Enjeux Les Echos 01 09 11

I

STRATÉGIE

PARFLORENCE BAUCHARD

L

'

appétitindustrielpour la nutritionsanté

Cesecteur à mi-cheminentrealimentation et pharmacieintéressedésormaisaussibien lesgroupesagroalimentaires que leslabos . Laréglementation , plussévère

,

lesoblige à investirdavantageenRCD.

Faire

rimeralimentation avecsanté,

c' estl

' obsessiondesgéantsde l

' alimentairequimultiplientdepuisquelquesannées

lesalimentsditsfonctionnels . Objectif : sedistinguersurleslinéairesde la grandedistribution

,

toutenrépondantauxnouveauxbesoinsdesantédeconsommateursavidesdebienvieillir et enarrondissantaupassageleursmargesbénéficiaires . Mais

,

face à l

'

essor d

'

allégationsentoutgenre - dutransitintestinal à la réductiondepoids ,

enpassantpar l

' améliorationde la vue -

,

l

' Autorité

européennedesécuritédesaliments(

Efsa) exige

à présentlespreuvesscientifiquesdesbienfaitsavancés

(

voirEnjeuxLesEchosn?268,

mars2010)

. Aunomde la protectionduconsommateur . SuiviedeprèspardespayscommelesEtats-Unis

,

l

' Australieoumêmel

' Indonésie,

la miseenoeuvredecettenouvelle réglementationplusstrictesuscitetoutefoisbiendesremous

: plusde80%%desdemandes d

' autorisation d

'

alimentsoud

'

ingrédients fonctionnelsdéposéesdepuis2009

46j

ENJEUXLESECHOSSEPTEMBRE2011

ontétérejetéesfautedepreuveoudecaractérisationsuffisantesdubénéficeobtenu . Aupointquecertains industrielsontrepris leurdossieravantmême la findesdélibérations.C'

estle casdeDanonequicherche à

préserverla renteannuelle

d

' ActiviaEurope et

ActimelEurope ,

soit 1

,5

milliard d

' euroscumulés

,

avecsesprobiotiquesdestinés à faciliterle transitintestinal

. LegroupedirigéparFranckRiboudappelledesesvoeuxuneclarificationdesrèglesdujeuavantderepassersouslesfourchescaudinesde l

'

Efsa.

Lesbienfaitsde l

'

oméga 3 validésEnattendant

,

danssixpayseuropéens ,

l

'

étiquetage etle positionnement

marketingd

' Activia et d

' Actimelnemettentplusenavantlesbénéficessantédecesdeuxproduits « sansqu' uneinflexionsensibledesventesaitététoutefoisobservée

,

observeEwaHudson,

de la société d

' étudesEuromonitorInternational . Mais il estencoreunpeutôtpourenjuger .

» Unilever,

Danone et Raisioonteuplusdechanceavecleursalimentsenrichisenoméga 3

contre le mauvaischolestérol,

cetacidegrasfaisantpartiede la modesteliste d

'

ingrédients validée jusqu' ici par l

' Efsa.

Trèscritiquéeparlesindustrielssur la

lenteur etla complexitédesesprocédures ,

l

' Autorité s' efforce à présentdelessimplifier et deraccourcirlesdélais . Unsixièmetrain

d

' autorisations estattenducemois-ci,

quidevraitapporterdenouveauxéclaircissements surlesattentesde l

' Efsa, plus

arméepourévaluer la sécuritéque l

'

efficacité desproduits . Deleurcôté,

lesentreprisesapprennentenavançant . « Nousaimerionsplusdediscussionenamontdudépôtdedossier »

,

a réclaméDirkJacobs ,

aunomdeFoodDrinkEurope ,

la confédération

européennedesindustriesalimentaires,

enjuindernier à la deuxième éditionduséminaireNutrEventdeLille .

«L

' idéalseraitque le

protocoled

'

essaissoitprévalidépar l

' Efsaavantle lancementeffectifdeceux-ci

, complète

N° et date de parution : 282 - 01/09/2011Diffusion : 111891Périodicité : MensuelEnjeuxLesEchos_282_46_24.pdfSite Web : http://www.lesechos.fr/enjeux/index.htm

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Alcimed

http://www.lesechos.fr/enjeux/index.htm

SandraEinerhand,

directricede la santé et dela nutritiondufabricant d

'

ingrédientsTate &

Lyle .L

' industrieestprête à participer à la

miseenplace d

' uncomitédepréévaluationpouraméliorersagestiondesrisques .

»

L

'

EuropeplusexigeantequelesEtats-UnisSi la réglementation a freiné la dynamiquedelancements

,

«elleobligelesentreprises

à fairedeschoixstratégiques ,

à êtreplussélectives »

, expliqueVincentGenet,

directeurde l

' activitésantéaucabinetdeconsultantsAlcimed . Faut-ilpourautantpariersur le

déclind

' unsecteur d

' activitélucratifquipèseentre100et

150milliardsd

' eurosdans le monde ? « Cephénomènenetoucheque l

'

Europe ,

observeIsabelledeCremoux

,

membredudirectoiredufondsd

' investissementSeventurePartners . AuxEtats-Unis

,

le marchécontinue à bienseporter . Quandlesrecommandations del

' Efsasepréciseront ,

le paysageeuropéendevraitseclarifier

et lemarchérepartirde

l

' avant .Carcesexigencesdepreuves s'

inscriventdansunetendancedefond . »

Quienprofite? «Sourcedecoûts

supplémentaires,

cettebarrière àl

' entréeavantage

plutôtlesgrandesentreprises »

,

constatePatrickHasenbôhler

,

de la banqueSarasinenSuisse .

Cellesquiontlesreinsassezsolidespourfinancerdesdéveloppementspluslongs et pluscomplexes ,

d

' autant

quelesmarqueursbiologiquesd

' évaluationmanquentencorecruellementpourjugersurle

longtermedeseffetslimitéssurdespersonnessaines . Résultat :

lacroissancedesdépensesde

recherche et développements' accélère .

« De 3 à 4%%paran,

la

progressiondesbudgetsR&Ddes

entreprisesoscillemaintenantentre

8 et 9%% »

,

observeLaurentBillès-GarabédianducabinetOC&C.

Mais lerenforcementdescontraintes

réglementairesgénèreaussidenouveauxservices

: aideaumontagededossiers,

essais

cliniquesclésenmain,

recherchedebiomarqueurspourmieuxévaluer l

'

impactdesaliments fonctionnels . Desservices

développéspardessociétéssouventprochesde la

Lerenforcementdescontraintesréglementairesgénèreaussidenouveauxservices : aideaumontagededossiers

,

essaiscliniquesclésenmain

,

recherchedebiomorqueurspourmieuxévaluer l

'

impactdesaliments...

santé,

comme l

' InstitutMérieuxqui a

constituéunpôleautourde la nutritiondepuisdécembre2010

(

MérieuxNutrisciences)

ouNaturalpha ,

le spin-offde la sociétédebiotechnologie lilloiseGenfit

, qui aouvert

depuisunanuncentre d

' essais à

l

'

hôpitalSaint-Vincent-de-PaulàParis . Lesindustrielscomme les

pouvoirspublicsoulesautoritésdesantésontdemandeurs.

PourMichelduPeloux,

responsablede l

' unitéBiofortisdeMérieuxNutrisciences

,

«cette

réglementationfavorise l

'

émergencede lanutritioncommeune

science à partentière »

,

complémentairedusecteurdumédicament

,

lesdécouvertesrécentesconfirmantlesliensentre la

nutrition et lasanté .

Alimentsfonctionnels

,complémentsalimentaires,

nutritionclinique ,

nutritionparentérale ,

lesfrontièresavec le

médicamentdeviennentdeplusenplusfloues .

Danslespaysémergents - auxsystèmesdesantémoinsnantiscommeenOccident

,

lanutritionpeut

contribuer àl

' améliorationde la santépourunmoindrecoûten s'

intéressantauxpersonnes à risques . Lanutritionentreausside

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STRATÉGIE

plusenplusdans le traitementdemaladieschroniques : diabète

,

obésité,maladie d

'

Alzheimeroucancer . L

' industriealimentaire l

'

a

biencompris . Certainslaboratoirespharmaceutiques également . CommePfizerqui

a racheté le danoisFerrosan,

unspécialistedesvitamines

,

ouSanofiqui a acquislescompléments alimentairesOEnobiol . « Unestratégiepour s' adresserauconsommateuret passimplementaumalade »

,

selonNicolasCartier

,

directeur généraldeSanofiFrance

,

et quipermetauxlaboratoiresdesediversifierdansunepériodeoù

ils

peinentà découvrirdenouveauxmédicaments

,

alorsquelesgouvernementsdeviennentdeplusenpluséconomes .

L

' évolutiondesmentalités et dupouvoir d

' achatdesseniorslesy encourage.

« Nousvivonsdansuneépoquemarquéeparle mythede

la jeunesse , soulignePhilippeJaegy ,

ducabinetSolvingEfeso,

avec l

'

émergence d

' unepopulation d

' " amortels " quirefusentdevieillir

et demourir .

»

Et quiestsurtoutprête à payerpourvieillirmieux . « Entermeséconomiques , expliqueJean-FrançoisMouney,

PDGdeNaturalpha ,

le créneau

I

PepsiCo , qui a ouvertun institutdenutrition

,

s' intéresse à la

nutrigénomique ,autrementdit à

l

' influencedescomposants desrégimesalimentaires surlesgènes !

entrealimentationet pharmacieoffre le taux

decroissance le plus important .»

Plusciblé et plus lucratif,

le segmentdela

nutritioncliniqueamènelesindustriels à

emprunterdescanauxspécialisésqui n' ontrien à voiravec la grandedistribution :

pharmacies, hôpitaux ,

maisonsderetraite,

soinsà domicile . Chaquepays a sespratiques et sestauxderemboursement

, quirendent le clientmoinssourcilleuxsurlestarifs . Anticipantlesbesoins liésauvieillissementde

la

population avecunepartde32%% desplusde60ansen2050

,

Nestléet Danoneont

investimassivementdanscedomainedepuiscinqans . Le

géantsuisse a profitédurecentragedesoncompatriote Novartispourracheteren2007sesactivitésdenutritionclinique ,

soitprèsde1 milliard d

'

eurosdechiffred

' affaires . Dansla foulée

,

Danone a mis lamainsurNutricia

,

uneentreprisenéerlandaiseprésentedansl

' alimentationinfantileet la nutritionclinique ,

unpôlequ' ila depuisconfortéavec

desacquisitionsciblées enGrande-Bretagne( Complan )

et auxEtats-Unis(

MedicalNutrition

)

. Desactivitéségalementdéployéespro

gressivementdanslespaysémergents.Quatreansaprès l

'

acquisitiondeNutricia,

le groupenepeutque s' enféliciter :

la pluspetitedesdivisions

(5

à 6%%desventes)

afficheaujourd' hui la plusfortedynamique

decroissanceet la meilleure rentabilité

opérationnelle ,

soit7 à 8%%!Desoncôté

,

« Nutriciaapprécie l

'

expertisemarketingdeDanone et saconnaissance duconsommateurpouraméliorer lesgoûts ,

lestextures

,

lesformatsdeprésentation ( liquide ,

poudre ,

etc.)

et lesemballagesdesesproduitsquecertainspatientsdoiventconsommer à vie »

, ajoutesondirecteurde la

communication,

WilliamGreen.

LesscientifiquesdeplusenplussollicitésLacréationparNestlé d

' uninstitutdessciencesde la santéendébut d

' annéeattestedesavolonté d

' investirdanscesegment à la

lisièrede l

' alimentaire et de lasanté . Cette

nouvelleactivitédemandetoutefoisdesschémas depenséedifférents .

C'estpourquoi le

groupesuisse,

comme Danone,

créedespartenariats avec

la rechercheacadémique ,

desstart-up ,

d

' autresindustriels,

y comprissousformedeprisesdeparticipation . Cetteannée

,

Nestlé a pris le contrôle d

' unesociétéaméricaine dediagnosticPrometheus

, spécialiséedans

le diagnostic et lestraitements,

essentiellementdesaffectionsintestinales . MêmePepsiCo , qui a ouvert l

' automnedernieruninstitutdenutrition

,

s' intéresse à la

nutrigénornique ,

autrementdità l

' influencedescomposantsdesrégimesalimentairessurles

gènes ! Desrecherches encouragéesparlespouvoirspublics . Depuis2008

,

la

Commission européenne soutientunprojet d

' étudedesgènesde la floreintestinale

,

MetaHIT, qui

regroupe desindustriels etdesinstitutsde

rechercheuniversitaires .« Danscedomaine

,

commedansceluidumétabolismeencorerelativementpeudéfrichépar l

' industrie

pharmaceutique ,

il

y

a placepourdenouveauxarrivants »

,

estime IsabelledeCremoux.A quellesconditionscesnouveaux

produits trouveront-ilsunmarché? L

'

expériencedesaliments fonctionnelsestédifiante.Plusaverti et plusméfiant

,

le consommateur

rejetteaujourd ' huiles « alibobards »

et

réclamedevéritablesavantagessantésans

pourautant renoncer à satisfairesespapilles.Lesindustrielsquisaurontconciliercesdeuxexigences serontcertainementgagnants . Ill




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