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bakchich N° 6 | 28 OCTOBRE 2009 | INFORMATIONS, ENQUÊTES ET MAUVAIS ESPRIT chirac, retraité et miraculé | P. 4 Malgré toutes ses casseroles, l’ancien Prési- dent devrait éviter les poursuites judiciaires. Sarko Junior a évité le pire | P. 5 3:HIKNRG=[UWUUY:?a@k@k@g@a; T 03766 - 6 - F: 2,00 E Danone, 0 % de matière sociale | P. 3 le bazar du net Il était une fois dans l’oueb, les coups de gueule des bakchichnautes et le meilleur de nos webreportages | P. 11 Les forçats du Vélib’ | P. 8 l’identité nationale coulée dans le besson É ric Besson fait du zèle. Le converti de fraîche date a-t-il un autre choix ? Le voi- ci qui appelle à un vaste débat sur « l’identité nationale », la vieille scie de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Soucieux d’arriver vite à Matignon, le béat se place en tête de ces bergers capables de conserver les électeurs du Front national dans le troupeau sarkozyste. Mars et ses élections régiona- les approchent. Tout paraît réussir à Besson, passé de l’ouverture à la fer- meture, selon le joli mot de l’écrivain Mathieu Lindon. Bien en cour à l’Élysée, heu- reux en amour avec une charmante étudiante tuni- sienne. Cette jeune femme devrait obtenir, sans trop de mal nous dit-on, son titre de séjour. Trois Afghans expul- sés valent bien l’accueil d’une fille de Carthage. La politique bulldozer du mi- nistre est-elle efficace ? Les notes de fin d’année de l’élève Besson s’annoncent bien mé- diocres : 27 000 reconductions à la frontière en 2009 contre 30 000 pour son prédécesseur. Près de 45 000 demandes d’asile cette année, soit un tiers de plus qu’en 2008. Sans parler de l’échec « des contrats d’accueil et d’intégra- tion », rendus obligatoires par un ministre de l’Inté- rieur du nom de Sarkozy, en 2006. Ces contrats obligent certains migrants à suivre cinq cents heures de français et à intégrer quelques rudi- ments d’instruction civique. « Personne ou presque, consta- te un haut fonctionnaire, ne va suivre ces cours. » le crash annoncé du charter franco-anglais Éric Besson cause à la télé, puis ça fait pschitt. Le 28 septembre, un charter vers l’Afghanistan avait été orga- nisé de conserve avec les Anglais, soit six jours après la destruction de « la jun- gle » de Calais. « Nous avons trouvé des moyens efficaces, écrivaient les Anglais, pour favoriser les retours forcés. » Hélas, à Paris, les services d’Éric Besson avaient oublié de prendre en compte l’in- tervention des juges des li- bertés et de la détention (JLD), des emmerdeurs char- gés d’appliquer la loi qui ont fait se crasher le charter franco-anglais. À Calais enfin, Besson or not Besson, quatre cents migrants campent toujours. Le Haut Co- mité aux Réfugiés (HCR) s’était bien proposé de les aider à for- maliser leur statut de réfugiés. Mais la maire UMP de la ville, s’est opposée à l’initiative, lais- sant juste des associations hu- manitaires leur distribuer la soupe populaire. Les Afghans feront-ils Calais Éric Besson ? Sabrina KaSSa les tarifs shadok de la sncf | P. 9 soutien Pour khalid | P. 12

Bakchich N°6

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Bakchich N°6

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Page 1: Bakchich N°6

bakchichN° 6 | 28 octobre 2009 | InformatIons, enquêtes et mauvaIs esprIt

chirac, retraitéet miraculé | P. 4Malgré toutes ses casseroles, l’ancien Prési-dent devrait éviter les poursuites judiciaires.

Sarko Junior a évité le pire | P. 5

3:HIKNRG=[UWUUY:?a@k@k@g@a;T 03766 - 6 - F: 2,00 E

Danone, 0 % de matière sociale | P. 3

le bazar du net Il était une fois dans l’oueb, les coups de gueule des bakchichnautes et le meilleur de nos webreportages | P. 11

Les forçats du Vélib’ | P. 8

l’identité nationale coulée dans le bessonÉric Besson fait du

zèle. Le converti de fraîche date a-t-il un autre choix ? Le voi-

ci qui appelle à un vaste débat sur « l’identité nationale », la vieille scie de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Soucieux d’arriver vite à Matignon, le béat se place en tête de ces bergers capables de conserver les

électeurs du Front national dans le troupeau sarkozyste. Mars et ses élections régiona-les approchent. Tout paraît réussir à Besson, passé de l’ouverture à la fer-meture, selon le joli mot de l’écrivain Mathieu Lindon. Bien en cour à l’Élysée, heu-reux en amour avec une charmante étudiante tuni-sienne. Cette jeune femme

devrait obtenir, sans trop de mal nous dit-on, son titre de séjour. Trois Afghans expul-sés valent bien l’accueil d’une fille de Carthage.La politique bulldozer du mi-nistre est-elle efficace ? Les notes de fin d’année de l’élève Besson s’annoncent bien mé-diocres : 27 000 reconductions à la frontière en 2009 contre 30 000 pour son prédécesseur.

Près de 45 000 demandes d’asile cette année, soit un tiers de plus qu’en 2008. Sans parler de l’échec « des contrats d’accueil et d’intégra-tion », rendus obligatoires par un ministre de l’Inté-rieur du nom de Sarkozy, en 2006. Ces contrats obligent certains migrants à suivre cinq cents heures de français et à intégrer quelques rudi-ments d’instruction civique. « Personne ou presque, consta-te un haut fonctionnaire, ne va suivre ces cours. »

le crash annoncé du charter franco-anglaisÉric Besson cause à la télé, puis ça fait pschitt. Le 28 septembre, un charter vers l’Afghanistan avait été orga-nisé de conserve avec les Anglais, soit six jours après la destruction de « la  jun-gle » de Calais. « Nous avons trouvé des moyens efficaces, écrivaient les Anglais, pour favoriser les retours forcés. » Hélas, à Paris, les services d’Éric Besson avaient oublié de prendre en compte l’in-tervention des juges des li-bertés et de la détention (JLD), des emmerdeurs char-gés d’appliquer la loi qui ont fait se crasher le charter franco-anglais. À Calais enfin, Besson or not Besson, quatre cents migrants campent toujours. Le Haut Co-mité aux Réfugiés (HCR) s’était bien proposé de les aider à for-maliser leur statut de réfugiés. Mais la maire UMP de la ville, s’est opposée à l’initiative, lais-sant juste des associations hu-manitaires leur distribuer la soupe populaire. Les Afghans feront-ils Calais Éric Besson ? ✹ Sabrina KaSSa

les tarifs shadok de la sncf | P. 9

soutien Pour khalid | P. 12

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On ne vous cache rienJean Sarkozy fait un heureux La bataille perdue de l’Epad a au moins fait un pubeux heureux à l’UMP. Le communicant Christophe Lambert, qui a coaché « gracieusement » Jean Sarkozy jusque sur les plateaux télé a été réintégré au sein de la cellule stratégique de com’ du parti. D’où il avait été banni pour trop grande proximité avec Richard Attias et Cécilia ex-Sarkozy. De l’histoire ancienne…

Nono et Mémé Guérini, même combatPatron fort peu contesté de la fédé socialiste marseillaise, Jean-Noël Guérini goûte peu le surnom de « Nono » que lui a attribué Bakchich. « Nono Guérini, avouent ses proches, cela sonne trop à ses oreilles comme Mémé Guérini. » Feu Barthélémy Guérini, dit « Mémé », ancien patron du Milieu marseillais, origi-naire de Calenzana en Corse, comme Nono. Ah, les vieilles querelles de voisinage…

Sarkozy, autiste ?De nombreux visiteurs récents de Nicolas Sarkozy ont fait le même constat à leur sortie de l’Élysée : le Président, notam-ment dans l’affaire concernant son fils, est devenu totalement « autiste ». Epad’bol…

Chez Fadela, ça valse…La valse des collaborateurs de Rachida Dati, à l’époque où elle dirigeait le ministère de la Justice, faisait sourire. Ce n’est rien à côté de ce qui se passe au secrétariat d’État à la Ville de Fadela Amara : 53 collaborateurs sont passés et partis en 18 mois. Pour un cabinet qui compte… 9 membres.

... et ça banquetteÀ l’UMP, les mauvaises langues disent volontiers que Fa-dela Amara « ne sert à rien ». En tout cas, elle n’est pas débordée. La semaine dernière, recevant des journalistes à déjeuner, elle était encore à table à 16 heures.

David Douillet : paroles, parolesDernier héros en date de l’UMP après son élection comme député des Yvelines, David Douillet avait annoncé pendant sa campagne électorale son intention de déposer plainte contre Eva Joly. L’ancienne juge d’instruction était coupable, à ses yeux, d’avoir fait référence au procès perdu par le judoka contre Bakchich, après que notre site a évoqué un compte au Liechtenstein détenu par l’ancien champion olympique. Un mois a passé et cette belle promesse de campagne tarde à être honorée.

La schizophrénie de la SNCF dénoncée par les routiersPour relancer un fret ferroviaire catastrophique, la SNCF s’est lâchée dans les pubs. Une campagne de 7 millions d’euros avec comme cible… les camions ! Or, depuis l’OPA lancée l’an dernier sur Geodis, la SNCF est devenue le pre-mier transporteur routier français ! Des camions qui épon-gent les déficits chroniques de ses trains. À la SNCF, tout est possible.

OM-PSG : l’important, c’est de garder le contact Tous les résidents parisiens qui voulaient assister au match OM-PSG n’ont pas été pris de court par le report du match, dimanche dernier. Ainsi, l’Orléanais Vincent Labrune, par ailleurs président du conseil de surveillance de l’OM, n’a pas fait le déplacement. Prévenu dix minutes avant de prendre son train par les autorités policières du report de la rencontre. Cela sert d’avoir été convo-qué par le patron du renseignement intérieur, Bernard Squar-cini, le 20 juillet... L’important est de garder le contact !

Mouchards d’AméricainsViré sans ménagement de son poste de ministre des Affaires étrangères du Sénégal, qu’il occupait depuis 8 ans, Cheikh

Tidiane Gadio a en fait été dénoncé auprès du Président Wade par les conseillers de la Maison Blanche à

Washington. « Les Américains nous ont préve-nus de son manque de fidélité. Il n’arrêtait pas de le critiquer, ainsi que son fils Karim », 

confirme-t-on à la présidence sénégalaise. Et la famille, au Sénégal, c’est sacré…

BHL versus Onfray, combat de titansBelle ambiance chez Grasset, l’éditeur fier de publier BHL et Michel Onfray. Ce der-nier collabore à Siné Hebdo, tandis que

BHL cornaque Philippe Val. Et Le 12 octobre, Bernard-Henri Lévy s’indigne dans Libé des

réactions sur le passé thaïlandais de Frédéric Mitterrand, fustigeant le « moralement correct 

cher à nos Pères et Mères la Pudeur ». Réponse cin-glante la semaine suivante de Onfray, dans ces mêmes pages : « BHL a le droit de défendre la pédophilie et le tourisme sexuel sous couvert de soutenir un ami probable, mais pas avec n’im-porte quel type d’arguments. » Des (d)ébats de haut vol…

L’Équipe dépouille BFML’Équipe, quotidien du sport et de l’automobile, prolonge le mercato des journalistes. Et vient de débaucher Marc Bombarde comme secrétaire général des rédactions, poste qu’il occupait auparavant dans le groupe d’Alain Weill, Next Radio TV (le 10 sport, RMC, BFM). Un transfert considéré par tous comme une progression… Sauf au Cen-tre de formation des journalistes (CFJ). La « grande école du journalisme » l’a démissionné de son poste d’adminis-trateur. Qu’elle a aussitôt refourgué à un homme de BFM. Entre les rois du low cost et un journal où le salaire moyen est de 5 000 euros brut par mois, le CFJ fait ses choix…

Bakchich contre Val : coïtus interruptusPhilippe Val, patron de France Inter, va devoir repasser devant la XVIIe chambre correctionnelle de Paris, pour avoir comparé Bakchich au journal collaborationniste Je suis partout. Lors de l’audience du 24 septembre dernier, il est apparu que l’un des magistrats, Nicolas Bonnal – en position d’assesseur – avait co-signé en janvier une tribune sur la diffamation avec l’ex-patron de Charlie Hebdo. Une relation de proximité qui a conduit le tribunal à décider de « rouvrir les débats ». Autre-ment dit, de repartir à zéro ✹

RéSeAux

D epuis quelques semaines, cer-tains communicants de Gérard Mestrallet, le patron de GDF-

Suez, expliquent, en off bien sûr, à des journalistes, qu’il se passe quelque chose d’incroyable en France : nommé à la tête d’EDF, l’actuel p-dg de Veolia, Henri Proglio, veut garder la présiden-ce de l’ancienne Générale des eaux. Comment un seul homme peut-il diri-ger deux entreprises totalisant pas loin de 100 milliards d’euros de chiffre d’af-faires et 500 000 salariés ?Bizarrement, ces communicants – et ils sont nombreux à travailler chez GDF Suez – oublient de signaler que Mes-trallet est p-dg de GDF-Suez et président de Suez Environnement. L’ensemble génère un chiffre d’affaires de 83 mil-liards d’euros et emploie 200 000 per-sonnes. Et ça ne s’arrête pas là. Le « beau Gérard », comme on le surnom-me en interne, est aussi président de Paris Europlace, un machin qui regrou-pe notamment des banques pour dé-fendre la place financière de Paris. Il préside le Groupe de haut niveau Fran-ce-Brésil, qui doit favoriser le commer-ce entre les deux pays. Enfin, il est conseiller du maire de Chongqing, la plus grande ville chinoise. C’est dire l’étendue de son réseau. Un homme indispensable, comme on le voit. Parfois, ce cavalier émérite cale devant l’obstacle. Après avoir dit et redit qu’il ne donnerait pas l’argent réclamé par la Belgique en échange de la prolonga-tion de la durée de vie des centrales nucléaires de GDF-Suez dans ce pays, il vient de signer un compromis. Com-ment ses communicants vont-ils vendre cette reculade ? ✹

JEAN ROQUES-FELLET

Merci à tous ces amis dessinateurs qui, mas­sivement, se sont mon­

trés solidaires de notre carica­turiste, Khalid Gueddar, dont le coup de crayon aurait porté at­teinte, d’après la justice maro­caine, à la famille royale (voir pages 12 et 13). La semaine der­nière, dans Le Monde, Plantu a sauvé l’honneur de la presse. En effet, nos confrères ont été bien longs à la détente pour protéger un dessinateur qui risque cinq ans de prison. Merci aux 20 000 lecteurs des premiers numéros de l’hebdo de Bakchich. Grâce à eux, nous pourrons continuer l’aventure, compromise cet été par l’écroule­ment des recettes publicitaires. La progression de 20 % du nom­bre de nos internautes montre que l’initiative d’un hebdo pa­pier a été comprise. L’écrit peut et doit sauver l’écran.Depuis le 23 septembre, Bak-chich Hebdo a publié des infos exclusives sur les négociations avec l’Iran, les caisses noires des constructions navales ou les relations mafieuses de Ber­nard Tapie. Autant d’enquêtes qui ne sont pas passées inaper­çues. Bakchich a bénéficié de la une du Financial Times ; le journal a eu les honneurs d’un grand papier dans le Washing-ton Post ; nos informations ont été largement reprises à l’AFP, dans Libération, à France Info et dans le premier quotidien de Taïwan. Pas un mot en revan­che de Bakchich dans la mati­nale de France Inter, dont le patron, Philippe Val, nous a in­terdits publiquement d’anten­ne. Rien sur notre ami Khalid ! Aujourd’hui, le fameux modèle économique est à notre portée. À condition que le concept du journal soit revu : 16 pages au lieu de 20 ; 2 euros et non 1,8 euro. Sous réserve aussi que l’hebdo touche cinq à dix mille lecteurs supplémentaires. Vous nous aimez ? Que vos amis, les amis de vos amis et tous les amoureux de la presse nous achètent. On aimerait vous of­frir une cafetière pour parrai­ner un proche mais, pour l’ins­tant, vous devrez vous contenter du journal sans le café ✹

LA BELLE AVENTURE

NiCOLAS BeAu

MeStRALLet Le CuMuLARD

2 | Apéro cette semaine dans bakchich hebdo n° 0COuLiSSeS et COuPS tORDuS

BAkCHiCH HeBDO | MERCREDI 28 OCTOBRE 2009

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trompé dans trois commandes, il a fait perdre tant à l’entreprise », peut-on lire sur des panneaux. « Comme parfois la prime revient à une équipe, vous imaginez le climat quand on se rend compte que c’est à cause de l’erreur d’un-tel qu’on ne l’a pas eue », raconte un salarié. Le temps du paterna-lisme de Riboud père semble bien loin. Mais la force de Danone, c’est que, contrairement à ses yaourts, ce qu’il fait à l’intérieur ne se voit pas à l’extérieur… ✹

Lucie DeLaporte

ment encouragée. Les syndicats ont ainsi pris connaissance de let-tres transmises aux chefs d’équi-pes racontant par le menu l’emploi du temps de tel ou tel collègue, en général pour souligner qu’il n’a pas bien fait son travail. « C’est la condition nécessaire à remplir, si l’on veut avancer dans sa carrière », témoigne un salarié.Sur certains sites, les résultats quotidiens, chiffrés, de chaque employé, sont affichés au vu et au su de tous, histoire de mettre un peu d’ambiance. « M. X s’est

Lait tourné Le management moderne n’est pas réservé aux salariés de France télécom. aux mêmes causes les mêmes effets. Les cas de dépression se multiplient chez le géant de l’agroalimentaire, qui n’hésite pas à employer des méthodes à la limite de la légalité pour ficher son personnel.

Le social chez Danone, un produit allégéC’était il y a quelques

mois, sur une plate- forme logistique de Danone. Un jeune ma-

nutentionnaire, entouré par cinq membres de la direction venus l’interroger au sujet d’un man-quement aux règles de sécurité, s’écroule à terre, et menace de se suicider. Évacué par le Samu, le jeune homme a fini aux urgen-ces psychiatriques. « Il subissait des pressions depuis des mois, il n’en pouvait plus », raconte José Buraca, délégué syndical CGT. À son retour, il est mis à pied trois jours pour n’avoir pas respecté les fameuses règles de sécurité à la lettre. Sympathique.

Cas isolé ? Difficile de le dire. Sur ce même site de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, plusieurs salariés sont actuelle-ment en dépression. Tous évo-quent un climat social délétère et des méthodes de management bien éloignées des grands dis-cours du PDG de Danone, Franck Riboud, sur la responsabilité so-ciale de l’entreprise. En mai 2008, une plainte pour « harcèlement moral », « atteinte à la dignité humaine » a été déposée par un salarié, Lahcen Ben Abde-lak. L’instruction est en cours. Lui aussi s’était un jour écroulé en chambre froide. « Assommé par les médicaments », comme il le dit

a Les résultats quotidiens, chiffrés, de chaque salarié, sont affichés au vu et au su de tous.

lui-même, il attend que la justice se fasse, et s’offusque de la com’ de Danone. « Ils ne parlent que de forme, de santé, alors que nous, on est cassés », s’énerve-t-il. Lahcen Ben Abdelhak avait alerté la pres-se, notamment France 3 et l’AFP, qui avait médiatisé son cas l’an dernier. Depuis, rien.« Tout a continué comme avant », racontent ses collègues. Sauf que ceux qui ont témoigné pour le sou-tenir lors de l’enquête interne qui a suivi ont, depuis, eu droit à un « traitement de faveur ». « C’est à partir de là qu’ils ont commencé à me faire la misère », affirme ainsi Foued Aïdouni, en arrêt maladie.Les exigences de la direction de Danone de renforcer la sécurité, a priori louables, ont conduit à une surveillance permanente des salariés. « On est tracé, comme les yaourts », ironise Lahcen Ben Ab-delhak. « C’est insidieux. Au dé-part, ça commence par des détails anodins : bien mettre en place sa coiffe, respecter les règles d’hygiène, mais finalement, c’est tout notre comportement qui est formaté », souligne Mario Pisanu qui tra-vaille sur le site de Saint-Just-Chaleyssin, près de Lyon, où l’on fabrique des yaourts. « Le pro-blème, c’est que respecter toutes ces procédures, c’est irréaliste, quand on voit qu’ils augmentent tout le temps les cadences. Et on nous ré-pète que, si on a un accident, c’est de notre faute. » D’ailleurs, les ré-sultats sont là. À l’usine de Les-quin, zéro accident du travail ces dernières années. Officiellement. « Tout le monde sait très bien que c’est complètement faux », affirme José Buraca. « En réalité, la direc-tion refuse de reconnaître les acci-

dents du travail. Car, si elle le fait, c’est elle qui paie et qui écope en plus de sanctions fi-nancières. Alors qu’en cas de maladie, c’est la Sécu qui prend en charge. »Comme toutes les grandes entreprises, Danone a depuis quel-ques années mis en place des outils d’éva-luation individuelle pour juger les résul-tats des salariés. Mais ils prennent en compte des critères un poil

flous, comme, par exemple, les « compétences comportementales » (lire encadré).Des dispositifs propices aux déra-pages. Sur un fichier qu’a pu consulter Bakchich, on trouve ainsi d’étonnants commentaires pour un des salariés : « assimile lentement », « ne suit pas les grè-ves, anxieux », ou encore « un en-fant handicapé, souvent malade, pas bon en général ».Pour accumuler ces informations, la délation interne, pardon « la re-montée d’information », est large-

« abus prononcé de bavardages en chambre froide »Depuis l’affaire du fichage illégal ré-vélée l’an dernier par France 3, Da-none poursuit tout à fait officielle-ment, à travers un programme baptisé « SMi », système de mana-gement intégré, un « suivi  indivi-duel » de ses salariés. « Le SMI est un outil permettant  l’animation de nos basiques sécurité, qualité, hygiène, règles de vie », indique un document interne. il permet, « à partir de faits 

observables, de questionnements… de récupérer des éléments factuels qui peuvent comporter à la fois des points positifs et des points d’amélioration ». Florilège. certes, « Pierre* tient une moyenne de 100 % en efficacité et de huit  erreurs  au  trimestre », mais voilà il « fume en salle de pause » et a des « débords  sur  les  temps  de pause ». Jacques, quant à lui « a été surpris en plein bavardages à différen-

tes  reprises  pendant  son  temps de travail ». plus grave, « il a été surpris en date du … en conversation télépho-nique en chambre froide ».Quant à philippe, son compte est bon. Non content d’avoir « de  très mauvais résultats qualité », il se livre à « un abus prononcé de bavardages en chambre froide » ✹ L. D.

* Les prénoms ont été changés

pour accumuler des infos sur les salariés, la délation est largement encouragée.

Filouteries | 3dérapage

Bakchich heBdo | MercreDi 28 octobre 2009

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Le dossier était tout ce qu’il y a de plus béton. « Il tenait à la colle », ré-sume un magistrat, ex-

cellent connaisseur des affaires financières. Et pourtant, Jacques Chirac, l’ex-mis en examen pour détournement de fonds publics dans l’affaire dite des « emplois fictifs de la mairie de Paris », a toutes les chances d’échapper aux rigueurs du banc des préve-nus du tribunal correctionnel.Dans sa grande bonté, le futur ex-procureur de Paris, Jean-Claude Marin, n’a en effet eu de cesse de saboter le beau dossier monté contre « le  Chi » par la meilleure lame du pôle financier, la juge d’instruction Xavière Si-meoni. Il a d’ores et déjà requis le non-lieu. Bien sûr, la magis-trate peut toujours s’entêter et demander sa mise en jugement. Mais à quoi cela servirait-il de poursuivre l’ancien chef de l’État, alors que le ministère pu-blic refuserait de soutenir l’accu-sation ? Voire la démolirait mé-thodiquement si, comme il en est question, le parquet de Paris pas-sait aux ordres de Philippe Cour-roye, un magistrat qui n’a jamais fait mystère de son opposition à voir un ancien président de la République traîné devant les tri-bunaux. Et ce, même s’il est aujourd’hui démontré que Chirac a entretenu à l’Hôtel de ville un vaste système clientéliste fondé sur l’octroi de rémunérations de complaisance à ses amis politi-ques. Pêle-mêle, François Baroin

pas encore député, ou les épouses de Dominique Perben et d’Hervé de Charrette, en mal de complé-ment de salaire, sont notamment cités dans le dossier.Qu’importe ! Les ordres de Sarko transmis ont été clairs : laissez Chirac tranquille. Selon L’Express, le Président l’avait d’ailleurs pro-mis à Bernadette dès l’année der-nière. En visite à l’Élysée pour déjeuner avec Carla, « Maman » avait eu la satisfaction d’entendre Sarko lui susurrer à l’oreille que « les emplois fictifs n’ennuieraient plus son mari ». Un veinard, ce Chichi, décidément. Il avait déjà échappé à une mise en cause dans l’affaire Clearstream, là encore grâce à la magnanimité de son

successeur. Après avoir longtemps menacé de prendre au fameux croc de boucher Chirac et Villepin, l’hy-per-Président s’est contenté du second. À l’audience, Me Thierry Herzog a même cru bon de préci-ser que son client n’avait jamais pensé à l’éventuelle implication de Chirac dans la manip’ des faux listings bancaires. Un gros men-songe évidemment.

Une affaire dU côté de tahiti menace toUjoUrs l’ex-PrésidentMais pourquoi donc Sarko se fait-il tout miel avec son prédéces-seur ? Parce qu’il détiendrait des dossiers compromettants sur le mari de Carla, comme l’insinue, sans grande précision Le Canard Enchaîné ? Parce que « le Vieux » caracolant en tête dans les sonda-ges de sympathie des Français est aujourd’hui une cible trop popu-laire pour être atteinte ? Ou, sim-plement, pour l’endormir avant de lui porter l’estocade finale ? Même s’il a traversé sans encom-bres les premières turbulences judiciaires, Chichi a en effet en-core une petite inquiétude du côté de Papeete, à Tahiti. En Po-lynésie Française, une escouade de juges coriaces, supervisée par José Thorel, un procureur sarko-zyste en mission commandée, sont en train de soulever une par une les pierres de la maison Flos-se, réputé pour être l’un des plus fidèles financiers de Chirac. Et, pour l’instant, Sarko n’a pas en-core levé le pouce... ✹

Olivier BrOussel-lamBert

Chirac, le miraculé

grande mUette

l es ignorants de la chose mi-litaire n’en ont jamais en-tendu parler. Et pourtant, il

est la star des états-majors fran-çais, le nouveau cocorico des troupes. Galula ! Celui dont le nom ressemble à un cri de rallie-ment n’est pourtant pas un hé-ros tombé au combat. Juste un officier français de la coloniale mort en 1968, aujourd’hui res-suscité pour les besoins de cau-se : la glorification d’une doc-trine militaire française enfin internationalement reconnue… Grâce aux Américains ! David Galula est cet officier qui a élaboré dans les années cin-quante soixante, notamment grâce à l’expérience du terrain algérien, une nouvelle théorie de la lutte contre-insurrectionnelle. Celle-ci prônait, à rebours des doctrines belliqueuses en vi-gueur à l’époque, le recours à une stratégie de proximité en direction des populations civiles pour isoler les insurgés. Plutôt que la violence massive qui conduit les civils à rejoindre les insurgés, les armées doivent les protéger et gagner leur adhé-sion. Telle est la doctrine à la française dont on chante aujourd’hui les louanges, notam-ment aux alliés de l’Otan, com-me la solution pour sortir de la crise afghane…De quoi faire faire à Galula une galipette dans sa tombe. Car la France, de son vivant, ne lui a pas été si douce. À l’époque, l’ins-titution militaire juge les ré-flexions de ce saint-cyrien quel-que peu intempestives et l’envoie prendre l’air en Virginie pour une mission de formation. L’offi-cier d’infanterie y est remarqué et l’originalité de ses réflexions fait mouche. L’Amérique lui offre un pont d’or pour prolonger ses recherches, notamment à Har-vard. Il quitte l’armée française

qui lui refuse son détachement, et s’installe en 1962 dans sa nou-velle patrie d’élection. C’est donc en anglais que « notre » lieute-nant-colonel publie ses travaux, tient conférences, fait des ému-les… Et pas des moindres.Héritier revendiqué de la doc-trine galulesque, le général qua-tre étoiles David Petraeus, com-mandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan est fan. Il s’est largement inspiré des théories de Galula pour l’Irak en lançant, en 2007, l’opé-ration dite du « surge » (ren-forts), sous administration Bush, et que Barak Obama veut appli-quer à l’Afghanistan. Autrement dit, se rallier les populations ci-viles pour mieux isoler les in-surgés et limiter les bavures. Quitte à monnayer leur soutien : c’est la Petraeus  touch sur les préconisations de son mentor français.

Le général américain a d’ailleurs préfacé la récente traduction française de l’ouvrage de réfé-rence de David Galula, Contre-insurrection - Théorie et pratique, (éditions Economica), publié en anglais en 1964.Acerbe, Petraeus écrit que si « si Galula a reçu jusqu’ici un hom-mage plus appuyé de notre côté de l’Atlantique […] on peut ima-giner que des effets similaires se fassent sentir en France sur  la doctrine, l’entraînement, la for-mation et jusque dans la politi-que de défense »… Hervé Morin appréciera ! ✹

anne Giudicelli

Un gUrU PoUr hervé morin

la doctrine miliaire de david galula, officier français mort en 1968, est enfin reconnue… grâce aux américains.

veinard laissez chichi tranquille ! les ordres de nicolas sarkozy semblent avoir été entendus. l’ancien maire de Paris a toutes les chances d’éviter le tribunal correctionnel.

canebière

les PoUlets marseillais sont en batterie

l es policiers marseillais sont chagrins. Et pas seulement parce qu’OM-PSG, reporté, les

a fait bosser tard dimanche soir, sur le Vieux-Port. Comme des cas-ques bleus capables de calmer la guerre entre supporters parisiens – descendu de la ca-pitale pour rien –, et fan marseillais. Plus que les coups de bâtons à distri-buer, c’est la réforme de la sécurité dépar-tementale, au double objectif d’améliorer l’accueil des victi-mes et le taux d’élu-cidation des affaires, qui a un peu coupé les pattes des pou-lets. Ils souffrent de confinement. ça y est. Les ren-forts envoyés dans

les services d’investigation – afin de traiter les 6 000 dossiers en souffrance de la police judiciaire phocéenne – ont bien débarqué. Dans le bruit et la fureur, ils squattent souvent un service qui les héberge de bonne grâce « par-

ce  que  ce  sont  des collègues ». En at-tendant de trouver des locaux. Dans les services visités par Bakchich, au moins, l’accueil est chaleu-reux. Quatre bu-reaux disposés dans une pièce de 20 m2, des dossiers qui traî-nent dans des car-tons « déménagés et transportées  nous-mêmes », murs dé-crépis « l’adminis-tration  nous  a interdit de les repein-

dre », ordinateurs et imprimantes qui dérapent. Dans cette agréable promiscuité se croisent délin-quants et victimes. Parfait pour résoudre au plus vite une affaire qu’il faut cloisonner… Mais point d’inquiétude, les conditions de tra-vail ne sont que provisoires. De nouveaux locaux seront bientôt prêts, jurent les chefs. Quand le grand commissariat de la Cane-bière, en lieu et place de l’ancien palace Noailles, a mis dix ans à voir le jour, tout espoir n’est pas abandonné. Pas encore.Ni le soleil, ni les mauresques ne suffisent à élever le moral des jeu-nes recrues qui, selon les respon-sables de groupe, montrent déjà des signes de grande lassitude. De-puis le 1er janvier, selon le syndicat Unité Police (majoritaire), 80 poli-ciers se sont déjà suicidés en Fran-ce. Nul doute, à la maison Poulaga, la batterie est en danger… ✹ G. J.

4 | Filouteriescasseroles et mitraillettes

bakchich hebdo | mercredi 28 OctOBre 2009

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mauvais comptes

e n renonçant à prendre la tête de l’Epad, Jean Sarkozy échappe à une avalanche de

problèmes calamiteux. Car amé-nager La Défense, la mission de ce très opaque organisme public, n’est pas de tout repos. Il faut mar-chander les droits de construire avec les investisseurs (le seul ga-gne-pain de l’Epad). « Une petite tour rapporte entre 20 et 30 millions d’euros et une grande entre 50 et 80 millions », susurre cette élue des Hauts-de-Seine. Mais, avec la crise, les promoteurs quémandent ristourne… Et, à en croire la gau-che du 9-2, remontée à bloc par l’affaire Jean Sarkozy, les finan-ces de l’Epad seraient dans un piètre état. Voire pas claires. En 2007 et 2008, la Cour des comptes a d’ailleurs épinglé l’établisse-ment pour cause d’anomalies comptables. Argent toujours. Pour Jean-André Lasserre, conseiller municipal PS de la ville de Courbevoie, l’Epad va devoir gratter les fonds de ti-roir pour participer aux projets pharaoniques qui se profilent : « le grand barnum mégalo » du Grand Paris, gare TGV, boulevard circu-laire de La Défense, enfouissement de la RN13, extension du RER Eole… Il y en a, à l’aise, « pour plus de 15 milliards d’euros » !Autre problème auquel échappe Sarko Junior en se contentant d’un poste d’administrateur au sein de l’Epad : la mise aux nor-mes de sécurité de La Défense. « Un audit est en cours », claironne Martine Volard, conseillère muni-cipale MoDem de Courbevoie. Et il va faire mal au portefeuille : « La Défense ne possède pas de PC de sécurité  centralisé  et  les  tunnels sous la dalle ne sont pas aux nor-mes », détaille l’opposante, pour qui le plus gros scandale reste ce-lui du quartier des Damiers. Il s’agit de 250 logements sociaux

détenus par une filiale de la RATP, Logitransports. « Or, elle va les vendre au promoteur russe Her-mitage, qui veut construire une tour de logements à 10 000 euros le mètre carré », s’indigne Mar-tine Volard. Quant aux habitants des Damiers qui ont découvert ce qui se tramait derrière leur dos dans la presse, ils n’ont qu’à se reloger à Vitry ou à Argen-teuil ! C’est d’ailleurs ce qu’on leur propose…

À cette affaire, s’ajoute une véri-table bronca politique des villes entourant le petit Manhattan fran-çais. En cause cette fois ? Le projet de fusion de l’Epad et de l’Epasa, la structure qui aménage des ter-rains du côté de Nanterre. Le nou-vel ensemble, l’Epadsa, sera en plus chargé d’aménager quelques lopins à La Garenne-Colombes. Mais à gauche (et pas seulement) on dénonce une « OPA de l’Epad sur  l’Epasa » et le détroussage d’une partie des territoires de Nanterre et de La Garenne. Quant à Courbevoie et à Puteaux, toutes deux administrées par l’UMP et qui se trouvent sur les terres de l’Epad, leurs conseils municipaux ont voté contre la fusion Epad-Epasa. Mais leur avis n’est que purement consultatif. La méthode Sarkozy a encore de beaux jours devant elle dans le 9-2 ✹� Catherine�GraCiet

epad : Jean sarkozy a échappé au pire

Business park

L a dette, c’est un sujet qui fiche la trouille. Bruno, mon beauf ’, ne comprend pas

comment on peut lancer un grand emprunt alors que la Fran-ce doit déjà 1 600 milliards.« Non mais, tu ne trouves pas ça bizarre, me lance Bruno. On est là, tranquille, à prendre le café, alors que la France est pratique-ment en faillite. » La dette de la France – sur laquelle toute la presse s’est penchée ces derniers jours avec l’examen du projet de budget 2010 – Bruno, ça le rend malade. Lui que son banquier sermonne au moindre découvert ! Alors, quand il a vu son Prési-dent en remettre une louche en annonçant un grand emprunt, il a sombré dans des abîmes de doutes.C’est sûr, les chiffres filent le tournis. Tu l’as vu, Bruno, la France « doit » 1 600 milliards d’euros. À qui ? À des entreprises ou à des particuliers, beaucoup à l’étranger, qui trouvent que, som-me toute, la France est un place-ment sûr. Rien que le rembourse-ment des intérêts engloutit à lui seul la quasi-totalité des recettes de l’impôt sur le revenu : 55 mil-liards d’euros. Deux fois les dé-penses de l’État pour l’emploi et la solidarité.« Il  paraît  que  chaque  bébé  qui naît aujourd’hui hérite d’une dette de 20 600 euros », s’offusque Bruno. Certes, l’image est forte. Rien de tel pour préparer le terrain à un discours bien rodé : le système français est au bord du précipice, l’époque où chaque génération cotisait pour la précédente est derrière nous. Alors, assurez-vous auprès d’institutions privées pour

financer vos soins, préparer votre retraite… « Réduire le train de vie de l’État c’est bien, mais cela ne suffira pas. Il faut aussi se deman-der  s’il  est  vraiment  nécessaire qu’il s’occupe de certains sujets, comme le logement, par exemple », suggère ainsi l’économiste Jean-Marc Daniel.

un suJet en or dans un pays prompt à s’angoisserMais tu vois, Bruno, il faut regar-der ça de plus près. Sur une ligne opposée, l’économiste Henri Ster-dyniak rappelle que le bébé fran-çais qui naît avec cette dette, hérite en même temps, contrai-rement à son alter ego africain, d’un pays avec des infrastructu-res modernes, des écoles gratui-tes… À sa naissance, il possède virtuellement 29 000 euros d’ac-tifs rien qu’en comptant le patri-moine de l’État. C’est pas la dè-che, quand même.Quant à l’intérêt de la dette, là encore, il faut mettre cela en perspective. La France emprunte à des taux faibles (de 3,5 à 4 %), qui, compte tenu de l’inflation (disons 2 % en moyenne), et de la part d’impôts prélevés sur ces intérêts (environ 30 %), sont pra-tiquement amortis sur dix ans.« Oui, mais aujourd’hui, la dette a atteint quasiment 80 % du PIB, c’est  quand  même  pas  normal. T’imagines  ça dans mon entre-prise ? » Mais la France, c’est pas une entreprise. Je te le concède, la dette, c’est un sujet en or dans un pays prompt à s’angoisser. Pas étonnant que Bayrou en ait fait son principal thème de campagne en 2007 ✹ LuCie�DeLaporte

La dette de La france expLiquée à mon Beauf’

La pLaidoirie, un commerce comme un autrepratique�courante�aux�États-unis,� la�présence�de�cabinets�de�communica-tion�dans�les�prétoires�a,�en�quelque�sorte,�été�officialisée� lors�du�procès�Clearstream.�ainsi,�a-t-on�pu�voir�Jean-Louis�Gergorin�éprouver�la�nécessité�de�faire�appel�aux�services�d’une�attachée�de�presse�pour�assurer�sa�com,�le�temps�du�procès.�Les�amis�de�Dominique�de�Villepin�ont,�eux,�ouvert�un�site�inter-net,� tandis�que�Me�olivier�pardo,� le�défenseur�d’imad�Lahoud,�a�recouru�au�« cabinet d’intelligence média »�(sic)�CClarisse�pour�annoncer�urbi�et�orbi�qu’il� plaiderait� jeudi� 22� octobre� à�14�h�30.�une�information�stratégique�qui,�sans�ce�communiqué,�aurait�cer-tainement�échappé�à�la�centaine�de�rouletabille�qui�suivent�les�débats�!L’agence�CClarisse�assure�également�la�communication�de�tF1�Games�et�celle�du�fabricant�de�peluches�Jemini.�preu-ve�que�la�plaidoirie�est�devenue�une�marchandise�comme�une�autre�✹

dupont moretti, avocat routier

Basé�à�Lille,�mais�en�vadrouille�dans�toute�la�France�pour�défendre�la�veuve�et,�surtout,�le�grand�brigand,�Me�Éric�Dupond-Moretti�s’est�taillé,�au�long�de�sa�carrière,�une�forte�réputation.�Que�ses�laudateurs�alimentent�savamment,�le�glorifiant�d’un� titre,� celui�du�plus�grand� nombre� d’acquittements.� Lui�préfère�se�définir�en�privé�comme�« le routier le mieux payé de France »,�et�sourire� en� coin.� Las�!� Ses� dernières�aventures�marseillaises�lui�ont�valu�le�sobriquet�« d’avocat forain ».�Défenseur�de�Jacques�Mariani,�fils�de�feu�Francis,�ponte�du�gang�corse�de�la�Brise�de�mer,�Dupond�s’est�tout�natu-rellement�rendu�à�son�procès,�en�février�2008.�et�a�rencontré�à�cette�occasion�les�patrons�de�l’antre�de�la�nuit�aixoise,�Le�Mistral,�qui�lui�ont�gentiment�offert�le�gîte�et�le�couvert.�puis,�début�2009,�le� sieur�Dupond�a� fait� connaissance�avec�d’autres�animateurs�des�soirées�du�Cours�Mirabeau,�les�boss�de�la�Joïa,�une�autre�discothèque.�Bien�urbaine-ment,�ces�charmants�garçons�lui�ont�remis�quelques�liasses,�ses�honoraires�pour�le�boulot�réalisé�en�faveur�de�Jac-ques�Mariani.�Malheureux� hasard�!�Jacques�Mariani�est�justement�soup-çonné�d’avoir�organisé�le�racket�de�ces�deux�établissements.�et�Dupond-Mo-retti�a�été�gentiment�invité�à�s’expliquer�dans�le�bureau�du�juge�qui�enquête�sur�les�extorsions�de�fonds,�le�23�juin�der-nier.�en�tant�que�simple�témoin.�Le�fo-rain�va�continuer�de�tourner...�✹

vite fait

Retrouvez la vidéo d’Olivier Perrin « Une pétition pour soutenir Jean Sarkozy ! » sur www.bakchich.tv

L’établissement public va devoir gratter les fonds de tiroir pour participer aux projets du grand paris, de gare tgv, du rer…

Filouteries | 5petits sous et gros soucis

Bakchich heBdo�|�MerCreDi�28�oCtoBre�2009

Page 6: Bakchich N°6

La politique économique de mi-mandat serait… au milieu du gué. C’est le discours officiel de nos

dirigeants sur la situation conjoncturelle au moment où s’engage la discussion budgétaire. En pratique, plus personne ne sait que penser de ce que fait, ou pré-tend faire, Nicolas Sarkozy. Les théories qui affirment que la po-litique économique est moins ef-ficace quand on peut en anticiper les contours sont à la fête : il est impossible d’anticiper ce que va décider le Président…Seule certitude : la dette publique s’envole et la saga du grand em-prunt est là pour rappeler qu’aux yeux de Sarkozy, cela n’a aucune importance. Le FMI prévoit que la dette publique atteindra 100 % du PIB en 2015, ce qui ne perturbe en rien la sérénité de nos hiérar-

ques. Certes, l’enthousiasme « em-prunteur » a un coup de mou. Le montant du grand emprunt, an-noncé officieusement par le conseiller spécial de l’Élysée, Henri Guaino, comme pouvant atteindre 100 milliards, ne sera pas supérieur à 40 milliards, d’après ce qui se murmure à Ber-cy. Michel Rocard, supposé prési-der à la définition de l’opération, refuse de se prononcer sur les mo-dalités pratiques. Il envisage même de placer les titres non pas auprès du public, mais auprès des marchés, selon les procédures usuelles gérées par l’Agence France Trésor. Quant au prési-dent de la commission des finan-ces, le socialiste Didier Migaud, il soutient désormais qu’il n’y aurait rien de scandaleux à tout arrêter, après avoir admis que cette idée de grand emprunt

n’était peut-être pas ce qu’il y a de plus génial. Évidemment, dans les rangs de la majorité, on se gausse du soudain esprit parcimonieux d’une gauche au passé dépensier. Le monde à l’envers en somme.

les idées inapplicables pour réduire le déficit abondentCette confusion se confirme lors-que l’on parle de réduire le déficit. À ce sujet, les candidats au concours Lépine des propositions inapplicables pullulent. Chacun dans la majorité a une idée pour augmenter les recettes en brico-lant le bouclier fiscal, en réorga-nisant la taxe carbone ou ce qu’il en reste, en aménageant la nou-velle contribution territoriale des entreprises qui remplace la taxe professionnelle. Là encore, une certitude : on va vers n’importe quoi sans que l’on sache si ce

n’importe quoi va amplifier le déficit ou juste l’ébrécher. Une fois le cauchemar de ce bud-get passé, Sarkozy a l’intention de revenir sur le problème des retrai-tes. La sécurité sociale, toutes branches confondues, va enregis-trer cette année 30 milliards de déficit qu’il va bien falloir transfé-rer à la Cades, la caisse chargée de l’amortissement de la dette sociale. Les retraites constituent un sujet important sur lequel, symbolique-ment depuis la fin des grèves contre la réforme des régimes spé-ciaux, le gouvernement et l’Élysée auraient les moyens d’engranger des bénéfices politiques. Même si de plus en plus s’interrogent sur ce que fut réellement la fin de l’af-faire des régimes spéciaux, et si l’insistance des divers ministres en charge du dossier à répéter que tout est réglé intrigue. À l’Élysée, Raymond Soubie, grand manitou du social et plus patelin que jamais, reçoit et disserte avec les syndicats sur le recul de l’âge du départ à la retraite et la façon la plus habile d’abandonner la ré-férence à 60 ans. En attendant de s’attaquer aux 35 heures. Il faut dire qu’en deux ans et demi de sarkozysme, on avait presque oublié l’essentiel, qui reste, aux yeux de ses plus solides soutiens, de supprimer l’ISF et les 35 heu-res… Il ne faudrait quand même pas trop tarder… ✹

allô paris, ici new york

Après l’Afghanistan et l’Irak, Barack Obama ouvre un troisième front : mater la chaîne

de télé Fox News, propriété de Ru-pert Murdoch. La semaine der-nière, le Président a dépêché une brochette de ses plus proches conseillers sur les autres chaînes pour répandre l’idée que la Fox « n’est pas une chaîne d’informa-tion légitime », comme l’a décrété Rahm Emanuel, alias « Rahmbo », le secrétaire général de la Maison Blanche. Pendant ce temps, la dir’com d’Obama, Anita Dunn, assénait que la télé de Murdoch était « une succursale du parti ré-publicain » et David Axelrod, le stratège politique du Président, tonnait que « sur Fox, le news n’est pas le news. » La Maison Blanche a même créé un blog pour réfuter les « mensonges » de la chaîne et

la boycotte en refusant que ses représentants y soient inter-viewés. Autant d’arguments que l’on peut difficilement réfuter…L’homme qui a créé la Fox pour Murdoch en 1996, et qui la pré-side toujours, est Roger Ailes, un pugnace conseiller des répu-blicains pendant 30 ans, qui a débuté comme directeur de la campagne médiatique aux re-lents racistes de Richard Nixon, en 1968. Murdoch pensait qu’il y avait un créneau à prendre pour une chaîne conservatrice et bas de gamme. Du coup, Ailes a an-cré Fox bien à droite et lui a im-primé un ton populiste destiné à attirer des téléspectateurs blancs en colère contre la mo-dernité et « l’élitisme » des démo-crates progressistes. Aujourd’hui, la Fox est la mai-son mère d’une foule de démago-

gues aux accents racistes, xéno-phobes et réactionnaires, comme le très populaire Glenn Beck, qui a récemment décrété dans son émission quotidienne qu’Obama a « une haine profonde pour tous les blancs » ! Et, pendant ses heu-res consacrées aux « news », la Fox se fait le promoteur des ma-nifs protestataires baptisées « tea  parties », qui regroupent des contribuables accusant Oba-ma de mettre le pays sur la voie du « socialisme » et même du « communisme ». Le pire est que la formule s’avè-re payante, puisque les deux autres chaînes d’information continue que sont CNN et MSNBC n’arrivent pas, ensem-ble, à attirer autant de téléspec-tateurs que la Fox à elle seule. Depuis l’élection de Barack Oba-ma à la présidence, la télé de

Rupert Murdoch bat tous les re-cords d’audience, avec une haus-se en prime time de 31 %. CNN, elle, a dévissé de 36 % et MSNBC de 26 %.

un président qui s’attaque à un organe de presse se diminueMais Obama & Co ont oublié la maxime que l’ex-Président Nixon a sortie à ses proches : « Ne ja-mais tirer vers le bas. » Un Prési-dent qui s’abaisse à attaquer pu-bliquement un organe de presse diminue sa stature et gonfle celle de son ennemi, tout en apparais-sant comme un pleurnichard, donc un faible. D’ailleurs, la nouvelle guerre d’Obama contre la Fox essuie les foudres de la presse écrite. Le critique média du New York Ti-mes, au demeurant fort dédai-gneux, a écrit que « ça fait com-mun » et pense que la Maison Blanche semble « sortir un cou-teau au milieu d’une fusillade ». De son côté, le chroniqueur du prestigieux quotidien Baltimore Sun, qui ne porte pourtant pas la Fox dans son cœur, accuse Obama de se conduire comme « un matamore ». Le diagnostic de Michael Wolff, le spécialiste des médias à Vanity Fair, ne fait pas non plus dans la dentelle : tu « ne peux pas battre [Ailes, car] il  vit  de  ta  rage  et  ton  sang ». Bien vu ✹

GRIBOUILLE À L’ÉLySÉE

big bizness

matthieu adenil

Professeur éconoclaste d’une grande école de commerce.

FEU SUR FOx NEWS

doug ireland

Ancien chroniqueur pour le Village Voice et Libération, ce vétéran du journalisme collabore à The Nation et Vanity Fair.

«a h ! Monsieur fait de la po-litique politicienne ! Le co-quin ! » C’est une réplique

de David Douillet en campagne à un quidam qui l’interrogeait sur l’ascension de saint Jean de Neuilly au sommet de La Défense. Le grizzly des tatamis a bien assi-milé la doctrine de l’Union pour le Marécage Présidentiel : est dit « po-liticien » tout ce qui, ayant des rap-ports évidents avec la politique, doit être balayé d’un revers de manche. Donc, à peu près tout, se-lon saint xavier-Bertrand.Dire que grâce au bouclier, tous les « ajustements » fiscaux décidés pour réduire la dette augmente-ront le total des impôts pour tous les contribuables, sauf pour les habitués du Fouquet’s, monsieur Pinault et autres miséreux, c’est politicien. Observer que les dépla-cements du Président en province, dans les usines et au zoo de Vin-cennes ne se font que si un bon casting a farci le site de sympathi-sants stipendiés, c’est politicien.

la mode est aux incultes, aux musclés, aux deug ratésDire que l’incompétence d’Hervé Novelli est inversement propor-tionnelle à la baisse des prix de la restauration après le gaspillage de 4 milliards d’euros que les clients du bistrot paieront de toute façon, c’est politicien. Soutenir que le mariage de Cambadélis est le seul événement notable qui ait marqué la vie intra-utérine du « nouveau » PS depuis six mois, puisque DSK est venu, c’est politicien. Considé-rer que les choix tactiques du PS, du MoDem, des petits bouts de gauche et des Verts dynamitent d’avance le premier tour des régio-nales et offrent sur un plateau au moins six régions à l’UMP, c’est une vue très politicienne.Souligner que si Douillet a été élu, c’est peut-être grâce à des adver-saires infoutus de réaliser au pre-mier tour une solidarité demandée mollement aux électeurs huit jours plus tard, c’est politicien. Car lui, Douillet, ne fait pas de politique, n’en parle pas, ne sait pas ce que c’est, ne pense rien, ne calcule rien. Il s’en vante. Alors, comme l’a prévu Audiard, quand les gars de cent trente kilos disent certai-nes choses, ceux de soixante kilos les écoutent. Et la gauche est bien maigre, ces temps-ci. La politique n’est plus nulle part, il n’y a que du politicien. Et Gala. Car la politique est chose intel-lectuelle avant d’être une prati-que. La mode est aux sous-doués, aux incultes, aux musclés, aux Deug ratés, aux « hommes de ter-rain ». À force de dénigrer les intellos, réputés collabos, élitis-tes ou sociaux-traîtres, que vou-driez-vous récolter ? Vous vouliez le vide ? Il est là ✹

jacques gaillard

mot pour mot

6 | Gamberge(d)ébats

bakchich hebdo | mercredi 28 octobre 2009

Page 7: Bakchich N°6

bicloune Tout ne roule pas pour les 280 salariés chargés de la maintenance de la flotte Vélib’. Mauvaises conditions de travail, sécurité insuffisante… Les procédures prud’homales se multiplient contre JCDecaux, soupçonné par ailleurs de flouer la mairie de Paris.

Ils rament, vous pédalez«V ous vous rendez

compte qu’on est p l a c é s o u s l a convention collec-

tive des vendeurs d’articles de sport, comme ceux de Décath-lon ! », tempête Meissa Fall, dé-légué syndical Sud-Solidaires, trois grèves et deux débrayages au compteur. Le jeune salarié de Cyclocity (la filiale de JCDecaux exploitante du système de vélo en libre-service), qui gagne 600 euros par mois pour 20 heu-res hebdomadaires, précise : « C’est un des statuts les moins avantageux et qui ne correspond en rien à l’activité des 280 sala-riés en charge de la maintenance de la flotte Vélib’. » « Cette convention est la plus adaptée à notre activité », rétorque Albert Asséraf, le directeur de la stra-tégie du groupe JCDecaux. Alors, qu’on ne vienne pas lui réclamer des primes de risque et d’intempéries.

les camions qui transportent les vélos ne freinent pas sous la pluiePourtant, ses agents ne ménagent pas leurs efforts pour entretenir quotidiennement un parc de 24 000 vélos à Paris et en banlieue. Du vélo, ils en mangent d’ailleurs à toutes les sauces. Car les soutiers de Cyclocity se déplacent avec les 100 Sparta, des vélos électriques hollandais qui ont la particularité de tomber en panne régulière-ment. Du coup, ils roulent… à Vélib’ ! Pas facile, quand on trim-balle 22 kg de matériel de répara-tion sur le dos, 7 heures par jour… Lorsqu’ils ne pédalent pas, ils em-pruntent une des 22 remorques appelées « véhicule articulé » par JCDecaux. Problème, selon Meis-sa Fall : « Ils affirment que la re-morque pèse moins de 750 kg. Mais parfois, c’est bien

plus. » Et, évidemment, aucun des employés de Cyclocity n’est titu-laire du permis qui permet de tracter une remorque. Résultat, des accidents à la chaîne. Les ca-mions qui transportent les Vélib’ en panne ne freinent pas quand il pleut à cause du poids de l’atte-lage, les embrayages cassent en permanence, les feux de recul sont invisibles. Conseil de Meissa Fall : « Priez pour ne jamais être devant un véhicule à remorque sous la pluie. » Nous voilà rassu-rés. Un agent a fait les

frais de ce manque de sécurité. En avril 2008, gêné par l’absence de rétroviseur, il est tombé dans le port de l’Arsenal, à Bastille, en voulant récupérer des vélos sur la péniche de JCDecaux où s’effec-tue la réparation des Vélib’.

le turn-over est plus élevé que chez mcDonalD’sAutre aberration du dispositif : les salariés chargés de la régula-tion des Vélib’ n’ont pas de GPS, mais seulement des cartes papier qu’ils ont dû quémander. Pas d’ordinateur non plus pour connaître les stations vides ou pleines. Tout se fait par télépho-ne. Une perte de temps considé-rable. Selon Boris, 27 ans, techni-cien borne, « on n’a pas assez de matériel, il faut tout se prêter ».Dans ces conditions, pas éton-nant que les salariés de Cyclocity craquent. « Le turn-over ici, c’est pire que chez McDo, l’ancienneté moyenne c’est moins d’un an », nous dit Thibault Prenez, viré fin 2007 pour avoir, selon lui, posé trop de questions sur la sécurité des remorques. Selon les syndi-cats, il y a eu 128 licenciements en 2008. Sans confirmer ce nom-bre, JCDecaux avance que « plus de 85 % d’entre eux sont des licen-ciements pour abandon de poste ». Reste que les procédures devant les prud’hommes se multiplient : plus d’une vingtaine de dossiers, à en croire le même Thibault Prenez. Les salariés s’interrogent

aussi sur les objectifs qui leur sont fixés. L’accord d’indemnisa-tion conclu avec la mairie de Pa-ris (lire encadré) pousserait-il JCDecaux à gonfler le nombre de vélos à réparer ? « C’est quoi un vélo dégradé ? Quand le pneu est percé, quand il manque des rayons ? Il n’y a aucun critère ob-

jectif. Ils font plus que gonfler les chiffres. Du coup, des collègues gonflent leur nombre de répara-tions pour atteindre les objectifs », affirme encore notre Thibault. Selon JCDecaux, il y aurait jus-qu’à 1 500 réparations de Vélib’ chaque jour. Impossible, pour Meissa Fall, qui chiffre entre 800 et 900 le nombre d’interventions quotidiennes : « On doit réparer de 7 à 8 vélos par jour, c’est complètement illégal car ces objectifs ne sont pas précisés dans le contrat. » Certaines répa-rations prennent 5 minutes alors que d’autres nécessitent une bon-ne demi-journée de travail.Tout cela, bien sûr, ne crée pas un climat social particulièrement détendu. D’autant que le compte n’y est pas toujours sur le plan financier. Selon Néfa, technicien borne au dépôt de Saint-Cloud, des heures supplémentaires res-tent impayées et les rémunéra-tions du week-end non majorées. Mais surtout, le jeune homme de 25 ans évoque les « rapports hor-ribles » avec la hiérarchie et les « blagues » de mauvais goût de certains cadres sur l’origine so-ciale des salariés. Pendant ce temps-là, les bobos parisiens et les touristes pédalent ✹ ÉLoDie Bui eT PauL GyPTeau

Delanoë se contente d’encaisserDu côté de l’Hôtel de ville, on dit en substance que les problèmes des sala-riés de Cyclocity, c’est avant tout celui de JCDecaux. L’entreprise a bien été saisie fin 2008 par les services muni-cipaux, mais seuls des accords d’inté-ressement et sur les locaux techniques ont été conclus depuis. Le taux de satis-faction des Parisiens restant très élevé, la mairie n’avait pas très envie d’en rajouter, d’autant que Vélib’ lui rap-

porte 15 millions d’euros par an. Sauf que le vandalisme s’est invité dans la partie : 15 000 vélos volés ou dégra-dés en 2008. Hors de prix. Depuis l’an dernier, un nouvel avenant au contrat lie la capitale à Decaux : la mairie doit lui rembourser 400 euros par vélo volé ou dégradé. une arnaque, selon les salariés de Cyclocity qui ont fait leurs petits calculs. Pour eux, un vélo neuf coûte 280 euros à JCDecaux ✹

travail à la chaîne

Bazar social | 7

Retrouvez Vélib’ : un vélo qui ne tourne

pas rond, sur www.bakchich.info

bakchich hebDo | MerCreDi 28 oCToBre 2009

Page 8: Bakchich N°6

Pas sage « L’homme qui monte dans les médias », comme l’a baptisé VSD, en agace plus d’un. Après avoir fait la une des magazines people, l’ex de la première dame de France étale sa « pensée » aseptisée dans toute la presse.

La philo molle d’EnthovenRendre la philosophie té-

légénique : en voilà une ambition qu’elle est jo-lie, non ? C’est celle de

Raphaël Enthoven, bellâtre qui va sur ses 34 ans, le regard téné-breux, la bouche sensuelle, les maxillaires virils. Du coup, cette tête bien faite bien pleine (nor-malien, agrégé de philo, prof à Polytechnique et à Sciences Po), bien née aussi (fils de Jean-Paul Enthoven, l’écrivain-journaliste-toujours-hâlé, directeur éditorial chez Grasset, grand ami de BHL) est partout : à la télé, à la radio, dans la presse, en librairie… Mais seulement pour la bonne cause philosophique ! Finies les « pipoleries » du temps où il s’af-fichait avec Carla Bruni (laquelle s’était préalablement tapé son père, Jean-Paul), en une de Paris Match, pour témoigner de leur grand bonheur mis à mal par les révélations de son ex-femme, Jus-tine Lévy. La « fille de » racontait dans un roman autobiographi-que, Rien de grave, publié en 2004, comment Carla lui avait grossiè-rement chipé son mari avant de lui faire un fils, Aurélien, prénom précisément choisi par Justine pour l’enfant qu’elle attendait de lui, et qu’elle avait perdu. Élé-gant, non ?Finie la seule gloire tirée d’une chanson, Raphaël, complaisam-ment fredonnée par la Bruni : « Raphaël a l’air d’un sage, mais 

ses paroles sont de velours/De sa voix grave, et de son regard sans détour/Quand il raconte, quand il invente, je peux l’écouter nuit et jour »…Désormais, Enthoven junior ne jure que par la philo. Notam-ment sur Arte chaque dimanche, en marchant non-stop pendant une demi-heure, au motif que « selon Nietzsche, c’est en mouve-

ment  que  viennent  les  grandes idées ». « L’homme  qui  monte dans les médias », dixit VSD, sé-vit aussi sur France Culture, du lundi au vendredi, dans Les Nou-veaux chemins de la connaissan-ce. Sa voix précieuse prononce toutes les liaisons. À Philosophie Magazine, où Ra-phaël Enthoven tient la rubri-que « Sens et vie », un journa-

liste juge sa façon d’aborder la philo « light ». À L’Express, En-thoven se pique d’avoir réalisé le spécial Nietzsche du 7 juillet. « Un  truc  inepte,  genre  digest pour lycéens », s’insurge un sa-larié de l’hebdo… qui s’est très mal vendu cette semaine-là. « Qu’importe  ce  qui  n’importe qu’à moi », aurait pu répondre le penseur, prompt à citer ce mot de Malraux.

Tout ce qui sert son ego est bon à prendre, d’où une production livresque un poil narcissique. L’endroit du décor (2009) recueille ses textes parus dans Philoso-phie Magazine ; et sa collection Les  nouveaux  chemins  de  la connaissance, ses prestations ra-diophoniques. Autant d’ouvra-ges jamais vilipendés par une presse bien intentionnée. « Ra-phaël Enthoven n’est pas un im-posteur,  reconnaît un prof de philo parisien. Mais il promeut une  philosophie  de  la  naïveté sans grand  intérêt.  Il ne  se dé-marque pas. » Il préfère nette-ment qu’on le remarque ! ✹� JehAn Ango

bruits de la ville

joey starr laisse Pas traîner son fric

Éric besson : et la fidÉlitÉ bordel ?S’il vient de divorcer (son ex-femme nous raconte tout dans un livre faussement à charge), Éric Besson reste très attaché à l’ins-titution du mariage. Et s’apprête à convoler de nouveau. L’heu-reuse élue, de 25 ans sa cadette, s’avère être une jeune tunisienne de bonne famille, Yasmine Torj-mann. Ce qui écarte a priori l’hy-pothèse d’un mariage de complai-sance… En revanche, un doute subsiste sur la force de son enga-gement. Lors de son précédent mariage, en 1983, notre actuel ministre de l’Immigration s’était distingué en refusant publique-ment à la mairie de jurer fidélité à l’élue de son cœur. L’ex-socia-liste passé en sarkozie osera-t-il la récidive ?

nKM allaite en biMÉdiaSecrétaire d’État au développe-ment de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, ali-mente Facebook et Twitter des vagissements de son nouveau-né. Le deuxième. Mais, futée, la ministre a aussi gardé quelques billes pour Gala. À savoir, pri-mo, qu’elle avait fait le choix d’allaiter, deuxio, celui « d’élever son fils dans le bio ». Buzz assuré sur les forums, très actifs, de l’allaitement comme sur ceux du biologique. Voilà une maman ministre qui a compris l’intérêt du bimédia…

audrey Pulvar n’en fait qu’à sa têteTransfert de l’été, Audrey Pul-var a quitté le Soir 3 pour rejoin-dre i-Télé, la chaîne d’info en continu du groupe Canal +. Sans que personne ne semble la rete-nir. Et en laissant l’impression que son accrochage avec Nicolas Sarkozy après une question sur les sans-papiers avait laissé des traces. En réalité, Dame Audrey avait réclamé à France 3 de pré-senter un magazine de société, en sus du journal. Faveur qui lui a été refusée. Et la belle de s’en aller, vexée.

johnny be goodC’est confirmé. Johnny Halliday n’a jamais eu de cancer. Il l’a avoué à la chaîne Paris Première, jeudi 22 octobre. Il avait effective-ment un coup dans le nez au mo-ment de son interview par Télé Star, qui a révélé le scoop mon-dial. Une information annoncée dès notre édition du 7 octobre. Ah que Bakchich avait raison ! ✹

a�« Raphaël a l’air d’un sage, mais ses paroles sont de velours », Carla Bruni.

« ce n’est pas un imposteur, mais il promeut une philosophie de la naïveté, sans grand intérêt. » un prof de philo.

le PiPole de la seMaine

c ondamné à deux ans de prison dont six mois ferme en juin der-nier, pour avoir quelque peu

malmené (hachoir à la main) une voiture dans laquelle se trouvaient quatre passagers, Joey Starr devrait recouvrer la liberté d’ici à la fin du mois d’octobre. Soit deux mois avant la fin de sa peine. Le chanteur, au casier judiciaire presque aussi fourni que sa discographie, se révèle être un détenu modèle. Incarcéré à Fleury-Mérogis depuis bientôt quatre mois, Didier Morville, dans le civil, fait preuve d’un compor-tement exemplaire. Pourtant, soumis à des mauvais traitements de la part de ses codétenus comme l’a raconté Closer (en prison, on n’aime pas les voyous qui ont mal tourné), la forte tête du groupe nTM a été placée à l’isolement pour sa propre sécurité. Précisément dans le quartier réservé aux détenus particulièrement sur-veillés où l’on retrouve des terroristes,

des braqueurs multirécidivistes, et parfois même d’influents membres de l’ultra-gauche.Mais si sa libération est proche, les sou-cis sont devant lui. D’abord, il faudra compter les sous perdus dans l’annula-tion des performances prévues pour le groupe dans plusieurs festivals. Si son partenaire, Kool Shen, en a assuré une partie, les cachets pour le tourneur, Yardie Productions, ont été revus à la baisse. ensuite, le chanteur n’en a pas tout a fait terminé avec quelques vieux dossiers. Ainsi, l’hôtesse de l’air qu’il avait frappée en 1998, agression pour laquelle il avait écopé de deux mois de prison ferme et d’une amende de plu-sieurs milliers d’euros, a le plus grand mal à être indemnisée. Aussi a-t-elle porté plainte le 14 mars 2008 pour « organisation frauduleuse d’insolvabi-lité » après qu’une saisie d’huissier s’est révélée infructueuse. L’argent pourrit les gens... chantait nTM en 1993 ✹ SIMon PIeL

a joey, à base de po-po-po-po.

stars et barreaux

8�|�Au bazar des pipoles baKchich hebdo | MerCreDI 28 oCToBre 2009

Page 9: Bakchich N°6

Pour faire oublier le coup de Jarnac du début d’an-née – une hausse de ses tarifs de 3,5 % – la SNCF

veut se racheter. Bonne fille, elle a fait savoir qu’elle augmentera l’an prochain le quota de places soldées sur son site Internet. En revanche, pas question de toucher à son sys-tème de tarifications burlesque, qui fait passer le prix d’une place du simple au triple sur un même train en fonction du moment où on l’achète. Le tout, sans que le client connaisse le prix de base de son voyage. Le député UMP poil à grat-ter façon Villepin, Hervé Mariton, a prévu de pousser un nouveau coup de gueule ces jours-ci, à l’oc-casion du vote du budget des trans-ports dont il est le rapporteur. Sans doute insuffisant pour faire bou-ger les lignes de chemin de fer. Pourquoi changer un système que personne ne comprend, mais qui permet de remplir les trains ?

Alors, autant essayer de profiter des failles de cette tarification ex-travagante. Avec un esprit un peu filou, on peut détourner les « Bons Plans » du site web en prenant la SNCF à son propre jeu. Comment, par exemple, aller à Chambéry pour pas cher ? Très simple, il suf-fit en ce moment d’acheter un billet Paris-Turin et de descendre du train quand il s’arrête dans la préfecture savoyarde. Grâce à une promotion temporaire, il n’en coûte que 35 euros. Mieux vaut ne pas trop fanfaronner durant le voyage, vous risquez de casser l’ambiance car vous avez toutes les chances que votre voisin se tende quand il réalisera qu’il a payé son billet plus du double du vôtre. En effet, à l’heure où nous bouclions, on pouvait donc, sur la bourse des valeurs du site Internet de la SNCF, dégoter un billet Paris-Tu-rin à 35 euros sur la rame quittant Paris à 7 h 42, samedi 21 novembre.

Et même pousser le luxe jusqu’à s’offrir une place en 1re pour le prix royal de seulement 45 euros. Tan-dis que sur le même train, une place Paris-Chambéry en seconde classe était proposée au premier prix de 87,60 euros ! De quoi rallu-mer la lutte des classes !

Un voyage longUe distance coûte moins cher qU’Un trajet coUrtVoilà un train que les Shadoks auraient apprécié. Il suffit d’ache-ter pour plus loin afin de payer moins cher, tout en descendant au même endroit que ceux qui ont payé très cher. On ne s’émerveille-ra jamais assez de ce système. Le-quel semble illustrer à merveille cette fameuse maxime que le pré-sident de la SNCF, Guillaume Pépy, aime à répéter pour entretenir le mystère : « Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé. »Malheureusement, ce genre d’af-faires sur les bons plans de la SNCF n’est possible que de façon temporaire. La promotion sur Pa-ris-Turin ne dure que jusqu’au 6 décembre. Au-delà, le client aurait pu espérer tirer parti de l’arrivée à la mi-décembre des TGV sur ce même trajet de la com-pagnie publique italienne, Treni-talia. Sûr qu’un concurrent aurait fait un gros effort sur les prix pour faire son trou. Las ! On vient d’ap-prendre que les autorités françai-ses ont refusé leur sésame aux Italiens dont l’entrée en ligne est renvoyée à on ne sait quand. Pas touche au TGV et à son système tarifaire, c’est la vache à lait qui fait vivre toute la SNCF ✹

Émile Borne

La SNCF invente les tarifs Shadok

millésimes

P lus besoin d’épier les gens fortunés pour connaître les secrets de leur cuisine.

Grâce à Carrefour, qui vient de ripoliner son hyper d’Auteuil, dans le XVIe arrondissement de Paris, les petites habitudes du grand monde peuvent être dé-couvertes en parcourant les rayons. Une visite guidée riche d’enseignements.Dès le parking, une constatation. Les codes de la bourgeoisie ont évolué en dix ans. Finies ou pres-que les raquettes de tennis sur la plage arrière des voitures. Ce sport est devenu ringard. Le golf l’a remplacé. Et les clubs encom-brent les banquettes arrières. Côté marques, les modes chan-gent. On voit beaucoup moins de BMW, mais les Audi pullulent. Plus discret ? En attendant de vendre des ba-gnoles, le deuxième épicier mon-dial s’intéresse surtout aux codes alimentaires des gens aisés. Ainsi, dans les écoles de com-merce, pouponnière des beaux quartiers, depuis une décennie, se dispensent des cours d’œno-logie. À HEC, les commerciaux peuvent déguster, dans l’asso-ciation Grand Cru, les meilleurs vins de France. À l’Essec, Elyxir rassasie les goûteux soiffards, à l’ESCP, c’est Oenocratia, et à Sciences Po, c’est Oenopo. À croire qu’il faut maîtriser ses millésimes, comme hier le bai-semain et les plans de table.Pour satisfaire ces riches ama-teurs, l’hypermarché d’Auteuil dispose de tous les grands crus classés de Bordeaux. Trois rayons différents proposent le nectar des dieux. Une sélection

des meilleures bouteilles accom-pagne également les fromages. Enfin, pour ceux qui veulent sor-tir du lot, le stand bio du maga-sin distille aussi de très bons breuvages à base de raisin... Signe des temps ou Grenelle à retardement, Carrefour a mis le paquet sur le bio, installé à droi-te des caisses, une place stratégi-que dans tous les supermarchés. L’offre, fournie, rivalise avec celle du marché Raspail, le plus chic et le plus cher de Paris sur ce créneau.

Tirant leur Caddie sur le sol « garanti  antibruit », des an-ciens patrons du CAC 40 cher-chent à faire quelques écono-mies. Et il n’y en a pas de petites. Carrefour le sait, qui avait déjà implanté ses premiers ED, l’enseigne de hard discount, dans le quartier. Cette fois-ci, le magasin inau-gure ses premières caisses auto-matiques. Toujours ça d’épar-gné sur le petit personnel ! Le patron du magasin espère sûre-ment montrer à ses clients qu’ils partagent les mêmes va-leurs. C’est ça le commerce ✹

Bertrand rothÉ

carrefoUr sédUit la haUte à coUPs de roUge

l’hypermarché d’auteuil propose tous les grands crus classés de Bordeaux. trois rayons différents exposent le nectar.

filoU l’extravagant système de tarification de la compagnie ferroviaire présente des failles. Pour payer moins cher un billet, il suffit de détourner les « Bons Plans ».

tamiflU

o n l’a appelé le derby de France. Puis le Clasico. Des appellations sans fonde-

ments, autour desquelles la pres-se tente de faire monter la pres-sion. Quand, de toute logique, une mauresque, au pire, se trouble, au mieux, se descend. Bref, deux fois l’an, le championnat de France de Ligue 1 fait semblant de s’arrêter pour regarder OM-PSG. Au début des années 90, Bernard Tapie (au faîte de sa gloire) et Michel Deni-sot, présidents respectifs des

clubs, montèrent en épingle la ri-valité. Une tambouille qui a per-duré. Malgré l’absence de titre de champion pour les deux clubs de-puis 1994. Alors, depuis 15 ans, il a fallu un peu tirer à la ligne pour présenter le choc. Déclarations fracassantes des joueurs et des entraîneurs dans les années 90. Guerre des supporters au tour-nant de l’an 2000. Vexation des présidents (Diouf et Blayau s’in-vectivèrent gracieusement en 2006, avant que l’OM n’envoie

jouer son équipe B). Toujours des menaces de report. Mais jamais, ô grand jamais, le match n’avait été ajourné. Ni Canal +, ex-proprio du club parisien et grand prêtre de la diffusion télévisuelle de la Ligue 1 (donc son plus gros financier), privé de son pic d’audience. Las ! Le coup de chaud annoncé a fait prendre froid aux joueurs du PSG, dont trois sont atteints du virus H1N1. Et, en cet an de fantasme pandémique, enfin, le Clasico s’est grippé ✹ x. m.

om-Psg, Première griPPe PoUr le clasico

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rails et rayons

Au bazar du Bazar | 9Bakchich heBdo | mercredi 28 octoBre 2009

Page 10: Bakchich N°6

«L a radio numérique sera le cadeau de Noël 2008 », dé-clarait, fin 2007, devant un

parterre de pontes de la radio, Christine Albanel, alors ministre de la Culture. Problème : Noël 2009 approche et la radio numérique terrestre (RNT) se fait attendre. Rachid Arhab, en charge du dos-sier au CSA, a annoncé la semaine dernière que le déploiement de la RNT débuterait avec six mois de retard, en avril 2010. Les patrons de radio, si prompts à faire hier l’apologie de cette nouvelle tech-nologie – qui permettra notam-ment à l’auditeur de circuler dans toute la France sans changer de fréquence avec une qualité d’écou-te parfaite – se sont quelque peu ravisés. Alexandre Bompard, le PDG d’Europe 1, n’a-t-il pas éludé la question lors de la conférence de rentrée de la station en décla-rant que la « RNT était désormais l’une des pistes choisies pour le dé-veloppement numérique ». Un glis-sement de langage qui s’explique aisément par une histoire de gros sous. En effet, en refaisant leurs calculs, les opérateurs radio se sont rendu compte que la double diffusion FM et numérique qu’ils

devront supporter impliquait des surcoûts de 70 à 80 % pour des perspectives de croissance, somme toute, limitées. Une facture qui risque d’être très lourde puisqu’un foyer français possédant en moyen-ne six transistors radio, les spécia-listes estiment que le renouvelle-ment du parc prendra une bonne dizaine d’années. Pas étonnant que les opérateurs ne soient plus très chaud… D’autant qu’ils com-mencent à réaliser que la RNT a de grandes chances de se déployer grâce aux smartphones, type iPho-ne ou BlackBerry, bien moins chers que la norme T-DMB, rete-nue en 2003. « Aujourd’hui, plus personne ne s’accorderait sur cette norme », note un acteur important du secteur. Et le constat dressé par Pierre Bellanger, PDG de Skyrock, et Sylvain Anichini, ancien DGA de Radio France, dans une tribune publiée par Le Monde, sonne le glas d’une révolution qui apparais-sait, il y a quelques mois, comme un eldorado : « La RNT est un futur de retard, dépassé par une révolu-tion technologique qui a surpris des industries entières. » Voilà une belle épitaphe… ✹

DaviD BalDacci

mauvaises ondes

du prestige de La carte de pressela récente vexation essuyée par Denis Olivennes, patron du Nouvel Obs, a qui la commission de la carte de presse a refusé l’attribution de la « carte d’iden-tité des journalistes », rappelle à tous le prestige de ce titre. ainsi, Pierre lazareff, mythique patron de France Soir, la dis-tribuait aux stagiaires qu’il appréciait. Un simple coup de fil à son ami le direc-teur de la commission, et le tour était joué. las ! au bout de cinq demandes successives, l’ami de lazareff a tenté de calmer le jeu. Et le bon Pierre de lui ré-pondre : « Écoute, c’est moins cher qu’un manteau de fourrure et ça leur fait plus plaisir. » c’est pas sympa pour Denis ✹

Les amis du patron sont nos amischouchoute de Perdriel lors de son recru-tement, ariane chemin, grand reporter au Nouvel Obs, vient de perdre des points. la journaliste a en effet révélé l’identité du « Toubib », le médecin arrogant décrit par Justine lévy dans son dernier roman, Mauvaise fille (Stock) : David Khayat, 53 ans, anciennement à la tête de l’ins-titut national du cancer, et très ami de Perdriel. Fureur du chirurgien qui a fini par obtenir un papier dégoulinant de flagornerie, signé Jean-Gabriel Fredet, dans L’Obs du 22 octobre ✹

Les pommés de France 2l’heure est grave à France 2. En effet, les scribouilleux de la chaîne n’ont pas de téléphones 3G, qui permettent de se connecter à internet. Un véritable handicap pour rester branché à l’actua-lité sur le terrain. Orange, lié à France 2 par contrat, ne leur fournit que d’an-tiques Nokia. Heureusement, le contrat est en cours de renégociation, et de-vrait aboutir prochainement sur la li-vraison d’iPhone, d’apple. Et les jour-nalistes de France 2 arrêteront de passer pour des pommes… ✹

ravi de vous avoir connuaprès 6 ans d’existence, Le Ravi, men-suel satirique de la région Paca, traverse de grandes difficultés. les 1 500 exem-plaires vendus chaque mois et ses 400 abonnés ne suffisent pas à remplir les caisses. aussi, début octobre, le journal a décidé de lancer un appel à souscrip-tion ; 6 000 euros ont déjà été envoyés, il en faudrait 24 000 de plus. Plus d’infos sur www.leravi.org ✹

vite Fait

i l existe des directeurs généraux de journaux heureux. Et même, satisfaits de leur directeur de

la rédaction. Si, si… Enfin, on en connaît au moins un, François Morinière, qui officie à L’Équipe, et vient de révéler tout le bien qu’il pensait de ses équipes dans Les Échos. Et pour cause, les ventes ont résisté en 2009. Après un recul de 7 % par rapport à 2008 enregis-tré en mars, le « quotidien du sport et de l’automobile » a redressé la barre, le ramenant à 3,5 % en sep-tembre. Toujours par rapport en 2008. « Une véritable lueur d’es-poir », s’emporte le ponte d’Amau-ry, le groupe de presse proprio de L’Équipe et du Parisien, qui vient des « transformations mises en œu-vre par Fabrice Jouhaud, directeur de la rédaction depuis mai der-nier ». Et de sortir sa brosse à re-luire. « Il a insufflé un esprit nou-veau, un traitement plus anglé, avec plus d’aspérités et des prises de po-sition, mais aussi davantage de visuels, d’infographies, de niveaux de lecture. » Encore un peu… « Jou-haud incarne la nouvelle généra-tion, très créative, tout en étant un

très bon dépositaire de l’histoire du journal. Il saura mener ces trans-formations par petites touches. » Et voilà l’ancien directeur du CFJ (centre de formation des journa-listes), banni de L’Équipe en 2003, installé dans un fauteuil d’Impe-rator. Sous quelques sarcasmes tout de même.

L’argumentaire déroulé par Morinière tout au long de son in-terview aux Échos rappelle un mail de Jouhaud, reçu par les journalistes de L’Équipe, le 9 octo-bre dernier. « Évidemment, c’est l’argumentaire de Jouhaud pour expliquer la remontée du journal, s’amusent les gratte-papier spor-tifs. Quant au portrait de Jou-haud, en interne, il est légitimé. Et les éventuels chasseurs de tête ont déjà son CV » ✹

XaviEr MONNiEr

À L‘équipe, on est Les champions, on est Les…

brosse À reLuire

a L’Équipe a limité le recul de ses ventes. « Une véritable lueur d’espoir. »

La radio numérique est compLètement brouiLLée

voilà Jouhaud, directeur de la rédaction du quotidien sportif, installé dans un fauteuil d’imperator.

Fritures et tartuFFeries

10 | Au bazar des médias bakchich hebdo | MErcrEDi 28 OctOBrE 2009

Page 11: Bakchich N°6

l’humeur des bakchichnautes

Directeurs de la rédaction : Nicolas Beau, Xavier Monnier • Conseiller éditorial : Jac-ques-Marie Bourget • Chroniqueurs : Mat-thieu Adenil, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Eric Laurent • Rédacteurs en chef édition : Eric Walther, Cyril Da • Maquette : Rampazzo et associés (conception), Émilie Parrod • Secrétaire de rédaction : Sarah Zegel • Rédaction : Mon-sieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Gaëlle Corvest, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Marion Gay, Catherine Graciet, Eric Laffitte (rubrique peo-ple), Anthony Lesme, Laurent Macabies, Si-mon Piel, Enrico Porsia, Bertrand Rothé (ru-brique conso), Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux• Dessinateurs : Baroug, Ray Clid, Khalid, Kerleroux, Mor, Morvandiau, Nardo, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski • Direc-teur de la publication : Xavier Monnier.Groupe Bakchich, SAS au capital de 51 430 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris.

CPPAP : en cours • ISSN : en cours • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France Offset

Gestion des Ventes au numéro : A.M.E | Otto Bors-cha | Tél. 01 40 27 00 18 | [email protected] | N° Vert : 0800 590 593 réservé uniquement au réseau de vente.

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il était une fois dans l’oueb

bakchich tv

touchez pas à nos élus

l e triste sort de nos élus lo-caux qui risquent de passer au billot de la réforme terri-

toriale, de 6 000 à 3 000, vous a dé-routé, internés de l’Internet. L’ar-ticle de Daniel Carton Les élus à la casse, sur Bakchich.info, fin prêt à tenir le manche de la hache pour couper la poire des collecti-vités en deux, a déclenché la fou-dre numérique. Le constat dressé est pourtant clair. On ne sait plus qui fait quoi, ou, comment et pourquoi. Seule solution, un bon coup de bistouri ! Ce qui a eu le mérite de jeter le trouble de cet internaute pour qui « ce papier n’est pas un article, mais de la paraphrase, de la pro-pagande UMP ». Moins frondeur, mais au jugement non moins cri-tique, Remiz admet : « Je suis dans l’ensemble d’accord avec vous. » En revanche « de là à dire que Sarkozy a raison, c’est gravement anticiper sur sa réponse… » Mais c’est sur la malheureuse phrase de notre journaliste « nous détenons le record du mon-de du nombre d’élus au mètre carré », ô triste exploit, que vos banderilles ont porté l’estocade.

Un anonyme à la vigilance féline de s’interroger : « Ah bon ? On a des statistiques mondiales du nombre d’élus au mètre carré ? Vite, des sources… » Avant de conclure : « Daniel Carton, je crois que, définitivement, vous ne connaissez rien à la démocratie locale… »

les belges, toujours là pour rassurer les françaisD’autant que lorsqu’un docteur ès maîtres de la vida locale se promène par là, la leçon tourne à l’homélie doctorale. Ainsi « vous mélangez : le train de vie des collectivités territoriales ; le cumul des mandats de nos élus ; la rente de situation sénatoriale en récompense de bons et loyaux services politiques ; le nombre des élus ». Carton rouge ! Heureusement que le lecteur belge est toujours là pour ré-chauffer le cœur de Bakchich : « Je crois que la Belgique bat la France en matière de record de nombre d’élus. Le jour où on aura quatre gouvernements en France, on en reparlera. » Pas mieux ✹ L. C.

papa, c’est quoi ce verre de lay ?Malmenée par la concurrence, TF1 reste, disent ses patrons, leader en matière de « temps de cerveau disponible ». La chaî-ne de Bouygues a même lancé une cam-pagne réalisée par TBWA pour se vanter de cela auprès des annonceurs.Dans le spot visible sur le compte wat.tv de TF1 (1), un scientifique (traduction pu-blicitaire : un chauve en blouse blanche) observe un téléspectateur. Avachi sur son canapé, celui-ci voit débarquer dans son salon un bonhomme déguisé en bouteille de lait issu d’une « chaîne Y ». Le travesti se fait virer illico, ce qui agace profondément le scientifique.Test n° 2, avec les mêmes acteurs. Cette fois, le gugus laitier est siglé TF1. Mira-cle, le cobaye bichonné sur son canapé accueille avec bienveillance la bouteille de lait. Le spot se conclut en beauté : « C’est prouvé, les téléspectateurs de TF1 se  laissent plus volontiers tenter que  les 

téléspectateurs  des  chaînes  concurren-tes.  Leurs dépenses  sont  supérieures  en moyenne  de  11 %. » La pub pour pro-mouvoir l’abrutissement de la pub : la boucle est bouclée.1. tapez sur wat.tv : « Test n° 1 – La consommation. »

jean montre moinsDes commentaires de toutes sortes ont explosé le web dès la fin de l’interview de Jean Sarkozy, sur France 2 (le 23 octobre). Le site de La Tribune de Genève (1) a pour-tant trouvé le détail que personne n’a vu : le fils du Président porte une Swatch ! Gros plan à l’appui, l’article explique ce choix du petit prince par une volonté de paraître plus humble. Soit. Le journaliste suisse, forcément précis surtout en ma-tière de montre, a cru bon d’ajouter la photo, le nom (une Skin ligne de vie) et le prix du modèle porté par Jeannot (75 €).Le même article a été quasiment copié-collé sur les sites helvétiques de 24 Heures et du Matin. Ce dernier semble apprécier la marque si l’on en croit son publi-repor-tage du 8 mai (2). Des internautes hurlent d’ailleurs à « la pub clandestine » dans leurs commentaires mais en oublient le principal : en plus de renoncer à la prési-dence de l’Epad, Jean Sarkozy n’a pas de Rolex. Dur de rater sa vie à 23 ans.1. tapez sur tdg.ch : « Pour faire modeste, Jean 

Sarkozy porte une Swatch. »

2. Sur lematin.ch : « Swatch : poignet féminin. »

l’être de mon boulin

La mort du ministre du Travail, Robert Boulin, le 30 octobre 1979, continue d’intéresser une poignée de journalis-tes (voir Bakchich.info cette semaine). À chaque date anniversaire, de nou-velles révélations remettent en cause la thèse du suicide, servie bien enca-drée dès la découverte du corps dans l’étang de Rambouillet.Les archives de l’ina.fr (1) illustrent à merveille ce serpent d’étang média-tique. « Il y a une certitude, il y a bien eu suicide », proclamait pendant une bonne demi-heure PPDA dans son 20h du soir de la mort, il y a trente ans. Le 10 mai 2007 (2), le toujours pape de l’info lançait une enquête qui prouvait exactement l’inverse. Contrairement à notre Poivre gris, la version retenue par la justice n’a pas bougé d’un iota depuis 1979. Comme le dirait Giscard, la déraison d’État, c’est moi.1. Sur ina.fr, tapez ja2 20h, émission du 30 octobre 1979.

2. Sur tf1.lci.fr, vidéo : « Affaire Boulin : des zones 

d’ombre subsistent. » ✹

en direct de

les vidéos de la semaine :

• assemblée : les députés sont-ils motivés par la réforme des collectivités ?• Maroc : pas de prison pour Khalid Gueddar !• Réforme des collectivités : Probst annonce la bronca des sénateurs UMP ✹

Des loyers de 1 500 euros pour des 9m2 souvent insalubres. Faute de logements sociaux, les services publics financent toujours au prix fort des mar-chands de sommeil pour loger des familles précaires dans des hôtels menacés d’incen-die. Une absurdité qui devient intolérable au vu des révéla-tions du député UMP Étienne Pinte. Enquête à découvrir sur www.bakchich.tv

© ina

deux point zéro

Au bazar du net | ��bakchich hebdo | MERCREDI 28 OCTOBRE 2009

TIEnS, R’vOILà DU BOULIn !

laurent macabiesTF1 s’acharne sur le cerveau de ses pauvres téléspectateurs et les sites suisses remontent la pendule de Jean Sarkozy. Tout cela ne pouvait finir que par un drame, le retour du fantôme de Boulin…

Page 12: Bakchich N°6

Pas de prison pour Khalid

L e caricaturiste Khalid Gueddar, poursuivi par la justice marocaine pour avoir osé représenter la famille roya-le, sera finalement jugé lundi 26 et vendredi 30 octo-

bre. Pour un dessin, il risque de trois à cinq ans de prison. En fait, comme en témoigne son interrogatoire de garde à vue, les autorités marocaines n’ont pas digéré la BD publiée dans Bakchich.info, croquant Mohammed VI, un roi qui ne voulait plus être roi. Rien de bien méchant. Plutôt la transgression d’un sujet tabou. Celui de la fa-mille royale. La condamnation à un an de prison ferme d’un journaliste marocain qui avait écrit un article sur la santé du roi et la fermeture du journal Akhbar Al Youm, où travaillait Khalid, témoignent de menaces sur la li-berté d’expression au Maroc. De Siné Hebdo à CQFD en passant par Le Canard Enchaîné, Le Monde, Charlie Hebdo et Psikopat, près de 30 dessinateurs ont tenu à exprimer leur solidarité. Tous seront publiés sur le site Internet de Bakchich. Merci à eux. En voici quelques-uns ✹

soutien

12 | Bédérésistance

a Willem, Libération, Charlie Hebdo. a Geluck, Siné Hebdo. a Soulcié, CQFD, Psikopat, Siné Hebdo.

a Dilem, Liberté.

a Jul, Charlie Hebdo.

a Plantu, Le Monde, L’Express. a Lindingre, CQFD, Siné Hebdo. a Goubelle, Siné Hebdo.

Bakchich heBdo | MERCREDI 28 oCToBRE 2009

Page 13: Bakchich N°6

soutien

Bédérésistance | 13Bakchich heBdo | mercredi 28 octobre 2009

a Berth, CQFD, Siné Hebdo.

a Lefred-Thouron, Le Canard Enchaîné. a Large, Siné Hebdo.

a Wozniak, Le Canard Enchaîné. a Roy, CQFD.

a Jiho, Siné Hebdo.

a Lasserpe, CQFD, Psikopat, Siné Hebdo. a Kerleroux, Le Canard Enchaîné, Bakchich. a Rémi, CQFD.

Page 14: Bakchich N°6

pépite

Un homme qui écrit : « J’ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès », ne

saurait être fondamentalement mauvais. Vous avez déjà compris que le philosophe dont il est question ici n’est pas BHL. L’auteur de cette phrase est un inconsolable désespéré, qui ne fut sauvé du suicide que par l’ar-rivée dans sa vie de la maladie d’Alzheimer. Il est mort en 1995 et s’appelle Emil Cioran. Dans le très modeste logement qui était celui de ce minimaliste, passé à un zen bien à lui par absence d’espoir et par l’étude du boudd-hisme, on a retrouvé de nom-breux manuscrits. Comme sou-vent, l’œuvre d’un génie qu’on a laissé crever dans l’indifférence provoque la bataille entre des ayants droit qui n’ont jamais fait leur devoir. Sous le matelas de Cioran, on a, par exemple, dé-couvert un tout petit livre de 90 pages, en petit format au titre sonnant Barrès, un peu ridicule aujourd’hui : De la France.Cette sorte de cantique des Kan-tiques, écrit en 1941, d’un apho-risme l’autre, a l’avantage d’être d’actualité. Non pas que Cioran soit un prophète mais, la pen-

dule du temps ayant reculé ses aiguilles, l’absence d’espoir de la France de 2009 est comparable à celle qui occupait nos cerveaux la première année de la « der-nière » guerre. Avant de s’instal-ler dans ce Paris occupé, Cioran, né roumain d’un père pope et d’une mère incroyante, avait ac-compli un parfait parcours du combattant du savoir pour pu-blier, à 22 ans, Sur les cimes du désespoir. Un texte où il rêve d’échapper à sa lucidité, à son intelligence des choses. Et vou-

drait être aveugle et inconscient face au poids de la vie. Le jeune intello roumain étudie dans le Berlin du chancelier Hitler où il traite la tentation nazie par un radical antidote, le bouddhisme ; qui va l’extraire à vie du tour-ment des idéologies.Cioran a trente ans quand il dé-couvre une France en triste État. Venu ici poursuivre ses travaux sur Bergson, il parcourt surtout le pays à vélo et squatte les cafés de Montparnasse et Saint-Ger-main. Son texte, De la France,

est émouvant, car le jeune auteur n’est pas encore totale-ment occupé par l’idée fixe du désespoir. Il sait que, pour notre pays, des jours formidables ont existé. C’est à travers eux, et la mémoire de ce bonheur que gé-nère la « grandeur » d’un peuple, que Cioran peint une France en train de mourir, faute de mythes auquel croire, d’idéal. Le jeune homme des Balkans porte en-core en lui l’illusion française répandue en Europe à la Révolu-tion, l’idée d’une nation mère des autres. Et Cioran se sent orphelin. Peut-être aussi le veuf, l’inconsolé de Madame du Deffand, qui écri-vait : « Je ne trouve en moi que le néant et il est aussi mauvais de trouver le néant en soi qu’il serait heureux  d’être  resté  dans  le néant », « Je ne crois pas que je tiendrais aux Français s’ils ne s’étaient  pas  tant  ennuyés  au cours de leur histoire… C’est l’en-nui de la clarté. C’est la fatigue des choses comprises. » La France du petit Roumain, c’est « l’élé-gance », l’art pour l’art, celui du jeu, du rien, du raffinement in-compréhensible. Alors que l’Al-lemand cultive le « mauvais goût » et le Russe l’irrationnel et

le fatal. L’infini, donc le rêve, n’a pas de place dans notre paysage travaillé comme un jardin. Que survienne un accident de l’his-toire, aucune folie ne peut nous en guérir. « Les romans de Dos-toïevski nous révèlent la désola-tion  prophétique  du  cœur  de l’homme ;  ses personnages sont des héros. Les Fleurs du mal – dé-solation privée d’avenir ; l’indi-vidu souffre  sans pouvoir agir dans une direction du temps. » En 1941, Cioran nous voit ainsi, la tête dans le sac : « Français des Croisades, ils sont devenus Fran-çais de la cuisine et du bistrot : le bien-être  et  l’ennui. » « La  vie n’existe plus qu’en banlieue. Une France prolétaire est désormais la seule possible. »

Dur ? Cioran ? Amoureux en tout cas et déçu par un présent qui mérite mieux que ce que nous sommes, « des  Français usés  par  excès  d’être.  Ils  ne s’aiment plus, parce qu’ils sen-tent trop qu’ils ont été ». Un der-nier aphorisme pour le voyage : « Si  les  Français  n’étaient  pas dégoûtés d’eux-mêmes, ils méri-teraient le mépris. »Pour finir, rappelons-le, Cioran parle ici d’un temps noir et ré-volu. Toute comparaison avec l’actualité serait donc fortuite ✹

De la France et de son ennui Jacques-Marie BOurGetLe conseiller éditorial de Bakchich s’est ému d’un inédit d’Emil Cioran, écrit en 1941. L’auteur y dresse le tableau d’une France moribonde, en mal d’idéal. Actuel, trop actuel.

Bédés…

q uand il ne s’ennuie pas au club des grands disparus entre Diana et l’abbé Pier-

re, le fantôme du commandant Cousteau (qui a découvert l’éco-logie en même temps que Pétain), fait des ap-paritions remarquées auprès d’une colonie de mérous décimée par la pèche intensive. Bon-net rouge sur la tête et cœur sur ma main, l’ami des baleines bleues, des requins blancs et des habits verts offre ses services à la petite communauté aquatique. Mais l’infa-tigable baroudeur n’est plus tout jeune et les sirènes du marketing écolo sont bien séduisantes… Dans un système fermé comme l’est le globe terrestre, pas besoin

d’être prix Nobel d’économie pour comprendre qu’on ne peut « croître » indéfiniment et que cette invention récente qu’on ap-pelle « développement durable »

ressemble fort à un oxymore. Isa, scénario et dessin, a choisi d’aborder ce problème en passant par les océans et avec l’aide, post mortem, du tout premier des aventu-riers écolo-prophètes médiatiques (inven-teur, rappelle-t-elle, du concept de « généra-tions futures »). Usant d’un trait classique au service d’un humour ravageur, l’auteur pro-mène son fantomati-

que personnage de séances à l’Académie Française en réu-nions chez les marchands de

poissons, avant de mettre le pa-tron de la Calypso en demeure de choisir entre une écologie de sur-face (où l’on calcule son bilan carbone avant de sauter dans son jet privé) et une réflexion de fond sur les modèles de développement en présence. Car Isa s’est visible-ment documentée. On apprend notamment que la majorité des espèces prélevées par la pêche intensive sert à fabriquer des fa-rines d’élevage (5 tonnes de pois-sons sauvages pour 1 tonne de poissons d’élevage) ou comment les premières algues tueuses (Caulerpa taxifolia) sont appa-rues en Méditerranée. Entre deux éclats de rire, on s’interroge : l’écologie est-elle aussi apolitique qu’on voudrait nous le faire croi-re ? Cet album impertinent, « ga-ranti sans jeu de mots sur la peau des mérous », répond à sa façon, originale et drôle ✹ j.-m. B.

… et Belles planches

Le fantôme du comman-dant Cousteau, par Isa,éditions Audie, 9,95 euros.

l ’écrivain Edgar Allan Poe a porté la croix de son imagi-naire et l’a délivrée aux for-

ceps de l’écriture com-me un haltérophile lève ses poids. Nouvelles après nouvelles, avec la rigueur ascétique d’un athlète, jusqu’à sa mort précoce, à l’âge de 40 ans. L’adaptation en BD du court récit La chute  de  la  maison Usher aux éditions du point d’exclamation constitue en France une révolution. Celle de mettre en cases des classiques de la littéra-ture mondiale, ce qui se fait aux États-Unis depuis plus de 50 ans.L’exercice n’était pas facile, puis-que l’éditeur s’est compliqué la vie en créant un CD musical pour

accompagner la BD. Et l’interac-tivité fonctionne. Le format « li-vret » aux pages de papier glacé

produit l’effet d’un bouquin, un vrai bel objet. L’illustration dans un style « comics » noir américain, évite habilement ce qui aurait pu être un par-fait raté : le dessin ne se laisse pas écraser par la puissance du verbe de Poe. On est englouti mètre après mètre jusqu’à toucher la nappe phréatique où nagent, comme des fœ-tus, les personnages obscurs du nouvelliste. Preuve que dans nos bibliothèques, c’est-à-

dire dans la vie, on manque tou-jours de Poe ✹ louis CaBanes

La chute de la maison Usher, de Edgar Allan Poe, adapté par Philip Craig Russell et Jay Geld-hof, Les éditions du point d’exclamation, 14 euros.Sortie le 13 novembre .

BOnnet rOuGe lave plus vert ne Manquez pas ce pOe

De la France, d’Emil Michel Cioran, éditions de L’Herne, 9,50 euros.

« La vie n’existe plus qu’en banlieue. Une France prolétaire est désormais la seule possible », emil cioran, 1941.

�4 | Un peu de culture Bakchich heBdO | merCredi 28 oCtoBre 2009

effeuillaGes

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on s’fait une toile ?

Pas possible d’allumer la télé ces jours-ci sans voir la trogne de Dany Boon.- Le cinéma français est

financé par la télé. Pour carton-ner en salles, les décideurs veu-lent absolument un comique ca-pable de faire le show chez Denisot, Arthur ou Drucker. C’est pour cela que Jean Dujardin, Kad Merad, Gad Elmaleh, Franck Du-bosc ou Dany Boon trustent maintenant le haut de l’affiche.- Et Jamel ?- C’est marrant que tu mention-nes Jamel, il devait être la ve-dette de Micmacs à tire-larigot. Deux mois avant le début du tournage, il a laissé tomber. Pour une fois, il avait peut-être lu le scénario…- On dirait que tu n’as pas appré-cié le Jeunet à sa juste valeur ?- On peut dire ça comme ça.- Alors, le pitch ?- Bazil n’a pas de chance dans la vie. En plus d’avoir un look de clodo Jean Paul Gaultier, son papa a fait boum sur une mine et il a lui-même, logé à l’intérieur de son front, une balle qui peut le faire mourir à tout instant. Avec une bande de chiffonniers bas de pla-fond, il va se venger des méchants marchands d’armes.

- Et ?- C’est tout !- Arrête !- Je t’assure. Comme il faut meu-bler les 1 h 44, Jeunet invente deux ou trois péripéties pour ses carica-tures de personnages : une contor-sionniste se planque dans un frigo, Dany Boon espionne des malfai-sants, passe à travers les chemi-nées, fait l’homme-canon…- Ça fait beaucoup de passages dans des conduits sombres… Où il veut en venir, J. P. J. ?- Nulle part. Jeunet n’est pas un metteur en scène, c’est un enlumi-neur, un taxidermiste, le Mon-sieur Ripolin du kitsch. Le logo de sa boîte, Tapioca Films, c’est un opérateur qui tourne la mani-

velle de sa caméra. Son credo, le cinéma bricolo, le réalisme poéti-que, les films de Carné et Prévert, revus et corrigés par le numéri-que. Jeunet fait dans l’esthétique-toc : un diable devant le Moulin-Rouge, les pavés luisants devant un pavillon de banlieue, le canal Saint-Martin… Un Paris qui n’existe plus, ou seulement dans le cœur des touristes japonais et des pubards, avec des couleurs Photoshop. C’est parfait pour une pub Chanel, un peu court pour du cinéma.- Et Micmacs à tire-larigot, qu’est-ce que ça raconte ?- Rien, et c’est ça le problème. La filmo de Jeunet est d’une conster-nante vacuité. Si Delicatessen pou-

vait faire illusion, il n’y avait rien dans La cité des enfants perdus ; Alien, la résurrection, dans lequel Sigourney Weaver affronte un suppo géant, était une cata ; Un long dimanche de fiançailles, une trahison du beau roman de Japri-sot, et le triomphal Amélie Poulain, une histoire d’amour factice et in-sipide sur fond de poésie à deux balles. Avec Micmacs, Jeunet revi-site la série Mission impossible qu’il transpose dans l’univers ré-tro-nostalgique-cucul d’Amélie.

le cinéma, c’est plus difficile à maîtriser qu’un logicielSon modèle, le cinéma muet. On se poursuit, on tombe, on s’envo-le… Jeunet rêve de Chaplin et de Keaton mais fait du cinéma à la tronçonneuse, comme Albert Du-pontel. C’est lourd, moche, sans grâce et surtout sans âme. La poé-sie, c’est plus dur à maîtriser qu’un logiciel.- Bah, pas de quoi s’énerver quand même. Jeunet n’est pas le seul mauvais réalisateur français.- On ne peut lui tenir rigueur de son manque de talent. Mais ce qui me débecte profondément, c’est sa mégalomanie. Depuis le triomphe d’Amélie Poulain, Jeu-net ne se sent plus. Alors, dès qu’il peut, il passe ses nerfs sur les critiques, des ignares, des ja-loux, incapables de reconnaître son talent. Comme Kaganski, le critique des Inrocks, régulière-ment qualifié de « merde »…- Conclusion ?- Pour un film qui commence avec le générique du Grand Sommeil, on baille beaucoup… ✹

zappette

MicMacs… : le fabuleux rien de Jeunetmarc godinles tribulations d’une bande de chiffonniers en guerre contre de méchants marchands d’armes. une pantalonnade kitsch et débile par le papa d’amélie Poulain.

a vec Ce soir ou jamais, France 3 tient sa Roue de la fortune. L’an passé, regarder le barnum de Taddeï était

s’assurer d’un bon moment. C’est fini. La qualité de cette émission pour noctam-bules relève d’un coup du sort. Elle est nulle ou, par miracle, intéressante.A-t-on rêvé l’an dernier quand on a en-tendu, ici, l’incroyable Jean-Didier Vin-cent, neurobiologiste, répondre à la question « Mais que faut-il faire de Sarko-zy ? », répondre : « Eh bien, le flinguer ! » C’était de la bonne télé réalité. À l’écran, on croisait Alain Badiou, Schlomo Sand, des anars belges, des tas de types. Même des salopards, qui avaient des choses à dire, et parfois drôlement.Je soupçonne que l’on applique à Tad-deï la recette qui a escamoté Frédéric Fernet de l’émission littéraire de France 5. Pour laisser la place à Busnel, un marchand d’une auto de marque satis-faction. Fernet ? On l’a obligé à s’entou-rer de pom pom girls comme Géraldine Muhlmann. Il en est mort.

Comme s’il était sponsorisé par Justin Bridou, on a l’impression que Taddeï a été contraint de saucissonner son talk-show, de le saupoudrer d’interventions de supposés artistes, ou d’un préambule d’images télé qui nous indiffèrent. Une manière de dire pour une manière de voir : « Mon émission est un divertisse-ment et si, à Dieu ne plaise, vous entendez des gros mots contre Sarkozy, n’ayez pas peur, c’est pour de rire. »

taddeï se suicide en invitant de bruyants monomaniaquesDans le passé, les invités avaient l’air de sortir du bistrot et continuaient de décon-ner, librement, puisque nous étions en-core en République. E finita la commedia, maintenant, les experts se cooptent. Comme pourrait le dire un cire pompes très aimé de Taddeï, un nommé Maffe-soli (le clown qui a accordé un doctorat de sociologie à l’astrologue Elizabeth Teis-sier) : Ce soir ou jamais n’est plus un fo-rum, mais une tribu. Taddeï se suicide

aussi en invitant systématiquement de bruyants monomaniaques, dont il sait pourtant qu’ils vont saboter son émis-sion. Comme Bernard Debré, un « maître queue », qui radote : « Jean Sakozy à l’Epad, c’est vraiment épatant. » L’unique souci de Taddeï est de ne plus faire sé-rieux. Cruel de voir un type intelligent et cultivé contraint par ses supérieurs de se tirer une balle dans la tête en direct.Pour nous quitter sur une note positive, signalons l’heureux tirage du Ce soir du mercredi 21 octobre. Là, le spectateur ébahi a pu constater qu’Allègre, ancien ministre nul et géologue au cœur de pierre, était mille fois plus compétent en matière de « réchauffement de la pla-nète » que le pauvre Arthus-Bertrand. Par charité chrétienne, je vous indique donc une prière qui peut aider à la ré-demption de Yann (merci Prévert) : « Notre Arthus qui êtes au ciel. Restez-y. Et nous nous resterons sur la terre. Qui est quelquefois si jolie » ✹

JACqUES-MARIE BOURGET

Micmacs à tire-larigot, de Jean-Pierre Jeunet, avec Dany Boon, Jean-Pierre Marielle, Yolande Moreau. En salles le 28 octobre.

« ce soir ou jamais », un talk plus chaud du tout

panique au villagede vincent patar

et stéphane aubierAvec des figurines en plastique animées, Vincent Patar et Stéphane Aubier racontent l’histoire de cow-boy et d’Indien qui veulent construire un barbecue en briques pour leur ami Cheval. C’est drôle, surréaliste, intelligent, poétique : bref, tout ce que n’est pas le Jeunet !

irèned’alain cavalier

En 1972, Irène Tunc, la femme d’Alain Cavalier, meurt dans un accident de voiture. Peut-on filmer l’absence ? Réponse dans une magnifique décla-ration d’amour du réalisateur de La Chamade et de Thérèse.

providenced’alain resnais (reprise)

J’ai découvert Providence à sa sortie, en février 1977. Trente-deux ans plus tard, plusieurs scènes, notamment une autopsie, sont toujours gravées dans ma mémoire. Pour Deleuze, c’est un des plus beaux films d’Alain Resnais. Il n’a pas dit que des conneries, Gillou…

cinémande yann moix

Abandonné par Benoît Poelvoorde, le film de Yann Moix a été tourné il y a plus d’un an et demi, avec ce grand acteur shakespearien qu’est Franck Dubosc. Ça ne sent pas très bon…

this is itde kenny ortega

Bambi est mort, mais on continue à traire le macchabée. Des répétitions de l’ultime spectacle de Jacko, montées par le réalisateur (oups !) de High School Musical. Pour faire événement, le film ne restera en salles que 15 jours. Et le DVD ? ✹

Un peu de culture | �5bakchich hebdo | MERCREDI 28 OCTOBRE 2009

technicolor

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VERSEAU, 20 JANVIER - 18 FÉVRIERPériode de turbulences, Nicolas Sarkozy. Une partie des élus UMP vous a reproché votre acharne-

ment à défendre la candidature de votre fils à la tête de l’Epad et regrette votre enfermement dans une tour d’ivoire. Votre envie de tout diri-ger irrite. Prenez le temps d’écouter ou vous filez tout droit dans le mur.

POISSONS, 19 FÉVRIER - 20 MARSMercure la communication est au plus près de vous, Henri Guaino. Vous enchaînez les

interviews et les plateaux télé, au point d’agacer votre congénère de zodiaque, François Fillon. Risque d’un chat persistant dans la gorge dans les prochains jours.

BÉLIER, 21 MARS - 21 AVRILVotre voyage en Chine a dé-passé vos espérances, Xavier Bertrand. Vous avez signé un protocole d’échanges entre

l’UMP et le Parti populaire chinois. Un rap-prochement politique improbable qui de-vrait avoir son petit effet. Pensez à garder les pieds sur terre.

TAUREAU,22 AVRIL - 20 MAIVotre prestation télé, la se-maine dernière sur France 2, n’a pas convaincu les Fran-

çais, Brice Hortefeux. Pire, vous vous êtes placé en quatrième position des audien-ces ! De quoi exaspérer Nicolas Sarkozy qui regarde ces résultats à la loupe. Pensez à prendre des vitamines au petit-déjeuner.

GÉMEAUX, 21 MAI - 21 JUINSaturne vous a fait une sur-prise, José Bové. Votre fille Marie a annoncé sa candida-ture aux régionales en Aqui-

taine. Famille Bové contre famille Sarkozy, le duel médiatique s’annonce serré. Le zo-diaque s’en mêlera sûrement. Mollo sur la pipe en cas de stress.

CANCER,22 JUIN - 22 JUILLETMars arrive près de votre si-gne, Benoît Hamon. Vous en profitez pour proposer votre

candidature aux régionales. Depuis la perte de votre siège de député européen, vous attendiez une fenêtre pour revenir dans la course politique. En voilà une que vous ne comptez pas laisser passer. Prudence sur la route en scooter.

LION, 23 JUILLET - 22 AOÛTLe lion reprend l’offensive. Vous avez surpris votre monde, Mar-tine Aubry, en déclarant : « Je suis complètement ringarde et 

je le reste. » Face à vos petits amis du PS qui multiplient les apparitions posées dans la presse, vous cultivez votre différence. Maux de tête possibles cette semaine.

VIERGE,23 AOÛT -22 SEPTEMBREOn ne parle que de vous, Jean Sarkozy, et vous y prenez goût. Votre papa a jugé votre presta-

tion télé éblouissante. Vous avez retenu les tournures et la gestuelle du Président. À ce rythme-là, votre entrée au Musée Grévin ne devrait plus tarder. Repos recommandé.

BALANCE,23 SEPTEMBRE - 22 OCTOBREVous reprenez du poil de la bête, Frédéric Lefebvre. Votre patron Sarkozy vous a appelé

à la rescousse pour faire oublier l’affaire du fiston. Moral en hausse.

SCORPION,23 OCTOBRE - 21 NOVEMBREVous préparez l’avenir, Domini-que de Villepin, après la fin du procès Clearstream. Ainsi, avez-

vous fait offre de vos services en argumen-tant « être sans rancœur » vis-à-vis du chef de l’État, et « disponible pour servir la Fran-ce ». Négociations à venir. Restez lucide.

SAGITTAIRE, 22 NOVEMBRE -20 DÉCEMBRELes sagittaires sont dans l’an-goisse, à commencer par vous Jacques Chirac. Cette semaine,

vous connaîtrez la décision de la juge Si-meoni de vous renvoyer ou non devant la justice, dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. La simple idée vous fait froid dans le dos. Pensez à mettre un pull chaud.

CAPRICORNE,21 DÉCEMBRE - 19 JANVIERSérie de lapsus, Christine La-garde, qui n’est pas passée inaperçue à l’Assemblée natio-

nale. À croire que votre confusion entre Valéry Giscard d’Estaing et son fils était à rapprocher d’une autre affaire de famille. L’affaire ne gâche pas votre bonne humeur. Un écho paru dans la presse vous place en tête des premiers ministrables. Attention aux courants d’air ✹

L’hOROSCOPE D’ÉLISABETh FEISSIERPLANèTES POLITIqUES

COUP DE BOULE

LA PARTOUzE FINANCIèRE PEUT CONTINUER

R eprenons. Jean-François Lamour, député UMP maladroit, s’est trompé de

bouton, vendredi dernier, à l’As-semblée. Résultat, un amende-ment – adopté préalablement en commission des finances grâce à l’apport de quelques voix de droi-te – condamnant les banques à une surtaxe de 10 % de leur impôt, a été voté à une courte majorité. Passons sur cette énième pitrerie législative, même si elle nous autorise à rappeler que ce multi-médaillé olympique du sabre n’est plus une fine lame. Le chef Copé a, bien sûr, arrangé ça, nouveau vote à l’appui. Il a l’habitude. Revenons à l’essentiel. Un certain nombre d’élus avaient jugé légitime de demander à nos chères banques une contribution à l’effort de re-dressement des finances publiques. En remerciement – entre autres – de l’aide qu’elles avaient reçue au plus fort de la crise. Ces 10 %, c’était tout de même une affaire à un bon paquet de centaines de millions (600, selon les plus basses estima-

tions, celles de Bercy, bien sûr). Mme Lagarde, relevant sa mèche rebelle, avait suffoqué, parlant d’une mesure de nature à « plomber le système bancaire français », qui selon elle, n’avait été pour rien dans le déclenchement de la crise et en aurait même été la première victime. Et voilà un nouveau cha-pitre du grand livre de l’économie racontée aux enfants qui s’écrit. Qui peut croire que les grandes banques françaises n’ont pas par-ticipé, via toutes sortes de fonds, à la grande partouze financière en terre américaine ? Remarquez, on a déjà réussi pendant quelques mois à nous vendre l’idée, parfois sur le perron de l’Élysée, que le seul et vrai scandale des banques était celui des rémunérations de leurs dirigeants. De nature réservée, ils n’ont pas explosé de rire à l’époque. Juste souri en s’en retournant à leurs vraies affaires. Nicolas Sarko-zy et Christine Lagarde n’ont tou-jours pas compris que ces gens-là les méprisaient souverainement, mais poliment ✹ É. w.

COUP DE GRIFFE

COUP DE COUDE

DE GRâCE, CAChEz LA MÉMèRE

S acrés mundélés façon- façon, bizarres toubabs, vous nous ferez toujours

rigoler. Petit Jeannot jette l’éponge et renonce à l’Epad (éta-blissement public d’aménage-ment de La Défense), « fidèle à ses convictions » ! Les mêmes for-tes convictions, probablement, que celles de son père…Mais cachez donc au bout du jar-din la mémère Balkany et « ses besitos », parce que nous, en Afri-que, on avait déjà soupé des

couillonnades du grand ami de votre maxi-Kaiser, Paaatrick. Nous ne connaissions pas Isaaa-belle, la vice-patronne du 9-2 et la tata-marraine politique du pau-vre petit Jeannot, tout-nouveau à lunettes. De grâce, planquez-la et, surtout, parquez-la à Leval-lois, car elle est dangereuse pour l’image de la France et, en plus, elle a quelque chose de la Tra-belsi-Ben Ali de Tunisie. À votre bonne santé ! ✹

S.A.R. LE PRiNCE POkOU

UN NOUVEAU SUICIDE EN PRISON

Culture | �FRANCE

�6 | Ben la DerChAUD, ChAUD, ChAUD

bakchich