16
bettencourt la saga continue N° 31 | DU SAMEDI 3 AU VENDREDI 9 JUILLET 2010 | INFORMATIONS, ENQUêTES ET MAUVAIS ESPRIT bakchich BEL : 2€ - CH : 2,90FS Et sur Internet bédéreportage Petit tour par les îles Caïmans livres La Palestine racontée par ceux qui la vivent héritier Arthur de Villepin, son père, ce héros football Jean-Pierre Escalettes raccroche les crampons marseille Trois caïds du milieu tombent à l’eau L’implacable justice sud-africaine L 13723 - 31 - F: 1,50 dossier Les banques suisses en pleine déconfiture page 5

Bakchich N° 31

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Bakchich N° 31

Citation preview

Page 1: Bakchich N° 31

bettencourtla saga continue

N° 31 | du samedI 3 au vendredI 9 JuIllet 2010 | InformatIons, enquêtes et mauvaIs esprIt

bakchich

Bel : 2€ - CH : 2,90fs

Et sur Internet

bédéreportage Petit tour par les îles Caïmans

livres

La Palestine racontée par ceux qui la vivent héritier

Arthur de Villepin, son père, ce héros

football

Jean-Pierre Escalettes raccroche les crampons

marseille

Trois caïds du milieu tombent à l’eau

L’implacable justice sud-africaineL 1

3723

- 31 -

F: 1,

50 �

dossier Les banques suisses en pleine déconfiture

page 5

Page 2: Bakchich N° 31

Il y a eu un style pour chaque Louis après Louis XIII, un style Empire, un style Second Empire, un modern style, et presque un style Pompidou, à cause des tuyaux du Centre. Mais pas de style Mitterrand ou Chirac : la République, même monarchique, ne mange pas de ce pain-là.Hélas, il risque de rester un style Sarkozy, voire plusieurs. La première année fut paillettes-bling-bling, avec yachts et Rolex, conférences de presse olé-olé

et intermittences du cœur qui faisaient de Closer un supplément illustré du Journal officiel. L’an II fut plus sévère : passant du Fouquet’s au Salon de l’agri-culture, le boss découvrit que le peuple ne l’aimait pas forcément, et décida de le rabrouer. « Casse-toi, pov’ con ! » restera dans les annales comme le cra-chat d’un ex-hussard chahuté dans les ports bretons et les usines où des palto-quets avaient l’audace de le dominer de 20 centimètres sans finir pendus à des crocs de boucher.L’an III sera défensif : et d’une, aidé par deux laquais obséquieux, dont l’un se flattait jadis d’être l’impertinent apôtre de l’esprit bête et méchant, l’Élysée a balayé deux comiques pas assez trou-piers pour marcher au pas. Secundo, la justice a flingué en vol et en comparu-

tion quasi immédiate un gus qui avait mal parlé de not’ Président, si bien que tout le monde a su qu’il était venu inco-gnito visiter la banlieue en pleine nuit. Normal, les mots anodins « Sarkozy, je te vois ! » avaient déjà causé des pépins à un naïf. Notez que Bernadette Sou-birous avait dit la même chose à une dame sans être inquiétée. Comme quoi, n’est pas vierge qui veut.Finalement, les Bleus donnent le ton du jour : bling-blingueurs mijotant dans des rumeurs de débauche, caïds plutôt mégalos qui font vibrer Bachelot, massacreurs de syntaxe n’ayant jamais lu la Princesse de Clèves, cracheurs d’in-sanités à l’occasion, ils se sont ramassés comme de vrais bouffons au premier tour. Qui a dit : « Eux aussi » ? ✹� JaCQuES gaILLaRd

Mot à Mot

Apéro

de la farce au scandale d'etat

Le retour de la semaineNous n’avions pas eu le plaisir d’entendre Frédéric Lefebvre depuis des semaines. Le frétillant porte-parole de l’uMP n’a rien trouvé de plus important que de lancer une pétition pour l’arbitrage vidéo dans le football. Et « ce n’est pas une diversion par rapport à l’affaire Bettencourt », a-t-il osé préciser. Lancé, il a ensuite justifié les dépenses du gouvernement. « Le Président, il est exigeant avec (...) lui-même. Quand il fait un voyage avec l’avion de la République fran-çaise, il paye lui-même son dentifrice ! » Pour la brosse à reluire, c’est gratuit.

La règle de la semaineL’an dernier, Mirko Fischer s’était fait traiter tel un pédophile en puissance par la compagnie British airways lors d’un vol. Ce trentenaire luxembourgeois avait changé de place avec sa femme enceinte, qui désirait s’asseoir côté couloir. Fischer s’est retrouvé à côté d’un garçon de 12 ans, ce qui a fait accourir le per-sonnel. Sur British airways, il est en effet interdit aux adultes masculins de s’as-seoir à côté d’un enfant voyageant seul. une règle qui pourrait changer puisque Fischer vient de se faire verser 3 000 euros pour « discrimination sexuelle ». En 2006, le maire de Londres, Boris Johnson, avait même dû prouver devant les autres passagers de British airways que les gamins assis à côté de lui étaient… ses propres enfants !

La promesse de la semaineLa baisse de la TVa à 5,5 % pour les restaurateurs est très critiquée par les consommateurs, qui n’ont pas vu les prix diminuer. didier Chenet, président de Synhorcat, le deuxième syndicat de la profession, n’imagine pourtant pas « qu’on puisse changer les règles » et explique cette désillusion « dans la mesure où nous avons mal expliqué les limites de la baisse des prix ». Les amateurs de farce peuvent consulter sur le Web une archive du Parisien (28 avril 2009) où le même Chenet s’enflammait : « Nous allons renvoyer du pouvoir d’achat aux Français », qui signait à l’occasion un « contrat d’avenir ». aucune sanction pour ceux qui ne le respectaient pas. Ce n’était certainement pas assez expliqué ✹

LES TRoPHÉES

sommaire

apéroLes Faits saiLLantsde L’actuaLité

P.3 Le parcours d’un enfant (pourri) gâté nommé éric Woerth.P.3 alain Finkielkraut tape sur les Bleus et vos nerfs ? Bakchich le tacle.P.3 chuuut, Jean-marie !Quand Le Pen perturbe les débats de la région Paca… en ronflant.P.4 Bandits. Les relations troubles entre le roi des yachts de luxe et trois caïds marseillais.

fiLouteriesnos enquêteset nos dossiers

P.5 affaire Bettencourt. Bakchich publie des enregistrements inédits des écoutes réalisées à l’insu du plein gré de l’actionnaire principal de L’oréal. où son avocat,Me georges Kiejman, se lâche…P.6-7 Le dossier de la semaine. Pauvres Suisses : c’est la fin de leur si cher secret bancaire, et leurs établissements financiers vivent de bien sombres heures. Y a pas le feu au lac, mais presque.P.8 Le secrétariat d’État aux transports est au point mort.

Bazarenvironnement, médias, conso, sPort, PiPoLes…

P.9 afrique du sud. Rien que pour la Coupe du monde, une « fast justice » a été instaurée. Bonjour les dégâts.P.10-11 Petit tour en bédéreportage sur les îles caïmans où il fait bon s’évader.P.12 mondanités. C’est moche, une soirée rien que pour les beaux.

CuLtureBouquin, cinéma, musique, Bédé…

P.14 Jean-Jacques Bourdin fait honneur au métier de journaliste. Si, si !P.15 une autre garden-party est possible, nous dit alain Riou.P.16 après le fiasco des Bleusau Mondial, Jean-Pierre escalettes,le boss de la FFF, rentre au vestiaire.

CouP dE BouLE

U n œil rivé sur les médias, un autre sur les sondages, Super

Sarko s’est rendu compte que les libertés prises par certains ministres (les cigares de Blanc, l’hôtel de luxe sud-africain de Yade, les appartements de fonc-tion d’Amara et d’Estrosi…) com-mençaient à agacer les Français. Pour quelqu’un qui est associé au bling-bling et qui ne pense qu’à sa réélection en 2012, il y a urgence à communiquer sur le sujet.Super Sarko, donc, qui ne recule jamais devant les grandes envo-lées, évoque, dans une lettre à Fillon, un devoir « d’exemplarité », et même un « impératif  moral », pour exiger des coupes (pas trop) claires dans les dépenses des ministères.« Ceux  qui  incarnent  l’intérêt général ne peuvent être exonérés de l’effort demandé à la nation », écrit-il. Ben, justement, celui qui est au sommet de l’État oublie de mentionner ce qu’il pourrait faire pour réduire ses dépenses. Il supprime, certes, la garden-party du 14 Juillet, mais il oublie de revenir sur l’augmentation de

170 % de son salaire (20 000 euros mensuels), et il oublie de restituer la carte de crédit qui lui permet de rincer ses amis au restaurant du Bristol.

un avion à 176 miLLionsSurtout, il ne renonce pas à son « Sarko One », l’Airbus A330 qu’il a réclamé dès son élection pour faire la nique au président améri-cain et à son Air Force One. L’A319 qui trimballait les précédents présidents était jugé indigne de sa personne. Allons donc pour un nouvel appareil doté d’une chambre, de salles de réunion, et permettant de transporter une soixantaine d’invités. Certains font remarquer que l’achat et le réaménagement de ce coucou ont coûté 176 millions d’euros. Ces manants ne comprennent rien à la grandeur de Super Sarko. Lui sait que, contrairement à ce que disent la Commission euro-péenne et le FMI, la France n’a pas de problèmes financiers et n’a pas à réduire le train de vie de son chef ✹� aLCESTE

SuPER SaRKo (S’)ÉPaRgNE

Jusqu’à l’emballement de ces derniers jours, l’affaire Betten-court ressemblait à une tragédie œdipienne. Les extraits des conversations entre l’actionnaire de L’Oréal et son avocat, Georges Kiejman (lire page 5), telles qu’elles ont été

enregistrées par le fameux maître d’hôtel, témoignent du climat qui régnait dans le « nœud de vipères » des Bettencourt. Les apprécia-tions portées sur la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Des-prez, préoccupée par son « brushing », et ses « débiles » d’assesseurs, ne devraient pas contribuer à la sérénité des débats qui devaient débuter le 1er juillet, avant un probable renvoi.Mais voici qu’avec les révélations sur l’évasion fiscale de Liliane Bettencourt, la farce devient affaire d’État. Ministre du Budget, Éric Woerth prétendait rapatrier l’argent des riches, quitte à faire imploser le système bancaire suisse. Ce qui ne lui vaut pas que des amis au sein de l’UMP helvète (lire notre dossier pages 6 et 7, « Les petits Suisses ne se sucrent plus »).Le scandale, le voici : Florence Woerth entre au service de Liliane Bettencourt à la fin 2007, au moment même où, comme l’a révélé Bakchich, le fisc apprend l’existence, au Liechtenstein, d’un compte appartenant au photographe François-Marie Banier alimenté par les comptes suisses de Mme Bettencourt.Comment Éric Woerth peut-il prétendre avoir découvert le compte Banier seulement « courant 2009 » ? Pourquoi ses services n’ont-ils pas, en trente mois d’enquête, déposé plainte ? Par quel hasard le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre est-il l’invité des chasses présidentielles (lire page 3) ? Voici un joli teasing pour le feuilleton de l’été, « la milliardaire, sa fille et le ministre » ✹� NICoLaS BEau

“ „alain Juppé, dans une interview pour Lexpress.fr, le 28 juin.

Mon rêve est de faire aimer la TVA aux Français

2 BaKCHICH HEBdo N°31 | du SaMEdI 3 au VENdREdI 9 JuILLET 2010

Page 3: Bakchich N° 31

R ien ne saurait troubler la quiétude du menhir du Front national. Ni la divulgation par Bak-chich Hebdo du manuscrit jamais paru de

son ex-femme, Pierrette Le Pen. Ni les guerres de succession au FN, où les longs couteaux s’affûtent autour de sa fille Marine et de Bruno Gollnisch. Et encore moins une séance plénière du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, où il exerce son dernier mandat d’élu.Dans une salle climatisée, quand la Provence com-mence à atteindre ses brûlantes températures, Jean-Marie a piqué un long et paisible roupillon, le matin du 28 juin. Il faut dire que les débats ne volaient pas très haut et ne risquaient pas de sortir des bras de Morphée l’ex-député poujadiste.Deux délibérations étaient mises au vote par le président du conseil régional, le socialiste Michel Vauzelle. L’une pour accorder 3 millions d’euros d’aide aux sinistrés du Var, frappé par de fortes intempéries le 14 juin. L’autre pour entrer en rébel-lion contre l’État. Un gel « par principe » des crédits non encore engagés dans le cadre du contrat de plan État-région. Rien de moins qu’une déclaration de guerre au gouvernement. Bien trop insuffisant pour réveiller le menhir endormi ✹

xavier monnier

foot Alain Finkielkraut n’a eu de cesse de critiquer les joueurs de l’équipe de France, les traitant de « voyous » et de « caïds arrogants ». Le philosophe préfère jouer avec des Blancs pur jus.

L es insultes de Nicolas Anelka contre son entraî-neur Raymond Dome-nech s’expliquent par les

mœurs des « encapuchonnés » des cités. Ainsi pense le philosophe Alain Finkielkraut, même pas rond comme un ballon. « L’équipe de France est une bande de voyous qui ne connaît qu’une seule morale, celle de la mafia », clamait-il sur Europe 1, le 20 juin. « On voit l’es-prit de la cité se laisser dévorer par l’esprit des cités », surenché-rissait Finkielkraut sur France Inter, oubliant que les joueurs ont depuis longtemps quitté la cité de leur jeunesse et qu’ils gagnent, au bas mot, 100 000 euros par mois. N’empêche, pour l’intellectuel, « il est temps de ne plus confier le destin d’une équipe à des voyous arrogants et inintelligents et de sélectionner des gentlemen ».Or, en matière de gentleman, Finkie est un modèle. Au début du mois de juin 1991, il participe, avec des écrivains et des journa-listes, à un match de foot organisé par Patrick Poivre d’Arvor. Pour jouer cette partie, PPDA avait obtenu le Parc des Princes en le demandant à… Jacques Chirac. Contre l’avis du gestionnaire du stade, Michel Jazy : « Il [PPDA] ne m’a pas demandé, à moi. Moi, personnellement, je ne le lui aurais pas accordé : pourquoi PPDA et pas d’autres ? » confiait Jazy à

Pierre Carles, dans son film Pas vu, pas pris. À l’époque, Finkielkraut trou-vait sûrement « gentlemen » et n’ayant rien à voir avec une « morale de la mafia » le fait qu’un particulier (PPDA) puisse inviter ses copains à jouer au foot dans le stade du PSG✹ anaëlle verzaux

finkielkraut aussi est une racaille

Charon chasse le Maistreréduites récemment à peau de chagrin par la volonté de coupe et de rigueur de Sarko ier, les chasses du « domaine de Chambord », présidé par son conseiller Pierre Charon, auront tout de même connu un riche début d’année. À la pre-mière battue en février dernier, Patrice de maistre, le désormais célèbre gestion-naire de fortune de liliane Bettencourt, a ainsi été convié. et si Charon l’appelait pour que liliane fasse une donation ? Histoire de pouvoir réorganiser de petites sauteries ? ou, à défaut, qu’il en touche un mot au couple Woerth…

La clé Deschamps à l’OMJoli micmac à l’olympique de marseille en début de semaine. Dragué par le club anglais de liverpool, l’entraîneur Didier Deschamps a finalement prolongé son contrat sur le vieux Port. non sans une petite montée en pression du côté de son agent, Jean-Pierre Bernès, qui a cru que le président du conseil de sur-veillance du club, vincent labrune, blo-quait les négociations. après un coup de fil entre les deux hommes, lundi 28 juin au soir, tout est rentré dans l’ordre. Pas au courant des négociations en cours et franchement pro-Deschamps, vin-cent labrune ne s’est jamais opposé à sa prolongation. « Les  dirigeants  ont dû évoquer  son nom pour bloquer une demande contractuelle de Deschamps », décrypte une gentille souris de la Com-manderie, le centre d’entraînement de l’om. raté

Des flics villepinistesles flics de France sont de moins en moins sarkozystes. la preuve, lors du meeting fondateur du parti de villepin, le 19 juin à Paris, un certain nombre de policiers – en civil – étaient venus béné-volement gonfler les rangs du service d’ordre. au risque de se faire ficher par leurs collègues en faction ?

Larcher accro à sa garçonnièreen mai 2009, les révélations de Bak-chich avaient fait capoter le projet de Gérard larcher de s’attribuer un pied à terre de 340 mètres carrés, rue Bona-parte, dans le vie arrondissement de Paris. rebelote, cet été, le président du Sénat va emménager dans un appar-tement de fonction de 140 mètres carrés, toujours rue Bonaparte. les temps sont durs…

Marseille en scèneTravail de précision à la communauté urbaine de marseille (Cum) pour les élus de droite. Tout à leur envie de dézin-guer le socialiste eugène Caselli et son mentor, le président du conseil général tout aussi rose, Jean-noël Guérini, les politiques locaux doivent se garder de sortir trop de dossiers. et surtout véri-fier la période sur lesquelles ils courent.Jusqu’en 2008, la Cum était en effet présidée par Jean-Claude Gaudin… Des fois que des affaires louches auraient survécu à l’alternance. De l’art de doser la mauresque.

TF1 mise justeToute nouvelle sur le marché des jeux en ligne, la chaîne de Bouygues va-t-elle faire un carton avec… la nomina-tion du patron de France Télévisions ? Depuis plusieurs mois, des hauts pontes de TF1 avaient misé, en privé, sur l’arrivée de rémy Pfimlin, le patron de Presstalis (ex-nmPP), à la tête du service public. Sur le mode « quel-qu’un va réussir à convaincre Sarko que nommer  Bompard  est  une  connerie énorme ». Bonne intuition.

La diplomatie inaudiblemalgré les élections en Guinée-Conakry, le dimanche 27 juin, la politique afri-caine de la France ne dévie pas de sa route… à plusieurs voix. Quand le ministre des affaires étrangères, Ber-nard Kouchner, n’a qu’un but, faire élire son ami alpha Condé, le patron de la cellule afrique de l’Élysée, andré Parant, a un autre chouchou, Sidya Touré. « De  toute  façon, plus personne ne les écoute », décrit un ministre afri-cain. notre coq chante dans le vide ✹

Parcours d’une girouette nommée Éric Woerthlors des élections régionales du 15 mars 1998, socialistes et communistes obtien-nent davantage de sièges que l’uDF et le rPr en Picardie. Charles Baur, président du conseil régional depuis 1985, est donné perdant. alors que Philippe Séguin, patron du mouvement gaulliste, s’oppose à tout accord avec le Front national, Baur conserve son siège grâce à onze élus d’extrême droite. Parmi ceux qui n’ont pas hésité à copiner avec eux, un « jeune » élu de l’oise de 42 ans, Éric Woerth. le 31 août 1998, il se justifie dans le Figaro, arguant que l’objectif est d’« éviter que cette région ne soit donnée au Parti communiste ». l’actuel ministre du Travail n’a jamais été très regardant. Son mentor en politique n’est-il pas Jean-François mancel, président du conseil général de l’oise pendant près de vingt ans et condamné pour prise illégale d’intérêts, en 2005, par la cour d’appel de Paris ? Conseiller parlementaire d’alain Juppé à matignon, Woerth crée ensuite le Club de la boussole, qui soutient Jean-Pierre raffarin. il est remercié en devenant, en 2004, secrétaire d’État de la réforme de l’État. Financier du rPr sous Jacques Chirac, il retourne rapidement sa veste en 2007, en prenant la présidence de l’association de financement pour la campagne de nicolas Sarkozy. enfin, Mediapart vient de publier les comptes de l’association de soutien à l’action d’Éric Woerth, sorte de mini parti dont le ministre ne parle jamais en public, et qui touche de grosses sub-ventions de l’umP. Qui dit mieux ? ✹

CHeF SCooP

Le grOs rOuPiLLOn Du PeTiT jean-Marie

PaCa

a La partie de foot d’Alain Finkielkraut, en juin 1991, ici avec le comédien André Dussolier. En haut, les journalistes et écrivains participant au match organisé par PPDA posent. Tiens, que des Blancs ! C’était une autre époque… Pour Finkielkraut, aujourd’hui, les Bleus ne sont plus black-blanc-beur, mais black-black-black.

a Jean-Marie Le Pen en plein débat du conseil régional de Paca, dans la matinée du 28 juin.

Du SameDi 3 au venDreDi 9 JuilleT 2010 | BaKCHiCH HeBDo n°31 3

Apéro

Page 4: Bakchich N° 31

Pflimlin en campagneL’info. « De Bompard à Pflimlin, la valse des favoris », le Monde, 1er juillet.Le décryptage.  Le  quotidien  du  soir revient sur le sprint final qui voit s’op-poser Alexandre Bompard, actuel pré-sident  d’Europe  1,  et  Rémy Pflimlin, patron de Presstalis, pour le poste de président de France Télévisions. En fili-grane de l’article,  le lancement de la campagne de Pflimlin. Dans le papier, un mot pour l’actionnaire : il est pour la suppression de la pub. Un mot pour les amis du Président (Stéphane Courbit et Alain Minc) : il est pour la vente de la régie pub. Un mot pour les produc-teurs : il critique le « centralisme » de la direction actuelle. Et un mot pour l’opi-nion : il veut nommer le numéro deux. Un bel exercice réalisé par Pflimlin avec l’aide du Monde. Prochain coup pour Bompard ?

Fisc à papaL’info. « Affaire Bettencourt : le patron du fisc s’explique », le Figaro, 29 juin.Le décryptage.  Interviewé  dans  le quotidien de Serge Dassault, Philippe Parini, le directeur général des finances publiques,  prend  la  défense  d’Éric Woerth, son ancien ministre de tutelle. Un soutien pas vraiment surprenant. En effet, Parini connaît Nicolas Sarkozy depuis 1993, date à laquelle ce dernier, alors  secrétaire d’État au Budget,  le nomme directeur du personnel. L’indé-pendance chevillée au corps, il le suivra dans les Hauts-de-Seine, comme tréso-rier payeur général, de 1998 à 2002. Plus tard, il prendra part à la rédaction du programme présidentiel de l’actuel locataire de l’Élysée. Un parcours qui n’enlève rien à la sincérité de son sou-tien à un ministre en difficulté.

Parce qu’il le vaut bienL’info.  « Éric Woerth est un homme intègre, honnête, sans doute le ministre du Budget qui a le plus été impliqué dans la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux », Luc Chatel, i-Télé, 27 juin.Le décryptage.  Tout à  sa mission de porte-parole du gouvernement, celui qui est aussi ministre de  l’Éducation n’a pas  lésiné dans  le  soutien à  son collègue en délicatesse. Une solidarité tout aussi sincère que celle de Philippe Parini, qui ne doit bien sûr rien au fait qu’avant d’entrer en religion sarkozyste Luc Chatel a été pendant douze ans l’un des hauts cadres de L’Oréal.

France Télé, c’est ratéL’info. « Bompard à la tête de France TV », Europe1.fr, 28 juin.Le décryptage. Le  site  de  la  radio Europe 1, dirigée – jusqu’à preuve du contraire  –  par Alexandre Bompard, s’est fendu,  lundi matin, d’une brève reprenant le quotidien Libération. Las, alors que rien n’est officiel, que Lagar-dère, par  la voix de Didier Quillot, a démenti qu’Alexandre Bompard avait négocié son départ, et que Rémy Pflim lin serait sur le point d’emporter le fau-teuil de patron de la télé publique. Du coup, le site d’Europe 1 a retiré l’article. Après une gueulante de Bompard ?

Coup basL’info. « Moi, je suis toujours là. Je n’ai pas disparu après les élections [régio-nales] comme d’autres têtes de liste l’ont fait dans le passé », Valérie Pécresse, le Figaro, 30 juin.Le décryptage. Un tacle directement adressé à Jean-François Copé, qui, en 2004, avait déserté le conseil régional d’Ile-de-France suite à sa défaite en tant que tête de liste UMP. Et qui a décidé, avec des élus du Val-d’Oise (Claude Bodin,  Francis Delattre)  et Roger Karoutchi, que ce serait à  lui de se présenter aux élections régio-nales de 2014 en Ile-de-France contre Valérie Pécresse. Un test avant la pré-sidentielle de 2017 ✹

Le contrat qui lie Barresi au conseil général des Bouches-du-Rhône :http://minu.me/2irf

www.bakchich.info

Combien a coûté le nouvel avion de Nicolas Sarkozy?

A. 58 concerts de Johnny pour le 14 Juillet. B. 251 garden-parties à l’Élysée. 

C. 18 526 mensualités de mission  de Christine Boutin. 

D. 146 600 mois de cigares pour Christian Blanc.  E. 298 811 nuits d’hôtel des Bleus en Afrique du Sud.

Réponse :Toutes. Le nouvel avion présidentiel A330-200 disponible en automne coûtera 176 millions 

d’euros, d’après le Parisien (27/06).

Trois bandiTs sonT dans un baTeauDébut juin, la Brigade de recherche et d’intervention de Marseille arrêtait trois figures du grand banditisme et Alexan-dre Rodriguez, le numéro un mondial du yachting de luxe. Explications.

L ’extorsion de fonds, le bra-quage et les machines à sous peuvent rapporter

gros. Inconvénient, il faut blan-chir l’argent gagné. Bernard Barresi, en cavale depuis un bra-quage à Mulhouse en 1990, Michel Campanella, condamné à quatre ans pour « recel en bande orga-nisée », et son petit frère Gérald, suspecté d’être impliqué dans de multiples règlements de compte, ont été serrés, début juin, à bord de l’Atlas, un magnifique yacht appartenant à Alexandre Rodri-guez, 39 ans. Ce sympathique garçon est alors patron de Rodri-guez Group, une société cannoise leader mondial du yachting de luxe spécialisée dans les jolis bateaux à 20 millions pièce.Alexandre Rodriguez avait appa-remment suffisamment d’affec-tion pour les trois caïds pour par-tager leurs sorties en mer, faisant même de Gérald Campanella son chauffeur personnel… Les magis-trats se demandent donc si cer-taines filiales de Rodriguez Group, notamment aux États-Unis, en Suisse, en Tunisie et dans les

Émirats arabes unis, n’auraient pas servi à recycler de l’argent sale. La commission rogatoire du juge d’instruction Philippe Dorcet parle de « blanchiment, extorsion de fonds, infractions à la législation sur les jeux et associa-tion de malfaiteurs ». Rodriguez a aussitôt démissionné de l’en-semble de ses mandats au sein de Rodriguez Group, laissant la présidence à Gérard, son père, fondateur de la boîte en 1972.En revanche, la semaine dernière, Alexandre était toujours adminis-trateur de Service de navigation de plaisance (SNP) Boat Service. Une discrète société installée à Genève, au troisième étage du 9, rue du commerce. Si l’avocat suisse Edmond Tavernier, fonda-teur de cette entreprise, n’a pas trouvé le temps de nous répondre, une employée a expliqué à Bak-chich que « ce sont surtout les fac-tures qui passent par  la Suisse. L’activité est ailleurs ». L’activité de SNP Boat Service ? « L’achat, la location, la vente de bateaux neufs et d’occasion », ainsi que l’acquisi-tion de places dans les ports…La justice helvétique devrait rapi-dement recevoir une commission

rogatoire internationale. D’autant que le domicile, au moins fiscal, d’Alexandre et de son papa est à Corsier, une commune à côté de Genève. Toutefois, des proches du dossier évitent de trop accabler le champion du yachting de luxe. Ils le décrivent comme un fêtard sans envergure, excité de s’en-

canailler avec des voyous. En clair, ce million-naire n’aurait pas tiré profit de ce mariage avec Bernard

Barresi et les frères Campanella. « D’ailleurs, dans  les  interroga-toires,  les  voyous  ne  cessent  de couvrir  Alexandre  Rodriguez », assure un témoin. Malheureu-sement pour lui, l’association de malfaiteurs est punie de dix ans de prison. Auxquels s’ajoutent dix ans si le blanchiment est commis en bande organisée. La demande de mise en liberté d’Alexandre a été rejetée la semaine dernière ✹  AMÉDÉE SONPIPET

Les filiales du leader des yachts de luxe auraient servi au blanchiment.

dati danielleSur Rachida-dati.eu, son blog truffé habituellement de photos bling-bling, Rachida Dati a commenté le petit déj’ organisé le 28 juin pour parler de l’immigration avec des parlementaires européens. « Alors que les populations ”à intégrer” ont changé, nous constatons que les politiques d’intégration ont quant à elles peu ou pas évolué », a-t-elle rapporté, parlant d’« échec » de la politique d’immi-gration. Éric Besson et son prédécesseur, Brice Hortefeux, qui ont eu le culot de lui ôter voitures et gardes du corps en avril, apprécieront l’analyse.

ÉquatueurOn trouve vraiment les offres les plus insolites sur le Web. Voici la dernière à la mode en Équateur : « Re-cherches, captures ou meurtres… Nous éliminons ceux qui vous incommodent. » Ces tueurs à gage recrutés sur Internet proposent leurs services pour un prix compris entre 300 et 2 500 euros, selon les ressources de la victime. Ces propositions ne sont, hélas, pas des canu-lars, d’après les autorités de la ville de Guayaquil, qui imputent à ces commandes 11 % des 212 homicides de ces six derniers mois.

Lâche ta comEn pleine période d’austérité, le gouvernement britan-nique vient d’annoncer un audit pour fermer certains sites peu efficaces et dispendieux créés par les minis-tères. En France, malgré les appels répétés du député UMP Lionel Tardy, ils sont peu nombreux à avoir pré-cisé le coût de leur communication sur le Net. Le site  PCinpact.com a publié les quelques réponses. On apprend que le ministère de l’Éducation nationale a dépensé la bagatelle de 1,244 million d’euros en 2009, unique-ment pour sa cyber-com. Ou encore que les services du Premier ministre ont investi 242 000 euros pour le réfé-rencement du site sur la grippe A toujours en activité :  pandemie-grippale.gouv.fr. Pour l’efficacité que l’on sait ✹

BAB’ EL WEB

MARSEILLE

4 BAKCHICH HEBDO N°31 | DU SAMEDI 3 AU VENDREDI 9 JUILLET 2010

Apéro

Page 5: Bakchich N° 31

écoutes Bakchich publie des enregistrements inédits de Liliane Bettencourt, de son avocat, Georges Kiejman, et de Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune, datés de juillet 2009. La conversation porte sur le futur procès de François-Marie Banier. Instructif.

Le procès de François-Marie Banier, accusé « d’abus de faiblesse » par Françoise Bet-tencourt, la fille de Liliane Bettencourt,

devait s’ouvrir jeudi au tribunal correctionnel de Nanterre. Au moment où nous mettons sous presse, il paraît fort probable, compte tenu du climat explosif autour des écoutes pirates de la femme la plus riche de France, que cette audience soit reportée.Aujourd’hui, Bakchich publie des enre gis-trements iné-dits, datés du 21 juillet 2009, qui révèlent une certaine fébri-lité du côté des défenseurs de Mme Bettencourt. L’avocat de celle-ci, Georges Kiejman, ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, dévoile à sa cliente et à Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune, les enjeux du procès qui s’annonce. Cinq jours avant cet entretien, la fille de Liliane Bettencourt a assigné en correc-tionnelle François-Marie Banier, sans attendre les conclusions de l’enquête préliminaire lancée quelques mois plus tôt par le parquet.Georges Kiejman : Mme Betten-court me demandait ce qu’elle pourrait faire, elle [Françoise, sa fille, ndlr]. Ben, elle, elle pourrait se retirer, purement et simple-ment. Il y a peu de chance qu’elle le fasse. (…) Et puis, elle a un avocat qui ne l’y incitera pas.Liliane Bettencourt : Vous connaissez son avocat ?G.K. : Oui, je le connais très bien.

(…) C’était mon adversaire dans une affaire qui s’est plaidée en Lituanie [l’affaire Marie Trinti-gnant, où Olivier Metzner défen-dait Bertrand Cantat, et Kiejman, la famille Trintignant, ndlr].(…) J’en ai encore parlé avec Mme Daubigney ce matin, qui est le procureur adjoint de Nanterre, et qui est, elle, à l’audience. Parce que je voulais me faire confirmer la date de classement de l’affaire. Elle m’a dit le 22 septembre. (…) J’ai eu une conversation très libre avec elle. Je lui ai dit :

« Écoutez, vous savez bien que ce qui complique cette histoire, hein, on est entre nous deux, on ne peut pas dire

ça à la presse, (…) c’est que Mme Prevost-Desprez [présidente du tri-bunal, ndlr] ne veut pas renoncer parce qu’elle considère cela comme un beau procès, parce que c’est beau pour son ego, sa vanité et son brushing. »Plus tard, dans la conversation, Georges Kiejman revient sur le cas de Mme Daubigney. Mme Bet-tencourt ne se souvient plus de qui il parle.L.B. : Qui c’est, elle ?P. de M. : Elle, c’est la femme qui est le procureur adjoint de Nan-terre.G.K. : C’est le numéro deux du parquet de Nanterre. C’est une femme très bien, très pondérée, avec beaucoup d’autorité, très calme. Ce n’est pas toujours le cas – il y a certaines femmes un peu hystériques, mais ce n’est pas son cas. (…) Elle n’a pas l’intention d’aborder le fond. (…) Quand j’en parlais avec [Mme Daubigney],

je lui disais : « Mais, enfin, vous savez bien, Mme le procureur, c’est quelque chose qui devrait se discuter, non pas devant un tri-bunal, mais uniquement comme un cas entre psychanalystes », et elle riait ! Et elle disait : « C’est exactement ça. »Si, durant tout l’entretien, Liliane Bettencourt s’exprime peu et semble dépassée par la conversa-tion entre son avocat et son gestion-naire de fortune, elle semble plus présente dès lors que le cas de sa fille est évoqué. Comme si elle cher-chait à comprendre les intentions de sa fille dans ce procès. Évacuant les questions financières gênantes, Kiejman et de Maistre ne lésinent pas sur les longues digressions d’ordre psychologique. Quitte à manier la brosse à reluire.

P. de M. : Françoise a été écrasée par sa mère. Parce que vous, c’est… Voilà, c’est toute la lumière.L.B. : (inaudible).P. de M. : Vous, c’est la lumière et, elle, c’est l’ombre. (…)G.K. : C’est ce que j’appelle le syn-drome de la fille de Nefertiti. (…) Nefertiti était très belle, mais sa fille était un peu moins belle. Un visage intéressant, mais un peu triste. Et on voit toute la tristesse qu’il y a à avoir une mère trop lumineuse.De Maistre interroge Kiejman sur le calendrier judiciaire, sur l’éven-tualité que le jugement aborde le fond, ce qu’ils craignent manifes-tement.G.K. : (…) Ça dépend du compte rendu du jugement, parce que ce n’est pas parce que cette juge veut être devant une télévision qu’elle ne rendra pas un jugement de non-lieu.P. de M. : (...) On ne peut rien faire.G.K. : Non, d’autant plus que, vraiment, je ne les connais pas, mais les deux assesseurs que (inaudible) – un homme et une femme –, ils ont l’air de débiles légers. P. de M. : Ils feront ce qu’elle leur dira.Puis Kiejman choisit de revenir, à nouveau, sur le cas d’Olivier Metzner. Une obsession.G.K. : On parlait de Metzner. Ça aurait été Jean Veil, ça aurait été

Jean-François Prat, ça aurait été Brodin, ça aurait été, enfin, les quelques grands avocats civils qui existent, j’aurais immédiate-ment pris mon téléphone.P. de M. : Oui, c’est ça.G.K. : Et j’aurais dit (inaudible) : « Explique-moi pourquoi ce procès idiot doit se dérouler. »P. de M. : C’est ça.G.K. : Mais, lui, c’est difficile d’ex-pliquer… Metzner, c’est un type pas bête, qui a commencé comme avocat de voyous, en trouvant des vices de procédure qui ont permis de les mettre en liberté. (…) Il a conquis sa gloire comme ça. Comme un type assez beso-gneux qui traitait le problème des procédures. Et, petit à petit, les gens fortunés l’ont amené à faire du droit pénal financier. (…) C’est un type qui travaille tout le temps, qui n’a de satisfaction, lui, que narcissique.L.B. : Vous parlez de qui, là ?P. de M. : De l’avocat de votre fille, Me Metzner.L.B. : Il paraît que c’est un crac.G.K. : C’est un crac de la procé-dure. Non, je vous assure, ce n’est pas un vrai crac ✹� lucie�delaporte

du�samedi�3�au�vendredi�9�juillet�2010�|�Bakchich�heBdo�n°31 5

Filouteries

les�fortunées�mésaventures�de�liliane�Bettencourt,�alias�lady�“Gaga”�:�http://minu.me/2lsy

www.bakchich.info

L’affaire Bettencourt toujours

L ’affaire Bettencourt, devenue l’affaire Woerth, est aussi une affaire de presse. Depuis la mi-mai, en effet, l’entourage de la fille de Liliane

Bettencourt, Françoise, en possession des fameuses écoutes, s’agite pour rendre ce document public. Selon nos informations, le Monde puis le Nouvel Observateur ont été approchés aux fins de publier les écoutes réalisées au domicile de la patronne de L’Oréal. Les documents ont été proposés aux deux publications. Et ce sont finalement Mediapart puis le Point qui en diffuseront de larges extraits.

couacs et déontologieIl est pour le moins étonnant que les deux médias approchés dans un premier temps soient passés à

côté d’un scoop pareil, qui, en période de crise, leur aurait assuré un regain des ventes certain (comme en témoigne le boom récent des abonnements à Mediapart). Plusieurs raisons à cela. La première, c’est que les rédactions concernées n’avaient pas conscience qu’un ministre était mis en cause de manière aussi directe dans les enregistrements. Ensuite, pour le Monde, il semblerait que l’argument juridique – c’est-à-dire une possible atteinte à la vie privée – ait pesé lourd. Quant au Nouvel Obs, des couacs de communication interne entre les différents services ont laissé échapper le scoop. Pour le plus grand plaisir de Mediapart ✹� simon�piel

scoop raté pour « le monde » et « l’obs »

les�écoutes�révèlent�une�certaine�fébrilité�des�défenseurs�de�Bettencourt.

Page 6: Bakchich N° 31

L’affaire remonte à l’année dernière, mais ce n’est qu’en juin 2010 que la Suisse a offi-cialisé la fin de ce qui a fait sa fortune et sa renommée : le fameux secret bancaire. À cette fin, le Conseil fédéral a demandé aux parle-mentaires d’entériner, par un traité interna-

tional, la trahison de l’UBS. La principale banque du pays est officiellement autorisée à dénoncer ses clients améri-cains. On peut se demander pourquoi la France, voisine de la Suisse, n’a pas réclamé le même traité.

D’autant plus que, l’an passé, Nicolas Sarkozy s’était montré très virulent pour exiger la fin des paradis fiscaux. Il était soutenu par l’un de ses principaux lieutenants, Éric Woerth, alors ministre du Budget et des Comptes publics. Le 20 avril 2009, ce dernier créait une « cellule de régulari-sation des avoirs non déclarés ». En clair, le fraudeur avait dorénavant la possibilité d’envoyer un avocat en éclaireur. Le contribuable distrait ne se dévoilait que s’il acceptait le compromis proposé par le ministère du Budget.Quelles sanctions pour le mauvais payeur ? Le patrimoine rapatrié fait l’objet d’une taxation au titre de l’impôt sur le revenu (et éventuellement sur la fortune) sur les trois der-

nières années, parfois sur six ans. En contrepartie, Éric Woerth oublie d’appliquer les pénalités et, surtout, n’en-

gage pas de poursuites. Un contri-buable qui aurait dissimulé par

inadvertance 5 millions d’euros en Suisse peut s’en tirer avec

une amende de 500 000 à 1 million d’euros, soit 10 à

20 % du bas de laine.En 2009, Bakchich posait déjà une ques-tion : cette cellule de régularisation ne s’applique-t-elle pas seulement aux « petits cachottiers », à ceux qui ne planquent que quelques millions et qui ont ouvert des comptes à leur nom, du temps où la Suisse était un vrai paradis fiscal ? Les « gros cachottiers », en revanche, comme Liliane Bettencourt, se dissimulent derrière des trusts ou des fondations, où leurs identités, théo-riquement, n’apparaissent pas.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les banques hel-vètes connaissent bien des malheurs, d’où l’idée de leur consacrer un dossier. Il serait inapproprié de parler de gaffes, car il s’agit davantage de pratiques inavouables qui, pendant longtemps, ont été tolérées et qui, mainte-nant, ne le sont plus.Outre l’UBS, Bakchich met l’accent sur HSBC Suisse. Par l’intermédiaire d’Hervé Falciani, un informaticien français, 127 000 comptes sont tombés entre les mains de la justice niçoise. Depuis, la France a transmis une liste de 5 728 contribuables italiens au procureur de Turin, et s’apprête à livrer 3 000 autres comptes à l’Espagne (lire « Falciani, l’homme qui fait trembler HSBC »).Dans un tout autre genre, nous racontons comment la

petite banque Syz, installée à Genève, réalise un chiffre d’affaires de près de 1 milliard d’euros en France, sans même déclarer ses salariés et ses bénéfices (lire « Va voir à Paris Syz j’y suis »).Puis, pour vous éclairer sur les mœurs des banquiers helvètes, Bakchich

raconte comment la société financière Norinvest Hol-ding a acheté la Banque de patrimoines privés Genève en mars 2009, l’a dépecée et ne l’a pas payée (lire « Un ban-quier Rouge de colère »).Enfin, nous nous attardons sur Éric Woerth, ministre du Travail, qui occupe, parmi ses importantes fonctions, celle de trésorier de l’UMP. Ce qui le conduit à se rendre en Suisse (lire « L’UMP Suisse remet les pendules à l’heure »), où le parti du président de la République française recrute principalement ses adhérents chez les banquiers et les gestionnaires de fortune… ✹

Dossier réalisé par améDée sonpipet

6 Bakchich heBDo n°31 | Du sameDi 3 au venDreDi 9 juillet 2010

suisse Tout fout le camp ! Le Parlement vient de valider la fin d’un trésor national : le secret bancaire. Comme si les banques avaient besoin de ça, entre les fichiers de clients HSBC perdus dans la nature, un comptoir fantôme, un établissement qu’on dépouille… et Sarko qui leur fait la morale !

La banque uBs a été autorisée à dénoncer ses clients américains.

L e 23 mars 2007, Éric Woerth, trésorier de l’UMP et de la

campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, et Patrick Devedjian, député des Hauts-de-Seine, débar-quent à Genève. Leur mis-sion ? Recevoir les oboles de généreux donateurs. Entre 200 000 et 250 000 Français, travaillent en Suisse, sou-vent dans les banques et la gestion de fortuneL’une des principales figures de l’UMP Suisse est Serge Vinet, longtemps délégué au Conseil supérieur des Fran-çais de l’étranger. Le Monde a révélé qu’il gérait la for-tune de Christian Poncelet, l’ex-président du Sénat.Pas étonnant que les atta-

ques de Sarkozy contre le secret bancaire et la place finan-cière suisses soient restées en tra-vers de la gorge de Vinet et de ses

amis. « Non seulement il n’a pas la reconnaissance du

ventre, mais sa mémoire flanche. Nicolas Sarkozy devrait se souvenir qu’à l’époque où il était avocat d’affaires il fréquentait

assidûment les bureaux d’Heyer Management à

Genève », raconte un ancien responsable de l’UMP Suisse.

Heyer Management appartenait

à Jacques Heyer, un gestionnaire de fortune genevois exilé à Saint-Tropez. En délicatesse avec la jus-tice de son pays, Heyer est notam-ment soupçonné d’avoir dilapidé la fortune de Didier Schuller, ancien conseiller général des Hauts-de-Seine, proche de Patrick Balkany, lui-même meilleur pote du locataire de l’Élysée.

Avertissement à sArkoL’UMP Suisse a profité du passage de Pierre Lellouche, secrétaire d’État aux Affaires européennes, le 28 mars, pour rappeler que, lors des élections législatives de 2012, 11 députés représenteront les Français de l’étranger. Les élus de Suisse pourraient alors rejoindre

une autre bannière que celle déployée par Nicolas Sarkozy.« Nous avons aussi mis à contri-bution les élus de la région Rhône-Alpes, Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale et député de Haute-Savoie, Étienne Blanc, député de l’Ain, et Pierre Hérisson, sénateur de Haute-Savoie. Ils ont tous fait passer le message à l’Élysée : arrêter de taper sur la Suisse. Près de 60 000 habitants de ces départements travaillent dans les cantons de Genève et de Vaud », raconte encore un dirigeant UMP Suisse qui préfère se montrer prudent. Un responsable local du parti qui avait menacé de faire des révélations à la presse a été dégagé sans ménagement ✹

l’UMP SUiSSe reMet leS PendUleS à l’heUre

les petits suisses

la banque privée suisse syz & co se porte très bien. pour 2009, son béné-fice annoncé est de 51 millions d’euros. ce n’est pas pour la féliciter que la brigade financière de paris compte la convoquer. elle soupçonne l’établisse-ment de travail au noir à grande échelle. la syz est accusée de vendre des fonds communs de placement (des « oyster funds » luxembourgeois) à des clients institutionnels français, à des banques… sans même être déclarée dans l’hexagone ! l’établissement réaliserait un chiffre d’affaires annuel de près de 1 milliard d’euros en France, sans y posséder ni filiale, ni bureau, ni salarié.en octobre 2009, un Français de 37 ans a déposé une plainte au pénal. il affirme avoir travaillé à la banque syz de septembre 2004 jusqu’à son licen-ciement, le 17 juillet 2009, comme « vendeur sur la France », sans avoir été déclaré. en février 2010, Bakchich révélait l’ouverture d’une enquête préli-minaire par le parquet de paris. Depuis, l’ancien employé de syz a été entendu par la brigade financière. son ex-employeur doit être convoqué à son tour ✹

Va voir à Paris Syz j’y suis

Page 7: Bakchich N° 31

La folle saga du Cercle Concorde : http://minu.me/2lwt

M ort aux faibles ! Genève a un petit air de Dallas. Du temps de sa splendeur, quand il circulait en jet privé, François Rouge n’avait que des amis

sur les bords du lac Léman. Depuis qu’il est tombé, mis en examen pour blanchiment d’argent et asso-ciation de malfaiteurs dans l’affaire du Cercle Concorde, l’ancien banquier compte ses copains sur

les doigts d’une main. Résultat, peu après sa sortie des Baumettes, il doit brader son établissement financier, la

Banque de patrimoines privés Genève (BPG).Une petite banque prospère, avec filiale aux Bahamas, spé-cialisée dans la gestion de fortune. Les bonnes années, la BPG dégage entre 3,5 et 4 millions d’euros de bénéfices. Sans ses ennuis, François Rouge aurait pu en tirer entre 60 et 90 millions. Pis, en 2008-2009 s’ajoute la dégradation du secteur bancaire. En mars 2009, la société d’investisse-ment genevoise Norinvest annonce le rachat de la BPG.Aucun prix n’est avancé, mais les spécialistes de la finance helvétique estiment que la BPG a été bradée autour de 40 millions d’euros. Massimo Esposito, le patron de Norin-vest Holding, affirme assez cyniquement dans le quotidien financier l’Agefi : « On ne choisit pas nécessairement  le 

moment d’une acquisition, mais on exploite plutôt des oppor-tunités lorsqu’elles se présentent. Le cataclysme a aussi un bon côté, en rétablissant des multiples raisonnables. »

bradée à 22 millionsNorinvest possède la Banque Cramer, un établissement comparable à la BPG, riche d’une filiale à Lugano, en Suisse italienne. Mais, depuis plus d’un an, le repreneur tarde à payer. « Sous prétexte d’avoir trouvé des squelettes dans les placards, Norinvest ne cesse de provoquer des conflits, blo-quant les versements », constate un proche du dossier.En gagnant des mois, sinon des années, Norinvest espère pouvoir étrangler l’ancien banquier François Rouge et le contraindre à céder la BPG pour une bouchée de pain. Le 7 juin dernier, dans une demande d’arbitrage déposée à Genève, Massimo Esposito entendait s’approprier la BPG pour 22 petits millions… ✹

du samedi 3 au vendredi 9 juiLLet 2010 | BakChiCh heBdo n°31 7

www.bakchich.info

L e 24 août 2007, Hervé Fal-ciani, informaticien à la banque HSBC, à Genève,

rentre à pied chez lui. Un fourgon surgit. Il est embarqué sans ménagement et se retrouve dans un sous-sol, une arme braquée sur la tempe. Deux hommes qui se disent du Mossad lui apprennent qu’une organisation islamiste libanaise, le Hezbollah, tente de pirater sa banque. Les services secrets israéliens lui demandent de les aider. Pourquoi lui ? Hervé Falciani est d’origine juive. C’est un informaticien de talent. Il a débuté sa carrière bancaire à Monaco, chez Edmond Safra.Né en 1932, issu d’une famille de banquiers juifs syriens, Edmond Safra est une légende. À 16 ans, il gère déjà le département des métaux précieux de la banque de son père au Liban. Puis il fait du négoce en Italie, crée un établis-sement financier au Brésil, avant de s’établir à Genève. Il y fonde la Republic National Bank of New York (RNB), qu’il vend au géant HSBC en 1999. La même année, Safra décède dans des conditions mystérieuses à Monaco.

libanHervé Falciani accepte de col-laborer. Il suit au Liban, en février 2008, une autre infor-maticienne recrutée par HSBC, Georgina Mikhael. Cette Franco-Libanaise fournit à Hervé Fal-ciani un faux passeport au nom de Ruben al-Chidiack. Que fait le couple à Beyrouth ? Proposer ses talents dans l’analyse informa-tique des données ? Ou vendre des informations subtilisées dans les ordinateurs de HSBC, à savoir 127 000 comptes, comme l’affirme la justice suisse ? Une

banque libanaise alerte alors le ministère public de la Confédé-ration, qui ouvre une enquête le 29 mai 2008.Le 21 décembre 2008, Georgina Mikhael est arrêtée à son bureau, interrogée et relâchée. Le len-demain, c’est au tour d’Hervé Falciani. Il est menotté, son appartement est perquisitionné. L’informaticien est questionné par Laurence Boillat, procureur fédéral suppléant. Curieusement, il sort libre du commissariat de police. Le lendemain matin, Fal-ciani quitte la Suisse pour le sud de la France. De son côté, Mikhael disparaît et se réfugie au Liban.

bavureComment expliquer que la jus-tice suisse laisse s’échapper un couple soupçonné d’avoir volé des milliers de données à la Hong Kong & Shanghai Banking Cor-poration (HSBC) ? N’est-ce pas porter un terrible coup au secret bancaire, qui fait la fortune de la Confédération ? Quand HSBC découvre la bavure, il est trop tard. Hervé Falciani, franco-ita-lien, ne peut pas être extradé de France. Nouvelle gaffe pour rattraper la première : la justice suisse transmet une demande d’entraide judiciaire au parquet de Nice. Le 20 janvier 2009, l’in-formaticien est interpellé dans les Alpes-Maritimes et interrogé en présence de Laurence Boillat. Mais, ce que la Suisse n’a pas prévu, c’est qu’Éric de Montgol-fier, le procureur de Nice, ouvre à son tour une enquête prélimi-naire et garde l’unité centrale de l’ordinateur d’Hervé Falciani. La fuite se transforme en chutes du Niagara. La justice française se retrouve en possession des 127 000 comptes de HSBC Suisse.

Or la RNB d’Edmond Safra accueillait une clientèle sensible. Des sociétés et des hommes d’af-faires israéliens et du Moyen-Orient. Le 9 décembre 2009, le Parisien évoque « La liste secrète volée à la Suisse » et révèle que « ces  documents  sont  entre  les mains du ministère des Finances ». Éric Woerth a effectivement récu-péré les données de l’ordinateur de Falciani. Il annonce fièrement qu’il détient une liste de 3 000 mauvais contribuables tricolores. Pourquoi seulement 3 000 ?

de 7… à 24 000 nomsDe son côté, Montgolfier évoque assez rapidement « une vingtaine de  noms  qui  nous  inquiètent ». Interrogé par Bakchich, le pro-cureur ajoute : « Je me garderai encore de parler de blanchiment. Toutefois,  certains  mouvements de fonds nous intriguent. » Quant à HSBC, elle tente de minimiser et assure, en décembre 2009, qu’Hervé Falciani ne serait parti qu’avec… sept noms. En mars 2010, Alexandre Zeller, le patron de HSBC Suisse, reconnaît que « ce  vol  pourrait  concerner quelque 15 000 clients existants ». À quoi il faut ajouter 9 000 autres clients qui avaient clos leurs comptes. Soit 24 000 personnes.Le 11 mars 2010, HSBC adresse une lettre à tous les clients de l’établissement financier, évo-quant « l’ampleur  très  impor-tante » des informations disper-sées dans la nature. Ce qui laisse à penser qu’il y aurait bien plus de 24 000 clients concernés. En fait, les 127 000 comptes intéres-sent 180 pays. En mai, la France a transmis 5 728 noms à l’Italie, et, en juin, 3 000 comptes environ détenus par 1 500 Espagnols. Et ce n’est que le début… ✹

falciani, l’homme qui fait trembler hsbc

un banquier rouge de colère

ne se sucrent plus

Page 8: Bakchich N° 31

Jean-François Probst vous stimule ? Dégustez ses chroniques Web :http://minu.me/1vbh

www.bakchich.info

France Télécom relativiseLe patron de France Télécom, Stéphane Richard, est un grand sage. En pleine crise financière et sociale, il a affirmé, lors du forum Génération France animé par Jean-François Copé, lundi 28 juin : « J’ai  le  sentiment  qu’on  a  toujours dramatisé la question du chômage en France. Dans beaucoup d’entreprises, il  y  a  un  phénomène  d’attachement excessif au travail dans nos vies. » Chez France Télécom, on préfère être pendu au bout du fil…

La rigueur s’insinue partoutLa réduction du train de vie de l’État imposée par Sarkozy a trouvé un étrange écho à l’Assemblée. Quatre cas de licenciement de collaborateurs parlementaires en vingt-quatre heures et sept sur une semaine. Droite, gauche et extrême gauche confondues. Dont un après une collaboration de treize années. Un amendement est dans les tuyaux pour leur permettre d’accéder à la profession d’avocat en cas de recon-version. Histoire de mettre le parquet !

Des idées de reconversionLaurent de Sarnez, frère de Marielle, la muse du Modem, a mieux réussi sa reconversion que sa sœurette. Ex-mercenaire passé par le continent noir, beaucoup, et dans les équipes de Bob Dénard, un peu, Laurent s’est assagi. Pour s’occuper de l’intendance du prési-dent équatoguinéen Obiang-Nguema, nouveau roi pétrolier d’Afrique équa-toriale. Peut-être un exemple à suivre pour François Bayrou…

L’Éducation se met au régime

Les révélations sur les notes de frais un peu trop salées de l’un de ses jeunes conseillers, Alexandre Gelbard, ont fait réagir Luc Chatel. Le ministre de l’Édu-cation nationale a demandé aux mem-bres de son cabinet de ne plus aller à l’Arpège. Restaurant renommé et fort cher d’Alain Passard, situé à deux pas de l’hôtel Matignon, où Alexandre Gelbard avait son rond de serviette.

À la pêche aux voixL’UMP aura, dimanche 4 juillet, les yeux rivés vers le sud des Yvelines : à Ram-bouillet, où se rejoue une législative partielle serrée entre le parti majori-taire et Europe Écologie. Le précédent scrutin, entaché d’irrégularités, s’était conclu sur un écart d’une seule voix en faveur de l’UMP Jean-Frédéric Poisson. La Verte Anny Poursinoff, entre-temps réélue conseillère régionale, pos-tule à nouveau, soutenue par David Fischer, suppléant PS. Un Fischer pour un Poisson, ça ne s’invente pas ✹

confidences

Les prétendants sont à l’affût d’un poste abandonné par Bussereau.

Les TransporTs en roue LiBre

N ormalement, c’est pour la rentrée, après la réforme des retraites. Mais qu’il

est long à venir, ce remaniement ministériel ! Usés jusqu’à la corde, certains membres du gouverne-ment sont en roue libre depuis des mois. Y a-t-il encore un pilote pour gérer les Transports, s’in-terrogent, par exemple, nombre d’acteurs du secteur ? « C’est vrai qu’on  passe  de  plus  en  plus  de temps à s’occuper des affaires de Charente-Maritime », avoue-t-on au cabinet du sous-ministre aux Transports, Dominique Busse-reau, présent au gouvernement depuis… 2002 !En bon cumu-lard, Bussereau s’est fait élire président du conseil général de Charente-Maritime en 2008. Depuis la tem-pête Xynthia, il choie son fief, où il passe chaque fin de semaine. Le si scolaire Bubusse a même été jusqu’à protester contre la décision de Sarko et de Fillon de faire détruire les maisons sur les côtes dangereuses. C’est qu’il faut bien veiller à ses arrières, des fois que la promesse élyséenne d’une promotion ministérielle – pour avoir accepté de se faire battre par Ségolène Royal aux régionales en Poitou-Charentes – ne se concréti-serait pas. Quoi qu’il en soit, Bus-sereau, placé sous la tutelle para-lysante de Borloo, ne se risque plus sur les dossiers sensibles. Fin juin, il a fait marrer tout le

monde en animant, sur le terrain, la Journée mondiale de la sécurité au passage à niveau (sic) !En toute logique, plusieurs pré-tendants briguent la place de Bus-sereau. Comme le député UMP du Val-d’Oise Yannick Paternotte, encouragé par certains groupes comme Veolia, et qui, avec son club Hermes, tente de se rendre incontournable sur les transports. Mais il paraît bien poussif face au sprint du sénateur UMP des Alpes-Maritimes Louis Nègre, qui dis-pose de deux atouts : ancien prof de gym, Nègre est le poulain d’Es-trosi, le ministre de l’Industrie.

Mis sur orbite, Nègre a raflé en peu de temps la présidence de deux lobbies – la Fédération des industries ferro-

viaires et un think-tank financé par les autoroutiers – en sus de son mandat de maire de Cagnes-sur-Mer, de vice-président de la communauté Nice-Côte d’Azur et de président de deux ou trois autres babioles.Hasard ou pas, ces derniers temps, le Medef Transports a lancé des messages d’amour à Estrosi sur le mode : on aimerait beaucoup que le secrétariat aux Transports soit rattaché, dans le prochain gouvernement, au ministère de l’Industrie plutôt qu’à celui de l’Écologie, qui nous brime et nous traite de pollueur. Ça sent le coup monté ✹� ÉMiLE BORNE

GOUVERNEMENT

bettencourt, le ps démissionne Une enquête parlementaire plutôt qu’une demande de démission. Voilà la ligne du Parti socialiste dans l’affaire Woerth-Bettencourt. Lors de la réunion de groupe des députés PS, mardi 29 juin, la question du départ du ministre du Travail, Éric Woerth, ne s’est même pas posée. Étonnant, quand on sait que, pour Frédéric Mitterrand et l’affaire Polanski, Hortefeux et celle des « Auvergnats », ou encore Marie-Luce Penchard et le délit de favoritisme, le mot ne faisait pas peur à ces roses oreilles.« Nous avons convenu avec Martine Aubry d’une approche, non pas dans l’incan-tation, mais au plus près de la vérité », pondère Jean-Marc Ayrault, président des élus socialistes. Et d’ajouter : « Il ne faut pas descendre une personne en tant que telle, mais poser des questions précises. » Seul Arnaud Montebourg avait exigé la démission de Woerth, avant d’être ramené dans le rang. « Il ne faut pas nous tromper, le texte principal, c’est les retraites ! » clame un député bien calé sur la ligne du parti.À cela, une autre solution de repli a été évo-quée : une proposition de loi, à la mi-juillet, sur le non-cumul entre la fonction de ministre et celle de trésorier d’un parti politique. Tremble, Éric Woerth !Faut-il rappeler que François Mitterrand était un grand ami d’André Bettencourt, défunt époux de Liliane ? Que les deux hommes se sont rencontrés avant la guerre, dans l’organisation d’extrême droite la Cagoule ? Que c’est là égale-ment que Mitterrand fit la rencontre du fondateur de L’Oréal, Eugène Schueller, alors financier du groupuscule ? Faut-il rappeler, enfin, que ce dernier, grâce à un témoignage de Tonton, évita l’épuration d’après-guerre ? Heu-reusement, il y a prescription. Pas démission ✹ LOUiS CABANES

8 BAkCHiCH HEBDO N°31 | DU SAMEDi 3 AU VENDREDi 9 JUiLLET 2010

Filouteries

C’est la semaine des farces. Un véritable mardi gras d’été. Un 1er avril en pleine chaleur où tous se découvrent d’un fil. Et se vautrent dans la galéjade, le burlesque. Merci les Bleus, cocorico, vive la France, banzaï ! Vous avez tout déclenché. Pour ridicule qu’elle soit, la commis-sion parlementaire mise sur pied pour comprendre la débâcle sud- africaine du foot français a au moins permis à Tapie de s’amuser. Nanard se met à clamer sur les ondes qu’il ne faut pas « confondre  foot et politique » et que les députés ont mieux à faire. Lui, l’ancien ministre de la Ville, le président de l’OM condamné pour corruption, a décidé de se transformer en Père la morale. Un peu comme si Julien Dray prenait la défense d’Éric Woerth, empêtré désormais dans l’affaire Betten-court. Ou si Dominique Paillé, le conseiller de Sarko, pris les doigts dans le pot de confiture du finan-cement de l’UDF, s’y mettait. Ou si le casinotier Bernard Laporte volait au secours de la curée. Ah, tiens, ils l’ont fait. L’hommage du vice au vice, et vice versa. Que de blagues pour aller à la plage !

Revenons à la fameuse commis-sion sur le Waterloo du ballon rond français. Après tout, c’est l’argent du contribuable qui nourrit en grande partie le monde du foot. Alors pourquoi ne pas

saisir la commission des finances du Sénat ? L’Euro 2016 arrive, une rivière de grisbi public va se mettre à couler et mieux vaudra surveiller où mènera son cours.

Si Tapie tient à séparer les gens, il faudra en toucher un mot à son ami Bernard Kou-chner. Toujours ministre des Affaires étrangères quand sa femme, Christine Ockrent, dirige la voix et l’image de la France à l’étranger avec l’audiovisuel exté-rieur français. Le sinistre « AEF ». Même Borloo et DSK avaient compris que leurs compagnes ne pouvaient décemment continuer à présenter les infos quand leur coquin de mari se retrouvait avec un maroquin.

Et puisque l’heure est à l’éco-nomie, à la fin des garden- parties et presque au bol de riz, le Kaiser Sarkoko devrait penser à remanier et à dissoudre. Gou-vernement réduit, Conseil écono-mique et social détruit. Vingt mil-lions d’euros économisés, au bas mot, pour des machins à utilité réduite. Arrachons la chienlit !✹

Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité.

L’HUMEUR DE PROBST

L’HOMMAGE DU ViCE AU VERSA

Page 9: Bakchich N° 31

du samedi 3 au vendredi 9 juillet 2010 | Bakchich heBdo n°31 9

Bazar

afrique du sud À événement exceptionnel, mesures exceptionnelles. Pour la Coupe du monde de foot, l’Afrique du Sud a créé des tribunaux spéciaux. Du 28 mai au 25 juillet, c’est une justice pour le moins expéditive et on ne peut plus sévère qui est appliquée au pays de Mandela.

En s’aventurant, en pleine Coupe du monde, en Afrique du Sud, Bakchich s’est exposé à bien des dangers. Pas à celui

de l’insécurité, dans un pays où la moyenne des homicides s’éta-blit à 50 par jour, pour 18 000 cam-briolages et 15 000 braquages de voitures par an. Bakchich a bravé un péril bien plus grand, qui peut vous donner, au moindre contrôle de police, l’envie d’uriner dans un endroit inappro-prié. Il s’agit de la dernière trou-vaille de la justice sud-africaine : les tribunaux spéciaux Coupe du monde.Des cours de justice spécialement créées par le gouvernement de Jacob Zuma – pourtant peu à l’aise avec la justice – pour parer à toutes les infractions pénales en lien avec le Mondial de foot. Du recel de tickets au non-respect des sponsors de la Fifa, en passant par le vol à la tire. Le décret, paru au journal officiel local le 21 mai der-nier, est fort explicite sur la nature de cette justice aussi ronde que ballonnée : « Des mesures excep-tionnelles pour s’assurer que les effractions contre la multitude de fans de foot et des équipes présentes soient rapidement traitées. » Cinquante-six tribunaux pour les neuf villes hôtes de la compé-tition, avec 260 procureurs et 93 traducteurs, ouverts du 28 mai au 25 juillet, et un budget de 45 millions de rands (5 millions d’euros). Pour une justice expé-ditive. « Malgré l’interdiction du dopage, la justice sud-africaine

semble agir sous stéroïdes », ricane le Mail and Guardian, l’un des journaux les plus foui-neurs du pays. Quinze ans de prison ferme pour les braqueurs de deux journalistes portugais, arrêtés et condamnés en qua-rante-huit heures à Johannes-burg. Trois ans de taule pour un Nigérian qui a recelé 30 tickets volés à Pretoria. Deux ans au trou pour un jeune de 21 ans qui a

piqué une cou-verture, trois bouteilles de bière et un guide touris-tique à un fan allemand perdu

à Rustenburg. Cas réglés en moins d’un jour. Une « fast jus-tice » qui commence à inquiéter les pontes des tribunaux arc-en-ciel. Particulièrement après le cas emblématique d’un jeune de 22 ans, condamné à Johannes-burg, en vingt minutes, à trois ans de cabane pour avoir volé le téléphone portable d’un fan argentin. Le tout sans arme… et avec un casier vierge.« On a 400 000 vols chaque année dans le pays. Que va-t-il se passer si on continue d’infliger d’aussi lourdes peines pour un délit aussi mineur ? » pointe, dans les colonnes du Mail and Guardian, Barbara Holtmann, une huile de la criminologie locale. « Je ne vois pas quel bénéfice cette sorte de justice va avoir sur le pays. » Jugement de plus en plus partagé par les ONG locales et la presse anglo-saxonne, qui commence à tirer à boulets rouges. Car l’un des siens a été touché ! Un journa-liste britannique a été condamné, le 28 juin, à 3 000 rands (320 euros)

d’amende pour ne pas avoir donné sa bonne adresse de logement au Cap… Il est soupçonné d’avoir voulu critiquer le tout-sécuri-taire mis en place par l’Afrique du Sud pendant le tournoi. Bref, un pisse-copie doublé d’un pisse-froid. Rien qu’un malfaisant qui voulait embêter la Fifa, pourtant protégée depuis le 1er septembre 2006 (!) par le « 2010 Fifa World Cup South Africa Special Measures Act », un texte qui portait déjà les germes de la « fast justice » censée préserver la Fédé et ses sponsors des désagréments de la compétition (lire, ci-dessous, l’en-cadré « Mini-jupes interdites »).Des terres occupées, une justice mise au pas… Seize ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud retrouve les joies de l’état d’exception ✹ xavier monnier

Pas à une entorse près avec la législation d’un pays ou son histoire, la Fifa a gentiment mis les pieds dans le plat en afrique du sud.Fin d’apartheid oblige, les noms afrikaners des villes sud-africaines ont certes été conservés, mais les dénominations africaines des municipalités leur ont été accolées. depuis 1994, Pretoria s’appelle donc aussi tshwane, Bloemfontein peut être nommée mangaung, Pietersburg se dit Polokwane… mais après que de pauvres fans paumés se sont plaints d’être troublés par la double déno-mination des villes hôtes des matchs sur les tickets et divers papiers officiels, l’instance internationale a pris la décision la plus diplomatique du monde : abandonner les dénominations africaines. sage et saine approche. et tant pis pour les siècles de lutte des noirs en afrique du sud.après tout, seuls les Blancs ont les moyens d’assister en masse aux matchs de la coupe du monde ✹ x.m.

Quand la Fifa dit non, c’est nom

trois ans de prison pour un sud-africain qui a volé le téléphone d’un supporteur.

road trip, le carnet de bord de nos envoyés très spéciaux en afrique du sud : http://minu.me/2lrq

www.bakchich.info

I l est un royaume invisible et migrant, qui, tous les quatre ans,

apparaît un mois durant. s’impose au monde en général et à un pays en particulier. voire le colonise pendant six semaines, focalise les yeux de la planète sur lui, avant de le laisser exsangue, ivre et heu-reux. Quand il le peut… ou qui affiche un souve-rain mépris pour ladite nation où il a daigné faire halte. et, à la tête de ce merveilleux royaume qui a inventé la colonisation migrante, trône un roi dont nul n’ose saper l’autorité. Pas même les États des G8, G20 ou autres puissances émergentes de la scène internationale. Pas même l’onu qui

compte moins d’adhérents que la ten-taculaire Fifa.l’association et son patron, sepp Blatter, ont bloqué les principales villes d’afrique du sud, imposé les stades à rénover et n’ont guère bourse déliée. se sont goinfrés sur les revenus télé,

marketing, sponsoring. et ont vu l’afrique du sud leur tailler des lois sur

mesure. du jamais vu encore, et sur-tout pas dans les coupes du monde française ou allemande.une coupe réglée mais pas encore pleine pour Blatter. Qui souhaite se représenter à la présidence de la Fifa en 2011. sepp ne se lasse pas de ses cueillettes ✹

la mauvaise Foi de monnier

le merveilleux royaume miGrant

Goinfre

Les juges sontdevenus foot

depuis le scandale des mini-jupes lors du match Pays-Bas - danemark, le 15 juin, les journaux sud-africains se déchaînent contre la Fifa. Pour rappel, 36 charmantes jeunes filles en courtes tenues oranges sont arrêtées dans l’enceinte du stade soccer city, à johannesburg. motif : entorse à la législation sur le marke-ting. les jeunes femmes sont soup-çonnées d’avoir fait de la pub pour Bavaria, une bière hollandaise non autorisée dans les stades du mon-dial, le partenaire officiel de la Fifa étant Budweiser. aucun logo de la marque Bavaria n’est apposé sur les jupes, qui ont cependant bien été offertes, au même titre que les tickets d’entrée, par le brasseur néerlandais. après un déferrement express de deux meneuses de revue hollan-daises devant les tribunaux spé-ciaux et une tempête diplomatique, les charges ont été abandonnées. et les mères sud-africaines de râler. les jeunes recrues locales n’ont même pas été payées, quand le scandale a assuré une super pub à Bavaria. un peu batave sur ce coup-là… ✹ x.m.

Mini-jupes interdites

Page 10: Bakchich N° 31

10 Bakchich heBdo N°31 | du samedi 3 au veNdredi 9 juillet 2010

reportage Parmi le chapelet d’îles qui font les Caraïbes, entre la Jamaïque et Cuba, flottent les minuscules îles Caïmans, petits morceaux de terre spécialisés dans l’évasion fiscale. Un paradis que notre dessinatrice Essi a visité, sans doute pour ouvrir quelques comptes au nom de Bakchich…

Page 11: Bakchich N° 31

du samedi 3 au vendredi 9 juillet 2010 | Bakchich heBdo n°31 11

Page 12: Bakchich N° 31

12 Bakchich heBdo N°31 | du samedi 3 au veNdredi 9 juillet 2010

Bazar

moNdaNités

la moche soirée des beaux

L a der des ders avant l’Apo-calypse. Une nuit pour sauver la patrie en danger.

Contre la chienlit des gueules en biais et des corps grassouillets. Ce havre de reproduction entre gens parfaits, c’était la soirée organisée à Paris, tout près des Champs-Élysées, par le site Tres-select.com, le 25 juin. Soirée à laquelle Bakchich était convié. Rendez-vous était donné au Grand Palais. Tapis rouge, limousines, champagne, vitres teintées. Le tralala du frelu-quet vernis. « La beauté sera votre entrée », avait d’abord écrit le site. Avant de le changer en « Les votes seront votre entrée ». Délit de belle gueule ! Six cents marmousets sélectionnés à la forme des abdos et à la taille du bonnet pour que, le temps d’une soirée, la citrouille se transforme en carrosse.Mais le concours de beauté a un prix : 40 euros l’entrée, 10 euros le demi de bière, 8 euros la bouteille d’eau et jusqu’à 500 euros celle de whisky. Bénis des dieux, les rois de la presse ne sont jamais mau-dits. Vodka offerte, table à l’étage et vue sur le dancefloor. Une Suis-

sesse et une Slovaque s’invitent, alléchées par la bouteille. Sourires aux lèvres et papilles en extase. L’Helvète (guère underground) se targue de rouler en BMW, bosse dans la finance et a fait le déplacement depuis Berne. Bien modeste à côté des stars annon-cées : Jessica Simpson, blonde américaine qui chante comme Anelka pense, et « FX », de Secret Story  3, sont attendus. Jamais venus. Tout comme des joailliers et des DJ reconnus. Une minette

à la triste mine : « L’ambiance est moyenne.  Les mecs,  il  y  en  a plein de moches et  il  y  a  des filles en robe de 

plage. » Berezina des bas résilles ! Et de conclure : « Tout ça m’a coûté 350 euros pour venir de Narbonne, sans une seule star ! » Une autre déchante : « J’ai une copine qui a été au-delà de la 1 000e place sur Facebook et qui a été prise. » Une heure du mat’, la salle se vide. Des mâles en rut titubent de soli-tude. Des filles déchaussent leurs talons hauts. Le retour sera dur. La limousine devient Noctilien. Pause au Pizza Pino. Dodo. Sans big bang du bling-bling ✹� fraNcesca gasse

bruits de la ville

Femme à lunettes sur la selletteRecrue star du dernier mercato télé, Audrey Pulvar n’a pas réussi son passage de France 3 à i-Télé. Malgré les lunettes de Pulvar, i-Télé a stagné face à l’ennemi BFM. Pis, le franc caractère de la dame indispose autant les boss de la chaîne d’info que les grands patrons de Canal +. Pulvar animera donc, à partir de septembre prochain, la matinale de France Inter. Avec ou sans ses légendaires binocles ?

bern en route pour europe 1Un poil défrisé de voir son chroniqueur Didier Porte viré, Stéphane Bern négocie son départ de France Inter vers Europe 1. Le « fou du roi » vise la place de Michel Drucker, dont l’émission de fin d’après-midi reste le boulet de la grille de la station. Lagardère plutôt que Sarkozy, Fogiel plutôt que Val. La radio française a les dilemmes qu’elle mérite.

mon père, ce héraultMalgré une grève des aiguilleurs du ciel à Orly, le 19 juin, et malgré des béquilles, Gérard Depardieu a pris l’avion pour rejoindre le Cap-d’Agde et son festival des Hérault du cinéma. Fendant foule et contrôles, à la grande aigreurde passagers peu compréhensifs. En même temps que le festival, présidé par le réalisateur vision-naire de Camping, s’est tenu le salon régional du vin Vinocap. Et quand il s’agit de jaja, Gégé n’attend pas ✹

C ela pourrait être une histoire de bruit et de fureur racontée par un

idiot : un syndicat a été envahi. Pour se défendre des trublions qui ont renversé ses pots de fleurs, il n’a eu d’autre choix que d’assigner devant un tribunal les deux seuls zigotos qui ont pu être identifiés : l’un, michel roger, fondateur de la compagnie de théâtre jolie môme, pour avoir parlé dans un mégaphone ; l’autre, ludovic Prieur, animateur du site d’actualités alterna-tives hns-info.net, pour avoir raconté la scène sur internet. c’est néanmoins ce qui est arrivé à la cfdt, qui attaque des

travailleurs, qu’elle est censée défendre, pour « violation de domicile ». et cela, au risque de créer une jurisprudence et de rendre l’occupation de locaux, l’une des armes favorites de la lutte syndicale, délictueuse à l’avenir.mais la cfdt s’en est prise à la com-

pagnie jolie môme, qui joue, mais aussi milite, et dont le fief à saint-denis ne désemplit pas

chaque fois qu’il s’agit d’y lever le poing pour saluer la mémoire de la commune ou pour fredonner Ya Basta. de cette affaire est né Wanted, un spectacle qui se veut le procès du militantisme.

loin de moi l’idée de caricaturer la cfdt, même si elle tient aujourd’hui le mau-vais rôle de la fable. mais le fait qu’elle ait opté pour la confrontation avec des intermittents mécontents rappelle des méthodes que l’on s’attend à trouver plutôt du côté du patronat que de celui d’un syndicat de travailleurs.le symbole de ces deux militants que patronat, syndicat, mais aussi médias, opportunément absents, veulent faire taire en dit long sur le rapport de force qui s’établit aujourd’hui entre les « puis-sants » et les « faibles ». le jugement est attendu le 17 septembre ✹

militaNts, ya Basta !

Procès

les Petites faBles d’aNgeliNa

une heure du mat’, la boîte se vide, les « stars » ne sont jamais venues.

A llons-y gaiement, ou presque. les barbares ont souvent la belle

vie. ils pillent, violent, assassinent et repartent le sourire aux lèvres vers de nouvelles aventures. Notons ensemble l’existence d’une sous-espèce remar-quable, celle des soudards bigots. ceux-là peuvent aisément faire deux choses en même temps. Par exemple, étriper tout en lisant à haute voix d’admirables passages de la Bible. on en a connu. il y en a encore.le cas étasunien au vietnam est, pour tout dire, fascinant. dans le même temps que les américains pressaient la france de donner son indépendance à l’algérie, invoquant entre autres de hautes raisons morales, ils prépa-raient avec ardeur la plus vaste guerre chimique de l’histoire du monde. dans un livre en tout point remarquable, andré Bouny (Agent orange, éd. demi-lune, 23 euros) revient en détail sur la démence d’un plan de destruction de la forêt tropicale vietnamienne. d’abord appelé « Trail Dust » (« traînée de poussière »), puis « hadès » (le dieu grec des enfers), enfin « Ranch Hand » (« ouvrier agricole »), celui-ci a consisté, pendant dix ans, à partir de janvier 1962, à épandre par avions un défoliant appelé « agent orange ». un extraordinaire poison censé tuer les

arbres sous lesquels se protégeaient les combattants vietnamiens, et, au pas-sage, les récoltes. en ce temps-là, oublié depuis des lustres, un officier américain pouvait déclarer sans gêne : « Trees are our enemy. » les arbres étaient donc des ennemis. et les buffles, et les rizières, et les villages en paille, et les petits vieux, et les petits jeunes, et les bambins, et leurs mamans. sans compter les gué-rilleros, qui, plus mobiles, évitaient pour l’essentiel ces frappes qu’on n’appelait pas encore chirurgicales.l’« agent orange » contenait de la dioxine, qui est d’une stabilité chimique

redoutable. elle passe dans les tissus vivants, sans se dégrader. ce qui explique

qu’environ 3 millions de vietnamiens souffrent encore de ces épandages. et, parmi eux, à peu près 300 000 enfants, car les effets se font sentir aussi sur la descendance. tous ne sont pas tordus comme des acrobates tristes. tous ne sont pas cancéreux. tous ne sont pas fatigués à l’extrême. mais tous ont une épée de damoclès au-dessus de la tête. ou déjà plantée dans le creux des reins. « So what ? » comme devaient dire les présidents kennedy, johnson puis Nixon en regardant l’énigmatique carte du vietnam sous les bombes. oui, quoi ? et puis Bush. et puis l’irak. et puis guanta-namo. et notre totale indifférence ✹

Damoclès

le joli temPs de l’ageNt oraNge

écolo façoN NicoliNo

Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concessions sur l’environnement, Planète sans visa.

bakchichc’est aussisur internet !

informations, enquêtes et mauvais esprit

bakchich info

Page 13: Bakchich N° 31

Les « jours tranquilles », on les a connus à Clichy avec Henry Miller, et ce n’est pas l’expression qui saute aux yeux pour parler

de la survie à Gaza. C’est pour-tant le titre du livre, et il n’est pas innocent. Drôle de tranquil-lité avec la lutte entre frères, Hamas contre Fatah, l’islamisa-tion forcée, le blocus, l’opération « Plomb durci » et autres drones qui continuent de bombarder, la tragédie de la flottille attaquée par les commandos israéliens : ce coin de Méditerranée n’appa-raît pas comme la mer de la Tran-quillité ! Les jours décrits dans ce livre nous sont donc inconnus…

débrouille artEn puzzle, ils sont des moments d’une histoire qualifiée de petite, celle qui reste dans l’ombre de la grande. C’est elle, cette inconnue, que raconte Karim Lebhour, jour-naliste correspondant de RFI et de la Croix. À Gaza, 40 kilomètres de long sur 10 de large, il se sent chez lui. Ses chroniques débutent en mai 2007. Pour lui, c’est l’an-goisse des balles perdues, celle de la guerre invisible entre le Fatah et le Hamas. Mais le blocus aura le mot de la fin. De la faim ? Le journal de cet homme tranquille s’arrête après le drame sanglant de la flottille, qui, dit-on, pourrait entraîner un poil de souplesse dans le lien qui étrangle Gaza.Entre les deux, le lecteur suit de bout en bout une succession d’expériences singulières, parfois cocasses, sur une terre désormais réglée sur la pendule du Hamas : des prisonniers obtenant des

réductions de peine contre la lecture du Coran, des femmes « méduses » dans les eaux de Gaza, le jilbab ayant remplacé le maillot de bain… Ou, plus sérieusement, cette scène qui résume à elle seule les tensions gazaouites : la carriole d’une « famille » érafle la jeep d’une autre. Résultat : une ven-detta et neuf morts. Mais le Gaza de la seule misère, d’« hommes-fourmis » décrits par les médias, n’entre pas dans ce livre. Ici, c’est une immersion totale dans une bande de terre qui est aussi autre chose qu’une victime, et où l’art de la débrouille est un pied de nez au blocus. Où l’immense gâchis de l’après-retrait israélien, en 2005, s’explique aussi par cette guerre entre frères et une corrup-tion ravageuses.Heureusement, comme il n’est pas instituteur, Karim Lebhour ne distribue pas de bons ou de mau-

vais points. Ses chroniques entre palmiers ensoleillés, kalachnikov et maisons en ruine montrent la vérité ordinaire d’un « fiasco poli-tique parmi les plus flagrants de ce début de siècle » ✹� Gabrielle Prudhon

Jours tranquilles à Gaza,par Karim lebhour, éd. riveneuve,

162 pages, 15 euros.

C eux qui aiment la litté-rature sont trop peu à le savoir, mais le Bien des

absents, le roman d’Elias Sanbar publié il y a dix ans, compte parmi les plus grands livres. Sanbar cumule deux inconvé-nients, son immense modestie et sa qualité de Palestinien. Deux réalités qui riment mal avec la reconnaissance. Le Bien des absents, c’est, vu avec les yeux et entre les larmes d’un gosse,

Si la palestine m’était contéelittérature Le journaliste Karim Lebhour publie Jours tranquilles à Gaza, immersion totale là où l’existence n’est pas aussi misérable que les médias, simplificateurs, le laissent croire. De son côté, Elias Sambar nous convie au voyage avec son Dictionnaire amoureux de la Palestine.

Un peu de culture

du samedi 3 au vendredi 9 juillet 2010 | bakchich hebdo n°31 13

manuel d’absurdité«I l vaut mieux mobiliser son

intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes. » un principe sha-dock qui devrait en faire méditer plus d’un par les temps qui cou-rent. mais c’est en un grand des-sinateur, manu larcenet, que la vertu sur pieds a trouvé son plus noble prêcheur.son dernier livre fixe de nouvelles tables de la loi céleste et séculière. Peu de gens savent : 169 révélations fondamentales permettant aux imbéciles d’appréhender le monde avec un minimum de sérieux. vaste programme, qui demande une instruction méthodique et rigou-reuse. À chaque double page, un psaume trempé à l’eau bénite de l’absurdité et du surréalisme, illustré d’une icône loufoque. ce qui donne : « Peu de gens savent que Gaston Lagaffe ne s’est jamais vraiment remis de la mort de Franquin. » accompagné d’un dessin du héros gaffeur, clope au bec, usé et dépressif. ou bien : « Peu de gens savent que mon oncle Jean-Jacques était le sosie de l’inoubliable Raymond Devos. Mais quand il nous tapait, mon frère et moi, avec sa ceinture, il était beaucoup moins drôle. » je vous laisse imaginer le ton du psaume.larcenet immole son génie au feu du meilleur bois : l’humour noir, la poésie, la folie, gorgés d’une humanité tactile et humide. comme les yeux de tous ses personnages, un rond semblable à une goutte de lune. un grand bol d’air ✹� louis cabanes

Peu de gens savent : 169 révélations fondamentales permettant aux imbéciles d’appréhender le monde avec un minimum de sérieux,

par Manu larcenet, éd. les rêveurs, 332 pages, 28 euros.

Bédé

l’exil de 1947, de la Palestine vers Beyrouth. Avec, pour seul via-tique, un meuble à petits tiroirs. Ils contiennent toute la vie d’une famille et résument celle d’un peuple chassé vers l’exode : les titres de propriété, les photos, les certificats de naissance et de

A l’heure où les dis-cours semblent monocordes, les

visages trop tristement familiers, puisque ce sont toujours les mêmes qui hantent la presse, le cinéma et les médias en règle générale, reGenera-tion² revigore notre désir de sang neuf. En décou-vrant ici les travaux de 80 photographes qui

sèment le si rare parfum de la nouveauté, l’on ne peut qu’être comblé.Tout d’abord parce que ces artistes ont été sélec-tionnés parmi 700 autres appartenant à plus de 100 écoles d’art et de photographie. Ensuite parce que le concours avait été lancé par le Musée de l’Élysée de Lausanne, qui reste l’une des institutions les plus reconnues sur la scène photographique mondiale.

Enfin parce que la richesse des œuvres, la diver-sité d’angles innovants, de regards neufs comme la beauté ici dévoilée sous des instantanés bien surpre-nants ne peuvent nous laisser en douter : certains grands noms de la photographie de demain sont là. Qu’ils s’inspirent de quelques grands maîtres, qu’ils s’en détachent, les évitent ou les ignorent, cette génération d’artistes porte un regard sur le monde d’aujourd’hui dont on se souviendra.Leurs travaux sont exposés au Musée de l’Élysée de Lausanne jusqu’au 26 septembre 2010 puis parcour-ront le monde pour finir à New York, du 20 janvier au 17 mars 2011. Excellente raison, pour beaucoup d’entre nous qui ne peuvent se permettre de tels voyages, de se procurer ce livre. Comme un coup de cœur, un flash… ✹� renaud santa maria

reGeneration², Photographes de demain, par William a. ewing et Nathalie Herschdorfer, éd. thames and Hudson, 224 pages,

208 photographies dont 194 en couleurs, 34,95 euros.

les jeunes pousses au révélateurPhoto

décès, des trousseaux de clés. Sanbar est trop bien élevé pour glisser dans ses pages une analyse de type « historique ». À 60 ans, il a retrouvé les images cachées au fond de ses yeux comme sur une pellicule oubliée.

exigeNce NobleLe même Elias Sambar a publié en avril dernier un Diction-naire amoureux de la Palestine. Pas grand-chose de Tsahal, du « Plomb durci », du Hamas ou du mur… La plume d’Elias se fixe une exigence plus noble, perpé-tuer la Palestine, dire son histoire millénaire et sa culture. Sanbar parle plus, et tant mieux, de Mah-moud Darwich, de Stefan Zweig, de Jean-Luc Godard et de Jean Genet que d’Ariel Sharon.Ce dico nous parachute en Pales-tine, pays qui n’existe plus, sans mettre un pied dans l’avion ✹� jacques-marie bourGet

Dictionnaire amoureux de la Palestine, par elias Sanbar, éd. Plon,

481 pages, 24,50 euros.

Page 14: Bakchich N° 31

A rielle Dombasle, la plus vieille jeune fille de France, vous le

confirmera : en prenant de l’âge, on se réveille plus tôt le matin. Et c’est ainsi que, sur BFM TV, il m’est maintenant loisible de regarder l’émission de Jean-Jacques Bourdin sans avoir à mettre mon réveil. ça tombe bien puisque, dans le PAF, ce journa-liste est le seul qui fasse une émission d’entretien sans pratiquer cet art exigeant en se mettant à quatre pattes, la position favorite d’Elkabbach. Notre cher Jean-Pierre ne vient-il pas, une fois encore, de se faire coincer les doigts dans l’étau de la déontologie : il a interrogé un banquier de Goldman Sachs après lui avoir transmis ses terribles ques-tions à l’avance. Ce qui fait que l’ami

des traders a eu le temps d’écrire ses réponses, lues au micro. Le dialogue était aussi spontané qu’au temps de l’ORTF, le monstre qui, justement, a accouché d’Elkabbach.Pour réussir dans son entreprise, Bourdin utilise une recette très compli-quée. Cela s’appelle le journalisme. Ne

pas faire de compromis, bien travailler son dos-sier et ne pas lâcher le

mollet du type d’en face tant qu’il n’a pas répondu à la question. Incroyable, dans nos médias engraissés en bat-terie au tourteau de la connivence.Et l’émission de Bourdin, même s’ils y vont équipés d’un gilet pare-balles, les hommes politiques se battent pour y figurer. Je pose donc la question : ces élus et autres puissants sont-ils maso-

chistes ? Non, ils veulent seulement, en catalogue de La Redoute de leur propre salade, débiter leur langue de bois à tout prix. Chez Bourdin, l’en-chère est élevée. Celui qui arrive au bout de l’émission sans être nu ou ridi-cule a gagné. Notre excellent confrère a compris que l’esprit de sel était le bon ingrédient pour captiver le public. Comme quoi le vieux journalisme peut être moderne.Mercredi, celui qui était sur la planche à débiter s’appelait Tron – je n’invente rien –, secrétaire d’État à la Fonction publique. Outre ses cheveux trans-plantés, qui donnent un effet laque dont on croyait Bernadette Chirac seule détentrice, Georges Tron a vite été nu sur le billard de Bourdin. La veille, c’est Mélenchon qui a chanté « Tiens, voilà du Bourdin ». Jean-Luc nous a joué son opéra de quat’ sous au petit poil : compétent, convaincant, rigolo. Plutôt que de gâcher son talent avec son Parti de gauche, Mélenchon ferait mieux de donner des cours à des baratineurs comme Tron ou Copé. L’égoïne de la télé aurait du meilleur bois à scier ✹

ciné Deux scientifiques donnent vie à une créature mutante et sexy. Deux truands kidnappent une jeune fille pleine de ressources. Deux séries B d’été explosives.

L ’été est enfin arrivé, avec son cortège de nanars, de séries B, voire de séries Z. En attendant la rentrée,

voici deux séries B passionnantes qui jouent avec les codes du genre et les nerfs du spectateur.Splice est un petit film d’épou-vante sous l’influence de David Cronenberg. Deux scientifiques parviennent, en mixant l’ADN d’êtres humains et d’animaux, à créer une créature mutante, mystérieuse et sexy. Le cinéaste canadien Vincenzo Natali (Cube) joue sur la peur des manipula-tions génétiques et s’engage sur des sentiers peu fréquentés avec des scènes de sexe, de mutila-tion, d’inceste. Dommage qu’il se fourvoie avec une dernière partie qui évoque des navets comme la Mutante, quand le monstre se met à boulotter tout ce qui bouge. Plus grave, Splice dégage une morale assez douteuse – la même que dans le Frankenstein de 1930 ou dans la Mouche de Cronenberg –, à savoir : le scientifique qui se prend pour Dieu doit être puni de mort à la fin. Beuuurk !La Disparition d’Alice Creed est nettement plus passionnante. À l’origine, une contrainte : com-ment réaliser son premier long-métrage avec le budget café de

Shrek 4 ? À 33 ans, le réalisateur britannique J. Blakeson imagine une histoire de kidnapping, ce qui sous-entend unité de lieu et

peu de person-n a g e s . S o i t deux hommes qui enlèvent une jeune fille, Alice Creed. Bâillonnée, dés-

habillée, Alice est menottée sur un lit, en attendant la rançon du papa. Pourtant, rien ne va se passer comme prévu… S’il n’a pas de budget, J. Blakeson a des idées. Il imagine donc un scénario à tiroirs, avec un rebondissement tous les quarts d’heure. L’écriture

est virtuose, et Blakeson vous cloue à votre fauteuil avec une réalisation sèche, très seventies. Si on reconnaît un bon réalisateur à sa capacité à goupiller un bon casting, on notera que Blakeson a du nez avec son formidable trio : Eddie Marsan (Miami Vice), Martin Compston (Sweet Six-teen) et Gemma Arterton (Prince of Persia). Un scénario malin et retors, une mise en scène au cor-deau, des acteurs en état de grâce : vous pourriez rater ça ? ✹ MARC GODIN

Splice, de Vincenzo natali et la Disparition d’Alice Creed,

de J. Blakeson. En salles le 30 juin.

Un peu de culture

14 BAkChICh hEBDO N°31 | Du SAMEDI 3 Au VENDREDI 9 JuILLET 2010

LA ZAPPETTE DE BOuRGET

çA ENVOIE Du BOuRDIN !

calvi on the rocksFestival

un décor idyllique, l’île de Beauté, et une affiche paradisiaque… Pour sa huitième édition, Calvi on the Rocks investit les environs de la citadelle de Calvi pour cinq jours de musique non-stop. Et pas des moindres : les meilleurs artistes électroniques de l’année 2010 seront réunis sur la plage, au théâtre de la Verdure et dans les clubs des environs, de midi à l’aurore. Débuté vendredi 2 juillet, le festival présente des concerts azimutés des New-Yorkais post-punk LCD Soundsystem, des Australiens disco Midnight Juggernauts, des Anglais synth-pop hot Chip et du Français électro-krautrock Joakim & the Disco (qui célèbre également le 10e anniversaire de son label, Tigersushi). une kyrielle de DJ’s et de producteurs de tous bords seront également des festivités, aux platines ou en live. On pourra découvrir One in Other, le nouvel album ultra-émotionnel de l’ex-égérie du Pulp, Chloé, lever les bras au bon souvenir de la techno old school du père de Detroit, Carl Craig, se dandiner sur le groove ténébreux de l’Argentin Matias Aguayo, avant de s’achever sur les tueries dancefloor de Busy P. (alias Pedro Winter, le boss du label Ed Banger). C’est en bikini et les pieds dans l’eau que cette grand-messe dédiée aux musiques émergentes s’achèvera, le 7 juillet. La soirée finale, Calvi on the Beach, fera alors la part belle à la fine fleur du label de Cologne kompakt (Superpitcher et DJ koze) et aux folies psychédéliques du Parisien Étienne Jaumet. Bonheur.Du 2 au 7 juillet.Tarifs : 25 euros (1 jour), 110 euros (5 jours).

how i get overthe roots

Ras la casquette à l’envers du rap bling-bling ? Excellente nouvelle : The Roots sortent leur neuvième album studio, How I Get Over. Onze ans après le chef-d’œuvre Things Fall Appart, le collectif de Philadelphie façonne une savoureuse mixture hip-hop mâtinée de jazz, de soul et de rock indé. Ce disque élégant, produit par Black Thought et Questlove, revient sur les présidences Bush et Obama et regorge de guest stars. On y retrouvera notamment le crooner John Legend et un sample de la folkeuse californienne Joanna Newsom. un grand cru.

americana 3roch voisine

Tabernacle, Roch Voisine se prend pour Johnny Cash ! Après Memphis et Nashville, le Québécois au blouson de cuir file en Californie revisiter les Beach Boys (God Only Knows), Joni Mitchell (Both Sides Now) ou les Monkees (I’m a Believer). Si la sélection d’Americana 3 s’avère exquise, difficile de ne pas ricaner. Charismatique comme une boîte de sardines, l’ex-hockeyeur interprète les originaux à la note près avec le timbre fadasse qu’on lui connaît… Cerise (pourrie) sur le gâteau : une version de California Dreamin’ en français ✹� ÉLÉONORE COLIN

Musique

Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • chro-niqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Lau-rent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquette : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Marie-Claire Vierling • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Cabanes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Macabies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Ver-zaux • Dessina-teurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, khalid, klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Morvandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soul-cié, Thiriet •Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121, rue de Charonne 75011 Paris • Télé-phone : 01.40.09.13.25

CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France OffsetDirection des ventes : Thierry Maniguet/[email protected]/01.70.39.71.05Publicité : [email protected]

Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.

la Bakchich TEaM

Déontologie

en sallescarlosd’olivier assayas

Mini-série de Canal + de 5 h 30, Carlos n’avait pu concourir à Cannes à cause de son origine télévisuelle, ce qui n’avait pas empêché Elephant, téléfilm hBO, de gagner la Palme en 2003. Conçue pour l’étranger, une version courte de 2 h 30 percute aujourd’hui nos écrans et, d’après Olivier Assayas : « Elle est bonne. Mais si vous avez vu la version longue, vous êtes perdant. » Vous voilà prévenus…

Du silence et Des ombres (reprise)

de robert mulliganun classique, un des plus beaux rôles de Gregory Peck, incroyable en avocat progressiste qui défend des Noirs dans l’Amérique de la Grande Dépression. une œuvre délicate et mystérieuse.

intégrale Pierre etaix (reprise)

de Pierre etaixPendant des années, les films de Pierre Etaix (le Soupirant, Yoyo, Tant qu’on a la santé…) ont été invisibles, suite à de sombres histoires de sous. Après le come-back de Tati il y a un mois, Etaix revient nous faire coucou. Et si 2010 n’était pas si pourrie ?

twilight chaPitre 3 : hésitation

de David sladehésitation ? Non, en fait, je n’hésite pas, je n’irai pas voir le troisième volet de cette série pathétique.

centurionDe neil marshall

J’avais été bluffé par The Descent, petit film d’horreur spéléologique. Depuis, Neil Marshall torche nanar sur nanar, des trucs catastrophiques. Après un Doomsday apocalyptique, notre homme revient avec Centurion, décalque nullos du Gladiator de Ridley Scott. Passez votre chemin ✹ M. G.

La disparition : un scénario malin et des acteurs en état de grâce.

splice et alice creedle choc des séries B

Page 15: Bakchich N° 31

P our montrer sa volonté de réduire le train de vie de l’État, notre rigou-

reux président de la République vient d’annuler, purement et simplement, l’annuelle garden-party de l’Élysée. Il s’agit là d’un signal fort, au point qu’on peut se demander s’il n’est pas trop radical. Le 14 juillet, date rassembleuse, est associé à l’idée de fête. Plutôt que de congédier les violons du bal, on pour-rait rapprocher le sommet de l’État des citoyens de base en appli-quant au plus haut niveau la rigueur imposée aux Français. Plutôt que de tout détruire, on pourrait réduire drastiquement les frais en faisant appel à cette débrouillardise qui caractérise notre peuple.En s’inspirant des apéros Facebook, qui font fureur, on demanderait par exemple aux invités d’apporter leurs bouteilles. Ou, pour resserrer les liens avec la communauté musulmane, mis à mal par la controverse sur la burqa, on ferait appel aux boucheries halal, net-tement moins chères que les autres (on me signale qu’on trouve, à Belleville, des merguez pour 2 euros les dix). Une fête est réussie quand elle permet aux participants de renouer avec leur

enfance. Or, dans cet ordre d’idées, M. Ali, épicier au Kremlin-Bicêtre, pro-pose justement des crocodiles en sucre de gélatine à des prix réellement bradés. Et qui dit réjouissances dit champagne. L’Élysée connaît-il le Champomy ?Un poste assez coûteux, c’est la loca-tion de marquises et d’auvents démon-tables, pour abriter les invités. La belle saison rend plus disponibles les tentes Quechua dont dispose l’association Don

Quichotte. Son animateur, Augustin Legrand, serait certainement heureux de

mettre ce parc de toiles, destiné aux SDF, à la disposition de ceux qui en ont vrai-ment besoin. Concernant les toilettes de la « Présidente », qui représente l’élégance française, on ne peut que la diriger vers les « aubaines » (sic) de La Redoute, proposées, sur Internet, avec des réductions allant jusqu’à 70 %.Mais la maîtrise des dépenses est plus saine quand elle s’accompagne d’une hausse des recettes. C’est l’occasion de créer une taxe sur les rosettes, dont s’acquitteraient gaiement les nouveaux promus dans l’ordre de la Légion d’hon-neur, au prorata, bien sûr, de la hauteur de leur grade ✹

LE BILLEt D’ALAIn RIOU

RÉInvEntER LA gARDEn-PARty

Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma.

Champomy

Le pipoLe de la semaine

Devenez actionnaire !En adhérant au Club des amis de Bakchich, qui compte déjà plus de 70 membres.Renseignements : 01 43 72 51 [email protected] 1 ACtIOn = 100€

Arthur galoupiot de VillepinLe lancement de République solidaire, le parti de Dominique de Villepin, samedi 19 juin, aura vu l’émergence d’un (presque)

novice des sorties politico-médiatiques : Arthur de Villepin, fils du meilleur ennemi de Nicolas Sarkozy. Talkie-walkie vissé à l’oreille, orchestrant le bon enchaînement des musiques qui accompagnent le meeting, le jeune homme de 22 ans n’en est pas à ses premières gammes au côté de papa.Nourrissant les plus grandes ambitions pour son fils, « DDV », successivement ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, a l’habitude d’emmener Arthur avec lui au cours de

ses voyages officiels. À tel point que la devise du prince Arthur pourrait être : « Mon père, ce héros. »

Au siège de l’ONU, à New York, Arthur, encore gamin, s’assied dans la salle du Conseil de sécurité, où son père prononce son discours du 14 janvier 2003 sur l’Irak. L’extase.Mais, à cette époque, sa vocation n’est pas encore sûre. À 16 ans, en mars 2004, le fils du patron du Quai d’Orsay hésite. Son physique

avantageux (les mauvaises langues disent la fonction prestigieuse de son papa) le conduit à dévoiler son agréable personne dans une

double page du magazine pipole Oh La ! Il est choisi par une marque de mode italienne (Krizia) pour sa campagne de pub. Arthur est salué pour sa « beauté aristocratique », tandis que son père est pré-senté comme « le plus séduisant ministre des Affaires étrangères de la planète ».

pRince-moiEn 2005, Arthur Galouzeau de Villepin passe des pages pipoles à celles des faits divers. L’adolescent est mêlé à une bagarre dans le XVIe arrondissement de Paris, boulevard Émile-Augier. La police intervient, mais le fils du Premier ministre évite de justesse un

séjour au commissariat en tendant son téléphone portable à l’un des policiers, qui se retrouve en ligne avec Dominique de Villepin…Noblesse oblige, Papa le met en garde et, deux ans après, en

mars 2007, devant les étudiants de Harvard, Villepin père s’exclame : « Je dis à mon fils : “Engage-toi dans la Légion étrangère, fais du para-chutisme… Ma génération est allée au Népal, en Inde, avec quelques sous en poche…” » Son Népal à lui, Arthur va le chercher, toujours en 2007 et toujours au côté de son père, au cours d’un voyage officiel au Tchad. Il y fait la connaissance du colonel Brahim Déby, fils du

président tchadien. On le verra arborer fièrement un treillis couleur sable et un foulard de baroudeur. Une vocation est née.

Jean Sarkozy, son éternel rival (inconscient et non encore déclaré), a du souci à se faire pour la présidentielle de 2022 !✹�� SIMOn SOLAL

nom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Prénom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Adresse abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Code postal abbbc ville abbbbbbbbbbbbbbbbc

E-mail abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Je m’abonne pouR un an :

France métropolitaine : Hebdo 45€ O

Dom + union européenne : Hebdo 60€ O + exclus (site) +20€ O

Reste du monde : Hebdo 100€ O

oFFRe pRomotionnelle Je m’abonne pouR tRois mois :

France métropolitaine : Hebdo 10€ O

Dom + union européenne : Hebdo 25€ O + exclus (site) +20€ O

Reste du monde : Hebdo 45€ O

Par chèque bancaire à l’ordre du gROUPE BAKCHICH

Contact : Service abonnements • 01 43 72 51 32 • [email protected]

meRci De RetouRneR ce bon complété À : Bakchich, service abonnements, 121 rue de Charonne 75011 Paris

abonnez-vous gaiement

Je m’abonne pouR un an :

France métropolitaine : hebdo + Web 65€ O

Dom + union européenne : hebdo + Web 80€ O

Reste du monde : hebdo + Web 120€ O

oFFRe pRomotionnelle Je m’abonne pouR tRois mois :

France métropolitaine : hebdo + Web 20€ O

Dom + union européenne : hebdo + Web 45€ O

Reste du monde : hebdo + Web 65€ O

nom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Prénom abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Adresse abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

Code postal abbbc ville abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

E-mail abbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbc

BAKCHICH cHaQue sameDi cHeZ Vouset toute l’annee en liGne !

Abonnez-vous dès aujourd’hui à l’« intégrale » de Bak-chich, pour 65 euros seulement. Accédez librement, sur www.bakchich.info, à tout Bak-chich (scoops, enquêtes, dessins, vidéos, « off du jour », anciens numéros de Bakchich en PDF et à toutes nos archives)…Et recevez, chaque samedi, Bakchich hebdo dans votre boîte aux lettres.

bakchich

bakchich

bakchich vous ouvre ses archives

DU SAMEDI 3 AU vEnDREDI 9 jUILLEt 2010 | BAKCHICH HEBDO n°31 15

Un peu de culture

Page 16: Bakchich N° 31

escalettes mis sur la touchehors jeu Super-notable du glorieux ballon tricolore, le président de la Fédération française de football est donc tombé. Un exorcisme plutôt qu’une thérapie...

D es professionnels de la profession, qui le savent têtu, le voyaient se maintenir quel-ques semaines encore. Et vider les lieux plus tard, pour sauver la face. Erreur. Le

patron de la Fédération française de foot (FFF), Jean-Pierre Escalettes, pourtant sou-tenu par la Fédération interna-tionale, a donc, dès lundi, donné raison à sa ministre, Bachelot, qui jugeait sa démission « iné-luctable ». Pour cause de sou-tien mordicus à l’entraîneur honni Domenech, un homme de la maison FFF. Et donc pour le Waterloo qui s’est ensuivi : matchs perdus, injures (pré-sumées) d’Anelka, grève de l’entraînement, etc. Simple rappel : officiellement pape en son royaume, l’apparatchik en chef JPE avait été réélu pour quatre ans, fin 2008, au taux soviétique de 93,50 % des voix, un chouia mieux qu’en 2004 (92,60 %). L’appareil et la réa-lité du foot sont peut-être des choses différentes.

désolation impuissanteTout avait cependant martialement commencé. À peine intronisé, Escalettes, 75 ans aujourd’hui (l’âge de départ en retraite des évêques), ex-prof d’anglais à Ribérac (Dordogne), blanchi sous le harnois du foot amateur, le clamait : « Je veux remettre l’église (sic) au centre du village et m’accrocherai à la rigueur morale et économique. » Cinq ans plus tard, au plus fort des frasques sud-africaines des Bleus, le même nous jouait le grand air de la désolation impuis-sante : « Le foot français (dirigé par qui, au fait ?) a fait honte à son pays. » Est-ce possible ?

« Il [JPE] a été dépassé (par les événements, les joueurs, etc.) », plaident ses défenseurs. Ah bon ? Ce n’est pas plutôt pour maîtriser les événements qu’on devient patron de la Fédé ? Un prospère « machin », aurait dit de Gaulle, où la démocratie se pratique à l’indirecte ?

Et où, dans un grand jeu d’in-fluences compliqué, le débon-naire foot du dimanche voisine avec des clubs pros en argent massif. « Des  associations  loi 1901 contre le CAC 40 », blague un supporteur.

repoussoir« Ce n’est pas dans ma nature d’abandonner le navire », avait encore lancé, d’Afrique du Sud, le grandiloquent Jean-Pierre, repoussoir, ou à peu près, de quelques Bleus de 98. Exact : c’est « le navire » qui l’a « abandonné ». La semaine der-nière, dans la galaxie footeuse, la moindre de ses heureuses décisions passées était à tout coup attribuée à tel ou tel autre membre du presidium du foot français, lequel n’avait pas tant

désavoué Escalettes dans son soutien à Raymond. Tout le problème des apparatchiks, au fond : on cause très fort instances, droits télé, bâtiments de prestige, et on se retrouve piégé par des embrouilles d’ego et des sales coups vieux comme le monde… ✹� patrice lestrohan

Au Quai pour Juppéautant commencer par une nouvelle gaie. pour le Nouvel Obs (24 juin), c’est fait. le jovial Juppé sera du rema-niement ministériel de l’automne et au maroquin des affaires étrangères, qu’il avait déjà occupé sous Balladur. le tout histoire de le faire taire, de rassembler la droite parlementaire, d’embêter Villepin, mais aussi, selon un conseiller élyséen, parce que le maire de Bordeaux est de ces « poids lourds » de la politique « dont les propos impriment dans l’opinion » (sic). ils « impriment » surtout à rebrousse-poil, comme l’a prouvé la dissolution ratée de 1997.

Sénat et scénariosÉventuel « candidat républicain » nanti d’un « programme de salut public » pour « redresser la France » à la prochaine présidentielle, le toujours entreprenant chevènement tient un autre fer au feu, croit savoir le Monde (27-28 juin) : « Peut-être obtenir la pré-sidence du Sénat en septembre 2011. » À cette date, et compte tenu du chan-gement d’orientation politique des grands électeurs, la haute assemblée sera en effet à la portée de la gauche. « “il ferait un bon candidat de com-promis“, glisse son entourage. » on est heureux d’apprendre que le « salut public » passe par des « compromis » avec d’accommodants notables locaux.

« Match » hoche le tonla disparition de Bigeard, le Bigeard de Dien Bien phu et de la guerre d’al-gérie, enflamme Match (24 juin) : « C’est un soldat de l’an II. Comme Murat, aubergiste devenu maréchal et prince. Hoche, palefrenier, qui fit trembler les monarchies coalisées, Lefebvre, saute-ruisseau comme lui, qui sera maréchal et duc de Dantzig… » en fait d’« an II », Marcel, lui, était plutôt des dernières heures (de la décoloni-sation). et puis il semble que tous ces prestigieux prédécesseurs se soient aussi fait connaître par des victoires.

Louvrier qualifiél’idée ne vient pas spontanément à l’esprit, mais il faut sûrement y accorder crédit, puisqu’elle inspire un titre politique à Paris-Match (24 juin) : « Nicolas Sarkozy, de l’hyperprésidence à l’hypersobriété. » en d’autres termes, « l’hyperprésident veut se faire rare… et désirable ». confirmation apportée par son conseiller com, Franck lou-vrier : « Le Président ne veut pas être sur tous les sujets à la fois. » sur les retraites, la « rigueur » et le choix du repreneur du Monde, par exemple ?

Strauss sans stressle détail biographique est peu connu, mais vaut pour l’anecdote : étudiant à hec au début des années 70, strauss-Kahn avait adhéré à l’Union des étu-diants communistes, rappelle l’Express (24 juin), qui cite dans la foulée la bio-graphie du même, publiée en 2000 par les confrères Vincent Giresse et Véronique le Billon : « Ses actes mili-tants se cantonnent au strict registre de la symbolique. Une petite grève contre les frais d’études. » cependant qu’il « sèche ostensiblement les cours de marketing, pour cause d’incompatibi-lité idéologique ». le grand capital a sûrement accusé le coup. Déjà…

L’acmé de la jupeen virée en irak pour le Point (24 juin), à deux mois du départ des « troupes américaines », notre consœur anne nivat a rencontré deux autochtones qui parlent, sans surprise, de « retour au Moyen Âge ». Une jeune architecte : « Après trente-cinq ans d’oppression, on est redevenus des primitifs. Dans les années 60, les femmes portaient des jolies jupes et allaient au cinéma, c’était un autre monde. » sa tante Fatima, 65 ans, ex-enseignante en français et en anglais, « célibataire et non voilée » : « [saddam], c’était un homme cruel, c’était un tueur, mais nous étions un pays respectable. » en tout cas, c’était un pays auquel la France, et même à l’occasion les États-Unis, présentaient leurs « respects ».

Ségolène et les garçons« ségolène ne pense qu’à ça », titre le Point (24 juin), « ça » étant, bien sûr, la primaire socialiste. Mais, attention, confie l’intéressée : « Je ne veux pas revivre la primaire de 2006. Je n’oublie rien. Je ne vis pas dans le passé, mais je sais ce qu’ils m’ont fait. » À savoir : la diffusion de la vidéo pirate où elle s’en prenait aux enseignants fautifs de donner d’onéreux cours particu-liers dans le privé, « la trahison d’Éric Besson », l’absence « de soutien du premier secrétaire [hollande] contre Lionel Jospin et deux anciens minis-tres des Finances [Fabius et DsK] », « l’abandon de Strauss-Kahn », encore lui, « qui part en vacances », etc. royal aura perdu pour avoir trop fédéré.

Vengeur mosquéeLibération (29 juin) rappelle avec à-propos que l’immense mosquée de 8 000 mètres carrés, inaugurée par Fillon lundi dernier à argenteuil, se situe « à quelques encablures de la fameuse dalle » où, en octobre 2005, le premier flic de France sarkozy avait lancé : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien, on va vous en débarrasser ! » À la vérité, le seul dont « on » se soit « débarrassé », à argenteuil, c’est de son successeur à l’intérieur, hortefeux, officiellement retenu à paris par « l’examen » de la réforme des collectivités territoriales. plus sûrement interdit, de facto, d’inauguration après sa condamnation pour « injure raciale ». la banlieue ne réussit qu’à moitié au régime ✹�p. l.

l’intrigant parcours de Jean-pierre escalettes : http://minu.me/2liu

www.bakchich.info

passe-teMps renVoyÉ De l’ÉMission Fort-BoyarD

16 BaKchich heBDo n°31 | DU saMeDi 3 aU VenDreDi 9 JUillet 2010

Ben la der

Où trouver Bakchich Hebdo ?Vous avez harcelé votre diffuseur, menacé les relay ? sans succès ?

pour toute réclamation ou information, contactez [email protected]