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matin MARDI 26 AOUT 2008 www.leparisien.fr (MAXPPP/DESTOC.) LA PHRASE Cette lutte sociale « est révélatrice de pratiques honteuses de la part de patrons voyous » Patrick Jarry, maire (PCF) de Nanterre, dans une lettre ouverte au Premier ministre, François Fillon, à propos du mouvement mené depuis trois mois par les 49 travailleurs sans papiers de l’entreprise Buisson Multi Services (BMS) à Nanterre. LE CHIFFRE 247 bénéficiaires de l’allocation aux familles hébergeant leur ascendant REEE en 1989, cette C aide est versée par le dé- partement aux enfants ou pe- tits-enfants hébergeant chez eux leur ascendant. Elle concerne les familles (ascen- dants et descendants) résidant dans les Hauts-de-Seine, et sous certaines conditions d’âge, de résidence et de res- sources. Depuis le 1 er juillet 2005, son montant s’élève à 300 mensuels. A NOTER Azimut 92 : les inscriptions sont ouvertes ! A MANIFESTATION se L tiendra les 10 et 19 oc- tobre 2008 dans la forêt do- maniale de Fausses-Reposes mais il est déjà temps de s’inscrire. Azimut 92, organi- sée par le conseil général des Hauts-de-Seine, propose aux familles, et pour la première fois aux entreprises du dépar- tement, une initiation gratuite aux sports de pleine nature dans le cadre d’une grande course d’orientation. Pour les familles comme les entre- prises, les inscriptions sont à effectuer par mail à azimut92cg92.fr. Renseignements complémen- taires sur www.hauts-de- seine.net. Gennevilliers/Snecma Avertissements pour les salariés qui avait séquestré leur patron ’EST un « règlement de comptes », proteste Manuel Sanchez, délégué syndical (CGT). C A ce jour, huit des dix salariés qui avaient retenu en juillet dernier pendant près de douze heures le directeur de l’usine Snecma dans son bureau de Gennevilliers ont reçu des lettres d’aver- tissement ou de mise en garde de la part de la di- rection. Dans l’attente de leur sanction, les deux autres sont convoqués à des entretiens disciplinaires. Pour la direction de la Snecma, qui s’était engagée à ne licencier aucun des salariés impliqués, ce sont « des sanctions justes et peu sévères qui sont proportionnelles aux faits ». Elles ont été décidées à la suite d’entretiens individuels avec les ouvriers. Les syndicalistes, en revanche, clament que, « pour un militant, un avertissement, c’est grave et inac- ceptable. La direction veut criminaliser l’action syndicale ». Un débrayage prévu jeudi Courant juillet, une quinzaine d’élus CGT et CFDT avaient occupé les locaux administratifs pour protester contre le licenciement de Frédéric, l’un de leurs camarades. Agé de 29 ans, cet ouvrier appartient au secteur des forges, d’où s’était pro- pagé un mouvement de protestation en avril der- nier. Selon la direction, il aurait été licencié pour « une série d’absences injustifiées ». Avec l’enfermement du directeur dans son bu- reau de midi à 23 heures le 22 juillet, les syndica- listes espéraient prouver leur détermination et ob- tenir la réintégration de leur collègue. En vain. « Sur ce point, la position de la direction n’a pas évolué », indiquait-on hier à la Snecma. « Ces at- taques sont ciblées », poursuit Manuel Sanchez, qui dénonce le « mutisme » de la direction. « A part ces sanctions, nous n’avons reçu depuis juillet aucun signe de vie de la direction », sou- ligne-t-il. Un débrayage est d’ores et déjà prévu jeudi prochain à 9 h 50, à l’heure même où doit être reçu Joaquim, un autre salarié impliqué dans la séquestration du directeur. Bérangère Lepetit ISSY-LES-MOULINEAUX L’hommage à l’ex-député PC Guy Ducoloné Page III SAINT-CLOUD Les chapiteaux du cirque abritent Rock en Seine Page IV (LP/AURELIEN MARTY.) RENTREE Fournitures : la course aux meilleurs prix Page II « Je me reconvertis dans le milieu hospitalier » PATRICK APPIAH, syndiqué CGT à Areva T&D Montrouge ATRICK APPIAH travaillait depuis dix ans à P l’usine de Montrouge au poste de monteur en transformateur de mesure. « Je souhaite me reconvertir dans le milieu hospitalier comme aide-soignant. J’ai pris un congé mobilité et mon dossier a été accepté. Ma formation devrait durer entre douze et quatorze mois. » Ce père de deux enfants en bas âge est aussi inquiet quant à sa rémunération. « Au début, elle sera équiva- lente à mon salaire, mais qu’en sera-t-il dans quelques mois ? » La famille est une valeur importante aux yeux de Patrick. Elle a été la principale motivation de son engagement. « Je me suis battu pour faire respecter les droits des salariés et de leurs familles. Un licenciement peut mettre une famille en péril. La direction propose des postes dans toute la France, mais certains salariés ne sont pas mobiles ! » A.M. Areva Montrouge vit ses derniers jours SOCIAL. Le combat des salariés n’y aura rien fait. L’usine Areva T et D de Mon- trouge fermera ses portes dimanche, dans un climat tendu. MBIANCE morose à l’usine Areva T et D de Montrouge. Le site, qui ferme ses portes à A la fin de la semaine, laisse orphelins 89 salariés. De- main, lors d’une réunion avec la di- rection, ils devraient être fixés sur leur avenir. « Notre but est de trou- ver une solution pour tout le monde, tous les dossiers sont trai- tés sur le même pied d’égalité », prévient François Vivier, respon- sable des relations sociales au sein d’Areva. 60 % de solutions « Pour le moment, nous avons 60 % de solutions, trois salariés quittent Areva pour créer leur en- treprise », explique-t-il, avant de préciser : « Un des ouvriers va deve- nir chauffeur de direction au siège social. » Les salariés n’affichent pas le même optimisme. De leur côté, l’heure est plutôt à la résignation. « On n’est plus dans une phase de négociation. C’est chacun pour sa peau ! » lâche, dépité, l’un d’eux. « Trente-trois reclassements sont prévus au sein du groupe. En ma- jorité des cadres et des membres de la direction », dénonce Patrick Appiah, syndicaliste à la CGT. « Dans l’usine, la moyenne d’âge est de 49 ans. Il sera difficile de re- trouver un travail pour les ouvriers âgés de plus de 50 ans. » Des ou- vriers spécialisés dans la fabrica- tion de transformateurs de mesure. La filière étant jugée non ren- table, elle a donc été stoppée par la maison mère. « Il y avait un vrai esprit d’entreprise » Hier encore, le syndicaliste était débordé par les demandes de ses collègues, soucieux des primes et des salaires qu’ils vont toucher pendant leurs congés. Le plan Sauvegarde emploi a été signé. Il offre deux solutions : le congé reclassement avec une pé- riode de formation pour trouver un nouveau poste au sein du groupe, ou le congé mobilité. Dans ce se- cond cas, le salarié doit présenter un projet de reconversion ou de création d’entreprise. A ces deux options, certains préfèrent le licen- ciement sec ou la préretraite, en- core possible. « Les gens étaient attachés à cette usine. Il y avait un vrai esprit d’entreprise », confie l’un de ceux qui ont passé une partie de leur vie professionnelle à Montrouge. L’usine avait ouvert en 1984. Le conflit a commencé en sep- tembre 2007, à l’annonce de la fer- meture. S’est ensuivi presque un an de mobilisation ponctuée de périodes de grève et d’occupation. Sans succès. L’usine fermera bien le 31 août. De ce conflit long et dur, chacun gardera un goût amer. Aurélien Marty MONTROUGE, HIER. Malgré une mobilisation de presque un an des salariés, l’usine Areva fermera définitivement le 31 août. (LP/A.M.)

Areva montrouge vit ses derniers jours

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LA PHRASE

Cette lutte sociale« est révélatricede pratiques honteusesde la part de patronsvoyous »Patrick Jarry, maire (PCF)de Nanterre, dans une lettreouverte au Premier ministre,François Fillon, à propos dumouvement mené depuis troismois par les 49 travailleurssans papiers de l’entrepriseBuisson Multi Services (BMS)à Nanterre.

LE CHIFFRE

247 bénéficiairesde l’allocation auxfamilles hébergeantleur ascendant

REEE en 1989, cetteC aide est versée par le dé-partement aux enfants ou pe-tits-enfants hébergeant chezeux leur ascendant. Elleconcerne les familles (ascen-dants et descendants) résidantdans les Hauts-de-Seine, etsous certaines conditionsd’âge, de résidence et de res-sources. Depuis le 1er juillet2005, son montant s’élève à300 � mensuels.

A NOTERAzimut 92 :les inscriptionssont ouvertes !

A MANIFESTATION seL tiendra les 10 et 19 oc-tobre 2008 dans la forêt do-maniale de Fausses-Reposesmais il est déjà temps des’inscrire. Azimut 92, organi-sée par le conseil général desHauts-de-Seine, propose auxfamilles, et pour la premièrefois aux entreprises du dépar-tement, une initiation gratuiteaux sports de pleine naturedans le cadre d’une grandecourse d’orientation. Pour lesfamilles comme les entre-prises, les inscriptions sont àeffectuer par mail àazimut92�cg92.fr.Renseignements complémen-taires sur www.hauts-de-seine.net.

Gennevilliers/Snecma

Avertissements pour les salariésqui avait séquestré leur patron

’EST un « règlement de comptes », protesteManuel Sanchez, délégué syndical (CGT).C A ce jour, huit des dix salariés qui avaient

retenu en juillet dernier pendant près de douzeheures le directeur de l’usine Snecma dans sonbureau de Gennevilliers ont reçu des lettres d’aver-tissement ou de mise en garde de la part de la di-rection.

Dans l’attente de leur sanction, les deux autressont convoqués à des entretiens disciplinaires.Pour la direction de la Snecma, qui s’était engagéeà ne licencier aucun des salariés impliqués, cesont « des sanctions justes et peu sévères qui sontproportionnelles aux faits ». Elles ont été décidéesà la suite d’entretiens individuels avec les ouvriers.

Les syndicalistes, en revanche, clament que, « pourun militant, un avertissement, c’est grave et inac-ceptable. La direction veut criminaliser l’actionsyndicale ».

Un débrayage prévu jeudiCourant juillet, une quinzaine d’élus CGT etCFDT avaient occupé les locaux administratifspour protester contre le licenciement de Frédéric,l’un de leurs camarades. Agé de 29 ans, cet ouvrierappartient au secteur des forges, d’où s’était pro-pagé un mouvement de protestation en avril der-nier. Selon la direction, il aurait été licencié pour« une série d’absences injustifiées ».

Avec l’enfermement du directeur dans son bu-

reau de midi à 23 heures le 22 juillet, les syndica-listes espéraient prouver leur détermination et ob-tenir la réintégration de leur collègue. En vain.

« Sur ce point, la position de la direction n’a pasévolué », indiquait-on hier à la Snecma. « Ces at-taques sont ciblées », poursuit Manuel Sanchez,qui dénonce le « mutisme » de la direction.

« A part ces sanctions, nous n’avons reçu depuisjuillet aucun signe de vie de la direction », sou-ligne-t-il. Un débrayage est d’ores et déjà prévujeudi prochain à 9 h 50, à l’heure même où doitêtre reçu Joaquim, un autre salarié impliqué dansla séquestration du directeur.

Bérangère Lepetit

ISSY-LES-MOULINEAUX

L’hommage à l’ex-députéPC Guy DucolonéPage III

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Les chapiteaux du cirqueabritent Rock en SeinePage IV(L

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Fournitures :la course

aux meilleursprixPage II

« Je me reconvertis dans le milieu hospitalier »PATRICK APPIAH, syndiqué CGT à Areva T&D Montrouge

ATRICK APPIAH travaillait depuis dix ans àP l’usine de Montrouge au poste de monteur entransformateur de mesure. « Je souhaite me reconvertirdans le milieu hospitalier comme aide-soignant. J’aipris un congé mobilité et mon dossier a été accepté.Ma formation devrait durer entre douze et quatorzemois. »

Ce père de deux enfants en bas âge est aussi inquietquant à sa rémunération. « Au début, elle sera équiva-

lente à mon salaire, mais qu’en sera-t-il dans quelquesmois ? » La famille est une valeur importante aux yeuxde Patrick. Elle a été la principale motivation de sonengagement. « Je me suis battu pour faire respecter lesdroits des salariés et de leurs familles. Un licenciementpeut mettre une famille en péril. La direction proposedes postes dans toute la France, mais certains salariésne sont pas mobiles ! »

A.M.

Areva Montrouge vitses derniers joursSOCIAL. Le combat des salariés n’y aura rien fait. L’usine Areva T et D de Mon-trouge fermera ses portes dimanche, dans un climat tendu.

MBIANCE morose àl’usine Areva T et D deMontrouge. Le site,qui ferme ses portes àA la fin de la semaine,

laisse orphelins 89 salariés. De-main, lors d’une réunion avec la di-rection, ils devraient être fixés surleur avenir. « Notre but est de trou-ver une solution pour tout lemonde, tous les dossiers sont trai-tés sur le même pied d’égalité »,prévient François Vivier, respon-sable des relations sociales au seind’Areva.

60 % de solutions

« Pour le moment, nous avons60 % de solutions, trois salariésquittent Areva pour créer leur en-treprise », explique-t-il, avant depréciser : « Un des ouvriers va deve-nir chauffeur de direction au siègesocial. »

Les salariés n’affichent pas lemême optimisme. De leur côté,l’heure est plutôt à la résignation.« On n’est plus dans une phase de

négociation. C’est chacun pour sapeau ! » lâche, dépité, l’un d’eux.« Trente-trois reclassements sontprévus au sein du groupe. En ma-

jorité des cadres et des membresde la direction », dénonce PatrickAppiah, syndicaliste à la CGT.

« Dans l’usine, la moyenne d’âge

est de 49 ans. Il sera difficile de re-trouver un travail pour les ouvriersâgés de plus de 50 ans. » Des ou-vriers spécialisés dans la fabrica-tion de transformateurs de mesure.

La filière étant jugée non ren-table, elle a donc été stoppée par lamaison mère.

« Il y avait un vraiesprit d’entreprise »

Hier encore, le syndicaliste étaitdébordé par les demandes de sescollègues, soucieux des primes etdes salaires qu’ils vont toucherpendant leurs congés.

Le plan Sauvegarde emploi a étésigné. Il offre deux solutions : lecongé reclassement avec une pé-riode de formation pour trouver unnouveau poste au sein du groupe,ou le congé mobilité. Dans ce se-cond cas, le salarié doit présenterun projet de reconversion ou decréation d’entreprise. A ces deuxoptions, certains préfèrent le licen-ciement sec ou la préretraite, en-core possible.

« Les gens étaient attachés àcette usine. Il y avait un vrai espritd’entreprise », confie l’un de ceuxqui ont passé une partie de leur vieprofessionnelle à Montrouge.L’usine avait ouvert en 1984. Leconflit a commencé en sep-tembre 2007, à l’annonce de la fer-meture. S’est ensuivi presque unan de mobilisation ponctuée depériodes de grève et d’occupation.Sans succès. L’usine fermera bienle 31 août. De ce conflit long etdur, chacun gardera un goût amer.

Aurélien Marty

MONTROUGE, HIER. Malgré une mobilisation de presque un an dessalariés, l’usine Areva fermera définitivement le 31 août. (LP/A.M.)