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N° 1191 du 29 août au 4 septembre 2013 courrierinternational.com Belgique : 3,90 € Russie — Mikhaïl Khodorkovski : “Ma vie au goulag” CHINE — LES ENJEUX DU PROCÈS BO XILAI DANEMARK — L’ÉNERGIE DU FUTUR Syrie Le dilemme d’Obama La récession passe mais la crise va durer en Europe, prévient la presse étrangère Vous avez dit reprise ? noir Belgique 3,90€ - Luxembourg 3,90€ (!4BD64F-eabacj!:N;P

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Courrier International du 29 août 2013 : Vous avez dit reprise ?

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  • N 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013courrierinternational.comBelgique : 3,90

    Russie MikhalKhodorkovski :Ma vieau goulag

    CHINE LES ENJEUXDU PROCS BO XILAIDANEMARK LNERGIE DU FUTUR

    SyrieLe dilemmedObama

    La rcession passe mais la crise va durer en Europe, prvient la presse trangre

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  • Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    DITORIALRIC CHOL

    www.courrierinternational.comTATS-UNIS. Il y a cinquante ans, MartinLuther King prononait son fameux: Jai faitun rve. Aujourdhui, la presse amricainedplore: Sil tait l, il sen prendrait Obama.SYRIE. Le dbat sur une ventuelleintervention militaire vu par les principauxacteurs du conit (Etats-Unis, Russie, pays du Golfe, Iran)ROYAUME-UNI. Boire et reboire Quand les Anglais dfendent le binge drinking.

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook, Twitter, Google+et Pinterest.

    SUR NOTRESITE

    Compter sur ses propresforces

    Le prsident Herbert Hoovervoyait en 1929 la prosprit aucoin de la rue. Grosse boulette,au moment o les Etats-Unissenfonaient dans la GrandeDpression. Franois Hollande a-t-ilpch par excs doptimisme enprdisant ds le mois de juilletlarrive de la reprise? Beaucoup sesont gausss de la boule de cristal dulocataire de lElyse: ils ont eu tort, lire la pluie de rsultats tombs cesdernires semaines. Car ceux-ciconrment bien le retour au vert des indicateurs conomiques dansplusieurs pays dEurope. Mieux, le rapatriement des capitaux desmarchs mergents vers lesconomies dveloppes tmoignedun regain dintrt pour le VieuxMonde. Youpi, lEurope renoue avecla croissance! Pas tout fait quandmme: si nous sommes sortis de la panne sche, nous avons du mal entendre vrombir le moteur de lconomie europenne. Et lesboosters auxiliaires Etats-Unis,marchs mergents accusent, eux,des rats. Lconomie amricaineache bien une longueur davancesur lEurope, tant sortie de la rcession en juin2009. Mais les experts sont formels: la repriseoutre-Atlantique est la plus faibledepuis 1945. Quant lInde, lIndonsie, au Brsil ou la Turquie,ils voient leurs conomies traverserun trou dair, faisant valser leursdevises et dgringoler leur taux decroissance. Dommage pour lEurope,les courroies de transmissionpatinent dans le vide. Elle devra donccompter dabord sur ses propresforces pour sextirper de six annesde marasme. Et redonner un peudespoir ses 26millions de chmeurs.

    En couverture : Dessin de Kopelnitsky, Etats-Unis. Photos Misha Japaridze/AP/SIPAMedia Oce of Douma City/AP/SIPA

    Retrouvez Eric Chol chaque matin 6 h 55,

    dans la chronique O va le monde

    sur 101.1 FM

    la unep.30

    Lclaircie conomique annonce cet t est-elle durable ? Pas sr, analysent El Paset The Guardian. Si la zone euro sembleenn sortir de la rcession, le chmagepersiste. Aux Etats-Unis, les emplois crspar la reprise restent trs prcaires.DESS

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    Sommaire

    p.39 Signaux. La dosefait le poison

    SUR LES SMARTPHONESTlchargez notre nouvelle application et retrouvez toute lactualit internationale!Accdez toutes nos rubriques ainsi qu des contenusmultimdias, cartoons,noticationspersonnalisablesDisponible suriPhone et Android.

    VOUS AVEZ DITREPRISE ?

    P.14

    Syrie Aprs la tragdie, le dilemme amricain

    P.40

    Mikhal KhodorkovskiMa vie au goulag

    360

    A 50ans et aprs dix ansde dtention, lex-oligarque, qui futlhomme le plus riche de Russie, raconte dans une interviewpassionnante lhebdomadaire NovoVremia sa condition de prisonnier et raffirmesa dtermination se battre.

    p.8

    Chine. Ce que rvle le procs de Bo XilaiLe procs de lancienne toile montante du Parti a t exceptionnel, car Bo Xilai a encore des atoutsdans sa manche, et cela, les dirigeants actuels ne peuvent lignorer, explique Hu Ping, rdacteur en chef du magazine dissident Beijing zhi Chun.

    Lutilisation probabledarmes chimiques par le rgime syrien dans un faubourg de Damasoblige Barack Obama riposter. Mais, entre les rticences de lopinionamricaine et le veto russe toute intervention, sa marge est faible.

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  • Agncia Pblica So Paulo, agence. Cicero Berlin, mensuel. Correo Lima, quotidien. The Daily Telegraph Londres, quotidien. Foreign Policy Washington, bimestriel.O Estado de So Paulo Brsil, quotidien. Gazeta.ru (gazeta.ru) Moscou, en ligne. The Guardian Londres, quotidien. Al-Hayat Londres, quotidien. iLisbonne, quotidien.IEEE Spectrum New York, mensuel. The Independent Londres, quotidien. Insider (denikinsider.cz) Prague, en ligne. Moskovski Novosti Moscou, quotidien. Al-Mustaqbal Beyrouth, quotidien. The New York Times New York, quotidien. Novo Vremia Moscou, hebdomadaire. Now. (now.mmedia.me/lb/ar) Beyrouth, en ligne. TheOnline Citizen Singapour, en ligne. Outlook New Delhi, hebdomadaire. El Pas Madrid, quotidien. P.M.History Berlin, mensuel. Polityka Varsovie, hebdomadaire. PblicoLisbonne, quotidien. Al-Shourouk Le Caire, quotidien. The Spectator Londres, hebdomadaire. Der Spiegel Hambourg, hebdomadaire. USAToday McLean, quotidien. TheWall Street Journal New York, quotidien. The Washington Post Etats-Unis, quotidien. Xinmin Zhoukan Shanghai, hebdomadaire. Die Zeit Hambourg, hebdomadaire.Zhongguo Renquan Shuangzhoukan(hrichina.org) New York, en ligne.

    SommaireLes journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sources du monde entier :journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Les titres et lessurtitres accompagnant les articles sont de la rdaction. Voici la liste exhaustive des sources que nous avonsutilises cette semaine :

    Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit ditrice du Monde.Prsident du directoire, directeur de la publication :Antoine Laporte. Directeur de la rdaction, membre du directoire :Eric Chol. Conseil de surveillance : Louis Dreyfus, prsident. Dpt lgal Aot 2013. Commission paritaire n 0712c82101.ISSN n1154-516X Imprim en France/Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel [email protected] Directeur de lardaction Eric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (dlgue 16 27),Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard, Isabelle Lauze (hors-sries, 16 54). Assistante DalilaBounekta (16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud(16 25) Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement Alexandre Scher(16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), Danile Re-non (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse al-manique, 16 22), Gerry Feehily (Royaume-Uni, Irlande, 16 95), Lucie Geroy(Italie, 16 86), Nathalie Kantt (Espagne, Argentine, 16 68), Daniel Ma-tias (Portugal, Brsil, 16 34), Iwona Ostapkowicz (Pologne, 16 74), Ca-roline Marcelin (chef de rubrique, France,17 30), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer (Pays-Bas),Solveig Gram Jensen (Danemark, Norvge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre),Mehmet Koksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude), Agns Jar-fas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), Miro Miceski(Macdoine), Martina Bulakova (Rpublique tchque, Slovaquie), KikaCurovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine), MarielleVitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie), Russie, est de lEuro-pe Laurence Habay (chef de service, 16 36), Alda Engoian (Cauca-se, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine) Amriques Bran-gre Cagnat (chef de service, Amrique du Nord, 16 14), GabrielHassan (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chef de rubrique, Amri-que latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu (chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Christine Chaumeau(Asie du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51), YsanaTakino (Japon, 16 38), Kazuhiko Yatabe (Japon), Zhang Zhulin (Chine,17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores) Mo-yen-Orient Marc Saghi (chef de service, 16 69), Ghazal Golshiri (Iran),Pascal Fenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Van-rie (Turquie) AfriqueOusmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), HodaSaliby (chef de rubrique Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie),Sophie Bouillon (Afrique du Sud). Transversales Pascale Boyen (chefdes informations, Economie, 16 47), Catherine Guichard (Economie,16 04),Anh Ho Truong (chef de rubrique Sciences et Innovation, 16 40),Gerry Feehily (Mdias, 16 95), Virginie Lepetit (Signaux)Magazine 360Marie Bloeil (chef des informations, 17 32), Virginie Lepetit (chef derubrique Tendances, 16 12), Claire Maupas (chef de rubrique Insoli-tes 16 60), Raymond Clarinard (Histoire), Catherine Guichard. Ils etelles ont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, responsabledu web, 17 33), Carolin Lohrenz (chef ddition, 19 77), Carole Lyon(rdactrice multimdia, 17 36), Paul Grisot (rdacteur multimdia,17 48), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Patricia Fernndez Perez(marketing), Agence Cour rier Sabine Grandadam (chef de service,16 97) Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint),Natalie Amargier (russe), Isabelle Boudon (anglais, allemand),Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois),Julie Marcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais),Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais),Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol(anglais,espagnol), Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol),Leslie Talaga (anglais, espagnol) RvisionJean-Luc Majouret (chef deservice, 16 42), Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, Philippe Planche, Emmanuel Tronquart (siteInternet) Photo graphies, illustrations Pascal Philippe (chef deservice, 16 41), Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53) Maquette Bernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller,Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, Cline Merrien(colorisation) Cartographie Thierry Gauth (16 70) InfographieCatherine Doutey (16 66) Calligraphie Hlne Ho (Chine), AbdollahKiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon) Informatique Denis Scudeller (16 84)Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (direc trice adjointe), Sarah Trhin (responsable defabrication). Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

    Ont particip ce numro Julia Baruchel, Gilles Berton, Jean-Baptiste Bor, Valrie Brunissen, Isabelle Bryskier, La Cuisinier,Marielle Defrance, Chlo Emmanouilidis, Violette Giang, HuangHang, Mira Kamdar, Antonin Lambert, Louise Laporte, Jean-Baptiste Luciani, Nidhal Mahmoud, Aurlia Miles, CamiloMoreno, Valentine Morizot, Maria Nogueira, Yvan Pandel,Corentin Pennarguear, Mlody Piu, Hlne Rousselot,Pieranglique Schouler, Leslie Talaga, Marine Zambrano

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes Natacha Scheu-bel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan. GestionBndicte Menault-Lenne (responsable, 16 13). Comptabilit01 48 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numroResponsable publications :Brigitte Billiard. Directiondes ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons(0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diusion inter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). PromotionChristiane Montillet. MarketingSophie Gerbaud (directrice, 16 18), Vronique Lallemand (16 91), Lu-cie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89).

    GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droitfranais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Pierre Gilissen

    + 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin [email protected] + 32 2 211 29 54Services [email protected] + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70

    Toutes nos sources Chaque fois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdiasur notre site courrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    7 jours dans le monde4. Etats-Unis. Sil vivait encore, Martin Luther-King critiquerait Obama

    6. Portrait. Maria Joel Dias da Costa : La Mre Courage du Par7. Controverse. Interpeller DavidMiranda, ctait justi ?

    Dun continent lautreASIE8. Chine. A trop remuer la poussiremaoste11. Inde. New Delhi sassoit sur le droitdasile12. Des animaux et des hommes 8/8.Moi, chien de luxe, mon kimono et mon spa

    MOYEN-ORIENT14. Syrie. Obama : lheure des choix 16. Liban. Terrorisme : Isral, le coupable idal17. Egypte. Une arme criminelle et ses complices

    AFRIQUE18. Sahara-Occidental. Les femmes la pointe du combat

    AMRIQUES 20. Etats-Unis. Big Brother : lesAmricains contre-attaquent

    21. Argentine. Les sacs noirs desKirchner

    EUROPE22. Allemagne. La xnophobie ne faitplus recette23. Rpublique tchque. Tensionsavant les lections24. Portugal. Le mirandais, une languesans voixFRANCE25. Tourisme. Paris nest plus une fte25. Scurit. Le mauvais plan Vigipirate

    BELGIQUE26. Flandre. Ladieu la fermette

    A la une30. Vous avez dit reprise ?

    Transversales36. Ecologie. Le rseau lectrique le plus intelligent au monde37. Sciences et innovation.Kazakhstan : une montagne de plutonium limine en secret38. Mdias. Du journalisme au ras du bitume39. Signaux. La dose fait le poison

    36040. Grandeur et dcadence 8/8.Mikhal Khodorkovski, un oligarque au goulag44. Plein cran. Ilo, Ilo, une enfance Singapour45. Tendances. Laisser ler la petite reine 47. Culture. Les potes arabes ne fontplus le printemps48. Histoire. 1913, le dernier t depaix

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013 3

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    85 145 165

    1 dcembre 2013.

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  • ANS, cest le tempsquil faudra avant que Bradley Manningcondamn le 21aot trente-cinq ans de prisonpour avoir transmis WikiLeaks des centaines de milliers de documents classssecrets ne puisse obtenir unelibert conditionnelle, souligneUSA Today. Comme beaucoup de grands titres amricains, le quotidien juge que la sentence,en tenant compte de la peineminimale, nest pasdisproportionne. Le Los AngelesTimes y voit un quilibreraisonnable entre le tort qua caus Manning la scuritnationale et le service quil arendu en exposant certains faits lattention gnrale. Seul The New York Times condamnefortement le verdict.

    Un gant fragilis

    CONOMIE Comment lInde sestdgone, titre The Economist, quiconsacre un long article la crisequi secoue le pays. Il ache certesune croissance annuelle de 5%,mais qui fait ple gure aprs desannes de croissance deux chires.Les citoyens ressentent durementlination; lessence est devenuetrs chre, de mme que les oignons,produit de rfrence comme lepain en France. Les conomistesattribuent cette crise un contextemondial dfavorable, mais aussi labsence de rformes, la cor-ruption et une certaine paralysiepolitique, moins dun an des lec-tions lgislatives. Heureusement,certains ont choisi den rire. Le quo-tidien Livemint recense ainsi uncertain nombre de blagues qui cir-culent sur Twitter, dont celle-ci:Si Newton tait vivant, il utiliseraitla roupie pour dmontrer la gravit:elle chute plus vite quune pomme.

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    USA Today McLean (Virginie)

    J ai grandi dans un lotissement demobile homes au n fond de lIndianaet jtais peine adolescent lorsquejai commenc participer aux concours rgio-naux dart oratoire. Je dclamais les clbresdiscours de Martin Luther King. Son espritvenait souer dans mon me, les rythmesde sa passion rhtorique taient pour moiplus quhypnotiques. Au lyce, le discours quima permis de remporter le plus de rcom-penses est celui dont nous ftons le 50e anni-versaire le 28aot: Je fais un rve. Cest lunedes harangues les plus clbres du XXe sicle.

    Mais les commmorations et les clbra-tions sont des aaires dlicates. Dans lebrouillard de lhistoire, les ralits sociales etpolitiques sont reconstruites pour cadrer aveclair du temps. Il ny en a pas de meilleurexemple que les manifestations en lhonneurde la Marche sur Washington [de1963].

    Si Martin Luther King, emblme du mou-vement pour les droits civiques, vivait aujour-dhui, se pourrait-il quil ne soit mme pasinvit? Refuserait-on de lui accorder la paroleen2013 pour la mme raison qui avait poussle prsident John F.Kennedy ne pas parti-ciper la Marche en1963: le risque lev dunretour de manivelle politique? Kennedy avaitchoisi de regarder la Marche la tlvision,dans la scurit de la Maison-Blanche.

    Par une fascinante double ironie du sort,ce qui permet au prsident Obama de prendrepart si aisment au cinquantenaire du dis-cours est que Martin Luther King est unmartyr mort. Sinon, comme Kennedy, ilaurait peut-tre lui aussi t enlis dans undilemme dicile sur lopportunit de par-tager la scne avec un homme qui auraitcertainement clam des vrits dsagrableset embarrassantes.

    Pour le dire plus simplement, Kennedy nyest pas all parce que Martin Luther King ytait. Obama peut y aller parce que MartinLuther King ny sera pas.

    Lhistoire nous apprend que, si le vritableesprit de Martin Luther King sinvitait lafte, il se manifesterait hardiment. Tout commeil a condamn lutilisation du napalm pen-dant la guerre du Vietnam, il condamneraitcertainement lutilisation de drones danslassassinat de civils innocents des femmeset des enfants, pour la plupart.

    Lorsque Martin Luther King a commenc critiquer la guerre dans le Sud-Est asia-tique, le prsident Lyndon B.Johnson aannul linvitation quil lui avait lance devenir la Maison-Blanche. Le Prix Nobelde la paix est devenu persona non grata. Maisle prdicateur a continu prcher, dnon-ant les agressions amricaines ltrangeret la ngligence amricaine en Amrique.Et il a consacr les cinq dernires annes

    de sa vie non au sort pnible des classesmoyennes, mais celui des pauvres.

    Dans les annes qui ont suivi la Marche, lacote de popularit de Martin Luther King sesteondre. Mais il a continu se battre. Il admnag Chicago pour organiser sa Cam-pagne des pauvres. Et, bien entendu, les cir-constances de son assassinat sont jamaislies son dernier combat: la dignit desboueurs de Memphis.

    Penser que, pour le 50e anniversaire de laMarche, Martin Luther King ne parlerait pasde guerre, de pauvret, de faim, du droit devote et des attaques contre la classe labo-rieuse amricaine de toute logique.

    Cest Detroit, le 23juin 1963, que MartinLuther King a prononc pour la premire foisson clbre Je fais un rve. Et cest aujour-dhui Detroit que la faillite de la ville menacede priver les employs municipaux de leursretraites. On connat galement les strat-gies antisyndicales ourdies par des politiquestels que le gouverneur rpublicain Scott Walkerdans le Wisconsin et le maire dmocrate deChicago, Rahm Emanuel. Peut-on imaginerla raction des mdias sociaux aux observa-tions incontestables mais politiquement incor-rectes de Martin Luther King?

    Avec mes concitoyens, je fterai le 28aot1963 comme le jour de la plus grande mani-festation pour lemploi et pour la libert delhistoire de notre pays. Moi aussi, jexprime-rai ma gratitude pour la vie et le legs de lhommeque je considre comme le plus grand Am-ricain que nous ayons produit. Mais quel MartinLuther King voquerons-nous? Le rveur, oule chef des tambours de la justice?

    Pour moi, le vrai sens du message de Kingest lamentablement bafou. Peut-tre parcequil ne rentre pas nettement dans une phrasechoc de douze secondes ni un tweet de140caractres quoi que: Justice pour tous,service du prochain et amour librateur.

    Tavis Smiley*Publi le 15aot

    * Chroniqueur et animateur dmissions de dbat la tlvision et la radio.

    TATS-UNIS

    Sil vivait encore, Martin Luther King critiquerait ObamaLhomme qui faisait un rve fustigerait aujourdhui lusage des drones et se battrait pour les pauvres.Au point quil ne serait certainement pas invit au cinquantenaire de la Marche pour les droits civiques,clbr le 28 aot en prsence du prsident amricain.

    7 jours dansle monde.

    USA TODAYQuotidien, Etats-Unis1674300 ex.Cest le seul quotidien national du pays, avec TheWall Street Journal. Surnomm le CNN de la pressecrite, ce titre populaire lanc en1982 nen ore pasmoins des articles de qualit, parfois en avance surles grands journaux.

    SOURCE

    Dessin dAguila paru dans La Vanguardia,

    Barcelone. 77

    ARCA

    DIO/

    SAN

    JO

    S

    4.

  • Les ingalitsnourrissentles grvesAFRIQUE DU SUD Les chanes deproduction automobile du payssont larrt depuis le 19aot. Les30000ouvriers du secteur ont trejoints le26 par les employs deSouth African Airways et du sec-teur de la construction, qui rcla-ment tous une hausse de salairesuprieure au taux dination. Quantaux mines dor et aux industriestextiles (50000employs), ellesont pos un ultimatum qui expirece 30aot. Les syndicats de ces sec-teurs veulent donner du temps auxpatrons pour ngocier, titre Busi-ness Day. Pourtant, le quotidien

    conomique, gnralement lib-ral, rappelle que, dans le secteurdes mines dor, les dirences sala-riales ont atteint des sommets : Alorsque nos entreprises plaident la pau-vret et une baisse de la production,leurs dirigeants ont t grassementrcompenss. [] Diminuer les primeset les bonus pour les dirigeants seraitun premier pas pour tmoigner deleur solidarit avec les employs.

    Bagdad, une capitale en morceauxIRAK Il faut passer des heuresdevant les points de contrle avant depouvoir entrer dans son quartier,dplore le quotidien irakien Al-Alamen expliquant que les habitants dela capitale ne peuvent plus pn-trer dans un quartier sans montrerleur carte de rsidents. De nouveauxattentats ayant fait encore 48mortsle 25aot, et les renseignementscraignant des dizaines de nouveauxattentats imminents, les mesuresscuritaires Bagdad sont de plusen plus draconiennes. Selon le jour-nal, elles acclrent le morcelle-ment de la capitale sur des basesconfessionnelles.

    7 JOURS.7 JOURS.Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    Comts o lon parlecouramment dautreslangues que langlais* :

    espagnollangues amrindiennesallemandfranaislangues malayo-polynsiennesautres**

    * 10 % au moins de la population parle en famille une autre langue que l'anglais.** Chinois, portugais ou crole portugais, hindi, hmong, autres langues indo-europennes dont le russe. SO

    URCE

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    NPO

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    . CEN

    SUS

    BURE

    AU

    ALASKA HAWAII

    Dans plus dun quartdes quelque3000 comts desEtats-Unis, on parleespagnol, allemand,franais ou unelangue amrindienneen tout cas, un autre idiome que langlais dans au moins un foyer sur dix. Cest autour de La Nouvelle-Orlanset dans certainscomts du Nord-Est, prs du Qubec, que le franais est utilis de faonsignicative. Pourtenter de sduire les hispanophones,qui ont vot plus de 70% pour Obama la dernireprsidentielle, lesrpublicains ont lanc de vastes oprationsde communicationvis--vis de llectoratlatino, prcise TheWashington Post.

    LAmrique multilingueDE LA SEMAINELA CARTE

    Un journaliste tranger commente lactualitfranaise

    CHARLES BREMNER, correspondant du quotidien britannique The Times chargde lEurope, sur la rforme des retraites.

    Legouvernementagit troptimidement

    La rforme des retraites qui se dessine en France

    vous semble-t-elle aller dans le bon sens?Oui, dans la mesure o ellereconnat que le systme

    de retraite franais est insuf-samment nanc et que si

    rien nest fait le dcit va atteindre unseuil critique. Tout le problme vient dufait que le gouvernement agit timidementet na pas le courage dexpliquer la ralitdes faits aux citoyens. Les cotisationspatronales et salariales doivent tre ver-ses sur un plus grand nombre dannes,et lge de la retraite doit tre repouss.Lautre solution apparemment adoptepar le gouvernement accrotre les chargesdes employeurs et des contribuables neva qualourdir le fardeau dune socitdj pressure dimpts. La France bn-ficie de lun des systmes de retraite lesplus anciens et les plus gnreux du monde.La rforme Sarkozy, relevant lge de laretraite 62 ans, tait trs modeste parrapport ce que font dautres pays. Onvoit mal comment la France pourra chap-per aux lois conomiques qui sappliquentpartout dans le monde.

    La mthode choisie par le Premierministre concertation et consensus est-elle vos yeux la bonne?La concertation est un processus fortlouable mais, tant donn lintransigeancedes syndicats, il est peu probable quelleaboutisse un consensus fructueux. Legouvernement va donc devoir trancher.Toutefois, il ny a gure de chances quelquipe Ayrault entre en conit avec lessyndicats. Il en rsultera sans doute unerforme modre, qui ne sattaquera pasaux faiblesses structurelles du systme deretraite. Cette rforme saccompagnerade nouveaux impts, qui nuiront encoredavantage au pouvoir dachat et la crois-sance conomique.

    La CGT et FO ont dj appel manifesterle 10septembre contre cette rforme.Cela vous semble-t-il justi?Ces deux syndicats sont dans leur rlequand ils dfendent ce quils estiment treleur territoire. Ce sont des syndicats scl-ross, intransigeants, dun autre ge, quine se sont pas adapts lconomie moderne,comme la partiellement fait la CFDT. Jemattends ce quils continuent jouer unrle dobstruction, ne serait-ce que parcequils sont en concurrence lun avec lautrepour la dlit de leurs adhrents.

    DE NOUS

    DR

    ILS PARLENT

    DEMANDEURS DASILE ont t recenss par le ministre allemand de lIntrieur au premiersemestre2013. Soit prs du double (+90%) par rapport la mme priode en2012. En juillet, la tendance la hausse sest conrme, relate le magazine Focus,puisque leur nombre a fait un bond de 13,2% par rapport juin et un bond de 112% par rapport juillet2012. Bien quon enregistre un lger recul chezles demandeurs dasile venant de Russie, ils restent les plus nombreux (1588 sur 9516 en juillet). Craignantquil sy mle des islamistes radicaux tchtchnes lisau terrorisme international, les autorits allemandesentendent acclrer les procdures en renforant leseectifs de lOce pour les migrations (voir aussi p.22).

    Berlin le 20 aot, lors dune manifestation contre lextrme droite. John MacDougall/AFP

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  • 7 JOURS

    IRONIQUEAprs tout, Obama fait biendu Bush, pourquoi Hollandene ferait-il pas du Sarkozy?Le prsident de lInstitut russe duProche-Orient, EvgueniSatanovski,est surpris de voir le prsidentfranais, si placide, voire mou,imiter son prdcesseur en se prononant pour une intervention en Syrie.(Odnako, Moscou)

    MIRACULToutes les conneriespossibles et imaginables, je les ai faites. A 72ans, le chanteur et guitariste amricainDavidCrosby stonne dtre

    toujours vivant en ayant eu du diabte, une hpatiteCet aprs avoir subi unegree de foie sans parlerde son alcoolisme et de

    sa toxicomanie, quil a combattus. Il travaille

    actuellement sur un nouvel album.(Rolling Stone, New York)

    OPTIMISTESi les scientiques sont en mesure de cloner les mammouths, alors JohnLennon pourraittre le prochain sur la liste.DanielZuk, dentiste et grand fandes Beatles, veut crer un clone de lartiste partir de lADN que lon pourrait extraire de la dent du chanteur quil a achete en 2011au ls de lancienne gouvernante de Lennon.

    JUSQUAU-BOUTISTESi quelquun rve de faire de la Syrie une marionnette de lOccident, cest perdudavance. Selon le dictateursyrien BacharEl-Assad,les accusations occidentalesconcernant lutilisation darmeschimiques par son rgime ne sont que des insultes.(Izvestia, Moscou)

    CHANGJe ne suis pas en faveur dune dpnalisation ducannabis. Je suis pour salgalisation. Le leader libralcanadien JustinTrudeau,ls de lancien Premier ministrePierreElliot, a pourtant vot, en 2009, en faveur des peinesminimales incompressibles pour possession de marijuana.

    Il a avou avoir fumcinq ou six fois.

    Ce ntait pasune erreur,persiste-t-il.(TheHungton

    Post,New York)

    ILS/ELLESONT DIT

    AFP

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    Maria Joel Dias da CostaLa Mre Courage du Par

    Veuve dun dirigeant syndical assassin par des grands propritaires, cettequinquagnaire se bat sans relche pour larforme agraire dans lEtat du Par, au Brsil.

    ILS FONTLACTUALIT

    Agncia Pblica (extraits) So Paulo

    Chemise largement ouverteet pistolet la ceinture,lhomme qui ouvre le por-tail est lun de ceux qui veillentvingt-quatre heures sur vingt-quatre sur celle qui vit l. Cestlun des gardes du corps de MariaJoel Dias da Costa. A Rondon doPar, dans le sud-est de lEtat duPar, quasiment tout le mondeconnat lhistoire de cette femme,veuve du syndicaliste Jos Dutrada Costa, dit Dezinho, assas-sin Rondon le 21novembre2000 sur ordre selon les rsul-tats de lenqute policire despropritaires terriens Jos DcioBarroso Nunes et Lourival deSousa Costa. Dezinho tait le pr-sident du Syndicat des travailleursruraux de Rondon et se battaitpour la rgularisation des terresoccupes des grandes propritsrurales au titre de la rformeagraire. Depuis, cest Maria Joelqui assume la direction du syndi-cat. Ceux qui ont tu Dezinhomenacent prsent cette petitefemme la voix douce et calme.

    Maria Joel et Dezinho taientarrivs Rondon en 1984, avec unelle de 2 ans et un bb de 15 jours,en provenance de lEtat duMaranho, une trajectoire typiquedes migrants attirs par les pro-messes de travail et de terres abon-dantes dans le Par. Mais ce ntaitpas la Terre promise Il ny avaitpas de terre pour tout lemonde et lagriculture taitdicile dans la rgion,dautant que les migrantscontinuaient dauer. Si, cette poque, le dboi-sement tait une priorit Rondon, nombre de tra-vailleurs ntaient paspays. Ceux qui osaient servolter risquaient la mort.Aprs avoir travaill pendanttrois ans dans des menuiseries,Dezinho se lana dans lagri-culture sur un terrain cdpar un voisin. Il sestalors rapproch du Partides travailleurs [long-temps dans lopposition,au pouvoir depuis 2003]et sest engag dans la lutte

    fut condamn en 2006 vingt-neufans de rclusion. Pourtant, le18dcembre 2007, le juge dex-cution des peines de Belm lau-torisa passer la n danne enfamille; on ne la plus jamais revu.Jos Dcio Barroso Nunes est quant lui toujours libre; aucune datena t xe pour un ventuelprocs.

    Protection permanente. MariaJoel, elle, na pas eu peur et a reprisla lutte la tte du syndicat, deuxans aprs lassassinat de son mari.Les menaces nont pas tard. Ilsme disaient de partir. Jai dcid derester et de lutter pour la justice,dit-elle. Parfois, elle voyait unhomme larrt dans sa rue entrain de lobserver. Par deux fois,un tueur a pntr dans les locauxdu syndicat, mais la prsence denombreux camarades a vit lepire. Tout cela parce que, lins-tar de son mari, Maria Joel sestmise dnoncer lasservissementpar la dette dans les proprits dela rgion, entranant le paiementdamendes par certains grandspropritaires. Le Programme fd-ral de protection des dfenseursdes droits de lhomme assure Maria Joel une protection per-manente de la part de lEtat br-silien. Deux agents prennent soinde sa scurit vingt-quatre heuressur vingt-quatre. Elle sest habi-tue cette captivit de fait.LOrganisation des Etats amri-cains a reconnu quil existait despreuves des manuvres dolosivesde ladministration de lEtat duPar visant empcher la mani-festation de la culpabilit des com-manditaires du crime [le nombrede victimes de conits agrairesreste important au Brsil : entre2000 et2012, 458militants ontt tus, des crimes qui restent leplus souvent impunis]. Maria Joela encore foi en la justice. Elle agalement vu que le chemin tracpar son mari et aujourdhui parelle a port ses fruits. Sa lle anevient dtre lue conseillre muni-cipale. Je suis encore debout. Jai50 ans et ils ne me feront pas plier.Jamais, assure-t-elle de sa voixdouce.

    Ismael MachadoPubli le 8juillet

    Maria Joel Dias da Costa.Dessin dAntnio, Portugal, pour Courrierinternational.

    pour la rforme agraire, se sou-vient Maria Joel. En 1993, il devintprsident du syndicat et t pres-sion sur les autorits pour quelleslgalisent loccupation des terresproductives non cultives. Cest partir de l que les problmes ontcommenc, souligne Maria Joel.Dezinho, qui avait dj chapp trois embuscades, tait constam-ment sous la protection de cama-rades du syndicat. Sept ans plustard, la tension tait telle quil sloi-gna quelques mois de Rondon.Quand il revint, il reprit les rnesdu syndicat et fut lu conseillermunicipal. Cest alors quil reutun coup de l lui annonant quilne passerait pas Nol en famille.Quinze jours plus tard, la menacefut mise excution. Pris en a-grant dlit, Wellington de JesusSilva, le tueur, avoua quil avait reu2000reais pour assassiner Dezinho.Lenqute identia le commandi-taire: Jos Dcio Barroso Nunes,grand propritaire terrien. Le tueur

    DR

    6.

  • 7 JOURS.

    Il travaille une entreprisede sabotageThe Spectator Londres

    Linterpellation [le 18aot] de DavidMiranda, le compagnon brsilien dujournaliste du Guardian Glenn Green -wald, en application de la loi antiterroristentait peut-tre pas une initiative trs avise,mais la vague de protestations quelle a sus-cite est ridicule.

    A commencer par larmation selonlaquelle il aurait t arrt en raison de sesliens avec Greenwald. Cest faux. Ce dernieravait lui-mme dclar devant des journa-listes que son compagnon lassistait dansson travail. En loccurrence, il laidait publierla quantit massive dinformations classi-es qui lui avaient t communiques parEdwardSnowden, aujourdhui rfugi Moscou. Lors de son arrestation, DavidMiranda tait en transit Londres, aprs unvoyage nanc par le Guardian, et il tait,semble-t-il, en possession de documentsfournis par Snowden. Les protestations selonlesquelles cette msaventure pourrait arri-ver tout le monde supposent que chacunde nous utilise son partenaire comme mulepour mener une entreprise de sabotage contreun Etat dans lequel il compte se rendre.

    Lide que nous devrions jouir du droit dedrober et de publier des quantits massivesdinformations condentielles au risque desaper la capacit de collecte de renseigne-ments du Royaume-Uni et de nos allis, etdonc leur scurit, semble devenue une sortede lieu commun. Non contents de revendi-quer ce droit, nous refusons de faire lobjetde poursuites de la part des pays viss. Peut-tre ce bel ensemble de prtentions sera-t-il un jour connu sous le nom de droitsMiranda? [Clin dil aux droits Mirandaamricains, selon lesquels tout individu arrtdoit se voir signifier son droit garder lesilence et bncier dun avocat.]

    A linstar de JulianAssange, EdwardSnowden, GlennGreenwald et consortsappartiennent cette catgorie de gens quise croient investis du droit de savoir. Ils pen-sent connatre mieux que nimporte quelservice de scurit ce qui doit et ne doit pas

    tomber dans le domaine public, ainsi que lemeilleur systme de surveillance dun pays.Or ils nont ni ce privilge ni cette mission.Aucun de ces nouveaux dfenseurs de lalibert de linformation nest un journa-liste ddi cette noble cause ou une autre.Ce sont de simples saboteurs dont les pr-occupations antioccidentales sont de plusen plus claires. Il est faux de dire quils nese soucient pas des problmes quils posentaux services de renseignements. Ils sensoucient, cest mme l leur but!

    La raction de Glenn Greenwald aprslarrestation de son compagnon sut leprouver : A partir de maintenant, je vais treencore plus radical dans mes reportages. Je vaispublier bien plus de documents. Je vais gale-ment en publier sur lAngleterre. Jai beaucoupde documents sur le systme despionnage bri-tannique. Je pense quils vont regretter ce quilsont fait. Est-ce la raction dun journalisteou celle dun saboteur?

    Douglas MurrayPubli le 20aot

    vie, en1974, pour desattentats commispar lIRA, ces quatre personnes ont passplus de quinze ans en prison avant que leurcondamnation soit annule]). En 2009, lacampagne Je suis photographe, pas ter-roriste a mis en lumire le traitement rservpar la police aux amateurs et aux profes-sionnels prenant des photos de toute mani-festation ou lieu touristique comme lepalais de Buckingham. Le paragraphe44du Terrorism Act largissant les pouvoirsdinterpellation et de fouille des policierspermettait ceux-ci de les interroger, de lesmalmener et de les placer en dtention.

    Oui, nous devons condamner la cons-cation par la police du tlphone portable,de lordinateur, et des cls USB de DavidMiranda. Mais do la police tient-elle lideque nos moyens de communication per-sonnels sont dsormais suspects?

    Il est peut-tre comprhensible que lapolice britannique ait dsormais lhabitudede cibler les journalistes et leurs associs.Qui a besoin du prtexte de lois antiterro-ristes quand, aprs la Leveson Inquiry [enqutepublique sur les pratiques et lthique de lapresse britannique ], les policiers ont encoretrois enqutes en cours sur les milieux de lapresse, lesquelles ont conduit larrestationde 59journalistes? Aucun na encore tcondamn, bon nombre ont t librs souscaution et tous ont subi plusieurs heuresdinterrogatoire. La dirence, cest que leursort na mu aucun confrre militant commeGreenwald parce quils reprsentent lesmauvais journalistes. Certes, la situation estscandaleuse si Miranda ignorait tout desinvestigations de son partenaire, mais quenest-il des familles de ces journalistes du Sunarrts dans des raids policiers au petit matin?

    Greenwald et ses proches ne devraient pasprendre de faon personnelle les vnementsrcents. Pas besoin dtre un journalistehroque en campagne pour tre pris pourcible par des policiers un peu trop zls. Celaarrive beaucoup dentre nous. Nous devonsdavantage nous indigner des violations quo-tidiennement commises par la police contreles liberts de citoyens moins hroques, ycompris ceux que nous mprisons. Faute dequoi nous ne pourrons pas mettre un terme lutilisation abusive de lois antiterroristeset de tous ces textes de plus en plus souventemploys de manire disproportionne.

    Claire Fox*Publi le 19aot

    * Directrice de lInsitute of Ideas, qui promeut le dbatsur des sujets politiques, culturels et sociaux.

    Interpeller David Miranda, ctait justi ?CONTROVERSE

    OUI

    NON

    Le compagnon de Glenn Greenwald lhomme qui a publi les informations dEdward Snowden sur les pratiques despionnagegnralis de la NSA a t retenu laroport londonien dHeathrow en vertu de la loi antiterroriste.

    Il na aucun lien visible avecdes terroristesThe Independent Londres

    J e naime pas particulirement le stylede journalisme de Glenn Greenwald.Je napprouve pas sa vedettisationdes lanceurs dalerte comme Edward Snowdenet son martyre autoproclam de vaillantjournaliste investi dune mission. Je meme galement de son got pour la conspi-ration et de sa tendance prsumer du pire.Au lendemain de la dtention de son com-pagnon, DavidMiranda, jai toutefois peu dechances de faire entendre mon opinionpuisque Greenwald aurait raison de me ren-voyer au visage ce fameux clich qui veutque ce nest pas parce que vous tes para-noaque quils nen ont pas aprs vous.

    Il est vritablement scandaleux que lesforces de police britanniques se sentent ledroit dutiliser le Terrorism Act pour placeren dtention le proche dun journaliste contes-tataire et le soumettre neufheures din-terrogatoire alors quil ne prsente aucunlien visible avec des terroristes. Toutefois,aussi indigns que nous soyons, nous devrionsun peu moins feindre la surprise.

    Le recours abusif aux lois antiterroristesdans des buts de harclement et dintimi-dation est une longue tradition (demandezdonc aux familles des quatre de Guildford[accuss et condamns tort la prison

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    Au Royaume-Uni, larticle7 du Terrorist Act, vot en 2000, donneaux autorits la possibilit darrter, de fouiller et de dtenir nimporte quelvoyageur pour une dure maximale de neufheures, an de dterminer silsagit dun terroriste. Cest au nom de cetarticle7 que DavidMiranda a t interpellle 18aot. Des disques durs, son ordinateuret son tlphone ont t saisis. Cetteinterpellation a suscit une vague deprotestations. The Guardian, en premireligne dans cette aaire (cest lui qui a publi les informations de Snowden),dnonce le dtournement dune mesureantiterroriste pour faire pression sur des journalistes. Dans un article du 19aotlargement repris et comment, son rdacteur en chef, AlanRusbridger,dnonce le danger auquel font face, selon lui, tous les journalistes et racontecomment son journal a t contraint(sous peine de voir son matriel saisi)de dtruire physiquement, devant des reprsentants du gouvernement, les disques durs contenant les informations livres par Snowden.Nous continuerons faire notre patienttravail denqute sur les documents de Snowden, mais nous le ferons ailleursqu Londres, arme Rusbridger.

    Contexte

    Vu dailleurs Lactualit franaise vue de ltranger chaque semaine avecavec Christophe Moulin et Eric Chol

    En direct vendredi 17 h 10, samedi 21 h 10, et dimanche 14 h 10 et 17 h 10.

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  • dun Britannique par sa femme alors quiltait sur le point daccder au sommet dupouvoir].

    Des gens comme Xi Jinping ou Hu Jintaosavent pertinemment que, pour rgler lesort de Bo Xilai, ils devaient au pralableobtenir laccord des autres oligarques, oudu moins faire en sorte que les dcisionsprises soient acceptables par ces derniers.Autrement dit, il leur fallait arrondir lesangles, do la ncessit pour eux de donner ce procs une apparence relativementtransparente et juste.

    Un cas part. De ce fait, les relativestransparence et quit de ce procs nepeuvent que constituer un cas part, sanspossibilit dtre gnralis ni rig enmodle. Il sut pour sen convaincre devoir comment, au mme moment, lopa-cit et liniquit continuent tre de misedans le traitement dautres aaires par lesautorits [plus de 25 militants du mouve-ment citoyen ont t arrts depuis juillet,ainsi quun journaliste ayant dnonc uneaaire de corruption, dtenu en pleinprocs Bo Xilai]!

    Devant la cour, Bo Xilai a jur quil navaitpas commis les actes de corruption dont iltait accus. Son discours est apparu trsplausible, et mme brillant lors de sa confron-tation avec Xu Ming [homme daaires deslargesses duquel, selon laccusation, il auraitbnci]. Aussi Bo est-il sorti vainqueurdes plaidoiries aux yeux de beaucoup. Maisje ne suis pas de cet avis: pour moi, la dfensede Bo Xilai na pas t gagnante.

    Il a reconnu que sa femme, Gu Kailai, etson ls, Bo Guagua, avaient bnci deslargesses de Xu Ming, mais a persist ar-mer quil ntait au courant de rien.

    Avant louverture de laudience, le bruitcourait que les autorits avaient fait pres-sion sur Bo Xilai et lavait forc plaidercoupable sous peine de compromettre lascurit de son ls [tudiant aux Etats-Unis]. En eet, si Bo Xilai avouait strelaiss corrompre, il risquait dtre condamnmais son ls Bo Guagua sortirait indemnede cette aaire. En revanche, si Bo Xilairefusait de reconnatre avoir touch despots-de-vin, Bo Guagua se retrouverait sus-pect de trac dinuence pour toucherdes pots-de-vin. Il aurait donc accept lepremier scnario pour protger son ls,mais aujourdhui, en se rtractant, il metBo Guagua en fcheuse posture.

    Je pense que de toute faon la cour nac-cordera aucun crdit aux dernires dclara-tions de Bo Xilai et nira par le condamnerpour corruption, dautant plus que le tmoi-gnage de Gu Kailai contredit larmation deson mari quand il prtend ne rien savoir deslargesses de Xu Ming au prot de sa famille.

    Pourquoi Bo Xilai na-t-il donc pas avouavoir accept des pots-de-vin, comme prvudans le scnario original? Peut-tre un deses buts tait-il dgratigner au passagedautres dirigeants. Car, parmi tous lesenfants de hauts fonctionnaires partis tu-

    Moyen-Orient ....14Afrique .........Amriques .......20Europe ..........22

    duncontinent lautre.asie

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    Lauteur

    Hu Ping est le rdacteuren chef du magazinedissident Beijing zhi Chun(Printemps de Pkin), dit New York. Hu Ping faitpartie de la gnration du premier mouvement qui a port ce nom, en 1979.N en 1947, il tait tudianten philosophie luniversitde Pkin lorsquil y pris partet crivit un texte sur la libert dexpression trs remarqu. Emigr auxEtats-Unis depuis 1987, il najamais pu rentrer en Chine,mais reste lun des meilleursanalystes de lactualitpolitique chinoise.

    Chine. Un procs

    faussementquitable

    FOCUS

    Zhongguo RenquanShuangzhoukan (extraits) New York

    Lors du procs de [lancien chef duParti de la ville de Chongqing] BoXilai, le tribunal de Jinan a diusen direct le compte rendu des audiencessur un microblog. La dfense, y comprislaccus Bo Xilai lui-mme, a eu pleine-ment loccasion de sexprimer. Dans laforme, la transparence et lquit semblentdonc avoir t de mise dans la procdure.

    Beaucoup de gens croient quil sagit ldun progrs majeur en matire dEtat dedroit [la publicit des dbats est quasimentinconnue en Chine], et ils se mettent parconsquent regarder le prsident Xi Jinpingdun autre il. Dautres estiment pluttque les autorits ont fait preuve dun excsde conance: elles pensaient que Bo Xilaise montrerait coopratif et quil ny avaitrien perdre se montrer magnanime. Ilstaient loin de simaginer que Bo Xilai nerespecterait pas le scnario en rtractantses aveux en pleine audience! Laccus apris les autorits au dpourvu, lesquellesse sont ridiculises en voulant jouer auplus n. Enn, dautres observateurs pen-sent que Xi Jinping a volontairement lchla bonde an de prserver discrtementBo Xilai et de porter prjudice [ses pr-dcesseurs] Hu Jintao et Wen Jiabao.

    Je ne suis daccord avec aucun de ces dif-frents points de vue. Selon moi, si ce procsa t relativement ouvert et quitable, cestseulement parce que laccus nest autreque Bo Xilai.

    Lan dernier, quand laaire a clat,javais dj arm que les autorits nose-raient pas traner dans la boue sans aucuneprcaution ce genre de hauts dirigeants appar-tenant au parti des princes [les ls de hautsdirigeants communistes]. Car Bo Xilai [lsde Bo Yibo, lun des grands dirigeants rvo-lutionnaires historiques] dispose dun soliderseau de relations dans les hautes sphresdu pouvoir, dun grand nombre de parti-sans parmi la population, et il fait lobjetdune attention particulire sur la scneinternationale [la chute de Bo a t prci-pite par des rvlations sur le meurtre

    Pourquoi Bo Xilai na-t-ilpas avou avoir acceptdes pots-de-vin ?

    Dessin de Hajo de Reijger, Pays-Bas.

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    Le verdict du procs de Bo Xilaiest attendu. Loin de marquer

    un progrs du systme judiciaire chinois, la transparence

    ache de la procdure tait une ncessit politique.

    8.

    18

  • Foreign Policy (extraits) Washington

    Le limogeage et la condamnation dedirigeants en Chine ne se sont pastoujours bien passs, les accuss fai-sant, parfois de faon surprenante, acte derbellion. Depuis la mort de Mao Ts-toungen 1976, le Parti communiste na traduit enjustice que trois individus dtenant des pou-voirs comparables ceux de Bo, et aucundeux ne sest montr particulirement docile.

    Chen Liangyu (avril2008). Chen, secr-taire du Parti pour la municipalit de Shanghaiet membre du Bureau politique, tait, commeBo, un politicien agressif, dont la chute a ten partie provoque par un dsaccord avecles anciens dirigeants Hu Jintao et Wen Jiabaosur la politique conomique. Lors dunerunion du Bureau politique en 2004, Chena heurt de front Wen et a averti le Premierministre et son gouvernement quils devraientassumer la responsabilit politique de leur

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    dier ltranger, combien nancent leursjour uniquement grce aux revenus nor-maux de leurs parents ou des bourses?Bien peu! La trs grande majorit necompte-t-elle pas pour cela sur de largentsale donn par des dirigeants vreux?Certains bncient en thorie de laidenancire damis, mais, comme avec XuMing, largent dbours correspond en fait des pots-de-vin dguiss. Si Bo Guaguadevait tre tran en justice pour tracdinuence pour toucher des pots-de-vin,pourquoi nen serait-il pas de mme pourles ls et lles de ces gens-l?

    Pourquoi lui ? Nombre de ses partisansreconnaissent quil est possible que Bo Xilaiait eectivement tremp dans des aairesde corruption, mais soulignent le fait queles fonctionnaires vreux courent les rueset se demandent pourquoi cette slecti-vit dans les procs. De nombreux librauxestiment par ailleurs que les quelque 20mil-lions de yuans [2,5millions deuros] depots-de-vin quon a trouv lui imputer lissue dune si longue enqute [dix-huitmois] font presque paratre Bo Xilai commeun fonctionnaire intgre ct dautresdirigeants! De ce point de vue, on peutbien sr considrer comme injuste laccu-sation contre Bo Xilai.

    Quelle que soit limportance des raisonsluttes de pouvoir, conspiration qui ontamen Bo Xilai et Wang Lijun [ancien chefde la police de Chongqing] se dresser luncontre lautre comme des ennemis, cestnalement la dcision de Wang Lijun dese rfugier en pleine nuit au consulat am-ricain [pour y rvler le crime de Gu Kailai],un choix propre au policier, qui aura dclen-ch la chute de Bo Xilai.

    Tout cela montre que notre soif dunevritable transparence et dquit exige deconqurir les liberts dexpression et de lapresse, ainsi que lindpendance de la jus-tice. Puissent tous les fans de Bo Xilai serendre compte de cela!

    Hu PingPubli le 23aot

    action au cas o celle-ci provoquerait chmageet faillites, selon Newsweek.

    Chen a t jet derrire les barreaux enseptembre2006, ociellement pour avoirtouch des dessous-de-table et pour sonimplication dans un dtournement de fondsde retraite de la ville de Shanghai. Mais lesvraies raisons avaient probablement plus voir avec des dissensions au sein des ins-tances dirigeantes, selon Cheng Li, direc-teur de recherche la Brookings Institution,aux Etats-Unis. Si Chen tait certainementet notoirement corrompu, il ntait cependantquun membre du Bureau politique parmi dautres jouir dune telle rputation, souligne-t-il.

    Un procs huis clos sest tenu dix-huitmois aprs larrestation de Chen. Celui-ciachait son calme dans une vido,

    Des prcdents bruyantsLe limogeage dun haut dirigeant chinois ne se droule pas toujoursdans le calme, comme le voudrait le scnario.

    Revue de presseUn tribunal exemplaire?

    Il ny a pas de zone de non-droit,pas dexception dans la lutte contre lacorruption! Tel est le titre de lditorialdu 24aot du Renmin Ribao, lorganedu Parti communiste chinois, proposdu procs de Bo Xilai. La manire dont sest tenu le procs montre la dtermination claire et inbranlablede notre Parti lutter contre lacorruption, crit le journal. Tous sontgaux devant la loi: il faut sans rpitcombattre le tigre comme la mouche.Faute de tout autre commentaire sur le contexte politique du procs, les mdias chinois dans leur ensemblesaluent leort inhabituel de transparence et dquit de la part des autorits judiciaires, en esprant,comme un professeur de droit sur le site Caixin Wang, que les mthodes

    de ce procs puissent constituer un prcdent pour tous les autresjusticiables chinois.Pour lavocat de renom Chen Youxi, qui fut le dfenseur de son confrre Li Zhuang, emprisonn Chongqingsous le rgne de Bo Xilai, lesconclusions sont doubles. Chen livreune analyse dtaille de laudience surle site en chinois du Wall Street Journal.Pour lui, si leort de transparence et dquit sans prcdent estremarquable, il sagit certes dun bon procs, mais qui se tient lissuedune instruction dplorable. Chenaccorde de trs bons points aux autorits pour la diusion totalement indite des contenus des dbats, alors quejusqu prsent les avocats sont empchs ne serait-ce que de consulter les procs-verbaux, pour le respect des droits de la dfense et le recoursaux preuves matrielles, alors quaveux et accusations font gnralement ocede preuves, et enn parce que

    Bo a pu revenir lors de laudience surses aveux crits, ce qui pourrait ouvrirla possibilit dautres prvenus de le faire, alors que la condamnationsur aveux extorqus sous la pression et la torture est monnaie courante en Chine.Mais Chen Youxi critique svrement les failles de linstruction. Pour lui, Gu Kailai aurait d comparatre commecoaccuse avec son mari Bo Xilai; ce dernier naurait pas d tre accusdabus de pouvoir pour avoir tentdtouer le crime commis par sa femme, mais de complicit; des failles dans la constitution des preuves sont notables.Pourtant, Chen se flicite grandementde la tenue de ce procs, et il forme des vux pour que le verdict ne soit pas trop inuenc par les considrationspolitiques. Et de conclure: Bo Xilai,qui sest forg un nom en pitinant la lgalit, est en train de faire faire un immense progrs la justice chinoise.Lhistoire est vraiment paradoxale.

    Chronologie7fvrier 2012 Wang Lijun, chef de la police de Chongqing, se rend au consulatdes Etats-Unis Chengdu, o il fait desrvlations sur la responsabilit de Gu Kailai,femme de Bo Xilai, dans la mort du Britannique Neil Heywood, en 2011. A sasortie, il est arrt par les autorits chinoises.Mars-avril2012 Bo Xilai est dmis de ses fonctions Chongqing et au sein du Parti.20aot 2012 Gu Kailai est condamne pourmeurtre la peine de mort avec deux ans de sursis.24septembre 2012 Wang Lijun estcondamn pour dfection, abus de pouvoiret corruption quinze ans de prison.28septembre 2012 Bo Xilai est inculpde corruption et dabus de pouvoir. Il est exclu du PCC.7novembre 2012 A lissue du XVIIIe Congrsdu Parti communiste chinois, toute la direction est renouvele et Xi Jinpingdevient secrtaire gnral.22-26 aot 2013 Procs de Bo Xilai.

    ASIE.

    Dessin de Horsch, Allemagne.

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  • on le voit sourire dun air susant endirection de la camra, le regard provocant.Tout en reconnaissant une responsabilitpartielle, il a plaid non coupable. Il a copdune peine de dix-huit ans de prison.

    Chen Xitong ( juin1998). A limage deBo, lancien secrtaire du Parti de la muni-cipalit de Pkin et membre du Bureau poli-tique Chen Xitong a t clabouss par undcs en loccurrence, le suicide, en avril1995,du maire adjoint Wang Baosen, accus decorruption. Le secrtaire du Parti de lpoque,Jiang Zemin, sest servi de la mort de Wangcomme prtexte pour attaquer Chen, quisopposait la politique de Jiang et dirigeaitla capitale comme sil sagissait de son efpersonnel. Chen a t emprisonn peu aprsla disparition de Wang.

    Les choses ont t facilites par le fait quPkin Chen tait gnralement honni pourson bruyant soutien la rpression des mani-festations de la place Tiananmen, le 4juin1989, et pour bien dautres raisons, notammentun systme compliqu de pots-de-vin lorsde projets immobiliers. Mais Chen avait noudes liens troits avec la famille de DengXiaoping, alors lhomme le plus puissant deChine, et il a refus de cooprer la procdurejudiciaire. Si vous me condamnez mort, vouspouvez prparer 300 cercueils,aurait-il menac,sous-entendant que les autorits qui le pour-suivaient taient tout aussi corrompues.Condamn seize ans de prison en 1998,Chen a bnci dune libration condi-tionnelle en 2006 [il est mort en juin2013].

    Jiang Qing (hiver 1980). Aprs son arri-ve au pouvoir la n des annes 1970,lhomme fort de la Chine de lpoque, DengXiaoping, a ordonn la retransmission tl-vise du procs de la bande des quatre un groupe danciens dirigeants anim parla dernire pouse de Mao, Jiang Qing, etauquel sont imputs les excs de la Rvolutionculturelle mene dix annes durant par Mao.Les faits reprochs la bande des quatre et leurs complices taient la subversion, lesactivits contre-rvolutionnaires, la trahi-son et les perscutions ayant provoqu la mortde plus de 34000personnes.

    Comme lors des procs de Moscou dansles annes 1930, la plupart des inculps ontreconnu tous les faits, quils en aient t cou-pables ou non, crit Ross Terrill dans sa bio-graphie de Madame Mao (Ramsay, 1984).

    Mais lancienne actrice qutait Jiang Qinga donn une reprsentation mmorable, des-cendant en ammes juge, jury et tmoinspour avoir os laccuser de ces crimes. A unmoment donn, elle a grati une femmejuge dun toi, la salope. Elle a t emmenede force hors du tribunal. Dans sa dclarationnale de trois heures, elle a couvert les jugesde sarcasmes et les a mis au d de la faireexcuter. La cour lui a inig une peine demort avec deux ans de sursis, commue enperptuit en 1983 (Jiang Qing sest suicideen 1991).

    Rien ne gche davantage un procs spec-tacle que de dchirer le voile, comme lorsqueJiang Qing sest tourne vers ses ancienscompagnons darmes en hurlant: Si je suiscoupable, alors vous ltes tous!

    Isaac Stone FishPubli le 14aot

    Les ambitions de Bo ont ni par faire grin-cer des dents. Avocats, journalistes et intel-lectuels libraux se sont mis dnoncer larpression qui accompagnait ses campagnespolitiques. Quand Bo a fait arrter lavocattrs en vue Li Zhuang en dcembre2009[accus davoir pouss un client au fauxtmoignage, consistant dvoiler des tor-tures subies], les grands noms de la socitcivile ont plac le dbat sur lexprience poli-tique de Bo Chongqing comme une bataillepour lavenir de la Chine: celle-ci allait-ellepencher vers la droite, la libralisation delconomie et les valeurs universelles, ouvers la gauche et les idaux du communisme?

    Pour les plus gauche, seul unparti communiste fort est capablede rsoudre les problmes de cor-ruption, dingalit et dapathiemorale. Pour ceux de droite, tousles problmes proviennent jus-tement dun pouvoir politiqueexcessif, comme la Chine la appris

    ses dpens lors des annes Mao.La nouvelle arrestation de Li Zhuang, en

    mars2011, a conduit son avocat Chen Youxi dnoncer publiquement les agissementsde Bo, en invoquant le retour aux heures lesplus noires de la Rvolution culturelle [quia fait des millions de morts et de perscuts].Chen fut alors soutenu par un autre courageuxjuriste, He Weifang, qui avait tudi le droit Chongqing dans les annes de renouveauqui suivirent la mort de Mao, en 1976. Tantdvnements ont eu lieu dans cette ville, des v-nements qui nous donnent le sentiment dtrerevenus en arrire, au temps de la Rvolutionculturelle [qui avait aboli tout processus juri-dique], et davoir perdu lidal de justice, cri-vait-il en avril2011 dans une lettre ouverte.

    Cette prise de position impressionna for-tement Hu Deping, ls an de Hu Yaobang,dirigeant trs populaire lpoque des

    rformes conomiques menes par DengXiaoping, qui se rapprocha des deux juristes.Responsable du Parti dans les annes 1980,Hu Yaobang disait ses enfants que les leonsde la Rvolution culturelle restaient tirermais Hu fut lui-mme victime dune purgeen 1987 sans le moindre procs avantdavoir pu sy atteler [aucun dbat appro-fondi ne fut jamais autoris ce sujet, malgrla parution de multiples tmoignages]. Lepre de Xi Jinping, Xi Zhongxun, qui tra-vaillait au ct de Hu Yaobang, fut dailleursle seul le soutenir parmi les anciens duParti. [A la mort de Hu Yaobang, en avril1989,des tudiants se rassemblrent pour saluersa mmoire et rclamer la dmocratie. Cemouvement donna lieu des manifestationssur la place Tiananmen qui furent rprimesdans le sang le 4 juin1989.]

    Au cours de lanne 2011, Hu Deping acherch rallier les libraux parmi les ls etlles danciens dirigeants communistes dontdeux des surs de Xi Jinping, en organisantune srie de sminaires. On dirait quil y aune sorte de renaissance des prises de positionen faveur de la Rvolution culturelle, expliquaitHu Deping en aot2011, peu avant que lafemme de Bo Xilai assassine lhomme daairesbritannique Neil Heywood. Certains ne croientpas la Rvolution culturelle, mais cela ne lesempche pas de lexploiter et de la mettre enavant, disait-il en faisant rfrence Bo,dont la mre avait t assassine oucontrainte de se suicider, selon les sourceslors de la Rvolution culturelle. En priv, HuDeping a rpt le mme message deuxdes protgs de son pre, le prsident et lePremier ministre de lpoque, Hu Jintao etWen Jiabao, selon leurs proches.

    Bo semblait tre en pleine ascension quandle chef de la police Wang le lcha. Craignantpour sa vie, Wang se rfugia en eet au consu-lat amricain de Chengdu, en fvrier2012.Il donna alors aux diplomates amricains saversion du meurtre de Heywood [perptrpar la femme de Bo, Gu Kailai], accusant Bodavoir essay de lempcher denquter.

    Les rivaux de Bo disposaient dsormaisde munitions pour labattre. Le 14mars2012,le Premier ministre de lpoque, Wen Jiabao,scella indirectement lavenir de Bo, estimantque le modle de Chongqing ncessitait dechoisir entre des rformes politiques urgenteset un retour des tragdies historiques commela Rvolution culturelle. Bo fut dmis de sesfonctions ds le lendemain, il nest plusapparu en public depuis.

    Lintervention de Wen Jiabao et la dis-grce de Bo Xilai ont conduit dautres lset lles de sortir du silence, tandis que llitepassait en mode lutte de factions. WangBoming, rdacteur en chef du magazine din-vestigation Caijing et ls dun des plus grandsdiplomates de lre Mao, a ainsi rvl queBo avait mis en place et nanc le modlede Chongqing en rackettant les entrepreneursde la ville. En gros, il a envoy en prison les vingttypes les plus riches de Chongqing, il a consqutous leurs biens, ma-t-il con en avril, alorsque je rdigeais mon ouvrage, The Rise and Fallof the House of Bo. (Grandeur et dcadence dela maison Bo, non traduit en franais).

    John Garnaut** Correspondant en Chine, jusquen juin2013, desquotidiens australiens The Sydney Morning Heraldet The Age.

    10. Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013FOCUS BO XILAI.ASIE

    Foreign Policy (extraits) Washington

    Bo Xilai, responsable du Parti com-muniste de Chongqing, va certai-nement tre condamn pourcorruption, dtournement de fonds et abusde pouvoir. Son procs sest ouvert le 22aot Jinan et sa chute est cense permettre laChine den nir avec son pass maoste.

    Pourtant, en croire la direction prise parle prsident Xi Jinping, le renouveau maostelanc par Bo Xilai aurait le vent en poupe[depuis plusieurs mois, Xi emploie rguli-rement une phrasologie maoste, tandisquune campagne de rpression est engagecontre les militants en faveur delEtat de droit]. Cette popularitstend aux ls et lles des hautsdirigeants dont les familles ontpourtant horriblement souertde la Rvolution culturelle.

    Nomm secrtaire du parti deChongqing en 2007, Bo tait consi-dr comme une toile montante du Partiet mme donn favori pour un sige auComit permanent du Bureau politique [ins-tance suprme renouvele en novembre2012].Il avait remis au got du jour la culturemaoste dans sa ville puis dans lensembledu pays en exhumant les chansons, les pomeset toute limagerie populaire de lre Mao.Il tait devenu le sduisant porte-drapeaude la nouvelle gauche, de la vieille garde, dela gauche maoste et, dans une certainemesure, de tous ceux qui taient attirs parlascension vers le pouvoir.

    Avec le chef de sa police, Wang Lijun, ilnavait pas hsit bousculer la vie politiquechinoise en lanant une guerre contre legrand banditisme Chongqing, rvlant laface cache du Parti communiste: corruption,violence et dcadence. Bo et Wang avaientdclar la guerre au Parti pour mieux le sauver.

    ANALYSE

    A trop remuer la poussire maosteEn endossant les couleurs de Mao pour assurer son ascensionpolitique, Bo Xilai a pris des risques, et dabord celui de rassemblercontre lui les partisans dune libralisation du rgime.

    Dessin de Schot, Pays-Bas.

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  • En Inde, lide que lon doit consi-drer son invit comme un dieuest extrmement ancienne. Levoyageur extnu qui frappe la porteau petit matin doit aussi recevoir unbon accueil. En fait, selon la Bhagavad-Gita, texte hindou sacr compos entrele Ve et le IIe sicle avant notre re, laprotection sharan, mot hindi drivdu sanscrit, qui signifie refuge, sanc-tuaire, asile doit tre accorde toutepersonne, mme son pire ennemi. Lanotion du sharan est dbattue dans laBhagavad-Gita lors du clbre dialogueentre le hros Arjuna et le dieu Krishnasur le champ de bataille de Kurukshetra.Arjuna hsite sengager dans uneguerre o il devra tuer ses cousins.Krishna explique quafin daccomplirson dharma, le devoir qui incombe selonlhindouisme tout tre humain enfonction de sa naissance, Arjuna doit,sil veut respecter lordre du cosmoset son propre destin, se comportercomme le guerrier quil est. Finalement,Krishna exhorte Arjuna prendre refuge(sharan) en lui, sen remettre lui.En cela la divinit est sharandata, don-nant la protection. Le refuge ou le sanc-tuaire quelle offre aux fidles est lesharansthan, alors que le fidle, cestle sharanagata ou le sharanarthi, celuiqui reoit la protection.

    A notre poque, le hindi, langueindienne moderne, recourt au motsharan pour dsigner lasile politique.Le demandeur dasile, le rfugi, est lesharanagata ou le sharanarthi moderne.Il se met la merci de lEtat, qui doit,selon le droit humanitaire moderne,accorder refuge celui dont la demandeest sincre, qui a tout quitt et quirisque sa vie sil ose retourner dans sonpays. Or la bont des Etats modernesnest pas, telle la bont divine ou celledes rois tout-puissants dautrefois, infi-nie. Les gouvernements font leur devoirou bien agissent en fonction de leursintrts selon le champ de bataille com-mercial ou diplomatique o ils se trou-vent. Et cest le plus souvent lintrtstratgique qui prime sur le devoirmoral.

    Mira KamdarCalligraphie dAbdollah Kiaie

    sharanasile

    LE MOTDE LA SEMAINE

    ASIE.

    Outlook New Delhi

    Dans les annes qui ont suivi son ind-pendance, lInde sest bti une rpu-tation de sanctuaire pour les exils,notamment pour ceux venant de pays de largion. Les raisons ne manquaient pas: guerrecivile au Bangladesh, rbellion au Tibet,etc.La plupart des rfugis arrivaient en groupesnombreux, mais des individus isols venaientgalement chercher asile en Inde. Sans doutecette politique de la porte ouverte recelait-elle quelques arrire-penses tactiques, maislhritage paciste de Gandhi et sa revendi-cation ache dun tiers-mondisme nonalign confraient un certain poids idolo-gique la gnrosit indienne.

    LInde serait-elle en train de renier cettetradition? La realpolitik et le pragmatismesont-ils dsormais devenus les axes domi-nants de la politique de New Delhi? LIndea-t-elle renonc sopposer aux grandespuissances, mme pour des motifs lgi-times? Cest en tout cas limpression quonteue rcemment beaucoup dobservateurslorsque le ministre des Aaires trangresindien a rejet la demande dasile formu-le par le lanceur dalerte amricain Edward Snowden.

    Indirence. Le 30 juin dernier celui-cia formul la mme demande auprs de 21 pays, dont lInde, par lintermdiaire deleurs reprsentations diplomatiques res-pectives Moscou. Informaticien travaillantpour les agences de renseignements am-ricaines, Snowden a d fuir ltrangeraprs avoir rvl publiquement le pro-gramme de surveillance mondiale menpar le gouvernement Obama. Il a t bloqudans la zone internationale de transit delaroport de Moscou [o il a nalementtrouv asile], et lInde, la plus grande dmo-cratie du monde, na pas lev le petit doigtpour lui venir en aide. La rapidit aveclaquelle lInde a rejet la demande dasile deSnowden montre que New Delhi souhaite nefaire aucun geste susceptible de contrarier les

    Amricains, analyseYashwant Sinha, diri-geant du BJP [partinationaliste hindou,principale formationde lopposition] etancien ministre desAaires trangres.

    Les responsablesdu ministre desAaires trangresexpliquent que, silInde avait gard lademande dasile sous lecoude pendant un certain tempsavant de la reje-ter, on lauraitaccuse davoir cd aux pressionsamricaines. Nous ne voulions pas que celadonne lieu une controverse, dclare un res-ponsable du South Block [btiment abri-tant les services du Premier ministre]. Deleur ct les diplomates justient la dci-sion en faisant remarquer qu la direncede certains autres pays lInde ne possdeaucune lgislation sur les demandeursdasile. Certes, le pays a dans le pass accordlasile de nombreux groupes disparates,depuis le dala-lama [en 1959] jusquauxmembres de la famille du prsident afghanNadjibollah [assassin en 1996], en pas-sant par les responsables tamouls sri-lan-kais [depuis les annes 1980] et les militantsdmocrates birmans [ partir de 1988].Mais tous se trouvaient dj sur le sol indienlorsquils ont formul leur demande dasile.New Delhi insiste sur le fait quil nencou-rage personne fuir son pays pour venirse rfugier en Inde.

    Nous navons pas de politique concernantlasile. Nous nous contentons daccepter les

    personnes quand elles atterrissent chez nous,fait remarquer lex-secrtaire aux Affairestrangres Lalit Mansingh. Cela signifie-t-il que si Snowden avait atterri en Indele gouvernement lui aurait accord saprotection? Probablement pas. Commele soulignent les services du Premierministre, le jeune lanceur dalerte neconstitue pas un problme suffisamment

    important pour que lInde soppose ouver-tement aux Etats-Unis, un pays avec

    lequel elle a de solides liens cono-miques et militaires.

    Eviter la controverse. Pourtantlindignation qui sest manifesteen Inde nest pas uniquement due ce refus. Beaucoup de gens ont

    accueilli avec colre les rvlationsde Snowden, notamment celles concer-nant la faon dont les agences amri-

    caines ont install des micros dans desambassades Washington et ailleurspour espionner les conversations desresponsables de nombreux pays, dontlInde. Toutefois, alors que leurs alliseuropens manifestaient publique-

    ment leur mcontentement lgard desEtats-Unis, le ministre des Aaires tran-gres indien, Salman Khurshid, a fait despieds et des mains pour minimiser lim-portance des rvlations, ce qui a contra-ri de nombreux Indiens. La raction duministre envoie le message que lInde est prte faire nimporte quoi pour plaire aux Etats-Unis, estime Sinha.

    Mansingh condamne lui aussi de tellesinitiatives unilatrales, qui constituentune violation flagrante de la conventionde Vienne [sur les relations diplomatiques,incluant le principe de linviolabilit desambassades]. Les Etats-Unis donnent lim-pression de respecter la lgalit chez eux,mais de loublier sitt que dautres pays sontconcerns, dit-il. Le ministre des Affairestrangres a galement mis de fortesrserves sur les pratiques amricaines,mais il ne peut gure esprer plus quecontraindre Washington prsenter desexcuses. Il serait irresponsable desprerque laffaire Snowden se transforme enune violente controverse, car cela entra-verait le dveloppement futur des rela-tions bilatrales.

    Pranay SharmaPubli le 15juillet

    Dessin dAres, Cuba.

    LInde ne possde en fait aucune loi sur lesdemandeurs dasile

    INDE

    New Delhisassoit sur le droitdasileLe pays a toujours accueilli les rfugis politiques. Pourtant Edward Snowden, en fuite aprs avoir rvl le scandale de la NSA, na reuaucune proposition daccueil. Un revirement destin plaire Washington.

    Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013 11

  • Xinmin Zhoukan(extraits) Shanghai

    Je mappelle Cala. Je suis uncharmant caniche toy de2 ans. Mon matre ma expli-qu quil existait plein de toutouscomme moi, bichonns et nourrisavec amour par leurs matres: lesanimaux de compagnie reprsen-teraient dsormais en Chine unmarch de 15milliards de yuans[1,85milliard deuros].

    Les chiens ne naissent pas tousgaux. Moi, je mne une vie trsheureuse. Je partage avec lespcehumaine tout ce quil y a de bonet beau

    Je suis arriv dans cette famille lge de 1 mois. Depuis lors, jaiun papa, une maman et une grandesur qui me chrissent tendre-ment. Aux yeux des membres dela famille, je suis dsormais leurls chri. Et, mme sils ne sontpas pleins aux as, il est videntquils me gtent normment.Par exemple, pour ma nourriture,maman ne machte que des ali-ments imports. Jai got toutesles marques britanniques, japo-naises, amricaines ou franaises!

    Jai entendu dire que les cro-quettes importes pour chien taientsuperchres: plus de 100 yuans[12euros] en gnral pour un sacde 1,5kilo, mais maman a dit quectait pour tre sr que je devienneun chien robuste. Tout cela parceque, sur le march mondial bien

    dvelopp des produits pouranimaux de compagnie, laChine est la trane pource qui est de la nourritureanimale, que ce soit en

    matire de savoir-faire ou de qua-lit nutritive des aliments.

    Pour complter la base de monalimentation, il arrive mamande macheter des petites choses grignoter: des biscuits, des letsde poulet, du buf sch ou duyaourt par exemple. Elle machtegalement des complments ali-mentaires comme des vitaminesou des tablettes de calcium. Biensr, elle ne prend que des produitsimports. Quand jai bien manget bien bu, je sors faire ma prome-nade, quel que soit le temps. Troisfois par jour, mes matres me sor-tent tour de rle.

    Bains et brushing. A propos desortie, il faut que je vous fasse jeterun coup dil ma garde-robe.Aujourdhui, celle des toutouscomme moi nest en rien infrieure celle des humains. Elle comporteplusieurs centaines de modles, dutreillis au kimono en passant parla robe de princesse et le costumede marin, sans oublier la robe chi-noise (qipao). Tous ces habits sedclinent en collections printemps,t, automne, hiver, des prix devente qui tournent autour de200 yuans [24euros]. Mme desgrandes marques internationalesde luxe comme Gucci ou Pradaconoivent des collections sp-ciales pour animaux de compagnie,et bien sr a cote bonbon!

    Tenez, l, cest un grand tee-shirttrs relax que ma achet ma grandesur quand la mode corenne afait irruption. Cette veste chinoiseouate traditionnelle, cest mamanqui me la oerte lan dernier pourmon anniversaire.

    ASIE Courrier international no 1191 du 29 aot au 4 septembre 2013

    CHINE

    Moi, chien de luxe, mon kimono et mon spaUn caniche raconte la premirepersonne son quotidien et les plaisirs rservs aux famillesaises de Shanghai.

    Pour le nouvel an chinois, mamanet grande sur avaient prvu deme faire porter des habits neufs [cequi est traditionnel, en particulierpour les enfants]. Elles mavaientdemand si je prfrais un pull, unanorak ou une veste en jean. Enfait, je men foutais tant que centait pas une robe!

    Chaque fois que je rentre, mamanme lave les pattes et me peigne. Cenest quensuite quelle mautorise aller jouer un peu avec monjouet, le poulain.Ne jugez pas ngli-geables ces ser-viettes, peignes,brosses et autresjouets : chaquearticle cote entre100 et 200 yuans.

    Enfin, il fautque je vous pr-sente mon petitnid douillet. Papa a dpens prsde 1000yuans pour lavoir. Il aune ouverture juste susante pourme laisser passer, mais lintrieuril y a beaucoup despace. Ce quila doriginal, cest une petite chaisesur le ct qui permet maman,quand je dors le soir, de rester prsde moi tout en regardant la tl.

    Ces dernires annes, certainesanimaleries ne proposent plusseulement des services de toilet-tage, mais aussi dirents pro-grammes de soins relaxants (spa).Jai dailleurs une carte de membredune animalerie du coin, o ma -man ma inscrit pour 3 000 yuans[370euros] par an. Chaque fois queje veux aller prendre un bain, onpasse un coup de l et lanimalerieenvoie une voiture pour venir mechercher. Cest gratuit dans un

    rayon de 3 kilo-mtres. Ensuite,le tarif du toi-lettage dpendde notre taille.Pour un pet i tchien commemoi de moins de7kilos, cest 79yuans [10euros]par sance. Celle-

    ci se droule toujours peu prsde la mme faon: dabord on com-mence par mexaminer sous toutesles coutures, puis on me peigne,on mpile les poils des oreilles,on me nettoie les conduits audi-tifs; jai ensuite droit deux bains,puis un soin et un schage, etenn un brushing. Lensemble

    dure de trois quarts dheure deux heures.

    Certes, jaime tre beau, maisjaccorde aussi beaucoup dimpor-tance ma sant. Depuis tout petit,je nai rat aucune vaccination, 100 200yuans linjection, et jeme soumets rgulirement desbilans de sant. Nous les chiens,nous ne bncions pas commeles humains de la scurit sociale.Au moindre rhume, on ne sen tirepas moins de plusieurs centainesde yuans dans une clinique vtri-naire. Je me souviens que, quandjtais petit, je mtais mis un jour tousser, avoir la diarrhe, et jene cessais pas de trembler. Mamanmavait conduit en pleine nuit laclinique et ctait un vtrinairecoren qui mavait examin.

    Entre les prises de sang, les ana-lyses de laboratoire, les mdica-ments et les perfusions, la facturestait leve plus de 1600 yuans[200euros]. Gege, un chien deberger qui tait ct de moi, madit quil ne savait pas quelle mala-die il avait. Cela faisait trois joursquil tait ici, aliment seulementpar une perfusion de srum phy-siologique, et son matre avaitdj d payer prs de 6000 yuans

    DES ANIMAUXET DES HOMMES

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    Lulu et sa matresse. Photo Reuters/Claro Cortes

    12.

  • 9 000

    [735euros]. Jai entendu Ali,un schnauzer de retour de ltran-ger qui se trouvait dans la piced ct, raconter que ces fraisvtrinaires levs en Chinesexpliquaient surtout par le cotconsidrable du matriel. Lesvolumes de ventes de mdicaments usage vtrinaire tant limits,de nombreux laboratoires phar-maceutiques locaux ne veulentpas produire de mdicaments dequalit suprieure. Il faut doncrecourir le plus souvent lim-portation. Si lon ajoute un cotdu travail lev, cest normal queles prix ambent.

    Nos anctres les loups. Altranger, il existe des lires den-seignement bien tablies pourformer le personnel des cliniquespour animaux de compagnie. Descoles vtrinaires ont mis en placedes cursus spcialiss. Quant auxsocits dassurance, elles propo-sent des garanties spciales ani-maux de compagnie trs labores,qui se dclinent en direntes for-mules. Par exemple, lassurancecorporelle couvre les risques dac-cident et de maladie. Il existe aussiune garantie responsabilit,

    semblable aux assurances autoen Chine, que lon peut faire joueren cas de blessure inige parlanimal un tre humain ou unautre animal de compagnie.

    Lventail des services qui sadres-sent nous na cess de slargirces deux dernires annes: il y adsormais des htels pour animauxde compagnie, des agences devoyages, des agences matrimo-niales, des studios photo et mmedes pompes funbres!

    Mon copain le caniche Williamsest rendu rcemment une sancephoto. Pour 2999 yuans [370euros],il a eu droit un album photo detrente tirages dix pouces, deux mugsavec sa photo et un calendrier debureau 2013 personnalis Moiaussi jai bien envie de me faire

    tirer le portrait! Et Noiraud lelabrador a t envoy par son matredans une cole pour animaux decompagnie pour y apprendrediffrents tours. Il ma dit queson sjour l-bas allait coter3000 yuans et quil me feraitune dmonstration son retour.

    Heureusement, maman nemy a pas envoy. En revanche,quand elle a le temps le week-end,elle memmne en voiture pique-niquer dans le parc des Sculpturesde Shanghai (ce lieu paradisiaquepour promener un chien), quivient douvrir. Le billet dentreest de 120 yuans pour les adultes,de 50 yuans pour les enfants etles personnes ges, et de 30 yuanspour les rsidents de Shanghaicomme nous.

    En dehors de a, maman et su-rette comptent sinscrire pendantles vacances un petit voyage dansla priphrie de Shanghai, organissur un forum ddi aux propri-taires danimaux de compagnie,pour quon aille respirer un peudair pur loin du centre-ville.

    Quand ma famille ne peut pasmemmener avec elle en voyage,maman me cone une pensionqui a tout dun htel cinq toiles

    et plus. Si je manque trop monpapa et ma maman, l-bas il y aun systme de vidosurveillancepar webcams vingt-quatre heuressur vingt-quatre qui me permetdentrer en contact avec euxpour me faire chouchouter,mme lorsquils se trouvent plus de 1000 kilomtres.

    Vous voyez, cest ma vie! A vraidire, quand je vois la tl des chiensou des chats errants, jai rellementde la peine pour eux. Tout le mondenest pas log la mme enseigne,et cest aussi vrai pour les chiens.Je suis trs heureux davoir desmatres qui maiment autant, quime donnent le confort dune maisonchaleureuse, labri des intemp-ries. Mais parfois il marrive de medemander en mon for intrieur sicest vraiment le genre de vie quejaurais voulu. Je rve souvent degrands espaces vierges o je respi-rerais les relents sanguinaires dunmonde animal o les plus faiblesservent de pture aux plus forts.Sans doute sagit-il de rminiscencesenfouies dans mes gnes? Dans unpass trs lointain, est-il possibleque mes anctres aient t des loups?

    Pu LinPubli le 22fvrier

    ASIE.

    Le retour des animauxde compagnie Jusque vers la n des annes 1980, les animaux de compagnie taientextrmement rares dans les villes chinoises, si lonexcepte les oiseaux et lesgrillons en cage promens pardes personnes ges dans les parcs. Signe de richesse et dintrt pour la futilit, ilsavaient t chasss de la viequotidienne des Chinois, qui vivaient dans une conomiede pnurie et sous constantcontrle politique. Puis les chats ont refait leurapparition dans les foyers.A la n des annes 1990, ce fut le tour des chiens, dontle retour saccompagna de la constitution dun vritablemarch, tandis que le revenudes citadins augmentait au cours des annes 2000.Lengouement fut tel querapidement la prolifrationcanine devint problmatique.Avec la multiplication des incidents provoqus parles animaux Pkin, un permisfut instaur en 2003, encadrant la fois les questions sanitaires et les questions de responsabilit juridique des propritaires. Aujourdhui,la municipalit exige un enregistrement des chiens par leur propritaire et interditde possder plusieurs chiens,des chiens dangereux ou deplus de 35 centimtres de haut.La plupart des municipalitsont graduellement adopt ce genre de rglementation.

    Ecarts de revenus Selon une enquteralise par le Centre derecherche en sciences sociales de luniversit de Pkin sur les carts de revenus en 2012,cite par le site Caixin Wang,les 5% de foyers aux revenusles plus levs dtiennent un quart des revenus de lensemble des mnages. En ville, leur revenu annuel par tte est de 42 000 yuans(environ 5100euros); les 5% de foyers aux revenusles plus bas ont un revenuannuel par tte de 1200 yuans,soit 35 fois moins que les plus riches. A la campagne, cet cart est de 30, pour des revenus annuelsde 900 27000 yuans .

    YUANS Ctait le revenu moyenen Chine en 2012. Il devraitapprocher les 10000 yuans(environ 1200 euros) en 2013,selon le Bureau national desstatistiques.

    Un lgant caniche blanc aux extrmits colores. Photo Philipp Gostelow/Anzenberger/ASK Images

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  • pour la premire fois. Pas plus que les tou-ristes, ni les cyclistes ni les membres du per-sonnel de la Maison-Blanche ne faisaientattention un petit groupe de manifestantssyriens agitant des drapeaux. Bachar El-Assad a franchi votre ligne rouge! hurlaient-ils dans un porte-voix, dans lespoir dtreentendus par loccupant du bureau ovale.

    Malheureusement pour Barack Obama,aprs plus de deux annes passes fairelautruche avec la bndiction dun Snatet dune opinion publique fatigus de laguerre, la situation nest plus aussi simple.Les attaques larme chimique contre Damas dont il est presque certain quelles ont tcommises par le rgime dAssad sont un

    d direct lanc lautorit du prsidentamricain. Celui-ci ne peut pas, ou dici-lement, lignorer. La vrit est quObamasoure dun grave problme de crdibilit.Et tout le monde le sait, des tyrans du Moyen-Orient au stagiaire de la Maison-Blanche.

    Il y a presque un an, Obama avait avertile prsident syrien de consquences normessil franchissait la ligne rouge en utilisantdes armes chimiques. Depuis lors, il na faitquluder ou reformuler cette promesse.Aprs les attaques du 21aot qui ressem-blent fort un d de la part du rgimesyrien, Obama a encore tergivers pen-dant trois jours avant dordonner plusieursdestroyers missiles de croisire de se rap-

    procher des ctes syriennes. Le droul desvnements en dit long sur la faiblesse duprsident, qui menace aujourdhui de recou-rir la diplomatie de la canonnire aprsavoir dlibrment choisi de ne rien fairependant plus de deux ans.

    Alors que les combattants de loppositionenvoyaient des messages depuis les fau-bourgs de Damas, demandant pourquoi lacommunaut internationale ne faisait rienpendant que leurs enfants mouraient, durantsoixante-douze heures ils nont entendu quele silence de Washington ou lquivalentdiplomatique dun pas tranant, qui se tra-duit aujourdhui par de lents mouvementsau large des ctes syriennes.

    Pendant deux jours, le prsident amri-cain qui nest pourtant pas avare de bonsserments quand a larrange na pas pip.Tout ce quil a fait a t denvoyer un homme,jouissant du prestigieux titre de premierattach de presse adjoint, exprimer parcourrier lectronique toute linquitude dela Maison-Blanche face ces attaques.

    Soucieuses dune opinion publique lassede la guerre, les chanes de tlvision ont lar-gement approuv la dcision du prsidentde ne pas se comporter en chef. Les corres-pondants la Maison-Blanche ont soulignlcart croissant entre les promesses du pr-sident et ses actes, mais ils ont t renvoysdans leurs lets par une mauvaise plaisan-terie dudit attach de presse, qui a refus deparler de ligne rougeen prcisant quil navaitpas apport [son] stylo rouge aujourdhui.

    Ce nest que dans la matine du 23aot,soit deux jours aprs les attaques, que le pr-sident amricain sest enn dcid prendrela parole. Et encore la-t-il fait avec beaucoupmoins de mordant que le ministre britan-nique des Aaires trangres, William Hague,qui a eu le courage de ne pas couvrir Obamaet a dclar quil pensait le rgime syrien res-ponsable des attaques. Comme par le pass,Obama na pas cout ses allis et a prfrfaire machine arrire. Ces attaques susci-taient de graves inquitudes si des enqutesprouvaient ce que certains armaient dj,a-t-il donc dclar avec toute la froideur dunconseiller juridique.

    Lide que les Etats-Unis peuvent rsoudrece problme complexe et sectaire au cur de laSyrie est parfois exagre, a-t-il prudemmentdclar. Il sagit l de son tour de passe-passerhtorique habituel: chaque fois quon luidemande de passer laction, Obama ragitcomme si on exigeait de lui quil rgle toutavec une baguette magique imaginaire.

    Lheure nest toutefois plus trouver dessolutions, il est bien trop tard pour cela. Ily va dsormais de la crdibilit du prsidentamricain et de ce que son aaiblissementpourrait signier dans nos relations avecdautres Etats comme lEgypte ou lIran.Ainsi q