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N° 15 | DU SAMEDI 13 AU VENDREDI 19 MARS 2010 | INFORMATIONS, ENQUêTES ET MAUVAIS ESPRIT Georges Frêche fiché par les RG | P. 3 La Samaritaine en verSion LvmH L’empire du luxe de Bernard Arnault concocte à l’ancien grand magasin parisien un avenir où le commerce le dispute aux affaires et au luxe. En biaisant avec la réglementation | P. 5 immobilier L’espagne ravagée par la corruption | P. 4 bakchich BAKCHICH HEBDO N°15 DU SAMEDI 13 AU VENDREDI 19 MARS 2010 | BEL : 1,50€ - CH : 2,50FS médias France-Soir, l’empreinte russe | P. 9 nouvelle formule régionales 2010 Et sur Internet PlaCe auX CanCres L 13723 - 15 - F: 1,00 humour Stéphane Guillon et son bestiaire | P. 15

Bakchich N°15

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Bakchich N°15 nouvelle formule 1euro

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Page 1: Bakchich N°15

N° 15 | du SAMEdI 13 Au vEndrEdI 19 MArS 2010 | InforMAtIonS, EnquêtES Et MAuvAIS ESprIt

Georges Frêche fiché par les RG | P. 3

La Samaritaine en verSion LvmHL’empire du luxe de Bernard Arnault concocte à l’ancien grand magasin parisien un avenir où le commerce le dispute aux affaires et au luxe. En biaisant avec la réglementation | P. 5

immobilier

L’espagne ravagée par la corruption | P. 4

bakchich

bakchich hebdo n°15 du SAMEdI 13 Au vEndrEdI 19 MArS 2010 | BEl : 1,50€ - CH : 2,50fS

médias

France-Soir, l’empreinte russe | P. 9

nouvelle formule

régionales 2010

Et sur Internet

PlaCe auXCanCres

L 137

23 - 1

5 - F:

1,00

humour

Stéphane Guillonet son bestiaire | P. 15

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C ’est l’homme idéal pour les journalistes. Il peut s’ex-primer sur tous les sujets.

Besoin d’un point de vue sur le paysage politique américain ? Sur la reprise économique mon-diale ? Sur l’image des patrons ? Sur l’évolution des technologies de l’information ? Un seul nu-méro : celui de Maurice Lévy, le grand patron du groupe publici-taire Publicis (voir page 3). À la différence des grands cau-seurs Alain Minc – champion du monde toutes catégories des OPA ratées – et Jacques Attali, le tou-jours bronzé Maurice peut se targuer de savoir gérer autre chose que ses finances person-nelles. En quarante ans de pré-sence dans le groupe Publicis, dont l’actionnaire de référence est la philosophe politiquement correcte Élisabeth Badinter (hé-ritière du fondateur Marcel Bleustein-Blanchet), Lévy a gra-vi tous les échelons et a réussi à transformer une agence fran-çaise en géant mondial où il trône à la troisième place. Mais Maurice a un petit péché : il adore se regarder dans le miroir des médias, quitte à proposer lui-même qu’on l’interviouve comme le constatent des rubricards char-gés de la pub. L’intéressé peut dire que c’est l’actualité. Après tout, est-ce sa faute si France Té-lévisions, sur pression de l’Ély-sée, souhaite fourguer sa régie publicitaire au duo formé par Pu-blicis et Stéphane Courbit, grand manitou de la télé-réalité ? Est-ce sa faute si son groupe vient de publier ses résultats annuels et que, se rendant cette semaine à Abou Dhabi, il tombe sur des journalistes à qui il explique que Publicis se porte bien en février et en mars ? Problème, Maurice vient d’avoir 68 ans et n’a pas pré-paré sa succession. Dès qu’un cadre de Publicis commence à se faire remarquer, le patron s’en sépare. On se demande si le grou-pe survivra à Maurice ✹ � gari�john

Vous avez observé, même si vous ne l’êtes pas vous-même, qu’on ne devient pas champion olympique du premier coup. Pour obtenir la ridicule médaille, l’athlète a droit à plusieurs essais. Notre hebdo, en dépit de sa tête lé-

gère et de ses petits muscles, fonctionne de la même façon : il veut mieux faire.Sachez aussi, pour expliquer notre séjour de deux mois aux ves-tiaires, que faute d’or, il faut au moins l’argent ; là, nous avons eu un petit creux. Que les Amis de Bakchich devenus actionnaires, nos fidèles compagnons de route et les nouveaux investisseurs qui nous ont rejoints soient sincèrement loués. Et vous aussi, qui avez acheté « l’hebdo qui traque l’info ».La vérité pour un euro ? Ce pas grand-chose n’a pas de prix.Que les frères lecteurs sachent que, pendant la mi-temps, nous ne sommes allés ni aux Maldives, ni au Cap Nègre. Nous avons travaillé, dur, pour dépoussiérer la maquette et muscler le conte-nu. Nos abonnés, dont nous saluons la patience, ont pu suivre l’évolution de cette nouvelle formule à travers les quatre numéros que nous leur avons adressés en janvier et février : toujours plus de clarté, toujours plus de révélations, toujours plus de mauvais esprit.Si nous avons un rêve, c’est que notre attelage, l’Hebdo et Bak-chich.info, des jumeaux qui ne peuvent que grandir ensemble, trouvent enfin l’équilibre financier. Et nous, espiègles de presse, pourrons jeter nos grains de sable dans les rouages trop bien huilés du monde médiatique. Chercher, enquêter, vérifier, déchi-rer le rideau des apparences. Atteindre enfin la réalité un peu râpeuse qui mord et qui résiste. À l’attaque ✹� l’équipe�de�bakchich

Le héros de la semainedes�documents�déclassifiés�des�renseignements�britanniques�ont�levé�un�lièvre�vieux�de�cinquante�ans.�un�soldat�de�l’armée�anglaise,�Clifton James,�a�été�utilisé�comme�sosie�du�maréchal�Montgomery�pendant�la�Seconde�guerre�mondiale�pour�faire�croire�aux�services�secrets�nazis�qu’une�invasion�alliée�aurait�lieu�dans�le�sud�de�la�France�afin�de�faciliter�le�débarquement�en�normandie.�de�là�à�dire�que�les�nazis�ont�filé�à�l’anglaise…

La catapulte de la semained’une�pierre�deux�expulsions�pour�la�secrétaire�d’état�à�la�famille�Nadine Morano.�le�6�mars,�en�visite�de�campagne�dans�un�café�de�son�fief�de�Meur-the-et-Moselle,�elle�a�appelé�les�flics�quand�elle�s’est�aperçu�qu’une�quinzaine�de�personnes�fumaient�à�l’intérieur.�en�jambes,�elle�a�récidivé�deux�jours�plus�tard�sur�rTl�au�sujet�de�l’expulsion�de�la�lycéenne�marocaine�najlae�lhimer�qu’elle�estimait�« plus en sécurité dans son pays ».�au�même�moment,�Sarko�se�disait�« prêt à l’accueillir en France si elle le souhaite ».

Le bestiau de la semainel’allemagne�est�en�deuil.�L’ours�Knut,�star�du�zoo�de�berlin,�va�être�castré�pour�empêcher�le�risque�de�consanguinité�avec�sa�plantureuse�cousine�italienne�gianna.�la�faute�au�vieil�olaf,�grand-père�des�deux�velus.�knut�essayait�de�passer�à�la�casserole�sa�belle�de�sang�latin.�rejeté�par�sa�mère,�l’animal�va�finir�eunuque.�l’ours�tribut�à�payer.

Le père Fouettard de la semainele�président�vénézuélien�Hugo Chavez�n’aime�pas�les�jeux�violents.�depuis�une�semaine,�les�vendeurs�de�jouets�jugés�violents�devront�passer�entre�3�et�5�ans�en�prison.�en�janvier,�hugo�chavez�s’était�fâché�à�cause�d’un�jeu�vidéo�américain�(Mercenaries 2)�dans�lequel�la�mission�était�de�le�liquider.�les�jouets�Superman,�Tarzan�et�barbie�sont�aussi�dans�son�collimateur.�Mais�pas�les�fi-gurines�le�représentant�orné�de�son�bonnet�militaire.�

depuis�trois�mois,�il�n’est�question�que�de�la�pâtée�que�Sarko�and�co�vont�se�prendre� aux� régionales.� et� tout� le�monde�trouve�ça�normal.pourtant,� il�n’est�pas�courant�qu’un�score� s’impose� aussi� longtemps� à�l’avance�:�même�pour�la�qualification�de�l’équipe�de�domenech,�le�suspense�a�duré�jusqu’au�bout�et� il�y�a�même�des� allumés� qui� «�y� croient�»� pour�juillet.� là,�on�en�viendrait�à�penser�que�l’élysée�manœuvre�par�des�son-

dages�péremptoires�pour�que�les�râ-leurs�aillent�aux�pissenlits�plutôt�qu’à�l’isoloir,�en�considérant�que�le�coup�est�joué…c’est�peut-être�le�cas,�puisque�le�mo-narque�va�bousiller� ces� régions�qui�donnaient�des�pions�à� l’adversaire.�Françaises,�Français,�vous�allez�voter�pour�des�sursitaires�;�d’ici�deux�ans,�on�les�remplacera�par�des�vrais�pros�quasiment�désignés�d’office�par�un�mode�de�scrutin�encore�inconnu�dans�nos�institutions,�obtenu�par�croisement�entre�le�berlusconisme,�la�sélection�de�Miss� France� et� le� concours� général�agricole.d’où�ces�surréalistes�images�de�cam-pagne�:�des�têtes�de�liste�uMp,�minis-tres�quelquefois,�bâillant�à�7�heures�du�mat’�sur�un�quai�de�gare�désert�ou�

se�défendant�d’être�des�agents�d’as-surance�lors�d’un�porte-à-porte�labo-rieux�;�des�zombies�roses�sur�les�mar-chés,�taillant�le�bout�de�gras�avec�le�poissonnier,� avec� l’aisance�des� sor-tants�et� l’illusion�d’être�populaires�;�des� gauchistes� enfoulardés� et� des�lepénistes�diaphanes�(leur�objectif,�ces�quelques�sièges-morphine�pour�survi-vre,�est�quasi�garanti).�Sans,�de�temps�en�temps,�un�couinement�de�Xavier�bertrand,�à�qui,�décidément,�ne�man-que�qu’un�nez�rouge,�hamon�n’aurait�rien�à�dire,�et�ce�serait�calme�plat.Si� le�seul�enjeu�du�vote�reste�la�cou-leur�politique�de�l’alsace,�à�quoi�bon�s’exciter�?�Tout�se�passe�comme�si�tout�allait�bien.�Finalement,�Sarko�ne�s’en�sort�pas�mal…�✹ jacqueS�gaillard

coup�de�boule

L es dirigeants européens s’en souviennent avec une cer-taine amertume : lors du

dernier G20, Obama avait été clair. Rien ne doit remettre en question le rôle du dollar comme monnaie mondiale. Certes, que Sarkozy parle à chaque sommet international de monde multimo-nétaire ne perturbe guère les Américains. Néanmoins ce genre de propos les agace. Les Euro-péens avaient besoin d’une petite leçon, la spéculation s’est donc faite pédagogique. Le Grec est plutôt dépensier mais pas plus que les autres. On l’accuse d’être menteur mais le Crétois traîne cette réputation depuis Socrate. En fait, José Luis Zapatero n’a pas hésité à le dire, le déchaîne-ment sur la Grèce est un « com-plot », avec un objectif – humilier l’euro et la Banque centrale euro-péenne –, une stratégie – laisser

les plus cupides organiser la spé-culation –, et des idiots utiles – les ineffables agences de notation ou le Financial  Times qui, de l’Irak à Athènes, soutiennent les intérêts américains. Maintenant que le cas grec est réglé, le dé-chaînement spéculatif pourrait toucher l’Espagne, l’Italie et la France. Cette perspective avait déjà obligé Sarkozy à ramener le grand emprunt de 100 à 35 mil-liards. Et voilà que Bercy clame que pour éviter la défiance de la finance internationale, il faudra surseoir à l’opération. Sarkozy n’en revient pas : Henri Guaino lui avait dit que Keynes était le grand homme du moment ; voilà que ses élans keynésiens vien-nent d’être emportés dans une incompréhensible tourmente qui débouchera après les régionales sur un brutal plan de rigueur ✹ alceSTe

leS�TrophéeS

“ „chantal�jouanno,�sur�bFM�TV,�le�8�mars.�la�candidate�uMp�en�ile-de-France�

critiquait�les�«déclarations machistes»�de�son�rival�jean-paul�huchon.

Les hommes rêvent de voir des femmes faire du catch dans la boue.

euro,�à�qui�le�Tour�?

Mot à Mot

le�Scud

léVy�Tique�Sur�l’aFTer

Apéro

quelques grains de sable

2 bakchich�hebdo�n°15�|�du�SaMedi�13�au�Vendredi�19�MarS�2010

Page 3: Bakchich N°15

Quand les RG fichaient GEORGES FRÊCHEdocument Bakchich s’est procuré une note des Renseignements généraux de trente ans d’âge. Récit des activités pas très catholiques d’un Georges Frêche déjà indiscipliné.

S i la présence de Georges Frêche au sein du Parti socialiste pose problème depuis des années, il est

piquant de constater que son ral-liement au PS il y a plus de 35 ans avait déjà retenu toute l’at-tention des Renseignements gé-néraux.Le document que Bakchich a ex-humé des archives de la Grande maison est une note de synthèse de dix-huit pages intitulée Des gauchistes dans le creuset socia-liste, datée du 8 mars 1977.Pour la droite et Giscard alors aux affaires, l’heure est grave. L’union de la gauche est en passe de remporter les élections légis-latives dans la foulée des munici-pales et la prochaine présiden-tielle s’annonce âprement disputée. Le ministère de l’Inté-rieur (qui est aussi celui des élec-tions) entreprend alors de recen-ser tous les affreux gauchistes qui colonisent le PS. Le but : uti-liser ces informations pour ef-frayer le bourgeois en affichant les états de service de certains

responsables socialistes qui ont « plus ou moins flirté avec divers mouvements extrémistes de gau-che », dixit l’étude.Parmi la quinzaine de responsa-bles du PS ciblés, Frêche Geor-ges, Noël, Louis, né le 9 juillet 1938 à Puylaurens dans le Tarn. Il rejoint les rangs du PS en 1970. En 1977, il est déjà vice-président du Conseil régional du Langue-doc-Rousssillon.Mais ce sont ses « activités extrê-mistes » pas très catholiques qui intéressent les RG. Notamment son passage dès 1965, à Toulouse, comme militant actif de la Fédé-ration des cercles marxistes léni-nistes, un groupuscule maoïste. Un engagement qui conduit le camarade Frêche à la tête du co-mité toulousain des « amitiés France-Chine ». Toujours dans le cadre de cette originale passion chinoise, notre garde rouge est interpellé à l’été 1965 en Suisse alors qu’il tente d’entrer en contact avec des diplomates chinois de l’ambassade de Berne. « À Berne les militants reçoivent des consignes. Frêche a l’honneur d’écrire dans L’Humanité nou-velle, sous le pseudonyme de Geor-ges Lierre » précise Christophe

Bourseiller, auteur de Les Maoïs-tes, la folle histoire des gardes rouges français (éd. Points).Frêche est expulsé de Suisse. Pas de quoi fouetter un chat mais l’itinéraire tranche dans le pay-sage politique français pour cet ancien élève d’HEC, bientôt pro-fesseur émérite de droit romain et futur baron, très indocile, du Parti socialiste.

À noter que nos maoïstes restent somme toute très légitimistes puisqu’à la présidentielle de 1965 ils appellent à voter Charles de Gaulle ! Il faut dire que le Géné-ral et la France comptent parmi les premiers suppôts de l’impé-rialisme à reconnaître, sans ater-moiements, « la Chine de tou-jours » en janvier 1964.Aujourd’hui, Frêche a troqué la Chine de Mao contre Israël. Il affirme qu’il est « l’un des rares au PS à défendre » l’État hébreu. Sans rire ? ✹� Éric Laffitte

« À moins de gestes forts, Val ne se débarrassera jamais du soupçon élyséen qui pèse sur chacune de ses déci-sions », analyse un journaliste vedette de france inter. il faut dire que sa stratégie du statu quo a été entachée de grosses maladresses. La plus belle reste sa sortie sur « l’actionnaire qui n’est pas bien traité ». Sarkozy a apprécié.La journée spéciale Yves Saint Laurent organisée sur l’antenne et patronnée par carla Bruni, une proche de Val, a une fois de plus fait jaser. tout comme le traitement privilégié dont a bénéficié pour la sor-tie de son dernier livre Élisabeth Badinter, une amie du patron. Une certitude, Philippe Val passe peu de temps à la station. « Il semble, explique un journaliste, qu’il aide Carla pour les arrangements de son prochain disque ». Un potin de plus ? La nomination comme directeur de la rédaction de renaud Dély, transfuge de Marianne, pour remplacer Hélène Jouan, mal vue par l’Élysée, a encore alimenté le fameux soupçon ✹ S.P.

«D is donc, Bruno, t’as vu que le patron de Publi-cis, Maurice Lévy, arrive

à la tête de l’Afep cette semaine ? À la tête de quoi ? », rétorque mon beauf. C’est pas ta faute, Bruno, l’Afep, personne connaît. Pour-tant, l’Association française des entreprises privées reste l’organi-sation de lobbying la plus efficace du patronat. Quand le Medef, d’abord porte-parole des PME, s’embourbe dans le « dialogue so-cial », l’Afep occupe un autre cré-

neau. L’association, dont les sta-tuts et les membres du conseil d’administration sont secrets, re-groupe la quasi-totalité du CAC 40 et défend les grandes entrepri-ses. Ses juristes rédigent les amendements aux projets de loi qui indisposent ses adhérents. Et trouvent chez les parlementaires une oreille attentive. Leur der-nière cible : la taxe carbone. Un lobbying si efficace que le Conseil constitutionnel avait finalement retoqué le texte, vidé de sa subs-

tance. Et pourtant, malgré son expertise, l’Afep traverse une crise existentielle. Le vrai parrain du CAC 40, Michel Pébereau, pré-fère jouer perso et la guerre Pro-glio-Lauvergeon se tient ailleurs. L’ennui guetterait les dîners de l’Afep au restaurant Drouant. D’autant que le gouvernement épouse ses intérêts. Le souci, c’est que « l’Afep n’a plus d’ennemis », glisse un de ses experts. Des pro-blèmes de riche, tu dis ? ✹� LUcie DeLaPorte

LE B.a.Ba du LoBBying patronaL

Coutume embêtantefiérote, la préfecture de police de Paris a pris l’habitude de saluer, à chacune de ses parutions, par un communi-qué, les chiffres publiés par l’observa-toire national de la délinquance. Une coutume rompue en février dernier. et seules les mauvaises langues no-teront qu’en février précisément, les statistiques étaient en augmentation sur Paris et l’ile-de-france.

Éric Besson, mariage gris ?Dans un télégramme diplomatique, daté du 27 septembre 2007, que Bak-chich s’est procuré, l’ambassade de france en tunisie s’alarme de la pro-gression de 273 % des mariages fran-co-tunisiens entre 1996 et 2007. Les diplomates soulignent le risque de mariage gris, où « l’intention matri-moniale de  la partie étrangère n’est pas pour le moins avérée ». Dans ces cas sensibles, l’écart d’âge, jusqu’à trente ans et plus, est un signal fort d’un possible mariage arrangé.comme Bakchich l’avait raconté, Éric Besson, qui partage depuis l’été la vie d’une jeune étudiante tunisienne, de trente ans sa cadette, a promis à la belle-famille le mariage en juin. atten-tion, monsieur le Ministre, au risque de mariage gris !

HSBC aux abonnés absentsLa panique fut générale dans le mon-de de la haute finance lorsque le Pari-sien révéla, en décembre dernier, comment un informaticien de la ban-que suisse HSBc, La mecque des tran-sactions internationales discrètes, avait livré au procureur de Nice, Éric de Mongolfier, la mémoire vive de cet établissement. D’après Bercy, cette affaire explosive mettait en cause 3 000 fortunes françaises. Depuis, si-lence radio.est-ce un hasard si la ministre des fi-nances, christine Lagarde, se fait conseiller une fois par mois par quatre économistes, dont l’épouse de Domi-nique Paillet, porte-parole de l’UMP, une certaine Mathilde Lemoine, qui est, à ses heures perdues, l’écono-miste en chef de la HSBc. Un pur ha-sard, forcément.

Le péché de gaudinLe maire de Marseille, Jean-claude Gaudin, a joué un coup fort peu catho-lique à l’association des dames de la Providence. L’Hôtel de Ville a acheté pour trois millions d’euros les 13 000 mètres carrés du jardin des chanterel-les pour créer des espaces sociaux et associatifs. in fine, le bout d’espace vert a été revendu cinq millions d’euros à un opérateur immobilier. Saisi d’une requête en annulation le 3 mars par le PS, le tribunal adminis-tratif de Marseille tranchera. Un péché véniel ou mortel ?

Fric-frac à la Cour de cass’Dans la nuit du 22 février, tous les étages de l’annexe de la cour de cas-sation, 77, boulevard Saint-Germain à Paris, ont été visités. Hélas pour les cambrioleurs, le butin aura été maigre : 75 euros en liquide, un or-dinateur portable et la caisse d’une machine à café. Pauvre justice.

pépy ennuie le Conseil d’ÉtatLe président de la SNcf a sucré la carte de circulation qui permet à cer-tains membres du conseil d’État de prendre le tGV à vil prix. Dans son der-nier rapport, la cour des comptes re-prochait à la SNcf de permettre à 843 217 cheminots, retraités, conjoints, enfants et veufs de voyager quasi à l’œil. Mais, là, pas question pour Guillaume Pépy de remettre en cause un « élément fort du contrat social in-terne » qui aurait risqué « d’alimenter un mouvement social ». À quand une grève des arrêts du conseil d’État ?

Le guide Michelin de l’or grisLe vieillissement de la population est un marché convoité. Un guide de la dépendance notant 8 000 établisse-ments, cosigné par un journaliste de france info, vient de sortir. christophe fernandez, président d’une associa-tion de protection des personnes‚ a aussitôt dézingué l’ouvrage. ce Guide Michelin des maisons de re-traite serait, selon lui, une véritable supercherie. et la création d’une jour-née de la dépendance, dont sont par-tenaires des organismes de retraite et de prévoyance, un attrape-nigaud. Plus grave, certains établissements recommandés font l’objet de signale-ments pour maltraitance. contacté, Patrick Lelong, se dit victime d’une tentative de lynchage. Mieux vaut, dans ce flou artistique, être jeune et bien portant.

Militant actif de la fédération des cercles marxistes léninistes.

VaL, L’ère DU SoUPçoN

L’Éco exPLiqUÉe À MoN BeaUf

a Le 18 mars 1977, les renseignements généraux qualifiaient le miilitant maoïste Georges frêche d’«extrêmiste».

DU SaMeDi 13 aU VeNDreDi 19 MarS 2010 | BakcHicH HeBDo N°15 3

Apéro

Page 4: Bakchich N°15

En Conseil des ministres cette semaine, Nicolas Sarkozy a tenté de rassurer les ministres candi-dats dont il sait qu’ils vont pren-dre une raclée aux régionales : « Ne vous inquié-tez pas. Continuez à vous battre comme des fous et si vous vous êtes bien battu, je ne serai pas ingrat avec vous, je ne vous jetterai pas du gouvernement comme des malpropres. Si vous faites votre boulot de candi-dat, je saurai en tenir compte. » C’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !

biENtôt dES mobilES la poStE

l’espagne au bord de la Crise de maires

L es économistes de tous poils y perdent leur latin. Com-ment expliquer la crise im-

mobilière sans précédent qui frappe l’Espagne ? La clé de l’énigme réside sans doute dans les enquêtes à la chaîne qui vi-sent un millier de maires et d’élus locaux pour corruption et trafic d’influence. Depuis cinq ans, ils ont accordé des permis de construire à des nuées de promo-teurs. Résultat : un stock colossal d’appartements invendus.Même si le scandale ne fait pas grand bruit chez nous, la lutte contre la corruption des élus lo-caux a commencé en juin 2008 avec l’interpellation spectacu-

laire du maire d’Estepona, Anto-nio Barrientos. Depuis, la télé espagnole diffuse quasi quoti-diennement des scènes d’arresta-tion et le cancer du trafic d’in-fluence a gagné tout le pays, comme à Boadilla del Monte. La petite ville est passée à la posté-rité grâce à son ancien maire, contraint de démissionner au début de l’année. Arturo Gonza-lez Panero est soupçonné d’être l’un des animateurs d’un puis-sant réseau de trafic d’influence qui s’étend de Madrid à Valence, jusqu’à la Costa del Sol.Un tribunal madrilène vient de saisir plusieurs millions d’euros dont il a bien du mal à expliquer la provenance. Ce sont, semble-t-il, les confidences d’une employée d’un traiteur qui organisait les réceptions privées d’Arturo qui auraient mis la puce à l’oreille des autorités espagnoles : « L’ar-gent coulait à flot ;  ça se voyait aux tableaux, aux statues, quant à la bouffe, je ne vous dis pas… L’ordinaire, c’était caviar et cham-pagne… Dans la ville, c’était un secret  de  Polichinelle ;  la  seule chose qu’on ignorait c’était l’am-pleur du phénomène… »Boadilla del Monte n’est qu’une des nombreuses municipalités touchées par le scandale. D’après le ministère de l’Intérieur, près

d’un millier de responsables lo-caux ont été arrêtés ces cinq der-nières années et font l’objet d’en-quêtes pour corruption. Selon des sources concordantes, plus de 3 milliards d’euros ont été sai-sis : du cash surtout, mais aussi des objets d’art, des voitures de luxe et même des droits sur des reproducteurs de taureaux de corrida !

À Valence, les politiques propo-saient des autorisations d’orga-nisation d’événements d’enver-gure internationale y compris, semble-t-il, la visite dans la ville du pape Benoît XVI en 2006. La société qui a retransmis la messe du Saint-père aurait détourné plus de 2 millions d’euros, selon le quotidien El Pais.Les grands partis politiques com-mencent tout juste à prendre la mesure du problème. Les socia-listes au pouvoir et les conserva-teurs ont prévu de faire voter au printemps une loi modifiant l’administration municipale, ren-forçant ainsi les contrôles ✹� WoodWard Et NEWtoN sarko mi-Fig mi-raison

C’est finalement ce samedi, dans le Figaro Magazine, que le président a décidé de ne pas s’impliquer dans la campagne des régionales. dans l’air-bus présidentiel qui l’emmenait en Haïti, le 17 février, Sarkozy, entouré de patrons de presse, avait précisé le cadre de cette intervention. Sans doute inquiet de se faire voler l’exclu par denis olivennes, patron de l’Obs, alexis brézet, journaliste au Fig Mag a joué l’entremetteur. tout ça pour une interview où il n’est même pas question de remaniement.

Juppé juge sarkozy…« Sarkozy a un problème de person-ne. L’électorat de droite ne va pas voter contre lui à cause de sa politi-que, mais de sa personne. » C’est alain Juppé, maire de bordeaux, qui tient ces propos aimables. Et ajoute qu’il rencontre chaque jour « des gens qui ont voté pour Sarkozy en 2007 mais qui ne recommenceront jamais ». Juppé a de drôles de fré-quentations.

… et Fillonde Juppé toujours, mais cette fois sur François Fillon : « Il bénéficie de l’effet de contraste avec Sarkozy. Sans Sarkozy, il paraîtrait fade ».

bertrand attaque malgornXavier bertrand n’aime pas berna-dette malgorn, tête de liste Ump en bretagne: « Ce n’est pas une bonne candidate », tranche celui qui aurait préféré le député villepiniste Jacques le Guen. mais le Guen n’avait pas envie d’y aller. Et l’Élysée préférait malgorn. tout ça pour finalement perdre.

bertrand (suite)« L’UMP, ça n’a rien à voir avec le RPR, qui bouffait tout », dit le même bertrand. mais à la grande époque, les deux partis concurrents de la droite et du centre, rpr et UdF, réa-lisaient à eux deux autour de 40%, même les mauvaises années. À com-parer avec le score de l’Ump diman-che soir.

bertrand (fin)«Moi, mon truc, c’est de prendre le travail le plus dur et de réussir.» Qui parle? Sarkozy? Non, bertrand.

une liste peau de chagrinl’Ump a revu ses ambitions à la baisse pour les régionales. il y a six mois, elle visait la Champagne-ar-denne, la Franche-Comté et la basse-Normandie, avec un secret espoir pour l’ile-de-France. puis ses respon-sables ont ajouté le Centre et les pays de la loire. a une semaine du scrutin, ils prévoyaient « la Franche-Comté, si tout va bien… » et trem-blaient pour l’alsace, entre deux sondages contradictoires.

le maire, zorro agricoleministre de l’agriculture et candidat Ump en Haute-Normandie, bruno le maire, qui a accompagné Jacques Chirac dans les allées du Salon de l’agriculture le 5 mars, règle ses comptes avec le passé. il se flatte notamment d’avoir « plus réorga-nisé l’agriculture en six mois que depuis trente ans ». Chirac appré-ciera.

delanoë s’accrochel’interview que bertrand delanoë a accordée au Parisien (9 mars) a fait beaucoup jaser dans les couloirs de l’Hôtel de Ville. le maire assure que l’heure de sa succession n’est pas venue. Est-il seulement agacé par la notoriété croissante de sa première adjointe anne Hidalgo, ou envisage-t-il un troisième mandat, malgré sa promesse ? on tremble.

Qui a déclaré, dans une interview « depuis l’au-delà » :

« Ma mort était accidentelle. Ce jour-là, j’ai brûlé. »

A. Jeanne d’arc B. ayrton Senna C. Fidel Castro D. Claude François

Réponse D. avec l’aide d’un médium, France Diman-che a prétendu communiquer « en exclusivité »

avec le chanteur, décédé le 11 mars 1978.

Footage de gueule le député Ump François-michel Gonnot crie haro sur le baudet, il veut « la tête de Raymond Domenech ». pour le soutenir dans son courageux combat, les Cahiersdu-football.net lui ont adressé un message de soutien pu-blié sur son blog. « La postérité vous donnera raison, comme, jadis, Gandhi face à l’oppresseur anglais ». Fa-tale flatterie…

le paco rabanne du net« The Internet ? Bah ! » le 27 février 1995, après dix ans d’études sur le Web, l’écrivain Clifford Stoll était catégo-rique : internet ne marchera jamais ! l’article paru dans Newsweek comportait quelques perles : « Le directeur du MIT prédit que nous allons bientôt acheter des livres et lire des journaux sur Internet. Euh, bien sûr ! » le vi-sionnaire était loin d’imaginer que son texte serait dé-terré quinze ans plus tard (http://minu.me/1u25).

les ploucs de Facebook« Si toi ossi t’coné ou a conu 1 amour ke ts lé mo du mon2 ne sufiron a Dcrir » des fautes qui piquent les yeux, l’in-timité étalée… on est bien sur Facebook. ou plutôt sur Stupidbook.fr, un site beaucoup plus rigolo qui invite à publier par capture les prouesses linguistiques de ses amis sur le réseau social. Et d’en évaluer « le degré de stupidité ». mention spéciale au groupe « Si toi aussi tu as fais caca sur tes rideaux », qui compte deux fans.

robin des banquesUn hacker anglais a piraté et volé plus de 7 millions de documents confidentiels aux banques de lettonie. but de la manœuvre : prouver que les salaires des grands patrons et les bonus aux traders n’ont pas baissé d’un kopek alors que des aides d’État leur avaient été accordées au plus fort de la crise. avec ses 23 % de chômeurs, ce peuple balte attend de connaître l’identité de son nouveau héros, appelé « Neo ».

bab’ El WEb

iNtErNatioNal

« l’argent coulait à flot. l’ordinaire, c’était caviaret champagne. »

SARkozy et SeS pRomeSSeS

4 bakCHiCH HEbdo N°15 | dU SamEdi 13 aU VENdrEdi 19 marS 2010

Apéro

Page 5: Bakchich N°15

urbanisme Le grand magasin parisien, fermé en 2005 par son propriétaire LVMH, dévoilera sa nouvelle physionomie à partir de 2011. Outre sa reconversion au luxe et aux affaires, l’ensemble sera plus vaste, grâce au rehaussement de deux bâtiments. En dépit des réglementations.

Pour « sa » Samari-t a i n e v e r s i o n XXIe siècle, l’empire LVMH voit grand… ou plutôt haut. Lors-qu’en juin 2005,

l’empire du luxe de Bernard Ar-nault ferme brusquement la Sa-maritaine pour non-respect des normes incendie, les 1 500 em-ployés encaissent le choc. Encore aujourd’hui, le site Internet de LVMH explique que « Le magasin est  fermé  pour travaux de mise en  sécurité  de longue durée ».Serait-ce pour de basses rai-sons financières que la direction a soudain pris à bras-le-corps un problème connu depuis des lustres ? En effet, le prestigieux site accumulait les pertes : entre 5 et 10 millions d’euros par an. De là à penser que le coulage en règle de la Sa-maritaine a servi à lancer un projet autrement plus lucratif… Lors de la fermeture, des repré-sentants de salariés avaient même accusé LVMH de vouloir réaliser une juteuse opération financière. Quel mauvais esprit ! En vérité, il s’agit bien d’une re-

conversion de la Samaritaine : le nouveau complexe se répartira entre un centre d’affaires, un hô-tel de luxe, un centre commercial et des logements sociaux (voir encadré).Alors que l’enquête d’utilité pu-blique diligentée par le tribunal administratif vient d’être bou-clée, on trouve toujours tout à la Samaritaine. Notamment un dos-sier de « révision  simplifiée  du plan local d’urbanisme [PLU] » de

cet ambitieux projet de 67 000 mètres carrés. La noblesse des desseins est louable : « revi-taliser  le  tissu 

économique du quartier », « pro-mouvoir la diversité sociale et gé-nérationnelle »… Un petit tour sur le portail de la Ville de Paris modifie cette généreuse perspec-tive. À la rubrique urbanisme, le plan des hauteurs atteste que dans le quartier, sauf dérogation, la hauteur maximale des bâti-ments atteint 25 mètres. Il s’agit de respecter le principe des « fu-seaux de protection des sites » qui permet, par exemple, d’aper-cevoir l’Hôtel de Ville depuis l’Arc de Triomphe. Or, achevé en 1930, l’immeuble de la Samari-taine, côté rue de Rivoli, culmine déjà à 31 mètres. Mieux, celui en front de Seine avoisine les 38 mè-tres ! Le rapport de l’enquête pu-blique suggère donc « d’adapter les bâtiments », en relevant « la hauteur  autorisée  sur  les  îlots concernés à un niveau représen-tant la hauteur moyenne du bâti existant ». Autrement dit, dépas-ser de sept mètres les vingt-cinq mètres autorisés, en adaptant le PLU par le jeu d’une dérogation. Simple comme un bakchich déli-catement glissé sous une table de mairie !Au cours de la dernière perma-nence de l’enquête, qui s’est te-nue fin février dans une ambian-ce de suspicion, certains riverains ont clairement dénoncé un deal entre la Ville de Paris et LVMH : l’augmentation de la sur-face grâce au rehaussement de

plusieurs façades de la Samari-taine contre le renforcement du tissu économique et social du quartier. Un participant a même été expulsé de la salle par la com-missaire de l’enquête. Une rive-raine s’est indignée du deux poids deux mesures : « J’habite en  face  de  la  Samaritaine,  au quatrième étage. J’ai voulu faire édifier une terrasse sur le toit, in-visible depuis  la rue de Rivoli : refusé. Mais LVMH, lui, peut su-rélever ! » Un riverain de la rue Baillet s’est inquiété : les travaux pourraient fragiliser son immeu-ble récemment rénové. LVMH aurait racheté plusieurs appar-tements de cette rue enclavée entre les bâtiments de la Sama-ritaine. Pour faire de l’entrisme dans les copropriétés ? L’associa-tion citoyenne Accomplir a contre-attaqué en réalisant un mémento très instructif, « Ce que cache le projet de la Samaritai-ne » (http://minu.me/1sgd). Questionné sur toutes ces récri-minations, le groupe de luxe n’a pas souhaité répondre à Bak-chich. Sans doute pour prendre de la hauteur sur ces basses spé-culations. Retoqué par la Ville en 2008, le projet de LVMH pour la Samari-taine emporte l’assentiment de l’administration parisienne lors de sa présentation en avril 2009. Toutefois, ce n’est qu’au quatriè-me trimestre 2010 que les plans définitifs seront connus ; les tra-vaux doivent débuter courant

2011 pour s’achever en 2013. Cer-tains voient dans le dévoilement actuel du projet une manœuvre dilatoire : LVMH abat ses cartes en sachant qu’il ne reste plus as-sez de temps pour un recours qui pourrait le contraindre à modifier son plan.Le 7 décembre 2009, une concertation a eu lieu « en vue du devenir de la Samari-taine » : Philippe de Beauvoir, directeur de la Samaritaine et une cadre de LVMH, Marie-Line Antonoz, ont souhaité que le pro-

jet recueille l’assentiment des riverains avec visites du site, bâ-che d’information rue de Rivoli et création d’une Maison du Pro-jet. Pour l’instant, ces heureuses

initiatives n’ont pas vu le jour. Rien à voir avec le conflit d’inté-rêt possible qu’induit la po-sition d’un ca-

dre de LVMH : Christophe Girard, directeur de la stratégie de la di-vision mode de LVMH, est égale-ment maire adjoint chargé de la culture à la mairie de Paris ✹� françois�nénin

du�samedi�13�au�vendredi�19�mars�2010�|�Bakchich�heBdo�n°15 5

dans�ce�quartier�protégé,�impossible�de�dépasser��25�mètres.�Pas�pour�Lvmh.

Filouteries

vitrine,�dans�tous�les�sens�du�terme,�du�Paris�architectural�flamboyant,�la�samaritaine�a�connu�bien�des�évolu-tions,�depuis�le�commerce�installé�en�1870�par�ernest�cognacq�et�sa�femme�marie-Louise�Jay�dans� l’arrière-salle�d’un�café.�Très�vite,�le�couple�achète�le�bâtiment�d’en�face�et�ouvre�les�Grands�magasins�de�la�samaritaine�–�et�par-vient,�au�passage,�à�imposer�le�travail�du�dimanche�à�ses�employés.�Pendant� trente� ans,� les� architectes�frantz�Jourdain�et�henri�sauvage�amé-

nagent,�construisent�et�embellissent�un�ensemble�qui�finit�par�compter�quatre�immeubles,�dont�deux�classés�aux�mo-numents�historiques.�La�structure�en�acier�et�la�décoration�extérieure�type�art�nouveau�du�bâtiment�de�Jourdain�–�le�magasin�2�–�marquent�le�quartier.�il� sera� prolongé� par� sauvage,� à� la�mode�art�déco.�avec�48�000�mètres�carrés,�la�samaritaine�devient�le�plus�grand�des�grands�magasins�parisiens.après� l’avoir� achetée�en�2001�puis�fermée�en�2005,�Lvmh�entend�livrer�

en�2013�une�samaritaine�new-look.�La�surface,�augmentée�par�le�rehausse-ment�de�deux�des�quatre�bâtiments,�sera�de�67�000�mètres�carrés,�dont�24�000�pour�le�commerce�et�21�000�pour� des� bureaux.� Plus,� business�oblige,�14�500�mètres�carrés�pour�un�hôtel�de�luxe�et�son�centre�de�confé-rences.�dans�cet�étalage�approuvé�par�la�ville,�la�« grande »�nouveauté�reste�la�création�de�logements�sociaux�(sur�7�000�mètres�carrés)�et�d’une�crèche�de�soixante�places�✹ f.n.

LVMH prend la Samaritaine de Haut

De grand magasin à grand fourre-tout du luxe

Les�riverains�dénoncent�le�deux�poids�deux�mesures�qui�prévaut�dans�ce�dossier.

Page 6: Bakchich N°15

«U ne élection ? Quelle élec-tion ? Frêche a gagné et c’est tant mieux pour la

région ! De toute façon, en face, il n’a que des pitres. » Prononcée par le député UMP Jean-Pierre Grand, la phrase a de quoi sur-prendre. Le maire de Béziers et candidat UMP, Raymond Cou-derc, qu’il soutient officiellement, appréciera.Certes, Grand est un villepiniste en délicatesse avec l’appareil sarkozyste. Mais, en Languedoc-Roussillon, il est loin d’être le seul, à droite, à pencher pour Frêche. Et à ne pas trop s’en ca-cher. « Avec lui, les grands dos-siers se décident en un quart d’heure. Quand les idées sont bon-nes », explique-t-il, étonné qu’on s’étonne.

l’ami jojoDans l’agglomération de Mont-pellier, Jean-Luc Meissonnier, le maire UMP de Baillargues, 6 000 âmes, fait lui aussi pratiquement campagne pour « Jojo ». « Vous avez toujours été présent sur les projets structurants de Baillar-gues. Je suis sûr qu’un grand nombre de Baillarguois s’en sou-viendra au moment de renouveler

son soutien au président de ré-gion », lançait-il à Frêche lors-que ce dernier présentait son projet de pôle multimodal, le 19 février dernier. De fait, Meis-sonnier n’a pas été trop mal loti par le président de région sor-tant, qui lui a promis une gare TER, le tramway mais aussi une base de loisirs. Idem pour le maire divers droite de Beaucai-re, Jacques Bourbousson : le jour où Frêche en campagne arrive avec un gros chèque pour des travaux sur la digue du Museoir, il confie aux journalistes pré-sents qu’il votera pour lui au second tour. Sans état d’âme. Tout comme Henri Martin, l’édi-le de Port-la-Nouvelle, lui aussi bien servi par l’ami Frêche.Clientélisme ? « Nos adversaires disent cela parce qu’ils n’ont vrai-ment rien d’autre à dire », rétor-que Jean-Pierre Grand. Mais de quels adversaires parle-t-il au juste ? À gauche ? À l’UMP ? On s’y perd.Au sujet de ceux qui, dans ses propres rangs, « militent » pour Frêche, Couderc le candidat UMP assure qu’il ne s’agit que de quel-ques individus égarés et pas d’une tendance de fond. Pas de

panique, donc. « Je m’en bats les flancs. Il y a ceux qui en ont et les autres… prêts à se vendre pour un plat de lentilles », finit-il par s’em-porter.

clin d’œilN’empêche qu’au-delà du simple clientélisme, Frêche sait parler à l’électorat de droite. Le patro-nat local, par exemple, est loin de lui être défavorable, le BTP en tête. À l’extrême, les électeurs

frontistes applaudissent ses dé-rapages et se rallient à la victi-me du système parisien bien-pensant. Au point que certains n’hésitent pas à interpréter sa sortie « pas très catholique » comme un clin d’œil calculé à leur endroit.Si Georges Frêche voit son hori-zon s’obscurcir à gauche, il pour-ra toujours se consoler avec ses nouveaux émules ✹� Lucie DeLaporte

Clic-clac ! La nouvelle photo du paysage politique français est dans la boîte. Non que les élec-teurs déclarent leur passion pour un scrutin dont ils persis-tent à difficilement mesurer

l’enjeu : mal identifiées, les vingt-six régions de la métropole et de l’outre-mer, pourtant en charge du développement économique, de l’aménagement du territoire, des transports et des lycées, souffrent traditionnellement d’un déficit de mobilisation. Mais ce dernier scrutin global avant la pré-sidentielle de 2012 vaut avant tout révision générale pour des leaders politiques en mal de positionnement.Le second tour révélera la couleur dominante de l’Hexagone : entièrement rose, comme le re-vendique Martine Aubry qui aimerait bien prendre à la droite l’Alsace et la Corse ; piqué de bleu, comme le rêve Xavier Bertrand, ou de vert, comme l’espère Cécile Duflot ? Deux couleurs devraient faire pâle figure si ce n’est s’effacer du cadre, à moins d’alliances de se-cond tour : l’orange Bayrou et le rouge Mélen-chon-Buffet.Au jeu du qui triomphe – qui émerge, qui s’enfonce, qui disparaît ? –, certains ont veillé à prendre une longueur d’avance, et ont pro-

fité – candidat ou pas – de la tribune pour se faire voir des Français. François Fillon a par-couru la France, de meeting en meeting, me-surant une popularité que lui envie Nicolas Sarkozy. Le chef du gouvernement a pris tel-lement goût à ses escapades électorales qu’il se verrait bien poursuivre jusqu’à l’Élysée… Si toutefois le Président sortant décidait de baisser les bras en 2012 et à condition de se faire virer après les régionales. Car personne, sous la Ve République, n’a jamais quitté Ma-tignon pour s’installer directement à l’Élysée.

Et puis qui mettre à la place du docile Fillon, cet avaleur de boas invétéré ? Il n’y a guère de rechange, même si Sarkozy menace le gouver-nement d’un vaste remanie-ment en cas de Bérézina

pour l’UMP. Vous avez dit scrutin local ? !Avec un grand chelem pour le PS, Martine Aubry, conforterait son autorité de première secrétaire du parti socialiste en même temps qu’elle renforcerait sa position sur la ligne de départ des primaires à gauche. Une place que lui dispute déjà François Hollande, tout comme Jean-Luc Mélenchon, qui s’est égale-ment offert un joli tour de France en forme de tour de piste pré-présidentiel.Grand perdant désigné avant même l’issue des élections : François Bayrou. En l’espace

de quelque deux années, il aura tout perdu pour cause de monomanie élyséenne. Ségo-lène Royal serait dans le même cas si elle n’était candidate en Poitou-Charentes, terre sur laquelle elle s’était retirée avant même la tempête. Son score déterminera son retour à Paris, avec ou sans fanfare. Reste l’outsider, Dominique de Villepin qui, au salon de l’agri-culture, a battu tous les records et s’est em-piffré à tous les stands – plus fort que Chirac avec neuf heures au compteur.Le grand vainqueur du vote risque d’être l’abstention, dans un scrutin marqué par l’absence d’enjeux perçus comme décisifs et par la personnalité peu charismatique de beaucoup de présidents de région. Bakchich a décidé de s’intéresser au profil sans relief de nombreux candidats à cette élection dé-valuée. Les tocards sont de retour : fraîche-ment parachutés, totalement opportunistes, radicalement beaufs, franchement allumés, vraiment bandits, sacrément cumulards ou naturellement fils à papa. Les régionales, des élections pour les nuls ? ✹� FLorence MuraccioLe

Les candidats ringardsURnE mollE Alors que les électeurs choisissent, dans un climat d’indifférence préoccupant, leurs représentants aux vingt-six régions, florilège, en sept familles, de candidats peu engageants. Les meilleurs des pires.

6 Bakchich heBDo n°15 | Du saMeDi 13 au venDreDi 19 Mars 2010

Des files de fils deaqUitainE • Marie Bové (europe Écologie), fille de José. BREtagnE • François Guéant (uMp), fils de claude, secrétaire général de l’Élysée. coRsE • paul Giacobbi (apparenté ps), fils de François, petit-fils de paul Joseph Marie, arrière-petit-fils de Marius, élus. • Émile Zuccarelli (ra-dical de gauche), fils de Jean, député de 1962 à 1986. • camille de rocca serra (uMp), fils de Jean-paul, 47 ans maire de porto-vecchio. gUadEloUpE • Marie-Luce penchard (uMp), fille de Lucette Michaux-chevry, sénatrice et ministre. ilE-dE-FRancE • Marion Maréchal-Le pen (Fn), petite-fille Jean-Marie. • axel poniatowski (uMp), fils de Michel (ministre de l’intérieur giscardien). • pierre Laurent (Front de Gauche), fils de paul, député pc. langUEdoc • France Jamet (Fn), fille d’alain, cofondateur du Fn. noRd • valérie Létard (uMp), fille de Francis Decourrière, ancien député européen et actuel président du valenciennes Football club. • Yann capet (ps), fils d’andré, député. • Delphine Bataille (ps), fille de christian, député. paca• christophe Masse (ps), fils de Marius, député de 1981 à 2002, petits-fils de Jean, deputé.poitoU-chaREntEs • veronique abelin (nouveau centre), fille du deputé-maire Jean-pierre.

Best of beaufs• rené anger, directeur de cabinet de claude Gewerc, président ps picard, au sujet de caroline cayeux, tête de liste uMp : « C’est une nana de droite réac, sourire Colgate, méthodes de voyous, grosse fortune. Ces gens-là n’aiment pas les pédés. »• cette même caroline cayeux : « Oui, nous ferons tout pour que l’emploi diminue. »• philippe Briand, maire uMp de saint-cyr-sur-Loire (37), à propos des socialistes : « On va tous les niquer ».• Jean-pierre olivier, candidat carcas-sonnnais uMp non retenu : « C’est pas une liste, c’est du pétassage ! »• Frédéric Lefebvre : « Voter FN revient à voter socialiste ».• philippe Lavaud (ps) : les Jeunes pop’, ce sont les « jeunesses hiltérien-nes ».• Daniel cohn-Bendit : les candidats MoDem sont des « déchets nu-cléaires », et « le fréchisme c’est du Mussolini ».• naima chaira, candidate ps en ile-de-France, à Éric besson, à propos d’un dîner organisé au ministère de l’immigration : « J’ai trop peur qu’un charter m’attende à la sortie. »• Les militants uMp du Jura, dans une lettre à alain Joyandet dénonçant la constitution des listes : « La prochaine fois, convoquez les comités et appellez le “dîner de cons” ».

dEs oppoRtUnistEs d’amoUR Et dE FRêchE

Les articles sur la campagne des régionales dans notre page dédiée: http://minu.me/1tjt

www.bakchich.info

Éric Besson et ses bessonnettestrois drôles de dames. Membres des progressistes, le club d’Éric Besson, elles sont passées, comme leur mentor, du ps à l’uMp. Besson a négocié des places en position éligible pour deux strauss-kahniennes : véronique Bensaid, neuvième à paris, et Linda uzan, élue ps à sarcelles, au sixième rang dans le val d’oise. Quant à anne-sophie taszarek, 23 ans, ex-secrétaire des jeunes socialistes du pas-de-calais, elle est passée sur la liste de valérie Létard.

Filouteries

Martine, Dominique et consorts font leur tour de piste pour 2012.

Figurer sur une liste en position éligible ressemble parfois à une grande braderie où le retournement de veste est vital. au marché de l’opportunisme : un chèque de 4 500 euros, tarif demandé par nicolas pompigne-mognard pour figurer sur la liste Ump du tarn-et-garonne ; un chef de fil de la droite valoisienne vendéenne, stéphane Frimaudeau, réfugié en terre socialiste ; une strauss-kahnienne, nadine peris, harponnée par le modem en paca… sans compter ces élus de droite qui appellent sans détour à voter georges Frêche.

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du samedi 13 au vendredi 19 mars 2010 | Bakchich heBdo n°15 7

des régionazes

A l’ombre des urnes en fleurs, de la Provence à la Corse, on attend moins le deuxième tour du scrutin que le 22 mars, son lendemain.

« On risque d’avoir un lundi  festif, s’amuse une huile politique marseillaise. La trêve judiciaire va toucher à sa fin. » Depuis près d’un an, les dossiers s’empilent sur le bureau des juges de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille.

vauzelle viséAinsi persiste une enquête fort gênante pour la majorité socialiste sortante et le président de ré-gion, Michel Vauzelle : le scandale des subventions détournées du conseil régional. Des centaines de milliers d’euros soustraits des caisses vers de faus-ses associations, voilà qui est un brin gênant pour l’ancien et éphémère garde des Sceaux de Pierre Bérégovoy. Ses deux plus proches collaborateurs se trouvent encore mis en examen, bien qu’exfiltrés vers d’autres cieux. Directeur général des services, Jules Nyssen œuvre aux côtés d’Hélène Mandroux, maire de Montpellier, quand Franck Dumonteil est devenu directeur de cabinet d’Eugène Caselli, pré-sident de la Communauté urbaine de Marseille également ciblée par dame justice pour ses appels d’offres… Une bouillabaisse que la tête de liste Vau-zelle a arrangée en rencontrant le procureur, en juillet 2009, bien avant les élections, histoire, com-me l’avait raconté Bakchich.info, de prendre la température ; puis en nettoyant les listes de noms trop liés aux affaires. Seule lointaine rescapée, Na-dia Boulainseur, la cousine de l’ancienne vice-pré-sidente du conseil Samia Ghali, laquelle est ma-dame Dumonteil à la ville.

bonne mèreUn nettoyage comme un slogan de campagne. La tête de liste UMP Thierry Mariani a exigé de ses ouailles un casier judiciaire aussi vierge que la Bonne Mère. Mis en examen pour corruption pas-sive, et libéré après quatre-vingt jours de cabane, le maire de Beausoleil (près de Nice), Gérard Spi-

nelli, n’a pas vu sa candidature retenue. Et crie au coup monté par Estrosi, le maire nissart. Initiale-ment troisième sur la liste des Bouches-du-Rhône, l’édile de Tarascon, Charles Fabre, lesté de deux gardes à vue et de l’inconfortable statut de témoin assisté pour une embrouille sur la réfection du pa-lais de justice a été gentiment éjecté. « Il paie pour d’autres », compatissent les hiérarques socialistes. Remplacé au pied levé par le maire adjoint d’Aix-en-Provence, Jean Chorro, dont les flics ont eu tout loisir de déguster les conversations avec Paul Lan-tiéri, ex-patron du cercle de jeux Concorde à Paris, en cavale depuis bientôt deux ans. Au moins les nationalistes de l’île de Beauté jouent-ils cartes sur table judiciaire. Derrière l’héritier Gilles Simeoni, tête de l’une des deux listes natio-nalistes, pointe Jean-Christophe Angelini. Mis en examen pour avoir essayé de refiler un faux passe-port à Antoine Nivaggioni, époux de sa colistière Nadine Nivaggioni, poursuivi pour détournement de fonds. Des natios à visage découvert, chapeau et cagoule bas ! ✹� xavier monnier

Jacques Cheminade, chemin (mal)faisantaussi familier des isoloirs que du box des accusés, Jacques cheminade va de campagne électorale en polémique et procès. depuis plus de trente ans. auréolé d’un 0,27 % à la présidentielle de 1995, son courant solidarité et progrès présente aujourd’hui une liste en Bretagne. sauf que, depuis 2006, le Trésor public lui réclame 171 525,46 euros, contre l’avance consentie par l’etat pour l’élection de 1995. sans parler de sa condam-nation à quinze mois avec sursis en 1992. il avait profité d’une malade d’alzheimer, qu’il avait encouragée à faire don de 1 197 000 francs (environ 180 000 euros) au Poe. ces casseroles nourrissent son obstination politique. absent en 2007, faute des 500 signatures de maires et à cause de tracas financiers, il se pose à présent « en miracle économique breton ». une réponse de normand.

L orraine, morne plaine. Trei-ze listes aux régionales. Trois de plus qu’en 2004. Un

record. Et deux grenouilles poli-tiques qui se veulent aussi gros-ses que le bœuf Jean-Pierre Mas-seret, président PS sortant. À défaut de local de campagne, les « outsiders » reçoivent dans un café de Nancy, près de la gare. L’un, Patrice Lefeuvre, défend les retraités et les seniors. L’autre, Victor Villa, est un stakhanovis-te du suffrage universel et des volte-face politiques : 44 ans, dont vingt-deux à essayer d’exister localement. Soit, avant ces régio-nales, deux législatives, deux cantonales et la municipale de 2008. Sous des couleurs qui va-rient du bleu ciel de l’UDF au blanc vendéen du MPF de Phi-lippe De Villiers avant de rejoin-dre le rose socialiste de Rombas (57) dont il est l’actuel maire ad-joint. Il se présente sans étiquet-te, faute de mieux. « J’ai contacté le  Nouveau  Centre,  le  MoDem, mais  ils  ne  m’ont  pas  voulu », avoue-t-il sans la moindre gêne. « Il a même essayé d’intégrer notre liste à la dernière minute », ba-

lance son compère défenseur du troisième âge. Les frais de cam-pagne n’étant pas remboursés aux candidats en cas de score in-férieur à 5%, le têtu des urnes a dû emprunter 8 000 euros pour que son bulletin soit présent dans un quart des bureaux de vote. Sacrifice que le seigneur des se-niors n’a pu consentir avec les 2 000 euros de dons. Il faut donc télécharger son bulletin de vote sur son site Internet et l’impri-mer soi-même.

objectif… 2 %Leur campagne ? Occuper les mé-dias et arpenter quelques mar-chés. Sans la tête de liste des Vos-ges de Villa, en Angleterre pour ses études. Ils l’assurent, cette élection n’est qu’un ballon d’es-sai. Objectif, dépasser 2 %. « C’est une  sorte  de  référendum  pour nous », assure Lefeuvre. Leur am-bition ne s’arrête pas là : « On vise la présidentielle et les législa-tives ». En attendant, ils pensent à leur unique débat télévisé sur France 3 Lorraine. C’est mainte-nant ou jamais ✹� louis caBanes

V oilà vingt ans que Ségolène Royal a été parachutée en Poitou-Charentes. La prati-

que, vieille comme le suffrage universel, continue de charrier son lot de crânes d’œufs en mal de légitimité électorale. Les ap-pelés pour la bataille de 2010 sont au garde-à-vous régional. À l’Élysée, ce sont Sophie Dion, Sybille Veil et Franck Louvrier qui ont été tirés du chapeau de Sarko. Respectivement conseillers aux sports, au social et à la pres-se, et priés de briller sur les listes de Haute-Savoie, de Paris et des Pays de la Loire. François Fillon, itou, a ses petits protégés de ca-binet envoyés au front. Gilles Dufeigneux, dernier Mohican du Morbihan et Vincent Chriqui, jeune liseron sur liste iséroise. Les ministères fournissent eux

aussi le contingent en conscrits. Une dizaine de drilles prêts à bouter le feu aux quatre coins des terres socialistes. Comme Guillaume Larrivé, aux ordres d’Hortefeux, Franck Supplisson de l’équipe d’Éric Besson ou Ma-rie-Claire Daveu, conseillère de Nathalie Kosciusko-Morizet. Lâ-chés dans l’Yonne, le Loiret et à Paris. Quelques marmousets de l’UMP ont la chance de se faire les dents, chacun sous le regard bienveillant de son père politi-que. Enguerrand Delannoy dans la Vienne, biberonné au lait Raf-farin. Quentin Bardet, assistant parlementaire de Xavier Ber-trand, dans son fief de Picardie. Qui a également imposé le prési-dent des Jeunes Pop’ en Ile-de-France, Benjamin Lancar. Nous voilà rassurés ✹�l. c.

Des banDits éjectés Du suD-est

les allumés De lorraine

plus que jamais cumularDs

Filouteries

a le cumul des mandats est limité, pas celui des candidatures. certains tentent le tiercé (le Ps alain rousset en aquitaine: législatives, municipales et régionales), d’autres le quarté (l’umP christophe Béchu en Pays de la loire: municipales, cantonales, européennes et régionales).

rafales De parachutés

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Pécresse en détresse

I l y a deux semaines, lors d’un déjeuner avec un journaliste, Valérie Pécresse était au bord

des larmes. Sur le thème qu’il est terrible d’être une femme donnée perdante par les sondages et at-taquée par tous : Huchon bien sûr, Stéphane Guillon et Guy Car-lier, mais aussi l’Élysée, ses pro-pres colistiers, et le noyau dur de l’UMP. Sans parler du site Internet Les in-discrets, dont l’actionnaire principal, David-Xavier Weiss, n’est autre que le plus proche col-laborateur de Roger Karoutchi, président sortant du groupe UMP au conseil régional. Lequel sa-voure sa revanche après avoir été battu, de peu, par Pécresse lors des primaires à droite. Le Château n’est pas étranger à ce lynchage généralisé. La se-maine dernière, Pécresse était convoquée avec les principales têtes de liste de l’UMP : « Mais pourquoi tournez-vous en rond ? s’est étonné le chef de l’État. Vous auriez dû vous emparer du projet du Grand Paris, qui aurait dû constituer l’ossature de votre programme. » Dans la foulée, Va-lérie Pécresse convoquait les journalistes et, bonne élève, dé-taillait point par point le projet présidentiel. Peine perdue, aucun média, ou presque, ne reprenait ces déclarations. « Trop tard », soupirait un conseiller présiden-tiel, assez sceptique sur les chan-ces de Pécresse de conserver son maroquin.Dans son propre camp, les défec-tions se multiplient. Ses colistiè-

res, les sous-ministres Nathalie Kosciusko-Morizet et Rama Yade, assurent le service minimum. Seule la championne de karaté kata, catégorie vétéran, Chantal Jouanno, continue de se battre sur le terrain. Du coup, la secré-taire d’État à l’Écologie est désor-mais reçue à l’Élysée pour déjeu-

ner avec plus d’égards que dame Pécresse.Quant à Roger Karoutchi, il prépare l’avenir. L’« opposant pré-

féré de Jean-Paul Huchon », com-me il se désigne lui-même, dé-jeune avec la plupart des UMP éligibles pour s’assurer leur sou-tien à l’élection du président du groupe au conseil régional. Ce vieux grognard du chiraquisme a bien l’intention de se présenter face à Pécresse, quitte à créer son propre groupe.Seuls les Échos relaient encore la campagne de Pécresse. Le quoti-dien, où officie comme éditoria-liste son beauf Jean-Francis Pé-cresse, veille au grain. La tête de liste UMP en Ile-de-France a eu droit à un papier promotionnel sur son bouquin de campagne. Heureusement, il lui reste la verte Dominique Voynet et son papa pour la défendre. La pre-mière s’est fendue d’un commu-niqué pour protester contre les attaques machistes des humoris-tes Carlier et Guillon parlant d’une femme « défaite », voire « battue ». Le second a envoyé un partenel e-mail d’insultes au plus proche collaborateur de Ka-routchi ✹� nicolas�beau

« L’express » allongéL’info.�L’Express�nous�gratifie�d’un�dossier�:�« Les nouveaux réseaux qui comptent ».�Le décryptage.�ne�pouvant,�chaque�semaine,�faire�sa�couverture�sur�« Le pouvoir des francs-maçons »,�l’hebdo�des� cadres� en�panne�de� cimaises,�trouve�un�ersatz�avec�ce�«�réseau�».�le� patron� du�magazine,� l’insensé�christophe�barbier,�nous�prévient�que�« l’État ne parvient pas seul à adapter le pays à la modernité… mais que les forces vives de la société ne rendent pas les armes ».�Dommage�qu’en�tête�de�gondole,�barbier�ait�oublié�anne�Méaux.�une�dame�qui�est�la�mère�de�tous�les�réseaux.�oublier�anne,�alors�qu’elle�est�chef�suprême�des�aiguilla-ges,�et�connaît�si�bien�le�train-train�de� l’Express�!�exemple,�il�y�a�un�an,�dans�le�XViie�arrondissement�de�Paris,�à� une� table� d’il� Restorante,� le�meilleur�italien�de�Paris,�anne�Méaux�fêtait� l’anniversaire�de�sa�fille�avec�Jean-Marie�Pontault,�star�de�l’Express�et�prince�vénéré�du�journalisme�indé-pendant.

dati en eau de BourdinL’info.�« Dati appelle depuis Bagdad les rédactions. Qui la prendra demain matin ? Europe 1 ? »�en�titillant�la�ra-dio� concurrente,� le� journaliste� de�RMc� Jean-Jacques�bourdin�a� vexé�Marc-olivier�Fogiel.Le décryptage. la�guerre�des�anima-teurs� a� occulté� la� com’� toute� en�connivence�de�Dati,�partie�en� irak�pour�« observer le déroulement des législatives ».�Le Parisien�et�France�24�ont�répondu�à�l’appel�de�l’ex-ministre�de�la�Justice.�Plus�zélée,�l’aFP�a�en-voyé�ses�reporters�effectuer�avec�Dati�une�passionnante�promenade�« au coucher de soleil dans un parc des bords du Tigre ».�« L’ex-ministre de la Justice a flâné au milieu de familles pique-niquant au pied de l’hôtel She-raton. »�les�bureaux�de�vote�?�sans�doute� pas� assez� glamour.� De� son�côté,�Bakchich attend�encore�et�tou-jours�le�coup�de�fil.

tolstoï bosse pour HédiardL’info�la�dernière�campagne�de�pub�d’Hédiard�squatte�les�écrans�de�télé.�on�y�voit�une�blonde�glacée.Le décryptage�la�blonde,�c’est�alexan-dra� Tolstoï,� arrière-petite-fille� de�l’écrivain.�surtout,�cette�douce�froide�est� l’égérie�de�sergeï�Pougatchev,�oligarque�russe,�propriétaire�d’Hé-diard,�mais�aussi�de�France-Soir�(voir�page�9).�la�belle�n’arrête�pas�de�se�livrer�à�la�presse�anglaise�et�explique�à�quel�point�c’est�génial�d’être�belle,�jeune�et�riche.�ce�que�tout�le�monde�ignorait�jusque-là.�

L’info à nu

La VIe République n’est plus à la mode. Moi, je fais le rêve d’une VIIe République. La sagesse aidant et la maturité venant, Sarkoko doit admettre cette évi-dence. Les Français aiment la cohabitation. Le 21 mars, il lui faut nommer au gouvernement les vainqueurs socialistes aux régionales. Même le très sécuri-taire Hortefeux n’est plus aimé des flics qui l’ont surnommé Fan-tomas : trop absent, trop bronzé, trop lisse. Après tout, Sarkoko a toujours été très fort pour rouler les autres dans la farine électo-rale. Ségolène pourrait prendre la place de Bussereau aux Trans-ports, pour réaliser le ferrrou-tage dont elle parlait voici vingt ans. Je verrais bien Maurice Le-roy, un ancien du PC haut en cou-leur, à la Défense en lieu et place de l’inodore Morin.

Exit Kouchner, bienvenue à la tête du Quai à Philippe Faure, ambassadeur au Japon et fils du grand Maurice, cet amateur de cassoulet qui aimait trop la vie pour rester plus d’un mois minis-tre de la Justice en 1981. Après sa victoire contre Pécresse, Huchon aurait droit à un super-ministère, remplaçant, tout juste, Pécresse, Chatel et Kosciusko. Avec Roger Karoutchi comme secrétaire d’État, qui aurait su tomber à gauche. Bockel serait utilement remplacé aux Anciens combat-tants par un Georges Frêche qui solderait enfin la question des harkis qu’il baptisa un jour de « sous-hommes ». Rien de tel qu’un ministre culpabilisé pour s’intéresser – enfin – aux soldats perdus de la guerre d’Algérie.

Le très médiatique Hirsch remplacerait le non moins mé-diatique abbé Pierre, trop tôt disparu, et Yazid Sabeg, chargé

de mission sur la diversité, tel un Barack Obama qui aurait mangé trop de pâtes, ferait mer-veille au commerce extérieur, avec les Émirats arabes unis par exemple, où Anne Lauvergeon n’a pas fait merveille. Frédéric Mitterrand cèderait sa place à Jack Lang, en panne depuis son vote, le 23 juillet 2008, en faveur de la révision constitutionnelle de Sarkoko. Michel Vauzelle, le futur président de Paca, pour-rait succéder à MAM, lui qui a déja été ministre de la Justice avec la gauche et n’a laissé aucun souvenir – une qualité à ce poste exposé. N’est-ce pas, Ra-chida ?

Aubry mérite une promotion comme porte-parole. Parler pour ne rien dire, n’est-ce pas un mé-tier ? Dans l’Hérault récemment, on lui demandait son avis sur l’élection de Jean-Noël Guérini comme président de la fédération socialiste des Bouches-du- Rhô-ne, un poste qui n’existe pas dans les statuts du PS. « Je  ne  com-prends pas le sens de votre ques-tion », a-t-elle répondu avant de prendre la fuite. Voilà de la bon-ne com’ ! Enfin, François Bayrou ferait un bon ministre d’État et ministre de l’Agriculture ; cha-que année, lors du Salon, il pour-rait se faire traiter de « pauv’ con », ce qui ne déplairait pas à Sarkoko. Claude Guéant pourrait céder son fauteuil du Palais au Prince Jean avec, comme adjoint, le prince Louis. L’actuel secré-taire général de l’Élysée trouve-rait un utile lot de consolation à Matignon. Depuis François Fillon, on sait que le Premier ministre ne sert à rien. Sauf à inquiéter le grand patron avec de trop bons sondages. Avec Guéant, le risque d’excès de popularité est limité !✹�J.-F.�P.

Les maçons du 9-3

U n�flic,�franc-maçon,�tête�de�liste�uMP�et�chouchou�de�sarko�ier,�bruno�bes-

chizza.�un�associatif,�fer�de�lance�du�Ps,�adjoint�à� la� sécurité�à�saint-ouen,�qui�sonne�bon� la�diversité,� abdelhak�bou-cheri.�la�seine-saint-Denis,�département�prompt�à�s’enflammer,�était�promise�à�une�campagne�fort�sécurisée.�après�des�débuts�un�brin�tendus�–�polémique�sur�l’appartenance�à�la�fonction�publi-que�de�beschizza,�controverse�sur�sa�proposition�de�mettre�en�place�des�voitures�réservées�aux�femmes�dans�les�transports�–�les�deux�prétendants�ont�adopté�une�attitude�plus�fraternelle,�sous�l’égide�du�grand�architecte�de�l’univers.�si�beschizza�appartient�à�la�Grande�loge�de�France,�boucheri�fréquente,� lui,� le�Grand�orient.�et� les�grands�maîtres,�qui�n’aiment�rien�moins�que�les�polémiques,�les�ont�fermement�rappelés�à�l’ordre.�le�9-3�n’a�pas�toujours�le�mauvais�œil�✹�X.�M.

Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité.

élecTions�en�iRak

Moquée des humoristes, lâchée par ses colistiers, l’UMP… et l’élysée.

abanDon

l’HuMeuR�De�PRobsT

PeTiT�ReManieMenT�De�conséquence

8 bakcHicH�HebDo�n°15�|�Du�saMeDi�13�au�VenDReDi�19�MaRs�2010

Filouteries

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du samedi 13 au vendredi 19 mars 2010 | Bakchich heBdo n°15 9

Au bazar des médias

six millions d’euros sur la table, 500 000 exemplaires attendus.

presse Stupeur et tremblements au Parisien : le moribond France-Soir prépare son grand retour. Le quotidien de feu Pierre Lazareff, désormais propriété d’un oligarque russe proche de Poutine, a mis les petits plats dans les grands. La guerre de la presse populaire est lancée.

De p u i s q u e l q u e temps, dans les couloirs du Pari-sien, on scrute à la loupe la une de France-Soir. C’est

que la nouvelle formule du Pa-risien n’a pas porté ses fruits. Les unes, plus magazine, sur « La dresseuse tuée par son or-que » (25 février) ou « Marre de cet hiver » (10 janvier) ont décon­

certé une partie de la rédaction sans trouver de nouveaux lec­teurs. Une mauvaise passe qui aura au moins eu le mérité de reculer le plan de départs volon­taires initialement prévu en mars. Coup du sort, France-Soir a recruté des anciens du Pari-sien dont l’ancien directeur de la rédaction Dominique de Mont­valon. Autant de journalistes qui pourraient dévoiler les re­

cettes d’une presse popu­

laire qui marche. La rumeur du para­

chutage de Christian de Villeneuve, ancien du Parisien passé depuis par le Journal du dimanche, a achevé d’agacer les têtes pensantes du Parisien (voir ci­dessous). Que du bon pour France-Soir qui a mis les petits plats dans les grands. Un dé­m é n a g e m e n t sur les Champs­Élysées, une nouvelle maquette, un prix de vente ramené au plus bas (entre 50 et 70 centimes selon les sour­ces), de « grandes » signatures (PPDA, Patrick Le Lay, Laurent Cabrol, Gérard Carreyrou…), et pour ne pas froisser le fidèle tur­fiste, six pages de courses. A priori, ça part bien. Et les équi­pes du Parisien (496 000 exem­plaires vendus par jour) ont tou­tes les raisons de paniquer. Ou

presque. À France-Soir, l’argent est là. Six millions d’euros pour la pub et 500 000 exemplaires an­noncés dans les kiosques. Merci qui ? Merci Sergeï Pougat­chev, oligarque russe, ultranatio­naliste, et membre du premier cercle de Vladimir Poutine. Fort de son matelas de roubles, il va­drouille entre Londres, Saint­Pé­tersbourg et la côte d’Azur pour investir dans le luxe, la construc­tion navale, l’immobilier, la télé­vision et la presse. Vu de Russie, après Hédiard, qu’il a racheté en 2007, France-Soir sentait bon la gloire d’an­tan. Pougatchev a donc poussé son fils Alexandre, 24 ans, à en prendre les rênes l’année der­nière via sa holding Sablon In­ternational. Diplômé de l’obs­cure International University of Monaco, c’est lui qui préside aux destinées de la vieille maison. En juillet 2009, alors qu’il rece­vait dans ses locaux flambant neufs tout ce que la presse pari­sienne compte de « grands » noms, il avouait qu’il espérait « atteindre 500 000, 1 million et, ne gâchons pas notre plaisir… 2 mil-lions d’exemplaires » (France-Soir du 10 juillet 2009).En attendant de boire le champa­gne de la victoire à l’arrière de sa Bentley, Alexandre – devenu ci­

toyen français à la vitesse du son, préalable indispensable à la possession d’une entrepri­se de presse –

tâche d’embellir l’immeuble du journal : un ascenseur privé pour éviter les travailleurs ordinaires et des cartes magnétiques qui commandent l’accès des étages. Pendant que le patron s’occupe des peintres, ses journalistes traitent la récente visite de Med­vedev en France, précisant avec emphase comment « le président russe a profité de sa présence à Paris pour engranger un accord spectaculaire concernant l’achat auprès de Paris de quatre exem-plaires d’un puissant navire de guerre, le Mistral » (France-Soir du 3 mars). Si l’accord va au bout, c’est papa Pougatchev, dans ses jolis chantiers de Severnaya Verf, près de Saint­Pétersbourg, qui construira les bateaux. De quoi payer l’ascenseur. Voire de le ren­voyer. Dans sa conquête de l’Occident, Alexandre peut compter sur une alliée de poids : Christiane Vul­vert, la directrice générale délé­guée et directrice de publication de France-Soir. Un personnage dont la capacité d’adaptation n’est plus à prouver (voir enca­dré). Pougatchev­Vulvert, ce tan­dem de choc n’a pas la grosse

cote en interne; en témoignent les nombreuses procédures aux Prud’hommes perdues ou en cours. Non­paiement de factures, travail dissimulé ou encore rup­ture abusive de contrat : les accu­sations sont légion. D’autres pro­cédures sont à l’étude. « C’est la vie de l’entreprise », assure sans se démonter Christiane Vulvert à Bakchich. Dans cette ambiance, difficile de faire un journal. Mais facile de rassurer le Parisien ✹ simon piel

P our populaires qu’ils soient, les journaux n’en ont pas moins une vie de

cour. Avec intrigues et révolution de palais dont Christian de Ville­neuve avait jusqu’à présent pro­fité. Ce passionné de courses a toujours misé sur le bon cheval. Passé d’employé au Matin à la direction de la rédaction du Rea-der’s Digest dans les années 80, Villeneuve continue sa carrière au Parisien qu’il ne quitte que pour visiter, à Tunis, son ami Ben Ali. Puis, miracle, il est nom­mé directeur des rédactions du groupe Lagardère. Christian y marque les esprits avec un mé­morable sujet sur la taille de la maille des filets des pêcheurs es­pagnols. En mai 2008, il vient à la rescousse du Journal du diman-che. Un galop de deux ans avant de chuter le 15 février sur un étrange attelage.

À l’été 2009, Villeneuve s’était appliqué à décrire à l’éditoria­liste Claude Askolovitch son pé­rimètre d’activité afin de lui bar­rer le chemin de la direction. Trop étriqué pour l’ambitieux, qui trouve dans le rédacteur en chef Olivier Jay un allié de cir­constance. Et en Arnaud Lagar­dère une oreille compréhensive. Six mois plus tard, Villeneuve est débarqué avec moult indemnités, un satisfecit de Didier Quillot, le boss de Lagardère Active qui gère les journaux du groupe et les applaudissements plus que polis de la rédaction. «Étrange qu’il ne se soit pas méfié davan-tage», confie un proche. Et qu’il n’ait pas senti la tentation du fils Lagardère : confier, en vue de 2012, la direction du JDD à une équipe DSK­compatible, quand tous les autres titres joueront le jeu présidentiel ✹ X. m.

Christian de VilleneuVe, piégé par la Vie de Cour

Grosse artillerie, petit journalVulvert aux mille facettes depuis que christiane vulvert a rejoint France-Soir en 2006, la directrice générale déléguée et directrice de publication a croisé deux propriétaires, cinq directeurs de la rédaction, au moins trois nouvelles formules avortées, nom-bre de journalistes, de maquet-tistes et même un Georges-marc Benamou. une longévité qui force le respect, d’autant que, lors du rachat du titre en 2006, elle défendait un projet qui ne sera pas retenu, celui de prosper amouyal, un homme d’affaires franco-algérien proche de la chiraquie. Journaliste de formation, elle n’a pas oublié que ce métier mène à tout, à condition d’en sortir. après un passage au ministère de la culture puis à celui de la coopération, on la retrouve, en 1997, représentante de l’onG pays d’ouverture à maputo, au mo-zambique. La Lettre du continent note alors qu’elle a « l’appui de Claude Chirac », conseillère de son président de père. en 2002, elle goûte de plus près à la politique en menant la liste du pôle républicain de chevènement dans le doubs. sa candidature est invalidée par le conseil constitu-tionnel pour non-dépôt des comp-tes de campagne. et la maladroite est déclarée inéligible pour un an. un tour au centre national de la cinématographie, un livre d’entretien avec shimon peres et là voilà à la tête de France-Soir. elle y entretient des liens étroits avec les ouvriers du livre, l’une des clés de la quiétude de l’entreprise. ses détracteurs, des jaloux sans doute, dénoncent, sous couvert d’anonymat, ses manigances et assurent qu’elle n’hésite pas à embaucher des proches. membre du parti radical valoi-sien depuis 1974, elle revendique auprès de ses collaborateurs sa proximité avec Jean-louis Borloo et ses entrées à l’Élysée. une indépendance chevillée au corps qui lui aura permis d’obtenir la légion d’honneur en 2009 ✹ s.p.

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ÉCHOS DES CABAS

La Fnac préfère les livres aux PCLe magasin de la Fnac digitale situé dans le quartier de l’Odéon à Paris qui ne vend que du matériel électronique va prochainement, selon nos informations, vendre aussi des livres. Pour promouvoir la lecture auprès du public technophile ? Pas du tout. « Parce que c’est bien plus rentable pour nous que de vendre des ordinateurs dont  les prix baissent constamment », explique un cadre dirigeant de la Fnac. L’agitateur culturel aime les lettres mais n’oublie pas les chiffres pour autant.

Les enfants répondent à l’Apple Élu meilleur patron du monde, le président d’Apple, Steve Jobs, va jusqu’à employer, via des sous-traitants chinois, des enfants pour la fabrication de son iPod et de téléphones portables. Plus de onze d’entre eux, âgés de moins de 16 ans, ont été identifiés, révèle The Telegraph. Une affaire qui fait suite à la liste des vingt-cinq minots employés dans la chaîne de production asiatique d’iPho-ne, iPod et Mac rendue publi-que en 2008. Merci, patron !

Touche pas à ma capote La capote se cherchait un symbole fort, elle l’a trouvé. C’est le fameux bouton « marche-arrêt » – un bâtonnet dans un rond – qui figurera sur les millions de pochettes de préservatifs distribués gratuitement par les villes dans les bars et autres espaces publics. Objectif : donner le sentiment à leurs usagers qu’ils gardent le contrôle pour se protéger des maladies et grossesses imprévues. Et être armé de pied en cap(ote). Régime tonicL’étude a duré treize ans, mais ça valait le coup. En 1997, des scientifiques américains se sont mis à observer le rapport entre la consommation d’alcool et la prise de poids de près de 20 000 femmes âgées de plus de 38 ans. Le résultat vient d’être publié dans la revue Archives  of  Internal Medecine : celles qui consomment un verre ou deux de vin, bière ou spiritueux par jour ont 30 % de chances en moins d’être en surpoids que les sobres ! Boire ou maigrir, il ne faut plus choisir.

immOBiliEr Un milliard d’euros. C’est la somme qu’Apollonia, une société immobilière basée à Aix-en-Provence, a escroqué à plusieurs centaines de riches clients. Des têtes – de notaires – commencent à tomber.

La divine escroquerieA pollonia dénombre à

peine moins de fans qu’Apollon le glorieux de fidèles derrière son cha-

riot de feu. Aux dernières nouvel-les, 463 clients de cette société immobilière aixoise se frottaient les bourses devant ses juteux pro-grammes. Des programmes im-mobiliers sous forme de pack tout compris : emprunts locatai-res, montages fiscaux, etc. Argu-ment choc, les loyers prévus par Apollonia allaient permettre de couvrir tout le meccano finan-cier. Difficile de résister à un achat immobilier sans bourse délier. L’ordonnance a convaincu bon nombre de médecins, espèce fort répandue sur la côte médi-terranéenne et clientèle-cible du projet. À travers la France, c’est toute une profession qui a fait tinter son stéthoscope à la gloire d’Apollonia. Un peu vite.

dossieRs bidouiLLés« La différence de prix entre les biens expertisés et les biens ven-dus avoisine le milliard d’euros », estime Maître Gobert, avocat des parties civiles. Une marge suffi-sante pour que des juges mar-seillais aient pris la peine, depuis bientôt deux ans, de mener une instruction à l’encontre d’Apol-lonia et de ses muses pour escro-querie en bande organisée, faux, usage de faux et exercice illégal de l’activité d’intermédiaire.Les complices d’Apollonia comp-taient des notaires peu précau-tionneux, des commerciaux fâ-chés avec les rendez-vous ou la

paperasse et des banques guère regardantes. Tout ce monde man-geait grâce à la surévaluation des biens, explique un rapport d’ex-pertise précieusement conservé par les magistrats marseillais : « Du promoteur immobilier aux banquiers prêteurs, sans oublier les notaires instrumentaires, dont les émoluments (au tarif  de 1 %) sont calculés sur ce prix, et bien sûr  la SAS Apollonia,  commis-sionnée à hauteur de 12 à 15 % ».Avec des biens allant de 800 000 à 4 millions d’euros, tout le monde y trouvait plus que son compte. Alors, chacun a mis du sien et fermé les paupières sur les irré-gularités. Les procurations, rem-plies par les clients ou tout sim-plement falsifiées, s’entassaient et étaient enregistrées par les notaires. La société Apollonia bidouillait les dossiers de ses

clients afin que les coffres des banques leur soient ouverts, quitte à créer des comptes à leur insu. Et les demandes de crédits étaient généreusement accor-dées, bien au-delà du taux géné-ralement admis. Seul baudet à tirer la charrette en feu d’Apollo-nia : le client, inévitablement conduit au surendettement pour combler la surévalutation du mi-rifique bien acquis.

évAsion FisCALeLas ! toute idole a son crépuscule. Et le culte à Apollonia a été mis à bas, à partir de février 2009. D’abord ses grands prêtres, la famille Badache : le père Jean, la mère Viviane et le fils Benjamin. Une trinité, mise en examen, qui avait pris soin de placer les de-niers du culte dans le grand du-ché du Luxembourg comme dans

la douce Helvétie. Ensuite leur zélote, Rémy Suchan, grand or-donnateur commercial d’Apollo-nia, chargé de transmettre la bonne parole aux fidèles. Désor-mais, ce sont les scribes qui trin-quent. Arrêtés le 15 janvier der-nier, trois notaires provençaux, Maîtres Brines, Courant et Jour-deneaud, dorment à la prison des Baumettes et leurs demandes de remise en liberté ont été rejetées le 27 janvier. En attendant, peut-être, le tour des grands argentiers. Les ban-ques, et notamment le Crédit mu-tuel, fortement titillées dans la procédure pour la caution qu’el-les ont apportée aux démarches d’Apollonia et pour la légèreté de leurs contrôles, pourraient avoir à se justifier. Quand meurt la foi, ne restent que les apostats ✹ x. m.

L es promotions, en France, on adore ça. Près de 18 % des ventes en super et hy-

permarchés sont réalisées grâce à des produits promotionnés, selon l’IRI, spécialiste mondial des études de marché. Admira-ble chasseur de prix, le consom-mateur aime, la truffe au vent, dénicher en rayons le bon plan. Ou plutôt aimait. Car, désor-mais, ça le gonfle. Les profes-sionnels s’en émeuvent.Démonstration aux der-nières journées, à Pa-ris, de l’Institut français du mer-chandising, art du marketing qui consiste à rendre tout joli en maga-sin pour que le client, ébahi, soit disposé à payer plus cher, sans s’en

rendre compte. Voire, et c’est le rêve ultime de tout « marke-teur », avec un grand sourire. Or, de sourire béat, il n’y a plus. C’est même tout le contraire : il râle, le bon vieux chaland. Jus-qu’à Christophe Duron, tout-puissant directeur général des ventes de Procter & Gamble, qui s’y connaît pour renchérir sa came – il n’y a qu’à regarder le prix du rasoir Gillette Fusion ou des couches Pampers – et qui

s’étonne de constater, étude in-terne à l’appui, que lorsqu’un client achète un produit pro-posé à moitié prix, son premier réflexe est de se dire qu’il le paie trop cher le reste de l’an-née.En clair, le sim-ple mot « pro-motion », affi-ché en lettres rouges sur fond jaune, comme c’est généralement le cas, ne

suffit plus à attirer le pousseur de chariot. De quoi don-

ner des sueurs froides à la grande distribu-tion.Branle-bas de com-bat, du coup, dans les sièges sociaux de ces groupes pour « réin-venter » la promo-tion. Leclerc tire le

premier, façon char d’assaut, et lance, à l’automne dernier, sa « Garantie Promo » où il promet à ses clients de les rembourser si jamais le même article se trou-

vait moins cher ailleurs. Carre-four, à la traîne d e q u e l q u e s mois, vient de créer sa « Pro-mo Libre », qui

permet au consommateur de choisir lui-même ses produits sous ristourne. Toutes les semai-nes, un rayon entier est mis sous promotion. Cela a commencé, fin février, avec le petit déjeuner, avant de continuer avec les pro-duits de beauté et le petit élec-troménager. Une bonne nouvelle dans les deux cas, si cela revient vraiment à ne plus prendre les clients pour des buses ✹ hugo hélette

PRêTes à TouT PouR séduiRe Le ChALAnd

conso

Le mot «promotion» ne suffit plus à attirer le pousseur de chariot.

10 Bakchich heBdo n°15 | du samedi 13 au vendredi 19 mars 2010

Au bazar de la conso

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états-unis

l’agonie livresque

on dénombre 1 500 librairies aux states, 7 000 en allemagne.

L es librairies sont en train de disparaître aux États-Unis. Il y a dix ans, il exis-

tait 4 000 marchands de livres, mais, selon un récent rapport, il en reste à peine 1 500 aujourd’hui dans tout le pays et, chaque se-maine, une librairie met la clé sous la porte. Même les méga li-brairies à multiples succursales sont en difficulté : Barnes and Noble (qui vend 300 millions de livres chaque année) cherche désespérément à payer les hy-pothèques sur son empire im-mobilier, tandis que Borders (500 magasins) est au bord de la déconfiture. Elles sont pourtant, avec Amazon.com, en partie responsables de la faillite des petites librairies in-dépendantes à cause des rabais sur les ventes que leur grande taille leur permet d’offrir.Reconnaissons que les Améri-cains n’ont pas grand goût pour la littérature classique : il y a huit ans, une étude officielle me-née auprès de 17 000 personnes par le US Census Bureau (l’Office de recensement fédéral) a montré que 53 % des Américains, toutes classes et catégories sociales confondues, affirmaient qu’ils n’avaient pas lu un roman, une pièce ou un poème dans l’année précédente. Aujourd’hui, le chif-fre est sans doute bien pire. À cette majorité fonctionnellement analphabète, il faut ajouter ceux qui savent lire mais qui ont la flemme de le faire et préfèrent les « audio books » dont les ventes dépassent 3 milliards de dollars cette année et affichent constam-ment une hausse spectaculaire.Il existe des différences structu-relles par rapport à la vente des livres en Europe, où, dans nom-bre de pays, la loi exige un prix unitaire du livre, protégeant ainsi les petites librairies indé-

pendantes et les petites maisons d’édition des rivaux géants et de leur « discount. » Comme en Al-lemagne, par exemple : avec 82 millions d’habitants (contre 300 millions d’Américains), elle peut quand même se vanter de 7 000 librairies et 14 000 maisons d’édition ! Mais une telle loi est politiquement impossible aux États-Unis qui cultivent la reli-gion du marché.

D’autres mena-ces planent sur les librairies américaines. La crise aiguë dans le monde de l’édition, où les

maisons de qualité ont toutes été avalées par les multinationales dont le seul critère est le profit, mène inexorablement à la bana-lisation de « l’édition instanta-née », la technologie qui permet qu’un livre ne soit imprimé qu’après avoir été déjà comman-dé par un lecteur.Plus important encore est l’im-pact du « e-book », le livre élec-tronique. Six millions de « e-lec-teurs » ont déjà été vendus aux States cette année, et avec l’an-nonce en octobre dernier par Amazon que le Kindle 2 sera dé-sormais disponible dans le mon-de entier (y compris en France), le Wall Street Journal a déclaré l’événement « aussi important pour l’histoire du livre que l’était l’invention du livre imprimé et le passage du rouleau de parchemin aux pages reliées. »L’immersion dans l’atmosphère particulière d’une librairie peut être une expérience de transfor-mation profondément éducative, mais l’accès à ce plaisir immense devient de plus en plus rare pour les Américains, qui d’ailleurs le cherchent de moins en moins. Et si, un jour, dans notre monde post-Gutenberg, il n’y avait plus de livres imprimés du tout ? ✹ � doug�ireland

du�samedi�13�au�vendredi�19�mars�2010�|�Bakchich�heBdo�n°15 11

Au bazar de la conso

bakchichc’est tous les jours

sur internet !

informations, enquêtes et mauvais esprit

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12 Bakchich heBdo N°15 | du samedi 13 au veNdredi 19 mars 2010

Rab de bazar

Q ualification foireuse pour le mon-dial sud-africain, défaite contre le

rival espagnol au stade de France, polémique sur le futur sélectionneur, doute sur l’implication des joueurs : depuis la main honnie de Thierry hen-ry que d’aucuns auraient voulu trans-former en claque pour le coach dome-nech, l’équipe de France chahute football, médias et supporters. Jus-qu’aux politiques et à rama Yade, se-crétaire d’État aux sports, qui se permet d’expliquer que « le sélectionneur n’ar-

rive pas jusqu’à présent à en faire une équipe. » et la curée n’est pas finie, puisque les Bleus entrent en hiberna-tion. Plus de match ni de sortie jusqu’à la divulgation de la liste des 22 joueurs promis à participer à la coupe du mon-de en juin. Trois mois de trêve où le spécialiste qui sommeille en chaque supporter glosera dans le vide sur la réelle valeur du onze tricolore. et sur celle des people footballistiques, de l’ancien joueur au statut d’intellectuel (Lilian Thuram) à l’ex-attaquant devenu

chroniqueur sur canal + (christophe dugarry), en passant par le chanteur qui s’éprend de foot (Francis Lalanne, le retour). reste que le débat a déjà été tranché par la Fédération française de football, TF1, m6 et l’agence marketing de Lagardère, sportfive. Quatre millions d’euros par match du tout-venant. soit le montant des droits télé à débourser pour diffuser un match des Bleus post-coupe du monde. Le foot-business ne connaît pas de glo-rieuse incertitude ✹ X.m

haNdBaLL

La main dans Le sac

La Fédération internationale veut éviter la mauvaise pub.

argent ouzbek, stars à la fête

Lola karimova-Tillyaeva, la fille du président ouzbek, attire les stars à coup de grasses enveloppes. comme Bakchich Hebdo l’avait révélé (n° 8), monica Bellucci a reçu 190 000 euros pour sa présence à une soirée. Bernadette chirac, Guillaume sarkozy (le frère de), alain delon et le couple karembeu étaient aussi de la fête. Puis c’était au tour de sting de se faire choyer par la dictature. il a reçu entre un et deux millions d’euros pour un concert en ouzbékistan. Pendant ce temps, les dirigeants du plus important marché de gros du pays, l’open Joint stock company karavan Bazar, ont été déclarés coupables de violation des règles de commerce, détournements de fonds et tricherie. début mars, 52 personnes ont été arrêtées, dont le PdG de la boîte. selon le webzine Ferghana.ru, Lola ka-rimova, qui briguerait la direction de l’entreprise, pourrait être l’initiatrice de ces arrestations. afin d’élargir son empire ? ou par jalousie envers sa sœur Gulnara qui, chouchoutée par son père, possède près de la moitié du pays ? ✹ aNaëLLe verzauX

bruits de la ville

Les bijoux de la comtesse Bien peu noble rapine à l’hôpi-tal américain de Neuilly. Profitant de l’hospitalisation de la comtesse de Rohan Chabot, des malandrins s’en sont allés dérober ses effets dans sa chambre, le 16 février. Notamment une bague en or de 19,2 grammes, sertie d’un diamant de 3,28 carats. L’his-toire ne dit pas si, pour compen-ser, l’hôpital a renoncé à lui faire payer son séjour rubis sur l’ongle…

salat-Baroux, fidèle en chiraquieNon, Chirac n’est pas tout seul. Grand Jacquot peut encore compter sur son dernier secrétaire général de l’Élysée, Frédéric Salat-Barroux. L’ancien conseiller d’État est fort bien installé en chiraquie. Compagnon de demoiselle Claude à la ville, avec qui il vient d’emménager dans un cossu appartement du Marais parisien, Salat bosse encore à l’occasion pour papa. Dans le cabinet de Maître Jean Veil, l’un des avocats attitrés du paternel. Du boulot en perspective ! Mais en famille…

Fifille Hirsch pas solidaireAvec un papa commissaire à la Solidarité de Sarko, fifille Hirsch a bien pris le pli. Et pour boire un coup, la jeune fille se rend dans un bar branché de Paris, mais qui sonne bon Emmaüs : L’Alimen-tation générale. Las, la soirée se termine parfois mal, sac à mains ouvert et effets déro-bés. Une autre manière de jouer l’ouverture…

La mauvaise Foi de moNNier

ces si chers BLeus

B onne nouvelle pour les amateurs de handball ! En coulisses, les pratiques

ressemblent à s’y méprendre à celles des sports collectifs plus médiatiques et mieux dotés fi-nancièrement.Prenez le cas d’Hassan Moustafa, 64 ans. Premier Égyptien à pré-sider une fédération sportive in-ternationale en accédant à la tête du handball mondial en 2000, il a prolongé en juin dernier son bail pour quatre ans, collant une ra-clée (115 voix contre 25) à son malheureux ad-versaire, le Luxembourgeois Jean Kaiser. Et l’homme, depuis, n’a pas perdu son temps. Fin jan-vier, il a négocié avec la célèbre agence marketing de droits spor-tifs Sportfive, propriété de Lagar-dère, un contrat de consultant taillé sur mesure qui lui a rap-porté 602 000 euros.Pas très fière, la Fédération in-ternationale de handball (FIH) a publié, le 26 janvier, un simple communiqué pour tenter d’évi-ter la mauvaise pub. Pas tout à fait l’attitude d’une or-ganisation sereine. Conclusion de la déclaration : « À l’époque de la signa-ture du contrat entre Sportfive et la FIH, Hassan  qui  était d’abord  un  homme d’affaires, n’occupait à la fédération qu’une position symbolique… À tous points de vue, Moustafa  a  agi  de manière correcte ». Et peu importe que la s i g n a t u r e d u c o n t r a t e n t r e Sportfive et Sport Group, la société contrôlée par Has-san, soit intervenue quelques jours après que la première a décro-ché les droits TV pour l’ensemble des compéti-

tions organisées par la FIH pour la période 2006-2009. Simple coïn-cidence…Plus étrange encore, c’est un cer-tain Robert Müller von Vultejus qui officiait chez Sportfive au moment où la société a obtenu les droits TV et a conclu avec Sport Group le contrat de spon-soring un brin gênant pour Has-san. Depuis, von Vultejus a chan-gé de crémerie : il est passé chez

UFA Sports, qui n’a pas tardé à s’intéresser à l’appel d’offres des droits TV lancé pour la période 2010-

2013. Surprise, UFA Sports a dé-croché le gros lot ! Depuis, de plus en plus de voix prétendent que les enveloppes des soumissionnaires n’étaient peut-être pas correctement scel-lées. D’autres, plus insolentes, suggèrent qu’on pourrait bien apprendre d’ici peu que UFA Sports et Sport Group sont en affaires… ✹ woodward eT NewToN

O n peut croire au Père Noël, mais en ce cas, se rappeler qu’il est

une ordure.L’exemple de l’atrazine, herbicide du maïs, laisse en effet tout songeur. en France, ce pesticide a longtemps fait le bonheur des mar-chands et des coopératives agricoles. L’une de ces dernières, la très puis-sante uncaa, assurait régulièrement qu’il n’était pas « plus dangereux que du sel de cuisine ». de son côté, le pe-tit syndicat agricole teigneux – et de droite –, la coordination rurale, dé-nonçait chaque semaine une « propa-gande digne des pires régimes totali-taires » contre son petit chéri chimique.

castration chimiqueLes écologistes de terrain et certains spécialistes attaquaient, eux, un toxi-que redoutable, cancérogène, dange-reux pour les fœtus, polluant grave-ment un grand nombre de nos rivières et de nos nappes phréatiques. en 2001, l’affaire est entendue et le mi-nistère de l’agriculture annonce une interdiction qui ne sera effective qu’en juin 2003. Tête des industriels de l’uiPP (1), qui déclarent alors : « C’est un avis regrettable et lourd de consé-quences pour la protection des plantes et les maïsiculteurs ».interdit, pour finir, dans toute l’union européenne, l’atrazine continue pour-tant d’être l’un des herbicides les plus vendus au monde. chaque année, les seuls États-unis en balancent plus de 35 000 tonnes sur leurs belles cultu-

res tracées au cordeau. alors, dange-reux ou pas, l’atrazine ? après une série d’études inquiétantes – notam-ment celles du chercheur Tyrone hayes de l’université de Berkeley –, un nou-vel article provoque un choc outre-at-lantique.Publié dans la revue Annales de l’Aca-démie nationale américaine des scien-ces, le papier révèle que l’atrazine provoque une sorte de castration chimique des grenouilles. 90 % des mâles exposés à des concentrations d’atrazine, telles qu’on en trouve par-tout aux États-unis, ont des organes de reproduction diminués et un taux de testostérone anormalement bas. en clair, ils ne peuvent plus se repro-duire correctement. surtout pas de rapprochement hâtif avec le déclin de milliers d’espèces d’amphibiens dans le monde entier. surtout. cela ferait du mal à l’industrie. Quoique. en France, l’interdiction de l’atrazine a dopé le marché des herbicides, qui a bondi de 11 % en 2004. un mystère ? Pas du tout : l’atrazine était depuis des années tombé dans le domaine public et ne représentait plus beaucoup d’in-térêt économique. ses petits rempla-çants, eux, coûtent en moyenne trois fois plus cher aux paysans. sont-ils moins dangereux que l’atrazine, pour les grenouilles et peut-être… les hu-mains ? voyez plutôt avec le Père Noël ✹ F. N.

1. Union des industries de la protection

des plantes

Les GreNouiLLes, Le Père NoëL eT Nous

La visioN de FaBrice NicoLiNo

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Annie Lacroix-Riz est une historienne qui cherche des histoi-res. Enquêtes sur la p r o d u c t i o n d e Zyklon B en France

pendant l’occupation, sur le rôle de Pie XII dans l’holocauste, la dame se sème des ennemis autour comme Larousse le pis-senlit. Le plus connu est l’histo-rien Stéphane Courtois, dont vous connaissez la pub étalée dans Le Livre noir du communis-me : nazis et cocos, c’est kif-kif. Ce Courtois occupe la boutique de l’histoire comme Afflelou vend des lunettes sur la Grande Mu-raille.

AMITIÉ BLONDEDans Le Choix de la défaite, la pétroleuse nous démontre que, de 1930 à 1939, nos élites finan-cières, politiques, militaires et journalistiques (ça existe), n’ont eu qu’une idée : faire cadeau de la France à l’Allemagne. Ah ! L’amitié blonde. S’il est pré-cieux de tenir ce bouquin au chaud, c’est que ce temps jadis explique aussi celui qui est en-core le nôtre. Des banques, des dynasties, des partis, imperméa-bles aux années qui passent et à l’épuration, continuent de fonc-tionner à l’essence d’époque. En 1944, quelques mois avant d’être assassiné, le grand historien et résistant Marc Bloch écrit : « Le jour viendra, et peut être bientôt, où il sera possible de faire la lu-mière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l’Axe Rome-Berlin… » Voilà, Marc, nous y sommes. Page après page, on voit la Banque de

France, à l’époque un club re-groupant les grandes banques privées, diriger la politique de la France. Autour d’elle, les Wen-del, Schneider, Michelin, Re-nault, Citroën, ou Peugeot s’agi-tent pour confondre leurs intérêts avec ceux du chancelier Hitler. Ce Renault, qui a l’exclu-sivité de la fabrication des tanks, mais refuse d’en produire. Ce Schneider qui détient la licence des canons de 105 ou 155, les-quels explosent en même temps que leur obus. Ce Schneider en-core qui, à la demande des nazis, interdit à Skoda, sa filiale tchè-que, de vendre aux Russes. Et nos trusts tout contents de li-vrer notre minerai de fer, notre bauxite à Hitler, pour qu’il fa-brique de jolis chars et de beaux avions.Drôle de temps vers une drôle de guerre. La Banque de France, tou-

jours aux commandes, qui prête de l’argent à 4% à nos amis nazis, alors que le taux officiel est à cinq. La même BDF qui, en 1938, refuse de rendre à la République d’Espagne sa réserve d’or stockée en France. Préférant la remettre à Franco afin qu’il en rétrocède une partie à Hitler. Non seule-ment les élites ne font pas un geste contre le régime nazi mais l’aident à devenir plus fort.

« MIEUX VAUT HITLER »N’oublions pas, dans cette rafle du dégoût, les patrons du textile du Nord, vendant leur étoffe afin d’y couper de saillants unifor-mes SS, SA ou de la Wehrmacht. Tous ces marchands ont bien compris que « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Ce qui n’est pas courtois pour un Front Popu qui fut pourtant si gentil avec le « grand capital ».

Ces Collabos d’avant l’heureHIsTOIRE Annie Lacroix-Riz est une empêcheuse de penser en rond. Selon l’historienne, dès 1930, les Michelin, Schneider et autres Citroën n’ont eu qu’une seule idée en tête: offrir la France à l’Allemagne, anticipant ainsi la débâcle de 1940. Un livre effarant et audacieux.

Un peu de culture

du samedi 13 au vendredi 19 mars 2010 | Bakchich heBdo n°15 13

c’est saké bon

L ’équipe de Mediapart vient de publier un choix d’articles sur la

contre-révolution de Nico-las Sarkozy. L’exercice est périlleux puisque les contraintes de l’actualité sont très différentes de cel-les plus intemporelles d’un livre, et pourtant l’équipe d’Edwy Plenel s’en sort avec brio. Cet ouvrage montre à ceux qui l’igno-

rent encore, que l’on peut trouver sur le net le meilleur du journalisme. Parfois pratiqué par des abonnés qui apportent l’impertinence et surtout l’humanité qui manquent à de nombreux journaux papiers. Les Zéros sont fatigués de Dominique Conil décrit avec un humour chaleureux et bienveillant la vie des habitants des maisonnettes à taux zéro. « Ah la crise, non ! dit Rosalie, mains planquées sur

les oreilles. J’en peux plus de la crise ! On parle que de ça, moi je me mets sur les radios musicales. » Mais la lecture à la queue leu leu de ces articles révèle aussi que l’engagement politique ne peut pas se limiter à la critique d’un individu, fût-il Nicolas Sarkozy.Le président de la République est évidemment condamnable lorsqu’il instaure le bouclier fiscal, quand il instrumentalise la Nation, quand il demande à la police de faire du chiffre et quand il privilégie ses amis. En revanche, une même journaliste peut-elle à la fois défendre les services publics et rêver, deux mois plus tard, qu’on puisse, en temps de crise, les sauver sans consentir aux déficits publics qu’elle fustige ? L'anti-sarkozysme atteint parfois ses limites ✹ Bertrand rothé

N’oubliez pas ! Faits et gestes de la présidence Sarkozy,par Mediapart sous la direction d’Edwy Plenel,

éd. Don Quichotte, 19,90 euros.

I l aurait pu être l’auteur de ce délicieux proverbe japonais : « À  la première 

coupe,  l’homme  boit  le  vin ;  à  la deuxième coupe, le vin boit le vin ; à la troisième coupe, le vin boit l’homme. » takashi Fukutani aura baigné 20 ans dans la Bd nippone avant de mourir noyé à 48 ans dans des mégalitres d’alcool. L’auteur s’est inventé un double dessiné : Yoshio hori, « vagabond de tokyo », minot désœuvré à la fleur de l’âge dans le Japon en crise des années 80. un ado sans boulot, sans nana, avec de la testostérone à revendre et la crétinerie comme seul animal de compagnie. un type attachant dont une partie de la jeunesse japonaise s’est entichée pour conjurer le mal d’une existence trempée dans la mélasse de la précarité. Les éditions du Lézard noir ont eu l’ingénieuse idée de compiler en français – une première ! – les frasques sexuelles et les tumultes de la petite vie de notre vaurien de grand chemin. on est là au cœur du tokyo populaire où, au milieu des odeurs de poissons pour-ris, traînent yakusas, gigolos, escrocs et poivrots beurrés au saké. L’auteur est devenu culte avec cette série au trait clair et précis qui tire les normes du manga vers une exubérance des situa-tions et des personnages. un grand bordel de la jouissance. une fleur au sommet d’une pousse irrésistible de folie et de joie. on s’enivre, on palpe, on déguste cette démangeaison de l’aventure. santé ! ✹

� Louis caBanes

Le Vagabond de Tokyo, par Takashi Fukutani, éd. Le lézard noir, 23 euros.

Bédé

mediapart en version impriméeBouquin

D’ailleurs, le nazisme est en si bonne intelligence, chez nous, avec ceux qui comptent, que per-sonne ne proteste quand, en 1934, l’Allemagne exige un cer-tificat d’aryanité pour tout Fran-çais travaillant pour une firme tricolore installée outre-Rhin !

Justement, à partir de 1934 la Synarchie, mafia née autour de Polytechnique dans les années 20, et regroupant quelques dizai-nes de très hauts technocrates qui souhaitent pour la France un régime « hors des partis » – genre fasciste – puis la Cagou-le, bras militaire de cette Sy-narchie, désignent secrètement Pétain et Laval comme leurs maîtres. D’ailleurs, douze mille officiers deviennent des cagou-lards peu chauds, bien sûr, pour se battre contre leurs frères fas-cistes fascinés par le petit capo-ral du XXe siècle. Tous, synar-ques et ligueurs, appuyés par l’état-major de l’armée, avec un flot d’argent pour corrompre la presse, complotent pour que ce duo fasse don de sa personne à la France. Tant pis si, pour en arriver là, il faut faire le choix de la défaite ✹� Jacques-marie Bourget

Le Choix de la défaite, par Annie Lacroix-Riz, éd. Armand

Colin, 680 p., 38 euros.

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en salles

M arie Drucker aime les gens riches et beaux. Elle a raison.

Son tonton Michel, la coqueluche des maisons de retraite, est riche. Elle-même est belle. C’est bien l’effet dynastie, surtout à la télé. Le pro-blème est que France 2, en confiant ses émissions d’histoire et de mé-moire à cette jeune fille, agit comme un ingénieur qui collerait un moteur de 2CV sous un capot de Maserati. Observez que, pour ne pas prendre partie dans la guerre des 20 heures, je n’écris pas Ferrari. Clemenceau a écrit : « La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des mili-taires. » Il en va de même avec l’His-toire, quand c’est Marie qui la mou-line. Vous me direz, elle a à ses côtés Max Gallo, le Pic de la Mirandole du

temps passé… Le problème est le suivant, en furet (pas François) de la vie politique, Max est passé du PCF à Sarkozy en faisant étape aux cases Tonton, Chevènement et Pasqua. Marathon fatigant et usant pour la crédibilité. Marie est donc seule à table.

ROND DE SERVIETTE Pour la soirée sur la rafle du Vel’ d’hiv’, le 9 mars, la jeune femme a fait ce qu’elle a pu, c’est-à-dire peu, sur un sujet de nuit et brouillard, de cauchemar, l’holocauste franco-français, où l’ignoble se tricote à l’écœurant. Des questions nourries à l’émotion qui ne gratte jamais, encore moins jusqu’à l’os, la carrière de René Bousquet et son parcours,

du dynamitage du Vieux Port de Marseille, de la rafle raciale du vélodrome, au sofa de Mitterrand. Aucun témoignage de Tata et de ceux qui furent ses invités dans la bergerie des Landes, à Latché, qui se battaient pour manger du fromage de chèvre, là où Bousquet avait son rond de serviette…Il y a un an, en pleine opération Plomb durci, celle d’Israël sur Gaza, faisant face au comique Jean-François Derec, Marie l’interroge en direct. Hasard de l’histoire, il vient de se découvrir des ancêtres juifs :Marie. C’est terrible cette carence des dirigeants…Derec. Oui.Marie. Des deux côtés, israélien et palestinien…Derec. Non. Les Israéliens sont nuls.Marie. Oui, bien sûr, il nous manque le grand héros…Derec. Oui.Marie. Ariel Sharon.Derec. Non Rabin…Cette petite scène vous montre l’acuité de notre chère Marie sur le front de l’histoire ✹ J.-M. B.

Soul Kitchen, 99 minutes de bonheur ciné Les tribulations du patron d’un resto minable de Hambourg. Primé à Venise, un film généreux, optimiste et burlesque goupillé par le réalisateur allemand Fatih Akin.

C a vaut quoi, le nouveau Fatih Akin ?- 99 minutes de bonheur, rien à voir avec les

autres films d’Akin. Head-On était un truc de poseur punk, avec amours masos, drogues et crises d’hystérie dans des ap-parts pourris. En même temps qu’une énorme claque, une œu-vre humaniste sur l’exil, le par-

don et la tolérance. Et Crossing the Bridge, un formidable doc sur la scène musicale turque. Après ses deux derniers films tournés en Turquie, Akin revient en Allemagne et passe à la comé-die. Avec Soul Kitchen, tu as l’im-pression de voir Juno ou Little Miss Sunshine.- Fatih Akin aurait réalisé un « feel good movie » ?

- C’est exactement ça. Tu vibres pendant toute la projo et tu gar-des la banane pendant au moins une semaine.- Et l’histoire ?- Nous sommes à Hambourg. Zi-mos, un jeune restaurateur d’origine grec-que, vit un en-fer : sa copine part travailler à Shanghai, son resto, le Soul Kitchen, ne lui apporte que des galères, son mal de dos le tue à petit feu et son frère, à peine sorti de prison, vient l’embrouiller. Un promo-teur immobilier cupide, une agent du fisc nympho, une ser-veuse en quête d’amour, un cuis-tot irascible vont l’entraîner dans une suite d’aventures plus folles les unes que les autres, au son de Sam Cooke ou Kool & the Gang.- Et ça marche ?- Comme dans un film de Robert Altman, une multitude de per-sonnages se croisent, se heurtent. Mais Fatih Akin emprunte une structure de conte de fées : les miracles arrivent, les histoires d’amour finissent bien, les mé-chants croupissent en prison. Sur un rythme effréné, Akin ose tout. Les blagues à deux balles (« J’ai baisé le fisc », déclare un perso qui s’envoie en l’air avec

BaD LIEuTENaNT : EScaLE à La NOuVELLE-ORLéaNS

de Werner Herzog Comme le héros de Soul Kitchen, Nicolas Cage souffre atrocement du dos. Obligé de se défoncer conti-nuellement pour oublier la douleur, il perd pied peu à peu dans une Nou-velle-Orléans post-Katrina. Trop long, mal foutu mais foutrement jouissif, le polar zinzin de Werner Herzog n’est en rien le remake du film culte d’Abel Ferrara (voir ci-dessous). Pas de Jésus, mais un paquet de serpents, de crocos, d’iguanes, et un Nicolas Cage halluciné et halluci-nant qui braque des vieilles, sniffe un quintal de coke et balance des répliques dingues comme « Tire-lui encore dessus, son âme est toujours en train de danser ». Énorme.

BaD LIEuTENaNT (reprise)de abel Ferrara

Le mauvais flic, c’est Harvey Keitel. Ripou, défoncé, violeur, voleur. La rédemption viendra avec une enquête sur le viol d’une religieuse. Un des meilleurs polars d’Abel Ferrara, sur un scénario que l’on croirait écrit par Dostoïevski.

MESuRES ExcEpTIONNELLESde Tom Vaughan

À part Indiana Jones 4, Harrison Ford ne tourne plus que des daubes. Il refuse les bons films comme Traffic de Steven Soderbergh et se roule dans la fange avec Air Force One, Firewall… Incompréhensible pour une star qui peut lancer les films qu’il veut. Dans ce nouveau téléfilm, Harrison incarne un scientifique engagé pour sauver les enfants de Brendan Fraser. Inspiré d’une histoire vraie, le scénario est un tire-larmes où Ford discute d’enzymes et affiche une gueule de constipé. Nul ✹ M. G.

l’agent des impôts), les séquences romantiques, les moments de pure comédie comme celui où le héros fait soigner sa hernie dis-cale par le Broyeur d’os ou en-core la partouze géante dans le resto ! Mais surtout il y a un truc qui souffle dans son film et que l’on voit rarement sur écran : la vie. Soul Kitchen est un film gé-néreux, en liberté, où l’on boit, où l’on mange, où l’on baise. Fa-tih Akin n’a que 36 ans, mais il célèbre la vie comme Jean Re-noir.- Cool…- Soul Kitchen s’apparente à un film de baba sur le communauta-risme, le partage. Pas étonnant quand on connaît le bonhomme, un des plus chaleureux qu’il

m’ait été donné de rencontrer, tellement loin des stars du showbiz. Et tu sais quoi, en plus d’être un film sur la fra-ternité, l’amitié,

Soul Kitchen est un grand film politique. En effet, la plupart des protagonistes de cette histoire sont des Allemands d’origines diverses et variées : des Turcs, des Grecs, des Chinois… Un beau mélange ! Fatih Akin réalise un véritable tour de force que la plu-part des spectateurs ne verront même pas : ses personnages ne sont pas stigmatisés, leur origine n’est jamais un problème, l’inté-gration est acquise, ce ne sont pas des Turcs, des Allemands, des Grecs ou des Chinois. Sim-plement des êtres humains. Le voilà, le grand film sur l’identité nationale. Bon dieu, j’aimerais voir un truc pareil un jour en France… ✹ MARC GODIN

Soul Kitchen, de Fatih Akin avec Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu, Birol Ünel, Anna Bederke. En salles le 17 mars

Soul Kitchen est un film généreux, en liberté, où l’on boit, où l’on mange, où l’on baise.

Un peu de culture

14 BAKCHICH HEBDO N°15 | DU SAMEDI 13 AU VENDREDI 19 MARS 2010

LA ZAPPETTE

LA MOULINETTE DE MARIE DRUCKER

aMERIcaN VI : aIN’T NO GRaVE Johnny cash

Sept ans après sa disparition, Cash continue d’émerveiller. Pour preuve : le sixième volet réalisé en 2002 de sa série de reprises sur le label Ame-rican Recordings. Transcendé par une version sublime du Redemption Day de l’horrible Sheryl Crow, American VI est de ces grands disques qui fendent le cœur à la hache. Le dieu pieux de la country y rend hommage à Kris Kristofferson (For The Good Times). Les langues de vipères qui y verront un ultime fond de tiroir peuvent donc la boucler à jamais.

pLaSTIc BEacH Gorillaz

Pour son grand retour, le groupe virtuel du chanteur de Blur, Damon Albarn, a convié la Mecque du rap (Snoop Dogg, Mos Def), le caviar du rock (Lou Reed) et l’avant-garde punk (Mick Jones + Paul Simonov des Clash, Mark E.Smith de The Fall). À l’horizon de Plastic Beach ? Une déflagration sonique qui compulse grosses basses hip-hop, perles brit pop et bombes électro✹ ELÉONORE COLIN

Musique

Directeur de la publication : Xavier Mon-nier Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget Rédacteurs en chef : Antoinette Lorenzi (édition), Cyril Da (Web) • chroni-queurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Laurent, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Pierre-Georges Grunenwald, Élodie Bui • Rédaction : Mon-sieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Lucie Delaporte, Éric Laffitte, Anthony Lesme, Laurent Ma-cabies, Simon Piel, Enrico Porsia, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Verzaux • Dessinateurs : Bar, Baroug, Bauer, Decressac, Essi, Giemsi, Ray Clid, Khalid, Klub, Ludo, Magnat, Mor, Morvan-diau, Nardo, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Roy, Soulcié, Thiriet •Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris.

CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France OffsetDirection des ventes : Thierry Maniguet/[email protected]/01.70.39.71.05

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Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.

lA BAkchich tEAM

Page 15: Bakchich N°15

I l y a trente-et-un ans naît à Montpel-lier le Festival du cinéma méditerra-

néen. Le Nouvel Observateur, dont je porte la plume, est associé à l’aventure. Depuis, je passe une semaine par an dans cette ville des plus excitantes qui possède un musée magnifique, où les gens parlent de littérature dans les bis-trots. Au Festival, on s’entend bien : j’ai vu une nuit un critique juif aider un réalisateur palestinien à porter l’Anti-gone d’or qu’avait remporté un Italien, foutu trophée anguleux qui pèse le poids du Calvaire. Honnêtement, j’ai du mal à tenir le maire qui a créé tout ça pour raciste, et moins encore pour an-tisémite, vu qu’il a aussi fondé un fes-tival des films israéliens.

frêcheriesLe « Cinémed » se termine par un banquet, à la fin duquel, tous les ans, Frêche engueule comme du poisson pourri les journalistes présents, au motif très fondé qu’ils ne sont pas assez nombreux. Il est comme ça. C’est un gueulard, plus exactement un engueulard. Il met dans cette activité une passion illogique qui détruit toute son architecture mentale d’universitaire surdiplômé. Je ne suis pas loin de penser que c’est lui qui s’engueule en secret d’avoir trahi, pour le pouvoir

politique et sa démagogie, les rêves d’un étudiant féru de poésie. L’amusant, c’est que ce César de Septimanie se double d’un César du café de la Marine, lequel, par une espèce de fierté crispée et vaguement confuse, ne s’expliquera jamais sur ses coups de gueule en trop, comme le héros de Pagnol, ou peut-être comme celui de Scott Fitzgerald : never explain, never complain.Une certaine année électorale, Frêche avait redoublé d’efforts en faveur des harkis, lesquels avaient pourtant voté massivement RPR. Son sang ne fit qu’un tour, et il hurla : « Après ce que nous faisons pour vous, vous votez pour ceux qui vous ont trahis. Vous êtes vraiment des sous-hommes ! » Ce n’était pas raffiné, mais il y avait une certaine cohérence dans le propos. On n’en a retenu que la fin, et Frêche n’a pas protesté. Une autre fois, il déclare : « Il y a trop de Noirs en équipe de France pour que la société française dans son ensemble ne leur fasse pas une place meilleure ». On n’a retenu que le début de la dia-tribe. Il n’a rien dit. Frêche ne revient jamais sur ses frêcheries. C’est un grand couillon, mais ceux qui ne cherchent pas à savoir ça sont, eux, de petits couillons. Et le citoyen qui vote préfère la grandeur ✹ A. R.

LE bILLEt D’ALAIn RIOU

gEORgES, COUILLOn PAS SI MéCHAnt

Comme chaque soir jusqu’à fin avril, Stéphane Guillon étrille Sarko, BHL, DSK et

les autres au théâtre Dejazet, à Paris. Le chroniqueur de France Inter, un poil tendu, nous reçoit dans sa loge. Sur un canapé éven-tré et sous une lettre de Guy Be-dos qui commence par « Cher filleul », il nous parle de ses têtes de Turc préférées ou redoutées.

Les bons cLients• Sarkozy « Les Français en ont ras-le-bol de ce système parfois monarchique, de cet homme qui fait un discours sur le dévelop-pement durable en Corse et, quand il rentre à Paris, bloque la circulation avec un cortège de vingt-cinq voitures, j’ai compté. Pourtant ce n’est pas facile : il est très caricatural et très cari-caturé. Les blagues éculées sur sa taille, ça va, faut trouver autre chose. »• Carla « J’aime bien (rires). Ca marche très fort. Je ne sais pas ce que c’est, Carla, mais il y a matière à rigoler. »• BHL « Les Français en ont as-sez des imposteurs. Dans mon spectacle, je me moque de BHL, un personnage que l’on voit dans tous les médias et qui n’a pas grand-chose à dire. »

Les mauvais cLients• Fillon « Il tient la boutique. Il fait le job. Il n’a pas de cassero-les. C’est un personnage digne. Moi, je ne m’y risquerais pas. »• Ben Laden « C’est aussi un mauvais client. Personne ne sait s’il est mort. Il est virtuel aujourd’hui. On n’a pas envie de rire de ce type. »

Les incoLores, inodores• Éric Woerth et Luc Chatel « Catastrophique, les inodores ! Je n’essaierai jamais de faire rire avec Éric Woerth. Luc Chatel, c’est pareil, il a appris son métier chez L’Oréal où il a été DRH. Ces types sont clonés. Ils ne font que répéter le discours du patron. Guy Bedos m’a dit un jour : “Mé-fie-toi de certaines cibles”. Il ne faut pas rire des faibles. »

Les traîtres• Besson « C’est une nouvelle fi-gure, le traître. Les Français dé-testent. Ils supportent les oppor-tunistes, les canailles. Ils n’en veulent pas longtemps aux ma-gouilleurs. Sur ce créneau des lâcheurs, vous avez le choix : Bes-son, Kouchner… Kouchner est le moins pardonnable, parce qu’il représentait de vraies valeurs : la générosité, le médecin, les ONG… Besson, c’est Joe Dalton, c’est pas facile parce que c’est trop facile, et là ça devient dangereux. Ces

deux-là doivent se sentir bien seuls quand ils se retrouvent chez eux. Ils n’ont plus d’image, et c’est la pire chose qui puisse ar-river à quelqu’un. »• DSK « Dans mon spectacle, il devient Premier ministre de Ni-colas Sarkozy pour son prochain quinquennat. »

La concurrence déLoyaLe• Frédéric Lefebvre « Il fait le travail à notre place. Avec Nadine Morano, c’est du bon cru. Dès qu’on prononce leurs noms, les gens se marrent. Le problème, c’est que c’est quasiment de la concurrence déloyale. »

et stéphane GuiLLon ?« Quand je me moque d’Aubry, elle prend quatre points dans les sondages et quand je m’en prends à DSK, il devient l’homme de gau-che préféré des Français. Mon métier n’est pas d’attaquer, mais de faire rire » ✹ Recueilli par bERtRAnD ROtHé

guillon­: «­­le rire est mon­ métier»EntREtIEn

Le pipoLe de la semaine

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n­an­a s’en­ grèceAu bord de la faillite, la grèce peut compter sur nana Mous-kouri. La chanteuse d’origine hellénique a annoncé qu’elle « renonce à sa retraite d’eurodéputée » pour l’offrir au pays. Un courageux sacrifice légitimement applaudi. Dans la lettre que nana a envoyée au Premier ministre grec et, en passant, aux médias nationaux, l’exemplaire artiste précise quand même que ce « devoir envers la patrie » tient « jusqu’à ce que le pays sorte de la crise économique ». La charité a ses limites. nana Mouskouri, politicienne ?De 1994 à 1999, l’inusable interprète de Quand tu chantes a grossi les rangs des députés de Strasbourg sous la bannière

du parti grec conservateur nouvelle démocratie. Cinq ans de taf – pendant lesquels elle a trouvé le temps de sortir autant d’albums – et une retraite d’environ 1 400 euros par mois.

Alors que l’évasion fiscale est très critiquée depuis la crise grecque, nana se rachète une virginité à peu de frais. Aux dernières nouvelles, l’ancienne députée ne paraît toujours pas disposée à rapatrier de Suisse sa

fortune estimée à plus de 100 millions d’euros, ni à payer ses impôts dans son pays. Faut pas pousser non plus ✹ LAUREnt MACAbIES

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DU SAMEDI 13 AU VEnDREDI 19 MARS 2010 | bAKCHICH HEbDO n°15 15

Un peu de culture

Page 16: Bakchich N°15

Migaud, l’ouvertueuxde la rue Cambonpremier de la classe Didier Migaud a été installé le 11 mars à la Cour des comptes. Portrait d’un malconnu du grand public propulsé président par Nicolas Sarkozy.

L ’oracle budgétaire Didier Migaud préside depuis le 23 février la Cour des comptes. Une fois n’est pas coutume, le choix prési-dentiel fut accompagné d’un concert de

louanges que seuls quelques ternes villepinistes et archaïques de gauche, vinrent ternir. Posté à la surveillance des comptes de la nation, l’ouvertueux de la rue Cambon pourra-t-il faire oublier la gabe-gie du sarkozysme ? Pas certain, surtout quand on regarde le dérapage de la dette de la Métro, la com-munauté d’agglomération grenobloise que présidait jusqu’alors le député et ex-boss de la Commission des finances du Palais-Bourbon. De 2004 à 2007, l’en-dettement de cette belle agglo est passé de 218 à

337 millions d’euros selon la Chambre régionale des comptes de Rhône-Alpes. Un beau dérapage pour cet anti-Sarko. Au moins dans le style. Taiseux dans les médias, besogneux dans ses mandats, d’une dis-crétion d’apache sur sa vie privée, il est reconnu par ses pairs comme une bête de travail.

poésie libéraleComme nul ne peut piger l’abscons et revêche lan-gage de comptable qui est le sien, tout le monde s’entend pour dire qu’il est un grand spécialiste des comptes publics. dans lesquels il introduit la logique de la rentabilité, en phosphorant la mère de toutes les réformes dans la fonction publique : la loi organique relative aux lois de finances.Promulguée en 2001, elle s’applique à toutes les administrations depuis 2006. Pur moment de poésie libérale, la clef de voûte de ce chef-d’œuvre technocratique réside dans cette phrase innocente « les règles applicables à la comptabilité générale de l’État ne se distinguent de celles applicables aux entreprises  qu’en  raison  des  spécificités  de  son action ». Et c’est toute la culture du service public qui changea… Performance, course aux chiffres, objectifs de résultats… tralala.

viande molleLa Lolf enfanta la RGPP, Révision générale des po-litiques publiques, ce fouet anti feignasse censé stresser la viande molle du petit fonctionnaire arc-bouté sur ses odieux privilèges. Du bel ouvrage, depuis la France va mieux. Du Sarkozy avant Sarkozy, l’ouverture idéologique à droite avant la rupture. Didier a bien mérité de la patrie et la récompense est juste, d’autant qu’à l’aune de ses 57 ans, il peut en profiter à l’envi. Jusqu’en 2022 si la santé le porte. À la Cour, les bons comptes font les bons amigos ✹� Renaud�Chenu

L’Hervé de la victoireLe�député�uMP�hervé�Gaymard�re-vient,�cinq�ans�après�et�dans�le Mon-de� (6�mars),� sur� son� éjection� du�ministère�des�Finances�pour�cause�de�logement�de�fonction�onéreux…�pour�le�contribuable�(14�400�euros�men-suels�pour�600�mètres�carrés�près�des�Champs-Élysées).�« Un défaut de vigilance »,�confesse-t-il.�une�« faute personnelle » aussi�?�« Je ne le pense pas, car je n’ai à aucun moment pris de décision qui a (sic) conduit à cet engrenage. »�en�somme,�il�s’agissait�d’une�sorte�d’assignation�à�résiden-ce.� C’était� tout� de� même� mieux�qu’aux�îles�Kerguelen�!

Tu parles, Karl ex-conseiller�stratégie�de�Bush�Ju-nior,�le�subtil�Karl�Rove�vient�de�pu-blier�ses�Mémoires.� Il�y�estime�no-tamment,�relève�le Figaro (6�mars),�« que le fait de n’avoir pas pu trouver (en Irak) des armes (prohibées) de destruction massive »�a�« sérieuse-ment nui »�à�l’administration�Bush.�Pas�tant�que�ça.�en�novembre�2004,�celle-ci�a�décroché�un�nouveau�man-dat�de�quatre�ans.�À�la�différence�des�victimes�de�l’invasion�et�de�l’après-invasion� uS� qui,� elles,� n’ont� pas�connu�de�deuxième�vie.

Pasqua de neuf ?Le� conceptuel� hortefeux� vient� de�faire�promulguer�une�nouvelle� loi�contre�les�bandes�violentes�qui�crée�d’ailleurs�un�délit�« d’appartenance »�à�ces�bandes.�Il�l’a�expliqué�à�l’atten-tif�Figaro magazine�(6�mars)�:�cette�initiative�ne�s’annonce�pas�comme�la�moitié�d’une�plaisanterie�:�« Je vais faire la guerre aux bandes (...) Nous ne reculerons jamais (…) Je vais aussi bousculer la mainmise des ban-des dans certains quartiers. »

Régions étrangèresLe Monde� (9�mars)� se� fend�en�une�d’un�petit� rappel�qu’il� juge� instruc-tif�:�résolu,�même�en�cas�de�dégelée�monumentale�aux�régionales,�à�ne�pas� changer� de� Premier� ministre,�Sarko� était� pourtant� « de ceux qui [fin mars 2004], plaidaient pour le départ du chef de gouvernement Jean-Pierre Raffarin »,�lequel�venait�d’encaisser�une�historique�Bérézina.�au� lendemain� du� second� tour,� la�majorité�ne� conservait� plus�qu’une�seule� région,� l’alsace,� et� n’en� ga-gnait�aucune.�On�ne�voit�vraiment�pas�où�pourrait�se�situer� la�contradiction�:�candidat�de�rupture,�président�de�rupture,�ni-colas�Ier�est�tout�naturellement�aussi�en�rupture�avec�lui-même�!

D’un château l’hôteLa�France�des�châtelains�va�bien,�mer-ci.�au�printemps�électoral�2007,�l’im-minent�Premier�ministre�Fillon�avait�interdit�à�des�photographes�de�l’aFP�de�prendre�le�moindre�cliché�de�son�castel� sarthois.� Ces� pudeurs� sont�aujourd’hui�obsolètes.�Trois�ans�après,�le Point (4�mars),�pu-blie�sans�difficulté�une�photo�du�chef�de�gouvernement�et�de�sa�famille�de-vant� leur�« château, une imposante bâtisse du XVIIe entourée de cinq hecta-res arborés avec accès en pente douce à la Sarthe ».�Les�riverains�appellent-ils�François�not’�Maître�ou�not’�Premier�ministre�?

Tyran, descend au cercueil !Le Point�(4�mars)�publie�les�bonnes�feuilles,�si�l’on�ose�dire,�d’un�ouvrage�paru�aux�éditions�Sand�:�Saddam, les secrets d’une mise à mort� livrés par son avocat,�Khalil�al-doulaïmi.�À�l’en�croire,�prolixe�en�détails�atroces,�l’exé-cution�du� tyran�a� surtout� tenu�du�lynchage�:�« La corde avait été délibé-rément allongée pour que Saddam Hussein tombe par terre encore en vie et qu’on puisse le tuer en le frappant ».�Ce�qui�fut�fait,�selon�l’avocat,�et�en�l’absence�de�toute�caméra.�Si�c’est�exact,�voilà�un�courageux�et�héroïque�fait�de�guerre,�un�sublime�exemple�de�la�supériorité�de�la�démocratie�que�Washington�peut�à�bon�droit�se�tar-guer�d’avoir�couvert�!

Parisot « tête de veau » C’est�d’alain�Minc,�repris�par�le Nou-vel Obs�(4�mars)�à�propos�de�la�pa-tronne�des�patrons�Laurence�Parisot�:�« S’il y avait un dixième du talent de l’état-major de la CGT au Médef, les choses iraient déjà nettement mieux. »�dans�le�même�journal,�un�responsa-ble,�non�désigné,�de�la�même�CGT�au�sujet�de�la�même�Lau-Lau�:�« Après le départ de Denis Gauthier-Sauva-gnac [emporté par l’affaire des cais-ses noires], nous avons trouvé un grand vide chez nos interlocuteurs, faibles sur le social ».�Bref,�un�copain�de�Sarko�et�de�quelques�nababs�fait�l’éloge�d’un�syndicat!un�dirigeant�du�syndicat�défend�la�compétence�d’un�maître�de� forges�!�Quelle�époque�!�Ou�quel�sens�de�ses�intérêts�!

Des ratés à Hératdéposer�les�armes�?�Certains�talibans�s’y�sont�résolus.�Mais�la�reconversion�est�rude�et�les�promesses�(d’embau-che)�des�américains��sont�volatiles,�comme�l’a�constaté,�dans�la�région�de�hérat,�le Washington Post,�repris�par�Courrier International� (4�mars).�un�certain� amiri,� ex-commandant� de�milice,�subvient�seul�aux�besoins�de�80�de�ses�hommes,�tous�« sans em-ploi »�et�entassés�dans�une�unique�maison.�Le�dénommé�abdul�Wahab�« loue une masure dans un bidonville en périphérie de la ville »�:�on�refuse�à�« ce combattant de toujours » un�poste�de�militaire�ou�de�flic.�un�coup�à�passer�chez�les�rebelles�!�✹� auRÉLIen�dOnaT

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