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LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - MARS 2004 - N°22 La canicule de l’été 2003 13 PAGE 4 30 CAM, la grande mutation CEPMMT, prévi numérique à moyenne échéance Les sourciers célestes PAGE 13 PAGE 4 PAGE 30 Seuls autour du monde… Coopération tous azimuts LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - JANVIER 2005 - N°25 LE VENT Vues de près Vues de loin Vues de près Vues de loin

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L E M A G A Z I N E D E M E T E O - F R A N C E - M A R S 2 0 0 4 - N ° 2 2

La canicule de l’été 2003

PAGE 13PAGE 4 PAGE 30CAM, la grande mutation

CEPMMT, prévi numériqueà moyenne échéance

Les sourcierscélestes

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Coopérationtous azimuts

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LE VENTVues de près

Vues de loinVues de près

Vues de loin

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2 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

ÉDITORIAL

L e vent ne se voit pas, c’est le plus im-palpable des phénomènes météoro-logiques. Il joue pourtant un rôle es-sentiel de régulation de la chaleurautour de la Terre. Zéphyr ou blizzard,

gêne ou danger, il a fallu de tout temps compo-ser avec le vent. Le tourbillon qui emporte de-vant nous des feuilles mortes dans une légèrespirale est tout aussi vent qu’unerafale catabatique de l’inlandsisgroenlandais. Aujourd’hui, la tech-nologie permet bien des audacesarchitecturales dont la résistanceau vent constitue souvent un élé-ment majeur des études de concep-tion, comme le montre, par exem-ple, le viaduc de Millau. De leurcôté, les éoliennes ouvrent une voied’avenir pour les énergies renou-velables.

Encore faut-il connaître, analy-ser ces phénomènes au plus intimede leur élaboration et savoir pro-poser – aux décideurs comme à nosconcitoyens – des outils pour les maîtriser.

Dans cette édition, Atmosphériques fait le tourdu vent depuis son approche climatologique jus-qu’à sa thermodynamique. Au cœur de ce dos-sier émergent les dépressions, zones de conver-gence des masses d’air d’où naissent les tempêtes,symbole même du vent. La compréhension deleurs mécanismes méritait une illustration sup-plémentaire : la rubrique « Grand angle » offreun éclairage infographique.

Autre sujet d’importance, l’évaluation et lesuivi des ressources en eau de la planète Terre.Avec le projet SMOS, qui aboutira dans deux ans,un radiomètre embarqué sur un satellite pourradéterminer la quantité d’eau à la surface des solset évaluer la salinité des océans. Pour l’instant,des prototypes sont testés grandeur nature dans

Souffle célestela région de Toulouse, et l’élaboration de modè-les pertinents mobilise nos laboratoires.

Les services météorologiques des départe-ments et territoires d’outre-mer sont autantd’ambassadeurs de Météo-France dans ces ré-gions où la météorologie pose encore des pro-blèmes complexes. L’océan Indien, son cortège

de cyclones, les Caraïbes, berceaudu Gulf Stream et de trop nom-breux ouragans, l’immensité poly-nésienne, avec son rôle crucial dansla formation d’El Niño, représen-tent par ailleurs autant de postesavancés aux portes du mondeatmosphérique.

Au-delà de la recherche, toujoursplus essentielle pour progresserdans la connaissance, de la des-cription et de la simulation de notreenvironnement océanique et atmos-phérique, Météo-France propose àses clients des produits qui tirentprofit de ces avancées et visent à

prendre en compte de mieux en mieux des don-nées de plus en plus spécifiques. La création dudépartement Maîtrise des systèmes de produc-tion s’inscrit logiquement dans cette démarchepour la renforcer et accroître la réactivité de l’é-tablissement à l’évolution des besoins de sesclients et de ses usagers.

Il est l’homme qui a repeint la planète !Passant de la néphanalyse aux algorithmes quidonnent des couleurs aux reliefs des continents,Bernard Bellec est un météorologiste unique enson genre. Portrait.

Enfin, je me tourne vers ces lecteurs, fidèlesmaintenant depuis cinq ans déjà, pour leur adres-ser, au nom de la Rédaction, mes vœux les pluschaleureux pour 2005. Je souhaite à tous uneheureuse et excellente année. ■

Jean-Pierre Beysson

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 3

SOMMAIRE 25

Trimestriel publié par Météo-France 1 quai Branly 75340 Paris cedex 07Tél. : 0145567171

Directeur de la publication :Jean-Pierre BeyssonDirectrice éditoriale :Geneviève DelsolRédactrice en chef :Germaine Rochas

Iconographe :Farida Tatem Bacha

Secrétaire de rédaction :Bernadette Bizieux

Conseiller de la rédaction :Frank Jubelin

MAGAZINE N°25 - JANVIER 2005Responsables de rubrique :• Météo : Pierre Bessemoulin• Actualités : Philippe Parmentier• Dossier : Philippe Arbogast et

Patrick Santurette• International : Alain Ratier• Proximités : Jacques Manach• Bloc-notes : Brigitte Hamdaoui

Conception graphique :L'atelier Gilles CarminePhotogravure : D2C/PROImpression : Studium

Abonnement : 19 €/an©Météo-France 2004. ISSN 1295-2168

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13MÉTÉO

4 Les sourciers célestesGRAND ANGLE

8 Qui sème le vent récolte la tempêteACTUALITÉS

10 En région ; Instantanés ; ParutionsREPORTAGE

13 Seuls autour du monde… avec Météo-France !

LE DOSSIER

18 Le seigneur VentINTERNATIONAL

30 Météo-France outre-mer travaille avec ses voisins

PROXIMITÉS

33 MSP : un pari sur la réactivitéPROFIL

36 Des couleurs pour la TerreBLOC-NOTES

37 Lu pour vousIL Y A 60 ANS

39 La découverte du contre-alizé au-dessus de l’océan Atlantique

EN COUVERTUREJean-Luc David de la station météorologique de Météo-France au Havre réalise la maintenance du capteur anémométrique du Sémaphore de la Hève.Photo Pascal Taburet/Météo-France

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4 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

Évaluer par télédétection, depuis l’espace, l’eau présente dans le sol ouvre de nombreusesperspectives. Un projet d’observation – baptisé «SMOS»pour Soil Moisture and Ocean Salinity – est actuellementen développement à l’Agence spatiale européenne. Son lancement est programmé pour 2007.

L e programme SMOSconsiste à placer enorbite héliosynchroneun radiomètre micro-

ondes en bande L. Cetinstrument mesurera destempératures de brillance(polarisations H et V, plusieursangles d’incidence) avec unerésolution spatiale variable entre30 et 50 kilomètres. Peu sensibleaux effets atmosphériques, ilpermettra d’estimer, par tous les temps, le contenu en eau de la couche de surface des sols (les premiers centimètres) et la salinité de surface des océans.

Sur les continents, lestempératures de brillance serontconverties en produits géo-physiques, par inversion d’unmodèle d’émission micro-ondesdepuis le sol et la végétation.L’assimilation des températuresde brillance, ou encore desproduits géophysiques, dans lesmodèles de surface utilisés enmétéorologie et en hydrologiedevrait permettre d’améliorerl’initialisation de ces modèles.

Cependant, le cycle de passagedu radiomètre sera de l’ordre dedeux jours. On ne pourra doncpas contraindre, en permanence,les modèles de surface avec cesdonnées, mais plutôt utilisercette information lorsqu’elle estdisponible, grâce à un systèmed’assimilation. Pour lesapplications opérationnelles, celasuppose que l’on soit capable deforcer le modèle de surface avecdes observations in situ (réseauou/et radars météorologiques) des variables météorologiques,notamment les précipitations.

Toulouse au centre desprocédures de validation de SMOS

Afin de confirmer lesbénéfices attendus de ces

données sur les continents, il est important de validerexpérimentalement leurutilisation dans les modèles. Pourcela, avec le soutien du Cnes, il aété décidé de mettre en place leprojet Smosrex (SurfaceMonitoring of the Soil ReservoirExperiment). Cette expérience de terrain, réalisée en régiontoulousaine, regroupe plusieurspartenaires dont le CNRM, leCesbio, l’Inra et l’Onera. Deuxtypes de surface (jachère et sol nu)sont observés en continu par unradiomètre de terrain en bande Lsur une longue période de temps –trois années, de 2003 à 2005.

Smosrex bénéficie d’uneinfrastructure unique autourd’une station météorologiqueincluant des mesures derayonnement solaire etinfrarouge incident, des flux dechaleur et de vapeur d’eau, desprofils de contenu en eau et detempérature du sol, un portique

de mesure de 15 mètres dehauteur avec un mécanisme devisée automatisé permettant demanœuvrer le radiomètre enbande L. D’autres mesures radio-métriques, choisies dans desdomaines ayant une longueurd’onde différente (spectresvisible, proche infrarouge,infrarouge moyen, infrarougethermique), sont égalementréalisées sur le site depuis l’été2003. L’analyse de ces donnéespermettra de préparer la mise enplace d’un système opérationneld’assimilation de données detélédétection.

En complément de Smosrex,l’Agence spatiale européenne adécidé de financer en 2005 unecampagne de mesures aéroportéede longue durée, toujours enrégion toulousaine, pour testerl’assimilation de telles donnéesen conditions pré-opéra-tionnelles. L’idée est de réaliserdes vols courts au départ deToulouse (moins de 300 kilo-mètres), sur un trajet en boucletraversant des zones instru-mentées par le CNRM et leCesbio. Ces vols s’étaleront surune longue période de temps,avec un vol tous les trois jours en moyenne pendant trois mois, sur la période d’avril à juin 2005.Ainsi, il sera possible de suivre laphase de dessèchement des sols.

Les sourciers célestes

Les futuresdonnéesSMOS sontun facteurimportantdu dévelop-pementopérationneldu suivi dessurfacescontinentalesà Météo-France.

Cultures au nord de Townsville(Queensland) Australie.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 5

Développer et adapter la modélisation

En parallèle à cet effortexpérimental, un effort demodélisation a été conduit, en collaboration avec nospartenaires de l’Inra et du Cesbio.D’abord, le développement d’unmodèle de transfert radiatif en bande L pour les surfacescontinentales, modèle appelé « L-MEB ». Ensuite, application de L-MEB à l’échelle globale, à partir de variables géo-physiques synthétiques(température et humidité du solen surface) produites par lemodèle de surface Isba de Météo-France. Cela permet l’obtentiond’un jeu de températures debrillance synthétiques et de testerdiverses méthodes d’inversion du signal, afin d’estimer lecontenu en eau du sol en surface.

Un autre domaine d’étude sera la démonstration de lapossibilité d’analyser le contenuen eau du sol dans la zone« racinaire » – une variable

Un effort de modéli-sationa été conduitavec l’Inra et le Cesbio.

intéressante en hydrologie et enprévision numérique du temps –à partir de l’assimilation detempératures de brillance ou de valeurs du contenu en eau du sol en surface, elles-mêmesproduites à partir des tempé-ratures de brillance, dans le cadre de l’expérience Murex et du projet européen Eldas.Enfin, la mise au point deméthodes de désagrégationspatiale permettent d’utiliserl’information à basse résolutionspatiale de SMOS dans desmodèles à résolution plus fine(quelques kilomètres).

Suivre l’évolution en eau des surfaces continentales

Les futures données SMOSsont un facteur important dudéveloppement opérationnel dusuivi des surfaces continentales ���

à Météo-France. En effet, Météo-France pourra intervenir dans lacomparaison des produits SMOSavec les produits existants, enparticulier les simulationsréalisées sur la France par lemodèle hydrologique SIM.L’assimilation de données multi-spectrales de télédétection dansIsba sera également développéeau cours des prochaines annéessous l’impulsion de diversprogrammes de rechercheeuropéens, notamment lesprojets Eldas et Geoland. ■

Jean-Christophe CalvetResponsable de l’équipe MC2 du CNRM

à Météo-franceYann Kerr

Responsable scientifique du projet SMOS

Satellite SMOS de l’Agence spatiale européennedont le lancement est prévu en 2007 (vue d’artiste).

Sur le site de l’expérience Smosrex, Centre Fauga-Mauzac de l’Onera, au bas du portique de mesure Yann Kerr et Jean-Christophe Calvet

Opération de montage du radiomètre en bande Lbipolarisation Lewis sur son portique de mesure situé sur le site Smosrex du centre Fauga-Mauzac de l’Onera, au sud-ouest de Toulouse, le 23 janvier 2003. Un système de motorisation et de commande à distancepermet de réaliser des mesures multi-angulaires avec Lewisde manière automatique. L’acquisition des données estautomatisée. Dimensions : le portique a une hauteur de 15 mètres, le radiomètre une longueur de 3 mètres et pèse 200 kilogrammes.

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6 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

bonne précision à condition quel’on soit en mesure de spatialiserles coefficients de ces relations, etque le bruit instrumental soitfaible (inférieur à 2 kelvin). Dansle cas de l’inversion de L-MEB,aucune information a priori surla surface n’a été utilisée, mais ils’est avéré nécessaire de fournirune estimation, même grossière,de la température de surface.

Malgré ces hypothèsessimplificatrices, il est apparupossible d’estimer à la fois lecontenu en eau du sol et celui dela végétation sur de vastesrégions du globe, en utilisantl’information pluri-angulaire de

L es modifications del’émission en bande Ldes surfacescontinentales sont

causées, pour l’essentiel, par desvariations du contenu en eau etde la température de la couchede surface du sol (les premierscentimètres), du contenu en eaude la végétation, de la quantitéd’eau de pluie interceptée par lavégétation, ainsi que descaractéristiques du manteauneigeux et du gel du sol ensurface.

On remarque que sur lesrégions correspondant aux forêtséquatoriales, l’amplitudeannuelle simulée de l’émissionen bande L est faible.

Ce type de jeu de donnéessynthétiques est utilisé parl’Agence spatiale européennepour préparer la mission SMOS.

En particulier, des algorithmesd’inversion présentant des degrésde complexité divers ont étédéveloppés et comparés entreeux, à plusieurs échellesspatiales, de manière à évaluerl’effet de l’hétérogénéité dessurfaces sur l’estimation ducontenu en eau des sols. Des algorithmes simples ont étéconsidérés comme des relationsstatistiques reliant lestempératures de brillance aucontenu en eau de surface dessols, ainsi que des algorithmescomprenant la minimisationd’une fonction coût par itérationde L-MEB.

Dans le cas de relationsstatistiques, on montre que lesestimations de l’humiditésuperficielle du sol ont une

SMOS. Cependant, on montreque cela est moins facile danscertaines régions : la présence deforêts et de surfaces d’eau (lacs,etc.) dans la zone considérée estun facteur néfaste à la précisiondes produits de SMOS. Il est par exemple impossibled’estimer avec précision lecontenu en eau des sols avecSMOS pour des zones présentantplus de quinze pour cent d’eaulibre ou plus de soixante pourcent de forêts.

Un relief prononcé perturbera la qualité des produits SMOS. ■

J.-C. C. et Y. K.

Simulation réalisée par le modèle L-MEB, d’émission en bande L, du sol et de la végétation, de la température de brillance et de la différence de polarisation en bande L sur les continents à un angled’incidence de 50°, pour l’année 1988 à 6 heures du matin (heure solaire locale).

Pour évaluer l’effetde l’hétérogénéitédes surfaces sur lecontenu en eau dessols, l’Esa a testé desalgorithmesd’inversion àplusieurs échellesspatiales.

La donnée SMOS

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ATMOSPHÉRIQUES Juillet 2002 7

TEMPÉRATURES

Un mois de juilletgénéralement proche de lanormale, avec une troisièmedécade marquée par destempératures estivales au-dessus de la moyenne :- 37 °C à Toulouse-Francazal(Haute-Garonne)le 31 (normale 24,1 °C) ;- 34,6 °C à Biarritz-Anglet(Pyrénées-Atlantiques) le 31 (normale 24,1 °C).

En août, les températuresmoyennes sont globalementexcédentaires, principalementdans le nord du pays.Le début du mois est trèsensoleillé sur de nombreusesrégions et les maximales trèsélevées dépassent largementles moyennes saisonnièresnotamment du quart sud-ouest à la Bretagne.

Les températuresmoyennes de septembre sontexcédentaires ; la premièredécade est en particulier trèsdouce, alors que la fin demois est généralementfraîche pour la saison.

De juillet à septembre, lamoyenne de la températureest supérieure à la normale surla quasi-totalité du territoire.

PRÉCIPITATIONS

Après le mois de juin oùun déficit assez marqué s’estmanifesté presque partout, lebilan pluviométrique du moisde juillet 2004 est pluscontrasté. Un déficit estobservé de la Vendée à laChampagne, sur l'Alsace, surle Sud-Ouest, mais aussi etsurtout sur le quart sud-estdu pays avec des cumulssouvent trois fois plus faiblesque la normale. Sur le restedu pays, les précipitationssont supérieures auxnormales, notamment enBretagne où les cumuls sontdeux fois supérieurs auxvaleurs habituellementobservées en juillet.

Au cours de ce mois, on note quelques épisodesremarquables : - le 21, une tornadeoccasionne de nombreuxdégâts sur la commune deRouffiac (Cantal), le tapis de

grêle dépassant par endroitsune épaisseur de 10 centimètres ;- le 22, une petite tornade aprovoqué des dégâts localisésimportants dans la Somme.

Avec de violentes aversesorageuses, le mois d'août2004 est nettementexcédentaire sur la grandemajorité du pays. Seull'extrême Sud présente unbilan déficitaire. Ailleurs, les cumuls recueillis sontsouvent deux fois supérieursaux valeurs habituellementobservées en août.

En Bretagne, la pluvio-métrie cumulée du 1er juilletau 31 août est tout à faitexceptionnelle, elle atteintsouvent trois à quatre fois la normale. Il a souvent pluprès d'un jour sur deux enjuillet-août. Il faut remonterà 1960 pour retrouver unepluviométrie estivalecomparable.

Des fortes rafales de ventassociées à des orages ontfait une victime sur l’île deHouat le 11 août.

Le mois de septembre estglobalement sec. Il estexceptionnellement sec à Dijon (Côte-d’Or) : avec 8,8 millimètres, le cumul estle plus faible depuis 1945(précédent record 9,8 en1966). Le nombre de joursavec précipitations, soitdeux, est le plus faibleenregistré (ancien record :trois jours en 1966). Le 11,dans l’ouest toulousain, un violent orage provoqued’énormes dégâts ; on a purelever localement une couchede 30 centimètres de grêlons.

De juillet à septembre2004, les précipitations sontdéficitaires des Pays-de-Loireau sud du Bassin parisien,dans le tiers sud et enparticulier en Midi-Pyrénées,dans les Pyrénées-Orientaleset en Provence-Alpes-Côted’Azur. En Bretagne, dansl’extrême Nord, dans le Centreet Languedoc-Roussillon, les excédents sont parfoislocalement importants. ■

Nicole BourdetteResponsable de la division

Analyse du climat et Publications

JUILLET À SEPTEMBRE 2004Ça s’est passé

chez nous

Rapport à la normale des précipitations (en %)Période du 1/07/2004 au 30/09/2004

Écart à la normale de la température moyenne (en °C)Période du 1/07/2004 au 30/09/2004Stations d’altitude < 500 m

Cartes obtenues à partir des données en l’état de la BDClim

en datedu 13 décembre 2004.

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Sous les latitudes tempérées, notre climat estcaractérisé en hiver par une alternance de perturbations– périodes marquées par du vent, des précipitationsplus ou moins soutenues, généralement des change-ments rapides des températures, de l’état du ciel – etpar des périodes de temps calme, tantôt brumeux,tantôt ensoleillé.

8 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

C es perturbations dutemps, souvent àl’origine des tempêtes,sont indissociables de

dépressions d’échelle synoptique,dont la taille caractéristiqueexcède quelques milliers dekilomètres. Cette notion n’acependant de sens qu’au-delà des tropiques, c’est-à-dire à partirdes latitudes pour lesquelles larotation terrestre influence lesmouvements atmosphériques en exerçant une force sur lesparticules d’air appelée «force de Coriolis».

Le rôle majeur des courants-jets

Ces dépressions sontintimement liées à l’existence du courant-jet, sorte de tuyère devents d’ouest qui prend naissancesur le continent nord-américain etdont l’extrémité ouest est souventsituée sur les îles britanniques oula Scandinavie. Dans l’hémisphèreNord, le courant-jet prend desformes bien distinctes selon lesconfigurations des ondesplanétaires stationnaires appeléesaussi «régimes de temps». Dans un premier régime de tempstypique, la présence d’une vastezone anticyclonique surl’Atlantique Nord est associée à uncourant-jet prenant sa source versle Groenland et plongeant vers la Méditerranée. Une secondeconfiguration typique appelée «régime zonal» est caractériséepar un jet rapide amenant desdépressions sur les côtes del’Europe occidentale à lafréquence d’une par jour.

À cette échelle synoptique, la répartition verticale du vent

GRAND ANGLE

et celle de la température (surl’horizontale) sont liées. Aussisous le tube de vents forts trouve-t-on un contraste de températuremarqué entre l’air chaud (au sud)et l’air froid (au nord). Le contrastenord-sud de température serad’autant plus grand que le jet estfort. Et le creusement de ladépression sera d’autant plusvigoureux que le courant-jet qui la surplombe est intense. Ainsil’environnement des deuxtempêtes exceptionnelles dedécembre 1999 a-t-il été caractérisépar un courant-jet particuliè-rement intense – le radio-sondagede Brest a mesuré plus de 500 kilomètres par heure le 26 décembre 1999 à 00 UTC – dont l’extrémité est surplomba la moitié nord de la France.

Comment les dépressions se forment-elles ?

La présence du courant-jet estdéterminante pour expliquerl’apparition, le développement et,bien sûr, le déplacement d’est en ouest des dépressions. Mais ce courant-jet ne suffit pas.La présence de tourbillons portéspar le jet et situés sur le flanc norddu jet est nécessaire. Les tourbil-lons atmosphériques sontsemblables aux tourbillons quel’on peut distinguer à la surfaced’un fleuve alors que le courant-jetserait plutôt similaire auxméandres du fleuve.

Le cœur du tourbillond’altitude est situé à l’interfaceentre la stratosphère et latroposphère, c’est-à-dire à la mêmealtitude que le maximum de ventdu jet (vers 10 kilomètres à noslatitudes). Il est caractérisé par du

vent tournant dans le senscontraire des aiguilles d’unemontre dans l’hémisphère Nord.L’intensité de cet écoulementtourbillonnaire décroît à mesureque l’on s’éloigne du cœur dutourbillon, horizontalement etvers le bas. Ce tourbillon, aussiappelé couramment «précurseurd’altitude», contribue plusparticulièrement à déplacer del’air chaud du sud vers le nordsous et à l’est du même tourbillonprécurseur réchauffant ainsil’atmosphère. Ici encore, le champde température ne peut pasévoluer indépendamment duchamp de vent : le mouvementvertical vers le haut refroidit alorsl’atmosphère modérant leréchauffement induit parl’advection de sud.

Conséquence : à la surface, un maximum de température est associé à un maximum detourbillon. Ce mouvement du sudvers le nord, qui apporte desparticules chaudes, est suffisantpour faire apparaître en un à deuxjours un extremum – chaud – detempérature.

Ainsi les ingrédients néces-saires au creusement rapide de la dépression sont en place : uncourant-jet associé à un contrasteméridien de température,

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Qui sème le vent récolte la tempête

Les pertur-bations du tempssont intime-mentsliées àl’existencedu courant-jet.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 9

� Configurationfavorable aucreusement de ladépression associéeau tourbillon debasses couches.Un courant-jet situé à une altituded’environ 10 kilomètressurplombe la zone decontraste thermiquede basses couches(l’air chaud estreprésenté par lesplages jaunes tandisque l’air froid est en bleu et vert). À chacun destourbillons est associéun vent tournantdans le sens contrairedes aiguilles d’unemontre. L’interactionentre les tourbillonset le courant-jetproduit un ventagéostrophique (les flèches jaunes etorange) dontl’amplitude est faiblepar rapport au venttourbillonnaire, maisdont le rôle estd’étirer/amplifier les maximums detourbillon.

libère de la chaleur latente dontune partie est une sourced’énergie supplémentaire pour lacyclogénèse. En fait, on a pumontrer à l’aide de simulationsnumériques que la présence d’airhumide accélère le déplacementdes dépressions vers l’est etmodifie notablement la forme ducourant jet. Ces processus, liés auxchangements d’état de l’eau, s’ilsne sont pas déterminants pourexpliquer l’essentiel dumécanisme de cyclogénèse, nesont pourtant pas à négliger. ■

Philippe ArbogastAdjoint au chef de division du laboratoire

de prévision de Météo-France

un tourbillon situé à la mêmealtitude que la tropopause et untourbillon de basses couches.Notons que certains cyclones desCaraïbes qui incurvent leurtrajectoire vers le nord del’Amérique en faiblissantd’intensité deviennent par là desprécurseurs de basses couches denouvelles dépressions atlantiques.

Un scénario favorable aucreusement des dépressions

L’interaction des différentstourbillons dépend de leurposition, les uns par rapport auxautres, et par rapport à l’axe ducourant-jet. Or le mouvementvertical est crucial dansl’interaction des différentstourbillons. Détaillons laconfiguration la plus favorable aucreusement (ou cyclogénèse)intense de la dépression desurface. Dans cette configuration,le tourbillon de basse couche estcelui qui se trouve le plus à l’est. Il se retrouve soumis à l’action dumouvement vertical associé àl’anomalie située à la tropopause.Cette composante verticale duvent va étirer le tourbillon situéen bas (comme sur la figure). Laréponse du tourbillon de bassescouches est d’accélérer son

mouvement de rotation. Letourbillon ( qui mesure cettevitesse de rotation) s’en trouverenforcé. À un tourbillon debasses couches correspondégalement une composanteverticale du vent qui tend cettefois à étirer vers le bas le tourbillonsitué à la tropopause. Par le mêmemécanisme que précédemment letourbillon du haut répond enaugmentant son intensité. Unesynergie s’instaure permettant uncreusement intense.

Une telle configurationfavorable au creusement ne peutguère durer plus de un ou deuxjours. En général, l’intensificationdes tourbillons déformera le jetlui-même avec un enfoncementdu tourbillon d’altitude vers lesud. Ou bien, il poursuivra sapropagation vers l’est porté pardes vents plus rapides (au cœur dujet) que les vents situés à lasurface.

Le rôle de la condensation de la vapeur d’eau

Le mécanisme qui vient d’êtreexposé semble ignorer le rôle del’humidité. Pourtant lacondensation des particules d’airhumide s’élevant sous l’effet dumouvement vertical ascendant

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I N S T A N T A N É S

10 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

3e contrat d'objectifs pour Météo-France

Modèles sous contrôle

Météo-France ajuste son siteInternet Depuis le lancement de sonnouveau site Internet en juindernier, Météo-France a écoutéet pris en compte les remarquesdes internautes et sollicité leuravis. Fort des conclusions de cesconsultations, Météo-France amodifié son site le 25 novembrepour mieux répondre à leursattentes : une page d'accueilplus claire avec une carte météoagrandie et une large part deprévisions gratuites. C'estdésormais le site françaisd'informations météorologiquesdont la partie gratuite est laplus riche et la plus précise. Jean-Pierre Beysson,accompagné de Michel

Assouline, directeur du Commerceet de la Communication, a tenu une conférence de pressele 23 novembre à l'Alma pourprésenter ces modifications.

Prix André Prud'Homme 2004Concluant la première journéedes Ama, le prix AndréPrud'homme a été remis àGwendal Rivière, le 29 novembreau Centre international deconférences de la Météopole. Le récipiendaire, dont la qualitéet l'originalité du travail ont été très remarquées, est actuellement en postdoc au«Geophysical Fluid DynamicsLaboratory» (GFDL) àl'Université de Princeton (États-Unis). Sa thèse intitulée

«Dynamique locale de lacroissance des perturbationsdans les écoulements quasigéostrophiques et prévisibilité»a été soutenue à l'Université deParis-6 le 30 septembre 2002 etlui a permis de remporter ceprix face à vingt-cinq candidats.Le prix André Prud'homme, d'un montant de 1 600 €,est décerné chaque année parla Société météorologique deFrance (SMF), avec le concoursde Météo-France. Il a été créépour honorer la mémoired'André Prud'homme,météorologiste français mortaccidentellement en terreAdélie pendant l'Annéegéophysique internationale(1957-1958).

La Marine nationale lance le modèle SOAP-2La Marine nationale a célébré le16 décembre 2004 la mise enservice de son "Systèmeopérationnel d'analyse et deprévision", SOAP-2, avancéeimportante en matière demodélisation opérationnelle de l'océan. Une cérémonieregroupant les différentescomposantes de la Marine a réuni de hauts responsablesmilitaires dans les locaux de la Celenv. Jean-Pierre Beysson,Olivier Moch et Daniel Roux ontété invités à cette occasion qui a aussi permis d'inaugurer lenouvel ordinateur de hautesperformances IBM implanté à laCelenv. Les participants se sont

C ent trente personnes se sont réunies au CIC à Toulouse les 29et 30 novembre pour les désormais traditionnels Ateliers demodélisation de l'Atmosphère (Ama). Le thème retenu cette

année, « Contrôle et vérification des modèles », était transversalpuisqu'il intéressait autant la météorologie que l'hydrologie, lachimie de l'atmosphère ou l'interface sol-végétation. Le sujetn'était pas facile, il a néanmoins suscité un intérêt certain commeen témoignait le niveau de participation à ces ateliers. Il nes'agissait pas au cours de ces Ama de comparer les qualitésintrinsèques de tel ou tel modèle mais plutôt de débattre desméthodes de vérification et de contrôle. ■

Dix ans déjà!

F orum annuel d'échanges entre les acteurs de la recherche et développement à Météo-France, la dixième édition desRencontres R&D s'est tenue du 24 au 26 novembre. Plus

d'une centaine de participants s'étaient donné rendez-vous à laMétéopole pour faire le bilan des études de l'an passé, mais aussiprésenter à la communauté des chercheurs à Météo-France lesdifférents programmes des services pour 2005. Traditionnellement,une journée est consacrée à un thème important de l'actualité de la recherche opérationnelle. Cette année, alors que le servicecentral d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision desinondations (Schapi) vient de prendre son envol et que lesservices de prévisions des crues (SPC) sont en bonne voie,l'hydrométéorologie s'imposait. Une vingtaine d'exposés, dont une moitié émanant du CNRM, ont montré la vitalité de la recherche et le nombre des développements au sein del'établissement en relation avec ce domaine crucial. ■

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D ix années après lacréation del'établissement public

Météo-France, la météorologie etla climatologie occupent uneplace toujours croissante dans lavie quotidienne. De nombreuxsecteurs économiquesdépendent largement desconditions météorologiques etbénéficient de nos prévisions :l'agriculture, le tourisme,l'exploitation routière mais aussila défense nationale etl'aéronautique. Météo-Franceassure aussi un rôleinstitutionnel important dans le

cadre des missions essentielles de l'État que sont la protection despersonnes et des biens, la sécurité aéronautique ou la défensenationale. Ce rôle essentiel justifie l'ambition que s'est donnéel'établissement d'être un service météorologique de référence auniveau mondial. C'est dans ce contexte que l'État et Météo-Francese sont mutuellement engagés dans un troisième contrat d'objectifs,signé le 22 novembre par Gilles de Robien, notre ministre de tutelle,le représentant du secrétaire d'État au Budget et à la Réformebudgétaire et Jean-Pierre Beysson. Il fixe le cadre permettant defaire encore progresser le haut niveau de service rendu aux usagers.Il s'inscrit aussi dans le cadre de la mise en place de la nouvelle loiorganique sur les lois de finances, la LOLF, dans laquelle estidentifié un « programme météorologie » au sein de la missiontransports. Ce contrat s'articule autour de quatre orientationsmajeures : améliorer la prévision météorologique à toutes leséchéances et à toutes les échelles d'espace et de temps; renforcerles processus de concertation et de retour d'expérience avec lesdifférentes catégories d'usagers pour mieux répondre à leursdemandes; préciser l'évolution constatée et prévue du climat et sesimpacts à l'échelle de nos régions; progresser dans la fiabilité desprévisions saisonnières ou interannuelles. ■

Gilles de Robien, ministre del'Équipement, des Transports, de l'Aménagement du Territoire, duTourisme et de la Mer et Jean-PierreBeysson signent le contrat d'objectifs2005-2008 entre l'État et Météo-France, le 22 novembre 2004.

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Assis de gauche à droite, Gilles de Robien, ministre de l'Équipement,des Transports, de l'Aménagement du Territoire, du Tourisme et de la Mer, Emmanuel Bocrie, chef de l'unité Médias. Debout de gaucheà droite, Alain Ratier, directeur général adjoint des Missionsinstitutionnelles et des Affaires internationales de Météo-France, et Jean-Pierre Beysson.

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E N R É G I O N

■ Météo territorialeDu 30 novembre au 2 dé-cembre, la Dirne participaitpour la deuxième fois auxentretiens territoriaux deStrasbourg (ETS) commepartenaire privilégié. Cesrencontres, organisées parl'Institut national d'étudesterritoriales (Inet) à l'attentiondes cadres supérieurs descollectivités territoriales, nousont permis de nous adresserdirectement à mille cinq centsdécideurs locaux. Jacki Pilon,directeur interrégional pour leNord-Est, y a en outre animéun atelier sur «La météo-sensibilité des territoires,depuis la vigilance météojusqu'à l'avertissement surmesure: enjeux et solutions».Des responsables de servicestechniques, clients de Météo-France, y ont témoigné à la foisde l'importance de la météo-rologie, de la qualité et del'utilité de nos services,produits ou études.

Lancementde la vigilance grand froid

ensuite rendus au bâtimentPoincaré pour visiter la DSI et la DP.

Forum international de la météoDans le cadre de la Fête de la science 2004, la Cité dessciences et de l'industrieaccueillait du 14 au 17 octobre2004 le Forum international

de la météo (FIM), organisé par la Société météorologique deFrance (SMF). Il s'agissait derassembler trois communautés :les scientifiques, le grand publicet les médias autour du thèmede l'information météorologiqueet environnementale et, plusspécifiquement, des change-ments climatiques.Des expositions animées et desconférences de sensibilisationau changement climatiqueétaient proposées aux visiteurs,qui ont pu rencontrer desmétéorologistes, desclimatologues et desprésentateurs météo du mondeentier. À travers les pôles«espace», «environnement»,«climat», «énergie» et

Réunion, et de nombreuxinvités. Station synoptiqueprincipale du réseau de la Veillemétéorologique mondiale(VMM), Gillot est à présentinstallée dans un endroit biendégagé, à proximité des pisteset de l'aéroclub. Sa vocationprincipale reste le service àl'aéronautique, plusparticulièrement tourné versl'aéroport international Roland-Garros. Le financement deslocaux, d'un coût total de 263 289 euros, a été supporté à hauteur de 95 564 euros parMétéo-France, de 91 500 eurospar la direction générale del'Aviation civile et de 76 225 euros par la Chambre de commerce et d'industrie de la Réunion.

■ Nouvelle stationsynoptique principale à la RéunionLe 15 octobre 2004, Météo-France inaugurait une nouvellestation météorologique sur lesite aéroportuaire de Gillot, à la Réunion, en présence deDominique Vian, préfet de la

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L a carte de vigilance avertit depuis octobre 2001 des risques de vent fort, de neige ou de verglas, d'orage et de fortesprécipitations. Elle compte désormais un symbole de plus

– un thermomètre – pour alerter le grand public et les médias surl'imminence d'une vague de froid pouvant provoquer des risquessanitaires.En présence de nombreux journalistes, de Jean-Pierre Beysson et despersonnels de Météo-France, Gilles de Robien a lancé cette nouvelleétape de la vigilance le 18 novembre, dans les locaux de la Diric.Après que Jean-Pierre Beysson et nos collègues de l'unité Médias ontdécrit cette extension de la carte de vigilance et explicité la notionde température ressentie, Gilles de Robien a fait part de sasatisfaction et s'est enquis des possibilités d'amélioration futures.«Après la carte canicule, le froid constitue aussi une attaque : il faut pouvoir en montrer la perception sur le corps humain», a-t-ilcommenté, ajoutant : «c'est important pour les personnes fragiles,cette mesure devrait avoir un effet salutaire pour la santé.»C'est la température ressentie qui est ici prise en compte car le ventaccentue la sensation de froid et le refroidissement des parties du corps qui lui sont exposées. Un tableau permet d'associer lestempératures ressenties et les températures réelles en fonction du vent. ■

«météo», le public a pucomprendre le rôle dessatellites météorologiques,s'informer sur les dangers desémissions de gaz à effet deserre, apprendre comment agirau quotidien pour économiserl'énergie, découvrir comments'élabore une prévision météoou encore s'initier à laprésentation d'un bulletinmétéo télé.

RectificatifAprès avoir été directeur de laDRAST, Jean-Pierre Giblin estactuellement Président de lasection des Affaires scientifiqueset techniques du Conseil généraldes Ponts et Chaussées. C’est à ce titre qu’il participait à laconférence de presse que Gillesde Robien a donnée à l’occasionde la semaine du développementdurable le 17 juin 2004. ■

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e■ Vasaloppet à véloLe championnat de France deVTT, catégorie Marathon, s'estdisputé les 18 et 19 septembreà Arbent, dans l'Ain. Plus dequatre mille coureurs étaientengagés et plusieurs milliers de spectateurs assistaient auxdeux jours de course. Mieuxvallait ne pas se tromper dansnos prévisions devant un silarge public ! Et ce fut bien lecas, le passage d'un front avaitété annoncé. L'histoire ne ditpas si les coureurs ont appréciéla prévision plus que lasalutaire fraîcheur apportée parce passage, mais les deux CDMconcernés, l'Ain et le Jura,comme le Météomobile, n'ontpas eu à se plaindre de leurparticipation à l'évènement:nombre de coureurs et despectateurs ont rendu unepetite visite au stand météo.

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Jean-Pierre Beysson, en présence de Jean Daubigny, préfet de laRégion Midi-Pyrénées, préfet de la Haute-Garonne, et de GeorgesEstibal, adjoint au maire de Toulouse, a inauguré jeudi 16 décembre

la nouvelle implantation de la Direction des systèmes d'observation (DSO)à Toulouse. Ce nouveau bâtiment, baptisé « Pascal » et d'une superficie de1 900 mètres carrés, abrite cinquante-cinq des deux cent cinquantepersonnes que compte la DSO et qui sont réparties sur les trois sites deTrappes, Carpentras et Toulouse. Trois services occupent ce bâtiment : le centre de météorologie radar (CMR), le département Reso, en charge de la gestion et de l'évolution globale des réseaux, et le département del'observation en altitude (Doa), qui a rejoint Toulouse cet été. Cetteinauguration, sous une pluie prévue par Météo-France, a aussi illustrécertains des aléas bien connus des météos : la sonde s'est détachée duballon d'un radiosondage de démonstration après son lâcher. ■

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ACTUALITÉS

Petite anthologie du mistral Texte de Bernard Mondon,photographies de SteffenLipp. Éditions Équinoxe,Saint-Rémy-de-Provence,2004, 144 pages. 19 €.

En dépit de son petitformat, cet ouvrage,illustré par de très bellesphotographies, est riched’informations sur levent maître de la

Inauguration de la DSO

Les concurrents arborent le grand pavois à quelquesheures du départ.

En médaillon : Vendredi 5 novembre. Depuis troissemaines, le Village duVendée Globe et le ponton,où sont amarrés les bateauxdes concurrents, connaissentune affluence considérable.Campés à l’entrée du Village,le Météomobile et l’équipedu CDM 85 de Vendée ont distribué des dizaines de milliers de stickers 32 50.Joël Robert, le premier DDMde Météo-France nommé dès1986, est toujours sur le pont.

P A R U T I O N S

De gauche à droite, Georges Estibal, adjoint au maire de Toulouse, JeanDaubigny, préfet de la Région Midi-Pyrénées, préfet de la Haute-Garonne,Jean-Pierre Beysson, Isabelle Schmidely-Leleu, chargée de mission«délocalisation », Patrick Tchang, directeur technique.

route se sont ensuitediversifiés, au gré desconflits militaires,notamment entreRomains et Parthes, desstratégies commercialesde contournement del’Empire parthe et deschangements clima-tiques qui se sontproduits en Asie centraleau cours des premierssiècles de notre ère.

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Provence : conditions deformation, climatologie,effets sur la végétation, l’architecture, la viesociale, etc. La littératureet la peinture occupentune place de choix.

Les Parthes et la routede la soie Par Emmanuel ChoisnelL’Harmattan, collection«Centre Asie», Paris,2004, 278 pages. 24 €.

Emmanuel Choisnel apublié un ouvrage trèsdocumenté sur la routede la soie ouverte, versl’an 100 avant J.-C., desportes de la Chinejusqu’aux côtes de laMéditerranée orientale.Les itinéraires, tantterrestres quemaritimes, de cette

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Une foule immense. Des pon-tons pris d’assaut trois semai-nes durant. Une haie d’hon-

neur de milliers de spectateurs mas-sés le jour du départ sur la jetée duport des Sables-d’Olonne. Un pland’eau envahi par des centaines debateaux, scooters des mers, ferryaux couleurs des sponsors, voiliersde toutes tailles, canots pneuma-tiques bondissants… Une quinzained’hélicoptères pour retransmettrel’événement en direct dans lemonde entier. Après l’America’sCup, le Vendée Globe est le deuxièmedes événements nautiques interna-tionaux. Une régate où vingt mono-coques de 18,28 mètres s’affrontentthéoriquement à armes égales,notamment en raison de leur égali-té face à la stratégie météorologique,ses pièges comme ses opportunités.

REPORTAGE

avec Météo-France !

Seulsautour du monde…

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L e Vendée Globe est une des grandesépreuves de voile où le routage – une as-sistance météo depuis la terre par unspécialiste – est interdit. Néanmoins les

skippeurs disposent de prévisions des vents etd’état de la mer pour la zone où ils naviguent,élaborées spécialement pour eux depuisToulouse par Richard Silvani et SylvainMondon du service de météorologie marine deMétéo-France. Approche météorologique ap-parue plus que jamais décisive tout au long decette régate autour du monde.

« Depuis plusieurs jours, la question que posentpresque tous les visiteurs c’est de savoir quel sera letemps, dimanche, pour le départ. Leur grandecrainte est de voir se renouveler la situation de laprécédente édition, lorsqu’il a dû être reporté de quatre jours en raison d’une forte tempête », ex-plique Joël Robert. À la tête de son équipe duCDM de Vendée – Hélène Sauvage, FrançoiseRobert, Philippe Hérauld, Charles Quelen etFrançois Peignault, tous volontaires pour ani-mer le Météomobile venu aux Sables-d’Olonneles derniers jours avant le départ –, le directeurde centre de La Roche-sur-Yon depuis 1984 par-ticipe à « son » cinquième Vendée Globe. « Noussommes idéalement placés, juste à l’entrée duVillage, un passage obligé pour les quelque 800 000visiteurs venus admirer les bateaux avant le granddépart vers les mers du Sud. Nous avons distribuédes cartons entiers de stickers “32 50” aux passants,mais nous assurons également l’assistance météo-rologique pour l’association des sports nautiques sa-blais. Un bulletin spécial est émis toutes les trois heu-res, il porte sur les risques de tempête et si le ventdépasse les 80 kilomètres/heure, le Village estfermé. »

REPORTAGE

La présence de Météo-France sur le VendéeGlobe ne se limite pas à l’événement du débutde course : tout au long de l’épreuve, les concur-rents et l’organisateur vont pouvoir disposerd’une analyse météo centrée sur leur parcours.« Nous produisons un bulletin tous les jours à desti-nation des bateaux, accompagné d’un bulletin dit “desécurité à vingt-quatre heures”, avec mise en évidencedes phénomènes dangereux », explique RichardSilvani, un prévisionniste habitué de l’épreuve,déjà présent lors de l’édition 1996, qui a naviguéquinze ans avec la Marine nationale. S’il partageà soixante-dix pour cent cette couverture météoavec Sylvain Mondon, c’est aussi parce que lademande de l’organisation était « que les prévi-sionnistes s’occupant de la course soient bien connuspar les coureurs afin d’établir un climat de confiance».Pour mener à bien cette mission, « nous avonseu une très intense préparation technique afin de dé-velopper les outils les mieux adaptés, indiqueSylvain Mondon, spécialiste de la sécurité enmer, il fallait mettre à jour les paramètres de la zonecouverte par la course. Globalement, il s’agit desmêmes phénomènes météo qu’en Atlantique Nord,même si le vent ne tourne pas dans le même sens et siles cycles dépressionnaires complets sont plus nom-breux. » Catherine Chabaud, révélée au grandpublic voici quatre ans, venue assister au départ,prévient : « C’est fou de voir comment en météo leschoses ont évolué en quatre ans. Ne serait-ce que lefait de présenter lors du premier briefing de courseles trois modèles (français, européen et anglais) super-posés. Compagnon fidèle pour les skippers, RichardSilvani comprend bien les coureurs. C’est rassurantde savoir que la météo de la course est réalisée parquelqu’un qu’ils apprécient. Dans le Vendée Globe,comme le routage est interdit, l’expérience du marinest essentielle. C’est un des aspects les plus passion-

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1. À vingt-quatre heures du départ, unefoule compacte admire les héros des mersdepuis le ponton créé par les Sables-d’Olonne et inauguré pour l’occasion.

2. Sylvain Mondon et Grégoire Metz,adjoint du directeur de course,définissent en fonction de la prévision duvent le tracé du parcours côtier.

3. Le Vendée Globe est la seule grandecourse à la voile où le routage est interdit.C’est Météo-France qui assure un bulletinquotidien pour l’ensemble de la zone oùnaviguent les concurrents. Les hommes del’art, entre autres Richard Silvani, sontdonc très sollicités, comme ici lors d’uneémission de Radio France avec les skippersVDH et Hervé Laurent.

4. Catherine Chabaud, héroïne du IIIe

Vendée Globe, discute de l’importance de la météo dans cette épreuve haut degamme avec Frank Jubelin.

5. Samedi 6 novembre 10 h, l’heure dubriefing. Avant le départ, le directeur decourse, Denis Horeau, réunit tous les skipperspour préciser les conditions de départ :horaire, remorquage, règles de course, etc.L’autre volet du briefing : la météo despremiers jours de course. Le choix de lastratégie de route commence dès cet instant.

6. Un boat nigger (équipier) vérifie uneépissure sur une estrope de voile d’avant.

7. Après le briefing, photo de famille : dix-neuf skippers sur le départ.

8. Joël Robert, Françoise Robert, RichardSilvani et Sylvain Mondon peaufinent laprévision des jours à venir au PC coursedes Sables.

9. Ultime préparatif : un plongeur nettoiela ligne de flottaison. Comme il n’y a pasde peinture anti-fouling à cet endroit, entrois semaines des micro-algues ont pucommencer à se développer. Quelquesdixièmes de nœuds en moins peuvent faireun vainqueur à l’arrivée.

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REPORTAGE

nants de cette course. » « Les outils du prévisionnistesont aujourd’hui plus performants dans le grand Sud,reconnaît Silvani. Pratiquement, les coureurs ré-cupèrent à bord des fichiers de champs de vent et dechamps de pression. Ils tracent ensuite leur route enintégrant les champs de vent aux polaires de leur ba-teau grâce à un logiciel de routage appelé “Maxsea”.Le seul défaut de ce logiciel embarqué sur tous les na-vires est de ne pas intégrer l’état de la mer, or celui-ci joue un rôle essentiel sous ces latitudes. »

L’un des grands favoris – troisième en 2001,or les deux premiers ne participent pas à lacourse –, Roland Jourdain, confirme : « Dans leSud, il nous faut conjuguer les informations météoreçues avec nos propres observations sur l’aspect desvagues, la température de l’eau et de l’air, ou laforme des nuages… Depuis la dernière course, il y aquatre ans, nous disposons de pas mal d’informa-tions supplémentaires à bord, car il existe de nou-veaux satellites, et surtout nous disposons d’un vrairetour d’informations en raison de toutes les courses ou records qui sont passées par le Sud. Celaa permis de multiplier les observations dans une

zone jusqu’ici particulièrement mal couverte. » Sonprincipal rival, Jean Le Cam, indique : « main-tenant nous disposons à bord de toutes les informa-tions météorologiques que seuls les routeurs avaientauparavant. D’autre part, les deux satellites défi-lants sont d’autant plus précis que l’on descend dansle grand Sud. Nous avons installé à bord un “aspi-rateur” à site météo, un petit logiciel qui rechercheles champs de vent les plus appropriés. Nous som-mes devenus nos propres routeurs, ce qui est plusamusant quand on dispose des mêmes informations.On s’exerce depuis des semaines avant le départ àfaire de l’intégration des lignes de champs de vent. »Constat : après seulement trois semaines decourse, période où la météo a déjà joué un rôleprépondérant, tous ces concurents sont soli-dement installés en tête, ayant réussi à se glis-ser entre les anticyclones et à accrocher les dépressions qui les font surfer à 25 nœuds ! Saufcasse matériel, le vainqueur sera certainementparmi les fidèles attentifs des bulletins deMétéo-France. ■

Reportage Frank JubelinReportage photo Pascal Taburet

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« Nous produisons un bulletin tous les jours à destination des bateaux,

accompagné d’un bulletin dit “de sécurité à 24 heures”, avec mise en évidence

des phénomènes dangereux. »

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1. Pas de bateaux sans sponsors. C’est avec soin que NickMoloney appose le nom de Scandia sur le cagnard de la course.

2. Jusqu’au dernier moment, Richard Silvani rassure unsponsor.

3. Dimanche 7 novembre : la mer est belle, un léger vent denord-est souffle de la côte. Départ à 13 heures pile pour centvingt jours de traversée solitaire.

4. Grandissime favori : Roland Jourdain, dit « Bilou », qui avait fini troisième de la dernière édition derrière Ellen MacArthur et Michel Desjoyeaux, s’est fait construire untrès puissant nouveau monocoque de 18,28 mètres.

5. Un autre favori, Jean Le Cam, l’un des plus vieux équipiersd’Eric Tabarly, ancien champion du monde de Formule 40, aux commandes de Bonduelle, sister-ship du bateau Still deRoland Jourdain, mais avec un plan de voilure radicalementdifférent.

6. Vincent Riou sur PRB, le bateau vainqueur de la dernièreédition aux mains de Michel Desjoyeaux, part en flèche. Il va dominer la première semaine de course.

7. C’est la ruée vers la bouée de parcours. Dès les premiersbords, les favoris s’installent en tête.

8. Marc Thiercelin, un attachant skipper multi-talents, a faitparaître un livre de cuisine de marin juste avant le départ.

9. Dernière bouée avant le grand large.

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Despassantsse protègentde rafales de vent,le 30 octobre 2000 à Paris.La tempête qui a balayé le nord-ouest de la France prendra fin dansl'après-midi, a annoncé dans uncommuniqué le service central deprévision de Météo-France.

De tout temps, il a fallucomposer avec lui.Mais de quels ventsparle-t-on ? Tantqu’ils soufflent,peu importel’origine. Le ventest pluriel, et les chercheurss’emploientà cerner sacomplexité.Philippe Arbogastet Patrick Santurettes’y aventurent pourAtmosphériques.

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LE DOSSIER

balayé par un fort courantd’ouest permanent un peucomme dans l’hémisphère Sud.La plupart des gens ne font queconstater le vent qui passe au-dessus de leur tête sans en avoirconscience. Mais d’autres,comme les marins, sont trèsattentifs au vent et à sesconséquences : l’échelle deBeaufort a été créée à partir des effets observés du vent et nonà partir de mesures.

Où vous guident les besoinspour la prévision ?� Mieux analyser lesmécanismes d’une perturbationest essentiel. Les courants-jets

Pourquoi le vent souffle-t-il ?� Difficile de répondre si l’on neveut pas être réducteur. Le vent,tel que chacun peut le ressentirprès du sol, correspond à desphénomènes qui peuvent êtred’essences très différentes.Globalement, sous l’effet dusoleil, moteur de l’atmosphère,l’air entre en mouvement.Soumise à un déséquilibrethermique – trop de chaleur sousles tropiques, pas assez en régionpolaire –, l’atmosphère se met enmouvement pour trouver un étatd’équilibre à énergie minimale.Néanmoins, il n’existe pas derégion sans vent, ne serait-cequ’en raison de l’échauffementdiurne.

Comment s’opèrent les transferts d’énergie ?� L’énergie (thermique) d’uneperturbation qui se creuse estcaptée dans les latitudes sud aucourant-jet, et, en fin de parcours,restituée aux latitudes plushautes sous la forme d’énergiecinétique : le vent.Les changements d’état de l’eauparticipent également auxéchanges d’énergie dansl’atmosphère. S’il n’y avait pas de vent pour répartir l’énergie des tropiques vers les latitudes

Le seigneur Vent

Sousl’effet du soleil,moteur del’atmos-phère, l’airentre enmouve-ment.

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tempérées, la températured’équilibre sur l’Europe serait enhiver très basse, proche de -30 °C.

Quelle formation pour quel vent ?� Les mécanismes sontd’échelles différentes selon qu’onparle de cyclones, de tempêtes oude rafales d’orage. Si la rotationde la Terre est pour partieresponsable de la naissance des courants-jets d’altitude (jetstream) et détermine la structuredes dépressions des latitudestempérées, d’autres types devents apparaissent plutôt commeconséquences de la convection.C’est dans une couche dite« limite » d’une épaisseurd’environ 1,5 kilomètre quenaissent les perturbations enfonction de la configuration dujet. Les grands reliefs (Rocheuses,Himalaya) font que le courant-jetn’est pas une ceinture perma-nente tournant autour de laTerre. Autrement, on serait

Patrick Santurette, responsable du laboratoire de prévision de Météo-France.À sa gauche, Philippe Arbogast.

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À Manille, le 22juillet 2003, unepassante tente defermer sonparapluieretourné à causedu vent très

puissant généré parle typhon Imbudo.

Au moins cinqpersonnes trouvèrent la

mort, aux Philippines, durantcet épisode au cours duquel onreleva un pic de vitesse de vent àprès de 200 kilomètres/heure.

sont typiquement un couloir devent à grande échelle. Quand il se perturbe, cela se passe un peucomme un fleuve avec desméandres et des rapides qui, dansl’atmosphère, deviendront lesprincipaux lieux de formationdes perturbations. Cesentrées dans lesondulations descourants-jets sontdes pouponnièresà dépression. Une présence detourbillonssous le courant-jet estsignificative, car là vont secreuser lesdépressions. Nousdevons comprendre où seplacent exactement lestourbillons, quelle est la bonneintensité, la bonne altitude, etc. pour faireune bonne prévision.

Comment se répartissent les recherches sur le vent ?� Il existe des spécialités en

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V E N T S E T C L I M AT SQuatre questions à Pierre Bessemoulin, directeur de la climatologie.

538 kilomètres/heure relevée à 12 kilomètres !

� À quoi servent les donnéesclimatologiques relatives au vent ? Elles sont précieuses dans plusieursdomaines. Par exemple, pour estimer lepotentiel éolien en France ou le potentieldispersif de l’atmosphère pour lespolluants atmosphériques. Un domaineégalement très important est l’évaluationdes vents extrêmes. Il existe de nombreuxouvrages dont le dimensionnement estdéterminé en fonction des ventsextrêmes, selon des règles dites « neige et vent » édictées par le CSTB*. Il entre dans les missions de Météo-France d’établir des vitesses de ventassociées à des durées de retourtraduisant la fréquence moyenned’occurrence à attendre par exemple pourun vent de 100 kilomètres/heure.

� Observe-t-on une tendance àlong terme sur le paramètre venten liaison avec le réchauffementclimatique ?Si l’on observe un signal clair sur lestendances à long terme sur latempérature, il n’en est pas de même pourle vent. Ainsi une étude de la fréquencedes tempêtes depuis le milieu du XXe siècle en France ne révèle pas detendance. Les simulations climatiquesdisponible, relatives à un climat futurbeaucoup plus chaud qu’actuellementn’apportent pas pour l’instant deconclusions définitives, que ce soit sur la fréquence future des tempêtes ou descyclones. Il est d’ailleurs probable queleur comportement soit très dépendantde la zone géographique considérée, et qu’il faille faire appel à des modèlesclimatiques régionaux pour évaluerréellement l’impact du changementclimatique sur la force du vent. ■

* Centre scientifique et technique du bâtiment

� Qu’est-ce que le vent pour unclimatologue ?C’est un des principaux paramètres quipermettent de caractériser le temps et leclimat, au même titre que la pression, la température, l’humidité, lesprécipitations et le rayonnement.Par ailleurs, le vent joue un rôle majeurdans des domaines aussi divers que letransport des polluants atmosphériques,l’évaporation, la génération des vagues et des surcotes marines, la températureressentie par le corps humain, etc.et constitue une source potentielled’énergie renouvelable importante.C’est donc un élément dont laconnaissance est essentielle dans denombreuses applications.

� Les vents sont-ils un facteurimportant du climat en France ?Oui bien sûr, en particulier les vents forts.On observe en effet en moyenne unequinzaine de tempêtes par an enmétropole, et les DOM-TOM sont situésdans des zones affectées par les cyclones.Tout le monde a en mémoire les effetsdévastateurs des tempêtes Lothar etMartin fin décembre 1999, avec quatre-vingt-sept morts, et près de 150 millionsde mètres cube de bois abattu dans lesforêts, soit plus de trois années deproduction nationale. À noter que lastation de Brest a enregistré des recordsmondiaux de vitesse de vent en altitude :le précédent record, 524 kilomètres/heurevers 8 kilomètres, établi justement lorsdes tempêtes de Noël 1999, a été battu le

12 janvier 2004avec une

pointe à

nous ne descendons pas àl’échelle du systèmetourbillonnaire dans son jardin,nous nous employons, parexemple, à comprendre et àmodéliser les systèmes orageuxdans le modèle de méso-échelleArome que vos lecteursconnaissent déjà bien. ■

Propos recueillis par FKJ

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fonction des échelles : certainschercheurs s’occupent du climat,d’autres cherchent à expliquer lesmécanismes du vent à différenteséchelles, d’autres encores’appliquent à améliorer lestechniques de prévision duphénomène. Si à Météo-France

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20 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

Pas de tempête de surfacesans jet en altitude

Pour mener à bien cette étude,il a d’abord fallu réaliser unedétection automatique destrajectoires de toutes lesdépressions (plus précisément de tous les tourbillons) pendantces quatorze hivers. Puis cesévénements ont été classifiéspour regrouper les phénomènessimilaires du point de vue del’intensité, de la morphologie etdu cycle de vie, même s’ils se sontproduits dans des zonesgéographiques différentes. Les mécanismes en jeu, dansl’apparition ou le développementdes dépressions, ont ensuitedonné lieu à des diagnostics(tourbillon potentiel,énergétique…).

L’introduc-tion ducourant-jet dansles docu-mentsd’analysesynopti-que deMétéo-France estjustifiéepar lesétudesde cyclo-génèses.

LE DOSSIER

On a ainsi pu montrer que les cyclogénèses significatives(creusement de plus de 10 hPa en vingt-quatre heures) corres-pondent systématiquement à un mécanisme de conversionbarocline, c’est-à-dire qu’ellespuisent leur énergie dans lesdifférences horizontales detempérature et qu’elles occupentl’échelle verticale de la tro-posphère.

A ux latitudes tempérées,les cyclogénèses, àl’origine de profondesdépressions, consti-

tuent la principale source de ventfort à grande échelle. Ellespeuvent provoquer des catas-trophes marquantes, causant desdégâts similaires à ceux qui sontcréés localement par des rafalesd’orages mais sur une étenduebeaucoup plus importante(exemple : les tempêtes de 1999).Quelle est leur origine ? Lesthéories sont nombreuses, depuisl’école norvégienne jusqu’auxapproches « baroclines»modernes. Des explications quidemandent à être validées parl’examen – fréquence, intensité,morphologie, cycle de vie etmécanismes – de la climatologiedes cyclogénèses.

Le vent autour des dépres

Plonger au cœur des tempêtes, pour mieuxappréhender leur naissance, est capital pouraméliorer leur prévision. C’est l’objectif del’équipe Recyf du CNRM. De 1993 à 1998,grâce au modèle numérique du CEPMMT, le trajet de l’ensemble des dépressionsadvenues durant quatorze hivers surl’Atlantique Nord a été reconstitué. Ce travail est actuellement prolongé sur la base d’un retour sur quarante ansd’observations.

� Exemple de scénario type decyclogénèse tiré de composites (moyennedes cas proches d’une même classe) : le creusement « explosif ». Les isobares de surface sont en trait noir(écartement : 5 hPa), la zone précipitanteest en vert, le jet d’altitude en vert, la zonede fort tourbillon en altitude est entouréed’un tireté noir épais ; enfin les fronts sontreprésentés par le symbolisme usuel. Cescénario est caractérisé par la rencontreentre deux précurseurs d’origineindépendante (symbolisée par le signe« + », à gauche) : une onde frontalepréexistante d’une part, un tourbillond’altitude arrivant en amont d’autre part.Après la mise en phase de ces deuxprécurseurs dans l’environnement baroclinemis en évidence par la présence du courant-jet (étape intermédiaire, au centre de la figure), il en résulte uncreusement « explosif », d’environ 25 hPaen vingt-quatre heures, conduisant à la tempête représentée à droite. À noter que l’approche climatologiquepermet de quantifier la fréquence du phénomène, ainsi que ses échellesspatiale et temporelle.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 21

Autrement dit, pas de risquede tempête ailleurs que sous le courant-jet, qui est lamatérialisation des contrasteshorizontaux de température nonconfinés en basses couches. Ce résultat important justifienotamment l’introduction ducourant-jet dans les documentsd’analyse synoptique de Météo-France (Anasyg-Presyg) enremplacement du concept anciende « front polaire » qui s’estrévélé bien moins pertinent. Il ressort également que lescyclogénèses n’apparaissent pasn’importe où sous le courant-jet :elles résultent de l’interactionentre éléments préexistants,circulant près du sol ou de latropopause, et d’originesindépendantes.

Une grande diversité malgrédes points communs

La classification réalisée faitcependant apparaître une largepalette de scénarios : rencontreentre une onde frontalepréexistante et un tourbillond’altitude arrivant en amont,interaction entre un front et untourbillon d’altitude ou encoreentre une traîne et un tourbillond’altitude (creusement en airfroid), re-développement d’unenouvelle dépression dans unsystème « à deux têtes », etc. Les dépressions, obtenues suite à ces divers scénarios, présententdes morphologies différentes(position et intensité des frontsgénérés…) et donc des zones devents forts situées différemment(généralement au sud de ladépression, mais pas toujours…).

Cette nouvelle climatologieoffre une vision renouvelée de la dépression des latitudesmoyennes. Elle peut intéresseraussi bien le chercheur enmétéorologie dynamiquesouhaitant confronter sesthéories à la réalité que leformateur de prévisionnistesmétéos, qui dispose ainsi deschémas conceptuelsvéritablement représentatifs. ■

Franck AyraultPrévisionniste interrégional à Illkirch

dans la DIR/NE

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Sur ces deux compositions colorées de Météosat, on distingue nettement les enroulements nuageuxcaractéristiques des dépressions des latitudes moyennes dans les deux hémisphères. Dans l’hémisphère nord, l’air circule autour des anticyclones en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre etautour des dépressions en tournant en sens inverse.Dans l’hémisphère sud, l’air circule autour des anticyclones en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’unemontre et autour des dépressions en tournant en sens inverse.En retenant que c’est le vent qui dicte le déplacement des nuages, et que les nuages convergent vers le centre dela dépression, on observe que les nuages (et donc le vent) pénètrent bien dans la dépression, en adoptant le sensinverse des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphèresud. Sur cette différence plane l’ombre de Coriolis (voir Atmosphériques n° 17 p. 8).

Patrick Donguy

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Météo-Franceest lepremiercentremétéo-rologiquenationalenEuropeà disposerd’unsystèmedeprévisiond’ensembleopéra-tionneldédiéà la courteéchéance.

22 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

À L A M E R C I D U V E N T

sur un échantillonnage discret del’incertitude de l’état initial de laprévision, état à partir duquel sontréalisées des prévisions fournissantautant de scénarios possibles.

Depuis juin 2004, Météo-Franceest le premier centre météorologiquenational en Europe à disposer d’unsystème de prévision d’ensembleopérationnel dédié à la courteéchéance. Ce système comprendonze prévisions – dix prévisions sontissues d’états initiaux perturbés par la technique des vecteurs singuliers et une prévision, appelée «prévisionde contrôle», est non perturbée – etutilise le modèle Arpege dans sarésolution opérationnelle avec unegrille de 23 kilomètres sur la France.Intégré dans la chaîne opération-nelle sur le réseau de dix-huitheures, le système de prévisiond’ensemble fournit chaque jour desproduits probabilistes conformes aux incertitudes de la situationmétéorologique.

Météo-France, EDF et l’École desmines de Paris (EMP) ont décidé

Comme les principalescaractéristiques du vent sont

sa variabilité et son intermittence, il est nécessaire de proposer desoutils de prévision à court terme (quarante-huit heures). En effet,pour faciliter l’intégration des parcséoliens sur le réseau, il faut pouvoirutiliser à bon escient les réservesprévues afin de palier le manque deproduction. Ces outils reposent surdes modèles de production,transformant la prévision de vent enprévision d’énergie. Mais celle-cicomporte forcément une partd’erreur. En conséquence, il estnécessaire de fournir, encomplément de la prévision elle-même, une estimation de l’incer-titude. Pour obtenir une telleinformation, il faut disposer non pasd’une valeur de vent en entrée dumodèle, mais d’une distribution desvaleurs prévues de ce paramètrecompte tenu de la situation météo-rologique. La modélisation de cettedistribution passe aujourd’hui par laprévision d’ensemble qui est basée

L’énergie éolienne est devenue une alternative crédible aux systèmes conventionnels de production d’électricité.

Roses des vents localesIndispensable à toute étude environnementale, la climatologie des ventss’appuie classiquement sur les mesures des stations d’observation de Météo-France. Mais ce réseau de stations est disparate sur l’ensemble du territoire, ce qui ne permet pas une approche précise. À cet effet, l’étude Retic B95(1995-1998) a développé une méthodologie pour établir une climatologie des vents modélisée à échelle fine.

L a validation s’effectueaux stations de mesure,avec une estimationséparée des erreurs liées

à l’échantillon statistique et à la modélisation. Deux types de méthodologie, s’appuyant sur la simulation numérique,sont proposés. Une climatologiea été réalisée par la DCLIM à partir des cinq ans d’archivesAladin sur la France, à larésolution de 9,5 kilomètres. Les roses des vents ainsi obtenuessont de qualité très satisfaisantesur les zones de plaine, de relieffaible et de littoral peu escarpé,mais nettement dégradée sur les zones de relief et de littoralaccidenté. Pour descendre à uneéchelle plus fine, en particulierdans les régions où les phéno-mènes locaux sont prépon-dérants, il faut avoir recours à dessimulations à résolution encoreplus fine, actuellement nonopérationnelles.

Des atlas du potentiel éolienC’est le modèle météorologique

non hydrostatique Méso-NH quiprend le relais pour simuler lesécoulements à l’échelle kilomé-trique. Comme il ne possède pasde profondeur d’archive propre à un modèle opérationnel, uneclassification en types de tempssynoptiques sur toute l’Europe del’Ouest a été réalisée au préalable,auxquels est associée uneoccurrence mensuelle. Pourchaque type de temps, plusieurssituations météorologiques réellesont été sélectionnées (situéesentre 1979 et 1993), aboutissant àquatre-vingt-quinze dates. Toutesles situations météorologiquessélectionnées sont ensuitesimulées à l’aide du modèle Méso-NH, initialisé et couplé auxsimulations Aladin qui ont étéspécialement rejouées. Lesprincipales zones pour lesquellesle critère de qualité des roses

Aladin n’était pas suffisant ont étécouvertes par Méso-NH à unerésolution comprise entre 3 kilo-mètres et 500 mètres. Des atlas depotentiel éolien ont également étéconstitués pour l’Ademe et lesConseils régionaux, en partenariatavec des bureaux d’étudesspécialisés dans l’éolien. Surl’ensemble des zones déjàcouvertes, l’apport de lasimulation à échelle fine estévident et s’appuie sur une trèsbonne représentativité des datesissues de la classificationstatistique. Les roses des ventsmodélisées les plus approxi-matives se situent dans les valléesétroites ou sur les sommets aigus.

Dans les zones de littoral, lemodèle permet notamment unebonne restitution des phénomènesde brise côtière et d’effets cataba-tiques dès la résolution de 3 kilo-mètres. Enfin, la cartographie desvents moyens offre une discré-tisation spatiale pertinente deszones off shore, exploitable pourl’éolien en mer. L’ensemble de cesrésultats constituera assurémentune base climatologique jusqu’à2010, date à laquelle elle pourraalors être remplacée par l’archiveproduite par le modèle Arome surtoute la France. ■

Christine LacResponsable de la division Environnement

au département Services

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 23

Il y a del’oragedans l’air,tourbil-lonnezvents forts,tornadesoutrombes…

À nos latitudes, les orages sont les principaux générateurs de vents violents avec les tempêtes. On peut observer des rafalesdépassant les 100 kilomètres/heure à leur passage. Les mécanismes à l'origine de ces vents violents,comme leur nature, ne sontcependant pas uniques.

L e premier des méca-nismes qui conduit à laproduction de rafales estlié au poids et à l'évapo-

ration des précipitationsassociées aux systèmes orageux.La chute des précipitationsinduit des mouvementsdescendants dont l'intensitépeut être renforcée quand ellestraversent, en tombant, des

couches sous-saturées.L'évaporation des précipitationsliquides ou solides engendre unrefroidissement qui va accélérer,par l'effet d'une flottabiliténégative, ce courant vers le bas.Lorsque ce courant d'air froid etdense arrive près du sol, il estcontraint à s'étaler et produit des vents forts et la chute detempérature que l'on constate aupassage des orages. C'est unphénomène connu enmécanique des fluides sous lenom de «courant de densité». On comprend que plus l'environ-nement de l'orage – en basse etmoyenne troposphère – sera loinde la saturation, plus il favoriserale développement de courantsintenses entraînant des ventsforts au sol. Ces vents peuventprécéder sur plusieurskilomètres les pluies au sol, oumême n’être pas suivis deprécipitations si le courant dedensité se coupe de l'oragegénérateur.

Ce mécanisme est aussi bienconstaté pour de simples cellulesconvectives, que pour dessystèmes convectifs plus orga-nisés. En particulier, lorsque lescellules convectives se sontorganisées en ligne, elles peuventproduire un courant de densitéégalement organisé en ligne, avecun front de rafales sur le bordd'attaque de ce courant dedensité. C'est le cas des lignes degrains qui balaient occasionnel-lement nos régions avec desfronts de rafales à plus de 100 kilo-mètres/heure.

Tornades et trombes Les vents violents associés aux

orages peuvent égalementprendre une autre forme : celle dela tornade ou de la trombe. Dansce cas, les vents ont un caractèretourbillonnaire et lesmécanismes à l'origine ne sontplus liés à la microphysique etthermodynamique maisdynamiques. Les tornades sontgénéralement associées à un typeparticulier d'orage appelé« supercellule », bien que ce nesoit pas systématiquement le cas.La supercellule est caractériséepar une zone de tourbillonvertical en moyenne troposphèrequi résulte de l'interaction entreles ascendances convectives et lecisaillement de vent vertical del'environnement. Elle est aussisouvent accompagnée dans lesbasses couches d'une zone detourbillon vertical.

Ce tourbillon vertical debasses couches est produit parconversion du tourbillonhorizontal généré par la baro-clinie associée au courant dedensité sous l'orage super-cellulaire ou par des lignes deconvergence ou thermiquesprésentes dans les bassescouches. À un moment donné, lazone de tourbillon vertical dansles basses couches va s'intensifierrapidement pour donnernaissance à des tornades sans quel'on comprenne encore vraimentpar quels mécanismes. ■

Véronique DucrocqResponsable de l’équipe Micado

du GMME au CNRM

Les rafales orageuses

Aladin 3-5 ans Méso-NH 95 dates

France (99 stations synoptiques) 80

Vosges (35 stations) 72 77 (�x=1.2 km)

Alpes du Nord (29 stations) 62 75 (�x=2 km)

Alpes du Sud (26 stations) 63 77 (�x=2 km)

Massif Central (67 stations) 69 74 (�x=2 km)

Limousin (32 stations) 72 80 (�x=1km)

Bourgogne (24 stations) 72 75 (�x=2 km)

Littoral atlantique (72 stations) 80 80 (�x=3 km)

Pourtour méditerranéen (99 stations) 71 77 (�x=3 km)

de collaborer à travers un projetcommun financé par l’Ademe.L’objectif est d’utiliser la prévisiond’ensemble de Météo-France pourfournir une distribution sur laprévision du vent à 10 mètres enentrée du modèle de productiond’énergie éolienne développé parl’EMP, et de disposer ainsi d’uneprévision probabiliste de laproduction éolienne, qui contiendraittoute l’information nécessaire(prévision et incertitude).

L’évaluation, sur un an et demi de prévisions, se fera d’une part parrapport aux observations de vent etd’autre part par rapport aux donnéesde production sur certains sitespilotes fournies par EDF. ■

Jean NicolauResponsable de l’équipe Prévisibilité

à DPREVI/COMPAS

Critères de qualité des roses des vents Aladin (période 3-5 ans)et Méso-NH (95 dates) évalués sur les stations d’observation (un critère de 100% signifie que la rose modélisée égale la rose observée)

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LE DOSSIER

24 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

Autan,bochorno,tramon-tane,fœhn,bora,chinook,yamaji-kaze…ils nemanquentpas d’air, ilscoupent lesouffle…Bon vent !

la montagne. Par conséquent, il n’est pas rare de voir destrajectoires différentes entre des nuages très déchiquetés ausommet de la couche limite et des nuages en forme de strates en altitude.

Les vents de penteIl existe sur les pentes des

montagnes un autre type de ventlocal orographique, très tempé-tueux, qui est présent sous le ventdes reliefs. Ces vents ont reçupour nom générique celui de« fœhn ». À l’origine, le fœhn estun vent qui souffle en Autrichesur les pentes nord des Alpes, parflux de sud. Cette catégorie devent dépend d’un phénomèneapparaissant lors du passage dufluide atmosphérique au-dessusde la montagne. Il se produitalors une émission d’ondes de gravité, qui renforcentlocalement le vent près despentes à l’aval des crêtes. Cette

P armi les vents locaux,on peut distinguer deuxgrandes classes : lesbrises, qui naissent à

l’interface entre deux milieuxdifférents (terre-mer, vallée-montagne, plaine-forêt), et lesvents orographiques, qui sontdirectement reliés à laperturbation de l’écoulement del’air lors de son passage sur unemontagne. La nature régionaleest, bien sûr, due au caractèrelocalisé des forçages de ces vents(plage, forêt, montagne).

Les brisesElles sont sensibles quand

le vent à grande échelle n’est pastrès intense. Elles possèdent uncycle diurne très marqué, carelles résultent essentiellement duchauffage différentiel entre deuxsurfaces de natures différentesrecevant et réémettant le fluxsolaire.

Les vents de contournementLes vents orographiques sont

pluriels pour un massif donnécar, selon le sens de l’écoulementet l’emplacement, cesrenforcements du vent vontchanger de noms. Pour les seulesPyrénées, on peut citer l’autan, le bochorno, la tramontane et le cierzo… Ces vents forts etturbulents soufflent essentiel-lement en basses couches. Eneffet, ils résultent de la difficultépour l’air de franchir la barrièremontagneuse. À son approche, il se crée une déviation du flux debasses couches qui longe le reliefpour passer autour de l’obstacle.Cet excès d’air sur les bordslatéraux du relief provoque uneaccélération du flux d’air. Puis, à l’aval de la montagne enfincontournée cet air souffle dans le « trou » créé près du sol. Ce tube de vent fort est en mêmetemps surplombé par de l’air plus calme passé au-dessus de

Chaque région a ses vents propres,bien souvent devenus le thème de proverbes qui soulignent leurcaractère autochtone.

Les vents régionaux ici et ailleurs…

onde peut, lorsqu’elle est de trèsgrande amplitude, déferlercomme une vague en altitude et induire de profonds change-ments près du sol. La tempêteainsi générée porte des noms plusou moins exotiques pour nous :« fœhn » en Autriche, « chinook »le long des Rocheuses aux États-Unis ou encore « yamaji-kaze » au Japon.

Les vents sujets d’étudeTous ces vents locaux ont été

sujets à bon nombre decampagnes internationales demesures et d’études de par lemonde. Parmi celles qui se sontdéroulées sur nos montagnes, on peut citer Alpex en 1982 puisMAP en 1999 sur les Alpes etPyrex sur les Pyrénées en 1990. ■

Joël SteinResponsable de l’équipe

Dprevi/Compas/Com

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 25

Aladin à larescoussepourmieuxcompren-dre leboracroate.

I l existe en Croatie un ventlocal appelé « bora ». Ce vent, totalementatypique en raison de la

morphologie de la région, exigeun savoir-faire empirique desprévisionnistes du cru.

Le bora croate, vent de méso-échelle, est caractérisé par sasoudaineté, sa variabilité spatialeet sa dépendance envers laconfiguration du terrain enamont. La prévision de ce ventlocal était autrefois fondée surl'expérience d’un prévisionnistecapable de reconnaître unesituation synoptique menant àun tel épisode, mais dont la forcerestait cependant matière àspéculation. Car le bora souffledans deux cas de figure assez

Même les vents les plus typés sont le fruitd'interactions complexes entre les circulationssynoptiques et les forçages topographiques de petiteéchelle. Leur simulation détaillée requiert donc de laflexibilité dans la modélisation; la collaborationinternationale aussi, par nature; voilà qui tombe bien...

dissemblables : soit quand lasituation est cyclonique dansl'Adriatique ou la Méditerranée,soit lorsqu’un anticyclone setrouve au-dessus de l'Europe del'Est, et accompagné d’un fortgradient de pression sur lesmontagnes côtières.

La compréhension du borareste l’une des questions les plusimportantes pour la météo-rologie croate, car ce phénomènea un impact significatif sur lesinfrastructures locales et lesliaisons routières. De nombreuxcas ont été analysés et desthéories ont été développées ettestées sur des données obtenueslors des expériences Alpex etMAP. Concrètement, les modèlesopérationnels utilisés n'ont pas

été en mesure de prévoir ni lavitesse, ni l’occurrence, ou lavariabilité spatiale et la vitessemaximale du bora.

Un modèle Aladin pour les Balkans afin de prévoir le bora

Pour remédier à ces aléas, une version expérimentaleAladin a été mobilisée. Cetacronyme qui signifie « AireLimitée, Adaptation dynamique,Développement InterNational »est un modèle à aire limitée(Lam), construit à partir dumodèle global IFS-Arpege.L’abréviation IFS signifiantIntegrated Forecasting Systemquand Arpege indique Action deRecherche Petite Échelle GrandeÉchelle. Ce modèle Aladin, fruit d’uneffort international, conserve les mêmes « discrétisations »verticales, dynamiques de pointsde grille et physiques que lemodèle global Arpege. Dans la pratique, la prévisionopérationnelle utilise Aladinà des résolutions de 8 et 2 kilomètres. Les zonesmontagneuses et côtières croatestouchées par le bora ont étédécoupées en quatre domainesréduits. Concrètement, le modèleà résolution de 8 kilomètres estadapté pour prévoir le début et la fin du bora, alors que lavitesse du vent est bien mieuxindiquée par celui qui est àrésolution de 2 kilomètres.L’expérience a montré que la prévision opérationnelled’occurrence, de force et devariabilité spatiale du boracorrespondait aux donnéesmesurées par les nouvellesstations automatiques. Enfin,l'accroissement de résolutioninflue notablement sur lesvariabilités spatiales du champde vent de surface et de la forcemaximale qu'il atteint. ■

Martina Tudoret Stjepan Ivatek-Sahdan

Membres de l’équipe Aladin

Le vent dans les modèles

Prévision à haute résolution

Février 2003 : la vitesse du vent mesurée à la station automatique du tunnel de Ledenikcomparée aux résultats des modèles au point de grille le plus proche. En violet, la vitesse du vent moyen mesuré sur dix minutes, en bleu clair, le maximum du vent sur dixminutes. En orange, les prévisions du modèle à 8 kilomètres de résolution (« runs» de 00 et 12 TU) et en jaune les adaptations dynamiques opérationnelles à 2 kilomètres derésolution. On voit clairement que la résolution du modèle à 2 kilomètres prévoit bien la venueet la force du vent moyen sur dix minutes.

Page 26: Doc 00023595

Toutobstacleinfluencelesmouve-mentsd’air,le vent.Il convientdoncd’évitertouteprésenced’obstaclesàproximitédes pointsde mesure.Pour celaon placelescapteurs à unehauteur de10 mètres.

26 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Le vent représente le mouvement de l'air, caractérisépar une vitesse et par une direction. En météorologie, la composante horizontale est beaucoup plus forte que la composante verticale ; elle est aussi plus facile à mesurer. La plupart des moyens de mesure du vent se limitent donc au vent horizontal.

L e moyen le plus naturelpour mesurer le vent est d'exploiter la forced’appui du vent sur un

ou des obstacles. Ainsi l'échellede Beaufort permet l'estimationde la vitesse du vent en évaluantson action sur la mer ou sur lavégétation. Ensuite, les premiersinstruments ont utilisé la forced’appui du vent sur une plaqueou une sphère. Les anémomètresactuels les plus répandusutilisent encore des coupelles ou une hélice, dont la vitesse de rotation est pratiquementproportionnelle à la vitesse du vent.

Obstacles à éviterLa mesure du vent est

influencée par des phénomènesd'échelles temporelle et spatialetrès variées. Les mesures in situconsistant à mesurer l'action du vent en un point – là où estinstallé le capteur – sontparticulièrement sensibles auxphénomènes de petite échelle. Or en météorologie, sauf casparticulier, on cherche aumaximum à s'affranchir desphénomènes de micro-échelle(dimensions spatiales dequelques centaines de mètres).Pour les mesures proches du sol,la vitesse et la direction du ventsont, par convention, moyennéessur dix minutes – et deuxminutes pour les besoinsaéronautiques. Le ventinstantané est, lui, très fluctuant,variant de plus de cinquante pourcent autour de la valeurmoyenne. Comme la présenced'obstacles influence lesmouvements de l'air, donc levent, il convient d'éviter cetteprésence à proximité du point de mesure.

L'OMM recommande demesurer le vent à une hauteur dedix mètres et dans un lieu dégagé,sur une distance libre d'au moins

dix fois la hauteur des obstaclesenvironnants. Cette contrainte dedégagement est souvent difficileà respecter, mais elle estnécessaire pour espérer mesurer,avec une incertitude de dix pourcent, un vent représentatifd'échelles de plusieurskilomètres. Lorsqu'elle n'est pasrespectée, les obstaclesinfluencent alors localement lemouvement de l'air et perturbentla mesure du vent. Aussi, pourcaractériser la représentativitélocale d'un site, Météo-France adéfini une classification de site,permettant de relâcher lescontraintes de dégagement, mais en fixant des limites docu-mentées, qui permettent ensuited'avertir l'utilisateur de la qualitédu site d'observation.

Les lieux priment sur le capteur

Pour le vent, le lieud'implantation a beaucoup plusd'importance que le type decapteur utilisé pour la mesure.Ainsi de bons anémomètres,même de constructionsdifférentes, placés côte à côte,vont fournir des mesuresproches à mieux que trois pourcent (sur la valeur moyenne).Alors que des anémomètres distants de 100 mètres, mais avec unenvironnement prochedifférent, peuventconduire à desmesures variantde plus de trentepour cent. Lahauteur de 10 mètres est elle-même un

La mesure du ventcompromis qui permet des'élever au-dessus d'obstacles touten restant pratique pour installerles capteurs et assurer leurmaintenance. Placer les capteursà une hauteur supérieure seraitpréférable, mais aurait desconséquences économiques etpratiques peu acceptables.

Il existe aussi des capteurs qui mesurent indirectement lemouvement de l'air, par exempleen mesurant la vitesse du sondans un sens et son opposé.Il n'y a alors plus de pièce enmouvement. De tels capteurs àultrasons sont de plus en plusrépandus. Certains modèlespermettent de mesurer lacomposante verticale du vent,une indication utile pour l'étudede la turbulence et de ladispersion de polluants.

Les mesures effectuées entélédétection concernentgénéralement les masses d'air en altitude. Les phénomènes de petite échelle, fortementinfluencés par les obstacles, sont en conséquence atténués.Les techniques de mesuredeviennent alors très variées etmoins intuitives que la forced’appui sur un capteur. ■

Michel LeroyResponsable du département de

l’Observation au sol à la DSO

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Christophe Tanguyassure la maintenance de la girouette sur l’aéroport de Rochambeau en Guyane.

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Quelleque soit laconceptiondesinstru-ments demesure – radarDoppler,radarsdiffusio-métri-ques –mesurer le ventdans lescyclonesrestedifficile.

ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 27

Mesurer le vent dans un cyclone est un défi ardu qui soulève nombre deproblèmes. Certains relèvent de l’hostilitémême du milieu, rendant l’accessibilité à la mesure en soi problématique, d’autresde la difficulté technologique pure qu’il y aà mesurer les vents extrêmes.

O n peut distinguer deuxtypes de situations :quand le cyclone vientau capteur ou quand

c’est le capteur qui va « traquer »le cyclone. Dans le premier cas,où les mesures sont généra-lement directes, on se heurtealors souvent aux limites deconception, ou de résistancephysique, des capteurs demesure habituels. Les mâts desanémomètres classiques serontgénéralement endommagés oudétruits au-delà d’un certainseuil de vent. Sans parler desrisques annexes liés à ladégradation des conditionsenvironnementales : les objetsemportés par le vent ettransformés en missilesconstituent un risque majeur de destruction indirecte.

La conception des instrumentssera aussi un facteur limitant dela mesure : les anémomètres àcoupelles sont, du fait de leurscaractéristiques de réponse,moins adaptés à la mesure de vents cycloniques que desinstruments du type tubes de Pitot.

Sonder l’âme des cyclonesDans les rencontres du

« deuxième type », délibérées et programmées, comme lesreconnaissances aériennes ausein des cyclones, le problème del’accessibilité à la mesure restelaborieux. Par sécurité, les avionschasseurs de cyclones doiventrespecter une altitude minimalede vol. Pendant longtemps, la question de savoir estimer laforce des vents en surface à partirdes vents mesurés au niveau devol (généralement 700 hPa) s’est posée. Les Américainsappliquaient un facteur deréduction empirique de 0,75 à0,80 par rapport au vent maximalmesuré au niveau de vol. Depuisl'apparition, en 1997, des drop-sondes GPS larguées depuis lesavions, le problème a été résolupour une bonne part. Procurantdes profils de vents jusqu’à lasurface, ces sondes ont révélé que les facteurs de réductionantérieurs sous-estimaient la réalité. Le coefficient deréduction est passé à 0,90. Un changement de pratique qui ajustifié, en 2002, le reclassementd’« Andrew » en ouragan decatégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson.

Traquer les échosLes méthodes d’investigation

indirectes employées pour fairedes mesures du vent présententdes incertitudes et des limitesinhérentes au principe de mesureutilisée. Elles s’appuient sur des algorithmes complexes,nécessitant souvent un calibrageempirique. Leur principalavantage – pour celles utilisantdes modes de télédétection – est

de fournir des estimations bi outri-dimensionnelles du champ de vent à une échelle large. C’est le cas des mesures par radarDoppler, terrestre ou aéroporté.Le principe de la mesure du ventrepose alors sur le déplacementdes échos de précipitations. Maissavoir interpréter les donnéesobtenues et savoir à quel type de vent relier les vecteursdéplacements calculés ne sontpas chose aisée. D’autre part, si l’on ne dispose que d’un seulradar fixe, accéder au champ devent devient très compliqué etnécessite de faire appel à desméthodes sophistiquées derepliement du spectre.

Les radars satellites sont de la partie

Les données issues de radarsdiffusiométriques, embarqués à bord de satellites commeQuikScat, sont un autre moyende mesure indirecte. Le principede la mesure repose sur l’analysedu signal rétro diffusé par la mer.La force et la direction du ventsont dérivées de l’état d’agitationsuperficielle des vagues.Malheureusement, la résolutionspatiale insuffisante de cesdonnées les rend incapablesd’appréhender les super-gradients de vents présents auvoisinage du mur de l’œil d’uncyclone, elles ne permettent doncpas l’évaluation des vents les plusforts. Ces mesures sontcependant très utiles pour jaugerl’extension du coup de vent ausein d’un cyclone. ■

Philippe CaroffResponsable de la prévision cyclonique

au Centre des cyclones tropicauxde la Réunion

Au cœur du monstre

P R E N D R E L E V E N T À L A R É U N I O N

Quand un cyclone affecte une île haute comme laRéunion, l’écoulement de l’air s’en trouve très perturbé,

rendant illusoire une couverture globale de la mesure duvent, chaque mesure ponctuelle n’ayant qu’unereprésentativité limitée. Le seul espoir de dépasser unereprésentation très parcellaire de la réalité des conditions de vent réside alors dans la modélisation à échelle fine. C’est tout l’objet du projet en cours d’action de rechercheCNRM/Retic sur le «zonage des vents cycloniques dans lesDOM». Ce projet va s’appuyer sur les résultats de simulationsà l’aide du modèle Méso-NH Météo-France/CNRS, pour tenterde reproduire les valeurs de vents cycloniques sur leterritoire d’un DOM, si possible à l’échelle kilométrique, avecapplication au zonage CAT/NAT des événements cycloniques,(avec des limites évidentes, car l’échelle du kilomètre estencore insuffisante pour appréhender les effets d’uneorographie aussi extrême que celle de la Réunion). ■

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28 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Avec l’envoi d’un laser Doppler dansl’atmosphère, des profils de vent verticalseront enfin accessibles en continu. Première phase : la construction du satellite support et d’un prototype.

La restitution de profilsverticaux de vitesse radiale se feraavec une résolution horizontalede 50 kilomètres, sur la base dessignaux Lidar moyennés pendantsept secondes. Afin d’économiserle laser, le Lidar fonctionnera par série de sept secondes toutesles vingt-huit secondes. Ainsi,chaque profil vertical successif

P remier Lidar ventspatial, Aladin(Atmospheric LaserDoppler Instrument)

devrait être mis en orbite en2008. Ce Lidar a été conçu par lasociété Astrium, sous la maîtrised’œuvre de l’Agence spatialeeuropéenne, dans le cadre de sesmissions Earth-Explorer. Ilvolera sur un satellite dédié,placé en orbite polaire à 400kilomètres au-dessus de la Terre,et délivrera toutes les quatre-vingt-dix minutes les donnéesacquises au cours d’une orbite.Elles seront traitées en quelquesminutes, puis transmises entemps quasi réel aux centresmétéorologiques qui lesouhaiteront. Le Centre deprévision météorologique àmoyen terme (CEPMMT) seraofficiellement chargé de laproduction opérationnelle desdonnées de niveau 2 (vecteurs« vent horizontal » sous la tracedu satellite).

Des séries de signauxpendant sept secondes

Aladin fonctionne dansl’ultraviolet (à 355 nm), sur leprincipe de la haute résolutionspectrale, et met en œuvre deuxvoies de détection : l’une pour lesaérosols, l’autre pour les molé-cules. La première voie mesurerale vent dans les basses couches,alors que la seconde complèterale profil de vent vertical jusqu’à25 kilomètres d’altitude(altitudes et résolutions sontajustables). Une seule composantedu vent sera mesurée, dans laligne de visée de l’instrument – on parle de «vitesse radiale» –perpendiculairement à la trajectoire du satellite, et faisant un angle de 35° avec la verticale.

LepremierLidarspatialmet enœuvredeuxvoies dedétection :l’une pourlesaérosols,l’autrepour lesmolécules.Lapremièrevoiemesurerale ventdans lesbassescouches, lasecondecomplèterale profil deventverticaljusqu’à 25kilomètresd’altitude.

sera séparé d’environ 200 kilo-mètres. La résolution verticalevariant de 500 mètres entre 0 et 2 kilomètres d’altitude, 1 000 mètres dans la troposphèreet 2 kilomètres dans la stratosphère.

Les précisions de mesureassociées (écart-type de la vitesseradiale multiplié par le sinus del’angle nadir) vont de 2 m s-1dans les basses couches à 3 m s-1dans la stratosphère. Bien quel’instrument n’ait pas étéspécifiquement conçu pour cela,d’autres observations seront

L E S R A D A R S P R O F I L E U R S D E V E N Tréception est assurée par une chaînecommune et trente-quatre modulesémission-réception distribuée quialimentent ou reçoivent en signaldeux à sept antennes suivant leurposition dans le réseau.

Les profileurs UHF des aéroportsde Nice-Côte-d’Azur et de Marseille-Marignane réalisent des profils devent de six minutes à toutes lesheures, pour des altitudes comprisesentre 50 mètres et 8 kilomètres. Unefréquence d’émission de 1 238 MHz et 1 274 MHz pour une puissance de 3,5 kWcrête (taux d’occupation < à20 %). Cinq panneaux d’antennes,constitués de soixante-quatredipôles, sont orientés dans quatredirections obliques (nord, sud, est,ouest) à 17° par rapport au zénith etune direction verticale. L’émission-réception est assurée par une chaîneunique d’émission-réception répartie.

À usages multiplesLes données des profileurs

présentent un intérêt en météo(utilisation de profils par les prévision-nistes et assimilation par les modèlesnumériques), pour l’aéronautique(profil de vent à proximité del’aéroport, détection de cisaillement…)et la surveillance de la qualité de l’air(épaisseur de la couche limite,déplacement des polluants…) ■

Jean-Louis Maridetet Michel Mauprivez

L ’idée d’exploiter les échosatmosphériques en VHF et UHF

a conduit Météo-France audéveloppement de profileurs basés sur la technique des radars strato-troposphériques. Ces instrumentspermettent de mesurer, par tous lestemps et de manière totalementautomatique, les profils de vent à la verticale du radar. Ils utilisent la rétro-diffusion d’une ondeélectromagnétique sur lesdiscontinuités de l’indice deréfraction de l’atmosphère, indice liéà la température, à l’humidité et à la pression. Ces discontinuités sonttransportées par le vent, et, grâce àl’effet Doppler, on peut mesurer leurvitesse qui sera assimilée à celle du vent au même niveau.

Cinq profileurs fonctionnent àMétéo-France dont trois à vocationopérationnelle (et gérés par la DSO).

Le profileur VHF de la Ferté-Vidame réalise des profils de venttoutes les heures, pour des altitudescomprises entre 1,5 et 18 kilomètres.La fréquence d’émission est de 52,05 MHz pour une puissance de 18 kWcrête (taux d’occupation < 20%). Il s’agit d’un réseau de centcinquante-six antennes «Yagi»phasées (octogone de 70 mètres de«diamètre») avec quatre directionsde tir oblique (nord, sud, est, ouest)à 11° par rapport au zénith et unedirection verticale. L’émission-

Mission spatiale ADM-Aeolus

Vue arctique du Lidar doppler spatial ADM-AEOLUS.

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Àl’horizon2006,unequinzainede profilsde vent supplé-mentairesdevraientêtredisponiblestoutes lesquinzeminutes.

disponibles, comme l’altitude dusommet des couches nuageuses,l’épaisseur optique des nuagesfins ou les propriétés optiques(rétrodiffusion et atténuation)des couches d’aérosols.

Tester un prototype de Lidaren grandeur nature

ADM-Aeolus – le satelliteportant Aladin – est en cours deréalisation au sein de différentessociétés européennes. En France,le CNRM et l’IPSL sont associés àson développement au travers deleurs participations à plusieursétudes commanditées par l’Esa.L’une, confiée au CEPMMT, portesur la production opérationnellede données de niveau 2, une autreconcerne la restitution desproduits secondaires (nuages,aérosols) alors que d’autrestraitent du signal et del’importance de phénomènesparasites (diffusion Rayleigh-Brillouin). Le CNRM estresponsable du développementdu processeur de niveau 2b,chargé de produire les obser-vations qui sont assimilables parle modèle prévision. Une versionde ce processeur sera implantée àMétéo-France, mis ainsi en bonneposition pour exploiter lesmesures dès leur disponibilité.

Le CNRM et l’IPSL sont aussiimpliqués dans la validation d’unprototype aéroporté en cours deréalisation. Construit à partir desous-systèmes fabriqués à des finsde démonstration technologique,il sera proche du Lidar spatialpour permettre des testsd’algorithmes en vraie grandeur.Il devrait être testé au sol pendantquatre semaines à l’automne2005, puis intégré à bord duFalcon 20 du Deutsches Zentrumfür Luft und Raumfahrt (DLR)allemand de Munich pourvalidation en vol dans la période2006-2007. Il s’agit de la conti-nuation de la coopération franco-allemande, commencée en 1990,avec le programme Wind. ■

Alain DabasResponsable de l’équipe Lidar Satellite

au sein du groupe de météorologieexpérimentale et instrumentale du CNRM.

Pierre-Henri FlamantDirecteur de Recherche au CNRS.

Responsable de l’équipe Lidar,Météorologie et Géophysique

du Laboratoire de météorologie

L e principe de la mesureDoppler repose sur lefait que le déplacementdes cibles induit un

décalage en fréquence de l’onderadar, l’amplitude du décalageétant directement liée à lavitesse du déplacement. Letraitement des mesures de phasedu radar permet donc de resti-tuer une vitesse moyenne dedéplacement des cibles parpixel. Un problème habituel desvitesses Doppler est lié au faitqu’elles ne sont mesurées sansambiguïté que dans un certainintervalle (typiquement �20 mètres/seconde). Si lavitesse des cibles dépasse cesseuils, alors les mesuresobtenues par le radar appa-raîtront « repliées », c’est-à-diredécalées par rapport aux valeursvraies. La meilleure façon detraiter ce problème consiste àintroduire plusieurs cadences demesure, et combiner les mesuresaux différentes cadences(méthode dite « multi-PRF »).

VAD tous azimutspour les prévisionnistes

Les vitesses Doppler nereprésentent qu’une composantedu vecteur vent, sa composanteradiale. Pour restituer le champde vent complet, il faut soitdisposer d’un autre radar(méthode multiple-Doppler), soitfaire des hypothèses physiquessimplificatrices sur la structuredu champ de vent. Un produitstandard, obtenu à partir deschamps de vitesses radiales, est leprofil de vent VAD (VelocityAzimuth Display) qui est obtenuen supposant le vent localementuniforme par tranche d’altitudeautour du radar. Les profils quisont typiquement disponibles ont une résolution verticale de200 mètres et une cadence dequinze minutes. La hauteur derestitution dépend des conditions:en temps de pluie, le profil estrestitué jusqu’au sommet desnuages alors que par temps clair,

la restitution est limitée à lacouche limite (1 500 mètres).

La « dopplérisation » d’AramisLe radar de Trappes est équipé

de la capacité Doppler depuis juillet2003. Un an plus tard, la productionen temps réel des profils de vent aété mise en place. Les profils généréssont visualisables sur Intramet etdiffusés en temps réel versToulouse, où ils sont systémati-quement comparés aux analyses dumodèle Arpege. Il s’agit d’une étapepréliminaire indispensable avantleur assimilation par le modèle. Untravail a commencé au CNRM pourdévelopper un module d’assimi-lation des vitesses radiales brutesafin de tirer pleinement parti de larichesse des informations fourniespar le radar.

Les sept autres radars du projetPanthere, déployés dans lapériode 2004–2006, serontégalement dotés de cette capacité.Un projet de « dopplerisation »d’une partie des anciens radars du réseau a récemment démarré. À l’horizon 2006, une quinzainede profils de vent supplémen-taires devraient être disponiblestoutes les quinze minutes. ■

Pierre TabaryIngénieur au Centre de météorologie radar

de la DSO

Radars dopés au DopplerLa plupart des radars modernes ont une fonctionDoppler qui leur permet de fournir des informationssupplémentaires sur le vent – en plus des informationshabituelles sur l’intensité des précipitations.

Série temporelle de profils de vent obtenus en temps réelpar le radar Doppler de Trappes le 18 octobre 2004 de midià minuit. Les profils sont obtenus à une fréquencetemporelle de quinze minutes et avec une résolutionverticale de 200 mètres. Aucun filtrage spatial ou temporeln’a été appliqué. La couleur marque la force du vent enmètres/seconde.

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30 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

C ette politique decoopération passe par desactions de formation etdes collaborations dans

le domaine de la recherche, ainsique des missions d’expertise, deconseil et d’assistance techniquemenées en liaison avec Météo-France International (MFI) oul’Organisation météorologiquemondiale (OMM). Prioritaire sur le plan de la sécurité, lamodernisation des servicesmétéorologiques nationaux(SMN) des Seychelles, desComores, de Madagascar et deMaurice, quatre pays membres dela Commission de l’océan Indien(COI), représente une parfaiteillustration de cette activitéessentielle.

Dans le cadre du second projetCOI en météorologie, lancé enjuillet 2000, le comité de gestion,

présidé par Météo-France, a décidé de rénover les équi-pements informatiques ettechniques des SMN de la COI.L’objectif affiché était de leurpermettre de mieux assurer leur mission respective desurveillance et d’alerte desphénomènes météorologiquesdangereux.

Des équipementsmétéorologiques unifiéspour la COI

Ce projet, portant sur unbudget de 1,8 million d’eurosfinancé par l’Union européenne(8e Fonds européen dedéveloppement), a permis de

2003-2004 :la moder-nisationdes SMNestassurée,la forma-tion despersonnelsestdispenséesur site.

MÉTÉO-FRANCE OUTRE-MER TRAVAILLE AVEC SES VOISINS

La RéunionCoopération tous azimuts

Nos directions outre-mer sont restées un temps un peu en marge de l'importantdéveloppement qu'a connu Météo-France. Elles disposent maintenant tant deson savoir-faire que de son haut niveau de développement technologique etoffrent, sur les cinq continents, une excellente vitrine de notre expertise. Auxcôtés de Météo-France International dont le cœur de l’activité consiste àdévelopper des services météorologiques, elles constituent un outil performantde coopération régionale au service du progrès de l'assistance météorologique etde la limitation des effets des catastrophes naturelles.

Météo-France à la Réunion entretient denombreuses relations avec les différentspays de la zone du sud-ouest de l’océanIndien. Ces contacts étroits sont, en grandepartie, dus à ses responsabilitésinternationales comme Centremétéorologique régional spécialisécyclones, mais ils ont également étédéveloppés grâce à une coopérationrégionale volontariste.

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De gauche à droite : Sok Apaddu, directeur du servicemétéorologique de Maurice, Dominique Landais, directeurinterrégional de Météo-France pour la Réunion, président ducomité de gestion du projet de la météo pour la COI, DenisBossard, chargé de mission COI, représentant le secrétaire généralde la COI, Son Excellence Juan-Carlos Rey, chef de la délégation de la Commission européenne, M. le représentant du bureau duPremier ministre de Maurice.

doter en 2003 et 2004 les SMN des versions les plus récentes dessystèmes français Retim Afrique,Transmet et Synergie sur PCLinux. MFI, en collaboration avecMétéo-France Réunion, dans lecadre d’un marché de gré à grépassé avec l’Union européenne, a procédé avec succès àl’installation de ces différentséquipements. Le système deréception des satellites défilantsNoaa a aussi été modernisé.Enfin, l’installation du systèmede réception du satellitegéostationnaire MSG est financéedans le cadre du projet Puma.Une station pilote a été installée à Maurice en 2004, les autres sitesdevant être pourvus en 2005.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 31

L a Dirag participe auxdivers comités et groupesde travail de la région :comité des ouragans

en mai à Miami, réunion sur leclimat et la santé à Quito, groupede travail sur la veille météo-rologique à Belize, Oaci à Lima. Il ne s’agit pas de simplereprésentation, mais de porter la parole de la France (et depromouvoir nos produitstechniques) dans un univers où la domination américaine estmajeure. Nous noterons unetradition extrêmement forte decollaboration des services, due enparticulier au partage de risquescommuns majeurs, les cyclones.

D’autres activités bilatéraless’exercent notamment avec nos

Cette modernisation, effectuéedans des délais très courts,constitue une véritable révolutionpour les SMN. C’est une réussitesur le plan technique comme surle plan des méthodes de travail. La formation, qui a été dispenséesur site, notamment par leresponsable informatique et lesingénieurs prévisionnistes deMétéo-France Réunion, a égale-ment permis une bonne prise enmain des nouveaux outils par lespersonnels des SMN. Toutconcourt à une pérennisation duprojet après la clôture finale quiinterviendra fin 2005.

La démonstration d’un savoir-faire

La réussite de ce projet constitueune vitrine pour développer notreoffre de service et proposer nosproduits comme notre savoir-fairedans l’ensemble des pays de lazone. Elle illustre égalementl’excellente, et nécessaire, coopé-ration entre les services de Météo-France Réunion et MFI, uneconvention de service traduisantcette coopération. Enfin, elle nousdonne une bonne image auprès despartenaires, et de l’UE en particu-lier, et augure bien du financementd’autres projets que Météo- Francesouhaite initier dans la zone (cf. réseau de radars). ■

Dominique LandaisDirecteur interrégional de Météo-France

à la Réunion

Le projetRadarsCaraïbesvise àcouvrir lazone d’unimportantréseau deradars.Cettechaînesera miseen œuvrepar Météo-France.

L’avant-poste des Caraïbes Par sa situation géographique, la Dirag(Direction interrégionale Antilles-Guyane)est placée à la fois au cœur de l’arc caraïbe,avec les Antilles, et sur le continentaméricain, avec la Guyane. Si ses actions de coopération sonttraditionnelles, quelques projets, commeCaribHycos, demandent cependant une technicité spécifique.

voisins à faibles moyens –comme Haïti, pour laquelle unemission globale incluant lesaspects météorologiques ethydrologiques est d’ores et déjàprogrammée sous l’autorité del’Onu. Il existe là un enjeuabsolument majeur, Haïtisouffrant d’un problème grave de déforestation et du pillage deses outils de mesure alors mêmequ’une très importante partie desa population est exposée auxrisques naturels.

Des coopérations sontégalement menées avec les États-Unis – le programme ditd’« exchange visitors » ayantpermis à l’un de nos chefs decentre de travailler au NHC de

29 et 30 novembre 2004 : le comité de gestion duprojet de modernisation des services météorologiquesde la Commission de l'OcéanIndien devant la directioninterrégionale de Météo-France à la Réunion. De gauche a droite : MM. AliBay Pounjda, directeur du service météorologiquedes Comores, DominiqueLandais, directeurinterrégional de Météo-France pour la Réunion,Wills Agricole, directeur duservice météorologique desSeychelles, Laurent Zerbib,DIR/RE, Gassen Seevathian, chef de projet COI, duservice météorologique deMaurice, MohabeerRajendranath, représentantde Maurice a la COI, KrisBissoo Nausthsing,représentant de l'UE àMaurice, Alain Razafimahazodu service météorologiquede Madagascar et SokAppadu, directeur du servicemétéorologique de Maurice.

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D ans la zone Pacifique,chaque mois se tientune téléconférencebien particulière

organisée par le NationalInstitute of Water andAtmospheric Research (Niwa) de Nouvelle-Zélande. Il s’agitd’élaborer un bulletin mensuelde prévisions saisonnières,l’Island Climate Update (Icu)pour l’ensemble des pays duPacifique. La directioninterrégionale de la Polynésiefrançaise et celle de la Nouvelle-Calédonie se joignent auxclimatologues de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Fidji, et aux experts américains deHawaï, de la Noaa et de l’Iri pourcomparer leurs points de vue.C’est donc par canal vidéo qu’ilsse consultent et aboutissent à unconsensus sur l’état du climat etsur son évolution pour les troismois à venir. Ces prévisions sontaussi contrôlées chaque mois,offrant ainsi un retourd’expérience utile.

Le principal bénéfice de cettecoopération est d’éviter les effetsd’annonce discordants dans la

presse de chaque pays, qui ont étéà l’origine d’une certaineconfusion pour le grand public.En effet, lors des précédentsépisodes d’El Niño, par exemple,des dépêches de l’étranger ont étéreprises dans les journaux de la région sans la moindreadaptation aux conditionsmétéorologiques locales.

Autre avantage manifeste decette téléconférence mensuelle :faire bénéficier nos équipes d’uneouverture sur l’étranger enoffrant à tous l’opportunité d’untransfert de connaissance dansun cadre opérationnel.

Depuis le mois de mars 2004,une version française de l’Icu estdisponible sur le sitewww.meteo.nc. Toutefois,lorsque la situation l’exige, et notamment lorsque desconditions particulièrementdifficiles sont attendues pour les mois à venir, nous informonségalement le public parcommuniqué de presse. ■

Jean TardieuDirecteur adjoint de la Dirag

Proposer des prévisions saisonnières estun objectif auquel œuvrent lesmétéorologistes du monde entier. Depuisles antipodes, une ébauche intéressanted’un tel service est proposée chaque mois.

Saisons dans le Pacifique Sud

32 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

INTERNATIONAL

Miami ou la possibilité de créerun centre pilote pour le BUFR.Cet aspect multilatéral a étérenforcé lors de l’inauguration de l’Espace Météo-Caraïbes enprésence de nombreux collèguesétrangers par notre président-directeur général, Jean-PierreBeysson.

Action plus spécifique, leprojet Radars Caraïbes, œuvre de longue haleine, vise à couvrirla zone par un important réseaude radars. Financée par l’Unioneuropéenne, cette chaîne deradars sera mise en œuvre parMétéo-France. Soutenu par sesradars déjà existants au Raizet(Guadeloupe) et au Lamentin(Martinique), Météo-Francejouera un rôle central par sonappui méthodologique, laréalisation de la mosaïque et lesuivi en temps réel au centreopérationnel. ■

Jean-Marc BonnetDirecteur interrégional de Météo-France

pour les Antilles-Guyane

I N A U G U R AT I O N D E L’ E S P A C E M É T É O C A R A Ï B E S

V endredi 29 octobre à 11 heures aété inauguré l’Espace Météo

Caraïbes par M. Jean-Pierre Beysson,président-directeur général de Météo-France et par M. Michaud, sous-préfetdes Îles du Nord représentant M. Girotde Langlade, préfet de la RégionGuadeloupe, en présence de M. Mussington, vice-président duConseil régional, représentant M. Lurelprésident du Conseil régional deGuadeloupe, de M. Michel Magras,conseiller général représentant le

président du Conseil général, et de M. Bruno Magras, maire de Saint-Barthélémy.Plus d’une centaine d’invitésreprésentant les servicesmétéorologiques des îles voisines, les sociétés ayant contribué à laconstruction et les divers milieuxsocioprofessionnels des Îles du Nord ont assisté à cette cérémonie qui a bénéficié d’une journée bienensoleillée. Des démonstrations desdiverses composantes de l’Espace Météo

Jean-Pierre Beysson, président-directeur général de Météo-France, entouré de Ronald Semelfort, directeur du service météorologique de Haïti, de Nathanaël Isaac,directeur du service météorologique de la Dominique, de Patrick Jeremiah, directeur du service météorologiqued'Antigua-et-Barbuda.

Caraïbes ont été faites, articulées enparticulier autour de la station detravail des prévisionnistes Synergie qui a impressionné les visiteurs.En fin de cérémonie, M. Lucien Finaud,qui a été responsable météorologiquede Saint-Barth, notamment pour laconstruction de l'Espace, a reçu, àl'occasion de son départ à la retraite, la médaille Le Verrier pour l'ensembledes projets qu'il a menés au cours de sa carrière. ■

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2005 33

� Comment s’est constituéeMSP ?Claude Gaillard : Ledépartement comprend deuxentités : MOP et PROD. La première, dirigée par AntoineLasserre-Bigorry, est responsablede la maîtrise des outils deproduction (MOP) mis àdisposition des prévisionnistesou des clients, comme Synergie,Météo + ou un système tel queMenhir – actuellementdéveloppé, pour remplacer lessystèmes de production de la DIR.La seconde entité, dirigée par LiorPérez, s’occupe de la production(PROD), étant elle-même diviséeen deux secteurs, KIT (Kiosque,Internet, télématique) et R2I(Référentiel, Industrialisation,Innovation). Le secteur R2I estappelé à monter en puissancepour assurer la gestion de tous lesproduits de Météo-France. Notreobjectif prioritaire est de mettreen place un référentiel constituéd’une base de données portantsur toute la production desproduits finalisés pour les clients,sous la forme de briques, compo-sants unitaires, qui permettentd’élaborer le produit final.

� Pourquoi avoir créé

L’objectifde MSP :mettre enplace unréférentielconstituéde briques,compo-santsunitaires,quipermettentd’élaborerle produitfinal.

Un pari sur la réactivitéDepuis le 1er avril 2004, Maîtrise des systèmes deproduction (MSP) représente un nouveau départementde la direction de la Production. MSP rassemble, neuf mois plus tard, treize personnes à Toulouse sous la direction de Claude Gaillard. Rencontre avec un directeur plein d’allant et de projets.

une telle structure ?Pour éviter des redondances

dans le développement desproduits. Nous entendonsaugmenter la productivité touten réduisant les coûts dedéveloppement. Un noyau detechniciens venus de la D2C, où ils s’occupaient de Météonet, a été rejoint par du personnel de la DP. Ce groupe s’appuie sur des« correspondants production »(CP) désignés dans chaquedépartement ou serviceconcernés. Les correspondantsauront pour mission d’instruiretoutes les nouvelles mises enproduction et d’assurer le contactentre les commerciaux et lesproducteurs. Ainsi, désormais,toute production nouvelleviendra enrichir la base dedonnées accessible à tous.

� Que vient-elle remplacer ?La D2C et D2I resteront

toujours les donneurs d’ordres, car leur mission est de définir et de vendre des produits. Les CPont pour fonction, en s’appuyantsur leur expérience ou sur lenouveau référentiel, de trouver le producteur adéquat. En effet, la base de données de la production va permettre

de repérer les produits déjàexistants, ou s’en approchant. Lesultimes problèmes seront résolusen liaison avec les donneursd’ordres. S’il n’existe pas deproduit adapté, le CP demanderaalors à DP/MSP/PROD/R2Id’instruire une recherche élargiepour trouver une solution. Lavocation de R2I est d’accélérer lesprocessus de décision, de trouverdes solutions rapides et, sipossible, qui existent déjà.Dernier cas de figure : si undossier complexe avec toute unechaîne de production est à mettreen place, un comité intitulé« Cocopro » (dont les membressont les chefs d’unité) sera chargéd’arbitrer entre des projetsconcurrents. Tout nouveaudéveloppement ne sera donc pasforcément engagé.

� Qui s’occupe des fameuxKiosques ?

Thierry Garnier, qui dirigeKIT/Kiosque, mais reste basé à Lyon, est chargé de tous lesproblèmes techniques etadministratifs des «plaques» (les serveurs téléphoniques locauxde Météo-France). Il s’occupera detoutes les évolutions techniquespour mettre en place suivant les spécifications de la D2C les services qu’ils veulentdévelopper. Internet et le Minitelsont, eux, désormais sous-traités à l’extérieur. Il reste qu’il faut en permanence produire del’information pour alimenterInternet, spécifier les nouvellesrubriques et coordonner les différents intervenants. Les parties très spécifiques desextranet personnalisés serontencore développées par MSP/KIT. ■

Propos recueillis par FKJ

L’équipe MSP :1er rang, de gauche à droite : Nadège Jégourel,Céline Lacoste, Bruno Fantin,Frédérique Morand.2e rang, de gauche à droite : Claude Gaillard,Antoine Lasserre-Bigorry, Michel Diaz, Christine Marais.

PROXIMITÉSPa

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34 Janvier 2005 ATMOSPHÉRIQUES

D ès l’origine, au mois de mars 1997, leprogramme Synergieprévoyait d’accom-

pagner son développement parune maintenance et par uneévolution de l’outil finald’expertise et de production. La transition du programmeSynergie à MOP est doncnaturelle et son intégration à MSP représente une ultimeétape. Mais que représenteexactement un outil deproduction à Météo-France ? On peut citer Synergie, bien sûr,mais aussi Prévi-surveillance,Aiga, Spatio pour les outils quisont liés à la production deprévision. Il y a par ailleurs leursdéclinaisons pour les usagershors Météo-France (Météo+,etc.). Pour la climatologie, lesoutils ont été ou sont en coursde rationalisation, avec Climsolet Okapi. Enfin, il ne faut pasoublier les outils d’élaborationde la production finaliséecomme PIC production pour lesCDM et, dans le futur, les outils

qui émergeront du projetMenhir pour les CMIR de lamétropole, ainsi que Synergie(Applix, production Postscript)au CNP et, enfin, les outils quiseront développés dans le cadrede Soprano.

Rationaliser les outils de production

Le passage du programmeSynergie à MOP implique unenrichissement de notre palettede compétences : nous devonsdégager une vision globale del’utilisation d’un outil pour uneproduction donnée. MOP trouvetoute sa place pour harmoniser,puis optimiser l’utilisation desoutils par les centresproducteurs. Sur la base d’uneconnaissance globale etnéanmoins précise des outils de production utilisés à Météo-France, MOP devra participer à la rationalisation desdéveloppements et à l’utilisationdes nombreuses fonctionnalitésdisponibles des outils, etdévelopper une capacité deconseil dans ce domaine vers les clients extérieurs.

Les missions de MOPs’articulent autour de troisgrands axes : la coordination des outils de production, la participation à l’analysefonctionnelle des outils et laproposition d’outils pourrépondre aux demandes desusagers. Sur le premier axe, lerôle de MOP consiste à proposeret mettre en place une structurede pilotage pour les outils deproduction, afin de garantir leurévolution vers davantage de

cohérence technique et decomplémentarité fonctionnelle.En ce qui concerne la parti-cipation de MOP à l’analysefonctionnelle des outils deproduction, il s’agit d’organiserou de coordonner la rédaction des spécifications, de besoins etfonctionnelles, et dans certainscas d’en assumer la responsabilitéfonctionnelle.

Une nouvelle étapeLa création de MOP entraîne la

clôture du programme Synergie.Elle s’accompagne d’une prise enmain de la maîtrise des dévelop-pements de Synergie par la DSI,au sein du projet Synergie-2. Dansle cadre de ce projet, MOP assumedésormais la responsabilité dugroupe fonctionnel et del’accompagnement du projet. ■

Antoine Lasserre-BigorryMaîtrise des outils de la Production

L’entité MOP, créée le 1er septembre 2004,doit garantir la maîtrise d’ouvrage des outilsde production. Cela signifie concrètement que les outils de production (dont Synergie)doivent être spécifiés et développés encohérence entre eux, tant pour les usagersinternes qu’externes, afin d’arriver à uneorganisation claire des chaînes deproduction.

Les troisaxes deMOP :coordon-ner,proposer etparticiper àl’analysefonction-nelle desoutils deproduction.

Du programme Synergie à la maîtrise des outils de production

Antoine Lasserre-Bigorry : de Synergie à MOP.

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� Pourquoi choisir laproduction en intégrantMétéo-France ?

Lior Pérez : Cela remonte àbien loin ! J'ai découvert mapassion pour la production lorsde mon stage de fin d'étudeseffectué dans une petite entitéd'un grand groupe industriel. Les nombreux défis de la production restent trèssimilaires quel que soit le secteurd'activité. Il faut accroître laréactivité, produire au plus prèsdes besoins du client, etconjuguer les contraintesopérationnelles avec lesexigences du marketing. Lorsquej'ai cherché mon second posted'IPC, j'ai voulu revenir vers laproduction. Météo-France étaitl'endroit idéal pour réaliser ceprojet.

�Quel est votre rôle à MSP ?L'équipe PROD que j'anime

comprend deux domaines.D’abord, coordonner toute laproduction finalisée de Météo-France. Pour réaliser cet objectif,nous avons commencé par lamise en place d'un référentiel quirecensera l'ensemble des chaînesde production de Météo-France.Nous avons établi un réseau decorrespondants production quiva devenir, en quelque sorte, lebras armé de MSP dans les DIR etles autres services producteurs.Nous réalisons, par ailleurs, lesproductions Kiosque, Internet et télématique. Ces tâches trèsopérationnelles vont de la gestion du marché de sous-traitance du site Web à laconception de la future chaîne de production Kiosque.

� Comment avez-vous étéaccueilli par le personnel de Météo-France ?

L’ambiance au sein de cenouveau département est très

familiale, peut-être parce quenous sommes en phase delancement. Tout le monde semblese connaître malgré la taille del’établissement. Quoique n’ayantpas été formé à l'école « maison »de la météo, j'ai été très bienaccepté par mes nouveauxcollègues. Météo-France présenteune vraie capacité à intégrer despersonnels venant de l'extérieur,et l'on gagnerait beaucoup à ceque cela se sache ! ■

Propos recueillis par FKJ

Lior Pérez, ancien du ministère del’Équipement, a rejoint MSP (Maîtrisedes systèmes de production) pours’occuper du secteur PROD.

La productionpour passion

PROXIMITÉS

O R G A N I S E R L’ E N V E R S D U D É CO R

� Dans quelle équipe travaillez-vous ?Nadège Jegourel : En phase de démarrage lestechniciens travaillent en pool pour assurer lefonctionnement optimal des deux entités. L’équipeKIT a un dossier chaud, celui de la mise en servicede la nouvelle formule de meteo.fr. Le site esthébergé chez Atos ; les gestionnaires et les inter-nautes qui font la recette du site nous envoient desfiches d’anomalies, et j’ai la responsabilité de lagestion et du suivi de ces fiches. Nous assuronsaussi la recette du service aeroweb qui vient d’êtrecomplètement redessiné.

� Vous travaillez aussi dans l’équipe R2I ?Oui, la tâche est ambitieuse et essentielle. Sous lebeau nom de Rhapsodie, il s’agit d’harmoniser lesproductions opérationnelles de Météo-France.Productions qui seront toutes répertoriées dansune base unique. Pour cela, dans un premier temps,nous établissons un bilan de tous les composants de produit et de tous les modèles de produit(élaborés à partir des composants). Pour ce travail essentiel, même s’il peut paraîtrefastidieux, nous sommes aidés par lescorrespondants production qui ont été nommésdans chaque service producteur central et danschaque interrégion. Nous gérons aussi lesdemandes de produits particuliers en cherchant et en trouvant le service idoine pour répondre à telle ou telle demande.

� Regrettez-vous votre vie deprévisionniste internationale à GCI* ?J’aimais beaucoup mon travail. En temps queprévisionniste, j’étais là au cœur du métier. Mais ils’agissait d’un travail semi-permanent, c’est-à-diresept jours sur sept et douze heures sur vingt-quatre,ce qui était peu compatible avec mon métier demaman… Alors, j’ai changé et je découvre que dansles bureaux aussi le travail est essentiel. ■

GCI : Grand compte international

Prévisionniste expérimentée, Nadège Jegourel a choisi de participer à l’aventure de MSP.

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PROFIL

d’appartenir, très jeune, à une équipede météos très expérimentés.Plusieurs d’entre eux, outre leurconnaissance du domaine tempéré,possédaient des années d’expérienceen météorologie tropicale,équatoriale et même polaire… Unvéritable cumul de compétences enobservation et prévision… Le servicede néphanalyse (du grec nephelêqui signifie “nuage”), constitué dedix membres (anciens prévision-nistes et observateurs), avait pourtâche de restituer, sous forme decarte graphique, une interprétationtrès classifiée (au sens météo-rologique du terme) des massesnuageuses observées par lessatellites et de suivre leur évolution.Outre cette identification, uncaractère plus prévisionnel étaitdonné au tracé des ensemblesnuageux en vertu de l’expérience

Je suis arrivé à Lannion alorsque débutait l’activitéspatiale. À l’époque, nousétions une trentaine de

personnes. Le centre ne recevait alorsque quelques satellites défilantsaméricains en orbite polaire,délivrant, dans le cercle d’acquisitionde Lannion, une informationinfrarouge et visible le jour. Ensuitesont apparus les satellites géosta-tionnaires centrés sur le continentaméricain, SMS, puis surtout lasérie Goes, qui proposaient uneobservation continue de lacouverture nuageuse de cette région.Les images étaient restituées sousforme de photos en monochromienoir et blanc dont la palette de gris,suffisamment étoffée, permettaitd’assurer l’identification deséléments nuageux (ou non) enprésence… J’ai eu la chance

Bernard Bellec travaille au Centre de météorologiespatiale à Lannion depuis 1977. Pendant douze ans, au service de la néphanalyse, il a décrypté les images de satellites. Une activité devenue aussi artistique quepurement technique. Activité qu’il va renouveler enimaginant un procédé de synthèse de ces informations.

acquise dans la reconnaissancecontextuelle des formes, notammentpour attirer l’attention sur ladangerosité d’un phénomène enévolution. Souvent fastidieux, le dessin graphique se faisaitmanuellement par superpositioncalquée ou par transcription point à point pour un changement deprojection (stéréopolaire…). Seuls, les Américains avaient entrepris untravail analogue. Ces cartes étaientdiffusées sur tout le réseaumétéorologique français et, à lademande, sur certaines stationsd’Europe et d’Afrique du Nord ; avec l’arrivée du géostationnaireMétéosat, la demande s’est accruesur le plan de l’Europe, l’Afrique etl’Amérique… En revanche, de par la complexité de leur élaboration, ces cartes parvenaient souvent troptardivement aux exploitants ; audébut des années 90, avec l’évolutiondes systèmes de transmission, lechoix de diffuser l’imagerie directe-ment a permis aux prévisionnistesde disposer de l’informationsatellitaire dans un délai raison-nable pour une exploitation en tempsréel. » Fin de parcours pour leservice de néphanalyse deLannion et des choix à faire dansl’évolution de sa carrière pourBernard Bellec :« Entre-temps,j’avais entrepris, dès le début 78, desétudes d’informatique au CNAM,

«

Des couleurs pour la Terre

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L e changementclimatique est la vraie

vedette du film «Le jour d’après».Au moyen d’effetsspéciaux très réussis,ce film, sorti sur

les écrans français en mai 2004,décrit une série de catastrophesmétéorologiques particulièrementspectaculaires. Le réalisateursouhaite sensibiliser le grand publicaux dangers du changementclimatique. En dépit de ces bonnesintentions, le déroulement descataclysmes qui sont représentés – en particulier une glaciationsurvenant en quelques jours – estinvraisemblable.Les studios hollywoodiens sontréputés pour leur savoir-faire enmatière de divertissement. Mais pours’informer sur la réalité des dangersque font peser les activités humainessur le climat, mieux vaut pousser la porte d’une librairie ou d’unebibliothèque et lire ce que lesspécialistes ont eux-mêmes rédigé sur le ce sujet. Durant l’année 2004, un grand nombre de publications sur le changement climatique sontparues en France. La plupart sontd’une grande qualité. Les scientifiquesy exposent au grand public les connaissances actuelles sur leréchauffement climatique, sanstomber dans le catastrophisme nimasquer les doutes et les incertitudesqui ont accompagné la réflexionscientifique sur le climat. Mais ils répondent aux arguments des sceptiques. En effet, selon lesconclusions du Groupe d’expertsintergouvernemental sur l’évolutiondu climat (Giec), le réchauffement de la Terre est maintenant avéré ainsique la responsabilité de l’homme dans

le changement climatique. Le débatporte sur l’ampleur du réchauffement,la gravité de ses conséquences, les capacités d’adaptation de noscivilisations et les bouleversementsdans nos comportements individuelset collectifs qu’impliqueront lesmesures nécessaires pour stabiliserl’effet de serre.

Parmi les parutions de 2004, je retiens trois livres et un numérospécial de revue� « Le climat, jeu dangereux » estun livre très accessible destiné augrand public. La première partie estconsacrée aux informations sur lesclimats du passé contenues dans lessédiments marins, les glaces polaires,les cernes des arbres et les autrestypes d’archives climatiques. JeanJouzel et Anne Debroise exposentensuite les principes de fonction-nement des modèles climatiques sur lesquels s’appuient les experts du Giec pour déterminer l’influence des activités humaines sur le climat. Ils mettent l’accent sur notrevulnérabilité au changementclimatique et sur la nécessité d’agirau plus tôt pour diminuer lesémissions de gaz à effet de serre.

� « Climat, chronique d’unbouleversement annoncé », par Didier Hauglustaine, Jean Jouzelet Hervé Le Treut, reprend desconférences données dans le cadre de la Cité des sciences et del’industrie de La Villette. Ce petitessai commence par présenter lesméthodes modernes de surveillanceet de prévision du climat de la Terre,en particulier la modélisationcouplée de l’atmosphère et de l’océanqui n’est devenue possible quedepuis les années 1980. De son côté,la paléoclimatologie a mis enévidence le lien étroit qui relie leclimat et les teneurs en gaz à effetde serre : l’existence de variationsrapides du climat, avec desréchauffements de l’ordre de 10 °Cen quelques dizaines d’années,démontre la fragilité de l’équilibreclimatique. Les auteurs dressentensuite un tableau des connaissancesactuelles sur les conséquencespossibles des modifications de lacomposition chimique de l’atmos-phère par l’humanité. Ils concluentsur la nécessité de lancer rapi-

Le changement climatique en vedette

L U P O U R V O U S

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BLOC-NOTESsuivies d’applications dans ledomaine du traitement d’image. En1980, sous la direction de FrançoisCayla, est né l’atelier de traitementd’image Menhir. Cet atelier me fitdécouvrir les dessous du mondetropical au travers de produitssynthétiques (températures desurface de mer, évaluation de nuagespluviogènes…) façonnés avec mescollègues de l’Orstom. Puis vint letemps de la Pericolor en 1984,machine beaucoup plus puissante(déjà 24 bits), avec son logicielperformant adapté à l’explorationdes images : alors furent imaginésles produits médiatiques(animations infrarouges coloréespour TF1, FR2, FR3, Arte…). Mais la disparition de la néphanalyse seprofilant, il fallait étudier lapossibilité de récupérer cettesubstantifique moelle au travers,pourquoi pas, d’une image desynthèse…C’est en 1986 que me vintl’idée d’utiliser la trichromie RVB etles jeux de couleurs qu’offrait cettetechnique. L’idée était de récupérertoute l’information utile des canauxde base du satellite qui servaient ànotre identification (analyse), deréunir ces identités en trois pseudo-canaux théoriques (algorithme) et deles optimiser par répartition calculéeaux trois couleurs primaires RVB del’écran vidéo (traitement d’image etlois des couleurs). Pour parfaire letravail, doser les couleurs afind’imaginer l’aspect le plus réelpossible de la Terre… C’étaitpassionnant… »Aujourd’hui, ces imageries sontutilisées par tous. Leurconception, qui occupe BernardBellec à plein temps, s’élabore surune station de travail parl’intermédiaire d’un progiciel detraitement d’image évolutif PCI.Les algorithmes ont sensiblementévolué pour s’adapter auxnouveaux satellites, plus riches ennouveaux capteurs, et donc endétection en tout genre. Pourperpétuer ce travail, il serait utilede transmettre ce savoir-faire de«synthétiser l’atmosphère par lacouleur» qui marque un traitd’union entre l’expérience acquiseà la néphanalyse et la conceptiondes outils d’analyse mathé-matique qui révèlent la nature etles formes des masses nuageuses.En effet, dans le futur, deconstantes améliorations desalgorithmes existants et lacréation de nouveaux seront sansdoute nécessaires pour suivrel’évolution technique des satellites« et continuer à donner des couleurs àla Terre, de jour comme de nuit ! » ■

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PROFILBLOC-NOTES

Une assistance météo « hors norme » pour un chantierd'exception

Le 14 décembre dernier,exactement trois ans après lapose de la première pierre,Jacques Chirac inaugurait leviaduc de Millau. Sa constructions'est déroulée sans encombre.Cependant, « sans l'assistance deMétéo-France, on aurait pu mener lechantier à bien mais avec un risquecomplémentaire, et beaucoup plusd'imprécision dans les prévisions »,estime le directeur de projet dugroupe Eiffage, Jean-PierreMartin. Pour une gestionoptimale du chantier, de début2001 à fin 2004, Météo-France aen effet fourni à Eiffage desbulletins quotidiens.

Mais l'Établissement a aussibeaucoup innové pour cetteassistance : des outils spécifiquesont été conçus, tels certainslogiciels de calculs et, surtout,une étude inédite, utilisant unemaquette au 3 000e du relief de larégion, a été faite dans la veinehydraulique de Toulouse.

Fréquences en jeuLa lutte est âpre pour l'utili-

sation de la bande de fréquences23,6 à 24 GHz. Utilisée pour lesondage de la vapeur d'eau depuisl'espace, elle est indispensablepour la météorologie : sa sensibilité unique à la vapeurd'eau, mais pas à l'eau liquide, la rend en effet irremplaçable.

Mais elle est très demandée :les constructeurs automobilesont commencé à l'utiliser dansdes dispositifs anti-collision. Lesopérateurs de téléphonie mobile,les militaires ou encore lesconcepteurs de réseaux sans-fil,sont eux aussi intéressés. Uneutilisation concurrente de cettebande de fréquences créerait desinterférences dommageables etcontaminerait irrémédiablement,jusqu’à les rendre inutiles, lesdonnées des satellites météopourtant indispensables tant à laprévision météorologique qu'àl'étude du climat. L'Unioninternationale destélécommunications (UIT),organisation spécialisée del'ONU, devra bientôt trancher.http://news.bbc.co.uk/ 17 novembre 2004

Transit vénusienLe 8 juin 2004, entre 7 h 20 et

13 h 24 heure française, la planèteVénus s'interposait entre le Soleilet la Terre donnant naissance à un phénomène extrêmementrare : le transit.

Il s'agit du passage d'uneplanète entre la Terre et le Soleil,la planète « en transit » apparais-sant alors comme une minusculeombre chinoise sur le disquesolaire. Seules Mercure et Vénus,les deux planètes situées àl'intérieur de l'orbite terrestre,peuvent être en transit. Ceux deVénus sont très rares: le dernierdate de 1882 ; il faudra attendre2012 pour voir le prochain etencore un siècle pour le suivant,en 2117.

Un précédent passage avaitpermis de mesurer la distance dela Terre au Soleil, clef de toutesles autres distances des corpscélestes. Celui de 1761 a quant àlui permis de découvrirl'existence d'une atmosphèrevénusienne...www.vt-2004.org

Le changementclimatiqueen vedette

Le climat, jeu dangereuxPar Jean Jouzel et Anne DebroiseDunod, collection « Quai dessciences», Paris, 2004, 216 pages.

Climat, chronique d’unbouleversement annoncé Par Didier Hauglustaine, Jean Jouzel et Hervé Le TreutLe Pommier, collection «Le collègede la cité», Paris, 2004, 92 pages.

L’effet de serre, allons-nouschanger le climat ?Par Hervé Le Treut et Jean-Marc JancoviciFlammarion, collection « Champs »,Paris, 2004, 22 pages.

Les dossiers de La Recherche.Le risque climatiquenuméro 17, novembre 2004.

dement, à l’échelle de planète, une action concertée de réductiondes émissions de gaz à effet de serre.

� « L’effet de serre, allons-nouschanger le climat ? » est la deuxièmeédition de cette excellente synthèsesur le changement climatique. Aprèsavoir exposé les mécanismes duclimat et les modifications du cycleénergétique de notre planète quirésultent des activités humaines,Hervé Le Treut et Jean-MarcJancovici présentent les résultatsscientifiques les plus récents enmatière de prévision du climat dufutur. Ils montrent ensuite que lesnécessaires décisions à prendre pouréviter une perturbation trop grave du climat impliquent une remise enquestion de nos modes de vie et deproduction. Les marges de manœuvreexistent. Encore faut-il que chaquecitoyen dispose de l’informationnécessaire.

� Le dossier de La Recherche intitulé«Le risque climatique» dresse l’étatde l’art sur le thème du changementclimatique. Rédigés par deschercheurs et des journalistes, les dix-huit articles sont regroupésen trois parties : fondamentaux,constats et scénarios. Pour laplupart, ce sont des versions revueset mises à jour d’articles parusrécemment dans le mensuel. Une bibliographie, une sélection desites Internet et un glossairecomplètent ce numéro bien illustréet très intéressant. ■

Jean-Pierre Javelle

Revue de presse

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Météo-France a ainsi calculél'influence des piles du viaduc surl'écoulement de l'air afin dedisposer au mieux les immensesgrues – la plus haute dominait à265 mètres – et « les sortir autantque faire se peut des tourbillonsgénérés par la présence des piles »rappelle M. Martin.

Alors que le modèle numériquehabituel de Météo-France permetune prévision à trente kilomètresprès, « ici le degré de précision atourné autour de la centaine demètres !». L'assistance météo a été«hors norme, à la hauteur de cetouvrage d'art.»

Depuis novembre, l'assistance,désormais destinée à l'exploi-tation du viaduc, est devenueplus classique.http://www.batiactu.com/10 décembre 2004

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En 1905, l’Académie des sciencesreçoit deux communications,l’une de Hugo Hergesell, en

janvier, concluant à l’inexistence ducontre-alizé dans la région des Açores,l’autre, en octobre, de Lawrence Rotchet Léon Teisserenc de Bort qui affirmeson existence aux îles Canaries et duCap-Vert. Les alizés sont des ventsréguliers (voir Atmosphériques n° 10)dans l’Atlantique tropical ; leurconvergence vers l’équateur météo-rologique et l’ascendance dont il est lesiège font que doit nécessairementexister un courant de retour enaltitude, le contre-alizé, dont l’existencea été postulée par l’astronome GeorgeHadley (1738), pour des raisons decontinuité, de conservation de lamasse. Au début du XXe siècle, onconnaît encore peu de choses sur lacirculation atmosphérique globale,surtout en altitude. La stratosphèrevient juste d’être découverte, maispersonne n’est capable d’expliquer sonexistence. Pour expliquer la circulationmoyenne de l’atmosphère tropicale,l’hypothèse de l’existence de deuxcellules méridiennes, qui portent lenom de Hadley, reste à démontrer ;leurs branches basses sont constituéespar les alizés de nord-est et de sud-est, etle pot au noir matérialise la base de labranche ascendante commune à cesdeux cellules. On a trouvé des traces de l’existence du courant de retour, lecontre-alizé, à Cuba et aux Antilles,grâce à l’étude du déplacement descirrus, mais il s’agit seulement d’unepreuve indirecte. C’est pour trouverdes preuves directes de leur existenceque Hugo Hergesell, chef du servicemétéorologique d’Alsace-Lorraine, estallé sonder l’atmosphère tropicale en1904, à l’aide de cerfs-volants, entre lesCanaries et les Açores, à partir du yachtdu prince de Monaco ; il cherche lecontre-alizé, mais trouve des vents de

nord-ouest, au lieu de sud-ouest.Lawrence Rotch, qui a fondél’observatoire de Blue Hill, près deBoston, et Léon Teisserenc de Bort, qui a fondé celui de Trappes, ont encommun de jouir d’une grande fortunehéritée de leurs parents ; ils la mettentau service de leurs recherchespersonnelles. Rotch a initié Teisserencde Bort à l’usage des cerfs-volants et a mis au point la technique de

remorquage par un bateau pour pallierl’absence de vents suffisants. Teisserenc de Bort a perfectionné la technique des ballons-sondes,notamment pour les sondages en meren utilisant des doubles ballons encaoutchouc, matériau introduit parl’Allemand Assman. Contrairementaux autres protagonistes, il n’est pasqu’un expérimentateur, il a aussi debonnes connaissances de la circulationatmosphérique et de l’existence del’anticyclone des Açores et de sesmouvements saisonniers. Un train decerfs-volants ayant peu de chances defranchir la couche de vent faible quifait la transition entre l’alizé et lecontre-alizé, Rotch et Teisserenc deBort décident de lancer des ballonssuivis par deux théodolites, techniquequi est bien maîtrisée à Trappes. Ilschoisissent aussi d’explorer une vastezone et lancent leurs ballons àTénériffe, Madère, aux îles du Cap-Vertet en mer. C’est ainsi qu’ils découvrentle contre-alizé aussi bien aux Canariesqu’aux îles du Cap-Vert. Toutefois,Hergesell objecta que leurs résultatsétaient dus au fait qu’ils avaient faitleurs mesures sur des îles dont le reliefmodifie le régime des vents. Ils ontdonc organisé une autre campagne de mesure en 1906 sur l’Atlantiquecentral en descendant jusqu’à l’île del’Ascension, ce qui leur a permis deconfirmer leurs résultats. Rotch etTeisserenc de Bort partagent les frais de ces campagnes de mesure qui sontréalisées à bord de l’Otaria, navireacheté et équipé par le second pour lesmesures en mer, mais ce sont Clayton,de l’observatoire de Blue Hill, etMaurice, de l’observatoire de Trappes,qui réalisent le programme de mesuredéfini par leurs mentors. ■

Michel RochasInspecteur général de l’aviation civile

et de la météorologie

I L Y A 1 0 0 A N S

La découverte du contre-alizé au-dessus de l’océan Atlantique

5 juin 1973. Gonflage du ballon aérodyne.

Novembre 1973. Le projet Essor visaità mettre en place dans la stratosphère(altitude supérieure à 16 kilomètres)une plate-forme stationnaire d’obser-vation et de relais, capable d’effectuerpendant des durées se chiffrant, ensemaines ou en mois, des mesures, in situ ou à distance (dans 4π stéra-dians), d’ordre physique, physico-chi-mique ou aérologique. Par hypertro-phie de la fonction télécommunica-tions, on arrive à un système deconcentration et de dissémination dedonnées très diverses en nature. Cettephotographie a été prise pendant laphase initiale d’un lancement aux îlesdu Salut (Guyane française). Gonflagedu ballon aérodyne et mise en placedu dispositif de pilotage en montée.

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Un ticket Flash

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Le temps d’une journée

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