compte de ces avancées. La révision du SISNU passe donc dans un premier temps par l’harmonisation des différentes bases de données spécifiques et la standardisation des procédures — ce qui soulève des enjeux considérables de coordination des intervenants du secteur de la santé. Des efforts sont déployés depuis quelques années pour renforcer les trois piliers centraux du SISNU — le pilier statistiques de services (simplification des outils de collecte et de rapportage, publication des annuaires statistiques, développement d’outils de collecte

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primaire), le pilier surveillance épidémiologique (renforcement du système de notification et d’investigation des cas, simplification des formulaires de rapportage, intégration du système de surveillance du choléra) et le pilier statistiques de ressources (développement du SIGRH, développement du volet de gestion des intrants). Les pistes à explorer par la suite concernent le renforcement des capacités de gestion de l’information (production, diffusion, archivage) et l’utilisation de l’information générée pour la prise de décision aux niveaux stratégique, intermédiaire et opérationnel. La mise en place d’un noyau technique — au sein de l’UEP, mais élargi aux partenaires impliqués dans la mise en place du SISNU — permet d’envisager d’autres avancées. INTERVENTIONS

Tableau de bord et amélioration de la performance de l’hôpital : Entre outil de gouvernance et reddition de comptes — Claude Sicotte

Claude Sicotte est professeur titulaire au Département d’administration de la santé de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Depuis plusieurs années, il s’intéresse à la conceptualisation de la performance au niveau des organisations publiques complexes, dont l’hôpital. Ses travaux de recherche portent notamment sur cette question ainsi que sur les défis présentés par la mesure de la performance et son impact sur les stratégies de gestion.

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L’appréciation de la performance des hôpitaux est devenue un enjeu important guidant la plupart des réformes contemporaines entreprises dans nos systèmes de santé. Dans cette perspective, la reddition de comptes s’est hissée comme un des objectifs phares de ces réformes. En contrepartie, l’amélioration de la performance et la qualité de la gouvernance qu’elle implique se voient confrontées à la rigidité de cette reddition. Comment peut-on réconcilier ces deux objectifs? Les tableaux de bord peuvent-ils contribuer à résoudre ce dilemme?

Pour écouter la présentation de M. Sicotte Support de présentation

Rôle stratégique du système d’information au sein des hôpitaux : la place de iSanté — Dr Nancy Rachel Labbé Coq

Dr Nancy Rachel Labbé Coq est un médecin spécialisé en pédiatrie diplômé de la FMP/UEH qui a occupé de nombreuses fonctions de gestion au sein du système de santé haïtien. Elle détient également une Maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal et est doctorante en leadership et management à l’Institut supérieur international de leadership en Belgique. Dr Labbé Coq est actuellement directrice-pays de I-TECH en Haïti, en plus d’occuper les fonctions d’assistant-professeur clinique au Département de santé mondiale de la University of Washington.

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Cette communication présente le système iSanté, développé par I-TECH avec la collaboration de l’Université de Washington et à la demande du MSPP et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains. Le système iSanté, qui fait partie du Système d’information sanitaire haïtien et où plus de 206 993 dossiers de patients sont enregistrés, facilite la gestion et l’utilisation des données relatives aux patients pour les prestataires de soins des 109 institutions de santé où il est implanté. Au point de vue macro, iSanté est utilisé pour

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l’amélioration de la qualité des services (HealQual project), la recherche et la surveillance épidémiologique — VIH/SIDA, malaria, etc. Les données générées contribuent à la prise de décision aux niveaux institutionnel, départemental et national.

Pour écouter la présentation de Dr Labbé Coq

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État d'avancement du Système d'information sanitaire et perspectives — Dr Jean Patrick Alfred Jean Patrick Alfred est un médecin généraliste diplômé l’Université Notre Dame d’Haïti. Il détient aussi un DESS en management et en gestion des services de santé de l’Université d’État d’Haïti et une maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal. Il a occupé différentes fonctions de gestion et de recherche dans le système de santé haïtien, tant au sein du secteur public que privé. Il est actuellement assistant directeur de l’Unité d’étude et de programmation (UEP) du MSPP.

*** Le système d’information sanitaire (SIS) est un ensemble articulé de moyens, normes et procédures mis en place pour collecter, traiter et analyser des données fiables en vue de produire des informations utiles à la prise de décision pour la planification, l’exécution, le suivi et l’évaluation des activités sanitaires. Le Système d’information sanitaire national unique (SISNU), tel que décrit dans la politique nationale de santé, repose sur trois piliers : statistiques de services, surveillance épidémiologique et statistiques de ressources (humaines, matérielles, financières). Cette communication présente la situation actuelle du SIS ainsi que les perspectives pour son amélioration.

Pour écouter la présentation de Dr Alfred

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Période d’échanges — Bloc Système d’information sanitaire — Modérateurs : Dr Maryse Gourdet et Dr Frédéric Barau Déjean

Pour écouter la période d’échanges du Bloc Système d’information sanitaire

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Activités de clôture FAITS SAILLANTS Les activités de clôture du 3e Colloque Ary Bordes ont débuté avec la tenue d’une conférence du Dr Mario Laroche qui, après une synthèse des faits saillants discutés tout au long du colloque, a proposé quelques pistes de réflexion quant à la mise en place d’une véritable politique hospitalière. Pourquoi se concentrer sur l’hôpital public et ne pas étendre la réflexion aux hôpitaux privés?, s’est-il demandé d’emblée. Le public souhaite après tout avoir accès à des soins de qualité. On peut également s’interroger sur la nature des établissements publics gérés et financés par des fonds privés. La plupart des constats évoqués sont déjà connus : faiblesse du cadre légal et règlementaire, capacités managériales limitées, vision et choix peu clairs, précarité des ressources humaines et financières, exploitation inadéquate des ressources disponibles, absence de mécanismes coordonnés de mobilisation et d’allocation de fonds, interventions peu pérennes et disparates, faiblesse des mécanismes de solidarité et de péréquation, etc. La réalité est préoccupante. On a parlé beaucoup des faiblesses, un peu moins des forces, davantage des risques que des opportunités. Mais nous avons au moins franchi le pas d’avoir pris la conscience collective de nos incompétences en ce qui a trait à la performance hospitalière. L’accessibilité et la qualité des soins, l’efficience, la pérennité et l’équité sont apparus comme les valeurs et principes devant encadrer toute action d’amélioration de la performance des hôpitaux haïtiens. Les défis sont de taille. Ils concernent notamment : la régulation, la coordination et la planification, la gestion des ressources humaines, la gestion des équipements et des infrastructures, le contrôle de la qualité, l’enseignement et la recherche, etc. Certains souhaitent un diagnostic approfondi des hôpitaux, d’autres pensent déjà à une réforme. Mais concrètement, que souhaite-t-on vraiment pour l’hôpital haïtien et comment pouvons-nous juger de sa performance? Quelles seraient les spécificités de notre modèle? Il s’agit là de questions qu’on devra adresser dans l’éventualité du développement d’une politique hospitalière en Haïti. Des orientations stratégiques devraient ensuite être définies, en cohérence avec les priorités sectorielles et les choix de développement nationaux — et en fonction des moyens alloués. Le développement d’une vision globale de l’hôpital et l’établissement d’un cadre de référence commun et consensuel apparaît comme un préalable important. Plus spécifiquement, cela veut dire définir et organiser l’offre (services curatifs, préventifs et promotionnels, complémentarité et continuité entre les établissements de soins), renforcer le cadre institutionnel hospitalier (statut et rôle de l’hôpital, personnalité juridique et autonomie des hôpitaux publics, statuts professionnels particuliers liés au développement du réseau hospitalier, place du secteur privé, hôpitaux évoluant hors système, etc.), développer des outils appropriés (planification hospitalière, management hospitalier, agrément et évaluation des hôpitaux, mobilisation et allocation des fonds publics aux hôpitaux, intégration des fonction d’enseignement et de recherche, etc.). Une brève période d’échanges a suivi la présentation du Dr Laroche. Dr Guirlaine Raymond, directrice générale du MSPP, et M. Lucien Albert, directeur de l’Unité de santé internationale (USI) ont par la suite adressé leurs remerciements et leurs encouragements à poursuivre la réflexion — et surtout l’action — pour l’amélioration de la performance des hôpitaux en Haïti.

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INTERVENTIONS

Conférence de clôture : Qui a déjà vu un hôpital haïtien performant? — Dr Mario Laroche

Médecin de Santé publique, actuellement Directeur exécutif et consultant du groupe GENESIS, Mario Laroche est enseignant du programme de 2ème cycle de DESS en Management et gestion des services de santé de la FMP/UEH. Il a été Directeur du Département Sanitaire du Sud/MSPP (1995-1999) et Directeur de la Direction d’Organisation des Services de Santé/MSPP (1999-2002). Ses principaux domaines d’intérêt sont : le développement de systèmes de santé, l’organisation des services, le renforcement organisationnel et l’analyse des politiques publiques.

*** Les différentes présentations ont abordé de manière spécifique plusieurs aspects pertinents de la problématique des hôpitaux haïtiens : la gouvernance et l’insertion dans le système de santé, la gestion des ressources humaines, le financement et la gestion de l’information. La conférence de clôture sera l’occasion d’un survol des points saillants évoqués durant deux jours et surtout un prétexte pour amorcer, sans prétention et sans complaisance, la réflexion autour d’une véritable politique hospitalière.

Pour écouter la présentation de Dr Laroche Support de présentation

Période d’échanges — Modérateurs : Dr Gabriel Thimothé et Dr Paul Adrien

Pour écouter la période d’échanges du Bloc de clôture

Mots de clôture officiels Pour écouter le mot de clôture de M. Lucien Albert, directeur de l’USI

Pour écouter le mot de clôture de Dr Guirlaine Raymond, directrice générale du MSPP

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REVUE DE PRESSE

Résumé Plus de 25 journalistes et représentants de la presse ont assisté au 3e Colloque Ary Bordes. Plusieurs stations de radio (notamment Scoop FM, Signal FM, Radio Vision 2000, Galaxie), de télévision (TNH, Télé Superstar, Télévision 2000) et médias écrits et électroniques (HPN, Le Nouvelliste) présents sur place ont pu prendre des images et réaliser des entrevues, notamment avec la directrice générale du MSPP, Dr Guirlaine Raymond, avec le directeur de l’Unité de santé internationale (USI), M. Lucien Albert, ainsi qu’avec certains conférenciers. Plusieurs articles portant sur la tenue du 3e Colloque Ary Bordes ont été publiés — la liste est reproduite plus loin. Certains d’entre eux abordaient même des thématiques discutées plus en profondeur dans le cadre du colloque. C’est le cas, par exemple, d’un article d’AlterPresse sur les mécanismes de financement à mettre en place dans les hôpitaux publics, où étaient cités les propos du Dr Junot Félix, du professeur Valéry Ridde et du directeur de l’Alternative Insurance Company, Emile Pantaléon, tous trois invités à prononcer une conférence sur le financement des services de santé dans le cadre du 3e Colloque Ary Bordes. Les dépêches diffusées dès le premier jour du colloque ont également permis la circulation de l’information sur la tenue du 3e Colloque Ary Bordes à travers différents réseaux — Média Alternative, Réseau développement durable, MediaTerre, notamment. Fait intéressant à souligner en ce qui à trait au relai de l’information, les publications en direct du chercheur Valéry Ridde sur son fil Twitter ont permis d’apporter une touche interactive à l’expérience du colloque. La mise en ligne des extraits sonores et des supports de présentation a également favorisé la visibilité du 3e Colloque Ary Bordes, aussi bien en Haïti qu’à l’étranger. Plus de 565 écoutes ont effectivement été enregistrées à ce jour. Il faut finalement mentionner la contribution médiatique toute particulière d’un étudiant du programme de DESS-MGSS également récipiendaire du Prix Henri Deschamps. Évains Wêche a effectivement rédigé un article fort pertinent sur les questionnements suscités par la tenue du 3e Colloque Ary Bordes. Ce texte, intitulé «De quoi souffrent les hôpitaux haïtiens» et publié dans Le Nouvelliste le 21 novembre 2013, est reproduit ci-dessous.

De quoi souffrent les hôpitaux haïtiens? Le 3e Colloque Ary Bordes, réalisé par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avec le support du Projet d’Appui au Renforcement des Capacités en gestion de la santé en Haïti (PARC), l’Unité de santé internationale (USI) de l’Université de Montréal (UdeM) et le gouvernement canadien, a réuni une vingtaine de spécialistes nationaux et internationaux et plus de trois cents décideurs, gestionnaires et prestataires du système de santé haïtien les 29 et 30 octobre 2013 à l’hôtel Karibe. Autour du thème L’hôpital public dans le système de soins en Haïti : Défis, enjeux et stratégies pour améliorer sa performance, ces spécialistes ont présenté des conférences les unes plus pertinentes que les autres et portant sur les expériences nationales et internationales en lien avec les perspectives de développement de l’hôpital public. Alors que de nombreux projets de construction et de réhabilitation d’infrastructures sont en cours ou viennent d’être réalisés en Haïti — Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, Hôpital La Providence des Gonaïves, Hôpital universitaire de Mirebalais, Hôpital Saint-Michel de Jacmel, etc. —, plusieurs intervenants ont tiré la sonnette d’alarme. Ils ont insisté sur l’échec de nombreux pays évoluant dans des contextes similaires et qui ont mis l’accent sur la

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construction de nouvelles structures hospitalières sans définir un cadre de gestion rationnel et efficace devant assurer leur bon fonctionnement et leur pérennisation au sein du système de santé. Dans ses propos d’ouverture, la directrice générale du MSPP, le Dr Guirlaine Raymond, a mis en évidence l’intérêt des autorités sanitaires publiques pour la problématique de la gestion hospitalière. Elle a énuméré avec beaucoup de clairvoyance quelques problèmes déjà vécus au sein des hôpitaux haïtiens, et qui risquent encore de s’aggraver si un cadre de fonctionnement n’est pas clairement défini pour les structures hospitalières publiques : ressources humaines limitées, déficits des plateaux techniques, qualité variable des soins… Elle a mis en relation la place de l’hôpital dans le système de santé et ses effets dans la communauté. Tout en reconnaissant que le rôle de l’hôpital varie selon les contextes, l’éminent professeur Lucien Albert, directeur de l’USI/UdeM qui a accompagné la réforme hospitalière dans plusieurs pays, a mis en garde les acteurs haïtiens sur les éventuelles dérives d’un projet hospitalier mal planifié et sans stratégies de dotation et de financement sur le long terme. En utilisant la métaphore de l’éléphant, il a attiré l’attention de l’audience sur les risques en lien avec la stricte considération d’ériger des infrastructures hospitalières sans se préoccuper de la mise en place de mécanismes permettant d’assurer la gestion rationnelle et efficace des ressources et leur intégration au système de soins existant : l’éléphant blanc, qui serait un hôpital flambant neuf mais peu utilisé ; l’éléphant malade qui se rapporterait à un hôpital mal entretenu, faute de financement ; et l’é léphant égaré, hôpital supporté par une coopération internationale sans interaction avec le système de santé national. «Faut-il penser le changement ou changer le pansement ?», a-t-il conclu, laissant miroiter le caractère urgent de la réforme hospitalière en Haïti. Les présentations suivantes ont attiré l’attention sur la gouvernance du système, la gestion des ressources humaines, le financement et le système d’information sanitaire. Ces quatre fonctions ont des incidences sur l’offre des soins, la logistique, les infrastructures et bien d’autres aspects relatifs à la gestion opérationnelle des hôpitaux publics. Le Dr Mario Laroche a brillamment fait la synthèse des constats et débats de ces deux jours de réflexion à travers une présentation au titre évocateur : Qui a déjà vu un hôpital haïtien performant? Résumons ses observations, pertinentes pour l’avenir de tous les citoyens haïtiens. Constats Nos hôpitaux souffrent d’une faiblesse du cadre légal et réglementaire, de capacités managériales limitées, de vision floue, de précarités des ressources humaines, d’exploitation inadéquate des ressources disponibles, d’absence de mécanismes coordonnés de mobilisation et d’allocation de fonds, de manque de pérennisation des interventions, de faiblesses, de faiblesses, de faiblesses… Les experts n’ont pas manqué de toucher la plaie du doigt. Dans ce contexte plutôt sombre, il a tout de même cerné certaines opportunités. Citons entre autres la disponibilité de la Politique nationale de santé, qui matérialise la volonté de changement des décideurs, l’appui technique et financier de certains partenaires pour la construction de nouveaux hôpitaux, l’existence d’un programme postgradué sur le management et la gestion des services de santé (DESS/MGSS) à l’Université d’État d’Haïti (UEH) qui a déjà formé plus de 275 gestionnaires compétents pour les institutions haïtiennes; l’existence du Système d’Information de Gestion des Ressources Humaines (SIGRH), outil de gestion en ligne qui facilite la déconcentration de la gestion des RH.

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Enjeux et défis Universalité, Globalité, Équité, Qualité sont des valeurs qui devraient être les maitres mots du système de santé sur l’ensemble du territoire national, dans la logique de justice sociale qui devrait supporter idéologiquement toutes les actions des opérateurs d’un système efficace, efficient et pérenne. Pourtant, malgré les nombreuses interventions au cours de la dernière décennie, l’accessibilité géographique et financière aux soins et services demeure un enjeu majeur du système. Ouf ! Le diagnostic est complexe à poser. Faut-il y aller symptomatiquement? Guérira? Guérira pas? Quel hôpital pour Haïti? On ne pourra pas jaser de la santé de nos hôpitaux puisque apparemment les outils d’évaluation rigoureux et systématiques nous manquent. Qu’est-ce qu’un hôpital haïtien? Notre système éducatif est envahi par des écoles dites internationales qui poussent comme des champignons à travers tout le pays. Serait-ce également le cas pour nos hôpitaux? À défaut d’une définition claire et unique pour l’hôpital haïtien, «quelles seraient les orientations spécifiques pour le développement des hôpitaux?», s’est interrogé le Dr Laroche. Il va sans dire que les orientations d’un hôpital, qui voudrait éviter la métamorphose en éléphant blanc, malade ou égaré, doivent s’inscrire dans des stratégies de développement nationales durables. Un diagnostic détaillé de la situation et la définition de ces grandes orientations semblent à cet effet s’imposer. Qui a la panacée ? Disons-le d’emblée : Personne. Certains, comme le Dr Georges E. Beauvoir, vous diront qu’il faut améliorer le traitement accordé aux ressources humaines qualifiées. D’autres vous diront qu’il faut revoir les modèles de financement afin d’améliorer l’accessibilité aux soins. Qu’il faut mieux utiliser les ressources disponibles et améliorer la participation et l’implication de la communauté dans la gestion du réseau hospitalier. Les champions du Système d’information sanitaire vous diront que la transparence et l’utilisation des données fiables affuteront la pertinence des décisions à prendre. Le Dr Laroche propose de définir et d’organiser l’offre en adéquation avec l’option des Soins de santé primaires, de renforcer le cadre institutionnel et de développer des outils appropriés pour chacune des interventions (la planification, le management, l’évaluation, l’allocation de fonds publics, l’intégration des fonctions d’enseignement et de recherche…) Dans ses propos de clôture, la directrice générale du MSPP reconnait la pertinence des interventions et des débats menés pendant les deux jours du 3e Colloque Ary Bordes, ainsi nommé en l’honneur d’un éminent docteur de santé publique. Elle souligne que la haute direction du MSPP a été à l’écoute et promet de considérer à sa juste valeur la contribution de ce colloque, qui alimentera la réflexion en cours au MSPP. Le Dr Guirlaine Raymond a tenu à remercier le Projet d’appui au renforcement des capacités en gestion de la santé en Haïti (PARC), le peuple et le gouvernement canadiens représentés en la personne de M. Vincent Le Pape, Chargé d’affaires par intérim du Canada en Haïti. D’après la directrice générale, plusieurs hôpitaux ont été réhabilités; de nouvelles constructions sont en cours. Le MSPP est en chantier. «Comment assurer que les hôpitaux actuels et ceux actuellement en construction en Haïti parviennent à assurer la pérennité des investissements et le maintien d’un niveau de performance adéquat au cours des prochaines années?» Telle était la problématique de ce colloque. A-t-on réussi à démêler cet écheveau? L’avenir le dira. Entre-temps, plusieurs observateurs se demandent, perplexes, à quand cet hôpital haïtien où M. Jean et Ti-Jean pourront se rendre en toute quiétude afin d’obtenir les soins de santé adéquats dont ils ont besoin,

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et ce, sans discrimination quant à leurs moyens, leur race ou leur statut social ; à quand un système de soins anthropocentré en Haïti?

*** Evains Wêche, étudiant au DESS/MGSS Remerciements spéciaux à Émilie Parent-Bouchard, Carine Rousseau et Mario Laroche pour leur contribution à cet article.

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Liste de textes publiés dans les médias Les principaux articles publiés sur la tenue du 3e Colloque Ary Bordes — L’hôpital public dans le système de soins en Haïti : Défis, enjeux et stratégies pour améliorer la performance Le Nouvelliste :

Le remous de l’actualité, 31 octobre 2013 : annonce de la tenue du 3e Colloque Ary Bordes http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/123312/Les-remous-de-lactualite-du-jeudi-31-octobre-2013.html

«De quoi souffrent les hôpitaux haïtiens?», Evains Wêche, publié le 21 novembre 2013 http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/123627/De-quoi-souffrent-les-hopitaux-haitiens.html

HPN :

«Haïti : lancement du 3e Colloque Ary Bordes», publié le 30 octobre http://hpnhaiti.com/site/index.php/societe/10851-haiti-sante-lancement-du-3e-colloque-ary-bordes

Dépêche d’HPN relayée dans les réseaux suivants :

Sur Média Alternative : http://medialternative.fr/fr/spip.php?page=ref&id_syndic_article=560084

Sur Radio Télévision Caraïbes : http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/sante/lancement_du_3e_colloque_ary_bordes.html

Alterpresse :

«Dépêche — Haïti-Santé : Colloque sur l’amélioration de la performance des hôpitaux publics», publié le 31 octobre 2013 http://www.alterpresse.org/spip.php?article15390#.UnJkEpRvynY

«Développement durable — Haïti-Colloque Ary Bordes : Pour une réflexion collective autour des mécanismes de financement des soins médicaux», publié le 31 octobre 2013 http://www.alterpresse.org/spip.php?article15400#.UnfaQJRvynY

Texte long sur le financement des soins relayé dans les réseaux suivants :

MédiaTerre : «Pour une réflexion collective autour du financement des soins médicaux en Haïti», publié le 31 octobre 2013 http://www.mediaterre.org/actu,20131031025704,8.html

Haïti Actualités : «3e Colloque Ary Bordes : Pour un système de financement public des soins de santé en Haïti», publié le 31 octobre 2013 http://haitiactualites.com/actualites/sante/3284-3eme-colloque-ary-bordes-pour-un-systeme-de-financement-public-des-soins-de-sante-en-haiti.html