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La référence afro-caribéenne Ne pas jeter sur la voie publique POLITIQUE 6 CAHIER SPÉCIAL CPI 13 SPORT 21 E NVIRONNEMENT 10 SOCIÉTÉ 22 ÉCONOMIE 20 DIASPORAS news N°31 Juin 2012 DOSSIER 4 CHRISTIANE TAUBIRA Femme noire, engagée et Ministre de la Justice Française GRATUIT DIDIER DROGBA UN DESTIN ATYPIQUE MALI LA CHIENLIT AU SUD ET LA CHARIA AU NORD DESTIN CROISÉ DE DEUX FEMMES CAHIER SPÉCIAL CPI L A CÔTE D’I VOIRE SUSPENDUE À L AUDIENCE DE L AURENT GBAGBO

Diasporas News Juin 2012

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L'actualite Afro Caraibes

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La référence afro-caribéenne

Ne pas jeter sur la voie publique

Politique 6 Cahier sPéCial CPi 13 sPort 21environnement 10 soCiété 22éConomie 20

DiasporasnewsN°31 Juin 2012

Dossier 4

Christiane taUBira

Femme noire, engagée et Ministre de la Justice Française

Gratuit

DiDier DrOGBa uN DeStiNatYPiQue

MaLiLa chieNLit au

SuD et La charia au NOrD

DeStiN crOiSé De Deux feMMeS

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laurent GBaGBo

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N° 31 JuiN 2012 Diasporas News

Après la condamnation, sans surprise, de l’ancien président libérien, Charles Taylor, à 50 ans de prison ferme dans le juge-ment rendu par le Tribunal spécial sur la

Sierra Leone (TSSL), la voie est désormais royalement

ouverte pour les autres célèbres détenus de La Haye.

Dans le camp du congolais Jean-Pierre Bemba tout comme dans celui de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, la défense affûte ses armes pour clouer au pilori l’Accu-satoire mais aussi faire voler en éclat les charges qui pèsent contre leurs clients. Quelle que soit la gravité des faits reprochés. Un exercice rarement couronné de succès, à une exception près, dans cette juridiction internationale où l’on a coutume de dire qu’«on y entre avec un ticket sans retour. »

Bien évidemment, le verdict prononcé à l’encontre de Charles Taylor qui devient dans les annales de la Cour, le premier ancien chef d’Etat africain dont le procès a été conduit à son terme, n’a pas eu le même écho retentissant ailleurs que si l’on se trouvait à Monrovia, Kinshasa, Bangui ou à Abidjan.

Dans le camp Laurent Gbagbo, l’on est d’autant plus attentiste que l’audience de confirmation des charges s’ouvre dans quelques jours seulement : le lundi 18 juin prochain. Ses partisans qui comptent se déplacer mas-sivement à La Haye pour manifester bruyamment s’y rendront avec cette peur au ventre de savoir que si Charles Taylor a été condamné pour des charges simi-laires de crimes de guerre et de crimes contre l’huma-nité en Sierra Leone, qu’en sera-t-il pour leur leader ?

La stratégie de la défense dirigée par l’avocat fran-çais Me Emmanuel Altit a consisté à récuser la com-pétence de la Cour pénale internationale. Elle avait d’ailleurs introduit le 24 mai dernier auprès de la Chambre préliminaire 1, une requête en incompétence de la Cour de près de 80 pages. Démarche futée qui a connu un succès médiatique indéniable. Sera-t-elle payante lors de l’audience ? Difficile de le savoir.

Mais, les arguments avancés méritent qu’on s’y attarde. Me Altit et ses confrères mettent donc en cause toute la procédure de l’arrestation de Laurent Gbagbo jusqu’à son transfèrement à La Haye. « Les procédures de mise en accusation d’un Président en exercice, accusent-ils, n’ont pas été respectées. il en découle donc que l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril était arbitraire au sens du droit ivoirien applicable » Argument étayé par un rappel succinct de l’article 2 de la loi fondamentale ivoirienne sur le statut d’ancien Président de la République. Il est écrit noir sur blanc dans la loi fondamentale ivoirienne qu’« aucun ancien Président de la république ne peut être poursuivi ou arrêté à raison des faits criminels

ou délictuels par lui commis qu’avec l’autorisation de l’assemblée Nationale.»

Le Conseil de la Défense ne s’arrête pas là. Il dénonce les conditions de détention de leur client. Il s’insurge contre la violation de ses droits, les tortures et autres traitements inhumains et dégradants qu’il a subis pen-dant la période de détention de huit mois qui ont pré-cédé son transfèrement à La Haye.

Pour ses avocats, « aucune des procédures de mise en accusation d’un Président en exercice n’a été res-pectée ». Par conséquent, il en découle que « l’arres-tation de Laurent Gbagbo le 11 avril était arbitraire au sens du droit ivoirien applicable.»

Que répondra l’Accusation à la suite de cette requête sur l’incompétence de la chambre préliminaire d’ap-précier la crédibilité des preuves ?

En tout cas, beaucoup croient que les charges qui pèsent contre Laurent Gbagbo vont fondre comme du beurre au soleil et se prêtent même à rêver de la libération leur champion dans quelques jours à l’instar de l’ancien dirigeant des rebelles hutu rwan-dais Callixte Mbarushimana, qui avait été, lui-aussi, accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). La CPI avait ordonné en novembre 2011 sa mise en liberté parce qu’estimant que les éléments de preuve rassemblés par le procureur n’étaient pas assez solides pour mener à l’ouverture d’un procès. De mémoire, c’était la toute première fois depuis sa mise en fonction en 2003 que la juridiction internationale relaxait un suspect.

Avant le jour J, pendant que le conseil d’avocats révise ses notes pour être prêt le 18 juin, dans le camp Lau-rent Gbagbo, certains préfèrent se tourner vers Dieu, le Père, pour que le miracle soit opéré. Les pasteurs et autres hommes de Dieu sont d’ailleurs mis à contri-bution. Les mêmes faiseurs de rois qui pullulaient dans le palais de Laurent Gbagbo et qui lui avaient pré-dit une victoire, sans bavures, lors de la présidentielle 2010 achevée dans un bain de sang. Alors, les veil-lées de prières se succèdent dans les églises à Abidjan comme à Paris où se trouve le plus important contin-gent de ses partisans à l’étranger.

Si les hommes recommandent ni une justice des vain-queur ni une justice des vaincus, Dieu, lui, qui est juste et n’a pas de camp, saura amener la Cour à dire le droit et rien que le droit pour que le procès, s’il devait en avoir un, soit équitable pour tous.

Clément Yao

EditoDiasporas News

NUMéRo 31 DE JUIN 2012

DIASPoRAS-NEwSEDITé PAR DCS GRoUP

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CHRISTIAN BoUTILLIER

DéPôT LéGAL : à PARUTIoN ISSN : 2105-3928

IMPRESSIoN : EN FRANCE

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CPi : taylor donne le la… GBaGBo donne dU Fil

à retordre

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

DossierDOSSier

Guerre civile à Sebha150 morts officiellement, plus de 700 morts selon Jomode Elie Getty DobyCela membre du Conseil National de Transition (CNT) mais néanmoins toubou. Il s’agit d’affrontements intertribaux entre toubou et oueled slimane ; la dernière d’une longue série !Sebha, une ville oasis de 150.000 âmes située dans le sud de la Libye. Les toubous ne repré-sentent à peine plus de 15% de la population. Quelques jours auparavant une voiture s’est fait voler en ville. Le 26 mars, le Conseil de sécurité composé de toubous et d’arabes se réunit. Ensuite, les versions divergent. Le véhi-cule appartiendrait à un toubou ou plutôt le contraire. Toujours est-il que le ton monte et des coups de feu partent. Trois cadres toubous sont assassinés à bout portant ; il s’agit suc-cessivement du responsable de la sécurité, le chargé des armements et le chef de la lutte anti-terroriste.Dès lors des combats meurtriers s’engagent dans la ville. Des quartiers entiers sont brûlés alors que des enfants et des femmes subissent des atrocités. Le chef toubou Issa Abdelmajid Mansour n’a pas hésité à qualifier ces vio-lences intertribales de « nettoyage ethnique ». Les toubous ont opéré un repli stratégique hors du faubourg, à quelques kilomètres vers le Sud. Et puis, trois jours après, ils ont pris la ville par surprise. C’est au terme d’une semaine de combat qu’un cessez-le-feu fut décrété avant qu’on annonce le décompte macabre.

Le peuple toubouLes toubous sont des noirs qui vivent depuis le vème siècle av J.-C. au pied des massifs mon-tagneux du Tibesti (littéralement lieu où vivent les habitants de montagnes) et de l’Ennedi. Ils sont donc considérés comme parmi les primo-sahariens. Peuple semi-nomade se déplaçant au gré des points d’eau, ils se sont également établis dans les oasis pour pratiquer l’agricul-ture. Le complément de revenus provient de l’activité pastorale c’est-à-dire la vente de bé-

tail et surtout de chameaux. Signe des temps modernes, ils savent aussi s’adapter à la réa-lité de la mondialisation. Ils sont devenus les maîtres du désert ; maillon indispensable du flux migratoire des milliers de jeunes africains attirés par les revenus pétroliers libyens voire plus loin c’est-à-dire l’eldorado européen. Les toubous se sont donc reconvertis en « passeurs » du désert qui font entrer par Dirkou (Niger) les candidats à l’immigration clandestine. Ce genre de trafic n’a pu se faire bien sûr sans le consentement du colonel Kadhafi ou en tout cas sa bienveillance.La démarcation des frontières modernes font qu’aujourd’hui les 200.000 toubous se re-trouvent à cheval sur trois pays limitrophes : le Niger (Nord-Est), le Tchad (Nord) et la Libye (Sud).Souvent décrit comme querelleurs et suscep-tibles, les toubous minoritaires et persécutés se sont aguerris au fil du temps et ont une réputa-tion de valeureux combattants. Ils connaissent cette vaste région comme leur poche ; les camions peuvent aujourd’hui circuler dans le fin fond de ce désert grâce aux chauffeurs toubous. Car ils sont les seuls susceptibles de rouler entre deux balises de délimitation de mines anti-personnelles, vestiges du conflit tchado-lybien des années 1980.

Sous le règne de KadhafiDepuis son arrivée au pouvoir en 1969, le guide libyen n’avait cessé d’avilir et d’humilier cette population. Avec sa vision manichéenne, il considérait qu’un citoyen devait parler arabe et les toubous étaient obligés de se conformer à cette arabisation à pas forcés. Pendant ses 40 ans de règne, tout bon libyen devait porter un nom à consonance arabe ; si bien qu’au moment même où nous parlons, des milliers de noirs n’ont pas pu être inscrits à l’état civil et vivent donc sans carte d’iden-tité. C’est le cas de milliers de toubous qui ont refusé de se soumettre à l’autorité centrale. Ils subissent eux-mêmes un ostracisme de la part

des 30% de noirs « assimilés », les prenant comme des citoyens de seconde zone. Héritée des années 1950 et modelée par le jeune lieutenant Kadhafi en 1969, la cir-conscription administrative subdivise la Libye en trois principales provinces ou régions : à l’Est, la Cyrénaïque de tradition pastorale, à l’ouest la Tripolitaine plutôt agricole et la dé-sertique Fezzan. La révolution libyenne a mis en exergue la rivalité et l’antagonisme entre l’Est et l’ouest autrement dit les côtes à forte densité de population. Certes, la conquête de Tripoli est partie de Benghazi.Mais les grands desseins du colonel Kadhafi avaient également provoqué des antago-nismes entre les riches agglomérations du rivage de la Méditerranée et du désert de Sahara peuplé de berbères et de noirs. Le Sud est resté le parent pauvre de cette pros-périté fulgurante, emmenée par les rentes du pétrole. Kadhafi a refusé sciemment de le dé-velopper pour punir les toubous qui refusent de migrer vers le Nord ou de lui faire acte d’allégeance. Il allait même jusqu’à semer des mines antipersonnelles pour les obliger à quitter leur territoire depuis la nuit des temps. Le guide libyen savait exactement la richesse minière du sous-sol des oasis du Sud et il vou-lait l’exploiter en se débarrassant des hommes qui y vivent.

L’heure de la revanche a sonné !Le monde entier se souvient de la chevau-chée fantastique des révolutionnaires de l’Est, appuyée par l’aviation de la coalition internationale. Lorsque l’avancée des rebelles semblait s’essouffler au mois de juin 2011 et que le doute s’installa au sein même du Conseil National de Transition (CNT) quant à la façon d’en venir à bout du régime de Mouammar Kadhafi, les toubous et les berbères ont senti le vent de la liberté souffler dans le désert. Pour les uns comme pour les autres, ce fut une occasion en or de s’affranchir enfin de décen-nies d’humiliation et de pauvreté. Longtemps parqués dans des boulots d’ouvriers, d’em-ployés de maison, de toute sorte de tâches

liBye : le sort des toUBoUs PenDant que les ProjeCteurs sont foCalisés sur les toua-rèGues au norD Du mali, les araBes et la minorité noire Du suD liByen se livrent, De Koufra à seBha, Des ComBats sans merCi DePuis Plus De six mois. enCore un foyer De ten-sion qui risque De s’étenDre sur le tChaD et le niGer

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ingrates, ils espèrent et aspirent enfin à cultiver leur propre terre ; de troquer leur misérables taudis contre un vrai toit ! L’oTAN refusa de faire débarquer des soldats sur le sol libyen mais elle consentit à parachuter du matériel militaire dans le Djebel Nefoussa, au Nord-ouest du pays. Les milices berbères de Zintan, autres peuples persécutés par le Guide libyen, se rapprochèrent des toubous de la province de Fezzan. La première offensive sur Al-Qatroum du mois de juin fut repoussée par les troupes loyalistes. Mais au mois d’août 2011, le « bataillon du bouclier du désert » emmené par le toubou Barka wardougou – un ex-officier de l’armée libyenne mais égale-ment passé par la case prison sous le régime du Guide - prit le contrôle de l’oasis de Morzuk dans la province de Fezzan. Il s’agit d’un car-refour stratégique entre le Tchad, le Niger et l’Algérie ; un revers pour le clan Kadhafi car sa tribu – les Guedadfa – à la main mise poli-tique et économique sur cette région de Sebha.Fort de ces faits d’armes, les dirigeants toubous ont fait le déplacement à Benghazi, siège pro-visoire du CNT. « Il n’est pas question pour nous d’autonomie ou d’indépendance, nous voulons simplement participer à l’avènement de la nou-velle Libye » affirme un des leaders. Ainsi, un toubou a été nommé pour les représenter au sein du CNT. Ce n’est qu’un début car après la chute du régime, ils ont trusté les postes-clés de la transition de Sebha et Koufra. Ils sur-veillent les check-points et quadrillent les rues alors que les tribus arabes comme les Zwaï se contentent de contrôler le camp militaire et quelques dépôts d’armes.

Naissance des rivalités arabes et toubousJamais trafic de voitures volées, partant de Li-bye vers les pays du Sud, n’a autant prospéré que depuis la chute du colonel Kadhafi. Les toubous, fins connaisseurs du désert monopo-lisent le « marché ». Mais après plus de 40 ans de persécution, ils aspirent maintenant à sortir de cette engeance dans laquelle le régime les a cantonnés. De l’autre côté, les arabes esti-ment que la responsabilité administrative de Koufra et de Sebha leur revenaient.Le flux migratoire sub-saharien dans la région de Fezzan a été favorisé par l’africanisme prôné par le Guide lorsque celui-ci fut rejeté par les pays arabes à la fin des années 1980. Ces travailleurs sont venus gonfler les rangs des toubous ; ils vivent dans les mêmes quartiers dans les villes comme Koufra ou Sebha.Les tensions extrêmes entre les noirs et les

arabes trouvent leur source dans cette forme de cohabitation. Toute cette région a été quelque peu négligée par le colonel Kadhafi au détriment des rivages de la Méditerranée. Nombre de libyens trouvent en ces voisins en-combrants des victimes expiatoires de la poli-tique africaine du dictateur. Le CNT réclame aujourd’hui un audit financier sur la holding financière créée par le guide libyen pour le continent africain : la Libyan African Investment Company (LAICo) dotée de 40 milliards USD. De l’argent de la rente pétrolière parti ailleurs sans que les autochtones n’aient pu en béné-ficier !Et pourtant, les toubous et les oueleds slimanes étaient des alliés ou plutôt des compagnons d’infortune. Car lorsque ces derniers ont été martyrisés par les autres tribus arabes, ce furent souvent les toubous qui volèrent à leur secours ou s’interposèrent en tant que média-teur. Les oueleds slimanes ont en effet fui la co-lonisation italienne pour se réfugier au Tchad. Ils sont rentrés au moment de l’avènement de Kadhafi, mais avec un statut social différent de ceux qui sont restés !

touaregs, Berbères, tou-bous même combatCette escalade de violences a commencé dès la fin de l’année 2011 du côté de Koufra. Et la région du Fezzan reste toujours sous tension, menace d’exploser d’un moment à l’autre. Sur le terrain, le CNT a envoyé des contingents pour s’interposer entre les combattants sans grand résultat. Ce gouvernement de transition a du mal à asseoir son autorité à Tripoli ; le problème du fin fond du désert n’est pas sa priorité de l’instant. Certains leaders toubous comme Issa Abdelmajid Mansour ne s’embar-rassent plus pour déclarer que « le CNT et le régime Kadhafi ne sont pas différents ». Ils en appellent aujourd’hui à une intervention ou une médiation internationale de l’Union Européenne ou de l’oNU. La solution socioéconomique à long terme passe surtout par une redistribution équitable de la rente de la province de Fez-zan. Sinon le risque d’extension du conflit vers le Tchad et le Niger n’est pas du tout à exclure. Et pourquoi pas une revendication d’autodé-termination comme le MNLA au Mali ?Comme pour les touaregs, les berbères et les toubous, les peuples qui vivent en lisière du dé-sert de Sahara ont du mal à trouver leur place au sein des Etats-Nations ; notion juridique ina-daptée à leur mode de vie séculaire.

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DossierPOLitiQue

tous coupablesLe Mali s’enfonce inexorablement vers une impasse que personne n’ose parier un kopek quant à l’issue de cette période d’instabilité dans laquelle ce pays est en train de traver-ser. Cette lente dérive de ce pays, maintes fois cités comme un exemple d’un pays démocra-tique, vers une anarchie au sommet du pouvoir et une perte de son intégrité territoriale est-elle une réaction spontanée ou une décennie de profond ressentiment de la population ?

Aujourd’hui, le vernis démocratique malien a craqué à la face du monde. La planète toute entière louait cette pluralité de façade alors qu’elle était minée par la corruption, un pou-voir d’achat qui s’effrite provoquant un senti-ment de ras-le-bol général. En tout cas, la res-ponsabilité est collective. D’abord, les bailleurs de fonds internationaux qui avaient peut-être besoin de citer et d’aider un pays exemplaire dans cette Afrique où les dirigeants peinent à quitter le pouvoir. où sont envolées les sub-ventions ? Ensuite, les pays voisins qui ont ins-trumentalisé les touaregs de l’Azawad pour faire barrage à AQMI ; en 2011, la France a également reçu discrètement au Quai d’orsay des émissaires d’Ansar Dine. Et enfin le prési-dent Amadou Toumani Touré (ATT), lui-même et toute la classe politique, usés sans doute par une décennie de pouvoir.

Les rétrospectives de 2012 Début janvier, les rebelles touaregs atta-quèrent les garnisons de la partie septentrio-nale. Elle sonne la reprise de la lutte armée du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), avec cette fois-ci le renfort des groupuscules islamistes dont AQMI. Les villes de Tessalit puis Ménaka et Kidal tom-bèrent. L’armée malienne mal équipée accusa de lourdes pertes. Mais le tournant décisif fut le massacre d’Aguelhok : faits prisonniers, au moins une centaine de soldats et de gen-

darmes ont été froidement abattus, les mains liées dans le dos. Une signature d’AQMI ! En février, ce sont les femmes de soldats qui prirent la défense de leurs époux pour mani-fester et interpeller le président ATT : « nos maris se font massacrer comme des lapins faute de matériels et d’équipements ; et vous ne réagissez pas en attendant tran-quillement la fin de votre mandat… ».

En tout cas, une atmosphère de fin de règne polluait la vie politique à Bamako ; les ru-meurs de coup d’Etat allaient bon train et les grognements se faisaient plus bruyants dans les casernes. ATT croyait en sa bonne étoile et pensait encore cette fois-ci pouvoir éteindre le début d’incendie qui couvait au sein de la grande muette.

Le 22 mars, jour où son ministre de la Défense et le chef d’état-major furent « convoqués »

par les militaires au camp de Kati à 15km de la Capitale, ATT était resté serein malgré les mises en garde des chancelleries étrangères. C’est ainsi qu’une mutinerie de soldats, frus-

trés par les propos des deux émissaires a fait chuté un régime démocratique. Tandis que quelques irréductibles de Kati étaient déci-dés à marcher sur Bamako pour porter haut et fort leur revendication, un capitaine nommé Amadou Haya Sanogo, rentrait tranquillement chez lui à moto, en ne participant même pas aux discussions des mutins.

C’est lorsque le fruit était mûr c’est-à-dire que

Mali La chieNLit au SuD et La charia au NOrD un Chef D’etat Par intérim aGressé Par Des manifestants au sein même De son Bureau, les touareGs De la Partie sePtentrio-nale Du Pays qui ProClament unilatéralement une réPuBlique islamique, un Chef De Gouvernement oBliGé D’aller trouver les solutions Chez les méDiateurs étran-Gers… où va le mali ?

AMADoU ToUMANI

ToURé

Amadou Haya Sanogo

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l’oRTM et le palais de Koulouba sont tombés que les putschistes, surpris eux-mêmes par tant de facilité, cherchèrent une forte tête susceptible de diriger la junte. Amadou Haya Sanogo fut tiré de son lit et appelé alors à la rescousse pour se faire nommer président du Comité National de la Démocratie et du Redressement de l’Etat (CNDRE).

La CEDEAo a tout de suite condamné le putsch et a opté d’emblée pour une ligne dure : embargo, isolement du Mali, suspension de toutes les instances internationales, menace d’envoi des contingents militaires pour ren-voyer les putschistes dans leur caserne. Tandis que Blaise Compaoré est sur une ligne beau-coup plus modérée. Il a envoyé son ministre des Affaires Etrangères Djibril Bassolé pour la recherche d’une solution consensuelle. Au-jourd’hui, force est de constater que les faits donnent raison plutôt à la diplomatie « soft » et à la prudence du Burkina Faso qui est un voisin limitrophe. Le 22 mai dernier, 25 bur-kinabés ont été tués à la frontière malienne ; conséquence d’une confrontation entre dogons et les réfugiés peuls. Alors que l’embargo dé-crété par la CEDEAo a engendré un manque à gagner d’au moins 10 milliards FCFA men-suel à la douane malienne et asphyxie pro-gressivement l’économie locale.

Pouvoir tricéphaleL’accord-cadre du 6 avril définit la feuille de

route imposée par la CEDEAo. Elle devait d’une part conduire le Mali jusqu’aux élections présidentielles, synonyme d’un retour à l’ordre constitutionnel ; et d’autre part, trouver une solution à l’insurrection touarègue. Dioncoun-

da Traoré, ancien président de l’Assemblée Nationale, est désigné président de la Répu-blique pour un intérim de 40 jours ; Cheikh Modibo Diarra, astrophysicien de la NASA aura la lourde tâche de gouverner le pays après avoir « piloter » la sonde marsienne « pathfinder ». Quant au capitaine Amadou Haya Sanogo, il fut renvoyé à la caserne de Kati, le QG des putschistes.

Mais les apparences sont parfois trompeuses. Le président intérimaire Dioncounda Traoré règne mais ne gouverne pas. Il n’a ni pouvoir de signature et encore moins de nomination. Tandis que le Premier Ministre Cheikh Modibo Diarra a peine à asseoir son autorité et la formation de son gouvernement fut très criti-

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DossierPOLitiQuequée. Car censé être un gouvernement d’union nationale, il serait devenu un gouvernement d’exclusion, snobant la majorité de la classe politique. Quant aux militaires, ils ont tout de même obtenu trois maroquins : l’Administration Territoriale ; la Sécurité Intérieure et la Protec-tion Civile ; la Défense.

Pour compléter le triumvirat, il y a toujours l’inamovible capitaine Amadou Sanogo. Les ex-putschistes qui, feignant de se retirer à la 3ème région militaire de Kati, imposent toujours leurs décisions en dernier ressort. Ce qui fait dire un homme politique qui préfère garder l’anonymat « qu’on devrait transfé-rer la capitale au camp Kati car les consul-tations, les doléances et les audiences des politiciens, autres opérateurs économiques et les courtisans se passent la plupart du temps dans le bureau du capitaine amadou haya Sanogo ».

contre-putschL’arrestation de militaires ou d’hommes poli-tiques par la junte n’a jamais cessé et le ré-gime semblait se durcir pendant tout le mois d’avril. Exaspérés et humiliés, les bérets rouges (parachutistes du camp de Djicoroni), force loyale à ATT ont lancé une contre-offensive les bérets verts (putschistes). Les premiers ont tenté de reprendre le siège de la Radio-Télévision, l’aéroport ainsi que la caserne de Kati. Des affrontements qui ont fait au moins 70 morts, selon des sources militaires. Toutefois, cela n’a pas remis en cause l’accord-cadre signé avec la CEDEAo.

Que reproche-t-on à Dia-counda traoré ? (Photo des manifestants)Les partisans des putschistes reprochent au président Diacounda Traoré d’être allé à Ca-nossa. Son voyage à Abidjan, à la rencontre des chefs d’Etat de la CEDEAo, pour valider le schéma de sortie de crise, est considéré comme une humiliation pour le peuple malien. En apar-té, le logiciel vde médiation des différentes communautés économiques régionales marque ici ses limites : Madagascar n’est pas encore retournée aux urnes depuis le putsch de 2009. Merci la SADC [l’équivalent de la CEDEAo en Afrique Australe] !

La rue reproche à Diacounda Traoré d’avoir cautionné l’accord-cadre pour s’assurer l’inté-rim de la présidence de la République. D’au-

tant plus que du temps où il était au perchoir, il a fait passer un projet de loi sur le mariage religieux et l’héritage favorable à la popula-tion musulmane du Nord.La goutte d’eau qui a fait déborder le vase fut l’accord du 20 mai. Il s’agit de la signature entre le triumvirat et la CEDEAo portant sur la prolongation de la transition de 12 mois sup-plémentaires alors que les 40 jours d’intérim arrivaient à échéance le 22 mai. Et le capi-taine Amadou Sanogo s’effacera définitive-ment de la scène politique avec rang de chef d’Etat à la retraite !

Les derniers rebondissements font penser que les partisans du putsch ont pris le dessus sur le front du refus (les partis politiques condamnant le coup d’Etat). Le président de transition Dia-counda Traoré a été agressé par des manifes-tants le 21 mai. Un sit-in à la place de l’Indé-pendance des pro-putschistes s’est transformé en marche de mécontentement vers le palais présidentiel de Koulouba. Au lendemain de son agression, son simple bilan de santé, prévu de longue date en France, ne risquerait-il pas de se prolonger pour se transformer en exil ?

Vers une « afghanisation » du Malioutre la condamnation unanime, de la classe politique comme de la communauté internatio-nale, cette agression pourra marquer un tour-nant décisif de l’avenir immédiat du Mali. En effet depuis la signature de l’accord du 20 mai, la junte semble respecter sa signature ; elle s’est pratiquement retirée dans son QG malgré les manifestations populaires suppliant le capitaine Sanogo de reprendre les rênes du pouvoir.

La situation au Nord du Mali est de plus en plus confuse. Les touaregs du MNLA ont été débor-dés par les islamistes. Quelques jours avant

la proclamation unilatérale d’indépendance d’un Etat islamique, l’émir d’AQMI Abdelmalek Droukdel a appelé à un rapprochement du MNLA et Ansar Dine et à instaurer graduelle-ment la charia dans les villes qu’ils ont conquis.

La voie diplomatique a montré ses limites. L’hypothèse d’un déploiement militaire d’une part à Bamako pour veiller à la sécurité des dirigeants de la transition ; et d’autre part au Nord du pays commence à faire son chemin.

A la suite de la signature du premier accord-cadre du 6 avril, Monsieur Jean Ping président de la Commission de l’UA était déjà sur un autre registre. Il a commencé à faire le tour des capitales africaines pour « vendre » son projet : intervenir militairement au Mali. L’Union Européenne serait prêt à financer le déploie-ment d’une force africaine. Et washington, Londres et Paris approuveraient sans réserve cette décision. Mais le diplomate n’a pas réussi à convaincre le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui, il faut le rappeler, dirige le pays le plus puissant de la région et partage 1.000 km de frontière avec son voisin malien. Les généraux algériens seraient plutôt pour une option plus discrète c’est-à-dire l’assassinat ciblé de chefs islamistes dans le Sahel.

Depuis la chute du régime ATT, le Nord du Mali est devenu un nid de salafistes prêts à en découdre avec les impies : d’abord les dji-hadistes d’Ansar Dine ; ensuite ceux de Boko Haram du Nigeria et venant de beaucoup plus loin de Mauritanie, du Niger encadré par des « instructeurs » pakistanais. Les soldats de Dieu sont sûrs de leur coup depuis la décou-verte récente par AQMI des armes et munitions cachées à la va-vite par l’armée maliennes en débandade.

alex ZaKa

UN PoRTRAIT DE DIoNCoUNDA TRAoRé TRAîNé PAR DES MANIFESTANTS

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

environnement

En effet la région Emilie Romagne a été frappée d’un puissant tremblement de terre depuis le 20 mai 2012 à quatre heures du matin jusqu’à ce jour.

La région de l’Emilie Romagne est une des plus grandes régions qui s’étend du Nord au centre avec comme chef lieu Bologne. La zone précise où se trouve l’épicentre de ce trem-blement de terre passant de FERRARA à FINALE EMILIE - SAN FELICE SUL PANARo selon les spécialistes n’était pas une zone sismique donc sans risques parce que c’est la zone la plus basse de l’EMILIE RoMAGNE. Malheureusement au moment où nous mettons sur papier ce compte rendu, la terre conti-nue de trembler. La scène que la population

vit actuellement est indescriptible.Les villes les plus touchées sont : SAN AGoS-TINo, SAN CARLo , FINALE EMILIA, SAN FE-LICE SUL PANARo , MIRANDoLA, BoNDENo et CENTo DI FERRARA.C’est une population affolée, meurtrie que nous voyons autour de nous et qui se confine sous les tentes dressées par la protection ci-vile pour l’occasion, recevant chaque demie

heure une secousse. Le bilan, à mi-parcours, de cette tragédie, se chiffre à plus de trente morts, plusieurs blessés et des destructions énormes d’édifices publics et privés.

L’Emilie Romagne, région réputée pour sa richesse gastronomique et culturelle, est aussi un des poumons de l’économie nationale Ita-lienne. C’est la région des grandes marques de voitures que vous pouvez vous imaginer, sans publicité aucune Ferrari, Lamborghini, Maserati. C’est donc une grande partie de l’économie d’un pays qui est frappée de plein fouet. La majorité des fonderies produi-sant les pièces de ces voitures ont été sévère-ment endommagées. C’est une société qui s’est arrêtée dans cette zone parce que les tra-vailleurs eux-mêmes ont perdu leurs maisons. L’Emilie Romagne est aussi la capitale du Lait, du fromage et du vin en Italie. Aujourd’hui dans les zones où est passé le tremblement de terre toutes ces usines sont fermées.

C’est donc dans cette région qu’en ces mo-ments de crise économique mondiale que la na-ture s’est rebellée et ce tremblement de terre a pratiquement mis à plat son économie. Aujourd’hui ce sont plus de 8000 foyers sans toit qui sont à la charge de l’état Italien sous les soins de la protection civile. Au lendemain du tremblement de terre le Premier Ministre MARIo MoNTI a visité les zones touchées. L’état a aussi tôt déployé de gros moyens pour venir en aide aux sinistrés avec l’aide des pays voisins Européens. Un corridor de solidarité a été constitué sur le plan national pour aider l’état à subvenir aux besoins de la population. La grande priorité aujourd’hui de tous les sinistrés est de savoir comment sera leur lendemain après que la terre aura fini de trembler ? Pendant combien de temps la terre va-t-elle continuer à trembler ? Un des chapitres importants de cette tragé-die est la situation des immigrés vivant dans cette zone. Un jeune Marocain a trouvé la mort aussi pendant qu’il assurait son tour de travail la nuit du tremblement de terre. Il faut signaler que près de 20 % des sinistrés de ce tremblement de terre sont les immigrés. Une communauté déjà assez marginalisée à cause du racisme institutionnel qui règne dans ce pays, se retrouve encore confrontée à une nouvelle calamité, cette fois naturelle. Il est aussi temps et vraiment temps de souli-gner que l’Italie est devenu un pays où le

racisme s’accroît au fil du temps. Chose as-sez surprenante dans ce millénium, temps de globalisation. Souvenez-vous pourtant que l’Italie est un pays construit avec le fruit de sa diaspora à travers le monde. C’est donc un pays qui connaît les problèmes liés à l’im-migration. Depuis quelques temps, le nombre de suicides dans les CIE ( centres d’identifica-tion et d’expulsion des immigrés) s’est accru à cause du mauvais traitement des détenus. Et cela sous le grand regard des autorités qui donnent l’impression de ne pas voir ce qui se passe. D’ailleurs une campagne est menée actuellement pour permettre aux journalistes d’avoir accès à ces centres pour s’enquérir des informations sur l’état et les conditions de détention des immigrés. Pour l’heure, en attendant que leurs condi-tions de vie redeviennent normales, immigrés comme autochtones attendent que prenne fin ce tremblement de terre qui perdure ?

René KoUaME (Italie)

la terre treMBle en italie jamais un PrintemPs n’aura marqué un PeuPle Comme Celui que vit la PoPulation De la réGion emilie romaGne en Cette année 2012 en italie.

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N° 31 JuiN 2012 Diasporas News

Je suis le président fondateur SIKELY Jean Désiré né le 27 janvier 1951 à Grand-Lahou Ex footballeur pro et actuellement agent de joueur, je suis entre Abidjan et Marseille. Notre pays comme la plupart des autres, traverse une vraie crise

de la politique, c’est à dire un moment où il faut faire des choix, les réu-nions politiques ne rassemblent que des publics clairsemés, les effectifs des partis se délitent et la méfiance domine.Les « affaires » dans lesquelles ont été compromis un certain nombre de responsables politiques expliquent sans doute, en parti, cette dé-saffection. Expliquant qu’il n’y avait pas d’autre politique possible que l’accompagnement du libéralisme économique et de la mondialisation financière, ignorant l’aspiration des citoyens à un environnement sain, abandonnant les pauvres à leur sort au nom du réalisme et du respect des grands équilibres ils ont contribué à installer dans l’opinion publique, et particulièrement dans l’esprit des couches les plus populaires, l’idée selon laquelle la droite et la gauche, c’était bonnet blanc et blanc bonnet. Nous les verts ne faisons pas comme si cette crise n’existait pas, mais nous voulons contribuer à ce qu’elle soit surmontée parce qu’il n’y a pas de démocratie si les citoyens ne se regroupent pas pour débattre, agir et se faire entendre. Si nous ne le faisons pas tous ensemble, alors seuls les intérêts économiques qui eux sont organisés et actifs, prévaudraient, et puis il n’y a tout simplement pas d’avenir pour nos sociétés si nous ne le construisons pas ensemble.

Aujourd’hui, relever les défis de l’unité de la réconciliation et de la re-construction. Sachez que la réconciliation nationale est d’une importance capitale pour le pays dans la mesure ou celle-ci pourra nous garantir une paix durable. Que le Président ADo crée juste les conditions équitables de partage de nos richesses et la pauvreté grandissante disparaîtra.Aidons- le à canaliser les ardeurs politiques des uns et des autres et nous verrons tous le bonheur à nos portes.vous savez le monde étant en perpétuelle mutation, seuls seront capables de survivre et de vivre des peuples qui sauront faire preuve non seule-ment d’imagination créative mais aussi et surtout d’un dynamisme sage et dans beaucoup de domaines.C’est un penseur éminent André Malraux qui disait déjà « que la vie ce n’est pas un but, c’est un mouvement et la politique n’échappe point à cette règle. »Nous avons l’espoir que l’actuel président de la République saura conduire notre pays dans tous les mouvements et dans tous les combats. Le combat du développement économique,Le combat du progrès social, le combat de la démocratie pour le rayonne-ment de la Côte d’Ivoire en Afrique et dans le monde.

Les sacrifices ne sont pas réservés au peuple. Lorsqu’on crée seul ou avec d’autres personnes un parti politique, c’est pour la conquête du pouvoir d’Etat. Mais une fois parvenu au pouvoir qu’est-ce qu’on ambitionne de faire? Certains peuvent se servir de ce pouvoir pour s’enrichir (c’est ce que le sociologue allemand Max weber appelle « vivre du pouvoir » et écraser ceux qui ne pensent pas comme eux. La politique devient alors un instrument d’enrichissement et de domination. Pour d’autres personnes, la conquête du pouvoir n’est qu’une étape, la finalité de leur combat étant d’apporter un peu de bonheur à leurs concitoyens, c’est à dire leur per-mettre de manger à leur faim, se soigner, s’instruire, penser, s’exprimer, voyager etc... Qui conque est privé de ces droits élémentaires ne peut pré-tendre être libre. En ce sens l’Indien Amartye prix Nobel d’économie 1998, a raison d’affirmer que la politique permet la construction des conditions de liberté car on a tendance à l’oublier, la politique est l’art du possible.Je suis d’avis qu’on ne demande pas aux politiciens des choses impos-sibles, qu’ils doivent être à l’abri du besoin afin de mieux se consacrer à leurs tâches. En regardant le train de vie qu’ils mènent et les avantages matériels de toutes sortes qui sont les leurs , alors qu’ils ne cessent de dire que les populations souffrent et que certains d’entre eux se présentent comme de gauche et issus de familles pauvres, on se demande cepen-dant si on a encore affaire à des serviteurs de l’Etat. Je sais que vous me demanderez où je veux en venir. Je vous répondrai simplement ceci: du fait que la politique n’a pas d’autres finalité que le service de tous (l’ensemble des ethnies, des partis politiques, des religions, des couches sociales etc...) ce que je veux dire en deux mots, c’est qu’on n’entre pas en politique pour servir uniquement sa famille, son village, son ethnie, sa formation politique, sa religion mais tout le monde. Ce service universel qui fait la grandeur et la la beauté de la politique. Maires, députés, ministres, chefs d’Etat sont appelés ni à se servir du peuple pour gagner ceci ou cela ni à l’asservir. Ceux qui légitimement aspirent à faire fortune peuvent exercer un autre métier que la politique.

Sur cette base, il n’est pas exagéré de dire que le peuple est l’employeur et les politiciens, les employés. Si le peuple est l’employeur, il n’est donc pas normal qu’il croupisse dans la misèrePendant que ceux qu’il emploie ou qui sont à son service se la coulent douce, se nourrissant de caviar et de champagne, bref vivant dans le luxe et le gaspillage.Par notre engagement et notre implication totale donnons des réponses et surtout des solutions de toutes ces familles qui malgré les souffrances vécues ont raison de croire en l’avenir d’une Côte d’Ivoire, nouvelle, une Côte d’Ivoire réconciliée et développée.

SIKELY Jean Désiré

dU FootBall à la PolitiqUe SiKeLY JeaN DéSiré aNcieNNe GLOire Du fOOtBaLL reconverti en homme politique… Présentation Du Parti que j’ai Créé aveC Des amis ivoiriens en 2002 Dénommé mouvement eColoGique ivoirien, il a Pour But De Promouvoir l’éColoGie sur toute l’étenDue Du territoire ivoirien en harmonie aveC la Charte monDiale Des verts Dont il s’insPire et qui lui sert De liGne DireCtriCe. nous nous enGaGeons à DéfenDre Politiquement, éConomiquement, soCialement les intérêts Du PeuPle De Côte D’ivoire Dans un environnement sain et DuraBle.Pour y Parvenir, le Parti s’aPPuiera sur la moBilisation De tous et De la jeunesse ivoirienne en PartiCulier, enfin De Porter le DéBat à la ConnaissanCe Du PeuPle.Dans l’intérêt Du Pays le mouvement eColoGique ivoirien s’enGaGe à nouer De soliDes rela-tions nationales et internationales aveC Des orGanisations PartaGeant ses sensiBilités (Partis Politiques, assoCiations etC...)notre oBjeCtif PrinCiPal Comme tout Parti qui se resPeCte est D’aller à la Conquête Du Pouvoir en Côte D’ivoire en Constituant Des listes De CanDiDature à toutes les éleCtions sur la Base D’une Plate-forme éConomique Préala-Blement Définie et Présentée au PeuPle ivoirien .

Publi-redactionnel

SIKELY JEAN DéSIRé

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

DossierPOLitiQue

eNJeux et DéfiS a reLeVer - Que faire pour contribuer à l’avènement du miracle afri-cain tant rêvé et attendu ? - Que faire pour rétablir les peuples meurtris dans leur souveraineté et leur majesté ? - Que faire pour édifier en afriQue, une société de prospérité partagée fondée sur - la vérité – le pardon - la paix - la justice - la démocratie - la culture du mieux vivre, du travail bien fait, de la sobriété heureuse et des attitudes bienveillantes ?Pour répondre à ces enjeux, la société civile africaine doit organiser la CoNFéRENCE CIToYENNE véRITé dans chaque pays pour - réveiller la conscience ci-toyenne et encourager la résistance citoyenne active afin de libérer la parole citoyenne à tous les niveaux - dénoncer le gaspillage des deniers publics - dénon-cer l’ingérence politique étrangère nuisible - pointer la responsabilité sociale des entreprises étrangères - restaurer la souveraineté démocratique du peuple - faire dialoguer les acteurs nationaux et interna-tionaux (élites politiques, opérateurs économiques, société civile, diasporas, partenaires au développe-ment) – promouvoir l’innovation sans laquelle il ne peut y avoir développement – favoriser l’économie verte - faire des recommandations opérationnelles et proposer des outils favorisant l’entrée de l’Afrique dans l’âge de la multitude - mettre à disposition des instruments fiables d’aide à la prise de décisions.Préparer la Conférence citoyenne vérité, c’est orga-niser préalablement les états Généraux qui devront - faire un diagnostic impartial et incontestable de l’état réel du pays au regard des réalités que sont les reculs, les acquis, les manquements à l’éthique, les dysfonctionnements, les attentes, les exigences citoyennes, les aspirations profondes des popula-tions, etc. Tous les domaines sont concernés par ces états généraux : éthique, civisme, citoyenneté, droit, justice, droits humains, santé, éducation, formation, innovation et brevets, agriculture, développement, économie numérique, sport, culture, jeunesse, sécurité sanitaire, environnement, sécurité des personnes et des biens, urbanisme, économie sociale, entreprena-riat, économie verte, esclavage moderne, engage-ment citoyen, institutions, gouvernance politique et économique, intégration africaine et internationale, diasporas, etc.Les contributions-phares et les propositions perti-nentes feront l’objet de publications diffusées et mises à disposition dans les bibliothèques et sur Internet. Les nombreux documents et rapports existants seront aussi référencés.

Vérité, SurSaut PatriO-tiQue, auDaceLa conférence citoyenne vérité devra privilégier la palabre africaine intelligente à travers des panels «vérité», «Sursaut patriotique» et «Audace» qui doivent réunir les cinq entités suivantes : le pouvoir (gouvernement), l’opposition, la société civile (patro-

nat, syndicats, oNG), les diasporas et les institutions.La vérité doit être dite sur - les manquements à l’éthique - la gouvernance concertée et la pros-périté partagée - l’épanouissement individuel - la dignité des populations. Quelle vérité peut délivrer chacune des entités ? Chaque entité devant faire un focus sur un défi précis et urgent à relever !Le Sursaut patriotique réside dans la responsabi-lité des acteurs (opposition, société civile, diaspo-ras) et dans le sacrifice que le pouvoir est prêt à consentir. Tous les acteurs proposent et le pouvoir décide en conséquence.1. Quelle la responsabilité de l’opposition, de la société civile, des diasporas et des institutions pour une révolution des esprits et un patriotisme de ras-semblement ?2. Quel sacrifice consenti par le pouvoir ? Ce sacri-fice est-il à la hauteur des enjeux et des défis immé-diats à relever que sont : - la souveraineté démo-cratique - une vie digne - un accès aux soins et au savoir - un vrai emploi - un partage des richesses ? L’Audace dont devront faire preuve (engagement ferme garanti) le pouvoir et les partenaires au développement pour faire entrer le pays dans l’âge de la multitude.

* Le pouvoir devra :1. favoriser la culture de l’éthiQue Qui est le fondement de toute communauté nationale éQuitable, juste et moderne.2. promouvoir une culture démocratiQue bannissant - l’etat comme moyen d’enrichissement des politiciens - les manipulations des listes électorales, les fraudes et falsifi-cations des résultats de votes - les atteintes aux libertés individuelles – les atteintes au secret des communications.3. favoriser la prise de conscience citoyenne nécessaire à refonder une société prospère de responsabilité, d’excel-lence, d’épanouissement et de dignité.4. créer un cadre citoyen de dialogue permanent et de concertation intelligente.5. se doter des instruments performants conjoncturels et structurels pour garantir une vie digne à chaQue citoyen.6. garantir la neutralité des forces de défense et de sécu-rité Qui ont le devoir de protéger les populations et de garantir l’intégrité du territoire national.

* Les parteNaires au déve-LoppemeNt, Les iNstitutioNs

iNterNatioNaLes, paNafricaiNes et

régioNaLes devroNt :1. exiger du pouvoir, en tant Que financeurs, une gestion rigoureuse et crédible des élections à tous les niveaux avec la participation et la représentation éQuitables de tous les groupes ethniQues et socioprofessionnels.2. s’investir dans un processus irréversible de création et l’organisation d’un modèle d’etat moderne Qui ne soit pas source de conflit en afriQue.

3. promouvoir une approche partenariale et des méca-nismes opérationnels de survie visant à libérer les africains de l’ignorance, la servitude et la pauvreté. 4. susciter la responsabilité sociale des entreprises étran-gères pour partager les bénéfices et invertir massivement dans le développement local. 5. punir leurs ressortissants Qui méprisent des africains de la diaspora et les traitent avec condescendance. iNStaBiLité POLitiQue factueLLeL’organisation des conférences citoyennes vérité sera l’occasion de réfléchir sur l’instabilité politique factuelle dans certains pays africains. L’instabilité politique vient des manquements à l’éthique, la mauvaise conscience politique et économique, la mauvaise gouvernance, le clientélisme, le régio-nalisme, la confiscation du pouvoir à travers des listes électorales tripatouillées, des élections tru-quées doublées de Ko présidentiel mascarade. Soit un cocktail explosif incitant des jeunes cadres militaires patriotes à faire des coups d’Etat «légi-times» aux yeux du peuple impuissant.La société internationale peut-elle se taire quand un Chef d’Etat - opprime son peuple – bafoue la Loi fondamentale et les libertés individuelles – viole le secret des communications ? Condam-ner les coups de force, oui, mais l’obligation doit être faite aux Chefs d’Etat africains de respecter leur peuple. C’est en amont qu’il faudra exiger l’exemplarité et ne plus confier à certains Chefs d’Etat africains - l’organisation des conférences internationales, panafricaines et régionales – des missions de facilitateur ou la présidence en exer-cice d’une institution majeure panafricaine. Ces considérations constituent des primes à l’impunité et un encouragement à perpétuer des pratiques détestables et criminelles. Aucune organisation internationale, panafricaine et régionale n’a la faculté de se substituer au peuple souverain pour imposer une personnalité cooptée ou un gouvernement inféodé dans un pays africain en crise. Il est préférable de donner la parole à la société civile et de soutenir les initiatives nationales.

iNStaBiLité écONOMiQue et SOciaLeUn début de solution résiderait dans le concept de développement vivable vulgarisé depuis plusieurs années par l’auteur qui publie bientôt un ouvrage intitulé «DES oUTILS DE DEvELoPPEMENT vI-vABLE» après avoir publié, en 1999, un précé-dent ouvrage intitulé

« DES oUTILS DE CoDEVELoPPEMENT » ISBN 2-912099-08-0.Paris, le 22 mai 2012

Pétros a. ZINZINDoHoUÉDiversité & Diaspora citoyennes

[email protected]

« Les élites africaines devraient être la démocratie citoyenne réelle permettant naturellement aux citoyens de prendre le contrôle de leur propre vie »

Publi-redactionnel

ConFÉrenCe Citoyenne VÉritÉ« l’honneur et la DiGnité D’un PeuPle ne se marChanDent Pas » « l’afrique est le Creuset où l’amour né D’une Communauté D’intérêts oPère Constamment la fusion Des Pensées et Des Cœurs »

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N° 31 JuiN 2012 Diasporas News

La Cour pénale internationale (CPI), régie par le Statut de Rome, est la première cour pénale internationale perma-nente créée par traité pour contribuer à mettre fin à l’impu-nité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent la

communauté internationale. La CPI est une organisation internationale indépendante, qui n’appar-tient pas au système des Nations Unies. Elle siège est à La Haye, aux Pays Bas. Bien que ses dépenses soient principalement financées par

les contributions des états par-ties, la Cour reçoit également des contributions volontaires de gouvernements, d’orga-nisations internationales, de particuliers, d’entreprises et d’autres entités.La communauté internationale, qui a longtemps aspiré à la création d’une cour internatio-

nale permanente, est parvenue au xxe siècle à un consensus sur une définition du génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. Les procès de Nuremberg et Tokyo ont jugé des auteurs de crimes de guerre, de crimes contre la paix et de crimes contre l’huma-nité commis pendant la seconde guerre mondiale. Dans les années 90, après la fin de la guerre froide, des tribunaux tels que les tribunaux pénaux internationaux pour l’ex Yougoslavie et le Rwanda sont nés d’un consensus sur le refus de l’impunité. Toutefois, ces

tribunaux ayant été créés uniquement pour connaître de crimes commis pendant une période et un conflit spécifiques, la nécessité d’une cour pénale indépendante et permanente a fini par s’imposer. Le 17 juillet 1998, la communauté internationale a franchi une étape historique lorsque 120 états ont adopté le Statut de Rome, fondement juridique de la création de la Cour pénale internationale permanente. Le Statut de Rome est entré en vigueur le 1er juillet 2002, après sa ratification par 60 pays.

La Cour est une institution indépendante. Elle ne fait pas partie de l’organisation des Nations Unies, mais coopère avec elle. La Cour a son siège à La Haye, aux Pays Bas, mais pourrait toute-fois également siéger ailleurs.

La Cour se compose de quatre organes : la Présidence, les Chambres, le Bureau du Procureur et le Greffe.• présidence • chambres • Bureau du procureur • Greffe • Autres bureaux

PrésidenceLa Présidence est chargée de l’administration générale de la Cour, à l’exception du Bureau du Procureur, et des fonctions spécifiques que lui confère le Statut. Elle se compose de trois juges élus par les autres juges pour un mandat de trois ans. M. le juge Sang-Hyun Song (République de Corée) est Président de la Cour, Mme la juge Sanji Mmasenono Monageng (Botswana) est première vice-présidente et M. le juge Cuno

MieUx Connaitre et CoMPrendre la CPi

la strUCtUre de la CoUr PÉnale internationale

cahier Spécial cour Pénaleinternationale

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

cahier Spécial cour PénaleinternationaleTarfusser (Italie) est second vice-président. chambres Les Chambres comptent dix-huit juges siégeant au sein de la Section pré-liminaire, la Section de première instance ou la Section des appels. Les juges de chaque section siègent au sein de chambres qui sont chargées de conduire les procédures à différents stades. L’affectation des juges aux sections est fondée sur la nature des fonctions assignées à chacune d’elles et sur les compétences et l’expérience des juges. Il est fait en sorte que chaque section bénéficie de la proportion voulue de spécialistes du droit pénal et de la procédure pénale et de spécialistes du droit international. Les juges de la Cour sont : Sang-Hyun Song (République de Corée), Sanji Mmasenono Monageng (Botswana), Cuno Tarfusser (Italie), Hans-Peter Kaul (Allemagne), Akua Kuenyehia (Ghana), Erkki Kourula (Finlande), Ani-ta Ušacka (Lettonie), Ekaterina Trendafilova (Bulgarie), Joyce Aluoch (Ke-nya), Christine van den wyngaert (Belgique), Silvia Alejandra Fernández de Gurmendi (Argentine), Kuniko ozaki (Japon), Miriam Defensor-Santi-ago (Philippines), Howard Morrison (Royaume-Uni), Anthony T. Carmona (Trinité et Tobago), olga Herrera Carbuccia (République dominicaine), Robert Fremr (République tchèque) et Chile Eboe-osuji (Nigéria).Les juges suivants restent en fonctions jusqu’à la conclusion des procès, conformément à l’article 36-10 du Statut de Rome :• mme la juge elizabeth odio Benito (costa rica)• m. le juge rené Blattmann (Bolivie) • mme la juge Fatoumata Dembele Diarra (mali) • m. le juge Sir Adrian Fulford (royaume-uni) • mme la juge Sylvia Steiner (Brésil) • m. le juge Bruno cotte (France) Bureau du Procureur Le Bureau du Procureur est chargé de recevoir les communications et tout renseignement dûment étayé concernant les crimes relevant de la

compétence de la Cour, de les exa-miner et de conduire des enquêtes et des poursuites devant la Cour. Il est dirigé par le Procureur, Luis Moreno-ocampo (Argentine), qui a été élu par les états parties pour un mandat de neuf ans. Il termine sa mission le 15 juin 2012

Le Procureur est secondé par un procureur adjoint, Mme Fatou Bensouda (Gambie) (remplace Louis Moreno -ocampo le 15 juin 2012 ), chargée des poursuites au Bureau du Procureur.

Greffe Le Greffe est responsable des aspects non judiciaires de l’administration et du service de la Cour. Il est dirigé par le Greffier, qui est le responsable principal de l’administration de la Cour. Le Greffier exerce ses fonctions sous l’autorité du Président de la Cour. Le Greffier actuel, élu par les juges pour un mandat de cinq ans, est Mme Silvana Arbia (Italie).

autres bureaux La Cour compte également d’autres bureaux, tels que le Bureau du conseil public pour les victimes et le Bureau du conseil public pour la Défense. Ces bureaux relèvent du Greffe sur le plan administratif mais fonctionnent comme des bureaux totalement indépendants. L’Assemblée des états parties a également établi un fonds au profit des victimes de crimes relevant de la compétence de la Cour et de leurs familles.

LoUIS MoRENo-oCAMPo FAToU BENSoUDA

SILvANA ARBIA

M. LAURENT KoUDoU GBAGBo LoRS DE L’AUDIENCE DE CoMPARUTIoN INI-TIALE DEvANT LA CPI LE 5 DéCEMBRE 2011 © ICC-CPI/AP/PETER DEJoNG

Le cas de La côte d’ivoire :

La Côte d’Ivoire, qui n’est pas partie au Statut de Rome, avait, le 18 avril 2003, déclaré accepter la compétence de la Cour. La présidence de la République de Côte d’Ivoire a récemment confirmé cette acceptation les 14 décembre 2010 et le 3 mai

2011. Le 3 octobre 2011, la Chambre préliminaire III a autorisé le Procureur à ouvrir une enquête proprio motu pour les crimes présumés relevant de la compétence de la Cour, qui auraient été commis en Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre 2010, ainsi que sur les crimes qui pourraient être commis dans le futur dans le contexte de cette situation.Le 23 novembre 2011, la Chambre préliminaire III a émis un mandat d’arrêt, délivré sous scellés, dans l’affaire Le Procureur c. Laurent Gbagbo, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité. La Chambre a décidé de lever les scellés le 30 novembre 2011, jour du transfert du suspect au quartier pénitentiaire de la CPI à La Haye par les

inForMation GÉnÉrale dans l’aFFaire le ProCUreUr C. laUrent GBaGBo

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N° 31 JuiN 2012 Diasporas News

FAToU BENSoUDA

l’aUdienCe de ConFirMation des CharGes dans l’aFFaire le ProCUreUr C. laUrent GBaGBo s’oUVrira le 18 JUin 2012

M. LAURENT KoUDoU GBAGBo LoRS DE L’AUDIENCE DE CoMPARUTIoN INI-TIALE DEvANT LA CPI LE 5 DéCEMBRE 2011 © ICC-CPI/AP/PETER DEJoNG

• SituAtion : Côte d’Ivoire

• AFFAire : Le Procureur c. Laurent Gbagbo• Le 5 décembre 2011, la Chambre préliminaire III de la Cour pénale internationale (CPI) a fixé la date d’ouverture de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Le Procureur c. Laurent Gbagbo au 18 juin 2012.

• Cette décision a été annon-cée au cours de la première comparution de Laurent Gbagbo devant la Cour.

• Lors de cette audience, en présence de l’Accusation et de la Défense, représentée

FRANçoIS THIELLET

autorités ivoiriennes. Le 5 décembre 2011, M. Gbagbo a comparu pour la première fois devant la Chambre préliminaire III. L’audience sur la confirma-tion des charges doit s’ouvrir le 18 juin 2012.

Laurent Koudou Gbagbo aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité : a) de meurtres, b) de viols et d’autres violences sexuelles, c) d’actes de persécution d) d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post électorales survenues sur le territoire de la côte d’ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.

par Me Emmanuel Altit, la Chambre préliminaire III a vérifié l’identité de M. Gbagbo et s’est assurée qu’il a été informé des crimes qui lui sont reprochés et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome.

• Une audience de confirmation des charges sert à déterminer s’il y a des motifs substantiels de croire que le suspect a commis ces crimes. Si la Chambre préliminaire décide de confirmer les charges, elle renverra l’affaire devant une Chambre de première instance, laquelle sera chargée de conduire la phase suivante de la procédure, à savoir le procès lui-même.

Non. La CPI est une cour indépendante ; ses déci-sions se fondent sur des critères juridiques et sont délivrées par des juges indépendants et impar-tiaux, conformément aux dispositions de son trai-

té fondateur, le Statut de Rome, et d’autres textes juridiques régissant ses travaux. La CPI s’intéresse à tous les pays qui ont accepté sa compétence ; ces pays se trouvent sur différents continents dont l’Afrique. C’est une cour fondée sur un traité, ce qui signifie qu’en deve-nant parties au Statut, les états acceptent volontairement la compétence de la Cour. Trois des six situations sur lesquelles enquête actuellement la CPI ont été déférées à la Cour par des gouvernements africains ; entre 2003 et 2005, les gou-vernements de la République démocratique du Congo, de l’ouganda et de la République centrafricaine ont renvoyé à la CPI des situations ayant lieu sur leurs propres territoires. Deux autres situations, le Darfour et la Libye, ont été déférées par deux résolutions du Conseil de sécurité de l’oNU prises en vertu du Chapitre vII de la charte de l’oNU (conformément à l’article 13du Statut de Rome). Les pays africains ont largement contribué à l’instauration de la Cour et ont influencé la décision de créer un Bureau du Procu-reur indépendant. A la Conférence de Rome, les déclarations les plus significatives qui furent faites au sujet de la Cour éma-naient de l’Afrique. Plusieurs états africains ont vu dans cette cour un moyen de prévenir les crimes que d’autres états, voisins ou autres, seraient susceptibles de commettre sur leur territoire. Sans le soutien de nombreux pays africains, le Statut de Rome n’aurait peut-être jamais été adopté. Quarante-trois pays africains sont actuellement signataires du Statut de Rome dont trente-et-un l’ont ratifié et sont donc parties au Statut, faisant ainsi de l’Afrique la région la plus largement représentée parmi les membres de la Cour. La confiance et le soutien ne venaient pas seulement des gouvernements mais aussi, et c’est fonda-mental, des organisations de la société civile de ces pays. Enfin, le Bureau du Procureur analyse actuellement des situa-tions localisées sur quatre continents : l’Afghanistan, la Colom-bie, la République de Corée, la Côte d’Ivoire, la Géorgie, la Guinée, le Honduras, le Nigéria et la Palestine.

Source : CPI

selon Certaines allÉGations, la CPi ne Viserait qUe des

Pays aFriCains. est-Ce Vrai ?

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

cahier Spécial cour Pénaleinternationale

La nouvelle de la peine que doit purger l’ex-président libérien Charles Taylor est tombée comme un couperet. Elle intervient quelques jours avant la comparution de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Qui sera à sa seconde comparution depuis

celle du 5 décembre dernier quelques jours après son transfèrement le 29 novembre 2011 à la prison de Schevingen. A l’instar de celle de son homologue libérien, l’audience de Laurent Gbagbo est attendue aussi bien par ses partisans que par la communauté internationale. Chacun est curieux de savoir quel sort sera réservé à celui qui est accusé par la CPI d’être co-auteur indirect de tous les crimes qui ont eu cours en Côte d’Ivoire lors de la crise postélectorale. Et depuis, les spéculations vont bon train aussi bien chez les partisans de Laurent Gbagbo que du côté de ses adversaires politiques du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), coalition qui a soutenu le prési-dent Alassane ouattara.

le Fpi entre espoir et doute…50 années de prison pour Charles Taylor, une peine qui même si cela n’est pas clairement exprimé donne le tournis aux partisans de Laurent Gbagbo. Eux qui jusqu’à ce jour croient dur comme fer au retour de leur « champion » en Côte d’Ivoire au terme de cette audience du 18 juin prochain. « cette deuxième comparution ne préjugeant en rien de sa culpabilité » pense Sylvain Miaka oureto président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI). Une position que vient conforter le récent rapport pondu par les avocats conseils de Laurent Gbagbo, qui évoquent une incapacité de la Cour pénale internationale à juger leur client. Evoquant un vice de procédure qui prend sa source depuis l’arrestation, en passant par les conditions de détention de leur client jusqu’à son transfert à la Haye. Pour le FPI, rien ne pourrait faire en-trave à la relaxe de leur « camarade » si les juges de la CPI commis

pour ce procès se « résolvent à dire le droit ». Une position d’ailleurs réitérée lors de la réunion du comité central du FPI qui s’est tenue le samedi dernier 26 mai à son quartier général de Cocody dans le dis-trict d’Abidjan. Selon Sylvain Miaka oureto, Laurent Gbagbo est une « victime expiatoire d’un vaste complot qui a désormais du mal à

l’atMosPhère en Côte d’iVoireLe fPi, rDhP DaNS L’atteNte Du 18 JuiNC’est le 18 juin ProChain que se tienDra, à la Cour Pénale internationale (CPi) en hollanDe, l’auDienCe De Confirmation ou D’infirmation Des CharGes retenues Contre l’ex-PrésiDent laurent GBaGBo. PenDant Ce temPs, ses Partisans BasCulent entre l’esPoir et le Doute.

• contexte • La Chambre préliminaire III a conclu qu’il y a des motifs raisonnables de croire que Laurent Gbagbo ait engagé sa responsa-bilité pénale individuelle, en tant que coau-teur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécution et d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post électorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.

• La Chambre a également conclu qu’il y a des motifs raisonnables de croire qu’au len-demain des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, les forces pro-Gbagbo ont atta-qué la population civile à Abidjan et dans l’ouest du pays, à partir du 28 novembre 2010, prenant pour cible des civils qu’elles pensaient être des partisans du candidat de l’opposition. Il est allégué que ces attaques revêtaient un caractère généralisé et systé-matique, ont été commises sur une longue pé-riode et dans une zone géographique vaste, et suivaient un mode opératoire général

similaire. En outre, elles auraient souvent été dirigées contre des communautés ethniques ou religieuses spécifiques et ont fait un grand nombre de victimes.

• Laurent Gbagbo et son entourage immédiat auraient convenu d’un plan et auraient été conscients que la mise en œuvre de celui-ci aboutirait à la commission des crimes allégués. Ils auraient exercé un contrôle conjoint sur les crimes et apporté une contribution coordonnée et essentielle à la réalisation du plan.

Source : CPI

LAURENT GBAGBo

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50 années de prison, c’est la peine que va purger l’ex-président du Libéria, Charles Taylor. Une nouvelle qui tombe comme un

couperet vu qu’elle vient déjouer tous les pronostics. Une peine d’ailleurs qui est prononcée au moment où est attendu le procès du président du Front po-pulaire ivoirien (FPI). Laurent Gbagbo reviendra-t-il ou pas ? telles sont les questions qui se développent dans l’esprit de bon nombres d’ivoiriens. Pour cer-tains notamment ceux proches du parti de Alassane ouattara, c’est un chemin de non retour. Les chances pour un retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire sont infimes et relèveraient même du miracle car selon eux, les faits qui lui sont reprochés ne peuvent pas lui permettre d’échapper à une grande peine semblable à celle de son homologue Charles Taylor. Depuis son transfèrement à la prison de schevingen, au mois de novembre 2011, les spéculations vont bon train sur le sort de Laurent Gbagbo. Nombreux sont les ivoiriens et surtout ses partisans qui continuent de croire dur comme fer que cette audience du 18 juin prochain sera en faveur de leur « champion ». Parce que sa relaxe sera prononcée vu que les preuves de sa prétendue culpabilité souffrent d’authenticité. En un mot, il y a insuffisance de preuves pour inculper Laurent Gbagbo. Mieux, un dernier rapport produit par les avocats conseils de Laurent Gbagbo, récemment, qui démontre l’incompétence de la CPI à juger Laurent Gbagbo vient redonner un second souffle à ses partisans. Et comme si cela ne suffisait pas, le Front Populaire Ivoirien, parti de Laurent Gbagbo, lui, reste confiant quant à la victoire future de leur « camarade ». Et cela ne fait l’ombre d’aucune doute, « le cama-rade Laurent sera bientôt de retour en côte d’ivoire ». C’est d’ailleurs ce qui ressort de la rencontre du comité central du FPI qui s’est réuni le samedi dernier 26 mai à son quar-tier général de Cocody. Sylvain Miaka oureto, président par intérim a dit son assurance quant au retour de Laurent Gbagbo.

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se dissimuler ». Et que « Laurent Gbagbo à la cPi est avant tout un acte politique posé par le pouvoir ivoirien et ses alliés externes contre sa vision reposant sur la souveraineté des peuples africains en général et du peuple ivoirien en parti-culier ». C’est d’ailleurs au nom de cette foi dans futur que le comité central par la voix du président intérimaire, Sylvain Miaka oureto s’est résolu à battre le rappel de ses troupes. De son avis, il est plus qu’important que les militants restent mobilisés autour de leur leader dont la « relaxe pure et simple » sera prononcée ce 18 juin par les juges de la CPI. D’où cet appel aux militants de demeurer « sereins face à la désinforma-tion entreprise, depuis, par le pouvoir et ses alliés internes et externes ».

Gbagbo, le chemin du non retour…A la différence de ses partisans, plusieurs ivoiriens proches ou non du parti du prési-dent Alassane ouattara, pensent que c’en est fini pour l’ex-président ivoirien. Pour eux, le verdict des longues années de pro-cès de Charles Taylor constitue un signal fort envoyé par la CPI aux partisans de Lau-rent Gbagbo, qui depuis son transfèrement continuent de s’abreuver à la source d’un espoir fait d’illusions. Les dés sont en effet jetés et le sort de l’ex-président Gbagbo est scellé. Rien en tout cas ne concourt en faveur de sa libération future. C’est en cela que la date du 18 juin est impatiemment attendue par les partisans de S.E.M Alas-sane ouattara qui voient en cette audience, l’acte qui va « clouer le bec » au FPI qui disent-ils continuent de « rêver ». En atten-dant la tenue de ce procès, les spéculations vont bon train dans chacune des parties. Car chacune croit en ce qu’on pourrait qualifier de « conviction » car pour l’une Laurent Gbagbo est abusivement détenu et pour l’autre, il est temps qu’il paie pour ce qu’il a commis. C’est en cela qu’au cours d’une interview accordée au confrère de Rfi, S.E.M Alassane Ouattara a clairement indiqué que « Laurent Gbagbo se trouve à la place qu’il mérite ». En dépit de tout cela, les esprits restent scotchés sur cette au-dience de confirmation ou d’infirmation des charges retenues contre Laurent Gbagbo. Le temps nous situera…

Hermann DJEa

CHARLES TAYLoR

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cahier Spécial cour Pénaleinternationale

La première audience fut certes une « formalité » car il s’agissait de vérifier l’identité du prévenu et de l’informer les charges qui pèsent sur lui. Mais elle

avait une atmosphère particulière.D’abord, le caractère inédit de la remise à la CPI d’un chef d’Etat africain par son pays. Contrairement à son tristement célèbre prédé-cesseur le libérien Charles Taylor, qui lui a été appréhendé en 2006 dans un lieu improbable entre le Cameroun et le Nigéria. Comment une personne en résidence surveillée par une ving-taine de soldats nigérians avait-elle pu leur fausser compagnie ? Ce furent sans doute les 36 longues heures de pression internationale que le président olusegun obansanjo ait du su-bir dans sa carrière. Alors que Laurent Gbagbo a été d’abord détenu à Korhogo (Nord de la Côte d’Ivoire) avant son transfèrement rocam-bolesque à la Haye.Ensuite, depuis les images spectaculaires de son arrestation au mois d’avril 11 – Laurent Gbagbo, hagard en « marcel » à côté de sa femme Si-mone dans une chambre de l’hôtel du Golfe – il a disparu des écrans radar. Les journalistes, les par-tisans comme ses opposants ont donc tous fait le voyage de la Haye pour le voir en chair et en os.

Gbagbo, cuvée 2012Cette prochaine audience du 18 juin 2012

sera-t-elle de la même cuvée ? Autrement dit, pourra-t-elle attirer autant de monde que la précédente ? Le 31 mai dernier, le pensionnaire le plus célèbre de la prison de Scheveningen a fêté ses 67 bougies, il s’agit du président Laurent Gbagbo. Une date anniversaire qui tombe mal car elle arrive au lendemain du verdict de son compagnon d’infortune Charles Taylor. Il vient d’écoper de 50 ans de prison. Pour celui-ci, âgé de 64 ans, cette sentence sonne comme une réclusion à perpétuité.Ce verdict a dû aussi émouvoir la petite com-munauté africaine embastillée à la prison de Scheveningen par la CPI. Il y a entre autres : le congolais Jean-Pierre Bemba, avec lequel l’ancien chef de l’Etat discute régulièrement ; les rwandais du FDLR Sylvestre Mudacumura et Bosco Ntganda. Que les jours doivent s’étirer en longueur ! Et on peut aisément imaginer ces dé-tenus – cela paraît surréaliste – conversant ba-nalement, jouant une partie de foot dans la cour de récréation. Sans parler des serbes Mladic et Radovan Karadzic… Ils sont pour la plupart en attente de leur procès ou d’autres purgeant déjà de lourdes peines. Pour autant, il ne faut pas trop s’appesantir sur leur sort car s’ils sont tous là, c’est qu’à un moment de leur existence, ils ont été des auteurs ou des commanditaires d’actes qualifiés de crime contre l’humanité. Laurent Gbagbo reçoit beaucoup ! outre les vi-

sites de son proche entourage, ses anciens amis et du Secrétaire général du FPI Sylvain Miaka oureto - courroie de transmission pour piloter son parti politique -, il doit consacrer énormé-ment de temps pour préparer son audience.

Le système de défense

L’équipe JudiciaireDepuis quelque mois, sa conseillère juridique Géraldine odéhouri Brou a élu domicile à la Haye alors qu’elle a quitté la Côte d’Ivoire pour le Ghana depuis l’année dernière. L’équipe ju-diciaire de Laurent Gbagbo prépare depuis 6 mois sa prochaine comparution. Un pool d’avo-cats mené par Me Emmanuel Altit prépare sa défense, peaufine les arguments en collectant des témoignages photos, écrits. Il semblerait que les preuves, sur la dernière crise postélec-torale de 2011, s’accumulent Elles tendraient à disculper le prévenu mais elles sont égale-ment à charge pour le nouveau président de la République Alassane ouattara et ceux qui l’ont aidé à conquérir le pouvoir. La défense a choisi aussi un autre angle d’attaque : les avo-cats élargissent leurs enquêtes aux événements de septembre 2002.

iNcompéteNce de La cpiLa comparution aura lieu le 18 juin mais d’ores

l’anCien PrésiDent De la réPuBlique De Côte D’ivoire laurent GBaGBo ComParaîtra De nou-veau Devant la Cour Pénale internationale (CPi) le 18 juin ProChain. aPrès l’auDienCe De formalité Du 5 DéCemBre Dernier, la ChamBre Préliminaire iii avait fixé l’auDienCe De Confir-mation Des CharGes Dans six mois. Dont aCte !

aFFaire n° iCC-02/11-01/11, Moreno-oCaMPo Contre GBaGBo : aCte ii

LAURENT GBAGBoLUIS MoRENo-oCAMPo

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et déjà, les avocats ont pris de l’avance et les communicants préparent le « terrain ».Dès le 24 mai, l’avocat principal Emmanuel Altit a remis au bureau du Procureur Luis Moreno-ocampo un document de 73 pages. L’informa-tion principale est la suivante : « La défense demande à la chambre de déclarer que la CPI n’est pas compétente pour la période et les faits visés dans le mandat d’arrêt délivré à l’encontre de Laurent Gbagbo, le 23 novembre 2011 ». Elle estime que les documents sur lesquels sont fondés la compétence du procureur et le mandat d’arrêt qu’il lancé à l’encontre de son client n’ont aucune valeur juridique.L’audience de confirmation des charges du 18 juin sert à démontrer s’il y a des motifs fondés pour qualifier les actes criminels du suspect. Dans ce cas, la Chambre Préliminaire (CP III) renverra l’affaire devant une Chambre de 1ère Instance : la voie qui mène vers le procès.A contrario le 31 mai dernier, la CP II a débouté le Procureur sur un mandat d’arrêt, pour crime contre l’humanité et crimes de guerre, délivré contre le rwandais Sylvestre Mudacumura. Les juges ayant estimé que les preuves n’étaient pas suffisantes pour confondre le chef des FDLR, responsable de meurtres, de viols entre janvier 2009 et août 2010 dans le Nord Kivu (RDC). De même que le rwandais Calixte Mbarushimana, secrétaire exécutif des FDLR – soupçonné de crimes contre l’humanité et crimes de guerre com-mis en 2009 toujours en RDC – a été libéré par les juges de Première Instance le 23 décembre 2011 après 12 mois de détention à la Haye. Motif : preuves insuffisantes ; sans doute à cause des enquêtes qui n’ont pas été menées dans les règles de l’art.Laurent Gbagbo pourrait-il donc bénéficier des mêmes « largesses » de la part de la CP III ? En tout cas, bon nombre de ses partisans en Europe comme en Côte d’Ivoire y croient encore ; même si les chances de parvenir à ce genre de déci-sion restent infimes. Quand bien même, les juges rendront un tel verdict, le bureau du Procureur peut faire appel et demander un supplément d’enquête pour rectifier le tir.Pour corser l’audience, le calendrier fait que Luis Moreno-ocampo a achevé théoriquement son mandat en décembre 2011. Son successeur la gambienne Fatou Bensouda – son adjointe – a pris officiellement ses fonctions dès le début de ce mois. L’argentin était considéré comme poli-tique alors que la nouvelle Procureure Générale est réputée être une femme de dossiers, intransi-geante sur la défense des victimes. Le traité de RomeQuoiqu’il arrive, l’avènement d’une africaine à la tête de la CPI aussi compétente soit-elle, ne

manquera pas de soulever des polémiques de la part de ses détracteurs. Déjà, cette Cour est considérée comme une justice pour les pays afri-cains et les pays pauvres. Car jamais, depuis sa création, les dirigeants des grandes puissances n’ont été inquiétés alors que, par exemple, des atrocités ont été commises par les militaires amé-ricains en Irak, en Afghanistan et sur d’autres théâtres d’opération. G.w. Bush, chef suprême de l’armée des Etats-Unis, ne mériterait-il pas un jour aussi de rendre des comptes au monde en-tier ? Maintenant que la gambienne dirige cette Haute Juridiction internationale, la rue africaine réclamera de sa part un peu d’indulgence en-vers nos dirigeants ou d’étendre le domaine de la lutte aux la persécutions des superpuissances.Les avocats de Laurent Gbagbo soulèveront également l’argument de ratification pour re-jeter la compétence de la CPI pour juger leur client. En effet, la Côte d’Ivoire n’a jamais ratifié le statut de Rome (le Traité fondateur de la CPI). La Chine et les Etats-Unis ne l’ont jamais ratifié et encore moins signé !

Lamine THIaM

vae viCtis (malheur aux vainCus)

Une quinzaine de détenus, proches de Laurent Gbagbo ont été entendus

depuis la fin du mois de mai dernier. Pas-cal Affi N’Guessan, président du Front Po-pulaire Ivoirien (FPI), détenu depuis un an à Bouna fait figure de co-responsable de la crise postélectorale. Le dernier premier ministre de Laurent Gbagbo aussi est resté au cachot ; il s’agit de Gilbert Aké N’Gbo’. Du côté de Katiola, le vice-président du FPI Abdouramane Sangaré et la présidente des Femmes patriotes de Côte d’Ivoire, Géne-viève Bro Grébé devront patienter avant de rencontrer un juge d’instruction dans le cou-rant de ce mois.Les accusations portent sur l’atteinte à la sureté de l’Etat et crimes économiques. Ces premières auditions rentrent dans le cadre d’une longue série qui se dérouleront jusqu’en octobre prochain. Simone Gbagbo, en résidence surveillée à odienné dans le Nord-ouest sera également entendue.Ces longues mises en détention font grincer des dents ceux qui sont favorables à la réconci-liation. Le FPI s’estime avoir été floué par le régime en place. Il a joué le jeu en participant aux élections législatives du mois de novembre 2011 alors que le gouvernement n’a élargi qu’une vingtaine de prisonniers ; tout en gar-dant les « gros poissons » au frais !

L.T

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-ocampo a estimé samedi à Abidjan que les crimes les plus graves commis durant la crise post-élec-

torale ivoirienne de 2010-2011 avaient été perpétrés par « les forces » de l ex-président Laurent Gbagbo.« Les crimes les plus graves commis après l élection (de no-vembre 2010, (ndlr) ont été commis, selon le procureur, par les forces de M. Gbagbo», a déclaré M. ocampo lors d`une conférence de presse. Selon les conclusions de son enquête, « m. Gbagbo a organisé des attaques contre des civils afin de se maintenir au pouvoir», a-t-il affirmé. l`ex-président ivoirien est toutefois toujours considéré comme « inno-cent » jusqu`à son éventuel procès et lors de la prochaine audience il sera assisté de ses avocats et aura « le droit de présenter ses propres arguments », a souligné le procureur.« D`autres allégations contre les forces qui combattaient M. Gbagbo » seront également examinées, a-t-il par ailleurs indiqué. « Je pense qu il est très important que les gens suivent les discussions à la cour » afin qu ils «comprennent en détail ce qui s`est passé en Côte d Ivoire », a-t-il ajouté.Arrivé vendredi à Abidjan, Luis Moreno-ocampo, à qui suc-cèdera prochainement à la tête de la CPI son adjointe Fatou Bensouda, s`était entretenu le jour même avec l actuel chef de l Etat Alassane ouattara, avant de rencontrer samedi des représentants du parti de Laurent Gbagbo, le Front popu-laire ivoirien (FPI). L`ex-président Gbagbo est détenu depuis le 30 novembre 2011 à La Haye par la CPI, qui le poursuit comme « coauteur indirect » de crimes contre l humanité et crimes de guerre commis par ses forces durant la crise.Née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, la crise s`est ache-vée le 11 avril 2011 après deux semaines de guerre et a fait quelque 3.000 morts. L`audience de confirmation des charges, qui doit permettre aux juges de déterminer si les preuves rassemblées par l accusation contre l ancien président ivoirien sont suffisamment solides pour la tenue d`un procès, doit débuter le 18 juin. La défense de Laurent Gbagbo conteste la compétence de la CPI pour le juger. Son avocat français, Emmanuel Altit, estime notamment que l ancien chef de l Etat a subi une violation de ses droits et des «tortures et autres traitements inhumains et dégra-dants» lors de ses huit mois de détention dans le nord de la Côte d Ivoire avant son transfèrement à La Haye.La CPI a dit à plusieurs reprises enquêter aussi sur des crimes qui pourraient avoir été commis par l ex-rébellion pro-ouattara, victorieuse de la guerre grâce à l appui militaire décisif de l opération des Nations unies en Côte d Ivoire (onuci) et de la force française Licorne. Selon des oNG internationales, les ex-rebelles pro-ouattara sont for-tement impliqués notamment dans des tueries qui ont fait des centaines de morts dans l Ouest ivoirien fin mars 2011, au début de leur offensive sur Abidjan.

Source aFP

Crise iVoirienne les Pires CriMes ont ÉtÉ

CoMMis Par le CaMP GBaGBo (procureur CPi)

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SportSport

Après plusieurs années de conquête et d’échec, il y est enfin arrivé. Mal-gré un début d’année difficile avec une Coupe d’ Afrique qui lui a filé

entre les doigts de justesse en février dernier et un championnat loupé cette saison, l’attaquant ivoirien de 34 ans a désormais sa consolation, la coupe aux grandes oreilles. Ce trophée tant convoité depuis 2008 réjouit tous les amoureux du football en Afrique en général et en Côte d’ivoire en particulier sur-tout qu’ils attendent ce sacre depuis 2008.Avec ce trophée, l’attaquant aura ainsi tout gagné avec Chelsea : triple champion de Premier League (2005, 2006, 2010), qua-druple vainqueur de la Cup (2007, 2009, 2010 et 2012) ces six dernières années et double champion de la Coupe de la Ligue (2005 et 2007), mais aussi de deux Commu-nity Shield (2005 et 2009).Didier Drogba, avec 157 buts en huit saisons dont 34 en Ligue des champions, c’est le qua-trième meilleur buteur de toute l’histoire de Chelsea et il fut deux fois meilleur buteur du championnat anglais (2007 et 2010).En un mot, Didier Drogba est une légende. En une grosse décennie, l’attaquant de Chelsea a empilé les honneurs, les buts et les titres: champion d’Angleterre (2005, 2006 et 2010), Coupe d’Angleterre (2007, 2009 et 2010), Ballon d’or africain (2006, 2009), joueur afri-cain de l’année de la BBC (2009), meilleur joueur de la saison en France (2004), meilleur buteur de l’histoire de la sélection ivoirienne (49 réalisations.Mais limiter l’influence de Drogba à ces quelques lignes et statistiques serait négliger l’importance du joueur de 33 ans. Quand les Eléphants, le surnom de l’équipe nationale ivoirienne, sont dans la panade, c’est bien souvent de l’ancien Marseillais, devenue une idole de l’exigeant stade vélodrome en une petite saison à peine (2003-2004), que vient la lumière.Didier Drogba, capitaine et buteur de la sélec-tion ivoirienne, reste néanmoins le plus grand de tous. La tête de proue, l’idole de tout un continent —au même titre que le Camerounais Samuel Eto’o. Face au Bénin, lors des élimi-natoires de la Coupe d’Afrique des nations 2012, c’est lui qui met les mains dans le cam-bouis pour signer un doublé salvateur (2-1). Idem au retour, où il jaillit du banc pour passer les Ecureuils béninois à la moulinette (2-6).

un footballeur pour la paixMais l’apport de Drogba ne se limite pas au pré vert d’un ter-rain de football. Quand «Gbag-badè» parle, on l’écoute. Ce n’est pas pour rien que le Time Magazine en a fait l’une des cent personnalités les plus influentes en 2010, aux côtés des politiques(Lula, Sarah Palin, Barack obama, Christine Lagarde...), des artistes (Jet Li, Ben Stiller, Conan o’Brien, Neil Patrick Harris...), des pen-seurs (victor Pinchuk, Steve Jobs, Amy Smith...), l’Ivoirien est le seul footballeur du palmarès. Mais ce n’est pas pour ses qualités techniques que le buteur de Chelsea est nommé.

A la Coupe du monde 2006, lorsque son pays est ravagé par la guerre civile, il est à l’initiative d’une déclaration des éléphants appelant à la paix. Beaucoup lui créditent le calme qui s’en est suivi et qui a permis à la réconciliation de démarrer.Lors d’un match en mars dernier, 22 personnes sont mortes dans un crash alors qu’elles ve-naient voir jouer leurs héros. Après le match, Drogba décide de donner chaque dollar qu’il gagne grâce à ses sponsors à une association caritative qui œuvre pour construire des hôpi-taux dans le pays. Didier Drogba est un homme respecté. Plus qu’un simple joueur de football, il a un rôle politiqueessentiel. Drogba, le Bété, comme Gbagbo, transcende les opinions et les diffé-rences. C’est un faiseur de paix, qui a contri-bué à réconcilier le nord et le sud de la Côte d’Ivoire. Comme lors de la qualification de la

Côte d’Ivoire à la coupe du Monde 2006, la première de l’histoire, où le buteur de Chelsea se met à genou devant les caméras de TF1.

« ivoiriennes, ivoiriens, on vous a prouvé au-jourd’hui que toute la population de la côte d’ivoire peut cohabiter, peut jouer ensemble pour un même objectif. aujourd’hui, on vous le demande à genoux: un pays qui a toutes ces richesses ne peut pas sombrer dans la guerre comme cela. »Il est à genoux, aux côtés de Touré du Nord, de Boka du Sud, de Barry dont les parents sont guinéens. Didier Drogba poursuit: « S’il vous plaît, déposez tous les armes. Organisez des élections, et tout ira mieux. »

Drogba l’idoleAu milieu de la circulation d’Abidjan, on voit des bus couverts de slogans à la gloire du footballeur ivoirien: « Didier est grand », «Merci Didier». A Abidjan, on entend souvent dire que c’est grâce à Drogba si les armes se sont tues. Le terme «drogbacité» sert à résumer les valeurs qu’il incarne: la modestie, la générosité, la tolérance.Désormais, depuis son déplacement à Bouaké, la capitale des rebelles, il est une icône, à l’image de Mandela. Les Nations unies le nom-ment même ambassadeur de bonne volonté et les Ivoiriens se demandent s’il ne devrait pas se porter candidat à l’élection présidentielle.

Mireille NGoSSo

didier droGBa,Un destin atyPiqUel’ivoirien DiDier DroGBa enfin saCré ChamPion D’eu-roPe Des CluBs sous les Couleurs Des Blues De Chelsea.

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La BoAD a organisé son deuxième forum Asie-Afrique à Lomé, les 21 et 22 mai, sous la présence effective du Premier ministre togolais Gilbert Houngbo ainsi

que de nombreuses personnalités de l’espace UEMoA, l’Asie et de pays de la sous région (Guinée, Nigeria). Le président de la BoAD, Christian Adovelande, a clôturé les travaux.

Les participants ont, pendant deux jours, brossé les forces et faiblesses de la zone en matière de production d’électricité, infrastruc-tures, contraintes structurelles et opportunités. Comme le reste de l’Afrique, la zone UEMoA est confrontée aux déficits énergétiques et aux problèmes d’infrastructure.

Quels avantages à tirer de la coopération asiatique?Les participants ont examiné les voies et moyens d’en faire un partenariat « gagnant-gagnant ». C’est ainsi que le ministre ivoirien des Infrastructures économiques Patrick Achi a insisté sur la nécessité d’un environnement des affaires propice pour attirer des financements. Il a par ailleurs prôné une approche régionale en matière de développement des infrastruc-tures et souligné que l’Afrique ne devrait pas considérer que l’argent règlerait tous ses pro-blèmes. En effet, un certain nombre de projets sont en retard du fait de problèmes de capa-cité d’absorption entre autres. Lydie Boka de l’agence d’analyse de risques StrategiCo. a pour sa part fait ressortir que la plupart des échanges étaient commerciaux, et dominés par la Chine et que la confusion existait sou-vent entre investissements et réalisations socio économiques financés par des subventions sans conditions apparentes mais qu’il fallait scru-ter de près. Par ailleurs, alors que la Chine a une approche « public/privé », les groupes d’autres régions d’Asie (Indonésie, Singapour, etc...) sont souvent purement du secteur privé et financent des investissements.

L’ueMOa, un espace d’op-portunités... et l’asie va où

son argent rapportePaul-Harry Aithnard d’Ecobank a insisté sur la richesse de la zone, qui partage la même monnaie, la même langue et permet de déve-lopper des synergies. Productrice de matières premières (cacao, coton pétrole, gaz), l’UE-MoA est une région regorgeant d’opportuni-tés pour l’investisseur. Comme pour lui donner la réplique, Tony Chen, investisseur du groupe privé APKC Office (Singapour), a indiqué que les Asiatiques étaient « devenus comme les occidentaux » et allaient dans les pays où les investissements rapportaient.

L’afrique doit créer sa propre potion magiqueJean-Louis Ekra, président de l’Afreximbank, a pour sa part exprimé sa profonde conviction que l’Afrique peut « y arriver », notamment par l’intensification du commerce inter-afri-cain. Alfred Zeufack, Directeur de Khazanah Nasional, institut de politique économique en Malaisie, a rappelé que les pays asiatiques n’avaient pas suivi « le Consensus de washing-ton » ou la règle d’or en finance, n’appliquant que quelques unes de ces règles à la fois, soit la discipline financière, la subvention des produits de base, la libéralisation de la mon-

naie, etc. L’auditoire lui a alors demandé avec beaucoup d’intérêt et d’insistance que faire dans la zone CFA qui n’a pas l’instrument de politique monétaire.La frustration des utilisateurs des infrastruc-tures de transport

où trouver les financements?Un kilomètre de voie ferrée coûte 1 million d’euros.

a. SaaBIE

l’asie est-elle la solUtion PoUr l’aFriqUe?Forum asie-UeMoa de la Boad (21-22 mai 2012) Par a. saabie pour diasporas news ©

économie

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SociétéSociété

Monsieur le Président du tribunal de

Grande instance, Monsieur le Procureur de la république,

Mesdames et Messieurs les Magistrats, Mesdames et Messieurs les avocats, merci pour votre hospitalité Monsieur le Député-maire de Nantes Monsieur le Président honoraire de la république du Bénin, Madame Soglo-Vieyra, Députée à l’assemblée Na-tionale du Bénin Mesdames et messieurs, distingués invités, il me revient le privilège de rendre hommage à Jean-Marc ayrault, Député-maire de Nantes, président de Nantes métropole, consacré par Sylvie Glissant pre-mier des Batoutos. Rendre hommage à sa constance, sa détermination, son sens de l’écoute et du dialogue, son courage moral et politique. Car ses 23 ans d’engagement sur cette cause

ne furent exempts ni de malentendus, ni d’objections et d’oppositions farouches, parfois brutales, ni de risques de surenchère ou de confusion des rôles. Mais tu as tenu bon, Jean-Marc, et continué à diversifier tes actions pour conduire et accompagner la ville de Nantes dans sa confrontation avec cette part, lourde, de son histoire. Ce furent le soutien aux associations, qui représentent la société civile et constituent un aiguillon salutaire ; la coopération et le jumelage avec des villes africaines et sud-américaines ; la création de l’Institut d’études avancées sur les rapports entre pays du nord et pays du sud ; l’organisation du Forum mondial des Droits de l’homme, car telle est bien la colonne vertébrale, l’épine dorsale de ces combats. Ce fut également l’exposition des Anneaux de la mémoire, ses 450 000 visiteurs et tous les évènements autour. Ce fut, et c’est important, l’ouverture de salles sur la traite négrière au sein du musée de l’histoire de Nantes au château des Ducs de

Bretagne, car cette histoire n’est pas une histoire hors sol, elle fut toujours incluse, imbriquée à l’histoire de Nantes, elle s’y est déployée, elle y a laissé traces et sillage. C’est aujourd’hui ce Mémorial, avec sa qua-lité architecturale, son esthétique, parfois grise, parfois rêche, mais très aérée ; sa symbolique à la croisée de la mémoire, de l’histoire, de la géographie et de l’éthique ; sa portée internationale, sa dimension uni-verselle. Nous savons ce que ces qualités doivent à Mrs wodiscko et Bonder, à leurs compétences autant qu’à leurs parcours.Enfin, je n’oublie pas la part que tu as prise dans le combat législatif, en tant que président de notre groupe parlementaire, ton rôle déterminant et par-fois décisif, lorsque nos rapports étaient tendus avec le gouvernement. En 1893, aux funérailles de victor Schoelcher, Georges Clémenceau prononça ces mots : « L’abolition de l’es-

FranCe chriStiaNe tauBira, uNe feMMe fOr-teMeNt eNGaGée POur La cauSe DeS NOirS DeVieNt MiNiStre De La JuStice eConomiste De formation et De Profession, Christiane tauBira est née le 05 février 1952 à Cayenne, en Guyane. elle est titulaire D’un DoCtorat en sCienCes éConomiques (Paris ii, Panthéon-assas), D’un DiPlôme De troisième CyCle en soCioloGie et ethnoloGie afro-amériCaine (sorBonne et jussieu) et D’un DiPlôme De troisième CyCle Du CfCa (Centre français De la CooPération aGriCole, Paris et BorDeaux).

Elle a été Professeur des Sciences économiques et Directrice du CNAM de la Guyane. Christiane Taubira est issue d’une famille modeste. Sa mère, Aide-soignante, a élevé seule ses cinq enfants. Divorcée, elle est elle-même mère de quatre enfants. C’est une belle leçon de courage pour toutes les femmes africaines. on peut être à la fois mère de famille et engagée politiquement. En 1993, elle crée son propre parti politique, walwari, dont elle sera la Présidente. C’est à la tête de ce parti qu’elle sera élue Députée de la

Guyane en 1993, réélue en 1997, 2002 et 2007. A l’Assemblée Nationale, elle est membre de la Commission des Affaires Etrangères. Observateur parlementaire aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud (avril 1994), elle sera membre de la Délégation Officielle française à l’investiture de Nelson MANDELA, premier Président noir de ce pays. Elle représentera la France à l’investiture du Président Thabo M’BEKI en juin 1999. Christiane Taubira sera mondialement reconnue à travers sa proposition de Loi (la Loi porte désormais son nom) visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. Le texte fut adopté par le Parlement français le 10 mai 2001 et promulgué par le Président de la République française le 21 mai 2001. Ce texte majeur sera co-signé par le Premier Ministre et huit ministres concernés par ses dispositions (Education, Recherche, Justice, Culture et Communication, Affaires Etrangères, Affaires Européennes, Intérieur, outre-Mer). Pendant la campagne des élections présidentielles de 2007, elle aurait été approchée par l’entourage de Nicolas Sarkozy pour rentrer au gouvernement après la victoire. Notre mère-courage aurait poliment décliné l’offre. Signe du destin (prémonitoire ?), Christiane Taubira et celui qui deviendra le Premier Ministre de la France quelques semaines plus tard, Jean-Marc Ayrault, étaient ensemble à Nantes pour célébrer la Cérémonie d’inauguration du Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Ce fut son dernier grand discours (1) avant le sacre.Suite à la victoire du socialiste François Hollande à l’élection présidentielle, Christiane TAUBIRA entre pour la première fois au gouvernement le 16 mai 2012 en devenant Garde des Sceaux au sein du gouvernement Ayrault. Nous formulons tous nos vœux de réussite à Madame TAUBIRA.

Benoît ILLaSSa

disCoUrs de Christiane taUBira à la CÉrÉMonie d’inaUGUration dU MÉMorial de l’aBolition de l’esClaVaGe iNterVeNtiON De chriStiaNe tauBira, DéPutée De GuYaNe

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clavage paraît aux réactionnaires eux-mêmes une chose toute simple aujourd’hui. Mais si l’on faisait revivre dans un tableau tragique les haines féroces aiguisées jusqu’à la folie, que suscita la lutte de l’homme blanc pour la possession de l’homme noir à titre de bétail avili, on saurait ce qu’il fallut de noblesse de cœur, d’impla-cable énergie, de mépris des clameurs, d’insouciance des périls, pour accomplir l’œuvre de Schoelcher ». De son vivant, lors de ses combats, victor Schoelcher avait qualifié la traite négrière et l’esclavage de ‘crime de lèse-humanité’. Pourtant il n’a réussi ni à empêcher l’indemnisa-tion des maîtres, ni à imposer l’indemnisation des esclaves, non pour les préjudices subis, mais pour une partie des années de travail fourni gratuitement. Il avait les idées claires. Se prononçant sur la rançon d’indépendance réclamée par la monarchie française à la jeune Répu-blique d’Haïti, il déclara que c’était « faire payer une deuxième fois par l’argent, ce que les anciens esclaves avaient payé une première fois par le sang ». Lorsque par la loi de 2001 le Parlement français donne nom et statut au crime, proclame que ce fut, que c’est un crime contre l’humanité, il franchit une étape cruciale, il pose une vérité et fait œuvre de justice sociale. Un crime contre l’humanité, cette éjection hors de la famille humaine de millions de femmes, d’hommes, d’enfants, un crime contre tous les hommes, en tous lieux, à toutes époques. Le crime étant qualifié, il faut le documenter. Il est éton-nant de constater certaines réticences qui procèdent d’un vigoureux conservatisme dans le milieu universi-taire, d’où sont parties parfois les plus farouches oppo-sitions contre la loi et ses dispositions d’enseignement. Hier encore dans un bus à Paris, une étudiante m’a dit avoir mis un an à trouver un directeur de thèse, même pas en histoire, en sociologie. Etonnant que des universi-taires s’opposent à une loi qui favorise la recherche et la coopération, alors que des collectivités s’y adossent, comme la Haute-Savoie, la Meurthe et Moselle, le Haut-Rhin, le Jura, la Franche-Comté, pour leur programme et actions sur ‘la route des abolitions’, en affirmant claire-ment depuis début 2002 « vouloir être la déclinaison de la loi de 2001 » ! Ces réticences, aussi fortes soient-elles, ne concernent qu’une minorité du milieu universitaire, tant sont actifs, et depuis longtemps, les chercheurs et professeurs qui produisent de la connaissance et donc, documentent le crime. Conformément à la l’article 2 de la loi, les programmes scolaires intègrent la consigne d’enseignement, comme l’évalue le rapport annuel de l’Institut national de la recherche pédagogique. Il fau-dra intensifier l’élaboration de manuels scolaires, de supports pédagogiques au service des enseignants. Des réticences proviennent aussi de la société, elles sont partiellement le fait d’une grande méconnaissance des faits et des constructions idéologiques fabriquées pour justifier ce système économique basé sur le meurtre lé-gal et l’exil massif forcé. Il reste à expliquer plus large-ment que là se love la source du racisme et des repré-sentations façonnées pour légitimer cet esclavage racial. Nous voyons bien par ailleurs que la journée nationale du Souvenir, instaurée par la loi, semble s’installer après 2 belles années solennelles au Luxembourg à Paris (2006 et 2007) et 2 célébrations a minima (2008 à Bordeaux, 2009 sous présidence sénatoriale) puis un retour présidentiel avec un contenu substantiel, non plus sur l’abolition, mais sur la traite et l’esclavage. Et de plus en plus de collectivités, mairies, communautés de com-

munes, départements, régions, prennent des initiatives pour le 10 mai, en plus des associations. Le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, également créé par la loi, présidé par Françoise vergès, après Maryse Condé les premières années, a bien trouvé son rythme de croisière. Concernant les dispositions de la loi sur la reconnaissance internationale, je peux en témoigner di-rectement, la France a joué un rôle majeur à Durban, en septembre 2001 à la Conférence internationale contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance, dont la Décla-ration finale reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité. Quant au monde politique, on voit bien que certains ne font pas relâche sur les obstructions, les blocages, les regimbements. Ils continueront à venir à chaque ressac s’échouer sur le rivage d’un pays qui, malgré ses éga-rements, reste profondément attaché aux valeurs huma-nistes. Comprenons bien que, dans ces cas, contrairement aux citoyens ignorants des faits ou frileux, il s’agit d’une vraie confrontation idéologique, d’un réel affrontement de valeurs, d’une conception antagonique de la dignité de toute personne.La première mondialisation, économique, généra une mondialisation de la pensée, des luttes, des arts, des causes : la liberté, les libertés, l’égalité entre les hommes, l’égalité entre les hommes et les femmes, les rapports entre les cultures. Bref, les idéaux qui inspirent les luttes au-delà de son quartier, de sa ville, de son pays, de son continent, au-delà des fausses proximités avec le pouvoir, pour atteindre aux vraies solidarités de valeurs, pour atteindre à la fraternité. Les sociétés qui ont subi l’esclavage sont des sociétés plurielles. De fait. De force. Elles le sont restées par choix, en ser-vant cette injonction de Louis Delgrés : « La résistance à l’oppression est un droit naturel ».Cette longue période, d’une exceptionnelle violence, fut celle de l’oppression, de la déshumanisation, de part et d’autre ; celle de l’homme, captif, vendu, acheté, fouet-té, asservi mais qui trouve les ressorts pour se battre ; celle du maître devenu esclave de sa cupidité et de sa peur. Cette période fut aussi celle d’une époustouflante créativité. Le plus spectaculaire est dans les langues. Inventées sous la nécessité des solidarités de survie, puis des luttes, inventées dans le secret, la tension, puis la

relation ; la relation horizontale entre les esclaves de langues différentes, entre esclaves et Amérindiens ; puis la relation verticale entre esclaves et maîtres. Puis ces langues furent enrichies et embellies par un sens de la vie qui suggérait de ne renoncer ni aux rires, ni aux chants, ni à la dérision, ni à la beauté. C’est ainsi que les esclaves furent invaincus, survivants et invaincus. Ils inventèrent des langues, des religions, des expressions artistiques, de la littérature, d’abord orale puis écrite, des techniques, des modèles économiques, ils compo-sèrent des savoirs à partir de leurs milieux naturels, dans l’échange et dans l’observation. Ce fut, quoiqu’il paraisse, un âge d’or de la créativité, de l’inventivité, de l’ingéniosité. De la générosité.Hommage à Nantes et aux Nantais. Nantes fut, par son trafic, le 1er port négrier français. Nantes s’avère aujourd’hui le meilleur, par son audace et son originalité. La question qui nous est posée est de savoir dans quel monde nous voulons vivre. Le voulons-nous plus amical ? La fraternité est un combat. Quels efforts sommes-nous prêts à faire, dans nos vies quotidiennes, pour un monde moins hostile, moins injuste, moins brutal ? Ce Mémorial nous dit qu’il n’est pas question de passer vite sur l’esclavage colonial. Qu’il faut prendre le temps d’en saisir les enseignements, d’en repérer les traces, d’en suivre le sillage, d’en neutraliser, d’en corriger, d’en éradiquer les effets. Mais le Mémorial nous rappelle aussi que les luttes contre l’esclavage colonial furent des luttes pour les droits de l’homme, pour la liberté de cha-cun, pour les libertés de tous. Qu’elles perdraient leur sens profond si nous restions indifférents aux situations contemporaines de traite, d’esclavage, de servitude qui frappent des millions de personnes.

ce MéMOriaL eSt uNe PrOMeSSe eN SOi, cOMMe ceLLe Qu’aNNONce Le GraND POète chiLieN, pABlo neruDA : « La nuit arrive avec sa coupe de lierres étoilésLe rêve submerge les hommesEt le monde se lave une fois encoreL’ombre secoue ses gants Tandis que les racines travaillentEt un jour naît à nouveau »

I.B

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affaire VaNeSSa tchatchOu Du caMerOuN. iNterView Du Dr ViNceNt-SOSthèNe fOuDa à DiaSPOraS-NewS. DiASporAS-newS : Dr vincent-Sosthène fouda, parlez nous des derniers developpements de l’af-faire vanessa tchatchou ?

Dr ViNceNt-SOSthèNe fOu-DA : l’affaire vanessa a évolué dans le sens de la sensi-bilisation et de la mobilisation avec malheureusement peu de résultats lui permettant de retrouver l’amour de sa fille qui est toujours détenue par une magistrate du cameroun avec la complicité de certains membres du gouvernement camerounais dont la ministre des affaires sociales madame catherine bakang mbog. avec votre permission je dirai que parmi les actions positives nous pouvons noter qu’aujourd’hui il est impossible pour madame

catherine bakang mbog de séjourner aux usa sous peine d’arrestation pour trafic d’être humain, c’est une victoire. la même démarche est faite en ce moment au sein des pays de l’union européenne, les choses sont lentes mais en bonne voie. vanessa a mis en lumière par sa résistance l’océan des injustices que subissent les camerounais au quotidien et parmi ces injustices, le trafic des nourrissons qui est l’abo-mination de la désolation parce que de tout temps, l’enfant a toujours été la richesse du pauvre mais aujourd’hui on le lui vole pour le revendre dans les marchés, on n’a pas fait pire même pendant l’escla-vage parce qu’on vendait les filles aux seins fermes et les hommes robustes. cette fois on vend les êtres les plus innocents et les plus fragiles.

D-n : vous êtes très actif dans cette affaire. qu’ est- ce qui motive votre combat ?Dr v-S.F. : difficile de dire pourquoi je m’intéresse à cette affaire. si je vous dis c’est ainsi allez-vous me croire ? c’est donc l’histoire de tout un parcours personnel. en 2003 j’ai publié un ouvrage sur l’adoption, voilà comment je me suis retrouvé

dans l’univers des nourrissons et des enfants. par la suite j’ai été régulièrement consulté pour parler des relations entre parents et enfants dans les familles recomposées, j’ai participé à l’élaboration du nou-veau code de la famille en france en 2008. j’ai fait partie au canada de la commission bouchard taylor sur les accommodements raisonnables dans la sous-commission des insignes religieux. par-dessus tout je dois confesser que partout où l’homme souffre c’est une partie de l’humanité qui meurt voilà pourquoi la souffrance de vanessa est ma propre souffrance.

D-n : jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour rétablir toute la lumière dans cetteaffaire?Dr v-S.F. : j’ai promis à vanessa de lui rendre son bébé parce qu’il est en vie et que je l’ai tenu dans mes bras. j’ai été arrêté à 6 reprises et jeté en cellule, je suis jugé au cameroun pour ten-tative de déstabilisation de l’etat, mise en mal de la paix et participation-organisation de manifesta-tions publiques sans autorisation. c’est lourd comme accusation. le combat continue, depuis que j’ai le dossier de vanessa le 23 décembre jusqu’à ce jour, j’ai 98 dossiers de kidnapping de nourrissons de moins de 2 semaines. j’ai 1 dossier d’un enfant qu’on vient de retrouver en france dans en nor-mandie, un enfant qui a été arraché à sa maman voici 16 ans. depuis que vanessa par son courage a crié si fort au point où son cri a été entendu hors de l’hôpital nous avons enregistré 4 autres cas de vol de bébés. pourquoi je donne ces chiffres ? c’est pour vous dire que les voleurs n’ont pas reculé.

D-n : plusieurs pensent que vous voulez régler des comptes avec le régime qui a refuse votre candidature a la présidentielle de 2011?Dr v-S.F. : la présidentielle est loin der-rière nous, les termes d’ailleurs que vous employés ne sont pas appropriés car en réalité ma candi-dature n’a pas été refusée, j’ai été disqualifié c’est différent. par contre je pense que vous journalistes vous savez au fond de vous où est la vérité. vous savez donc qu’ils ne disent pas vrai, personne n’est capable de régler ses comptes à un gouvernement ou à un etat. le problème de trafic de nourrissons dans notre pays est réel et il nous faut faire face.

D-n : n’avez vous pas peur des represailles du gouver-nement en place?Dr v-S.F. : je prends des coups au quo-tidien mon épouse et nos enfants. un de mes fils a été traumatisé lors de son dernier séjour au cameroun en février dernier, par la violence des forces de police. la peur je la connais, mais elle ne vient pas du fait que je ne me sente pas à la hauteur du combat que j’ai engagé, la peur vient du fait que l’etat du cameroun, que les réseaux mafieux ont un pouvoir sans bornes. mais rassurez-vous, c’est de ma faiblesse que nait toute mon énergie parce que je n’ai pas de haine en moi, j’ai tout remplacé par l’amour.

D-n : quelles relations avez-vous avec vanessa tchat-chou et savez-vous ou elle se trouve en ce moment? Dr v-S.F. : vanessa est à yaoundé en famille, elle se bat au quotidien contre la solitude, l’absence de l’enfant qu’elle a désiré dans son cœur d’adolescente puis de jeune mère et qui lui a été arraché parce qu’elle est pauvre dans tous les sens du terme et parce qu’elle est orpheline. c’est une situation terrible. nous nous voyons régulièrement quand je suis au cameroun et échangeons sur son dossier, son avenir. a côté de ce dossier j’ai une femme et des enfants qui réclament amour et attention.

Mireille NGoSSo

vANESSA TCHATCHoU

DR vINCENT-SoSTHèNE FoUDA

destin CroisÉ de deUx FeMMes qUi lUttent PoUr rÉCUPÉrer leUrs enFants

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ESSAo BESSELI

destin CroisÉ de deUx FeMMes qUi lUttent PoUr rÉCUPÉrer leUrs enFants eNtretieN aVec MMe eSSaO BeSSeLi à L’OccaSiON De Sa SOrtie De L’hôPitaL PSYchiatriQue De cLerMONt, DaNS L’OiSe, Où eLLe a été iNterNée, Dit-eLLe arBitraireMeNt.

DiASporAS-newS : Pourquoi êtes-vous venue nous voir ?eSSAo BeSSeli : Je veux parler au travers des médias du monde entier. A commen-cer par votre magazine que je considère proche des publics africain et européen. Parce que mes enfants sont en danger. Ils m’ont été retirés et je veux les récupérer. Ils me manquent, c’est une partie de ma vie. C’est un combat que je mène depuis que je suis sortie le 2 février 2012 de l’hôpital psychiatrique de Clermont (oise) où j’ai été internée arbitrairement. Cet hôpital est un mouroir. C’est la honte de la république française. Certains patients sont maltraités, enfermés depuis un certain nombre d’années. Ils ne peuvent plus en sortir, ce sont des zombies gavés de médicaments. Une affaire qui rapporte de gros sous à certaines personnes du système. Et ça j’ai envie de crier ma détresse au monde entier pour que les autorités françaises ouvrent les yeux sur ce qu’il se passe dans cet hôpital psychiatrique qui est un vrai mou-roir. Je pense que Diasporas-News est un journal sérieux pour porter mon message. C’est la raison de ma venue dans vos locaux. D.n : Qui vous a retiré vos enfants ?e.B : C’est l’Etat (la justice). Le 02 janvier 2011 j’ai tenté de mettre fin à mes jours et pour que ma fille qui était avec moi ne soit pas la personne qui découvrira mon cadavre j’ai tenté de l’endormir en lui donnant un somnifère qui m’avait été prescrit. J’ai ensuite alerté un de mes beaux-frères pour que la famille la sauve d’une vision d’horreur…Le corps sans vie de sa mère… Je regrette ce geste pas seulement parce que ma fille paie mes erreurs mais parce que j’avais d’autres solutions que je ne voyais pas et que je n’ai donc pas pu saisir ! Ce jour-là, j’étais désespérée, anéantie. Je buvais beaucoup pour dormir, oublier.. Cela faisait des mois que chaque jour je me disais : demain est un autre jour ! Tout ira bien ! Tu retrouveras la pêche et tu feras ce qu’il faut comme avant… J’aurai dû prendre le traitement qui m’avait été prescrit… avant ma dépression puisque finalement il a été prouvé que je souffrais d’une dépression grave

avec idée d’autolyse, j’avais une peur bleue des Anti dépresseurs… Aujourd’hui je vais parfai-tement bien, je n’ai plus d’idées noires mais au contraire une rage de vivre. J’avais vraiment be-soin de soins… D.n : avez-vous retrouvé vos enfants ?e.B : Non !!! Mon fils ainé qui m’a été volé par son père vit à Lilles chez sa grand-mère pater-nelle. Ma fille est toujours au foyer pour enfants à Rueil-Malmaison.Je me doutais bien qu’on ne me rendrait pas mes enfants sous prétexte que je suis guérie (rapport d’experts psychiatre à l’appui). Mais je n’aurai jamais imaginé qu’on me priverait de mes droits de visites.La JAF (Juge des Enfants) de Lilles a rendu un rapport le 03 janvier 2012 me donnant conjoin-tement droit à l’éducation de mon fils. Leur père a essayé d’avoir la garde exclusive ! Ce qui est drôle c’est que Monsieur a oublié d’inscrire ma fille dans le dossier de demande !!! Dieu m’est témoin il a toujours douté être le père de ma fille. Oui c’est moi qui l’ai désirée, élevée, aimée, protégée, soignée, nourrie, puisque le père était parti sous d’autres cieux. Sachez que la JAF de Nanterre m’avait donné la garde ex-clusive de mes enfants à l’époque où leur père était introuvable…Ma fille je la rencontrais à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) sur RDv. Depuis le mois de décembre 2011, je ne la vois plus. Pourquoi ? Je ne saurai vous répondre…J’ai lutté pendant de longs mois avec le système d’hospitalisation de la psychiatrie de Clermont pour retrouver mes enfants et une certaine liberté et je me retrouve aujourd’hui dans une sorte de « Prison immonde et perverse. Sans oublier que je risque d’aller en prison car paraît-il que j’ai dit à la police ce jour-là du 02 janvier 2011 que je voulais partir avec ma fille. N’oubliez pas que j’étais ivre d’alcool, ivre de désespoir, ivre de co-lère contre mon ex conjoint qui avait laissé toute la responsabilité des enfants sur moi…Aujourd’hui plusieurs rapports prouvent que ma fille semble en bon état physique. Elle ne pré-

sente pas, à l’examen de troubles ou d’anomalies psychiques susceptibles d’affecter son équilibre psychique. Les faits tels qu’elle les relate se sont déroulés dans un contexte de dépression de la maman qui était souvent en pleurs et/ou dormait laissant la fillette livrée à elle-même. Elle mani-feste un fort attachement à sa mère mais aussi

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

SociétéSociétéle besoin d’être avec son frère et sa mamie (la maman de sa mère) et de voir son père.Quand à ce qui me concerne voici ce qu’a dit l’un des meilleurs psychiatres de France : L’examen psychiatrique de Melle ESSAo Besseli ne révèle pas chez elle d’anomalie mentale. L’examen éli-mine aussi bien des troubles de l’ordre psychose que des troubles majeurs de l’humeur de type uni ou bi polaire. Dans les antécédents, on note des moments sub-dépressifs francs parfois accompa-gnés de tentative d’autolyse. Suite à l’épisode en question, elle a été hospitalisée en milieu psy-chiatrique pour un état dépressif avec des idées d’autolyse, persistantes les premiers temps.Actuellement l’état clinique est stabilisé avec ar-rêt du traitement psychotrope.Elle apparaît comme une jeune femme normale-ment intelligente, de type moyen fort.C’est une personne fière, au tempérament entier.Elle est tenace, parfois un peu esthétique, plutôt méfiante.Elle peut-être réactive ponctuelle, en situation.Dans le contact, elle est plutôt à l’aise, liante, de tempérament extraverti. on note un fond anxieux permanent. L’humeur est parfois déstabilisée avec mo-ments dépressifs francs parfois accompagnés d’idées d’autolyse dans les périodes difficiles de sa trajectoire biographique (notamment dans le champ affectif).Le sujet ne présente pas un état dangereux au sens psychiatrique.Dans la période des faits qui lui sont reprochés, le sujet n’était pas atteint d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant pu abolir son discernement au sens de l’article 122-1 alinéa du code pénal.Par contre, au vu du contexte dépressif franc avec idées d’autolyse nous avons retenu l’altéra-tion du discernement au sens de l’article 122-1 alinéas 2 du code pénal.Dans un contexte dépressif franc, dans un contexte existentiel de difficultés de vivre seule avec ses deux enfants, il a existé une symptomatologie dé-pressive qui a sous-entendu les idées suicidaires et également favorisé l’émergence d’un scénario de mort à plusieurs (ici elle et sa fille).Cette réalité clinique de la conscience dépressive est un élément classique dans la compréhension de ce type de passage à l’acte, au plan psycho-criminologique.Elle trouve légitime de faire face à la justice des hommes. D.n : Vous souhaitez avoir vraiment la garde de vos enfants ?e.B : Evidemment. Je me suis toujours occupée

d’eux depuis leur naissance jusqu’à mon interne-ment à l’hôpital psychiatrique. Je n’ai jamais reçu l’aide de personne. Leur père n’a jamais apporté de soutien financier à ses enfants. C’est trop facile de me jeter l’opprobre pour m’enlever la garde de mes enfants. Pas question, je veux mes enfants. D.n : Leur père et vous, n’étiez plus ensemble si je vous comprends bien…e.B : oui. Je voulais avoir deux enfants du même père. Car je n’ai jamais voulu avoir des enfants de pères différents, alors j’ai prié pour tomber enceinte sans lui demander son avis. Leur père ne s’est jamais occupé d’eux, surtout de ma fille. A la limite, il doutait d’en être le père. Aujourd’hui, les institutions lui donnent une posi-tion qu’il ne mérite pas. Mes enfants ne sont pas des jouets. Mes enfants ne sont pas des cadeaux qu’on peut donner…en plus à des gens qui ne les méritent pas ! Mes enfants sont toute ma vie. Ils sont mon sang et mes larmes. Je dormais avec eux. Je faisais tout avec eux. Quand ils allaient à l’école, c’était moi. Quand ils étaient malades, j’étais là. J’étais arrivée physiquement et menta-lement au bout de mes efforts physiques et men-taux. J’avais perdu mon emploi et suis tombée malade au moment j’ai commencé une formation. Je n’avais plus les moyens de leur offrir les condi-tions correctes auxquelles je tenais… D.n : vous affirmez qu’à l’hôpital psychiatrique de clermont, il y a des gens qui sont dopés et qui sont internés pour rien. avez-vous des preuves?e.B : C’est dommage, je n’ai pas pu filmer, malheureusement. Moi-même j’ai été agressée par un schizophrène. Pendant des mois il m’a har-celé pour coucher avec moi soi-disant qu’il voulait essayer une femme noire. Aucune mesure n’a été prise pour l’éloigner de moi. Au contraire j’ai été enfermée pour m’être défendue lorsqu’il m’a sau-té dessus. La direction de l’hôpital m’a reprochée de m’être défendue contre un malade. Et pour-tant cela faisait onze mois que j’avais prévenu la direction. J’ai été enfermée durant trois jours en isolement. Fervente chrétienne, j’avais réclamé ma bible qui m’a été refusée par la direction. D.n : comment êtes-vous sortie de l’hôpital ?e.B : En écrivant au procureur de la répu-blique de Beauvais, au juge des libertés, qui ne comprenaient pas pourquoi on me gardait en-

core à hôpital. Apparemment, la direction a fait croire que c’est parce que j’étais alcoolique. Je ne suis pas alcoolique. Cela a été un long pro-cessus pour que je sorte. on m’a fait rencontrer plusieurs psychiatres. Ces derniers ont démon-tré le contraire de ce que la direction pensait. Aujourd’hui, je suis paranoïaque. Ce qui n’est pas dans ma nature. D.n : Vous êtes para-noïaque alors ?e.B : Mais oui. Le système m’a rendue para-noïaque. A l’hôpital on retournait toutes les situa-tions contre vous. Ils ont toujours raison. Ex : vous avez mal au ventre et bien c’est simple vous êtes enceinte…Ils en ont tellement vu que tous les cas sont pareils pour eux… Des gens blasés perdus eux même D.n : Donc, vous n’avez plus de stabilité…e.B : J’ai repris le travail depuis que je suis sortie de l’hôpital. Je suis toujours aussi sou-riante, agréable et serviable. J’aime rendre les autres heureux ! C’est l’un de mes buts dans la vie. Mes enfants sont mon réconfort après une dure journée de travail ! Toutes les mamans vous diront qu’elles retrouvent le sourire face à leurs enfants... D.n : Voulez-vous vraiment récupérer vos enfants?e.B : La question ne se pose pas ! Quelle mère ne voudrait pas avoir ses enfants avec elle ? Mais, il y a également tous ces gens que j’ai côtoyés laissés à l’hôpital qui comptent pour moi. Là-bas, à Clermont il y a des gens normaux qui sont enfermés. Ce sont des gens qui souffrent du mal de ce monde. Du déséquilibre du monde. on a fait d’eux des malades mentaux. D.n : un dernier message ?

e.B : J’espère que tous ceux qui liront ce mes-sage me soutiendront dans la prière. Je voudrais que tous ensemble on lutte contre le système psy-chiatrique d’un pays qui connait ses limites : le corps ! L’esprit est soigné par notre créateur… Ne laissons pas ces incrédules de docteurs si on peut les appeler ainsi tuer nos frères et sœurs…des citoyens français. L’hôpital psychiatrique de Clermont, dans l’oise est un mouroir... Merci à tous.

Faustin Dali

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N° 31 JuiN 2012 Diasporas News

Il est urgent de lire le dernier ouvrage de Gaston Paul Effa intitulé « Je la voulais lointaine ». D’entendre aujourd’hui cet auteur de nous même, ce clandestin qui semble s’introduire dans notre mémoire à la faveur

d’un équivoque passeport de langue française se raconter, raconter l’histoire d’Obama, petit fils de féticheur qui quitte son Afrique natale pour pour-suivre ses études en France et qui nous fait suivre, le cheminement d’un déraciné qui par la force des choses, voudra se réconcilier avec un passé devenu un peu trop lourd à porter. L’immigration, le départ d’un jeune africain vers l’ail-leurs, vers des terres occidentales où le lecteur peut suivre son dépaysement rendu possible par le choc des cultures. Un thème, maintes fois abordé par des écri-vains africains avec plus ou moins de succès. Gaston Paul Effa prend-il le risque de nous resservir ces récits naturalistes déjà connus? L’appréhension, l’idée qu’on se fait du roman par la seule lecture du résumé semble

nous confirmer le déjà-vu de l’histoire. L’on se met tout de même à le lire et l’on est saisi dès les premières pages par un tumulte de mots. Que signifie? On dirait que notre auteur se plait à faire entendre la langue. La variété, l’extraordinaire l’emportent. Ce caractère dans Gaston Paul-Effa ne cesse point. Tout y est prétexte pour se découvrir et nous raconter dans un perpétuel

spectacle la vie d’obama cet enfant « au nom d’oiseau ».

Etabli à Strasbourg pour y poursuivre ses études peu après le décès de son grand-père Elé, le jeune obama s’est vu léguer juste avant la mort de ce dernier un sac qu’il s’est empressé d’enterrer dans un endroit gardé secret sans même découvrir son conte-nu. Mais sa nouvelle vie à Strasbourg, son quotidien va s’imprégner d’un bout à l’autre de ses souvenirs d’enfance, de son désir ardent de retourner auprès des siens et d’y découvrir peut être un jour, le contenu de ce fameux sac. Y parviendra t-il?Si l’histoire de ce roman reste assez classique, (quête d’une partie de soi à tra-vers un retour aux sources), sa magie s’opère plutôt dans le renouvellement des scènes qui sait assurer son charme. Son mérite est avant tout littéraire et psycho-logique. Mais ce deuxième point, pas suffisamment indiqué dans l’œuvre, comme si l’auteur ne se rendait pas compte lui-même de son importance ou comme s’il s’attendait à être compris à demi-mot. Mais c’est sûrement là que réside le secret de son exceptionnelle densité. Une œuvre de très belle facture, on a envie de prendre le temps de la découvrir.

Gaston Paul EFFa. Je la voulais lointaine. aCTES SUD. Fev.2012Zacharie ACAFOU

GASTON PAUL EFFA « Je la voulais lointaine » : Quête d’un retour au pays natal

Lille/ roubaix tourcoing

StrasbourgNancy

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MarSeiLLeMontpellier

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Littérature

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

cahier Spécial cour Pénaleinternationale

Nada Louise au regard calme et au cœur dévoué. Ma plus grande peur est que tu ne reçoives pas mon dernier courrier. Pour tout ce que j’ai à te dire et pour le reste que je n’ai jamais osé dire. voici l’occasion de te dire merci maman. Pour ce jour-là et pour tous les

autres jours. Toi, mon incontournable pilier, toi ma si merveilleuse amie, toi ma mère. Comment ne pas t’aimer ? Je te vois encore le regard clair quand tu m’accompagnais sur la route m’encourageant avec ton sourire pour ne pas que je pleure. Pour ne pas briser mes rêves. Mais tu vois maman, j’aurais dû ne pas partir car toi, tu n’as pas réalisé tes rêves et tes sacrifices vains me brisent à jamais le cœur. J’aurais dû rester auprès de toi car vois-tu, cette aventure n’a pas marché et elle ne valait pas tous ces sacrifices.

Je vois ce frère qui fait la manche dans le métro. Après trente ans d’aventure, ceux qui sont venus avant moi n’ont toujours pas le moyen de se payer ce loyer social. Je marche du côté de Château Rouge et je vois ces sœurs dont la couleur de peaux rougeâtre, jaunâtre, blanchâtre orangeâtre me fait sim-plement vomir. Cet autre frère qui m’interpelle pour me remettre une carte de visite. vakramoko, grand Marabout de son état. J’hallucine ici moi maman. Je regarde chaque matin des frères balayer les rues, des sœurs vieillies à pousser des chariots remplis d’enfants qui ne sont pas les leurs et je vois ceux qui font semblant d’avoir de bons petits boulots dans des bureaux à être envoyés d’une table à une autre pendant qu’ils sont fatigués d’être debout toute la journée. Et ces sœurs qui depuis qu’elles sont arrivées ici ont tourné le dos à leur mère restée au village la traitant de sorcière, prétendant avoir ainsi connu Dieu. Ah! maman si seulement elles savaient ces femmes manipu-lées par de nouveaux pasteurs. Et tu sais combien j’adore l’éternel notre Dieu, combien je suis en Christ , mais dis maman, qu’est ce que je fous ici ?

Dans les années 70 quand la mode était aux pantalons «pattes d’éléphants» et aux plateformes, quand le Rock Field Jazz orchestre connut son fameux succès, maman toi pourtant une illettrée, tu alignais déjà le million dans ton kéhiba, cette ceinture traditionnelle autour de la taille des femmes de ta région. Sans te plaindre, à toi seule tu éduquas huit gosses en l’absence d’un mari qui avait plus d’une épouse. D’une simple machine à coudre au grand marché de Soubré, tu remplissais notre maison de merveilles. Je me souviens de cette enfance là. Tu m’appris à être indépendante et avoir confiance en moi. Très tôt tu m’appelais Zahouri aux jambes galbées te référant à mes mollets têtus pour ne pas que je sois complexée devant mes copines qui se moquaient de moi en m’appelant la sportive. Tu m’appris que le cadeau d’argent d’un homme ne m’enrichirait jamais, qu’il fallait absolument finir mes études, que les hommes, aussi nombreux qu’ils étaient, je ne devais me marier qu’avec Gnadrey. Que si un homme était méchant avec moi dès le début de la relation, il ne valait même pas les autres maux de tête. Plus tard, tu m’expliquas que l’on a beau élever les garçons toute seule, ils finiront toujours par réclamer leur père. Que malgré les rides, le cœur d’une femme reste le même, jeune, doux, endurci et surtout en lambeaux.

Maman, j’ai tout essayé et ensuite j’en ai fait qu’à ma guise. Alors j’ai payé tous les prix des grands chemins tortueux. Je connus une gloire de courte durée suivi d’un désert sec et rigoureux. A cause des peines que m’affligeait ma propre pierre, mon fardeau fut énorme. J’ai

maudi l’éternel mais il m’a acceptée pendant que les hommes me fuyaient. La vie est très difficile et il faut s’accrocher car

l’on apprend chemin faisant. oui, si j’étais ta mère, jeune fille, je te dirais qu’il était à utile d’ être gentille, que si tu vivais dans la droiture il ne t’arriverait que de bonnes choses. Mais voilà, je me pose moi-même ces ques-

tions à savoir ce que je fous dans ce pays quand ils sont encore plus petits d’esprits que ceux que nous avons laissés dans les bois. A savoir quels étaient mes rêves lorsque je quittais ma pauvre mère à l’aéroport ce jour-là et qu’elle faisait semblant de ne pas pleurer. Tu vois je ne suis pas ta mère mais juste une blasée et une aigrie mais je peux te dire ceci. Une femme doit avoir des principes pour ne pas se laisser à la por-tée de n’importe quel petit roublard goguenard dans les petits coins crasseux de la ville. Elle doit être indépendante, gagner son propre argent et réussir sa vie dans le domaine de son choix. Prends des vacances et cherche la voie qui te mènera à l’accomplissement de ta personne. Sais-tu pourquoi les hommes nous font mal ? Parce que nous ne connaissons pas notre valeur. Une femme se mettrait avec n’importe quel idiot par gentillesse et la gentillesse rappelle toi Samuela, cela ne paie pas. Le luxe tu pourras te l’offrir toi-même car seul le ciel est la limite de tes rêves. Il n’y a pas d’âge pour continuer tant que tu es encore parmi nous. Tu pourras choisir tes lieux de vacances et te marier avec l’homme que tu voudras sans contrainte aucune. Tant que tu vis, il y aura toujours une opportunité de faire changer d’avis aux gens quant à ta personne. Crois-moi sur parole. Les filles ‘’bien’’ ne réussissent pas. Regarde ! Il n’y a que des Nadia, des Carla, des Marla, des Mélania, des Cécilia et même que les Zahia s’y mettent de nos jours. Tu peux faire comme elles mais sache qu’il y a femme et Femme. Savoir rouler le cigare d’un homme et lui dire les petits mensonges dont il a besoin pour son ego d’imbus du pouvoir ne fera que t’éreinter plus tard. Sinon, ne fais pas de compromis et réussis sans eux. L’on fait tous des faux pas. on se fait mal accompagner par solitude et si cela t’arrivait, dis : « oups, je me suis trompée, désolée » et continue ton chemin. Il n’y a que deux raisons qui valent le mariage. ou, Il est très intelligent ou il a du fric et pour le reste, le grand amour est dans l’illusion et surtout ne jamais se marier avec un plouc. Tu perdras ton temps à expliquer des choses qu’il ne comprendra jamais et il finira par te larguer parce que vous n’avez rien en commun. Cependant, rien ne remplace la fête au lit c’est pourquoi il faut toujours profiter de ta liberté avant qu’elle ne t’échappe. Courir en pleine nudité sur les plages d’Assini, Prendre le TGv Paris Saint-Tropez seule en première classe. Louer une Jaguar pour conduire cheveux au vent, coco à l’œil dans les beaux paysages de l’Arizona et tu comprendras que la vie est pleine de nouvelles découvertes et de surprises. Seule à bord d’abord. Belle quand tu veux. Ta fente c’est ton cacao mais précieux, je te dis ma sœur, réfléchis.

Ta maman ? Ton Dieu sur terre. Honore-la. Elle le mérite La richesse ? Elle n’est pas que matérielle c’est vrai mais l’argent c’est nécessaire. Les amis? En avons-nous vraiment quand l’argent disparaît ? Les enfants ? Nul ne t’appar-tient vraiment mais tant qu’ils sont petits, fais ta mission de les aimer, de les éduquer et de ne pas t’offusquer plus tard de leur ingratitude. Le mariage ? Très difficile mais il vaut mieux toujours se marier

La vie ? on ne peut pas la refaire mais on peut se réinventer tant que l’on vit. Tu le veux, il te fuit? C’est son droit. Avance, tourne la page, vite. C bon. Ton travail? Trouve ta passion et tu seras heureuse. L’argent est caché derrière cela. Ta famille? on ne la choisit pas. C’est ta punition, fais avec ce fardeau. Demain ? C l’espoir qui nous fait vivre car il y a toujours ce mystère du lende-main. Si la taille compte ? Non... les bijoux, oui.

Si j’avais le choix je serais à Soubré en train de mettre du vernis à ma mère chérie.

La fabuleuse

AHMADA MAMAN CHERIE JOYEUSE FETE DES MERES

courrier PAR BRIGITTE YoDé

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***PreParatiON

Décortiquez les gambas en gardant la tête et la queue, ouvrez-les au couteau le long de la nervure pour les aplatir, lavez-les, salez et poivrez puis ajoutez une pointe d’ails écrasés et la purée de piment. Laissez prendre dans ce mélange au moins 30 minutes.

Mélangez la farine et la chapelure dans une assiette creuse.

Battez l’œuf entier dans un bol puis salez légèrement.

***iNGreDieNtS6 gambas

1 bain d’huile de friture

3 cuillères à soupe de purée

de piment

Sel, Poivre noir

1 pointe de couteau d’ail

écrasé.

Farine et Chapelure

1 œuf

Gastronomie :

cuiSSON et PréParatiON 1h DifficuLté * POur 2 PerSONNeS

Mettez de l’huile de friture à chauffer dans une casserole.Roulez les gambas dans le mélange farine/cha-pelure en appuyant bien puis, trempez-les dans l’œuf battu.

Mettez à frire les gambas dans l’huile chaude pendant 4/5 minutes en fonction de la tempé-rature de l’huile jusqu’à ce que la panure des crevettes soit bien dorée.

Réservez les gambas sur un papier absorbant avant de dresser l’assiette.

Servez chaud avec un bol de riz blanc et quelques tomates fraîches.Ce plat est très épicé pour ne pas dire endiablé, attention si vous ne suppor-tez pas le piment fort s’abstenir.

Bon appétit Danielle EBENGoU

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Diasporas News N° 31 JuiN 2012

hOrOScOPe horoscope Par Marie - Jeanne

Jeux : SuDoKu

BELIER : Ne vous prenez pas pour le centre du monde si vous voulez éviter les ennuis. Prenez de la distance face aux événements et préservez votre vie privée et votre santé avant tout. Détente et relaxation doivent être au programme.

TAUREAU : vous vous agacez pour un rien et votre entourage en souffre. Ralentis-sez un peu votre rythme de travail et détendez-vous en changeant la routine. votre faculté à tout intérioriser joue sur votre santé.

GEMEAUX : Sur le plan sentimental vous êtes confuse et vous vous posez beaucoup de questions. Evadez-vous avec votre amoureux pour y voir plus clair. Professionnellement plus de responsabilités sont à envisager ce mois-ci. Faites contrôler votre vue.

CANCER : Sur le plan sentimental vous êtes sur un nuage. Par contre il y aura beaucoup de remue ménage autour de vous essayez de relativiser, cela ne durera pas. Ne soyez pas négative et tout ira bien.

LION : La douceur est ou programme, sentimentalement vous pourriez remettre les pendules à l’heure. Les célibataires feront peut être une rencontre. Réorganisez-vous dans vos activités et faites-vous aider. Prudence sur le plan financier ! Accordez-vous un peu de détente.

VIERGE : vous avez envie de vous isoler, essayez de le faire comprendre à votre entourage. N’en faites pas trop professionnellement et laissez-en aux autres. Financièrement évitez de faire un placement. Des problèmes de dos.

BALANCE : vous rayonnez et votre énergie est au plus haut, mais ne mettez pas la charrue avant les bœufs. vous alternez joie de vivre et sautes d’humeur et cela a une incidence sur votre organisme. Reposez-vous !

SCORPION : Redonnez une seconde vie à votre relation amoureuse qui tombe dans la routine. Célibataires : plus d’audace ! Sur le plan professionnel vous êtes reconnue mais attendez un peu avant l’augmentation. Faites du sport !

SAGITTAIRE : vous vous recentrez sur votre vie amoureuse et passez de bons moments. Les célibataires se posent des questions, suivez votre cœur. Laissez-vous vivre, prenez votre temps même . Attention à votre foie, mangez léger.

CAPRICORNE : Votre mal être influe sur votre couple, réagissez vite ! Vous êtes dans le doute mais fiez-vous à votre intuition et surtout ne prenez pas de déci-sion hâtive. Contre le stress faites du sport !

VERSEAU : vous vous montrez plus conciliante et admettez vos erreurs. Une per-sonne surgie du passé pour vous donner de ses nouvelles. vous êtes un peu brouillonne en ce moment, réorganisez-vous. Profitez du soleil pour vous détendre.

POISSONS : Sur le plan sentimental tout s’éclaire. Célibataires : une rencontre à prévoir. Des moments de tension et des conflits peuvent naître. Faites attention lors de vos déplacements. vous êtes fatiguée, reposez-vous !

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Page 31: Diasporas News Juin 2012

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