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Du texte à l’image, de l’auteur aux concepts. Judd Donald, «Déclarations» 1965, 1966, 1967 Weiner Lawrence, «Déclarations d’in- tentions» 1969 Morris Robert, «Déclarations d’in- tentions» 1970 Hocquard Emmanuel «Qu’est-ce-qu’un énoncé simple?» 2008 lu par : Bagory Claire Boun Xun Nyranhdone & Hong Junghwa Art conceptuel, une entologie 2011

Art conceptuel, une entologie - Université de Mons

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Du texte à l’image, de l’auteur aux concepts.

Judd Donald, «Déclarations» 1965, 1966, 1967

Weiner Lawrence, «Déclarations d’in-tentions» 1969

Morris Robert, «Déclarations d’in-tentions» 1970

Hocquard Emmanuel «Qu’est-ce-qu’un énoncé simple?» 2008 lu par : Bagory Claire Boun Xun Nyranhdone & Hong Junghwa

Art conceptuel, une entologie

2011

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coucou

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Extraits choisis

«L’un des aspects importants de toute forme d’art est son niveau de généralisation et de spécificité; un autre aspect important est la façon qu’à l’artiste d’atteindre à ces qualités. »Judd D., «Declaration», Publiée dans «ABC Art», de Barbara Rose, Art in America, octobre-novembre, 1965,

«La qualité essentielle des formes géométriques vient de ce qu’elles ne sont pas organiques, à la différence de toute autre forme dite artistique. Parvenir à créer une forme qui ne soit ni géométrique ni organique serait une grande découverte.»Judd D., «Declaration», Publiée dans Hommage to the Square de Lucy Lippard, Art in America, juillet-aout 1967

«Mon art ne donne jamais de directions, mais affirme sim-plement l’oeuvre comme un fait acompli: 1- L’artiste peut construire la pièce 2- La pièce peut être fabriquée 3- La pièce peut ne pas être réalisée. » Weiner L., «Déclaration d’intention», 1969

« L’art se retrouve aujourd’hui avec un truc en mutation qui n’a même pas besoin d’aller jusqu’à la finalisation en fonction de telle ou telle temporalité, de tel ou tel espace.» Morris R., Déclaration d’intention, 1970

«...l’art lui même est une activité de transformation, de désorientation et de changement, de discontinuité vio-lente et de mutabilité, de volonté de confusion, y compris lorsqu’il se consacre à la découverte de nouveaux modes de perception. » Morris R., Déclaration d’intention, 1970

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« Un énoncé simple est facile à définir. Ce serait une unité de langage qui, prise isolément, ne dirait qu’une seule chose, dirait ce qu’elle dit et pas autre chose. Eh bien ça, même si ça peut se concevoir, ça n’existe pas.»Hocquard E., «Qu’est ce qu’un énoncé simple?», 2008

« Un énoncé performatif est un énoncé dans lequel l’acte et le langage coïncident. Formuler un tel énoncé c’est effec-tuer l’action, action qu’on ne pourrait accomplir d’aucune autre façon.» Hocquard E., «Qu’est ce qu’un énoncé simple?», 2008

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Synopsis

Judd Donald

Son travail et sa reflexion portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. Ses œuvres majeures sont des révélateurs de l’espace environnant qu’elles incluent comme élément déterminant et insistent sur la notion de perception.

L’œuvre débarrassée de tout affect. Donald Judd, fondateur du Minimal Art, ainsi que ses déclarations, en étroite relation avec son texte « Specific Objects » 1965, font de cet artiste américain l’un des chefs de file de ce mouvement. Son vocabulaire artistique est constitué d’un nombre réduit de formes, afin que ces dernières ne soient rien de plus, mais rien de moins, que la somme immédiatement saisissable et compréhensible de leurs parties, des modules répétés. Pour Donald Judd l’œuvre d’art doit provoquer une sensation visuelle immédiatement compréhensible. Elle ne doit faire référence à rien d’autre qu’à elle-même, sa forme, son matériau, sa couleur, son espace, son ordre. Ce qui implique de la débarrasser de toute figuration illusionniste, de tout effet de composition et de toute hiérarchie entre les éléments tous équivalents.

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Littéralité & performance, à propos de Conditions de lumière par Emmanuel Hocquard

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Hocquard Emmanuel

Philosophe du langage,écrivain et auteur essentiel des trente dernières années qui a été très influencé par la littérature américaine et par l’art conceptuel. C’est un penseur de l’objet littéraire.

« Qu’est ce qu’un énoncé simple ? » est un texte théorique sur l’autonomie du langage en ce sens où il devient performatif lorsqu’il fait acte. C’est à dire qu’il crée au fur et à mesure ce dont il parle et « impose une situation locutoire où le référent n’a pas d’autre lieu que l’énoncé » (André Brochu, Voix & images). La visée performative existe ainsi dans son auto-référence de l’énoncé. Au préalable, il émet l’hypothèse de la « pauvreté » de l’expression du langage en donnant pour exemple la casquette bleue de Fabien. Pauvre car l’énoncé visible implique des énoncés non visibles (la casquette bleue et non rouge…).

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Weiner Lawrence

Figure essentielle de l’art conceptuel et connu pour ses statements, déclarations dont le statut artistique est indépendant de leur réalisation

« UNE SERIE DE PIQUETS PLANTES DANS LE SOL A INTERVALLES REGULIERS POUR FORMER UN RECTANGLE UNE FICELLE TENDUE DE PIQUET EN PIQUET POUR DELIMITER UNE GRILLE ET UN RECTANGLE RETRANCHE DE CE RECTANGLE » est l’énoncé deviendra l’évènement déterminant qui l’amènera à écrire sa déclaration d’intention. Il présenta à l’exposition collective du Windham College son oeuvre Stakes, Twine, Turf incompréhensible par les étudiants qui, furieux, la détruire en coupant les fils reliant les piquets entre eux. Cependant l’artiste ne considère pas l’œuvre détruite mais reproductible dans n’importe quel lieu avec terrain plat. Puis il choisit de ne plus construire ces pièces mais de « laisser ce choix au récepteur » (il décide ou non de construire la pièce au travers de sa propre interprétation) tel que la situation de dialogue dans les Removals. C’est ainsi qu’il définit cette règle de partage des rôles, de responsabilités et sa déclaration d’intention qui ne fournit pas de modèle esthétique, la forme reste libre et diffère en fonction des destinataires pour qui l’œuvre est créée.

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Robert Morris, Card File, 1962(Fichier)

Tiroir de fichier métallique, monté sur planche de bois, fiches

cartonnées68,5 x 27 x 4 cm

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Robert Morris

Artiste souvent associé au process art, précurseur de l’art minimal mais aussi de l’art conceptuel.Sa déclaration aborde la notion de gestalt, principe de perception d’un ensemble.Il analyse l’art comme une structure, un agencement d’éléments constituant d’une construction autrement dit une séquence. Le mot séquence issu du grec rutmos, rythme, contient à la fois la notion d’existance mais également de non-existance –du vide– impliquant alors que tout rythme est l’appréhension de choses en mutation et en transformation.Ainsi Robert Morris pense comme une structure afin d’y intégrer la perception de quelque chose d’existant pour la survie de sa non existance. Dans sa déclaration il aborde la notion de gestalt de la forme, forme –comme représentation- interne (gehalt) qui existe que si elle ne prend figure. C’est à dire toute forme absorbant en elle-même la possibilité de se mettre en forme, de contenir en elle-même toute possibilité de mutation extrasèque, par le biais de l’action humaine (par exemple, écraser), mais également intrinsèque puisque toute forme implique une perception temporelle (concept, contexte et culture) lui donnant ce caractère « instable » mais lui permettant de se réactualiser.

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M.C. Escher

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Markus Raetz

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« Less is more » Mies Van der RoheLe Minimalisme est aussi à l’origine d’une part importante de la sculpture contemporaine et de l’Art conceptuel.

Diagramme géométrique L’espace intérieur obéit aux limites extérieuresLe tableau n’a plus à être interprété en tant que métaphore, il doit être regardé littéralement.Une surface qui se découpe sur un mur et indique, en négatif, l’espace autour de lui.

Specific objects Le contexte devient son contenu.Ce qui permet à l’art d’être art

L’affirmation de la primauté de l’idée sur la réalisation.L’art est «cosa mentale»Le cheminement intellectuel du projet (gribouillis, esquisses, dessins, repentirs,

modèles, études, pensées, conversations) a plus de valeur que l’objet présenté. Art & LanguageLogique A la primauté de l’idée, se substitue ici

celle de l’exigence tautologiqueDomaine du fini, assurément viable.

Ce que l’on entend par «conceptuel» : l’idée ou la tautologie.C’est le choix de l’infini ou du fini qui est en jeu.

Remettant en cause l’objet et sa production, l’Art conceptuel n’a cependant

jamais pu se passer de réalisations formelles.La spécificité de l’Art

conceptuel «Art as art as art»

Les tautologies sont les seules propositions valables puisque, comme l’art, l’autoreflexibilitéelles restent vraies en vertu d’elles-mêmes : «L’art est une tautologie. L’art est la définition de l’art». Le rap-

port entre une expérience concrète et l’espaceL’œuvre débarrassée de tout affect Un nombre réduit de formesLa somme immé-

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diatement saisissable et compréhensible de leurs parties

Une sensation visuelle

Elle ne doit faire référence à rien d’autre qu’à elle-même.« Ce que le tableau représente, constitue son sens. Le tableau me dit ce qu’il est soi-même ; le fait qu’il me dise quelque chose consiste dans sa propre structure, dans

ses formes et ses couleurs ». Ludwig Wittgenstein

L’impossible« Wittgenstein,

qu’il est maintenant trop chic de citer mais que je citerai quand même, a dit ceci

: « Il est difficile de trouver le commencement. Ou plutôt, il est difficile de commencer au commencement et d’essayer de ne pas remonter plus loin en

arrière ». Les esthéticiens essaient de tirer des conclusions à partir du procédé

et de ses résultats, mais pour moi le procédé est premier et d’une certaine manière il est la conclusion ». Donald Judd«Ce que l’art a en commun avec la logique et les mathématiques, est qu’il est tautologie…L’idée de l’art et l’art sont une seule et même chose et peu-

vent être compris sans qu’on ait à sortir, pour une vérification, du

contexte artistique. » Joseph Kosuth, l’art après la philosophie, 1969

« Si l’on nomme cela de l’art, c’est de l’art. » Donald Judd

« L e c o n c e p td’art s’autoproclamant œuvre d’art se réduirait à une proposition performative.» Isabelle Kustosz,

Art et savoir: de la connaissance à la connivence,

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L’autoreflexibilité

Une production qui se réfère à elle-même. Constituée d’élé-ments relatifs à sa propre élaboration. Ce sont ces annota-tions, notes… qui constituent d’une part, le matériaux de l’œuvre, d’autre part, l’œuvre elle même.

L’objet s’acctualise en permanence et se suffit à lui même. Ainsi il devient intemporel et puise dans le présent pour changer son sens ou son physique même en fonction de se qui l’entoure. Il peut contenir ainsi sa création et sa des-truction dans sa matérialité. Il inclue l’actualité absolue de la production et la conceptualisation des œuvres au sens large (sous toutes ses formes).

françois roche dusty relief

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Ceci est un texte écrit en italique de police myriad pro de 18 pt. Il fait 6 lignes dont la troisième est en caractère bold. Il est inscrit dans un rectangle de x par y centimètres. L’espacement entre les lignes est de 43,2pt et celui entre les lettres est - à ce m o m e n t p r é c i s d e v o t r e l e c t u r e - de ce n t p o i n t s .

cerclecerclecerclecerclecerclecerclecerclec

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entreprises,

fabrication,communication,service,

Grands

magasins,

contemporains

ville,

centre

d’art,

music

,

danse,

académie

école

primaire,

collèges,

lycée

magasins

spécialisés,

boutiques

vernis,

soin

de

corp,

massages,

régime

mi

mincir

classic

cafés,

brasseries,

bistrots,

bars,

broad

way,

comédie

musical,

opéra

supermarché,

patisserie

La

ville

se

compose

de

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salle

s

polyvalentes,

salle

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New

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consiste de

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public

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national,

d’histoire

de

université,

facultés,

institute

appartements,

auberges

de

jeunnesse

salons

esthétiques,

coiffures,

maquillage

chic,

américain

latines

amériques,

mexicains,

oriental

asiatique,

chinois,

japonais,

coréens

théâtre,show,

épiceries

boulangeries,

boucheries,

vins

Queens

residencs

collectives,

p^rivées

ceci

est

une

gratte

ciel

de

de

bâtiments

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de

luxe,

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italiens

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club,

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anhattan

Brookly

arrondissements

appelés

«

boroughs»:

Staten

Island

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Format du support

Périmètre du support

Type de police

Taille de police

Grammage du support

Teinte du support

Nombre de signes

Nombre de lignes

Nombre de lignes horizontales

Nombre de lignes verticales

Nombre de lignes obliques

Nombre de carrés

Nombre de triangles

A5

92,7 cm

Letter Gothic Std

8 pt

60 grammes

blanc

0

Nombre de lignes

21

21

78

400

1600

Sur un support quelconque, tracer des lignes équidistantes les une des autres, en vertical puis en horizontal. Tracer des obliques de manière à composer chaque carré obtenu en

quatre triangles.

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Perception ambivalente

il s’agit de laisser libre la réception de l’oeuvre au des-tinataire, c’est-à-dire que l’interprétation et la percep-tion de celle-ci est personnelle. La forme est libre il n’y a pas de modèle esthétique prédéfinie. Seul l’état d’esprit et les antécedents personnelle crée l’oeuvre. Elle peut ainsi prendre de multiple forme.

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Synthèse

énoncer c’est faire. Ainsi peut se résumer la visée du cor-pus de texte. « la pièce peut être pensée mais ne peut être réalisée ». Cette déclaration d’intention de Lawrence Weiner signifie que c’est l’intention qui fait acte. L’oeuvre doit être considérée dans son idée, son processus d’élaboration et non dans sa finalité. Cet énoncé ne donne pas de modèle esthétique mais une règle que peut s’approprier tout re-cepteur lambda, car l’art se doit d’être « commun ». La « forme » doit être libre, en mutation. Elle se contextualise et s’autoactualise.

D’autre part Emmanuel Hocquard introduit à cela la notion de « visée performative » où l’acte et le langage coïncide et de ce fait souligne une des caractéristique singulière et esentiel du performatif: l’autoreflexibilité, forme de tautologie ou l’énoncé fait acte où l’objet / oeuvre se réfère à une réalité qu’il constitue lui même.

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coucouBibliographie :L’image dialectique, Walter BenjaminL’oeuvre d’art à l’heure de sa reproductibilité technique, Walter BenjaminL’erménotique du sujet, Michel FoucaultHétérotopies, Michel FoucaultMythologies, Roland BarthesLe bruissement de la langue, Roland BarthesL’essence de la technique, Martin HeideggerLa dialectique négative, Theodor AdornoQu’est-ce qu’un dispositif, Giorgio Agamben Sources :Dossier pédagogique du Centre Pompidou.centrepompidou.frguggenheim.org

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Ecole d’architecture de Paris Belleville60 bd de la Villette75019 Paris

Td du cours de Théorie, cycle licence5ème semestre, session 2011/2012

Enseignant ThéorieArchitecture-Structure-Paysage 1Philippe Villien

Coordination des TDDelphine Desert

Assistants chargés des TD Camille Besuelle Etienne DelpratHouda Draoui Marie-Ange JambuMarion Nielsen Nicolas Simon