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Revue ge ´ne ´rale AVC graves : pronostic, crite `res d’admission en re ´ animation et de ´ cisions de limitations et arre ˆt de traitements § Severe stroke: Prognosis, intensive care admission and withhold and withdrawal treatment decisions § S. Crozier a, *, F. Santoli b , H. Outin c , P. Aegerter d , X. Ducrocq e , P.-E ´ . Bollaert f a Service urgences ce ´re ´brovasculaires, CHU Pitie ´-Salpe ˆtrie `re, 47–83, boulevard de l’Ho ˆ pital, 75651 Paris cedex 13, France b Service de re ´animation, ho ˆpital Robert-Ballanger, boulevard R.-Ballanger, 93602 Aulnay-sous-bois, France c Service de re ´animation me ´dicochirurgicale, centre hospitalier de Poissy Saint-Germain-en-Laye, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy cedex, France d Service de sante ´ publique, ho ˆ pital A.-Pare ´, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92100 Boulogne-Billancourt, France e Service de neurologie, ho ˆpital central, CHU de Nancy, 29, avenue du Mare ´chal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France f Service de re ´animation me ´dicale, ho ˆpital Central, CHU de Nancy, 29, avenue du Mare ´chal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France revue neurologique 167 (2011) 468–473 info article Historique de l’article : Rec ¸u le 20 aou ˆ t 2010 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 26 novembre 2010 Accepte ´ le 17 janvier 2011 Disponible sur Internet le 11 mai 2011 Mots cle ´s : Accident vasculaire ce ´re ´ bral Re ´ animation Ventilation me ´ canique Limitations des the ´ rapeutiques Pronostic neurologique re ´sume ´ Introduction. – La prise en charge en re ´animation des malades victimes d’un accident vasculaire ce ´re ´bral (AVC) et surtout la mise en œuvre d’une ventilation me ´ canique sont souvent conside ´re ´ es avec fatalisme. Les donne ´ es de la litte ´ rature, variables et inhomoge ` nes, me ´ ritent d’e ˆ tre discute ´es notamment lors de de ´ cisions de limitations ou d’arre ˆt de traite- ments (LAT). E ´ tat des connaissances. – Le pronostic souvent de ´favorable en cas de ventilation me ´ canique avec une lourde morbi-mortalite ´ , continue de nourrir d’importantes controverses sur le be ´ne ´ fice des techniques de re ´ animation a ` la phase aigue ¨ des AVC. Dans ce contexte, des LAT sont parfois discute ´es quand la survie peut ne pas e ˆ tre souhaite ´e ou souhaitable. Les de ´ cisions de LAT ou les consignes de « non re ´ animation » (« DNR orders ») sont actuellement peu connues, mais seraient relativement fre ´quentes puisque les « DNR orders » concerne- raient environ 30 % des patients admis pour un AVC. Perspectives et conclusion. – Les de ´ cisions de LAT sont complexes car elles s’appuient sur une pre ´diction de handicap et de qualite ´ de vie par essence incertaine. Elles ne ´cessitent une re ´ flexion e ´ thique qui prend en compte l’incertitude pronostique, les souhaits et valeurs du patient et certaines contraintes organisationnelles. Les recommandations propose ´ es par la SRLF s’inscrivent dans cette perspective. # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. § Texte argumentaire des recommandations formalise ´ es d’experts de la Socie ´te ´ de re ´ animation de langue franc ¸ aise concernant la prise en charge de l’AVC par le re ´ animateur. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Crozier). 0035-3787/$ – see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. doi:10.1016/j.neurol.2011.01.012

AVC graves : pronostic, critères d’admission en réanimation et décisions de limitations et arrêt de traitements

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Page 1: AVC graves : pronostic, critères d’admission en réanimation et décisions de limitations et arrêt de traitements

Revue generale

AVC graves : pronostic, criteres d’admission en reanimationet decisions de limitations et arret de traitements§

Severe stroke: Prognosis, intensive care admission and withhold andwithdrawal treatment decisions§

S. Crozier a,*, F. Santoli b, H. Outin c, P. Aegerter d, X. Ducrocq e, P.-E. Bollaert f

aService urgences cerebrovasculaires, CHU Pitie-Salpetriere, 47–83, boulevard de l’Hopital, 75651 Paris cedex 13, Franceb Service de reanimation, hopital Robert-Ballanger, boulevard R.-Ballanger, 93602 Aulnay-sous-bois, FrancecService de reanimation medicochirurgicale, centre hospitalier de Poissy Saint-Germain-en-Laye, rue du Champ-Gaillard,

78303 Poissy cedex, FrancedService de sante publique, hopital A.-Pare, 9, avenue Charles-de-Gaulle, 92100 Boulogne-Billancourt, FranceeService de neurologie, hopital central, CHU de Nancy, 29, avenue du Marechal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, FrancefService de reanimation medicale, hopital Central, CHU de Nancy, 29, avenue du Marechal-de-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France

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i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 20 aout 2010

Recu sous la forme revisee le

26 novembre 2010

Accepte le 17 janvier 2011

Disponible sur Internet le

11 mai 2011

Mots cles :

Accident vasculaire cerebral

Reanimation

Ventilation mecanique

Limitations des therapeutiques

Pronostic neurologique

r e s u m e

Introduction. – La prise en charge en reanimation des malades victimes d’un accident

vasculaire cerebral (AVC) et surtout la mise en œuvre d’une ventilation mecanique sont

souvent considerees avec fatalisme. Les donnees de la litterature, variables et inhomogenes,

meritent d’etre discutees notamment lors de decisions de limitations ou d’arret de traite-

ments (LAT).

Etat des connaissances. – Le pronostic souvent defavorable en cas de ventilation mecanique

avec une lourde morbi-mortalite, continue de nourrir d’importantes controverses sur le

benefice des techniques de reanimation a la phase aigue des AVC. Dans ce contexte, des LAT

sont parfois discutees quand la survie peut ne pas etre souhaitee ou souhaitable. Les

decisions de LAT ou les consignes de « non reanimation » (« DNR orders ») sont actuellement

peu connues, mais seraient relativement frequentes puisque les « DNR orders » concerne-

raient environ 30 % des patients admis pour un AVC.

Perspectives et conclusion. – Les decisions de LAT sont complexes car elles s’appuient sur une

prediction de handicap et de qualite de vie par essence incertaine. Elles necessitent une

reflexion ethique qui prend en compte l’incertitude pronostique, les souhaits et valeurs du

patient et certaines contraintes organisationnelles. Les recommandations proposees par la

SRLF s’inscrivent dans cette perspective.

# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

§ Texte argumentaire des recommandations formalisees d’experts de la Societe de reanimation de langue francaise concernant la priseen charge de l’AVC par le reanimateur.

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (S. Crozier).

0035-3787/$ – see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.doi:10.1016/j.neurol.2011.01.012

Page 2: AVC graves : pronostic, critères d’admission en réanimation et décisions de limitations et arrêt de traitements

a b s t r a c t

Introduction. – Stroke can produce irreversible brain damage of massive proportion leading

to severe disability and poor quality of life. Resuscitation and mechanical ventilation of these

patients remain controversial because of the high mortality and severe disability involved.

State of art. – When prognosis is very poor, do-not-resuscitate orders (DNR orders) and

withhold or withdrawal of treatment may be discussed. Studies have shown that DNR

orders are relatively frequent in acute stroke: up to 30% of all patients, and 50% of which are

given upon admission. DNR orders are closely associated with severity of the neurological

deficit and age. Precise estimates of withhold and withdrawal of treatment are not available,

but terminal extubations in severe stroke could contribute to 40,000 to 60,000 acute stage

deaths per year. Little is known about the decision making process and palliative care in

these situations. The neurological prognosis is the main explicit criterion. However, evalua-

tion of neurological outcome is highly uncertain and difficult, and does not always reflect

quality of life. Several studies have raised the issue of this disability paradox. Thus, physician

estimation of prognosis has a profound impact on decisions for life sustaining therapies, and

may lead to self-fulfilling prophecies in case of false appreciation of published evidence.

Other criteria could influence the withhold and withdrawal of treatment decision, such as

social conditions and patient values.

Perspectives and conclusion. – Decisions for life-sustaining therapies in severe stroke are

always difficult and often based on subjective and uncertain criteria. We have to improve

prognosis estimation and our understanding of patient preferences to promote patient-

centered care. An ethical approach may guide these complex decisions.

# 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords:StrokeResuscitationMechanical ventilationTherapeutic limitsNeurological prognosis

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Le pronostic des accidents vasculaires cerebraux (AVC) est

tres variable et principalement lie a la severite du deficit

neurologique initial, a l’age et a l’existence de comorbidites

lourdes associees. La prise en charge en reanimation et

notamment le recours a une ventilation mecanique (VM) au

cours de l’evolution d’un AVC sont egalement souvent

associes a un pronostic defavorable (deces ou handicap

severe), amenant a considerer ces situations avec un certain

fatalisme. Par ailleurs, la mise en route d’une ventilation

artificielle dans ces situations reste aussi tres controversee du

fait de donnees pronostiques dans la litterature variables et

inhomogenes. Ainsi, dans ce contexte, des decisions de

limitations et/ou d’arret de traitements (LAT) sont parfois

discutees quand la survie peut ne pas etre souhaitee ou

souhaitable. Ces decisions medicales sont complexes car elles

s’appuient sur une prediction de handicap et de qualite de vie

par essence incertaine et suscitent de nombreuses questions

ethiques. Cet article accompagne et tient lieu d’argumentaire

aux recommandations proposees par la Societe de reanima-

tion de langue francaise (SRLF) concernant les criteres

d’admission en reanimation et les decisions de LAT a la

phase aigue des AVC.

1. Prise en charge des AVC en reanimation,indications, modalites et benefices attendus(hemorragies sous-arachnoıdiennes exclues)

1.1. Pronostic des AVC

Le pronostic des AVC depend principalement de la gravite

neurologique initiale, de l’age et du volume de la lesion

cerebrale. D’une facon generale, les hemorragies cerebrales

(HC) ont une evolution plus defavorable que les infarctus

cerebraux (IC) : leur mortalite a un mois est de 27,5 % versus

11,5 % dans les IC, et moins de 30 % des patients sont

independants a un an versus 50 % pour les IC (Bardet, 2007). La

plupart des deces survenant au cours des premiers jours sont

la consequence de l’atteinte neurologique ou de complications

neurologiques dont l’œdeme et l’augmentation de la pression

intracranienne. Les deces ulterieurs sont essentiellement dus

a des complications generales (infections, infarctus du

myocarde, embolie pulmonaire, etc.).

Si le score de Glasgow est un critere predictif de mortalite

des AVC, il reste tres insuffisant pour predire le handicap.

L’evaluation initiale de la gravite de l’AVC passe principale-

ment par une echelle clinique, le score National Institute

Health Stroke Scale (NIHSS) et par des facteurs pronostiques

surtout etudies dans la situation des AVC graves.

L’echelle NIHSS est l’une des plus utilisees dans l’AVC aigu

notamment depuis l’essai randomise americain du tPA dans

l’IC aigu (NINDS, 1995). L’echelle NIHSS est cotee de 0 (normal)

a 42 (score maximum). Elle est composee de 11 items explorant

la conscience, l’oculomotricite, le champ visuel, la motricite, la

sensibilite, l’ataxie, le langage et la negligence. Un AVC est

defini comme mineur si le score est entre 0 et 5, modere pour

un score entre 6 et 10, severe pour un score entre 11 et 15, tres

severe si le score est entre 16 et 20 et gravissime pour un score

superieur a 20. Sa valeur predictive du pronostic fonctionnel,

de la duree d’hospitalisation, du devenir du patient a la sortie

de l’unite aigue est de plus en plus reconnue. Certaines etudes

ont ainsi montre que le deficit neurologique initial evalue avec

le score NIHSS etait predictif de l’evolution (handicap) a trois

mois (Frankel et al., 2000) et de la duree d’hospitalisation.

(Chang et al., 2002) Ainsi, environ trois quarts des patients avec

un score NIHSS superieur a 17 sont morts ou grabataires a trois

mois, c’est-a-dire avec un score de handicap modifie de

Rankin entre 4 et 6, alors que pour un score NIHSS inferieur ou

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egal a 17 ils ne sont plus qu’un tiers. Ce score actuellement tres

utilise a la phase aigue des AVC dans les unites neurovascu-

laires (UNV), reste peu ou pas utilise en reanimation. Son

interet dans la prise en charge des AVC graves pourrait

cependant s’averer utile en particulier pour l’evaluation

pronostique du handicap neurologique.

1.1.1. Les facteurs pronostiques des ICLes principaux facteurs pronostiques de mortalite identifies

dans les etudes sont : le niveau de vigilance (Henon et al.,

1995), l’age, l’hyperglycemie a l’admission (Williams et al.,

2002) et l’hyperthermie (Kammersgaard et al., 2002). Par

ailleurs, certains criteres radiologiques peuvent etre predictifs

d’une evolution defavorable. Ainsi un volume de l’AIC

superieur a 145 cm3 dans les 24 premieres heures du deficit

en IRM de diffusion, est tres predictif d’un risque d’œdeme

malin (Oppenheim et al., 2000). De meme le volume de

l’infarctus et/ou de la penombre en IRM peut predire le

handicap residuel a trois mois (Barber et al., 1998). D’autres

etudes ont egalement montre l’interet d’un critere composite

associant le score NIHSS au volume initial de l’IC en IRM pour

l’evaluation pronostique (Baird et al., 2001). Enfin, l’occlusion

de l’artere cerebrale moyenne est un facteur de mauvais

pronostic a trois mois (mortalite et handicap), de meme la

detection precoce d’occlusions ou de stenoses serrees arte-

rielles, en particulier dans le territoire vertebrobasilaire, est

fortement correlee a la mortalite a trois mois (Ois et al., 2007).

1.1.2. Les facteurs pronostiques des hemorragiescerebrales (HC)Les HC ont en general un pronostic plus severe avec une

mortalite de 60 % a un an versus 25 % pour les IC. Elles sont

aussi a l’origine de lourdes sequelles neurologiques avec

seulement 20 % de patients independants a six mois (Broderick

et al., 1999). Cette morbi-mortalite est largement influencee

par les complications survenant a la phase aigue : complica-

tions generales dues a la gravite neurologique de l’HC et

complications neurologiques, principalement la recidive

hemorragique, l’hypertension intracranienne et les crises

d’epilepsie. Le volume de l’hematome est un facteur pronostic

majeur ; en effet en cas de volume superieur a 60 mL, la

mortalite a 30 jours est de 71 % pour les HC lobaires et de 93 %

pour les HC profonds. Si on ajoute a ce critere de volume, un

score de Glasgow inferieur a 8, le risque de deces est alors de

91 % a 30 jours (Broderick et al., 1993).

Par ailleurs, certains facteurs peuvent majorer la gravite

des AVC comme l’hypoxie, l’hypercapnie ou l’hypocapnie

excessive, une hypotension ou une hypertension majeure, un

trouble hydroelectrolytique (glycemie et natremie), la pre-

sence de toxiques, une prescription eventuelle actuelle ou

recente de sedatifs, un sepsis sous-jacent, une crise d’epilepsie

ou un etat de mal ou encore une hydrocephalie. Il est donc

important d’en tenir compte lors de l’evaluation du pronostic

neurologique. Enfin, l’autonomie anterieure et les comorbi-

dites associees modifient aussi le pronostic et sont a evoquer

dans la prediction du handicap et la qualite de vie future.

1.1.3. Pronostic des AVC en reanimationUne VM serait discutee dans 20 a 30 % des AVC mais ne serait

entreprise que dans 5 a 8 % des cas (Leker et Ben-Hur, 2000). Le

pronostic des patients « ventiles » est sombre mais tres

variable dans les etudes. En effet, dans ces situations environ

60 % des patients sont decedes a un mois, 70 % a un an et 25 a

100 % des survivants gardent un handicap tres severe a un an

(Holloway et al., 2005). Ces estimations issues d’etudes pour la

majorite retrospectives et inhomogenes du fait d’indications

variees de la VM et d’outils differents de mesure du pronostic

fonctionnel, entretiennent une controverse importante sur le

benefice d’une reanimation pour les AVC graves (Berrouschot

et al., 2000 ; Burtin et al., 1994 ; Bushnell et al., 1999 ; El-Ad et al.,

1996 ; Grotta et al., 1995 ; Gujjar et al., 1998 ; Santoli et al., 2001 ;

Steiner et al., 1997).

Par ailleurs, les etudes conduites en reanimation ont

identifie un certain nombre de criteres pronostiques. Les

principaux facteurs de mortalite identifies dans une revue de

la litterature reprenant 83 etudes publiees, sont pour les IC ; les

IC sylviens malins, les IC cerebelleux avec troubles de la

vigilance et/ou hydrocephalie et les IC par occlusion du tronc

basilaire avec coma et pour les HC : un score de Glasgow

inferieur a 8, un age superieur a 80 ans, la localisation

pontique ou mesencephalique et l’absence de reflexe corneen,

et l’hydrocephalie dans les HC cerebelleuses (Wijdicks et

Rabinstein, 2004). Il faut neanmoins noter que la chirurgie doit

etre discutee dans les situations d’IC cerebelleux avec

hydrocephalie (drainage ventriculaire externe) ou d’IC syl-

viens malins (craniectomie decompressive) car elle peut

parfois ameliorer le pronostic de facon importante. Le benefice

de la chirurgie dans ces indications est principalement lie a la

precocite du geste qui, la decision prise, ne doit pas etre

retarde (Vahedi et al., 2007).

Dans une autre revue portant sur le pronostic des AVC

sous VM, les facteurs associes a une augmentation de la

mortalite etaient les suivants : l’engagement cerebral,

l’hemorragie pontique avec hyperthermie, l’occlusion du

tronc basilaire avec coma et apnee, la persistance d’un coma

et l’absence de reflexe pupillaire ou corneen a j2 ou j3

(Holloway et al., 2005). Par ailleurs, les facteurs associes a

une plus lourde morbidite etaient : les IC sylviens etendus,

les AVC pontiques responsables de « locked-in syndrom », la

presence de comorbidites (comme une cardiomyopathie ou

une demence), d’une fievre et d’une deviation de la ligne

mediane au scanner cerebral. Enfin, d’autres facteurs etaient

plutot associes a un meilleur pronostic, comme une intuba-

tion pour crises d’epilepsie ou pour detresse respiratoire

plutot que neurologique, le jeune age, la presence d’un

conjoint, une recuperation initiale rapide et une temperature

basse.

Une synthese de toutes ces etudes est difficile car les

criteres de jugements sont differents, le mauvais pronostic

pouvant etre defini par la mort ou par des criteres combines

avec un handicap de severite variable. Ainsi, si certains

criteres de gravite permettent une estimation du pronostic

vital avec plus ou moins de fiabilite, la prediction du

handicap, et plus encore celle de la qualite de vie, reste

particulierement complexe a la phase aigue des AVC

graves.

Enfin, l’evaluation du pronostic neurologique d’un

AVC necessite toujours du temps, ce qui necessite une

certaine prudence dans l’evaluation faite les premiers

jours.

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1.2. Indications de reanimation (ventilation mecanique)

Il n’existe pas a ce jour de criteres precis d’admission en

reanimation des AVC. En general, la decision de reanimation

depend des indicateurs neurologiques du pronostic prece-

demment cites, des defaillances d’organes associees, de l’etat

anterieur mais aussi des souhaits du patient ou de sa personne

de confiance et a defaut de l’avis de l’entourage – susceptibles

d’evoluer et du mode de vie (entourage familial et social).

L’indication de la reanimation depend egalement du motif de

la detresse vitale : gravite de l’atteinte neurologique en elle-

meme ; consequences de l’atteinte neurologique (par exemple

pneumonie d’inhalation induite par des troubles de la

deglutition, ne temoignant pas toujours d’un AVC etendu) ;

evenement intercurrent independant de la pathologie cere-

brale (choc septique par exemple), decompensation de

pathologies sous-jacente (œdeme pulmonaire aigu [OAP] sur

cardiopathie ischemique par exemple, etc.).

Par ailleurs, on peut distinguer les decisions de reanimation

a prendre dans des situations d’urgence des decisions pouvant

etre anticipees (en cas d’aggravation) : dans le cadre de

l’urgence, l’incertitude du diagnostic et du pronostic neurolo-

gique a la phase aigue peut justifier une reanimation dite

« d’attente » dans l’interet du patient, lorsque tous les elements

necessaires a la prise de decision ne sont pas documentes. Pour

les patients deja hospitalises pour un AVC, l’eventualite d’une

reanimation en cas d’aggravation doit faire l’objet d’une

anticipation de decision, concertee, entre reanimateurs et

neurologues. Les differents motifs d’aggravation eventuelle

seront discutes afin de decider s’ils justifient ou non une

reanimation.Ces decisions,argumentees,sontensuite inscrites

dans le dossier medical, avec parfois des items conditionnels

(par exemple reanimation en cas de decompensation respira-

toire mais pas en cas d’aggravation neurologique).

Les autres indications potentielles d’hospitalisation en

reanimation peuvent etre la maıtrise difficile des facteurs

d’agression cerebrale, ou le recours a des techniques de

suppleance delicates a gerer comme les epurations extrare-

nales ou la ventilation non invasive (soit pour une affection

anterieure ou pour un OAP par exemple). Enfin, l’admission en

reanimation peut etre discutee pour la prise en charge d’un

patient presentant un AVC massif dont l’evolution probable

est la mort encephalique, dans l’eventualite d’un prelevement

d’organe.

2. Limitations et arret de traitement a la phaseaigue des AVC graves

Le pronostic parfois tres sombre des AVC graves amene a

discuter l’absence d’initiation, la limitation ou l’arret de

certains traitements, consideres comme « futiles ». Le concept

de futilite, ou « futility » anglo-saxon, est ainsi evoque lorsque

la synthese des elements anamnestiques, cliniques et para-

cliniques ne permet pas d’esperer de benefice « global » pour le

patient (Schneiderman et al., 1990). On distingue le plus

souvent dans la litterature, les decisions de « non

reanimation » ou « do-not-resuscitate orders » (« DNR

orders ») prises a la phase aigue des AVC, des decisions de

LAT (principalement les extubations en reanimation).

2.1. Decisions de « non reanimation » a la phase aiguedes AVC

Les consignes de « DNR orders » concernent principalement

l’absence de reanimation en cas de defaillance cardiorespira-

toire, et sont le plus souvent l’expression de la volonte du

patient ou le fruit d’une decision partagee. Elles sont prises

dans les situations ou la mise en route d’une technique

invasive semble disproportionnee au regard d’un pronostic

vital ou fonctionnel particulierement severe, et ce parfois des

les premieres heures de la prise en charge. Ces decisions ne

sont pas rares. Selon les etudes, on retrouve en effet 12 a 34 %

de « DNR orders » parmi les patients admis pour un AVC aux

urgences. (Alexandrov et al., 1995 ; Hemphill et al., 2004). Il est

interessant de noter que 53 % de ces decisions sont prises dans

les 24 premieres heures, suggerant une evaluation pronos-

tique tres precoce et une absence d’admission en reanimation

(Alexandrov et al., 1995).

Les facteurs associes aux « DNR orders » sont principale-

ment la gravite neurologique, en particulier le coma initial,

mais aussi l’age, les comorbidites associees graves et l’auto-

nomie anterieure (Shepardson et al., 1997). Une autre etude

multicentrique a montre que la mortalite des patients

victimes d’une HC etait principalement liee aux pratiques et

habitudes medicales de certains hopitaux, comme la fre-

quence des « DNR orders », frequence inversement propor-

tionnelle a celle des gestes « invasifs » comme l’hemi-

craniectomie ou la derivation ventriculaire (Hemphill et al.,

2004). Ainsi cette etude, qui concernait plus de 8000 patients,

souligne que la mortalite des hemorragies cerebrales n’est pas

seulement liee a la gravite des patients et la decision de non

reanimation, mais qu’elle depend aussi de contraintes

organisationnelles hospitalieres (comme la possibilite d’avoir

acces a de la chirurgie ou a la radiologie interventionnelle). Par

ailleurs, dans une autre etude, la mortalite a un mois des

patients victimes d’une HC etait multipliee par deux en cas de

« DNR », independamment des facteurs classiquement

associes a la mortalite en cas d’HC (Zahuranec et al., 2007).

Ainsi, la plupart des etudes evaluant les facteurs pronostiques

des HC est biaisee par l’existence frequente de ces « DNR

orders », facteur confondant extremement difficile voire

impossible a controler (Becker et al., 2001 ; Rabinstein et

Diringer, 2007 ; Zahuranec et al., 2007). Le pronostic tres

sombre des HC (notamment la mortalite elevee) est donc a la

fois la cause et la consequence de decisions de non

reanimation.

2.2. Decisions de limitation et arret des therapeutiques(LAT) a la phase aigue des AVC graves

Dans la litterature, les donnees sur les LAT des AVC graves

sont rares et concernent principalement les patients en

reanimation. Des « extubations terminales » seraient prati-

quees chez 5 a 10 % des AVC ischemiques ventiles et 25 a 30 %

des HC, conduisant a 40 000 a 60 000 morts par AVC aigus par

an aux Etats-Unis. Il semblerait qu’aux Etats-Unis ces

decisions resultent le plus souvent d’une « prise de decision

partagee », c’est-a-dire basee sur l’evaluation pronostique, les

benefices et risques des traitements en cours, et sur les

preferences du patient (Holloway et al., 2005).

Page 5: AVC graves : pronostic, critères d’admission en réanimation et décisions de limitations et arrêt de traitements

1 Loi no 2005-370 du 22 avril 2005. Journal Officiel du 23 avril 2005.

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 4 6 8 – 4 7 3472

La frequence et les facteurs associes a ces decisions de LAT,

ou d’extubation « terminale » a la phase aigue des AVC graves,

ne sont pas connus a ce jour. Il existe en revanche quelques

donnees concernant l’ensemble de patients admis en neuro-

reanimation aux Etats-Unis. Ainsi, une etude a montre qu’une

decision d’arret de VM fut prise chez 13 % des patients admis

en neuroreanimation. Les facteurs associes a ce retrait etaient

la gravite neurologique, l’age et un score APACHE II plus eleve

(score de gravite en reanimation et compose de 12 items, et

predictif de mortalite) (Knaus et al., 1985). A l’inverse, l’arret de

VM etait moins frequent chez les Afro-americains et chez les

patients ayant beneficie d’une chirurgie. Cette difference par

rapport a la population blanche reste difficile a expliquer. Les

deux hypotheses avancees par les auteurs sont celles d’une

moins grande confiance dans le systeme medical (conduisant

plutot a poursuivre les traitements meme si les medecins ne

les jugent pas utiles) et d’une croyance religieuse plus

fondamentaliste chez les citoyens afro-americains. Enfin, le

statut marital, l’autonomie anterieure, l’origine « clinique » du

patient (service de neurologie ou de neurochirurgie), le statut

prive ou public de l’assistant et le type d’assurance medicale

maladie n’etaient pas associes aux decisions de retrait de la

VM (Diringer et al., 2001).

2.3. Enjeux ethiques des decisions des LAT a la phaseaigue des AVC « graves »

Si les criteres sur lesquels reposent les decisions de LAT a la

phase aigue des AVC graves sont aujourd’hui peu ou pas

connus, il semble que l’argument, plus ou moins explicite-

ment retrouve dans la litterature pour decider d’une LAT ou

d’une « non reanimation », est celui de la « futilite », c’est-a-

dire de l’absence de benefice a attendre de certains traite-

ments au regard d’un pronostic neurologique juge

« catastrophique » ou sans espoir (Schneiderman et al.,

1990). Derriere cette notion de pronostic catastrophique se

profile souvent celle d’un handicap qui pourrait etre inac-

ceptable ou d’une « vie qui ne vaudrait pas la peine d’etre

vecue ».

Or la prediction du handicap et plus encore celle de la

qualite de vie restent difficile a etablir, en particulier du fait de

l’incertitude du pronostic neurologique, mais aussi de notre

representation du handicap et des contraintes organisation-

nelles liees en particulier au manque de moyens disponibles.

Comme nous l’avons discute plus haut, la prediction du

handicap neurologique reste difficile principalement du fait

du manque de fiabilite et de reproductibilite de ces criteres

pronostiques (Wijdicks et Rabinstein, 2004). De plus, a cette

incertitude du handicap « sequellaire » s’ajoute celle, encore

plus grande, de la qualite de vie future. En effet, le lien entre

handicap et qualite de vie est complexe : d’une part a handicap

« egal », la qualite de vie peut etre tres differente selon les

patients et, d’autre part, la qualite de vie percue (ou imaginee)

par des observateurs exterieurs d’un handicap severe est le

plus souvent bien moins bonne que celle que le patient

rapporte. Cette difference entre handicap percu et handicap

vecu, ou « Disability paradox », est utile a connaıtre quand il

s’agit d’imaginer la qualite de vie future du patient (Albrecht et

Devlieger, 1999). Elle souligne aussi et surtout les capacites

d’adaptation des patients a des handicaps meme tres severes

(les premieres etudes concernaient les tetraplegiques), et les

difficultes pour des personnes exterieures de se representer la

qualite de vie d’autrui. De plus, comme certaines etudes l’ont

montre, ces representations dependent en particulier de l’age,

de la religion, de l’experience, de l’eventuel surmenage et de la

personnalite pessimiste ou optimiste du medecin (Holloway

et al., 2005).

Il convient donc de se mefier des croyances et projections

qui peuvent determiner les decisions medicales et aboutir a

des propheties autorealisatrices. Ces dernieres sont des

croyances (notamment pronostiques) qui modifient des

comportements (limitation de l’engagement therapeutique)

de telle sorte qu’ils font advenir ce que la prophetie annonce.

Elles sont deja demontrees en reanimation (Cook et al., 2003),

mais aussi, comme nous l’avons vu, averees en cas d’HC. La

collegialite des discussions de LAT, inscrite dans la loi du

22 avril 2005, peut etre un moyen d’eviter certaines propheties

autorealisatrices1. Ce dispositif legislatif permet en effet de

susciter une discussion autour des difficultes liees a l’incerti-

tude pronostique et aux croyances qui en decoulent, et d’eviter

des decisions qui pourraient etre arbitraires et dangereuses.

Dans la situation particuliere des AVC, le pronostic neurolo-

gique etant le plus souvent difficile a preciser, la concertation

entre neurologues et reanimateurs peut etre particulierement

utile pour ces decisions delicates de LAT.

Par ailleurs, la representation du handicap dans la societe

et les moyens mis en œuvre pour la prise en charge et la

reinsertion des personnes handicapees jouent un role impor-

tant dans les discussions de LAT, ou la qualite de vie future et

le caractere « supportable » du handicap sont interroges. Or les

resultats d’enquetes realisees aupres de la population ame-

ricaine ont montre que 50 % des personnes interrogees

consideraient les consequences d’un AVC grave comme « pires

que la mort » (Holloway et al., 2005). Cette representation tres

negative de l’AVC grave peut expliquer certains freins a la mise

en œuvre et/ou a la poursuite de certains traitements et le

pessimisme dans la prise en charge de ces patients qui amene

souvent a considerer la reanimation et la VM avec fatalisme

(El-Ad et al., 1996).

3. Conclusion

Les decisions d’admission en reanimation, de mise en œuvre

d’une VM ou d’un arret de traitement a la phase aigue d’un

AVC grave sont particulierement difficiles car elles reposent

sur une estimation pronostique incertaine et font parfois

appel a des concepts delicats comme celui de « vie valant la

peine d’etre vecue ». Elles necessitent une grande prudence et

une evaluation au cas par cas qui engage la responsabilite

medicale. Une reflexion ethique dans cette prise en charge est

indispensable car il ne s’agit ni de poursuivre des traitements

devenus futiles et de s’engager alors dans l’acharnement

therapeutique, ni de limiter des traitements sur des

« croyances pronostiques » pouvant conduire alors a des

propheties autorealisatrices. Une meilleure connaissance du

pronostic des AVC graves, la recherche des valeurs et souhaits

des patients, une prise de conscience des differents biais

Page 6: AVC graves : pronostic, critères d’admission en réanimation et décisions de limitations et arrêt de traitements

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 7 ( 2 0 1 1 ) 4 6 8 – 4 7 3 473

intervenant dans ces decisions de LAT, ainsi qu’une discus-

sion et reflexion sur ces decisions devraient permettre de

guider la prise en charge complexe de ces patients.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en

relation avec cet article.

r e f e r e n c e s

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