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une évaluation de la politique de la lecture est-elle possible ? par Jean-François Hersent * Après plusieurs décennies d'essor des politiques culturelles et, en leur sein, des politiques de la lecture, Jean-François Hersent s'interroge sur leur bilan : dans quelle mesure, au vu de différentes enquêtes, les objectifs de démocratisation culturelle ont-ils été atteints ? Au-delà des données quantitatives, de quels outils, plus qualitatifs, faudrait-il se servir pour évaluer et donner une efficacité à cette évaluation ? * Chargé de mission pour les études sur la lecture à la Direction du livre et de la lecture (Ministère de la culture et de la communication). Les réflexions esquissées ici ne sauraient engager que leur auteur. S i l'on part du postulat qu'une poli- tique de la lecture est le résultat de la mise en synergie d'actions conduites par une pluralité d'institutions - l'Éducation nationale, le réseau des bibliothèques de lecture publique, le ministère de la Culture, d'autres ministè- res également (en particulier celui de la Défense), des collectivités territoriales, des associations, différents points de vente du livre, etc., on mesure combien il est difficile de trouver des indicateurs adaptés pour évaluer cette politique. Il y a dix ans, un excellent ouvrage, diri- gé par Anne Kupiec, abordait la question de l'évaluation des bibliothèques 1 . Dès l'introduction, Anne Kupiec pointait les nombreux obstacles qui rendaient pro- blématique l'évaluation d'un équipe- ment culturel comme la bibliothèque : « Une bibliothèque municipale dépend de tant de variables purement locales et irréductibles à une modélisation que toute comparaison est fragile ». Quant à la statistique la plus couramment employée, relative au nombre de prêts effectués par une bibliothèque munici- dossier N°217-LAREVUEDESLIVRESPOURENFANTS

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une évaluationde la politique de la lecture

est-elle possible ?par Jean-François Hersent *

Après plusieurs décenniesd'essor des politiques culturelleset, en leur sein, des politiquesde la lecture, Jean-FrançoisHersent s'interroge sur leur bilan :dans quelle mesure, au vude différentes enquêtes,les objectifs de démocratisationculturelle ont-ils été atteints ?Au-delà des données quantitatives,de quels outils, plus qualitatifs,faudrait-il se servir pour évalueret donner une efficacité à cetteévaluation ?

* Chargé de mission pour les études sur la lecture à la

Direction du livre et de la lecture (Ministère de la culture

et de la communication). Les réflexions esquissées ici ne

sauraient engager que leur auteur.

S i l'on part du postulat qu'une poli-tique de la lecture est le résultat dela mise en synergie d'actions

conduites par une pluralité d'institutions- l'Éducation nationale, le réseau desbibliothèques de lecture publique, leministère de la Culture, d'autres ministè-res également (en particulier celui de laDéfense), des collectivités territoriales,des associations, différents points devente du livre, etc., on mesure combienil est difficile de trouver des indicateursadaptés pour évaluer cette politique.

Il y a dix ans, un excellent ouvrage, diri-gé par Anne Kupiec, abordait la questionde l'évaluation des bibliothèques1. Dèsl'introduction, Anne Kupiec pointait lesnombreux obstacles qui rendaient pro-blématique l'évaluation d'un équipe-ment culturel comme la bibliothèque :« Une bibliothèque municipale dépendde tant de variables purement locales etirréductibles à une modélisation quetoute comparaison est fragile ». Quant àla statistique la plus courammentemployée, relative au nombre de prêtseffectués par une bibliothèque munici-

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pale, ajoutait Anne-Marie Bertrand, « sielle a l'avantage d'être facile à établir etd'être éclairante [...] pour l'intensitéd'utilisation par le public [...] il apparaîtde plus en plus que le succès de cet indi-cateur est immérité »2.Dans les quelques réflexions qui suiventje tenterai d'esquisser ce que pourrait êtreune démarche d'évaluation d'une poli-tique de la lecture, sous l'angle, à mesyeux essentiel, de la démocratisationculturelle.

La politique de démocratisationculturelle, de Malraux à la créationde la Direction du livreLa démocratisation culturelle voulue parAndré Malraux reposait avant tout sur lemaillage du territoire par des équipe-ments culturels dont l'incarnation devaitêtre les Maisons de la Culture - cesfameuses cathédrales du XXe siècle. PourMalraux, la politique culturelle constituaitun élément essentiel de la lutte contre lesinégalités sociales, conçue d'abordcomme une lutte contre l'inégalité géo-graphique : à ses yeux, démocratisation etdécentralisation allaient de pair.Les bibliothèques et la lecture publiqueétaient exclues, on le sait, de ce projetambitieux. La « volonté de culture » chèreau premier titulaire du ministère desAffaires culturelles3 ne passait visible-ment pas par la lecture. Pourtant, la cir-culaire de 1962 créant les Maisons de laculture stipulait expressément : « LaMaison de la culture doit offrir les moyensd'une expression parfaite dans le domainedu théâtre, de la musique, du cinéma, desArts plastiques, de la connaissance litté-raire4, scientifique ou humaine [...] ». Onconnaît la suite : la faillite du projet desMaisons de la Culture, recomposéesdepuis en Scènes Nationales.

Il faudra donc attendre une bonne quin-zaine d'années pour que, en 1975, soitcréée une nouvelle direction au sein duministère de la Culture : la Direction dulivre. En 1981, la Bibliothèque nationalefut rattachée à cette direction qui prit lenom de Direction du livre et de la lecture.Avec l'Éducation nationale et les collecti-vités locales, la nouvelle Direction dulivre et de la lecture allait partager laresponsabilité du développement de lalecture sous tous ses aspects et de l'un deses outils de promotion naturels : lesbibliothèques.L'importance prise, depuis lors par lesbibliothèques et les médiathèques, donton a vu le parc doubler en l'espace devingt ans, et le succès incontestabledont elle jouissent aujourd'hui, ten-drait à accréditer l'idée d'une avancéesignificative du projet de démocratisa-tion culturelle... au moins dans ledomaine de la lecture publique.

Offre et démocratisation culturelle,un bilan en demi-teinteOr, l'augmentation considérable dela fréquentation des bibliothèques- 2,6 millions inscrits en 1980, près de6,7 millions en 2000 (soit 18,2% de lapopulation desservie5) - marque le pasdepuis plusieurs années. Si l'on s'en tientuniquement au pourcentage d'inscrits, onobserve même un léger recul : 18,3%d'inscrits en 1996 (par rapport à la popu-lation desservie), 18,4% en 1998, 18,2%en 1999, 17,6 % en 2000, 17,5% en20016.

Malgré quelques résultats encourageants,la politique de « l'offre », au fondementde toutes les orientations successives desministres en charge de la culture jusqu'àaujourd'hui, n'a donc pas eu les effets

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escomptés en matière de réduction desinégalités culturelles.Certes il paraît aujourd'hui difficile decontester que, en France, les gens mani-festent en général une curiosité plusgrande à l'égard de la vie culturelle qu'ily a 20 ou 30 ans : les efforts en faveur del'offre (l'exemple des bibliothèques estlà pour l'attester) conjugués aux effetsde l'élévation du niveau scolaire et dudéveloppement des industries culturellesont contribué à réduire la distance quiséparait la majorité de la population de laculture, qu'il s'agisse de la fréquentationdes musées, des expositions, du théâtre,de l'opéra, sans compter le cinéma, lesconcerts rock, etc : il y a bien eu unemétamorphose indiscutable du paysageculturel français en un quart de siècle.

Mais les institutions culturelles - et lesbibliothèques n'échappent pas à ceconstat -, loin de se démocratiser, appa-raissent trop souvent confisquées parune minorité sociale : les milieuxsociaux les moins présents dans la vieculturelle n'ont pas rattrapé leur retard.L'augmentation générale des entrées nesignifie nullement une diversification dupublic ni, en aucun cas, une démocrati-sation de la culture.Il convient en effet de ne pas confondrediffusion et démocratisation : si la fré-quentation des équipements culturels aaugmenté, c'est d'abord en raison del'augmentation de la population françaiseet, surtout, parce que les catégoriessociales les plus investies dans la vieculturelle ont intensifié leur rythme defréquentation. Il n'en reste pas moinsvrai que ni l'amélioration des conditionsde vie ni les transformations des condi-tions d'accès au savoir et aux œuvresn'ont permis d'aller au bout du projet de

démocratisation qui est à l'origine de lacréation du ministère des Affaires cultu-relles à la fin des années 1950.En réalité, l'objectif d'accroissement despublics et celui de la réduction des inéga-lités ne sont pas systématiquement liés.

Les débats autour de la démocratisationculturelle ont certes permis de battre enbrèche l'élitisme foncièrement conser-vateur qui refusait que le peuple accèdeà la culture. Mais ils n'ont quasimentpas pris en compte - pour mieux la com-battre - une autre forme d'élitisme, cellequi consiste à refuser de reconnaître ou,du moins, à ne pas porter suffisammentattention aux formes nouvelles et origi-nales de culture. Peut-être conviendrait-il, dans cette perspective, de se débar-rasser enfin de la fausse querelle entreculture légitime et culture de masse.C'est, semble-t-il, ce qu'ont compris lesacteurs politiques - suivant en cela leconseil avisé des professionnels desbibliothèques - lorsqu'ils se sont lancésdans la construction de grandes média-thèques modernes capables d'accueillirà côté du livre et de l'imprimé les nou-veaux supports que sont les disques(vinyles puis CD), les cassettes vidéo(VHS puis DVD) et Internet. Dans lemême temps, les bibliothèques accrois-saient et diversifiaient considérablementleurs fonds documentaires d'imprimés etde vidéogrammes.Plusieurs travaux ont à juste titre insistésur le rôle d'aiguillon joué par le minis-tère de la Culture dans cette modernisa-tion technique et documentaire à marcheforcée depuis le début des années 19807.Ce qui importe, c'est de savoir commentévaluer les résultats de cette politiquedont l'objectif ultime reste toujours laconversion de fidèles de plus en plus

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nombreux à la cause du livre et de la lec-ture. Et de porter un diagnostic sur letournant historique, au cours des années1980 et 1990, que représente la mise enpratique dans un très grand nombre debibliothèques et médiathèques d'authen-tiques politiques de « relativisme culturel »- politiques en général non théoriséesvoire déniées.Ainsi, mieux que n'importe quel autreétablissement culturel, les bibliothèquesont su s'ouvrir aux nouvelles formes voireaux nouveaux modèles de la culture d'au-jourd'hui, sans renier le moins dumonde leur engagement fondateur àl'égard du patrimoine littéraire. Elles ontsu, dans une certaine mesure, incorporerdans leurs dispositifs, leurs politiquesd'acquisition et d'animation un grandnombre d'éléments de ce qu'on appelle,faute de mieux, les nouvelles culturesurbaines8.C'est là un élément positif à verser audossier de l'évaluation.

Le regard sociologique : un éclairagedont l'évaluation ne saurait sepasserPour rechercher les causes de la stagna-tion du taux d'inscrits en bibliothèque etrendre compte de cette « non pratiqueculturelle » la réflexion de Pierre Bourdieunous semble un fil à suivre pour tenter- dans le cadre d'une démarche évalua-tive - de comprendre les racines profon-des du rapport à la lecture et, au-delà, dela non fréquentation des bibliothèques.L'apport de Bourdieu consiste à dévoilercomment la culture, non seulementexprime mais, plus fondamentalement,contribue à constituer et à reproduire lesstructures sociales de domination enlégitimant leurs fondements. La domina-tion culturelle n'étant jamais totalement

ni définitivement assurée, elle doit tou-jours s'accompagner d'un travail d'in-culcation dont les effets ne sont jamaisunivoques. Cette inculcation, pour réus-sir, dépend en bonne part de l'incorpo-ration chez les individus de ce queBourdieu appelle Vhabitus. C'est Vhabi-tus - et non le sens commun qui postuleque « des goûts et des couleurs, on nediscute pas » - qui guide et explique lacohérence de la pratique culturelle quo-tidienne - goût de l'alimentation, de l'ha-billement, de l'équipement domestique,des œuvres d'art, des habitudes deconsommation et des activités de loisirs,mais également des formes de sociabili-té et même des opinions politiques - parlaquelle les agents sociaux se fontconcurrence pour se distinguer en s'ap-propriant des biens culturels de distinc-tion.De ce point de vue, il faudrait examinerdans le détail - si l'on se propose d'éva-luer véritablement une politique de lalecture en ne se contentant pas del'appréhender uniquement par lastatistique - les genres de livresempruntés/lus.« On sait en effet que les lecteurs inten-sifs faiblement diplômés ont souvent desgoûts, des pratiques ou des représenta-tions qui les différencient parfois consi-dérablement des lecteurs intensifs diplô-més ou fortement diplômés. Il est sansdoute plus judicieux alors de tenter defaire apparaître le lien qui va permettrede réunir toutes ces variables plutôt quede vouloir à tout crin tenter de les isolerartificiellement. [... ] L'engagementintensif dans un genre de livre donné (lascience fiction, la bande dessinée, leroman policier, les best-sellers, etc.), unniveau de diplôme peu élevé et la nonfréquentation d'une bibliothèque peu-

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vent ainsi être insérés dans une triangu-laire qui fait que les personnes qui ontces caractéristiques ne se reconnaissentpas nécessairement dans les biblio-thèques puisqu'elles pensent ne pas fairepartie de leurs publics " naturels " ».9

Il y a tout lieu de penser qu'au-delà defacteurs qui, dans de nombreusesenquêtes, sont apparus déterminantspour expliquer la non fréquentation desbibliothèques et qui tiennent aux condi-tions de l'offre (éloignement de la biblio-thèque, locaux mal adaptés, horaires quine conviennent pas, manque de choix- ou, au contraire, trop de choix - ou denouveautés, etc.), ce qui est déterminantdans la non pratique de la bibliothèque(ou son abandon) relève d'un certainnombre de causes qu'il ne sert à riend'additionner les unes aux autres, si l'onn'a pas compris auparavant les mécanis-mes de formation de l'habitus : le rap-port à la lecture, le niveau de diplôme, lesexe, la filière scolaire, l'activité profes-sionnelle, etc. sont des éléments quidépendent tous, à un degré ou à unautre, des conditions spécifiques de for-mation de l'habitus chez les individus.

Pour évaluer les politiquespubliques culturelles, analyser lespratiques culturellesLe problème qui se pose aujourd'hui, etque signalaient les organisateurs du col-loque « Le (s) public (s) de la culture »10

peut se résumer ainsi : l'accumulationdes résultats des enquêtes n'a pas permisd'observer une amélioration significativede l'efficacité des actions mises en œuvreen matière de démocratisation. Elle necontribue que faiblement au renouvelle-ment des objectifs et de la problématiquegénérale de la politique culturelle.

r-Ai s-^rzà «Vsif M ^ - >

NI. de Martin Veyron pour l'enquête

de Christian Baudelot in Le Nouvel Observateur

du 4-10 mars 1999

Rue de l'école, III. B. Heitz, Circonflexe

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Face à un tel constat, le déplacement dela réflexion sur la politique culturellelocale et le rôle des équipements cultu-rels « de proximité » peut s'avérer utile.On peut, par exemple, se poser la ques-tion de savoir au nom de quels publicson décide et on conduit la constructiondes équipements. De la réponse à cettequestion découle sans nul doute laréponse à une autre question : celle de ladémocratisation culturelle à l'échelonlocal. L'une des particularités de la poli-tique culturelle réside en effet dans lefait qu'elle n'est pas liée à l'urgence d'unproblème à résoudre ou à l'identificationd'une demande précise11. En ce sens,elle apparaît moins comme une politiquepublique traditionnelle que comme unepolitique en quête de public ou, pourreprendre les propos d'Anne-MarieBertrand, comme une « politiqued'offre »12. Dans ce cadre, les équipe-ments culturels doivent, pour justifierleur existence dans un contexte dedémocratisation, attirer un public qui,contrairement à celui des équipementsscolaires par exemple, n'est pas obligéde les fréquenter. En fait, la constructionde tout équipement public - et cela estune règle générale valable pour toutéquipement public, quelle que soit sadestination (stade, hôpital, centre desimpôts, théâtre ou bibliothèque, etc.) -suppose de prendre des décisions quantau public auquel cet établissement seradestiné.Le problème, en réalité, est l'imprécisionde l'impératif de démocratisation, aunom duquel les équipements culturelssont construits. Cette imprécision contri-bue à entretenir des « jeux » autour de ladéfinition du public : la question del'identité et de la place des futurs usa-gers de l'équipement (la bibliothèque /

médiathèque, par exemple) n'est en faitque très rarement posée de façon expli-cite.Il faudrait donc, dans une perspectived'évaluation, s'interroger également surles raisons - très diverses - de cet évite-ment si l'on veut comprendre quelques-unes des origines des obstacles à ladémocratisation culturelle, en particulierau niveau local, pour débusquer enamont les conséquences prévisibles detel ou tel choix en matière de politiqued'implantation d'équipements culturelsau niveau d'une ville.

On le voit, pour réaliser ce type d'éva-luation, il est nécessaire de disposer desoutils d'investigation aptes à rendrecompte de la confrontation du publicde la culture tel qu'il est rêvé par lesresponsables politiques, les médiateursculturels13 et les artistes, et les publicsréellement existants (et leurs pratiques),tels que les décrivent les enquêtes de fré-quentation. Il faudrait également s'inter-roger sur les politiques des villes àl'égard du (des) public(s) visé(s) priori-tairement par les nouveaux équipementsculturels mis à disposition, c'est-à-dires'interroger sur la façon dont le publicest « construit », voire instrumentalisé,dans certaines politiques d'implantationd'équipements culturels

L'adéquation des moyens aux finsEn premier lieu, il s'agit de délimiter defaçon aussi exhaustive que possible lechamp à l'intérieur duquel il faut situerle questionnement, afin que l'évaluationpuisse tenir compte des différencesautant que des ressemblances. Ou plusexactement, définir les positions relati-ves de divers éléments au sein d'unmême ensemble : repérer écarts, distan-

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ces, inversions aussi bien que symétrieet concordance conduit à l'établissementd'un ordre comparatif.Ainsi, dans cette optique, on pourraits'interroger sur l'équivalence de l'inten-sité des pratiques culturelles danschaque agglomération, dans chaque ter-ritoire de ce pays, en cherchant à cernerde manière précise la place qu'occupe lafréquentation régulière d'équipementsculturels publics de proximité : non seu-lement par rapport à l'intensité de la pra-tique de lecture (de livres et d'autresmédias), mais aussi par rapport à sonrôle dans l'appropriation des différentesformes de culture et, surtout, par delà leconstat des différences d'une région oud'une ville à l'autre, les écarts, entre lesdiverses couches sociales au sein despopulations comparées.À cela s'ajoute la réflexion sur l'interpré-tation des données statistiques, qui faitrégulièrement l'objet de certaines réser-ves de la part des chercheurs, dans lamesure où elle doit toujours tenir comptede l'imprécision des définitions des ter-mes employés et des questions posées : lamesure statistique d'une pratique cultu-relle est toujours approximative. Aucunequestion ne parviendra jamais à cerneravec précision le nombre exact de livresréellement lus par un ensemble d'indivi-dus sur une période donnée. Une ques-tion comme « Quel genre de livres lisez-vous le plus souvent ? » est sujette à desinterprétations divergentes suivant lapersonne interrogée et recouvre desréalités parfois très hétérogènes. Il n'y aqu'à penser à ce qu'on entend parroman pour s'en convaincre : en France,les chefs-d'œuvre de Flaubert et deProust y côtoient la collection Harlequin.Toute enquête consiste à susciter unensemble de discours - et de représenta-

tions - individuels, à les interpréter et àles généraliser. Mais les discours - ouplus simplement les opinions déclaréesdans les réponses aux questionnaires- qui constituent la « matière première »de l'enquête ne sont pas spontanés.Comme dans toute situation provoquée,il n'y a aucune raison d'admettre que lesujet se plie passivement aux consignesde l'enquêteur et qu'il livre directement la« vérité » ou même « sa vérité ». Sesréponses sont en réalité déterminées à lafois par la représentation qu'il se fait dela situation d'enquête et par ses propresobjectifs.

En dernier lieu, l'utilisateur des enquê-tes par sondage, quel qu'il soit (pou-voirs publics, décideur culturel,responsable d'un équipement cultu-rel), ne peut ignorer qu'il s'appuie surdes résultats dont le caractère hybride- entre comportements réels et repré-sentations - a été depuis longtempsmis en évidence. Car entre les compor-tements effectifs des individus etl'image qu'ils en donnent à l'enquê-teur, il existe toujours un écart.Indépendamment des problèmes demémorisation (bien réels, exemple :« Combien de fois avez-vous été aumusée, au théâtre, au concert, etc.,dans l'année ? »), la recherche dedistinction est souvent à l'origined'une certaine surestimation, alors queles effets de légitimité peuvent dansd'autres cas se traduire par une ten-dance à la sous-estimation. De plus,l'auto-évaluation, par les personnesenquêtées, du nombre de livres lus aucours des derniers mois est, on le sait,un exercice difficile : la distance existetoujours entre les déclarations des pra-tiques et les pratiques effectives.

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D'un autre côté, ces enquêtes visent àfournir une photographie aussi exacteque possible des comportements de lapopulation étudiée mais la constructionde séries statistiques, préalable indispen-sable à la production de données, n'estévidemment pas neutre : elle est en par-ticulier le reflet des normes sociales envigueur14. Ainsi les statistiques ne sonten fait ni vraies ni fausses. C'est la rai-son pour laquelle, dans une perspectived'évaluation, il est nécessaire de recou-rir, de manière complémentaire, à l'en-quête dite qualitative, par entretiens,voire à l'étude ethnographique pour sai-sir la spécificité des représentations oudes pratiques. C'est la seule manière,semble-t-il, pour mettre en relief la plu-ralité des définitions de la culture parmiles différentes catégories sociales.

De sérieuses réserves sur les enquêtesréalisées en vue d'évaluer une politiquepublique ont été exprimées par les socio-logues de la culture : soit leur critiqueportait sur l'origine même de l'enquête- une commande de l'administration - ;soit ils contestaient la méthode d'inves-tigation utilisée - le recueil de donnéesstatistiques obtenu par l'interrogation(par voie de questionnaire) d'un échan-tillon représentatif.Ainsi Gérard Mauger, Claude F. Poliak etBernard Pudal font-ils observer que « enfocalisant l'attention sur telle ou telledonnée, en fournissant des argumentschiffrés à telle ou telle prise de position,elles [les enquêtes quantitatives statis-tiques] contribuent à la construction du" problème de la lecture " : s'agissantd'évaluer l'efficacité des politiquespubliques, on voit toute l'importancequ'il y a à mettre en évidence " la baissede la lecture ", " la désaffection des jeu-

nes à l'égard de la lecture " ou, à l'in-verse, " un mouvement arrêté ", " unarrêt de la baisse ", " une affection tran-quille ", ou mieux " la reprise ". Annoncerla croissance, c'est donner un satisfecit àla politique culturelle menée. Annoncer, àl'inverse, chiffres à l'appui, une régres-sion, c'est appeler à la mobilisation (ren-forcement de la politique culturelle, haus-se des crédits, multiplication des postes,etc.) et/ou dénoncer l'inefficacité de lapolitique culturelle ou de l'école " qui neremplit plus ses fonctions ", etc. »15.On peut partager jusqu'à un certainpoint ce type d'objection, mais à condi-tion toutefois de ne pas perdre de vueque toute enquête sociologique, quelleque soit la méthode d'investigation rete-nue, s'efforce de rendre compte d'un cer-tain nombre de réalités et d'évolutionssociales, lesquelles parfois ne sont pastoujours du goût des commanditaires del'évaluation16.En tout état de cause, l'ensemble de cesenquêtes permet de saisir la progressionde la diffusion du livre comme celle de lalecture. Réalisées à des périodes succes-sives, comme Pratiques culturelles desFrançais 1973-1981-1989-1997 ou l'en-quête sur « L'expérience et l'image desbibliothèques municipales (1979-1998) »,elles autorisent des comparaisons fruc-tueuses et viennent attirer l'attention surcertaines modifications des pratiquesculturelles (la lecture de magazines ver-sus la lecture de livres chez les jeunes, labaisse de l'intensité de lecture chez lesjeunes forts lecteurs, etc.).Des réserves d'un autre ordre peuvent enrevanche être portées - et intégrées dansl'interprétation des résultats - sur lesenquêtes statistiques quantitatives. Outrequ'elles vérifient le plus souvent ce quenous savons déjà (par exemple qu'on lit

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d'autant plus, en règle générale, qu'on estdiplômé), il arrive que les donnéesrecueillies soient répétitives d'une enquê-te à l'autre et masquent plus qu'elles nedévoilent la réalité des pratiques. D'où laquestion des indicateurs dont la démarched'évaluation doit se doter pour rendrecompte à la fois de l'intensité des pra-tiques (« Combien de fois par semaine oupar mois allez-vous à la bibliothèque ? »),de leurs modalités (« Où ? Quand ?Comment ? etc. ») et de leur sens (« Qu'estce que lire représente pour vous ? »« Qu'est ce que fréquenter une biblio-thèque représente pour vous ? » « Par rap-port au cinéma, au théâtre, à la musique,au sport, à la TV, aux sorties, etc. ? »)

Organisation du public, démocrati-sation culturelle et évaluationL'organisation du public a souvent étéperçue comme une forme de démocratieculturelle. Or, rien n'est plus illusoireque d'attribuer au recrutement et à laformation du public un caractère de« démocratie culturelle », même àconquérir. C'est confondre les genres.L'organisation du public est un moyen,sans aucun doute fondamental, au serviced'un projet social ; mais ce n'est qu'unmoyen dont les formes sont imposées parla structuration de la société française. Leseul moyen d'entrer en contact avec desgroupes d'élèves, d'étudiants ou de sala-riés était de le faire à partir des formesd'organisation déjà existantes, ou à par-tir d'un regroupement d'organisation enfonction d'un projet artistique conduitpar des professionnels : dans cette rela-tion, on est loin de la démocratie cultu-relle. À tel point que, pour désigner lesgroupes de scolaires qu'on emmène authéâtre ou au musée, la notion de« publics captifs » revient régulièrement.

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Dans le même ordre d'idées, on rappel-lera que les caractéristiques des équipe-ments publics varient selon la composi-tion sociale des quartiers et des commu-nes où ils sont construits : ce sont leséquipements culturels (et scolaires) quiassurent une simple initiation à la culturequi sont relativement bien représentésdans les communes ouvrières. Alorsqu'à l'inverse, dans les communes oùrésident en forte proportion les classesdéjà familiarisées avec la culture, lespolitiques d'équipement ont concernéles infrastructures nécessaires aux pra-tiques cultivées.

Pour conclureNe conviendrait-il pas mieux dès lors,dans le cadre d'une politique d'évalua-tion digne de ce nom, d'essayer de mon-trer que la mise en rapport entre les for-mes les plus élaborées de la culture et lapopulation ne peut procéder d'un simplecontact ? Plutôt que de définir une énièmedémarche conduisant à la fréquentationdes œuvres, ne devrait-on pas d'abordtenir compte de la nature de l'art qui estune forme culturelle élaborée ? En cin-quante ans, l'écart entre le domaineartistique, soutenu et développé parl'action culturelle au sens large, et lespratiques du secteur socioculturel n'acessé de s'amplifier. Or, la jonction entreune action de rayonnement national etune action de proximité, entre une pra-tique de fréquentation des œuvres et despratiques d'expression artistiques, entrela production artistique et une interven-tion sur les domaines de la vie quoti-dienne et du loisir, bref entre l'art et soninsertion sociale, est une condition fon-damentale d'une politique culturelle.Cette articulation a souvent manquédurant toutes ces années.

Il me semble en définitive que, jusqu'àprésent, toutes les tentatives d'évaluationdes politiques culturelles ont minimisé ladimension symbolique, partie prenantede toute pratique. Les pratiques cultu-relles et scolaires, par exemple, ne sontpas seulement appropriation de biens,elles sont aussi constitutives de positionssociales. Elles ne renvoient pas seulementà un problème de répartition plus oumoins inégalitaire de valeurs marchandeset de valeurs d'usage, mais aussi à laquestion des gains symboliques liés àl'appropriation de ces valeurs. Autrementdit, on ne peut se contenter de constaterla pluralité, la diversité des pratiquessociales - par conséquent des « publics » -sans en analyser les effets sociaux.Je ne saurais conclure ces réflexions surles possibilités de mener à bien une poli-tique d'évaluation de la lecture sansm'autoriser une remarque supplémentai-re à propos du rôle de l'école en matièreculturelle. Depuis la première enquête surles pratiques culturelles en 1973, le rôlede l'École, dans ce domaine notamment,s'est sensiblement transformé. Sousl'effet de la massification scolaire, lapopulation scolaire est devenue culturel-lement plus hétérogène, et cette hétérogé-néité, qui contribue à abaisser les frontiè-res entre groupes sociaux, s'accompagnedu maintien de fortes inégalités d'accès àla culture savante. La progression destaux de fréquentation des équipementsculturels en général, et des bibliothèquesen particulier, résulte principalementd'un effet de structure, liée à la progres-sion du poids relatif des catégories depopulation les plus consommatrices debiens et de services culturels. Dans lemême temps, le développement desindustries de la culture de masse a affai-bli le magistère culturel de l'École.

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Cette double transformation, du mondescolaire, d'un côté, du monde de l'art etde la culture, de l'autre, pose, dans denouvelles conditions, la question de laréelle démocratisation de l'accès auxéquipements culturels publics qui,comme les bibliothèques, privilégient demanière générale - quoiqu'on en dise -les productions de la culture légitime ousavante.

1. Anne Kupiec (sous la dir. de) : Bibliothèques et éva-

luation, Paris, Éditions du Cercle de la librairie, 1994.

Cet ouvrage n'a pas pris une ride dix ans après sa publi-

cation. Il reste certainement l'un des meilleurs outils à

ce jour pour penser l'évaluation des bibliothèques et, par

delà, d'autres équipements culturels.

2. Anne-Marie Bertrand : « Bibliothèque municipale : la

carte et le territoire », in Anne Kupiec, op. cit., p. 52.

3. La sémantique n'est jamais neutre : au sein de l'or-

ganisation gouvernementale de l'époque, on a ainsi

créé, à côté du ministère des Affaires étrangères et du

ministère des Affaires sociales, le ministère des Affaires

culturelles.

4. C'est moi qui souligne.

5. C'est-à-dire en tenant compte de l'ouverture de nou-

velles bibliothèques (2795 bibliothèques municipales

desservaient 36 962 197 habitants en 1999 contre

2486 bibliothèques municipales desservant 35 869 506

habitants en 1996).

6. Soit près de 6 745 000 inscrits (dans les 2 943 biblio-

thèques municipales), selon les données publiées par la

Direction du Livre et de la lecture (données recueillies à

partir des déclarations annuelles des bibliothèques

municipales). À partir des données 2000, il a été tenu

compte des chiffres du recensement de la population

française de 1999. Si ces données avaient été calculées

sur les mêmes bases que les précédentes (à partir du

recensement de 1990), le tassement aurait été moins

net mais il aurait bel et bien existé. Ces données diver-

gent avec les chiffres des enquêtes • Pratiques culturel-

les des Français » du ministère de la Culture

(Département des études et de la prospective), lesquels

proviennent de l'interrogation d'un échantillon national

représentatif de la population française. Selon ces

enquêtes on comptait 13% d'inscrits en 1973, 16% en

1988, 21% en 1997. À ces chiffres, il convient d'ajouter,

du moins pour 1997, un nombre important d'usagers non

inscrits, qu'on peut évaluer à peu près à deux millions.

Selon l'enquête « Pratiques culturelles des Français de

1997 », l'augmentation de la fréquentation repose pour

une bonne part sur les usagers non-inscrits : un Français

sur trois s'était rendu au moins une fois dans une biblio-

thèque (ou une médiathèque) au cours de l'année pré-

cédant l'enquête.

7. Voir, entre autres, Anne-Marie Bertrand, Les

Bibliothèques municipales. Enjeux culturels, sociaux,

politiques, Paris, Cercle de la librairie, 2002, p.21-24 ;

François Rouet, La Grande mutation des bibliothèques

municipales, Paris, ministère de la Culture et de la

Communication (Département des études et de la

prospective), 1998 ; Jean-François Hersent, préface â

Anne-Marie Bertrand, Martine Burgos, Claude

dossier/ N°217-LAREVUEDESUVRESPOURENFANTS 91

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Poissenot, Jean-Marie Privât : Les Bibliothèques munici-

pales et leurs publics. Pratiques ordinaires de la culture,

Paris, BPI-Centre Pompidou, 2001 (Études et recher-

che).

8. On désigne par là les pratiques qui englobent plusieurs

langages à l'exemple du hip hop (musique, art vocal,

danse, mode et graphisme, etc.) et répondent du moins en

partie, au désir d'autonomie, de subjectivité et de liberté

au cœur des formes d'expression artistique amateur ; cf.

Olivier Donnât : Les Amateurs, op. cit.

9. Christophe Evans et Jean-François Hersent, « À propos

de l'explication sociologique de la fréquentation des

bibliothèques », Bulletin des bibliothèques de France,

T. 47, n° l , 2002.

10. Colloque « Le(s) public(s) de la culture. Politiques

publiques et équipements culturels », organisé par le

ministère de la Culture et de la Communication

(Département des études et de la prospective, la

Fondation nationale des Sciences Politiques et l'OFCE,

du 28 au 30 novembre 2002 à l'auditorium du Louvre.

Les actes du colloque ont été publiés dans Olivier

Donnât, Paul Tolila (dir.) : Le(s) Public(s) de la culture,

Paris, Presses de Sciences Po, 2003.

11. Comme l'a montré Vincent Dubois dans La Politique

culturelle : genèse d'une catégorie d'interventionpublique, Paris, Belin, 1999.

12. Cf. Anne-Marie Bertrand : Les Villes et leurs biblio-

thèques : légitimer et décider. 1945-1985, Paris, Cercle

de la librairie, 1999.

13. Cf. Anne-Marie Bertrand, à propos des bibliothécaires

en quête du « bon » public : « Le peuple, le non-public et

le bon public : les publics des bibliothèques et leurs

représentations chez les bibliothécaires » in Olivier

Donnât, Paul Tolila (dir.), Le(s) Public(s) de la culture, op.

cit.

14. Comme le souligne avec pertinence Hervé Renard

dans les Cahiers de l'Économie du livre n° 9, mars 1993 :

note de lecture à propos de Jean-Louis Besson (dir.) :

La Cité des chiffres, ou l'illusion des statistiques,

Autrement, série Sciences en société n°5, septembre

1992.

15. Gérard Mauger, Claude F. Poliak et Bernard Pudal :

Histoires de lecteurs, Paris, Nathan, 1999 (Essais et

recherches), pp.9-10.

16. Il n'est qu'à rappeler, pour s'en convaincre, les polé-

miques suscitées par la publication des résultats de l'en-

quête sur les pratiques culturelles des Français de 1989

(réalisée par le ministère de la Culture) qui, pour la pre-

mière fois, faisait état d'une baisse de la lecture de livres,

particulièrement chez les jeunes générations.

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