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0 | 15 SEPTEMBRE 2006 | ENQUÊTES, REPORTAGES & DESSOUS DE TABLE | FRANCE, MAGHREB, AFRIQUE ET PARFOIS MOYEN-ORIENT www.bakchich.info Genèse Humbles plumitifs, jeunes scri- bouillards, pisse-copie invété- rés, nous n’avons pas vocation à porter le monde sur nos épaules, ni à le changer : trop de boulot. Créer un site Internet satirique d’information nous a déjà pris nos jours et nos nuits. Sortir un hebdomadaire, riche, in- formé, intéressant et drôle (si, si) a volé nos dernières heures de sommeil. Alors en attendant de le sauver, il faudra s’en ac- commoder, de ce monde clien- téliste. Et en profiter tant qu’à faire, en trouvant nous aussi nos fidèles. Seuls soucis, nos arguments sont légers. Pensez ! Quand nous promettons gags et enquête exclusives, Sarko pro- met un poste ministériel à son meilleur beur. Résultats assurés (p.2). Et le parti royalo-socia- liste, lui, chasse sur les terres ja- dis promises à la droite, en recy- clant les vieux réacs marseillais (p.3). Tant que cela rapporte, rien n’importe. Et cette culture n’est pas fran- co-française. Le royaume en- chanté du Maroc, chaque jour nous livre un nouveau conte. Et hésite. Qui livre le meilleur bifteck, le plus doux grisbi, la plus grosse enveloppe ? Le pa- lais royal ou l’armée (p.4) ? 50 ans que ça dure, et la question n’est pas résolue. Tant d’argent qui circule et si peu pour vivre. En Côte d’Ivoire, le traitement des déchets toxiques brasse de l’argent, des milliards de francs CFA (p.6). Au gouvernement la maille, à la population la pol- lution et les morts. A croire que le clan Gbagbo compte aussi les morts en CFA... Au final, ce monde a quelque chose de rassurant. Il fonction- ne selon les mêmes règles, inal- térables, celles du bakchich. Et pour les comprendre, ob- server leur infimes mutations, Bakchich dans sa version heb- domadaire et internet, guidera ses merveilleux lecteursy Hosannah ! Bakchich zéro est là ! LE MIRACLE A EU LIEU. QUATRE MOIS APRÈS LE LANCEMENT DU SITE BAKCHICH.INFO, VOILÀ L’HEBDOMADAIRE BAKCHICH Sarko presse ses beurs La Beur-academy de l’UMP est lancée et les régles sont strictes : un seul gagnant… Gnass’ fait fort à Paris ª Le président du Togo est venu manger, se lamenter et traquer l’investisseur français. Armée & monarchie º …se disputent le pouvoir, au Ma- roc. Un livre enflammé se propose de révéler la discorde. Déchets toxiques æ Les rétrocommissions des fré- gates d’Abidjan font tousser les Ivoiriens.

Bakchich N°0

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N°0 15 09 2006

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�0 | 15 septembre 2006 | EnquêtEs, rEportagEs & dEssous dE tablE | FrancE, MaghrEb, aFriquE Et parFois MoyEn-oriEnt

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GenèseHumbles plumitifs, jeunes scri-bouillards, pisse-copie invété-rés, nous n’avons pas vocation à porter le monde sur nos épaules, ni à le changer : trop de boulot. Créer un site Internet satirique d’information nous a déjà pris nos jours et nos nuits. Sortir un hebdomadaire, riche, in-formé, intéressant et drôle (si, si) a volé nos dernières heures de sommeil. Alors en attendant de le sauver, il faudra s’en ac-commoder, de ce monde clien-téliste. Et en profiter tant qu’à faire, en trouvant nous aussi nos fidèles. Seuls soucis, nos arguments sont légers. Pensez ! Quand nous promettons gags et enquête exclusives, Sarko pro-met un poste ministériel à son meilleur beur. Résultats assurés (p.2). Et le parti royalo-socia-liste, lui, chasse sur les terres ja-dis promises à la droite, en recy-clant les vieux réacs marseillais (p.3). Tant que cela rapporte, rien n’importe.Et cette culture n’est pas fran-co-française. Le royaume en-chanté du Maroc, chaque jour nous livre un nouveau conte. Et hésite. Qui livre le meilleur bifteck, le plus doux grisbi, la plus grosse enveloppe ? Le pa-lais royal ou l’armée (p.4) ? 50 ans que ça dure, et la question n’est pas résolue. Tant d’argent qui circule et si peu pour vivre. En Côte d’Ivoire, le traitement des déchets toxiques brasse de l’argent, des milliards de francs CFA (p.6). Au gouvernement la maille, à la population la pol-lution et les morts. A croire que le clan Gbagbo compte aussi les morts en CFA...Au final, ce monde a quelque chose de rassurant. Il fonction-ne selon les mêmes règles, inal-térables, celles du bakchich.Et pour les comprendre, ob-server leur infimes mutations, Bakchich dans sa version heb-domadaire et internet, guidera ses merveilleux lecteursy

Hosannah ! Bakchich zéro est là !

Le miracLe a eu Lieu. Quatre mois après Le Lancement du site bakchich.info, voilà l’hebdomadaire bakchich

Sarko presse ses beurs ∫

la beur-academy de l’uMp est lancée et les régles sont strictes :

un seul gagnant…

Gnass’ fait fort à Paris ª

le président du togo est venu manger, se lamenter et traquer

l’investisseur français.

Armée & monarchie º

…se disputent le pouvoir, au Ma-roc. Un livre enflammé se propose

de révéler la discorde.

Déchets toxiques æ

les rétrocommissions des fré-gates d’abidjan font tousser les

ivoiriens.

S ous l’égide de Nicolas, ci-devant ministre de l’Intérieur, l’UMP se veut un exemple de méritocratie militan-te. Premiers visés, les

beurs de Sarko, appelés à se dépas-ser pour ramener des troupes fraî-ches à leur patron. Le petit Nicolas croit au modèle républicain français. Et l’applique à sa manière, dans les rangs de l’UMP. Plus précisément envers ses troupes d’origine maghrébine, plus communément appelé « beurs ». La consi-gne a fuité : « une fois que je serai élu, il n’en restera qu’un ». Bref il daignera oc-troyer quelque por-tefeuille ministériel, à celui ou celle qui engrangera le plus de nouveaux adhérents, plaidera le plus ef-ficacement la cause sarkozyste, bref, qui se bougera le plus le popotin... Si la magistrate et conseillère person-nelle du ministre, Rachida Dati (voir ci dessous) semble avoir pris une longueur d’avance, si Abde-rahmane Dahmane, obscure responsable UMP des associations issues de l’immigra-tion paraît largué, un nouvel outsider pourrait emporter la mise : Ahmed Gue-nad. À 48 ans, le bon Ahmed possède le pedigree idéal du sarkozyste de choc. Premier bon point, l’homme est un chaud par-tisan de la discrimination positive, chère au petit Nicolas. Ses états de service politiques sont honora-bles. Conseiller municipal UMP de Garges-lès-Gonesse, anciennement conseiller général du Val d’Oise, Guenad est également conseiller exécutif et secrétaire de la com-mission de l’égalité des chances de l’UMP. Cependant c’est son par-cours d’entrepreneur qui pourrait le faire accéder au zénith.

Ancien champion d’Europe de ka-raté, vice-champion du monde de kick-boxing, Ahmed Guenad s’est lancé dans un business tout en dou-ceur, la sécurité. Et avec un succès certain. S3G, sa société créée en 1997, assure les alentours du Stade de France et emploie près de 400

personnes. Un symbole de parcours réussi, d’autant que le brillant chef d’entreprise met en application ses idées progressistes. La majorité de ses employés vient de la cité des Francs-Moisins où il a grandi. Figu-re un peu caricaturale du « grand frère », Guénad aurait désormais des ambitions de « Big brother »

infusé de sarkozysme. Ramener 400 brebis des cités dans le giron de l’UMP serait un coup de maître, un accélérateur de carrière politique et une caution de poids apporté au ministre de l’Intérieur. Le défi est immense : encarter 400 banlieusards chez celui qui a pro-mis de la kärcheriser la banlieue.

Aussi Guénad y met-il les moyens : chez S3G la consigne est désormais claire : « tous à l’UMP ». Reste à savoir les arguments à haute valeur idéologique invoqués : « Sarko, aimez-le ou quittez ma boîte ? » Se-lon un salarié, la méthode est quand même plus douce, du genre « je vous ai rendu service et donner un emploi, encartez-vous, ça m’aide-ra ». Seuls 40 salariés sur 400 ont été sensibles à l’argumentaire pour l’instant. Toujours ça de prisy

Lara Masse

Sarkozy presse ses beursSarkoland | Dans la course au poste convoité de « Beur officiel de l’UMP », l’outsider Ahmed Guenad pourrait rafler la mise

H « Une fois que je serais 

élu, il n’en restera qu’un »

rL’éLysée & bob L’africainl’enquête sur l’assassinat de robert Feliciaggi, dit « bob l’africain » le 10 mars dernier, à l’aéroport d’ajaccio, pro-gresse à grands pas de fourmi. Selon les confidences de ses proches, l’élu corse uMp, pote de pasqua et grand maître des jeux en afrique centrale, avait eu, ce vendredi-là, un mysté-rieux rendez-vous à l’Elysée. sur quels dossiers ? aucun conseiller de chirac ne s’est empressé d’aller le raconter à la police judiciaire, en charge de l’enquête. cette dernière n’a toujours pas retrouvé le tireur isolé, visiblement un profes-sionnel, qui a abattu Feliciaggi à l’aide d’un calibre 38 spécial et s’est ensuite enfui à pied par les terrains avoisinant l’aéroportr

Tir sur un corbiLLardaprès Franz-olivier giesbert — qui avait ouvert le bal avec La tragédie du Président (Flam-marion) —, Jean Montaldo, l’écrivain-journaliste-polémiste dont le dernier livre Chirac et les quarante menteurs occupe une large place dans le Point du même giesbert cette semaine, le journaliste du Monde, hervé Gattegno s’engouffre dans la brèche. En pointe dans l’affaire clearstream (à part quand il s’agit de parler des comptes de chirac), son livre L’irresponsable est à l’imprimerie. Et à la place beauvau ?y

vaLse de renTrée àfrance 24En chantier depuis 2003, la chaîne française d’information internationale voit le bout du tunnel. le 13 septembre a marqué la rentrée des 130 journalistes de la chaîne qui ont découvert leur nouveau patron. après le départ-limogeage-promotion d’ulysse gosset, le transfert de gérard saint-paul (ex d’arte) de la direction de la rédaction à la direction géné-rale de l’information, le poste était vacant. Au final c’est grégoire deniau, l’homme des grands reportages sur l’immi-gration africaine, qui s’installe dans le fauteuil. Jusqu’à ce que le terrain le démange ?y

barbouze & associésl’été a vu naître l’afpeh, asso-ciation française de protection en environnement hostile. En gros, des professionnels de la sécurité privée spécialisés dans les zones à risques, qui détestent qu’on les appelle « barbouzes ». objectif annoncé de l’association : faire le ménage entre les my-thomanes, les « entreprises » d’amateurs (qui pullulent dans ce secteur) et les vrais tauliers, expérimentés et compétents. une charte de déontologie et de compétence est même à l’étude, histoire de faire le tri. tant que la morale est sauve... y

A ncienne employée de Lagardère et Elf, magistrat, Rachida Dati pensait être en pôle position pour devenir première beurette de France, sitôt son

mentor Nicolas Sarkozy élu. Mais la rude concurrence au sein du pool franco-maghré-bin de Sarko l’oblige à en remettre un cou-che. Résultat, un bel entretien livré à Libé-ration, un quotidien marocain (le pays de sa mère), où dame Dati réalise un exercice de haute volée, entre défense de son patron et publicité personnelle. En hors d’œuvre, la conseillère de Sarko se livre à une présentation toute simple. « Aujourd’hui, je suis ma-gistrate, conseillère du numéro deux du gouvernement et candidat pour être président de la République ; donc en valeur absolue, cela n’a rien d’exceptionnel. Mais en va-leur relative, c’est un peu exceptionnel ». Sarkozy candidat à la présidence : une innocente phrase qui permet louer de le patron, ou de le défendre face à l’insolente mauvaise foi journalistique. « Je vous mets au défi de trouver une disposition en terme pratique qui

soit anti-immigré ou anti-immi-gration, il n’y en a pas ». Et grand dieu non, les lois Sarkozy ne vont pas piller les cerveaux africains, « parce que dans l’immigration choisie, vous pouvez choisir un ouvrier. Elle est choisie à tout niveau, ça peut être un étudiant, un ouvrier ou un cadre. »

Les présidents africains, le Sénégalais Wade en tête, n’ont donc rien compris et se sont bornés à faire des « déclarations politiques ». Et toc ! Rachida peut en-

suite revendiquer sa part de travail : « je viens de faire adopter en conseil des ministres la loi sur la prévention de la délinquance ». Final en forme d’apothéose, la magistrate française offre ses services pour améliorer l’image du royaume chérifien, tout en regrettant que « le Maroc ne fasse pas appel à nous (...) J’ai toujours entendu dire au plus haut niveau de l’Etat qu’on était les bienvenus et qu’on était des Marocains. Tant que ce discours ne sera pas contredit, je continuerai à me battre pour mettre le pied dans la porte de ce pays. »y

Gary John

Rachida Dati, la valeur relativeSa technique : flatter le patron à l’etranger

H Entre défense de son patron,  et publicité personelle

∫ | �0 | 15 septembre 2006� france

P our sa première visite officielle en France de-puis son coup d’Etat

par les urnes, Faure Gnas-singbe, le président togo-lais, est venu se faire servir les plats sous les lambris de la Chambre de commerce et

d’industrie de Paris, le 7 sep-tembre.L’expression est à prendre au propre, puisque, prévu pour un séminaire à 11h30, il est arrivé une heure plus tard, pour le déjeuner. C’est devant un parterre d’investisseurs et

une assiette de foie gras qu’il s’est exprimé, sans faux sem-blants, sur l’état économique désastreux de son pays. Son franc-parler avait de quoi surprendre. Heureusement, son ministre des Finances et des Privatisations, Payadowa

Boukpessi, avait préparé le terrain, détaillant dans la matinée la chute drastique des exportations de coton (passées de 180 000 à 70 000 tonnes en un an) et l’extrac-tion de phosphate en berne. À part un copieux déjeuner,

qu’attendaient la centaine de représentants des fleurons de l’éco-nomie française ? Sous les cravates, il y avait du beau linge : Philippe Colleu, directeur général d’Accor Afrique, Patrick Lucas, patron du Medef Afrique et Pdg des assuran-ces Gras Savoye, très bien implantées au Togo, Philippe Del-leur, directeur Afrique pour Alsthom ainsi que les repré-sentants de Bolloré et Al-catel. Cerise sur le gâteau, Mi-chel de Bonnecorse, le « M. Afrique de l’Ely-sée », est venu faire un

tour. Et lorsque Son Excel-lentissime Majestuosité invi-tait à investir dans les auto-routes ou la Zone franche de

son pays (tenue par son frère Kpatcha

Gnassingbé), tous opinaient du chef avec une gourman-dise qui ne tenait pas qu’à la qualité du repas.Explication : depuis l’ac-cord politique global signé à Ouagadougou cet été, le Togo est sur le chemin de la réconciliation nationale, qui doit faire oublier le sang versé lors de l’élection de Faure Gnassingbe. Pas moins de 90 millions d’euros de subventions devraient ren-flouer l’économie natio-nale. De quoi ouvrir de nombreux marchés et chantiers publics… Entre plats et desserts, on a donc discuté pétrole off-shore et crainte de la concurrence chinoise. Le café était serré, l’agenda du président togolais aus-si. Après avoir remercié tous les encravatés, il est parti en quête de féminité retrouver Madame Alliot-Mariey

Émilie Mapouka

Gnass’, il fait Faure à ParisQue fait un président togolais en visite en France ? Il mange

C’ est une histoire qui se passe en Provence, au pays des santons, où les couleurs politiques se

mélangent. Prenez Théo Balalas, caci-que de la puissante fédération socialiste des Bouches-du-Rhône et tout nouveau soutien de Ségolène Royal (il soutient Désirs d’avenir, son site de campagne) . L’homme est affable, limite mielleux, à 71 printemps. « Une crème » assurent en chœur permanents de la fédé et jour-nalistes locaux. Proche de Jean-Noël Guérini, prési-dent du conseil général et vrai patron des socialistes marseillais, il ne manque d’ailleurs pas de sollicitude. Chaque été, « Théo » envoie une carte postale au siège des roses phocéens. Souvent une vue de Berchtesgaden : ce mer-veilleux emplacement n’est autre que le nid d’aigle d’Hitler, là où le Furher se brûla la cervelle.

Une charmante attention guidée sans doute par son goût pour l’histoire... sauf que, selon un militant local, « Ba-lalas pue l’OAS à plein nez ». Théodore Balalas a bien frayé avec les partisans de l’Algérie française. Son ac-tivisme lui a même valu un passage à la prison de la Santé, à Paris, sans calmer sa

ferveur : de retour en Provence en 1972, il est la cheville ouvrière de l’antenne marseillaise du Front National, dont il défend les couleurs lors des législatives de 1973. « Balalas Théodore, commer-çant, Front national, 1,9%, 926 voix », décrit alors le ministère de l’Intérieur. L’honorable correspondant de Minute

ira chercher fortune ailleurs, au PS. Un virage effectué, selon l’intéressé, sur les bases de son anti-gaullisme. Fidèle navette entre Defferre, l’omni-potent maire marseillais, et le FN, il continue à jouer les intermédiaires entre le PS local et l’extrême droite au dé-but des années 90. Avant d’accéder au poste sensible de responsable des adhésions socialistes, fauteuil qu’il oc-cupe toujours. Fidèle à ses amours passés, « Théo » fi-gure encore dans la liste des membres de l’Adimad, joyeuse association de nostalgiques à l’origine de la pose d’une stèle commémorative des combattants de l’Algérie française, au cimetière de Marignane. De nature discrète, Bala-las n’est que récemment entré dans la lumière. Le journaliste Frédéric-Joël

Guilledoux avait pourtant évo-qué son parcours dans son li-vre, Le Pen en Provence (Fayard 2004). À la faveur de la dernière campagne d’adhésion socialiste et des bons chiffres de sa fédé,

« Théo » a été un peu médiatisé. Contacté par Bakchich, il ne nous a tou-tefois pas rappelé. Sûr que Ségolène, favorite de la fédéra-tion socialiste des Bouches-du-Rhône, s’empressera de remercier ce militant de la première heurey

Xavier Monnier

Théo Balalas, la crème du PSEx-OAS, ancien FN, ce cadre du PS marseillais soutient les désirs d’avenir de Ségolène Royal

H Devant un parterre d’investisseurs et une 

assiette de foie gras…

x pubLicité x

«T rahison » : le Tout-Paris de l’industrie kaki

a appris la semaine passée la démarche ourdie par le procureur général de Taipei. L’horrible personnage a de-mandé à ses confrères helvé-tiques de verser à Taiwan une large part des fonds saisis sur les comptes d’André Wang. 520 millions de dollars sur

730 millions qui figuraient au solde créditeur de cet in-termédiaire, ami des Fran-çais, des Taïwanais, des ban-quiers suisses, et des gérants de palaces londoniens dans lesquels il réside alors que Taïwan le considère en fuite. Le département de la Justice de la Confédération Helvéti-que a confirmé le 7 septem-bre qu’il avait bien reçu une

demande officielle de l’État taïwanais pour la restitution des 520 millions. Pour le procureur général Wu Ying-Chao, ces fonds proviennent d’un schéma de rétro-com-missions mis en place lors de la vente des frégates à Taïwan. Selon lui, grâce à une surfac-turation du matériel vendu, un pactole attendait les dé-cideurs politiques français,

chinois et taïwanais, un por-tefeuille prudemment investi par André Wang. Ce dernier a toujours nié cette destina-tion de l’argent. Qu’importe. A Paris, on n’en démord pas. D’autant que certaines âmes bien nées se dévouant aux besoins logisti-ques propres à toute campa-gne présidentielle, lorgnaient discrètement vers ce trésor

injustement séquestré dans les alpages. Poussés par ce fol espoir, et convaincus que la Suisse redeviendrait bientôt la Suisse, les repré-sentants de tous les grands groupes de défense français (ils sont tous intervenus dans les contrats taïwanais) rencontraient régulièrement depuis près de trois ans des émissaires privés venus de Taipei (notamment les juris-tes de China Ship Building, l’industriel qui réceptionna localement les frégates fran-çaises). Enjeu de ces arbitra-ges organisés dans les locaux de l’ex-cabinet Sherman & Sterling : s’accorder sur une somme plus raisonnable de commissions à reverser ici ou

là, quitte à en restituer une petite partie aux Taïwanais en s’excusant d’avoir eu la folie des grandeurs. Ces derniers mois, le climat observé à Taipei, favorisait a priori cette combinaison. L’actuel président Chen Shui Ban, après s’être fait élire sur la base d’un programme Mains-propres, se voit acculé à la démission après les mul-tiples affaires de corruption qui ont entaché son gouver-nement. L’ami taïwanais ne paraissait plus en situation de donner des leçons en ré-clamant ses sous. Erreur. Même les gogos de service appelés à financer nos turpi-tudes se rebiffenty

Guillaume Dasquié

Les Taiwanais n’ont ni coeur ni morale, comme nousFrégates de Taïwan : Taipei veut récupérer le Grisbi

H Une carte postale du nid d’aigle

ª| �0 | 15 septembre 2006 �francefrance

C ’est la question à un million d’euros : qui de l’armée ou de la monarchie détient le pouvoir au Maroc ? Les avis divergent.

Pour les uns, le royaume serait une pâle copie de l’Algérie des géné-raux, version 90’s. Pour les autres, la monarchie et les jeunes loups du Palais ont mis au pas les dinosaures d’Hassan II encore à la tête de l’ins-titution militaire. Soyons honnêtes : à part les intéressés, personne ne sait placer le curseur avec précision.Les faits montrent toutefois que la balance penche en faveur des mi-

litaires

qui, par deux fois déjà, ont tenté de renverser la monarchie. L’armée marocaine est incarnée par un duo controversé : l’élégant patron de la gendarmerie, le général Hosni

Benslimane, et le ventripotent ins-pecteur général des forces armées, le général Abdelaziz Bennani. Non seulement ils n’ont jamais brillé sur les champs de bataille mais en plus traînent des casseroles.Bennani est accusé, y compris dans ses rangs, d’avoir érigé la corruption en mode de fonctionnement de l’ar-mée. Benslimane, lui, figure sur les

listes noires des ONG de défense des droits de l’homme pour

la période des années de plomb. De surcroît, la justice française veut l’interroger dans le cadre de l’af-faire Ben Barka. Pourquoi alors le Roi ne s’en sépare-t-il pas ? Et bien parce que les deux généraux ont conclu une alliance tacite, mé-lange d’amitié et d’intérêts finan-ciers. Résultat : à eux deux, ils tien-nent l’institution militaire et sont en mesure de signifier à M6 les li-gnes rouges à ne pas franchir. Sous-

entendu : « piquez-vous de jouer les démocrates du monde arabe si cela vous amuse mais laissez-nous finir notre carrière en conservant nos privilèges financiers et sans être inquiétés par la Justice. En retour, nous vous serons fidèles. » Ce serait en effet un très mauvais calcul de la part de M6 de leur dé-clarer la guerre. Messieurs Bensli-mane et Bennani se feraient alors un malin plaisir

de souligner à tort ou à raison que c’était le propre père de M6, Has-san II, qui leur donnait des ordres. Non, décidément, la monarchie n’a pas besoin de ça ! De toutes les fa-çons, du haut de ses 43 ans, le roi peut se permettre de laisser les caci-ques de son père faire leurs temps. Ils devraient déjà être à la retraite… Ne lui reste en réalité qu’à calmer les ardeurs et aiguiller sur une voie de garage les jeunes pousses

ou vieilles branches qui se verraient leur succéder, ce qu’a pu contaster le géné-ral Hamidou Laânigri, à ses dépens. Rétrogradé, le

directeur général de la sûreté natio-nale n’est plus qu’inspecteur géné-ral supervisant les zones sud et nord des forces auxiliaires.En langage du maghzen, ça s’ap-pelle se faire virer en bonne et dû forme par son souverain qu’il faut ensuite remercier en lui faisant le baise-mainy

La princesse enchantée

Armée, monarchie,un vieux couple aigriMaroc | Les généraux marocains ont toujours eu une sorte de tropisme algérien : prendre le pouvoir

H Une alliance tacite, mélange d’amitié et d’intérêts financiers

U n officier haut-gradé, droit dans ses boî-tes qui découvre que ses supérieurs as-servissent le pays, et l’entraînent dans

une guerre sans autres fins que les leurs. Hor-rifié, l’homme cherche à changer les choses, protéger ses hommes. Inévitablement le régime le punit, l’enferme. Et le héros s’échappe, façon Grande évasion... Si le pays avait été imaginaire, le livre Les of-ficiers de sa Majesté (Fayard) aurait sans nul doute été très apprécié, y compris au Maroc. Mais l’auteur n’est pas romancier. Et Mahjoub Tobji, ancien commandant des forces armées

royales, ex-at-taché de camp de feu du gé-néral Ahmed Dlimi – général marocain qua-si-omnipotent

dans les années 70 dévoile avec son opus, tout un pan de l’histoire marocaine.Le conflit au Sahara occidental, qui s’enlise de-puis trente ans ? Manœuvre du machiavélique Ahmed Dlimi : « une longue guerre lui donna ensuite l’occasion de garder le roi sous pression et de mettre au pas tous les partis d’opposition. » Après sa mort, en 1982, « Bennani [général tou-jours en poste dans la zone sud, ndlr] et Bensli-mane ont continué dans sa voie ». À savoir tout faire pour prolonger le conflit et pour mieux profiter de la zone de non-droit que constitue le « Sahara marocain ». « Ils ont consacré toute

leur ingéniosité (...) à amasser des fortunes en trafiquant avec les îles Canaries, en rognant tout ce qu’ils pouvaient, en particulier ce qui devait en principe revenir à leur subordonnés : nourri-ture, services ». D’où l’état déplorable, tant ma-tériel que psychologique des forces armées royales marocai-nes. Grâce à eux, corruption et gabegie constituent désormais le socle de l’armée royale.Reste la thèse politique de l’auteur, qui pose Hosni Benslimane, patron de la gendarmerie nationale, en véritable maître du régime. Une analyse à nuancer (voir ci dessus) mais assez compréhensible. Benslimane lui-même ordonna l’arrestation de Tobji, le força à la fuite et l’exil, malgré ses promesses répétées de libération. Il est des rancunes moins justifiéesy

Ignacio Manga

Haut gradé du livre« Les officiers de sa majesté », de Mahjoub Tobji, le brûlot qui enflamme l’armée marocaine

rrisque TerrorisTe à rabaTl’ancien patron de l’institut du monde arabe (iMa) et ami de chirac, denis bauchard, vient de rédiger une note confidentielle sur l’avenir du Maroc, Maroc 2006, Bilan et perspectives, bien peu diplo-matique : « Les attentats de mai 2003 ont profondément surpris et affecté la population comme le pouvoir. Le langage officiel est que ce terrorisme a été largement importé, que les auteurs venaient de France ou d’Egypte et que l’opinion rejette complètement de tels actes ». selon lui, il n’en est rien : « Il est à craindre que des actions terroristes graves puissent, sinon remettre en cause le processus de réforme en cours, tout au moins le perturber, notamment dans ses aspects politiques »r

run pouvoir funambuLedans la conclusion de cette même note, l’ancien ambas-sadeur bauchard est assez dubitatif sur la capacité du pouvoir chérifien à contrôler la situation. « Au Maroc, comme dans la plupart des pays arabes, écrit-il, le fait que la promotion de la démo-cratie puisse déboucher sur une victoire des mouvements religieux, pouvant dériver sur un ordre islamiste est l’objet d’un débat, et ne peut qu’in-quiéter une élite occidentalisée qui est sans doute en rupture avec les sentiments profonds de son opinion publique ». Et d’ajouter : « Pour l’instant, le Maroc est sous contrôle du Palais. Mais pour combien de temps ? » r y

un consuL aLGérien en sursisrien ne va plus entre l’am-bassade d’algérie à paris et le consul général, Mezian cherif, qui fut ministre de l’intérieur pendant la guerre civile larvée que connut l’algérie en 1994-98. des dizaines de plaintes ont été enregistrées contre les mau-vais traitements subis pen-dant ces années de plomb ; et cherif y est gravement mis en cause. qu’adviendrait-il, se demandent quelques esprits avertis, si des journa-listes français malveillants se saisissaient du dossier ? y

des baTeaux en or massifcet été, le ministre français des affaires Étrangères douste bla-bla avait envoyé à alger son ami yazid sabeg, le patron de la compagnie des signaux. sa mission était notamment de ren-contrer l’état major de la marine algérienne, désireuse de s’équiper en radars. le contrat pourrait porter sur deux milliards et demi de dollars. l’espoir renaîty

l + sur www.bakchich.info

∫ | �0 | 15 septembre 2006� maghreb

Les mécanismes de domination sont souvent considérés comme le seul fait des États totalitaires. Béatrice Hibou, dans son dernier ouvrage, La force de l’obéissance, Economie politique de la répression en Tuni-sie1, décortique la possibilité de tels processus au sein d’États pourtant jugés démocratiques. Exemple avec la Tunisie de Ben Ali à l’appui.Ce livre est une mine d’or de laquelle il est difficile d’extraire une pépite, tellement l’opus en regorge. Faut-il s’émerveiller de sa méthode toute foucaldienne (de Foucault pour les néophytes) d’étudier la Tunisie sur le terrain et avec minutie puisque « le diable est dans les détails » ? De sa volonté d’interroger les Tuni-

siens d’en bas et pas seulement les dissidents ? Ou bien faut-il la féli-citer d’expliquer aux rationnels que nous sommes comment la grande majorité des individus tunisiens peuvent vivre quasi normalement dans un environnement politique disciplinaire, normalisateur et par-fois coercitif, et ce, par le jeu de dispositifs sociaux et économiques indolores à l’échelle individuelle ?Avec un vocabulaire des plus pru-dents où les –ismes sont bannis, Béatrice Hibou étonne : des méca-nismes économiques aussi répan-dues que le crédit, l’endettement ou la fiscalité assurent une dépendance mutuelle entre dirigeants — Ben Ali et son fan club — et dirigés.

Moins surprenantes mais toujours croustillantes, l’auteur expose aussi les clefs usuelles de la perpétuité d’un tel régime autoritaire. Dans une interview accordée à Bakchich, elle persifle : « le désir d’unité na-tionale joue aussi un rôle indéniable, de même que la présence policière, l’absence de discussions et de débats, l’inexistence d’une presse digne de ce nom, le culte du consensus et de l’unanimisme. »Hibou a jeté son caillou à la face de gouvernement tunisien mais il s’en chou, la censure se chargera de lais-ser le peuple l’implorer à genouy

Maya Lenoir

1. paris, la découverte, 2006.

Tunisie | Hibou jette son Caillou

Par quel bout prendre cet invraisemblable débat qui inaugure cette rentrée et qui se pose en ces termes : faut-il prolonger les délais de grâce dont bénéficiaient jusqu’alors les membres des groupes ar-més islamistes ?Adoptée en septembre 2005 par référendum, par le Parle-ment et par le Sénat, à coup de propagande et de silence imposé, la Charte pour la paix et la réconciliation na-tionale donnait jusqu’au 1er septembre aux « terro-ristes » pour se repentir et se rendre. Le deal était clair : la paix en

échange de l’impunité. Seu-lement voilà, ils sont encore nombreux les membres des groupes armés islamistes à continuer leurs besognes as-sassines. Ne me demandez pas de vous dire combien sont-ils, à moi qui ne sais même pas combien ils sont à s’être rendus. Les autorités compétentes semblent également avoir du mal à tenir leur comptabilité. De toutes les manières, ce débat ne nous concerne pas, nous les petites gens, nous les gens d’en bas, en toute lé-galité il nous est interdit d’en parler, c’est écrit dans la loi.

« Tous ceux qui se mêleront de ce qui les regarde auront affaire au bâton ».Ahmed Ouyahia, l’ex-chef du gouvernement et actuel-

lement patron du RND n’a pas mes états d’âme. Lors de sa première sortie publique depuis qu’il a été remercié et remplacé par son frère en-

nemi à la tête du gouverne-ment, Abdelaziz Belkhadem, qui lui patronne le FLN, il a déclaré que ce n’était pas aux partis politiques de se

prononcer sur cette question étant donné que la Charte est claire, que seul le président a le droit de décider de prolon-ger ou non les délais, et il a

ajouté que la seule chose que se doivent de faire les partis politiques, c’est « de dénon-cer le terrorisme ». Puis il a conclu patriotiquement : « Il n’y a pas de pluralisme dans le nationalisme. La dé-nonciation du terrorisme est nationale, idéologique et po-litique ». Voilà, les choses telles qu’il les a dites. Vous n’avez rien compris, eh bien moi non plus. Parce que si vous croyez qu’après ces déclarations his-toriques, il s’est prononcé contre l’augmentation du délai qui gracie les « terro-ristes », eh bien vous vous trompez, il a ajouté : « Toute décision portant sur ce sujet est laissée à l’appréciation des hautes autorités du pays, incarnées par le président de

la République. Sa position est sans équivoque sur les objectifs attendus de cette Charte qui vise, ni plus, ni moins, à ré-concilier les enfants du même pays, quitte à accueillir des repentis et leur ouvrir les por-tes après septembre, voire en décembre prochain ». C’est surréaliste, vous ne trouvez pas ? « …voire jusqu’en dé-cembre… » Et pourquoi pas jusqu’en jan-vier, février ou même jusqu’à la Saint Ouyahia. Vous aurez admiré, j’espère, cette géné-rosité avec la vie des autres… Quel incroyable aveu d’échec pour un système qui feint en-core de tout contrôlery

Malika Rededal

Opération portes ouvertesAlgérie | Les terroristes avaient jusqu’au 1er septembre pour faire repentance.

H « Tous ceux qui se mêle-ront de ce qui les regarde

auront affaire au baton »

D ébut juillet, un collo-que en l’honneur de l’ambassadeur d’Al-

gérie en France, Missoum Sbih, un fidèle de Bouteflika depuis l’ère Boumediene, se tenait à l’Ecole militaire à Paris. Dans l’assistance, de nombreux gradés et des diplomates. « Monsieur l’ambassadeur, demande un officier français, je ne vous ai jamais entendu

expliquer combien la France vous avait soutenu dans la sale guerre qui a opposé en 1994 votre gouvernement aux intégristes algériens. Pour quelle raison ? ». Le diplo-mate Dejamet, renchérit : « C’est vrai, vous n’en parlez jamais ! ».Silence gêné dans l’assis-tance, et notamment du coté de l’ambassadeur d’Al-gérie, lorsque le patron de la Sécurité Militaire (SM)

algérienne à Paris, Ali Ben Daoud, prend la parole, visi-blement courroucé : « Vous prétendez nous avoir aidés alors que vous ne nous avez pas même vendu un fusil de chasse ». Ambiance ! Ce que n’a pas rappelé le représentant de la SM algérienne, c’est que les Français avaient surtout re-fusé de livrer des hélicoptères Puma anti-guérilla. Lesquels

étaient notamment équipés de matériel utilisable la nuit.On aura compris que le traité d’amitié entre la France et l’Algérie (et les contrats mi-rifiques, notamment militai-res, qui devaient aller avec) est au point mort. Au début de l’été et avant de disparaître pour presque deux mois, le président Bouteflika s’est rendu à Londres pour proposer aux Anglais l’en-trée de l’Algérie dans le com-

monwealth. Un joli pied de nez aux Français. Pour le

Commonwealth, a répondu Blair, c’est un peu préma-

turé ; mais en revanche, ok pour discuter d’un éventuel contrat de satellites.Les Français d’EADS, qui étaient sur les rangs, l’ont eu un peu saumâtre. D’autant plus que les Russes avaient raflé voici quelques mois le

marché des avions de combat en Algérie, convoité par le groupe Dassault qui avait cru aux promesses de Chirac. Le-quel, apparemment, a perdu la main à Alger (et pas seule-ment à Alger)y

Julien Naël

Un traité d’amitié mort-néAlgérie | Les généraux ont la rancune tenace contre l’ancienne métropole

H « Pas même un fusil de chasse ! »

x diaLogue x

ª| �0 | 15 septembre 2006 �maghreb

D ans le port d’Abid-jan, y’a des marins qui meurent, et des familles, et un gou-vernement qui saute, et une aide interna-

tionale qui arrive. La faute à un ba-teau très international qui a déversé des déchets toxiques. Les autorités

crient au loup. Quant à trouver un coupable et responsable, au hasard le Directeur du port autonome qui a autorisé le bateau à accoster, il y a un pas et des intérêts à ne pas franchir.Il aura fallu presque un mois, depuis le 19 août, pour se rendre compte de la catastrophe. Une poussière dans l’éternité, une éternité pour les Abi-djanais qui crachent leur sang. Un peu plus de 9000 intoxiqués, une dizaine de morts, chiffre à revoir sans doute à la hausse. Le passage du « Probo Koala », le navire qui a déversé ses produits toxiques dans onze décharges de la capitale ivoi-rienne, aura laissé quelques traces. Mais sera passé relativement ina-perçu. Personne ne sait où le rafiot s’en est allé. Son itinéraire aller est un peu plus connu. Propriété d’un

armateur grec, battant pavillon pa-naméen, affrété par la très éthique société Trafigura (voir-ci dessous), la bicoque double-coque, longue de 182 m, « est loin d’être un bateau poubelle » comme l’explique le Pa-risien (13/09). Le « Probo » a « été contrôlé par les gardes maritimes américains, à huit reprises ces der-nières années » et n’est « pas signa-lé non plus comme un navire à risque dans les préfectures maritimes fran-çaises ». Certes mais sa cargaison a

laissé sceptique plus d’un port. Le navire a été refusé à Amsterdam et dans tous les ports où il a tenté de pénétrer sur la côte Ouest afri-caine. Le port autonome de Dakar l’a même prié de déguerpir, en pre-nant soin de prévenir les enceintes maritimes voisines, notamment le... port d’Abidjan, de la nocivité du

navire. Le Probo a pourtant été ac-cueilli à Abidjan en toute légalité. Et déchargé son contenu dans les règles, sinon hygiéniques, du moins administratives. Tout simplement parce que le Port autonome d’Abi-djan est un « pot de pus ». La lan-goureuse expression est l’œuvre

d’une barbouze, souvent témoin, parfois acteur, des magouilles qui se trament à quai. « Toutes sortes de trafic y sont possibles », le bakchich aidant, surtout dans les temps de ni guerre, ni paix qui courent en Côte d’Ivoire. La plupart du temps avec l’assentiment des autorités. Il faut bien contourner, entre autres, l’embargo de l’Onu sur les armes. Dans ce domaine, « les gars sont trop forts », siffle, admiratif un courtier expatrié sur place. Dans l’accueil des rafiots pourris aussi, apparemment. La manne — 4 mil-liards de francs CFA, soit près de

7 millions d’euros pour la vidange du « Probo » selon la Lettre du Continent, issue de ces commerces presque licites, n’est pas perdue. Grand timonier du PAA (Port Auto-nome d’Abidjan), Marcel Gossio est un homme d’affaires dans l’âme. Pas un esthète. Principal financier de Laurent Gbagbo et de son parti le FPI, dont il est lui-même un caci-que, proche de Charles Blé Gouldé et des « jeunes patriotes », soup-çonné d’être à l’origine des « es-cadrons de la mort », le directeur général du port a un cursus. Et des informations sur tout ce qui se tra-

me, s’est tramé et se tramera sur les quais. Pour Laurent Gbagbo, faire sauter un proche est déjà difficile. Virer une source de grisbi frais un crève-cœur. Un affidé qui contrôle les acti-vités légales et moins légales du port un quasi-suicide politique. Et le boulanger d’Abidjan n’est pas connu pour être sujet aux vagues à l’âmey

Tidiane de Loyola

Gbagbo, y voit rien à la pollutioncôte d’ivoire | si l’argent n’a pas

d’odeur, le port d’abidjan sent la mort.

L’affréteur du Probo Koala n’est autre que le société Trafigura, « l’un des principaux courtiers indépendants sur le marché des pétroles et des métaux » (le Monde 13/09). Benoîtement, l’entreprise affirme que les déchets déversés à abidjan sont composés « d’essence, de soude caustique et d’eau ». point d’hydrogène sulfuré, comme l’attestent les secours sur place donc. aux vues des états de service de Trafigura, on peine à les croire sur parole. Trafigura s’est lar-gement fait pincer les doigts dans le baril en irak, dans l’af-

faire pétrole contre nourriture. Et surprise, quelques noms bien français apparaissent dans les cercles de la société de trading, notamment celui de patrick Maugein. ancien proche de Jacques chirac, dont il fut longtemps le missi dominici en afrique et dont il se recommande toujours, « l’aventurier des affaires » est toujours soupçonné d’avoir travaillé avec Trafigura en Irak, où il a de nombreuses amitiés. Et l’affré-teur du probo a été créé par deux anciens poulains de Marc rich, l’un des premiers associés de Maugein.y

d trafigura, pas figurant

H Le port autonome d’abidjan  est un « Pot de pus »

dérision ivoirienneun petit prospectus circule de-puis quelques jours dans les rues d’abidjan. une blague sous forme de tract en trois temps, photos à l’appui. « Somalie : nous sommes pauvres, mais nous refusons les déchets. Nigeria : nous sommes corrompus mais nous refusons les déchets toxiques. » Vient enfin la Côte d’Ivoire, représenté par un golden boy encravaté, jeune, dynamique, ambitieux... « Tchié ! 4 milliards pour des déchets, ça me fait 420 maîtresses, 120 Mercedes, 50 villas »y

faLcone en sursispierre Falcone, personnage cen-tral de l’angolagate et par ailleurs ambassadeur de l’angolas à l’unesco, ne peut pas se prévaloir d’une quelconque immunité diplo-matique. c’est du moins ce qu’en ont décidé les tâtillons juges de la cour d’appel de paris, mercredi 12 septembre. L’homme d’affai-res français pourrait donc être (enfin) poursuivi pour son rôle dans la vente d’armes illégales entre la France et l’angolay

fLinGues Tou-jours sorTis au sénéGaL...pas de trêve au sénégal, les élections approchent. Et les faucons de Wade, farouchement anti-seck, ne voient pas d’un bon oeil un possible rabibochage entre le Président et son ancien fils spi-rituel. aussi font-ils feu de tout bois. dernière attaque en date, une menace à peine voilée d’un cacique du parti de Wade, le pds. Me El hadji amadou sall tient à rappeler « qu’Idrissa Seck est en liberté provisoire », une position qui pourrait changer...les coups volent bas à dakary

…mais Les affaires conTinuenTdragueur invétéré, le président sénégalais avait déjà accueilli georges W. bush à dakar, fait des oeillades appuyées à chirac et le voilà qui s’entiche désormais de Mahmoud ahmadinejad, le très modéré président iranien. En visite officielle le 13 septembre dans la capitale sénégalaise. une visite qui a permis de « revisiter la coopération » entre les deux pays notamment au niveau énergé-tique. la construction d’une raffinerie pétrolière, en partena-riat avec le pays des Mollahs, est notamment à l’étude. intéres-sant pour la téranga, confrontée à une grande crise énergétique... Poli, l’ami Mahmoud a qualifié le sénégal de « pays frère et ami ». il va en faire des jaloux, « gorgui »y

sarko L’africainle présidentiable-ministre de l’intérieur nicolas sarkozy n’a pas encore posé ses orteils dans toutes les « afrique ». Mais ses affidés, notamment Pierre Mé-haignerie, sont au mieux avec les exploitants forestiers, au premier rang desquels les sociétés pallisco et pasquet. une belle histoire narrée par arnaud labrousse sur www.ecolonews.info y

∫ | �0 | 15 septembre 2006� afrique~

E n 1956, il y a 50 ans les étu-diants hongrois entraient en insurrection contre le pou-

voir totalitaire, marxiste, stalinien. Ils furent tragiquement écrasés dans le sang. Nos grands frères africains de l’époque, encore français, étu-diants en métropole furent effarés par la barbarie bolchevique, même si, sympathisants progressistes ils partageaient sincèrement la même attirance pour le parti communiste français que Félix Houphouët-Boi-gny, membre du groupe communis-te à l’Assemblée Nationale. Dix ans plus tard, 1966, De Gaulle président français, vieux Félix pré-sident ivoirien d’une Côte d’Ivoire indépendante et souveraine : c’était

le grand bonheur à Abidjan du planteur capitaliste Houphouët ! N’est ce-pas familles Denisse, Niayré, Ekra, Konan Bédié, Yacé, L.D Fologo, Didji Kadjo, Amuah David et autres Simplice Zinsou ou Constance Yayi. 1976, 1986 ,1996 ,Giscard, Mitterrand, Chirac, com-ment nous avez -vous laissés gâcher avec autant de ténacité notre ri-chesse, notre indépendance, et no-tre liberté !2006, moi ivoirien j’ai honte et peine pour mon pays, j’ai peur pour mes enfants et je crains pour nos frères et sœurs ! Comment HKB, Gueï, Ado, Soro, et enfin Gbagbo avez-vous pu laisser notre belle Côte d’Ivoire dériver à ce point :

coups d’états, exactions, guerres ci-viles, brouilles avec nos partenaires, saccage de notre vielle héritage et maintenant pourrissement de notre nature et de notre être profond par d’assassins déchets toxiques. Char-les Konan Banny, Premier ministre,

a promis que les coupables seront châtiés !Prends bien garde gros Charlie de bien tenir ta promesse car les fa-milles des 7 morts et des 9000 In-toxiqués (pour l’instant) te deman-deront bientôt des comptes précis ! Quel armateur ? Pourquoi le direc-teur du port d’Abidjan, informé par celui de Dakar n’a-t-il pas refusé le navire ? Quels sont les responsa-bles politiques pourris qui ont osé mettre en péril la vie de nos com-patriotes ?Honte à vous et que l’enfer vous engloutisse, bande d’assassins ! Houphouët, vieux sage, père de la nation, akwaba, au secours, redon-ne leur la raison : par amour de l’or, ils ont tué ! Horreur !La France de grand JacquO et Gi-rardin nous envoie des experts. La

belle affaire ! José Barroso et Louis Michel de Bruxelles feraient bien mieux d’exiger des comptes de la présidence ivoirienne et Chirac fe-rait bien d’envoyer son GalouzO de la Palme de Villepin pour expliquer à Simone Gbagbo comment on trai-te des déchets dangereux, quoique il vaut peut-être mieux que la folle du régiment Michèle Alliot-Ollier et l’agité de VillepO restent sur les bords de la Seine pour surveiller le retour imminent de Jospé et Jup-pin. Nos frères de France ont déjà attrapé la sondagite aiguë et pen-dant que SarkocO affirme qu’il bat-tra SégolO, Le Pen est déjà à 25 %. Beau sujet de reflexion pour les chefs d’états francophones le 28 septembre à Bucarest. Vont-ils pousser Chirac à se représenter ? Mystère !!! y

Le princepokou

alerTe ! helP ! akwaba !

I l arrive que l’économie camerounaise s’éman-cipe quelque peu, c’est

un euphémisme, des règles

de l’orthodoxie libérale. Et pas uniquement dans les plus hautes sphères de l’État. C’est ce qu’a appris à ses dé-

pens Armand, gérant d’un modeste bar dans un quartier animé de Yaoundé, qui vient de passer quatre jours en ca-

bane pour n’avoir pas compris à temps les vertus de la concurrence pure et parfaite… dans sa déclinai-son locale. Car c’est à son concurrent direct,

le patron d’un bar à la mode qui a élu domicile de l’autre côté de la rue et qui entretient les meilleures relations – fi-

nancières s’entend – avec les brigadiers du quartier, que le jeune homme de 23 ans doit son baptême carcéral. Armand, pourtant, n’a rien d’un aventureux busines-sman. C’est au contraire pour vivre paisiblement qu’il a abandonné son emploi d’agent de sécurité, quelques jours après qu’un de ses col-lègues fut assassiné. Armand se contente maintenant d’empocher 50 F CFA [0,08 euros ndlr] sur chaque bou-teille consommée. Un maigre revenu qui, dans un pays où

la bière est éclusée à un ryth-me quasi olympique, assure une survie décente. Ainsi aligné sur les prix commu-nément pratiqués dans la ca-pitale camerounaise, Armand pensait s’épargner les tracas-series concurrentiel-les. C’était oublier son puissant concur-rent. Sponsorisé par une grande marque de bière euro-péenne et fréquenté par la jeunesse dorée de la capitale, le voisin d’en face surfacture les boissons pour amortir ses

investissements… et pour arrondir les fins de mois des policiers du secteur. Profitant d’une obscure affai-re de bouteilles volées, l’am-bitieux cafetier a fait plon-ger le vilain Armand qui a l’outrecuidance de désaltérer le chaland à un prix modéré. L’affaire aurait pu mal tour-ner pour Armand s’il n’avait

su trouver les arguments, sonnants et trébuchants, pour convaincre le plaignant et son ami brigadier de pas-ser l’éponge. S’étant engagé à « dédommager » le pre-

mier des bouteilles mysté-rieusement disparues, il a du graisser la patte au second pour sortir de cellule. À défaut de l’avoir chassé du quartier, les deux compères espèrent que le séjour entre quatre murs, sans fenêtre, sans électricité et sans ma-telas, qu’ils ont infligé à Ar-mand lui aura définitivement

appris les fondamentaux de l’économie camerounaise : la main invisible fonctionne mieux quand on lui lâche quelques billetsy

Moussa Ka

Armand cuve à l’ombreDes vertus de la concurrence pure & parfaite

LE GoMBo n’EST PAS qU’Un dÉLICIEUx LÉGUME, C’EST AUSSI LA dÉCLInAI-Son CAMEroUnAISE dU BAKChICh…

chronique du GomboLand

H L’outrecuidance de désaltérer  le chaland à un prix modéré

x Le scoop de La semaine x

« Où va la Côte d’Ivoire ? » C’est la ques-tion de l’éditorial du 11 septembre de Fra-ternité Matin, le journal d’Abidjan. « La crise dure et perdure … » écrit l’éditoria-liste, racontant les étranges événements qui ont frappé ces derniers jours la capitale ivoirienne. Le 18 août, la population est in-formée qu’une vaste opération de démousti-cation est imminente. Le 19, elle tousse, le 20 elle crache, le 21 elle râle, le 25 elle crache du sang. Elle com-prend alors qu’il s’agit d’autre chose que de

pourchasser les moustiques. Mais que se passe-t-il ? Per-sonne ne sait, le gouverne-ment démissionne, la pollu-tion se répand, comme les

rumeurs. La population croise des fantômes tout de blanc vêtus qui ne savent rien et n’y peuvent rien. Ministre du gouvernement démissionnaire, Clotilde Ohouochi, proche du président Lau-rent Gbagbo, considère qu’à quelque chose, malheur est bon : la démission du gouverne-ment redonne au président ivoirien la pléni-tude du pouvoir et le pays ne peut que s’en réjouir. Selon Frat Mat, elle a déclaré que ce dont souffre la Côte d’Ivoire, ce ne sont pas des déchets physiques mais des déchets

spirituels. Les dépêches de Brazzaville rendent compte de la venue de la ministre française de la Coopération, Brigitte Girardin — dite aussi « Princesse Brigitte » — à Brazzaville. Enjeu de la visite : une rencontre avec le pré-sident congolais Sassou Nguesso, président en exercice de l’Union africaine, sur la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Enième rencontre autour du problème élec-toral, de l’établissement de la liste des élec-teurs, de la date des élections, énième in-

trusion française dans une crise dont tout le monde s’occupe avec comme conséquence, à moins que ce ne soit un objectif, que ce n’est toujours pas le peuple ivoirien qui tranche. Pour l’instant, à Abidjan, l’homme de la rue tousse, au sens propre et au sens figuré…y

Mathieu Adenil

Crachats & toussotementsRevue de presse / Côte d’Ivoire | À Abidjan, l’Afrique tousse, râle et crache du sang

H « Ce ne sont  pas des déchets

physiques, mais des déchets spirituels »

l + sur www.bakchich.info

d

ª| �0 | 15 septembre 2006 �afrioue~

Q ue seraient les guerres sans tra-fiquants d’armes, les champs de batailles sans mu-nitions, les massa-

cres sans kalachnikovs. De mornes conflits. La chose est pourtant pos-sible. « Si on le voulait, toutes les filières seraient stoppées en 18 mois » révèle un gars des « services », confessé par Laurent Léger dans Trafic d’armes. Heureusement, ces maîtres barbouzes sont bien trop

importants pour les États, petits et grands, à qui ils rendent de menus services. Exemple avec Victor Bout, le « Bill Gates des trafics ».

« Ah, ces ingrats de Français. Les diplomates du Quai d’Orsay ont plaidé pour que l’empereur du tra-fic d’armes soit inscrit sur la liste

noire des Nations Unies. Et pour-tant : l’une des opérations militaires françaises les plus importantes de ces dernières années s’est en partie déroulée grâce à lui. Peu de spé-cialistes le savent mais c’est Victor Bout qui a fait démarrer Turquoise, l’intervention française au Rwanda, sur les chapeaux de roue.(...)

Turquoise sera opérationnelle en quelques jours seulement : il a fallu organiser un véritable pont aérien au départ de la France, une formi-

dable projection de forces, hommes et matériels vers le cœur de l’Afri-que, à Goma. C’est cette ville si-tuée dans l’est de l’ancien Zaïre qui va servir de base logistique à toute l’intervention militaro-humanitaire au Rwanda. Mais l’histoire officiel-le, telle qu’elle a été racontée par une brochette de généraux devant

la mission d’information de l’As-semblée nationale en 1998, omet certains détails de ce formidable transport de troupes. Pour expé-dier au plus vite sur le théâtre des opérations soldats, armes, hélices et véhicules de toutes sortes, sans oublier de gigantesques volumes de carburant, on ne s’est pas trop ren-seigné sur celui qui avait pu fournir les énormes cargo seuls capables de ce tour de force. Et oui c’est un tra-fiquant d’armes.Pour en savoir plus, il faut s’atta-bler avec un vieux briscard de l’aé-ronautique. (...)

C’est grâce à Michel Victor-Thomas que celui à qui un ministre britan-nique a un jour collé l’étiquette de « Bill Gates du trafic », a transpor-té les troupes françaises en 1994.« Le 21 juin, j’ai reçu un coup de fil d’un commissionnaire de transport mandaté par l’Etat-major des armées », raconte-t-il. “On a des urgences sur Turquoise. Est-ce que tu peux passer nous voir”, me dit-on. J’y vais, et on me donne carte blanche. Après cela, j’ai travaillé en ligne directe avec

l’Etat-major pour toutes les ques-tions logistiques. » Patron de la société Spairops, une entreprise d’affrètement d’avions, Victor-Thomas se charge de trouver les Antonov, les énormes avions-

cargos qui transportent les ma-tériels les plus gros qui soient. La « faiblesse » et l’« état de délabre-ment du transport aérien militaire français », selon un expert, sont tels que l’armée, avec ses Transall et ses C-160 insuffisants, doit sous-traiter au privé le transport de ses troupes et de ses équipements. Dans l’urgence, il faut se débrouiller.« Quand on demande à Bout un avion en urgence, il répond “OK, à quelle heure ?» et accepte de faire décoller ses appareils sans paiement d’avance, ce qui est rarissime dans le métier”, se souvient Michel Victor-Thomas. Il ne faut pas perdre de vue

que l’armée française paie au mieux à échéance de 90 jours... ».Au plus fort du transport — de la « projection » sur le terrain, disent les militaires —, douze avions vole-ront en même temps. À entendre ce baroudeur des airs, le ministère de la Défense ne savait même pas que Bout, déjà surveillé par les servi-ces secrets, était en fin de chaîne. Ils l’ont appris après. Lors de la

lecture des auditions de la mission d’information sur le Rwanda, on ne trouve nulle part trace de Bout. À la Défense, on préfère rester dans le vague sur l’origine des avions loués. « Pour la mise en place des forces de Turquoise, il a été fait appel à une centaine de rotations d’Antonov qui, à partir de cinq plates-formes en France, notamment Roissy, Nantes, Istres et Lyon, ont amené les person-nels, les matériels et les ressources.»Habile, l’ami Bout apparaît et dis-paraît des listes noires de l’Onu, au gré des services rendus aux Etats-Unis (Irak) à l’Angleterre ou à des organismes humanitaires...y

Un traficant d’armes tout au Bout de l’opération Turquoisenotre collaborateur Laurent Léger a commis un nouveau méfait : un livre. « Trafic d’armes, enquête sur les marchands de morts » (Flammarion). Petit extrait.

H  « Si on le voulait, toutes les filières seraient stoppées

en moins de 18 mois »

yRedac’ chef, directeur de la publication et bourreau : xavier Monnier ([email protected]) | Design & cafés : guillaume barou ([email protected]) | Administration et plein d’autres trucs chouettes : léa labaye ([email protected])

yOnt écrit de jolies choses dans ce numéro : la princesse enchantée, Gary John, Guillaume dasquié, Émilie Mapouka, Tidiane de Loyola, Lara Masse, Malika rededal, Maya lenoir, ignacio Manga, Matthieu adenil, le prince pokou, Moussa Ka, Julien naël, delambre, Kerleroux, Pat Masioni, Khalid Gueddar.

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Dans le rôle du sauveur, Sarko pour sa brillante intervention dans l’af-faire du journaliste Pontaut sur le siège éjectable, après le départ du Directeur de la rédaction de L’Ex-press, Denis Jeambar.

Dans le rôle du mauvais payeur, l’ambassadeur du Gabon à Paris, Jean-Marie Adzé, pour avoir malen-contreusement négligé de régler sa note d’imprimerie. Sans oublier son acolyte, l’inégala-

ble Omar Bongo, qui omet de payer ses frais de campagne. Dans le rôle des comiques trou-piers, l’armée marocaine et le palais royal dont les sketches sont si bien retranscrits par notre amie la Prin-cesse Enchantée. Le prix se dispute entre la relance de l’affaire Ben Barka et le brûlot de Mahjoub Tobji, ancien commandant des Forces Armées royales. Dans le rôle des meilleurs cascadeurs ratés, les barbouzes pour leurs mis-sions au Tchad, en Guinée, au Séné-gal et un peu partout d’ailleurs. Et, dans le rôle du repenti, mais pas vraiment non plus… Marc Robert, passé de l’extrême droite à Dieu-donné y

c’est sorti sur www.bakchich.infoPalmarès des dessous de table Ô usagers de la toile, vous avez été nombreux à vous délecter des histoires ô combien exclusives des dessous de table d’ici et d’ailleurs, parues depuis début mai sur www.bakchich.info. Un grand merci à nos célèbres crapules, mais aussi aux plus discrè-

tes, sans lesquelles notre journal n’aurait plus de raison d’être.

Prochain bakchich en pdf Le �� sePtembre

H  « Quand on demande à Bout  un avion en urgence il répond

“Ok, à quelle heure ?” »

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