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N o d’ordre : 07/2008-S/S.N REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE HOUARI BOUMEDIENE FACULTE DES SCIENCES BIOLOGIQUES THÈSE Présentée pour l’obtention du diplôme de Doctorat es-Sciences En : Sciences de la Nature Spécialité Océanographie Par : BAKALEM Ali Sujet CONTRIBUTION A L’ETUDE DES PEUPLEMENTS BENTHIQUES DU PLATEAU CONTINENTAL ALGERIEN Soutenue le 15 octobre 2008, devant le Jury composé de : Mme R. SERIDJI, Professeur, FSB – USTHB Présidente Mr M. GLEMAREC, Professeur, UBO (Brest) Directeur de thèse Mme M. DAHMANI, Professeur, FSB - USTHB Examinatrice MM. G. BELLAN, Professeur, Université Marseille Examinateur Z. BOUTIBA, Professeur,Université Es-Senia (Oran) Examinateur R. SEMROUD, Professeur, ISMAL Examinateur

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  • No dordre : 07/2008-S/S.N

    REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET

    DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

    HOUARI BOUMEDIENE

    FACULTE DES SCIENCES BIOLOGIQUES

    THSE Prsente pour lobtention du diplme de Doctorat es-Sciences

    En : Sciences de la Nature Spcialit Ocanographie

    Par : BAKALEM Ali

    Sujet

    CONTRIBUTION A LETUDE DES PEUPLEMENTS BENTHIQUES DU

    PLATEAU CONTINENTAL ALGERIEN

    Soutenue le 15 octobre 2008, devant le Jury compos de :

    Mme R. SERIDJI, Professeur, FSB USTHB Prsidente Mr M. GLEMAREC, Professeur, UBO (Brest) Directeur de thse Mme M. DAHMANI, Professeur, FSB - USTHB Examinatrice MM. G. BELLAN, Professeur, Universit Marseille Examinateur Z. BOUTIBA, Professeur,Universit Es-Senia (Oran) Examinateur R. SEMROUD, Professeur, ISMAL Examinateur

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    Sommaire

    Page Introduction 5 Chapitre 1 : Matriels et mthodes Stratgie dchantillonnage 10 1. Stratgie dchantillonnage Traitement des donnes 10 2. Expression des rsultats Mthodes de traitement des donnes 16 3. Dynamique des populations 19 1re Partie : Milieux - Peuplements des sables fins de la cte algrienne Chapitre 2 : Golfes dOran et dArzew 21 Golfe dOran 21 1.Milieu 21 2. Peuplement des sables fins 27 Golfe dArzew 35 1. Milieu 35 2. Peuplement des sables fins 43 Chapitre 3 : Baie de Bou Ismail 53 1. Milieu 53 2. Peuplement des sables fins du secteur ouest de Bou Ismail 64 3. Peuplement des sables fins du secteur est de Bou Ismail 76 Chapitre 4 : Golfe de Bejaia 88 1. Milieu 88 2. Peuplement des sables fins 93 Chapitre 5 : Golfe de Jijel 103 1. Milieu 103 2. Peuplement des sables fins 109 Chapitre 6 : Golfe de Skikda - Baie de Fetzara 119 1. Milieu 119 2. Peuplement des sables fins 126 Chapitre 7 : Baie dAlger 136 1. Milieu 136 2. Peuplement des sables fins de la station HD 148 3. Peuplement des sables fins de la station OH 187 4. Peuplement des sables fins de la station F 221 5. Peuplement des sables fins de la station BEK 258 Chapitre 8 : Synthse comparative des peuplements de sables fins de la cte algrienne 297 1. Diversit 297 2. Densit moyenne 300 3. Groupes zoologiques 300 4. Amphipodes 304 5. Groupes cologiques 309 6. Groupes trophiques 315 7. Espces principales 318

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    8. Indices de diversit 321 9. Diagrammes Rang-Frquence 323 10. Frquence - Indice biologique 325 11. Biomasse 329 2me partie : Ecologie numrique Chapitre 9 : Analyse numrique des peuplements de sables fins 332 1. Baie dAlger 332 1.1. Station HD 332 1.2. Station OH 348 1.3. Station F 360 1.4. Station BEK 373 1.5. Comparaison des stations de la baie dAlger 391 2. Golfe dArzew 421 3. Baie de Bou Ismail 426 4. Golfe de Bejaia 433 5. Baie de Fetzara 446 6. Comparaison analytique des peuplements de SF 447 6.1. Golfes dOran, dArzew et de Bejaia, baies de Bou Ismail et Fetzara 447 6.2. Golfes dOran, dArzew et de Bejaia, baies de Bou Ismail, dAlger et Fetzara 458 3me Partie : Dynamique des Populations Chapitre 10 : Biologie et Ecologie des espces principales des sables fins de la cte algrienne 470 1. Spisula subtruncata 470 2. Venus gallina 486 3. Genre Donax Donax semistriatus 496 4. Mactra corallina 507 5. Abra alba 510 6. Dosinia lupinus 515 7. Tellina pulchella 518 8. Acanthocardia tuberculata 523 9. Pandora inaequivalvis 525 10. Nassa mutabilis 528 11. Owenia fusiformis 531 Discussion gnrale 536 Conclusions gnrales 583 Bibliographie 606 Annexes 648 Rsum 678

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    Abrviations

    B : biomasse BBIE : secteur est de la baie de Bou Ismail BBIO : secteur ouest de la baie de Bou Ismail Bm : biomasse moyenne d : densit D : dominance dm : densit moyenne Dm :dominance moyenne DRF : diagramme rang frquence E : indice dquitabilit F : frquence Ib : indice biologique Is : indice de Shannon N : nombre despces PS : poids sec PSLC : poids sec libre de cendres Stocks ou groupes cologiques Grav : gravellicole HP : espce caractristique de lherbier Posidonies Ii : indicatrice dinstabilit sdimentaire Imo : indicatrice de matires organiques Imp : indicatrice de milieux perturbs Ip : indicatrice de pollution Ipert : indicatrice de perturbation LEE : espce des milieux eurythermes et euryhalins LRE : espce large rpartition cologique Mixt : mixticole Mn : minuticole Sd : espce caractristique de substrats durs Sspr : espce sans signification cologique prcise Sst : sabulicole stricte St : sabulicole tolrante SV : sabulicole vasicole Vst : vasicole stricte Vt : vasicole tolrante Groupes trophiques C : carnivore C/DS : carnivore -dposivore de surface DS : dposivore de surface DSS : dposivore de sub - surface O : omnivore O/C :omnivore carnivore S : suspensivore

    SDS : suspensivore dposivore de surface

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    Introduction Les ctes algriennes se caractrisent par ltroitesse, parfois par la disparition, de leur plateau continental en bordure des massifs montagneux ctiers, et par lextension de ce plateau au niveau des ctes basses comme dans le cas des baies et des golfes o son dveloppement est maximal. Ainsi, le plateau continental algrien apparat comme un plateau discontinu et fragment, nexistant rellement quau niveau des baies et golfes. Comme le soulignent dj Caulet (1972) et Leclaire (1972), il ny a pas un plateau continental algrien unique mais plusieurs plateaux continentaux rgionaux, correspondant aux baies et golfes de la cte algrienne. La connaissance de ces plateaux continentaux rgionaux est une condition imprative pour leur exploitation, leur amnagement et leur protection. Cependant, lheure actuelle les connaissances disponibles sont en gnral rares, fragmentaires, disperses dans le temps et lespace. La composante biologique des fonds meubles de ces plateaux est peu connue, notamment le compartiment benthos et plus particulirement le zoobenthos. Le zoobenthos, plus prcisment la macrofaune, des fonds meubles de la cte algrienne est un thme qui a t abord presque exclusivement sous les aspects systmatique et inventaire des invertbrs benthiques :

    Crustacs Amphipodes : Chevreux (1909, 1910), Ruffo (1954), Mulot (1967), Bakalem et Dauvin (1995) ;

    Crustacs Dcapodes : Forest (1957), Sollaud (1957) ; Crustacs Harpacticodes : Monard (1936, 1937) ; Mollusques : Weinkauff (1862, 1866), Dautzenberg (1895), Locard (1898), Pallary (1900),

    Dieuzede (1934, 1951), Llabador (1935), Mars (1957) ; Echinodermes : Seurat (1932), Pallary (1898, 1935), Dieuzede (1933), Llabador (1941),

    Devries (1957) ; Ltude de la macrofaune benthique a t aborde en prospectant les fonds chalutables de la cte algrienne : inventaire de la macrofaune et caractrisation des fonds de pche par les invertbrs benthiques (Le Danois, 1925 ; Dieuzede, 1940, 1950, 1951, 1954, 1955 a et b ; Dieuzede et Roland, 1956, 1957 ; Maurin, 1962). Tous les travaux de systmatique et dinventaire cits restent fragmentaires et incomplets, mais surtout limits dans le temps et dans lespace : zones ou rgions trs restreintes de la cte algrienne. Les travaux de bionomie benthique : identification, caractrisation et cartographie des peuplements macrobenthiques des fonds meubles, sont rares en Algrie. Les quelques travaux disponibles sont trs limits dans le temps et lespace :

    Spack (1931) prospecte certains fonds meubles de la baie dAlger ; Dieuzede et Goau-Brissonnire (1951) tudient les prairies de Zostres naines et des

    Cymodoces de Bou Ismail, et inventorient la macrofaune des mattes de ces prairies ; Molinier et Picard (1953) tudient en baie de Bou Ismail les herbiers de Phanrogames

    marines et leur macrofaune ; Vaissire et Fredj (1963) prospectent , mais de manire sommaire, les fonds meubles des

    golfes dOran, dArzew et dAnnaba, des baies de Bou Ismail et dAlger. Les rsultats de cette tude restent trs fragmentaires et incomplets : ils ne refltent pas la ralit de la bionomie benthique des fonds meubles prospects ;

    Le Gall (1969) tudie un compartiment , lendofaune, des pelouses de Zostraces de la baie de Bou Ismail ;

    Falconetti (1970) contribue la connaissance faunistique des fonds de gravellette ou marl de Bou Ismail ;

    Petit (1972) dcrit les peuplements benthiques de la zone de Tamentfoust (baie dAlger) ; Semroud (1992) et Boumaza (1995) dcrivent et analysent les herbiers Posidonies de la

    rgion algroise. Une premire analyse de ces tudes rvle que :

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    - les travaux de Le Gall (1969) et Falconetti (1970) sont en Algrie les premiers travaux rels de bionomie benthique qui abordent de manire dtaille les aspects et les caractristiques dune biocnose ou dun peuplement de substrats meubles ;

    - seule ltude de Spack (1931) aborde les aspects quantitatifs (densit, biomasse) des fonds meubles algriens ; elle reste notre connaissance lune des rares sources de donnes quantitatives sur les peuplements macrobenthiques de substrats meubles de la cte algrienne ;

    - tous les travaux cits concernent exclusivement la rgion algroise (baies de Bou Ismail et dAlger) except eux de Vaissire et Fredj (1963) ; cela met en relief le manque flagrant de connaissance lchelle de toute la cte algrienne, qui reste une cte inexplore. Les petits fonds meubles ctiers, plus prcisment les fonds de sables fins infralittoraux, restent un domaine quasiment inexplor ; les rares travaux sy rapportant sont ceux de :

    - Le Danois (1925) qui dcrit sommairement ces fonds sous lappellation de sables Ophiura lacertosa ;

    - Vaissire et Fredj (1963) qui mentionnent lexistence de ces sdiments sous forme dune troite bande au fond des baies et golfes, et les dsignent sous le nom de sables fins terrignes ;

    - Bakalem (1979) qui dcrit sur les fonds ctiers de la baie dAlger un peuplement de sable fins Ophiura texturata Donax semistriatus. Toutefois, nous notons la contribution la connaissance de la systmatique, de la biologie ou/et lcologie despces des fonds de sables infralittoraux de certains auteurs: Chevreux (1910), Ruffo (1953) : systmatique et inventaire des Amphipodes ; Mulot (1967) : description dune nouvelle espce dAmphipode en baie de Bou Ismail,

    Haustorius algeriensis ; Mouza (1971,1975), Degiovanni et Mouza (1972) : biologie et cologie de Donax

    trunculus en baie de Bou Ismail ; Louis (1980) : dynamique des populations des Amphipodes Orchestria montagui et O.

    deshayesi de la baie de Bou Ismail ; Messili (2004) : biologie, cologie et dynamique de population de Venus gallina en baie

    dAlger. Tous ces travaux nont pris en considration quun lment ou un compartiment de la macrofaune des sables fins, et dans certains cas quun aspect particulier. Ainsi, la macrofaune des sables fins de la cte algrienne dans sa globalit na pas fait lobjet dtude intgrant plusieurs aspects : descriptif, quantitatif et dynamique. En dautres aires gographiques de la Mditerrane, la macrofaune ou le peuplement des sables fins infralittoraux a fait lobjet dtudes quantitatives. Dans certaines rgions mditerranennes, il a t abord les problmes lis aux fluctuations spatiales ou/et temporelles des peuplements ou de la macrofaune des sables fins (Guille, 1971 ; Mass, 1971 ; Amouroux, 1974 ; Ambrogi et al., 1990). De mme, lors de ces travaux, les auteurs ont tudi la biologie et lcologie des espces caractristiques ou/et principales du peuplement des sables pour comprendre et interprter la dynamique du peuplement dans sa globalit. Ainsi, aussi bien la dynamique des populations des espces essentielles que la dynamique du peuplement ont t menes simultanment pour une meilleure approche et comprhension de lorganisation et du fonctionnement du peuplement des sables fins. Sur les ctes algriennes, de tels travaux sur le peuplement des sables fins sont inexistants : tout est entreprendre. Une mthodologie (chantillonnage, traitement des donnes) doit tre mise en oeuvre pour mener bien un travail de recherche vers un ou des objectifs prcis, cependant cela nest pas une chose aise ; en pratique la mthodologie adopte est un compromis entre les objectifs fixs et les contraintes de tout ordre (Frontier, 1983 ; Bachelet, 1987). La premire proccupation pour entamer une tude de bionomie benthique est de dfinir un plan ou une stratgie dchantillonnage en fonction des objectifs assigns. Dans la mise en place dune stratgie dchantillonnage, une des priorits est la dfinition de la surface minimale, cest dire la surface de sdiment prlever pour recenser la quasi-totalit des espces vivant dans le sdiment, et avoir une estimation satisfaisante de la densit et la biomasse de ces espces. Cette notion de surface minimale doit donc rpondre un objectif double : qualitatif (diversit ou richesse spcifique) et quantitative (densit, biomasse) ; elle doit reflter le plus possible la ralit de la

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    composante biologique (macrofaune) du sdiment. Selon Picard (1965), le volume minimal (ou surface minimale) varie en fonction du type de peuplement tudi ; ce volume est identique pour un mme peuplement quel que soit le point considr de son aire de rpartition. Cependant, pour un mme peuplement, la distribution ou la microdistribution des espces macrobenthiques nest pas homogne mais plutt htrogne (Reys, 1972 ; Bakalem et al., 1986 a ; Bachelet, 1987), do se pose la problmatique de la validit du volume ou surface minimale en tout point de laire de rpartition du peuplement. De nombreuses tudes rvlent les fluctuations temporelles importantes du peuplement des sables fins (Guille, 1971 ; Mass, 1971 ; Amouroux, 1974 ; Dauvin, 1984) ; partir del se posent les questions : la surface minimale dfinie une priode ou saison prcise pour un peuplement, est-elle valable dautres priodes ou saisons ? varie-t-elle en fonction du temps ? En rsum, la surface minimale dfinie pour un peuplement est-elle fonction des variations spatio-temporelles de ce peuplement ? Afin de rpondre toutes ces questions, il sera entrepris au dbut de notre travail une tude pour la dfinition de la surface minimale pour les sables fins infralittoraux, et la vrification de sa validit en tout point de laire de rpartition du peuplement et en toute saison. Pour le traitement des donnes en bionomie benthique, toute une batterie de mthodes est disponible ; nous nous limiterons des mthodes danalyse simples. Les objectifs de lutilisation de ces mthodes sont de connatre et damliorer nos connaissances sur le peuplement des sables fins, et aussi de comparer lefficacit et les performances de ces outils de traitement des donnes en benthologie. La relation trs troite entre les organismes benthiques et la nature du sdiment nest plus dmontrer, de nombreux auteurs (Prs et Picard, 1964 ; Picard, 1965 ; Cabioch, 1968 ; Glmarec, 1969 ; Guille, 1971 ; Retire,1979) ont abord le sujet. Do la ncessit pour nous de connatre la nature et la distribution des sdiments sur les fonds des baies et golfes objets de la prsente tude. Cette connaissance sera entreprise dans une optique dtudes biologiques. Linterprtation des donnes et des rsultats sur la macrofaune et les peuplements benthiques se fera la lumire des connaissances sdimentologiques acquises. Lidentification et la caractrisation des facis sdimentaires permettront ltablissement des cartes de la couverture sdimentaire des golfes et baies tudis. De ltude sdimentaire, nous serons amens aborder de manire globale les aspects biologiques des fonds prospects : la macrofaune, les entits faunistiques. Le travail consistera dans un premier temps identifier et caractriser les entits ou les ensembles faunistiques, puis dfinir les peuplements macrobenthiques, et dans un second temps tablir les cartes biosdimentaires des baies et des golfes tudis : Oran, Arzew, Bou Ismail, Jijel, Skikda. Un des objectifs de ce travail sera la mise en vidence du peuplement des sables fins, qui par la suite fera lobjet dune analyse pousse. La dmarche adopte lors de cette analyse du peuplement des sables fins sera double :

    - une tude ponctuelle dans le temps : golfes dOran, dArzew, de Bejaia, de Jijel, et baies de Bou Ismail, dAlger et de Fetzara (Skikda);

    - une tude dynamique spatio-temporelle en baie dAlger. Les fonds infralittoraux sont en contact trs troit avec le littoral. Au niveau des ctes basses algriennes, en particulier les baies et les golfes, les fonds infralittoraux sont occups par des sables fins. Le peuplement ou la communaut ou la biocnose des sables fins est un des lments cls de lcosystme benthique ctier (Thorson, 1956 ; Prs et Picard, 1964 ; Prs, 1967). Thorson (1957), Prs et Picard (1964) soulignent le caractre universel ou mondial des sables fins. Lentit faunistique des sables fins se caractrise par ses richesses qualitative et quantitative, qui constituent une source de nourriture importante pour les poissons ctiers (Blegvad, 1917, 1925 ; Mc Intyre, 1958, 1970 ; Bacescu et al., 1957 ; Sorbe, 1972 ; Quiniou, 1978, 1986 ; Dauvin, 1984). Sur les ctes algriennes, les fonds de sables fins sont des terrains totalement vierges en ce qui concerne les tudes de leur macrofaune et leur peuplement. Linventaire des espces de la macrofaune des sables fins est tablir ; les donnes sur les caractristiques et la distribution des espces macrobenthiques des sables fins sont quasi-inexistantes ; aucune information sur la densit et la biomasse des espces et du peuplement des sables fins nest disponible actuellement. Les richesses faunistique (diversit), numrique (densit) et pondrale (biomasse) des fonds de sables fins sont des paramtres indispensables connatre pour lvaluation des potentialits en matires

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    organiques, et del trophiques, de ces fonds, et aussi pour toute comprhension de lorganisation et du fonctionnement de lcosystme benthique. Presque la majorit de la population algrienne (47 %) et la plus grande partie des activits industrielles (65 %) sont installes sur la cte, notamment sur le littoral des baies et golfes (Oran, Arzew, Alger, Bejaia, Skikda, Annaba). La totalit des eaux uses urbaines ou/et industrielles est vacue directement (missaires) ou indirectement (oueds) vers le milieu marin, en gnral sans aucun traitement ou rarement aprs un traitement partiel ou inefficace. Pour cerner les signes de perturbation ou les impacts des activits humaines sur le milieu marin, les peuplements benthiques en gnral et certaines espces macrobenthiques en particulier sont des indicateurs biologiques de choix (Bellan, 1976 ; Hily, 1984 ; Glmarec et al., 1995). Les organismes benthiques intgrent les variables du milieu : la structure et le fonctionnement dun peuplement est la consquence ou la rsultante de lensemble des facteurs du milieu. Ainsi, les contraintes imposes au milieu marin par les activits humaines perturbent plus ou moins gravement lorganisation et le fonctionnement des cosystmes ctiers, en particulier lcosystme benthique, diffrents niveaux ou chelons de leur structure (Reish, 1959, 1961 ; Bellan, 1967 a et b ; Romano, 1973 ; Pearson et Rosenberg, 1978 ; Glmarec et Hily, 1981 ; Hily, 1984). Les espces, les populations et les peuplements benthiques, en enregistrant toutes les variations naturelles ou/et anthropiques, sont une vritable mmoire des conditions passes ou/et actuelles du milieu marin ; ce titre, ils peuvent tre considrs comme une vritable bote noire du milieu. Les peuplements et les organismes benthiques constituent des observatoires permanents de lenvironnement, de ltat de sant du milieu marin. Le peuplement des sables fins infralittoraux de par sa localisation est un des premiers compartiments biologiques benthiques exposs directement aux consquences des activits humaines ; de ce fait ce peuplement constitue un outil de choix dans la bio-surveillance pour lvaluation des perturbations imposes au milieu marin algrien par lHomme. La macrofaune et le peuplement des sables fins par leur situation et leur accessibilit aise (petits fonds) apparaissent comme une entit ou un ensemble faunistique apte jouer le rle de sentinelle ou dobservatoire de la qualit du milieu marin. Les tudes de la structure et du fonctionnement du peuplement des sables fins des golfes et des baies algriens peuvent constituer des lments dapprciation de ltat du milieu marin. Les tudes spatio-temporelles du peuplement des sables fins dans les zones fortement urbanises et industrialises, comme la baie dAlger, permettront de mettre en vidence la structure et le fonctionnement dans le temps et lespace dun peuplement de sables fins soumis des influences multiples dorigine humaine . Les tudes ponctuelles ou dynamiques du peuplement des sables fins constitueront des tats de rfrence de la qualit du milieu, tat de rfrence dautant plus ncessaire vu les dveloppements urbains et industriels considrables actuels, et venir, qui affectent le littoral algrien. Les peuplements des sables fins de toutes les rgions feront lobjet chacun dune tude dtaille de leurs caractristiques : diversit, densit, frquence des espces, espces principales, structures biocnotique et trophique Une analyse numrique des prlvements ou des stations de sables fins prospects sera ralise pour rvler les disparits ou les similarits existantes au sein de laire de rpartition du peuplement. Toutes ces tudes et analyses permettront une dfinition et une caractrisation du peuplement des sables fins de chaque golfe ou baie. Ces rsultats seront des lments dapprciation, via le peuplement des sables fins, de ltat du milieu et ventuellement dvaluation de limpact des activits humaines sur lcosystme benthique. Le peuplement des sables fins de la baie dAlger, situ dans une baie au littoral et larrire-pays fortement urbaniss et industrialiss, fera lobjet dune attention particulire : tude dynamique spatio-temporelle. La dmarche gnrale se veut explicative sur lorganisation et le fonctionnement dun peuplement en relation avec des variabilits naturelles et des variabilits lies aux activits humaines. Lapproche fonctionnelle se fera par la prise en compte de la dynamique de trois niveaux structurels : peuplement dans sa globalit, entits spcifiques (biocnotique, trophique), espces principales et leurs populations. Lvolution qualitative et quantitative du peuplement sera analyse pour dtecter toutes les variations (naturelles ou/et anthropiques) affectant le milieu. Ainsi, dans l tude spatio-temporelle du peuplement des sables fins dAlger, certains aspects essentiels seront abords : qualitatif (description, caractrisation), quantitatif (densit, biomasse), dynamique des

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    structures biocnotique et trophique, dynamique des espces principales. La synthse des rsultats de cette tude apportera un clairage sur les conditions dtablissement, de maintient, de dveloppement et dvolution du peuplement. Pour une meilleure comprhension des structures et du fonctionnement du peuplement des sables fins dAlger, une tude sera consacre la biologie et lcologie des espces essentielles du peuplement. Une valuation de la production et de la productivit des espces principales du peuplement sera entreprise ; elle prcisera le rle de ces espces dans la production secondaire benthique. La dynamique des populations des espces principales, units de base du peuplement, permettra de comprendre et dinterprter les fluctuations spatio-temporelles du peuplement. Une analyse comparative classique (diversit, densit, structures biocnotique et trophique, espces principales) et des analyses numriques (coefficients de corrlation, CAH, AFC) seront mises en uvre pour connatre les caractristiques des peuplements des sables fins des baies et golfes de la cte algrienne, pour apprcier les similitudes ou les diffrences et les affinits entre ces peuplements. Une synthse comparative entre les peuplements des sables fins algriens et ceux dautres aires gographiques sera ralise. Lors de cette synthse, seront abords : les problmes dquivalence entre les peuplements des sables fins algriens et des

    peuplements de sables fins ou peuplements homologues dcrits de par le monde ; la comparaison des aspects qualitatifs que quantitatifs des peuplements de sables fins aussi

    bien une chelle rgionale (Mditerrane) que mondiale.

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    Chapitre 1 - Matriels et mthodes 1. Stratgie dchantillonnage - Traitement des chantillons 1.1. Engins de prlvement Le choix de l'engin de prlvement est soumis certaines conditions : but ou finalit de l'tude, nature et profondeur du sdiment prlever moyens la mer aussi bien humains que matriels (bateau, treuil), nature du matriel biologique prlever, moyens matriels (capacit de stockage) et surtout humains (opration de tri) au laboratoire. Pour nos travaux les engins de prlvements utiliss sont : la benne Van Veen et la benne Smith - Mc Intyre. Ces engins ont fait l'objet d'un grand nombre de travaux, de mme de nombreux auteurs ont compar l'efficacit des bennes (Smith et Mc Intyre, 1954 ; Hedgpeth, 1957 ; Wigley, 1967 ; Higgins, 1972 ; Smith et Howard, 1972 ; Dickinson et Carey, 1975 ; Bhaud et Duchne, 1977 ; Mass et al., 1977 ; Elliott et Tullett, 1978 ; Tyler et Shackley, 1978 ; Dauvin, 1984 ; Eleftheriou et Holme, 1984 ; Mc Intyre et Warwick, 1984 ; Bachelet, 1987). Benne Van Veen : Cette benne prlve une surface de 0.1 m ; cest l'engin quantitatif le plus utilis en Mditerrane: Guille et Soyer (1968, 1974), Guille (1969), Desbruyres et al. (1972, 1973), Zarkanellas (1977), Zavodnik et al.(1981,1985), Ambrogi et Bedulli (1983), Bakalem et al. (1990 a, 1996), Bedulli et al. (1983, 1984), Nicolaidou et al. (1983), Bogdanos et Satsmadjis (1985, 1987), Bakalem et Romano (1983, 1986), Curras et Mora (1991). Lchantillonnage de l'tude dynamique des sables fins de la baie d'Alger a t ralis avec la benne Van Veen, il en est de mme pour l'tude ponctuelle du peuplement du golfe de Jijel. Benne Smith - Mc Intyre : Le modle initial est luvre de Smith et Mc Intyre (1954). Cet engin est trs utilis en dehors de la Mditerrane : Mc Intyre (1961), Plante (1967), Hily (1976, 1984), Saila et al. (1976), Coleman et al. (1978), Dauvin (1979, 1984), Glmarec et Hussenot (1981), Bachelet (1987), Le Bris (1988), mais rarement utilise en Mditerrane : Duchne (1976), Bakalem et Harrat (sous presse), Grimes et Bakalem (1993), Kherfouf (1997), Amar (1998). La benne Smith - Mc Intyre a t utilise dans les tudes ponctuelles des sables fins des baies d'Oran, de Bou-Ismail, de Fetzara et des golfes d'Arzew, de Bejaia. 1.2. Maille de tamisage Le choix de la maille de tamisage a toujours t un problme dlicat ; ce choix est fonction surtout des objectifs, de la finalit de l'tude mener. Les principales mailles utilises sont : 2 mm (Thorson, 1966 ; Zavodnik, 1971 ; Monbet, 1972 ; Nyholm et Olsson, 1973 ; Gentil, 1976 ; Retire, 1979) ; 1.6 mm (Picard, 1962) et 1.5 mm (Glmarec, 1969 ; Bakalem, 1979) ; 1 mm (Mare, 1942 ; Bougis, 1950 ; Smidt, 1951 ; Wigley et Mc Intyre, 1964; Cabioch, 1968 ; Guille et Soyer, 1968 ; Mass, 1971 ; Thiel, 1971 ; Amouroux, 1974 b ; Ankar et Elmgren, 1976 ; Zarkanellas, 1977 ; Denis, 1978 ; Dauvin, 1979 et 1984 ; Zavodnik et al., 1981 ; Nicolaidou et al., 1983 ; Bedulli et al., 1983-1984 ; Bachelet, 1984 ; Bogdanos et Satsmadjis, 1985 ; Robineau, 1986 ; Curras et Mora, 1991 ; Grimes et Bakalem, 1993 ; Bakalem, 1999) ; 0.5 mm (Mc Intyre, 1961 ; Coull, 1973 ; Bell, 1979-1980 ; Watzin, 1983 ; Gerlach et al., 1985 ; Rudnik et al., 1985 ; Bachelet, 1987). Ainsi la plupart des auteurs utilisent une maille de tamisage de 1 mm ; cette maille est surtout employe dans les tudes quantitatives tandis que celles de 1.5 et 2 mm dans les tudes qualitatives, par contre les mailles infrieures 1 mm sont surtout utilises dans les tudes abordant le phnomne de recrutement au niveau des fonds meubles en particulier les vasires ou les sdiments vaseux. Certains auteurs : Buchanan et al. (1974), Woodin (1974), Mc Call (1977), Pearson (1978), Word et al. (1980), Rees (1984), Bachelet (1987), estiment qu'une maille de 1 mm sous-estime la densit des organismes benthiques. Actuellement, et par le pass aussi, la maille de 1 mm fait l'objet d'un consensus gnral (Vitiello & Dinet, 1979). Cette maille donne des rsultats satisfaisant car elle permet de rcolter les individus adultes et leurs juvniles, les espces de petite taille (Dauvin, 1984), et aussi d'avoir une bonne

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    estimation de la biomasse (Reish, 1959).Lors de nos travaux, le tamisage des sdiments s'est fait sur une maille de 1 mm. 1.3. Aire ou surface minimale L'chantillonnage a pour objectif de fournir des informations qualitatives et quantitatives satisfaisantes sur la macrofaune tudie. L'aire minimale d'chantillonnage est en ce sens une des proccupations prendre en considration et rsoudre pour les benthologues. Picard (1965) dfinit un volume minimal thorique. Cette notion de volume minimum ne peut pas tre, selon Cabioch (1968) et Glmarec (1969), applique l'tude de la macrofaune des mers sdiments souvent htrognes soumis un hydrodynamisme important. Cependant Guille (1970) confirme en Mditerrane la notion de volume minimum de Picard. Cette notion de volume minimum est troitement lie un chantillonnage qualitatif (Picard, 1965 ; Gentil, 1976 ; Retire, 1975). Pour les tudes quantitatives, la notion de volume minimal est remplace par la notion de surface minimale dchantillonnage. Plus l'chantillon sera grand plus on a de chance de rcolter la quasi-totalit des espces et des individus, et d'avoir une meilleure estimation de la diversit, de la densit et de la biomasse d'un peuplement (Frontier et Pichod-Viale, 1991). Cependant, les contraintes humaines et matrielles constituent une limite ou un frein la taille de l'chantillon. De ce fait, il est indispensable de dfinir une aire minimale permettant une estimation acceptable de la diversit, des densit et biomasse totales des peuplements. La mthode de dtermination de l'aire minimale d'chantillonnage la plus classique est celle de dterminer l'aire minimale partir de l'allure de la courbe aire-espces (Holme, 1953; Duchne, 1976 ; Dauvin, 1979 ; Le Bris, 1988 ; Gentil et Dauvin, 1988). Pour notre travail, l'aire minimale dchantillonnage a t value partir des prlvements saisonniers raliss aux quatre stations des sables fins de la baie d'Alger. Pour chaque station, il a t ralise chaque saison une srie de dix prlvements: automne (dcembre, 1984), hiver (fvrier), printemps (juin) et t 1985 (septembre). Ces prlvements saisonniers permettront de prciser s'il y a ou non des fluctuations de l'aire minimale en fonction des saisons. Diffrentes courbes aire-espces ont t construites : - dans un premier temps, les prlvements sont rangs dans lordre de leur ralisation sur le terrain en prenant en considration toutes les espces, - dans un second temps, les prlvements sont rangs par ordre croissant, puis par ordre dcroissant avec toutes les espces, - et en dernier, les prlvements sont rangs par ordre croissant aprs avoir exclu les espces rares. L'analyse des diffrentes courbes aire-espces des quatre stations rvle des rsultats similaires pour les quatre stations (Fig. 2 5) :

    - avec l'ensemble des espces, la courbe s'inflchit vers l'horizontale lorsque huit prlvements sont cumuls soit une aire minimale de 0.8 m ;

    - l'aire minimale ne varie pas en fonction des saisons ; les pourcentages d'espces rcoltes pour l'aire minimale (0.8 m) par rapport au total obtenu pour dix prlvements restent peu prs similaires au cours des saisons : 89 (fvrier 1985) et 93 % (dcembre 1984, juin et septembre 1985) pour la station HD ; 86 (juin 1985), 97-98 % (dcembre 1984, fvrier, septembre 1985) pour la station OH ; 93 98 % pour la station F ; 86 (juin 1985), 93-96 % (dcembre 1984, fvrier et septembre 1985) pour la station BEK. Le choix de l'aire minimale d'chantillonnage dpend des objectifs fixs ou de la nature des travaux entrepris : - cartographie des peuplements macrobenthiques: tude qualitative - valuation de la densit ou/et de la biomasse de la macrofaune: tude quantitative. Dans les tudes qualitatives, l'objectif est la rcolte de la quasi-totalit des espces (Picard, 1965) ; dans les tudes quantitatives le but principal est une estimation acceptable de la densit et de la biomasse totales du peuplement. Bachelet (1987) dfinit pour toute tude quantitative une surface minimale qui correspond celle permettant la rcolte de la quasi-totalit des individus, tandis que

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    Gentil et Dauvin (1988) dfinissent une aire minimale qualitative (tude qualitative) et une aire minimale quantitative (tude quantitative), la premire tant bien suprieure la seconde. De mme, ils proposent llimination des espces rares dans la construction des courbes aire-espces et dfinissent ainsi une aire minimale utile. Mais selon ces auteurs se pose l le problme de la dfinition d'une espce rare ; ils retiennent comme critre de dfinition la frquence infrieure 10 %. Pour les sables fins de la baie d'Alger, les aires minimales qualitative et quantitative ont t values respectivement 3 m et 0.8 m. La construction des courbes aire-espces pour les stations diffrentes saisons, aprs l'limination des espces rares (F< 10 %), a permis d'valuer l'aire minimale utile 0.5 - 0.6 m. Cette aire minimale utile est trs proche de celle estime par Gentil et Dauvin (1988) soit 0.75 m ; ces auteurs recommandent pour une meilleure prcision de porter cette aire 1 m. Pour l'tude qualitative et quantitative des sables fins de la baie d'Alger, il a t retenu comme aire minimale dchantillonnage 1 m ; ce choix permet d'viter toute surestimation de la densit et de la biomasse du peuplement en rapportant le nombre et le poids des individus une unit de surface. Les rsultats obtenus et le choix concernant l'aire minimale sont satisfaisants au regard des donnes existantes dans la littrature : Holme (1953) et Jones (1956), aire minimale de 1 m ou 2 m ; Plante (1967), aire minimale de 0.5 m ; Dauvin (1984), aire minimale de 0.8-1 m ; Le Bris (1988) aire minimale de 0.5 m ; en Mditerrane, aire minimale de 0.5 m (Guille et Soyer, 1968 ; Guille, 1970 ; Mass, 1971b ; Amouroux, 1974b) ou comprise entre 0.8 et 1 m (Duchne,1976). Pour les tudes ponctuelles des sables fins, hormis la baie d'Alger, nous avons opt lors de l'chantillonnage pour la ralisation dun nombre apprciable ou lev de stations (surface prleve : 0.2 m) afin de couvrir l'ensemble de laire de rpartition du peuplement des SF ; chaque station la surface prleve reste faible, cependant l'aire chantillonnage cumule est gale ou suprieure l'aire minimale telle nous l'avons dfinie, soit 1 m. 1.4. Priodes et rythmes de prlvements La figure 1 prcise la localisation sur la cte algrienne des baies et des golfes qui ont fait lobjet de nos travaux.

    Figure 1 : Localisation des golfes et des baies de la cte algrienne tudis.

    Deux types d'tudes ont t entreprises : - une tude qualitative et quantitative spatio-temporelle des sables fins d'Alger ; - une tude qualitative et quantitative ponctuelle des sables fins des baies d'Oran, de Bou Ismail, de Fetzera et des golfes d'Arzew, de Bejaia et de Jijel.

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    Baie d'Alger : La priode chantillonnage s'tale de novembre 1984 septembre 1986 : * de novembre 1984 octobre 1985 les observations sont mensuelles (1er cycle) ; * de novembre 1985 septembre 1986 les observations sont trimestrielles : dcembre 1985 (automne), mars (hiver), juin (printemps) et septembre 1986 (t) (2me cycle). Lchantillonnage trimestriel a t adopt aprs observations et analyses prliminaires des rsultats de lchantillonnage mensuel qui mettent en vidence des fluctuations saisonnires. Dans l'tude de la baie d'Alger, quatre stations (10 m de profondeur) ont t retenues : station HD (Hussein Dey), station OH (Oued Harrach), station F (Foire) et station BEK (Bordj El Kiffan). Ce choix des stations n'est pas fortuit, il tient compte d'un certain nombre de paramtres: hydrodynamisme, rejets d'eaux uses, apports des oueds (Bakalem,1979). A chaque station, il a t effectu douze prlvements mensuels et quatre prlvements saisonniers soit au total seize prlvements ; chacun correspond un mtre carr. De mme, il nous a t permis d'chantillonner ponctuellement au niveau des stations durant les annes 1989 et 1990 ; la surface prleve avec une benne Smith et Mc Intyre chaque station est de 0.5 m : 25 dcembre 1989 aux stations HD, OH et BEK ; 20 mars 1990 aux quatre stations. Baie d'Oran : deux stations (profondeur de 39 et 46 m) ont pu tre ralises en janvier 1985 sur les fonds de sables fins. Golfe d'Arzew : neuf stations de sables fins, de profondeur comprise entre -19 et - 40 m, ont t ralises en janvier 1985. Baie de Bou Ismail : du 20 au 30 aot 1988, sur les fonds de sables fins (10 et 25 m de profondeur) 4 stations dans le secteur est et 5 stations dans le secteur ouest ont t ralises.

    Golfe de Bejaia : six stations de sables fins(-9 30 m) ralises en dcembre 1983.; Golfe de Jijel : du 18 au 22 juillet 1986, 19 stations de sables fins (-10 et -21 m) prospectes. Baie de Fetzera (golfe de Skikda) : en fvrier 1990, huit stations de sables fins prospectes

    (profondeur entre 13 et 32 m). Aux stations de toutes les baies et golfes, except le golfe de Bejaia, la temprature, la salinit et l'oxygne dissous des eaux de surface et de fond ont t mesurs. 1.5. Traitement des chantillons

    * En mer En mer, le refus de tamis, aprs tamisage sur maille de 1 mm de l'chantillon, est fix au formol 10 % et stock pour une analyse ultrieure. Le refus de tamis de chaque prlvement ou station est identifi par un code prcis.

    * Au laboratoire Au laboratoire, le refus de tamis, aprs rinage, est tri afin de rcolter tous les organismes benthiques. Les individus rcolts sont identifis jusqu'au niveau de l'espce; le nombre d'individus par espce est dtermin. Les manipulations au laboratoire pour estimer la biomasse n'ont t ralises que pour les chantillons de la baie d'Alger. La mthode du poids sec (PS) a t retenue pour estimation de la biomasse. Pour les prlvements de dcembre 1989 et mars 1990, la biomasse a t estime par deux mthodes : le poids sec et le poids sec libre de cendres (PSLC). Pour les individus des espces de Bivalves retenues en vue d'une tude dtaille (croissance, recrutement, production), des mesures de longueur de la coquille selon l'axe antro-postrieur ont t faites en utilisant un pied coulisse ; par contre pour le Gastropode Nassa mutabilis, il a t mesur de la hauteur de la coquille.

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    2. Expression des rsultats-Mthodes de traitement des donnes Pour lexpression des rsultats, les principaux paramtres ou indices retenus sont la richesse spcifique, la densit, la dominance, la frquence, la biomasse, lindice biologique (Ib), l'indice de diversit de Shannon-Weaver, la rgularit ou lquitabilit (Pielou, 1966 a et b). Dans le prsent travail, pour la frquence, nous distinguerons : - la frquence spatiale : rapport du nombre de stations o se trouve cette espce au nombre total des stations effectus ponctuellement dans un peuplement ; elle est calcule pour les espces des sables fins des baies dOran, de Bou Ismail, de Fetzera, et des golfes dArzew, de Bejaia, de Jijel ; - la frquence temporelle : rapport du nombre de prlvements o se trouve cette espce au nombre total des prlvements effectus priodiquement une station (tude dynamique) ; elle est calcule pour les espces des sables fins de la baie dAlger. Dans le texte, nous userons seulement du terme frquence sous-entendu frquence temporelle pour la baie d'Alger et frquence spatiale pour les autres rgions. Pour la baie d'Alger selon les frquences on dfinit :

    - les espces constantes : espces prsentes dans la totalit des prlvements (F=100 %) - les espces trs communes : 75 F < 100 % - les espces communes : 50 F < 75 % - les espces peu communes : 25 F < 50 % - les espces rares : 6.25 < F < 25 % - les espces pisodiques : F 6.25 % c'est dire les espces rcoltes une seule fois. Cette classification des espces en fonction de leur frquence est applique aux autres baies et golfes tudis, avec cependant les remarques suivantes : - pour les baies de Bou Ismail, de Fetzera et le golfe de Bejaia les catgories espces rares et espces pisodiques se confondent (frquence infrieure 17 %). - pour le golfe d'Arzew, les espces recenses une seule fois: espces pisodiques, ont une frquence de 11.11 %, et les espces rares une frquence comprise entre 12 et 25 %. Ainsi, une espce pisodique est toujours une espce rcolte une seule fois. La mthode de lindice biologique (Sanders,1960) est une adaptation des travaux de corrlation de rang, en particulier de Kendall (1955) et de Fager (1957). Pour cet indice, la classification biocnotique des espces de Guille (1970) et de Bakalem (1979) a t adopte. Pour comprendre l'aspect structural du peuplement des sables fins, et aussi l'volution de ce peuplement en fonction des modifications affectant le milieu, nous avons eu recours la mthode des diagrammes rang-frquence (DRF), dveloppe par Frontier (1966, 1976, 1977) en planctonologie ; cette mthode a fait ses preuves dans les tudes de la macrofaune et a donn des rsultats satisfaisants (Bachelet, 1979 ; Bachelet et al., 1980-1981 ; Salen-Picard, 1982 ; Dauvin, 1984 et 1988 ; Hily, 1984 ; Robineau, 1986 ; Dewarumez et al., 1986 ; Diaz-Casteneda et Safran, 1988 ; Bellan et Bourcier, 1990 ; Parada et al., 1993). Stocks cologiques - Classification biocnotique Les travaux de bionomie benthique (Glmarec, 1964, 1969 ; Picard, 1965 ; Cabioch, 1968 ; Bouchet, 1968 ; Guille, 1970, 1971 ; Mass, 1971 b ;Toulemont, 1972 ; Retire, 1975, 1979) mettent en vidence le rle principal du facteur daphique sdiment dans la distribution des espces macrobenthiques. Les classifications de Prs et Picard (1964), de Picard (1965) et de Glmarec (1969) compltes par les donnes ou les rsultats des auteurs cits ci-dessus et de Bakalem (1979), constitueront les bases de la classification cologique que nous avons adopte dans le prsent travail. Cette classification associe aux rsultats de travaux aussi bien : - mditerranens : Gamelin-Brida et al. (1967, 1968), Febvre-Chevalier (1969) ; Le Gall (1969), Carpine (1970), Falconetti (1970, 1980), Vamvakas (1970) ; Amouroux (1974 b), Gamelin-Brida (1967, 1974), Bourcier (1976), Drago et Albertelli (1976), Della Seta et al. (1977), Drago et al. (1978), Bourcier et al. (1979), Zavodnik (1979), Salen-Picard (1982), Fresi et al. (1983), Zavodnik et al. (1985),

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    - que non mditerranens : Salvat (1967), Faure (1969), Lagardre (1972 a et b), Monbet (1972), Gentil (1976), Hily (1976), Intes (1980), Dauvin (1984), Robineau (1986), nous ont permis de rpartir les espces macrobenthiques rcoltes dans les diffrents stocks ou groupes cologiques dfinis : sabulicoles strictes, sabulicoles tolrantes, vasicoles strictes, vasicoles tolrantes, sabulicoles-vasicoles, gravellicoles strictes, des gravellicoles tolrantes, mixticoles, minuticoles, espces large rpartition cologique (Lre), indicatrices dinstabilit sdimentaire, espces des milieux eurythermes et euryhalins, espces de lHerbier Posidonies, espces de substrats durs, espces sans signification cologique prcise. Pour la cartographie des peuplements benthiques des fonds meubles, nous avons eu recours la mthode des cartes biosdimentaires dfinie par Chass et Glmarec (1976). Les milieux perturbs ou pollus font l'objet de nombreux de travaux ces dernires annes: Reish (1959, 1961), Kitamori et Funae (1959), Bellan (1967 a et b ), Pearson (1970, 1975), Rosenberg (1972, 1973), Romano (1973), Pearson et Rosenberg (1978), Glmarec et Hily (1981), Stora (1982), Bakalem et Romano (1982, 1985, 1986, 1988a, b et c), Dauvin (1984), Hily (1984), Bakalem et al. (1986), Grimes et Bakalem (1993), Rebzani-Zahaf et al (1988), Glmarec et al. (1995), Grall et Glmarec (1997). Pour ces milieux, ces auteurs ont dfini une classification cologique des espces en relation troite avec les perturbations ou les pollutions affectant le milieu. Dans le prsent travail, partir des classifications de Reish (1959), Bellan (1967), Romano (1973,1979), Hily (1984), Grall et Glmarec (1997) compltes par les donnes des travaux de Bakalem et Romano (1982, 1985, 1986, 1988), Bakalem et al. (1986), Rebzani-Zahaf et al. (1988, 1997), Grimes et Bakalem (1993), nous avons class dans des stocks cologiques particuliers des espces dont la distribution et labondance sont troitement lis au facteur pollution ou perturbation du milieu : indicatrices de pollution, indicatrices de perturbation, indicatrices de milieux perturbs, indicatrices de matires organiques. Groupes trophiques La littrature relative aux aspects trophiques de la macrofaune consulte rvle que diffrentes et nombreuses tudes sur ce thme ont t menes par de nombreux auteurs, c'est notamment : - la relation entre les groupes trophiques et la nature du sdiment ou/et la sdimentation en fonction de la profondeur (Sanders, 1958 ; Rhoads et Young, 1970 ; OConnor, 1972 ; Levinton, 1972 ; Maurer et al., 1979, 1988 ; Bachelet, 1981 ; Gambi et al., 1982 c, 1985, 1986 ; Salen-Picard, 1982 ; Dauvin, 1984 ; Gaston, 1987 ; Chardy et Clavier, 1988 ; Gros et Hamon, 1988 ; Yun et Kikuchi, 1989 ; Sanchez-Mata et al., 1993 a et b) ; - la structure ou/et l'organisation fonctionnelle trophiques au sein de peuplements, biocnoses ou communauts de substrats meubles (Mass, 1963, 1970 ; Albertelli et al., 1981 ; Salen-Picard, 1982 ; Kisseleva, 1983 ; Dauvin, 1984 ; Bianchi et Mori, 1985; Bianchi et al., 1986 ; Dewarumez et al., 1986 ; Tunesi et Peirano, 1986 ; Le Bris, 1988; Eleftheriou et Basford, 1989 ; Cocito et al., 1990) ; - l'volution temporelle ou/et spatiale des structures trophiques : * dans les milieux naturels (Glmarec, 1978 ; Pearson 1971 ; Maurer et al., 1979, 1988 ; Bachelet, 1981 ; Ibanez et Dauvin, 1988 ; Josefson et Rosenberg, 1988; Simboura, 1988 ; Ambrogi et al., 1989 ; Palacio et al., 1993) ; * dans les milieux perturbs ou pollus (Pearson et Rosenberg, 1978 ; Hily, 1983, 1984) ; * dans les milieux naturels et les milieux pollus (Pearson et al., 1982 ; Dauvin et Ibanez, 1986); - les structures trophiques des peuplements des substrats durs (Bianchi, 1985 ; Bellan-Santini et al., 1986 ; Giangrande, 1986 ; Abbiati et al., 1987 ; Cardell et Gili, 1988 ; Desrosiers et al., 1990 ). A partir des travaux des auteurs ci-dessus cits et des auteurs suivants: Blegvad (1914), Hunt (1925), Wolff (1973), Arntz et Brunswigg (1976), Ros (1978), Fauchald et Jumars (1979), Newell (1979), Intes (1980), Word (1980), Reish (1980), Dauer et al. (1981), Maurer et Leathem (1981),

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    Dauer (1984), Bianchi (1985), Cornet (1985), Gambi et Giangrande (1985 a, b et d ), Borja (1986), Dewarumez et al. (1986), Gravina et Somaschini (1986), Josefson (1986), Sanz (1986), Arnaud (1987), Maurer et Williams (1988), Posey (1988), Nicolaidou et Papadopoulou (1989), Thouzeau (1989), Sauriau et al. (1989) et Hily (1991), nous avons class les espces identifies en six groupes trophiques principaux : les suspensivores (S), les dposivores de surface (DS), les suspensivores -dposivores de surface ou espces mixtes (SDS), les dposivores de sub-surface (DSS), les carnivores (C) et les omnivores (O). Nous avons regroup certaines espces dans deux catgories trophiques particulires: les carnivores-dposivores de surface et les omnivores-carnivores. Dans ces catgories se retrouvent les espces considres comme carnivores par certains auteurs, dposivores de surface ou omnivores par d'autres. Il semble pour ces espces y avoir une certaine souplesse dans leur mode de nutrition, et cela tant en relation trs troite avec les potentialits trophiques du milieu au moment o ces auteurs ont men leurs travaux. Pour ces espces, en fonction des conditions trophiques du milieu, il y a alternance du mode de nutrition. Coefficients de corrlation Les coefficients de corrlation sont galement dnomms coefficients de similitude ou de similarit. Les caractristiques de ces coefficients ont t dtailles par certains auteurs notamment Blanc et al. (1976), Reys (1976), Legendre et Legendre (1984 a ), Washington (1984). Les coefficients de similarit retenus dans le prsent travail sont de trois types : - qualitatif tenant compte de la double absence: coefficient de Point, ou ne tenant pas compte de la double absence: coefficients d'Ochiai, de Jaccard et de Kulczynski ; - semi-quantitatif : coefficient de Spearman, coefficient de Bray-Curtis (incluant la double absence), coefficient de Czekanowski (excluant la double absence) ; - quantitatif : coefficient de Bravais-Pearson (incluant la double absence). De nombreux auteurs ont eu recours ces coefficients dans les tudes du benthos en gnral, et de la macrofaune : Chardy (1970), Stephenson (1972), Lie (1974), Gentil (1976), Retire (1979), Souplet et Dewarumez (1980), Deprez (1981), Quintino (1988), Dauvin (1984), Curras et Mora (1991). L'usage de tous ces coefficients obit un souci d'information exhaustive, car chaque coefficient n'apporte qu'une information partielle, et leur utilisation simultane permet de compenser leurs dfauts respectifs et aussi de comparer leur efficacit ou performance. Classification ascendante hirarchique ( CAH ) Nous ne reviendrons pas ici sur la description de la mthode de la classification ascendante hirarchique, vu que de nombreux auteurs l'ont dcrite en dtail, notamment Benzecri et coll. (1973), Jambu et Lebeaux (1978), Legendre et Legendre (1984 b), Lebart et al. (1982). La CAH, grce l'outil informatique, est devenue une mthode couramment utilise dans le traitement des donnes en benthos (Dauvin, 1984 ; Le Bris, 1988 ; Thouzeau, 1989 ; Bachelet et al., 1996 ). Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) La mthode de l'analyse factorielle des correspondances a fait l'objet de nombreuses descriptions en particulier celles de Benzecri et coll. (1973), Jambu et Lebeaux (1978), Daget (1979), Legendre et Legendre (1984 b ), Lebart et al. (1982), Dervin (1990). L'AFC est l'une des mthodes d'analyse multivaries la plus employe en cologie benthique (Lie et Kelley, 1970 ; Blanc et Boudouresque, 1970 ; Monbet, 1972 ; Guille et Ponge, 1975 ; Chardy et al., 1976 ; Menesguen, 1980 ; Fresi et Gambi, 1982 ; Dauvin, 1984 ; Hily, 1984 ; Robineau, 1986; Bedulli et al., 1986 ; Le Bris, 1988 ; Thouzeau, 1989 ; Curras et Mora, 1991 ; Diaz-Castaneda et al., 1993 ; Bachelet et al., 1996). Avec cette mthode se pose la taille de la matrice (stations x espces) principalement celui du nombre despces retenir ; gnralement toutes les espces rares sont cartes de l'analyse (Monbet, 1972 ; Chardy et al., 1976 ; Dauvin, 1984 ; Hily, 1984 ; Bachelet et Dauvin, 1993).

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    Dans la prsente tude, les paramtres retenus pour la slection des espces sont la densit, la frquence, l'indice biologique ; seules les espces abondantes ou/et frquentes, ou/et classes au moins une fois avec l'indice biologique ont t retenues pour la baie d'Alger ; pour les autres baies et golfes, les espces pisodiques ont t cartes de l'analyse. 3. Dynamique des populations Relation taille-poids Pour Donax semistriatus, Dosinia lupinus, Tellina pulchella, de la baie dAlger faisant lobjet dune tude de dynamique de population, il a t tabli une relation taille-poids selon la formule de Huxley (1924) W= a Lb, avec comme L la longueur totale, W le poids sec dcalcifi en gramme, a et b des constantes. Pour Venus gallina, Spisula subtruncata, Pandora inaequivalvis, Acanthocardia tuberculata et Nassa mutabilis, nous avons repris dans le prsent travail les relations taille - poids tablies par Bakalem (1979). Analyse modale des histogrammes des frquences de taille La technique utilise pour lanalyse modale des histogrammes des frquences de taille de certaines populations despces de la baie dAlger est celle dite du Normsep. Le Normsep a t mis au point partir de la mthode des diffrences logarithmiques de Bhattacharya (1967) (Tomlinson, 1970). Gros et Cochard (1978) ont repris, avec quelques mises au point, le Normsep qui par la suite a t amlior par Mnesguen (1980) en y incluant la mthode de Hasselblad (1966). Dans les tudes de dynamique des populations, de plus en plus dauteurs ont recours la mthode Normsep pour lanalyse modale des histogrammes des frquences de taille (Guillou et Le Moal, 1978 et 1980 ; Guillou, 1982 ; Guillou et Hily, 1983 ; Hily, 1984 ; Hily et Le Bris,1984 ; Dauvin, 1985 et 1986 ; Le Bris, 1988 ; Gillet, 1990 ; Francesch et Lopez-Jamar, 1991). Les travaux de ces auteurs mettent bien en vidence lefficacit de cette mthode dans la connaissance des structures dmographiques des populations despces macrobenthiques. Production - Productivit Diverses mthodes sont proposes pour estimer la production des espces marines : la mthode base sur la somme des accroissements pondraux est une mthode drive de la courbe d'Allen (Crisp, 1971) dnomme parfois mthode de Crisp, la mthode mise au point partir des travaux de Hynes (Hynes, 1961; Hynes et Coleman, 1968) sous lappellation de mthode de la cohorte moyenne. Nous ne dtaillerons pas ici ces mthodes, mthodes dj dcrites par certains auteurs qui ont analys leurs avantages ou/et inconvnients (Mass, 1968 a ; Lapchin et Neveu, 1980 a et b ; Menzies, 1980 ; Bachelet, 1982 ; Cornet, 1986 a et b). La longvit d'une espce a une grande incidence sur la production et la productivit (Zaika, 1970 ; Lvque et al., 1977 ; Robertson, 1979). De ce fait dans la mthode de la cohorte moyenne, la longvit est prise en considration par lintroduction dun coefficient de correction (Benke, 1979). La littrature consulte rvle que la mthode de Crisp est la plus utilise dans les calculs de la production (Warwick et Price, 1975 ; Hibbert, 1976 ; Wolff et Wolff, 1977 ; Warwick et al., 1978 ; Beukema, 1980), par contre la mthode de la cohorte moyenne est beaucoup moins employe (Lapchin et Neveu, 1980 b ; Wildish et Peer, 1981 ; Maslin et Patee, 1981 ; Carrasco et Arcos, 1984). Certains auteurs (Cornet, 1986 ; Ambrogi et Occhipinti-Ambrogi, 1988 ; Ambrogi et al., 1993 ; Medernach et Grmare, 1999) ont eu recours aux deux mthodes, comparant ainsi les rsultats des deux mthodes. En Mditerrane, les travaux sur la production et la productivit des espces macrobenthiques sont limits : Mass (1968 a), Casabianca (1975), Bourcier (1976), Guelorget et al. (1980), Guelorget et Mayere (1981), Guelorget et Michel (1981 b), Guelorget et Mazoyer-Mayere (1982), Ambrogi et Ambrogi (1985), Ambrogi et Occhipinti-Ambrogi (1987, 1988), Mistri et al. (1988), Ambrogi (1990), Ambrogi et al. (1993), Medernach et Grmare (1999).

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    Par contre, hors de la Mditerrane, ces travaux sont beaucoup plus nombreux et diversifis sur le plan zoologique : Arntz (1971), Buchanan et Warwick (1974), Chambers et Milne (1975), Warwick et Price (1975), Klein et al. (1975), Hily (1976), Sheader (1977), Warwick et al. (1978), Chambers et Milne (1979), Heip et Herman (1979), Retire (1979), Bachelet et al. (1980-81), Beukema (1980), Carrasco et Arcos (1980), Menesguen (1980), Price et Warwick (1980), Salzwedel (1980), Warwick et George (1980), Hastings (1981), Ivell (1981), Bachelet (1982, 1987), Josefson (1982), Mller et Rosenberg (1982, 1983), Nicolaidou (1983), Rees (1983), Carrasco et Arcos (1984), Dauvin (1984), Hily et Le Bris (1984), Collie (1985), Mller (1985), Rainer (1985), Cornet (1986), Donn et Croker (1986), Gillet (1986, 1990), Lopez-Jamar et al. (1987), Borja (1988), Le Bris (1988), Rainer (1991). Dans le prsent travail, la mthode de Crisp et la mthode de cohorte moyenne ont t retenues pour lestimation de la production des populations de Mollusques des sables fins de la baie d'Alger ; de mme pour ces populations, il a t valu leur productivit soit le rapport production / biomasse moyenne (P/ B ).

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    1re Partie. Milieux - Peuplements des sables fins de la cte algrienne

    Chapitre 2 Golfe dOran et golfe dArzew

    Golfe d'Oran Le golfe d'Oran comme le golfe d'Arzew appartiennent au secteur occidental de la cte algrienne caractris par un plateau continental dvelopp. Par leur situation gographique, proximit du dtroit de Gibraltar, appartenance la Mer d'Alboran, ces golfes sont des rgions marines particulires par leurs caractristiques hydrologiques : ces rgions sont directement sous les influences atlantiques, et constituent une zone charnire sur le plan hydrologique matrialise par le front Almeria-Oran entre les rgions caractre ocanique (Mer d'Alboran ) et celles caractre mditerranen (Bassin Algrien) (Arnone et al., 1990 ; Tintore et al., 1988). C'est dans la rgion ouest que nat le courant algrien qui va longer et baigner les ctes algriennes (Millot, 1987 ; Millot et al., 1990). 1. Milieu 1.1. Plateau continental (Fig. 6) Le Cap Falcon l'ouest et le Cap de l'Aiguille l'est sont les limites du golfe d'Oran. Comme le reste des ctes algriennes, le golfe d'Oran se caractrise par un plateau trs rduit en face des caps (Falcon, Aiguille) ou des promontoires (Djebel Santon) et un plateau dvelopp au dbouch de la plaine ctire d'Oran. Les fonds ctiers se prsentent en pente relativement forte : 3 de 0 - 60 m. Au-del de - 60 m, le plateau continental s'largit considrablement et constitue une plate-forme au relief tourment (Leclaire, 1972). La largeur maximale du plateau est d'environ 20 km au droit de la ville d'Oran. 1.2. Sdimentation - Couverture sdimentaire 1.2.1. Synthse bibliographique Une des caractristiques du golfe d'Oran est l'absence de tout oued dbouchant dans ce golfe, except les coulements ctiers qui drainent les eaux de pluie du littoral. Au niveau du golfe d'Oran n'existe pas d'apport liquide ni d'apport solide tel quil en existe dans les autres golfes (Arzew, Bejaia, Jijel) ou baies (Alger, Bou-Ismail) ; la consquence est que la sdimentation d'origine terrigne est quasiment nulle, et cela n'est pas sans consquence sur la nature des fonds. La sdimentation fine actuelle est essentiellement, pour ne pas dire seulement, d'origine marine. Les travaux anciens de Leclaire et al. (1965), Leclaire (1972) et Caulet (1972) concernent la sdimentation et la couverture sdimentaire du golfe d'Oran. Leclaire et al. (1965) tablissent une premire bauche de carte de la nature des fonds du golfe. Leclaire (1972) ralise l'tude complte de la couverture sdimentaire du golfe, par contre Caulet (1972) se limite seulement l'tude de la nature et de la rpartition des sdiments organognes. Les facis sdimentaires mis en vidence par Leclaire (1972) dans le golfe d'Oran sont au nombre de trois : les sables et sablons siliceux, les sables et graviers calcaires et les vases calcaro-siliceuses. A ct de ces fonds existent des fonds durs, c'est dire des zones rocheuses ou des fonds nombreux affleurements du substratum, comme c'est le cas des caps ou des promontoires. Le Cap

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    Falcon se prolonge vers le nord-est en un peron rocheux. Des hauts-fonds prolongent le Djebel Santon Djebel en baie d'Oran. Au droit du Cap de l'Aiguille et de la Pointe de Canastel des affleurements du substratum, prolongements de ces promontoires, sont signaler. Entre la ville d'Oran et la Pointe de Canastel, les affleurements du substratum sont nombreux sur les fonds ctiers au pied des falaises d'Oran et de Canastel, et dans le secteur de Kristel. Au niveau des ctes rocheuses ou leves des caps ou promontoires, les petits fonds sont en partie des fonds durs ; la roche ou aux affleurements du substratum de ces fonds viennent s'ajouter au niveau des chenaux ou des espaces inter-roches un sdiment sableux constituant ainsi des enclaves de sables fins. 1.2.2. Couverture sdimentaire de la baie d'Oran En collaboration avec Kerfouf (1997), lanalyse des sdiments des 49 stations prospectes dans la baie d'Oran a permis d'tablir la carte sdimentaire des fonds meubles dans le but d'une tude de bionomie benthique (Fig. 7). Lors de cette analyse, six principaux facis sdimentaires ont t identifis: les graviers sableux, les sables graveleux envass, les sables- graviers lgrement envass, les sables graveleux, les sables envass graveleux et les vases pures rduites. De cette tude de la nature des sdiments et de la couverture sdimentaire de la baie d'Oran, il en ressort : - l'importance par leurs superficies des fonds de graviers sableux et de sables graveleux envass ; - les fonds de vases pures et de sables fins sont rduits l'extrme : seules quelques plages trs rduites de ces sdiments sont observs. La nature et la distribution des sdiments dans la baie d'Oran ne correspondent pas celles gnralement rencontres dans les golfes et les baies de la cte algrienne c'est dire une distribution bathymtrique classique de la cte vers le large : sables fins, sables fins envass, vases sableuses et vases pures. L'absence ou la faible prsence d'une fraction plitique dans les sdiments, l'absence de fonds de vases pures ou de vasire dans la baie, s'expliquent par l'inexistence d'apports solides fins terrignes, puisque aucun oued ne dbouche dans la baie. La baie d'Oran se caractrise galement par l'absence d'une bande ctire ou littorale de sables fins que l'on retrouve en gnral dans les autres baies et golfes de la cte algrienne. Pour l'ensemble de la baie, les fractions gravier et sable sont les composantes essentielles des sdiments ; ces graviers et sables sont d'origine biogne c'est dire des graviers et des sables organognes (dbris de coquilles de Bivalves et de Gastropodes, de Bryozoaires, d'algues calcaires) ; ces constatations concordent avec les observations et les conclusions de Caulet (1972) sur la nature et la distribution des sdiments organognes dans la baie d'Oran. 1.3.Vents - Houles Les rgimes des vents et des houles au niveau du golfe d'Oran sont peu prs similaires ceux auxquels sont soumises les autres golfes et baies de la cte algrienne (Leclaire, 1963 a et b, Leclaire 1972) : - en hiver, les vents dominants sont de secteur ouest et nord-ouest tandis que les houles sont de secteur ouest et nord-ouest ; - pendant la priode estivale, les vents de direction est et nord-est et les houles de direction nord et nord-est sont dominants. La baie d'Oran relativement peu protge reste expose aussi bien aux houles hivernales qu'aux houles estivales. 1.4. Salinit - Temprature Les valeurs de temprature et de salinit dtermines pour les eaux de la baie d'Oran refltent la situation hydrologique hivernale. Pour les eaux de surface, la temprature fluctue entre 14.4 et 15 C soit une temprature moyenne de 14.7 C. Ceci rvle une certaine homognit thermique des eaux de surface de la baie d'Oran. Les tempratures des eaux de fond (- 30 - 110 m) sont comprises entre 14 et 15.2 C. La temprature minimale est note - 98 m tandis que la maximale - 50 et - 70 m.

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    Au niveau des petits fonds stendant du port d'Oran la Pointe de Canastel, la temprature des eaux est lgrement plus leve : 14.6 15.2 C , que celle des fonds du large. Dans l'ensemble la temprature moyenne des eaux de fond est de 14.4 C. La salinit des eaux de surface varie entre 35.90 et 36.85. Les plus faibles salinits (35.90) sont enregistres dans la zone proximit de la passe du Port soumise aux influences des eaux portuaires et des missaires d'eaux uses de la ville d'Oran. La salinit fluctue gnralement entre 36.30 et 36.50. Pour la salinit des eaux de fond, les valeurs enregistres entre - 30 et - 110 m varient entre 36.4 et 37.7. Prs de la cte, les salinits des eaux de fond sont moins leves (36.45 36.85) que celles des fonds du large (37 37.70). Ainsi pour les eaux de fond, la salinit augmente progressivement de la cte vers le large. La salinit minimale (36.4) pour les eaux de fond est releve - 70 m et la maximale (37.7) - 98 m. 1.5. Sources de pollution - Pollution Le littoral du golfe d'Oran est relativement urbanis, c'est seulement au niveau de la baie d'Oran que l'urbanisation est dense ; en effet dans la partie centre de cette baie se localise la ville d'Oran, environ un million d'habitants soit la deuxime ville d'Algrie. Actuellement cette ville connat un dveloppement urbain et industriel important. De la ville d'Oran au Cap de l'Aiguille, le littoral est quasiment non urbanis except la prsence des deux petits villages de Canastel et de Kristel dont la population est extrmement faible. Le littoral de la baie d'Ain El Turk est relativement urbanis, notamment avec la prsence de la ville d'Ain El Turk dont la population s'accrot considrablement en t avec la venue d'une importante population d'estivants. A l'heure actuelle, l'urbanisation de ce littoral est intense. Dans le golfe d'Oran se situent deux grands ensembles portuaires : - le port militaire de Mers El Kebir dans la partie ouest de la baie ; - le port d'Oran, localis au centre de la baie, est un des grands ports algriens de commerce et de pche. Il est remarquer l'absence d'implantation d'units industrielles sur le littoral mme du golfe d'Oran. Certaines units industrielles de la rgion oranaise sont installes au sein de la ville d'Oran mme, mais la grande majorit des units est concentre dans les zones industrielles de Hassi Ameur et d'Es-Snia, la plus importante. Les eaux uses, les eaux de ruissellement de la ville d'Oran et des quelques petites villes ctires (Ain El Turk, Canastel, Kristel ) sont dans leur totalit rejetes directement en mer. Les principales industries existantes dans la ville d'Oran et sa priphrie (Hassi Ameur, Es-Snia) sont de type trs divers : industries agro-alimentaires industries textiles, tannerie, verrerie, industries ptrochimiques (matires plastiques, ponge synthtique), centrale thermique. Les eaux uses aussi bien domestiques qu'industrielles sont collectes et achemines par le mme rseau d'assainissement vers la mer. Ces eaux uses se dversent par l'intermdiaire d'une dizaine d'missaires dans le milieu marin. Les principaux missaires dbouchent directement en mer : le premier l'est du port d'Oran proximit de la passe du port et de la centrale thermique, et le second l'ouest du port. Les autres missaires de moindre importance (sept au total) se dversent l'intrieur du port ; ainsi les eaux portuaires qui s'vacuent par la passe vers la baie d'Oran peuvent tre considres comme une source de pollution. Actuellement aucune tude sur l'impact des activits humaines sur le golfe d'Oran nexiste except le travail de Sellali (1996) sur les teneurs en hydrocarbures polyaromatiques (HPA) des sdiments superficiels. Cet auteur conclue une pollution modre des sdiments superficiels du golfe d'Oran par les rejets des eaux uses domestiques et industrielles de l'agglomration oranaise. 1.6. Peuplements benthiques 1.6.1. Bibliographie Les quelques expditions ou campagnes ocanographiques le long des ctes algriennes : " Melita" (1892), " Travailleur et Talisman " (1880 1883), " Professeur Lacaze -

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    Duthiers" (1952), ont permis certains scientifiques d'tudier les invertbrs benthiques du golfe d'Oran : Mollusques Dautzenberg (1895), Locard (1898), Mars (1957) ; Amphipodes Chevreux (1909, 1910). Les premiers travaux raliss dans le golfe d'Oran sont relatifs la systmatique et la rpartition de certains groupes d'Invertbrs marins: Pallary (1900), Llabador (1935) pour les Mollusques, Pallary (1935) et Llabador (1941) pour les Echinodermes. La campagne du chalutier " La Tanche " sur les ctes algriennes permet Le Danois (1925) d'esquisser la premire carte des facis bionomiques des fonds chalutables du golfe d'Oran ; deux facis sont identifis par cet auteur : le facis corallien Gorgones et Spongiaires, le facis sablo-vaseux Annlides. Vaissire et Fredj (1963) partir de dragages raliss dans le golfe d'Oran dressent une carte sommaire des peuplements benthiques des fonds meubles du golfe. Les peuplements benthiques mis en vidence sont : le peuplement des sables fins, le peuplement de l'herbier Posidonies, le peuplement du dtritique ctier fin, le peuplement du dtritique ctier, le peuplement des vases terrignes molles. Cependant cette tude du golfe reste assez sommaire, trop gnrale et parfois loin de la ralit. Afin de pallier cela et d'affiner l'tude des peuplements macrobenthiques de la baie d'Oran, il a t ralis au cours d'une campagne ocanographique (janvier 1985) toute une srie de prlvements quantitatifs de macrobenthos des fonds meubles de la baie d'Oran.. 1.6.2. Peuplements macrobenthiques - Carte biosdimentaire L'tude dtaille des peuplements, hormis celui des sables fins, a t effectue en collaboration avec Kerfouf ; ce travail a permis d'tablir une carte biosdimentaire dtaille et prcise des fonds meubles de la baie. Pour de plus amples informations ou prcisions sur les peuplements il suffira de se rfrer au travail de Kerfouf (1997). Sur les fonds meubles de la baie d'Oran, cinq peuplements ont t mis en vidence et caractriss (Fig. 8) : le peuplement des graviers fins sableux, le peuplement des graviers sableux envass, le peuplement des sables graveleux envass, le peuplement des sables graveleux et le peuplement des sables fins. En conclusion, pour la baie d'Oran, sur les fonds meubles, quatre grands peuplements macrobenthiques apparaissent : le peuplement des graviers fins sableux, le peuplement des graviers sableux envass, le peuplement des sables graveleux et le peuplement des sables graveleux envass. Ces peuplements sont infods des sdiments grossiers essentiellement constitus des fractions gravier et sable. Les deux premiers peuplements sont les plus diversifis ; leur diversit est grande en comparaison aux autres peuplements. Les fonds sur lesquels sont installs les principaux peuplements prsentent des sdiments organognes grossiers (gravier) ou/et fin (sable) auxquels parfois en certaines zones une fraction plitique vient s'ajouter. Les principaux peuplements prsentent un grand nombre de caractristiques communes qui laisse apparatre parfois comme une certaine uniformit dans la composition et la structuration de ces peuplements. La nature et la distribution des peuplements macrobenthiques dans la baie d'Oran ne rpond pas au schma classique de la nature et la rpartition des peuplements benthiques sur les fonds meubles des baies et des golfes de la cte algrienne qui est le suivant : peuplement des sables fins, peuplement de transition (peuplement des sables envass, peuplement des vases sableuses) et peuplement des vases pures, qui se succdent dans cet ordre de la cte vers le large. Cet tat de fait dans la baie d'Oran est troitement li la nature et la distribution des sdiments sur les fonds et surtout l'absence totale d'apport de matriaux terrignes vu l'inexistence d'oued dbouchant dans cette baie. Une des caractristiques de la baie d'Oran est la prsence d'un peuplement de sables fins rduit sur le plan spatial sa plus simple expression c'est dire deux zones ponctuelles de superficie ngligeable ; alors que dans le schma classique des baies ou des golfes de la cte algrienne un tel peuplement occupe les petits fonds ctiers (0 20-25 m de profondeur) formant une bande littorale plus ou moins importante selon la rgion considre.

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    La distribution des peuplements macrobenthiques sur les fonds meubles de la baie d'Oran est de type modle en mosaque.

    2. Peuplement des sables fins La rpartition des peuplements macrobenthiques des fonds meubles de la baie d'Oran est de type mosaque, de ce fait, il napparat pas dans cette baie une bande ctire de sables fins, bande caractristique des baies (Alger, Bou Ismail, Fetzara) et des golfes (Arzew, Bejaia, Jijel) algriens. De plus l'absence d'oued au niveau de cette baie, c'est dire d'apports solides notamment les sdiments sableux, ne favorise pas la mise en place de fonds de sables fins. Les fonds de sables fins identifis sont sur le plan gographique trs localiss : secteur de Mers El Kebir et secteur l'est du port d'Oran proximit des falaises de Canastel. La superficie de ces fonds est extrmement rduite. Dj en 1925, Le Danois mentionne l'absence de fonds sableux ou de facis sableux dans la baie dOran. Vaissire et Fredj (1963) confirment cette observation ; ces auteurs signalent que l'ensemble des fonds meubles de la baie sont des fonds de dtritique ctier fin prs de la cte et de dtritique ctier pour les fonds plus au large. Dans son tude de la couverture sdimentaire du golfe d'Oran, Leclaire (1972) constate l'absence de fonds de nature sableuse dans la baie d'Oran. Le peuplement de sables est, comparativement aux autres peuplements de la baie, le moins dvelopp sur le plan spatial. Les fonds de sables se localisent dans des secteurs o les rejets d'eaux uses sont fort apprciables. L'tude du peuplement des sables fins de la baie d'Oran, en raison de son dveloppement spatial extrmement rduit, se fera partir d'un nombre trs restreint de stations (Fig. 6 et 8). La finalit de cette tude sera surtout d'avoir un aperu global sur ce peuplement, et notamment vu sa localisation, sur d'ventuelles consquences des rejets d'eaux uses au niveau de sa structuration. 2.1. Richesse spcifique Pour le peuplement des sables fins de la baie d'Oran, 37 espces ont t inventories. Ces espces se repartissent selon les groupes zoologiques ainsi : nombre d'espces pourcentage (%) Polychtes 23 62.16 Crustacs 8 21.62 Mollusques 5 13.51 Echinodermes 1 2.71 Les Polychtes reprsentent plus de la moiti de la diversit totale (Fig. 9) ; les autres groupes zoologiques arrivent loin derrire. Astropecten irregularis est l'unique reprsentant des Echinodermes. Pour les Mollusques, on recense quatre Bivalves et un Gastropode ; pour les Crustacs aucun groupe dominant napparat : trois espces dAmphipodes, deux espces d'Isopodes, deux espces de Dcapodes et une espce de Tanadacs. La comparaison des deux stations prospectes rvle une diversit nettement importante la station go64 (29 espces), et bien moindre la station go21 (11 espces) (Tableau 1). Aux deux stations, les Polychtes forment le groupe faunistique nettement dominant ((Tableau 1). Les Mollusques sont absents la station go21, tandis que les Echinodermes le sont la station go64. Les Crustacs ont leur diversit maximale (7 espces) la station go64, et comme les Echinodermes ils sont reprsents par une espce (Eurydice pulchra) la station go21. Les Amphipodes ne sont observs qu' la station go64, station o le nombre d'espces des autres Crustacs est suprieur celui des Amphipodes. Ces Amphipodes sont Hippomedon denticulatus, Atylus falcatus et Echinogammarus sp., et les autres Crustacs Galathea intermedia, Cirolana borealis, Paguristes oculatus, Apseudes holthuisi. Les Mollusques rcolts sont Nassarius reticulatus, Nucula turgida, Loripes lacteus, Peplum clavatum, Venericardia antiquata.

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    La composition spcifique de la station go64 est la base de la structure faunistique du peuplement des sables fins ; les deux stations sont trs diffrentes tant par leur nombre d'espces que par leur composition faunistique, seulement trois espces communes aux deux stations (Eunice vittata, Hyalinoecia bilineata, Nematonereis unicornis). 2.2. Composition quantitative La densit moyenne du peuplement a t estime 1000 ind./m. La densit et la dominance des groupes faunistiques composant le peuplement sont les suivantes: densit moyenne (ind./m) dominance moyenne (%) Polychtes 953 95.30 Crustacs 30 3.00 Mollusques 15 1.50 Echinodermes 2 0.20 La suprmatie numrique des Polychtes au sein du peuplement est nette et sans quivoque. En comparaison aux Polychtes, les autres groupes zoologiques sont ngligeables, plus particulirement celui des Echinodermes ; les Crustacs et les Mollusques eux deux ne reprsentent que 4.50 % de l'effectif total (Fig. 9). Les Amphipodes ne constituent que 0.8 % de l'effectif total, tandis que Apseudes holthuisi permet aux Tanadacs d'tre le groupe carcinologique dominant du peuplement, soit 1.20 % de la densit totale. Au niveau des stations (Tableau 1), la diffrence entre les densits est trs nette : les effectifs de la station go21 (245 ind./m ) sont de trs loin infrieurs ceux de la station go64 (1755 ind./m). L'examen de la distribution des individus entre les groupes zoologiques met en vidence la prpondrance des Polychtes aux deux stations go21 et go64, soit des dominances moyennes respectives de 95.92 et 95.16 %. La suprmatie numrique des Polychtes aussi bien au niveau des stations que du peuplement est crasante et relgue les autres groupes zoologiques un rle ngligeable au sein du peuplement. Cette dominance des Polychtes se retrouve dans la composition du cortge des espces principales du peuplement (Tableau 3, Fig. 9) ; sur les onze espces principales dix sont des Polychtes : Hyalinoecia bilineata et H. fauveli, Chone duneri, Lumbrineris fragilis et L. latreilli, Eunice vittata, Glycera sp., G. convoluta, Pista cristata, Nematonereis unicornis. Apseudes holthuisi est le seul Crustac class espce principale, tandis que les Mollusques n'ont aucun reprsentant dans le cortge des espces principales. Ces espces principales reprsentent 92.30 % de l'effectif du peuplement. Les quatre premires espces : Hyalinoecia bilineata, Chone duneri, Lumbrineris fragilis et Eunice vittata, constituent 84.30 % de leffectif total. H. bilineata est l'espce fortement dominante au sein du peuplement (dominance moyenne de 65.20 %). Chone duneri, seconde espce du peuplement, arrive bien loin derrire avec une dominance moyenne de 10.70 % ; les trois quarts des individus rcolts appartiennent aux espces H. bilineata et C. duneri. Les espces non principales du peuplement, soit 70.27 % des espces inventories, ne reprsentent que 7.07 % de l'effectif total ; si on ne tient compte que des quatre premires espces, les 33 espces restantes (89.19 % de la diversit totale) ne runissent que 15.70% des individus rcolts ; ces valeurs mettent bien en relief le rle des espces principales au sein de la structure quantitative du peuplement. Cet tat de fait l'chelle du peuplement est la consquence de la rpartition des individus entre les espces l'chelle des stations prospectes (Tableau 2). De la classification biocnotique des espces principales se dgagent deux stocks principaux : - le stock des Lre avec trois espces : Hyalinoecia bilineata, Eunice vittata, Lumbrineris latreilli dont les effectifs reprsentent 70.20 % des individus du peuplement ; - le stock des sabulicoles tolrantes avec Chone duneri, Hyalinoecia fauveli, Apseudes holthuisi, aux effectifs modestes (13.30 % de l'effectif total) en comparaison au stock prcdent.

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    Les autres stocks cologiques identifis ne sont constitus chacun que d'une espce et d'un nombre d'individus rduit : - la vasicole stricte Lumbrineris fragilis avec une dominance moyenne de 4.20 % et la vasicole tolrante Pista cristata (dominance moyenne de 1 %) ; - la sabulicole stricte exclusive des SF Glycera convoluta peu abondante dans le milieu, 13 ind./m soit une dominance moyenne de 1.3 % ; - la mixticole Nematonereis unicornis (dominance moyenne de 0.8 %). Les sabulicoles au sens large du terme classes espces principales contribuent hauteur de 14.60 % la densit totale du peuplement. Les carnivores et les suspensivores sont en nombre d'espces les mieux reprsents au sein du cortge des espces principales, respectivement cinq et trois espces ; cependant sur le plan quantitatif, leurs effectifs ne leur permettent d'tre que d'importance secondaire. Les omnivores (Eunice vittata, Hyalinoecia fauveli, Lumbrineris latreilli) et les carnivores (Lumbrineris fragilis, Glycera sp., G. convoluta, Apseudes holthuisi, Nematonereis unicornis) contribuent respectivement 6.30 et 9.10 % de la densit totale. Les omnivores-carnivores grce leur unique espce principale, Hyalinoecia bilineata, reprsentent 65.20 % des individus rcolts. La seule espce suspensivore classe espce principale, Chone duneri, fait des suspensivores le second groupe trophique du cortge avec une dominance moyenne de 10.70 %. Les dposivores de surface avec Pista cristata sont un groupe trophique mineur du cortge. Conclusion Le peuplement des sables fins de la baie d'Oran se caractrise par : - une trs