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Chapitre IV Résultats et discussion 65 Chapitre IV RESULTATS & Discussion

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Chapitre IV Résultats et discussion 65

Chapitre IV

RESULTATS

&

Discussion

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Chapitre IV Résultats et discussion66

Dans un premier temps, nous avons caractérisé les échantillons non déformés du point de vue

physico-chimique. L’essentiel de cette étude a porté sur le PET amorphe et le PET semi-

cristallin ayant subi un traitement thermique à 430 K pendant un jour. Dans cette partie on a

commencé par les domaines concernant la température de transition vitreuse et la mesure du

taux de cristallinité. Puis sera présenté le comportement mécanique. Les thermogrammes de

DSC concernant les pics de fusion et les résultats de diffraction X aux grands angles (WAXS)

du PET semi-cristallin non déformé seront présentés et comparés avec les résultats des

matériaux déformés dans la partie "Caractérisation du matériau déformé" de ce chapitre.

IV-1- Caractérisation de l’état initial du matériau

Les figures IV-1 et IV-2 montrent respectivement les thermogrammes de DSC pour les PET

amorphe et semi-cristallin (Xc=38%) dans le domaine de la transition vitreuse à une vitesse de

chauffage de 10°C min-1. Pour les deux matériaux, on peut observer un saut dans la chaleur

spécifique associé à la transition vitreuse. En comparant les deux thermogrammes des PET

amorphe et semi-cristallin Xc=38%, on peut préciser que, non seulement le saut de Cp est

moins fort dans le cas du PET semi-cristallin Xc=38%, mais il est en outre déplacé vers les

températures plus hautes. On peut expliquer la diminution du saut de Cp par la réduction de

quantité de phase amorphe. Le déplacement de Tg peut, pour sa part, être attribué à la

réduction de la mobilité moléculaire de la phase amorphe par suite de l’effet de réticulation

physique des cristaux.

1.5

1.6

1.7

1.8

1.9

2

2.1

2.2

2.3

325 335 345 355 365 375 385

T (K)

Cp

PET amorphe

Figure IV-1 Thermogramme de DSC pour le PET amorphe

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Chapitre IV Résultats et discussion 67

0.6

0.8

1

1.2

1.4

1.6

1.8

2

320 330 340 350 360 370 380 390 400

T (K)

Cp

PET Xc=0.38

Figure IV-2 Thermogramme de DSC pour le PET semi-cristallin (Xc=38%)

Les valeurs de température de transition vitreuse et les taux de cristallinité des échantillons

non déformés déterminés par l’analyse de DSC et la mesure de densité sont représentés dans

le tableau IV-1.

Tableau IV-1 Caractéristiques des PET amorphe et semi-cristallin non déformés issus de

l’analyse de DSC et de la mesure de densité

Echantillons Tg1 (K) Tg (K) Xc (%)1 Xc (%)2

PET amorphe 343 349.5 0 0

PET semi-cristallin 350 358 38-40 33-35

1- Taux de cristallinité évalué à partir de la mesure de densité avec da=1.335 g/cm3 etdc=1.455 g/cm3 [Fulchiron 93, Daubeny 54].2- Taux de cristallinité calculé à partir de l’aire des pics de fusion en DSC avec 117.6 J/g pourun cristal pur de PET [Göschel 96].

IV-2- Comportement thermomécanique

Les valeurs à température ambiante (296K) du module d'Young déterminé en traction dans le

stade initial de la courbe contrainte-déformation avec une vitesse nominale de 2x10-3 s-1, et de

la partie réelle G’ du module dynamique mesurée à 1 Hz sont représentés dans le tableau IV-2.

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Chapitre IV Résultats et discussion68

Tableau IV-2 Caractéristiques des PET amorphe et semi-cristallin issus des mesures de

traction et de spectrométrie mécanique en dynamique.

Échantillon PET amorphe PET semi-cristallin (Xc=38%)

E (MPa) 2000±10% 2900±10%

G' (MPa) 754±10% 1200±10%

Comme attendu, le PET semi-cristallin (Xc=38%) présente des propriétés module (E et G’)

plus élevées que le PET amorphe. Ces résultats soulignent le rôle de la phase cristalline. E et

G’ sont notamment plus élevés pour le PET semi-cristallin (Xc=38%), parce que les

interactions moléculaires de type Van der Waals, sont plus fortes, en raison de l’ordre et de la

densification. Puisque le module est proportionnel à la dérivée seconde de l’énergie

d'interaction, celui-ci est d’autant plus élevé que la cohésion est proche de son optimum.

IV-2-1- Résultats du comportement viscoélastique aux faibles contraintes

Une méthode complémentaire employée pour caractériser la microstructure du PET est la

spectrométrie mécanique dynamique, conduite sur un large domaine de température et (ou) de

fréquence, de part et d’autre de la température de transition vitreuse. Cette méthode

expérimentale fournit une information non seulement sur la microstructure de la phase

amorphe évaluée en termes de mouvements moléculaires des chaînes macromoléculaires mais

encore sur l'effet de renfort de la phase amorphe par les cristallites.

Les figures IV-4 à IV-6 représentent l’allure des spectres mécaniques dynamiques du PET

amorphe et semi-cristallin Xc=38% à 1Hz. Dans chaque cas, on observe une relaxation

principale α et une relaxation secondaire β.

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Chapitre IV Résultats et discussion 69

1.00E+ 06

1.00E+ 07

1.00E+ 08

1.00E+ 09

1.00E+ 10

100 200 300 400

T (K)

G' (

Pa

)

P E T sem i-c ris tallin Xc= 0.38 à 1 Hz

P E T am orphe à 1Hz

Figure IV-4 Thermogramme isochrone de G' du PET amorphe et semi-cristallin Xc=38% à 1

Hz.

1.00E+ 06

1.00E+ 07

1.00E+ 08

1.00E+ 09

100 200 300 400

T (K)

G"

(Pa

)

PET sem i-c ris tallin Xc=0.38 à 1Hz

PET am orphe à 1Hz

Figure IV-5 Thermogramme isochrone de G'' du PET amorphe et semi-cristallin Xc=38% à 1

Hz.

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Chapitre IV Résultats et discussion70

0

0.5

1

1.5

2

2.5

100 200 300 400

T (K)

Ta

n (

G"/

G')

PE T sem i-c ris tallin Xc=0.38 à 1 Hz

PE T am orphe à 1Hz

Figure IV-6 Thermogramme isochrone de tan φ du PET amorphe et semi-cristallin Xc=38% à

1 Hz.

IV-2-1-1- Relaxation β

A basse température, la relaxation β est caractérisée par un pic de tan φ au voisinage de 200K

à 1 Hz et par une diminution du module G'.

L’amplitude de la chute du module du PET amorphe au passage de la relaxation β correspond

à un module relaxé environ deux fois plus faible que le module non-relaxé (figure IV-4). Les

spectres de G" et tan φ montrent que le pic de relaxation est plutôt "aplati". La position en

température dépend toutefois nettement de la fréquence comme le montre la figure IV-7.

Cette figure montre en outre que le pic de tan φ n’est pas symétrique, le frottement intérieur en

fin de relaxation atteint un niveau légèrement supérieur à celui précédant la relaxation. Il est

probable que la relaxation principale commence à avoir une influence et se superpose à la

relaxation β aux températures élevées.

L’influence du taux de cristallinité sur la relaxation β est représenté sur les figures IV-7 et IV-

8. On peut remarquer que la relaxation β du PET semi-cristallin conserve des caractéristiques

semblables à celles du PET amorphe. Cependant, l’amplitude de la relaxation est plus faible

que celle du polymère amorphe. Lorsque le taux de cristallinité augmente, l’amplitude des

pics de relaxation diminue et la température au maximum du pic n’est que très peu modifiée.

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Chapitre IV Résultats et discussion 71

0

0.01

0.02

0.03

0.04

0.05

0.06

100 200 300

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

1 Hz

0.1 Hz

0.01 Hz

0

0.01

0.02

0.03

0.04

0.05

0.06

100 200 300

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

PE T sem i-c ris tallinXc=0.38 à 1 HzPE T am orphe à 1Hz

0

0.005

0.01

0.015

0.02

0.025

0.03

0.035

0.04

0.045

100 200 300

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

1 Hz

0.1 Hz

0.01 Hz

Figure IV-7 Thermogramme de tan φ dans le domaine de la relaxation β, (a) pour le PET

amorphe à 3 fréquences : 0.01, 0.1 et 1Hz, (b) pour le PET amorphe et semi-cristallin

(Xc=38%) à 1Hz, (c) Pour le PET semi-cristallin (Xc=38%) à 3 fréquence : 0.01, 0.1 et 1 Hz.

a

b

c

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Chapitre IV Résultats et discussion72

0

0.01

0.02

0.03

0.04

0.05

0.06

100 200 300

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

am orphe à 1Hz

Xc=0.20 à 1 Hz

Xc=0.32 à 1 Hz

Xc=0.38 à 1 Hz

Xc=0.575 à 1 Hz

Figure IV-8 Thermogramme de tan φ dans le domaine de la relaxation β à 1 Hz,

à différents taux de cristallinité :

(a) amorphe, (b) Xc=20%, (c) Xc=32%, (d) Xc=38%, (e) Xc=57.5%

Différents auteurs ont suggéré que la relaxation β est associée à des mouvements moléculaires

simples liés à la rotation des groupements méthylènes ainsi qu’aux mouvements des

groupements carbonyles de conformation gauche et trans, dont les relaxations sont situées

respectivement au voisinage de -165°, -105° et -70°C [Illers 63, Harry 76].

Bien que la relaxation β de la plupart des polymères ait souvent été discutée en termes de

mouvement de groupements spécifiques le long de la chaîne, il semble toutefois qu’il s’agisse

d’un phénomène inhérent à l’état vitreux et dont Johari envisage la généralité, y compris dans

le cas des verres moléculaires [Johari 76]. Par conséquent, l’hypothèse suivant laquelle la

relaxation β serait le résultat du mouvement de portions de chaîne du type "manivelle" ou

"crank-shaft" est généralement retenue [Perez 92]. Concernant cette hypothèse, deux

questions doivent être considérées :

- quelles peuvent être les caractéristiques moléculaires des sites de relaxation?

- quelle est l’origine structurale de la considérable largeur de la distribution des temps de

relaxation β?

- Nature des sites de relaxation : en cohérence avec l’idée de mouvement de la plus petite

partie de chaîne ou mouvement manivelle, Perez considère que ce dernier implique toute unité

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Chapitre IV Résultats et discussion 73

de répétition pourvu que cela soit conformationnellement concevable, pour les deux raisons

suivantes :

- l’intensité de relaxation β n’est pas très sensible à la relaxation structurale (vieillissement).

Donc, on peut dire que la relaxation β n’implique pas de mouvements coopératifs.

- pour des polymères amorphes bien connus comme le PS, le PMMA, le PET,..., l’énergie

d’activation de la relaxation β se situe entre 58 kJ/mol et 77 kJ/mol; d’autre part l’enthalpie de

formation d’un défaut quasi-ponctuel est de l’ordre de 10 kJ/mol environ. Dans ces

conditions, on conçoit bien que, même si l’unité structurale impliquée dans le processus de

relaxation β est arrangée de la manière la plus ordonnée possible avec ses voisines, la

fluctuation d’énergie thermique peut provoquer le mouvement via la formation d’un défaut.

- Largeur de la distribution des temps de relaxation β : il est bien établi que la relaxation β

présente toujours une largeur correspondant à une distribution importante des temps

caractéristiques. L’expression IV-1 donne le temps caractéristique de la relaxation β :

τβ=τ0 exp(-∆Sβ/k) exp(Uβ/kT) (IV-1)

avec τ0≈h/kT (h étant la constante de Planck); notons que τ0 peut aussi être estimé en

admettant que la particule mobile a une vitesse donnée par la théorie cinétique de gaz

(τ0≈λ1.(m1 /kT) avec λ1 et m1 : dimension et masse de la particule ou bien encore en reliant la

force de rappel de l’oscillateur au module élastique (τ0≈2π.(λ1GI/m1)-1/2 avec GI : module).

Dans tous les cas, cela correspond à une valeur de τ0 comprise entre 10-12 et 10-13 s [Perez 92].

∆Sβ et Uβ sont respectivement l’entropie et l’énergie d’activation conduisant au

franchissement de la barrière par un mouvement élémentaire de la macromolécule de type

"manivelle".

L’expression IV-1 indique que la distribution de τβ provient d’une distribution de Uβ ou de

∆Sβ, ou bien encore des deux. Il est raisonnable d’envisager que ces mêmes paramètres

dépendent tous deux de l’état d’ordre local associé à chaque unité structurale participant à la

relaxation β dont Nowick et Berry [Nowick 61] ont montré qu’il obéit à une loi de distribution

gaussienne. De ce fait, les grandeurs Uβ et ∆Sβ, ainsi que toute autre grandeur formée par une

combinaison linéaire de celles-ci, doivent être également distribuées suivant des lois

gaussiennes. Par conséquent, le spectre de relaxation β peut être ajusté à l’aide d'une

distribution gaussienne de temps de relaxation β [Perez 92, Muzeau, 91; Flores, 94].

Des spectres mécaniques, à diverses fréquences (0.01, 0.1 et 1Hz), ont permis de déterminer

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Chapitre IV Résultats et discussion74

les énergies d’activation apparentes de la relaxation β par une loi d’Arrhenius :

f = f * exp(U

RT)0β

β−(IV-2)

Il suffit donc de tracer lnf en fonction de 1/Tmax , où Tmax est la température à laquelle nous

observons le maximum du pic de tan φ.

Les résultats expérimentaux obtenus sur les PET amorphe et semi-cristallin (Xc=38%)

respectivement sont présenté sur la figure IV-9.

-4

-2

0

2

4

6

8

3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5

1000/T (K-1)

fma

x (

en

pu

iss

an

ce)

Hz

(a)

(b)

(c )

(d)

(e)

(f )

(g)

(h)

Figure IV-9 Comportement arrhénien de la fréquence du maximum de G" et/ou tan φ en

fonction de la température : (a) mesures diélectriques de tan φ [Saito 59], (b) [Huff 57], (c)

mesures isochrones de tan φ [Benatmane 91], (d) mesures par spectrométrie mécanique de G",

PET amorphe, (e) PET cristallisé à 45%, (f) PET cristallisé à 75% [Ladouce 95], (g) mesures

expérimentales en isochrones de tan φ : PET amorphe [Ce travail], (h) PET semi-cristallin

Xc=38% [Ce travail].

Sur cette figure, nous avons porté nos propres résultats ainsi que, ceux issus de la littérature.

Les différentes techniques offrent des résultats qui peuvent être regroupés dans une courbe

unique. L’analyse par une loi d’Arrhenius, donne alors les paramètres suivants pour la

relaxation β du PET amorphe :

τ0β=3-5x10-14±1 (s)

Uβ=55±5 kJ/mol.

Il faut d’autre part noter que les résultats expérimentaux propres au PET semi-cristallin

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Chapitre IV Résultats et discussion 75

(Xc=38%) n’ont pas conduit à des valeurs de f0β et Eaβ différentes de celles du PET amorphe.

Ces résultats indiquent que la présence d’une phase cristalline ne modifie pas

fondamentalement l’énergie d’activation apparente de la relaxation β. Nous avons noté en

outre qu’une augmentation de la température de recuit diminue progressivement, le niveau de

tan φ dans la région β, mais aucune variation dans la température du maximum de la

relaxation β n'est observée. Il est donc clair que cette relaxation a lieu au cœur de la phase

amorphe et que seul son amplitude dépend du taux de cristallinité comme déjà rapporté par

Williams et Armeniade et al. [Williams 66, Armeniade 71]. Lorsque le taux de cristallinité est

important, le maximum de tan φ diminue non linéairement. Ainsi, la relaxation conserve un

niveau important même lorsque le taux de cristallinité est élevé. Cette évolution du spectre β

du polymère semi-cristallin pourrait indiquer une modification du couplage mécanique entre

les phases comme l’ont montré Fulchiron et al [Fulchiron 93]. Dans une étude de la relaxation

β du PET en fonction de sa cristallinité, ces auteurs ont pu rendre compte de la variation de

tan φ par un couplage mécanique des phases cristalline et amorphe au moyen d'un modèle

évolutif serie-parallèlle [Takayanagi 66].

Dans le chapitre V "Approche physique et mécanique", nous essayerons de modéliser

l’influence de la phase cristalline sur la relaxation β par deux approches théoriques : une

première approche phénoménologique basée sur le modèle utilisé par Fulchiron et al. et une

deuxième s’appuyant sur le modèle d’homogénéisation développé par Hervé et Zaoui [Hervé

90 et 93].

IV-2-1-2- Relaxation α

La relaxation α est caractérisée par une forte chute du module G’ (figure V-4) tandis que le

facteur de perte, tan φ, passe par un maximum. La figure IV-10 montre l’évolution avec la

température de tan φ enregistrée à 1 Hz pour le PET amorphe et semi-cristallin à différents

taux de cristallinité. Le PET amorphe montre une relaxation bien définie et centrée sur 356 K,

associée à la transition vitreuse. Pour les PET semi-cristallins, l’amplitude et la température

du pic de relaxation évoluent avec le taux de cristallinité. Le tableau IV-3 regroupe les valeurs

des caractéristiques de la relaxation α associée à la transition vitreuse pour les deux types

d’échantillons. La cristallinité influence considérablement les caractéristiques du pic de

relaxation :

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Chapitre IV Résultats et discussion76

Tableau IV-3 Paramètres caractéristiques de la relaxation α des PET amorphe et semi

cristallin à différents taux de cristallinité

Echantillons Tα max (K)

à 1 Hz

tan φ max

à 1 Hz

Amorphe 356±1 2.04±0.01

PET Xc=20% 372±1 0.37±0.01

PET Xc=32% 374±1 0.30±0.01

PET Xc=38% 376±1 0.16±0.01

PET Xc=57.5% 374±1 0.10±0.01

- pour le PET amorphe à une fréquence donnée, la chute du module associée à cette relaxation

atteint deux décades, alors que dans les mêmes conditions, la chute du module du PET semi-

cristallin (Xc=38%) est inférieure à une décade.

- le pic de tan φ du PET amorphe est étroite et intense, alors que le pic du PET semi-cristallin

est large et se décale vers les hautes températures avec la cristallinite croissante. Ces résultats

sont semblables à ceux de Illers et Breuer [Illers 63]. Le pic α est en outre fortement

dissymétrique comme illustré figure IV-10 pour le cas Xc=38%.

L’activation thermique de la relaxation α a été analysée sur la plage de fréquence 0.01-1 Hz

selon une loi d’Arrhenius (Equation IV-2). Les valeurs de l’énergie d’activation et du facteur

pré-exponentiel sont présentées dans le tableau IV-4.

Tableau IV-4 Les propriétés dynamiques viscoélastiques de la relaxation α du PET amorphe

et semi-cristallin (Xc=38%)

Matériau Energie activation

Eaα (kJ mol-1)

τ0α

(s)

PET amorphe 320.8±30 8x10-47

PET Xc=38% 405.1±40 10-56

Pour les deux types de PET, l’énergie d’activation est très élevée et le temps pré-exponentiel

est très faible, n’ont pas de réelle signification physique. Ce processus de relaxation α ne peut

donc être décrit raisonnablement par un mécanisme simple, de type arrhénien.

Ce phénomène de relaxation principale correspond en fait à un ensemble de mouvements

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Chapitre IV Résultats et discussion 77

moléculaires coopératifs caractéristiques de la transition vitreuse du polymère [Perez 92]. Il se

produit d’ailleurs à une température voisine de celle à laquelle on observe le saut de capacité

calorifique associé à la transition vitreuse (Chapitre IV-1).

0

0.5

1

1.5

2

2.5

300 350 400

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

PE T am orphe à 1 Hz

0

0.05

0.1

0.15

0.2

0.25

0.3

0.35

0.4

300 350 400

T (K)

Ta

n

(G

"/G

')

Xc=0.20

Xc=0.32

Xc=0.38

Xc=0.575

Figure IV-10 Thermogramme isochrone de tan φ à 1Hz dans le domaine de la relaxation α

(a) PET amorphe (b) PET semi-cristallin à différents taux de cristallinité

La forte diminution de l’amplitude de la relaxation α des polymères semi-cristallins résulte de

la diminution de la fraction volumique de phase amorphe mais aussi d’un effet de renfort de

cette phase amorphe par les cristallites et de la diminution des capacités de mouvements

moléculaires des chaînes dans la phase amorphe, même au dessus de Tg.

a

b

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Chapitre IV Résultats et discussion78

Dans une étude consacrée au PEEK semi-cristallin, Albérola et al [Bas et Albérola 97] ont

appliqué un modèle quasi-isotrope développé par Halpin et Kardos [Halpin 76] pour séparer

les comportements mécaniques en dynamique des phases amorphe et cristalline. Leurs

résultats montrent que, malgré la séparation de l'effet de renfort induit par la phase cristalline,

l’intensité de la relaxation principale de la phase amorphe pour tous les échantillons de PEEK

semi-cristallins reste sensiblement plus basse que celle du PEEK amorphe initial.

Pour estimer l’interaction de la phase cristalline sur la mobilité moléculaire de la phase

amorphe dans les échantillons semi-cristallins, Albérola et al. ont appliqué un modèle

physique [Perez 92] à la phase amorphe une fois séparée de l’effet de renfort. Les résultats de

la modélisation montrent une diminution des paramètres χ et χ' pour la phase amorphe, où χ

est le paramètre de corrélation qui rend compte de l’ordre du système, et χ' le paramètre de

corrélation lié à la variation de χ avec le temps. Les diminutions de χ et χ' peuvent provenir

respectivement de la diminution du volume spécifique de la phase amorphe due à la présence

des molécules de liaison inter cristalline et d’une augmentation des effets de corrélation des

mouvements moléculaires induite par l’ancrage des chaînes amorphes sur la phase cristalline

(effet de réticulation physique).

On peut suspecter dans le PET semi-cristallin des phénomènes semblables à ceux proposés

par Albérola et al. pour le PEEK. Ceci est compatible avec nos résultats du tableau IV-3 et de

la figure IV-10 qui montrent que la relaxation α des PET semi-cristallins est décalée vers les

hautes températures quand la cristallinité augmente. Toutefois pour Xc>40%, Tα diminue

légèrement. Il semble que le taux de cristallinité ne soit pas le seul paramètre régissant la

mobilité moléculaire des chaînes dans la phase amorphe à Tα. Nous pensons que la

distribution d’épaisseur des lamelles cristallines peut jouer un rôle sur la mobilité moléculaire

des chaînes dans la phase amorphe. La présence de gros cristallites dans les échantillons

recuits aux températures plus hautes, pourrait en effet faciliter un regain de mobilité

moléculaire dans la phase amorphe à l’origine de la légère décroissance de Tα pour Xc>40%.

Un traitement thermique à haute température est connu [Illers63] pour diminuer le nombre de

petites cristallites et augmenter parallèlement l’épaisseur des couches amorphes inter

cristalline. Ce phénomène est tout à fait de nature à redonner de la mobilité aux chaînes de la

phase amorphe.

Dans le chapitre IV "Approche physique et mécanique", le modèle d’homogénéisation

d’Hervé et Zaoui sera appliqué dans le sens inverse pour déterminer le module de cisaillement

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Chapitre IV Résultats et discussion 79

de la phase amorphe renforcé dans le PET semi-cristallin. En plus, une approche moléculaire

basée sur le modèle de Perez et al. permettra de décrire le comportement du PET amorphe par

modélisation des courbes isochrones.

Conclusion

La relaxation β impliquant le mouvement de type manivelle de petites parties de chaîne

apparaît au cœur de la phase amorphe et sa température ne dépend pas du taux de cristallinité.

Par contre, la présence de la phase cristalline diminue l’amplitude de la relaxation β de

manière non-linéaire avec la fraction pondérale par suite du couplage mécanique des deux

phases.

La relaxation α caractéristique des mouvements collectifs des unités structurales est

influencée par la phase cristalline de manière suivante :

- apparition d’une dissymétrie du pic de relaxation.

- forte diminution de l’intensité du pic liée au couplage mécanique.

- augmentation de la température du pic résultant d’une diminution de la mobilité moléculaire

dans la phase amorphe.

IV-2-2- Comportement plastique

Ladouce et al. [Ladouce 96] ont étudié la transition ductile-fragile du PET amorphe et semi-

cristallin dans un large domaine de températures de part et d’autre de la transition vitreuse.

Notre étude s’inscrit en prolongement de ce travail, dans le domaine de comportement ductile

des PET amorphe et semi-cristallin.

IV-2-2-1- Essais de bipoinçonnement

IV-2-2-1-1- Influence de la vitesse de déformation

Les résultats des essais concernant le PET amorphe sont représentés figure IV-11 pour

différentes vitesses à température ambiante.

Les courbes de la figures IV-11 montrent qu’après un domaine élastique où la contrainte est

proportionnelle à la déformation, on observe un comportement viscoélastique avec un

accroissement légèrement non-linéaire de la déformation. Pour un taux de déformation de

l’ordre de 5% environ, la contrainte atteint une valeur maximale appelée contrainte au seuil de

plasticité σy, puis décroît quand la déformation augmente, jusqu’à la valeur minimale σp dite

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Chapitre IV Résultats et discussion80

contrainte d’écoulement plastique. Cette décroissance est caractéristique d’un adoucissement

qui s’observe seulement dans le PET amorphe. Aux fortes déformations, on observe un effet

de consolidation lié à l’orientation macromoléculaire.

Les courbes de la figure IV-11 montrent aussi que la contrainte au seuil de plasticité (σy) et la

contrainte d’écoulement plastique (σp) varient dans le même sens que la vitesse de

déformation. Ceci traduit parfaitement l’activation thermomécanique de la déformation

plastique.

0

10

20

30

40

50

60

70

0 10 20 30 40 50εeq.com. (%)

σeq.

com

. (MP

a)

a

b

Figure IV-11 Courbes contrainte-déformation obtenues en bipoinçonnement à température

ambiante pour deux vitesses de déformation sur le PET amorphe :

(a) 8.3x10-3 et (b)8.3x10-4 s-1

Dans la suite de notre étude, une vitesse de déformation de 8.3x10-4s-1 soit une vitesse de

traverse de 0.05mm/min a été choisie.

IV-2-2-1-2- Influence du taux de cristallinité

La figure IV-12 représente l'évolution de la contrainte en fonction de la déformation pour des

échantillons de différents taux de cristallinité. L’allure des courbes contrainte-déformation est

comparable à celle du PET amorphe. Toutefois, lorsque le taux de cristallinité augmente, on

observe que (i) la contrainte σy augmente, (ii) le crochet de contrainte tend à disparaître, (iii)

le matériau présente un comportement plus fragile. Ce comportement "fragile" se manifeste

par l’apparition de fissures entre parties déformée et non déformée. Comme cela a déjà été

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Chapitre IV Résultats et discussion 81

noté dans l’étude bibliographique, les taux de cristallinité 38-59% sont dans la zone de

cristallisation secondaire. A ce stade, la cristallisation se développe dans la région amorphe

des sphérolites, entre les lamelles déjà formées. Cette cristallisation procède par multiplication

de lamelles cristallines secondaires et épaississement des lamelles primaires. Cela ne change

pas fondamentalement la morphologie sphérolitique. Cela pourrait expliquer la faible

différence de comportement des différents états cristallins entre 38 et 59%.

0

20

40

60

80

100

120

140

0 10 20 30 40 50

εeq.comp. (%)

σeq.

com

p. (M

Pa)

PET C59%

PET C51%

PET C38%

Amorphe

Figure IV-12 Courbes contrainte-déformation pour différents taux de cristallinité.

Les pentes initiales des courbes, dans le domaine élastique, sont très voisines pour les

différents échantillons, ce qui signifie que les modules élastiques des deux phases sont

proches. Par contre, la forte augmentation de σy avec la cristallisation indique que les deux

phases n’ont pas les mêmes propriétés plastiques. Parallèlement, on assiste à un net décalage

du maximum de la courbe vers les taux de déformation plus élevés.

Dans la suite de cette étude, les conditions de cristallisation ont été fixées de la manière

suivante : température de 157°C pendant un jour, ce qui nous a donné un taux de cristallinité

de 38%(±2%).

III-2-2-1-3- Influence de la température

L'évolution de la courbe contrainte-déformation avec la température est présentée figures IV-

13 et IV-14, respectivement pour les PET amorphe et semi-cristallin (Xc=38%) de part et

d’autre de leur température de transition vitreuse.

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Chapitre IV Résultats et discussion82

0

10

20

30

40

50

60

70

0 10 20 30 40 50

εε e q.com p.(%)

eq

.co

mp

. (M

Pa

)

Figure IV-13 Courbes contrainte-déformation équivalente pour le PET amorphe à différentes

températures

0

20

40

60

80

100

120

0 10 20 30 40 50

εeq.comp. (%)

σeq.

com

p. (

MP

a)

Figure IV-14 Courbes contrainte-déformation équivalente pour le PET semi-cristallin

(Xc=38%) à différentes températures.

On constate que, dans tous les cas, le domaine élastique linéaire n’excède pas 4-6% de

déformation. C’est dans ce domaine que l'on détermine le module élastique Ebp. Le domaine

viscoélastique, où apparaît la courbure, s’élargit avec l’augmentation de la température. Dans

le cas du PET amorphe qui présente un crochet de contrainte au seuil de plasticité, ce crochet

295K

321K

343K

365K

383K

403K

288 K

295K

313K

328K

333K

338K

345K

354 K

368 K

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Chapitre IV Résultats et discussion 83

tend à disparaître au voisinage de Tg et disparaît lorsque le matériau passe à l’état

caoutchoutique.

La figure IV-15 montre l’évolution du module Ebp (figures IV-13 et IV-14) en fonction de la

température d'essai.

1

10

100

1000

10000

0.8 0.9 1 1.1 1.2

T/Tg

E (

MP

a)

Ebp. Xc=0.38

Ebp. amorphe

E Xc=0.38 calculé

E amorphe calculé

1

10

100

1000

10000

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15

T/Tg

G'

(MP

a)

PET SC Xc=0.38 à 1Hz

PET amorphe à 1 Hz

Figure IV-15 L’évolution du module en fonction de la température pour le PET amorphe et

semi-cristallin (Xc=38%) (Tg=Tg1 pour les deux matériaux) : (a) Le module (Ebp) des courbes

σ−ε et le module à partir de G’, (b) Le module G’ à 1 Hz.

On retrouve sur cette figure une évolution du module comparable à celle observée pour les

mesures dynamiques de la figure IV-15b. Au passage de la relaxation principale à T/Tg=1

a

b

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Chapitre IV Résultats et discussion84

(figure IV-15 a), on observe une chute des modules pour les deux matériaux. Mais comme on

l’a noté dans les résultats de viscoélasticité, la chute du module G' du PET semi-cristallin

(Xc=38%) est moins forte et se déplace vers les hautes températures (figure IV-15 b).

Pour corréler plus précisément les deux modules mesurés, il est utile de trouver le rapport

entre la fréquence et la vitesse de déformation utilisées respectivement pour les mesures

mécaniques dynamiques et les essais de bipoinçonnement [Albérola 97, Xiao 94]. Les vitesses

de déformation des deux types d'essais doivent être comparables dans le domaine élastique, c.-

à-d. pour des très petites déformations.

En première approximation, la vitesse de déformation initiale en mode de traction ou de

compression dynamique peut être déterminée par la pente de la ligne droite joignant l'origine

et le maximum de la déformation (figure IV-16).

Défo rmat ion

T e m p s

Sol l ic i tat ion en t ract ion

Fig. IV-16 Equivalence entre la vitesse de déformation dans des expériences de sollicitation

en traction et la fréquence en spectrométrie mécanique en dynamique [Albérola 97].

Dans ce contexte, on montre facilement qu’une vitesse de déformation en bipoinçonnement de

8.3x10-4 s-1, à température ambiante, est équivalente à une fréquence d’environ 1 Hz en

mesures dynamiques. Grâce à une telle équivalence entre vitesse de déformation et fréquence,

l'évolution des modules d’Young apparents des PET amorphe et semi cristallin (Xc=38%)

obtenus à partir du bipoinçonnement peuvent être comparés avec les modules calculés à partir

des mesures de spectrométrie mécanique à la fréquence de 1 Hz. Pour évaluer le module de

Young à partir du module de cisaillement, nous avons pris l’équation de mécanique classique:

E=2G(1+ν) (IV-3)

ou E, G et ν sont respectivement, les modules de Young et de cisaillement, et le coefficient de

Poisson. Pour les polymères vitreux, le coefficient de Poisson est de l’ordre 0.32 à l’état

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Chapitre IV Résultats et discussion 85

vitreux [Nielsen 94, Lewis 70]. Ce coefficient tend vers 0.5 à la température de la relaxation

principale (Tα). Pour rendre compte du changement d’état subi par le polymère à la transition

vitreuse, nous avons considéré la relation suivante [Shaterzadeh 97] qui considère la variation

du coefficient de poisson avec la température est analogue à celle du module élastique :

'Glog'Glog

'Glog'Glog179.032.0

m K20TTm K100T

m Tjm K100Tm j

+α==

=

−+=ν (IV-4)

avec ; jmν , 'G m K100T= , 'G m K20TT +α= , 'G m Tj , qui sont, respectivement, le coefficient de

Poisson du polymère à chaque température et les modules élastiques en cisaillement du

polymère à la température (100K), et à l’état caoutchoutique (Tα+20Κ), et la valeur constante

du module avec la température. Sur la figure IV-15 a, les courbes calculées à partir du module

de cisaillement en dynamique à 1 Hz s’avèrent bien en accord avec les résultats obtenus à

partir des essais de bipoinçonnement, pour le PET amorphe comme pour le PET semi-

cristallin (Xc=38%).

On peut retenir, des résultats de spectrométrie mécanique, que la phase cristalline induit un

effet de renfort de la phase amorphe par suite du couplage mécanique les deux phases et

modifie les mécanismes de relaxation viscoélastique par un effet de réticulation physique des

cristallites sur les chaînes amorphes. Cet effet se retrouve sur les valeurs de module calculées

à partir de l’essai de bipoinçonnement. Mais on peut se demander si la phase cristalline ne

modifie pas aussi les mécanismes moléculaires qui interviennent dans la plasticité. La

détermination du volume et de l’énergie d'activation de la déformation plastique du PET semi-

cristallin et du PET amorphe doit permettre de répondre à cette question. La partie suivante de

ce travail est consacrée à cette analyse.

L’évolution de la contrainte d’écoulement σp en fonction de la température pour les PET

amorphe et semi-cristallin (Xc=38%) pour une vitesse de déformation 8.3x10-4 s-1 est

représentée figure IV-17.

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Chapitre IV Résultats et discussion86

0

20

40

60

80

100

120

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2

T/Tg

eq

.co

mp

.(M

Pa

)

PET semi-c ris tallin C38% Tg=85°C

PET amorphe Tg=76.5°C

Figure IV-17 L'évolution de la contrainte σp en fonction de la température pour le PET (a)

amorphe et (b) semi-cristallin (Xc=38%)

La figure IV-18 montre l’évolution des valeur de contrainte en norme σ

σ=≈ )Tg8.0max(.comp.eq

.comp.eqN en

fonction de la température pour les deux matériaux amorphe et semi-cristallin (Xc=0.38).

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

1.2

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2

T/Tg

PET semi-c ris tallin C38% Tg=85°C

PET amorphe Tg=76.5°C

Figure IV-18 L'évolution de la contrainte normée en fonction de la température pour les PET

amorphe et semi-cristallin (Xc=38%).

a

b

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Chapitre IV Résultats et discussion 87

La chute de contrainte équivalente au seuil d’écoulement est plus forte pour le PET amorphe

que pour le PET semi-cristallin. Ceci est comparable à l’évolution des modules élastique Ebp

et G’ discutée sur la figure IV-15.

IV-2-2-2- Essais de traction

IV-2-2-2-1- Influence de la vitesse de déformation

En traction, l’état de contrainte uniaxial est moins complexe que celui des essais de

bipoinçonnement. De plus cet essai est bien adapté pour les matériaux se présentant sous

forme de feuille épaisse. Les courbes contrainte-déformation obtenues à la température

ambiante sont représentées figure IV-19 pour des vitesses de déformation nominale comprises

entre 1.68x10-2 et 4x10-5 s-1.

L’allure des courbes de traction est comparable à celle de bipoinçonnement : on observe un

stade initial élastique et un comportement viscoélastique avec un accroissement non-linéaire

de la contrainte en fonction de la déformation.

0

10

20

30

40

50

60

0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1

ε

(MP

a)

c

a

b

Figure IV-19 Courbes contraintes-déformation en traction obtenues à la température ambiante

pour le PET amorphe avec la vitesse de la déformation nominale :

(a) 1.68x10-2 , (b) 8.4x10-4 et (c) 4x10-5 s-1.

A l’approche du seuil de plasticité, on peut observer de fines bandes de cisaillement dans le

matériau à un angle d’environ 45° de l’axe de sollicitation. Lorsque la déformation augmente,

les bandes de cisaillement se propagent dans l’éprouvette et forment un réseau de bandes de

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Chapitre IV Résultats et discussion88

cisaillement croisées. La contrainte atteint un maximum pour un taux de déformation de

l’ordre de 6% environ, puis décroît avec la déformation. Cette décroissance est caractéristique

d’une striction : la déformation se localise dans une partie de l’éprouvette, puis se propage au

cours de l’essais jusqu’à couvrir toute l’éprouvette.

On peut observer que la valeur de la contrainte au seuil de plasticité, σy, augmente avec la

vitesse de déformation �ε . Pour de nombreux polymères, l’évolution de ln(�ε ) en fonction de la

contrainte est linéaire. Dans le cas présent du PET amorphe, nous avons trouvé une pente

∂ ε ∂σln( ) � / y=0.46 dans un intervalle 10-5 s-1< �ε <10-2 s-1 à la température ambiante. Cette

valeur est proche de celle obtenue par L. Ladouce [Ladouce 96], ∂ ε ∂σln( ) � / y=0.41, dans un

intervalle de vitesse de déformation 10-2 à 102 s-1.

Si on compare la valeur de (σy) pour les deux essais (traction et bipoinçonnement) dans les

mêmes conditions expérimentales (vitesse de déformation et température égales), on trouve

que cette valeur est plus faible dans le cas de la traction. Pour le PET amorphe à la

température ambiante avec une vitesse nominale de 8.4x10-4 s-1 , nous avons obtenu σy proche

de 52 MPa en traction et 56 MPa en bipoinçonnement. Ceci peut s’expliquer par l’influence

de la pression hydrostatique qui joue en sens inverse dans les deux types d’essais.

Pour déterminer le volume d’activation à la température ambiante du PET amorphe, nous

utilisons un formalisme issu de l’analyse thermodynamique de la plasticité pour laquelle le

volume d’activation expérimental Vexp est le paramètre de sensibilité de la vitesse de

déformation à la contrainte :

exp

ln �

V kT=∂ ε∂σ

(IV-5)

Dans le cas où la structure reste constante pendante la durée de l’essai, ce paramètre coïncide

avec le volume d’activation apparent, Va. Vexp est estimé à partir de l’évolution de la

contrainte au seuil de plasticité en fonction de la vitesse de déformation dans l’intervalle :

4x10-5 s-1 et 1.68x10-2 s-1 pour le PET amorphe à la température ambiante. On obtient une

valeur moyenne de 2.7 nm3 pour le PET amorphe à la température ambiante. Cette valeur est

du même ordre de grandeur que celles obtenues par d’autres auteurs [Ladouce 96, Buckley 96,

Argon 77].

En raison du phénomène de striction la traction se prête mal à l’étude de l’activation

thermique de la plasticité. C’est pourquoi cette étude sera effectuée en bipoinçonnement

(chapitre IV-2-2-3).

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Chapitre IV Résultats et discussion 89

IV-2-2-2-2- Influence de la température de déformation

Les figures IV-20 et IV-21 montrent les résultats d’essais de traction sur les PET amorphe et

semi-cristallin (Xc=38%) à la vitesse de déformation de 10-3 s-1 dans un intervalle de

température de 20 à 100°C.

Traction PET Amorphe

0

50

100

150

200

250

300

350

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

∆l/l.

σ (M

Pa)

a b

c

0

10

20

30

40

50

60

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5

∆ l /l o

(M

Pa

)

Figure IV-20 Courbes contrainte-déformation en traction obtenues pour le PET amorphe à la

vitesse de déformation nominale de 10-3 s-1 et aux températures :

(a) 22°, (b) 40° et (c) 80°C.

a

b

c

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Chapitre IV Résultats et discussion90

Traction PET C38%

0

50

100

150

200

250

300

0 1 2 3 4 5 6 7

∆l/lo

σ (M

Pa)

e

dc

a

b

f

Tra ction P ET C38%

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

0 0.5 1

∆ l /l o

(M

Pa

)

ab

Figure IV-21 Courbes contrainte-déformation en traction obtenues pour le PET semi-

cristallin à la vitesse de déformation nominale de 10-3 s-1 et aux températures :

(a) 25°, (b) 40°, (c) 60°, (d) 70°, (e) 85° et (f) 100°C.

Sur ces courbes la déformation est exprimée en terme d’élongation relative ∆l/l 0 en raison de

l’hétérogénéité de la déformation au delà du seuil d’écoulement. La contrainte est exprimée en

valeur nominale. Dans ces conditions expérimentales, tous les échantillons présentent un

comportement ductile. Toutefois, pour les températures en dessous de Tg, les courbes de

contrainte-déformation montrent une limite élastique, suivie d'une diminution de la contrainte

cd

ef

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Chapitre IV Résultats et discussion 91

liée au phénomène de striction. Les courbes présentent clairement un phénomène de

durcissement au delà du seuil de plasticité. Avec l'augmentation de la température, on peut

noter que le crochet de contrainte tend à disparaître et que la consolidation diminue

notamment dans la domaine 0.1<∆l/l 0<3.

Au dessus de Tg, le crochet de contrainte et la striction disparaissent pour le PET amorphe

alors que ces deux phénomènes persistent pour le PET semi-cristallin. Pour ce dernier la

striction devient toutefois diffuse. Le PET amorphe se comporte en fait comme un

caoutchouc.

La figure IV-22 montre l'évolution de la contrainte au seuil de plasticité avec la température

pour le PET amorphe et semi-cristallin, respectivement.

Pour chaque température, la valeur de la contrainte au seuil de plasticité est plus haute pour le

PET semi-cristallin que pour le PET amorphe. En plus, les valeurs de σy sont similaires pour

le PET amorphe (en traction et en bipoinçonnement), mais il existe un ecart dans le cas du

PET semi-cristallin : les valeurs en bipoinçonnement sont nettement supérieures à celles en

traction même lorsque la température augmente.

La chute de σy en fonction de la température pour les deux types de matériaux est comparable

en traction et en bipoinçonnement, et suit l’évolution Ebp et G’ avec la température. Il semble

que les mécanismes qui contrôlent la réponse mécanique des matériaux dans les domaines

linéaire et non-linéaire soient directement liés et contrôlés par les mobilités moléculaires

locales.

Cette similitude de comportement peut s’expliquer de deux manières :

- la phase amorphe est le siège principal de la déformation et la phase cristalline n’a qu’un

effet de renfort avec diminution de la mobilité moléculaire (relaxation α) au voisinage de

l’interface cristallite-phase amorphe.

- la phase cristalline peut contribuer à la plasticité par le biais des lamelles cristallines

secondaires, plus petites et plus ductiles que les lamelles primaires. Cette hypothèse nous a été

suggérée par les résultats de DSC. Une plus ample discussion sera menée au moment de

l’étude en DSC.

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Chapitre IV Résultats et discussion92

0

20

40

60

80

100

120

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2

T/Tg

(MP

a)

PET A morphe Trac tion

PET C38% Trac tion

PET A morphe Bipoinçon.

PET C38% Bipoinçon.

σy

σy

σeq.comp.

σeq.comp.

0

10

20

30

40

50

60

70

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2

T/Tg

cis

.(M

Pa

)

PET C38% Trac tion

PET A morphe Trac tion

PET C38% Biponçon.

PET A morphe Bipoinçon.

σy

σy

σeq.comp.

σeq.comp.

Figure IV-22 Evolution de la contrainte au seuil de plasticité en fonction de la température

pour le PET amorphe et semi-cristallin.

La figure IV-23 montre que l’évolution de l’élongation relative à la rupture en fonction de la

température pour le PET semi-cristallin et le PET amorphe sont comparables, mais que les

élongations à ruptures sont supérieurs pour le PET amorphe.

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Chapitre IV Résultats et discussion 93

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

T °C

∆l/l

o ru

ptur

ePET amorphe

PET C38%

Figure IV-23 Evolution de l'élongation relative à la rupture en fonction de la température

pour le PET amorphe et semi-cristallin.

Pour mieux comprendre ces mécanismes de déformation dans le PET amorphe et semi-

cristallin autour de la transition vitreuse, dans la suite de cette étude, nous avons mesuré des

paramètres d’activation apparent (Vexp et ∆Hexp). Nous avons aussi caractérisé le PET semi-

cristallin dans l’état déformé.

IV-2-2-3- Mesure des paramètres d’activation en bipoinçonnement

Comme nous l’avons écrit dans les chapitres liés aux rappels bibliographiques et aux

techniques expérimentales, nous avons pu avoir accès aux paramètres d’activation apparents

Vexp et ∆Hexp par la méthode de relaxation de contrainte selon l’analyse de Guiu et Pratt [Guiu

64]. A partir de la relation de base de l’activation thermique de la déformation plastique :

� �ε ε= −0exp( G / kT)∆ (IV-6)

on peut calculer le volume d’activation et l’énergie d’activation par les relations suivantes :

expV kTln

=

∂ ε

∂σ�

(IV-5)

0exp p

kT

Vln 1

t

tσ σ− = +

(IV-7)

∆ exp2

expH k Tln

TT V

T=

≅ −

∂ ε

∂∂σ∂

(IV-8)

où, σ0 est la contrainte maximale en cisaillement (ou équivalente si l’essai n’est pas en

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Chapitre IV Résultats et discussion94

cisaillement ) au début de la relaxation et σ la contrainte instantannée au cours de la

relaxation. En outre, le coefficient de sensibilité à la vitesse de déformation, m est défini

comme,

mdln

dln=

σ�ε

(IV-9)

donc

mkT

Vexp

(IV-10)

L’ensemble des résultats des essais de relaxation de contrainte pour le PET amorphe et semi-

cristallin Xc=38% sont représentés dans l’annexe A. Dans cette partie, seulement une courbe

typique sera présentée pour expliquer la méthode de traitement du résultat et comparer les

courbes expérimentale et calculée par l’analyse de Guiu et Pratt. La figure IV-24 montre la

relaxation de contrainte équivalente en cisaillement du PET semi-cristallin à un taux de

déformation équivalente en compression de 41% et à la température ambiante, pour un essai

de bipoinçonnement.

Première remarque : Vexp calculé augmente avec le temps de dépouillement de la relaxation.

Cependant, il semble que la courbe Vexp(T) plafonne après une heure de temps de

dépouillement.

Dans notre méthode de traitement des résultats, le volume d’activation expérimental (Vexp) a

été déterminé par l’équation IV-7 en minimisant la somme d’erreur (équation III-5) pour un

temps de dépouillement d’environ une heure (figure IV-24c).

Deuxième remarque : le tracé de la contrainte relaxé en fonction de la déformation présente

une évolution monotone (figure IV-24a) alors que le tracé de la contrainte en fonction du

temps en échelle log-log sur la figure IV-24d donne une droite pour chaque température

d'essai. Ainsi, on a immédiatement le diagramme cinétique dont la pente est liée au volume

d'activation apparent. Par contre, quand on est au dessus de Tg, le tracé de la contrainte relaxé

en fonction de la déformation ne suit plus une évolution monotone, il présente des accidents

(figure IV-25a) et le tracé de la contrainte en fonction du temps en échelle log-log n’est plus

linéaire sur l’ensemble des données (figure IV-25d). Les changements de pente dans la

représentation log-log de la contrainte en fonction du temps dans le cas du PET amorphe sont

dus aux bas niveaux de la contrainte de relaxation, atteignant la valeur du seuil de sensibilité

de mesure de l’appareil. Ces changements de pente dans le cas du PET semi-cristallin peuvent

être dus aux changements structuraux se produisant dans le matériau, comme par exemple une

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Chapitre IV Résultats et discussion 95

modification de l’épaisseur des lamelles cristallines ou un changement structural de type

cristal-amorphe à l'interface des sphérolites .... Dans ces cas, on choisit comme temps de

dépouillement le temps maximum pour lequel la courbe contrainte-temps en échelle log-log

reste linéaire (figure IV-25d).

0

20

40

60

80

100

120

0 20 40 60

εeq.(%)

eq.c

omp.

(MP

a)

57

58

59

60

61

62

63

64

65

66

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

t (s)

σ eq

.cis

. (M

Pa)

Exp.

Calculé

0

1

2

3

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

t (s)

Vex

p (n

m3)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

110

120

tp (

s) e

t E

rreu

r x

1000

0Vexp

Erreur x 10000

tp

1,76

1,77

1,78

1,79

1,8

1,81

1,82

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5

Log t (s)

Log σ

(M

Pa)

Figure IV-24 Effet de la relaxation-contrainte du PET semi-cristallin (Xc=38%) à la

température ambiante (en dessous de Tg) : (a) courbe contrainte-déformation équivalente en

compression pour un essai en bipoinçonnement, (b) courbe de relaxation de contrainte

équivalente en cisaillement, (c) l’évolution de Vexp , tp et l’erreur en fonction du temps de

dépouillement, (d) courbe contrainte-relaxation en log-log.

a b

c d

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Chapitre IV Résultats et discussion96

0

10

20

30

0 20 40 60

εeq.comp. (%)

eq.c

omp.

(M

Pa)

10

11

12

13

14

15

16

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

t (s)

σ eq

. cis

. (M

Pa)

Exp.

Calculé

0

2

4

6

8

10

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500

t (s)

Vex

p (n

m3)

0

50

100

150

200

250tp

(s)

et

Err

eur

x 10

000

Vexp

Erreur x 10000

tp

1

1.02

1.04

1.06

1.08

1.1

1.12

1.14

1.16

1.18

0 1 2 3 4

Log t (s)

Log

(

MP

a)

Figure IV-25 Effet de la relaxation-contrainte du PET semi-cristallin (Xc=38%) à la

température 120°C (au dessus de Tg) : (a) courbe contrainte-déformation en bipoinçonement,

(b) courbe relaxation-contrainte en cisaillement expérimentale et calculé, (c) l’évolution de

Vexp , tp et l’erreur en fonction du temps de dépouillement, (d) courbe contrainte-relaxation en

log-log.

Le volume d’activation expérimental, Vexp , peut être de l’ordre du volume d’activation, Va où

la constante p�ε =(dεp/dt) est indépendante de σ et T<0.7Tg ; dans le cas contraire Vexp peut être

bien supérieur à Va , donc Vexp est égal au volume d’activation apparent, Vap . Comme on a

déjà noté, Vexp augmente de manière importante (Vexp>Va) à partir de T>0.7Tg [Perez 92].

Nous allons maintenant déterminer l'évolution du volume d'activation en fonction de la

déformation subie par l’échantillon en arrêtant l’essai en différents points de la courbe

contrainte-déformation. Cette courbe obtenue à la température ambiante en bipoinçonnement

est représentée figure IV-26 pour le PET amorphe de vitesse de déformation �ε =8.3x10-4 s-1.

Ainsi, nous pouvons observer sur la figure IV-26, courbe b, la variation du volume

d'activation expérimental Vexp à l'aide de la relation IV-7, le long de la courbe contrainte-

a b

c d

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Chapitre IV Résultats et discussion 97

déformation.

Cette variation appelle les commentaires suivants :

Vap décroît depuis des valeurs infinies dans le domaine élastique, passe par un minimum dans

le stade transitoire puis augmente pour se stabiliser quand on parvient au régime d'écoulement

plastique stationnaire.

0

10

20

30

40

50

60

70

0 10 20 30 40 50 60 70

εeq. comp. (%)

σeq.

com

p. (M

Pa)

012345678910

Vex

p (n

m3)

PET amorphe 8.3x10-4 s-1 T=294 K

Vexp (nm3)

Figure IV-26 L'évolution de : (a) courbe contrainte-déformation (b) Vexp (nm3) en fonction du

taux de déformation pour le PET amorphe en biponçonnement (par relaxation)

Les valeurs obtenues suggèrent que l'événement de l'activation est un processus coopératif

impliquant un grand nombre d'atomes : les valeurs de Vexp≈2.4 nm3 sont équivalentes à 10

unités monomères. Elles sont également du même ordre de grandeur que celles obtenus par

d'autres auteurs. Des volumes apparents d'activation de 7.2 et 4.2 nm3 ont été obtenus pour la

traction et la compression uniaxiale respectivement pour des vitesses de déformation de 1-16

s-1 pour le PET amorphe [Buckley 96]. Ces résultats sont conformes, par exemple, avec la

valeur de 4 nm3 mesurée en compression uniaxiale du PET à la température ambiante par

Argon et Bessonov[Argon 77]. Ladouce et al. [Ladouce 96] ont mesuré le volume d'activation

apparent du PET amorphe et semi-cristallin en traction : la variation de la contrainte au seuil

avec la variation de la vitesse de déformation donne une valeur d'environ 1.7 nm3 pour le PET

amorphe à température ambiante.

Dans la suite de cette partie, nous allons rassembler les valeurs des trois paramètres physiques

Vexp , ∆Hexp et m. Au début du domaine de consolidation plastique (environ ε≈45%), le test de

relaxation de contrainte, c.-à-d. l'évolution de la contrainte avec le temps à la vitesse de

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Chapitre IV Résultats et discussion98

déformation zéro, a été analysé selon la méthode de Guiu et Pratt. Nous avons ainsi déterminé

le volume d'activation apparent Vexp en fonction de la température. Tous les résultats

correspondent à une vitesse de déformation nominale égale à 8.4x10-4 s-1.

∆Hexp est estimée à partir de l’évolution de Vexp en fonction de la température en supposant

une variation linéaire de Vexp entre deux températures successives. m en fonction de la

température est calculé à partir de l’équation (IV-10) en prenant la contrainte égale à la

contrainte au début du temps de relaxation (σ=σο) et Vexp pour chaque température. La

variation des grandeurs Vexp , ∆Hexp et m en fonction de la température normalisée T/Tg est

représentée figures IV-27 , IV-28 et IV-29 pour le PET amorphe et semi-cristallin (Xc=38%).

Figure IV-27 Evolution de Vexp en fonction de la température normalisée T/Tg pour le PET(a) amorphe et (b) semi-cristallin (Xc=38%).

Ces figures présentent les caractéristique suivantes :

- A T<Tg, les courbe de Vexp et ∆Hexp pour les deux matériaux (PET amorphe et semi-cristallin

Xc=38%) sont similaires, les paramètres d’activation expérimentaux Vexp et ∆Hexp augmentent

avec la température.

- A chaque température normalisée en dessous de Tg, les valeurs des paramètres d’activation

expérimentaux Vexp et ∆Hexp du PET semi-cristallin (Xc=38%) et ceux du PET amorphe sont

très voisins.

- A T proche de Tg, les valeurs des volumes d’activation expérimentaux pour les deux

0

10

20

30

40

50

60

70

0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2

T/Tg

Vex

p. (n

m3)

PET amorphe

PET C38%

a

b

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Chapitre IV Résultats et discussion 99

matériaux diminuent avec l’augmentation de la température.

Figure IV-28 Evolution de ∆Hexp en fonction de la température normalisée T/Tg pour le PET(a) amorphe et (b) semi-cristallin (Xc=38%).

Figure IV-29 Evolution de m en fonctio(a) amorphe, (b) semi-cristallin (Xc=38

- A T>1.03Tg, les valeurs des paramètr

augmentent brutalement tandis que ∆Hexp di

0

0.05

0.1

0.15

0.2

0.25

0.3

0.35

0.8 0.9

m

PET amorphe (saut vitesse)

PET amorphe

PET SC (Xc=0,38)

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2000

0.8 0.9 1 1.1 1.2

T/Tg

Hex

p (K

J/m

ol)

PET amorphe Tg=76.5°C

PET C38% Tg=85°C

a

b

c

n de la température normalisée T/Tg pour le PET%) et (c) amorphe (m calculé par saut vitesse).

es d'activation expérimentaux Vexp du PET amorphe

minue avec la température. Au delà de T>Tg=1.07

1 1.1 1.2

T/Tg

a

b

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Chapitre IV Résultats et discussion100

la cristallisation induite ne permet plus la caractérisation du PET amorphe. Pour le PET semi-

cristallin (Xc=38%), la valeur du volume d'activation apparent augmente graduellement avec

la température alors que ∆Hexp se stabilise à un niveau élevé.

- Pour le PET amorphe, la valeur du coefficient de sensibilité à la vitesse de déformation, m,

augmente avec la température jusqu’à Tg. La valeur de m atteint son maximum vers Tg, avant

de chuter rapidement. Cette chute devrait tendre vers zéro pour T>Tg=1.07 car à l’état

caoutchoutique les polymères ne sont pas sensibles à la vitesse. La figure IV-29 (c) représente

aussi l’évolution de m en fonction de la température pour des valeurs obtenues par la méthode

de saut de vitesse. Cette méthode de saut vitesse a été appliquée sur le PET amorphe déformé

en bipoinçonnement avec une vitesse initiale de 8.4x10-4 s-1 , suivi lorsque le taux de

déformation atteint 30-40% par une saut de vitesse de 5 fois la vitesse initiale (4.2x10-3 s-1 ).

Le calcul de m est effectué à partir de l’équation IV-9. On peut voir qu’il y a un bon accord

entre les deux méthodes de calcul m.

- Pour le PET semi-cristallin, la valeur de m est moins sensible à la température. Au dessus de

Tg, sa valeur augmente avec la température, puis plafonne pour T/Tg >1.04.

- En comparant le PET amorphe et le PET semi-cristallin, il ressort que m est toujours plus

élevé pour le premier. En outre, au dessus de Tg, les valeurs de m pour le PET amorphe ont

tendance à diminuer tandis que pour le PET semi-cristallin, elles augmentent avec la

température.

a) Discussion des résultats caractéristiques du PET amorphe

Si on considère l’évolution de m avec la température pour le PET amorphe :

- Au dessous de Tg, Vexp augmente et σ diminue avec la température. Cependant, l’influence

de la diminution de σ est plus forte que l’augmentation de Vexp avec la température. Par

conséquent m augmente avec la température.

- Au voisinage de Tg, le PET amorphe se comporte comme un liquide visqueux et la

contrainte d'écoulement de l’amorphe peut être décrit par :

σ ηε= � (IV-11)

où η est la viscosité élongationnelle du polymère amorphe. Par comparaison avec l’Eq.(IV-9),

nous constatons que m=1.

- A l’état caoutchoutique, pour T>>Tg, la relaxation de contrainte (σ−σ0) est nulle et Vexp tend

vers l’infini. Par ailleurs σ évolue peu avec la température et donc m tend vers zéro.

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Chapitre IV Résultats et discussion 101

Cette évolution prévisible de m avec la température est qualitativement observée sur la figure

IV-29, avec notamment un pic à T/Tg=1.

b)Discussion des résultats propres au PET semi-cristallin

Pour analyser les résultats expérimentaux du PET semi-cristallin, on considère une fois de

plus, les courbes Vexp(T) et ∆Hexp(T) des figures IV-27 et IV-28.

A T<Tg, les paramètres d'activation de la plasticité, Vexp et ∆Hexp du PET semi-cristallin sont

du même ordre de grandeur que ceux calculés pour le PET amorphe. En conséquence, on peut

conclure qu'au dessous de Tg, la phase cristalline ne modifie pas les mécanismes moléculaires

de la déformation de la phase amorphe. Cette dernière bénéficie seulement d’un effet de

renfort de la part des cristallites. En d'autres termes, il semble que la déformation plastique du

PET semi-cristallin à la température ambiante et pour ε≈0.45 soit dans tous les cas

conditionnée par les mouvements moléculaires impliqués dans la relaxation α, dont l’origine

se trouve dans les mouvements moléculaires locaux de la relaxation β.

Au dessus de Tg, la plasticité peut être régie par l’activation thermique de dislocations. Il a été

montré en effet que la nucléation thermique de dislocations est tout à fait possible dans des

cristaux polymères en raison de leur faible épaisseur [Haudin 95].

De nombreux auteurs ont montré que les polymères semi-cristallins impliquent plusieurs

mécanismes de déformation au niveau des phases amorphe et cristalline [Bowden 74, Lin 94a,

Haudin 95, Bartczak 96]. L’étude de Bellare et al. [Bellare 93] réalisée sur du PET cristallisé à

34%, et testé en compression plane à 190°C, a mis en évidence que la déformation s’amorce

dans la phase amorphe située entre les lamelles cristallines, où elle progresse par glissement

inter lamellaire. Lorsque la contrainte est suffisamment élevée, grâce à l’effet de consolidation

résultant de la déformation de la phase amorphe, les cristallites se déforment à leur tour. Ces

auteurs ont montré en outre que la plasticité dans les cristallites débute dans les plans

cristallins où la scission critique est minimale soit 38 MPa pour le système de glissement

(100)[001] [Bellare 91]).

Cette étude souligne l’importance de l’analyse de l’évolution microstructurale au cours de

l’essai mécanique pour la compréhension des processus de déformation plastique des

polymères semi-cristallins.