24
Zone CFA: 2000 CFA Europe : 4 Euros. Belgique: 4 Euros. Maroc: 20 Dirhams. Tunisie: 3 Dinars. Mauritanie:1000 UM Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg. NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016 RENCONTRE Jalal Imani, Directeur des Opérations de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) «Il ne faut pas lâcher la Zone de libre- échange continentale» par Carlos Lopes «L’ Afrique, la nouvelle Chine pour les 30 prochaines années.» Par Pierre Delval TEMPS FORTS DSK sur les berges du Congo Restructuration de la dette publique en vue. P.18 P.16 P.4 P.2 CHRONIQUE ANALYSE Edito Page 5 LE MENSUEL DES AFFAIRES www.financialafrik.com TRIBUNE Pages 20 La CEDEAO doit choisir entre l’Europe et l’Afrique Pages 8-14 Y’A PAS QUE LA FINANCE SUPPLÉMENT VIVAFRIK Pages 21-22 Pages 16 L’OVSEO s’arme à travers la RSE pour la défense de l’environnement 3’:HIKLTB=UUYUU\:?a@a@n@a@k"; M 01910 - 30 - F: 4,00 E - RD Pages 23 Gibraltar, le rocher et la versatilité culturelle «La TICAD, un forum unique toujours d’actualité» Entretien avec Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie «Je ne cherche pas à récupérer l’opposition car je n’en ai pas besoin» Banques commerciales, la logique de la croissance Othman Benjelloun Mohamed el-Kettani M. Benchaâboun Henri C. Oyima Patrick Mestrallet Idrissa Nassa Paul Fokam L’émergence des champions régionaux reste l’une des principales caractéristiques du paysage bancaire africain actuel. Aux nigérianes, kenyanes, sud-africaines et marocaines, qui ont rythmé la vague de consolidation sur la décennie 2005-2015, s’ajoutent désormais les réseaux bancaires de la middle Africa. De la gabonaise BGFI à la camerounaise Afriland First Bank en passant par la Burkinabée Coris Bank International, nous assistons à la montée en puissance de banques portées par des entrepreneurs inspirés avec une vocation prononcée pour le financement des entreprises et le développement de la banque de détail. Par Abdoulaye Mar Dieye, Administrateur assistant et Directeur du Bureau régional pour l’Afrique du PNUD Par Maria Nadolu

Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Z one CFA: 2000 CFA Europ e : 4 Euros . B e lg ique : 4 Euros . Maro c : 20 Dirhams . Tunis ie : 3 Dinars . Maur it anie :1000 UM

Nouakchott. Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. Johannesburg.

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

RENCONTREJalal Imani, Directeur

des Opérations de l’Office national

marocain du tourisme (ONMT)

«Il ne faut pas lâcher la Zone de libre-

échange continentale»par Carlos Lopes

«L’ Afrique, la nouvelle Chine

pour les 30 prochaines années.»

Par Pierre Delval

TEMPS FORTS

DSK sur les berges du Congo

Restructuration de la dette publique en vue.

P.18 P.16 P.4 P.2

CHRONIQUE ANALYSE

Edito

Page 5

LE MENSUEL DES AFFAIRESw

ww.

finan

cial

afrik

.com

TRIBUNE

Pages 20

La CEDEAO doit choisir entre

l’Europe et l’Afrique

Pages 8-14

Y’A PAS QUE LA FINANCE

SUPPLÉMENTVIVAFRIK

Pages 21-22

Pages 16

L’OVSEO s’arme à travers la RSE pour la défense de

l’environnement

3’:HIKLTB=UUYUU\:?a@a@n@a@k";M 01910 - 30 - F: 4,00 E - RD

Pages 23

Gibraltar, le rocher et la versatilité

culturelle

«La TICAD, un forum unique toujours

d’actualité»

Entretien avec Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie

«Je ne cherche pas à récupérer l’opposition

car je n’en ai pas besoin»

Banques commerciales, la logique de la croissance

Othman Benjelloun Mohamed el-Kettani M. Benchaâboun Henri C. Oyima Patrick Mestrallet Idrissa Nassa Paul Fokam

L’émergence des champions régionaux reste l’une des principales caractéristiques du paysage bancaire africain actuel. Aux nigérianes, kenyanes, sud-africaines et marocaines, qui ont rythmé la vague de consolidation sur la décennie 2005-2015, s’ajoutent désormais les réseaux bancaires de la middle Africa. De la gabonaise BGFI à la camerounaise Afriland First Bank en passant par la Burkinabée Coris Bank International, nous assistons à la montée en puissance de banques portées par des entrepreneurs inspirés avec une vocation prononcée pour le financement des entreprises et le développement de la banque de détail.

Par Abdoulaye Mar Dieye,Administrateur assistant et

Directeur du Bureau régional pour l’Afrique du PNUD

Par Maria Nadolu

Page 2: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Temps Forts 2Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Directeur de publication Adama [email protected]

Conseiller éditorialBenoît Ngom, Dakar

ÉditorialisteAdama Wade,

Chef économisteFrancis Konan, New York

RédactionDaniel Djagoué, Paris, Lomé, Cotonou Messanh Ledy, LoméAmadou Seck, NouakchottJacques Leroueil, KigaliMariata Dieng, NouakchottYoussef Maallemi, AlgerAdnane Choukri, TunisAlbert Savana, AbidjanJean-Mermoz Konandi, AbidjanAblaye Modou Ndiaye, DakarAmadjiguène Ndoye, ThièsAdama Wade, Dakar et CasablancaBandiarè Ndoye, Dakar (stagiaire)

ChroniqueursMaria Nadolu, BucarestPierre Delval, Paris

Directeur de l’internationalBalla Moussa Keita

Représentation MarocIbrahima [email protected]

Représentation Togo-BéninDaniel Djagoué

Annonces, publicité et abonnement Abou Ba, Nouakchott

TechniqueConception & RéalisationDiye Sarr Webmaster Medoune Boye

DistributionPrestalis, France Sénégal, Mauritanie, Tunisie, Mali, Côte d’ivoire, Maroc, Gabon, Bénin,Togo, Brazzaville, Ethiopie

Dossier de presse2013/99Impression: Imprimerie Tunis Cathage

FinancialAfrik est édité par l’agence 3MC.com (Nouakchott) et Intermedia SARL (Dakar)contacts: [email protected]

LE MENSUEL DES AFFAIRES

Abdulla Al Khalifa, 42 ans, Directeur Général Exécutif et Directeur des Affaires Commerciales du Groupe Qatar National Bank (QNB), siègera désormais dans le conseil d’administration d’Ecobank où il représentera la première banque d’Afrique et du Moyen-Orient. M. Al Khalifa assume de nombreuses responsabilités à l’échelle du Groupe qatari, dans les divisions suivantes : Entreprises et Institutions, Particuliers, Banque internationale, Trésorerie du Groupe, Gestion d’actifs et du patrimoine, QNB Capital et QNB Financial Services. Abdulla Mubarak Al Khalifa a rejoint le Groupe QNB en 1996.

La Banque Nationale de Mauritanie (BNM, groupe AON) a investi plus de 80 millions de dollars pour la construction de l’aéroport international de Nouakchott en cours d’inauguration.Le Président –directeur général de la banque, Mohamed Ould Nouegued, a révélé ce chiffre le 26 mai dernier, en marge d’une rencontre consacrant le lancement du club partenariat public -privé (PPP) en Mauritanie. Le mode de construction de cet aéroport d’une capacité de 2 millions de passagers, conçu et financé par l’expertise et les établissements financiers mauritaniens, constitue un exemple rare en Afrique.

Le fonds Cauris Croissance est actuellement dans la phase de sortie de la Bridge Bank Côte d’Ivoire. Une éventualité prévue dans le pacte d’actionnaires signé entre Cauris Management et le groupe Teylium de Yerim Sow. Cauris a investi dans la banque ivoirienne depuis février 2008. Pour rappel, la Bridge Bank Group Côte d’Ivoire (BBG CI) a débuté ses activités en juin 2006, en s’orientant dès son ouverture vers le segment des PME, fortement demandeur de solutions bancaires innovantes. L’institution est née de l’initiative du groupe privé Teylium International, rejoint par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), puis ultérieurement par un nouvel Institutionnel africain, CAURIS-CROISSANCE.

Le directeur général du Conseil coton-anacarde (CCA), Malamine Sanogo et son adjoint ont été suspendu par le gouvernement suite à l’éclatement d’une affaire de détournement de 5 milliards FCFA dans la filière anacarde. L’affaire porte sur les résultats d’un audit qui aurait été commandité par l’Association des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire (AEC-CI) au cabinet de Deloitte. Et il en ressort un trou de 5 milliards FCFA notamment dans le Fonds « sacherie export », un fonds alimenté par des prélèvements du CCA sur la filière et qui est destiné à l’achat d’emballages règlementaires pour l’exportation des noix de cajou.

Abdulla Al Khalifa, force montante dans Ecobank

La BNM, bailleur de l’aéroport de Nouakchott

Cauris Croissance prépare son exit de la BBG CI

Actis acquiert une participation dans Mundiapolis, première université privée du Maroc, fondée il y a 20 ans, avec un campus à l’américaine. L’opération menée de bout en bout avec Lotfi El Eulj, Fondateur et président du conseil d’administration de Mundianpolis, s’est faite via le fonds Emerging Markets Knowledge Holdings. L’université marocaine vise une expansion internationale sur le continent africain. L’école délivre 21 diplômes internationaux et compte dans ses effectifs quelque 30% d’étudiants étrangers. Actis compte un portefeuille de 3 milliards de dollars investis dans 23 pays africains.

Maroc : Actis investit dans Mundiapolis

Dominique Strauss Khan travaillera sur la restructuration de la dette du Congo. L’ancien directeur général du FMI a séjourné à Brazzaville les 21 et 22 mai, accompagné par Wladimir Moloff, patron de la banque d’affaires Arjil. A l’instar de la plupart des exportateurs de pétrole, le Congo est confronté à la baisse des matières premières. La dette publique du pays avoisinne les 79% de son PIB selon les compilations du FMI. Loin cependant du niveau de l’Erythrée et du Cap-Vert, records africains avec, respectivement, des dettes culminant à 126 et 122% du PIB.

DSK sur les berges du Congo

Abdulla Al Khalifa Dominique Strauss Khan

Candidat malheureux aux dernières présidentielles enCentrafrique, Martin Ziguélé, élu député et, par la suite, président de la Commission Économie, Finances et Plan à l’Assemblée nationale pour les cinq années à venir, se lance dans la consultance. Exact Conseil mis en place par l’ancien premier ministre interviendra dans la facilitation des affaires et l’accompagnement des investisseurs et des IDE intéressés par la Centrafrique.

Abraaj Group a finalisé son exit de la compagnie tunisienne Unimed (Unité de fabrication des médicaments). L’opération s’est faite à travers une introduction en Bourse, la première, cette année, à Tunis. L’IPO s’esst matérialisée autour d’une offre de 11,8 dinars tunisiens par action. L’offre a été sursouscrite plus de 32 fois, un record sur la place financière maghrébine. Unimed est le leader local de l’industrie pharmaceutique spécialisée dans des injections à base de poudre et de liquide.

Tunisie : Abraaj Group sort d’Unimed

Côte d’Ivoire: un trou dans l’anacarde

La NSIA Banque bientôt à la BRVM

L’Etat ivoirien a annoncé, le 3 juin, la cession de la totalité de ses parts détenues au sein de NSIA Banque. Dans son communiqué, le gouvernement a indiqué avoir autorisé « la cession de la totalité de la participation détenue par l’Etat dans le capital de NSIA Banque Côte d’Ivoire, soit 200 000 actions, représentant 10% du capital ». 5% des actions seront cédés au Conseil Café-Cacao, la structure publique de gestion de ces filières agricoles, et 5% seront cédés au public à « l’occasion des opérations concomitantes d’introduction en bourse et d’augmentation du capital de la banque », a précisé le texte.Depuis 2014, le gouvernement ivoirien a adopté un plan de restructuration des banques à participations étatiques avec la cession de ses parts dans les établissements bancaires à participations minoritaires.

Centrafrique : Martin Ziguélé renoue avec les affaires

Gabon: promotion à la BGFI

Al Amoudi attrait le Maroc devant le CIRDISuite à la confirmation de la liquidation de la SAMIR, principal raffineur du Maroc, l’actionnaire principal a décidé de porter l’affaire devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), organe relevant de la Banque Mondiale. L’homme d’affaires estime que l’ouverture des importations accordée aux distributeurs de produits pétroliers a affaibli la socièté de raffinage. Cela en dépit, d’un délai de quatre ans prorogé de deux ans qui lui a été accordé. Contesté jusqu’au sein du conseil d’administration de la SAMIR où il a été désavoué par le groupe Holmarcom, actionnaire à hauteur de 5,85%, Al Amoudi peut-il redresser la barre en sa faveur ?

Malamine Sanog

Réuni le vendredi 3 juin 2016 à Libreville, le Conseil d’Administration de BGFI Holding Corporation a décidé de la nomination de Madame Huguette OYINI, en qualité de Directeur Général Adjoint. Le Président du Groupe BGFIBank, Henri-Claude OYIMA, n’a pas manqué de souligné que «Cette prise de fonction, permettra assurément de contribuer à renforcer l’efficacité opérationnelle du groupe, favorisant ainsi l’efficience dans l’animation des différentes filiales et l’accélération globale de ses performances ».

Page 3: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Anp-Financial Afrik2-279,4X431,8mm_Mise en page 1 03/06/16 08:05 Page1

Page 4: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Chronique 4Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Charles NGAH NFORGANG

AGIR OU MOURIR

Pierre Delval

Avec son développement économique et sa formidable croissance démographique, l’Afrique s’annonce, si l’on en

croit les experts en prospective, comme la nouvelle Chine pour les 30 prochaines années. Cette vision globalisée ne peut-être qu’idéale si nous ne prenons pas en compte quelques paramètres souvent laissés aux oubliettes. En effet, il semble souhaitable de regarder la réalité en face. Nous ne sommes pas dans l’aventure chinoise. Le premier problème sera la démographie galopante non contrôlée. Pour nourrir l’Afrique, il faudra miser sur la plus grande partie des ressources pour développer l’agriculture. A cela s’ajoute l’approvisionnement en eau et la fourniture d’énergies, indispensables à son développement. Sur ce point, les pays voulant exploiter conjointement le bassin du fleuve Sénégal l’ont parfaitement bien compris. De l’autre côté, de l’Éthiopie à l’Égypte, ils vont devoir faire de même avec le bassin du Nil. Pour les pays faiblement dotés de ces ressources, il restera l’exploitation de richesses minières, sous réserve qu’ils réussissent à ne pas tomber sous la coupe de multinationales cherchant à transférer sous d’autres cieux la majeure partie de la création de valeur réelle et potentielle. Dans ce contexte, on peut comprendre qu’un certain nombre de pays d’Afrique n’auront pas les moyens d’arriver à une autosuffisance respectable. Inévitablement, cette situation provoquera des mouvements de populations, survivants d’espaces sans ressources, vers des pays plus riches, à l’instar de la Chine et surtout du Brésil qui voient leurs paysans tout quitter pour les villes. Cet afflux de populations peu qualifiées sera générateur de problèmes sociaux et ethniques, terreau d’une insécurité croissante dans les pays riches. Dans le même temps, les pays pauvres deviendront des zones de non droit qui n’intéresseront personne, sauf pour créer des bases arrière terroristes à vocation transnationales. Ainsi, les dirigeants d’aujourd’hui et de demain n’auront pas d’autres choix que de développer des stratégies adaptées aux spécificités de leurs pays et à l’intérêt réel de leurs populations, sous peine d’être rejetés par des soulèvements populaires qui pourraient s’avérer catastrophiques. Pour tenir le cap dans cet environnement difficile, les dirigeants vont devoir imposer une politique volontariste et courageuse face à la pression des prédateurs en tous genres. Mais La plus grande menace sera la corruption ; cette plaie qui ne cesse de grandir, pour le malheur des populations et de l’économie. Force est de constater que dans ce cas précis, les dirigeants locaux sont rarement seuls. Leurs partenaires internationaux politiques, industriels ou criminels y participent, souvent avec beaucoup de zèle ! Seule la jeune génération peut changer tout cela. A condition de ne pas vouloir ressembler à ses aïeux. Certes, il faudra

du temps. Mais tout est encore possible. Une chose est certaine; le chemin sera semé d’embuches. Pendant que les meilleurs chercheront à évoluer dans le sens de l’intérêt général, les autres, par absence de volonté ou par concussion, laisseront les organisations criminelles tirer parti de leur faiblesse. Le braconnage d’espèces protégées, par exemple, ne pourra être éradiqué si on oublie le rôle des triades et de leurs intermédiaires locaux. Les forêts primaires ne pourront être sauvegardées si on ne met pas en place concomitamment une surveillance responsable des marchés de coupes et une politique de reboisage systématique. La politique sanitaire antitabac ne pourra être efficace que si des accords transfrontaliers contre la contrebande de cigarettes sont enfin appliqués. Tous ces opérateurs toxiques participent à la grande criminalité contre laquelle il faut lutter, même s’ils savent accompagner leurs méfaits de larges prébendes pour ceux qui ferment les yeux. Leurs tristes pratiques condamnent des pans entiers de l’Afrique de demain. À côté de ces grandes organisations mafieuses, le crime organisé classique qui vit localement sur l’insécurité et la pauvreté des populations continuera à exister, car il demeure un invariant de toutes les sociétés modernes ou traditionnelles. Il suffit de voir l’insécurité en Afrique du Sud ou dans certains secteurs de Lagos pour comprendre qu’il s’agit d’une réalité incontournable qui ne peut être stoppée qu’à partir du moment où la police et l’armée mettent les moyens nécessaires pour faire régner l’ordre. Encore faut-il une prise de conscience et une volonté de la part des dirigeants de ne pas céder aux pressions du lobbying malveillant. Ceci présuppose une formation sérieuse en criminologie

des responsables de la sphère publique comme de la sphère privée pour éviter qu’un jour leur myopie se transforme en cécité chronique. De même, agir seul, s’isoler, par un pur nationalisme mal placé, serait une erreur fatale. Le débat et l’échange avec la communauté internationale restent le meilleur des remèdes. La traite d’êtres humains, la drogue, la contrebande de cigarettes, le blanchiment d’argent, le trafic d’armes, la contrefaçon crapuleuse, ne peuvent être combattus localement. Les grandes organisations criminelles internationales, qui ont souvent acquis une position protégée auprès des pouvoirs publics locaux, savent exploiter les zones de non droits pour développer leurs activités. Il suffit de tracer les routes des trafics illicites allant des côtes du Golfe de Guinée jusqu’à la Méditerranée pour découvrir qu’elles sont utilisées par tous, sans réelles contraintes. Elles rapportent beaucoup d’argent aux passeurs ou contrebandiers, accompagnateurs terroristes ou bandits, qui bénéficient de la multiplication des points de vente pour voir leurs revenus crever tous les plafonds de la rentabilité. Quant au terrorisme ciblé ou de masse, il restera un problème majeur des sociétés africaines dans la mesure où il répond à une carence du pouvoir central à anticiper et décider. Il est aussi souvent un habillage pour permettre des pratiques illégales comme on a pu le constater avec la création du MUJAO au Mali. S’appuyant sur des problèmes de territoires, de religions ou de pratiques politiques, le terrorisme justifie son action par une volonté de représenter ceux qu’on n’écoute pas, les laissés pour compte de l’histoire, ceux qui revendiquent un territoire ou une approche religieuse ou philosophique différente. Si l’intention initiale n’est pas

forcément mauvaise, la pratique amène une dérive croissante qui transforme l’idée généreuse en un cauchemar éveillé dans lequel le fanatisme et l’obscurantisme repousse les limites du mal. Le djihado-banditisme fait alors son office. Le crime se banalise, sans pour autant en tirer un quelconque avantage. Ainsi, l’action dans ce domaine doit être déployée non seulement au niveau national, mais aussi aux niveaux régional, panafricain et international. L’organisation panafricaine s’est d’abord dotée, dès la fin des années 1990, d’une panoplie normative et institutionnelle de prévention et de lutte contre le terrorisme, et, plus récemment, de lutte contre la traite des êtres humains. Un mécanisme africain de coopération policière est en train d’être mis en place avec la création de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL) décidée le 11 février 2014 à Alger. Des stratégies de lutte contre la criminalité ont été mises en place au niveau régional avec l’appui des organisations internationales, notamment dans les zones de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC, Southern African Development Community). Il est maintenant temps de passer de la mise en place de cette architecture institutionnelle et normative à sa valorisation, d’assurer l’efficacité de ces mécanismes et de bien coordonner leur fonctionnement sous l’égide de l’Union africaine, de son Conseil de paix et de sécurité et des Communautés économiques régionales (CER). La meilleure réponse pour le développement de l’Afrique et contre les trafics illicites, facteur de criminalité et de terrorisme, ce n’est pas moins de transparence, c’est, au contraire, plus d’information. La réponse au terrorisme et aux mafias, ce n’est pas moins de démocratie, c’est, au contraire, plus de démocratie. Or, la démocratie, c’est d’abord le respect du droit, son application stricte et rigoureuse, sans aucune forme de tolérance en la matière. Alors, posons-nous la question: à quel moment comprendrons-nous enfin qu’il coûte moins cher de rétablir le contrôle, la loi et la frontière que de continuer à accepter des compromis, au risque de se rendre compte trop tard, si rien n’est fait, que l’Afrique sera à terme un espace de non-droit, et donc une menace pour la stabilité du monde ?

Page 5: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

5EditoAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

contre-jourLa CEDEAO doit choisir entre l’Europe et l’Afrique

ous voilà face à un choix d’avenir. Le 1er octobre 2016 est la date butoir de la signature des Accords de partenariat économique (APE) entre la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union

Européenne. L’accord est déséquilibré, opposant la première économie mondiale (18 400 milliards de dollars en 2014) à une vingtième économie mondiale (675 milliards de dollars) divisée entre 15 Etats partageant un projet communautaire qui risque de voler aux éclats du fait, justement, des pressions efficaces de l’UE. Au lendemain du sommet de l’organisation ouest-africaine tenue à Dakar le 4 juin, quelque 13 pays sur 15 avaient déjà entériné ces accords. Seuls la Gambie et le Nigeria n’avaient pas encore ratifié des textes dont le but, à notre avis, est, à long terme, de rétablir le terrible face à face partenarial entre l’Europe et l’Afrique tout en excluant la Chine et les émergents à coup de clauses. Que le Nigeria, avec plus de 65% des populations de la CEDEAO, refuse de signer, sonne comme une rupture appelant à un vrai débat entre Etats membres. La première économie de la CEDEAO et ses 170 millions d’habitants est plutôt favorable à un agenda prioritaire privilégiant le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) , adopté dans un large consensus incluant les Etats, la société civile et les acteurs du développement. Le PUDC est l’antithèse des APE en cela qu’il privilégie d’abord les infrastructures transfrontalières et les ouvrages d’intégration. A l’inverse, les APE cherchent à garantir à l’Europe un accès privilégié aux matières premières. La disposition des textes dictés par Bruxelles nous confine au rôle de fournisseurs de matières premières non transformées. Les clauses limitatives des fameuses barrières non tarifaires européennes qui vont des normes phytosanitaires aux certifications fantaisistes barreront la route à la semi-transformation et à la transformation intégrale. Le groupe des PMA (Pays les moins avancés) membres de la CEDEAO (Sénégal, Togo, Mali etc) sont perdants car bénéficiant déjà de l’initiative dite «Tous

sauf les armes», signée lors de la 3eme Conférence des Nations-Unies sur les PMA à Bruxelles en 2001 et accordant à ces pays l’exportation vers les marchés de l’UE en totale franchise des droits de douane et sans réciprocité. En signant l’accord, rappelait récemment l’économiste sénégalais, Moussa Dembelé, ces PMA seraient forcés d’ouvrir 71% de leurs marchés aux produits de l’UE. Au final, cette initiative PMA signée en 2001 a contribué à la fragmentation des positions africaines, poussant les pays non PMA (Côte d’Ivoire et Ghana) à rechercher à combler leur mise à l’écart par la signature d’accords intérimaires. D’autre part, les pertes au titre de recettes douanières atteindraient 1,871 milliards d’euros au bout de la 15ème année, poursuit Moussa Dembelé citant Jacques Berthelot, spécialiste des questions agricoles qui a signé un article intitulé «Le baiser de la mort » dans les colonnes du Monde Diplomatique. Des traités aussi lourds que les APE devraient d’ailleurs passer par la procédure normale et être soumis aux parlementaires. Un vrai débat technique devrait être engagé entre experts. En toute logique, nous devrions privlégier le traité de libre-échange intercontinental signé à l’échelle de l’Union Africaine en juillet 2015 en lieu et place d’APE avec l’Europe ou de MOU avec la Turquie. N’engageons pas les générations futures dans des chemins semés d’embûches.

Par Adama Wade

N

Que le Nigeria, avec plus de 65% des populations de la CEDEAO, refuse de signer, sonne comme une rupture appelant à un vrai débat entre Etats membres.

Voir ci-contre l’interview accordée en novembre 2015 à Financial Afrik par le togolais, John Olympio, ancien chef de l’Unité des Négociations APE de la CEDEAO.

Page 6: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

6Banques & AssurancesAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

La Banque Atlantique, élue meilleure banque d’Afrique de l’Ouest

COFINA-BDK: les raisons d’un divorce

Perspectives stables pour BOA Mali et BOA BurkinaLa Banque Atlantique, filiale du Groupe Banque Centrale Populaire au Maroc, a été élue « meilleure banque d’Afrique de l’Ouest » lors de la soirée des African Banker Awards, dont la 10ème édition s’est déroulée le 25 mai à Lusaka en Zambie, en marge des Assemblées annuelles de la BAD. Cette distinction est le résultat de la solide performance financière du Groupe, dans des conditions difficiles, avec des résultats financiers en hausse. La Banque Atlantique consolide son statut de banque innovante avec le lancement de nouveaux produits (E facture et DAB intelligents), et continue à jouer un rôle important dans le financement de gros projets dans la région Ouest Africaine, tels que le financement de campagne agricole (coton anacarde cacao....) dans la région ou le financement des travaux préparatoires du projet de Ligne 1 du métro d’Abidjan. Pour rappel, la maison mère, la Banque Centrale Populaire avait gagné, en 2015, le trophée de «Meilleure Banque de l’année». La Banque Atlantique est présente au Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Atlantic Business International (ABI) la holding financière de contrôle et de développement de Banque Atlantique en Afrique de l’Ouest est dirigée par M. Souleymane Diarrassouba.

De source bien informée, le départ du PDG du groupe COFINA, Jean-Luc Konan, du Conseil d’administration de la BDK installée au Sénégal est la conséquence d’un arrêt des discussions sur un partenariat entre les deux institutions. Le Groupe BDK arrivé en 2015 sur la scène africaine est présent dans la Banque d’Investissement et souhaite s’étendre dans la micro finance. Dans sa volonté d’augmenter ses capacités de développement, le Groupe COFINA déjà présent dans 6 pays en Afrique, avait entamé des négociations avec BDK en vue d’une éventuelle ouverture de son capital. Mais en raison d’un désaccord sur la part au capital de BDK, COFINA a décidé de stopper les discussions pour conserver son indépendance capitalistique afin de devenir un groupe panafricain leader. Depuis sa création en 2013, le Groupe COFINA, spécialisé dans le financement des TPE et des PME compte plus de 650 collaborateurs.

Bloomfield conserve les notes à court terme et long terme de BOA Mali avec une perspective stable. L’agence de notation ouest-africaine reconduit aussi la note à la long terme de BOA Burkina, mais rehausse sa note a court terme de A1- à A1 avec une perspective stable. Détenue à hauteur de 61, 4% par la holding Bank Of Africa, la filiale malienne dispose d’une qualité de crédit élevée et de bonnes garanties, rapporte Bloomfield. En ce qui concerne BOA Burkina, l’agence souligne « une qualité de crédit élevée. Les facteurs de protection sont bons ».Sur le court terme, l’agence relève une « certitude de remboursement en temps opportun très élevée. Les facteurs de liquidité sont excellents et soutenus par de bons facteurs de protection des éléments essentiels.Les facteurs de risque sont mineurs ». Parmi les facteurs militants pour le renforcement de la note, un environnement favorable à une forte expansion du réseau, un renforcement de l’organisation de la Banque du fait du projet Convergence et une bonne exécution du Plan Triennal deDéveloppement (PTD) 2013-2015.Depuis le 30 décembre 2010, la BOA Burkina est la quatrième (4ème) banque du Groupe BANK OF AFRICA à être cotée à la BRVM.

THÈME :Le Mobile Money et le Mobile Banking,

vecteur de l’inclusion financière et de la bancarisationen Afrique : Enjeux et Perspectives

Initié en 2008, le Salon Monétique du GIM-UEMOA réunit tous les acteurs des moyens de paiement électronique qui contribuent au développement et à l’intégration économique par diverses solutions monétiques, mobile money / mobile banking, e-commerce, prépayé, etc.Le Salon Monétique Régional s’impose aujourd’hui comme une référence à l’échelle africaine réunissant les décideurs et les acteurs des cinq continents.Avec des panels et des conférences de haut niveau, le Salon Monétique Régional du GIM-UEMOA est l’évènement incontournable de la région. L’impact des nouveaux moyens de paiement sur l’inclusion financière sera au cœur des débats ainsi que les enjeux sur la sécurité et la fraude.

Sous le Haut Patronage de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE

Gouverneur de la BCEAO

Renseignements et inscriptions Tél : +221 33 869 95 95Fax : +221 33 820 54 65E-mail : [email protected] : www.gim-uemoa.org

Exclusif

Page 7: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

FA-28.indd 7 11/04/16 00:14

Page 8: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

8Dossier BanqueAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Banques commerciales, la logique de la croissanceL’émergence des champions régionaux reste l’une des principales caractéristiques du paysage bancaire africain actuel. Aux nigérianes, kenyanes, sud-africaines et marocaines, qui ont rythmé la vague de consolidation sur la décennie 2005-2015, s’ajoutent désormais les réseaux bancaires de la middle Africa. De la gabonaise BGFI à la camerounaise Afriland First Bank en passant par la Burkinabée Coris Bank International, nous assistons à la montée en puissance de banques issues de la middle africa avec une vocation prononcée pour le financement des entreprises et, chantier ignoré jusque-là, le développement de la banque de détail. Nous estimons après entretiens avec les acteurs et analyse des données que nous sommes à la veille d’une nouvelle vague de consolidation qui verra immanquablement la rencontre entre les banques des quatre grands pays cités et les championnes de l’Afrique francophone. Les besoins de rationnalisation des comptes d’exploitation militent pour de tels rapprochements où, forcément, les banques anglaises et françaises joueront le rôle d’arbitre.

À l’Est, rien de nouveau : les kényanes dominentLes grands établissements bancaires kényans continuent de faire la course en tête et d’étendre leur réseau dans la sous-région. Un succès qui doit autant à la taille de leur marché domestique qu’à une stratégie d’innovation financière éprouvée.2 mars 2016. Présentant les résultats annuels de la Kenya Commercial Bank (KCB) pour 2015, Joshua Oigara peut avoir le sourire : le groupe qu’il préside est redevenu la première banque est-africaine par la profitabilité. Avec un bénéfice annuel net de 19,62 milliards de shillings (196 millions de dollars), KCB repasse devant son éternel rival et compatriote Equity (17,3 milliards de shillings), qui lui avait raflé à l’arraché cette prestigieuse position l’année précédente. L’établissement financier dirigé par James Mwangi conserve néanmoins un joli lot de consolation : à la bourse de Nairobi, Equity reste solidement installé à la place de première capitalisation financière est-africaine (1,52 milliard de dollars de capitalisation boursière) ; une distinction longtemps occupée par sa principale concurrente (1,17 milliard de dollars de valorisation). On l’aura bien compris, entre les 2 mastodontes bancaires kényans, c’est la lutte permanente pour s’arroger la place de leader.

Suprématie

Mais au-delà de cette bataille au sommet de la finance est-africaine, force est de constater que les années se suivent et se ressemblent dans le reste de la hiérarchie bancaire régionale : avec huit établissements dans le TOP 10 des plus grandes banques de la Communauté d’Afrique de l’Est1 et 84 % du bilan cumulé de ce palmarès (25 milliards de dollars sur 29,5 milliards de dollars), les groupes kényans continuent de dominer de la tête et des épaules la scène régionale. Premier établissement non kényan du classement, la tanzanienne CRDB doit ainsi se contenter de la cinquième place, à quelque distance de sa compatriote National Microfinance Bank (9e). Quant « aux leaders ougandais

(CFC Stanbic Bank) et rwandais (Banque de Kigali), ils font pâle figure en comparaison de ces poids-lourds », constate Lionel Haguma, analyste chez African Alliance à Kigali. « Pourtant, au-delà de quelques grands acteurs, il y a aussi tout un éventail de petites banques kényanes qui vivotent », rappelle, plus circonspect, George Murenzi, cadre commercial à la Banque de Kigali. Les chiffres lui donnent raison. Avec 42 banques commerciales, contre 22 au Nigeria (180 millions d’habitants) et 19 en Afrique du Sud (53 millions d’habitants), le secteur bancaire kényan demeure excessivement atomisé, ce qui se traduit par une prolifération de petits établissements vulnérables. Les récentes difficultés rencontrées par la Dubai Bank Kenya, l’Imperial Bank et la Chase Bank- toutes trois placées en redressement judiciaire- en constituent les derniers exemples en date. Il n’empêche, en dépit de ces difficultés, bien réelles, « le paysage bancaire est-

africain est d’abord dominé par les grands établissements kényans », rappelle notre interlocuteur d’African Alliance. Alors, à quoi attribuer cette prééminence kényane dans la sous-région ? « Il y a tout d’abord le poids démographique [45 millions d’habitants, Ndlr] et la force économique [63 milliards de dollars de PIB, Ndlr] du Kenya qui, additionnés, font du pays la première puissance de la région. Autant de facteurs favorables qui ont permis de créer un terreau favorable au développement des établissements bancaires kényans », souligne Lionel Haguma.

Innovation

Mais il y a aussi un contexte plus large, propice à l’innovation financière. Outre les services financiers sur mobile, initiés dès 2007 à grande échelle par l’opérateur Safaricom avec sa plateforme M-Pesa (75 % des adultes kenyans règlent

aujourd’hui toutes leurs factures de la vie courante via cette application), les principaux établissements bancaires ont aussi développé avec succès des formules novatrices, à l’image de l’agency banking, qui permet de sous-traiter des opérations financières (ouverture de compte, dépôt et retrait d’argent) à des agents externes agrées (bureaux de change, poste, supermarchés, pharmacies) moyennant rémunération. « Un système qui tout en élargissant la base de clientèle, réduit aussi sensiblement les coûts d’extension du réseau », décrypte George Murenzi. Un vrai plus pour les établissements kényans, pionniers en la matière, et qui ont rapidement décliné la recette à toute la sous-région. La dynamique insufflée va en tout cas dans le sens des évolutions bancaires envisagées par certains cabinets de conseil. Dans une étude récente, le cabinet en stratégie Roland Berger rappelle ainsi que pour conquérir une clientèle plus grand public, les banquiers africains privilégieront à l’avenir de plus en plus les partenariats avec les opérateurs de télécoms, développeront les canaux numériques et investiront de plus en plus dans des solutions légères telles que l’agency banking ou les agences mobiles dans les zones reculées (à l’image de Coris Bank au Burkina et au Mali ou de la Souk Bank au Maroc, un guichet bancaire mobile déployé par la Banque Populaire). Autant de pistes qui dessineront les contours de la banque africaine de demain et qu’empruntent déjà avec succès les établissements kényans, plus que jamais en pointe sous les latitudes est-africaines. En attendant de partir à la conquête de nouveaux horizons.

Rang Société Pays Actifs totaux Bénéfice net1 KCB Kenya 5581 1962 Equity Kenya 4280 1733 Co-operative Bank Kenya 3425 1174 Diamond Trust Kenya 2710 655 CRDB Tanzanie 2481 626 Barclays Kenya Kenya 2409 847 Standard Chartered Kenya 2339 628 CBA Kenya 2156 369 NMB Tanzanie 2091 6710 CFC Stanbic Kenya 2084 49

TOP 10 des Banques de la Communauté d’Afrique de l’Est par actifs détenus

Source : rapport annuel 2015 des établissements citésPour « actifs totaux » et « bénéfice net », données en millions de dollars. Taux de conversion en dollar appliqués à la date du 31 décembre 2015.

Jacques Leroueil, correspondant à Kigali

Ecobank est la première banque panafricaine par le réseau, présent dans 34 pays/

1- Principale communauté économique régionale est-africaine, compo-sée du Kenya, de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi et

du Soudan du Sud

Page 9: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

9Dossier BanqueAbidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Banques commerciales, la logique de la croissance

Le pari anglophone des Banques marocaines en Afrique

La prise de contrôle du réseau Bank Of Africa par la BMCE Bank, suivie de la reprise de 5 filiales du Crédit Agricole par Attijariwafa Bank puis, par le rapprochement entre la BCP et la Banque Atlantique, constituent les trois alliances stratégiques marquantes pour le secteur bancaire marocain en Afrique subsaharienne. Il va falloir désormais sortir de ses bases pour aller sur le terrain de l’Afrique Anglophone, au Nigeria, en Afrique de l’Est et, pourquoi pas, en Afrique du Sud. Voici un aperçu des stratégies d’expansions des trois banques: Attijariwafa Bank aux portes de l’Afrique anglophone Profitant de l’essoufflement des nigérianes et du recentrage des sud-africaines sur l’Afrique australe, les banques marocaines renforcent leurs positions en Afrique. Dans un récent entretien accordé au Magazine Jeune Afrique, le PDG d’Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, a précisé que l’Afrique anglophone constitue désormais sa priorité. Le Nigéria, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya et l’Egypte sont dans le viseur du groupe, devenu leader de la zone CFA en l’espace de huit ans. C’est un secret de Polichinelle, la banque est annoncée

dans la course à la reprise des actifs de Barclays en Afrique, une opportunité unique. Des pourparlers, avancés, sont en cours avec Barclays Egypt (valorisé à 500 millions de dollars) , avancent plusieurs sources. La banque au logo en forme de l’Atlas convoiterait aussi Barclays Africa Group, troisième groupe sud-africain, présente sur plus de douze pays. La concurrence sera en tout cas rude vu le nombre de candidats déclarés allant du kenyan Equity Bank au suisse Falcon Private Bank en passant par le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe.En attendant, la banque marocaine continue de progresser en Afrique francophone. La contribution des filiales hors Maroc (Tunisie et zone CFA principalement) d’Attijariwafa Bank atteint 30% de son RNPG de l’exercice 2015. Le renforcement de la participation de la banque issue de la fusion entre Wafa et BCM dans le capital de la sénégalaise CBAO et de l’ivoirienne SIB (dont environ 15% seront cédés en Bourse) consolide un modèle gagnant. La BMCE Bank situe le paradis à l’Est La BMCE Bank qui constitue avec la Banque Centrale Populaire et Attijariwafa Bank le trio bancaire

marocain en Afrique subsaharienne, semble montrer un appétit solide pour l’Afrique de l’Est. Cette partie du continent a fait d’ailleurs l’objet d’une conférence de presse de l’état-major de la banque, le 23 mai, en partenariat avec l’association des exportateurs marocains (ASMEX) et les ambassadeurs accrédités et homme d’affaires de ces pays. L’Administrateur

Le Maroc, le Nigéria, l’Afrique du Sud et le Kenya constituent le quatuor financier africain de par leur volonté d’expansion. Entamée depuis le milieu des années 2000, la croissance des banques du royaume a achevé une première phase limitée au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et du Centre, soit dans une zone culturellement proche du Maroc.

directeur général exécutif Group et président de Bank Of Africa, Brahim Benjelloun Touimi, ne s’y est pas trompé. «L’Afrique de l’Est est la partie la plus dynamique et la plus intégrée économiquement de la région », a-t-il déclaré devant un parterre d’investisseurs et d’observateurs. Fort de ses filiales au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, en Ouganda, au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie, la banque marocaine semble bénéficier d’une bonne avance par rapport à ses rivales, encore concentrées sur l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La banque qui compte construire une tour de 45 étages sur 250 m, la plus haute tour d’Afrique, à Rabat devrait toutefois se méfier de la qualité de son portefeuille africain. En juin 2015, l’agence Moody’s faisait savoir que BMCE Bank évoluait dans un environnement de travail risqué en Afrique subsaharienne, avec une capacité modérée à générer des revenus et une faible qualité des actifs. Néanmoins, l’Afrique reste stratégique en dépit de la montée des risques et du devoir de leur monitoring soulevés récemment par la Banque Centrale du Maroc. Le groupe bancaire a réalisé un bénéfice net de 1,95 milliard de dirhams en 2015, en hausse de 1% par rapport à 2014. Les filiales subsahariennes (Bank of Africa, la Congolaise de Banque et la Banque de Développement du Mali) y ont contribué à hauteur de 30%. BCP en Afrique : discrète montée en force de l’étalon Des trois banques marocaines en Afrique, la BCP reste sans doute celle dont le modèle, coopératif, est le plus proche des configurations villageoises et rurales des sociètés africaines. En 2015, sur un résultat de 2,51 milliards de dirhams (255 millions de dollars), les filiales subsahariennes ont pesé 14%. La présence africaine de la BCP est concentrée dans la holding ABI (Atlantic Bank International) détenue à hauteur de 65% par la BCP contre 35% par la Banque Atlantique. Présente dans une dizaine de pays africains, la banque présidée par Mohamed Benchaâboun, est candidate à la reprise des parts de BNP Paribas, soit 47%, dans le capital de la Banque internationale pour le commerce et l’Industrie du Gabon (BICIG). Au final, et en dépit d’une concurrence accrue entre elles, les banques marocaines maintiennent leur domination sur l’Afrique francophone selon la dernière édition du classement African Banker. En effet, 8 banques du royaume font partie du top 15 des 100 premières banques dans les pays parlant la langue de Molière. Attijariwafa Bank devance la BCP, Ecobank, et BMCE Bank.

Des trois banques marocaines en Afrique, la BCP reste sans doute celle dont le modèle, coopératif, est le plus proche des configurations villageoises et rurales des sociètés africaines. En 2015, sur un résultat de 2,51 milliards de dirhams (255 millions de dollars), les filiales subsahariennes ont pesé 14%. Adama Wade

Othman Benjelloun, PDG de la BMCE Bank Mohamed el-Kettani, PDG de Attijariwafa bank Mohamed Benchaâboun, PDG de la BCP

Page 10: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

Dossier Banque 10Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Les banques sud-africaines face à la montée rapide du risque créditLes perspectives négatives rattachées aux notes des Banques Sud-africaines (rapport S&P en avril 2016) dénotent de difficultés bien réelles. Du coup, les velléités expansionnistes de ces institutions bancaires, fonctionnant en système oligopolistique depuis vingt ans, avec des marges garanties par des barrières d’entrées élevées, seront assez modérées pour 2016 selon les observateurs. L’Afrique qui a représenté jusqu’à 25% du RNPG de la Standard Bank en 2015 mais seulement 6% des bénéfices de Nedbank (détentrice de 20% d’Ecobank) sera sacrifiée au moins dans les deux prochaines années, le temps de permettre au secteur bancaire du pays de l’arc en ciel de recouvrir une santé relative. En interne, l’on assiste à une dégradation du marché du crédit symbolisé par Capitek Bank, la spécialiste du crédit aux populations à faibles revenus. A la fin février 2016, l’institution comptait 7,3 millions de clients, soit 17,3% de parts de marché du retail banking mais avec une forte exposition sur la conjoncture. Tout à l’inverse de la plupart des autres banques restées concentrées sur les recettes classiques, soit le corporate et les populations à revenus élevés. Le conservatisme bancaire sud-africain, à peine tempéré par des acquisitions majeures observées sur les dix dernières années, comme le long feuilleton (en cours depuis 2011) de la prise de contrôle de Nedbank par la HSBC, l’entrée en 2007 de la chinoise ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) à hauteur de 20% dans le capital de la Standard Bank, première banque d’Afrique, et le renforcement de Barclays PLC dans ABSA, courant 2013, devrait faire face dans les mois qui viennent à une conjoncture marquée principalement par la montée du risque crédit. La situation

des banques reste tributaire de la situation globale de l’économie sud-africaine qui ne devrait pas croître de plus de 0,8% en 2016 et 1,8% en 2017. L’agence S&P s’attend à une hausse du coût de crédit bancaire sur la période. En attendant, les prêts hypothécaires, réputés moins risqués, ont diminué, ayant passé de 33 à 28% de la masse totale du marché du crédit sur la période 2008-2015. Les formes alternatives de crédit ont augmenté de 12 à 16% de l’encours global dans l’intervalle. Le resserrement du crédit touche de plein fouet les foyers (particuliers) à l’inverse de la clientèle corporate qui a vu son encours augmenter de 35 à 40% en sept ans. Cet appétit pour la dette corporate, en croissance de 10% durant les cinq dernières années, s’expliquerait par une perte de confiance sur le marché domestique. L’endettement des ménages, quoique ayant diminué de 2 points de base entre 2013 et 2015, reste à un niveau relativement élevé, soit 77, 6%. L’évolution de l’encours de la dette corporate est plutôt inattendue selon les analystes de S&P qui ne s’attendaient pas à un tel élan compte tenu de la baisse de l’investissement public dans les infrastructures. Cependant, cette ruée vers la clientèle corporate n’est pas sans danger. La réduction sensible de la marge EBIDTA des entreprises sud-africaines durant les cinq dernières années constitue un facteur

supplémentaire de risque aux yeux des analystes. Autrefois moteur de l’économie, le secteur minier plombe désormais la qualité du crédit corporate à cause de la baisse des cours mondiaux des matières premières. Toutefois, les banques ne devront pas en pâtir, les mines représentant moins de 3% de leurs portefeuilles prêts. Ayant peu d’engagements en devises, ces banques devront aussi supporter la conjoncture marquée par la faiblesse du rand. Seul hic, la forte concentration du crédit corporate sur une poignée d’entreprises. La tendance aux crédits à court terme au détriment du long terme et de l’octroi aux catégories à hauts revenus plutôt qu’aux faibles revenus restent l’une des principales caractéristiques du marché sud-africain du crédit. L’agence

S&P prévoit une augmentation des taux d’intérêt de 75 à 125 points de base dans les 12 à 18 prochains mois contre une inflation de 7 à 8% en 2016. L’endettement des agents économiques devrait progresser de 10% soit le taux le plus élevé depuis 2008. Ces différents indicateurs affecteront forcément la qualité de portefeuille des banques sud-africaines d’autant plus exposées que l’écosystème ne s’est pas encore doté d’un bureau de crédit performant, encore moins d’un indicateur de suivi du secteur immobilier. A l’avenir, il est question de renforcer la régulation du système bancaire sud-africain en séparant les fonctions de surveillance du marché et de gestion prudentielle des ratios de solvabilité des acteurs.

A l’avenir, il est question de renforcer la régulation du système bancaire sud-africain.

« RELEVER LE DÉFI DE L’INDUSTRIALISATION DE L’AFRIQUE »

Pourquoi participer ?l Promouvoir votre entreprisel Bénéficier de rencontres privilégiées avec les investisseurs internationaux

l Trouver de nouveaux partenaires l Saisir de nouvelles opportunités commerciales

TroiSième édiTion

BruxelleS

13 - 14 - 15 OcTObRE 2016

INSCRIVEZ-VOUS

www.rebrandingafrica.com

Page 11: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

INTRA-AFRICAN TRADE

INCREASING CROSS-BORDER TRADE ACROSS AFRICA FOR GREATER ECONOMIC INTEGRATION

WWW.AFREXIMBANK.COM

HEADQUARTERS72 (B) El-Maahad El-Eshteraky Street,Heliopolis, Cairo 11341, EgyptPostal Address: P.O. Box 613 Heliopolis, Cairo 11757, EgyptTel. +202-24564100/1/2/3Fax +202-24564110Fax [email protected]

ABUJA BRANCH OFFICENo. 2 Gnassingbe Eyadema Street, Asokoro,Abuja, NigeriaPostal Address: PMB 601 Garki, Abuja, NigeriaTel. +234 94603160Fax +234 [email protected]

HARARE BRANCH OFFICEEastgate Building, 3rd Floor, (North Wing),2nd Street, Harare, ZimbabwePostal Address: P.O. Box 1600Causeway, Harare, ZimbabweTel. +263 4700904Tel. +263 4700941Fax +263 4701006 [email protected]

ABIDJAN BRANCH OFFICE3 eme Etage, Immeuble CRRAE-UMOAAngle Boulevard Botreau Roussel-Rue PrivéeCRRAE-UMOA. Abidjan, Cote d’IvoireTel. +225 2 0307300Fax +225 2 0307348/[email protected]

NAIROBI BRANCH OFFICEEden Square Complex2nd Floor, Block 3Chiromo RoadNairobi, Westlands, KenyaTel: +254 20 367 3776Tel: +254 703 041 776Tel: +254 730 173 [email protected]

Page 12: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Dossier Banque 12Quatre banques d’Afrique francophone

en quête de lauriersCoris Bank, BGFI, Afriland First Bank et Orabnak sont les championnes de la middle Africa. Tour d’horizon de ces institutions africaines qui ont réussi à développer des réseaux solides dans plusieurs pays.

Coris Bank tentée par la cote

Coris Bank International (CBI), fondée et dirigée par le burkinabé Idrissa Nassa, prépare son introduction à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Cette opération, approuvée fin avril par le conseil d’administration et pilotée par la filiale d’intermédiation Coris Bourse, se fera sous forme d’une cession de 20 % du capital à des actionnaires institutionnels et à des personnes physiques. La cotation est attendue pour le dernier trimestre de 2016. Cette opération accélérera les projets d’expansion de Coris Bank qui envisage de s’implanter au Sénégal et au Bénin. Déjà présente en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo, CBI a récemment fêté son 200 millième client au Burkina Faso. «Nos perspectives en 2016 c’est investir dans la qualité des services et l’agrandissement du réseau. Nous allons continuer d’ouvrir des agences pour nous rapprocher d’avantages des clients. Nous continuerons notre extension à l’international, vers d’autres pays en 2016 », explique Idrissa Nassa. Coris Bank poursuit ainsi sa volonté d’étendre sa marque dans tous les pays de la zone UEMOA à l’horizon 2020. Au Burkina Faso, il est prévu l’ouverture d’une dizaine d’agences qui viendront s’ajouter aux 36 déjà existantes.Avec un total bilan estimé à plus de 500 milliards de F CFA en 2014, CBI surfe sur une vague d’optimisme. La banque compte parmi ses actionnaires burkinabé, la Société nationale des postes (SONAPOST), l’Union des assurances du Burkina (UAB-Vie), la Caisse nationale de

sécurité sociale (CNSS) et la Banque ouest-africaine pour le développement (BOAD). Comme innovation majeure dans le secteur bancaire, CBI a lancé en début juillet 2015, ses activités de finance islamique grâce à l’appui de la Banque islamique de développement (BID). La Banque a renforcé ses indicateurs d’activité en 2015 grâce à une bonne dynamique commerciale et à une maîtrise continue des coûts et des risques. En effet, les concours accordés à la clientèle ont cru de 9.2%, les dépôts de la clientèle de 18.4% et la masse bilancielle de 21.5%, à 648.2 milliards à fin 2015. Le résultat net, quant à lui, est resté quasi constant à 15 milliards, permettant aux actionnaires de se partager 7 milliards de dividendes. Ces indicateurs confirment le potentiel de croissance de CBI dans un environnement économique perturbé.

Afriland First Bank à la conquête de l’Ouest

Evoluant entre la banque et la microfinance, Afriland First Bank est une institution d’origine camerounaise basée officiellement en Suisse pour des considérations stratégiques. La banque fondée par Paul Fokam en 1987 sous le nom de Caisse commune d’épargne et d’investissements, est présente aujourd’hui en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. En dehors du Cameroun, AFB dispose de filiales à Sao Tomé-et-Principe, en République démocratique du Congo, au Libéria, en Zambie, au Soudan du Sud, en Côte-d’Ivoire et en Guinée, en plus de deux bureaux de représentation en Chine et

en France. Le groupe s’est appuyé sur son partenariat avec l’équato guinéenne CCEI Bank pour ouvrir sa filiale au Bénin en septembre 2015. L’une des forces de la banque repose sur sa forte présence dans le secteur de l’Assurance à travers sa filiale SAAR. Au Cameroun, Afriland First Bank dispose de 38 agences réparties dans l’ensemble des 10 régions du pays pour un volume de crédits injectés dans l’économie de l’ordre de 538 milliards FCFA. A la fin 2015, ses dépôts s’élevaient à 586 milliards FCFA pour un total bilan établi à 758 milliards FCFA. En Côte d’Ivoire, Afriland First Bank a acquis en septembre 2015 quelque 90% du capital de la Compagnie Euro-Africaine d’Assurance (CEA-VIE). Cette acquisition renforce la présence de la banque dans la première économie de l’UEMOA. Afriland First Bank Côte d’Ivoire est en effet opérationnelle depuis janvier 2014 avec un focus sur l’accompagnement de grands projets et le développement du retail banking. La philosophie de cette implantation en Côte d’Ivoire est définie par Paul Fokam lui-même lors du démarrage de l’activité : «Vous devez retenir que notre banque est une banque universelle. Comme telle, nous comptons soutenir l’économie ivoirienne dans tous les secteurs. Mais il faut dire que nous mettrons un accent particulier sur le secteur agricole. Nous avons la conviction que l’agriculture est d’abord le secteur qu’il faut développer, le secteur qu’il faut impulser pour aussi impulser la croissance. Ensuite il faut dire

que le secteur dit informel, doit être développé, sortir de l’informel pour rentrer dans le formel. Et cela nous tient particulièrement à cœur. Nous entendons donc participer aux côtés du gouvernement à la création de richesses dans le milieu pauvre ». Ce positionnement de passerelle entre le secteur formel et informel constitue la force d’Afriland First Bank. La banque qui présente un actionnariat éclaté entre BF &Co (37%), FMO (19,33%), Kouesseu JB (9,33%), Paul Fokam (8,53%), Jully SA (8,07%), Tiofo David (7%), et divers partenaires (10%) est mathématiquement suceptible de connaître des développements dans son tour de table. La SFI et divers candidats veillent au grain.

La BGFI Bank, un groupe africain pour le monde

Elue «meilleure banque régionale d’Afrique centrale » à l’occasion de la 10è édition des « Trophées African Banker » qui récompensent la performamce dans le secteur de la banque et de la finance sur le continent africain, la BGFI collectionne les trophées. Le 21 mars 2016, l’institution présidée par Henri Claude Oyima avait été aussi distinguée du titre de «Banque Africaine» de l’année par Africa Ceo Forum 2016. Ces différents titres récompensent un modèle bancaire qui a réussi à construire un réseau sur onze pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Dernière à entrer en lice, la filiale sénégalaise, opérationnelle depuis la mi-2015, se positionne comme une banque universelle avec un parti pris pour l’entreprise. La solidité du modèle repose sur les deux axes que sont les filiales du Gabon et du Congo. En 2015, le PNB de la filiale gabonaise a atteint 69 milliards de FCFA en croissance de 4% sur une année. Quant à BGFI Congo, elle se situe désormais à 64 milliards grâce à un bond de 37% en une année. Derrière ces deux institutions, deux pôles montent en force. Il s’agit de la BGFIBank RD Congo qui voit son PNB bondir de 67% à 16 milliards FCFA et de BGFI Côte d’Ivoire (12 milliards de FCFA, +56%). La montée en puissance de ces deux filiales augurent des prochains marchés porteurs pour le groupe.La stratégie du groupe se résume en ces mots de son PDG, Henri Claude Oyima: «Le Groupe BGFIBank a confiance en l’avenir. Il est solide, bien structuré et performant. Nous ne courons pas derrière la taille… Nous avons un objectif : la performance». La BGFI Bank se voit en un groupe financier africain pour le monde.

Henri Claude Oyima, BGFI Patrick Mestrallet, DG ORAGROUP Idrissa Nassa, Coris Bank Paul Fokam, Afriland First Bank

Page 13: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

13Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Dossier Banque

En novembre 2015, Orabank Bénin a fusionné avec la succursale BRS Bénin, par apport partiel d’actifs. Même opération entre Orabank Togo et la succursale BRS Togo, où les agences devront changer de dénomination ce mois, selon une source interne.

Cette ambition est affirmée en Europe où BGFI International a obtenu l’extension d’agrément accordée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR à Paris). La filiale européenne du Groupe BGFIBank devient ainsi une véritable banque de financement et d’investissement qui excelle dans le trade finance et la banque d’investissement. L’avenir se jouera aussi dans le segment de la microfinance, de la banque de détail et de la banque digitale. La BGFI associe à une démarche « multipays » une démarche « multimétiers » qui touche ainsi tous les segments de marché. Cette offre « multimétiers » initiée au Gabon va s’étendre progressivement vers l’ensemble des pays où le groupe est présent en fonction et au fur et à mesure des besoins rencontrés et des opportunités d’investissements.Ces grandes ambitions sont portées par un schéma organisationnel qui s’est renforcé avec notamment la fusion opérationnelle des activités de BGFI Capital et BGFI Bourse en une marque unique : BGFI Investment Banking. Dans ce même ordre, à souligner le renforcement des fonds propres de certaines filiales (3 milliards de FCFA pour les filiales de Sao Tomé et Madagascar) et le renforcement de la mutualisation du système d’information de l’ensemble des filiales.

La silencieuse montée en puissance d’Orabank

Peu d’observateurs avaient cru à l’essor de ce groupe bancaire panafricain atypique. Aujourd’hui, les chiffres, ces inflexibles oracles de la grande finance, disent le contraire.En effet, aux côtés des géants bancaires africains de la banque, vient s’affirmer un autre groupe dont le passé, fait surtout d’acquisitions, en dit long sur le futur. Il s’agit d’Orabank, enseigne issue de créations et d’acquisitions de banques.De la modeste Financial Bank Bénin en 1988 à la holding d’aujourd’hui, bien implantée en Afrique occidentale et centrale, Orabank aura parcouru du chemin sous la houlette d’ un certain Patrick Mestrallet, l’un des derniers «spécialistes d’Afrique», cette catégorie de banquiers en voie de disparition qui savent que seul un bon flair peut compenser l’absence des bureaux de crèdit. Quatre ans plus tard, avec le lancement de Financial Bank Tchad, l’Afrique centrale est à la portée d’Orabank.

Acquisitions…puis digestion

Mais Orabank, cette machine, c’est surtout des rachats tous azimuts. En effet, la banque va mener, dans les années 2000, une série d’acquisitions sur tous les fronts : IBC Gabon en 2002, SNI Togo en 2003, UIBG (Guinée) en 2005. Même en Mauritanie (zone hors Uemoa), l’ex-Financial Bank avait acquis une part minoritaire de la

BACIM, en 2009. « Cette étape marqua notre envie de faire de la banque, une institution panafricaine », se réjouit un administrateur du groupe.Tout changera en 2009 lorsque Financial BC SA sera repris à 100% par le capital-investisseur panafricain ECP (Emerging Capital Partners). Un rachat après lequel, Financial Bank va officiellement changer de dénomination, en juin 2011, choisissant Orabank (définitivement retenue à la mi-mai 2011 lors d’un Conseil d’administration) comme nouvelle dénomination sociale.

... ECP apporte un second souffle

La banque va ainsi ouvrir une nouvelle page de son histoire, avec une nouvelle série d’acquisitions. En 2012, Orabank remporte l’appel d’offres de l’État togolais pour la privatisation de la Banque togolaise pour le développement (BTD), un des quatre établissements publics (avec l’UTB, la BTCI et BIA-Togo) mis sur le marché de la privatisation.Contrôlé donc par ECP, Oragroup dont le siège est à Lomé, va miser 20 milliards de F CFA sans aucune garantie de passif, devançant notamment ses concurrents, les géants Ecobank et Attijariwafa.

Après l’acquisition de la BTD, Oragroup Holding rachète un an plus tard, la Banque régionale de solidarité (BRS), suite à un appel à concurrence lancé en 2012 consécutivement aux difficultés financières traversées par l’institution ouest-africaine, lesquelles difficultés ont amené la Commission bancaire de l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), à demander sa recapitalisation.Conséquence, les agences BRS – Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina, Mali, Guinée Bissau et Niger – rejoignent la famille Orabank.En novembre 2015, Orabank Bénin a fusionné avec la succursale BRS Bénin, par apport partiel d’actifs. Même opération entre Orabank Togo et la succursale BRS Togo, où les agences ont changé de dénomination ce mois, selon une source interne.Une acquisition qui a propulsé le groupe, au rang de principal établissement d’Afrique de l’Ouest francophone en termes d’implantations, aux côtés d’Ecobank Transnational Incorporated, doublant ainsi le nombre de ses filiales en Afrique, et notamment en Côte d’Ivoire et au Sénégal, les deux principaux marchés de l’UEMOA.Résultat : Orabank a été élue meilleure banque régionale d’Afrique de l’Ouest en 2015, à la 9ème édition des trophées du magazine African Banker, en marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) .

Vision et stratégie

Notons que la banque a fini par atteindre son objectif de recapitalisation: en deux ans, plusieurs levées de fonds ont été nécessaires pour que toutes les succursales respectent les réglementations locales. Un premier emprunt obligataire du groupe de 15 Mds sur 6 ans, sursouscrit à hauteur de 143%, aura été d’une grande utilité.Toutefois, outre l’investiusseur ECP (qui détient aujourd’hui plus de 60 % du capital), plusieurs acteurs privés se sont joints au tour de table. On cite, entre autres, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Proparco, la Société belge d’investissement pour les pays en développement

(BIO), le Fonds d’Investissements allemand DEG et le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS).Bien que de taille modeste, le groupe continue tout de même à croître, avec un total bilan de 1.239.047 millions de FCFA, soit près de 2 milliards d’euros, et un PNB de 81 484 millions de FCFA, soit 124,2 Millions d’Euros, au 31 décembre 2014.A la même période, son résultat net s’est établi à 7 193 millions de FCFA, soit près de 11 millions d’euros.«Nous sommes aujourd’hui déjà présents dans quatre zones monétaires (…). Je ne souhaite pas que nous allions dans une nouvelle zone monétaire, parce que, si nous voulons développer notre groupe bancaire, il faut que nous puissions multiplier les synergies entre nos filiales »« Nous sommes aujourd’hui déjà présents dans quatre zones monétaires (…). Je ne souhaite pas que nous allions dans une nouvelle zone monétaire, parce que, si nous voulons développer notre groupe bancaire, il faut que nous puissions multiplier les synergies entre nos filiales », a rappelé son Directeur Général, dont l’équipe a été rejointe en août 2015 par Binta Touré Ndoye, jusque là une des pièces motrices d’Ecobank, en qualité de Directeur général adjoint. «Notre ambition, c’est de bâtir un groupe bancaire de premier plan qui participe au financement durable d’une Afrique émergente : assurer le développement d’opportunités d’affaires dans nos marchés existants, continuer d’optimiser les synergies entre nos filiales, consolider notre orientation vers un service à la clientèle d’excellence, poursuivre le modèle stratégique de diversification géographique du groupe et étudier les opportunités de croissance externe en zone CEMAC ».Et le directeur général d’ajouter : « (…) Si nous devons nous étendre géographiquement, ce sera dans une zone où nous sommes déjà présents. Nous regardons attentivement les opportunités au Cameroun et au Congo»

Nephthali Messanh Ledy

Réunis en Assemblée Générale Mixte (Ordinaire et Extraordinaire) au siège social de la Société, jeudi 28 avril 2016, les actionnaires de Coris Bank International (CBI)saluent les performances de la Société, réalisées dans un environnement économique difficile.

Page 14: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Dossier Banque 14Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

ECOBANK DANS L’ATTENTE DU REBOND SALVATEURAu terme d’un exercice 2015 de transition, Ecobank devrait amorcer un nouveau départ. Les Assemblées générales du 17 et 18 juin 2016 prévues à Lomé doivent entre autres entériner une levée de 700 millions de dollars par l’émission de droits préférentiels de souscription. Sur l’autre volet, la rationalisation des charges, les premières mesures concerneront Ecobank Nigeria, qui annonce se défaire de 1040 de ses 19 000 employés. Nommé récemment à la tête d’Ecobank Nigeria, Charles Kié a la lourde tâche de redresser la banque en la réconciliant avec les critères de performances.

Un nouveau départ

Au niveau de la maison mère, les lignes bougent aussi. Les résultats de l’exercice 2015 laissent entrevoir un résultat net part du groupe à 66 millions de dollars, en chute de 81%, donnant une idée de l’ampleur de la tâche qui attend l’équipe managériale de l’institution panafricaine. Par zone géographique, la banque panafricaine a nettement souffert de son exposition sur sa filiale nigériane dont le résultat net (57 millions de dollars) est en baisse de 74% à la fin 2015. L’Afrique de l’Ouest francophone, en chute de 26%, a été touchée par l’appréciation du dollar sur le Franc CFA.Cette forte contraction accusée en 2015 accélère le scènario d’un renversement des rapports de pouvoirs dans le tour de table de la banque. Au vu de son bilan et de sa valorisation dans les trois marchés boursiers où elle est cotée, Ecobank est extrêmement sous valorisée par rapport à son potentiel et à son envergure continentale.

Les explications de monsieur Ade Ayeyemi Les résultats 2015 sont à considérer sous l’angle d’un assainissement de portefeuille selon les propos de M. Ayeyemi: «Nos résultats de l’exercice 2015 n’ont pas été satisfaisants. A la suite d’une revue globale du portefeuille de créances et des procédures, d’importantes provisions ont été constituées au dernier trimestre de l’exercice. Ainsi, les provisions ont considérablement augmenté de 265 millions $EU, et s’élèvent à 532 millions $EU à fin décembre 2015. Cette situation était inacceptable pour nous et des mesures drastiques ont été mises en œuvre afin d’améliorer la qualité du portefeuille et de renforcer les processus. En outre, nous avons été confrontés à un environnement d’exploitation difficile en raison du ralentissement de la croissance économique en Afrique, résultant de la baisse des cours des matières premières. Ces facteurs ont affecté aussi bien les ménages que les entreprises. Notre coefficient d’exploitation ressort à 64,9 %, stable comparé à l’exercice précédent » M. Ayeyemi a conclu par ces propos : « notre modèle d’affaires diversifié est une source d’avantage concurrentiel et de stabilité opérationnelle. Au cours de ces derniers mois, avec l’équipe de direction, nous avons effectué une refonte de notre stratégie visant à réaligner notre modèle d’affaires autour de notre clientèle, nos produits et notre couverture géographique. Nous avons apporté des changements dans le management du Groupe et élaboré un plan stratégique qui vise à garantir des performances durables sur le long terme. »

De nouvelles cooptations dans le boardLe conseil d’administration d’Ecobank Transational Incorporated va enregistrer de nouvelles entrées. Il s’agit notamment du Togolais Ignace Clomegah et de la Kényane Catherine Ngahu, dont les nominations devront être approuvées en marge des Assemblées générales. Le premier, conseiller du président togolais Faure Gnassingbé, est bien connu dans le paysage économique national. En effet, l’expert-comptable de 69 ans est l’actuel président du conseil d’administration de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) née des cendres du vieil Office Togolais des Phosphates (OTP). Fondateur d’Afrique Audit & Consulting (AAC) devenu AAC Deloitte Togo, Ignace Clomegah a également siégé en qualité de Président et d’Administrateur du Groupe Helios Afrique. Par ailleurs, le trésorier de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo

(CCIT) est le Président du comité d’audit du Groupe NSIA et administrateur de Togo Invest, la société togolaise d’investissement. Il devra siéger au conseil d’administration du groupe Ecobank pour une durée de 12 mois. Pour sa part, Catherine Ngahu, administrateur de AAR Insurance et Eveready EA Limited, va passer trois années au conseil d’administration de la banque basée à Lomé. Elle a déjà siégé aux conseils de plusieurs entreprises dont Kenya ICT, KCA University, Kenya Women Finance Trust and Suntra Investment Bank. Outre ces deux nouvelles nominations, le conseil d’administration a enregistré la cooptation du qatari Abdulla Al Khalifa (Qatar National Bank), Ade Ayeyemi (Directeur Général de la Société), et Mfundo Nkuhlu (Nedbank Group Limited) qui devront siéger pour une durée de trois (3) ans.

Les entreprises tunisiennes disposent désormais d’un levier financier pour soutenir leur expansion vers le sud du Sahara. La BIAT, Banque internationale arabe de Tunisie, et le groupe BSIC (Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce) ont signé, le 25 mai 2016, une convention de partenariat au siège de la banque tunisienne. L’idée est d’accompagner les clients de la BIAT, l’une des toutes premières banques du pays, et d’autres entreprises, dans leurs investissements

dans la zone « Afrique subsaharienne » où la BSIC, basée en Lybie, est implantée dans 14 pays, en Afrique de l’Ouest, du Centre, et au Soudan.Les entreprises tunisiennes, qui lorgnent de plus en plus vers la région, voient ainsi se lever les difficultés financières qui alourdissent bien de projets sur le continent. Des contraintes que le Maroc a pu contourner en encourageant ses établissements financiers à s’installer sur place.

Le Camerounais Georges Wega succède au français Yann de Nanteuil à la tête de la Société générale de banques du Sénégal (SGBS). Cette nomination soumise à l’aval de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) consacre enfin un africain à la tête d’une banque restée très conservatrice dans les étages supérieurs de son management. Pour sa part, Yann de Nanteuil qui n’a pas bénéficié de vents très favorables durant ses trois ans à la tête de l’institution sise Avenue de Roume change de continent et de climat. Il

devra officier à la Komerční Banka, filiale de la Générale en République tchèque. Il s’agit vraisemblablement d’une promotion au vu du nombre de salariés de la filiale tchèque (8000 emplois). Quant à Georges Wega, il débarque dans une banque qui a battu dernièrement le record de provisions du fait d’une mauvaise approche dans la gestion du risque. Ex sociétaire de Barclays (Londres) et ancien directeur général de la filiale camerounaise de la UBA, il boucle sa deuxième année au sein du groupe Société Générale où il officie depuis 2014.

La BIAT et la BSIC accompagnent la Tunisie en Afrique

Petite révolution à la SGBS Sénégal

La banque centrale de la République démocratique du Congo (BCC) a dessaisi «provisoirement» les dirigeants de la gestion de la BIAC, troisième banque commerciale du pays, afin d’assurer son redressement et de préserver l’épargne de ses clients. Fin mars, les difficultés de trésorerie de la BIAC, l’une des banques comptant le plus de succursales à travers le pays, sont

apparues publiquement. Depuis, nombre de petits épargnants se ruent vers les guichets de la banque pour retirer leur argent. La BCC a assigné à la nouvelle direction comme «tâches essentielles», la gestion courante de la banque et d’apprêter un «plan de redressement» dans un délai de six mois, précise le communiqué. La BIAC a expliqué ses soucis par le retrait d’une

ligne de refinancement mensuel jusqu’à concurrence de quelque 40 milliards de francs congolais (près de 42 millions de dollars américains) auprès de la BCC, qui a décidé de couper le robinet des liquidités «sur décision du gouvernement». Le système bancaire congolais s’est rebâti péniblement à partir du milieu de la décennie 2000 après les deux guerres ayant ravagé la RDC entre 1997 et

2003, mais le taux de bancarisation du pays (ratio de la population adulte disposant d’un compte) est parmi les plus faibles d’Afrique. Les difficultés de la BIAC risquent de renforcer la méfiance de la population envers les banques et d’entraver ainsi les efforts des autorités pour tenter de créer une véritable épargne nationale susceptible d’aider au développement du pays.

RDC : la BIAC sous administration provisoire

Page 15: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NOTRERÉSEAUD’AGENCES

PLATEAUBoulevard de la République,Avenue MarchandTél.: (+225) 20 20 94 50Fax: (+225) 20 20 94 50

YOPOUGONYopougon Attié, face à l'Eglise St AndréTél.: (+225) 20 20 94 83

ADJAMÉBoulevard Nangui AbroguaTél.: (+225) 20 37 02 81

TREICHVILLEAvenue 16, rue 18Tél.: (+225) 20 20 94 90

MARCORYRésidentiel, boulevard du GabonTél.: (+225) 21 56 73 75

KORHOGOQuartier CommerceTél.: (+225) 36 85 05 76

SAN PEDROQuartier BardotTél.: (+225) 34 71 27 19

BOUAKÉQuartier CommerceTél.: (+225) 31 63 06 02

DALOANon loin du grand marchéTél.: (+225) 32 76 75 46

SOUBRÉQuartier Sery Koré 2Tél.: (+225) 34 72 30 63

KOUMASSIGrand marché, non loin du terminus 26Tél.: (+225) 21 56 48 18

Page 16: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

16Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Développement

Moins de 90 jours nous séparent de la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se tiendra à Nairobi les 27 et 28 août pro-chains. Cette sixième édition devrait attirer plus de 6 000 représentants des gouverne-ments, des organisations internationales, de la société civile et des organisations du secteur privé.

En quoi consiste précisément la TICAD ?

Cette conférence a été instituée en 1993 en vue d’encourager et de promouvoir les partenariats internationaux pour le développe-ment de l’Afrique sous l’impulsion conjointe du Japon, des Nations Unies et de la Coa-lition mondiale pour l’Afrique. À l’heure actuelle, elle est organisée conjointement par le Japon, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale (depuis la TICAD III), le Bureau du Conseiller spécial des Nations Unies pour l’Afrique et la Commission de l’Union africaine (depuis la TICAD V). Ce forum de dialogue a vu le jour au milieu des années 1980 et 1990, qualifiées de « décennies perdues pour le développement » du continent africain, lequel était alors aux prises avec les contraintes rigoureuses des programmes d’ajustement structurel et incapable de reprendre son souffle, tandis que le Japon était entré dans une spirale déflationniste qui allait durer deux décennies. En cette fin de guerre froide, les principaux bailleurs de fonds, à l’exception notable du Japon, s’interrogeaient sur la pertinence de l’aide au développement accordée à l’Afrique. Ce forum, qui n’était au départ qu’une réunion de haut niveau parmi d’autres, a connu une carrière inattendue. La TICAD, qui a évolué pour devenir une instance de dialogue ouverte et multipartite, a contribué à mainte-nir le développement du continent en bonne place sur l’agenda international tout en renouvelant le dialogue politique en matière de développement.

Qu’est-ce qui a changé depuis ? L’Afrique a connu des transformations indéniables et accompli d’immenses progrès dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Sur la dernière décennie, elle affiche un taux de croissance moyen annuel de son PIB de 5 % qui témoigne de l’ampleur du chemin parcouru. Plus important encore, les pays africains ont pris conscience du fait que les solutions aux défis rencontrés en matière de déve-loppement sont bel et bien entre leurs mains, et qu’il leur faut assumer leurs ambitions en définissant clairement leurs objectifs.

Qu’est-ce qui distingue la TICAD ?Le principal mérite de la TICAD tient à la clairvoyance de ses différents acteurs, qui ont compris très tôt qu’au-delà de l’aide au développement classique et de l’échange de connaissances spécialisées, l’Afrique devait être actrice de sa propre stratégie de développement. Ses dialogues ouverts facilitent la mise en avant de solutions plus adaptées aux difficultés auxquelles le continent est confronté. Les deux principes fon-damentaux de cette enceinte, le partenariat international et le rôle moteur de l’Afrique, ont été réaffirmés à de nombreuses reprises. La décision du Japon de continuer à financer des projets agricoles au cours des années 1990 apparaît aujourd’hui comme un investissement avisé, notamment au vu de la sécurité alimentaire du continent africain et des défis liés à la révolution verte. La TICAD V, qui s’est tenue en 2013, a de nouveau mis en relief l’engagement actif des pays africains, et ses résultats s’inscri-vaient déjà dans le droit fil des principaux objectifs de la Position commune africaine sur le programme de développement post-2015. Le Plan d’action de Yokohama adopté à cette occasion a souligné la nécessité de s’occuper de la question des infrastructures, et notamment du développement des voies de transport, des transports urbains et des énergies à faible émission de carbone, ainsi que de l’optimisation énergétique et des infrastructures des technologies de l’information et de la communication (TIC), autant d’enjeux presqu’entièrement pris en compte par les objectifs de développement durable adoptés récemment. L’importance accordée dès 2013 aux jeunes ainsi qu’à la réduction de l’écart entre les genres apparaît d’autant plus sage que l’ensemble des experts s’accordent aujourd’hui sur la portée stratégique de ces problématiques.

Qu’en est-il de l’avenir de la TICAD ?L’intérêt croissant que la TICAD porte aux partenariats avec le secteur privé, qui s’impose aujourd’hui comme un partenaire clé dans un contexte d’amenuisement de l’aide au développement, peut être interprété comme une autre marque d’adaptabilité et de clairvoyance. La semaine prochaine se tiendra la réunion ministérielle prépa-ratoire à la TICAD VI à Banjul, en Gambie, dans le prolongement des discussions de haut niveau organisées à Djibouti à la mi-mars. Elle devrait permettre de finaliser le programme de la TICAD VI et d’approfondir les échanges relatifs au contenu de la déclaration de Nairobi, qui devrait être adoptée à cette occasion. Comme dans toutes les initiatives importantes, le choix du moment et du lieu s’avère capital. Cette sixième édition de la TICAD sera la toute première organisée sur le sol africain. Outre la di-mension symbolique du lieu retenu, le moment apparaît également opportun d’autant que l’année 2016 marque le début de la mise en œuvre du Programme de développe-ment durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063. Dans un contexte de croissance africaine stable en dépit du ralentissement économique mondial, je suis persuadé que la TICAD continuera de formuler les recommandations stratégiques judicieuses qui ont fait sa réussite et qu’elle contribuera à orienter les décisions des pays africains ainsi qu’à préserver les acquis obtenus de haute lutte ces 20 dernières années.

La TICAD, un forum unique toujours d’actualitéTribune de M. Abdoulaye Mar Dieye

Administrateur assistant etDirecteur du Bureau régional pour l’Afrique du

PNUD

Il ne nous faut surtout pas laisser échouer la Zone de libre-échange continentale

Le lancement du processus de négociation de la Zone de libre-échange continen-tale (ZLEC) par les dirigeants de l’UA en juin 2015 à Johannesburg, marque un jalon important. Une fois qu’elle sera mise en place, la Zone de libre-échange couvrira plus d’un milliard d’habitants, avec un PIB continental de plus de 3 000 milliards de dollars des États-Unis. La bonne mise en œuvre de la ZLEC permettra aux membres de réaliser leur potentiel de développer et d’intensifier le dynamisme du com-merce intra- africain, notamment l’objectif déclaré d’accroître le commerce intra-africain de 50 % d’ici 2022. Le commerce entre pays africains s’élève actuellement en moyenne à 16 %, alors que le commerce entre pays est de 70 % pour l’Europe, de 50 % pour l’Asie et de 21 % pour l’Amérique latine. C’est un fait que la structure des échanges intra-africains est beaucoup plus diversifiée que celle des échanges extra africains, avec le secteur manufacturier représentant 67 % des exportations, contre 32 % pour les exportations vers l’Europe, 18 % vers les États-Unis et 14 % vers la Chine. Stimuler le commerce intra-africain est donc d’une importance cruciale pour assurer la transformation structurelle, des emplois productifs et une croissance inclusive pour l’Afrique. Ce potentiel ne peut être exploité en raison de la structure tarifaire actuelle qui fait qu’il est moins coûteux pour les pays africains d’exporter vers un partenaire commercial extérieur que vers un pays du continent. Le niveau de protection tarifaire en Afrique s’élève en moyenne à environ 8,7 %, mais il est de 2,5 % seulement pour le reste du monde. Ce problème sera aggravé du fait de l’évolution actuelle vers des accords commerciaux réciproques mais asymétriques, tel qu’impliqué par la pleine application des Accords de partena-riat économique (APE), conclus récemment. Si les APE sont pleinement appliqués avant l’entrée en vigueur de la ZLEC, il sera toujours relativement plus intéressant pour les pays africains d’exporter vers l’Europe que vers un autre pays, ce qui aura pour effet de renforcer un régime commercial qui n’a guère évolué au cours des six décennies qui ont suivi les indépendances...

Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission economique pour l’Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba, Ethiopie.)

Un forum économique algéro-africain se tiendra du 19 au 21 novembre prochains à Alger, dans le but de développer et d’orienter les exportations algériennes hors hydrocarbures vers le continent africain, a annoncé le ministre de l’industrie et des mines, Abdeslam Bouchouareb en marge de la conférence de presse organi-sée, mi-juin, à son siège sur la création du groupe de travail en charge de prépa-rer ce « grand » forum africain. Selon Abdeslam Bouchouareb, «la signature de la réalisation de cinq plateformes de transformation de phosphate dont quatre prévues le 20 du mois en cours et une en mois de septembre prochain », permet-tra de produire jusqu’à 10 millions de tonnes par an dont une majeure partie sera destinée à l’exportation. C’est un investissement de taille inscrit dans le cadre de développement de l’industrie algérienne et la promotion des exportations hors hydrocarbures lesquelles représentent 98% des recettes nationales. « L’Algérie est l’unique pays africain capable de relier touts les pays du continent par voie terrestre », lance le ministre faisant allusion au projet de l’autoroute interconti-nentale qui devrait traverser plusieurs pays voisins, en l’occurrence, le Tchad, le Mali, la Tunisie et le Niger. Pour pouvoir relever ce défi et conquérir le marché africain, l’Algérie prévoit de se lancer dans un grand projet d’électrification de plusieurs pays africains à l’horizon 2030 en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Union africaine (UA) ». « plusieurs autres plateformes dans divers domaines sont prévues et s’accordent parfaitement avec nos projets de promotion du produit national sur le niveau africain», a indiqué le ministre.

L’Algérie annonce sa grande offensive économique vers l’Afrique

Page 17: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

17Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Tourisme

A la rencontre du succès du tourisme marocain

Longtemps tournée vers les marchés émetteurs majeurs que sont l’Europe, les USA et le Japon, la destination Maroc se repositionne et prend acte de la montée des BRICS d’une part et, d’autre part, de l’élargissement des classes moyennes africaines.La Royal Air Maroc et l’Office du tourisme (ONMT) ont organisé un éductour du 16 au 22 mai 2016 à l’intention des professionnels du Sénégal. Ce voyage de découverte à laquelle Financial Afrik a pris part a concerné les villes de Casablanca, Marrakech, Fés et Rabat. L’occasion propice de permettre aux voyagistes sénégalais de prendre langue avec les hôteliers marocains pour l’élaboration de produits touristiques adaptés à une clientèle ouest-africaine à dominante culturelle et religieuse. Durant ce voyage de «découverte», les professionnels ont visité les installations hôtelières marocaines à travers les villes touristiques de Marrakech, Fès, Rabat, et Casablanca ainsi que les montagnes de l’Atlas. Ils ont aussi été amenés à découvrir la gastronomie locale et les circuits touristiques qui ont fait le succès du royaume sur la carte touristique mondiale.

La RAM, levier du tourisme marocain

La compagnie nationale aérienne constitue l’un des premiers acteurs de ce succès du tourisme marocain, et ce grâce à l’augmentation de ses vols en partance des pays émetteurs vers le Royaume, ainsi que l’ouverture de nouvelles dessertes qui répondent aux besoins du tourisme. A ce titre, l’on peut noter la place de choix qu’occupe l’Afrique subsaharienne dans les activités de la Royal Air Maroc. Cette partie du continent représente un marché d’avenir, en particulier pour la capitale spirituelle du Royaume (Fès) et le pays en général. Le Maroc a une position géographique qui offre des conditions climatiques et culturelles méditerranéennes uniques. Un avantage sur lequel la RAM consolide une stratégie d’économie touristique vigoureuse. En effet, pour l’Afrique, la compagnie dessert une plus de 30 destinations.La classe moyenne, en nette croissance dans la région subsaharienne, offre des taux de remplissage confortables des vols en partance des capitales africaines vers l’Europe et vers l’Asie. Au Sénégal par exemple, en plus des trois vols quotidiens réguliers de Dakar en direction de Casablanca, la RAM projette sur la mise en place d’une ligne directe Dakar-Fès avec des prix attractifs, afin d’intensifier les flux du tourisme cultuel. La promotion de ce tourisme religieux pourrait permettre au Maroc d’attirer encore plus de touristes étrangers. L’axe Casablanca-Dakar est la plus ancienne ligne de la RAM puisque créée en 1957.

Un tourisme performant et diversifié malgré un contexte difficile

Le Maroc joue sur la diversification de son produit touristique et son aptitude à répondre à plusieurs segments de touristes. Dans ce schéma, l’on retrouve une classe moyenne plus orientée vers les expériences authentiques et la découverte du patrimoine historique et culturel, et un tourisme de luxe. Sur un autre registre, malgré un contexte international marqué par la situation d’insécurité, le Maroc tire ses marrons du feu. Les investissements se poursuivent notamment dans l’hôtellerie.C’est dans ce sens que pour accompagner la montée en puissance de l’ensemble de la chaîne de valeur touristique et offrir une expérience de qualité internationale tout au long du séjour des touristes, le ministère marocain du tourisme à mis en place la Vision 2020, privilégiant une stratégie d’amélioration de la compétitivité du secteur et de professionnalisation des acteurs de la chaîne de valeur touristique.Comme il faut du tout pour développer le tourisme, le Maroc a engagé la construction du port de Tanger Med et de la rocade méditerranéenne, le doublement du réseau autoroutier, l’accroissement des capacités aéroportuaires, la modernisation du réseau ferroviaire, le lancement de la première ligne africaine de train à grande vitesse entre Tanger et Casablanca programmée à l’horizon 2015. Grace à tous ces facteurs, le tourisme marocain a enregistré fin mars 2016, 6,6% de progression en terme de recettes soit une valeur totale de 12,1 milliards de dirhams, et ce malgré une stagnation des arrivés qui ont légèrement baissé de 0, 5% et des nuitées (-0, 9%) par rapport à la même période en 2015. Marrakech et Agadir occupent le peloton de tête avec 60% des nuitées lors du premier trimestre 2016.

Carnet de voyage : De Marrakech à Casablanca

Notre périple commence par Marrakech, la principale ville touristique du royaume, la perle du Sud fondée par Youssef Ibn Tachfin

en 1071 et dont, encore aujourd’hui, le séculaire minaret de Koutoubia, avec ses 77 mètres, offre aux yeux émerveillés du visiteur le témoignage de la prospérité d’antan. Marrakech, à 243 km de Casablanca. La ville ocre nous accueille en ce mois de mai avec son climat frais et son paysage luxueux. Après trois heures de routes par bus de Casa à Marrakech, nous voilà à notre hôtel, Naoura Lucien Barrière 5 étoiles, qui appartient au même groupe que le fameux Fouquets de Paris.L’hôtel se situe au cœur de la médina de la ville, à seulement quelques pas de la place Jemaa el Fna, là où les charmeurs de serpents et les conteurs rivalisent de talent. L’on apprécie d’emblé le confort oriental associé au raffinement français qu’offrent les lieux. Pour notre deuxième journée à Marrakech, il nous est ainsi proposé de visiter quelques hôtels. La ville impressionne par ses grands palaces qui rendent hommage à l’architecture néo-mauresque revisitée par le nouveau siècle. Le Royal Palm Hôtel par exemple, établissement 5 étoiles aux plafonds hauts, niché en plein cœur du domaine Royal palm (231 hectares), étale son luxe sur 134 suites et villas et une vue imprenable des montagnes de l’Atlas et de la plaine d’El Haouz.L’on ne peut quitter Marrakech sans parler de La Mamounia. L’hôtel centenaire à la décoration arabo-mauresque revisité au goût du jour, séduit par son luxe, son calme et sa volupté, comme aiment s’en venter ses administrateurs. Notre coup de cœur va cependant à la Médina qui nous transporte dans un autre siècle, avec ses maisons arabes, ses patios. , Il y a aussi place Jemaa-el-Fna et les inévitables souks aux mille épices et senteurs. Sur cette grande place animée du centre de Marrakech, se concentrent des dizaines d’échoppes qui proposent des spécialités culinaires locales. Marrakech n’est cependant pas qu’hôtels et marchés, notre visite nous mène à la caverne d’Ali Baba, où l’on découvre le Marrakech des spectacles et traditions des peuples du Maroc. Pour un diner le soir, il nous est offert d’assister à un spectacle captivant, haut en couleurs avec des chorégraphies de danses

traditionnelles marocaines, la fameuse danse du ventre, des démonstrations à cheval avec des cascades impressionnantes. Et le bouquet final, un magnifique feu d’artifices très colorés. Au troisième jour de notre séjour, route vers Fès la religieuse, non sans passer par les montagnes de l’Atlas. Fès, la ville impériale est la capitale de la culture traditionnelle du Maroc. Avec sa Médina, qui une fois de plus nous ramène au Moyen-âge. Marcher dans les rues étroites de la vielle médina, c’est s’abandonner au temps. Un monde andalou et arabe, coloré, bruyant, où se rencontrent artisans, tanneurs, potiers, et les charrettes à ânes. La ville abrite le sanctuaire du fondateur de la Tariqa Tijania, Cheikh Sidi Ahmed Tijani, qui compte pas moins de 300 millions d’adeptes à travers le monde. Le charme de Fès, ce sont ces riads où se dégage une ambiance orientale très authentique qui procure un réel sentiment d’évasion. Le Palais Amani, un des plus bels établissements, est incontournable. Logé dans l’enceinte historique de la médina, quelques minutes à pied du Triangle d’Or, le bâtiment s’ouvre sur un magnifique jardin intérieur luxuriant. Notre séjour à Fès se clôture par un workshop organisé afin de permettre des rencontres B to B entre les professionnels du voyage et les hôteliers marocains. Une rencontre qui a permis aux uns et aux autres de nouer des relations professionnelles. La capitale du royaume nous accueille enfin. Pour un bref passage à Rabat, il nous est permis de visiter le mausolée Mohammed-V, le tombeau royal qui se trouve sur l’esplanade de la Tour Hassan et qui abrite en même temps les tombes de Moulay Abdellah et Hassan II. Moins exotique mais aussi riche, Casablanca est le point de convergence du tourisme d’affaires et du monde urbain. La ville attire chaque année des milliers de touristes grâce à des infrastructures hôtelières aux normes, sans oublier les enseignes de luxes qui s’y bousculent et aux établissements branchés. Si vous passez à Casa, faites un tour au si fashion Marocco Mall, toutes les grandes marques s’y retrouvent.L’Office marocain du tourisme (ONMT)

Koutoubia, avec ses 77 mètres, offre aux yeux émerveillés du visiteur le témoignage de la prospérité d’antan.

Page 18: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

18Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Tourisme

assure la promotion du Maroc à l’étranger. Avec des bureaux de représentation dans les principaux marchés émetteurs dont Paris, Madrid, Londres, Munich, il s’agit d’un office disposant de moyens techniques, humains et financiers et assurant la visibilité du royaume dans les grandes manifestations touristiques. Le pavillon Maroc assure une présence continue au Salon Top Résa de Deauville, au Fitür de Madrid, à l’ITB de Berlin et, bien

évidemment, au Salon Mondial du Tourisme (SMT) de Paris. L’un des rôles de l’ONMT c’est d’associer les professionnels du tourisme à travers leurs différentes représentations (fédération des agences de voyages, des hôteliers, conseils régionaux du tourisme) dans l’animation touristique régionale et nationale. L’autre mission, fondamentale, consiste à programmer la destination dans les brochures touristiques des grands Tours

opérateurs. Ces chefs d’orchestres du tourisme mondial (Thomas Cook, TUI etc) publient des catalogues au début de chaque saison touristique. Les destinations moyen courrier (Maroc, Tunisie, Espagne, Turquie) et l’Egypte se livrent une concurrence féroce jusqu’à à la mi-novembre, date de démarrage dela saison touristique. L’un des slogans utilisés par l’ONMT par le passé fut «Maroc, le plus beau pays du monde». Adopté sous le magistère

de Fatiha Bennis, alors DG de l’ONMT, cette affiche a beaucoup fait parler d’elle sur les bus de Paris et à l’entrée des grands lieux de spectacle. Au final, à dix ans d’écart, l’on peut dire que ce fut l’affiche la plus médiatisée sur le royaume. Aujourd’hui, à l’heure des BRICS et de la montée des classes moyennes africaines, l’ONMT devrait élargir son rayon d’action à l’instar de la Royal Air Maroc.

Entretien avec Jalal Imani, Directeur des Opérations de l’Office national marocain du tourisme (ONMT)

« Au Maroc, nous recherchons une clientèle moyenne et haut de gamme »

Dans les activités de l’ONMT, comment se passe traditionnellement la promotion du tourisme marocain vers les pays des BRICS ?

Pour les BRICS (Ndlr : Brésil, Russie, Inde, Chine), nous avons une délégation au Portugal qui s’occupe du Brésil. Ce sont des marchés que nous appelons «émergents», et sur lesquels un développement est à faire. Maintenant il y a des priorités, et pour des raisons de budget nous ne pouvons pas être partout et faire l’ensemble des actions que nous voudrions réaliser.Aujourd’hui, dans les pays émergents, comme par exemple la Russie, l’Afrique comme continent, la zone PECO (Ndlr: Pays d’Europe centrale et orientale), les trois pays scandinaves (la Norvège, la Suède et le Danemark), nous allons y renforcer nos actions pour diversifier les flux d’arrivées.L’Inde constitue aussi un grand réservoir, tout comme la Chine, pays sur lequel, dernièrement, Sa Majesté, le Roi Mouhamed VI s’est déplacé pour signer une multitude d’accords multiculturels, dont un que nous avons signé au niveau de l’Office du tourisme avec l’association des tours opérateurs chinois. Celà fait que, par exemple, le visa, qui était un des freins pour le développement du tourisme chinois vers le Maroc, a été supprimé. Il y a aujourd’hui 100.000 chinois qui se déplacent dans le monde pour des raisons touristiques. Le Maroc n’en comptabilise que 11. 000. A nous donc de faire fructifier cet accord. Concrètement, quels sont les résultats attendus sur le terain ?

Il y’a d’abord un travail à faire avec les tours opérateurs pour faire connaître le Maroc. D’où l’importance de cet Educ/Tour avec les professionnels du voyages du Sénégal. Et nous comptons prochainement accueillir la Côte d’Ivoire et le Mali. Côté aérien, il y a des vols directs de la Royal Air Maroc sur Pékin. Mais aussi avec les compagnies du Moyen-Orient, à savoir Qatar Airways, Etihad Airways et Émirates entre autres, via l’Europe pour faire venir la clientèle asiatique sur le Maroc. Il faut savoir que lorsque les chinois quittent leur territoire, ils vont généralement sur deux ou trois pays, ils se déplacent très

rarement pour une seule destination. Il faut donc développer des packagings en multi-voyages, comme par exemple Paris-Madrid-Rome, via ces compagnies du-Moyen-Orient qui font un excellent travail par ailleurs. Ces compagnies aériennes viennent déjà sur le Maroc, avec au moins 1 vol quotidien par jour. Emirates a deux vols quotidiens sur Casablanca contre une fréquence quotidienne pour Etihad et Qatar Airways, avec des projets de vols directs sur Marrakech d’ici la saison hiver prochaine.

Quelle est la place de l’Afrique subsaharienne dans le repositionnement touristique du Maroc?

Il faut d’abord savoir que le Maroc entretient d’excellentes relations de fraternité et de proximité économique avec les pays de l’Afrique de l’Ouest. Par exemple, un pays comme la Côte d’Ivoire, pour lequel le Maroc constitue, en 2015, le premier investisseur étranger, est forcément au cœur de notre stratégie. Au delà de l’aspect économique, ce choix est aussi religieux avec la forte communauté Tijane généralement au Sénégal et au Nigéria. Pour en revenir au Nigéria, le pays compte 80 millions de musulmans dont 60 millions d’adeptes de la famille Niasse, qui ne connaissent absolument pas le Maroc. En ce sens, il y a un fort potentiel touristique à développer. D’où l’intérêt pour la Royal Air Maroc (RAM) et l’Office national marocain du tourisme (ONMT), en tant que représentant du pays, de développer les flux au départ de ces régions. Après cela, nous nous intéresserons au Cameroun et au Kenya. Donc, il est important pour nous de développer des communications au départ de ces pays. Concrètement, c’est faire venir les professionnels du voyage, faire venir la presse, créer des événements locaux sur place et développer la partie accessibilité de l’aérien au niveau tarifaire. Parce que l’accessibilité des offres existe grâce à la RAM.

L’Afrique connait une classe moyenne de plus en plus dynamique. Le perçoit-on au niveau de l’ONMT?

Oui, nous le ressentons parce que ici, par là, il ya des lieux touristiques ou des hôtels

qui ont une clientèle spécifique. Je parlais tout à l’heure des Tijanes, c’est justement cette clientèle qui devrait pouvoir venir plus souvent découvrir le Maroc. Aussi, il faut préciser qu’au Maroc, nous recherchons une clientèle moyenne et haut de gamme. Nous ne recherchons pas la masse. Mais plutôt, nous axons nos produits vers un produit de luxe, qui n’empêche cependant pas d’avoir l’ensemble des propositions. Le Maroc reste un pays où les traditions d’accueil et les infrastructures sont plus vouées à cette clientèle de moyen et haut budget.

Quelle est le type de tourisme qui prédomine au Maroc?

Je dirai le tourisme d’affaires et celui culturel. Mais, il est clair que le tourisme culturel est le premier au Maroc. Ce type de tourisme va plus être celui des Tijanes, avec la ville de Fès et les « ziaras » (pèlerinages) dans les autres villes. Cependant, notre ambition est de présenter, avec les 3500 km de côtes dont nous disposons, des produits de tourisme balnéaires complet. C’est pour cela, que des stations balnéaires ont été créées, en plus de la ville d’Agadir qui est traditionnellement la ville balnéaire du Maroc, pour aller nous attaquer à ce premier segment clientèle qui est le balnéaire au niveau mondial.

Parmi ses stratégies, l’ONMT noue t-elle des partenariats avec les offices de tourismes des autres pays ?

Non il n’en n’existe pas encore. Toutefois, l’Office national du tourisme marocain compte organiser, certainement au mois d’octobre ou novembre prochain, le premier congrès qui réunira les offices du tourisme de 27 pays africains . Ceci justement dans le but d’échanger les expériences et de développer les flux africains.

Le Maroc va bientôt accueillir la Cop22. Y-a-t-il un dispositif particulier mis en place pour l’accompagner au niveau des opérateurs du Tourisme ?

Oui bien évidemment. Le Maroc a mis en place un dispositif énorme pour la Cop22 qui se tiendra à Marrakech. L’ONMT, à travers les messages qui sont retranscrits par l’esprit de la Cop22, œuvre dans ce sens pour le développement de tous les aspects touristiques qui vont accompagner cet événement. Le Maroc va ainsi accueillir 40 mille personnes: chefs d’Etas, délégations, journalistes, etc. Ce qui constitue une énorme vitrine pour le pays. Il est clair que Marrakech a déjà son aura et son image à travers le monde. Mais la tenue de la Cop22 est une preuve d’abord que le Maroc est capable d’accueillir ce type d’événements en termes d’accueil, d’infrastructures et de sécurité. C’est l’image du pays qui va être boosté grâce à cette rencontre. Nous

sommes donc partie prenante de la Cop22.

Le contexte actuel est marqué par la menace terroriste qui concerne aujourd’hui tout les pays. Comment est-ce que le Maroc arrive à s’en sortir du point de vue touristique ?

D’abord le Maroc est classé pays sûr par les services de sécurité des grandes puissances comme la France, l’Angleterre et les États Unis. Les services de sécurité, on peut leur en savoir gré, font un excellent travail au niveau du Maroc, comme au niveau international d’ailleurs. Même si avec ces questions de sécurité il faut toujours être vigilant, Dieu merci le Maroc est un véritable havre de paix dans la région. C’est vrai qu’il y a eu, au départ, plein d’amalgames entre islam et terrorisme, chose que nous essayons de corriger en invitant les journalistes et agences de voyages par exemple, à venir se rendre compte d’eux même. D’un autre côté, il existe une «opportunité», car le Maroc est finalement le seul pays à offrir dans la proximité cet exotisme là et cette partie orientale que, bien sûr, on retrouve ailleurs mais qui ont connu de très fortes baisses au niveau de leurs arrivées. En terme d’alternative, pour retrouver la même chose et avec les spécificités du Maroc, pays d’abord de paix, de hautes tradition, d’histoire et de gastronomie, les gens, quand ils viennent, découvrent, pour ceux qui ne le connaissent pas, un marocain aimable et accueillant. Et ça, ce sont des choses qui ne s’achètent pas.

Jalal Imani, Directeur des Opérations de l’Office national marocain du tourisme (ONMT)

Dossier réalisé par Amadjiguéne Ndoye, envoyée

spéciale au Maroc

L’industrie touristique est un secteur économique important au Maroc, et ce malgré les effets de la crise économique mondiale et la mauvaise conjoncture géopolitique qui caractérise le tourisme mondiale. Véritable levier du tourisme marocain, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) mène pour la promotion de la destination un certain nombre d’actions pour accompagner son essor.

Page 19: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

C’était le 25 mai 2016 à Abibjan. Le Radisson Blu Airport, un hôtel cinq étoiles, situé à 500 mètres de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, a démarré ses activités. Ce bijou réalisé pour une valeur de 55 milliards de F CFA, est porté par le Groupe KOIRA de l’homme d’affaires Komé Cessé, propriétaire, entre autres, du Radisson Blu de Bamako. Ce nouveau complexe hôtelier est né d’une convention entre la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le groupe bancaire BGFI, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO

(BIDC) et le groupe Koira. L’hôtel compte 261 chambres et suites avec des équipements modernes à la dimension

d’un Hôtel de grand standing. Abidjan, ville la plus courue en Afrique de l’Ouest, en avait besoin.

La Banque ouest africaine de développement (BOAD) a arrangé un financement de 28 milliards de francs CFA pour remettre en selle le mythique Hôtel du 2 Février qui va rouvrir sous l’enseigne Radison Blu.A la tête d’un consortium financier constitué entre autres de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et Bank Of Africa-Togo (BOA-Togo), la Banque ouest africaine de développement (BOAD) a réuni 28 milliards de francs CFA pour le projet de réhabilitation de «l’Hôtel 2 Février» à Lomé, informe l’institution dans un communiqué. Commandée par l’Etat togolais, l’opération va servir au projet de réhabilitation et d’exploitation de l’établissement de 36 étages, devenu au fil des années l’un des emblèmes du pays. Radisson Blu- 2 février, l’appellation que devrait prendre l’édifice, dont la réhabilitation sera supervisée par la filiale togolaise du groupe mauricien Kalyan Hospitality Development, présentera 320 chambres, des espaces locatifs et un casino.Nationalisé en novembre dernier, après l’échec d’une tentative de reprise par le holding Libyan African Investment Compagny en 2006, le fleuron de l’hôtellerie togolaise (ouvert en 1980) devrait être sous l’administration du Carlson Rezidor Hotel Group selon certaines sources. L’entreprise hôtelière est présente dans 80 pays avec un portefeuille de 1 400 hôtels dont des Radisson Blu. La réhabilitation de l’hôtel du 2 février, à quelques enclabûres de l’ouverture du nouvel aéroport de Lomé, donne un véritable coup de lifting à la capitale togolaise.

Côte d’Ivoire: Ouverture officielle du Radisson Blu Airport

Togo: l’hôtel du 2 février sous

enseigne Radisson Blu

Offensive de Marriott International en Afrique

Maroc: Meliã Hotels International s’installe

à Taghazout Bay

Azalaï Hôtel rehausse Nouakchott

19Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Tourisme

La chaîne hôtelière américaine Marriott International a annoncé, le 28 avril, qu’elle allait faire ses premières incursions dans sept pays africains d’ici 2025. «Nous envisageons de pénétrer huit nouveaux marchés en Afrique et au Moyen-Orient d’ici 2025: l’Irak, le Gabon, le Rwanda, la Tunisie, le Bénin, le Kenya, la Libye et l’Ile Maurice», a précisé le groupe basé à Maryland dans un communiqué publié en marge de la conférence arabe sur les investissements hôteliers (Arabian Hotel Investment Conference) tenue à Dubaï. «Nous avons un ambitieux plan de croissance à l’international, et la région Afrique & Moyen Orient va jouer un rôle important dans la réalisation de nos objectifs à court et à long terme», a déclaré Alex Kyriakidis, le directeur général de Marriott International pour l’Afrique et le Moyen-Orient, cité dans le communiqué. Marriott fait depuis quelques années le pari de la croissance du tourisme en Afrique, un continent qui a attiré 53 millions de touristes internationaux en 2015 selon un bilan dévoilé en janvier dernier par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).La chaîne américaine qui compte 19 marques dont Ritz-Carlton, JW Marriott, Renaissance

Marriott ou encore Moxy est devenue en avril 2014 le leader de l’industrie hôtelière en Afrique avec 110 établissements dans 16 pays du continent, suite au rachat du groupe sud-africain Protea Hotel Group.Marriott va se renforcer davantage en Afrique suite à la finalisation de l’acquisition de la chaîne Starwood Hotels & Resorts Worldwide. Cette dernière dispose en effet d’une quarantaine d’hôtels opérationnels et de plusieurs autres établissements en cours de construction en Afrique. L’acquisition de Starwood Hotels & Resorts Worldwide, qui devrait être finalisée durant le deuxième semestre 2016, permettra par ailleurs à Marriott de devenir le numéro un mondial de l’hôtellerie devant le groupe britannique InterContinental Hotels, avec plus de 5500 hôtels et 1, 1 million de chambres à travers le monde. Mais l’acquisition annoncée de Starwood Hotels met en exergue un autre point d’importance : si la famille Marriott reste présente avec environ 30 % du capital dans ses mains et un président du conseil incontournable en la personne de Bill Marriott - ce dernier fut patron opérationnel pendant 40 ans -, elle voit son influence se réduire. Le prix à payer?

L’hôtel cinq étoiles de l’espagnol Meliã Hotels International est opérationnel depuis le 23 mai prochain. Construite dans la station touristique de Taghazout Bay, l’édifice porte le nom de Sol House Tagahzout-Surf. La nouvelle adresse propose une multitude d’activités, notamment le surf, le yoga, le golf, et la détente. Le prestigieux hôtel compte attirer dans sa clientèle les jeunes cadres dynamiques, fans de surf et autre sports nautiques et aussi super connectés. L’infrastructure de luxe entend proposer des services haut de gamme à ses futurs clients, avec à la carte la gastronomie italienne, mais aussi internationale et régionale. L’hôtel, construit sur 5 hectares, dispose de 91 chambres, dont 16 triples et 75 sous forme de bungalows. Le groupe Meliã a ouvert ce 4 hôtels sous sa marque Sol House en Espagne et Bali. Première station balnéaire du Maroc, Taghazout Bay, s’étale sur une superficie de 615 ha en front d’une bande côtière de 4,5 km de plages d’une beauté exceptionnelle. La station dispose déjà d’un parcours de golf et d’un hôtel spécialisé golf, gerés par Braemer Golf Management Maroc et Hyatt Hotels Corporation.

Le groupe AZALAI Hôtels investit 8 millions d’euros dans la rénovation de l’hôtel «MARHABA», le premier établissement crée à Nouakchott après l’indépendance. Le nouveau réceptif qui s’appelle désormais «AZALAI Hôtel MARHABA» reçoit la clientèle depuis la soirée du jeudi 16 mars 2016 et se place en concurrent direct du mythique Monotel. Le démarrage officiel d’Azalaï Nouakchottta fait l’objet d’une cérémonie en présence de Naha Mint Mouknass, ministre du commerce, de l’industrie et du tourisme, du Président Directeur Général (PDG) du Groupe AZALAI, Mossadeck Bally, et d’une large brochette de personnalités. Le PDG du Groupe AZALAI Hôtels a exposé ses ambitions: «Nous sommes ici en tant qu’investisseurs et non simples gestionnaires, nous avons investi 8 millions d’euros dans la perspective d’une extension de l’hôtel». «AZALAI Hôtel MARHABA» est un réceptif hôtelier de 4 étoiles situé en plein centre ville, dans le quartier des affaires à seulement 5 minutes de l’aéroport. Il est composé de 64 chambres, 07 salles de réunion et un restaurant de classe. international, un business center…..Le Groupe AZALAI Hôtels est la première chaîne hôtelière en Afrique de l’Ouest, avec une présence dans plusieurs pays.

Page 20: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

20Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om Grand Entretien

Propos recueillis par Christine Holzbauer, envoyée spéciale à Nouakchott

Il me reste un an et neuf mois avant la fin de mon deuxième mandat et je n’ai jamais dit, à aucun moment, que j’allais modifier la constitution pour me représenter. J’ai prêté serment à deux reprises sur la constitution et ce n’est pas maintenant que je vais manquer à mon serment.

«Je ne cherche pas à récupérer l’opposition car je n’en ai pas besoin»

Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie

Dans cet entretien réalisé au Palais présidentiel à Nouakchott, vendredi 27 mai 2016, le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, répond à toutes les questions de notre envoyée spéciale. C’était en marge d’un voyage de presse qui nous a conduit de Nouadhibou à Nouakchott.Longtemps, la Mauritanie a fait figure d’un pays où règne l’insécurité à cause d’attaques terroristes possibles. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

La Mauritanie, malheureusement, continue de pâtir de l’image d’un pays où règne l’insécurité alors que nous avons réalisé beaucoup de progrès : à la fois sur le plan de la lutte contre le terrorisme comme en matière économique (…) Depuis 2011, nous n’avons subi aucune attaque terroriste et la vingtaine de salafistes qui se trouvent actuellement sur le territoire mauritanien sont en. prison ! Cela procède d’un effort systématique de nos forces armées qui ont beaucoup données en terme de pertes humaines de nettoyer les « poches » qui se trouvaient au nord du pays avec la création de 36 points d’entrée militarisés. Ce qui nous permet de suivre tous les déplacements de populations y compris ceux des étrangers…

Le maintien de la Mauritanie en « zone rouge » par les autorités françaises ne vous parait donc pas justifié ?

Je ne sais pas pourquoi les autorités françaises persistent dans cette décision; mais compte tenu de la volatilité actuelle des actions terroristes partout dans le monde, je peux vous assurer que pas un seul pays n’est en mesure, aujourd’hui, d’assurer sa sécurité à 100%.

Qu’en est-il du document retrouvé par les autorités américaines lors du raid contre Oussama ben Laden, au Pakistan et qui ferait état d’un accord entre la Mauritanie et al Quaïda ?

J’ai demandé personnellement à plusieurs reprises l’original de ce document à l’ambassadeur américain à Nouakchott. A ce jour, il ne m’a toujours pas été communiqué. Mais toutes les allégations qui sont censées y figurer sont fausses et non avérées. Depuis 2010, il n’y a jamais eu de paiements de rançons en aucune circonstance à des terroristes de la part de la Mauritanie et nous avons dû déjouer une attaque qui visait une ambassade et le ministère de la Défense. Cela prouve bien qu’il n’y a jamais eu d’accord avec AQMI (…)

Sur le plan interne, la Mauritanie est souvent accusée de ne pas suffisamment lutter contre certaines résurgences esclavagistes. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

Je m’interroge sur le fait de savoir pourquoi certains d’entre eux qui se déclarent aujourd’hui comme des chantres de la lutte anti-esclavagiste ne disaient rien jusqu’il y a encore une dizaine d’années ? A l’époque, les restes de pratiques esclavagistes étaient

pourtant beaucoup plus répandus en Mauritanie de même que les séquelles auprès de populations souvent pauvres et illettrées. Tout cela me parait être un réveil bien tardif et pas complètement désintéressé (…).Je peux vous affirmer qu’il n’y plus d’esclaves en Mauritanie, car nous avons criminalisé cette pratique. Deux individus ont même été condamnés, récemment à l’extrême est du pays, pour des faits qui se sont passés en dehors de notre territoire.

Etait-ce une bonne idée d’envoyer en prison Biram Dah Abeid, le fondateur du mouvement Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ?

Cet individu a été déféré devant la justice après avoir été appréhendé par les forces de sécurité qui ont dressé un procès-verbal le jour de son arrestation. Il a été jugé et condamné à deux ans de prison par la même justice qui a décidé de le libérer récemment (…). Il a été condamné pour mauvaise conduite, pas parce que c’est un opposant politique .

A Nema, récemment, vous avez appelé à un dialogue avec l’opposition ? Est-ce une façon de la faire rentrer dans le rang…

Je ne cherche pas à récupérer l’opposition car je n’en ai pas besoin. Le pays marche bien, les problèmes de sécurité sont jugulés et les grands projets avancent…Il n’y a pas de surcroit de prisonniers politiques en Mauritanie et les libertés sont garanties. Même les délits de presse ont été dépénalisés…Toutefois, une partie de l’opposition n’a pas voulu participer aux élections présidentielles et n’est pas

représentée au Parlement. Cet appel vise essentiellement à ancrer davantage la démocratie dans mon pays en faisant en sorte que tout le monde participe.

Pourquoi, alors, vouloir organiser un référendum pour supprimer le Sénat et créer des conseils régionaux?

Mes prédécesseurs ont choisi de tout concentrer à Nouakchott : les services de base, l’activité, les créations d’emploi, etc. Y compris les sénateurs qui bien que représentant les régions et les départements siègent à Nouakchott. Ma vision est différente, car je souhaite privilégier la décentralisation partout dans le pays. Pour cela, il faut des élus qui puissent répondre aux besoins spécifiques des populations sur place…

D’aucuns disent que c’est un prétexte pour réviser la constitution et vous permettre, ainsi, de briguer un troisième mandat ?

Il s’agit de pures spéculations (..). Il me reste un deux ans et neuf mois avant la fin de mon deuxième mandat et je n’ai jamais dit, à aucun moment, que j’allais modifier la constitution pour me représenter. J’ai prêté serment à deux reprises sur la constitution et ce n’est pas maintenant que je vais manquer à mon serment.En ce qui concerne le nouvel aéroport, c’est un bel ouvrage mais planté comme il est au milieu du désert, ne craignez-vous pas qu’il se transforme en un éléphant blanc impossible à gérer ?

Comme vous avez pu le voir, nous avons beaucoup d’ambitions et beaucoup de projets économiques pour notre pays dont les richesses commencent seulement à être exploitées. La construction de cet aéroport répond à nos besoins futurs tout en permettant de désengorger le centre-ville de Nouakchott. Il va aussi nous permettre de mieux rayonner en Afrique

compte tenu de la position géographique de la Mauritanie qui aspire à s’ouvrir pour attirer les investisseurs étrangers. Quant à sa gestion, nous avons déjà lancé un appel d’offre international pour la confier à une société qui en aura les moyens, les capacités et le savoir-faire.

Un visa à 120 euros pour venir en Mauritanie n’est-ce pas un peu dissuasif ?

Vous avez sans doute raison. Mais ce sont des dispositions consulaires qui peuvent être facilement changées…D’autant que dans le cadre de notre appartenance au G5 sahel, nous avons le projet de mutualiser à l’avenir nos forces pour répondre à l’ensemble de nos besoins de sécurité, créer une force d’intervention rapide efficace et combattive, mais aussi créer une compagnie aérienne en commun.

Les récentes découvertes d’hydrocarbures (pétrole et gaz) de part et d’autre de la frontière avec le Sénégal ne risquent-elles pas de semer la zizanie ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises. Car il ne s’agit pas d’envoyer un mauvais signal ou de dissuader les investisseurs quant à l’exploitation de ce pétrole et de ce gaz qui est cruciale pour nos populations. Heureusement que les gisements sont équitablement répartis de part et d’autres de nos deux frontières.

Et en ce qui concerne les accords de pêche?

Nous avons mis en place une nouvelle règlementation, plus contraignante, pour nous permettre de faire face à la baisse du prix de fer qui est passé en dessous de la barre des 30 dollars. C’est dur pour tout le monde mais les Sénégalais bénéficient des mêmes conditions que les nationaux mauritaniens. n

Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la Mauritanie

Page 21: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Développement durable 21«Le but de l’OVSEO n’est pas d’assainir la RSE mais de la redéfinir»L’Observatoire des valeurs sociétales et éthiques des organisations (Ovseo) a pour mission de faire une veille proactive en matière des bonnes pratiques des organisations telles que des entreprises, des ONG, des agences de l’Etat, des collectivités locales … Ainsi, célébrant la semaine mondiale de l’environnement du 2 au 7 juin 2016, l’observatoire a lancé officiellement ses activités à Dakar par une conférence tenue, mardi 7 juin, sous le thème évocateur: « Quelle perspective sénégalaise de la RSE à l’heure des Objectifs du développement durable (Odd)». En point de presse, vendredi 3 juin dans ses locaux, l’observatoire a présenté sa démarche inclusive visant à rassembler les organisations et entreprises soucieuses de leurs empreintes écologiques et sociales pour échanger profondément autour de la RSE et des ODD. Selon son président, Mahamadou Baldé, conférencier du jour, les échanges se tourneront autour de la responsabilité sociétales des entreprises (RSE)et des Objectifs du développement durable (ODD). Et M.Baldé de préciser au passage que son but n’est pas d’assainir la RSE mais de la redéfinir. « Je ne dirais pas que l’Ovseo est là pour assainir la RSE, mais pour la redéfinir. La RSE au Sénégal comme un peu partout en Afrique est

souvent confondue au mécénat. Le mécénat étant un concept plus vieux que la RSE. La responsabilité sociétale d’entreprise est donc une interpellation faite aux entreprises et plus largement aux organisations vues les mutations profondes de nos écosystèmes qui sont en train d’être observées. Le lien est ainsi fait par exemple entre l’action de l’homme et les conséquences néfastes des changements climatiques», indique M. Baldé. Face à ces défis, la responsabilité des entreprises est engagée d’où la mise en place de l’Observatoire des valeurs sociétales et éthiques des organisations tout en les invitant à savoir mesurer leurs empreintes écologiques et sociales et à amoindrir cette empreinte, voire à l’annuler. Pour le président de l’Ovseo, « le concept de la RSE est un mode de gestion plutôt responsable et inclusif faisant appel à toutes les parties prenantes pour, ensemble, dégager la stratégie de développement durable de l’organisation». Pour sa part, Bacary Seydi, le secrétaire général de l’Ovseo, après avoir rappelé le contexte ayant conduit à la mise en place de l’Observatoire, c’est-à-dire la période poste COP21 et la mise en œuvre du Plan Sénégal émergeant (Pse), renseigne que notre pays a joué un rôle crucial lors de

cette rencontre internationale sur le climat. A l’en croire, le Sénégal est un des pays les plus exposés vue sa position géographique en bordure de l’Atlantique. Or le Sénégal; frappé de plein fouet, selon M. Seydi, par le phénomène de la dégradation des sols, est exposé au changement climatique et engagé dans une dynamique de développement durable sans moyens. Suffisant pour lui d’appeler à l’action. « Pour limiter toutes ces conséquences néfastes

sur l’environnement, il faut agir. Il se trouve que le cadre institutionnel et la volonté politique sont là. Il faut donc informer, renseigner d’où l’importance de l’Observatoire qui doit alerter, aider à comprendre et aider l’Etat et ses structures, les entreprises, premières responsables dans la destruction de la couche d’ozone, à avoir des politiques beaucoup plus responsables c’est-à-dire des politiques qui tiennent comptent des aspects environnementaux et sociaux».

Le changement climatique, facteur d’instabilité au sahel selon l’ONU

Le changement climatique joue un rôle dans l’instabilité de la région du Sahel en aggravant la sécheresse et en alimentant les conflits, ont souligné de hauts responsables des Nations unies à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation.Le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a ainsi noté que le changement climatique a aggravé la sécheresse et augmenté sa récurrence dans le Sahel, une région marquée par de nombreux conflits non résolus et la prolifération des luttes entre communautés pour le contrôle des maigres ressources naturelles. S’agissant du bassin du lac Tchad qui fournit des moyens de subsistance à plus de deux millions de personnes, le responsable onusien a relevé que la superficie du lac est passée de 25.000 km2 à près de

800 km2 en cinquante ans. Partant de ce constat, il a appelé à réhabiliter le lac afin d’éviter que les crises alimentaires et sécuritaires de la région ne prennent de l’ampleur. M. Chambas a aussi mentionné le cas du bassin du fleuve Niger qui subit de plein fouet les effets du changement climatique, sachant que sept nations de la région bénéficiant des atouts du fleuve font partie des 20 pays les plus pauvres de la planète. De son côté, la secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Monique Barbut, a estimé que « la possibilité d’une action cohérente dans le Sahel semble se refermer rapidement ». Avec des taux de croissance démographique annuels pouvant atteindre près de 4 pc, la population augmente au-delà de la capacité de la région à répondre aux besoins. Dans le contexte du changement climatique, la dégradation des terres déstabilise la situation, a averti Mme Barbut, qui a indiqué que les climatologues estiment que la température du Sahel va augmenter de 3 à 5 degrés Celsius d’ici à 2050. De mauvaises pratiques de gestion des terres couplées au changement climatique pourraient réduire la production agricole de 13 pc au Burkina Faso et de près de 50 pc au Soudan. Au Sahel, 85 pc des terres sont déjà dégradées, a-t-elle ajouté.Pour sa part, le Directeur exécutif du Comité de l’ONU contre le terrorisme, Jean-Paul Laborde, a jugé que le changement climatique peut être un facteur aggravant conduisant à une insécurité humaine et à davantage de conflits. Il a estimé que la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel, qui réunit l’approche sécuritaire et de développement, est le cadre à travers lequel les problèmes doivent être abordés et, si possible, résolus.

Plateforme Panafricaine sur le Développement Durable et l’Environnement

Production et Diffusion d’actualitésInterviews, Reportages, DossiersPublireportages & Publicités

Conseil :Stratégie de développement durableRédaction de rapport RSEFormation

Notre Equipe :Fondateur / Directeur de Publication:Mahamadou BALDERédacteur en Chef : Bacary SEYDIJournalistes : Ismaïla MANSALY, Moctar FICOU, Ndéye Fatou NDIAYE, Saër SYExperte QHSE : Marie DIOUF

Coordinateur du Supplément : Chérif BALDEStagiaire : Mohamed El Amine DIOPAdresse: 308 Zone de Captage –Grand Yoff, Dakar – SénégalTéléphone: +221 774 123 118 ou+221 704 699 569Mail: [email protected] site web: www.vivafrik.com

FOCUS / RSE

CLIMAT

Moctar FICOU

Mahamadou BALDE, fondateur de l’OVSEO

Page 22: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

La WCF se dote d’un programme lutte contre le changement climatique

Jean-Louis Borloo Réaffirme Son Intention D’éclairer L’Afrique Par Le Biais Des Maires Français

Le Rwanda compte exporter de l’énergie en 2021

Akinwumi Adesina Plaide Pour Une Justice Climatique Pour

L’AfriqueLa World Cocoa Foundation (Wcf) a annoncé début juin le lancement de son nouveau programme destiné à renforcer la collaboration entre les secteurs public et privé, afin de répondre à la menace du changement climatique sur le développement durable du cacao, ainsi que sur les nombreux moyens de subsistance soutenus par le secteur. Ce partenariat dirigé par la Wcf réunit l’ACDI/VOCA, l’agence américaine pour le développement international (USAID), ainsi que les sociétés leaders mondiales des secteurs du chocolat et du cacao. Cette annonce a été formulée par Tim McCoy, président intérimaire de la Wcf, dans le cadre d’une présentation effectuée lors de la réunion intitulée frontières entre la science et la technologie en matière de qualité, de productivité et de développement durable du cacao et organisée par l’Université Penn State.Ce partenariat constitue une démarche sans précédent impliquant de nombreuses parties prenantes de la chaine de valeur du cacao,

afin d’élaborer des solutions face à la variabilité du climat et des conditions météorologiques ainsi qu’à la déforestation, qui soulèvent des menaces économiques, sociales et environnementales majeures pour des millions de petits cacaoculteurs, pour les économies nationales des pays producteurs de cacao, ainsi que pour l’industrie mondiale du cacao et du chocolat. L’Afrique de l’Ouest représente plus de 70 % de la production mondiale de cacao, tandis que le secteur du cacao en Amérique centrale, qui enregistre une production inférieure, a connu une croissance rapide au cours des dernières années. Il est possible que la modélisation du climat oblige de nombreuses régions à changer de cultures et de stratégie de cultures, ou à mettre en place des pratiques de gestion évolutives afin de maintenir l’offre de cacao ainsi que des moyens de subsistance viables. Tim McCoy, président intérimaire de la Wcf, a déclaré à ce propos que « la réponse au changement climatique constitue une priorité importante pour

les secteurs du cacao et du chocolat, les agriculteurs, les petites entreprises et les gouvernements nationaux des pays producteurs d’origine, ainsi que pour la communauté internationale dans son ensemble. Le fait de répondre à cette problématique dès aujourd’hui contribuera à préparer l’avenir et à bâtir les fondations d’une solide plateforme du secteur privé. Le fait d’investir dans un cacao respectueux de la problématique climatique constitue une étape clé afin de garantir une plus grande durabilité du secteur du cacao, et place notre industrie en position de répondre aux réalités du changement climatique évoquées lors de la COP21 à Paris l’an dernier. »

La justice climatique pour l’Afrique hante le sommeil des autorités du continent. L’Afrique, très vulnérable au changement climatique subit de nombreux dégâts dus à cette catastrophe naturelle. C’est ce qui fait que cette question n’a pas été occultée lors de l’ouverture officielle, mardi 24 mai, des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) édition 2016. L‘événement – le premier sous l‘ère du Nigérian Akinwumi Adesina – a traité pendant cinq jours de l‘électrification de l’Afrique. Selon Akinwumi Adesina, le président de la Bad, l’Afrique n’est responsable que de 3 % des gaz à effet de serre qui dégradent le climat dans le monde. Pourtant, à l’inverse, 13 des 14 pays touchés par la grave sécheresse sont de l’Afrique australe et du Sud. Comme quoi, l’Afrique paie le lourd tribut des effets néfastes du changement climatique. C’est pourquoi, lors de la cérémonie d’ouverture des Assemblées annuelles de la Bad édition 2016, à Lusaka, en Zambie, le président de l’institution a invité la communauté internationale à supporter financièrement les pays africains touchés par le phénomène climatique El Niño. « Les changements climatiques sont une réalité et l’Afrique en pâtit. Il faudrait plus de justice en matière de climat pour l’Afrique. Si elle subit le contrecoup des changements climatiques, elle ne doit pas être lésée en ce qui concerne les financements climatiques », s’est-il offusqué. Akinwumi Adesina – qui préside là sa première assemblée annuelle depuis son élection le 28 mai 2015 à Abidjan – « en appelle au Fonds vert pour le climat et au Fonds pour l’environnement mondial pour payer la prime d’assurance des pays africains à l’Africa risk capacity agency, la mutuelle de gestion des risques ». Prenant exemple sur le Sénégal qui a tiré profit de cette prise en charge à hauteur de 1,7 millions de dollars pour atténuer les effets de la sécheresse, il estime que cette assurance « permettra (aux pays touchés) de faire face aux situations climatiques extrêmes, qui entraînent de fortes tensions budgétaires ». Il a pris l’engagement, au nom de l’institution qu’il dirige, d’ouvrir « la voie vers la croissance verte, et de tripler ses financements climatiques pour les porter à 5 milliards de dollars par an d’ici à 2020 ». Premier gage de cette promesse, la création d’une vice-présidence chargée de l‘électricité, de l‘énergie et de la croissance verte qui se chargera « d‘éclairer l’Afrique et de l’alimenter en énergie ».

Développement durable 22CLIMAT CLIMAT

Le Rwanda prévoit d’exporter de l’énergie vers ses voisins d’ici cinq ans. «En 2021, le Rwanda aura une capacité de production d’énergie suffisante qui va même permettre à notre pays d’exporter de l’électricité à un plus grand éventail de pays voisins dans le cadre d’un effort transfrontalier pour répondre à la demande énergétique régionale», a affirmé James Musoni, le ministre rwandais de l’infrastructure. Cet objectif entre dans le cadre de la politique énergétique adoptée par le pays dans le processus de la transformation de son économie. Pour l’atteindre, un programme de partenariat public-privé a été mis en place afin de stimuler la génération de l’énergie dans le pays. Cette politique est soutenue par la Banque mondiale qui lui a accordé un emprunt de 95 millions $ pour permettre l’électrification de 74 000 ménages. Selon les prévisions, le taux d’électrification du Rwanda, qui est actuellement de 18%, atteindra 100% d’ici à 2018. La capacité énergétique du pays quant à elle devrait passer de 200 mégawatts (Mw) à 563 Mw d’ici-là.

L’ancien ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy préside aujourd’hui Energies pour l’Afrique, une association dont l’objectif est de connecter à l’électricité, d’ici à 2025, les deux tiers des habitants du continent qui en sont privés. Accompagné de deux maires d’Afrique de l’Ouest, il a lancé le 31 mai, un vibrant appel aux maires de France pour que leurs communes soutiennent cette initiative. Jean-Louis Borloo a déployé tous ses talents d’avocat le 31 mai devant les maires de France pour plaider la nouvelle cause dans laquelle il est ardemment engagé depuis deux ans : l’électrification du continent africain. L’ancien ministre et maire de Valenciennes préside l’association Energies pour l’Afrique, qui milite pour la création d’une agence intergouvernementale africaine mobilisant financements

internationaux publics et privés dédiés exclusivement à des projets d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique, de distribution, de transport d’électricité et de remise en état des installations existantes afin de permettre une électrification massive du continent. Objectif : faire passer la proportion de population connectée de 25% à 80% en dix ans. « C’est le premier plan d’énergie renouvelable de l’histoire de l’humanité, a défendu avec ardeur Jean-Louis Borloo. C’est tout à la fois un grand projet de paix, d’énergie et de croissance qui amène aussi la démocratie ». « L’Afrique comptera 2,4 milliards d’habitants dans 20 ans. A cette date un quart de l’humanité sera africaine, avec 40% de moins de vingt ans », a poursuivi l’ancien ministre, soulignant l’immense défi qui attend le continent pour nourrir, former, loger, guérir, éduquer une population appelée à doubler. Dans ce contexte, le rôle de l’énergie est crucial pour l’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’emploi, aux services de tous les habitants. « Compte tenu de la croissance démographique, dix millions d’africains en plus chaque année n’ont pas accès à l’électricité, a souligné l’ancien ministre. Ce n’est pas tenable de laisser ces jeunes nés avec les moyens d’information actuels dans des endroits sans lumière, sans eau, sans espoir. Si on ne les aide pas, ils vont continuer à alimenter les flux migratoires ». Accélérateur de croissance de l’ordre de « 10-12% » pour l’Afrique et de « 2% » pour l’Europe, ce plan montre aussi selon Jean-Louis Borloo à quel point les deux continents sont liés en matière économique.

L’union fait la force. C’est dans cette optique que le Mozambique et le Swaziland vont exploiter des ressources hydriques le long de leur frontière, dans le cadre d’un projet visant à fournir de l’eau potable à 45.000 habitants des deux pays d’ici à 2024, avait appris jeudi APA. La secrétaire principale du ministère des ressources naturelles et de l’énergie, Winnie Stewart, a indiqué que ce projet entre dans le cadre de l’engagement pris par la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc) au cours de la 27ème réunion du comité technique des ressources hydrauliques. Les pays de la Sadc se sont engagés à s’aider mutuellement à se relever du phénomène El Nino, qui a causé la sécheresse dans la région. « A cet égard, nous avons avancé des initiatives visant à conjointement mettre en œuvre des projets en collaboration avec les pays voisins profitables à tous », a-t-elle déclaré. Cette réunion s’est tenue à la station balnéaire Happy Valley à Ezulwini avec comme pays participant l’Afrique du Sud, L’Ile Maurice, le Lesotho, le Mozambique et la Namibie

ENERGIES RENOUVELABLES

Le Mozambique Et Le Swaziland S’unissent Pour Vaincre La

Sécheresse

Page 23: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott

NUMÉRO 30- DU 15 JUIN AU 14 JUILLET 2016

Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg.

ww

w.fin

anci

alaf

rik.c

om

Y’a pas que la Finance 23Gibraltar, le rocher et la versatilité culturelle A 25 minutes de vol de

Tanger, l’avion atterrit sur une piste assez courte, traversée par l’unique route

reliant un grand rocher de calcaire à l’Espagne. Le bleu méditerranéen l’entoure. On y est ! Gibraltar, le fameux territoire britannique d’outre-mer, situé au sud de la péninsule Ibérique, sujet de tant de luttes, de disputes et de poèmes! A l’apparence d’un univers coloré, vibrant et auto-suffisant, un des plus australs points de l’Europe. En bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l’océan Atlantique, il est un véritable carrefour des péripéties du monde entier, depuis l’antiquité, jusqu’à nos jours. Parait-il que, suite à une histoire assez tumultueuse

qui débute au temps de l’homme de Néandertal, les habitants du Rocher ont raffiné leur versatilité culturelle, tout en renforçant leur identité suite à chaque choc de l’histoire. Depuis la nuit des temps et des mythes, le rocher formait l’une des anciennes colonnes d’Hercule, ayant comme correspondant sur la rive africaine, le mont Abyle (Mons Abyla), aujourd’hui djebel Musa. Selon le récit de Platon, le royaume perdu d’Atlantide était situé au-delà de ces colonnes. Les Phéniciens y fondent une colonie vers 950 av. J.-C., suivis par les Carthaginois, puis par les Romains. C’est à Gibraltar que débute la conquête musulmane de la péninsule Ibérique ; Tariq ibn Ziyad y débarque en 711 et laissason nom au rocher, Djebel al-Tariq (« la montagne de Tariq»), devenu au fil du temps et des transformations phonétiques «Gibraltar».Disputé entre Castillans catholiques et musulmans de Grenade et du Maroc au XIVe siècle, il est définitivement conquis par les premiers sous le règne d’Henri IV de Castille en 1462. Le rocher tombe aux mains d’une flotte anglo-néerlandaise en 1704, durant la guerre de Succession d’Espagne, et les traités d’Utrecht de 1713 le cèdent au Royaume de Grande-Bretagne. Par la suite, l’Espagne tente à plusieurs reprises de reprendre Gibraltar,

notamment lors du Grand Siège de 1779-1783, mais ne parvient pas à en déloger les Britanniques. Au XIXe siècle, sous l’Empire britannique, la base navale de la Royal Navy installée à Gibraltar est l’un des sites stratégiques permettant à la flotte de sa majesté d’asseoir sa suprématie navale en Méditerranée. Jusqu’à ce jour, Gibraltar reste un sujet de tensions politiques entre les Britanniques et les Espagnols, l’Espagne rêvant toujours de se répproprier son passé éphémère. Quant au peuple de Gibraltar, il est fortement attaché à son évolution de plus de 300 ans en tant que Britannique, et son identité s’est naturellement développée sur ces coordonnés. C’est intéressant de suivre l’histoire de ce rocher, disputé

entre des puissances coloniales, afin de comprendre son présent, aussi bien que cette diversité culturelle et la dynamique qui le rend unique.Entre les plus éblouissants incidents modernes, la fermeture de la frontière ordonnée par le dictateur espagnol Franco, le 8 Juin 1969, qui a gardé le peuple de Gibraltar sans accès direct à l’Espagne jusqu’en 1985, toute en le coupant de ses liens directs avec ses voisins et amis qui vivaient de

l’autre cote de l’isthme. Des vies ont été brutalement cassées à l’époque, car il y a avait un circuit économique, et culturel, aussi bien que des familles mixtes. Au-delà de la stupeur et de la frustration, de la difficulté d’être en contact avec ceux restés de l’autre côté de la frontière, cet évènement a donné une nouvelle impulsion à l’identité gibraltariene. Eux-mêmes l’expliquent des fois : ils l’ont pris comme une occasion de se replier sur eux-mêmes, prêts à tirer le meilleur d’une mauvaise situation. De nombreux clubs, associations et sociétés ont été formées. Ils ont développé de nouveaux intérêts; Résultat, à présent, beaucoup de gens excellent dans certaines domaines, de la philatélie aux échecs, à la danse,

de l’anthropologie, au tai chi ; tout un univers ouvert au développement des passions et du potentiel humain ; la polyvalence est devenue une seconde nature ici. Les Gibraltarians ont appris à prendre leurs destins en mains, et d’en faire le mieux. Au présent, ce territoire britannique d’outre-mer bénéficie d’un vif système social et économique qui le rend prospère et attractif au niveau mondial. Pour le voyageur, c’est un petit paradis de

bonheur et de diversité : sur 6 km carrés, on retrouve le cosmopolitisme du New York, les charmes des derniers urbanistes romantiques et les surprises d’une nature exubérante. On y trouve des églises, un temple hindou, une mosquée, une synagogue, tous les coins de rues ont une histoire ; il y en a les atouts d’un monde qui est prêt à célébrer la diversité, de l’intellect au goût, une pléiade des nuances et mélanges se révèlent aux curieux. L’étiquette se retrouve à l’aise entre le bon viveur méditerranéen et le savoir-faire britannique. La communication se déploie légèrement entre un impeccable accent anglais et l’ espagnol plein de caractère, épicé avec des mots d’origine arabe, maltaise, italienne ou hébreu. Les connexions se font naturellement, car de n’importe où d’où on arrive, il y a une forte probabilité que le Gibraltarien y soit introduit : d’origine britannique, avec des racines espagnoles, génoises, portugaises, marocaines, juives, maltaises, indiennes, il est bien exposé au monde, mais a une forte conscience de son appartenance au rocher et à cette culture unique. Depuis le premier moment passé à Gibraltar, je me suis sentie comme entre amis. Les couleurs, les histoires, les goûts peuvent entre différentes, mais on partage des valeurs communes : respect de la diversité, tolérance, un certain savoir vivre, l’humanisme …aussi bien qu’une résilience qui fait qu’on est «dur comme le rocher», et prêt à rebondir face aux difficultés. J’ai eu la chance de passer de longues journées au bord de la mer, en recueillant des opinions sur leur identité, et leur culture; mais finalement je me rends compte que la meilleure manière de les comprendre c’est d’y vivre et suivre cette dynamique. n

Par Maria Nadolu

Un carrefour où l’Europe rencontre l’AfriqueExtraits d’une conversation avec Ms. Gail Francis Tiron, Directrice du Bureau Informa-tion, peintre et une des Miss Gibraltar.

C’est quoi vivre dans un territoire multicul-turel ?La position stratégique de Gibraltar et les événements historiques ont attiré des gens de partout dans le monde. Dans le passé, il y a eu les visites des régiments de la partie continen-tale du Royaume-Uni, beaucoup sont restés ou sont revenus au rocher, et y ont marié des locaux. Un autre exemple est notre port et la réparation navale qui ont attiré les Maltais. Une communauté venue de Gênes s’est cristallisée sur le rocher quand elle fuyait les guerres napoléoniennes. Il y a aussi une communauté hindoue et une communauté juive, sans oublier notre communauté marocaine loyale.Une autre raison, plus moderne pour les personnes qui déménagent à Gibraltar, est de trouver le travail dans un monde où le chômage est à la hausse. L’emploi dans les domaines du

e-service, financier, informatique, assurance, juridique ou comptable attire des gens de l’étranger mais il y a aussi d’autres qui trouvent un emploi dans des endroits plus décontractés, comme les bars, les restaurants et les maga-sins. C’est la base d’un bon nombre de sociétés internationales, qui choisissent Gibraltar afin de fonder leur siège social.

Comment tous ces différents groupes ethniques se sont intégrés pour devenir une famille ? Sans doute, le respect des traditions de chacun et le partage. Nous avons plusieurs événements tout au long de l’année où nous célébrons les différentes identités qui composent le «Gibral-tarian». Si vous jetez un coup d’œil à notre liste d’événements http://www.visitgibraltar.gi/events nous avons des événements tels que World Music Festival, Calentita Food Festival, le Festival International d’Echecs.

Le rocher se situe entre l’Europe et l’Afrique.

Une position tratégique?Gibraltar est situé à un excellent carrefour où l’Europe rencontre l’Afrique, et à l’entrée de la Méditerranée vers l’Atlantique. Traditionnelle-ment, ce fut une importante route commerciale qui le reste ; de carrefour des vols à destina-tion et en provenance du continent africain. L’Europe est à seulement 25 minutes de trajet.Voici trois choses qu’on ne peut trouver qu’à Gibraltar?• la plus étroite traversée maritime entre l’Europe et l’Afrique

• Macaques berbères en liberté (en Europe de toute façon, c’est le seule endroit) et les dau-phins vivent libres dans le port

• Une dune de sable de l’homme de Néandertal et des trouvailles archéologiques qui prouvent que Gibraltar fut le dernier endroit sur terre où habita notre ancêtre.

Copyrights Visit Gibraltar - visitgibraltar.gi

Gibraltar, sur 6 km carrés, on retrouve le cosmopolitisme du New York, les charmes des derniers urbanistes romantiques et les surprises d’une nature exubérante.

Page 24: Banques commerciales,...NUMÉRO 30 DU 15 AU 14 ET 2016 Temps Forts 2 Abidjan. Casablanca. Dakar. Tunis. Libreville. Douala. johannesburg. Directeur général Dia El Haj Ibrahima, Nouakchott