Analyse Économique Et Stratégie d'Entreprise

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  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    U N I V E R S I T E S F R N C O P H O N E S

    J

    R E F

    ANALYSE ECONOMIQUE

    ET STRATGIE

    D'ENTREPRISE

    Daniel Souli

    E D I C E F / A U P E L F

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    UNIVERSITES FRANCOPHONES

    R E F

    ANALYSE

    CONOMIQUE

    ET STRATGIE

    D'ENTREPRISE

    Daniel Souli

    E D I C E F

    58 ,

    rue Jean-Bleuzen

    92178 VANVES Cedex

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    Dans la srie : CO NO M IE, GESTION

    (EDICEF-AUPELF)

    Com ptabilit prive (G.

    Castellino, P. Romelaer)

    Le m arch des changes et la zone franc

    (D. Marteau, X. Brcken, D. Tang)

    Pratique du marketing en Afrique

    (R. de Maricourt, A. Ollivier)

    Gestion financire de l'entreprise et dveloppement financier

    {E. Cohen)

    Dette extrieure et ajustement structurel (M.Raffinot)

    Analyse conomique et stratgie d'entreprise

    (D. Souli)

    La matrise des budgets dans l'entreprise (//.

    Bouquin)

    (NEAS-AUPELF, diffusion EDICEF)

    conom ie politique pou r l'Afrique

    (M. Diouf)

    Diffusion ED ICEF ou ELLIPSE S selon pays

    EDICEF, 1992

    ISBN 2-850-69753-2

    ISSN 0993-3948

    En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intgralement ou partiellement le pr-

    sent ouvrage sans autorisation de l'diteur ou du Centre Franais de l'exploitation du droit de copie (6 bis rue

    Gabriel-Laumain - 75 010 Paris).

    Cette reproduction, par quelque procd que ce soit, constituerait donc une contrefaon sanctionne par les

    articles 425 et suivants du Code Pnal.

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    Plan de l'ouvrage

    Introduction

    i l

    Chapitre1: Des en treprises l'Entreprise

    1.

    LA DIVERSITE DES ENTREPRISES 15

    1.1. Les statuts juridiqu es

    15

    1.1.1. Les formes juridiq ues 16

    1.1.2.Les droits de proprit 17

    1.1.2.1. Le statut des propritaires 17

    1.1.2.2.La pluralit des formes des droits de proprit 20

    1.2. La diversit des dim ension s 21

    1.3. La nature des activits 22

    1.4. La varit des structures de march 23

    1.5. La pluralit des produ its 25

    1.6. L'organisation interne 26

    2.LE CONCEPT D'ENTREPRISE 27

    2.1.m ergence et organisation des entreprises 28

    2.1.1.L'apparition des entreprises 28

    2.1.1.1.L'apport de Coase 28

    2.1.1.2. La critique d'Alchian et Dem setz

    30

    2.1.1.3.L'analyse de W illiamson 31

    2.1.1.3.1.Le rle des cots de transaction 31

    2.1.1.3.2. L'importancedes actifs spcifiques 33

    2.1.2. La diversit des organisation s internes des entreprises 35

    2.1.2.1. L'efficacit des formes structurelles 35

    2.1.2.1.1.

    Les critres d'efficacit

    35

    2.1.2.1.2. Les form es structurelles

    37

    La forme fonctionnelle 37

    La forme mu ltidivisionnelle 37

    La forme adaptable 39

    La forme innovatrice 39

    2.1.2.2. Structures internes et cots de transactions 40

    2.2.

    Les progrs rcents de l'analyse

    42

    2.2.1.

    La concurrence 42

    2.2.2. La mu ltiproduction 43

    2.2.3.Les analyses stratgiques 43

    2.2.4. Le facteur humain 43

    2.2.5.La gestion des entreprises 44

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    Chapitre 2 : Taille et concentration

    1.LA DIVERS ITE DES TAILLES 45

    1.1. La mesure 45

    1.1.1. La varit des indicateurs de dimen sion 45

    1.1.1.1. Les indicateurs rels 46

    1.1.1.1.1.

    Indicateurs mesurs en imits physiques

    46

    1.1.1.1.2.Indicateurs mesurs en units montaires 47

    1.1.1.2.Les indicateurs financiers 47

    1.1.2.Le choix des critres 48

    1.1.3.Les relations entre critres 48

    1.1.3.1. Les tudes empiriques 49

    1.1.3.2.

    Les tudes conomtriques

    5 0

    1.2 .L'explication de la diversit des tailles 5 1

    1.2.1. Les diffrentes catg ories d'co nom ies d'che lle 5 2

    1.2.2.Les conomies d'che lle relles 5 3

    1.2.2.1. Les conomies d'chelle dans la production 5 3

    1.2.2.1.1. La

    spcialisation

    5 3

    1.2.2.1.2. L'indivisibilit des qu ipements

    5 4

    1.2.2.1.3. Le cas de la production en sries 5 4

    1.2.2.1.4.La taille minimum optimale

    5 5

    1.2.2.2.

    Les autres conomies d'chelle relles

    5 7

    1.2.3.

    Les conomies d'che lle montaires 5 9

    1.2.4.Le concept de taille critique 5 9

    1.2.5.Dim ensions et nom bre des tablissements 60

    2

    LA CONCENTRATION DANS LA BRANCHE 61

    2.1.La mesure de la concentration 62

    2.1.1.Les problmes mthodologiques 62

    2.1.2. Le choix d'un indice de concentration , 63

    2.1.3.Les rsultats emp iriques 66

    2.1.4. La concentration dans l'conom ie 66

    2.2. Concentration et stratgie d'entreprise 67

    2.2.1.Les facteurs explicatifs de la concen tration 67

    2.2.1.1.

    Concentration et croissance 67

    2.2.1.2. Les modalits de la croissance 68

    2.2.2. Cycle de vie du prod uit, stratgie d'entre prise et concentration 69

    Annexes

    73

    Chapitre 3 : La dynamique des relations avec l'environnement

    1. LA CO NCURRENCE 8 7

    1.1. La concen tration 87

    1.2. La croissance du secteur 87

    1.3. Le poids des cots fixes 8 8

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    1.4. L'indivisibilit d u capital 8 8

    1.4.1. Co t moyen et indivisibilit du capital 8 9

    1.4.2.Pluralit des techniques et trappe d'investiss em ent 91

    2.LA DIFFUSION DU PROGR S TECHNIQUE 94

    3.LES RELATIONS AVEC LES FOU RNISSEURS ET LES CLIENTS 97

    3.1 Politique comm erciale et march 97

    3.2.

    Le pouvoir de ngociation 98

    3.3. La rduction de l'incertitud e 99

    3.4. Les relations producteurs - distributeurs 100

    4.

    LES RELATIONS AVEC LES BAILLEURS DE FONDS

    100

    5. LA CON CURRENCE DES PRODU ITS DE SUBSTITUTION 101

    6. LES ENTRANTS POTENTIELS 102

    7. LE RLE DE L'TAT 103

    Annexe 105

    Chapitre 4 : Politique commerciale et diffrenciation

    1.

    LA PUBLICITE 108

    1.1. Publicit et demande 108

    1.1.1. La mesure de la publicit 108

    1.1.2.Les effets de rm anence 109

    1.1.3.

    L'efficacit de la pub licit 111

    1.1.4.Le budget optimal 112

    1.2. Publicit et demande la firme 114

    2.

    LA DIFFRENCIATION OBJECTIVE 115

    2.1.D ema nde et diffrenciation objective 116

    2.1.1.

    La segmentation des marchs 117

    2.1.2. Diffrenciation et concu rrence 119

    2.1.3.

    La politique de diffrenciation 121

    2.2. Conformit aux norm es et modification des caractristiques 1

    22

    2.2.1.Gestion de la qualit 122

    2.2.2. La modification des norm es 126

    2.3. La mesure des changem ents de qualit 128

    2.3.1.

    Les prix hdon istes 128

    2.3.2. Rsultats emp iriques 130

    3.PUB LICIT, QUALIT ET INFORMATION 131

    3.1. La recherche d'informations

    131

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    3.2.

    Imperfection et asymtrie de l'information 133

    3.3.Publicit et information 134

    4.

    POLITIQUE DE DIFFRENCIATION ET CONCURRENCE

    OLIGOPOLISTIQUE 138

    4.1.

    Concurrence et oligopole 138

    4.2.

    L'action par la diffrenciation objective 138

    4.3.L'emploi de la publicit 139

    Annexe 141

    Chapitre 5 : M ultiproduction et stratgie de p roduits

    1.PRODUITS ET FIRMES PLURIPRODUCTRICES 143

    2. LA MULTIPRODUCTION CONTRAINTE 147

    2.1.Les causes lies aux objectifs

    147

    2.1.1.La pluralit des objectifs 147

    2.1.2 . La ralisation des objectifs 148

    2.2.Les causes tenant l'offre

    149

    2.2.1.Les contraintes nes de la techniqu e 149

    2.2.2. Le rle des facteurs de production 150

    2.2.2.1.Facteur capital et multiproduction 15 1

    2.2.2.2. Les ca uses tenan t V excdent de facteur travail 15 2

    2.3. Les causes tenant la deman de 15 3

    2.4.La spcificit de la firme multiproductrice 15 3

    2.4.1. Les relations dans la production 154

    2.4.2. Les relations dans la demande 15 4

    3.

    LA POLITIQUE DE MULTIPRODUCTION HORIZONTALE 15 6

    3.1.

    La diffrenciation

    15 7

    3.1.1. La nature de la diffrenciation 157

    3.1.1.1.

    D finition 15 7

    3.1.1.2. Mesure 15 8

    3.1.2. Origines et mo dalits des politiques de diffrenciation 159

    3.1.2.1.

    Les causes de la diffrenciation

    15 9

    3.1.2.2. Les modalits 161

    3.1.3.Avantages et limites de la politique de diffrenciation 162

    3.2.La diversification 164

    3.2.1.La nature de la diversification 164

    3.2.1.1.D finition

    164

    3.2.1.2. Mesure 165

    3.2.2. Causes et mo dalits des politiques de diversification 166

    3.2.2.1.

    Les raisons de la diversification

    166

    3.2.2.2. Modalits de la diversification 168

    3.2.3.Avantages et limites de la politique de diversification 170

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    Chapitre 6 : L'intgration verticale

    1.

    DFINITION ET MESURE DE L'INTGRATION VERTICALE

    173

    1.1. La nature de l'intgration verticale 173

    1.2. Mesure 174

    2.

    LES EXPLICATIONS TRADITIONN ELLES 175

    2.1.

    Raisons lies la rduction des cots 175

    2.2.

    R aisons stratgiques 177

    2.2.1.Les anticipations 177

    2.2.2 . Les pratiques anticoncurrentielles 178

    2.2.3.

    L'volution des marchs 181

    3.

    DYSFONCTIONNEMENT DES MARCHS ET INTGRATION

    VERTICALE 18 3

    3.1.

    Le rle des actifs spcifiques

    18 3

    3.2.

    changes marchands et externalits 185

    4.

    LES LIMITES DE L'INTGRATION VERTICALE 186

    5. ENTRE LE M ARCH ET LA FIRM E INTGRE

    18 8

    5.1.Les restrictions verticales 18 9

    5.1.1.

    Le prix de revente impos 189

    5 .1.2. Les contrats de franchise 190

    5.2.

    Coopration et partenariat 190

    Annexe 194

    Chapitre 7 : Les barrires l'entre

    1.

    DEFINITION ET MESURE 195

    2.

    LES BARRIRES STRUCTURELLES 197

    2.1.

    conomies d'chelle et effet de pourcentage 197

    2.2.

    La diffrenciation

    200

    2.3.

    L es avantages absolus de cots 201

    2.4.Les barrires institutionnelles 202

    3.

    STRATGIE D'ENTREPRISE ET BARRIRES L'ENTRE

    202

    3.1.

    La publicit 203

    3.1.1.

    L'influence de la publicit 203

    3.1.2. Stratgie et publicit 205

    3.2.

    La diffrenciation objective 206

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    3.3. La recherche-dveloppemen t 209

    3.4. Cap acits de production excden taires et barrires l'entre 209

    4.MENACES STRATGIQUES ET BARRIRES L'ENTRE 213

    5. BARRIRES LA SORTIE ET BARRIRES L'ENTRE 216

    Annexe 218

    Chapitre 8 : Les ressources humaines dans l'entreprise

    1.TYPOLO GIE DES PROCESSUS DE DCISION 222

    1.1. Les structures des dcisions

    222

    1.2. La classification des dcisions 223

    1.2.1. La classification par niveau 223

    1.2.2 La classification par mthodes 226

    1.2.3.

    La classification par frquence 226

    1.3. Les correspo ndan ces entre tapes et classifications 227

    2.

    L'IMPERFECTION DES DCISIONS 228

    2.1. Objectifs, rationalit limite et rsolution des problmes 228

    2.1.1.

    La formation des objectifs 228

    2.1.2. La rationalit limite 229

    2.1.3.La zone d'acceptabilit 230

    2.1.4. La rsolution squentielle des problmes 232

    2.2.

    La rduction de l'incertitude 232

    2.2.1.

    Les mthodes de rtroaction 233

    2.2.2. Les procdures de ngociation 233

    2.2.3.

    Les procdures standards 234

    2.2.4. Le transfert du risqu e 234

    2.3. La recherche de la solution des problmes 234

    2.3.1.

    La motivation 235

    2.3.2. La navet 235

    2.3.3.Les biais 236

    2.4.

    Les mcanismes d'apprentissage 236

    2.4.1.

    La modification des objectifs 236

    2.4.2. La transformation des procdures de recherche 236

    3.LE SLACK DANS LES ORGANISATIONS 23 7

    3.1. Le rle du slack 237

    3.1.1.

    La productivit du slack 237

    3.1.2. La cohsion de l'entrep rise 238

    3.1.3.La protection contre les fluctuations de l'environnement 238

    3.2. La dissymtrie de l'volution du slack 239

    3.3.Importance et localisation du slack 240

    8

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    PLAN DE L'OUVRAGE

    3.3.1.

    Ag e et slack 240

    3.3.2. Structure interne et rpartition du slack 241

    4.

    POUVOIR ET DPENSES DISCRTIONNAIRES

    243

    Chapitre 9 : M archs financiers et OPA

    1.

    LA THORIE M ANAGERIALE 246

    1.1. Droits de proprit et pouvoir de dcision 246

    1.1.1. Les objectifs de l'entreprise 247

    1.1.2.Droit et pouvoir dans l'entreprise 248

    1.2. Le rle du march financier

    249

    1.2.1. Les offres publiqu es d'acha t 249

    1.2.2.Le fonctionnement des OPA 25 0

    1.3. Un modle de comp ortement 25 1

    1.4. Les prolongements de la thorie 25 4

    1.5. Vrifications empiriques 25 5

    2.POUVOIR FINANCIER ET OPA HOSTILES 25 7

    2.1.L'origine des OPA hostiles 25 8

    2.1.1.

    Les facteurs conomiques favorables 25 8

    2.1.2. Le financement des OPA 25 9

    2.1.3.

    Les nouveaux comportements 260

    2.2. Le droulement d es OPA hostiles 261

    2.2.1. L'attaque 261

    2.2.2. La dfense 262

    2.3. Les consquences 264

    2.4.

    L'apport de la thorie 266

    Annexes 269

    Bibliographie

    273

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    13/292

    Introduction

    La mode, dans les entreprises, est actuellement la stratgie. Le discours des dirigeants

    des grandes firmes, et celui des consultants de haute vole, est empli d'expressions comme

    planification stratgique, analyse stratgique, segmentation stratgique,... Dans l'esprit de

    ces responsables, l'laboration

    d'une

    stratgie consiste en une rflexion long terme orien-

    te vers l'action, qui

    s'oppose

    aux spculations abstraites et donc striles des conomistes

    universitaires, plus soucieux de la cohrence que du ralisme de leurs modles. Il n'est pas

    possible de leur donner totalement tort, si l'on se rfre

    l'tat

    de la thorie acadm ique d'il

    y a quelques annes. L'analyse conomique de l'entreprise tait inexistante, et la microco-

    nomie se limitait, pour l'essentiel, l'tude des marchs. Des changements profonds sont

    intervenus depuis peu, qui ont permis de concilier, au moins partiellement, la rigueur uni-

    versitaire et le souci d'aborder, de manire crdible, l'tude des situations relles. Cette vo-

    lution, qui est l'annonce d'un rapprochement entre les proccupations concrtes des dci-

    deurs et la rflexion acadmique, ne peut tre comprise que si elle est replace dans son

    contexte historique.

    Bien q u'il ait exist quelques travau x prcu rseurs, il est possible de situer la naissance de

    la microconomie la fin du sicle dernier avec le dveloppement, en conomie, du cou-

    rant de pense n o-classique.

    Pendant longtemps, le champ de la microconomie

    s'est

    limit la thorie des marchs,

    sur lesquels se rencontraient une demande manant des acheteurs potentiels et une offre

    gnre par des producteurs, souvent abusivement qualifis d'entreprises. Le problme

    essentiel tait d'an alys er les caractristiques du fonctionnem ent de quelques structures par-

    ticulires de march, qui se distinguaient, sur le fond, par l'existence d'une concurrence

    entre firmes d'intensit variable. Les deux situations de rfrence taient, d'une part la

    concurrence pure et parfaite, d'autre part le monopole. L'objectif poursuivi par ces tudes

    tait de dterminer l'impact sur l'quilibre conomique gnral et sur le bien-tre collectif

    de l'existence de ces diffrentes catgories de march s. Un des thm es centraux de la tho-

    rie no-classique est en effet que le libre jeu des mcanismes de la concurrence conduit

    spontanment l 'co nom ie une situation d'optimum

    collectif.

    Ce modle no-classique peut, dans sa forme la plus simple, apparatre rducteur

    l'extrme pour de nombreuses raisons, dont les principales sont les suivantes :

    - l'entreprise est un simple lieu de production o les facteurs (travail, capital, consom ma-

    tions intermdiaires) sont combins pour donner naissance un produit fini,

    - toutes les transactions (achat de facteurs, vente de produits) se droulen t sur des marchs,

    c'est--dire l'extrieur de l'entreprise. Sauf cas exceptionnel, ces marchs sont supposs

    tre concurrentiels,

    - la firme est dirige par un entrepreneur, qui en est en mme temps le propritaire. L'entre-

    preneur est un agent conomique parfaitement rationnel, capable, chaque instant, de

    prend re les dcisions op timales. Il est en outre parfaitement inform,

    - l'objectif dela firme est celui de l'entrep reneur : la maximisation du profit.

    Pour l'conomiste no-classique l'entreprise est une bote noire. Il n'y a pas lieu de

    s'interroger sur les modalits de son fonctionnement interne puisque, par hypothse, les

    dcisions de l'entrepreneur sont optimales.

    11

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    14/292

    INTRODUCTION

    Ces choix optimaux s'effectuent en tenant compte de deux contraintes.

    Au niveau interne, ils'agitde la relation technique entre la quantit de facteurs utilise

    et la quantit de produits obtenu e. Cette relation est appele fonction de production. En pre-

    nant en considration le prix des facteurs, il est possible de valoriser la fonction de prod uc-

    tion. On tablit ainsi une relation en tre les quan tits produites et le co t de leur produc tion.

    Ce tte relation est la fonction de co t.

    Au plan externe, l'entreprise est confronte aux mcanismes des marchs sur lesquels

    elle s'approvisionne (marchs des facteurs) et sur lequel elle vend (march du produit).

    Ce m odle, labo r entre la fin du sicle dernier et le dbut de celui-ci, donne une vision

    extrmement simple, pour ne pas dire simpliste, de l'entreprise. Il a fallu pourtant attendre

    le milieu des annes 1930 pour que les premires amliorations soient apportes la tho-

    rie des marchs. Ce n'est qu' partir de 1960 que l'on assiste un rel dveloppement de

    l'cono m ie d 'entreprise qui se traduit, si ce n'est p ar une rupture avec le modle no -clas-

    sique, du moins par la remise en cause d'un nom bre important des hypothses explicites et

    implicites sur lesquelles il repose. La dmarche utilise est telle qu'il existe nanmoins, en

    permanen ce, des rfrences ce modle.C'estbien souvent par opposition ou par analogie

    avec lui que sont dfinies les situations tudies.

    Les principales critiques ont port, de manire gnrale, sur le caractre trop mcaniste

    du modle, et plus particulirement sur les points suivants :

    - Les structures de march env isages (concurrence pure et parfaite, monopole) reposen t

    sur des hypothses peu vraisemblables. Elles sont en particulier trop souvent non perti-

    nentes pour l'tude de situations relles. Il est notamment difficile de rendre compte des

    phnom nes de pouvoir. De mm e, le problme de l'apparition de no uveaux con currents ou

    du dpart d'entreprises est largement nglig.

    - Le travail est considr comme un facteur de produc tion identique aux autres. On nglige

    ainsi le fait que l'entrep rise est au ssi, et peut- tre avant tout, une organ isation h um aine . Elle

    possde sa propre structure et ses propres modalits de fonctionnement interne. De par

    l'autonomie dont ils jouissent, les hommes qui la constituent chappent en partie au dter-

    minisme simple du modle no-classique. En outre, les dcideurs ne sont ni parfaitement

    rationnels, ni parfaitement informs. La complexit croissante des problmes de gestion

    implique ncessairement une dlgation des responsabilits, et donc des pouvoirs dans

    l'entreprise.

    - La rfrence l'entrepreneu r, d irigeant-propritaire, pouvait tre admissible dans le

    cadre des cono mies d e la fin du sicle dernier. Elle ne

    l'est

    plus de nos jours. On assiste de

    plus en plus une sparation entre la proprit et la direction des entreprises, et un rle

    croissant des marchs financiers. Il en rsulte des consquences importantes en termes

    d'objectifs poursuivis par les entreprises et de contrle du comportement de leurs diri-

    geants. Ces phnomnes ne sont pas sans exercer une influence certaine sur les choix stra-

    tgiques des firmes.

    - Une hypothse constante de la thorie no-classique est que l'entreprise ne fabrique et ne

    vend qu'un seul produit:elle est mo noproductrice. L'observation mon tre au contraire que

    la presque totalit des firmes sont multiproductrices. Cette multiproduction peut prendre

    deux formes principales : la multiproduction horizontale et l'intgration verticale. Dans le

    premier cas, l'entreprise fabrique et vend plusieurs produits distincts. Dans le second, elle

    dc ide de transformer un produ it qu 'ell e vendait auparavan t (intgration avale) ou de fabri-

    quer un facteur qu'elle achetait antrieurement (intgration amont). La prise en considra-

    tion de la multiproduction conduit s'interroger sur le rle des entreprises dans l'organisa-

    tion de l'activit conom ique.

    12

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    15/292

    INTRODUCTION

    - Enfin, dans l'univers no -classique, les pouvoirs pub lics s'abstiennent, autant que faire

    se peut, d'intervenir danslejeu con om ique. Il est loin d'e n avoir toujours t ainsi, surtout

    dans un pass rcent. On assiste nanmoins actuellement, dans un certain nombre de

    branches, un dsengagement de l'tat. C e processus, connu sous le nom de drglemen-

    tation, transforme de manire importante les mcanismes de la concurrence et la situation

    des firmes sur les marchs conce rns. Un effet induit de ce libralisme se trouve dans cer-

    taines caractristiques actuelles du fonctionnement des marchs boursiers.

    L'ambition de cet ouvrage est de prsenter des analyses rcentes relatives un certain

    nombre de ces aspects. Le champ concern est vaste, et, de m anire volontaire, l 'accent a

    t mis sur l'tude de diverses facettes du comportement des entreprises. Il n'y a donc

    aucune prtention l 'exhaustivit, et des thmes importants, comme la thorie de la pro-

    duction ou le phnomne de drglementation, ne sont pas abords.

    Les dveloppements qui y figurent prennent souvent la thorie no-classique comme

    point de dpart. La connaissance de cette dernire constitue donc un pralable ncessaire

    la comprhension de la dm arche et des raisonnem ents

    1

    .

    Un souci permanent de l'auteur est de montrer que l'cono mie n'est p as simplement une

    construction abstraite, mais que ses concepts peuvent tre utiliss pour l'tude des com-

    portements rellement adopts par les entreprises. Pour cette raison, les rfrences des

    situations concrtes sont nombreuses. Si beaucoup d'exemples sont amricains ou britan-

    niques, c'est tout simplement que ces pays sont ceux o les travaux thoriques et empi-

    riques sur l 'cono mie d'entreprise et les domaines connex es ont t le plus dvelopps. La

    mme raison explique la position dominante occupe par la littrature anglo-saxonne dans

    la bibliographie.

    Enfin, on a limit autant que possible le recours la formalisation mathmatique. Ce

    n'est que dans les cas o elle s'avre utile pour tablir un rsultat ou clairer un raisonne-

    ment qu'e lle a t utilise. En d'autres term es, les mathmatiques sont considres comm e

    un auxiliaire de l'analyse co nom ique, qui ne peuvent, en aucun cas, prtendre s'y substi-

    tuer. Cette opinion, qui ne fait certes pas l'obje t d 'un consensus denos

    jours ,

    est nanmoins

    partage par un certain no mbre d'experts minents.Lejury Nobel d'cono mie a, de nom-

    breuses reprises, couronn des chercheurs dont les travaux ne comportent pas, ou peu,

    d'quations, ce qui ne nuit en rien leur qualit scientifique. Ce fut le cas, notamment, de

    B.Ohlin en 1977, et de R. Coase en 1991.

    1.

    La lecture d'un bon manuel de microconomie est donc conseille. Pour les lecteurs dj familiers avec la thorie

    des marchs, Krouse (1990) est une rfrence que l'on peut recommander.

    13

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    Chapitre 1

    Des entreprises l'Entreprise

    D'au cun s ont pu, aju ste titre, affirmer que, si les entreprises existent depuis longtem ps,

    la notion d'Entreprise est, elle, une cration rcente. En effet, depuis des sicles, les entre-

    prises sont des acteurs essentiels des processus de production et d'ch ang es. M ais ce n'e st

    que depuis peu qu'elles font l'objet d'tudes systmatiques de la part des spcialistes des

    Sciences Sociales, notamment des conomistes et des gestionnaires. Il n'y a qu'un sicle

    environ qu'a dbut l'effort d'abstraction ncessaire la construction d'un concept assez

    gnral pour embrasser la diversit des entreprises relles, mais assez pertinent pour pr-

    tendre apporter des rponses satisfaisantes aux problmes pratiques qui se posent elles.

    On peut tout d'abord constater de faon empirique l'extrme varit des organisations,

    qualifies d'entreprises, qui interviennent dans le processus conomique. Il importe ainsi,

    dans un premier tem ps, de mettre cette diversit en vidence, et d'en tudier les diffrentes

    facettes. Ce n'est qu ' l 'issue de cette tape prliminaire, destine souligner la com plexit

    des entits appeles entreprises, qu'il deviendra possible de justifier le recours au concept

    analytique d 'Entreprise, et de se pencher sur les multiples dimensions q u'i l prsente.

    1.

    LA DIVERSIT DES ENTR EPRISES

    L'observation du fonctionnement des conomies modernes conduit reconnatre la

    grande htrognit des entits regroupes sous le vocable unique d'entreprise. Les l-

    men ts qui les diffrencient sont nom breux, et l'on ne retiendra ici que quelques-uns des plus

    importants : leur statut juridique, leur taille, la nature de leurs activits, les marchs aux-

    quels elles s'adressent et les modalits de leur organisation interne. Il n'est pas possible de

    retracer ici dans le dtail cette grande diversit. On se bornera donc en souligner les

    aspects essentiels.

    1.1. Les statuts juridiqu es

    Les pouvoirs publics ont trs tt rglement l'organisation et le droulement des activi-

    ts comm erciales (Hicks, 1969), et, notammen t, les modalits de fonctionnement des entre-

    prises. Un premier aspect qui permet de d istinguer en tre les firmes concerne naturellemen t

    les rgles juridiques qu i leur sont applicab les. Il existe, dans ce dom aine, deux critres prin-

    cipaux de classification. Le premier est li la forme juridique des statuts adopts, le

    second, qu i recoupe en partie le prcdent pour des raisons historiques, la nature des dro its

    de proprit, telle que la conoivent les conomistes et les gestionnaires.

    15

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    18/292

    5 ENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    1.1.1. Les formes juridiques

    On peut distinguer, en France

    1

    , entre plusieurs catgories d'entreprises, dont on n'vo-

    quera ici que les principales

    2

    :

    - Les entreprises individu elles, qui se confondent avec les personnes physiq ues.

    - Les socits, qui bnficient de la personn alit mo rale, et sont donc distinctes de leurs

    propritaires et de leurs dirigeants. Il en existe quatre grands types principaux : les socits

    de personnes, les socits de capitaux (essentiellement socits responsabilit limite

    (SARL) et socits anonymes (SA)), les socits civiles et les socits coopratives ou

    mutualistes. Les deux premires formes de socits sont dites socits commerciales

    3

    .

    - Les associations rgies par la Loi de 19 01, but non lucratif (en princ ipe).

    - Les adm inistrations et les collectivits territoriales qui participent la produc tion et aux

    changes sous des formes diverses : administrations proprement parler (Poste, France

    Tlcom jusqu' une date rcente), tablissements publics et commerciaux (RATP, EdF,

    etc.),

    rgies.

    Il est noter que, dans cette dmarche, aucune distinction n'est effectue sur la base du

    statut public ou priv du propritaire. La BNP ou Air France, dont les capitaux sont totale-

    ment ou trs majoritairement dtenus par

    l'tat,

    sont classs dans les socits anonymes.

    Si l'on excepte l'influence des facteurs institutionnels (administrations notamment) et

    socio-politiques (mutuelles et coopratives), le choix de la forme juridique est li l'im por -

    tance de l'entreprise et la nature de son activit. Pour les seules activits de type com-

    mercial , le critre dterminant est en gnral celui de la dimension. Il existe, notamment,

    des rgles formelles de fonctionnement et de contrle d'autant plus contraignantes que la

    responsabilit patrimoniale directe des propritaires est moins engage. L'existence de

    seuils minima de capital social selon le type de socit en est une illustration.

    Tableau 1. - Form e jurid ique, respo nsabilit des associs et capital social

    Type de socit

    Socit de personnes

    SARL*

    SA

    Responsabilit des associs

    Illimite

    Limite aux apports

    Limite aux apports

    Montant m inimum du capital social

    0 F

    50 000F

    250 000F

    * Les entreprises impersonnelles responsabilit limite (EURL) ne se distinguent en rien sur ce point des SARL traditionnelles.

    Cette situation traduit simplement le fait que le capital social constitue une forme de

    garantie pour les tiers cranciers de l'entr epris e :plus la responsabilit perso nnelle des pro-

    pritaires est faible, et plus la garantie offerte par la socit elle-mme (personne morale)

    doit tre importante.

    La rpartition des entreprises franaises par forme juridique et par taille (m esure par le

    nombre de salaris

    4

    ) est donne dans le tableau suivant. L'INSEE assimile les socits de

    1.

    Des analogies troites avec la situation franaise existent dans la majorit des pays,

    sauf,

    naturellement dans ceux

    qui ont connu un rgime de proprit collective des moyens de production et d'conomie planifie.

    2.

    Il n'est pas question d'exposer dans le dtail les caractristiques juridiques des diverses sortes d'entreprises. Sur ce

    point, voir, par exemple, Guyon (1986).

    3.Commercial est pris ici au sens du droit par opposition

    civil.

    Les activits com merciales constituent l'essentiel des

    activits conom iques.

    4.

    La pertinence de ce critre de dimension est analyse dans le chapitre 2.

    16

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    19/292

    LA DIVERSIT DES ENTREPRISES

    personnes po ur lesquelles existe une transparence fiscale et une responsabilit illimite des

    associs, aux personnes p hysiques.

    Tableau 2. - Forme juridique et taille des entreprises franaises (1990)

    Forme juridique

    Personnes physiques

    SARL

    SA

    Associations Loi

    de 1901

    Socits civiles

    Administrations

    Autres

    Total

    0 - 9

    1 760 144

    479 783

    74 925

    144 589

    319 165

    104 742

    117 379

    3 000 727

    1 0 - 4 9

    14

    910

    62 227

    5 5 5 99

    12

    701

    3 749

    6 157

    6 115

    161458

    Nombre de salaris

    5 0 -199

    28 2

    4 037

    17 090

    2 400

    199

    2 213

    2 160

    28 381

    20 0-499

    10

    406

    3 199

    42 1

    39

    638

    69 5

    5 408

    500 -1 99 9

    111

    1 4 5 1

    15 1

    72

    44 5

    33 2

    2 562

    Plus de

    2000

    1

    12

    330

    7

    3

    77

    73

    5 03

    Total

    1 775 347

    546 576

    1525 94

    160 269

    323 227

    114 272

    126 75 4

    3 199 039

    Source : INSEE

    On constate d'abord que 94 % des entreprises recenses sont de petite taille (moins de

    9 salaris). On rem arque aussi, l'intrieur de chaque c lasse de taille, des relations privil-

    gies entre statut juridique et dimensions. En particulier, les entreprises individue lles dom i-

    nent l'ensemble des petites entreprises (moins de 9 salaris) alors que, au-del de 50 sala-

    ris, la forme juridique la plus frquente est la socit anonyme. La France se distingue

    d'autres pays europens (notamment l'Allemagne) par l 'importance du nombre de firmes

    de relativement faible taille dans l'ensemble des socits anonymes : prs de 86 % des SA

    occupent moins de 50 salaris. Cette situation est d'autant plus surprenante que les rgles

    formelles de fonctionnement et de contrle des socits anonymes sont lourdes et contrai-

    gnantes, et font que ce statut est mal adapt aux firmes de petite dimension.

    Un second critre de dissociation est li la nature des prop ritaires de l'entrep rise et au

    type de droits dont ils disposent.

    1.1.2. Les droits de prop rit

    En ce domaine, deux aspects principaux sont retenir: le premier concerne les agents

    qui dtiennent les droits de prop rit, le second porte sur les prrogatives et obligations qui

    sont attaches ces droits.

    1.1.2.1. Le statut

    des

    propritaires

    Dans cette optique, on est conduit distinguer le secteur public, le secteur priv et, en

    situation intermdiaire, le secteur mutualiste et

    coopratif.

    L'conomie franaise se singularise par l'importance de son

    secteur public

    qui regroupe,

    outre les activits industrielles et commerciales des administrations, les entreprises natio-

    nalises et d'cono mie mixte. Si l 'on excepte quelques avatars anciens des pouvoirs rga-

    liens traditionnels (surtout l'armement et les PTT), le secteur public industriel et commer-

    cial

    s'est

    dvelopp partir de la fin de la Prem ire Guerre M ondiale. Sa croissance

    s'est

    17

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    20/292

    DES ENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    traduite par trois vagues importantes de nationalisations en 1936-1937, 1945 -1946 et 198 2.

    Un pointd'arrt cette expansion a t marqu par les privatisations de 1987.

    Le poids du secteur public dans

    l'conomie

    franaise est consid rable. Il a t large me nt

    augm ent par les nationalisations de 198 2, qui ont notamment con cern 10 grands group es

    industriels, 36 banqu es, et 2 tablissements financiers d'impo rtance.

    Tableau 3. - Poids du secteur public dans l'conomie franaise

    (en pourcentage du total)

    %

    Emploi

    Valeur ajoute

    Exportations

    Investissements

    Avant 1982

    13

    21

    11

    29

    Aprs 1982

    16

    28

    23

    36

    Source : INSEE

    L'importance du secteur public est trs variable selon les branches. Elle est particulire-

    men t considrable dans les tlcomm unications (8 3 %) et les transports (46 %) et au

    contraire extrmement faible pour les services marchands non financiers. On retrouve cette

    diversit de situations

    l'intrieur

    mme du secteur industriel.

    Tableau 4. - Poids du secteur public dans l'industrie

    (en pourcentage du total)

    nergie

    Effectifs

    Valeur ajoute

    Investissements

    Exportations

    Biens intermdiaires

    Effectifs

    Valeur ajoute

    Investissements

    Exportations

    Biensd quipement

    Effectifs

    Valeur ajoute

    Investissements

    Exportations

    Biens de consommation

    Effectifs

    Valeur ajoute

    Investissements

    Exportations

    Total activits industrielles

    Effectifs

    Valeur ajoute

    Investissements

    Exportations

    1982

    80,60

    82,60

    91,10

    29,00

    22,00

    25 ,90

    39,30

    39,30

    29,10

    33,00

    38 ,40

    36,00

    3,70

    5 ,30

    8,00

    6,50

    24,00

    32,40

    5 8 ,70

    32,70

    1985

    78 ,60

    8 8 , 6 0

    8 8 , 7 0

    43,70

    22,90

    28 ,70

    47,40

    45 ,90

    29,20

    30,90

    36,10

    36,30

    3,90

    5 ,30

    7,60

    7,60

    24,40

    35 ,20

    5 4 , 5 0

    35 ,70

    Source : INSEE

    18

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    21/292

    LA DIVERSIT DES ENTREPRISES

    Les privatisations de 198 7

    1

    ont port essentiellemen t sur des entreprises nationalises en

    1982;les deux excep tions notables sont la Socit Gnrale et

    TF1.

    Comme l'implique une

    saine logique conomique, ces firmes appartiennent au secteur concurrentiel et prsentent

    des perspectives satisfaisantes de rentabilit. En effet, remplacer un monopole public par

    un mo nopole p riv ne peut tre que prjudiciable la collectivit. D'autre part, peu d'ache -

    teurs seraient prtspayer pour une firme dont les seules perspectives d 'avenir sont un dfi-

    cit permanent

    2

    .

    La spcificit du

    secteur mutualiste et coopratif

    tient dans le fait que la proprit de

    l'entreprise appartient ses socitaires, qui sont ses clients ou son personnel. Le principe qui

    se trouve l'origine de l'apparition de cette forme de firme est celui de la solidarit entre

    agents partageant des intrts et des objectifs communs, et dsireux d'chapper, dans une

    certaine m esure, la logique de la recherche individuelle du profit, considre par certains

    comme le trait dominant des conomies de march. De ce fait, mutuelles et coopratives

    sont, en droit, sans but

    lucratif.

    On trouve, en France, des organisations de ce type dans la

    quasi totalit des secteurs d'activit :banques (Crdit Mutuel, CNCA), assurances (MA1F,

    etc.),

    agriculture (coopratives d'achat, de production

    3

    et de vente), grande distribution

    (Coop), production industrielle (SCOP:Socits coopratives ouvrires de p roduction). De

    mm e que la nature de leurs activits, la dimension de ces firmes est extrmem ent d iverse.

    Pour le

    secteur priv

    enfin, un aspect important prendre en com pte est la nationalit des

    entreprises (ou plus prcisment l'origine nationale de leurs capitaux). La mondialisation

    de certains marchs, la constitution de la CEE et la perspective de l'ouverture du March

    Unique en 1993 font

    que,

    de plus en plus, des entreprises trangres s'implan tent en France

    et des firmes franaises l'tranger. En 198 5 , les entreprises participation trangre repr-

    sentaient 16,6 % des effectifs employs en France, 23 ,8 %des ventes hors taxe et 15 % des

    investissements.

    Cette pntration est trs variable selon les branches, comme le montrent les exemples

    suivants.

    Tableau 5. - Taux de pntration ries entrep rises participation trangre

    dans certains secteurs de l'economie franaise (en pourcentage du total)

    Secteur

    Sidrurgie

    Mtallurgie

    Chimie de base

    Parachimie

    Pharmacie

    Machines-outils

    quipement industriel

    Matriel de traitement de l'information

    Matriel lectronique mnager et professionnel

    Construction aronautique

    Construction automobile

    Instruments de prcision

    Imprimerie, presse, dition

    Effectifs

    8 ,1

    34,0

    37,2

    47,3

    47,8

    32,4

    23,2

    51 ,4

    26,7

    7,1

    17,6

    30,0

    10,5

    CA HT

    7, 8

    22,5

    42,7

    54,3

    49,0

    33,4

    28 ,2

    69,8

    32,0

    4 , 4

    16,3

    36,6

    16,5

    Investissements

    6,9

    30,9

    37,2

    54 ,2

    54,9

    44,6

    30,2

    64,9

    27,8

    4, 2

    12,4

    35 ,8

    13,8

    VA ht

    6, 5

    11,4

    39,4

    52,2

    51,7

    31,3

    24,8

    67,2

    24,5

    5 ,9

    15 ,89

    32,3

    14,8

    Source : INSEE

    1.

    En ralit, les privatisations ont eu lieu entre septembre 1986 et janvier 1988 .

    2.Souli (198 8 ) dveloppe une analyse conomique du processus de privatisation et prsente les principales caract-

    ristiques des oprations de ce type ralises en France pendant la priode 198 6-1988 .

    3.En Savoie ou dans le Jura, l'essentiel de la production de fromages est traditionnellement ralise dans des coop-

    ratives, appeles fruitires.

    19

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    22/292

    DES ENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    Ces participations trangres sont, pour une large part, originaires des pays de la CEE.

    Ce p ourcentage ne peut qu 'tre appel crotre dans l'avenir.

    Tableau 6. - Origine gographique des participations trangres

    dans les entreprises franaises

    Allemagne (RFA)

    Belgique-Luxembourg

    Danemark

    Espagne

    Italie

    Pays-Bas

    Royaume-Uni

    CE E

    Europe

    Etats-Unis

    Japon

    Tous pays

    Participation majoritaire

    Effectifs

    (milliers)

    106

    36

    3

    1

    24

    43

    63

    276

    36 9

    203

    11

    636

    C A H T

    (milliards F)

    97,2

    34,1

    2, 5

    0,9

    20,9

    50 ,4

    57 ,7

    263,9

    341,8

    228 ,7

    9, 0

    631,7

    Investissements

    (milliards F)

    3, 9

    1,4

    0,2

    1,0

    2, 3

    2, 5

    11,3

    14,5

    10,0

    0, 5

    27,1

    Participation majoritaire

    + minoritaire

    Effectifs

    (milliers)

    116

    44

    3

    1

    30

    46

    70

    310

    41 9

    220

    13

    717

    C A H T

    (milliards F)

    105,8

    39,8

    2, 6

    1,2

    24,4

    52 ,8

    64,4

    291,2

    382,7

    240,9

    10,5

    695,4

    Investissements

    (milliards F )

    4, 6

    1,5

    0, 2

    0, 1

    1,2

    2, 4

    2, 8

    12,7

    16,6

    10,7

    0, 6

    30,3

    Source : 1NSEE

    A la diversit des propritaires d'entreprises, il convient d'associer celle des caractris-

    tiques des droits de proprit.

    1.1.2.2. La pluralit des formes des droits de proprit

    La question se pose essentiellement pour les socits de capitaux, dont les crances et

    dettes ne se confondent pas avec celles des associs. Le problme est alors non seulement

    de dfinirlesdroits de ces derniers (qui peuvent tre nombreux), ma is aussi ceux des cran -

    ciers de l'entreprise, qui n 'ont plus pou r garantie le patrimoine d es associs. Les socits

    de capitaux ont une autre caractristique : les titres reprsentatifs des droits de proprit

    sont cessibles, et le plus souvent, pour les grandes socits par actions, ngociables sur un

    march.

    Sur le plan historique, on trouve deux groupes d'anc tres aux socits modernes de capi-

    taux. Avant mm e le xv

    e

    sicle, la proprit des navires de M diterrane tait souvent divi-

    se en parts qui taient cessibles. Il en allait de mme en Europe pour certaines mines de

    cuivre et d'argent, ou pour les moulins de la rgion de Toulouse (Braudel, 1979). Mais il

    semble bien que les associs aient t responsables, sur leurs biens propres, des dettes de

    l'entreprise

    1

    . D'autre part, au dbut du xvi

    e

    sicle, sont apparues les socits en comman-

    dite (Braudel, 1979). Elles se caractrisaient par l'existence de deux catgories d'associs.

    Certains d'entre eux, les com man ditaires se bornaient fournir des fonds et ne participaien t

    1. Pour le ngoce maritime, le problme de la responsabilit personnelle des associs ne se posait gure dans les faits,

    puisque la perte maximale qu'ils pouvaient subir n'excdait pas la valeur du navire et de sa cargaison, c'est--dire le

    mon tant des fonds dj engags. Bien entendu, si une partie des fonds avait t emprunte titre personnel par un des

    associs , ce dernier en restait redevable envers son crancier.

    20

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    23/292

    LA DIVERSITE DES ENTREPRISES

    pas la gestion ; en contrepartie, ils n'taient p cuniairement responsables q u' hauteur du

    montant de leurs apports. Les autres associs, les comm andits, graient l'entreprise et leur

    responsabilit tait illimite.

    L'mergence de socits de capitaux, au sens moderne de l 'expression, n'a t que

    tardive. On l'explique, gnralement, par la croissance des financements ncessaires au

    dveloppement des activits conomiques. La recherche de capitaux a entran une aug-

    mentation corrlative du nombre des associs qui n'intervenaient pas directement dans la

    gestion. Ils auraient donc refus de participer financirement aux oprations,s'ils avaient

    t tenus pour responsables au-del des apports effectus. O n comprend ainsi l'apparition

    des comm andites. Mais, comm e le soutiennent Ekelund et Tollison (19 8 0), une autre condi-

    tion devait tre remplie po ur exercer un attrait suffisant sur les dtenteurs de capitaux et les

    dirigeants des entrep rises : il fallait perm ettre un transfert facile des parts sociales. La ce s-

    sibilit des titres prsente l'avantage, pour les bailleurs de fonds, de limiter la dure tem-

    porelle de leur engagem ent financier une priode qui peut tre infrieure celle de la vie

    de l'entreprise. Les dirigeants ont en outre la possibilit de se retirer sans qu'il en rsulte

    pour autant la dissolution de la socit, ce que n'autorisait pas le systme de co mm andite.

    Mais il ne suffit pas, cet gard, d'affirmer le principe de la cessibilit des titres ; il faut

    aussi organiser un march sur lequel les changes se droulent dans des conditions satis-

    faisantes pour les diffrents acteurs.

    La com binaison d e la responsabilit limite aux a pports et de la ngociabilit des titres a

    permis l'apparition des socits de capitaux modernes, dont une caractristique essentielle

    est la distinction qui existe entre leur personne morale, et les personnes physiques et

    morales dtentrices des titres de proprit.

    Les droits attachs ces titres sont, en gnral, de deux sortes : un droit sur les rsultats

    de l'entreprise, et un droit de regard sur sa gestion. Les progrs des techniques financires

    et juridiques font que ces deux aspects ne sont plus, com me ils l'taient l'origine, indis-

    sociablement lis. 11 existe des actions droit de vote multiple, et des titres (certificats

    d'investissement, titres subordonns dure indtermine) que l'on peut assimiler des

    actions sans droit de vote, mais avec un droit prfrentiel sur les dividen des. Parfois la pos-

    sibilit de transformer des crances obligataires en titres de proprit (obligations bon de

    souscription d'action) est aussi offerte.

    La ngociabilit des titres est elle-mme variable pour des raisons juridiques et cono-

    miques. Les statuts de la socit peuvent la limiter (clause d'agrment, par exemple, qui

    impose que tout nouvel associ soit agr par l'assemble gnrale). Surtout, il peut ne pas

    exister de march pour certains titres. Seules les actions des socits prsentant une surface

    et des garan ties suffisantes sont admises la cote des B ourses de v aleurs.

    1.2. La diversit des dimensions

    Un second critre important de diffrenciation entre les entreprises se trouve dans leurs

    dimensions. Les problmes soulevs par la mesure de taille sont particulirement com-

    plexes et seront dvelopps d ans le chapitre suivant. Il est nanmoins possible de don ner ici

    un rapide aperu des diffrences existant dans ce dom aine. Les donnes relatives aux entre -

    prises imp oses au bnfice net rel (BRN) co nstituent une excellente illustration de l 'ht -

    rognit des firmes en tenn e de dimensions.

    2 1

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    24/292

    DSENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    Tableai

    Effectifs

    salaris

    0

    1

    2 - 4

    5 - 9

    10-19

    20 - 49

    50 -99

    100-199

    200-499

    5 00-999

    1 000- 1 999

    2000- 4999

    5 000- 9999

    10000 -19 999

    20 000 -49 999

    5 0 000 et plus

    Ensemble

    i 7.

    Nombre et dimension

    Nombre

    d'entreprises

    87 539

    56 189

    137 420

    128 721

    57

    347

    47 657

    12670

    6

    25 1

    35 79

    1

    197

    494

    266

    69

    16

    19

    6

    539 440

    Effectifs

    totaux

    0

    56 189

    400 025

    873 250

    783 833

    1 483 908

    890 127

    874 044

    1 091 354

    8 23 793

    685 468

    816 180

    465 312

    232 036

    5 69 315

    911412

    10956246

    des entreprises imposes au bnfice rel net (1987)

    Effectifs

    moyens

    0

    1

    3

    7

    14

    31

    70

    140

    305

    68 8

    1 388

    3 068

    6 744

    14 5 02

    29 964

    15 1902

    20

    CA

    (ht)

    (millions)

    233 986

    90 5 8 8

    343 891

    634 48 2

    581 936

    1

    271 137

    772 138

    678 309

    899 261

    670 126

    572 263

    746 002

    471 841

    191 35 7

    343 696

    474 560

    8975573

    CA (ht)

    moyen

    finillinnci

    IIHIIIUllo^

    2,67

    1,61

    2,50

    4,93

    10,15

    26,67

    60,94

    108 ,51

    251,26

    5 5 9 , 8 4

    1 158 ,43

    2 804 ,52

    6 838 ,28

    11 95 9,81

    18 089,26

    79 093,33

    16,64

    Capital

    social

    (total

    en millions)

    166 95 0

    2 5 8 1 6

    45 188

    5 6 95 2

    36 323

    7 4 8 1 1

    52 621

    49 268

    89 959

    56 202

    5 4 5 5 6

    62 828

    37 529

    15 903

    101 406

    98 035

    /

    024 347

    Capital

    social

    (moyen

    en millions)

    1,91

    0,46

    0,33

    0,44

    0,63

    1,57

    4,15

    7 ,88

    25 ,14

    46,95

    110,44

    236,20

    543,90

    993,94

    5 337,16

    16 339,17

    1,90

    Source : INSEE

    1.3. La na ture des activits

    La nature des activits des entreprises constitue un lmen t majeur pour les distinguer les

    unes des autres. La plupart des classifications en ce domaine reposent sur des dissociation s,

    se distinguant par des degrs de finesse diffrents, du produit intrieur brut (PIB).

    Une division des plus classiques est due

    Colin Clark, qui rpartit la production natio-

    nale en trois grands secteurs. Le secteur prima ire regroupe les activits lies l'agricu lture

    la pche et

    l'extraction des ressources naturelles. Le secteur seconda ire correspond

    l'industrie au sens large, c'est--dire

    la transformation des produits de base en produits

    finis.Q uant au secteur tertiaire, il regroupe les autres activits, c'est--dire essentiellemen t

    les services.

    Tableau 8. Structure du P.I.B. franais

    (en pourcentage du total)

    Anne

    1835

    1900

    1950

    1963

    1971

    1975

    1980

    1985

    1990

    Agriculture

    50,0

    35.0

    15,0

    9,0

    6,7

    5 ,6

    4, 5

    4, 1

    3,7

    Industries

    25 ,0

    37,0

    47,0

    47,0

    42,4

    40,7

    39,5

    37,5

    31,1

    Services

    25 ,0

    28 ,0

    38 ,0

    44,0

    50 ,9

    53,7

    56 ,0

    5 8 , 0

    65 ,2

    Source: INSEE

    22

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    25/292

    LA DIVERSITE DES ENTREPRISES

    Cette dmarches'avreutile pour l'tude en longue p riode de la croissance d es cono-

    mies nationales. La transformation des activits conomiques implique, pour que les com-

    paraisons temporelles soient possibles, que l'on ait recours des catgories suffisamment

    larges pour conserver leur identit globale et rester distinctes au cours du temps. L'incon-

    vnient de cette procdu re est le corollaire de l'ava ntage prcd ent. On est condu it regrou-

    per, l 'intrieur d'un mm e secteur, des activits tout fait h trognes, la fois synch ro-

    niquement et diachroniquement. Sur ce dernier point, les mutations les plus importantes

    intervenues depuis un sicle et demi concernent surtout le poids et la nature des services.

    Certains auteurs ont mme suggr, cet gard, d'introduire un secteur quaternaire, o

    figureraient les services technologie avance et forte valeur ajoute.

    Les organismes de statistiques, qui prsident l'laboration de la com ptabilit nationale,

    procd ent, de leur ct, des dissociations plus fines de la production nationale. En France ,

    l 'INSEE propose 4 niveaux compatibles, qui sont, par degr de finesse croissant, les sui-

    vants : niveau 15 , niveau 4 0, niveau 100 et niveau 600. Le chiffre associ chaq ue niveau

    correspond approximativement au nombre de branches retenues dans la dissociation. Il est

    noter, cet gard, qu'a ux tats-Unis, il existe un niveau 2 00 0.

    Il importe de souligner qu'accrotre la finesse de la dcomposition, c'est--dire le

    nom bre des branches, ne prsente pas que des avantages. On o btient certes une information

    plus dtaille sur la situation de l'conomie un instant donn, mais, en contrepartie, on

    rduit les possibilits de comparaisons dans le temps. La mutation des activits cono-

    miqu es impose qu e, de ma nire frquente, une nouve lle dfinition statistique soit donne

    aux branches, p our que les catgories retenues correspond ent la ralit, en volution qua-

    litative permanente, du contenu de la production

    1

    .

    11 faut enfin remarquer que les dissociations les plus fines de la comptabilit nationale

    restent souvent trop grossires pour permettre l'analyse des stratgies d'entreprises,

    notamment en matire de politique de produits

    2

    . Co mm e, nanm oins, elles constituentl'une

    des rares sources de statistiques utilisables, les donnes de la comptabilit nationale sont

    souvent employes dans les travaux e mpiriques. Un problm e constant des conom istes est,

    en effet, que faute de pouvo ir utiliser les informations dsires parce qu'e lles n 'exis ten t pas,

    ils doivent se contenter de recourir celles qui sont disponibles. Il convient, dans cette

    situation frquente, de faire preuve de la plus extrme prudence dans l'interprtation des

    rsultats des tudes appliques

    1

    .

    1.4. La varit des struc ture s de march

    Les entreprises sont confrontes des environnem ents con currentiels imm diats qui peu-

    vent tre trs divers. La thorie noclassique les caractrise uniquement par le nombre des

    firmes qui interviennent sur le march et par le nombre des acheteurs.

    1. Il faut aussi tre trs prudent dans le cas des branches dont le nom ne change pas, mais pour lesquelles le produit et

    le processus de production connaissent des mutations profondes. Les exemples en sont nombreux, de la sidrurgie

    l'aronautique en passant par l'automobile.

    2.En comptabilit nationale, la dfinition statistique des branches repose sur celle des produits.

    3.Le chapitre 2, entre autres, donne l'occasion de mettre en lumire certains des aspects mthodologiques et empi-

    riques de celte question.

    23

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    26/292

    DES ENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    Tableau 9. - Les structures de march dans la thorie noclassique

    ^^~~^^^ Nombre

    ^ ^ ^ ^ d e vendeurs

    Nombre

    ^ ^ - ^ ^ ^

    d'acheteurs

    ^ ^

    Un

    Faible

    Infini

    Un

    Monopole

    bilatral

    Monopole

    contrari

    Monopole

    Faible

    Oligopole

    contrari

    Oligopole

    bilatral

    Oligopole

    Infini

    Monopsone

    Oligopsone

    Concurrence

    pure et parfaite

    Les situations le plus souvent tudies sont celles qui figurent sur la dernire ligne du

    tableau 9, o le nombre des acheteurs est lev. La libert stratgique des entreprises dif-

    fre alors considrablement entre les cas extrmes dcrits par la thorie no classique. En

    concurrence pure et parfaite, le pouvoir de la firme sur son environnement est nul.11es t au

    contraire trs important dans le cas du monopole. Il devient alors possible, en introduisant

    quelques hypothses complmentaires, de dfinir la nature de l'quilibre du march en

    fonction du seul nombre des firmes.

    Pour ne s'en tenir qu'aux cas habituellement abords (nombre lev d'acheteurs), les

    situations relles de march apparaissent plus complexes qu'elles ne sont dcrites par les

    modles traditionnels. Il s'avre, en effet, ncessaire de prendre en considration trois

    caractristiques supplmentaires : l'ingalit de la taille des entreprises, la diffrenciation

    des produits et l 'imp ortance des barrires l 'en tre.

    Ne tenir compte que du seul nombre des firmes n'e st justifi que si l 'on retient, au moins

    de manire implicite, l 'hypothse d'galit des dimensions. Bien que certaines dmarches

    thoriques concluent une tendance l 'galisation des tailles, en raison, notamment, du

    rle des conomies d'chelle

    1

    , l 'observation empirique met en vidence la persistence de

    diffrences dans les dimensions.11est certain que ce phnomne influence le drouleme nt

    du processus concurrentiel, qui n'obit pas aux mmes rgles selon qu'il y a ou non des

    firmes en position dominante sur le march.

    D'autre part, il est rare que les produits vendus soient homognes, c'est--dire que les

    acheteurs se trouvent dans l'incapacit de les distinguer. La diffrenciation, au contraire,

    pennet aux firmes d'acqurir quelques lments de monopole et d'chapper partiellement

    au dterminisme des mcanismes de march en s'attachant une demande qui leur est

    propre

    2

    . C 'est l que se trouve la source principale du pouvo ir limit des petites entreprise s.

    Enfin, il ne faut jamais oublier que la situation de concurrence n'est pas fige, mais au

    contraire volutive. L'importance relative des dimensions des firmes et le degr de diff-

    renciation des produits changent au cours du temp s. Surtout, de nouv elles entreprises pn-

    trent sur les march s, et d'autres les quittent. Les barrires l'entre et la sortie jou en t un

    rle central dans ce processus d'apparition et de disparition. Leur importance constitue

    don c, elle aussi, une des dimensions des structures des marchs.

    1. Voir chap itre 2.

    2.Le chapitre 4 est consacr l'tude de certains aspects de la politique de diffrenciation.

    24

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    27/292

    LA DIVERSIT DES ENTREPRISES

    Une illustration partielle des contrastes existant, en la matire, entre les diffrentes

    branches, est donne par les statistiques relatives aux disparitions d'entreprises.

    Tableau 10 . - Disparitions d'entreprises dans quelques secteurs de l'conom ie franaise

    Secteur d 'activit (Nomenclature NAP)

    Industrie (ensemble)

    dont :

    Production de biens d'quipement

    Production de biens intermdiaires

    Production de biens de consommations

    Btiment et gnie civil

    Commerce

    Transports et tlcommunications

    Htels, cafs, restaurants

    Services marchands rendus principalement aux entreprises et divers

    Services marchand s rendus principalement aux particuliers

    dont :

    Rparation et commerce de l'automobile

    Ensemble

    1980

    3 231

    5 5 6

    65 0

    2 025

    3 795

    5 147

    62 7

    1905

    1394

    1276

    672

    17 375

    1989

    5 8 66

    1 177

    98 2

    3 707

    8 741

    10

    839

    1535

    4

    401

    4 998

    3662

    1623

    40042

    Source : INSEE

    II convient donc de conserver l'esprit que la concurrence ne se limite pas aux seules

    firmes imp lantes sur le march. L'existence de candidats l 'entre et l 'apparition de nou-

    veaux concurrents ne sont pas sans exercer une influence certaine sur les comportements

    adopts par les entreprises

    1

    .

    1.5. La pluralit des produits

    Un autre lment de distinction entre les firmes rside dans la varit des produits

    qu'elles fabriquent.

    Une prem ire classification porte sur le nom bre des produits offerts. O n est ainsi con duit

    sparer les firmes monoproductrices des entreprises multiproductrices. D'un point de vue

    mthodologique, une difficult majeure apparat alors, lie la multiplicit des dfinitions

    que l'on peut donner du produit. Le degr de pluriproduction dpend, en effet, du concept

    prcis que l'on utilise. Le problme se pose empiriquement pour les tudes ap pliques. La

    question, dans ce cas, est alors de dterminer si l'activitd'uneentreprise relved'uneou

    de plusieurs branch es

    2

    . La rponse dpen d, en tre autres, de la finesse de la dissociation sta-

    tistique utilise:telle firme, qui est monobranche dans la nomenclature de niveau 100, peut

    devenir m ultibranche d ans la nomenclature de niveau 6 00. Sur le plan thorique, la dfini-

    tion du produit pertinente pour l'analyse des politiques d'entreprise conduit constater que

    la trs grande majorit des firmes sont multiproductrices

    3

    .

    1. L'importance de cette question est telle que le chapitre 6 lui est consacr.

    2.Par dfinition mme du secteur, une entreprise est toujours monosectorielle, quelle que soit la finesse de la disso-

    ciation.

    3.Ce constat est l'origine de l'existence des chapitres 5 et 6.

    25

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    28/292

    DES ENTREPRISES L'ENTREPRISE

    Un autre aspect important, en la matire, conce rne la nature mm e de la m ultiproduction.

    Les diffrents produits fabriqus peuvent tous tre vendus sur des marchs (multiproduc-

    tion horizontale), ou tre, en partie, transforms dans l'entreprise (intgration verticale).

    Dans le premier c as, il peut exister des similitudes plus ou m oins prononces entre les dif-

    frents produ its offerts (gamm es de produits et gammes de produ ction).

    Un point complmentaire du prcdent est li l'internationalisation des activits des

    entreprises. Une firme peut se limiter au march national, ou intervenir sur des marchs

    extrieurs soit en y exportant, soit en s'y implantan t. Elle peut aussi installer dans certains

    pays des units dont la production est, pour l'essentiel, destine tre rexporte. Le dyna-

    misme international des entreprises constitue une condition importante non seulement de

    leur dveloppem ent, mais, de plus en plus, de leur survie mm e. La forme extrm e de cette

    ouverture internationale est la multinationalisation : l'entrep rise, mme si ses capitaux sont

    majoritairement originaires d'u n seul pays, a rparti ses activits de production et de ventes

    dans p lusieurs pays. Il lui est possible d'allger ainsi le poids des contraintes po litiques et

    conomiques nationales,sauf,peut-tre, dans son pays d'origine .

    1.6. L'organisation interne

    Un dernier lment de diversit entre les firmes met en jeu leurs modalits d'organisa-

    tion interne. On d istingue, ce sujet, quatre m odalits principales. Les structures ado ptes

    par la majorit des entreprises se rattachent, qu elques v ariantes prs, l'une de ces q uatre

    catgories. De manire formelle, on les reprsente par un organigramme qui dfinit les

    comptences de chaque membre de l'organisation, et l'articulation des pouvoirs dans

    l'entreprise . Il convient nanm oins d'tre prudent cet gard, car il arrive que la ralit des

    pouvoirs diffre de sa reprsentation formelle.

    La structure pyramidale

    (ou hirarchique) est calque sur l'organisation militaire.

    Chaque subordonn n'a qu'un seul suprieur direct, qui le dirige et le contrle dans toutes

    ses activits. Cette structure exige que la comptence des chefs soit suffisamment large

    pour qu'ils puissent exercer efficacement leurs responsabilits. Elle est donc particulire-

    ment adapte aux petites entreprises.

    La structure fonctionnelle repose sur le principe de spcialisation des responsabilits

    dans l'entreprise, sur la base des principales fonctions qui y sont assures : production,

    commercialisation, finances, administration gnrale, etc. Chaque dpartement est dirig

    par une personne com ptente dans le champ couve rt. Le revers des gains d'efficacit dus

    cette spcialisation est que seul le responsable au plus haut niveau possde une vision

    d'ensemble de la firme, et a la possibilit de coordonner les diffrentes fonctions. Pour

    runir les com ptences n cessaires, il lui faut s'ap puy er sur un groupe de conseillers experts

    qui ne sont bien souvent autres que les responsables des diffrentes fonctions. U n incon v-

    nient majeur vient du fait, qu'en raison mme de leur spcialisation, il est difficile, voire,

    impossible, de comparer les performances des diffrents dpartements constituant l'entre-

    prise. Ce type d'organisation, longtemps privilgi en France, est bien adapt aux entre-

    prises industrielles de taille mo yenn e.

    La structure multidivisionnelle

    est apparue aux tats-Unis en 1925. Les deux premires

    firmes l'avoir adopte sont General Motors d'une part, Dupont de Nemours d'autre part.

    Cette organisation se caractrise par une certaine dcentralisation. Chaque d ivision est res-

    2 6

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

    29/292

    LE CONCEPT D'ENTREPRISE

    ponsable de la gestion de la totalit des oprations courantes relatives aux activits qu'elle

    poursuit ;elle constitue aussi un centre de profit au tonome. Le rle de la direction gnrale,

    dgage des contraintes de la gestion quotidienne, est de dfinir les axes de dvelopp ement

    stratgique de l'entreprise. La structure multidivisionnelle convient bien aux trs grandes

    entreprises, ou aux firmes fortement multiproductrices.

    La structure matricielle

    est trs particulire, en ce sens qu'elle procde d'une organisa-

    tion selon deux dimensions. Chaque mem bre de l'organisation dpend de deux suprieurs

    hirarchiqu es. Le premier, fonctionnel, e st li aux comptences de l'individ u. Le second est

    le responsable de la mission laquelle participe, temporairement, le membre de l'organisa-

    tion. Cette forme d'organisation est adapte aux besoins des entreprises dont l'activit

    consiste raliser des projets successifs. Une quipe, runissant les comptences nces-

    saires,

    est constitue pour chacun des projets accomplir, sous l'autorit d'un responsable.

    Lorsque le projet est achev, chaque membre de l'quipe est remis la disposition de son

    suprieur fonctionnel qui l'affecte, selon les besoins, un nouveau projet.

    Il faut enfin noter qu 'il existe parfois, sur ce sujet, un dcalage en tre le point de vue des

    juristes et celui des conom istes. Plus prcisment, l 'entit conom ique con sidre comm e

    une entreprise unique peut tre constitue de plusieurs socits distinctes, unies par des

    relations de participation. Cette situation est frquente pour les structures multidivision-

    nelles.

    Mais le droit franais ne reconnat pas encore le concep t de groupe.

    La diversit des entreprises est donc grande, et elle porte sur de multiples aspects. Il

    convient, nanmoins, de souligner cet gard que nombre de points de diffrence sont

    interdpendants : le choix de l'organisation interne, par exemple, est partiellement li la

    taille et la nature des activits ; les structures de march sont, dans une certaine mesure,

    la consquence des politiques adoptes par les firmes. Nous allons maintenant montrer

    comment, partir de cette htrognit du monde rel, il a t possible de dgager le

    concept unitaire d 'Entreprise.

    2.

    LE CONCEPT D'ENTREPRISE

    Le concept d'En treprise, tel qu 'il s'affirme actuellement, a t progressivement construit

    partir des travaux des thoriciens de l'conomie et de la gestion. Le problme mthodo-

    logique principal qu'il a fallu rsoudre tient ce que ce concept doit tre suffisamment

    gnral pour englober la diversit des entreprises existantes, et en mme temps suffisam-

    ment proche de la ralit pour tre utile l'tude de cas concrets. Le constat de la varit

    des situations relles effectu plus haut conduit une conclusion d 'impo rtance :l'entreprise

    est, de toute vidence, une entit com plexe et mu ltidimensionnelle. Le concept d'En treprise

    doit donc, lui aussi, prsenter cette multiplicit de facettes. Les dvelopp eme nts rcen ts des

    sciences conomiques ont permis d'enrichir progressivement le modle lmentaire de la

    thorie noclassique, en introduisant de nouveaux aspects qui en taient absents. Malgr

    des amliorations certaines, il ne faut pas se cacher que des progrs importants restent

    accomplir pour dfinir un concept d'Entreprise qui soit rellement satisfaisant.

    Avant de souligner les apports les plus marquants de la rflexion thorique, il convient

    de s'interroger sur les raisons mmes de l'existence des entreprises.

    27

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    DES ENTREPRISES A L'ENTREPRISE

    2.1. mergence et organisation des entreprises

    L'un des objets des sciences conom iques est l'tud e de la manire dont sont utilises les

    ressources rares. Com me l'a soulign Hicks (1969), deux mcanismes principaux peuvent

    prsid er cette allocation : le prlvement (ou redistribution) et l'chan ge (ou m arch). La

    grande diffrence entre ces deux situations est que, dans la premire, les dcisions sont

    prises de manire administrative ou autoritaire, alors que, dans la seconde, les agents

    concerns effectuent des choix libres en s'appuyant sur un systme de prix

    1

    . Depuis fort

    longtemps, ces deux modalits coexistent. Dans les conomies modernes, la premire a

    pou r rle de corriger les dysfonctionnements des march s, tant du point de vue de l'effica-

    cit conomique que de celui de l'quit sociale. Au niveau macroconomique c'est donc

    l'intrt de la collectivit qui est concern.

    Cette explication en termes de recherche d'un optimum collectif ne peut pas tre trans-

    pose au niveau microconomique. Pourtant, on y rencontre aussi la coexistence des deux

    mo des d'allocation . L es entreprises sont, en effet, des entits qui procdent des changes

    marchands avec leur environnement, mais l'intrieur desquelles les transactions s'effec-

    tuent sur une base administrative. Cette situation est suffisamm ent particulire pour q u'o n

    lui consacre quelques dveloppements. tudier le problme de l'existence des entreprises

    cond uit, dans une second e tape de la rflexion, s'interrog er sur le rle de leurs structures

    internes.

    2.1.1.

    L'apparition des entreprises

    Dan s un article, demeur clbre aju ste titre, Coase

    2

    (1937) a non seulement abord la

    question de l'apparition des firmes en tant qu'acteurs dans le processus conomique, mais

    y a aussi apport des lments de rponse, qui ont t l'origine de dveloppements ult-

    rieurs fructueux.

    2.1.1.1. L'apport de Coase

    Le point de dpart de l'analyse de Coase est que le recours au systme de prix implique

    l'apparition de cots, contrairement ce que soutient la thorie noclassique des marchs.

    Ces cots relvent de deux catgories : certains sont lis la recherche des informations

    pertinentes, les autres la conclusion de contrats.

    En effet, contrairement aux hypo thses habituellement introduites, l'information sur les

    ma rchs est imparfaite. La proposition de K aldor (1934), selon laquelle les prix pertinents

    sont connus de tous les individus , n'est certainement pas vrifie dans la ralit. Il

    imp orte donc aux acteurs de se procurer l'information sur les prix dont ils ont besoin pou r

    prendre leurs dcisions. Ce cot peut tre rduit, mais non pas limin, par l'organisation

    des marchs ou l'apparition de spcialistes qui vendraient les informations.

    La seconde source de cots tient au fait que toute transaction ralise sur un march

    implique la conclusion d'un contrat implicite ou explicite. L'augmentation du volume des

    changes conduit celle du nombre des contrats court terme, ce qui, lorsque les transac-

    1.

    L'existence de prix suppose celle d'un ou plusieurs numraires, mais pas ncessairement de monnaie. Le troc est un

    systme dans lequel les acteurs changent librement leurs produits.

    2.

    Ronald Coase a t le laurat du prix Nobel d'conomie en

    1991.

    Il a souvent regrett que son article soit beau-

    coup cit et peu utilis (Coase, 1972).

    28

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    LE CONCEPT D'ENTREPRISE

    tions sont rptitives, entrane une croissance rapide des co ts. On pourrait envisager, dans

    cette dernire ventualit, de remplacer la squence des contrats court terme identiques

    par un contrat unique long terme. Mais, l'incertitude quant l'volution venir de la

    situation et l'impossibilit de prendre en compte l'ensemble des ventualits pouvant se

    produire

    1

    , rendent ce mode d'organisation inefficace, en ouvrant la voie des interprta-

    tions diffrentes des clauses contractuelles.

    Il s'avre, alors, intressant d'avoir recours une forme particulire de contrat. Les four-

    nisseurs des ressources acceptent, moyennant une rmunration fixe ou variable, d'obir

    aux instmctions de l'acheteur, dans le cadre de limites prtablies. Fixer ces limites consti-

    tue alors l'essentiel du contenu du contrat. Il apparat ainsi un e relation d'auto rit librement

    accepte, qui constitue l'essence mme de l'entreprise. Cette modalit d'organisation des

    transactions est d'autant plus utile que la ressource en cau se est un service, et en particulier

    le travail. Elle permet de rduire le cot des changes par rapport ce qu'impliqu erait l'uti-

    lisation du march, et prsente en outre l'avantage de faciliter l'adaptation aux change-

    ments de l'environnement puisque l'accord ne porte que sur des principes gnraux, les

    dtails devant tre fixs ultrieurement, c'est--dire en fonction des circonstances.

    Coase dveloppe donc l'argument selon lequel il s'avre plus efficace, c 'est--dire moins

    coteux, de raliser l'allocation des ressource s par la voie administrative que par le systme

    de prix. Il explique ainsi les raisons de l'apparition des entreprises. En gnralisant cette

    dmarche, on comprend ausi pourquoi la plupart d'entre elles deviennent multiproduc-

    trices : ce qui est vrai pour un seul produit le reste dans le cas o la firme en fabrique

    plusieurs. Il peut donc tre prfrable d'avoir une entreprise unique fabriquant plusieurs

    produits qu 'un ensemble de firmes mo noproductrices.

    Une question reste encore pendante : pourquoi entreprises et march continuent-ils

    coexister, alors mme que la premire modalit d'organisation du processus conomique

    s'avre suprieure la seconde ? La rponse apporte sur ce point relve plus de l'intuition

    (appuye sur une dduction) que d'une analyse rigoureuse. Coase estime que lorsque la

    taille d'une entreprise augmente, le cot marginal de la transaction interne crot, et qu'il

    arrive un moment o il est gal celui de l'change ralis sur le march. 11devient prf-

    rable, dans cette ventualit, d'avoir recours ce dernier. Deux raisons principales sont

    avances l'appui de cette proposition. La premire est qu 'il existe, au-del d 'une certaine

    dimension, des rendements dcroissants dans la gestion, dus la fois la difficult d'orga-

    niser une transaction supplm entaire et une allocation d e moin s en moins efficace des fac-

    teurs de production

    2

    . La seconde raison est que le prix de certains facteurs (en fait le tra-

    vail) peut crotre avec la taille, car les avantages non mo ntaires (nature des resp onsabilits,

    libert d'action, modalits de contrle, etc.) lis l'emploi sont plus importants dans les

    petites entreprises que dans les grandes. Ce discours, dans une certaine mesure prmoni-

    toire, n'est m alheureusement pas tay par un raisonnem ent convaincant.

    On ne saurait reprocher un travail de pionn ier de prsente r quelques lacunes et insuffi-

    sances. Coase a ouvert la voie des recherches qui ont permis une meilleure comp rhen-

    sion, non seulement de ce qu'es t l'entreprise, mais aussi de certains aspects de ses mo dali-

    ts de fonctionnement. Ce sont les plus marquants de ces travaux qu'il convient d'exposer

    maintenant.

    1.

    Ce dernier aspect est li aux limites des capacits cognilives de l'homme. Il est l'origine de ce que les behavio-

    risles ont appel rationalit limite . Sur ce point, voir notamment March et Simon (195 8 ), Simon (1960) et Cyert

    et March (1963).

    2.

    Williamson (1970) propose un modle mettant en relation l'efficacit de la gestion et la taille des entreprises.

    29

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    DES ENTREPRISES L'ENTREPRISE

    2.1.1.2. La critique d Alchian et Dem setz

    Les propositions avances par Coase ont fait l'objet d'un e critique de la part d 'Alchian

    et Demsetz (1972), qui prsentent une autre explication de l'existence des entreprises.

    Selon ces auteurs, le contrat de travail ne diffre en rien de ceux que peuvent conclure sur

    le ma rch deux agents indpendants. De la mm e faon qu e l'on peut assigner un em ploy

    telle ou telle tche, on peut dem ander son picier un bote de thon l'hu ile ou un p aquet

    de pain sous cellophane. L'autorit n'es t don c pas l'apanag e des relations l'intrieur de la

    firme. La faiblesse de cet argument est vidente. Le prix que dem ande l'picier dpend du

    produit qu'il fournit, mais la rmunration de l'employ est dtermine avant la dfinition

    prcise des activits qu'il doit effectuer dans le cadre des limites fixes par le contrat.

    La thse dveloppe par A lchian et Dem setz pour expliquer l'apparition des entreprises

    est plus intressante, quoiqu e de porte limite. Pour eux, ce sont la nature du p rocessus de

    production et la difficult de mesurer la contribution de chaque facteur qui sont l'origine

    de l'existence des firmes.

    Dans certains cas, il est avantageux d'organiser des quipes, parce que leur production

    est suprieure la somme de celles que raliseraient les membres de l'quipe

    s'ils

    agis-

    saient de manire indpendante. Le gain de productivit s'explique parce qu 'il y a com bi-

    naison, e t non pas simp le addition, des efforts des mem bres. De manire formalise, si X

    et Xj sont les quantits de travail fournies par les individus i et j la fonction de production

    de l'quipe, Z(Xj,Xj), est telle que l'on a :

    Z(X,Xj) > Z(Xj) + Zj(Xj)

    ce qui implique que cette fonction n 'est p as separable en

    X

    et

    X,

    et que, par consquent,

    0 .

    Le chargement des camions est un exem ple classique de cette situation. Se po se alors le

    problm e de la dtermination des rmun rations individuelles, que le march ne peut effec-

    tuer que de manire imparfaite. Le m arch ne dispose, en effet, d'informations que sur les

    rsultats de l'activit de l'quipe dans son ensem ble, et non pas sur les modalits prcises

    de son fonctionnement interne

    1

    . Il ne peut donc fixer qu'une rmunration globale, sur la

    base de la production totale. L'intrt individuel de chaque mem bre de l'quip e est alors de

    rduire son effort. Si un lment de l'quipe travaille moins, la production totale s'en res-

    sentira. Mais la diminution consqu ente de la rmu nration sera rpartie entre les diffrents

    membres, et non pas totalement supporte par celui qui en est l'origine, en raison de

    l'existence de cots d'identification des comportements. Cette externalit conduit chaque

    individu fournir un effort moindre que s 'il tait seul

    2

    . Cette attitude tant celle de tous les

    membres de l'quipe, la production totale diminue et la rmunration de chacun devient

    infrieure ce qui est individuellement optimal

    3

    .

    1. Ce qui importe l'acheteur sur le march, c'est ce qu'il obtient, et non pas la manire dont ce rsultat est atteint.

    2.

    L'analyse des choix individuels entre travail (et donc rmunration) et loisir constitue l'un des thmes dvelopps

    par la thorie du consommateur. Voir, par exemple, Henderson et Quandt (1958), ou Roux (1988).

    3.Chaque membre de l'qu ipe a intrt rduire son effort, condition que les autres maintiennent le leur. Si tout le

    monde adopte un comportement de paresse, il y aura de nouveau correspondance entre l'effort et la rmunration in-

    dividuelle. Mais l'quilibre s'tablira un niveau infrieur celui de l'optimum individuel (situation d'isolement).

    Chacun a donc intrt travailler plus, condition que les autres le fassent aussi. Mais, en l'absence de pouvoir de

    contrle et de dcision dans l'qu ipe, il est impossible de garantir qu 'il en sera ainsi.

    30

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    LE CONCEPT D'ENTREPRISE

    II est possible d'viter l'apparition de cette situation peu satisfaisante pour

    tous.

    Il suffit,

    pour cela, de mettre en place un mcanisme de contrle interne l'quipe, permettant de

    mesurer la contribution de chacun et de fixer son salaire en consquence. On fait ainsi dis-

    paratre les externalits qui taient l'origine des compo rtements individualistes. Pour vi-

    ter que le contrleur ne soit lui-mme tent de cder la paresse, sa rmunration doit tre

    prleve sur l'augme ntation du revenu total que sa prsence permet d'obtenir. Il est, de ce

    fait, fortement incit accrotre au maxim um la production de l'quipe. L e contrleur doit

    aussi avoir le pouvoir de mettre fin unilatralement la participation d'un individu

    l'quipe, s'il estime le comportement de cette personne incompatible avec l'intrt collec-

    tif. Il faut, enfin, qu'il ait la possibilit de vendre l'ensemble des droits prcdents, dont la

    valeur est, en principe, lie au flux actualis des revenus futurs que son action permet de

    gnrer. Le modle ainsi dfini est celui de l'entreprise capitaliste.

    En introduisant des variantes dans les droits dont dispose le contrleur, Alchian et Dem-

    setz ont pu tendre leur analyse d'autres types d'organisations comme les coopratives,

    les firmes autogres ou les entreprises socialistes. Ils ont ainsi pens proposer une thorie

    globale de l'origine des firmes.

    2.1.1.3.

    L'analyse de Williamson

    Williamson (1975) a critiqu la dmarche prcdente, qu'il estime de porte limite.

    Selon lui, elle ne permet pas de proposer une explication gnrale de l'apparition des orga-

    nisation s, et, en particulier, de celle des organisations co mplexes . Elle justifie , dans certains

    cas,

    l'existence d'unit s de production de petites dimensions, mais jam ais celle de grand es

    entreprises.

    En effet, les situations de non-sparabilit semblent beaucoup moins frquentes que ne

    le laissent entendre Alchian et Demsetz. Une preuve en est, selon Williamson, que dans

    nombre d'ateliers, il existe des stocks de produits intermdiaires entre les diffrents postes

    de travail. Il ne pourrait pas en tre ainsi si la fonction de production n'tait pas separable.

    En outre, le phnom ne, localis aux diffrentes tapes du processus de production, n e peut

    concerner que les tablissements, et non les firmes dans leur globalit.

    2.1.1.3.1. Le rle des cots de transaction

    La position adopte alors par Williamson (1975 ) consiste reprendre la voie ouverte pa r

    Coase, et l'approfon dir, en tudiant de m anire plus fine la nature des cots de transac -

    tion. Il s'attache analyser les phnom nes qui rendent difficiles et coteuses la conce p-

    tion et l'excution la satisfaction des parties en prsence de contrats complexes. Selon

    lui,

    la conjonction de facteurs lis l'environnement d'une part, au comportement des

    dcideurs d'autre part, est l'origine des dysfonctionnements des marchs. Plus prcis-

    ment, le couplage de l'incertitude et de la complexit avec la rationalit limite, et celui

    du petit nombre avec l'opportunisme interdisent le bon droulement des changes sur les

    marchs.

    La rationalit limite caractrise des comportem ents qui visent tre rationnels, m ais n'y

    parviennent pas, en raison de limitations imposes par la neurophysiologie et le langage

    humains. Les premires limitations se manifestent par la capacit borne des individus

    recevoir, stocker et traiter les informations, et les secondes par le fait qu 'il n'existe pas tou-

    jours de mod es d'expression permettant de transmettre sans ambigut d'autres personnes

    31

  • 7/23/2019 Analyse conomique Et Stratgie d'Entreprise

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    DES ENTREPRISES L ENTREPRISE

    des connaissances, des instructions ou des sentime nts

    1

    . Mais ces limites de la rationa lit ne

    jouent un rle contraignant que dans la mesure o elles sont atteintes, c'est--dire dans les

    situations o l'environn em ent se caractrise par un degr lev de complexit ou d'incerti-

    tude.

    Dans cette ventualit, il s'avre difficile, voire impossible, de rdiger des contrats

    prvoyant tous les cas possibles, et dfinissant avec prcision, p our chacun d 'entre eux, les

    attitudes adopter. L'organisation administrative conduit alors raliser une conomie

    considrable sur la rationalit limite, en permettant l'utilisation de processus de dcision

    adaptatifs et squentiels. Il n'est plus ncessaire d'envisager, a priori, l'ensemble des v-

    nements possibles. Il suffit, chaque instant, de concentrer l'attention sur ceux qui se pro-

    duisent rellement, ou dont la probabilit d'apparition devient trs leve.

    Selon W illiamson, l 'opportunism e largit l 'hypo thse classique de recherche de l'utilit

    maxim ale par les agents conom iques, en y introduisant des considrations d 'ordre strat-

    gique. Cela implique, n otammen t, que le recours la ruse en constitue un des a