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N° 1187-1188-1189 du 1 er au 21 août 2013 courrierinternational.com Belgique : 6,50 € Etats-Unis Balade dans le zoo du Bronx ÉGYPTE— LE CHOIX DES FRÈRES MUSULMANS SÉRIE D’ÉTÉ ZAHI HAWASS, LE PHÉNIX DES ANTIQUITÉS MOZAMBIQUE LA RUÉE VERS LE CHARBON AVEC CE NUMÉRO 32 PAGES SPÉCIALES Les monarques ne meurent jamais Ils résistent à tout : à la modernité, aux scandales, aux républicains Les monarques ne meurent jamais noir Belgique 6,50€ - Luxembourg 6,50€ (!4BD64F-eabaed!:N;L

Courrier 20130801 courrier full 20130731 124205

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Courrier International du 1 août 2013 : Les monarques ne meurent jamais

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  • N 1187-1188-1189 du 1er au 21 aot 2013courrierinternational.comBelgique : 6,50

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    Etats-UnisBalade dans le zoo du Bronx

    GYPTE LE CHOIX DESFRRES MUSULMANSSRIE DT ZAHIHAWASS, LE PHNIX DES ANTIQUITSMOZAMBIQUE LA RUE VERS LE CHARBON

    AVEC CE NUMRO32 PAGES SPCIALES

    Les monarquesne meurent

    jamais

    Ils rsistent tout : la modernit,aux scandales,

    aux rpublicains

    Les monarquesne meurent

    jamais

    noir

    Belg

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  • DITORIALJEAN-HBERTARMENGAUD

    La reine desmonarchies

    Le choix dElisabeth II plus exactement de sonclone de cire du museMadame Tussauds de Londres en couverture dun numro de Courrier international consacr aux monarchies dans le mondesimposait. Doyenne des ttescouronnes europennes, la souveraine britannique incarne,plus que toutes les autres, le mystrede la longvit dune institution qui sent justement la cire et mme la naphtaline. Car ce systme exige que le poste de chef dEtat soit hrditaire: a priori une aberration dmocratique.Mais pourquoi changer une couronnequi gagne? Valeur refuge de ses sujets, qui ladmirent plusquils ne laiment, pilier de la nation,incarnation de lEtat, Elisabeth IIrassure et rassemble une socit en crise, qui a perdu conance en son autre socle, le parlement de Westminster. Ses soixante et un ans de rgne conrment que la monarchie anglaise est la reinede toutes les monarchies, comme lavait senti Farouk IerdEgypte avant le sacre dElisabeth dans un casino de Deauville,brandissant les quatre rois dun jeude cartes: Encore quelques annes et il ny aura plus que cinq rois aumonde: ceux de ce jeu de cartes et le roidAngleterre. On en est encore loin,mais toutes les monarchies ne sont pas immortelles Farouk, en sa tombe, en saitquelque chose. Ce qui est vrai outre-Manche ne lest pas, par exemple, au-del des Pyrnes. A Madrid, Juan Carlos, min par les scandales comme un vulgairehomme politique, est sur un trnejectable. Et avec lui une couronnerastole qui avait servi de ciment politique aprs la mort du dictateur Franco, il y a bienttquarante ans. Mais, l-bas aussi, la monarchie rsiste encore.

    Notre prochain numro paratra le jeudi 22aot en kiosque. Dici l,suivez lactualit et retrouvez le meilleur de la presse internationalesur notre site, qui, lui, ne sarrte pas.

    En couverture : Photo Suzanne Plunkett/ReutersIllustration supplment Miguel GallardoPhoto Gus Powell

    la unep.34

    Sommaire

    Une abdication en Belgique, une naissance prin-cire en Grande-Bretagneet voil la plante quise passionne nouveau pour ces affairesroyales. Malgr les scandales, malgr sesopposants, malgr aussi une profondersistance la modernit, linstitution monarchique se maintient. Tour dhorizon de ces royaumes ternels.

    LES MONARQUES NE MEURENTJAMAIS

    Zahi Hawass,lOsiris des antiquits

    p.48

    Larchologue rgnait sans partage sur les trsors de lEgypte. Jusqu la rvolutionde 2011. Grandeur et dcadence (4/8)

    p.55 HISTOIRE

    MystreauxAores

    360Signaux. La goutte deau qui faitdborder le vase

    p.46

    MALI, ZIMBABWE Elections : les analyses de la presse africaine.HISTOIRE Dbarquement de Dieppe: le sacrice des Canadiens ( paratre le 19aot).SRIES DT Chaque semaine, le jeudi, un nouveau volet de nos deuxsries. Des animaux et des hommes: Les chats de Buenos Aires et lesdragons de Komodo. Grandeur et dcadence Rajat Gupta, le nancierindiscret, et les frres Bourequat, trop prs du pouvoir.Retrouvez-nous aussi sur Facebook, Twitter, Google+et Pinterest.

    www.courrierinternational.comSUR NOTRESITE

    p.24

    Nicaragua. Tous ces canauxmnent PkinUn sicle aprs la construction de celui de Panam, Managua vient dannoncer la cration dun grand canal interocanique,nanc par la Chine, comme bien dautres projets dans listhme.

    p.6 TUNISIE

    Ennahda, un coupable idalLe parti islamiste au pouvoir est dsign comme le responsable des meurtres de Mohamed Brahmi et de Chokri Belad. Lanalyse du site Leaders.

    7 jours dansle monde.

    pendant lt, lactualit continue

    A nos lecteurs

    BRIDGEMAN

    TIOUNINE

  • ABC Madrid, quotidien, Aftonbladet Stockholm, quotidien, Ahram Online Le Caire, en ligne, HaAretz Tel-Aviv, quotidien, BBC Chinese Londres, en ligne, Bergens Tidende Bergen,quotidien, Bhutan Observer Thimbu, quotidien, Corriere della Sera Milan, quotidien, The Daily Telegraph Londres, quotidien, Expresso Lisbonne, hebdomadaire, El Faro (elfaro.net) San Salvador, en ligne, Financial Times Londres, quotidien, Foreign Policy Washington, bimestriel, Il Giornale Milan, quotidien, De Groene Amsterdammer Amsterdam, hebdomadaire, The Guardian Londres. quotidien, Guernica (guernicamag.com) New York, en ligne, Harpers Magazine New York, mensuel, infoLibre (infolibre.es)Madrid, en ligne. Jutarnji List Zagreb, quotidien, Leaders (leaders.com.tn) Tunis, en ligne, Los Angeles Times Etats-Unis, quotidien, Mail &Guardian Johannesburg, quotidien,Mint New Delhi, quotidien, De Morgen Bruxelles, quotidien, La Nacin Buenos Aires, quotidien, The Nation Bangkok, quotidien, The New York Times Etats-Unis, quotidien, Now.(now.mmedia.me/lb/ar) Beyrouth, en ligne, Ogoniok Moscou, hebdomadaire, El Pas Madrid, quotidien, La Presse Montral, quotidien, La Repubblica Rome, quotidien, SaveurNew York, mensuel, Smithsonian Magazine Washington, mensuel, The Spectator Londres, hebdomadaire, Sddeutsche Zeitung Munich, quotidien, The Sunday TimesLondres, hebdomadaire, Superinteressante Brsil, mensuel, Die Tageszeitung Berlin, quotidien, The Wall Street Journal New York, quotidien.

    SommaireLes journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sources du monde entier :journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Les titres et lessurtitres accompagnant les articles sont de la rdaction. Voici la liste exhaustive des sources que nous avonsutilises cette semaine :

    Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit ditrice du Monde.Prsident du directoire, directeur de la publication :Antoine Laporte. Directeur de la rdaction, membre du directoire :Eric Chol. Conseil de surveillance : Louis Dreyfus, prsident. Dpt lgal Juillet 2013. Commission paritaire n 0712c82101.ISSN n1154-516X Imprim en France/Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternatio-nal. com courriel [email protected] Directeurde la rdaction Eric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Ar-mengaud (16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (web,16 27) Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), Ray-mond Clarinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dali-la Bounekta (16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pin-gaud (16 25) Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (1631) Directeur de la communication et du dveloppementAlexandre Scher (16 15) Conception graphique Javier Errea Co-municacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), Dani-le Renon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autri-che, Suisse almanique, 16 22), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), Lu-cie Geroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), IwonaOstapkowicz (Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique Fran-ce, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wi-neke de Boer (Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Nor-vge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique),Kristina Rnnqvist (Sude), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordina-tion Balkans), Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie,Kosovo), Miro Miceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rpubli-que tchque, Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Cro-atie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa(Estonie), Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de servi-ce, 16 36), Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotele-vets (Ukraine) Amriques Brangre Cagnat (chef de service, Am-rique du Nord, 16 14), Eric Pape (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chefde rubrique, Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) AsieAgns Gaudu (chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39),Christine Chaumeau (Ase du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asiedu Sud, 16 51), Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chi-ne, 17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Co-res), Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chefde service, 16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Sa-liby (16 35), Pascal Fenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays duGolfe), Pierre Vanrie (Turquie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef derubrique, 16 29), Hoda Saliby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari(Algrie), Sophie Bouillon (Afrique du Sud) Economie Pascale Bo-yen (chef de service, 16 47) Sciences Anh Ho Truong (chef de ru-brique, 16 40) Magazine Isabelle Lauze (16 54) Insolites Clai-re Maupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et elles ont dit Iwo-na Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Catherine Guichard (rdactrice, 16 04), Pierrick Van-Th (web-mestre, 16 82), Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing)Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint,1677), Natalie Amargier (russe), Catherine Baron (anglais, es-pagnol), Isabelle Boudon (anglais, allemand), Franoise Escan-de-Boggino ( japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, alle-mand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois), Julie Mar-cot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Ma-rie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais),Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol(anglais, espagnol), Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou(anglais, espagnol), Leslie Talaga Rvision Jean-Luc Majouret(chef de service, 16 42), Marianne Bonneau, Philippe Czerepak,Fabienne Grard, Franoise Picon, Philippe Planche, EmmanuelTronquart (site Internet) Photo graphies, illustrations PascalPhilippe (chef de service, 16 41), Lidwine Kervella (16 10), St-phanie Saindon (16 53) Maquette Bernadette Dremire (chef deservice), Catherine Doutey, Nathalie Le Drau, Gilles de Obal-dia, Josiane Petricca, Denis Scudeller, Jonnathan Renaud-Badet,Alexandre Errichiello, Cline Merrien (colorisation) CartographieThierry Gauth (16 70) Infographie Catherine Doutey (16 66) Ca-lligraphie Hlne Ho (Chine), Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori(Japon) Informatique Denis Scudeller (16 84) Directeur de laproduction Olivier Moll Fabrication Nathalie Communeau (di-rec trice adjointe), Sarah Trhin (responsable de fabrication). Im-pression, brochage Maury, 45330 Malesherbes

    Ont particip ce numro Torunn Amiel, Virgilio Azevedo, HanoBaumfelder, Gilles Berton, Jean-Baptiste Bor, Valrie Brunissen,Isabelle Bryskier, Anastazia Dupuy, Roman Eftimescu, ChloEmmanouilidis, Manon Flausch, Nicolas Fresneau, Violette Giang,Marion Gronier, Mira Kamdar, Baptiste Laerrerie, Antonin Lambert,Camilo Moreno, Valentine Morizot, Chlo Paye, Corentin Pennarguear,Laura Rodriguez, Isabelle Rosselin, Hlne Rousselot, IsabelleTaudire, Marine Zambrano

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan.Gestion : Julie Delpech (responsable, 16 13). Comptabilit : 0148 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numro Responsable publications : Brigitte Billiard.Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de pro-duit : Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Dif-fusion inter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). Pro-motion Christiane Montillet Marketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), VroniqueLallemand (16 91), Lucie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89).

    GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droitfranais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Gilles Milecan et Pierre Gilissen

    + 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin [email protected] + 32 2 211 29 54Services [email protected] + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70

    Toutes nos sources Chaque fois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdia sur notre sitecourrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    7 jours dans le monde6. Tunisie. Assassinats politiques :Ennhada, coupable idal8. Portrait. Robert Mugabe : prsidentinamovible et roi de linjure9. Controverse. La littrature nousrend-elle meill eurs ?

    Dun continent lautreAFRIQUE10. Mozambique. A Moatize,la maldiction du charbon

    ASIE14. Chine. La case prison pour les citoyens engags 15. Cambodge. Hun Sen, lart de durer AMRIQUES16. Etats-Unis. Le zoo du Bronx ,miroir de la nature humaine

    MOYEN-ORIENT 19. Egypte. O vont les Frresmusulmans ? 20. Liban. La galaxie Hezbollah21. Isral. Shimon Prs lave propre bon march

    AMRIQUE22. Canada. Chasseurs dicebergs la pelle et la carabine24. Amrique centrale.Tous ces canaux mnent PkinEUROPE25. Italie. Un ghetto sous les oliviers26. Montngro. La nouvelle Rivierarusse28. Bulgarie. Russie, une errance de chien 28. Espagne. Madrid en 2020 : un cauchemarFRANCE29. Environnement. Les loups vont entrer dans ParisBELGIQUE30. Rencontre avec un ufologue belgequi a les pieds sur terre31.nergie Pourquoi le parc olien dubanc Thornton, enn prt, a-t-il tpris de vitesse par des projets lancsultrieurement

    A la une34. Les monarques ne meurentjamais

    Transversales42. Economie. Deux visions opposesdu dveloppement Il faut temprer les excs du march

    44. Ecologie. Quand lEurope pille lorvert amricain

    46. Signaux. Ces gouttes deau qui fontdborder le vase

    36048. Grandeur et dcadence 4/8.Zahi Hawass, lOsiris des antiquits48. Tendances. Non au capipitalisme50. Culture. Si Tito mtait cont52. Histoire. Mystre aux Aores

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    SECOND

    DEPART

    1ER GROUPE

    COMPLET

  • Leaders (extraits) Tunis

    Premier niveau de lecture, le plusvident, le plus facile, le plus dma-gogique: le coupable est Ennahda!Cest le scnario soutenu par les familles,partis et proches des deux victimes. Cestgalement la position dautres partis delopposition et dune grande partie de lasocit civile. Le raisonne-ment est simple: ChokriBelad [assassin le 6fvrier]comme Mohamed Brahmi[assassin le 25juillet] taientde fervents opposants au partiau pouvoir, dnonant sansrelche les faiblesses et lamauvaise gouvernance de la troka engnral [les trois partis qui se partagentle pouvoir: Ennahda, le Congrs pourla Rpublique (CPR), gauche nationaliste,et Ettakatol, gauche] et dEnnahda enparticulier, sattelant ouvrir les yeuxaux Tunisiens sur lhypo crisie et lin-comptence des dirigeants nahdaouis.Ce parti chercherait donc liquider desopposants gnants et acharns.

    Deuxime niveau de lecture: les pre-miers faire les frais de ces deux assas-sinats sont indiscutablement la trokamais aussi, et surtout, Ennahda. Lemeurtre de Chokri Belad a valu sonposte au Premier ministre [Hamadi Jebali,issu du parti Ennahda, il a dmissionnle 19fvrier]. Celui de Mohamed Brahmia soulev les masses, veill lacharne-ment des opposants, retourn lopinionpublique contre le gouvernement, lANC

    [Assemble nationale constituante] etles gures dEnnahda. On ne peut nierqu chaque fois le gouvernement et leparti sont fortement branls. Donc,pourquoi Ennahda, qui a tout perdrede ces vnements, en serait-il lauteur?Belad et Brahmi sont plus dangereuxmorts que vivants pour ce mouvement.Ennahda serait-il susamment ingnu

    pour creuser sa propre tombeet susciter la colre de popu-lations entires? Cela est peuprobable.

    Troisime niveau de lec-ture: chaque parti, et Ennahdale premier, prpare sa cam-pagne lectorale [le Premier

    ministre a propos que les lections aientlieu le 17 dcembre ; jusqualors, ellesrestaient prvues mais une date ind-termine]. Si nous tentions un bref procspurement populiste de ce parti, nousconclurions trs rapidement un constatsans appel: Dfenseur de lislam et desvaleurs morales, mais incomptent dansla gestion des aaires publiques, laxisteet complaisant avec les salastes et autresextrmistes. Lhomme de la rue ne par-donne ni les vnements de lambas-sade des Etats-Unis [le 14septembre2012, une attaque perptre par des isla-mistes a fait quatre morts et des dizainesde blesss] ni ceux de Chaambi [la traquede djihadistes retranchs dans cettemontagne a fait plusieurs victimes dansles rangs de larme et de la garde natio-nale depuis avril]. Ni les morts gratuitesde Lot Nagdh [gure du parti de

    lopposition Nidaa Tounes, il a t battu mort le 18octobre 2012 par des membresde la Ligue de protection de la rvolution,proche dEnnahda], Belad, Brahmi ni lacirculation darmes un peu partoutEnnahda est le premier tre conscientde cette valuation et mesurer sesconsquences. Lurgence est donc demarquer les distances avec la nbuleuseextrmiste, de sacrier ces salastes nonseulement encombrants mais de sur-crot ingrats! La solution est machia-vlique mais toute trouve: se dbarrasserdes opposants par le bras salaste [celuiqui est suspect davoir tir sur Brahmiet Belad est un salaste], prendre lerisque dans un premier temps de mcon-tenter lopinion publique, conclure laculpabilit djihadiste et se dbarrasserdun seul et mme coup des deux rivaux,en raant au passage la reconnaissancede lhomme de la rue: pour le moinsingnieux et trs possible!

    Quatrime niveau de lecture: conve-nons dabord quil y a Ennahda etEnnahda. Le parti compte plusieurs ten-dances que nous rsumerons sommai-rement en laile dure et laile modre.Souvenons-nous que laile dure dEn-nahda entretient, sans se cacher, desrelations conrmes avec les direntesmouvances salastes et extrmistes, aveclesquelles elle partage dailleurs nombrede principes et de convictions.

    Partant de l, lhypothse dune guerrefratricide nest pas exclure dans laairedes assassinats politiques: commandi-ter les meurtres, les faire excuter parles allis salastes, saborder laile mod-re et rester enn seul matre bord!

    Quel que soit le scnario, on relveraque trois hypothses sur quatre am-nent conclure quEnnahda nest pastranger aux meurtres de Belad et deBrahmi, sans compter celui de Nagdh.On ne prte quaux riches: Ennahdaest au pouvoir. Coupable, peut tre pas;responsable, certainement!

    Radhi Meddeb*Publi le 27juillet

    * Prsident de lInstitut de prospectiveconomique du monde mditerranen.

    LEADERSTunis, TunisieWebzinewww.leaders.com.tnCr en 2008, ce site en franaisse veut ouvert aux opinions et blogs qui favorisent la pluralitdes points de vue et suscitent les changes. Il publie denombreuses analyses politiqueset conomiques sur la Tunisie.

    SOURCE

    TUNISIE

    Assassinats politiques :Ennahda, coupable idalLe parti islamiste au pouvoir est dsign comme le responsable des meurtres de Mohamed Brahmi et de Chokri Belad. Le site Leaders dcortique cette hypothse en quatre points.

    220 000Cest le nombre de Colombiensmorts en cinquante-cinq ans deconit dans le pays, entre1958et2013. Ce chire provient dun rapport remis le 24juillet au gouvernement colombien par le Groupe de la mmoirehistorique, qui a pass cinq ans collecter ces donnes. Ces434 pages contiennent des chiresqui donnent la chair de poule.Outre les morts 80% sont descivils, il recense 4,7millions de dplacs, 25000disparus,6400enfants recruts par lesgroupes arms, prs de2000massacres, dont 59% commispar les groupes paramilitaires,17% par les gurillas et 8% par lEtat Une radiographiede notre sauvagerie domestiqueperptre quel paradoxe! en priode dmocratique,soupire El Espectador.

    220 000

    7 jours dansle monde.

    ANALYSE

    DiffremmentpaysTATS-UNIS Les secteurs o lacomptition est impitoyable et les syn-dicats faibles ont vu les salaires rduitsjusqu los; dans le secteur minier[o les syndicats sont forts], cest uneautre histoire. Cest en ces termesque Bloomberg Business Weekcommente le graphique ci-dessous.Utilisant la mme source gouverne -mentale (le Bureau amricain desstatistiques du travail), USA Todayprcise que le taux de syndi calisation(11,3% en 2012) na jamais t aussifaible dans le pays depuis 1936.

    SOURCES : BLOOMBERG BUSINESS WEEK, BUREAU AMRICAIN DES STATISTIQUES DU TRAVAIL

    MTIERS DEL'EXPLOITATION

    MINIRE

    EXTRACTIONDE PTROLE

    ET DE GAZ

    VENTE EN GROS(produits

    lectroniques)

    VENTE AU DTAIL(produits

    lectroniqueset appareils

    lectromnagers)

    VENTE PARCORRESPONDANCE

    FABRICATIONDE PRODUITS

    LECTRONIQUES

    + 24

    15

    17

    + 181

    + 227+ 4

    + 137+ 34

    + 82 17

    + 119

    + 104

    les grands gagnants

    les grands perdants

    productivit salaires

    Productivit et salaires aux Etats-Unis (volution entre 2001 et 2011, en %)

    Dessin de Haddad paru dans Al-Hayat, Londres.

  • Une femmeministre,premire !BHOUTAN Dorji Choden, 53ans,est la premire femme obtenir unportefeuille ministriel dans ce petitpays qui vient, pour la deuximefois de son histoire, dlire un nou-veau Parlement. Nomme ministredu Travail et du Dveloppementhumain dans le nouveau gouver-nement form par le Parti dmo-cratique du peuple, elle est aussi,remarque le Bhutan Observer, lapremire femme bhoutanaise ayantun diplme dingnieur; elle a tudien Inde et aux Etats-Unis.

    Bo Xilaibientt jugCHINE Prs dun an aprs avoirt dmis de ses fonctions et empri-sonn, lancien chef du Parti de laville de Chongqing a t inculp le25juillet par le parquet de Jinan, capi-tale de la province du Shandong [estde la Chine], pour corruption active,dtournement de fonds et abus de pou-voir, prcise Xinhua, lagence o-cielle chinoise. Avant son arrestation,en aot dernier, Bo Xilai tait can-

    didat un sige au Comit per-manent du bureau politique duParti communiste chinois, la plushaute instance politique Pkinavant le secrtariat gnral, qui at renouvele lautomne 2012.La date du procs na pas t annon-ce, mais il a lieu habituellementdans les semaines suivant lincul-pation. Des informations circulant Hong Kong voquaient la n aot.(voir aussi p.14)

    Soutenir leslanceurs dalerte

    DANEMARK Une majorit par-lementaire de centre gauche veutrenforcer le soutien apport auxfonctionnaires prts dnoncer lacorruption. Selon Michael Gtze,professeur de droit luniversitde Copenhague, cit par le quoti-dien Berlingske, cette loi devraitrenforcer la libert dexpressiondes fonctionnaires, en principeassure par la Constitution danoiseet par la Convention europennedes droits de lhomme, mais enprincipe seulement: Les tmoi-gnages montrent que beaucoup defonctionnaires ne se sentent pas libresde leurs actes.

    Une fois nest pas coutume, nousinterrogeons cette semaine plusieurscorrespondants de la presse trangreavec une seule question: les Franaisont-ils trop de vacances?

    RUDOLF BALMER,Die Tageszeitung (Berlin)Dans une premire raction spontane,je serais tent de plaider le droit la paresse,nagure dfendu par le gendre de Karl Marx,PaulLafargue. On na jamais trop de vacances,de temps libre pour spanouir! Le travailreste pour la plupart des contemporainssynonyme de contrainte, dexploitation et

    de soumission. Ceux qui, de ltranger, pen-sent que les Franais auraient trop de vacancesne sont que des envieux! Aprs, la triste ra-lit nous rattrape et nous oblige nous poserdes questions srieuses: face la crise, audcit des comptes sociaux, est-il raison-nable de demander plus de temps libre?Mais, enn, on a toujours au moins le droitde rver. Et cela surtout pendant les vacances.

    ZHENG RUOLIN, Wenhui Bao (Shanghai)Oui, absolument! Surtout lpoque dela mondialisation. Trente jours en moyennepour les Franais, cest plus que les autresEuropens (vingt-six jours), sans parler

    des travailleurs des pays mergents, quiont souvent moins de quinze jours, commeen Chine si vous avez moins de vingt ansdanciennet. Un salari dbutant chinoisa droit cinq jours de vacances lors de sapremire anne de travail. Ensuite, il luifaut avoir travaill dix ans pour obtenirdix jours de vacances.Pourtant ce nestpas la France de changer les rgles, maisaux autres pays de rattraper leur retarddans ce domaine. Car si les vacances nesont pas synonyme de bonheur, le bonheur surtout le bonheur familial serait impos-sible sans les vacances. Les vacances, cestle progrs de lhumanit, mais aussi le droitdes travailleurs.

    JOHN LICHFIELD, The Independent (Londres)Oui et non. Oui, lanne scolaire est tropcourte en France et les vacances sont ridi-culement longues. Oui, la France est le seulpays dEurope o rien de srieux ne semblepouvoir se faire au mois daot. Non, parceque, daprs les chires ociels, les Franaisne prennent pas plus de vacances que lesAllemands ou les Britanniques. En fait, lesFranais peuvent tre tonnamment dursavec eux-mmes. Cette anne, le 14juillet esttomb un dimanche et il ny a pas eu de jourfri de compensation le 15. En Angleterre,il y en aurait eu. Ce qui fait la particularit dela France, cest la semaine de trente-cinqheureset tous les RTT, ponts et autres viaducs quecela cre. Reste savoir combien de tempscela peut durer avec la mondialisation. Depuisseize ans que je vis en France, jai une cer-taine sympathie pour le point de vue franais.Lart de vivre* la franaise est lune des raisonspour lesquelles tant dtrangers veulent passerleurs vacances en France.

    * En franais dans texte.

    Les vacances,un bonheurfranais

    DE NOUSILS PARLENT

    98 %

    Abrviations : 1 Burkina Faso, 2 Togo, 3 Bnin.

    80 %

    50 %

    25 %

    10 %

    1 %

    Pas de donnes

    Pourcentage de lles et de femmes ges de 15 49 ans ayant subi une excision(2013)

    GYPTE

    SOUDAN

    THIOPIE

    MAURITANIEMALI

    GUINEGUINE-BISSAU

    SNGALGAMBIE

    1.

    2.2.2.3.

    SIERRA LEONELIBERIA

    OUGANDA SOMALIE

    DJIBOUTI

    RYTHRE

    CTED'IVOIRE

    GHANA

    NIGERIA

    NIGER TCHAD

    RP. CENTRAFR.

    TANZANIE

    KENYA

    SOUDANDU SUD

    CAMEROUN

    SOUR

    CES

    : TH

    E N

    EW-Y

    ORK

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    UNIC

    EF

    Lexcision en Afrique : moins mais encore trop

    DE LA SEMAINELA CARTE

    Cest une demi-bonne nouvelle: les adolescentes risquent moins que leurs anes dtreexcises dans les 27 pays dAfrique o cette pratique persiste, note The New York Timesen rendant compte des chires publis le 22juillet par lUnicef. Si elle rvle des situationsterribles 98% des femmes mutiles en Somalie, 91% en Egypte, cette enqute montretoutefois que cette pratique est en baisse dans certains pays, au Kenya et en Rpubliquecentrafricaine notamment. Et elle met aussi en avant un changement gnrationnel: enEgypte, par exemple, un tiers seulement des adolescentes interroges pensent que cesmutilations doivent persister, contre deux tiers pour leurs anes. Trente millions de llettesou dadolescentes devraient tre excises dans le monde au cours de la prochaine dcennie.

    DR

  • RAVICest comme le Super Bowl et Nol en mme temps, saufquau lieu de durer une semaineou dix jours a dure un mois,explique Khaled Gadallah,mdiaplanneur lagence TonicInternational, installe Duba,(Emirats arabes unis), propos des recettes publicitaires engranges loccasion du ramadan.(CNN, Atlanta)

    INDIGNLe niveau des salaires en Grande-Bretagne

    est tellement bas que cen est scandaleux. John

    Sentamu, archevque deYork, prsidera pendant unan une commission

    qui planchera sur le concept de salaire dcent.

    (The Observer, Londres)

    FERMENous maintenons nos plaintesdevant les organisationsinternationales pour empcherquune telle situation ne se rpte dans le futur.Le prsident de la Bolivie, EvoMorales a, malgr tout, accept lesexcuses de ses homologues franais,italien, espagnol et portugais. Les quatre pays lui avaient interditde survoler leur territoire le 2juillet,les Etats-Unis souponnant EdwardSnowden dtre bord de son avion.(Pgina Siete, La Paz)

    FERVENTJe refuserais daller au paradissi ctait [un endroit]homophobe, a dclar DesmondTutu, archevque anglican dAfriquedu Sud et laurat du prix Nobel de la paix, au Cap, le 26juillet, lors du lancement de la campagnepour la promotion des droits des homosexuels, parraine par les Nations unies. Je suis aussipassionn par cette campagne queje ltais contre lapartheid, assurele prlat la retraite, g de 81 ans.(BBC, Londres)

    LOCALNous navons que faire de visaspour faire du tourisme.Tout ce que nous faisons, cestnous rendre au sud [du Liban], dans la valle de la Bekaa et en montagne. HassanNasrallah, secrtaire gnral du Hezbollah, propos de la dcision de lUnion

    europenne dinscrirela branche arme du Hezbollah sur sa liste des organisations

    terroristes.(LOrient-Le Jour,Beyrouth)

    ILS/ELLESONT DIT

    Robert MugabePrsident inamovible et roi de linjure

    A la veille de la prsidentielle du 31 juillet, tout laissait penserquil serait rlu la tte du Zimbabwe. Sa campagne a pourtant t marque par une absence totale de propositions et par des propos orduriers dirigs contre ceux qui lui dplaisent.

    ILS FONTLACTUALIT

    Mail &Guardian(extraits) Johannesburg

    Aprs trente-troisans de pou-voir, le discours de RobertMugabe reste entach demots abjects: guerre, batailles,conqurir, craser lennemi et autrestermes innommables. Il ne semblepas connatre dautre lexique. Fautedides, les campagnes politiquesde Robert Mugabe nont rien voiravec la proposition de nouveauxprogrammes nationaux.

    Si le droit du Zimbabwe inter-dit aux citoyens dinsulter le pr-sident, ce dernier en revanche ale droit dinsulter les autres. Et lafrontire entre critique et insulteest extrmement poreuse si lonen juge par lenthousiasme despersonnes charges de manifes-ter de la colre en son nom: lesmembres de la police et les agentssecrets. Des dizaines de civils ontainsi t arrts et trans devantles tribunaux pour les reprochesles plus insigniants adresss auprsident. Les propos incriminssont varis, simples blagues sur lefait que Son Excellence nest passi excellente ou critiques srieusessur le rle qua jou Robert Mugabedans leondrement de lcono-mie nationale et la destruction dutissu socioculturel du pays.

    Dun homme g, on pourrait attendre une certaine retenue,signe de la sagesse acquiseavec les annes et lexprience.Mais, lorsque Mugabe seretrouve politiquementau pied du mur, il ne faitpas valoir ses argumentsde faon rationnelle. Il inju-rie violemment ceux quilsouponne de lavoir plac dansune position inconfortable.Ses rserves de vocabulaireabject ne semblent pas connatrede limites. Il y a quelques semaines,il a qualifi la diplomate sud- africaine Lindiwe Zulu[conseillre du prsidentJacobZuma en matire derelations internationales] de femme des rues stupide et idioteparce quelle insistait pour que leprsident zimbabwen [qui a dcidde la date des lections de manireunilatrale] respecte laccord concluavec lopposition.

    En tant que dirigeant suprmede la nation, il sestime au-dessusde sa propre parole. Recevoir desinstructions sur la faon de se com-porter de la part dune femme, jeunequi plus est, la mis hors de lui. Il adonc choisi de linsulter, pendantque les problmes quelle a soule-vs sont rests sans solution.

    Dans la langue shona [la plus uti-lise au Zimbabwe], femme desrues signie en ralit prostitueet RobertMugabe est parfaitementconscient de linsinuation. Il estabsolument oppos lide de trai-ter une femme en gale. Cet ter-nel patriarche semble penser quelunique rle dune femme est dtreune pouse et une machine fairedes enfants. Il a menac de jeterles lesbiennes en prison si elles nese fcondent pas entre elles.

    La diplomatie na jamais faitpartie des points forts de RobertMugabe. Condoleeza Rice, anciennesecrtaire dEtat amricaine et parconsquent la diplomate la plushaut place des Etats-Unis, a ga-lement fait les frais de la vulgaritdu prsident zimbabwen. Il a eule culot de lappeler la petite esclave

    car, pour lui, elle sert son matreblanc sans rchir, avec soumis-sion et docilit.

    Cest linsulte la plus cruellementvulgaire que lon puisse iniger un Africain-Amricain. Elle rap-pelle linnie tristesse des souf-frances iniges jadis aux esclavespar les dirigeants dAfrique noireet les marchands desclaves blancs.

    Les dclarations de RobertMugabe montrent son ignorancetotale des aberrations de lHistoireet des responsabilits qui incom-bent aujourdhui aux dirigeants afri-cains. Sa dclaration insulte tousles Noirs qui ont souert de les-clavage et de ses consquences.Mme les gens les moins au faitde lhistoire du peuple noir serontchoqus par son insensibilit.

    Le comble est atteint lorsque lapremire dame Grace Mugabe,dpensire en chef sen mle,comme elle la fait mi-juillet en qua-liant Morgan Tsvangirai [Premierministre et principal opposant deMugabe, candidat la prsiden-tielle] de laid, comme si les lec-tions taient un concours de beaut.

    Pendant que la pauvret accablela population, le prsident est occup inventer de nouvelles insultes. Alapproche de cette lection cru-ciale, nous aurions prfr des idesneuves et des propositions pourfaire avancer le pays.

    Chenjerai Hove*Publi le23juillet

    * Ecrivain, pote, essayiste, cest lun des plus grands noms de la littraturezimbabwenne. Fervent dfenseur desdroits de lhomme et opposant virulent

    Robert Mugabe, Chenjerai Hove a chapp plusieurs tentatives

    dassassinat. Il vit en exil, entrelEurope et les Etats-Unis,

    depuis 2001.

    Dessin de Riber,Sude.

    Robert Mugabe,89ans, dirige le Zimbabwedepuis trente-trois anscommePremier ministreentre1980et1987, commeprsidentensuite. Au l des ans, le hros de ladcolonisationest devenu un autocrate qui a laminlopposition,pill son pays et truqu les lections.

    PHOT

    OS D

    R

  • La littrature nous rend-elle meilleurs ?CONTROVERSE

    NON OUI

    Simmerger dans Proust, guerroyer au ct de Tolsto ou vibrer avec Jane Austen renforce-t-il nos qualits humaines ? Le texte ci-dessous, plutt sceptique, a lanc un pav dans la mare et suscit bien des ractions.

    Elle dveloppelempathie

    Ragissant dans Time Magazine larticle de Gregory Currie, lessayisteAnnie Murphy Paul rplique que si,il existe des preuves. Et de citer des articlespublis en2006 et2009 par Raymond Mar,psychologue luniversit York au Canada,et Keith Oatley, professeur mrite de psycho logie cognitive luniversit deToronto, qui rapportent que les gens quilisent souvent des ctions crites semblentmieux mme dprouver de lempathie, decomprendre les autres et de se mettre leurplace. Rendant compte de la querelle, TheAtlantic Monthly avance pour sa part quelobjet de la grande littrature, plus encoreque de dvelopper le sens moral, est detoucher lme humaine, rappelant au pas-sage que la lecture est lune des rares acti-vits qui distingue lhomme de lanimalau contraire du langage parl, la lecture[] doit tre enseigne et prcisant quela faon dont nous lisons compte plusencore que ce que nous lisons. Ce qui nousramne au texte dAnnie Murphy Paul. Lalecture profonde, par opposition la lecturesouvent supercielle laquelle on se livre surInternet, est une pratique en voie de dispari-tion. Sa disparition mettrait en pril le dve-loppement intellectuel et motionnel desgnrations qui grandissent en ligne, ainsique la perptuation dune composante cru-ciale de notre culture: les romans, pomes etautres genres littraires qui ne peuvent treapprcis que par des lecteurs dont les cer-veaux ont t, littralement, entrans en vuede les comprendre. Elle rappelle que dercentes recherches en sciences cognitives,en psychologie et dans les neurosciencesont montr que la lecture profonde constitueune exprience dirente par nature du simpledcodage de mots. Cette immersion est rendue

    possible par la faon dont le cerveautraite le langage riche en dtails,

    en allusions et en mtaphores:en crant une reprsentation

    mentale qui fait appel auxzones qui seraient acti-

    ves si la scne se drou-lait dans la vie relle,[] augmentant aussinotre capacit dem-pathie dans la vierelle.

    Nous avons dj une raison de penser quelide dun apprentissage moral et social parla littrature pourrait tre errone. La voicien quelques mots: lune des choses qui pous-sent certaines personnes, comme [la philo-sophe] Martha Nussbaum, dfendre lathse des bienfaits de la littrature [en par-ticulier dans son ouvrage La Connaissancede lamour, essai sur la philosophie et la litt-rature, d.du Cerf, 2010], cest que la litt-rature fait commerce de la complexit. Lalittrature nous arrache aux rgles moralessimples qui se rvlent si souvent inutileslorsque nous sommes confronts des dci-sions diciles dans la vraie vie et nous pr-pare au voyage mouvement dans le mondesocial que les individus moraux sensibles etclairs sont censs entreprendre. En dautrestermes, la littrature nous aide tre desexperts moraux ou nous met sur la voiepour le devenir.

    Le problme avec les arguments de cetype, cest que nous avons depuis longtempsla preuve quune grande partie de ce quenous considrons comme de lexpertise dansdes domaines complexes et imprvisiblesdont la morale fait assurment partierepose sur du vent. Depuis les travaux dupsychologue Paul Meehl, il y a cinquante ans,les tudes montrent les unes aprs les autresque suivre des rgles simples des rglesqui tiennent compte de beaucoup moins defacteurs que ceux quun expert prendrait lapeine de considrer donne des rsultatsau moins aussi bons, voire meilleurs, que dese er au jugement dun expert.

    Un grand nombre de ceux qui appr-cient les plaisirs durement acquis de la lit-trature ne se contentent pas de rcolterles rcompenses esthtiques de leur lec-ture; ils insistent sur le fait que leurs effortsles clairent aussi sur le plan moral. Orcest exactement ce que nous ne savonspas encore.

    Gregory CurriePubli le 1er juin

    trs cultivs, Teju Cole fait remarquer la faci-lit avec laquelle un prsident qui lit desromans et de la posie [Obama] signe chaquesemaine des documents autorisant les frappesde drones. Quest devenu ce pouvoir de lalittrature dinspirer lempathie que lon nousvante tant?demande-t-il. Personne ne devraitmaintenir que la frquentation de la litt-rature assure une protection sans faillescontre la tentation morale ou quelle peutamender les plus mauvais dentre nous.

    Nous devons aller plus loin que le recours lexprience courante et nous aventurersur le territoire de la recherche en psycho-logie, susamment avance aujourdhuipour quon puisse commencer vrier lavalidit de notre proposition. Les psycho-logues ont entam des travaux dans cedomaine et nous ont dj appris deux outrois choses. Nous savons que, si lon fait lire des gens une nouvelle tragique sur las-sassinat dun enfant, ceux-ci diront avoirune reprsentation du monde plus noire quesils ne lavaient pas lue. Ces changements,gnralement de courte dure, montrentque les uvres de ction appuient sur nosboutons [suscitent des ractions]. Mais ilsne prouvent pas quelles nous anent mo-tionnellement ou dune autre manire.

    Nous avons galement appris que lesgens sont capables (apparemment) decapter les donnes factuelles nonces ousous-entendues dans le contexte ctionnel.Curieusement, ils le font davantage lorsquelhistoire se droule loin de chez eux: dansune tude eectue en1997, il est apparuque des tudiants de Princeton retenaientdavantage de dtails lorsquune histoire sedroulait Yale plutt que sur leur proprecampus (ne vous inquitez pas, Princetoniens,les Yalies sont tout aussi mauvais lorsquonfait lexprience dans lautre sens). Maisnous navons pas dlments prouvant defaon irrfutable que les individus sontsocialement ou moralement meilleurs aprsavoir lu Tolsto.

    Il y a un dcalage tonnant entre la viru-lence de lopinion sur ce sujet et les lmentsprobants disponibles. Je souponne en faitque ce qui se passe est pire encore. Les par-tisans de la thorie de la littrature duca-trice et civilisatrice ne surestiment paslimportance des preuves: ils ne croient sim-plement pas quelles soient ncessaires. Lavaleur de la littrature ne devrait pas treune question de foi; or cest exactement cequelle est pour beaucoup dentre nous. Jesuis sr que nous disposerons un jour demeilleures preuves. Je suis moins optimistesur ce quelles montreront.

    Ou, en tout cas,cela reste prouverThe New York Times (extraits)New York

    Je suppose que vous serez daccordavec moi pour dire que la frquenta-tion de ctions littraires stimulantespour lintellect est bonne pour nous. Cestlune des raisons pour lesquelles nous dplo-rons le nivellement par le bas des programmesscolaires et lessor dInternet et de sa cul-ture de lhyperlien. Peut-tre ne lisons-nouspas tous de la grande littrature, mais nouspouvons nous sentir coupables de ne pas lefaire et penser que cest lune des choses quinous empchent de franchir la barre de lex-cellence. Connatre lhistoire dAnna Karnine,des bonnes gens de Middlemarch [de GeorgeEliot] ou de Marcel Proust ne permettrait-il pas de dvelopper notre imagination etdaner notre sensibilit morale et sociale?

    Maintenant, si quelquun vous demandaitdes preuves tayant cette armation, jima-gine que vous ragiriez en posant lune desquestions suivantes, voire les deux. La pre-mire serait: Pourquoi aurait-on besoin deprouver quelque chose daussi vident? Et laseconde: Quel type de preuve voulez-vous?Rpondre la premire est facile: sil nexisteaucune preuve mme indirecte de la puis-sance civilisatrice de la ction littraire, nousne devons pas prsumer quelle existe. Vousdirez peut-tre quil y a des questions aux-quelles on peut apporter une rponse satis-faisante autrement quen ayant recours des preuves: en invoquant la foi, par exemple.Mais, sil existe des questions de ce type, jesuis sr que personne ne pensera que celle-ci en fait partie.

    Quel type de preuve pourrions-nous four-nir? Eh bien, nous pourrions donner desexemples prcis de personnes devenues plusaimantes et plus sages grce leur contactavec la littrature. Mais pouvez-vous tresr que cet ami si intelligent, gnreux, atten-tif aux autres et qui lit Proust est devenu cethomme-l en partie cause de ses lectures?Est-ce que ce ne pourrait pas tre le contraire?Que les gens brillants, comprhensifs etsocialement comptents aient plus dincli-nation que les autres goter les tableauxcomplexes des interactions humaines quelon trouve dans la littrature?

    Il y a un argument frquemment utilispar ceux qui rfutent la valeur civilisatricede la littrature et qui a t repris cette annedans un article publi sur le site du NewYorker. Rappelant le grand nombre de nazis

    Obama, qui lit des romanset de la posie, autorisepourtant chaque semainedes frappes de drones

    Dessin de Seluk Demirel paru dans The Washington Post, Etats-Unis.

  • Guernica New York

    En 2009, lorsque la population deMoatize a t informe de lexis-tence de ce mgaprojet, on la misedevant le fait accompli. Moatize, une petiteville au cur dun district rural dans lenord-ouest du Mozambique, ne tarderaitpas accueillir la plus grande mine de char-bon ciel ouvert au monde. Le gant minierbrsilien, Vale do Rio Doce,et une socit australienne,Riversdale, avaient obtenula location de concessionsdans la rgion. Et plus de2 000 familles devaientpartir. Mais les autoritslocales ont garanti aux chefsde village que les famillesseraient reloges dans de meilleures condi-tions dans des casas melhoradas, des mai-sons amliores, avec des fondations enbton, llectricit et leau courante, quily aurait de largent pour des coles et descliniques mdicales. Et, bien sr, que lesmines creraient de lemploi.

    Ds lannonce de la relocalisation, IsabelPedro fut sceptique. La quarantaine avan-ce, cette fermire du village de Malaboea les pieds craquels, les mains puissanteset fripes. Elle a labour ses champs toutesa vie mas, bananes, pois dAngole,

    manioc avec presque rien, si ce nest unemachette et une large houe pour travaillerla terre de son jardin, sur les rives de laRevuboe. La province de Tete [dont faitpartie le district de Moatize] est une rgionaride et chaude, mais les terres qui joux-tent la rivire sont susamment fertilespour que lon puisse y pratiquer une agri-culture viable. Outre leur activit agricole,Isabel Pedro et son mari vendent des sacs

    de charbon. Aussi, au l desans, ils ont pu construire unemaison tellement grande quilleur a fallu 22feuilles de zincpour confectionner le toit.Isabel connaissait dj Cateme,lendroit o la majorit desfamilles devaient tre reloca-lises, et elle ne voulait pas

    vivre l-bas. A Cateme, 40kilomtres dela petite ville de Moatize, il ny a rien. Niville ni cours deau. Elle et son mari ontdabord refus de sen aller. Mais, lorsqueleurs voisins ont pli bagage et accept lesconditions ngocies par le gouvernementavec Vale, Isabel a compris quon ne luilaissait pas le choix, la mine serait construitede toute faon [elle a donc t reloge, mais Moatize]. Estado Estado, Branco Branco,soue-t-elle, en lorgnant le soleil du coinde lil: LEtat cest lEtat, et les Blancs sontles Blancs.

    DUN CONTINENT LAUTRE10. Courrier international no 1187 du 1er au 21 aot 2013

    duncontinent lautre.afrique

    Asie ............14Moyen-Orient ....19Amriques .......22Europe ..........25France ..........29

    Mozambique.A Moatize, la maldictiondu charbonDepuis quon y a dcouvert le plus grand gisement de charbon au monde, la croissance de la ville se transforme en dveloppement incontrl.

    Mine de charbonde Moatize

    Tete

    Cateme

    PROVINCEDE TETE

    Sena

    20 S

    200 km

    MO Z AM B I Q U EMALAWI

    TANZANIE

    ZAMBIE

    ZIMBABWE

    Zamb

    ze

    OCANINDIEN

    Canal du Mozambique

    LacMalawi

    terminus dune future liaison ferroviaire

    dexportation du charbon (prvue en 2015)

    Beira, terminusde la voie ferre utilise pour exporter le charbon

    Nacala

    SOUR

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    REPORTAGE

    Photos Gregor Zielke/Panphotos Cooperative

  • contient plus de 23milliards de tonnes decharbon de quoi faire fonctionner toutesles centrales charbon des Etats-Unis pen-dant vingt-cinq ans.

    Depuis cette dcouverte, on aue dumonde entier pour faire fortune dans la pro-vince de Tete et pour exploiter aussi vite quepossible les ressources naturelles de la rgion:investisseurs chinois et indiens, technicienshydrauliques venus dAfrique du Sud, foreursaustraliens, entreprises du btiment portu-gaises, oprateurs de grue britanniques, sansoublier un vendeur amricain spcialis dansles poids lourds et les excavateurs. Entre2001et2011, les investissements dans le secteurminier sont passs de 20millions de dollarspar an plus de 1milliard [de 15millionsdeuros 750millions]. Le Mozambique faitdsormais partie des pays la croissance laplus rapide au monde [+ 7,5 % du PIB en2012]. Cette tendance sinscrit dans un boommondial des ressources. En Inde et en Chine,la demande explose et les ressources sap-pauvrissent. Au Mozambique comme dansle reste de lAfrique, la hausse des cours desmatires premires engendre une nouvellevague dinvestissements trangers dans lessecteurs des mines et de lexploitation gazireet ptrolire, souvent des endroits que lonconsidrait autrefois comme non rentables,voire impossibles exploiter, cest--diredans des zones recules dpourvues din-frastructures et des pays politiquementinstables. Dans sa soif de capitaux trangers,le gouvernement mozambicain a ouvert lepays un aux dinvestissements quil nesemble pas capable de grer. A Tete, capi-tale de la province, les bureaux gouverne-mentaux sont dbords, les entrepriseslocales sont dpasses et des milliers de fer-miers, comme Isabel Pedro, ont d aban-donner leurs terres en change de bienmaigres compensations.

    The Economist a dress la liste des dix co-nomies du monde dont la croissance a tla plus rapide entre2000 et2010. Les his-toires des pays qui gurent sur cette listeaux cts du Mozambique lAngola, leTchad, le Nigeria, etc. rvlent les traversde lexploitation des richesses minires. Enoctobre2012, la Banque mondiale faisaitremarquer que les performances des paysdAfrique exportateurs de ptrole taientpires que celles de tout autre groupe de paysen termes de stabilit politique, de corrup-tion, de responsabilit et dEtat de droit.

    En mai, Roger Nord, directeur adjointcharg de lAfrique la Banque mondiale,sinquitait: Que peuvent faire ces pays pourviter dtre le prochain Nigeria ou le prochainAngola [qui gurent parmi les pays les plus cor-rompus et les plus ingalitaires au monde]?

    Cependant, faisait-il remarquer, des Etatscomme le Mozambique, lOuganda et laTanzanie ont mis en place des institutionsdmocratiques plus solides [] que les premierspays africains producteurs de ptrole. Aprsplus de vingt-cinq annes de conit armpresque continu [la guerre dindpendancea dur de 1964 1974 ; la guerre civile de1976 1992], le Mozambique connat aujour-dhui la paix, et enregistre un record dequatre lections prsidentielles libres, raisonnablement quitables, suivies de transferts de pouvoir paciques. Et le gou-vernement commence fournir des ser-

    AFRIQUE.Courrier international no 1187 du 1er au 21 aot 2013 11

    Pour Manuel Guimares, administrateurdu district de Moatize depuis 2010, le projetminier de Moatize est irrversible, il ny a aucunmoyen de larrter, car le monde a besoin desressources du Mozambique. La mine de Valea attir Moatize des trangers par milliers.La route qui traverse la ville a t refaite etle chemin de fer colonial qui mne la mera t rhabilit. Moatize tait un trou sansvie depuis la fermeture des puits miniers,en 1997. Aujourdhui la ville est au centre detoutes les attentions.

    Moatize est en train de changer. Des htels moiti construits surgissent de la savane.Un gigantesque entrept colonial de cotona trouv une seconde vie en hbergeant despick-up Mitsubishi ambant neufs. Mais,loin de proter du confort dune casa melhorada, Isabel et sa famille vivent encoreplus mal que dans leur village de Malaboe.Elle et ses voisins ne voient pas ce dve-loppement avec le mme entrain que ManuelGuimares.

    Dans le quartier de Moatize o les famillesont t reloges, il ny a pas de terre cul-tiver. Pour survivre, la famille Pedro doitdonc louer sa casa melhorada un hommequi travaille la mine. Isabel, son mari,leurs cinq enfants et leur petit-ls, eux,vivent dans ce qui tait cens tre une cui-sine extrieure, un petit btiment de lataille de deux lits doubles adjacent lamaison. Pendant la premire phase deconstruction de la mine, un de ses ls atrouv un emploi dans le btiment, maisson contrat na mme pas dur un an.

    Dcouverte. Isabel Pedro nen dmordpas: elle avait raison de ne pas vouloir aller Cateme. Il ny a pas deau! lche-t-elledun ton sans appel. Pour un agriculteur, laseule chose qui compte, cest leau.

    A Moatize, on a exploit le charbon parintermittence ds 1930. Puis, au dbut desannes 2000, lactivit minire de la rgionsest tasse: seuls des habitants utilisaientdu charbon des mines abandonnes parCarbomoc, entreprise autrefois dtenuepar lEtat qui a aujourdhui disparu, pourfaire cuire des briques [servant la construc-tion des maisons]. Puis, en 2008, des go-logues en visite Tete ont fait une tonnantedcouverte: le sous-sol de Moatize est leplus grand bassin charbonnier non exploitde la plante. On estime aujourdhui quil

    Plus de 23 milliards de tonnes de charbon de quoi faire fonctionnertoutes les centrales charbon des Etats-Unispendant vingt-cinq ans

    Actu

    La tension monte pour Vale La tension est monte duncran pour Vale do Rio Doce et sesassocis. Mi-juin, des groupesarms, soutenus par le parti duRenamo, ont menac dattaquerles convois qui acheminent lecharbon de Moatize jusquau port,rapportait Bloomberg. Les mines ont d suspendre les exportationspendant plusieurs jours. Protant de la frustration des populationslocales, le Renamo pourraitreprendre un conit arm, aprs dix annes de paix. La raction du gouvernement ne sest pas faitattendre : les camps de gurilla ontt dtruits dbut juillet. Vale avaitdj d revoir la baisse sesambitions. Des pluies torrentiellesont aect la ligne de chemin de feren mai. Les exportations ne devraientpas dpasser les 3,4 millions de tonnes cette anne, contre 5 millions de tonnes prvus.

    Le quartier du 25 de Setembro a tconstruit par lentreprise Vale pouraccueillir les travailleurs de la mine.

  • vices publics de base: des services de santruraux, une ducation primaire et des soutiens lagriculture.

    Alors que les premiers trains de charbonquittent Tete, en septembre2011, LagosCorreia travaille dans son bureau, ctdune climatisation soureteuse, dans lachaleur de midi. Il est ingnieur en chef dela section des ressources minrales duministre des Ressources minrales et delEnergie de la province de Tete. Un repr-sentant de Vale est assis en face de lui.Ensemble ils prparent lenvoi de deux car-gaisons de 30tonnes de charbon par char-ter des laboratoires dAllemagne etdAustralie. Lagos Correia, un homme alerteet souriant, avec une moustache en pointeet la silhouette dun jockey, semble perdrepatience. Il inscrit de longs codes sur despages et des pages de formulaires dexp-dition. Toute lopration est mene dansla prcipitation. Lagos Correia a besoin dela signature de son chef, or son chef nestpas l. Mais le reprsentant de Vale na pasle temps dattendre. Vous voyez, commenteCorreia, quand le gouvernement a besoin dequelque chose, on peut toujours attendre, maisces entreprises, elles, sont toujours presses.Quand jai commenc, en 1992, on avait parfois le temps de prendre un soda ou unetasse de caf. Il secoue la tte: Maintenantnous avons beaucoup de travail, et cest plus compliqu.

    Far West. Son bureau autrefois somnolentdoit dsormais travailler avec les richissimesmultinationales qui oprent dans la provincede Tete. Correia supervise les dirends avecla population locale et soccupe de questionsde gologie, cartographie, inspection, analysesen laboratoire et sismologie. Mais le reste napas chang: son quipe travaille toujours ausixime tage dun btiment dont les cana-lisations et lascenseur ont cess de fonc-tionner il y a des annes.

    Pour que des mgaprojets comme la minede Vale acclrent les crations demploiset le dveloppement du Mozambique, ilfaudrait que le gouvernement veille ceque les prots soient convenablementdclars et ce que les taxes soient dmentpayes pour permettre dinvestir dansdautres secteurs. Et pour assurer lavenirdu pays aprs le charbon il doit galementse faire le garant des retours [sociaux] surinvestissements [trangers].

    Au lieu de cela, le gouvernement mozam-bicain semble aller tout droit vers ce quecertains appellent la dpendance aux min-raux, avec une situation o largent desmines pousse les responsables publics tra-vailler dans lintrt des entreprises tran-gres plutt que dans celui de la population.Si je vais inspecter une entreprise, raconteLagos Correia, il faudra que jy aille moto ouen voiture, et que je fasse le plein. Eux, ils ontdes Toyota, de belles voitures neuves, et demeilleures conditions de travail que les miennes.En arrivant, je ressentirai une sorte de complexedinfriorit parce quils me diront: Laissezvotre voiture ici et montez dans celle-l. Ilsmoriront de leau ou des pommes Aprs, ilsme proposeront peut-tre daller djeuner. Onbavardera et ils me diront que tout est en ordre.Ensuite, il faudra que je fasse mon rapport. Maisest-ce que je vais crire un rapport sur ce que

    jai vu ou sur ce quils mont fait voir? Outrele fait quelles ont les moyens de se payerde belles Toyota, des bouteilles deau et despommes, ces multinationales possdent unconsidrable capital humain. Vale do RioDoce, par exemple, emploie prs de200000personnes de par le monde etengrange des prots annuels quivalents prs de quatre fois le budget de lEtat duMozambique. Vale est ainsi en mesure derecruter, former et rmunrer les employsreprsentant ses intrts bien mieux que legouvernement.

    En 2011, le gouvernement mozambicaina publi une tude indpendante sur les sec-teurs des mines, du ptrole et du gaz dansle pays. Ralis par la socit de conseil gha-nenne Boas and Associates, le rapport sou-ligne le manque de personnel quali dansles agences en charge de presque tous lesaspects de lextraction des ressources natu-relles au Mozambique: autorisation, pros-pection, exploitation et forage, vente et

    exportation. Selon ce document, le gou-vernement mozambicain na aucun moyende vrier la qualit et la quantit des min-raux prsents dans les concessions quil loue des socits prives, il na que les donnesque lui fournissent ces socits. Pis, il nepossde aucun systme de contrle des prixmondiaux des matires premires ni de suivides cots dinvestissement supports parles socits, ce qui signie quil nest pas enmesure de vrier le montant des protsquelles dclarent.

    Dans le district de Moatize, dnormesmachines sactivent sur les collines. La villede Tete, elle, est envahie par des htels etdes banques. Le week-end, les bars sem-plissent de belles femmes venues courtiserdes trangers de trente ans leurs ans. Maisla majorit des aaires gnres par cetterue minire vont des entreprises tran-gres. Ici cest le Far West, commente ManishKotecha, la directrice nancire britanniquede la Ncondezi Coal Company, dans son

    bureau situ proximit de Tete [sa socitest charge dacheminer llectricit dansla mine et de construire une centrale char-bon]. Tous les fournisseurs ont commenc venir, et nous navons aucun mal trouver laplupart des services dont nous avons besoin.La nourriture livre la socit, par exemple,est envoye par avion de Johannesburg parlentreprise sud-africaine Servco. Nous avonseu des fraises et du yaourt la grecque au petitdjeuner ce matin. Ce ne sont pas des produitslocaux, mais cest soit a, soit rien. Nous aime-rions embaucher autant de locaux que possible,prcise Manish Kotecha. Mais lducation estun gros problme. Jespre que a sarrangeraavec le temps.

    Partout on construit des logements, etles transports publics se dveloppent enrestant ce quils sont: des minibus bonds.En 2012, les investissements directs tran-gers, estims plus de 7milliards de dol-lars par le cabinet daudit Ernst &Young,nont cr que 8000emplois, ce qui revient

    12. Courrier international no 1187 du 1er au 21 aot 2013AFRIQUE

    Vale a relog les paysans Cateme, un village 40 kilomtres de la ville situe dans une zone aride.

    La ligne de chemin de fer utilise pour exporter le charbon est souvent interrompue par les villageois en colre ou par de fortes pluies.

  • prs de 1million de dollars par poste.Plus de 300000jeunes Mozambicainsentrent chaque anne sur le march du tra-vail, et Pinto de Abreu, lun des directeursexcutifs de la Banque nationale duMozambique, tire la sonnette dalarme:Les emplois dans le secteur informel sont uneaberration long terme. Nous ne pouvons pasnous satisfaire du fait que les gens travaillentcomme vendeurs de rue.

    Au Sundowners, un bar mal clair, je ren-contre Edson, jeune mcanicien charg derparer les excavateurs qui extraient le char-bon de la mine de Vale. Avec deux amis deMaputo, il a surf sur la vague minire envenant jusqu Tete, et passe ses week-ends boire faute, assure-t-il, dune meilleureoccupation. Beaucoup semblent consid-rer le temps pass Tete comme une peinede prison bien rmunre. Le Sundowners,protg par un toit de chaume, est emplidhommes clibataires, les yeux rivs surun match de rugby retransmis sur cranplat. Savez-vous pourquoi il fait si chaud Tete? plaisante Edson. Parce que cest prs delenfer. Ses amis partent dun grand clatde rire. Dans les rues de Tete, la politiquescale du gouvernement pour les compa-gnies minires donne lieu des rumeursque les locaux se rptent avec une convic-tion presque religieuse. Tout le monde saitque Guebuza, lactuel prsident mozambi-cain, touche une commission de Vale, mas-sure Edson. Personne ne sait combien,admet-il, mais, aprs tout, son prdces-seur [Joaquim Chissano, qui a quitt le pou-voir en 2005] a bien touch sa part, alorspourquoi pas lui? Le gouvernement accordede gnreuses conditions ceux qui inves-tissent dans des mgaprojets: les rduc-tions dimpt octroyes aux entreprises duFortune 500 [classement des 500plus grandesentreprises amricaines ralis par le maga-zine Fortune] BHP Billiton, Vale, Anadarkocorrespondent chaque anne un manque gagner dau moins 0,5milliard de dollars,soit prs de 4% du PIB du Mozambique.

    Et le grand conomiste mozambicainCarlos Nunes Castel-Branco a calcul quemoins de 5% des prots gnrs par lesinvestissements directs trangers taientrinvestis au Mozambique, alors que 1mil-liard de dollars de prots gnrs par cesmgaprojets sortaient du pays. Pourquoi legouvernement est-il si exible envers lesmultinationales?

    Les populations dplaces se posent lamme question. Raul Coelho, le rgulo, lechef de village de Malaboe, minvite masseoir sur un petit banc en bois contrele mur ombrag de sa nouvelle maison,construite par un sous-traitant de Vale. Ilvit dsormais dans une zone de relocation, Cateme, le long dune route de terre dfon-ce, au milieu dune savane grise et brous-sailleuse. Vale na pas honor sa part ducontrat, explique-t-il dune voix gutturaleet en roulant les r avec extravagance. Deuxans aprs le dbut de la relocalisation, la

    socit na pas tenu ses engagements. Les2000dollars quelle a oerts chaque familleont t dpenss en nourriture et autresbiens et services indispensables pendant lapremire anne passe dans ces nouveauxquartiers, les cultures ont peine pousset, les transports jusquaux villes de Moatizeet de Tete, o lon aurait pu faire des petitsboulots, ayant un cot prohibitif, il ntaitpas rentable daller y chercher un travail.En labsence du rservoir deau en btonqui lui avait t promis, la population deCateme dpend de rservoirs en plastiquequi fonctionnent llectricit. Aussi, lorsquele courant est coup, comme cest souventle cas, les gens nont pas deau. Et les 2hec-tares de sols cultivables promis chaquefamille se sont en ralit transforms en1hectare de terres de pitre qualit.

    Menaces. Au cours des mois qui ont suivila relocalisation, le mcontentement est allcroissant Cateme. En aot2011, les fer-miers ont t contraints de planter leurs cul-tures dans un sol mdiocre pour la deuximeanne. En septembre, les premiers trains decharbon quittaient Moatize sur le cheminde fer de lpoque coloniale rhabilit, maisles courriers et les questions des habitantsde Cateme propos du deuxime hectarede terres sont rests sans rponse. Un matinde janvier2012, une foule de 500personnessest rassemble au bord de la voie ferrequi achemine le charbon de Moatize jus-quaux ports de locan Indien. Elles ontdpos des bches en travers des rails etempil de gros tas de pierres sur la route voi-sine, en menaant de dtruire le train quitransportait le charbon jusquau port.

    En fvrier, la voie ferre a t ferme cause de toute une srie de problmes tech-niques, suivis de fortes pluies qui ont emportplusieurs kilomtres de rails. Du fait de lar-rt des expditions, dimmenses tas miroi-tants de charbon ont commenc saccumuler ct de lusine de traitement, tels une petitechane de montagnes grandissant chaquejour un peu plus. Vale narrivait pas expor-ter plus de 0,25million de tonnes de coke,et la production a d tre suspendue pen-dant plusieurs semaines dale.

    On ne sait qui blmer pour les problmestechniques de la ligne de chemin de fer. LaBanque mondiale, qui a nanc sa rhabili-tation? Le sous-traitant indien qui la rali-se? Vale, qui a import des locomotivesdfectueuses? Ou le gouvernement, dont latche tait de surveiller les trois prcdents?

    Alors que quatre projets de voie ferresont en cours pour relier Tete aux ports, lesobstacles lexportation se multiplient. Lesmines devraient produire pas moins de 50mil-lions de tonnes de charbon par an dici 2015, or la ligne ne pourra transporter que6millions de tonnes par an. Et, pour lheure,le dveloppement de Tete a vu son rythmeralenti par les infrastructures dlabres duMozambique et le mcontentement desdplacs, qui continuent bloquer les rails.Ils exigent des compensations supplmen-taires et les protestations continuent.

    Rowan Moore GeretyPubli le 15mai

    A propos de la revue Guernica, lire notre rubriqueSource de la semaine p. .

    Savez-vous pourquoi il fait si chaud Tete ?plaisante Edson. Parceque cest prs de lenfer.

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  • Aussi, le Mouvement des nou-veaux citoyens nest-il rien dautrequun mouvement de renouveausocial dinitiative populaire. Il militepar exemple pour lgalit des droitsdaccs lenseignement, avec lapossibilit pour les enfants demigrants de passer leurs examensdans les villes o travaillent leursparents [ce qui leur est impossibleaprs le collge], ou encore demandela publication du patrimoine deshauts fonctionnaires. Dans unesocit chaque jour un peu plus endroute, alors que le capital socialfait de conance, de conscience dubien et du mal et de respect delordre srode rapidement, un telmouvement arrive vraiment pointnomm et apparat indispensable!

    Malheureusement, mme unmouvement comme celui-ci peutsubir une forte rpression politique.La circulaire mise en juin par leParquet suprme semble avoir tfaite sur mesure pour lui; elledemande tous les parquets de

    De quelles vertus et de quels pou-voirs est donc dot ce Mouvementdes nouveaux citoyens de XuZhiyong pour que les autorits soientainsi aux petits soins pour lui?

    Aprs larrestation de Xu Zhiyong,un de ses anciens textes, intitulCes dix annes, dans lequel il dcritle Mouvement des nouveauxcitoyens, a fait le tour du web.

    Le propos de ce mouvement estsimple: il faut agir collectivementen tant que citoyens, aller de lavanttous ensemble, dvelopper les lienssociaux pour mieux se connatre,par exemple par le biais de repaspris en commun entre militantsdune mme ville, sassocier pourdevenir une force saine lext-rieur du rgime et promouvoir terme une mutation pacique dela Chine. Du fait de tels objectifs,le mouvement ne peut bien sr setenir lcart de la politique, maiscomme il prconise une mutationpacique, il nest pas dans sesintentions de renverser le pouvoir.

    BBC Chinese Londres

    Le 16juillet 20heures, XuZhiyong, docteur en droit,a t ociellement plac entat darrestation par la police pkinoise. Il se trouvait dj depuisexactement trois mois en rsidencesurveille son domicile Pkin.Le motif de son arrestation est lesuivant: trouble lordre public.Auparavant, la police avait inter-pell quinze de ses dles, pourdes raisons quasiment similaires:attitude agressive ou provocante,rassemblement portant atteinte lordre public, etc.

    Les vraies raisons ne sont biensr pas si simples. Les quinze per-sonnes arrtes taient pour la plu-part des militants du Mouvementdes nouveaux citoyens, dontXuZhiyong est reconnu commetant linitiateur. Le seul objectif deleur arrestation tait de faire placenette an de resserrer les maillesdu let autour de Xu le 16juillet.

    asie

    Chine. La caseprison pour lescitoyens engagsFond il y a dix ans par Xu Zhiyong, aujourdhuiincarcr, le Mouvement des nouveaux citoyens prnaitle renouveau social dinitiative populaire.

    Dessin de BeppeGiacobbe, Italie.

    combattre rsolument tous les ras-semblements illgaux ayant pour butde renverser le pouvoir de lEtat ettoutes les activits dlictuelles commeles runions troublant la srnit dela socit ou lordre de lieux publics.Les accusations portes lgardde XuZhiyong et de ses partisansreposent sur ce document.

    Il va sans dire quelles sontpour la plupart mensongres. LeMouvement des nouveaux citoyensna aucune intention subversive.Pourquoi alors invoquer ce motif ?

    Cela cache un petit secret peureluisant: ce que les autorits consi-drent comme des activits sub-versives ne le sont pas au sens lgaldu terme! Aux yeux des pouvoirspublics, les activits subversives nese limitent pas au fait de vouloir ren-verser lordre tabli. Instinctivement,les dirigeants sont rfractaires toute pression et tout contrleecace, quils considrent sim-plement comme sources de tracas.Quand ces tracas dpassent leurseuil de tolrance psychologique,ils jugent alors quil sagit dactivitssubversives rprimer fermement.

    Entre un pouvoir qui nest soumis aucune contrainte et une socitcivile en plein dveloppement, lesrelations sont naturellement ten-dues. La socit civile tant pour lepouvoir synonyme de tracas, ce der-nier ne veut pas en entendre parleret en considre les leaders commeautant de fauteurs de troubles. Cesont donc ses btes noires et cestce qui explique le sort de XuZhiyongaujourdhui. Pourtant, les autoritsne sont pas stupides. Si le rgimeconnat des dicults, et quelles narrivent pas rsoudre les pro-blmes, elles savent que cest la ndu Parti et de lEtat. Aussi sin-quitent-elles et cherchent-elles faire voluer les choses. Cependant,les autorits veulent tre loriginede tous les changements, et ne dsi-rent surtout pas que dautres semlent de leurs aaires.

    Les gouvernants refusent unevie politique publique, o les pres-sions, louverture, les citoyens ontleur place, et ce quels que soient laprofondeur de la crise et le besoinpressant dunir les forces sociales.En fait, ils ont chevill au corps unsentiment de proprit indiscu-table: cest mon pouvoir et seul ceque je dis compte! Quelle que soitlpoque o ils vivent, ils gardentsoigneusement les usages anciens.Cela montre quils sont encore trsloigns de la civilisation moderne,que la transformation de la Chineest combien dicile et surtout quel point est mritoire laction degens comme Xu Zhiyong.

    Xiao Shu*Publi le 19juillet

    * Ancien chroniqueur de lhebdomadairecantonais Nanfang Zhoumo.

    Gauche, droite :les zigzags de Xi Jinping

    Le prsident Xi Jinpingserait-il en train doprerun virage gauche? Cestla question que posent des com-mentateurs en Chine et HongKong. Bien des espoirs de libra-lisation avaient t placs dans lesecrtaire gnral du Parti avantson accession au pouvoir, ennovembre dernier. Or, tandis queXi lanait une vaste campagnecontre la corruption en mars, ilmultipliait galement dans ses dis-cours les rfrences au langageemploy par Mao Ts-toung.

    Le 12juillet, lors dune visite Xibaipo, dans le Hebei, o lArmepopulaire de libration tablit tem-porairement son sige peu avantla prise du pouvoir, en1949, Xi adclar: Assurons-nous que leseuves et les montagnes rouges nechangent jamais de couleur! Xi alanc de mme une srie dappels observer la ligne de masse,expression appartenant au ver-biage maoste et qualiant un res-serrement des liens entre le Partiet la population, souligne le SouthChina Morning Post. Le 16juilletdernier, la tlvision centrale a parailleurs dius des images dar-chives pour commmorer la tra-verse la nage du euve Yangtspar Mao en1966, date du dbutde la Rvolution culturelle. Cettediusion tait exceptionnellementlongue, le sujet faisant quatreminutes. Tout cela signale-t-il unrel virage gauche ou bien unestratgie plus subtile? Le maga-zine hongkongais Chengmingestime que lobjectif de Xi est decombattre la droite, qui prend delampleur au sein du Parti. La droite,cest--dire les partisans dunepolitique plus librale et plus tol-rante vis--vis des mouvementsde dfense des droits. Cela serait rapprocher de la srie darres-tations de membres du mouve-ment citoyen, comme celle de XuZhiyong (voir ci-contre).

    Pour le commentateur Hua Po,qui rside Pkin et crit sur lesite dinformation chinois de ltran-ger Boxun, cest le contraire: Xicherche convaincre la gauchequelle trouve en lui une oreille,en lui donnant des gages par sesdclarations maostes. Cela alorsmme que Bo Xilai, inculp de cor-ruption le 24juillet, devrait com-paratre en justice dici lautomne.Le chef dchu du Parti commu-niste de la ville de Chongqing a eneet longtemps t vu comme unchef de le pour la gauche.

    ! "

  • Gongmeng littralement, alliancedes citoyens est le nom de laplus importante ONG se consa-crant la dfense des droits des citoyensen Chine. Elle est aussi le meilleur tmoindes dix ans dhistoire de ce mouvement.

    Cre en 2003 par trois juristes, dontXu Zhiyong (voir ci-contre), lAlliance at interdite en2009 pour fraude scale.Mais ce revers na pas dcourag Xu etses amis, qui, dsormais sous le nom deMouvement des nouveaux citoyens, cherchent mettre en pratique ce dontla socit tout entire est convaincue etqui est soutenu par lopinion publique,surtout travers la blogosphre: les troisaxes du mouvement sont lgalit desdroits lducation, la transparence dupatrimoine des dirigeants et lappel orga-niser des repas collectifs en ville. Il vise la fois des objectifs concrets et le renfor -cement de la conscience citoyenne.

    Quelques mois avant sa cration,en2003, un vnement a retenu latten-tion de tous: grce une ptition signepar trois juristes, la Chine rvoquait sonsystme de dtention et rapatriement,qui permettait denfermer les migrantssans droit de rsidence en ville. Ce succsmarqua un grand pas en avant de lEtatde droit contre le systme arbitraire.

    Gongmeng, cre par ces mmes juristes,devint ainsi le rsultat et le symbole dumouvement pour le respect du droit.Lanne2003 est mme considre parcertains comme lanI du mouvement descitoyens. Ds lors, Xu devint peu peulun des ennemis les plus dangereux durgime. Pourtant, fort de sa modrationet de son positionnement labri de laConstitution chinoise, Xu a toujours susurmonter les obstacles, malgr les arres-tations et autres mesures rpressives son gard. Cette fois-ci, pourra-t-il encoresen sortir indemne ou bien son arrestationsura-t-elle verrouiller le long processusvers un Etat de droit?

    Chen YanCalligraphie dHlne Ho

    LE MOTDE LA SEMAINE

    GongmengLAlliance des citoyens

    The Nation Bangkok

    Formule quelques joursavant le scrutin, la demandede grce royale en faveurde SamRainsy, lopposant histo-rique, tait soigneusement calcule[revenu le 19juillet, celui-ci na paspu se prsenter mais son parti, leParti du sauvetage national duCambodge, a remport 55siges,selon les rsultats provisoires*].Grce ce geste, Hun Sen a faitdune pierre trois coups. Il se poseen dmocrate favorable un sys-tme multipartite en labsencedun adversaire crdible, llectionaurait sembl peu dmocratique,ce qui aurait donn une pitreimage de son rgime. En outre,airant la possibilit de formerune coalition, Hun Sen fait desappels du pied lopposition [SamRainsy a jusquici rejet toute possibilit dalliance]. Enn,lOccident, qui critiquait son stylede gouvernement, observe dsor-mais une certaine neutralit. Toutau long des annes 1990, le pays

    sest dot de services et dinfra-structures de base grce des mon-tages nanciers contrls par lesOccidentaux. Mais, partir de 2000,la Chine a pris progressivement lerelais en matire daide interna-tionale, et elle est maintenant leprincipal bailleur de fonds.

    En rsum, le dtenteur du recordde longvit au pouvoir en Asie[depuis 1985] est un dirigeant incon-testablement machiavlique, quinaime rien tant que relever les dset aronter les dicults causesparfois par ses propres contradic-tions. Il rajuste volontiers sa stra-tgie, observant les dveloppementspolitiques au sein de lAssociationdes nations de lAsie du Sud-Est(Asean) et en tirant les leonsappropries. Il copie les meilleurespratiques, pas ncessairementdmocratiques, tant en politiquequen conomie, du moment quellespermettent damliorer la comp-titivit du pays. HunSen apprcieles rsultats positifs des rformesintroduites prudemment et pro-gressivement en Birmanie, ainsi

    que les relations entre le prsidentThein Sein et la chef de lopposi-tion, Aung San Suu Kyi. Ces deuxpersonnalits donnent une imagepositive de leur pays, gagnant ainsila sympathie de la communautinternationale et attirant laide etles investissements trangers.

    Nourrissant lambition de fairedu Cambodge un pays riche, plei-nement intgr lAsean, HunSenne peut pas laisser des turbulencesdu type printemps arabe se pro-duire. SamRainsy a t condamn onzeans de prison en 2010 [pouratteinte la scurit de lEtat, uneincrimination dnonce commetant politique] et a pris le cheminde lexil. La grce royale constitueune soupape de scurit destine empcher la pression politiquede monter jusqu lexplosion. Laprsence dune foule tonnammentnombreuse pour accueillir loppo-sant son retour [100000 per-sonnes environ] vient conrmerlaspiration des Cambodgiens vivre dans un pays plus ouvert etplus dmocratique, o loppositionjoue un rle actif.

    La moindre instabilit porteraitatteinte lindustrie orissante dutourisme. Le royaume des mer-veilles a accueilli 3,5millions detouristes en 2012. Le secteur dutourisme pse 2,2milliards de dol-lars [1,6milliard deuros], soit 12%du PIB, et emploie 500000 per-sonnes. Phnom Penh soutient fer-mement linstauration dun visacommun lAsean, sinspirant dela libre circulation des personnesdans lespace Schengen au sein delUnion europenne.

    En 1993, le Cambodge tait unejeune dmocratie. Le taux de par-ticipation aux lections organisessous lgide des Nations unies avaitatteint 89,6% [une russite incon-testable aprs des annes de guerrecivile et malgr les menaces que lagurilla khmre rouge faisait pesersur le droulement du scrutin]. Nulne sattendait lpoque voir unjour le Cambodge devenir un petittigre conomique avec un taux decroissance de 10%, comme il en aconnu durant dix ans, avant quenclate la crise nancire de 2008.Lvolution politique a t tout aussiinattendue. Personne ne simagi-nait alors un seul instant que lepays se transformerait en un Etatautocratique aprs avoir bncidun tel soutien la libert de lapart de la communaut interna-tionale. A prsent, lespoir drigerle Cambodge en modle de trans-formation lintention des pays endveloppement sest vanoui.

    Kavi ChongkittavornPubli le 22juillet

    * Le Parti du peuple cambodgien (PPC)du Premier ministre Hun Sen auraitremport 68 des 123 siges.

    Dessin de Cost,Belgique.

    CAMBODGE

    Hun Sen, lart de durerAu pouvoir depuis presque trenteans, le Premier ministre cambodgienpourra continuer gouverner aprs sa victoire aux lgislatives.

    ! "#

  • TATS-UNIS

    Le zoo du Bronx,miroir de la nature humaine

    Socit. Pour lessayisteDavid Samuels, ce grandparc animalier et lespersonnes qui gravitentautour orent une rexionsaisissante sur notrerapport au monde sauvage.

    Harpers Magazine (extraits) New York

    Aquelques pas dun vieux quartier ita-lien, dans larrondissement le pluspauvre de la ville de New York, le zoodu Bronx est le euron de toutes les rservesnaturelles urbaines du monde: 4000ani-maux appartenant plus de 600espces etvivant sur 107hectares, pour un cot defonctionnement annuel de 48millions dedollars [36millions deuros]. Il est gr parlONG internationale Wildlife ConservationSociety, qui dirige plus de 500projets dans65pays. Pendant trois ans, lors de mes fr-quentes visites au zoo, jai pris lExpress n5Lexington Avenue depuis ma maison deBrooklyn jusquau Bronx dans lespoir decomprendre le fonctionnement concret etmtaphorique dun zoo moderne, une qutedicte par le fait que, comme jen pris plustard conscience, je midentie aux animauxcontraints de vivre en cage.

    Le 24mars 1897, le maire de la ville, WilliamStrong, octroie une partie du South BronxPark Madison Grant et sa New YorkZoological Society, nance par les plusriches habitants de New York. MadisonGrant cone la direction de son zoo WilliamTemple Hornaday, lpoque le plus clbredfenseur de la nature dAmrique. Et pourformer et entretenir ses collections, il porteson choix sur Henry Faireld Osborn, unhomme remarquablement prtentieux etsournois, qui a dirig le service de palon-tologie des vertbrs de lAmerican Museumof Natural History.

    La construction du zoo dbute pendantlt 1898, et les animaux commencent arriver au printemps suivant, de faonquelque peu chaotique des loups gris,des otaries de Californie, deux ours polaires,

    trois orangs-outans, sept lans et un tigre du Bengale baptis Dewey. Dans les annes 1920, Frank Buck, un aventurier deGainesville, au Texas, fait sept fois le tourdu monde en bateau pour rapporter diverszoos des spcimens vivants danoas, un bue de lle de Clbes, en Indonsie,de singes long nez et doiseaux bleus desfes de Borno et de cacatos noirs deNouvelle-Guine.

    Racisme. Grant et Hornaday esprentque le zoo du Bronx deviendra un grandrefuge pour les animaux dAmrique duNord, menacs par les vagues incessantesde pauvres et dextnus qui arriventsur ses ctes [rfrence au pome dEmmaLazarus Le Nouveau Colosse, grav sur lesocle de la statue de la Libert]. Dans TheDestruction of Our Birds and Mammals [Ladestruction de nos oiseaux et mammi-fres], Hornaday crit: En Floride, un Etatdont la population aviaire tait autrefois mer-veilleusement riche, les oiseaux se sont faitdcimer au point dtre devenus presque aussirares que dans le dsert du Colorado. Etdajouter: Si nous ne prenons pas sansattendre des mesures de protection bien plusradicales et gnrales, au cours des quinzeprochaines annes, nous assisterons aux Etats-Unis lanantissement total de pratiquementtous nos oiseaux et de tous nos quadrupdessauvages, lexception des lapins Parmiles coupables, il cite les artilleurs, les chas-seurs amateurs, les oisifs, les chasseursprofessionnels qui revendent la viande,ceux qui revendent les plumes, les boys,les fermiers, les collectionneurs dufs etla population de couleur dAmrique.

    Lorsque je visite le zoo, je descends duquai de la station West Farms Square versla Boston Road en empruntant un escalier

    DES ANIMAUXET DES HOMMES

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    mtallique liforme. Des mres passenten tenant la main des botes en polysty-rne contenant du poulet pour leurs enfants,pendant que des camras de surveillancegardent un il sur les fentres protgespar des grilles des Lambert Houses, unensemble dimmeubles de logementssociaux. En face de lentre de service duzoo, on lit dans la vitrine dune picerielinscription Nous acceptons les bons ali-mentaires et les WIC [bons rservs aux mresde famille et aux enfants de foyer faiblesrevenus].

    A lintrieur du zoo, Joe Briller, un jeunequarantenaire trapu et chauve, sapprte recevoir la premire livraison de nourri-ture de la journe. Il a grandi sur WebsterAvenue, dans le sud du Bronx. Joe travaillede nuit lintendance du zoo avec son amiQuincy Banks, un homme doux au visagepoupon et la carrure solide, les cheveuxen brosse, qui ne rechigne pas passer delongues heures nourrir les animaux. Ilexplique que la nuit il est plus sr dtre lintrieur du zoo que dans la rue, avantdajouter, sans acrimonie: Les animauxmangent mieux que nous.

    A 3h21 du matin, un gros camion monteen marche arrire la rampe de livraison,Joe et Quincy emplissent deux grandsconglateurs de morceaux de poulets, de

    viande surgele et de crevettes. Chaqueanimal a son propre rgime. Il y a notam-ment les repas des insectivores que sontles hrissons, les reptiles ou les merlesdAmrique. Joe pse des carottes sur unebalance de la taille dun homme, puismlange des pommes et des oranges dansune caisse destine au Monde de la jungle,selon les instructions inscrites au stylo-bille sur son tableau de livraison.

    Le mardi, la Maison des lphants reoit30kilos de pommes, 20kilos de bananes,25kilos de carottes, 20kilos de patatesdouces et 18kilos de chou. A 5h03, leslivraisons sont nies. La nourriture estrpartie dans des cartons, on y ajoute dessouris vivantes, puis les cartons sont char-gs larrire dune voiturette spcialepour le transport de lourdes charges.

    Premier arrt lenclos des zbres, quihritent des pommes et des oranges. Enlabsence des singes et de leur tumulte,lintrieur de la Maison des singes res-semble aux dioramas couverts de bouedune exposition scientique qui auraitmal tourn. Au menu inscrit sur le tableaunoir devant la cuisine des ours: 25-35pois-sons, 3poulets et, en gras, PAS DE POMMES.Le Monde des oiseaux reoit des myrtilles,des pommes, des assortiments de lgumeset 100gros rats.

    3333 CEST LE NOMBREdespces animales considresteintes ltat sauvage et qui ne viventplus quen captivit dans des zoos

    Photos Gus Powell.

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  • culturel: le zoo comme pays