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ANEP - 1916102531 Employabilité des personnes à besoins spécifiques La politique sociale de l’Etat renforcée

Employabilité des personnes à besoins spécifiques...(213) 23 70 43 96 Mobile : (213) 555 03 92 23 E-mail : [email protected] Ont collaboré à ce numéro Abdelaziz Hireche Fatiha

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Employabilité des personnes

à besoins spécifiques

La politique sociale de l’Etat renforcée

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Editorial

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 3

AspirationsPar Abdelhakim Benbouabdellah*

Pour une tonne de blé, sur le mar-ché international, sont néces-saires pas moins de sept (7) ba-

rils de pétrole et ce, suivant les prix référencés en août 2019. De quoi inci-ter à aller, de plus en plus et au plus vite, vers l’autosuffisance alimentaire pour un pays qui n’entend pas rester dans la dépendance en, quasiment, tous les produits de première nécessi-té…Le Globe qui a connu, en cet an 2019, l’une des plus chaudes saisons d’été de toute l’histoire (le plus chaud été si l’on se fie à certains organismes d’ob-servations climatiques) va aller cres-cendo vers des aléas climatiques d’ampleur, comme en témoigne les feux de forêts gigantesques en Sibérie ou alors les fontes de glace, non loin de là, l’Arctique, en l’occurrence, ainsi que les voisins Alaska et Groenland. Comme toute partie de la planète, l’Al-gérie n’échappera point aux consé-quences du dérèglement du climat. De 2017 à 2018, la Cat-Nat a, certes, évo-lué sensiblement de 67,4% mais elle reste, cependant, un taux de pénétra-tion relativement faible. Il n’a été que de 4,3% du chiffre d’affaire des assu-rances de dommages, en 2018, et de 5,4% lors du premier semestre 2019.Autre secteur qui en pâtira : l’agricul-ture. Et à des niveaux insoupçonnés d’où les répercussions directes sur les assurances agricoles. Comme la ca-lotte glaciaire qui fond progressive-ment, la cagnotte qu’est sensé engran-ger l’assurance agricole se perd dangereusement… En effet, le chiffre d’affaire des assurances agricoles dans le marché national a régressé sensiblement en 2018 (-5,8% par rap-port à 2017).

Développer les assurances agricoles est plus qu’impératif, à la fois pour le marché des assurances mais, aussi et surtout, pour le secteur agricole lui-même qui n’a pas à subir les contre-coups de chaque crise économique. En termes de poids, le secteur agricole national représente plus de la moitié de la production de la Nation en hydro-carbures lesquels, dans la subcons-cience nationale, représentent quasi-ment le tout pour le tout, alors que la réalité montre que le seul duo Agricul-ture-Commerce pèse, dans l’économie du pays, plus lourd que l’Or noir et le gaz qui va avec.Selon les statistiques de l’ONS, à fin 2018, le seul secteur de l’Agriculture emploie (10,9% de la population), sept (7) fois plus que celui des hydrocar-bures et tout ce qui l’accompagne comme industrie extractive (1,5%). Bien que parmi les secteurs les plus employeurs, l’agriculture présente et offre, comme d’ailleurs pour le com-merce ainsi que celui du bâtiment et travaux publics, peu d’opportunités pour les personnes handicapées pour s’y frayer un chemin. Des efforts multi-sectoriels sont nécessaires pour que l’intégration de cette frange importante de la société se fasse dans les meil-leures conditions et taux possibles. Zoom sur cet aspect primordial pour la société algérienne, dans le domaine des assurances où le travail des per-sonnes handicapées demeure insuffi-sant et en dessous des attentes non seulement de cette frange fragilisée mais de la société entière.

A. B. *Secrétaire du CNA

Directeur de la PublicationAbdelhakim

Benbouabdellah Directeur de la Rédaction

Younes Hamidouche Rédacteur en Chef

Hamid Rabahi Coordinateur de la Rédaction

Kamel Aït Bessaï Secrétariat de Rédaction

& InfographieYacine Merabet

PublicitéAsma Khenache

Rédaction, Conception et Diffusion

APEC CommunicationCité des Annassers II,

Bt. B 10, N°02, Kouba, Alger. Tél/fax : (213) 23 70 43 96Mobile : (213) 555 03 92 23E-mail : [email protected]

Ont collaboré à ce numéroAbdelaziz Hireche

Fatiha AïdRym Bouzidi

Meriem ChibaneFella Midjek

Kamel Aït Bessaï Y. Ayoub

K. Remouche Adel Boudjedour

La Revue de L’ASSURANCE est une publication du Conseil National des Assurances (CNA), éditée par son

Secrétariat Permanent

CNA : 1 Lot Saïd Hamdine,Bir Mourad Raïs, Alger, Algérie.

Tél : (213) 21 60 52 74 à 76 Fax : (213) 21 60 52 82E-mail: [email protected] Site Web : www.cna.dz

Convention CNA-ANEP-APEC N°22/2018ANEP, 50, Rue Khelifa Boukhalfa, Alger.Tel : 213 (0) 21 23 64 89 / (0) 21 23 83 24

Fax : 213 (0) 21 23 64 90

Les textes publiés et le contenu de cette publication ne représentent pas nécessairement les positions officielles du Conseil National des Assurances.Les articles publiés dans cette revue n’engagent que leurs auteurs. Toute reproduction d’articles ou de photos doit être soumise préalablement à une autorisation.Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis à la rédaction ne sont pas restitués et ne peuvent faire l’objet de réclamation.

Dépôt légal : Septembre 2019 - ISSN : 2253-0096

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La Constitution de vos stocks ou la fabrication pour vos commandes spécifiques, avant expédition ; La Reconstituion de vos stocks, après expédition.

L’assurance Crédit de la CAGEX facilite votre financement pour :

Tél: (213) 23.31.21.00 et 01 Fax: (213) 23.31.20.93/94

- Assurances agricoles : Pas à pas vers le progrès ……………….………………………………....……....……. 6- M. Benhabiles Chérif, Directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) : « Il faudrait sortir de la vision limitée qui est de mise aujourd’hui » ……………………..…..................……… 8 - M. Djebbar Boualem, P-DG de la BADR : « La bancassurance a boosté les souscriptions à l’assurance agricole »………….…………………………….....……....……………....…………...…......……. 10- Mme Haddouche Damia, Directrice des Risques Agricoles à la Société algérienne des assurances (SAA) : « Pour l’émergence d’un marché fondé sur un partenariat privé/public »………..………..................…........ 11- M. El Besseghi Mourad, expert financier : «Il faut une intervention mieux ciblée de l’Etat» ..................…...14- M. Fekkar Nour-Eddine, Directeur Central Engineering, Crédit et Risques Agricoles à la CAAT : « L’accompagnement du secteur agricole fait partie de nos missions »……..…....………..........……......….16- M. Boulenouar Hadj Tahar, président de l’ANCA : «Les chambres de l’agriculture doivent être impliquées »………….……………………………….....……....……………......…………..……...........…...18- M. Kharoubi Mohamed, Directeur de la régulation agricole au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche : « L’assurance est indispensable pour développer le secteur agricole en Algérie »........21- M. Manseur Aïssa, expert consultant en agriculture : « L’Etat a soutenu l’Agriculture mais n’a pas pensé à soutenir la protection des cultures ! »………….……………………………..…....……………......…. 23- M. Moussouni Akli, expert agronome : « Les produits d’assurance sont inadaptés et ne couvrent pas la multitude des risques onéreux pour l’agriculteur »………………………………………………..…...……… 26

Dossier : Assurances agricoles

- A la lumière de la Loi 02-09 du 08 mai 2002 : Politique algérienne d’intégration des personnes à besoins spécifiques dans le cadre de l’emploi ….........……………………………………………..…...……… 29- Emploi des handicapés : Caarama applique une politique adaptée …….....……………………..…...……… 30- M. Cherfaoui Saïd, DRH à la CAAT : « L’insertion obligatoire des handicapés n’est pas encore appliquée » ……………………..…………………..…...……………………………………..…...……… 32- Portrait : Il est standardiste à la CAAT depuis 29 ans : M. Bentaleb Yacine, un exemple d’assiduité et de persévérance ……………………..…………………..…...……………………………………..…...……… 34- M. Benarbia Mohamed, DG Salama Assurances : « Nous n’avons pas de politique de suivi de ce volet ».… 36- Mme El Mameri Atika, Présidente de la Fédération Algérienne des Personnes Handicapées : « Consacrer 1% de l’effectif de l’entreprise aux handicapés était une arnaque »…….………..….....……… 38- Employabilité des personnes handicapées : L’Algérie à l’épreuve de sa politique sociale ……..…...……... 40 - Obligation de consacrer des emplois aux handicapés : La mesure effective en 2020 …….......…….......… 42- Contrôle de l’employabilité des personnes handicapées : 166 entreprises hors la Loi ……..…...............… 43

Emploi des personnes à besoins spécifiques dans le secteur des assurances

Évènement

Assurance Groupe

- M. Kassali Brahim Djamel, Président directeur général de la CAAR : « Le marché des assurances n’enregistre plus le même taux de croissance que par le passé »…………….….........………....…...……… 52- Mme Belhouchet Widad, PDG de la CASH : « Vers la souscription et le paiement en ligne des primes »........ 55- Assemblée générale élective de l’Union algérienne des courtiers d’assurance (UACA) : Sortir de l’activité d’auxiliaire d’assurance …………….……………..…………..……………..…...…...……… 58- M. Boudraa Abdelaziz, Président de l’UACA : « Mettre en œuvre le nouvel accord de courtage ».……..... 58- Magazine FINASSURANCE : Des objectifs et des ambitions pour une nouvelle publication sectorielle .… 66- M. Nebbali Nourredine, Directeur de Publication de FINASSURANCE : « Devenir un espace incontournable de communication entre l’assuré et l’assureur ».……………………………………………… 61- La CNMA poursuit son cycle de formations au profit de ses employés : Séminaire sur la souscription dommages aux biens et pertes d’exploitation avec la Scor de Paris ………..……..…………………………… 62

- Assurance de groupe en Algérie : Encore au stade de balbutiements …………….……………..…...……… 45 - L’assurance de groupe dans le monde : L’innovation comme vecteur de développement …..….....……… 47- M. Kennouche Adel, Sous-directeur Communication à la Direction Commerciale de L’Algérienne Vie (AGLIC) : « Les opportunités du marché sont considérables dans l’assurance de groupe »…....….....…… 48- Assurance Groupe chez CAARAMA Assurance : 35% du chiffre d’affaires de la compagnie en 2018….... 50

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Dossier Assurances Agricoles

6 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Assurances agricoles

Nul ne peut nier, également, que le secteur agricole présente certaines spécificités, car il est,

en permanence, exposé à des risques d’exploitation particuliers, concernant les cultures, engendrés, essentielle-ment, par les aléas climatiques et les catastrophes naturelles, sans oublier, évidemment, les incendies qui ra-vagent, chaque année, des hectares de surfaces agricoles, mais, aussi, la survenance de multiples maladies qui peuvent nuire, considérablement, à la production.D’où, alors, la nécessité de contracter des assurances agricoles pour les agri-culteurs. L’assurance agricole ne se résume pas, uniquement, à la couver-ture des récoltes et du bétail. Elle concerne, également, l’aquaculture, les forêts, les animaux à valeur mar-chande importante (animaux à haut pédigrée), les cultures en serres, etc. Elle couvre aussi bien les entreprises que les individus engagés dans la pro-duction agricole.Les professionnels du secteur s’ac-cordent à présenter l'assurance agri-cole comme un « impératif », pour soutenir et sécuriser les revenus des agriculteurs ainsi que de stimuler l’in-vestissement dans le secteur.Cependant, force est de constater que peu d’agriculteurs donnent de l’impor-tance à l’assurance agricole. Manque

de sensibilisation ou absence de culture chez les agriculteurs, les rai-sons se multiplient et les profession-nels tentent de trouver des solutions pour faire face à ce phénomène. Ce problème, qui se pose avec acuité, se répercute toujours sur la production agricole avec des pertes sur les ré-coltes, enregistrées par les agriculteurs dans différentes wilayas.Autre souci : une grande partie des petits exploitants et éleveurs, estimée à près de 80% des agriculteurs, n’ont pas les conditions et garanties d’accès

au financement bancaire, notamment celles liées à l’assurance agricole. Par exemple, 17.000 céréaliculteurs seule-ment accèdent au crédit de campagne sur les 600.000 activant en Algérie.Par ailleurs, des spécialistes insistent sur l’importance de la formation des agents assureurs, le renforcement de l’innovation sur le plan marketing et commercial, ainsi que la mise sur le marché de produits d’assurance adap-tés aux besoins des agriculteurs et in-vestisseurs. D’autres acteurs du sec-teur et experts soulignent la nécessité

Par Fatiha Aïd

Pas à pas vers le progrèsNul ne peut nier que l’agriculture est la principale industrie dans le monde. Son importance dans la vie économique et sociale est considérable. En Algérie, malgré la place névralgique qu’elle occupe dans le développement économique, l’agriculture ne représente qu’entre 8 et 12% du PIB. L’Office national des statistiques (ONS) indique qu’à fin 2018, le secteur de l’Agriculture emploie 10,9% de la population.

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 7

Chiffres

d’adopter une nouvelle approche, avec un rôle plus important de l’Etat dans le système des assurances agricoles pour protéger davantage les petits ex-ploitants.Les sociétés d’assurances, par exemple, la CNMA à leur tête, se pro-posent d’asseoir la confiance des agri-culteurs à travers les prestations et d’être l’accompagnateur et l’assureur de proximité pour le monde rural et agricole. Les efforts des compagnies d’assurances commencent à donner leurs fruits. Chiffres à l’appui ! Selon la

dernière note de conjoncture du Conseil national des assurances (CNA), la branche « Agricole » totalise, au 31 mars 2019, près de 700 millions de DA, contre 625,4 millions de DA, au 31/03/2018, soit 11,9% d’augmenta-tion. La sous-branche « Production végétale », dont la part est de 37%, évolue de 48,1%.Pareillement, la sous-branche «pro-duction animale » progresse de 4,6%, tirée, principalement, par la hausse de la « Multirisque bovine » (+38,6%) et la « Multirisque caprine » (+184%), en

raison de l’apparition de maladies à grande échelle (peste des petits rumi-nants, notamment) qui ont contraint les éleveurs à s’assurer.S’ajoute à cela la politique menée par la société leader du marché national des assurances, en l’occurrence la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), relativement à l’amélioration de la prestation de service, à travers la réduction des délais de règlement des sinistres, qui a encouragé l’adhésion à l’assurance « Agricole ».

F.A.

Dossier Assurances Agricoles

8 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï

M. Benhabiles Chérif, Directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA)

« Il faudrait sortir de la vision limitée qui est de mise aujourd’hui »

Revue de L'ASSURANCE : Les pou-voirs publics consacrent des sommes importantes pour le déve-loppement de l’agriculture et ap-puient les agriculteurs, notamment via le FGCA (décret n°12-251 du 05/06/2012), alors que le système as-surantiel pourrait apporter une part non négligeable afin de diminuer de

l’impact des calamités agri-coles. Que pourraient faire, selon vous, les pouvoirs publics à ce propos ?

M. Benhabiles Chérif : La CNMA, à travers sa forte im-plication dans le secteur des assurances, et particulière-ment, dans les risques agri-coles, appelle, maintenant, à mettre en place de nouveaux dispositifs, pour prendre en charge le risque climatique, devenu un réel problème de sécurité. Face aux change-ments climatiques, il faut des outils. Nous ne pouvons plus rester à attendre l’aide de l'Etat. Aux compagnies d'as-

surances de proposer et de mettre en place les solutions adéquates. Mais, il nous faut un cadre réglementaire. Nous ne pouvons plus continuer à tra-vailler que sur des indemnités. Il faut proposer aux clients le meilleur ser-vice, à même de créer un climat de confiance avec l'ensemble des acteurs

qu'ils soient agriculteurs, industriels ou particuliers.

Comment appréciez-vous la contri-bution du secteur des assurances à la croissance de l'économie nationale ?

Nous sommes très loin, par rapport aux autres pays. Le secteur ne contribue pas dans le développement écono-mique du pays. Il ne représente même pas 1% du PIB. Personnellement, je ne connais pas un pays qui n'a pas pro-gressé grâce à l'assurance, en dépit du fait que le secteur des assurances draine l'épargne. Car l'assurance a des missions essentielles dans l'activité économique. Tout d'abord, sécuriser l'investissement, protéger le patrimoine national, drainer l'épargne et, aussi, investir. Ce sont les compagnies d'as-surances qui sont en mesure d'investir dans tous les domaines, notamment dans les projets importants. C'est dans cette optique que l'assurance doit être perçue. Il faudra sortir des sentiers bat-tus, de cette vision limitée qui est, mal-heureusement, de mise aujourd'hui.

Dans cet entretien accordé par le Directeur général de la CNMA, M. Benhabiles Cherif, il ressort que le secteur agricole, en Algérie, a beaucoup de potentiel mais il est encore sous exploité, notamment en matière de couverture assurantielle. Par ailleurs, le premier responsable de la CNMA reconnait que la couverture du risque agricole est devenue l’affaire de tous et pas uniquement de l’assureur historique (CNMA, NDLR), en raison de la multiplication et de la complication des risques, ce qui induit, nécessairement, une coordination intersectorielle mais, également, des textes de lois plus adaptés et plus incitatifs aussi bien pour l’agriculteur, généralement récalcitrant, que pour le professionnel de l’assurance.

Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 9

Quels efforts sont fournis par la CNMA pour adapter ses produits aux besoins des agriculteurs ?

La CNMA se veut « Assureur Conseil », soucieuse d’aider les Agriculteurs à identifier et à maîtriser les Risques de leurs métiers et de leurs exploitations. C’est dans cet Esprit d’accompagne-ment, que la CNMA étudie les besoins des agriculteurs.En effet, nous allons mettre sur le mar-ché des produits novateurs tels que les produits de perte de rendement, ou les pertes d’exploitation. Mais, aussi, des assurances indicielles pour s’assurer contre les changements climatiques. Ce sont des produits que nous sommes en train de tester avec des partenaires étrangers et des réassureurs à l’inter-national ainsi qu’avec des organismes nationaux, tels que l’Office National de Météorologie et Alsat pour une carto-graphie des risques.La CNMA a mis également en place « Dar El Fellah » pour attirer nos clients, de manière à booster les assurances agricoles, notamment dans les régions les plus reculées. Comme nous offrons, également, un certain nombre de pres-tations gratuites aux agriculteurs et aux éleveurs pour les accompagner. Une

manière de les couvrir, en matière d'assurances agricoles et, surtout, d’in-tégrer la notion de gestion et préven-tion des risques.

Quel est le taux de pénétration des assurances agricoles ? Est-ce que le chiffre est proche de vos objectifs ?

Je pense, maintenant, que le taux de pénétration de l'assurance agricole est de 26% mais, nous sommes encore très loin des potentialités et des ri-chesses qui existent et qui peuvent nous permettre de tripler ou quadrupler notre chiffre d'affaires. Il faut continuer notre travail de proximité et développer d'autres services, au profit essentielle-ment de nos agriculteurs, sur lesquels nous sommes en train de travailler, notamment en matière d'accompagne-ment, d'expertise, de formation et de sensibilisation.

Pensez-vous que le développement des assurances agricoles devra pas-ser par le caractère obligatoire ?

Rendre l’assurance agricole obligatoire n’est pas une solution. Le taux de pé-nétration du dispositif Cat-Nat est insi-gnifiant, malgré son caractère obliga-

toire. Je souhaiterais qu’on mette en place un dispositif réglementaire, à tra-vers le Ministère de l’Agriculture, de manière à ce que l’agriculteur puisse se protéger. Les pouvoirs publics ont bien compris la nécessité de revoir les assurances agricoles. Je pense que c’est à nous, professionnels, de tra-duire cela en actions concrètes sur le terrain. Il faut savoir expliquer, sensibiliser et surtout être là pour assurer les délais les plus courts de remboursement. C’est ce qui fait la crédibilité d’une compagnie d’assurance. A la CNMA, c’est la première chose que nous avons travaillée dans le but de recouvrer notre crédibilité. Il fallait que nous ho-norions nos engagements et c’est ce que nous sommes en train de faire.

Enfin, peut-on connaître vos concur-rents directs, dans votre segment ?

La concurrence est une excellente chose. Elle nous permet de nous re-mettre en cause. La CNMA n’a pas la prétention de couvrir, à elle seule, le secteur agricole. Il y a de la place pour tout le monde. C’est l’une de nos pro-positions, à l’UAR, que tout le secteur puisse apporter des solutions pour pro-téger l’agriculteur. Les pouvoirs publics attendent de nous une autre réactivité.

Un mot pour la fin ?

La CNMA a un réel avenir devant elle. Le mot d’ordre donné à tous nos ges-tionnaires est « l'écoute » des do-léances et préoccupations du monde agricole. Son atout, à savoir son expé-rience de plus d'un siècle, lui permet de mieux s'adapter aux exigences de l’agriculteur, l’éleveur et le pêcheur pour demeurer son assureur-conseil et l'accompagner dans la réalisation de projets d'investissements en toute sé-curité.

K.A.B.

Dossier Assurances Agricoles

10 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Entretien réalisé par Adel Boudjedour

M. Djebbar Boualem, P-DG de la BADR

« La bancassurance a boosté les souscriptions à l’assurance agricole »

Revue de L'ASSURANCE : La faible pénétration de l’assurance chez les agriculteurs influe-t-elle sur l’activi-té bancaire de la BADR ?

M. Djebbar Boualem : Nullement. L’activité de la BADR ne se limite pas seulement à la vente des produits d’as-surance agricole. Elle va au delà. Elle brasse un spectre d’activité aussi mul-tiple que varié. En plus des multiples services bancaires qu’elle offre à sa clientèle, la BADR accompagne la création et le développement de projets dans le domaine de l’agriculture et des activités connexes.

A titre indicatif, et pour vous montrer la densité de nos domaines d’intervention en matière d’accompagnement, nous avons recensé plus de trois cents acti-vités finançables par notre banque et qui se situent en amont et en aval du secteur agricole.Pour la BADR, l’assurance agricole est un produit qui concerne non seulement la céréaliculture mais aussi d’autres activités financées par la Banque. Il y a lieu de relever que c’est le développe-ment du financement du secteur agri-cole qui a permis le développement de l’assurance agricole.

Est-il obligatoire pour un emprun-teur de souscrire un contrat d’assu-rance pour prétendre à un crédit bancaire auprès de la BADR ?

Souscrire un contrat d’assurance pour bénéficier d’un crédit bancaire est obli-gatoire mais ce contrat ne couvre que les risques liés à l’objet du crédit. Ceux liés à l’emprunteur, tel que l’assurance emprunteur, n’est pas encore dispo-nible. C’est un produit que nous comp-tons développer avec notre partenaire assureur.

Existe-t-il parmi vos clients des non-assurés ?

Concernant les clients agriculteurs, une fois démarchés et convaincus par l’intérêt de souscrire une police d’assu-rance, ces derniers souscrivent sans aucune difficulté.S’agissant des clients détenteurs de crédits, à court, moyen et long terme, auprès de la BADR, ils sont dans l’obli-gation de souscrire une assurance chaque année.

Le prêt bancaire constitue-t-il, selon vous, une motivation pour l’agricul-teur pour aller contracter une assu-rance agricole ?

Tous nos crédits sont couplés avec une police d’assurance qui varie selon l’ob-jet de financement. A cet effet, il est clair que le crédit devient un vecteur de dé-veloppement de l’assurance agricole.

La bancassurance a-t-elle participé à augmenter le taux de souscription à l’assurance agricole ?

Sans aucun doute. En mettant en place l’activité bancassurance, en particulier les produits d’assurances agricoles, la BADR, de par sa vocation, a permis l’augmentation du taux de souscription des agriculteurs à cette police d’assu-rance.

Dans cet entretien, le P-DG de la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR), M. Boualem Djebbar, se réjouit de l’impact positif de la bancassurance sur le taux de souscription aux assurances agricoles chez les assureurs partenaires de la Banque. En mettant en place cette activité, la Banque de l’Agriculture par excellence a permis à ses partenaires de se rapprocher d’une clientèle si particulière à laquelle ils n’avaient pas forcément accès auparavant.

Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 11

La BADR a mis tous les moyens nécessaires pour la promotion de ces produits et pour le développement de cette activité, à travers l’ensemble de son réseau d’agences. Plus de deux cents (200) agences de notre vaste réseau d’agences offrent actuellement ces produits.A ce niveau, il y a lieu de souligner le rôle d’une autre compagnie d’assurance qui offre traditionnellement les produits d’assurance agricoles, c’est la CNMA. Le travail complémentaire de notre banque et de cette compagnie destiné au monde agricole a fait que le taux de souscription a effectivement augmenté. Mais il reste insuffisant par rapport à la population cible. Une grande marge de manœuvre reste devant nous.

Quel serait l’apport de la bancassurance à la BADR, aux assureurs partenaires, en particulier, et au monde agricole, en général ?

Pour la BADR, la bancassurance a notamment per-mis de diversifier les produits et d’offrir à notre clien-tèle une qualité de service qui lui permet de trouver au niveau d’un seul point, là où il est domicilié, tous les produits le concernant, du financement de son activité ou de son projet à la police d’assurance qui sied. Pour les partenaires, la bancassurance leur permet, ef-fectivement, d’avoir accès à notre clientèle de la BADR à travers notre large réseau d'agences très dense.Quant aux agriculteurs, leur activité reposant sur leurs exploitations agricoles, il est important que celles-ci soient bien assurées pour les protéger des risques.

Quels bilans de la bancassurance, chez la BADR, et quels sont vos perspectives ?

Chaque année, la bancassurance connait une évolu-tion certaine. Le nombre d’agences habilitées à vendre des produits d’assurance est passé de 14 agences en 2013 à 174 agences, à fin 2018. Le nombre d’agents souscripteurs formés est de 298 agents, au 31 juillet 2019. Le nombre de contrats est passé de 20 122 en 2017 à 25 497 en 2018. Pour les perspectives de la Banque, notre souhait c’est de développer d’autres produits à offrir à notre clientèle du monde agricole. Nous pensons, à cet ef-fet, à l’assurance crédit et à l’assurance vie pour les agriculteurs. Ce qui permettra, à coup sûr, de déve-lopper le crédit et l’assurance de personnes.

A.B.

Mme Haddouche Damia, Directrice des Risques Agricoles à la Société algérienne des assurances (SAA)

« Pour l’émergence d’un marché fondé sur un partenariat privé/public »Dans le présent entretien, la directrice des Risques Agricoles à la Société algérienne d’assurances (SAA), Mme Hadouche Damia, explique que le développement de l’assurance agricole est tributaire du soutien des pouvoirs publics à l’agriculture, comme cela se fait en Amérique du Nord, marché leader de l’assurance agricole.

Revue de L'ASSURANCE : Les pouvoirs publics consacrent des sommes importantes pour le dé-veloppement de l’agri-culture et appuient les agriculteurs, notamment via le FGCA (décret n°12-251 du 05/06/2012), alors que le système assuran-tiel pourrait apporter une part non négligeable afin de diminuer de l’impact des calamités agricoles. Que pourraient faire, se-lon vous, les pouvoirs publics à ce propos ?

Mme Haddouche Damia : Il est vrai que les pouvoirs publics ont toujours accordé une importance capitale au secteur de l’agricul-ture. Ce dernier a, en effet, bénéficié d’un soutien conséquent de l’Etat en faveur des différents programmes d’appui aux filières stratégiques, en vue de leur développement.

Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï

Dossier Assurances Agricoles

12 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

En dépit de tous ces efforts, le secteur reste vulnérable, notamment face aux aléas naturels. Sont enregistrées, chaque année, des pertes colossales sur la production agricole nationale (grêle, sécheresse, intempéries, épidé-mies, insectes, etc.). Les aléas clima-tiques représentent, aujourd’hui, une problématique mondiale, du fait de leur ampleur et des pertes économiques qu’ils peuvent engendrer. Pour sa part, le marché des assu-rances agricoles n’offre pas de garan-ties suffisantes pour protéger les agri-culteurs contre ces aléas, notamment lorsque ceux-ci prennent un caractère catastrophique.Les pouvoirs publics ont souvent eu recours, pour couvrir les répercussions financières et économiques des crises agricoles, aux dérogations budgé-taires, afin de permettre aux agricul-teurs de reprendre rapidement leurs activités, dans le but de préserver les revenus et les emplois ruraux.Il faut dire que le FGCA, créé en 1990 pour gérer ces calamités, a été peu opérationnel, du fait de la complexité des procédures mais, aussi, du faible niveau des indemnisations, ce qui a amené les pouvoirs publics à lancer un processus de transfert de la gestion de ces risques calamiteux aux assureurs privés.Les pouvoirs publics, dans le but d’ac-compagner le développement de la politique agricole, ont mené des ac-tions visant à promouvoir l’assurance agricole et l’élaboration d’une stratégie globale de gestion de risques pour le secteur de l’agriculture. Dans ce contexte, un avant-projet de loi a été élaboré depuis quelques an-nées sous l’égide du Conseil National des Assurances (CNA), dont l’objectif principal est de mettre en place un dis-positif assurantiel, appuyé par l’Etat, permettant de sortir d’une logique d’in-demnisation des calamités agricoles, pour aller vers un système économique

assurantiel subventionné par l’Etat.Ce système assurantiel prévoyait une combinaison des risques, permettant l’intégration des garanties calamités agricoles dans des contrats multi-risques, incluant des garanties cou-vrant les risques habituellement propo-sés par les assureurs.Ce projet a été soumis au ministère des Finances et présenté au gouverne-ment pour examen. La mise en œuvre de ce projet aurait été, à mon sens, d’un grand apport pour le développe-ment du marché de l’assurance agri-cole dans le pays et aurait contribué à la rationalisation de l’utilisation des fonds de l’Etat après chaque calamité agricole.Ceci dit, dans tous les régimes d’assu-rance agricole à travers le monde, l’in-tervention publique est toujours néces-saire ; elle y joue un rôle central et peut se présenter sous différentes formes, surtout pour la correction des défail-lances du marché.

Quels efforts sont fournis par les assureurs pour adapter leurs pro-duits aux besoins des agriculteurs ?

Sur le marché de l’assurance agricole, beaucoup d’efforts sont fournis pour améliorer l’accompagnement des agri-culteurs. Des innovations sont en pré-paration pour redynamiser l’activité, à travers notamment la conception de produits d’assurance adaptés aux spé-cificités agricoles du pays.Dans ce cadre, les compagnies lea-ders sur le marché des risques agri-coles (CNMA et SAA) œuvrent dans ce sens et mènent, depuis quelques an-nées, des projets de conception et de mise sur le marché de nouveaux pro-duits élargissant la couverture actuelle à différents risques climatiques, tant pour les céréales en irrigué, que sur d’autres filières de production (arbori-culture, viticulture, grandes cultures…, etc.).

Le développement de l’assurance pa-ramétrique pour la couverture de cer-taines filières est, également, à l’étude et des réflexions sont en cours.Des efforts sont, ainsi, entrepris sur les filières animales pour la prise en charge de certains risques épidémiques ou, encore, la prise en charge de certaines productions spécifiques telles que l’ac-tivité aquacole.Il est important de souligner que l’agri-culture algérienne est de type tradition-nel (près de 50% des exploitations) et les produits d’assurance, actuellement disponibles sur le marché, sont adap-tés uniquement à cette frange de la population rurale. Avec l’avènement de l’agriculture mo-derne, il serait nécessaire d’adapter nos produits d’assurance, afin d’assu-rer l’accompagnement des producteurs notamment pour les grandes cultures et élevages industriels, en leur offrant des formules d’assurance combinées et adaptées à leurs spécificités tech-niques.Beaucoup d’efforts restent, également, à faire pour la prise en charge de cer-tains risques climatiques dits systé-miques tel que la sècheresse qui est difficilement assurable. L’agriculture algérienne étant fortement dépendante de la pluviométrie, il est impératif de chercher des solutions innovantes pour la prise en charge de ce type de risques.

Quels sont les types de production agricole (végétale ou animale) les plus touchés par les risques calami-teux ?

A vrai dire, les filières végétales et ani-males sont toutes les deux vulnérables, face aux risques et sont exposées à des aléas divers. Il est, cependant, admis que les risques climatiques sont les plus dévastateurs, étant plus fréquents, et prennent, de plus en plus, un caractère de catas-

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trophes pouvant causer des pertes de production importantes. Mais, si les catastrophes climatiques ont été large-ment étudiées, les catastrophes sani-taires l’ont été beaucoup moins.Les phénomènes climatiques suscep-tibles de causer des pertes dans les productions agricoles sont nombreux : la grêle, le gel, les inondations, le siroc-co et, surtout, la sécheresse qui de-meure un risque difficile à définir, du fait que ses effets peuvent se manifes-ter sur de vastes étendues, simultané-ment.Pour le cas de l’Algérie, les exploita-tions agricoles présentent un degré important de vulnérabilité, face aux risques climatiques, notamment le risque sècheresse avec des consé-quences désastreuses sur nos cultures, surtout les céréales qui représentent la principale production, de par son ex-tension et son impact socioécono-mique. L’élevage est tout aussi exposé aux risques climatiques (inondations, cani-cule), le fléau des insectes ravageurs (cas de criquets) mais, surtout, les risques de maladies qui peuvent, par-fois, prendre un caractère contagieux ou d’épizootie : l’ESB dans le monde, la grippe aviaire, la fièvre aphteuse, ou encore la peste des petits ruminants qui a sévi récemment, dans le pays, et qui menace toujours le cheptel national.

Avec le développement de l’aqua-culture et de la pisciculture, les as-sureurs offrent de nouveaux pro-duits y relatifs. Avez-vous dressé un premier bilan par rapport à ces pro-duits ?

Il faut dire qu’une forte demande de couverture a été enregistrée, ces deux dernières années, sur cette catégorie de risques, notamment à la faveur de la mise en œuvre du plan national de développement des activités de la pêche et de l’aquaculture et des dispo-

sitifs d’aide et d’accompagnement des projets d’investissements. Il est, toutefois, difficile de dresser un bilan, après seulement trois années du lancement effectif de ce produit. Le nombre de contrats réalisés demeure bien en deçà de nos attentes, au vu du potentiel assurable existant. A noter, également, que le principal de nos contrats sont souscrits via le canal bancaire, dans le cadre de la bancas-surance ; l’assurance étant un pré-re-quis pour l’octroi de crédit.Il faut garder à l’esprit que, pour faire vivre un tel produit d’assurance, il faut l’adhésion d’un grand nombre d’aqua-culteurs, l’existence de données statis-tiques fiables, une police adaptée aux spécificités des élevages de notre pays, une réassurance efficace mais, aussi, un coût de l’assurance acces-sible à tous.Il n’est pas sans intérêt de rappeler que l’activité aquacole est complexe et, surtout, nouvelle en Algérie, ce qui re-vient à faire appel à l’expertise des pays étrangers mais, aussi, à utiliser les compétences locales : Instituts techniques, bureaux d’études spéciali-sés et pluridisciplinaires, et le recours aux services du ministère de l’Agricul-ture.En termes de sinistralité, il s’agit d’une branche extrêmement volatile (surtout en Algérie) et les sinistres sont généra-lement importants, avec un caractère répétitif et de forte intensité, tant sur le cheptel que sur les équipements.Les élevages sont exposés à de mul-tiples aléas : intempéries, maladies, pollution et autres, mais il y a, aussi, le facteur humain qu’il ne faut pas négli-ger : le manque de maitrise des tech-niques d’élevage et de main-d’œuvre qualifiée peut s’avérer néfaste et peut être à l’origine de lourdes pertes.

Pensez-vous que le développement des assurances agricoles devra passer par le caractère obligatoire ?

A mon avis, rendre l’assurance obliga-toire ne va pas régler le problème, il suffit de prendre l’exemple de l’assu-rance Cat-Nat qui, en dépit de son ca-ractère obligatoire, ne parvient pas à atteindre la croissance souhaitée.L’agriculture est une activité particu-lière, de par son poids économique et social, le soutien de cette activité est, donc, nécessaire pour le maintien de la productivité agricole et, par consé-quent, du niveau de vie des popula-tions rurales à forte dominante agri-cole.Le développement du marché de l’as-surance demeure un outil pour le déve-loppement de ce secteur. Ceci passe par la création d’un environnement fa-vorable permettant l’émergence d’un marché fondé sur un partenariat privé/public.De façon générale, le taux de pénétra-tion de l’assurance agricole est forte-ment corrélé au soutien des pouvoirs publics. Autrement dit, plus les pou-voirs publics soutiennent les agricul-teurs, plus ces derniers souscrivent des polices d’assurances (selon une étude de la Banque Mondiale). C’est notamment le cas en Amérique du Nord, marché leader de l’assurance agricole. A contrario, c’est en Afrique, où les pouvoirs publics soutiennent le moins les assurances agricoles, que le chiffre d’affaires de cette branche est le plus bas.A mon avis, la participation des pou-voirs publics au financement des primes d’assurances, reste un moyen efficace pour rendre supportable le coût du risque et un moyen d’encoura-ger les agriculteurs à s’assurer. D’autres mécanismes peuvent être mis en œuvre, en parallèle, telle que la ré-activation du FGCA avec, bien enten-du, une redéfinition de son champ d’in-tervention.

K.A.B.

Dossier Assurances Agricoles

14 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

M. El Besseghi Mourad, expert financier

« Il faut une intervention mieux ciblée de l’Etat »

Revue de L'ASSURANCE : Comment évaluez-vous le développement de l'assurance agricole, en Algérie ?

M. El Besseghi Mourad : A voir les sta-tistiques, fournis par l’excellente Revue de L’ASSURANCE, les publications du CNA et les déclarations publiées dans la presse, il n’y a pas de progrès no-tables dans l’assurance agricole, mal-gré les efforts consentis par les assu-reurs. Il est vrai que des pesanteurs socioculturelles et l’absence d’un cadre réglementaire clair font obstacles pour le développement de ce segment.Pourtant, l’agriculture a toujours été prioritaire dans les politiques écono-miques de l’Algérie pour des raisons diverses, dont la recherche d’une sé-curité alimentaire, mais, aussi, l’énorme potentiel que recèle ce secteur à géné-rer des ressources externes par le biais des exportations, etc. N’a-t-on pas, souvent, entendu parler de l’Or Vert se substituant à l’Or Noir, allusion faite à cette volonté de remplacer progressi-vement nos ressources provenant du pétrole par des produits de l’agricul-ture.Selon différentes sources, l’agriculture représente 12,7% du PIB et occupe 9% de la population active. Le secteur traditionnel domine avec des tech-niques peu évoluées et des moyens en

inadéquation avec les exigences ac-tuelles. L’Etat a mobilisé des sommes colossales, par le biais des aides, des crédits bancaires, des subventions du Trésor public, des effacements de dettes, des facilitations pour les impor-tations d’inputs et de matériel, etc. Ces moyens financiers et autres ont été consentis et accordés, pour encoura-ger ce secteur à se moderniser et boos-ter la production végétale et animale. Les résultats obtenus sur le terrain sont très loin de ceux escomptés et totale-ment disproportionnés par rapport aux moyens mobilisés.Mais, en dehors de cela, c’est un sec-teur qui est naturellement et fortement exposé aux risques particuliers concer-nant les cultures (catastrophes clima-tiques, maladies diverses, séche-resse,…). Mais, le faible engouement des agriculteurs à assurer leur patri-moine, leur exploitation, leur bétail, leur culture et plantation… est inversement proportionnel à l’ampleur des menaces qui pèsent sur eux.Sur environ un million d’exploitants, 20% seulement sont couverts par des assurances agricoles, le reste navigue à vue, prenant d’énormes risques. A chaque fois qu’il y a une catastrophe, l’exploitant reçoit un coup dur, compro-mettant clairement son avenir et la continuité de son exploitation. Com-

bien d’apiculteurs, d’éleveurs, d’agri-culteurs… ont vu leur récolte partir en fumée dans les nombreux incendies qui se sont déclenchés cette année ? Les assurances n’ont pu les soutenir parce qu’ils n’étaient pas couverts. Dans l’agriculture, la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) contrôle les trois quarts du portefeuille de ce secteur qui totalise des primes esti-mées à 3,4 milliards de dinars sur les 143 milliards (2018), soit 2,4% du mar-ché des assurances. Autant dire que devant les autres risques couverts par les produits d’assurances (véhicules, industrie,…) c’est insignifiant, alors que le gisement est important.Le quasi-monopole de fait, exercé par la CNMA, est peut-être un élément contrariant le développement des as-surances agricoles, puisqu’en l’ab-sence de compétition, il y a forcément moins de stimulation à conquérir des parts de marché.

Dans cet entretien, l’expert financier M. El Besseghi Mourad livre, aux lecteurs de la Revue de L’ASSURANCE, son impression sur le développement de l’assurance agricole en Algérie ainsi que sur les raisons qui font que les agriculteurs ne donnent pas trop d’importance à cette assurance

Entretien réalisé par Fatiha Aïd

Dossier

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D’autres sociétés publiques et privées (CAAT, CAAR, GAM) envisagent de s’y investir en présentant de nouveaux produits qui collent mieux aux besoins, notamment dans l’élevage bovin et ca-prin où les maladies ont fait des ra-vages, ces dernières années.

Quels avantages pour les agricul-teurs ?Il est indéniable que l’exploitant agricole a besoin de se protéger des inévitables catastrophes naturelles. Qu’il s’agisse de végétaux ou d’animaux, de l’exploi-tation ou de l’agriculteur lui-même, le risque auquel il est exposé est omnipré-sent et pouvant survenir à tout moment. Pour s’en prémunir, il lui est nécessaire de souscrire à une assurance adaptée pour pérenniser son activité.Il y a également les mauvaises récoltes, en cas de survenance d’aléas clima-tiques, des maladies qui peuvent affec-ter gravement le cheptel, etc. Les dom-mages et dégâts peuvent être d’une telle importance que le fellah se trouve-rait subitement dans l’incapacité de se relever. L’avantage de s’assurer est de disposer d’une indemnisation, en cas de sinistre, est un atout considérable qui peut lui permettre de rebondir.

Les compagnies d'assurances enre-gistrent peu d'engouement des agri-culteurs malgré les offres multiples. Pourquoi, à votre avis ?Au vu du volume d’affaires « Assu-rances agricoles » qui est capté et qui est évalué à 2,4% par rapport au total des primes totales collectées par les assureurs, d’une part, et au regard du faible taux de pénétration dans ce sec-teur, d’autre part, on conclut logique-ment qu’il y a un sérieux problème de communication. En effet, par tradition et coutume, l’agri-culteur algérien gère le risque à sa manière. Par exemple, il préfère garder un actif sous la main (cheptel, matériel, récolte, etc.) qu’il vendra, en cas de

coup dur. Il favorise le développement d’une autre activité, en parallèle, qui n’est pas soumise aux mêmes aléas, afin de diluer le risque global. Il s’auto-assure en quelque sorte.L’assurance n’est encore ancrée dans l’esprit du fellah. Il n’en tient pas compte, lorsqu’il calcule ses coûts d’exploitation prévisionnels. Il contracte une assurance lorsqu’il est contraint de le faire, par exemple pour demander un crédit ou pour s’introduire auprès d’une administration qui lui exige cette formalité. Il s’assure, plutôt, pour ré-pondre à une exigence administrative qu’à un besoin qui découle de la bonne gestion et de la prévoyance.Il faut dire, aussi, que les compagnies font certainement beaucoup de marke-ting et de démarchages de proximité, mais les résultats sont, encore, faibles ce qui indique que ce travail manque d’efficacité et doit être révisé et ajusté.Si l’agriculteur ne perçoit pas l’utilité et si l’assureur ne se présente pas comme un accompagnateur mais comme un simple percepteur de fonds, alors l’agriculteur ne viendra pas, spontané-ment, pour souscrire une assurance.En cas de sinistre, les indemnisations n’arrivent pas souvent au bon moment et les mauvais exemples que l’exploi-tant a, autour de lui, ne sont pas de nature à favoriser le développement de cette pratique qui consiste à aller s’as-surer contre les risques encourus.Du coup, l’agriculteur ne contracte une police d’assurance pour se couvrir contre un risque que lorsqu’il a l’assu-rance que les éventuelles indemnisa-tions sont supérieures aux primes qu’il verse à son assurance.Ceci peut être, également, la source de fausses déclarations de sinistres pour encaisser une indemnisation consé-quente, ce qui contraint les assureurs à procéder à des vérifications pour fonder des certitudes. Ceci augmente les pro-cédures et allonge les délais de traite-ment et les éventuelles indemnisations.

Cette faible pénétration est-elle due au manque de culture d'assurance, chez les agriculteurs, ou au manque d'information ?L’agriculteur est resté sur le même mo-dèle qu’avant, alors que les règles du marché imposent de posséder, toutes proportions par ailleurs égales, les mêmes compétences managériales qu’un petit entrepreneur, dans le sec-teur industriel ou celui des services. Outre la maitrise des techniques agri-coles, il doit disposer de connaissances dans le domaine de la gestion.

Que faire pour que l'agriculteur souscrive une assurance agricole ?Il faut, impérativement, la conjonction d’actions réparties sur trois axes. D’abord, revoir et actualiser le cadre législatif qui encadre les assurances agricoles, à l’instar de l’assurance contre les effets des catastrophes na-turelles (Cat-Nat) mise en place après le séisme de Boumerdès, en 2003. Ensuite, rendre obligatoire certains produits d’assurances qui sont néces-saires et qui éviteront à l’Etat de recou-rir au Trésor public, en cas de catas-trophes climatiques. Il faut, aussi, élargir le spectre des produits couverts, en offrant des produits d’assurance plus variés et plus adaptés à la de-mande avec des prix suffisamment ré-munérateurs pour les assureurs, mais à un coût raisonnable pour la souscrip-tion. Le travail de proximité des assu-reurs, en termes de sensibilisation et d’information, est, également, à recon-sidérer, puisqu’il n’a pas donné les ré-sultats escomptés. Enfin, il faut deman-der à l’Etat une intervention mieux ciblée, en ce qui concerne les aides et, en particulier, le soutien aux assu-rances, en couvrant une partie de la prime. Ce soutien viendrait en substitu-tion aux fonds de l’Etat accordés après chaque calamité naturelle.

F.A.

Dossier Assurances Agricoles

16 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Entretien réalisé par Rym Bouzidi

M. Fekkar Nour-Eddine, Directeur Central Engineering, Crédit et Risques Agricoles à la CAAT

« L’accompagnement du secteur agricole fait partie de nos missions »Le potentiel agricole existant en Algérie est énorme. Le secteur de l’Agriculture réalise annuellement des taux de croissance assez importants. Pour accompagner ce potentiel, la Compagnie algérienne des assurances (CAAT) s’est lancée en Janvier 2018, dans l’assurance agricole. Elle compte percer dans ce segment pour satisfaire les besoins de ses clients mais aussi participer efficacement au développement économique du pays.

Revue de L'ASSURANCE : Quelles sont les raisons ayant poussé la CAAT à se lancer dans les risques agricoles ?M. Fekkar Nour-Eddine : Pour com-prendre pourquoi la CAAT s’est-elle lancée dans la couverture des risques agricoles, je pense qu’il est utile d’avoir

un aperçu sur le secteur agricole lui-même.La superficie agricole totale (SAT) en Algérie dépasse les 42 millions d’hectares. La superficie agricole utile (SAU) dépasse, quant à elle, les 8 millions d’hectares, soit 20% de la SAT et 3,6% de la superficie globale du pays. Cela veut dire qu’il y a beaucoup de terres qui ne sont pas encore exploitées.La production végétale, en Algé-rie, a été de plus de 35 millions de quintaux, pour ce qui est de la cé-réaliculture, durant l’exercice 2014-2015. Depuis, elle n’a pas cessé de croitre pour atteindre les 60 millions de quintaux, cette an-née. Cela va permettre à l’Algérie d’économiser un milliard de dol-lars d’importations, selon des esti-mations officielles.On a également créé des pôles agricoles pour encourager les fi-

lières stratégiques. Ce genre de me-sures et de réalisations va, certaine-ment, avoir un impact direct sur les assureurs. Car si on produit plus, on va assurer plus. Et c’est en partant de ce constat que la CAAT s’est lancée dans l’assurance agricole qui permet, non

seulement de protéger et de sécuriser les agriculteurs, mais aussi d’accom-pagner le développement agricole et économique en Algérie et bien prépa-rer l’ère de l’après-pétrole.D’autre part, nous avons des clients assurés pour les risques industriels et qui ont créé des filiales agricoles qu’ils veulent également assurer chez la CAAT. Accompagner nos clients et les fidéliser davantage est l’autre raison qui nous a encouragés à nous lancer dans l’assurance agricole.

L’implication de la CAAT dans l’as-surance agricole obéit-elle à une lo-gique purement commerciale où fait-elle suite à des instructions de la part des pouvoirs publics ?

Le lancement dans telle ou telle branche d’assurance est un choix sou-verain d’une compagnie commerciale comme la nôtre. C’est vrai que l’ac-compagnement du secteur agricole en Algérie fait partie de nos missions, mais il s’agit, d’abord, d’un choix com-mercial qui s’inscrit dans notre straté-gie de développement.En plus, nous avons certains risques, qui ont connu une baisse en termes de

Dossier

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chiffre d’affaires, due au ralentisse-ment et le gel de certains projets d’in-vestissement public en Algérie. Et le fait de se lancer dans d’autres seg-ments nous permettra de compenser la baisse de certaines branches déjà dé-veloppées chez la CAAT, mais dont la croissance dépend parfois de facteurs exogènes.

Malgré ce potentiel agricole et mal-gré la contribution importante du secteur agricole dans le PIB algé-rien, les assurances agricoles ne représentent qu’une infime partie du marché des assurances en Algérie. Pourquoi, selon vous ?

Effectivement. A la fin 2018, la produc-tion du marché des assurances a été de plus de 142 milliards de DA (+2,2% par rapport à 2017). L’assurance agri-cole a réalisé un chiffre d’affaires de près de 2,5 milliards de DA, en baisse de 5% par rapport à 2017 et avec une part de marché ne dépassant pas les 2% du marché global des assurances.Les assurances agricoles ont, donc, régressé au moment où le marché des assurances évoluait (+2% en 2018). En 2018, l’assurance animalière, avec un chiffre d’affaires de 609,37 millions de DA, a enregistré une baisse de 17%. L’assurance du matériel agricole a régressé de 5,6%, avec un chiffre d’affaires de 677,86 millions de DA. Seule l’assurance Végétale est restée stable avec des primes totalisant 629,3 millions de DA. La RC Agriculture a, pour sa part, reculé de 17,3%. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, notamment la baisse des prêts bancaires accordés pour l’achat du matériel agricole et la baisse d’im-portation des bovins.Les indemnisations relatives à ces as-surances ont, par contre, évolué, vu le nombre important des dégâts causés par les maladies de la fièvre aphteuse et de la peste des petits ruminants.

Les indemnisations ont progressé de 6% par rapport à 2017, avec un chiffre de plus d’un milliard de DA, soit 44% du chiffre d’affaires de la branche.Vous voyez bien que l’Assurance agri-cole dépense en indemnisations (1 mil-liard de DA en 2018) presque la moitié de son chiffre d’affaires (2,5 milliards de DA) !

Pour ce qui est du stock à régler, il porte sur un montant global de 228,8 millions de DA (+6% par rapport à 2017). La cadence des règlements des sinistres agricoles a été de 82,5% en 2018 (-0,3% par rapport à 2017).Maintenant, pour comprendre pourquoi les assurances agricoles ne pro-gressent pas comme il se doit, il faut regarder du côté du dispositif d’assu-rance des calamités agricoles, à savoir le FGCA, mis en place par l’Etat en 1990 (créé par la Loi de Finances 1988 et institué par le décret exécutif N° 90-158 du 26/5/1990).Ce Fonds, qui fonctionnait normale-ment avant d’être gelé en 2000, incitait les agriculteurs à souscrire une assu-

rance agricole. En 2012, les pouvoirs publics ont procédé à une refonte de ce Fonds, par la suppression de l’obli-gation de souscrire une assurance agricole auprès des assureurs de la place. Cette décision a été une erreur qui a engendré une régression du chiffre d’affaires de la branche et a poussé, ainsi, les agriculteurs à tourner le dos à l’assurance.

Quel bilan pour la CAAT et quels sont vos objectifs en termes de chiffre d’affaires pour cette branche ?

A ce stade, il est encore tôt pour faire un bilan. Nous nous sommes lancés dans l’assurance agricole il y a moins de deux ans. Nous avons, donc, pris le temps qu’il faut pour communiquer et former notre réseau sur ce nouveau risque par rapport à notre compagnie.Nous allons poursuivre ces formations pour arriver à la maîtrise de ce seg-ment d’assurance, afin de préparer nos collaborateurs pour mieux servir l’agri-culteur.

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Après avoir eu le dernier visa pour lan-cer onze produits d’assurances agri-coles, en décembre 2017, nous avons mis en place, dès janvier 2018, une Sous-direction des risques agricoles rat-tachée à la Direction Engineering et diri-gée par un ingénieur en agronomie.Nous avons lancé cinq produits d’assu-rances végétaux, à savoir l’Assurance grêle, l’Incendie des récoltes et les multirisques Serres, Pomme de terre et Palmiers dattiers ; quatre produits d’Assurance Animaliers, à savoir les multirisques Bétails, Avicole, Apicole et Aquacole ; ainsi que trois produits di-vers (l’exploitation agricole et le Maté-riel agricole roulant).Notre objectif est de décrocher pro-gressivement une part de marché des assurances agricoles. Si l’on arrive à atteindre 5 à 10 %, dans cinq années, ça serait un bon résultat pour notre compagnie.Cela dit, nous avons quand même réa-lisé à ce jour un chiffre d’affaires mo-deste mais encouragent.

En tant qu’assureur, comment conce-vez-vous une « bonne réforme » du dispositif d’assurance des calamités agricoles ?

Il suffit de regarder ce qui se fait ailleurs. Les pays, tels que les Etats Unis, la France, l’Espagne et même nos voisins ont un dispositif d’assurance de calami-tés agricoles qui offre à l’assureur une subvention étatique directe d’une partie des primes d’assurance, ce qui permet de soulager l’agriculteur qui se voit payer une prime moins chère.Au niveau du Conseil National des As-surances (CNA), nous avons justement demandé à revoir le dispositif d’assu-rance des calamités agricole actuel, et de relancer le projet qui a été élaboré par un comité d’orientation au sein du CNA, en 2010, et ce, dans l’objectif d’encourager les agriculteurs et les as-sureurs. Ce qui va contribuer sûrement

à accroitre le taux de pénétration de cette branche d’assurance.

Les niveaux des primes de l’assurance agricole, combien ça coûte en fait ?

Voici à titre d’exemple quelle serait la prime de certains produits d’assu-rances, végétaux, animaliers et autres. Je vais vous donner une idée. La prime d'assurance du risque "Incen-die des récoltes", d’une exploitation agricole comportant trois parcelles de 65 hectares de blé dur avec une pro-duction de 30 quintaux par hectare, serait de 76.000 DA (H.T), soit 91.000 DA en incluant les taxes et acces-soires.Il s’agit évidemment d’un tarif commer-cial remodelé. Sachant qu’il n’y a au-cune franchise et que le rembourse-ment, en cas de sinistre, couvre la totalité de la parcelle sinistrée.Pour les serres, un agriculteur qui a assuré (40) serres tunnels de 50mx8m, sans cultures végétales, pour une va-leur de 15 millions de DA, la prime d’assurance nette peut atteindre les 141.000 DA. Et il faut savoir que l’in-demnisation se fait à hauteur de 90% (une franchise de 10%).Concernant le produit d’élevage bétail, dans le cas illustratif d’un éleveur qui assure 93 vaches laitières, pour une valeur totale de plus de 41 millions de DA, sachant que la valeur d’une seule vache laitière se chiffre entre les 300.000 à 400.000 DA, en plus d’un bâtiment et du matériel, la prime nette peut avoisiner 1,245 million de DA. Une prime qui couvre 93 vaches, mais dont le prix équivaut à la valeur de trois vaches seulement.En ce qui a trait à l’assurance du Maté-riel agricole roulant en formule « tous risques » (tracteur neuf), en plus du matériel d’attelage, d’une valeur de 16,7 millions de DA, sa prime avoisine les 229 000 Dinars.

R.B.

M. Boulenouar Hadj Tahar, Président de l’ANCA

« Les chambres de l’agriculture doivent être impliquées »

Revue de L'ASSURANCE : Les as-surances agricoles, en Algérie, connaissent une faible affluence de la part des agriculteurs, en dépit du nombre important de produits pro-posés sur le marché. Pourquoi à votre avis ?

Dans cet entretien, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) donne son avis sur la situation de l’assurance agricole ainsi que sur les raisons qui font que les agriculteurs s’orientent timidement vers l’assurance agricole.

Entretien réalisé par Fatiha Aïd

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M. Boulenouar Hadj Tahar : La problé-matique de l’assurance agricole a été soulevée, à maintes reprises, soit par les compagnies d’assurances ou par les professionnels, mais aussi par les agri-culteurs, eux-mêmes. Nous, au niveau de l’ANCA, nous cô-toyons, surtout, les éleveurs et nous connaissons leurs préoccupations et celles des agriculteurs, en général, pour ce qui est de l’assurance. Nous savons que les agriculteurs font face, chaque année, aux aléas climatiques, les inondations, les feux de forêt, etc. Par voie de conséquence, des pertes énormes de productions sont relevées, sachant que la majorité des agricul-teurs ne sont pas assurés. Les raisons avancées concernent, surtout, les primes d'assurance, jugées élevées par les agriculteurs ainsi que l'inadap-tation des types d'assurance avec la nature de l'activité agricole.Il y a, également, le manque de sensibi-lisation et de communication de la part des compagnies d’assurances, ce qui entretient le manque de culture d’assu-rance chez les agriculteurs. Il faut savoir que la majorité des agriculteurs n’ont pas le niveau scolaire suffisant pour s’adapter aux nouvelles technologies et connaitre les produits des compagnies d’assurances. Par exemple, près de 60% des éleveurs ne sont pas assurés. L'absence d'informations sur les pro-duits d'assurances explique, pour beau-coup, le manque de souscription des

agriculteurs aux polices d'assurances.

Malgré leur caractère non obliga-toire, les assurances agricoles sont indispensables pour mettre les acti-vités agricoles à l'abri de nombre de risques comme les inondations, le froid, le verglas, les incendies, les tempêtes, la sécheresse et autres et assurer leur pérennité et leur élar-gissement, à l'avenir. Quelle stratégie faut-il adopter, à votre avis, pour amener plus d’agri-culteurs à s’assurer ?

D’abord, les compagnies d’assurances doivent trouver les bonnes méthodes pour se rapprocher d’avantage des agri-culteurs. Je ne parle pas des méthodes utilisant les nouvelles TIC. Mais, il faut se déplacer et se rapprocher davantage des agriculteurs, les sensibiliser et leur expliquer l’utilité des produits de sous-cription. Par exemple, au niveau de l’ANCA, nous pensons que les chambres d’agriculture doivent être im-pliquées dans l’assurance agricole.Nous suggérons que les compagnies d’assurances signent des conventions avec ces chambres qui connaissent mieux le terrain et les besoins des agri-culteurs et qui peuvent, aussi, les sensi-biliser. Chez l’ANCA, nous avons signé des conventions avec différentes socié-tés d’assurances, afin de rapprocher les commerçants de ce secteur.

Souscrire à une assurance agricole peut éviter aux agriculteurs plu-sieurs pertes. Quels sont les avan-tages de cette assurance pour le secteur ?

D’abord, il faut comprendre que les compagnies d’assurances présentent plusieurs avantages, dans ce sens : un taux de remboursement rapide, des fois des remboursements à 100%, comme c’est le cas pour la CNMA qui est d’ail-leurs une société spécialisée dans l’as-surance agricole. La compagnie pro-pose d’ailleurs plusieurs produits, on parle d’une bonne centaine de produits, y compris ceux dont les agriculteurs se plaignent de leur indisponibilité. Il s'agit de l'assurance de la production végé-tale qui comprend les assurances multi-risques, contre le froid et les incendies ainsi que l'assurance des pépinières, du réseau hydraulique, des arbres fruitiers et les assurances multirisques pour les productions animales. En conclusion, au niveau de l’ANCA, nous appelons à davantage de coordination entre les chambres d’agriculture et les compa-gnies d’assurances et à la sensibilisa-tion des agriculteurs à l'importance de l'assurance agricole, à travers les agences de la CNMA et des autres compagnies d’assurance et les chambres d’agriculture des wilayas.

F.A.

M. Boulenouar Hadj Tahar, Président de l’ANCA

« Les chambres de l’agriculture doivent être impliquées »Dans cet entretien, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) donne son avis sur la situation de l’assurance agricole ainsi que sur les raisons qui font que les agriculteurs s’orientent timidement vers l’assurance agricole.

ANEP

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Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 21

Entretien réalisé par Rym Bouzidi

M. Kharoubi Mohamed, Directeur de la régulation agricole au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche

« L’assurance est indispensable pour développer le secteur agricole en Algérie »

Revue de L'ASSURANCE : Le sec-teur agricole participe énergique-ment à la croissance du PIB algé-rien. Il emploie, à fin 2018 selon l’ONS, plus d’un dixième de la popu-lation active et recèle d’énormes potentialités. En revanche, l’assu-rance agricole reste à la traine du marché des assurances, avec une part de marché de 2% à peine. Que fait le ministère pour faire face à cette situation paradoxale ?

M. Kharoubi Mohamed : La couverture de l’assu-rance agricole ne reflète pas effectivement les po-tentialités de l’activité agricole en Algérie. Cela est dû à plusieurs fac-teurs, dont la réticence des agriculteurs, la croyance religieuse et les lourdeurs dans l’indemni-sation enregistrées dans le passé.Notre ministère est conscient de l’importance de l’assurance pour dé-velopper l’activité agri-cole et sécuriser les agri-culteurs.

Une vingtaine de Conseils interprofes-sionnels du secteur (CNIF) ont été créés, récemment, et ont signé, pour la plupart d’entre eux, des conventions avec la CNMA pour que cette Caisse d’assurance, qui a réussi à s’implanter progressivement à travers tout le terri-toire national, facilite la contraction d’assurances par les agriculteurs et les éleveurs.

En plus de la CNMA, d’autres banques et compagnies d’assurances accom-pagnent, aujourd’hui, les agriculteurs en matière d’assurance, à travers les crédits d’investissement agricole et les couvertures des risques agricoles et ceux liés aux catastrophes naturelles.Pour ce qui concerne la CNMA, quelque 250.000 hectares ont été as-surés par 10.000 agriculteurs durant le premier semestre 2019.Pour la céréaliculture, uniquement, nous avons enregistré, durant la même période, 8.000 céréaliculteurs assurés sur les 600.000 en activité.Ce sont des chiffres qui ne reflètent pas, évidement, les potentialités du secteur.Mais, avec les dégâts importants cau-sés, annuellement, par les aléas clima-tiques, les maladies, la sécheresse, les feux de forêts… nous sommes, plus que jamais, déterminés à renforcer nos efforts de sensibilisation et d’accompa-gnement des éleveurs et des agricul-teurs pour les attirer davantage vers l’assurance. Car nous sommes conscients que cette dernière est indis-pensable pour garantir et développer l’activité agricole.

Dans cet entretien, le Directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, M. Kharoubi Mohamed, revient sur les efforts engagés par l’Etat pour accompagner l’agriculture et les agriculteurs. Même s’il écarte la possibilité d’aller, rapidement, vers une subvention des assureurs, il reconnait que l’assurance reste un levier important pour le développement agricole en Algérie, d’où la détermination du ministère à fournir plus d’efforts pour aider à la réorganisation de l’assurance agricole et susciter, ainsi, l’attrait des agriculteurs vers ce marché.

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22 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

L’indemnisation des agriculteurs suite aux calamités agricoles est coûteuse pour l’Etat….

Bien sûr que oui ! A titre d’exemple, pour relancer l’activité agricole, après les feux de forêt de 2017, l’Etat avait mobilisé 104 millions de DA dans le cadre du Fonds National de Dévelop-pement agricole (FNDA) et 672 millions de DA dans le cadre du Fonds National de Développement Rural (FNDR).En 2018, plus de 216 millions de DA ont été mobilisés dans le cadre du FNDA pour l’achat de 21 millions de doses de vaccins contre la peste des petits ruminants.

Mais, concrètement, qu’est ce que vous êtes en train de faire pour moti-ver les agriculteurs et les sensibili-ser sur l’importance de l’assurance ? Pour ce faire, nous comptons beaucoup sur la CNMA, surtout après l’informati-sation de l’ensemble de ses antennes, permettant de réduire sensiblement les délais d’indemnisation. On l’a d’ailleurs constaté, avec la maladie de la peste des petits ruminants et celle de la fièvre aphteuse : les agriculteurs assurés, ont bénéficié, en plus de l’indemnisation de l’Etat, de l’assurance de la CNMA, ce qui

leur a permis de reprendre l’activité rapidement.Nous comptons, aussi, sur les CNIF. Une chose est sûre : le ministère est dé-terminé à accompagner les agriculteurs organisés pour contracter des assurances.

Le dispositif régissant le Fonds de garantie des ca-lamités agricoles (FGCA) a été amendé, en 2012. Quel est l’importance que revêt actuellement ce Fonds ?

Il faut savoir que l’interven-tion du Fonds de garantie des calamités agricoles est conditionnée par la décla-ration du sinistre par les autorités lo-cales, à savoir le Wali ou le ministère de l’Intérieur. C’est une condition pour per-mettre aux agriculteurs de bénéficier d’indemnisations, à la suite de dom-mages causés par les calamités natu-relles, comme cela a été le cas pour les feux de forêts, il y a deux ans, ou pour les dernières inondations en date.C’est une intervention bien limitée. C’est pour cette raison qu’on invite les agriculteurs à adhérer à l’assurance.

Les assureurs de la place ont élabo-ré un nouveau dispositif relatif aux calamités agricoles, qui propose, entre autres, que l’Etat subventionne l’assurance pour encourager les as-sureurs et les agriculteurs. Qu’en est-il de ce dispositif ? A-t-il été re-mis au ministère ?

Effectivement, ce dispositif est en cours d’élaboration et, une fois finalisé, il sera remis au ministère et au Gouver-nement. Nous sommes conscients de la nécessité de réorganiser l’assurance agricole. Sinon, pour la question de la subvention, elle n’est pas à l’ordre du jour maintenant.

Le Gouvernement ne trouve-t-il pas utile d’accompagner financièrement les sociétés d’assurances pour les motiver à s’investir davantage dans l’assurance agricole, sachant qu’il s’agit de risques très couteux, en cas de sinistres ?

L’assurance agricole est bien prise en charge actuellement par la CNMA qui offre beaucoup de facilités aux agricul-teurs. Pour faire mieux, il ne s’agit pas de subventionner l’assurance mais d’accen-tuer la sensibilisation auprès des agricul-teurs. Après la signature des accords avec les CNIF, des conventions simi-laires seront, prochainement, signées avec les Conseils de wilayas (CWIF). Ca va permettre à l’assurance d’être plus proche de l’agriculteur.

Qu’en est-il des autres assureurs activant sur le marché…

L’essentiel du marché de l’assurance agricole est pris en charge par la CNMA. Les autres assureurs, s’ils veulent s’in-vestir dans ce créneau, n’ont qu’à lan-cer des produits concurrentiels.

Une assurance agricole obligatoire, à l’instar de la Cat-Nat par exemple, est elle envisageable ?

Non ! L’acte d’assurance est un acte volontaire, on ne peut pas obliger un agriculteur à aller assurer sa vache ! C’est vrai que la Cat-Nat est obliga-toire, mais il faut voir si elle l’est effecti-vement sur le terrain... Les gens contractent une assurance contre les effets des catastrophes na-turelles soit quand ils vont louer un bien immobilier, soit pour vendre un bien. Mais, ils ne le font pas systémati-quement. On ne peut pas rendre l’as-surance obligatoire.

R.B.

Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 23

Entretien réalisé par Rym Bouzidi

M. Manseur Aïssa, expert consultant en agriculture

« L’Etat a soutenu l’Agriculture mais n’a pas pensé à soutenir la protection des cultures ! »

Revue de L'ASSURANCE : Le sec-teur agricole en Algérie représente près de 12% du PIB. Malgré cette participation relativement impor-tante à la croissance du pays, ce secteur reste très peu couvert par l’assurance dont le taux de pénétra-tion reste très faible. Cette « résis-tance » à l’assurance est due à quoi, selon vous ?

M. Manseur Aïssa : L’assurance agri-cole est le parent pauvre du marché des assurances en Algérie, sa part ne peut excéder 1% du chiffre d’affaire to-tal réalisé par les compagnies d’assu-rances, toutes branches confondues. Le chiffre d’affaire des assurances agricoles a baissé de 5,8% durant l’exercice 2018.

Le résultat comptable de la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA), qui détient plus de 80% du marché de l’as-surance agricole, fait ressortir un taux de souscription qui n’ex-cède pas 3,1%.On peut parler de résistance, si on exerçait une pression sur ces agriculteurs, mais je pense que le travail qui se fait sur le terrain pour sensibiliser l’agriculteur et lui faire avaler « l’appât » est in-suffisant. Etant donné que l’as-surance agricole n’est pas obli-gatoire et ne peut jamais l’être, la chasse aux « assurés » doit se faire avec un personnel spé-cialisé et avec des outils adap-

tés à la mentalité des agriculteurs qui n’ont pas la culture de la prévoyance comme il peut être également un pro-blème religieux, mais la sensibilisation adéquate et les mesures tangibles peuvent dissiper certaines inquiétudes chez l’agriculteur qui cherche, en der-nier lieu, à se procurer du gain et inten-sifier ses activités.

M. Manseur Aïssa est un expert en Agriculture. Ingénieur d'État en Agronomie, il gère un bureau d'études et de consulting en techniques agricoles et environnement. Approché par la Revue de L’ASSURANCE pour faire l’analyse du marché des assurances agricoles en Algérie, il pointe du doigt une sensibilisation insuffisante des agriculteurs quant à l’enjeu de souscrire une assurance. Pour lui, l’implication des experts en la matière et l’utilisation de nouveaux outils adaptés à la mentalité des agriculteurs sont plus que nécessaires pour développer ces assurances. Objectif : passer d’un état d’esprit où l’assurance illustre un acte purement administratif à un autre où elle constitue un acte économique.

Dossier Assurances Agricoles

24 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Selon certains assureurs, l’abroga-tion, en 2012, de l’obligation d’assu-rance pour les agriculteurs bénéfi-ciant du soutien de l’Etat, dans le cadre du Fonds de Garantie des Ca-lamités Agricoles (FGCA), a partici-pé à la régression des assurances agricoles. Pensez-vous qu’il est utile de revenir sur cette abrogation ?

Le Fonds de Garantie contre les Cala-mités Agricoles (FGCA) a été créé par la Loi de Finances 1988 et institué par Décret exécutif n° 90-158 du 26 mai 1990. Les missions de ce Fonds de garantie étaient d’encourager les assurances et l’indemnisation des risques non assu-rables, à condition que l’agriculteur ait souscrit une police d’assurance pour un risque agricole assurable. Après plus de dix années de fonctionnement, ce Fonds a connu un certain nombre de dysfonctionnements, ce qui a conduit à son gel, en l’an 2000. Dans tous les cas de figure, l’agriculteur ne souscrit une police d’assurance que pour bénéficier du soutien de l’Etat ou pour avoir un crédit bancaire, c’est-à-dire, pour lui, l’assurance est un acte purement administratif alors que pour espérer le développement de ce sec-teur, il est primordial que l’acte de s’as-surer soit perçu comme étant un acte économique. L'exclusion des calamités agricoles du dispositif d'assurance des catastrophes naturelles et le gel par les pouvoirs publics du Fonds de garantie des calamités agricoles (FGCA) mène, obligatoirement, à la mise en place d'un dispositif adéquat pour assurer l’activité agricole. Pour que la nouvelle mouture du FGCA soit efficace et bé-néfique, on doit corriger le dysfonction-nement de la version précédente, afin que le Fonds ne soit pas qu’un moyen de distribuer la rente mais, un moyen de développement du secteur agricole, en préservant les agriculteurs et en leur évitant la faillite.

En sus de la CNMA, d’autres compa-gnies d’assurances, en Algérie, se sont lancées dans l’assurance agri-cole. La concurrence serait-elle un élément d’encouragement de ce marché ?

Le marché des assurances agricoles est totalement dominé par la CNMA (Caisse National de Mutualité Agricole) et malgré l’ouverture du marché à la concurrence, la part de marché des sociétés à capitaux privés ne peut, en aucun cas, dépasser les 9 ou 10%. Selon la Note statistique du Conseil national des assurances, au 4ème tri-mestre 2018, la part des assurances agricoles ne représente que 2% du chiffre d’affaires des assurances, toutes branches confondues, et même le chiffre d’affaires du leader de l’assu-rance agricole, la CNMA en l’occur-rence, est représenté notamment par d’autres branches d’assurances que celle agricole. C’est là où nous pou-vons constater le marasme dans lequel se trouve l’assurance agricole. En constatant les parts minimes de l’assu-rance agricole dans les bilans des dif-férentes compagnies d’assurances, on se rend compte que, pour l’instant, au-cune de ces compagnies n’a pu péné-trer ce segment dont elles n’ont pas encore trouvé « le sésame » pour convaincre les agriculteurs à souscrire des polices d’assurance.

L’assurance est-elle coûteuse pour les agriculteurs ? Est-elle encore plus coûteuse pour les assureurs, en cas de sinistre ?

Oui, l’assurance est couteuse pour les agriculteurs. En sus, elle ne couvre pas tous les risques que leurs cultures en-courent. Si le sinistre frappe plusieurs assurés durant la campagne, l’assu-reur déboursera davantage pour les indemniser mais, la « mutualité » peut alléger les dépenses de l’assureur. Un

nombre important d’assurés peut ré-conforter la caisse de l’assureur comme il peut, également, l’alourdir en cas d’un sinistre qui touche la majorité des assurés.

Pensez-vous que la coassurance peut aider à développer ce marché, notamment pour ce qui est des cala-mités agricoles ?

Dans le monde des assurances, la coassurance signifie division des risques permettant aux compagnies d’assurer, ensemble, certains gros risques qui peuvent s’avérer très dom-mageables. Une situation qui peut mettre en péril la situation financière d’une compagnie d’assurance. En d’autres termes, assurer, ensemble, certains risques pour limiter les indem-nisations de gros sinistres.Je vois mal la pertinence d’un tel mo-dèle d’assurance, vu que nos exploita-tions agricoles sont de petite taille, dans leur majorité, et les gros risques ne peuvent surgir que lorsqu’il s’agit de calamités qui touchent toute une région agricole. La souscription d’une police d’assurance d’une exploitation agricole de 10 ou 15 ha ne nécessite jamais l’intervention de plusieurs compagnies d’assurances. Pour les calamités, l’in-tervention de l’Etat est incontournable parce que ce ne sont pas tous les risques qui sont assurés. En plus, les sinistres probables ne peuvent, en au-cun cas, être tous assurés.

Les expériences internationales, en matière d’assurances agricoles, sont très riches et très diversifiées. Selon vous, quels sont les expé-riences dont l’Algérie peut s’inspirer pour améliorer les dispositifs liés à ces assurances ?

Parmi les systèmes d’assurance les plus performants au monde, on peut citer le modèle espagnol où l’Etat inter-

Dossier

vient à travers l’Entité Étatique d’Assu-rances Agricoles (ENESA), pour l’éla-boration du plan annuel des assurances agricoles et du versement des subven-tions aux agriculteurs, afin de prendre en charge une partie du coût de l’assu-rance. Cette entité a consacré, en 2018, un budget de 211,27 millions d’euros pour la subvention des assu-rances agricoles. Son système assu-rantiel apporte une réponse aux très nombreux risques auxquels se trouve confrontée l’agriculture espagnole.Les agriculteurs espagnols bénéficient de couvertures pour un grand nombre de risque : grêle, incendie, sécheresse, gel, inondation, neige, maladies ani-males. C’est ainsi que le taux de péné-tration de l’assurance agricole a franchi le cap des 60% en Espagne. L’administration espagnole soutient, très fortement, le système assurantiel en contrôlant son cadre d’assurance et en finançant une partie des primes.

Quelles sont, selon vous, les dé-marches à entreprendre par les pou-voirs publics pour booster l’assu-rance agricole en Algérie ?

Durant l’application du Plan National du Développement Agricole (PNDA), l’Etat a soutenu tout et n’importe com-

ment. Les concepteurs du programme de développement n’ont pas jugé utile de s’intéresser à l’un des facteurs im-portants du développement agricole. On a soutenu l’agriculture pour pro-duire mais, on n’a pas soutenu la pro-tection de ses cultures !Le rôle de l’Etat est déterminant dans la promotion et le développement de l’assurance agricole. Il est impératif de procéder à une réforme profonde et à une refonte générale de cet outil de développement agricole, en actuali-sant la législation y afférente et en inté-grant des mesures incitatives en vue d’aider, d’une part, les assureurs à of-frir des produits d’assurance plus va-riés et plus adaptés à la demande et, d’autre part, faire bénéficier les agricul-teurs d’un coût raisonnable.Il est plus que nécessaire de renforcer et d’intensifier le rapprochement des services d’assurance de l’agriculteur ainsi que la vulgarisation des disposi-tions du contrat. L’État peut intervenir, directement en prenant en charge une part de la prime d’assurance en guise de soutien. Les efforts à consentir, dans ce sens, ne peuvent être que bé-néfiques et pour tous les intervenants dans le secteur de l’agriculture.

En tant qu’expert et consultant en agriculture, avez-vous été associé aux débats concernant les assu-rances agricoles ? Avez-vous ap-porté votre contribution aux projets de réformes relatives au secteur ?

La CNMA, leader de l’assurance agri-cole en Algérie, dispose d’un réseau d’experts en agriculture sur presque tout le territoire national. Seulement, il n’est pas utilisé pour la promotion de ses produits d’assurance agricole ! Les experts ne sont pas sollicités pour des regroupements, des journées d’études, des séminaires ou pour des forma-tions, ils n’interviennent qu’en cas de sinistre pour évaluer les dommages !C’est vraiment dommage de ne pas profiter du savoir-faire et de l’expé-rience de ces ingénieurs agronomes, pour faire développer l’assurance agri-cole, car ces derniers sont en contact permanent avec les agriculteurs et le monde rural, ils comprennent leur lan-gage et connaissent le chemin pour les convaincre. Les compagnies d’assu-rances agricoles doivent investir dans les ressources humaines spécialisées qui peuvent traduire le programme de développement en actions tangibles sur le terrain.

R.B.

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26 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Entretien réalisé par Meriem Chibane

M. Moussouni Akli, expert agronome

« Les produits d’assurance sont inadaptés et ne couvrent pas la multitude des risques onéreux pour l’agriculteur »

Revue de L'ASSURANCE : Les pro-duits d’assurances proposés pour le secteur agricole sont-ils adaptés à la nature des activités de ce do-maine névralgique ?

M. Moussouni Akli : Souvent, ils ne le sont pas. Il n’y a pas une évolution no-table dans l’offre. La CNMA est restée sur des schémas classiques, à l’image d’un secteur agricole qui n’a pas évo-lué également. Il faut reconnaitre, aus-si, qu’on ne peut aller au-delà de limites

gérables pour l’organisme assureur, comme pour les banques par rapport aux crédits bancaires et les dispositifs d’aide à l’emploi, le subventionnement, etc. Ces outils d’encadrement finan-ciers des agriculteurs, toutes catégo-ries confondues, ne peuvent être gérés sans une administration justifiée et jus-tifiante. Aucune activité agricole n’est identifiée avec précision ni dans l’es-pace géographique ni dans le temps. A cela s’ajoutent les conditions sanitaires d’élevage des plus lamentables et les attaques parasitaires successives des vergers, sans traitement efficace. La plupart des exploitations ne sont ni ré-pertoriées ni évaluées car ne disposant d’aucune comptabilité. Ce qui empêche le dispositif d’assurance de pénétrer cet horizon incertain, opaque et ins-table. L’assurance intervient, donc, très timidement. Par exemple, au niveau des chambres froides par rapport au stockage de la pomme de terre ou lors des campagnes de vaccination du cheptel. Cela se fait lorsque les pro-duits agricoles sont visibles, sur des

périodes limitées, lors d’occasions ex-ceptionnelles.C’est la règle de l’incognito qui caracté-rise l’activité agricole, en général. Le cas de la banque, en l’occurrence la BADR qui impose à l’agriculteur de s’assurer auprès de la SAA pour béné-ficier d’un crédit (R’fig, Ettahadi ou autre), pour se prémunir contre les in-certitudes et les fausses déclarations des agriculteurs en est un exemple édi-fiant. La problématique demeurera telle qu’elle, quel que soit l’organisme assu-reur, tant que cet agriculteur n’affiche que la partie visible d’un iceberg qui baigne dans un océan de problèmes incontrôlables. A noter qu’il n’y a pas de règle d’assurance spécifique à l’avi-culture ou autre activité agricole, pour en faire un cas exceptionnel.

Estimez-vous que les prix de sous-cription à l’assurance agricole sont à la portée des agriculteurs ?

Le problème réside dans le fait que l’agriculteur, en particulier le marai-

Dans cet entretien, M. Moussouni Akli, expert agronome, se référant à son expérience dans le domaine et celle de nombre d’agriculteurs qui ont fini par fuir la profession, évoque les nombreuses contraintes auxquelles font face les agriculteurs pour assurer leurs activités et bénéficier d’indemnités. Aux contraintes administratives et autres, s’ajoute une grande opacité dans la profession d’agriculteur, née justement de ces contraintes. Et c’est cette opacité qui fait que les organismes d’assurances ne suivent pas. Il n’est pas possible d’encadrer un opérateur activant dans l’opacité totale avec des dispositifs qui ne peuvent agir que dans la transparence, soutient-il. Le problème est profond, sa résolution passe par une reconfiguration totale du secteur, avec de nouvelles politiques agricoles, plaide l’expert.

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 27

cher, ignore d’avance si son produit va être vendu, et à quel prix. Ce qui fait qu’il ne peut apprécier le coût de la couverture des risques qu’on lui pro-pose. Une couverture jugée d’avance faible et insuffisante quel que soit le prix pour couvrir une contrainte dans une panoplie de problèmes. Citons la complexité de la procédure. Combien de fois le souscripteur se trouve-t-il bal-loté entre les services de l’agriculture (DSA) et les assurances ? Les pre-miers sensés connaitre ses activités, ce qui n’est pas certain. Les seconds ne peuvent prendre en charge des dé-gâts non justifiés avec précision. Les deux organismes ne peuvent collabo-rer, harmonieusement, autour d’un souscripteur qui, lui-même, agit en de-hors de toutes les règles de gestion comptable de son activité. Citons l’autre cas de la CNMA qui exige des souscripteurs, des analyses sanguines qui prouvent que leur bête est indemne. Ce qui est logique, mais infaisable car la procédure, en elle-même, nécessite une autre procédure très longue. Ce

que ne peut se permettre l’agriculture, qui est déjà au four et au moulin. C’est, donc, le contexte opaque global dans lequel agit l’agriculteur qui n’autorise pas le travail des organismes qui se proposent de l’encadrer avec des dis-positifs, qui eux, font appel à une trans-parence totale. Le problème est pro-fond. Sa résolution passe par une reconfiguration totale du secteur, avec de nouvelles politiques agricoles.

Comment expliquez-vous le faible engouement des agriculteurs pour la couverture des risques pesant sur leurs activités, en dehors de l’in-térêt qu’ils manifestent à la surve-nance des sinistres les touchant ?

Malgré le risque des Zoonoses et autres épidémies de brucellose, de fièvre aphteuse et autres, par rapport aux cheptels, et aux attaques parasi-taires comme le Mildiou qui infecte les vergers et les plantations de pomme de terre par exemple, dont les risques sont majeurs, les agriculteurs ne font

pas appel, ou très rarement (moins de 5%), à une couverture de ces risques. Cela à cause de l’inadaptation des acti-vités, évoluant dans un contexte mena-cé de toutes parts (maladies, aléas cli-matiques, marché instable et instabilité des prix aussi bien des intrants que des productions….). Les produits d’as-surances sont limités à des causes précises. Ils ne couvrent pas cette mul-titude de risques onéreux pour l’agri-culteur qui fait face à une recrudes-cence des frais de toutes les prestations et intrants, alors que son activité est li-mitée en volume, dans le temps et dans l’espace. En plus, tous ces frais sont payés rubis sur ongle dans l’infor-mel. On ne peut, donc, encadrer un operateur activant dans l’opacité totale avec des dispositifs qui ne peuvent agir que dans la transparence. La solution ne peut être que macro-économique et consiste à reconfigurer, totalement, ce secteur pour que l’assurance et tous les dispositifs d’encadrement puissent fonctionner dans l’harmonie.

M.C.

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Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 29

A la lumière de la Loi 02-09 du 08 mai 2002

La Constitution de la République algérienne démocratique et populaire garantit les droits de

l’Homme, au profit de tous les citoyens, notamment à travers le chapitre 4 relatif aux droits et libertés, et plus particulièrement l’article 32 qui stipule que « les libertés fondamentales et les droits de l'Homme et du Citoyen sont garantis ». La défense des droits humains comprend, naturellement, la promotion et la protection des droits des personnes handicapées, à travers notamment leur insertion dans le milieu professionnel, ce qui constitue un enjeu majeur de cohésion sociale et d’égalité des chances au travail. En effet, la protection des droits des personnes handicapées est régie par la loi 02-09 du 08 mai 2002, qui contient des dispositions fondamentales visant, entre autres, à leur assurer l’insertion et l’intégration aux plans social et professionnel par, notamment, la créa-

tion de postes d'emploi et de leur ga-rantir un revenu minimum.Parmi ses dispositions, on trouve l’ar-ticle 27 de la loi sus- citée qui prévoit que «Tout employeur doit consacrer au moins un pour cent (1%)** des postes de travail aux personnes handicapées dont la qualité de travailleur est recon-nue ».Aussi, l’article 2 du Décret n°14-214 du 30/07/2014, fixant les modalités inhé-rentes à la réservation des postes de travail, à la détermination de la contri-bution financière et à l'octroi de subven-tions pour l'aménagement et l'équipe-ment des postes de travail pour les personnes handicapées stipule que « tout employeur doit consacrer au moins (1%) de ses postes de travail aux personnes handicapées dont la qualité de travailleur est reconnue, conformé-ment aux dispositions de l'article 27 de la Loi n° 02-09 du 25 Safar 1423 cor-respondant au 8 mai 2002, susvisée) ». En Algérie, le nombre de personnes handicapées s’élève à plus d’un million six cents mille (1.605.160) mais ce chiffre semble inexact, puisque plu-sieurs organisations à l’image de l’As-sociation Nationale des Handicapés, avance le nombre de quatre millions.L’examen des données chiffrées en

notre possession, nous a permis de constater que l’obligation légale qui pèse sur les employeurs est respectée, dans l’ensemble, puisque le taux d’intégration de cette catégorie de personnes dans le monde de travail avoisine le 1,28%.Enfin et au-delà de cette obligation, la prise en charge des handicapés dont la majorité d’entre eux se trouve malheu-reusement aujourd’hui abandonnée à leur triste sort, est une affaire qui doit concerner tout le monde pas seule-ment les autorités car ces personnes sont victimes d’une double peine, leur handicap et les difficultés de la vie.** Taux porté à 3% par le gouvernement.

A.H. * Cadre supérieur au SP/CNA

Par Abdelaziz Hireche *

Politique algérienne d’intégration des personnes à besoins spécifiques dans le cadre de l’emploiLes personnes handicapées représentent une des franges vulnérables de la société, d’où l’impératif de mettre en place des dispositifs législatifs et institutionnels, ainsi que des stratégies nationales visant la promotion et la protection de leurs droits.

Chiffres ONS☛ Population active : 12.463.000 (à septembre 2018) ;☛ Nombre des handicapés : 1.605.160 (à mai 2019).

Déclaration de la Ministre de la Solidarité Nationale, de la Famille et de la Condition de la Femme :« 10% des handicapés ont un poste de travail ».

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30 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Emploi des handicapés

Caarama Assurance, compagnie spécialisée dans les assu-rances de personnes, favorise

un environnement de travail facilitant l’intégration des personnes à mobilité réduite, insiste le Directeur des Ressources Humaines de cette société publique, filiale de la CAAR. Il faut savoir que Caarama compte, dans son effectif, deux salariés handicapés. Le premier occupe le poste de manager. Il est responsable des achats. Le second collaborateur est une salariée. Elle est employée comme standardiste. Pour l’année en cours, la compagnie d’assurance des personnes table sur le recrutement de quatre handicapés, en droite ligne avec la réglementation qui fixe le nombre de salariés handicapés à 1% de l’effectif global. Parmi les postes à pourvoir figure celui de chauffeur. Mais ce poste d’emploi n’est pas encore pourvu faute de véhicule adapté, explique le DRH.

Pour le recrute-ment du person-nel handicapé, Caarama est en-gagée dans un partenariat avec une association de défense des droits des handi-capés qui lui pro-pose des candi-dats, en vue de leur recrutement, en fonction des besoins de la

compagnie.Comme les autres employés, le colla-borateur handicapé bénéficie d’une période d’induction. Il ouvre droit à 1 mois de stage, des entretiens, fera la visite de toutes les directions et subira des formations. La précarité de l’emploi ne constitue pas la règle à Caarama, puisque 90% des emplois sont sous contrat à durée indéterminée. Une fois validée sa période d’essai, fixée à six mois, le collaborateur handicapé bénéficie des mêmes droits. En plus, il bénéficie, en particulier, d’une indemnité de 15%, contre 5% pour les autres salariés. C’est «une manière de le motiver», assure le DRH.L’environnement de travail, pour le handicapé, constitue une préoccupation des responsables, ajoute le DRH. En particulier, Caarama s’assure que l’as-censeur, opérationnel à tous les étages, fonctionne sans interruption.

Le personnel à mobilité réduite bénéfi-cie de formations adaptées, centrali-sées à Alger. Pour le moment, tout le personnel handicapé travaille au sein de la Direction Générale à Bir Mourad Raïs (Alger). Ceci, afin d’assurer une meilleure prise en charge.A propos de la formation du travailleur handicapé, un budget lui est dédié, sur les 5% de la masse salariale globale consacrés à la formation. Le handicapé à Caarama, comme tout le personnel, bénéficie de l’évolution de carrière consacré par le plan de car-rière. A Caarama, l’évaluation des compétences se fait annuellement, via l’établissement de fiches de postes par la DRH. A terme, une bonne partie du personnel est promue. « 70% du per-sonnel bénéficie de promotions, assor-ties de formations, pour faire progres-ser le collaborateur dans sa carrière », ajoute le DRH.Tout cela laisse entendre que le travail-leur handicapé est réellement pris en charge et qu’il bénéficie des mêmes droits que les autres salariés.

K.R.

Par K. Remouche

Caarama applique une politique adaptéeEnvironnement de travail, recrutement, formation, évolution de carrière, autant de conditions d’intégration du handicapé auxquelles Caarama tente de satisfaire, au bénéfice de la croissance de l’entreprise.

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Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 31

Dossier Employabilité Handicapés

32 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Entretien réalisé par Rym Bouzidi

M. Cherfaoui Saïd, DRH à la CAAT

« L’insertion obligatoire des handicapés n’est pas encore appliquée »

Revue de L'ASSURANCE : Pouvez-vous nous donner un aperçu sur l’effectif de la société, sa composante et son évolution, ces dernières années ? M. Cherfaoui Saïd : Au 31/12/2018, la CAAT emploie 1652 personnes. Nonobstant une mobilité externe, due aux départs dans le cadre de la retraite proportionnelle, cet effectif est resté stable, durant les trois dernières années (1611 au 31/12/2016 et 1615 au 31/12/2017) car, simultanément, des recrutements ont été opérés pour les remplacer.

Le collectif de travail de la CAAT est jeune. La tranche d’âge 31-35 ans représente la majorité avec 22% des effectifs, avec un total de 369 agents.Les recrutements s’effectuent en fonction des besoins exprimés par les différentes structures et conformément à la Loi n°04-19 du 25/12/2004, relative au placement des travailleurs et au contrôle de l’emploi.Des recrutements sont, aussi, effectués pour répondre aux exigences du développement extensif de notre réseau de distribution.Notre Société qui comptait 30 agences en 1985, en compte, aujourd’hui, 170. En 2018, la CAAT s’est dotée de quatre nouvelles agences. Avec l’ouverture prochaine d’une agence dans la wilaya d’Illizi, la CAAT, aura couvert toutes les wilayas du pays. Ces agences nouvelles constituent des opportunités certaines offertes pour les citoyens de ces localités, en matière d’emploi et de service.Ainsi, pour accompagner le secteur agricole dans son essor, la CAAT s’est lancée dans l'assurance des risques inhérents à ce secteur d'activité stratégique.A ce titre, la CAAT s’est dotée d’une

mono-structure chargée des assurances agricoles (création d’une sous-direction) et des moyens humains nécessaires à son fonctionnement (recrutement d’ingénieurs en agronomie et de vétérinaires).

Sachant que la Loi oblige toutes les administrations et entreprises à recruter des personnes handicapés, à raison de 1% de l’effectif au minimum, cette obligation est-elle appliquée chez la CAAT ?La CAAT compte cinq (05) personnes handicapées dans ses effectifs. Ce qui représente 0,30% de l'effectif salarié. Ils occupent leurs postes par des contrats à durée indéterminée.L’avènement de la Loi n°02-09 du 08/05/2002, relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, a déterminé, dans ses dispositions générales, un ensemble d’objectifs pour assurer la protection et la promotion de cette catégorie. Elle considère la concrétisation de ces objectifs comme une obligation nationale.Parmi ces objectifs : assurer l’insertion et l’intégration des personnes handicapées aux plans social et

En 2002, une nouvelle Loi avait rendu obligatoire l’insertion professionnelle des handicapés. Depuis, tout employeur est tenu de consacrer au moins 1% des postes de travail aux personnes handicapées, faute de quoi, il doit s'acquitter d'une contribution financière au profit d’un fonds spécial. Conscient de l’importance du sujet, M. Cherfaoui Saïd, Directeur des Ressources Humaines à la CAAT, informe, dans le présent entretien, que cette obligation n’est pas encore appliquée dans la société dauphine du marché national des assurances. Sur 1.652 employés, cet assureur public compte cinq (05) personnes handicapées dont la détermination, la compétence et les qualités professionnelles sont très appréciées.

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Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 33

professionnel, notamment par la création de postes d’emploi.Cette approche découle d’un principe de la Constitution qui stipule, dans son article 69, que tout citoyen a droit au travail. Un peu plus loin, dans son article 72, la Loi fondamentale énonce, d’une manière expresse, que : «l’Etat œuvre à faciliter, pour les catégories de personnes à besoins spécifiques, la jouissance des droits reconnus à tous citoyens et leur insertion dans la vie sociale. »Néanmoins, le Décret exécutif fixant les modalités inhérentes à la réservation des postes de travail aux personnes handicapées, prévue par la Loi suscitée, n’a paru qu’en 2014 (Décret exécutif n°14-214 du 30/07/2014).Revenant à votre question, je vous affirme que l’employabilité des personnes handicapées est l’affaire de tout le monde ; du système scolaire, à la formation professionnelle ou universitaire ; jusqu'aux différents intervenants dans le marché du travail et principalement, l’entreprise, les agences d’emploi et les structures chargées du contrôle de l’emploi.

Ceci dit, la CAAT, entreprise citoyenne qu’elle est, encourage tout recrutement d’une personne handicapée, pour peu que celle-ci présente les exigences du poste et les qualifications requises pour son occupation.

Donc, vous êtes en train de verser le 1% de la masse salariale au Fonds spécial de financement de l'activité de protection et de promotion des personnes handicapées ?Non. Effectivement, la Loi de 2002, suscitée, prévoit une contribution financière au «Fonds spécial de financement de l’activité de protection et de promotion des personnes handicapées» que les entreprises doivent payer si elles n’emploient pas des personnes handicapées. Mais, les textes d’application ne sont pas encore parus.D’ailleurs, on devait attendre la Loi n°13-08 du 30/12/2013, portant Loi de Finances pour 2014 pour que le compte d’affectation spécial relatif à ce Fonds soit ouvert dans les écritures du Trésor et avec une autre dénomination « Fonds spécial de solidarité nationale. »

Parlez-nous un peu de M. Bentaleb Yacine…M. Bentaleb Yacine est un exemple vivant de cette catégorie de personnes qui s’est affirmée dans son milieu professionnel. Il capitalise 28 ans au sein de la CAAT et occupe le poste de standardiste à la Direction Générale. Malgré sa mobilité réduite, il est d’une assiduité irréprochable. Ses compétences dans l’exercice de ses fonctions de standardiste sont avérées.Malgré l’éloignement et ses difficultés à se déplacer, il est toujours le premier à être dans son poste de travail. Avec sa volonté et sa persévérance, il surclasse ses collègues par la qualité de son travail et sa réactivité, notamment la maitrise des informations ayant trait aux réseaux téléphoniques de l’entreprise et de ses partenaires.

Et la rémunération est la même pour cette catégorie d’employés ?Bien sûr ! Mieux encore, cet employé, qui travaille avec un contrat à durée indéterminée (CDI), a très bien évolué dans sa carrière. Une évolution bien méritée.

R. B.

Ce que prévoit la Loi

La Loi n° 02-09 du 8 mai 2002, relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, dont certaines modalités d’application ont été fixées par un décret exécutif paru en 2017, stipule que :► La protection et la promotion des personnes handicapées vise plusieurs objectifs dont celui d'assurer l'insertion et l'intégration des personnes handicapées aux plans social et professionnel par, notamment, la création de postes d'emploi (article3).► La concrétisation de ces objectifs constitue une obligation nationale (article 4).► Aucun candidat ne peut être écarté en raison de son handicap d'un concours, test ou d'un examen professionnel donnant accès à un emploi public ou autre, si son handicap est reconnu compatible avec cet emploi (article 24).► Tout employeur doit consacrer au moins un pour cent (1%) des postes de travail aux personnes handicapées dont la qualité de travailleur est reconnue. Dans le cas contraire, il est tenu de s'acquitter d'une contribution financière dont la

valeur sera fixée par voie réglementaire, versée dans le compte d'un Fonds spécial de financement de l'activité de protection et de promotion des personnes handicapées (article 27).► Les employeurs qui procèdent à l'aménagement et l'équipement de postes de travail pour les personnes handicapées, y compris les équipements, bénéficient, selon le cas, de mesures d'encouragement, conformément à la législation en vigueur. Les employeurs peuvent également recevoir des subventions dans le cadre de conventions passées par l'Etat, les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale (article 28).► Dans le but de promouvoir l'emploi et de favoriser l'intégration et l'insertion sociales et professionnelles des personnes handicapées, des formes d'organisation de travail, adaptées à la nature et au degré de leur handicap et à leurs capacités mentales et physiques, peuvent être créées, notamment à travers les ateliers protégés, les centres de distribution de travail à domicile ou les centres d'aide par le travail (article 29).

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34 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Il est standardiste à la CAAT depuis 29 ans

Yacine Bentaleb a 56 ans. Plus d’un demi-siècle passé, souvent dans des conditions assez

pénibles. Mais, il ne se plaint pas. Son visage marqué par les épreuves du passé, mais ses yeux brillent, toujours, d’intelligence et d’espoir.« Rien ne me manque, merci à Dieu! Je suis marié, j’ai cinq enfants, j’aime mon travail et je suis très bien traité par mes collègues et mes responsables. Que puis-je demander de plus, je suis comblé... », se réjouit ce « monsieur courage ».Pourtant, la vie n’a pas été, toujours, clémente envers lui. A l’âge d’un an, alors qu’il vivait en France avec sa famille, la région où il habitait fut, alors, ravagée par une épidémie de poliomyélite, qui l‘entraina dans une paralysie irréversible. Ses parents décidèrent de rentrer en Algérie. Quant à lui, il fut laissé en France pour des soins. A l’âge de sept ans, l’enfant Yacine fut rapatrié en Algérie. Ses soins sont brutalement interrompus.« C’était très dur pour moi ! A ce jour, je ne comprends pas pourquoi on ne m’a pas laissé poursuivre mes soins en France. Après mon retour en Algérie, j’avais repris les soins à l’hôpital de Douéra, mais pas avec les mêmes

moyens qui existaient en France », ra-conte-t-il.A l’école, et c’est normal après les dures séquelles qu’il a dû subir, Yacine était un élève moyen. Ses déplacements réguliers de la Casbah d’Alger vers l’hôpital de Douéra étaient contrai-gnants pour lui. « Je me sentais per-turbé, à cet âge-là. J’étais souvent à l’hôpital et j’éprouvais des difficultés pour me rendre à l’école, quotidienne-ment, carj’étais contraint de faire le tra-jet à pied », se rappelle-t-il. Son par-cours scolaire arrive à sa fin, en troisième année moyenne.

Quand le hasard vaut mieux que mille rendez-vous

Après des années de chômage et de sentiment continu d’instabilité, la chance frappe à la porte de Yacine Bentaleb. En 1989, alors qu’il effectuait un contrôle routinier à l’hôpital de Ben Aknoun, un homme s’approcha de lui. Il s’enquérait de sa santé et de sa situation sociale. L’homme était le DGA de la CAAT à l’époque.« M. Benabid, est venu vers moi et a commencé à me poser des questions. Après un court échange, il me fait, sans même me connaitre, une offre d’emploi

Par Rym Bouzidi

M. Bentaleb Yacine, un exemple d’assiduité et de persévéranceA la Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT), la Revue de L’ASSURANCE a rencontré un travailleur pas comme les autres. M. Bentaleb Yacine est standardiste. Atteint de la poliomyélite alors qu’il avait à peine un an, puis d’un accident ayant aggravé son handicap, ce travailleur à mobilité réduite fait, quotidiennement, le trajet Blida-Alger pour rejoindre son travail… à 7 heures du matin ! De par son sérieux, son assiduité et sa compétence, c’est « le travailleur exemplaire », témoigne-t-on à la CAAT.

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dans la coopérative de la CAAT, sise au quartier algérois du Sacré Cœur », raconte M. Bentaleb, avec beaucoup d’émotion.Quelque temps après, M. Bentaleb est orienté à la Direction Générale de la CAAT, sise Rue Hamani, pour travail-ler comme standardiste. C’était en 1990. « C’est là-bas que j’ai découvert ce métier que j’ai tant aimé et que j’ai-merai toujours », se remémore-t-il.Au bout de 29 ans de service, Il dit avoir appris « par cœur » des dizaines de numéros de téléphone à travers les 48 wilayas !« Il est très efficace ! Vous pouvez lui demander n’importe quel numéro, il vous le passera instantanément », té-moigne M. Cherfaoui Said, Directeur des Ressources Humaines à la CAAT.

La considération crée de la motivation

Si son dévouement et sa motivation pour le travail font partie de son caractère, ils sont, tout de même, nourris en continu par le traitement que lui réservent ses collègues et ses responsables.« Comment voulez-vous que je ne sois pas motivé ! Mes collègues de travail, y compris les responsables et M. le PDG, sont pour moi plus qu’une famille. Ils ont toujours été à mes côtés dans les moments les plus difficiles. Je ne les remercierai jamais assez », dira-t-il.En 2015, en sortant de chez-lui, il avait eu le malheur de glisser dans les escaliers en marbre du bâtiment. Un accident qui a aggravé son handicap et l’a rendu dépendant des béquilles à ce jour. Ces collègues ont, alors, fait le nécessaire.« C’était très dur ! Mon handicap s’est aggravé depuis cet accident. J’ai été obligé de suspendre le travail pour cause de maladie, pendant plusieurs mois durant lesquels je ne percevais que les indemnités journalières de la

sécurité sociale. Durant ces moments, je n’ai trouvé que mes collègues », nous confie-t-il avec reconnaissance aux siens. Pour l’encourager davantage, la CAAT a offert à M. Bentaleb un plan de carrière intéressant. Après avoir été recruté dans la catégorie agent d’exécution, il émarge, aujourd’hui, dans la catégorie maitrise. Les promo-tions ont été bien méritées. « Je m’es-time heureux », avoue-t-il.

Un seul rêve : avoir un logement à Alger Interrogé sur ses projets, Yacine Bentaleb dit avoir un seul projet, plutôt un seul « rêve » : celui d’avoir un loge-ment à Alger.Après avoir habité à la Casbah d’Alger, avec ses parents jusqu’en 1998, il se retrouve, avec sa petite famille, hébergés chez sa sœur à Dar El Beïda, toujours dans l’Algérois. Il décide, ensuite, de construire une petite maison dans la même localité. Malheureusement, sa construction sera démolie par les autorités, faute de permis de construire.

« Toutes mes tentatives d’avoir un lo-gement à Alger ont été vouées à l’échec. La location à Alger est très chère ! J’ai été obligé d’aller à Blida pour trouver un loyer à 22.000 DA. Je fais, quotidiennement, le trajet Blida-Alger par bus », raconte-t-il. Malgré ces conditions, M. Bentaleb est le pre-mier à arriver au travail, chaque jour !

« J’ai marché pour l’Algérie ! »

Interrogé sur son point de vue quant aux manifestations de rue que connait le pays, depuis le 22 février, M. Bentaleb, avec un optimisme beat, s’attend à des résultats positifs de ce mouvement populaire. Il a même participé, à deux reprises, aux marches organisées chaque vendredi, depuis cette date.« J’ai fait Audin-la Grande Poste. J’ai marché pour un avenir meilleur pour nous et pour nos enfants. Je suis opti-miste quant aux résultats de ce mouve-ment », prédit-il avec un large sourire, comme cette révolution que certains observateurs qualifient de « révolution du sourire ».

R. B.

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Revue de L'ASSURANCE : L’évolu-tion de votre compagnie, la diversité de ses produits, couplée à l’étendue du territoire et la couverture des be-soins en assurances, imposent une politique de gestion de la ressource humaine adéquate. Comment votre compagnie répond-elle à ces impératifs ?

M. Benarbia Mohamed : Face aux contraintes rencontrées par la société dans son développement, la société a mis en place une politique de gestion des ressources humaines pour répondre aux besoins exprimés par ses différentes structures (locales, régionales et nationales) et afin d’assumer pleinement leurs fonctions, conformément aux standards fixés. Cette politique s’articule sur la stratégie suivante :• En premier lieu, renforcer ses différentes structures (locales, régionales et nationales) par des compétences externes existantes dans le marché national ou international, afin de mettre en place des standards de gestion de haut niveau ;• En second lieu, établir un plan de formation des compétences internes pour leur permettre de faire une mise à niveau de leurs connaissances, conformément aux standards de gestion visés ;• En troisième lieu, renforcer ses différentes structures (locales, régionales et nationales) par un sang

nouveau, composé de nouveaux universitaires à intégrer dans ses équipes et à former, pour assurer un fonctionnement conforme aux standards de gestion mis en place, d’une part, et préparer la relève par des compétences internes imprégnées par la culture de l’entreprise et ses standards.• En accompagnement de ces trois actions, la mise en place d’une politique salariale souple, équilibrée et cohérente pour encourager la compétitivité, l’effort fourni et le travail de qualité.

La compagnie que vous dirigez emploie-t-elle des personnes handicapées ?

Effectivement, notre entreprise emploie quelques personnes présentant des handicaps physiques dans des postes correspondant à leurs capacités. Nous ne faisons aucune différence entre les candidats aux postes à pourvoir, qu’ils présentent des handicaps physiques ou non. Le seul critère retenu est que le handicap physique ne doit pas impacter

Politique d’intégration des personnes à besoins spécifiques chez Salama Assurance

Par Kamel Aît Bessaï

M. Benarbia Mohamed : « Nous n’avons pas de politique de suivi de ce volet »L’intégration des personnes aux besoins spécifiques (handicapées) dans le cadre de la politique des ressources humaines est abordée de manière spécifique au sein de la compagnie Salama Assurances. Son Directeur général, M. Benarbia Mohamed, tout en reconnaissant que la disposition du Décret Exécutif selon lequel au moins 1% des postes d'emploi est consacré aux personnes handicapées n’est pas appliquée, explique que la compagnie qu’il dirige ne fait aucune différence entre les candidats aux postes à pouvoir, qu’ils présentent des handicaps physiques ou non.

Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 37

la qualité du travail effectué. Dans certains cas, les per-sonnes présentant un handi-cap physique font un travail dont la qualité est largement supérieure à celui réalisé par des personnes sans handi-cap physique. Donc, la com-paraison se fait au cas par cas et suivant la qualité du travail réalisé, seul critère permettant de trancher entre nos salariés.

A quelle proportion ? A quel degré est appliquée la disposition du Décret Exé-cutif selon lequel au moins 1% des postes d'emploi est consacré aux personnes handicapées ?

Je peux vous confirmer que la proportion de 1% n’est pas atteinte car il s’agit de quelques cas, mais comme expliqué plus haut, pour nous, tant que le travail à ré-aliser n’a pas de relation avec le handicap de la per-sonne concernée, ce volet n’est pas pris en compte et le suivi n’est pas assuré pour respecter le dé-cret exécutif en question. Il est possible même que certains avantages fiscaux et sociaux prévus par ledit décret ne soient pas exploités par notre société.

Si cette proportion d’employabilité n’est pas atteinte au sein de vos ef-fectifs, versez-vous l’équivalence fi-nancière à un Fonds spécial d’aide aux personnes handicapées ?

Sincèrement, nous ne versons aucun montant à ce Fonds puisque je vous ai confirmé, ci-dessus, que nous n’assu-rons pas de suivi de ce volet. Il faut, aussi, signaler qu’il y a un manque de communication et de vulgarisation fla-

grant de la part des structures concer-nées.

Pour cette frange de la société, ap-pliquez-vous davantage les contrats à durée déterminée (CDD) ou alors ceux à durée indéterminée (CDI) ?

Pour nous, il n y’a aucune différence entre cette frange de la société et le reste de la société. Seules la nature et la durée du travail déterminent la qua-lité du contrat de travail, conformément à la règlementation en vigueur.

Le rendu des employés physique-ment handicapés est-il différent de celui des autres employés, selon vous ?

Pour ce volet, la situation se présente selon le cas. Dans certains cas, il n’y a aucune différence et, parfois, c’est le contraire qui est constaté ; c’est la per-sonne présentant un handicap qui rend un travail de meilleure qualité, car elle est plus concentrée sur son travail et plus motivée qu’une personne nor-male. Pour moi, seulement dans le cas où le handicap impacte négativement la réalisation du travail à faire par une personne présentant un handicap où je considère que c’est acceptable qu’un employé handicapé rende un travail de moindre qualité. Cette situation est normale, à juste titre, pour des consi-dérations de justesse, d’éthique et de solidarité.

K.A.B.

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Revue de L'ASSURANCE : Quel est le rôle de la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH) ? Mme El Mameri Atika : La Fédération Algérienne des Personnes Handicapées (FAPH) est composée d’associations. Elle défend les droits de ces personnes. Nous sommes une entité qui défend les droits de l’Homme et l’accès à ces droits. Notre Fédération s’inscrit dans un combat pour un Etat de droit, afin que les personnes handi-

capées puissent avoir accès aux droits de l’Homme et à tous les droits sociaux, économiques et culturels dont bénéficient tous les citoyens. Il ne s’agit pas de droits supplémentaires.

Qu’en est-il de l’employabilité des personnes handicapées comme le dicte la Loi de 2002 ?

Pour ce qui est de l’employabilité des personnes handicapées, sa-chant qu’en l’absence de ser-vices à la personne, il faut des mécanismes d’accompagne-ment et avoir un lieu adapté où la personne handicapée puisse exercer ses compétences. Nous

avons connu des expériences d’inser-tion professionnelle et il est difficile dans un environnement où la personne handicapée est perçue comme une personne nécessiteuse. Nous nous battons contre cette image. Les asso-ciations de personnes handicapées ont, elles mêmes, cette vision chari-table. Elles se limitent au caritatif. Nous avons fait un rapport alternatif à celui de l’Etat sur la Convention internatio-

nale aux droits des personnes handica-pées. Nous nous sommes déplacés à Genève où nous avons rencontré l’équipe du Comité de développement des droits des personnes handicapées. Grâce à ce rapport, l’Algérie a eu droit à 50 observations. Dans ce rapport, nous avons relevé que des lois existent mais elles ne sont pas appliquées. La loi de 2002 stipule que 1% de la masse salariale devrait revenir aux personnes handicapées. Lors de l’exposé de cette Loi, nous étions présents à l’APN (As-semblée populaire nationale). C’est grâce à la Fédération qu’il a été ques-tion de l’insertion et de l’Education. Mais ce qui est désolant, c’est que la Loi s’intitulait « Promotion et protection des droits des personnes handicapées » puis il y a eu une déliquescence pour devenir « Promotion et protection des personnes handicapées. »

La Loi oblige les employeurs à réserver 1% de leur masse salariale aux personnes handicapées…

1% de l’effectif de l’entreprise est une arnaque ! Là, c’est une incompréhen-sion totale de l’esprit de la Loi.

Mme El Mameri Atika, Présidente de la Fédération Algérienne des Personnes Handicapées

Par Fella Midjek

« Consacrer 1% de l’effectif de l’entreprise aux handicapés était une arnaque »Comme le stipule La loi 02-09 du 02 mai 2002, il est fait obligation aux entreprises de consacrer 1% de leurs recrutements aux personnes handicapées. « 1% de l’effectif de l’entreprise est une arnaque ! », dénonce Mme

El Mameri Atika, Présidente de la fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH). Elle précise que « le Fonds d’aide pour l’insertion professionnelle de ces personnes n’a jamais été alimenté ! ». C’est pourquoi, souligne-t-elle en substance, que le ministère de tutelle a invité, récemment, la FAPH à faire des propositions pour l’amendement de cette Loi.

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Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 39

Le but est que les entreprises soient sensibilisées à l’emploi des personnes handicapées et que cela soit un devoir national et lutter contre la discrimina-tion. Avec ce taux de 1%, après tous les sacrifices de ces personnes pour étudier et obtenir un diplôme et autres capacités, un chef d’entreprise ne peut recruter car il n’a pas atteint un effectif de 100 travailleurs. L’esprit de la Loi est de dire : « à compétence égale, chance égale. »

Est-ce que la Loi est respectée ?

Il y a eu la Loi 02-09 du 02 mai 2002 et le Décret d’application est arrivé en 2014, soit 12 ans plus tard. La Loi oblige l’employeur à engager des personnes handicapées, à hauteur de 1% de son effectif. En cas d’infraction, il doit payer une taxe qui alimenterait un Fonds pour l’insertion de ces personnes. A la demande d’un employeur, ce Fonds devra permettre, sous forme de subvention, l’aménagement de poste de travail adapté. Finalement, ce Fonds n’a jamais été alimenté. Donc, non seulement il n’y a pas eu de taxes payées mais, aussi, pas de recrutement effectués. Il faut dire qu’il y a un vide juridique dans la Loi. Il y a deux mois, environ, le ministère nous a adressé une correspondance pour amender la Loi. Nous avons envoyé nos propositions et nous attendons. Ces dernières consistent en l’orientation de

cette Loi essentiellement vers des politiques d’accompagnement à la scolarité des handicapés, à l’insertion professionnelle, à la prise en compte de la parole de ces personnes. Il s’agit aussi de faire en sorte à ce que les espaces existant tiennent compte des propositions des concernés.

Comment peut se faire l’insertion professionnelle de ces personnes ?

Nous recevons des demandes d’employeurs mais, comme ils n’ont pas une vision du handicap, ils ont les mêmes exigences que pour une personne sans infirmité. Il faut, donc, mettre en confiance ces employeurs. Il faudra mettre en avant les avantages d’employer une personne handicapée. Je vous cite le cas d’un bijoutier qui voulait recruter des handicapées. Pour mieux comprendre, nous lui avons présenté 3 cas, dont une personne qui a une luxation de la hanche, une autre petite de taille et une troisième avec un léger retard mental. Enfin, sur les trois, une a réussi à relever le défi. Le travail valorise la personne handicapée. L’employeur en question était, non seulement prêt à mettre la main à la poche, mais, aussi, à faire évoluer l’activité de l’employé handicapé. Malheureusement, certaines personnes handicapées n’ont pas d’ambition car elles sont victimes de cette vision négative d’elles-mêmes. Les filles sont plus concernées.

Cette expérience nous a permis de nous rendre compte de la nécessité d’un accompagnement par des experts, pour la préparation des personnes handicapées à l’insertion profession-nelle. Les personnes handicapées qui tra-vaillent n’ont pas de problèmes de san-té. Ce qui n’est pas le cas de celles qui végètent à la maison. L’insertion profes-sionnelle de personnes handicapées ne peut se faire, sans cette préparation préalable à son autonomie. Nous avons, donc, monté un projet d’espaces de so-cialisation, suite au projet pilote d’assis-tance à domicile lancé après les inonda-tions de 2001 et le séisme de 2003, qui nécessite du sponsoring de la part des compagnies d’assurances, pour qu’il puisse réussir. Dans le cadre de ce pro-jet, 60 personnes ont été incitées à l’éla-boration de leur projet de vie.

Quel rôle joue l’Agence Nationale de l’emploi (ANEM) dans l’employabilité des personnes handicapées ?

Aucun ! C’est à la personne handicapée candidate à l’employabilité de faire la démarche. En fait, l’ANEM, comme l’ANSEJ (Agence nationale de l’emploi de jeunes), la CNAC (Caisse nationale d’allocation chômage) et tout autre acteur du dispositif à l’emploi, ne sont pas formés à l’insertion des personnes handicapées.

F.M.

4 millions d’handicapés en Algérie

Ils sont 4 millions de personnes handicapées en Algérie, affirme Atika El Mameri, présidente de la Fédération Algérienne des Personnes Handicapées (FAPH). « Un chiffre en constante croissance, en rai-son des accidents de la route, ceux de travail et des maladies », précise Mme El Mameri.Afin de prévenir le handicap, la présidente de FAPH annonce : « Nous sommes sur un projet, avec une

ONG française. Après 10 ans de plaidoyer, nous avons pu mettre en place un Centre de prise en charge et de prévention précoce de 0 à 3 ans par le biais du ministère de la Santé ». Jusque-là, il n’existait pas de « coordination, même entre médecins », dit-elle. A l’hôpital de Beni Mes-sous (ouest d’Alger), « 3.500 cas de nouveaux-nés sont susceptibles de développer un handicap, chaque année », déplore-telle.

F.M.

Dossier Employabilité Handicapés

40 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Employabilité des personnes handicapées

Premier point examiné lors de la-dite réunion : la valorisation de l'allocation accordée aux per-

sonnes handicapées. Mieux encore, l'amélioration de l’insertion de cette frange de la société et de leurs condi-tions socioprofessionnelles. Il s’agit, ici, de leur accorder les mêmes oppor-tunités de scolarisation, d'enseigne-ment et de formation. Mais pas que !

En effet, le Gouvernement a, dans ce cadre, examiné et adopté le projet de Décret exécutif modifiant et complétant le Décret exécutif 03-45 du 19 janvier 2003, modifié et complété en 2007, fixant les modalités d'application des dispositions de l'Article 7 de la Loi 02-

09 du 8 mai 2002, relative à la protec-tion et à la promotion des personnes handicapées. Des décisions en faveur de cette couche ? Bien évidemment. Primo, une augmentation de 150% du montant de l'allocation mensuelle des personnes handicapées, soit à 10.000 DA à partir du 1er octobre 2019 au lieu de 4.000 DA, précédemment. Faut-il souligner que l'Etat prendra en charge le paiement des cotisations de la sécu-rité sociale de 5% avec une revalorisa-tion annuelle et progressive pour at-teindre le Salaire national minimum garanti (SNMG).

Sur ce point, il est utile de préciser que les personnes bénéficiaires de cette

allocation sont les handicapés 100%, âgés de 18 ans au moins et qui n'ont aucun revenu, soit près de 264.000 bénéficiaires. Outre cela, la Caisse de solidarité nationale devra également prendre en charge le transport aérien qui sera, désormais, gratuit pour les personnes handicapées.

Seuil minimal des offres d'emploi, une évolution de 300%

Autre décision, non moins importante : l’augmentation à 3% du seuil minimal des offres d'emploi imposé aux respon-sables des entreprises et des adminis-trations et réservé aux personnes han-dicapées en âge de travailler, qui était fixé à 1%. Cette évolution est de 300%.

Selon le Gouvernement, ces décisions visent à « garantir les mêmes niveaux de prise en charge de toutes les caté-gories de la société, avec l'impératif d'accorder l'intérêt primordial à la caté-gorie des personnes aux besoins spé-cifiques, par souci de concrétiser la jus-tice et l'équité sociales », estimant ceci un devoir national qui requiert, de tout un chacun, de contribuer à la prise en charge de cette catégorie. Il est ajouté que toutes les décisions prises étant « minutieusement étudiée et appli-quées sur le terrain de manière pal-pable par le citoyen ».

Par Y. Ayoub

L’Algérie à l’épreuve de sa politique socialeL’Algérie est-elle réellement un Etat social ? La réponse pourrait être, en fait, dans certaines décisions prises par les pouvoirs publics. C’est du moins ce qui ressort de la dernière réunion du Conseil de gouvernement, qui a eu lieu le 11 septembre dernier sous la présidence du Premier ministre, M. Bedoui Noureddine.

Dossier

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 41

S'agissant du respect des taux d'em-ploi des personnes handicapées, le Premier ministre a instruit le ministre du Travail à l'effet de la mise en place d'un dispositif spécial au niveau de son dé-partement ministériel, en vue du suivi du respect par les Administrations pu-bliques et les entreprises économiques de ces taux, avec amélioration des voies d'annonce des offres d'emploi au niveau des Agences locales d'emploi, en y insérant cette catégorie et l'affec-tation de guichets spéciaux, ainsi que la promotion des offres d'emploi en col-laboration avec les secteurs de l'édu-cation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnel.

Recruteurs récalcitrants, comment y faire face ?

De son coté, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Hassan Tidjani Haddam, a fait état, dernièrement, de l'introduction pro-chaine, dans le Code du Travail, d'un nouvel article à caractère coercitif à l'encontre des entreprises retardataires dans le recrutement d'au moins 3% de personnes handicapées.

Cité par l’APS, M. Haddam a assuré qu'il veillera à l'application des procé-dures légales à travers l'introduction, dans le Code du Travail, d'un nouvel article à caractère coercitif à l'encontre des entreprises accusant un retard dans l'engagement de réserver le taux fixé des postes de travail à la catégorie des personnes handicapées.

Il convient de préciser que le Décret exécutif 14-214 du 30 juillet 2014 fixe les modalités inhérentes à la réserva-tion du taux d'au moins 1% des postes de travail au profit des personnes han-dicapées où au versement d'une contri-bution financière au Fonds de la Soli-darité nationale, dans le cadre des dispositions de la loi 02-09 du 8 mai

2002 relative à la protection et à la pro-motion des personnes handicapées.

Force est de croire que l'Etat accorde aux personnes handicapées un grand intérêt à travers son attachement à ré-unir toutes les conditions idoines leur assurant une vie décente et consoli-dant leur participation effective à la vie socioprofessionnelle. D’ailleurs, le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale (MTESS) a mis en place un ensemble de dispositifs favorisant l'insertion pro-fessionnelle et la création de postes d'emploi, notamment à travers le pro-gramme d'insertion sociale des jeunes diplômés. Entre autres facilitations : les em-ployeurs embauchant des personnes handicapées bénéficient d'un abatte-ment de la part patronale de l'ordre de 50% au niveau de la Sécurité sociale, que supporte l'Etat. Près de 2000 emplois directs créés par des handicapés Pour ce qui est des opportunités of-fertes à cette catégorie dans le domaine de l'entrepreneuriat, le MTESS a préci-sé que le bilan des projets financés par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ) et la Caisse natio-nale Assurance-chômage (CNAC) fait ressortir, au 30 avril dernier, plus de 800 micro-entreprises au profit de cette catégorie et la création de plus de 1.900 nouveaux emplois directs.

De son côté, la Sécurité sociale a adopté une stratégie bien ciblée pour l'amélioration de la prise en charge de la catégorie des personnes handica-pées à travers des facilitations et des prestations adaptées à leurs besoins, à l’instar de l'Office national d'appareil-lages et d'accessoires pour personnes

handicapées (ONAAPH) chargé de la maintenance des prothèses et de leurs accessoires.

Autre déclaration du ministre, rappor-tée par ladite agence de presse, celle de réserver aux personnes handica-pées entre 5 et 10% des locaux de l'Agence nationale d’amélioration et de développement du logement (AADL) destinés aux jeunes porteurs de pro-jets dans le cadre des dispositifs de soutien à l'emploi, notamment l'ANSEJ et la CNAC.

Les pouvoirs publics ne cessent de mettre en place de mesures incitatives en faveur de l’intégration des per-sonnes handicapées dans la société.

D’ailleurs, maintes appels ont été lan-cés avec insistance aux opérateurs pri-vés pour créer des établissements spé-cialisés dans la prise en charge des enfants à besoins spécifiques, et ce, dans le cadre des dispositifs prévus par le décret exécutif de septembre 2018 permettant l’ouverture d’établissements spécialisés pour enfants à besoins spé-cifiques dont les parents ont la capacité financière de prendre en charge.

Par ailleurs, le ministère de la Solidari-té Nationale, de la Famille et de la Condition de la Femme accompagne par plusieurs dispositifs de soutien ma-tériel et moral les parents de ces per-sonnes sans revenus ou vivant dans des conditions sociales difficiles, par le biais du Fonds spécial de la solidarité nationale.

Récapitulons : Revalorisation de l’allo-cation mensuelle, augmentation du seuil minimum de recrutement, abatte-ment de la part patronale ou encore fi-nancement de projet. Indéniablement, l’Etat algérien est social par excellence !

Y.A.

Dossier Employabilité Handicapés

42 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Obligation de consacrer des emplois aux handicapés

Notre source, qui reconnait le re-tard accusé dans la mise en œuvre de cette mesure, ex-

plique cela par deux raisons princi-pales. Il s’agit, d’abord, du temps consacré à l’élaboration du dispositif réglementaire relatif à la Loi de 2002, qui s’est étalé sur plusieurs années.« La Loi de 2002 a été suivie par plu-sieurs textes d’application, dont le der-nier remonte à 2017, en plus d’un ar-ticle dans la Loi de Finances de 2018 qui a consacré l’année actuelle (2019) comme année de sensibilisation au-près des employeurs quant à l’applica-tion de l’obligation de consacrer 1% de

l’effectif aux handicapés », explique notre source.Au-delà de cette année, c'est-à-dire à partir de 2020 cette mesure « sera ef-fectivement obligatoire et son applica-tion sera contrôlée par les autorités », affirme la même source.L’autre élément ayant retardé la mise en œuvre de cette obligation est sa complexité.« L’application de cette mesure sur le terrain n’est pas une tâche facile. Nous avons pas moins de 3 millions d’handi-capés en Algérie - en attendant leur recensement prochainement - mais, les entreprises économiques ne savent

pas toujours comment accéder à cette frange de la société », fait observer la source au ministère. En sus, il y a le facteur de la compétence. Les entre-prises recrutent selon leurs besoins et fixent des critères bien définis pour leurs recrutements.« Si une entreprise emploie 300 travail-leurs, elle est appelée à embaucher 3 personnes à besoins spécifiques. Mais à condition que ces personnes pos-sèdent les compétences nécessaires », observe-t-on.Il s’agit, en fait, d’insérer ces personnes dans le tissu économique pour qu’elles puissent participer, de manière effective, au développement du pays.Pour rappel, l’article 27 de la Loi de 2002 stipule que « tout employeur doit consacrer au moins un pour cent (1%) des postes de travail aux personnes handicapées dont la qualité de travail-leur est reconnue ». Dans le cas contraire, cet employeur est tenu de s'acquitter d'une contribution financière équivalente à 1% de la masse salariale de l’entreprise. Cette contribution est alors versée dans le compte du Fonds national de solidarité (FNS), pour être utilisée dans le financement de pro-grammes et d'activités destinés au pro-fit de cette frange.

Par Rym Bouzidi

La mesure effective en 2020L’article 27 de la Loi de 2002, relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, obligeant les employeurs à consacrer 1% des postes de travail à cette frange de la société, demeure non appliqué par la majorité des entreprises et des administrations publiques. Contactée pour savoir quelles sont les mesures prises pour remédier à la situation, la cellule de communication du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la Femme a assuré à La Revue de L’ASSURANCE que cette obligation entrera, effectivement, en vigueur en 2020.

Dossier

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Contrôle de l’employabilité des personnes handicapées

Selon des chiffres recueillis, dans le cadre des dites opérations de contrôle, 960 personnes handica-

pées ont, cependant, été recrutées par 345 employeurs du secteur économique, conformément à la Loi 02-09 du 02 mai 2002, affirme-t-on auprès de l’Inspection Générale du Travail.La Loi réserve un quota de 1% de la masse salariale d’une entreprise au re-crutement de personnes handicapées. Elle ne prévoit aucune amende, à l’ex-ception d’une taxe à payer par les em-ployeurs en infraction.En effet, « nous sommes devant un di-lemme, en l’absence de dispositif ré-pressif contre les contrevenants. En fait, aucune amende n’est fixée par la Loi », ajoute une source au sein de l’Inspection Générale du Travail. Ainsi, les inspec-teurs du travail se contentent de sensibi-liser les employeurs au recrutement des personnes handicapées, en attendant des textes plus rigoureux. Il faut savoir que certaines activités ne peuvent faire l’objet de recrutement de ces personnes.Pour l’employabilité des personnes han-dicapées, les postes sont « aménagés », précise-t-on. Les textes législatifs pré-voient une taxe à verser au Fonds d’aide à l’emploi de personnes handicapées qui consiste en une « subvention » aux employeurs pour l’aménagement de

postes adaptés, selon le handicap. Cette taxe n’est pas versée car, nous dit-on, « les employeurs avancent l’argu-ment que leur effectif n’atteint pas les 100 travailleurs ».A ce propos, selon l’Inspection Générale du Travail, « en principe l’employeur est en infraction même s’il n’a pas atteint l’effectif de 100 personnes, car c’est une question de responsabilité sociétale ». Toutefois, le chef d’entreprise cherche la « rentabilité » et de « rentrer dans ses frais », signale-t-on de même source.

Ainsi, « la personne handicapée est per-çue comme une charge par ces em-ployeurs, alors que ce n’est pas le cas, car elle peut donner des rendements extraordinaires », estime notre source.Interrogé sur le rôle de l’Agence natio-nale de l’emploi (ANEM), le « système Wassit, est un logiciel qui permet une certaine équité dans l’accès à l’emploi, basé sur la chronologie uniquement, te-nant compte de la date du dépôt de la candidature et celle de l’arrivée de l’offre à l’emploi », déplore-t-on à l’Inspection Générale du Travail. Il faudra, selon la même source, « réfléchir à des mesures facilitatrices, pour ces personnes appe-lées ‘‘un peu vulnérables’’ aux autres catégories de la population ».

F.M.

Par Fella Midjek

166 entreprises hors la LoiLes opérations de contrôle effectuées par l’Inspection générale du Travail auprès des employeurs ont révélé que 166 entreprises algériennes, employant 47 109 personnes, n’ont pas respecté la Loi, en 2018, sur 511 organismes employeurs contrôlés, qui font travailler, au total, 160 145 personnes.

« Ça sera appliqué dès 2020. Mais, ce n’est pas notre objectif principal. Nous ne visons pas la collecte des ressources mais, nous voulons réellement insérer les handicapés dans le monde du tra-vail. Cette mesure (la contribution au FNS) a été introduite juste pour inciter les entreprises à recruter des personnes à besoins spéci-fiques », explique-t-on de même source. Et d’ajouter qu’« après une large campagne de sensibilisation, entamée en janvier 2019, je peux vous dire que la majorité des en-treprises sont prêtes à appliquer la mesure relative à l’insertion des handicapés. Elles veulent juste être orientées et accompagnées pour mieux accéder à ces per-sonnes ».« Nous essayons de convaincre les employeurs en leur expliquant les avantages qui leur seront offerts s’ils appliquent la Loi de 2002 », ajoute-t-on.Selon l’article 28 de cette Loi, les employeurs qui procèdent à l'amé-nagement et l'équipement de postes de travail pour les per-sonnes handicapées, bénéficient de mesures d'encouragement, conformément à la législation en vigueur. Les employeurs peuvent, également, recevoir des subven-tions dans le cadre de conventions passées par l'Etat, les Collectivités Territoriales et les Organismes de sécurité sociale.Notre source rappelle, enfin, qu’une Commission interministé-rielle travaille sur la révision de la Loi de 2002 relative à la protection et promotion des handicapés, afin de la mettre au diapason des évo-lutions socio-économiques pour qu’elle réponde mieux aux besoins de cette catégorie.

F.M.

Évènement

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Assurance Groupe

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Assurance de groupe en Algérie

Sachant que ce type d’assurance est lié, directement, à l’assu-rance vie ou l’assurance de per-

sonnes, l’assurance-groupe dans sa définition initiale, ou une assurance collective est un système d'assurance ouvert à tous les membres d'une même collectivité (ex : employés d'une entre-prise ou d'une institution, membres d'une profession, emprunteurs d'une banque...).

Un tel contrat s'applique, de façon obli-gatoire ou facultative, ou dans certains cas, selon un système optionnel de souscription réservé aux membres du groupe.

Selon le site d’assurance profession-nelle Oreka, l’assurance de groupe est un contrat souscrit par une personne morale, en vue de l’adhésion à ce contrat d’un ensemble de personnes. Elle repose sur une relation contrac-tuelle tripartite entre l'assureur, le souscripteur (l’entreprise) et l’adhé-rent.

Ce type de contrat couvre générale-ment les risques dépendant de la vie humaine (intégrité de la personne, in-capacité de travail, invalidité). Généra-lement, dans le domaine de la protec-tion sociale complémentaire, on

rencontre trois grandes catégories d’assurances de groupe : celles sous-crites par les entreprises au profit de leurs salariés ; celles auxquelles ad-hèrent les indépendants ; et celles souscrites par des associations au pro-fit de leurs sociétaires.

En assurances de groupe entreprises, certaines obligations du contrat indivi-duel sont dévolues à l’adhérent.

En Algérie, l’assurance de groupe est peu développée selon les experts. Chiffres à l’appui et selon les statistiques du Conseil national des assurances (CNA), la branche “pré-voyance collective” a vu chuter son chiffre d’affaires. Occupant 29% du portefeuille global des assurances de personnes, cette branche totalise 3,5 milliards de dinars de production, à fin 2018, et décroît de 4% par rapport aux réalisations de l’exercice 2017, résultat de la régression des chiffres d’affaires des assurances “groupe” (-2,9%) et “perte de licence” (-22,8%).

Quel rôle pour les compagnies d’as-surances ?

L’importance de l’assurance de groupe ou collectif dans le secteur a poussé plusieurs compagnies à proposer ce

type d’assurance surtout en direction des entreprises. Comme exemple, en Algérie, on peut citer la compagnie Ma-cir Vie pour laquelle l’assurance de groupe est une assurance complète qui couvre aussi bien les salariés que leur famille.

« Votre responsabilité en tant qu’em-ployeur est de vous soucier du bien être de vos salariés et de vos collabo-rateurs, pour vous aider à la garantir, nous vous proposons une assurance complète qui regroupe 3 garanties principales : La prévoyance, La Com-plémentaire santé et Les prestations sociales », propose cette société filiale de la CIAR.

Les principales Garanties de l’Assu-rance Groupe proposées par Macir Vie concernent la Prévoyance : Un verse-ment d’un capital ou d’une rente à un bénéficiaire désigné, en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de l’assuré avant le terme du contrat. Pour la Com-plémentaire Santé, quelles que soient les dépenses médicales des collabora-teurs : consultations, analyses ou achat de médicaments ou tout autre type de soins (radiologie ou chirurgie), Macir Vie rembourse les dépenses dans les délais prévus dans le contrat.

Par Fatiha A.

Encore au stade de balbutiementsEn Algérie, comme ailleurs, le secteur des assurances est tellement important et rentable pour l’économie que nul ne peut nier que son développement reste tributaire des efforts des compagnies d’assurances. Celles-ci font face, ces dernières années, à certaines difficultés financières. Elles tentent, tant bien que mal, d’améliorer et d’adapter leur stratégie face à la crise. L’une des solutions adoptées, chez la majorité d’entre elles, est celle de diversifier les produits, afin d’attirer le plus grand nombre de catégories de clients. Et si on parlait de l’assurance de groupe ?

Assurance Groupe

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Et enfin les prestations sociales : Une assurance pour le meilleur et pour le pire. Macir Vie s’engage à offrir aux salariés des primes pour leurs plus belles occasions aussi : mariage, nais-sance ou encore circoncisions et même pour la réussite au baccalauréat de leurs enfants.

Outre Macir Vie, l’assurance de groupe pour AXA Assurance Algérie comprend un remboursement jusqu’à 90% des frais réels de santé, un capital décès et maladie invalidante allant jusqu’à 3 mil-lions de dinars, un tarif unique pour une couverture santé étendue à toute la famille et pas d'avance de frais de santé avec le service Tiers-Payant.

Il y a également la société filiale de la SAA, Amana Assurance, qui propose l’assurance prévoyance et santé Groupe. « Vous êtes chef d’entreprise, à la recherche du bien être de votre capital humain, Amana affirme vous accompagner avec une protection sur mesure pour vos salariés et vous pro-pose une solution d’assurance santé qui offre des avantages à la fois pour l’employeur et pour les salariés », est-il

résumé dans les appels commerciaux de cette compagnie.

On peut citer également L’Algérienne Vie, filiale de la CASH, qui par le biais de l’assurance groupe, propose aux employeurs de constituer une protec-tion sociale complémentaire au béné-fice de leurs salariés.

Cadre réglementaire

Sachant que l’assurance de groupe est intégrée dans l’assurance de per-sonnes, et selon la réglementation vul-garisée notamment via le portail algé-rien des assurances ASSURAL, consultable sur www.cna.dz, l’assu-rance de groupe donne lieu à l’ouver-ture du contrat groupe à d’autres en-sembles de personnes. Aussi, il est question de consécration du droit à l’information, en protection des intérêts des adhérents, notamment en ce qui concerne le mode de calcul de la prime globale.

Idem pour l’octroi d’une participation bénéficiaire aux assurés, sur les béné-fices effectivement réalisés au cours

d’une période d’assurance écoulée. L’interdiction de toute spéculation tari-faire ayant pour but de réduire la prime. La loi 06-04, régissant le marché natio-nal des assurances, introduit pour la première fois le droit à la renonciation au contrat dans certaines conditions.

Quels avantages de l’assurance de groupe en Algérie ?

Selon les experts, l’assurance de groupe est intéressante pour l’em-ployeur car il est le meilleur moyen de rémunérer les salariés de façon extra-légale. L’assurance de groupe est fisca-lement plus intéressante qu’une aug-mentation de salaire, tant pour l’employeur que pour l’employé. Si l’em-ployé change d’employeur, les réserves du contrat peuvent être transférées à l’organisme de pension de son nouvel employeur ou rester dans le contrat d’assurance jusqu’à son paiement au terme de l’engagement de pension.

L’intérêt principal de l’assurance col-lective des emprunteurs est la modicité de son coût, au regard de l’étendue des garanties.

En outre, la modicité du taux de cotisa-tion des assurances de groupe em-prunteurs a pour effet de faciliter l’ac-ceptation de cette assurance par les emprunteurs, ce qui est intéressant pour l’établissement de crédit.

Selon les spécialistes en banque, « les contrats groupes permettent d’assurer le plus grand nombre de personnes dans des conditions optimales, grâce à la mutualisation qu’ils opèrent ». « Ils créent une forme de solidarité, notam-ment entre les générations, et per-mettent à ceux dont le risque serait plus élevé, un accès à l’assurance, donc au crédit, à un coût raisonnable », est-il expliqué, à ce propos.

F.A.

Assurance Groupe

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L’assurance de groupe dans le monde

Sachant que ce type d’assurance est lié, directement, à l’assu-rance vie ou l’assurance de per-

sonnes, l’assurance-groupe dans sa définition initiale, ou une assurance collective est un système d'assurance ouvert à tous les membres d'une même collectivité (ex : employés d'une entreprise ou d'une institution, membres d'une profession, emprun-teurs d'une banque...).

C’est connu, l’innovation est le vec-teur majeur du développement des assurances. Il est incontournable, en matière de compétitivité. Parmi ces innovations, certaines agissent fon-cièrement et profondément dans l’in-dustrie de l’assurance..

L’encouragement de l’usage des nou-velles technologies dans la finance, en général, et dans les assurances, en particulier, a poussé les compa-gnies d’assurances, dans le monde, à développer chaque produit et l’assu-rance collective dite de groupe n’en est pas indifférente. En Europe, la lé-gislation est presque identique dans la majorité des pays pour ce qui est de ce type d’assurance. Suivant les explications de Wikipédia, sur la légis-lation française dans ce domaine, le

contrat d'assurance de groupe est défini par l'article 141-1 du Code des Assurances.

Ainsi, le contrat est composé d'un en-semble de prestations communes ou base ou socle du groupe désigné. Il existe deux types de contrats : D’abord, le contrat collectif dit obliga-toire sur lequel l'employeur intervient au titre d'une contribution financière et qui donne droit à des avantages fis-caux et sociaux. Ensuite, le contrat collectif dit facultatif dont la totalité de la cotisation est à la charge de l'affilié.

Compte tenu du fait qu'il s'agit dans les deux cas, de contrat collectif, les garanties sont les mêmes pour tous et elles ne sont pas modulables.

Tous les salariés désignés, dans le cadre du contrat collectif obligatoire, sont tenus d'adhérer, sauf demande de dispense légale. Selon Wikipedia, plusieurs structures légales de cotisa-tions existent telles que «unique», «isolée», «famille», etc.

Comme résumé par la même source, le souscripteur du contrat, l'em-ployeur, peut avoir négocié avec l'as-

sureur un niveau facultatif ou renfort. Seuls les affiliés intéressés y sous-crivent et il ne peut pas y avoir de par-ticipation financière de l'employeur sur ce type de garanties.

Néanmoins, un comité d'entreprise peut souscrire au bénéfice des sala-riés un contrat collectif dit facultatif. C'est un ensemble de garanties aux-quelles souscrivent les salariés de l'entreprise de façon volontaire. Le comité d'entreprise ne peut pas se substituer à l'employeur en mettant en place une participation financière. Plusieurs contrats facultatifs peuvent coexister dans la même entreprise.

Qu’en est-il pour les pays voisins ?

En Tunisie, par exemple, la réglemen-tation stipule que le contrat d’assu-rance de groupe est le contrat sous-crit par une personne morale ou chef d’entreprise, en vue de l’adhésion d’un ensemble de personnes phy-siques répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques de maladie et ou les risques portant atteinte à l’intégrité physique de la personne ou liés à la maternité.

Par Fatiha A.

L’innovation comme vecteur de développement Potentiel levier pour la croissance économique, le développement de l’assurance, dans le monde, a besoin de voir les professionnels de l’assurance faire adapter leurs produits aux marchés et en repenser la distribution.Le rôle du secteur des assurances et sa contribution au développement est à l’ordre du jour des organisations internationales comme la CNUCED, la Banque Mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI).

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Les adhérents doivent avoir un lien de même nature avec le souscripteur.

Dans le Code des assurances tuni-sien et dans l’article 32, on peut lire que le souscripteur ne peut exclure un adhérent du bénéfice du contrat d’as-surance de groupe que si le lien qui les unit est rompu ou si l’adhérent cesse de payer la prime.

Cette exclusion ne peut faire obstacle, le cas échéant, au versement des prestations acquises en contrepartie des primes ou cotisations versées antérieurement par l’assuré.

Dans ce même Code tunisien, il est précisé que le souscripteur est tenu de remettre à l’adhérent une notice, établie par l’assureur, comportant no-tamment les garanties et modalités pour en bénéficier et indiquant les for-malités à accomplir en cas de sinistre.

Le souscripteur est tenu d’informer par écrit les adhérents des éven-tuelles modifications apportées à leurs droits et obligations.

Par ailleurs, si on prend aussi l’exemple du Maroc et selon le site Doc étudiant, il est défini que l’assu-rance groupe est une formule mo-derne née aux USA en 1911 date à laquelle le premier contrat fut signé par la Montgomery World Compagny et introduite en France en 1928.

Elle a fait son apparition au Maroc aux environs des années 1930 et s’est développée en 1950 avec la création de la CIMR et, depuis 1995, ces assu-rances de groupes sont appelées « assurances collectives » par opposi-tion à l’assurance individuelle, mais cela ne signifie nullement qu’il s’agit uniquement des assurances profes-sionnelles.

F.A.

M. Kennouche Adel, Sous-directeur de la Com munication à la Direction Commerciale de l'Algérienne Vie (AGLIC)

Revue de L'ASSURANCE : L'assu-rance groupe peine à se dévelop-per, en Algérie. Pourquoi, à votre avis ?

M. Kennouche Adel : A l’instar de toutes les assurances non-obliga-toires, l’assurance Groupe pré-voyance et santé peine à se dévelop-per, bien que l’utilité de cette couverture n’est plus à démontrer tant sur la couverture santé des employés, de la protection sociale de leurs fa-milles et sur la stabilité des collabora-teurs et de leurs bien être.A notre avis, les contraintes réside, en premier lieu, en l’illusion qu’ont les tra-vailleurs, et bien souvent leurs em-ployeurs, à propos de la couverture santé obligatoire de la Sécurité So-ciale qui s’appuie sur un barème da-tant de 1984, ce qui a eu pour effet d’évincer, chez beaucoup d’entre-prises, la réflexion même d’aller cher-cher l’assurance groupe.Ensuite, viennent tous les autres fac-

teurs cités tant sur le non-développe-ment des Assurances en général que des Assurances de Personnes en par-ticulier, tels que les aspects culturels, les habitudes de consommation, ainsi que les aspects religieux.Du côté de l’offre, il faut reconnaitre que, nous-mêmes les assureurs, ainsi que les pouvoirs publics, n’avons pas

Entretien réalisé par Par Fatiha A.

« Les opportunités du marché sont considérables dans l’assurance de groupe »Dans cet entretien, le représentant de la compagnie L’Algérienne Vie , s’exprime sur le développement de l’assurance de groupe en Algérie tout en exposant l’expérience de cette compagnie. Il considère que l’aspect culturel et les habitudes de consommations ne sont pas propices à l’assurance groupe. Selon lui, l’avenir de ce produit doit se développer par de nouvelles offres.

Assurance Groupe

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 49

M. Kennouche Adel, Sous-directeur de la Com munication à la Direction Commerciale de l'Algérienne Vie (AGLIC)

« Les opportunités du marché sont considérables dans l’assurance de groupe »

été très imaginatifs pour mettre en place des formules accessibles avec les communications et la vulgarisation nécessaires à l’orientation des clients.

Quelle stratégie adopte votre com-pagnie pour développer ce type d’assurance ?L’assurance groupe fait partie de nos axes stratégiques de développement qui s’appuie, de par son modèle éco-nomique, sur les courtiers et les ré-seaux des partenaires ayants une maitrise avérée sur les produits d’as-surances dédiées aux entreprises et dotées d’un maillage important du ter-ritoire national par leur agences. A travers ces réseaux, nous mettons à la disposition de nos clients une offre très variée et qui convient à toutes les entreprises de tous secteurs confon-dusAussi, l’Algérienne Vie adopte une stratégie de communication ciblée, envers les prescripteurs entreprises et les assurables permettant, ainsi, la

vulgarisation de ce produit, très sou-vent ignoré par manque d’information.L’innovation fait également partie de ses axes stratégiques et intervient sur deux niveaux : en amont, par la mise en place d’offres de couvertures étu-diées et nouvelles au profit de ses clients et, en aval, par l’adoption de procédures de gestions optimisées garantissant un service de qualité.

Quelles perspectives pour ce genre d'assurance, en Algérie ?D’une part, les opportunités du mar-ché sont considérables et le potentiel assurable ne cesse d’évoluer, appuyé par la mutation des habitudes de consommation en matière d’assu-rance de personnes et par le besoin des ménages à se protéger et à atté-nuer la charge financière induite par les soins et les frais médicaux, de plus en plus difficile à supporter.D’autre part, nous pensons que pour développer cette branche, des actions drastiques communes des acteurs du

marché devraient être initiées pour la mise en place des structures d’inter-médiation entre les Compagnies d’As-surances et les professionnels de la santé publique et privée.Cela contribuerait, entre autres, à lubri-fier les rouages de l’indemnisation au profit des assurés et permettrait, aux assureurs, de se concentrer sur leur métier qui est la gestion des risques.Dans le même sillage, une relation étroite devrait être initiée entre les assureurs et les organismes du régime obligatoire qui disposent d’un fichier d’assurés importants et d’une plate-forme de gestion bien huilée ce qui représente des avantages à apporter au profit des assurés.Enfin, il n’est pas exclu de voir, à l’ave-nir, ce produit se développer par de nouvelles offres, l’exploitation de nou-velles niches et par des innovations sous l’effet levier de la concurrence, des besoins grandissants et des exi-gences du marché.

F.A.

Assurance Groupe

50 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Assurance Groupe chez CAARAMA Assurance

L’assurance groupe ou assu-rance prévoyance collective qui est destinée aux entreprises

quel que soit leur statut permet, en termes simples, la couverture du per-sonnel de ces sociétés contre, princi-palement, les risques de santé.

« Chez CAARAMA Assurance, une société spécialisée dans l’assurance de personnes, l’assurance groupe constitue un produit phare de l’entre-prise », indique M. Ghernouti Mounir, Directeur Général Adjoint à CAARA-MA. Intitulé DJEMAATNA, ce produit couvre un large éventail de garanties.

« En premier lieu, la garantie de base couvre le décès, l’invalidité absolue et définitive », relève M. Ghernouti en soulignant que « la complémentaire santé facultative ou garanties option-nelles inclut le remboursement des frais pharmaceutiques et médicaux, les honoraires des médecins, les frais d’hospitalisation et de maternité ».

« Elle comprend également les frais des actes de spécialistes, les frais d’imagerie médicale, d’analyses mé-dicales d’IRM ou de scanner », pour-suit-il en indiquant que « les frais d’hospitalisation comptent les frais liés notamment à l’opération ou l’inter-

vention chirurgicale ». En substance, il est relevé que, pour les soins den-taires, DJEMAATNA, intègre les frais liés aux extractions dentaires, la ra-dio, la chirurgie dentaire et la prothèse dentaire.

« Outre les frais pharmaceutiques et les frais d’hospitalisation DJEMAAT-NA compte une troisième garantie fa-cultative, à savoir les prestations so-ciales, précisément les indemnités forfaitaires à l’occasion d’évènements de la vie comme le mariage, la nais-sance, la circoncision, les frais funé-raires du conjoint ou des enfants en cas de décès », indique le Directeur Général Adjoint de CAARAMA.

Par ailleurs, DJEMAATNA œuvre, continuellement, à améliorer son pro-duit. « Nous cherchons à améliorer notre offre par de nouvelles garanties et des nouveaux services » et « nous avons introduit, depuis 2015, de nou-velles garanties », assure Mounir Ghernouti. L’assurance groupe DJE-MAATNA inclut, désormais, la garan-tie maladie redoutée. Elle permet à l’assuré de disposer d’un capital, en cas de survenance d’une maladie grave. En 2015, la garantie maladie redoutée permettait la couverture des maladies graves suivantes : cancer,

AVC, infarctus du myocarde, l’insuffi-sance rénale, pontage coronarien et la greffe d’organe.

« Depuis 2018, cette garantie a été étendue à 12 maladies : tumeur du cerveau, perte totale de la vue, sclé-rose en plaque, etc.», rappelle le DGA de CAARAMA. En un mot, elle permet une protection, à la survenance d’une maladie, parmi les 12 supplémen-taires retenues.

En outre, DJEMAATNA offre, comme nouveautés, les garanties d’assis-tance à la personne. L’assistance médicale via DJEMAATNA permet aux assurés de bénéficier d’une large gamme de prestations, dont le trans-port sanitaire, la prise en charge de la première consultation médicale, le transport funéraire, en cas de décès, un deuxième avis médical à l’étran-ger.

Elle compte d’autres services comme l’orientation médicale, la mise à dis-position d’une plateforme d’appels, d’un numéro de téléphone pour des informations d’ordre médical ainsi que l’assistance à domicile (mise à dispo-sition d’une aide ménagère, d’un ou d’une garde-malade, envoi d’un infir-mier pour soins à domicile).

Par K. Remouche

« 35% du chiffre d’affaires de la compagnie en 2018 »Le champ des garanties, les nouveautés ainsi que les tarifs de l’assurance Groupe DJEMAATNA, résument l’offre proposée par cette société, filiale de la CAAR, aux entreprises, au titre de la prévoyance collective.

Assurance Groupe

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 51

Ce même responsable à CAARAMA indique que pour améliorer la qualité de la prestation inhérente à l’assurance prévoyance collective, la société a introduit le système du tiers payant. En d’autres termes, le client est pris en charge, sans avoir à débourser quoi que ce soit, dans la limite du plafond de couverture. Le système tiers payant couvre les principaux frais : hospi-talisation, imagerie et analyses médicales et la maternité.

L’avantage chez CAA-RAMA, précise Mounir Ghernouti, c’est que le remboursement des frais médicaux et des frais hospitaliers s’ef-fectue avant le remboursement de la CNAS. Il a ajouté que la nouveauté à CAARAMA réside dans le rembourse-ment aux frais réels. Par exemple, pour une consultation de spécialiste de 2000 dinars, la CNAS rembourse 100 dinars, CAARAMA rembourse, elle, jusqu’à 90% des honoraires du spécialiste. Elle rembourse, ainsi, la plus grosse partie de la consultation. « Le remboursement, par exemple, des médicaments s’effectue par CAA-RAMA, dans des délais très courts », affirme-t-il.

Quant au prix du produit, il est fonc-tion des caractéristiques et de la taille du groupe ainsi que les niveaux des couvertures souhaitées par le client.

A titre d’exemple, l’assurance groupe DJEMAATNA qui comprend la garan-tie de base, les garanties complémen-taire santé et maladie redoutée est

proposée chez CAARAMA à partir de 500 dinars, par mois et par salarié. L’offre est établie en fonction du nombre de salariés, l’importance de la masse salariale, l’âge moyen du groupe assuré. Le financement de la cotisation est assuré, en général, en partie par la quote-part de l’entreprise, en partie par la quote-part du salarié et, en partie, par la quote-part des œuvres sociales.

Il convient de signaler ici que CAA-RAMA, via ce produit, compte un por-tefeuille de centaines d’entreprises clientes, à la fois de grandes entre-prises, des petites et de moyennes entreprises comptant plus de 50 sala-riés. « Le nombre de personnes cou-vertes par l’assurance groupe DJE-MAATNA avoisine les 50.000 salariés », indique le Directeur géné-ral adjoint de cette filiale de la CAAR. DJEMAATNA a assuré en 2018, 35% du chiffre d’affaires de CAARAMA. L’assurance groupe de cette société détient 20% du marché.

En termes de perspec-tives, CAARAMA tra-vaille à consolider sa position, déjà pérenne en termes de ce pro-duit, à travers le déve-loppement du porte-feuille via la conquête de nouveaux clients, l’amélioration de la qualité de service par la réduction des délais de remboursement et l’ex-tension de l’assurance groupe de la compa-gnie à d’autres garan-ties. « Le potentiel du marché d’assurance groupe est énorme. On vise à toucher la caté-gorie d’entreprises qui

ne sont pas encore assurées », affirme Mounir Ghernouti.

CAARAMA cible les groupes de per-sonnes qui ne sont pas couverts dont les associations, les travailleurs indé-pendants, à travers leurs corpora-tions, ainsi que les entreprises de pe-tites tailles. Des branches, comme le BTP, comptent peu d’entreprises as-surées. Le Directeur Général Adjoint de CAARAMA estime à 10%, seule-ment, le nombre d’entreprises dans le BTP qui ont une telle protection so-ciale.

A noter que le chiffre d’affaire des as-surances de personnes, en Algérie, est de 3,5 milliards de dinars. « Son taux de pénétration est estimé entre 10 et 15% » ajoute M. Ghernouti. Ce seuil mesure les énormes efforts qui restent à faire pour que cette protec-tion sociale soit généralisée à la majo-rité des salariés.

K.R.

Évènement

52 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Revue de L'ASSURANCE : Quelle est la tendance (même provisoire) des données concernant votre Compagnie en matière de produc-tion et éventuellement autres agré-gats, lors du début de l’année com-parativement à la même période en 2018 ou au dernier trimestre 2018 ?

M. Kassali Brahim Djamel : La CAAR a réalisé, au cours des quatre premiers mois de l’année 2019, un taux de croissance de la production de 4%, comparativement à la même période de 2018.Cependant, il faut rester prudent car, par expérience, les chiffres des premiers mois d’un exercice donné ne sont jamais significatifs, eu égard aux nombreux décalages constatés au cours du premier semestre, dans l’enregistrement des polices d’assurance toutes branches confondues.Une détérioration des

agrégats de la conjoncture économique pourrait également être une source de réduction du taux de croissance du chiffre d’affaires.

Votre société d’assurance a-t-elle été impactée par la situation écono-

mique actuelle et les évènements qui se déroulent dans notre pays, notamment depuis le 22 février 2019 ?

Comme signalé précédemment, il n’y a pas, pour le moment, de répercus-sions négatives sur la progression de notre chiffre d’affaires au cours des mois passés de l’année 2019, compa-rativement à la même période de 2018.Il faut rappeler que sous l’effet de la conjoncture économique découlant du contre choc pétrolier de 2014, le marché des assurances n’enregistre plus le même taux de croissance que par le passé.En effet, après avoir enregistré un taux de croissance moyen annuel de sa production de 13,4% entre 2006 et 2014, celui-ci s’établit à 2% entre 2015 et 2018. C’est dire la corrélation étroite qu’il y a entre la croissance écono-mique et celle du secteur des assu-rances.

M. Kassali Brahim Djamel, Président directeur général de la CAAR

« Le marché des assurances n’enregistre plus le même taux de croissance que par le passé »Dans l’entretien ci-après, le Président-directeur général de la CAAR, M. Kassali Brahim Djamel, a analysé la situation de la compagnie à la lumière des événements qui caractérisent la société et leurs impacts sur l’économie. Pour le premier responsable de la CAAR, les résultats des premiers mois de l’exercice en cours, ne permettent pas d’établir un bilan des impacts possibles des événements en cours sur les résultats de la compagnie. Cependant, M. KASSALI considère que la meilleure façon de se prémunir contre les répercussions négatives probables de la dégradation des agrégats économiques, c’est de poursuivre le plan de développement de la compagnie et d’asseoir les règles de la bonne gouvernance.

Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï

Évènement

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 53

La CAAR a suivi la même tendance que celle du marché des assurances, avec un taux de progression du chiffre d’affaires moins important que celui des années passées.

Si ralentissement persistant de l’ac-tivité économique, quelle sera la suite que donnera votre compagnie pour faire preuve de résilience et sortir de cette crise avec le moins de répercussions négatives pos-sibles ?

Les règles de bonne gouvernance nous obligent à prévoir tous les scé-narios, à travers une planification stratégique de toutes les actions à venir ; une planification qui doit être flexible et adaptable aux divers contextes qui peuvent survenir.S'appuyant sur les mutations écono-miques et sociales enregistrées au cours des dernières années, le plan de développement stratégique 2017/2021 élaborée par la CAAR est fondé sur quatre grands axes : la consolidation de la position concur-rentielle de la compagnie, son déve-loppement et sa modernisation, l'amé-lioration de la gestion de la ressource humaine et le renforcement du dispo-sitif de prévention des risques.Il est, ainsi, question de continuer à développer et moderniser notre réseau commercial pour nous rapprocher da-vantage de la clientèle, en lui offrant les meilleures conditions requises.

Nous misons, aussi, sur l’innovation pro-duits et services et la modernisation, à tra-vers notamment l’in-tensification de l’usage du numé-rique, processus que la CAAR a amorcé avec le lancement de la vente à distance

ou le e-paiement pour certains pro-duits.Nous travaillons, aussi, sur l’améliora-tion des délais d’indemnisation, grâce à la mise en place de plateformes in-formatiques pour la gestion des risques automobiles, en réponse à la principale revendication de la clien-tèle.Il s’agit, au final, d’améliorer constam-ment la qualité de service afin de fidé-liser les clients acquis, d’optimiser nos ressources et de capitaliser nos moyens.Ainsi, le développement du réseau de distribution, l’élargissement de l’offre assurantielle et son corollaire l’inno-vation produits et services, et l’inté-gration des nouveaux outils numé-riques, constituent, pour nous, les principaux leviers de résilience face au ralentissement de l’activité écono-mique.

Pensez-vous que libération des énergies et davantage de libéralisa-tion et d’ouverture sur le marché économique national sur le monde permettront de booster les assu-rances ?

Une ouverture plus importante du marché économique national sur le monde ne peut être que bénéfique avec ce qu’elle apportera comme op-portunités et expériences, et en tant que moyen de stimulation de la

concurrence et d’amélioration de la qualité de service.Cependant, il faudra veiller à mettre en place, en parallèle, un système qui permettra une concurrence équitable et, pour ce qui concerne particulière-ment le secteur des assurances, qui veillera au respect de l’éthique du métier d’assureur, afin de garantir au client un service de qualité et une pres-tation à la hauteur de ses attentes.A cet effet, le Conseil de la concur-rence a, à travers l’organisation de journées d’études et réunions, mis en évidence l’importance de mettre en place un programme de conformité des règles de la concurrence.Programme auquel la CAAR a adhé-ré, afin de confirmer sa volonté de voir le service assurantiel en Algérie, se hisser aux standards internationaux.Donc, libéralisation plus importante oui, mais dans le respect de l’éthique du métier et de la concurrence loyale, pour un développement réel et du-rable, au profit du client algérien. Le marché assurantiel évolue dans un contexte international. C’est ainsi que la CAAR a réussi à mettre en place des partenariats avec des réas-sureurs de renommée internationale, lui permettant de consolider son rôle stratégique dans la protection du pa-trimoine économique national.Ces partenariats permettent égale-ment un transfert de « savoir-faire » au bénéfice de son personnel. La question des formations et de l’assis-tance technique revêt, en effet, un caractère prioritaire et ce, en vue de permettre à la fois au personnel en charge de la réassurance de se doter des techniques modernes de la ges-tion de la réassurance, mais égale-ment aux souscripteurs de s’informer des meilleures pratiques usitées et admises au plan international.

K.A.B.

ANEP

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Évènement

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 55

Revue de L'ASSURANCE : comment analysez-vous le marché national des assurances ?

Mme Belhouchet Widad : Depuis l’indé-pendance, le marché algérien des assu-rances a évolué au rythme des muta-tions économiques et sociales du pays.Il y a quelques temps encore, le secteur subissait, avec force, les contrecoups de la détérioration de la situation écono-mique et des finances publiques, ce qui a eu un impact considérable sur la vi-tesse de contraction du potentiel assu-rable, déjà faiblement développé aupa-ravant dans notre pays.En 2018, le secteur a, certes, évolué positivement, à la faveur d’une crois-

sance estimée par le Conseil National des Assurances, dans sa dernière publication, à 1,8%, mais il n’affiche pas encore le rythme de progres-sion qui traduit toute l’éten-due du potentiel que recèle notre marché.D’autres indicateurs tels que la faiblesse de la densité d’assurance, le taux de pé-nétration des assurances non obligatoires (parfois même obligatoires à l’image des assurances contre les effets des catastrophes na-turelles) ou encore la struc-ture du chiffre d’affaires do-

minée par l’assurance automobile à plus de 55%, expriment justement la marge de progression dont le marché dispose, particulièrement dans les seg-ments à forte valeur ajoutée pour les clients.A cette situation, s’ajoute une concur-rence dont les règles sont à parfaire, notamment pour (re)conquérir la confiance des assurables et garantir un meilleur équilibre, à la fois technique (ajustement des primes au coût réel du risque) et financier (rentabilité et solva-bilité des assureurs).

Quel est le bilan de la CASH, en 2018 ?A l’ombre d’un environnement qui

n’offre pas autant d’opportunités d’af-faires dans les segments qu’elle privilé-gie et dans un marché hautement concurrentiel, notre compagnie a réus-si, en 2018, à faire preuve d’une grande capacité de résilience et à afficher des performances techniques, commer-ciales et financières particulièrement satisfaisantes.Le chiffre d’affaires réalisé, en 2018, avoisine les 9,6 milliards DA, dont 8,43 milliards DA hors Engineering, ce qui représente la meilleure performance de la compagnie depuis sa création.En effet, la croissance affichée par notre société (11%) en faisant abstraction des affaires à faibles chances de renouvelle-ment (engineering essentiellement), il-lustre parfaitement la détermination de la CASH à s’adapter aux nouvelles condi-tions du marché, et à construire sa crois-sance sur des bases moins vulnérables aux effets de la conjoncture économique.La capacité de la société à prendre en charge des sinistres d’une rare intensité a, par ailleurs, été démontrée, à travers notamment un volume global d’indem-nisations de 3,45 milliards DA.Au plan des résultats, la CASH est par-venue, en 2018, à dégager une marge nette de 2,32 milliards DA, et à aug-menter la rentabilité de son capital de 2,6 points, à la faveur d’un résultat net de près de 711 millions DA.

Mme Belhouchet Widad, PDG de la CASH

« Vers la souscription et le paiement en ligne des primes »Dans cet entretien, la première responsable de la CASH, Mme Belhouchet Widad, analyse le marché national des assurances. Elle présente le bilan 2018 de sa compagnie, les projections de 2019, les efforts de modernisation de la compagnie et pointe du doigt les contraintes au développement de l'activité assurances en Algérie.

Entretien réalisé par K. Remouche

Évènement

56 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

L’ensemble de ces performances, tech-niques et financières, ont également per-mis de représenter l’intégralité des enga-gements de la société et de consolider sa marge de solvabilité, qui a atteint, en 2018, près de 12,3 milliards DA, soit six (06) fois le minimum réglementaire.

Quelles sont les projections de la CASH sur l'évolution de l'activité de la compagnie en 2019 ?Le premier bilan dressé par le CNA dans le cadre de la Note de conjoncture du 1er

trimestre 2019, nous renseigne sur une croissance du chiffre d’affaires du mar-ché des assurances de 7% (+6% pour les assurances de dommages et +15% pour les assurances de personnes). Toutes les branches ont connu des pro-gressions plus ou moins marquées.Si cette tendance se confirme, nous pourrions assister, en 2019, à de meil-leurs résultats que ceux enregistrés au cours des quatre derniers exercices.Ce « sursaut » ne doit, toutefois, pas être le fruit de circonstances exceptionnelles, à l’instar d’un réaménagement des tarifs tels que ceux observés en 2018 (Auto-mobile et Cat/Nat), ou d’une conjoncture plus favorable. La croissance doit être bâtie sur des bases plus solides et moins vulnérables, voire éphémères.En tant qu’assureur par excellence des entreprises, la CASH continuera d’œuvrer pour mériter, chaque jour un peu plus, la confiance que placent en elle plusieurs milliers de sociétés de toutes tailles et secteurs d’activité.Notre objectif, pour 2019, est de consoli-der notre leadership sur les risques à fortes valeurs assurées et à accroitre nos parts de marché sur le segment des risques d’entreprises et celui des particu-liers et des professionnels.Nous travaillons, pour ce faire, avec toutes les parties prenantes, notamment avec les autres assureurs et le réassu-reur national (CCR), pour favoriser autant que possible les modes de répartition des risques, à travers les mécanismes de la coassurance et de la co-réassurance.

Quels sont les efforts de diversifica-tion et d'amélioration de la qualité de service entrepris par la CASH ?Pour la CASH, la diversification n’est pas un terme anodin, mais un impératif stra-tégique au centre de ses priorités abso-lues. En effet, la particularité du porte-feuille de la CASH, caractérisé par une part importante des risques à forts enga-gements, l’expose à une sinistralité parti-culièrement sévère, qui pourrait dans le cas d’une concentration des risques en rétention, mettre à mal son équilibre technique et compromettre, ainsi, sa ren-tabilité et sa pérennité commerciale.C’est parfaitement consciente de cet enjeu crucial pour sa survie, que l’entre-prise a réfléchi puis conçu il y a une di-zaine d’années, une stratégie de diver-sification à moyen et long terme, qu’elle réajuste en fonction de l’évolution de son environnement, de ses capacités et des nouvelles exigences de la clientèle.Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette diversification n’a pas été réalisée au détriment de la vocation première de la CASH, qu’est celle d’as-surer les risques de pointe, et pour les-quels la compagnie a développé davan-tage ses offres et ses capacités techniques.Les efforts de diversification ont concer-né, par ailleurs, les risques d’entreprises solvables de toutes tailles et secteurs d’activité et, dans une moindre mesure (compte-tenu notamment de notre ré-seau commercial en voie d’expansion), les risques des particuliers et des profes-sionnels qui sont, de plus en plus, sé-duits par la réactivité de nos collabora-teurs et par la qualité de nos prestations.Même s’il est encore précoce de l’analy-ser, le bilan de notre stratégie de diver-sification est très satisfaisant, au regard notamment d’une croissance ininter-rompue de nos souscriptions, au titre des risques d’entreprises et des particu-liers/professionnels, et de meilleurs in-dicateurs de performance et de solvabi-lité, comparativement à la période durant laquelle le chiffre d’affaires de la

CASH était constitué de près de 90% de contrats émis au titre des grands risques.Au plan des prestations, la CASH a, toujours, inscrit son intervention dans le cadre de la mission noble attribuée à l’assureur, qu’est celle de présenter la meilleure qualité de service aux clients frappés par l’infortune.Pour ce faire, nous veillons, perpétuel-lement, à améliorer notre organisation et notre modèle de gestion des risques et à apporter des conseils éclairés aux clients dans le cadre de l’évaluation de leurs risques, grâce notamment à nos équipes pluridisciplinaires.Nous tâchons, par ailleurs, d’assouplir les démarches d’indemnisation dans la limite de la réglementation, dans la perspective de réduire les délais de trai-tement des demandes d’indemnisation et partant le temps d’attente de nos as-surés.La modernisation de nos processus opé-rationnels et commerciaux a, de tout temps, constitué l’une des priorités stra-tégiques de nos plans de développe-ment, tant elle permet de fluidifier les flux de données, tout en garantissant leur fiabilité, et d’améliorer la qualité de nos prestations. Pour la CASH, cette moder-nisation est une évolution que nous vi-vons au quotidien, notamment à travers le perfectionnement de notre système d’information, conçu et développé par nos brillantes équipes et qui est en passe d’évoluer vers une solution de type ERP, parfaitement compatible avec les nou-veaux défis technologiques et digitaux.En réalité, et à la faveur notamment des actions entreprises dans le cadre des précédents plans, qui ont consisté, jus-tement, à réunir toutes les conditions nécessaires à la réussite d’une évolu-tion digitale en cohérence avec la di-mension de la compagnie, ses orienta-tions stratégiques, la particularité de son activité et ses capacités, nous sommes en mesure d’affirmer que la CASH compte parmi les assureurs les mieux avancés en termes de moderni-sation de ses services.

Évènement

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 57

Parmi les signes de cette efferves-cence, nous avons déployé, il y a quelques semaines, notre nouveau por-tail web, entièrement repensé pour offrir un meilleur accès aux visiteurs et qui permet, aux clients, la réalisation de devis en ligne et, très prochainement, de souscrire des contrats et de payer leurs primes, sans nécessité de se dé-placer vers une agence.

Quelles sont les grandes lignes de la politique de gestion des ressources humaines de la CASH ?La CASH est, aujourd’hui, une société qui emploie plus de 650 personnes, contre moins de 200 il y a dix ans ; une évolution qui illustre, si besoin est, la nécessité d’adopter une vision prospec-tive et une politique de gestion des res-sources humaines particulièrement adaptée.Au centre de notre stratégie globale, le développement de notre capital humain continue d’être l’objet de toute notre at-tention. Les recrutements sont réalisés, au terme d’un processus de sélection rigoureux, afin de veiller au choix des meilleures compétences, dans divers domaines, préalablement identifiés, et bénéficient, dès leur intégration, d’un parrainage per-sonnalisé, afin de garantir une insertion professionnelle de qualité. Nous disposons, par ailleurs, d’une pro-cédure de gestion des carrières et d’un système de stimulation très compétitifs qui permettent d’attirer et de retenir les meilleurs talents, tout en garantissant aux collaborateurs une évolution pro-fessionnelle à la mesure de leurs aspi-rations.La CASH s’est, par ailleurs, dotée d’une Direction, entière, dédiée aux actions de formation, qui établit, déploie et évalue des programmes de formation, selon les normes admises et en fonction du be-soin en formation exprimé, d’une part, par nos différentes structures et, d’autre part, par nos clients et partenaires qui bénéficient, également, de sessions

spéciales, tout au long de l’année.En moyenne, la compagnie consacre, annuellement, 4% de sa masse salariale aux frais de formation, ce qui permet la mise en œuvre de programmes annuels couvrant environ 300 postes/an.

Quelles sont les contraintes au déve-loppement du marché des assu-rances en Algérie ? Si l’on devait faire une analyse rétros-pective au sujet de l’évolution de l’indus-trie algérienne de l’assurance, nous pourrions déduire que la phase que tra-verse, actuellement, le marché des as-surances, marquée notamment par un ralentissement de la croissance et par une demande timide sur les produits d’assurance, est, en fait, la résultante de trois principaux facteurs :D’abord, l’environnement au sein du-quel évoluent les compagnies d’assu-rances, caractérisé notamment par un manque de dynamisme du marché fi-nancier, ne permettant pas pour l’heure une gestion appropriée de l’épargne et l’atteinte de performances financières essentielles au développement des as-sureurs.Ensuite, l’image et le rôle des assureurs dans la protection des biens et des per-sonnes, qu’il convient de réhabiliter, ra-pidement. En effet, l’offre actuelle, no-tamment au titre des garanties non obligatoires, souffre d’un manque d’en-gouement qui trouve son explication, d’une part, dans les pratiques tarifaires et la qualité des services rendue par certains assureurs et, d’autre part, dans le manque de communication, à l’égard du public et des entreprises, qui permet, souvent, de démystifier la mission des assureurs et de rappeler l’importance de se prémunir contre les aléas.Les assureurs ont, par ailleurs, tout in-térêt à travailler de concert, notamment dans le cadre la coassurance des risques, pour faire en sorte à ce que le marché puisse exploiter à l’optimum toutes ses capacités avant tout recours à l’étranger.

Enfin, il apparait important de souligner que le système de protection sociale et de subvention qui caractérise notre pays, a tendance à se substituer aux méca-nismes d’assurance pourtant créés à l’ef-fet de réduire l’intervention des pouvoirs publics, notamment en cas de catas-trophes ou d’évènements majeurs.

Comment voyez-vous l'avenir de la CASH sur le marché national des as-surances ?Il y a de cela près de 20 ans que la CASH avait été la plus jeune compa-gnie à capitaux publics à rejoindre le marché des assurances. Aujourd’hui, elle fait figure de leader dans l’assu-rance des grands risques pour lesquels elle a développé des compétences avé-rées et une expertise reconnue. Au-delà de nos modèles de gestion qui nous ont permis de développer nos acti-vités, tout en les rentabilisant, le secret de cette évolution réside dans le fait que nous orientons, chacune de nos actions, de façon à positionner les exi-gences de nos assurés et de nos parte-naires au centre de toutes nos straté-gies que nous concevons agiles et inclusives.Au sujet de notre vision, à moyen terme, la CASH aspire à consolider, au plan qualitatif, sa position de leader des risques de pointe, à améliorer, perpé-tuellement, la qualité de ses prestations et à moderniser ses modèles de gestion et ses services pour être, constamment, à la hauteur des attentes de sa clien-tèle.Nous ambitionnons, en parallèle, de développer notre gamme d’offres et de services s’adressant aux entreprises et aux professionnels, à accroitre notre proximité, vis-à-vis de notre clientèle (extension du réseau et canaux digi-taux), et à contribuer, de façon efficace, concertée et durable, à l’essor de l’indus-trie nationale des assurances.

K.R.

Évènement

58 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Assemblée générale élective de l’Union algérienne des courtiers d’assurance (UACA)

M. Boudraa Abdelaziz, Président de l’UACA

Le nombre de participants a été de 29 sur 39 cour-tiers dont 09 avec procu-

ration, ce qui a constitué un quorum suffisant pour la tenue de l’AGE.Le rapport moral et financier du bureau sortant a été présenté par le Président de l’UACA et a été adopté, à l’unanimité, à l’is-sue d’un débat. Le rapport a évo-qué ce qui été réalisé et ce qui reste à faire. Suite à cela, les présents ont procédé à l’élection du nouveau bureau avec la su-pervision d’un huissier de justice.L’enjeu principal de cette as-semblée est d'abord la continua-tion d'existence dans un cadre légal, et, aussi, la poursuite des efforts pour la défense et la pro-tection de cette profession qui se trouve fortement menacée par certaines pratiques.Pour rappel, l’UACA est une association professionnelle re-groupant les courtiers d’assu-rance agréés.

Elle a été créée conformément à l’article 214 de la Loi relative aux assurances, à l’instar de l’UAR (Association regroupant les compagnies d’assurance : Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance).Comme toute association, l'UA-CA jouit de la personnalité mo-rale et défend les intérêts de la profession et de ses membres. Elle contribue fortement aussi à la défense des intérêts des mandants assurés auprès des compagnies d'assurance en toute indépendance.« C'est la raison pour laquelle j'ai toujours considéré que l'acti-vité du courtage en assurance s'inscrit, entre autres, dans le cadre de la protection des consommateurs des assu-rances (les assurés) », a indi-qué le président élu de cette association, M. Boudraa Abde-laziz, à l’occasion de cette AGE.

K.A.B.

Revue de L'ASSURANCE : Pouvez-vous nous présen-ter rapidement votre asso-ciation ?

M. Boudraa Abdelaziz : La création de l’association des courtiers d’assurance (UACA) n’a pas été sans difficultés. C’est à l’initiative de quelques courtiers, en 2005, alors qu’on n’était qu’une dizaine seulement. Ce fut lors d’une assemblée générale constitu-tive, tenue en novembre 2005 et annoncée lors du Forum national sur les assurances tenu, à I’hôtel Aurassi, les 28 et 29 novembre 2005.Toutefois, le dépôt du dossier administratif auprès du ministère de I‘Intérieur et des Collectivités Locales n'a pas été suivi de remise de récépissé de dépôt de dos-sier comme le prévoit la Loi 90.31 relative aux associa-tions en vigueur.

Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï

Sortir de l’activité d’auxiliaire d’assurance

« Mettre en œuvre le nouvel accord de courtage »

Une Assemblée Générale Elective (AGE) de l’Union algérienne des courtiers d’assurance (UACA), a eu lieu au siège du Conseil national des assurances (CNA) en date du 1er juillet 2019.Cette AGE intervient suite à l’expiration du mandat de trois années du bureau de l’UACA, à savoir le 21 avril 2019. Conformément aux statuts de l’UACA, cette AGE a été convoquée pour élire un nouveau bureau.

Dans cet entretien le président de l’UACA, M. Boudraa Abdelaziz plaide pour la réhabilitation du métier de courtier d’assurance. Pour lui, il est impératif de lever les contraintes réglementaires et certaines pratiques qui freinent le développement de cette activité. Au sommet des actions visant à développer le courtage en assurance, le président de l’UACA préconise la lutte contre certaines pratiques non professionnelles émanant de certains courtiers ou d’agents des sociétés d’assurances qui lèsent l’activité de courtage.

Évènement

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 59

Les diverses interventions auprès du mi-nistère pour la remise du récépissé sont demeurées, malheureusement, vaines. C'est en juillet 2012, suite à la promulgation de la nouvelle Loi relative aux associations et la tenue d’une deuxième assemblée générale constitutive, en présence d’un huissier de justice, qu'un nouveau dossier d’agrément a été déposé et un récépissé de dépôt de dossier a été enfin délivré conformément à la nouvelle Loi.A l'expiration du délai de 45 jours, prévu par cette Loi pour la remise du récépissé d'enregistrement devenu acquis de plein droit, le ministère de l'Intérieur nous oriente vers le ministère des Finances pour l’obtention de l'agrément se référant à l’article 214 de la Loi relative aux assu-rances. Cela nous a engendré évidement une énorme perte de temps.Le dépôt d'un nouveau dossier a été sanctionné par l'agrément du ministère des Finances, en date du 27 février 2016.En dépit de l’absence d’un agrément, notre association qui est constituée de fait, a été active et réactive auprès des confrères, des compagnies d'assurances, du Conseil national des assurances -en notre qualité de membre permanent- et de l’autorité de supervision des assu-rances.

Que signifie pour vous d’être élu pré-sident de l’UACA ?Être élu président de l'UACA signifie, à mon sens, non pas une distinction mais, une charge et un sacrifice à accomplir, avec l'aide des confrères pour faire face aux défis et obstacles qui se dressent face à l’activité de courtage et lui per-mettre d'évoluer normalement avec les exigences qu'impose le professionna-lisme et de pouvoir contribuer à l'effort de développement du marché national des assurances à l'instar des courtiers d'as-surance du monde moderne.

Un mot sur l’état actuel des courtiers d’assurance en Algérie ?La situation des courtiers d'assurance en Algérie a beaucoup évolué, par rapport aux années précédentes, eu égard au nombre de courtiers nouvellement agréés

et du volume d'affaires placées par leurs intermédiaires.Toutefois, le faible niveau de commis-sionnement en vigueur ne permettant pas au courtier la prise en charge des frais de fonctionnement, d'études et de visite des risques, en plus de facteurs endogènes et exogènes qui freinent, actuellement, le développement de l’activité et son évolu-tion vers les pratiques de courtage uni-versellement reconnues.S’agissant des facteurs endogènes, il est question de l'infiltration de la profession par des non professionnels qui donnent une autre image que celle voulue par les courtiers professionnels apporteurs d'une réelle valeur ajoutée au profit des man-dants et des compagnies. Les facteurs exogènes, eux, sont en rap-port avec l'existence d'une volonté délibé-rée de réduire la mission du courtier à sa simple expression d'auxiliaire et appor-teur d'affaire à la compagnie sans aucun droit de défense des intérêts des assurés, contrairement au rôle novateur dévolu au courtier par les législations et pratiques universelles de courtage.C’est ce que nous constatons à travers des faits tels que le gel de la gestion pour compte, la suppression de la commission de gestion, et des actions concertées par certains représentants des compagnies auprès des mandants des courtiers visant à les évincer moyennant un allègement de la prime d'assurance.

Quel est votre plan d'action et celui de votre bureau ?Sans évoquer, dans le détail, le plan d'ac-tion adopté, nous continuerons les efforts entrepris pour rehausser l'activité de courtage en assurance à un niveau conforme aux pratiques universelles, en militant pour la révision du cadre régle-mentaire et la lutte contre toutes les formes et pratiques non professionnelles émanant des courtiers comme des com-pagnies afin de favoriser un développe-ment harmonieux du marché.

Quelles sont donc les urgences, au-jourd’hui, pour vous ?Le plus urgent est la mise en œuvre du

nouveau protocole d’accord de courtage élaboré récemment par les deux unions (UAR et UACA), suite à une laborieuse concertation. Le protocole est adopté par la Commission de supervision des assu-rances. Ce protocole remédie, convena-blement, aux problèmes liés aux apports du courtier. Il devrait être suivi par une nouvelle concertation, avec l'UAR, sur la partie gestion pour compte, ainsi que sur la révision du système de rémunération dont l’autorité de régulation ne voit au-cune objection de principe à cela.L'objectif recherché est, tout simplement, de normaliser l'activité et de l'adapter aux règles universelles d'exercice.

En qualité de courtiers d'assurance, vous êtes sans doute appelés à prati-quer l'assurance agricole. Comment gérez-vous ce type d'assurance et quels sont les problèmes liés à ce pro-duit spécifique et quelles sont les pro-positions pour le développer, encore plus, dans le milieu des agriculteurs ?Bien que les courtiers d'assurance sont agréés pour pratiquer ce type de risques, peu d'affaires sont placées par leurs inter-médiaires, en raison de la spécificité et au manque d’intérêt accordé au risque agri-cole.Malgré l’offre de certaines compagnies, le risque agricole a toujours été l'apanage de la CNMA, maitrisant parfaitement toutes ses branches mais, avec laquelle aucun protocole n'est signé en raison de l’interdiction prévue par la loi relative aux assurances en vigueur (Forme mutuelle). Une interdiction dont nous proposons la levée, à l'instar des autres législations. Nous proposons de laisser la liberté à l'assemblée générale de la mutuelle d'en décider, en toute liberté. Ce qui permettra certainement aux confrères de contribuer au développement de cette branche im-portante.Comme il est certain que le nouveau pro-duit d'assurance sur les catastrophes na-turelles qui est au stade d’examen par le Conseil national des assurances permet-tra de donner un coup d'accélérateur au développement de la branche.

K.A.B.

Évènement

60 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

Magazine FINASSURANCE

Des objectifs et des ambitions pour une nouvelle publication sectorielleLe champ de la presse écrite spécialisée dans le secteur des finances, en général, et des assurances, en particulier, s’enrichit avec la parution du premier numéro du magazine FINASSURANCE, destiné notamment aux professionnels du secteur de l’assurance.

Le premier objectif du magazine FINASSURANCE, étant, selon son Directeur de publication, M. Nebbali Noureddine, est de mettre, à la disposition de ces derniers, des articles, des dossiers et des actualités dans le domaine de l’as-

surance et de la réassurance, élaborés par des experts, nationaux et internatio-naux, en la matière. Le deuxième objectif consiste à leur permettre de faire connaitre leurs nouveautés, en matière de produits et de services, tel que le e-paiement… et ce, en mettant à leur disposition des espaces d’expression dédiés.A l’égard des assurés, qu’ils soient des entreprises, des particuliers ou bien d’autres institutions, il s’agit, en fait, de sensibiliser ces derniers à s’assurer d’avantage, en les amenant à contracter des garanties proposées par les compagnies d’assu-rances et dont ils n’ont pas eu connaissance auparavant. A ce titre, le magazine FINASSURANCE a prévu, dans toutes ses publications, des articles visant à pro-mouvoir des produits d’assurances.Dans le présent entretien, le Directeur de publication de FINASSURANCE qui est également consultant et formateur en assurances/finance, livre, à nos aimables lecteurs, les détails des raisons du lancement de ce magazine ainsi que les ob-jectifs qui lui sont tracés dans le futur.

F.A.

Évènement

Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019 61

Revue de L’ASSURANCE : FINAS-SURANCE est un nouveau maga-zine spécialisé dans les assurances. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à choisir ce secteur ?

M. Nebbali Nourredine : Effectivement, FINASSURANCE est un nouveau magazine mensuel spécialisé dans les assurances. Le choix de me lancer dans ce secteur est, d’une part, le fait que je suis issu du secteur des assurances avec près de 20 ans d’expérience dans des fonctions supérieures au sein de plusieurs compagnies d’assurances.D’autre part, c’est mon souhait de voir un jour le secteur des assurance, en Algérie, à l’instar des pays développés, jouer un rôle fondamental dans le financement de l’économie et, pourquoi

pas, devenir le principal investisseur institutionnel, en faisant diriger ces flux d’investissement vers les secteurs qui ont besoin de financement de long terme tel que les infrastructures. C’est dans ce cadre-là que le Magazine FINASSURANCE espère ajouter sa contribution, à tous ces efforts déployés par tous ces acteurs suscités en œuvrant à réaliser ces objectifs.

Certains spécialistes trouvent que le secteur manque cruellement de re-vues ou de magazines spécialisés, mis à part quelques bulletins des ins-titutions et d’entreprises qui sont publiés. Pourquoi, à votre avis ?

A mon avis, d’une part, c’est dû à la complexité de ce métier et, d’autre part, du fait que les spécialistes de l’assurance occupant des postes de responsabilité au niveau des compagnies d’assurance, désirant se consacrer à publier dans ce domaine, se retrouvent dépassés par leur travail, car gérer une compagnie d’assurance c’est gérer des risques, c’est être à la disposition de manière permanente de son réseau de distribution déployé sur tout le territoire national, en matière de gestion des conditions de souscription, des accords de règlement des sinistres, des renouvèlements des contrats, des placement en réassurance, en sus des aspects comptables et financiers, dans le cadre des relations avec les la tutelle

« Direction des Assurances, Conseil national des Assurances etc.», ce qui n’est pas chose facile.

Pensez-vous que les compagnies d'assurances et les clients donnent de l'importance à ce genre de maga-zine ?

Oui, les compagnies d’assurances ont, toujours, encouragé ce genre d’initiatives. D’ailleurs, je l’ai ressenti lors du lancement du numéro 00 de FINASSURANCE. En faisant parvenir quelques exemplaires aux principaux dirigeants des compagnies d’assurances, je n’ai reçu que des encouragements de leur part.Concernant les clients, en sus des rubriques destinées aux professionnels de l’assurance, le magazine FINASSURANCE réserve des espaces destinés aux assurés, qu’ils soient entreprises ou bien particuliers, et ce, dans le cadre des efforts de vulgarisation consentis. En définitif, tout le monde s’y retrouve. Cela a été nettement constaté, d’ailleurs, à travers mes publications sur les réseaux sociaux lesquelles ont trouvés un écho très favorable de la part des assurés. FINASSURANCE ambitionne de devenir un espace incontournable de communication entre l’assuré et l’assureur.

F.A

M. Nebbali Nourredine, Directeur de Publication du Magazine FINASSURANCE« Devenir un espace incontournable de communication entre l’assuré et l’assureur »

Entretien réalisé par Fatiha Aïd

Évènement

62 Revue de L’ASSURANCE N°26 - Juillet 2019

La CNMA poursuit son cycle de formations au profit de ses employés

Séminaire sur la souscription dommages aux biens et pertes d’exploitation avec la Scor de ParisLa Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) a organisé une formation sur « la Souscription dommages aux biens et pertes d’exploitation », avec la participation de deux experts internationaux de son partenaire réassureur, la Scor de Paris, leader mondial dans la réassurance.

Cette formation qui a eu lieu les 29 et 30 septembre, au Centre Fa-milial de la CNAS à Ben Aknoun

(Alger), a permis aux deux experts d’animer un séminaire de formation, au profit de l’ensemble des cadres tech-niques du réseau de la Mutualité Agri-cole, selon un communiqué de presse de cette société.

Cette opération de formation s’inscrit dans le cadre de la convention de par-tenariat qui lie la CNMA à la Scor et qui a pour objectif « l’amélioration des ca-pacités techniques, en perspective du

lancement de nouveaux risques indus-triels, à destination du monde de l’agroalimentaire », lit-on dans le com-muniqué de la CNMA.

Il convient de mentionner que la mu-tualité agricole a instauré toute une politique de formation professionnelle qui s’inscrit dans le cadre de l’encoura-gement consenti par la Direction Géné-rale envers l’ensemble de ses em-ployés répartis sur les 48 wilayas. « Ces formations revêtent une forme de motivation favorisant ainsi l’identifica-tion des compétences, leurs dévelop-

pements et leurs épanouissements au niveau du savoir », indique-t-on de même source.

Pour ce faire, la Caisse Nationale de Mutualité Agricole « consacre toute une Direction, afin d’assurer la meil-leure gestion de sa conception profes-sionnelle dont l’objectif est d’accroitre les compétences et de participer à l’amélioration de la performance de l’institution, donc à son efficience éco-nomique », rappelle-t-on encore.

R.A.

ANEP

- 19

1610

1881