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Avec plus de 260.000 nouveaux cas par an, le cancer de vessie est parmi
les cancers les plus fréquents dans le monde. Il est le deuxième cancer
urologique. Il est beaucoup plus fréquent chez l’homme que chez la femme. La
différence entre les 2 sexes suggère que la carcinogenèse dans la vessie puisse
être induite par des hormones androgéniques tandis que les hormones
œstrogéniques auraient un effet protecteur. Comme pour la majorité des autres
cancers, l’incidence du cancer de la vessie augmente avec l’âge et son étiologie
est associée à différents facteurs environnementaux tels le tabac qui semble
contribuer lui seul à respectivement 50 % et 31 % des cancers chez l’homme et
la femme.
Le terme « tumeur de vessie » englobe un ensemble de lésions qui vont de
la petite tumeur papillomateuse et superficielle au cancer urothélial infiltrant et
métastatique. En effet, deux groupes histologiques ont été définis, d’un côté les
tumeurs superficielles (70-80% des tumeurs primitives ; seules 10-20% de
progression) et de l’autre des tumeurs d’emblée infiltrantes (20-30%) avec
moins de 50 % de survie à cinq ans.
Le diagnostic des tumeurs de vessie doit être systématiquement évoqué
devant une hématurie macroscopique, d’autant plus s’il s’agit d’un homme,
fumeur, de la soixantaine. Leur pronostic est lié à leur extension en profondeur
et à distance. La résection endoscopique sous anesthésie de la tumeur avec
examen anatomopathologique affirme le diagnostic, détermine le stade
d’infiltration en profondeur, le degré cytologique et peut constituer un traitement
curatif isolé. Le traitement adéquat peut ainsi être posé selon chaque cas pouvant
être soit une résection transurétrale (RTUV), une cystectomie partielle, des
instillations endovésicales, une radiothérapie voire même une chimiothérapie
systémique dans les formes avancées.
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Notre travail débutera par une revue de la littérature sur les tumeurs de
vessie où un marqueur tumoral pourrait être utile dans deux situations cliniques
différentes :
établissement du pronostic d’une tumeur limite, le marqueur ayant alors
l’intérêt de pouvoir distinguer parmi les tumeurs superficielles de vessie
celles dont le pronostic est le plus péjoratif (évolution vers l’infiltration ou
risque métastatique), afin de proposer précocement un traitement adapté.
surveillance régulière et prolongée des tumeurs de vessie infiltrantes
traitées.
La deuxième partie du présent travail aura ainsi pour but d’étudier
l’apport de trois marqueurs tumoraux sériques : ACE, CA 19-9 et CA 125, dans
le pronostic des tumeurs infiltrantes de la vessie ainsi que dans les formes
avancées locorégionales ou métastatiques de ce cancer.
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A. RAPPEL ANATOMIQUE DE LA VESSIE [1]:
1. Définition :
La vessie est un sac musculaire lisse et rétractile qui emmagasine
temporairement l’urine [2]
.
2. Situation (fig. 1A et 1B) :
La vessie occupe une position rétropéritoniale sur le plancher pelvien,
immédiatement derrière la symphyse pubienne. Chez l’homme, la vessie est
devant le rectum, la prostate (appartenant au système génital) entoure le col de la
vessie, au point de jonction avec l’urètre. Chez la femme, la vessie est située
devant le vagin et l’utérus.
3. Configuration Interne :
L’intérieur de la vessie est percé d’orifice pour les deux uretères et pour
l’urètre. L’uvule de la vessie est un petit relief lisse et interne du trigone vésical,
délimité par ces 3 orifices (triangle de lieutaud). Il est souvent plus saillant chez
les hommes âgés, d’importance primordial du point de vue clinique, car les
infections tendent à y persister (fig. 2B) [2]
.
4. Configuration Externe et Fonction (fig. 2A et fig. 3) :
Très extensible, la vessie est remarquablement bien adaptée à sa fonction
de réservoir. Lorsqu’elle est vide ou qu’elle contient peu d’urine, elle est
contractée et de forme pyramidale. Ses parois sont épaisses et parcourues de Plis
Vésicaux Transverses. Quand l’urine s’accumule, la vessie se dilate et prend la
forme d’une poire en s’élevant dans la cavité abdominale; la paroi musculaire
s’étire et s’amincit et les plis disparaissent.
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On peut palper une vessie distendue par l’urine bien au-dessus de la
symphyse pubienne. Une distension extrême peut causer la rupture de la vessie.
Bien que sa formation par les reins soit continue, l’urine s’accumule dans la
vessie jusqu’au moment approprié pour son excrétion.
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Figure 1A : Situation générale de la vessie chez la femme [3]
.
Bladder (vessie)
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Figure 1B : Situation générale de la vessie chez l’homme [3]
.
Bladder (vessie)
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Figure 2 : La Vessie. A. vue supérolatérale, l’apex de la vessie est dirigé vers le bord
supérieur de la symphyse pubienne. B. Le trigone. Vue antérieure avec la partie
antérieure de la vessie sectionnée à l’extérieur [3]
.
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5. Capacité et Propriétés (fig. 3) :
La vessie peut emmagasiner de grandes quantités d’urine (jusqu’à 300 ml)
sans que sa pression interne s’étire de façon marquée. Une vessie partiellement
remplie mesure approximativement 12,5 cm de long et a une capacité d’environ
500 ml. Cette quantité peut cependant doubler si besoin est.
Figure 3 : Limite inférieure et supérieure de la vessie vide et pleine [3]
.
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6. Vascularisation de la Vessie :
6.1. Irrigation artérielle de la vessie urinaire [2]:
La vascularisation artérielle est assurée par 4 groupes d’artères d’origine
différente et irriguant des territoires différents : Artères Vésicales Supérieures,
Inférieures, Antérieures et Postérieures (fig. 4).
Les Artères Antérieures sont fournies par les Artères Honteuses Internes
et Obturatrices.
Les Artères Postérieures et Inférieures sont fournies par les Artères
Vésicales Inférieures et Vésiculo-Déférentielle.
Les Artères Supérieures proviennent de l’Artère Ombilicale.
Toutes ces Artères sont des branches de l’Artère Iliaque Interne ou
Hypogastrique.
6.2. Drainage veineux [4] :
Les veines débouchent dans les veines iliaques internes (fig.5). Chez
l’homme, le plexus veineux vésical est en continuité avec le plexus veineux
prostatique; il entoure le fond de la vessie, la prostate, les vésicules séminales,
les conduits déférents et l’extrémité inférieure des uretères. Par l’intermédiaire
du plexus prostatique, ce plexus composite vésico-prostatique reçoit également
la veine dorsale profonde du pénis. Les plexus veineux vésicaux sont
principalement drainés par les veines vésicales inférieures qui se jettent dans les
veines iliaques internes. Toutefois, ils peuvent être drainés par les veines
sacrales vers les plexus veineux vertébraux internes (plexus veineux
intrarachidiens). Chez la femme, les plexus veineux vésicaux entourent la
portion pelvienne de l’urètre et le col de la vessie ; ils recueillent le sang de la
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veine dorsale profonde du clitoris et s’anastomosent avec les plexus veineux
vaginaux et utéro-vaginaux.
6.3. Innervation vésicale [4]:
Les fibres parasympathiques destinées à la vessie sont issues des nerfs
splanchniques pelviens (fig.6). Les fibres sympathiques destinées à la vessie
sont issues des nerfs T11 à L2. Fibres sympathiques et parasympathiques
coexistent dans les plexus nerveux vésicaux qui, comme les différents plexus
pelviens, sont des extensions des plexus hypogastriques inférieurs.
6.4. Drainage lymphatique de la vessie [4]:
Dans les deux sexes, les vaisseaux lymphatiques originaires de la face
supérieure de la vessie aboutissent aux nœuds lymphatiques iliaques externes
(fig.7). Ceux qui proviennent du fond de la vessie rejoignent les nœuds
lymphatiques iliaques internes. Quelques collecteurs en provenance du col de la
vessie acheminent la lymphe vers les nœuds lymphatiques sacraux ou iliaques
communs.
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Figure 4 : Vascularisation artérielle de la vessie [3]
.
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Figure 5 : Vascularisation veineuse de la vessie [3]
.
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Figure 6 : Innervation de la vessie [3]
.
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Figure 7 : Drainage lymphatique de la vessie [3]
.
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B. RAPPEL SUR L’EMBRYOLOGIE ET L’HISTOLOGIE DE LA VESSIE :
1. L’embryogenèse de la vessie [5]:
La vessie se développe à partir de la partie supérieure du sinus urogénital
(SUG) qui est en continuité avec l'allantoïde. L'allantoïde va s'oblitérer
progressivement pour former un cordon fibreux, l'ouraque, qui deviendra après
la naissance le ligament ombilical médian (fig.8) [6]
. L'extrémité distale
initialement commune (canal excréteur commun) des canaux mésonéphrotiques
de Wolff et des bourgeons urétériques s'incorpore dans la paroi postéro-latérale
de la partie supérieure du SUG (future vessie) pendant le cloisonnement du
cloaque. Le plan d'ouverture du canal excréteur commun permet de délimiter
deux zones: la zone sus-jacente dite zone urinaire et la zone sous-jacente ou
zone génitale.
La croissance rapide de la face dorsale du sinus urogénital aboutit à
l'incorporation bilatérale dans sa paroi dans la partie distale et commune des
uretères et des canaux de Wolff. D'autres mécanismes de croissance complexes
seront responsables d'une inversion crânio-caudale des abouchements des
uretères et des canaux de Wolff. Les orifices urétéraux semblent progresser en
direction crânio-latérale, alors que les orifices Wolffiens semblent se déplacer de
manière médio-caudale. Le triangle ainsi formé est appelé le trigone vésical. Les
canaux de Wolff formeront les futurs canaux déférents. Le trigone vésical sera
formé par le rapprochement des orifices urétéraux et du canal de Wolff (fig. 9).
Le trigone est donc d'origine mésoblastique, alors que la paroi ventrale de
la vessie est d'origine entoblastique. Le tissu mésoblastique du trigone sera
ultérieurement colonisé par l'épithélium d'origine entoblastique. Le mésoblaste
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splanchnopleural associé à l'intestin postérieur formera, quant à lui, la
musculature lisse de la vessie au cours de la 12ème
semaine du développement.
Figure 8 : Division du cloaque en sinus urogénital en avant, et canal anal, en
arrière. La partie caudale des canaux mésonéphrotiques est incorporée dans la
vessie, au niveau où s’abouchent les deux uretères et les deux canaux éjaculatoires.
A. Fin de la 5ème semaine. B. 7ème semaine. C. 8ème semaine [7]
.
Figure 9 : Vue dorsale des rapports entre les canaux mésonéphrotiques de Wolff et les uretères au moment de leur incorporation dans la paroi dorsale de la vessie (A). Les uretères sont d’abord formés par un développement à l’extérieur des canaux mésonéphrotiques puis ils se séparent (B-D). Notons le trigone de la vessie formé
par l’incorporation des canaux mésonéphrotiques (C, D) [7]
.
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2. L’histologie de la vessie [8]:
La paroi vésicale comporte 3 plans de dedans en dehors (fig. 10):
La muqueuse composée d’un épithélium et d’un chorion,
Le plan musculaire,
L’adventice couverte d’une séreuse à la partie supérieure de la vessie.
2.1. L’urothélium :
L’épithélium tapissant l’ensemble des voies urinaires est présenté sous
différents qualificatifs: excréto-urinaire, transitionnel, paramalpighien et
urothélial.
Néanmoins, ce dernier terme traduit bien l’autonomie et la spécificité de
cet épithélium (Epstein et al, 1998) [9].
Il apparait stratifié en Microscopie Optique (MO), constitué de plusieurs
assises cellulaires dont le nombre varie de 3 à 7 selon que la vessie est vide ou
en distension. Il repose sur une membrane basale très mince qui recouvre le
chorion ou Lamina Propria. On décrit 3 couches de cellules urothéliales :
i. La couche de cellules basales comporte des noyaux non alignés, qui
apparaissent moins matures en microscopie électronique (ME) et qui
sont liés à la membrane basale par des hémi-desmosomes. Elles sont
dépourvues de vésicules et de lysosomes et pauvres en organites et
filaments;
ii. La couche des cellules intermédiaires est formée de 1 à 4 assises. Ces
cellules sont difficiles à distinguer des cellules basales. Elles sont
ovoïdes, avec un grand axe perpendiculaire à la membrane basale. En
ME, les cellules possèdent une membrane unitaire symétrique et sont
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réunies par des desmosomes relativement peu nombreux ce qui permet
une certaine mobilité des cellules les unes par rapport aux autres et
contribue à la plasticité du revêtement.
iii. La couche superficielle en contact avec la lumière vésicale, est
composée de cellules de grande taille encore appelées : cellules
recouvrantes, ombrelles ou cellules en parapluie. Présentent un
cytoplasme éosinophile et comportent parfois plusieurs noyaux, leur
pôle apical est tapissé d’un film de sialomucines (glycosaminoglycanes)
qui constitue le glycocalix et se colore par le PAS, le mucicarmin et le
bleu alcian à pH acide. En ME, les cellules apparaissent soudées entre
elles par des jonctions étroites de type zonula occludens.
Au sein de l’assise basale, existe des cellules endocrines éparses, non repérables
sur la coloration standard, mais bien mises en évidence par les marqueurs
immunohistochimiques des cellules neuroendocrines (chromogranine A,
synaptophysine). Ces cellules sont argyrophiles et positives avec la coloration de
Grimélius. Elles sont très rares dans la vessie, mais plus fréquentes dans la partie
proximale de l’urètre et sont susceptibles de sécréter diverses hormones telles
que la Sérotonine, l’HCG, la bombésine et la somatostatine.
2.2. Le Chorion ou Lamina Propria :
Elle est composée d’une lame de tissu conjonctif qui tapisse le plan
musculaire sous-jacent. Selon Cheng [10]
, il mesure en moyenne 1,4 mm
d’épaisseur. Il est très mince au niveau du trigone et du col et plus épais au
pourtour des orifices urétéraux et sur le dôme. Il comporte 2 parties, l’une
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superficielle, l’autre profonde, qui sont séparées par la musculaire muqueuse ou
muscularis mucosae située à mi-chemin entre l’urothélium et la musculaire propre.
Cette musculaire muqueuse, décrite seulement en 1983 par Dixon et Gosling, se
présente comme une mince couche de cellules musculaires lisses, groupées en
petits faisceaux plus ou moins clairsemés et discontinus. Elle fait souvent défaut
au niveau du trigone où le chorion est particulièrement mince. Sa fréquence est
diversement appréciée selon les auteurs [11, 12, 13, 14]
.
Les Variantes de la muqueuse urothéliale :
Trigone féminin : recouvert d’un épithélium malpighien non kératinisé
qui est soumis aux mêmes influences hormonales cycliques
œstrogéniques que la muqueuse vaginale.
Nids de von Brünn : inclusions de cellules urothéliales groupées en amas
dans le chorion superficiel à proximité ou au contact de la membrane
basale épithéliale.
2.3. Le plan musculaire :
Le détrusor se compose de gros faisceaux musculaires lisses entrecroisés.
Au niveau du trigone, la musculeuse résulte d’un mélange de fibres musculaires
lisses de la couche longitudinale de l’uretère intra-mural et du muscle détrusor.
Le col vésical est formé par la contribution de muscle lisse provenant du trigone,
du détrusor et de l’urètre.
2.4. L’adventice :
Composé de tissu adipeux, elle couvre le plan musculaire et est tapissée
d’un revêtement mésothélial au niveau de la calotte vésicale.
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Figure 10 : Coupe histologique d’un urothélium normal de l’Homme, 10%
formalin, HE, 22 x [15]
.
HE: Hematoxylin et Eosin Stain.
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La connaissance précise du type histologique est capitale afin de mieux
comprendre l’anatomopathologie des tumeurs de vessie, d’en effectuer le
diagnostic, de porter le traitement et le pronostic et plus généralement, en
comprendre les causes et les mécanismes de survenue.
C. EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE, ETIOPATHOGENIE ET
PREVENTION DES TUMEURS DE VESSIE :
1. Introduction :
L’intérêt des données épidémiologiques des tumeurs de vessie est double,
d’une part descriptif permettant de définir une population à risque au sein de
laquelle un dépistage pourrait conduire à un traitement précoce, et d’autre part
causal permettant d’isoler des facteurs de risque pour réaliser une prévention
primaire de la maladie.
2. Epidémiologie descriptive :
2.1. Fréquence, incidence, et mortalité dans le monde :
Avec plus de 260.000 nouveaux cas, et plus de 130.000 morts par an dans
le monde, le cancer de vessie est la 9ième
cause de cancer et représente 3-4% des
formes malignes [16, 17,18]
. Parmi les cancers les plus répandus, il est au 7ième
et
17ième
rang respectivement chez l’homme et la femme [19]
.
Le cancer de vessie est la 4ième
cause de cancer à un degré de lésions
malignes après celui de la prostate, du poumon et du colon chez l’homme dans
les pays occidentaux. La survenue des tumeurs de vessie aux États-Unis est
estimée à 51.230 cas en 2008 chez le sexe masculin (fig.11) [20,21]
.
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24
Généralement, l’incidence varie nettement, entre l’Egypte, l’Europe de
l’ouest et l’Amérique du nord, possédant les taux les plus élevées, contre les
pays d’Asie où ont été observés des taux moindres (fig. 12, fig. 13) [18]
.
Globalement, l’incidence varie significativement entre les pays. Cela est
dû aux différentes procédures d’enregistrements et de reportages des tumeurs de
type pTa (bas-grade), ce qui rend, malheureusement, la comparaison entre les
pays très difficile. Les taux de mortalité standardisés avec l’âge dans le monde,
varient de 2 à 10 par 100.000 chez l’homme et de 0.5 à 4 par 100.000 chez la
femme par an (fig. 14).
Plus de 60% des cas sont observés dans les pays développés [22, 23]
. Ils
comprennent de 5 à 10% de toutes les tumeurs malignes chez l’homme (fig.13)
[16].
Le risque de développer une tumeur de vessie avant l’âge de 75 ans est de
2 à 4% chez l’homme et 0,5 à 1% chez la femme [24]
, 91000 nouveaux cas ont
été diagnostiqués en 2004 [25]
. Par comparaison au cancer du poumon, par
exemple, le risque est de 8% chez l’homme contre 2% chez la femme (fig.15)
[16]. L’âge moyen au moment du diagnostic est compris entre 65 et 70 ans.
Ce cancer se situe au second rang des tumeurs génito-urinaires, après le
cancer de la prostate et occupe environ les 2 /3 des cancers du tractus urinaire [26]
.
D’une part il est 3 à 4 fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme,
d’autre part il a été suggéré par Mungan et al. que la survie attachée au stade des
tumeurs de vessie est plus grave chez la femme que chez l’homme [27]
.
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25
Figure 11 : Estimation de l’incidence et de la mortalité des dix types de cancers,
selon le sexe, Etats-Unis, 2008.
* Excluant les cancers des cellules desquamantes et basales de la peau et carcinoma
in situ à l’exception de celles de la vessie [28]
.
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26
Figure 12 : Les taux d’incidence standardisés avec l’âge dans le monde entier (par
100000) pour cancer de vessie chez (a) l’homme et (b) chez la femme, Ferlay et al. [21]
.
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27
Figure 13: Les taux d’incidence standardisés avec l’âge dans le monde entier pour
cancer de vessie (d’après l’incidence du cancer dans les cinq continents) [16]
.
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28
Figure 14 : Les taux de mortalité standardisés avec l’âge dans le monde entier (par
100000) du cancer de vessie (d’après Incidence du cancer, mortalité et prévalence
dans le monde, GLOBOCAN 2000) [20]
.
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29
Figure 15 : Les risque cumulatifs du cancer de vessie chez des patients ayant un âge
< 75ans (d’après l’Incidence du cancer dans les cinq continents) [16]
.
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30
2.2. Influence de l’origine ethnique (Race) (Tableau 1):
Les taux aux USA sont en moyenne deux fois moins élevés chez les
américains d’origine africaine que chez ceux d’origine caucasienne [29]
.
Cependant les afro-américains ont un stade avancé dans 50% des cas alors que
les américains caucasiens ont 70% de stade localisé au moment du diagnostic
(fig. 16) [30, 31]
. Les taux chez les américains asiatiques sont comparables aux
afro-américains. Les taux chez les américains d’origine hispanique sont moins
élevés que chez les autres américains caucasiens non-hispanique. Ces
différences observées ont été interprétées, comme liées à des différences
concernant l’intoxication tabagique et l’exposition professionnelle, ainsi que des
variations individuelles biologiques modifiant les différentes phases de
carcinogénèse.
Figure 16 : Incidence des tumeurs de vessie par Race pour 105 Cas/an au Etats-
Unis. (d’après SEER Cancer Statistics Review, 1975-2001) [32]
.
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31
Tableau 1 : Incidence du cancer de la vessie en fonction de l’origine ethnique et du
sexe aux Etats-Unis d’Amérique (SEER program) [33]
.
Origine américaine homme femme
Indiens d’Amériques 3,5 0,4
Philippines 5,9 3
Hispanique 11,3 3,3
Asiatique 13,9 3,9
Afrique Noire 15,1 5,6
Caucasiens non hispaniques 29,6 7,6
2.3. évolution chronologique des taux d’incidence et de mortalité :
Une augmentation de l’incidence a été observée avec un taux estimé à 1%
par an au cours des 30 dernières années [34]
. Durant la même période, une lente
mais continuelle diminution de la mortalité a été observée chez les hommes
alors qu’elle était stable chez la femme [35]
. Cela était dû principalement aux
changements intervenus dans la classification (en particulier la séparation
papillome/TaG1), mais aussi à l’impact de l’amélioration des techniques de
diagnostic et de traitement soulignée par certains auteurs.
2.4. épidémiologie des tumeurs de vessie au Maroc :
Ce type de cancer est beaucoup plus fréquent en milieu urbain que rural et
le tabac est décrit comme étant responsable de la moitié des cas de survenus
(Tableau 2) [36]
.
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32
Tableau 2 : Fréquence des cas de tumeurs de vessie recensées en 2004 au Maroc,
selon le sexe [36]
.
Année 2004 hommes femmes
Nombre de cas 84 10
Incidence brute 4,71 0,55
Incidence cumulée 0-74ans 0,68% 0,08%
Incidence standardisée 5,81 0,67
% par rapport au total des cancers 5,59% 0,55%
La moyenne d’âge du cancer de la vessie chez les femmes marocaines est
de 62,9 ans (±12,2ans), elle se situe aux alentours de 63,8 ans pour les hommes.
Le carcinome urothélial est de loin le type histologique le plus fréquent
(70% chez la femme et 82% chez l’homme), par contre le carcinome
épidermoïde représente 10% des cas chez la femme et 4,8% chez l’homme.
Selon les données du Registre des Cancers de la Région du grand
Casablanca (RCRC), en comparaison avec les autre pays, le cancer de la vessie
reste au Maroc l’apanage de l’homme avec une incidence faible par rapport à la
Tunisie soit 5,8 versus 13,4. Rappelons que le RCRC n’a retenu que les tumeurs
invasives de la vessie. L’incidence reste très faible par rapport au pays
industrialisés et l’Égypte où l’incidence est aux alentours de 30 nouveaux
cas/100.000 habitants/an (Tableau 3).
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33
Tableau 3 : Cancer de la vessie. Comparaison avec les autre pays, RCRC, 2004 [36]
.
Incidence standardisée
Homme femme
USA (New Jersey) 48 13,3
Canada 28,4 7,7
Egypte (Gharbiah) 27,5 6,3
Tunisie (Nord Tunisie) 13,4 1,8
France (Loire) 11,1 1,8
Maroc (Casablanca) 5,8 0,7
Algérie (Sétif) 4 0,1
2.5. l’impact économique des tumeurs de vessie :
Il a été rapporté que les formes malignes des tumeurs de vessie pèsent
lourdement sur la prise en charge des patients, depuis le diagnostic initial
jusqu’à la fin de vie [37]
. Prenons le cas de la Grande-Bretagne par exemple, la
charge financière totale des tumeurs de vessie entre 2001 et 2002 est estimée à
₤55,39 millions (₤8.349/patient), où ₤32,25 millions sont dépensés pour les
tumeurs de vessie n’infiltrant pas le muscle (TVNIM) [38]
. Ce coût élevé de prise
en charge des TVNIM par rapport aux tumeurs infiltrantes ou invasives est lié à
plusieurs raisons :
Les TVNIM sont plus fréquentes.
Le nombre de cas de survivants ayant besoin d’une prise en charge réelle
et d’un suivi pour une longue période est significatif.
Plus que la moitié des TVNIM exigent des cures de traitements répétées.
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34
La RTUV est, de loin, la plus grande source de dépense relative à
l’exploration et au diagnostic des tumeurs de vessie. Elle compte à elle seule
71% du coût (plus de ₤41 millions) en 2001-2002, en Grande-Bretagne. La
radiothérapie, la cystectomie et la chimiothérapie systémique représentent,
respectivement, 9, 5 et 1% du coût général [39]
.
Pour pallier à ce problème préoccupant la politique de santé publique, et
réduire ainsi le fardeau économique de ces TVs, plusieurs stratégies potentielles
ont été proposées :
1. utiliser la cystoscopie de fluorescence par la lumière bleue (ou Blue-
Light Fluorescence Cystoscopy (BLFC)) à la place de la cystoscopie
conventionnelle par la lumière blanche (ou Conventional White-Light
Cystoscopy (WLC)), afin de démontrer l’efficacité d’une RTUV initiale,
ce qui va réduire le risque résiduel de la maladie [40]
,
2. faire appel à un moyen de surveillance et de suivi plus pratique et
facilement accessible plutôt que se servir des équipements hospitaliers
très onéreux,
3. identifier des marqueurs tumoraux pouvant faciliter la détection des
lésions tumorales à des stades précoces,
4. en outre, améliorer l’efficacité des traitements à base d’instillations
intravésicale [41]
.
Une analyse de coût, menée en Allemagne et publiée en 2007, a montré
que les patients présentant une tumeur de vessie et ayant subi une RTUV
orientée par la BLFC, avaient moins de cas de récurrence et ont encouru moins
de coût global qu’un groupe ayant subi une RTUV orientée par la WLC [40]
.
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35
3. Etiopathogénie :
De nombreux arguments cliniques, épidémiologiques et expérimentaux
suggèrent que les tumeurs urothéliales de la vessie soient inductibles par des
carcinogènes endogènes et exogènes. Schématiquement, les carcinogènes
induisent des lésions de l’ADN (génétiques ou épigénétiques) selon un
processus multi-étape. Classiquement la carcinogenèse est décrite en trois étapes
(figure 17):
L’initiation dans laquelle les cellules souches sont atteintes dans leur
génome de façon irréversible mais insuffisante pour exprimer le
phénotype tumoral.
La promotion représentée par une série d’altérations directes ou
indirectes qui permettent la transformation maligne.
La progression qui permet l’invasion de la croissance incontrôlée et le
phénomène métastatique.
Nous envisageons dans ce qui suit, l’impact des facteurs génétiques, du tabac, de
l’environnement, des différents traitements et des facteurs professionnels
(Tableau 4).
3.1. Facteurs de susceptibilité génétique :
Les xénobiotiques subissent des biotransformations faisant intervenir
différents systèmes métaboliques et pouvant conduire à l’apparition des dérivés
électrophiles très réactifs en cas d’hyperactivité enzymatique et/ou
d’accumulation de carcinogènes lorsque les voies de détoxification sont
déficientes.
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36
N-acétyltransférase :
Les amines aromatiques sont normalement transformées (par le
cytochrome P450 1A2 hépatique) en N-hydroxylarylamines pouvant former des
adduits par interaction avec l’hémoglobine et l’urothélium vésical. Leur
détoxification est néanmoins possible grâce aux N-acétyltransférases hépatiques
(NAT). Il a été rapporté que les acétylateurs lents ont un risque accru
d’apparition de tumeurs vésicales, du fait de la détoxification réduite des dérivés
N-hydroxylés des AAs par les NAT1 et NAT2. De plus, le tissu vésical
comporte des NATs pouvant intervenir dans une étape ultérieure d’activation
des N-hydroxylarylamines en esters N-acétoxy formant des adduits avec l’ADN
des cellules urothéliales [48]
(voir annexe 1). Les acétylateurs lents sont estimés à
55% de la population caucasienne et à 41% de la population afro-américaines
(Bell et al.) [49].
GSTM1 :
La Glutathione S-transférase type mu (GSTM) est associée à un risque
accru de tumeur de vessie en particulier chez les fumeurs. L’étude de Lafuente et
al. en Espagne (1993) montre que le risque est deux fois plus élevé chez les
fumeurs en particulier ceux ayant une altération du polymorphisme de cette
enzyme [50, 51]
.
3.2. Tabagisme :
De nombreuses études épidémiologiques ont montré une forte corrélation
entre le tabagisme et le développement de cancer de vessie, avec une relation
dose réponse depuis l’originale observation de Lillienfeld et al. en 1956 [52]
.
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37
Le mécanisme précis de la carcinogenèse vésicale par le tabac reste à
déterminer. Il parait néanmoins lié à certains produits chimiques polycycliques,
amines aromatiques, aldéhydes insaturés et radicaux d’oxygènes libres (fig.18).
Ces produits toxiques sont mutagéniques et possiblement carcinogènes.
Parmi les événements génétiques les plus fréquents, l’altération du Chr. 9
chez les fumeurs et le risque attribuable dû au tabagisme est de 4,2 [53]
. De plus
des mutations du gène suppresseur de tumeurs p53 y été associées, puisque une
corrélation significative entre une surexpression de la p53 et le nombre de
cigarettes fumées par jour est mis en évidence (fig.19) [54]
. La désaccoutumance
du tabac contribue à la diminution du risque de tumeurs de vessie. Ce risque
accroit de 30 à 40% chaque année. Les fumeurs chroniques sont plus exposés au
risque de survenue du cancer de vessie que les non-fumeurs, même après 25 ans
d’abstinence au tabac (Tableau 5 et Tableau 6) [55, 56]
.
3.3. Altération génétique :
La pathogénie moléculaire mise en jeu lors de la genèse et la progression
des carcinomes urothéliaux de vessie semble être la prépondérance de délétions
et de pertes d’hétérozygotie. On peut citer quelques unes (figure 20) [57]
:
mutation de l’oncogène HRAS au niveau du codon 12 dans 40% des cas
de tumeurs de vessie,
surexpression du récepteur de l’EGF (Epidermal Growth Factor) associée
aux tumeurs invasives
amplification du gène codant le proto-oncogène c-erbB2 (ERBB2) dans
certains cas de tumeurs
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38
mise en évidence de mutation et/ou de perte partielle du : Chr.9, de la
cyclin-dependent kinase inhibitors (cdk) p16INK4A
et de la p15 impliquée
dans la genèse des tumeurs de vessie,
surexpression nucléaire de la protéine p53, attribuée essentiellement à la
mutation de gène [58]
.
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39
Figure 18 : Vue d’ensemble du mécanisme de la pathogénèse des arylamines
pouvant induire le cancer de vessie [59]
.
Arylamines
Sources : Tabac, Exposition professionnel,
Teintures capillaires, autres…
(CYP 1A2)
N-hydroxyarylamines
N-hydroxyarylamines Conjugués ou Libres
(NAT1)
N-acetoxyarylamine
Adduits ADN de la
muqueuse vésical
Mutations
(Proto-oncogènes/tumeur
Suppresseur de gènes)
Transformations
malignes
(NAT2)
N-arylacétamides
(GSTM1)
Excrétion
Activation hépatique Détoxification hépatique
Circulation
Vessie (activation local)
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40
Figure 19 : Modèle génétique et moléculaire de progression du cancer de vessie.
Deux voix de tumorigénèse distinctes sont proposées pour les carcinomes de
vessie : la voie des tumeurs papillaires et la voie des dysplasies/carcinomes in situ [60-64]
.
Bas Grade Cis
Invasion de la Lamina Propria
Grade élevé
Invasion du Muscle
Métastase
FGFR3 Mut.1
Ta
P53+
Rb -
11p -
E-Cadhérine
9q-
9q- P53+
T1
T2
M+
Urothélium Normal
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41
Figure 20 : Altérations génétiques associées au développement du cancer de vessie.
LOH = loss of heterozygosity, VEGF= vascular endothelial growth factor,
PDECGF= platelet derived endothelial cell growth factor [65]
.
Transformation des
cellules urothéliales
Carcinome des cellules
transitionnelles
récidivantes
Carcinome papillaire
TC « superficiel »
TCC invasive Carcinome in situ
« pré-invasive TCC »
Amplification du Cycline D1
Chr 9 LOH
Inactivation du gène p53
Inactivation des gènes p53, RB
expression PDECGF
Up-régulation du VEGF
activation de la cycline D
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42
Tableau 5 : Tabagisme et tumeurs de vessie [24]
.
Tabagisme et tumeurs de vessie
Le tabac augmente le risque d’avoir une tumeur de vessie de 2 à 4 fois,
30 à 40% de toutes les tumeurs de vessie sont causées par la
consommation du tabac,
La période de latence est approximativement de 20-30ans,
L’accroissement de l’intensité et/ou de la durée accroit le risque,
Le sevrage du tabac diminue immédiatement le risque, en
régularisant l’état physiologique après 20-30 ans.
Le tabac noir augmente le risque de 3 fois versus le tabac blond.
Les cigarettes sans filtre augmentent le risque de 35 à 50% versus celles
avec filtre.
L’inhalation intense de la fumée augmente le risque de 30 – 40%.
Pipe/cigare risque élevé ?
Inspirer ou mâcher du tabac le risque n’est pas plus élevé.
3.4. Facteurs nutritionnels :
3.4.1. Additifs en industrie alimentaire
Les risques cancérigènes attribués aux édulcorants (saccharine, cyclamate,
aspartame, acesulfame k) ont donné lieu à des débats controversés depuis les
années 1970. En dépit d’un grand nombre d’études épidémiologiques,
l’association entre la consommation de saccharine (ou les cyclamates) et le
risque de cancer vésical n’a pas été retrouvée dans les limites des quantités
habituellement utilisées [67,68]
.
3.4.2. Caféine
La caféine est un mutagène dans certains systèmes in vitro. Elle peut
augmenter la transformation des cellules de rats traitées avec des substances
carcinogènes.
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43
L’incrimination du café comme une cause probable pouvant induire une
tumeur de vessie était le souci majeur de plus de 40 études, prospectives de
cohorte ou de type cas-témoin qui ont pu examiner cette relation [69]
. En effet, la
caféine ne parait pas avoir d’effet promoteur dans la carcinogenèse animale,
mais il est possible que sa consommation importante soit liée aux niveaux du
CYP 1A2 hépatique. Cette enzyme activée par de grandes quantités de caféine
pourrait être témoin d’une oxydation plus rapide des AAs et d’une exposition
plus grande aux métabolites carcinogènes qui en dérivent [70]
.
3.5. Consommation d’eau contaminée :
3.5.1. Chloroforme/autres dérivés chlorés
La chloration a été depuis le début de 1900 la méthode de choix pour la
purification d’eau. La coexistence du chlore avec des contaminants organiques
dans l’eau conduit à la formation de produits organiques halogénés, tels que le
chloroforme et le bromodichlorométhane qui sont des dérivés carcinogènes. Des
études épidémiologiques ont montré une faible augmentation du risque de
cancer de vessie (risque élevé de 40% des catégories d’exposition haute) [71]
.
3.5.2. Arsenic inorganique
L’Arsenic est un élément naturel sous forme inorganique, connu depuis
longtemps pour son induction du cancer respiratoire (via l’inhalation) et
dermique (via l’ingestion) chez l’Homme. Plusieurs études ont mis en évidence
une relation entre l’exposition à l’arsenic dans l’eau potable et une incidence
élevée de tumeurs de la vessie, plus particulièrement dans une région surexposée
du Taiwan chez des patients souffrant d’endémie des pieds noirs (désordre des
vaisseaux périphériques résultante de l’exposition chronique à l’Arsenic). Dans
cette région, l’incidence était de 5 à 30 fois plus élevée que dans la population
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
44
générale du Taiwan avec une relation dose-réponse significative (Chiou et al.)
[72,73].
3.6. Facteurs iatrogènes :
3.6.1. Analgésiques
Les analgésiques à bases de phénacetine ont été pour très longtemps la
cause du cancer du bassinet, qui est formé de carcinomes à cellules
transitionnelles chez l’Homme. Des données expérimentales et
épidémiologiques ont pu montrer que ses dérivés sont carcinogèniques pour la
vessie [74]
. La phénacetine a été retirée du marché pharmaceutique dans la
plupart des pays occidentaux, vers la fin des années 70. Le paracétamol est le
substituant de la phénacetine après l’arrêt, mais il est par ailleurs son métabolite
majeur chez l’Homme. Le rôle du paracétamol dans la carcinogénèse urothéliale
n’est pas directement établi (compte tenu de l’absence d’études couplées de
toxicité-génotoxicité). Une étude récente d’intervention a montré une diminution
notable de l’incidence des cancers urothéliaux après changement des
comportements de la population (automédication aux analgésiques contenant du
paracétamol et l’effet protecteur des anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS)) [75, 76]
.
3.6.2. Cyclophosphamide/Chlornaphazine
Le Cyclophosphamide et la Chlornaphazine sont des agents alkylants
utilisés dans le traitement de certaines maladies avec un degré de malignité élevé
(chimiothérapie anticancéreuse, polyglobulie de Vaquez). Ces deux agents
tumorigènes ont été responsables de plusieurs cas de cancer de vessie selon des
études cliniques de suivi des patients traités par ces médicaments [77, 78]
.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
45
3.7. Facteurs infectieux :
3.7.1. Schistosoma heamatobium :
La schistosomiase est hyper-endémique en Egypte (région vallée du Nile)
et une partie du moyen orient où le cancer de vessie est parmi les cancers les
plus fréquemment diagnostiqués [79]
. La physiopathologie de cette infection
résulte du dépôt d’œufs de Schistosome dans la paroi vésicale. Deux facteurs
importants peuvent expliquer le mécanisme intime d’induction du
développement de tumeur de vessie par le schistosome : La régénération et
prolifération accrue de cet épithélium modifié, ce qui suggère l’accumulation
d’erreurs génétiques spontanées, et la coexistence chez ces patients d’infections
urinaires chroniques et d’une exposition élevée aux nitrosamines réputés
carcinogèniques chez l’animal [80]
. Le type histologique majeur dans 2/3 des cas
est un carcinome épidermoïde ou Squamous Cell Carcinomas (vs. 5% aux Etats-Unis)
[79].
3.7.2. Infections urinaires chroniques :
Les études épidémiologiques ont retrouvé une association entre les
infections urinaires récidivantes ou chroniques et le développement de cancer
vésical, en particulier chez la femme et les patients porteurs de lésions
médullaires (2 à 10%) [77]
.
3.7.3. Infections Virales :
L’incrimination de plusieurs virus (Rétrovirus, Adénovirus, Herpès virus,
et Papillomavirus) a été suggérée dans la carcinogenèse vésicale. Actuellement,
peu d’éléments permettent d’en apporter la preuve. Le lien le plus discuté a été
celui des papillomavirus HPV (Human Papillomavirus 16 et 18, à tropisme
anogénital) [81]
.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
46
3.8. Facteurs professionnels :
La fréquence des tumeurs vésicales imputables aux expositions
professionnelles demeure incertaine, en raison en particulier de leur temps de
latence d’apparition par rapport à l’exposition. Différentes études ont cependant
estimé la proportion de cancer de vessie d’origine professionnelle entre 3% et
24%, en particulier dans les secteurs de l’industrie chimique, des colorants, du
plastique et du textile [82]
.
4. Prévention :
La prévention du cancer de la vessie concerne essentiellement le
tabagisme : le risque de cancer de la vessie est multiplié par deux avec une
consommation d'un paquet par jour et par trois avec deux paquets par jour.
L'arrêt du tabagisme est donc essentiel pour empêcher la survenue d'un cancer
de la vessie et le risque décroît régulièrement avec le temps : Il faut environ 10
ans d'abstinence pour retrouver un risque proche des non-fumeurs. Son bénéfice
s'observe quel que soit l'âge auquel on arrête de fumer. Limiter l’exposition aux
agents cancérogènes, et boire : C’est ce que suggère une équipe de chercheurs
espagnols qui montrent que ceux qui boivent suffisamment d’eau ont moins de
risque d’avoir un cancer de la vessie. Des chiffres qui donnent soif : ceux qui
consomment au moins 1,4 litre d’eau par jour ont un risque de cancer vésical
diminué de 53 % par rapport à ceux qui se contentent de boire moins de 0,4
litres d’eau quotidiennement [83]
. Un bon régime alimentaire constitue également
un facteur protecteur : végétaux, fruits et des apports de vitamine A et C peuvent
êtres bénéfiques (Fig. 21, Tableau 6).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
47
Tableau 6 : Stratégies de la chimioprévention et les fruits de la médecine factuelle
(EBM) [66]
.
Force Désaccoutumance du Tabac
Préliminaire
Augmentation de la prise de boissons (eau) Régime pauvre en calories et en huiles saturés Alimentation riche en fruits et végétaux Thé vert riche en polyphénols Apport supplémentaire en multivitamines Vitamines C et E (non-fumeurs)
Inconnue ou n’est pas bien élucidée
Diminution de l’exposition à l’arsenic et aux nitrates Aliment avec du soja Vitamine A Sélénium Anti inflammatoire non stéroïdiens
Figure 21: Interactions Gènes-Environnement : le régime alimentaire peut
modifier les propriétés métaboliques des enzymes et le risque ultérieur de
développer un cancer de vessie [84].
Mutagène
ADN endommagé
Mutagène
Cancer
Détoxification
des substances
mutagènes
Excrétion
Pro-carcinogènes
Enzymes
P450
GSTs, MEH,
NQO1, UGTs
Protéines du Soja,
thé vert, vit A,
B6, C, D, E
Isoflavones,
Phytoestrogènes,
Catechines
Légende :
Promoteur
Inhibiteur
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48
D. HISTOIRE NATURELLE ET ANATOMOPATHOLOGIE DES
TUMEURS DE LA VESSIE :
1. Histoire naturelle des tumeurs de la vessie :
Droller [85,86] a proposé un schéma théorique de l’évolution naturelle des
tumeurs vésicales (fig. 22), dont le siège préférentiel est le trigone. Leur aspect
peut être soit végétant, soit pédiculé, soit sessile. Elles peuvent aussi prendre
d’emblée un aspect infiltrant sur toute ou une partie de la paroi vésicale.
Il s’agit de tumeurs épithéliales à cellules transitionnelles dans plus de 90% des
TVs (encore appelées épithélioma paramalpighiens, ou carcinomes à cellules
transitionnelles lorsqu’il s’agit de tumeurs malignes). Les autres types
histologiques, comme les tumeurs secondaires, sont exceptionnels [87]
.
Les tumeurs de vessie se distinguent par une présentation initiale
bimodale liée probablement à deux principaux mécanismes pathogéniques
susceptibles de s’associer [88]
.
80% des tumeurs sont dites « superficielles » avec :
70% d’entre elles sont de bas grade d’architecture papillaire et n’infiltrant
habituellement pas le chorion (stade pTa). Malgré ce profil histologique très
rassurant, plus de 60% de ces lésions peuvent récidiver dans un délai variable
(de quelques mois à plusieurs années).
30% sont de haut grade. Elles comprennent les tumeurs papillaires de
grade élevé et des lésions planes de haut grade de type carcinome in situ.
20%, des tumeurs vésicales représentent des tumeurs « infiltrantes », il s’agit
dans la très grande majorité des cas de carcinomes de haut grade de
malignité souvent associés à des lésions de carcinome in situ. Le risque de
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49
micro métastases occultes est de l’ordre de 50%, ce qui explique un taux de
curabilité limité, même après des interventions étendues [87]
.
Le pronostic est principalement lié à l’infiltration en profondeur et à l’extension
extravésicale locorégionale ou à distance (métastases) intéressant surtout le
poumon, l’os et le foie (Tableau 7) [89]
.
En l’absence d’extension extravésicale, les autres paramètres
anatomopathologiques retenus pour le pronostic sont la multifocalité, le degré de
différenciation des cellules et la présence de carcinome in situ associé.
Tableau 7 : Différents sites de l’extension tumorale du cancer de vessie à l’autopsie [89]
.
Site Incidence (%)
Nodules lymphatiques 78
Foie 38
Poumon 36
Os 27
Glandes surrénales 21
Intestin 13
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50
Figure 22 : Evolution naturelle théorique des tumeurs urothéliales de la vessie
selon Droller [85]
.
Hyperplasie
Tumeur non
infiltrante de
bas grade
Tumeur non
infiltrante de
haut grade
Carcinome in Situ
Tumeur infiltrante
Générale :
métastases
Régionale :
Lymphatique
(Adénopathies)
UROTHELIUM VESICAL NORMAL
Dissémination
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51
2. Détermination du stade clinique et pathologique :
2.1. Stade clinique :
Le volume et l’infiltration de la tumeur sont très variables : d’une tumeur
d’une tête d’épingle à la tumeur bloquant le pelvis. Le stade clinique s’apprécie
par le toucher rectal associé à la palpation hypogastrique, mais aussi par la
cystoscopie et par les examens d’imagerie ultrasonographiques ou
radiologiques.
2.2. Classification TNM et anatomopathologie :
Le stade pathologique est déterminé conjointement au type histologique et
au grade cytopathologique sur des prélèvements biopsiques et des pièces de
cystectomie.
2.2.1. Historique et principe :
Le système TNM, développé dans les années 1940 par un chirurgien
français, Pierre Denoix [90]
, a évolué à travers des éditions consécutives. La
généralisation de son utilisation date des années 1980 [91]
. Depuis 1992, les
classifications TNM publiées sous l’égide de l’Union Internationale Contre le Cancer
(UICC) et de l’Américan Joint Committe on Cancer (AJCC) sont, en théorie,
strictement identiques et harmonisées avec la classification de la Fédération
Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO), résultat d’un remarquable
effort international d’unification. La classification actuelle, publiée en 2002, est
applicable depuis janvier 2003 [92,93]
.
Au niveau du système TNM, l’extension anatomique du cancer de vessie
est décrite en séparant l’extension tumorale (T), le statut ganglionnaire (N) et le
statut métastatique (M).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
52
Des indices numériques croissants expriment l’extension de la tumeur au
niveau de chacun de ces sites : T est habituellement divisé en 4 catégories (0 et 1
qui indiquent l’absence ou la présence de tumeur). Certains sites peuvent
comporter des sous-catégories (pT1a et pT1b).
Pour stratifier les patients, les catégories T, N, et M sont condensées en
groupes ou stades TNM. Chaque stade doit être relativement homogène quant à
la survie. Celle-ci doit être différente pour chaque stade. Pour éviter toute
ambiguïté, il faut citer l’année de publication de la TNM utilisée [94]
. Des
préfixes et suffixes viennent préciser la classification TNM :
cTNM (ou TNM) : TNM clinique ou pré-thérapeutique ;
pTNM : TNM anatomo-pathologique, le plus souvent post-chirurgicale ;
G : grade histologique.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
53
2.2.2. Classification TNM des tumeurs de vessie :
Tableau 8 : Classification TNM 2002 des carcinomes urothéliaux de la vessie [88]
.
TNM Classification (2002) for urothelial carcinomas of the bladder.
T: Tumeur primitive
Tx, tumeur primitive ne pouvant être classée
T0, pas de tumeur primitive détectée
Ta, tumeur papillaire non invasive
Tis, carcinome in situ « tumeur plane »
T1, tumeur envahissant le chorion
T1a, chorion superficiel
T1b, chorion profond
T2, tumeur envahissant la musculeuse
T2a, tumeur envahissant le muscle superficiel (moitié interne)
T2b, tumeur envahissant le muscle profond (moitié externe)
T3, tumeur envahissant le tissu périvésical
T3a, envahissement microscopique
T3b, envahissement macroscopique (masse extravésicale)
T4, envahissement d’un organe périvésical ou de la paroi
T4a, prostate, utérus ou vagin
T4b, paroi pelvienne ou abdominale
N : adénopathies régionales
Nx, ganglions non évaluables
N0, pas de métastase ganglionnaire
N1, un seul ganglion atteint inférieur ou égal à 2 cm
N2, un seul ganglion atteint de 2 à 5 cm ou plusieurs ganglions inférieurs à 5 cm
N3, un ganglion atteint supérieur à 5 cm
M : métastases à distance
Mx, métastase à distance non évaluable
M0, pas de métastase
M1, métastase à distance
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Figure 23 : Classification TNM (révision de celle de 1997), des carcinomes urothéliaux de la vessie. (d’après Bostwick DG et Lopez- Beltran A (1999) Bladder Biopsy Interpretation. United
Pathologists Press: New York) [95]
.
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55
2.2.3. Stade de l’extension tumorale
Les deux classifications qui regroupent l'extension tumorale par stade sont
celles de Marshall et Jewett et celle de l'UICC.
Jewett et Strong en 1946, puis Marshall en 1952 déterminent une
classification en cinq stades tenant compte de l'infiltration pariétale de la tumeur
et de son extension à distance. La classification de l'UICC regroupe les données
analytiques de la classification TNM en six stades.
Tableau 9 : Stade de groupement des tumeurs de vessie selon l’UICC [93,96]
.
Tumeurs de vessie : stade de groupement
Stade 0a : Ta N0 M0
Stade 0is : Tis N0 M0
Stade I : T1 N0 M0
Stade II : T2a, b N0 M0
Stade III : T3a, b
T4a
N0
N0
M0
M0
Stade IV : T4b
Tous T
Tous T
N0
N1, N2, N3
Tous N
M0
M0
M1
3. Détermination du type histologique (OMS) et du grade
histopathologique (UICC) :
3.1. Etude macroscopique :
La cystoscopie donnera la meilleure description macroscopique des
lésions endovésicales. Le nombre et la localisation des lésions peuvent être
synthétisés sur un schéma pour réaliser une cartographie vésicale.
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56
3.2. Aspect microscopique :
Les tumeurs épithéliales peuvent être divisées en deux catégories
principales, les lésions bénignes ou papillomes et les lésions malignes ou
carcinomes.
3.3. Grade histopathologique :
Pour le grade, il y a eu beaucoup de discussions, sources de controverses
et de confusion. La définition initiale des trois grades G1, G2, G3 des
carcinomes urothéliaux par l’OMS en 1973 s’applique à toutes les tumeurs
vésicales, tout stade confondu ; elle a été utilisée par les pathologistes et les
urologues du monde entier pendant 30 ans (tableau 10, voir annexe 2).
La classification OMS 1973 paraissait trop subjective et imprécise. Epstein
et al. [97] ont proposé en 1998 une nouvelle classification qui a ensuite été
adoptée par l’OMS en 2004 [87]
. Les recommandations actuelles des
pathologistes européens sont d’utiliser les deux classifications dans le compte
rendu (OMS 2004, puis OMS 1973) car les urologues ne sont pas tous
familiarisés avec la classification de 2004 et les protocoles thérapeutiques
mentionnent encore, pour certains, les trois grades de l’OMS 1973 (fig. 24).
La classification OMS 2004 a permis de redéfinir plus précisément les
critères histologiques des lésions planes, des tumeurs urothéliales papillaires non
infiltrantes pTa et des tumeurs infiltrantes supérieures à pTa [98,99]
.
Les carcinomes sont répartis en deux grades : bas grade (CBG) et haut
grade (CHG).
Pour les tumeurs papillaires pTa, une classe supplémentaire de meilleur
pronostic a été introduite : la tumeur papillaire de faible potentiel de malignité
(TFPM) (voir annexe 3).
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57
Tableau 10 : Classification de l’Organisation Mondiale de la Santé des grades des
tumeurs urothéliales en 1973 et 2004 [38]
.
OMS 1973
Papillome
Grade 1 : Tumeur avec le minimum de degré d’anaplasie compatible avec le diagnostic de tumeur maligne
Grade 3 : Tumeur avec un degré sévère d’anaplasie
Grade 2 : Entre les deux
OMS 2004
Papillome
Tumeur urothéliale papillaire de faible potentiel de malignité (PUNLMP)
Carcinome urothélial papillaire de bas-grade
Carcinome urothélial papillaire de haut-grade PUNLMP = papillary urothelial neoplasms of low malignant potential
Figure 24 : Correspondances entre classification OMS 1973 et 2004 [38,100]
.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
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E. CLINIQUE ET PARACLINIQUE :
1. La Clinique :
Au moment de son diagnostic, la tumeur de vessie a une probabilité de 82%
d’être strictement localisée à la paroi vésicale, 9% d’avoir une extension
locorégionale et 6% de présenter des métastases.
1.1. Les circonstances de découverte et diagnostic précoce:
1.1.1. L’hématurie macro- ou microscopique :
Le symptôme le plus fréquent des tumeurs de vessie reste l’hématurie
isolée. Celle-ci est présente chez environ 85% des patients. Elle est typiquement
terminale et indolore ou à renforcement terminal (c'est-à-dire apparaissant en fin
de miction). En fait, toute hématurie doit faire suspecter une tumeur de vessie,
qu’elle soit à caractère spontané, intermittent ou permanent. Mais souvent
l’hématurie est totale, avec des caillots pouvant entrainer une rétention vésicale
complète (caillotage vésical) [101-104]
. En réalité, si une quantité suffisante d’urine
est testée précocement chez tous les patients ayant une tumeur de vessie
cystoscopiquement détectable, ils auront au moins une micro-hématurie [105]
.
Entre l’âge de 40 et 49 ans, 16% des hommes présentant une hématurie
macroscopique ont une tumeur urothéliale contre 20% entre 50 et 59 ans [106]
.
L’incidence des tumeurs de vessie est plus basse chez les patients avec une
hématurie microscopique, bien qu’elle augmente chez les patients âgés de plus
de 50 ans [24]
.
La présence d’une hématurie sous traitement anticoagulant a la même
valeur. Dans une étude rétrospective portant sur 24 patients recevant de la
warfarine, les auteurs ont évalué séparément les patients ayant un INR
suprathérapeutique (>3,0) au moment de la découverte de l’hématurie
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
59
macroscopique. L’évaluation était le plus souvent normale chez les personnes
dont l’INR était élevé (55% contre 23% de celles dont l’INR était normal), mais
un cancer des voies urinaires a néanmoins été trouvé chez 18% d’entre elles [107-
110]. L’évaluation de l’hématurie est donc justifiée, même chez le patient prenant
de la warfarine et dont l’INR est suprathérapeutique.
1.1.2. Autres symptômes [111]:
D’autres symptômes peuvent s’associer à l’hématurie ou être isolés :
Des signes d’irritations vésicales, en particulier les brûlures
mictionnelles, les mictions impérieuses (observées dans 20% des cas), la
pollakiurie, plus rarement la dysurie. Lorsqu’ils sont isolés, il s’agit alors
plus fréquemment d’une tumeur invasive et surtout d’un carcinome in situ
isolé ou associé à la tumeur exophytique.
Des cystites hématuriques avec ou sans bactériurie qui sont souvent
récidivantes et résistantes aux traitements antibiotiques.
Des signes d’obstruction cervicale en rapport avec la localisation de la
tumeur. Ils peuvent conduire à une rétention vésicale complète ou
incomplète.
L’envahissement locorégional peut être responsable de douleurs
lombaires unilatérales, voire d’authentiques crises de colique néphrétique
lorsque la tumeur de vessie envahit et sténose un orifice urétéral. Il peut
s’agir également de douleurs pelviennes ou d’œdèmes dus à un
envahissement ganglionnaire comprimant l’axe vasculaire.
Une symptomatologie en rapport avec des métastases révélatrices ou de
tumeur avancée. Il peut s’agir de douleurs osseuses ou des signes non
spécifiques tels qu’une anémie ou une perte de poids.
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Une insuffisance rénale progressive en présence d’un retentissement sur le
haut appareil ou une anurie lorsque le trigone et les deux orifices
urétéraux sont envahis.
1.1.3. Autres circonstances :
Enfin, d’autres circonstances peuvent permettre de déceler une tumeur vésicale
totalement asymptomatique :
La découverte fortuite à l’occasion d’une hématurie microscopique lors
d’un bilan de santé.
Voire même à l’occasion d’une cystoscopie, d’une échographie vésicale
ou abdominale ou une urographie intraveineuse (UIV) pratiquées pour
une autre cause ou lors de la pratique d’une cytologie urinaire
systématique.
Parfois le dépistage systématique d’une tumeur vésicale chez des patients
à haut risque manipulant des colorants.
1.2. Interrogatoire :
L’interrogatoire initial recherche des facteurs de risque :
o Tabagisme
o Expositions professionnelles à des carcinogènes industriels
o Antécédents de bilharziose urinaire
o Maladie urothéliale préexistante
Il précise l’ancienneté des troubles et recherche des signes fonctionnels
mictionnels associés.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
61
1.3. Place des marqueurs tumoraux :
1.3.1. Les marqueurs sériques :
De nombreux marqueurs sériques ont été étudiés. La plupart ont une
sensibilité très faible, comprise entre 15 et 40%. Deux marqueurs sériques
semblent cependant intéressants (TATI et dérivés de cytokératines) :
1.1.3.1. Le Tumor-Associated Trypsin Inhibitor ou TATI :
Codé par un gène de 4 exons situé sur le Chr. 5, c’est un polypeptide (50
acides aminés) de faible masse relative (6 kDa) dépourvu de résidus glucidiques.
Il a été isolé initialement dans les urines des patientes atteintes d’un cancer
ovarien, essentiellement exploré auparavant dans les cancers rénaux à cellules
claires. Ce marqueur possède la propriété d’inhiber la trypsine. Sa demi-vie est
de 6 minutes et il est rapidement éliminé par le rein.
La valeur seuil généralement admise est inférieure à 15 g/l dans le sérum.
Dans le cancer de vessie le taux est augmenté dans 45% des cas et serait de
mauvais pronostic. Pour Pectasides et al, sa sensibilité est de 78% pour les
tumeurs infiltrantes de vessie localisées et de 85% pour l’ensemble des patients
considérés, y compris les patients qui ont des métastases. De plus une
corrélation existe entre la normalisation du taux du TATI et l’obtention d’une
réponse objective au traitement [112]
.
1.1.3.2. Dérivés des cytokératines :
Les études portent sur trois marqueurs, à savoir :
Le CYFRA 21-1 (cytokératine 19)
Le TPA (tissue polypeptid antigen, cytokératines 8, 18 et 19)
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
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Le TPS (tissue polypeptid specific antigen, épitope M3 du TPA).
Il existe une étroite relation entre leur taux sérique et l’extension tumorale d’une
part, et entre leur taux sérique et l’évolution tumorale d’autre part, un taux élevé
étant péjoratif. Une étude prospective menée en 1997, montre une corrélation
entre le taux de TPA sérique avant tout traitement et la survie globale et sans
maladie, le TPA constituant un facteur indépendant dans l’analyse
multifactorielle. De même, dans l’étude de Yao et al, un taux élevé de TPS
urinaire s’avérait significativement péjoratif en survie. Les taux de CYFRA21-1
et TPA sériques ont été comparés par Stieber, qui met en évidence une supériorité
de CYFRA 21-1 en termes de sensibilité et de spécificité [113]
.
1.1.3.3. Marqueurs tumoraux de notre étude :
1.1.3.3.1. ACE ou Antigène Carcino-Embryonnaire :
L’antigène carcino-embryonnaire ou ACE est une molécule d’adhésion du
type CAM (cellular adhesion molecules) appartenant à la superfamille des
immunoglobulines. Les molécules de la famille de l’ACE comprennent 29 gènes
apparentés et l’ACE existe uniquement chez l’homme et les primates [114, 115]
.
Son nom selon la terminologie actuelle est CEACAM 5. Le poids moléculaire
de l’ACE est d’environ 180 kDa, il comprend 702 aminoacides (AA) et il est
60% glycosylé. Contrairement à d’autres membres de la famille des CAMs,
l’ACE ne comprend pas de partie intracyoplasmique, son ancrage membranaire
se faisant par le glycophosphatidyl-inositol. Il possède deux épitopes
immunodominants et répétés (AA 177-189 et 355-367) dans la molécule d’ACE.
L’ACE donne lieu à une adhésion intercellulaire par ses domaines N-
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terminaux, soit homotypique entre deux cellules exprimant l’ACE, soit
hétérotypique avec des molécules de la même famille (ACE/ACE, ACE/BGP ou
NCA).
Sa localisation est uniquement apicale dans les cellules différenciées du
tube digestif de l’adulte et le sérum du fœtus. Sa demi-vie est de 9 jours. Son
rôle physiologique est encore incomplètement connu, on sait qu’il s’agit comme
protecteur vis-à-vis des Neisseria et d’Escherichia coli. On peut en détecter de
faibles quantités dans les tissus intestinaux, pancréatiques et hépatiques de
l’adulte sain. La synthèse de l’ACE est réprimée après la naissance ; dans le
sérum d’adultes sains l’ACE est de ce fait à peine détectable.
L’ACE est lié par la galectine 3 et le CD44. L’ACE soluble présent dans
les espaces extracellulaires rompt les liaisons homotypiques entre cellules (effet
anti-adhésion) [116, 117,118]
.
1.1.3.3.2. CA 19-9 ou Antigène Carbohydrate 19-9 :
L’épitope CA 19-9 est un dérivé sialylé du pentasaccharide du groupe
sanguin Lewis a : le lacto-N-fucopentanose II sialylé NeuNAc α2-3 Gal-β1-3
GlcNAc-β1-3-Gal-4│Fuc α1-.
Son expression est codée par les gènes MUC-1 qui code la polymorphic
epithelial mucin. Le gène de la mucine MUC-1 est situé sur le chromosome 1 en
q21-24. MUC-1 est exprimé dans différents tissus épithéliaux glandulaire (sein,
ovaire, pancréas). L’apomucine MUC-1 est identique dans tous ces tissus, mais
les glycoformes différent d’un tissu à l’autre. La mucine MUC-1 n’est présente
qu’au pôle apical des cellules normales [119, 120,121]
.
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L’épitope CA 19-9, répété dans la mucine sérique, est également retrouvé
dans les gangliosides de la membrane cellulaire et la cytokératine CK8 dans le
poumon. Dans le sérum, le CA 19-9 circule essentiellement sous forme de
mucine [122]
. La biosynthèse des antigènes H, Lewis a et b et sialyl-Le(a) (CA
19-9) utilise trois gènes : α2-3 sialyl transférase, gène sécréteur (FUT2), et gène
Lewis (FUT3) [123]
.
Les structures sialyl Lewis a et x sont des ligands de la : E-sélectine. Ils
participent à la dissémination de métastases par voie hématogène, les cellules
tumorales qui expriment l’épitope sialyl-Le(a) métastasent préférentiellement
dans les tissus exprimant fortement la E-sélectine. Les souris knock-out pour le
gène de la E-sélectine ne font jamais de métastases [124, 125,126]
. Les mécanismes en
cause impliquant l’adhésion des cellules tumorales circulantes à l’endothélium
vasculaire et l’activation d’intégrines favorisant l’extravasation des cellules
tumorales. Une immunosuppression locale par inhibition de l’adhésion des
leucocytes à l’endothélium péritumoral se crée, le protégeant contre une réaction
inflammatoire. Les antigènes sialyl-Le(a) et sialyl-Le(x) sont également
reconnus par les L- et P-sélectines des leucocytes et des plaquettes et forment
ainsi des complexes multicellulaires [127, 128,125]
.
3 à 7% de la population est de groupe sanguin Lewis (a- b-) et ne peut pas
exprimer la mucine avec le déterminant antigénique CA 19-9, d’où il convient
de tenir compte de ce point au moment d’interpréter les résultats [129]
.
Le CA 19-9 est déterminé par l’utilisation de l’anticorps monoclonal
1116-NS-19-9. Celui-ci se fixe sur les déterminants antigéniques du glycolipide
de poids moléculaire de 10 kDa [130,131]
.
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L’élévation du CA19-9 est principalement causée par les cancers bilio-
pancréatiques et du tube digestif. Plus rarement, d’autres tumeurs ou des
affections bénignes (cholestase notamment) peuvent expliquer une élévation de
ce marqueur [132]
.
1.1.3.3.3. CA 125 ou Cancer Antigen 125 :
Le CA125, produit du gène MUC-16, appartient à la famille des mucines.
Il n’est pas exprimé par l’ovaire normal [133]
. Il est exprimé dans les tissus qui
dérivent des épithéliums cœlomiques (péricarde, plèvre, péritoine, épithélium
mullérien). C’est un épitope conformationnel fragile, subissant une
autoprotéolyse dépendante du calcium, ce qui explique les difficultés extrêmes
rencontrées pour étudier sa structure, qui n’a été élucidée que très récemment.
Dans sa portion extracellulaire, le CA125 possède la structure classique
d’une mucine avec environ 60 séquences répétées de 40 kDa suivies d’un
domaine aminoterminal fortement glycosylé. Cette molécule, de très grande
taille, comporte majoritairement des O-glycosylations avec des structures core 1
et 2 et des N-glycosylations particulières avec du mannose, caractéristiques de
l’immunité cellulaire. Un site potentiel de protéolyse a été individualisé prés de
la membrane plasmique, qui serait responsable de la libération du CA125
membranaire dans la circulation. Dans sa partie intracytoplasmique C-terminale,
le CA125 possède des sites de phosphorylation [134, 135,136]
.
L’antigène a été défini à partir de l’anticorps monoclonal (MAb) OC 125.
Ce dernier à été obtenu à partir des lymphocytes d’une souris immunisée avec
des cellules d’un adénocarcinome de l’ovaire (OVCA 433= Ovarian Carcinoma
Cell Line) [137, 138]
.
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La libération du CA125 est stimulée par les interférons IFN-α, IFN-γ et
par l’EGF (epidemal growth factor), elle est inhibée par les glucocorticoïdes et
le TGF-β [139]
. Sa biosynthèse commence sous forme d’un précurseur de 400
kDa qui donne naissance au produit mature sécrété de 2,5 106 Da, complexé
avec des protéines de liaisons. La demi-vie du CA125 en cultures cellulaires est
très courte, un renouvellement complet du pool de CA125 est effectué en moins
de 24 heures. La sécrétion du CA125 est induite par l’interaction de l’EGF avec
son récepteur provoquant sa phosphorylation, suivie d’une déphosphorylation et
d’un « Shedding » dans la circulation. Cette étape de shedding est liée au cycle
cellulaire et ne s’observe que dans les cellules en phases G0 et G1. L’on ne
connaît pas encore en détail les mécanismes d’action du CA125 dans le
comportement tumoral, mais on lui connaît une activité immunosuppressive :
une réponse anti-CA125 augmente la survie des patientes.
1.3.2. Les marqueurs urinaires :
De nombreux tests urinaires à visée diagnostique sont aujourd’hui décrits dans
la littérature. Il convient de différencier les tests commercialisés (BTA Track,
NMP 22, Accu-Dx, uCyt +, UroVysion), des marqueurs urinaires qui restent du
domaine de la recherche (Télomérase, CYFRA 21, acide hyaluronique, analyse
de microsatellites, Quanticyt, HA-Haase) (voir annexe 4 et 5).
BTA test (Bladder Test Antigen) :
Le test BTA original (Bard Diagnostics Sciences, Redmond, Washington) est
développé depuis la fin de l’année 1994. La croissance des cellules tumorales
peut conduire entre autre à la rétraction des cellules urothéliales saines et à
l’exposition de la membrane basale [140]
. Les cellules tumorales peuvent se lier à
des récepteurs spécifiques de cette membrane basale et la détruire, démarrant
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ainsi le processus invasif. Les carcinomes urothéliaux produisent donc des
enzymes protéolytiques qui détruisent la membrane basale. Ses différents
composants apparaissent donc dans les urines sous la forme de complexes ayant
une capacité antigénique. La concentration en antigènes tumoraux est corrélée
au stade et au grade de la tumeur.
Le BTA correspond au hCFHrp (human complement facture H-related protein). Il
joue un rôle d’inhibition dans la voie accessoire du complément participant à la
lyse des cellules reconnues étrangères à l’hôte, autorisant ainsi l’échappement
des cellules tumorales au système immunitaire. Il existe actuellement deux
dosages du BTA :
BTA STAT : dosage qualitatif ne fonctionne qu’en une seule étape et sur
le principe d’un test immuno-chromatographique détectant la protéine
hCFHrp. Le hCFH joue un rôle inhibiteur clé dans le contrôle du
complément humain, peut provoquer la lyse des cellules reconnues
comme étrangères à l’hôte. Par interaction avec le facteur du Complément
C3b, hCFH sert à inhiber la formation de complexe d’attaque
membranaire et empêche ainsi la lyse cellulaire. Comme hCFH,
l’antigène associé aux tumeurs vésicales hCFHrp, interrompt la cascade
du Complément et confère ainsi un avantage sélectif de croissance aux
cellules tumorales in vivo, en permettant aux cellules d’échapper au
système immunologique de l’hôte.
BTA Trak : représente la dernière évolution de cette technique, repose sur
une mesure quantitative immuno-enzymatique (ELISA) de l’antigène
associé aux tumeurs vésicales, utilisant deux anticorps monoclonaux
différents, spécifiques du hCFHrp.
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La sensibilité globale du BTA test varie de 37 à 83% pour le BTA Stat, et
de 56 à 74% pour le BTA Trak avec une valeur seuil de 14UI/ml [109, 141,142]
.
Cette sensibilité est d’autant plus grande que le stade et le grade sont élevés :
variant de 51 à 85% pour les stades pTa et pT1, et de 23 à 92,8% pour les
tumeurs de bas et de haut grade. La spécificité, varie de 56 à 86% pour le BTA
Stat et de 51 à 95% pour le BTA Trak.
Ces différentes évolutions du test BTA, du fait de leur simplicité, de leur
rapidité, de leur moindre coût ont été proposées comme alternatives à l’emploi
du cytodiagnostic urinaire. Pour être éligible, il faut évidemment que la
sensibilité et la spécificité de ces tests soient au moins équivalentes à celles du
cytodiagnostic. Aucune étude n’a retrouvé de relation entre le dosage du BTA
Trak et le taux de récidive ou de progression tumorale.
NMP 22 test (Nuclear Matrix Protein):
Les protéines de la matrice nucléaire et en particulier la NMP-22 possède
un rôle important dans la réplication et la transcription de l’ADN en ARN [143]
.
L’accumulation anormale des chromatides durant la mitose (cas des TVs)
entraine une concentration de la matrice nucléaire 10 à 25 fois plus élevée que
celle d’un urothélium normal [144]
.
La valeur seuil qui permettrait de définir un résultat normal ou
pathologique n’est pas encore établie, Stampfer a proposé la valeur seuil de
6,4U/ml après interprétation de la courbe ROC dans son étude [145]
.
La sensibilité de NMP-22 (Matritech, Inverness Medical Innovations, North
America) dépend du volume tumoral, du stade et du grade, allant de 24,4% pour
les tumeurs <2cm à 98,8% pour les tumeurs >2cm ; de 34% pour les carcinomes
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de haut grade et de 52% pour les tumeurs pTa à 90% pour les tumeurs > pT1 [146,
147,148]. Elle reste cependant meilleure que celle de la cytologie urinaire pour la
détection des tumeurs de vessie.
La spécificité de la NMP-22, comme la plupart des autres marqueurs,
reste en revanche inférieure à celle de la cytologie urinaire, 25% de faux positifs
(Cystites, lithiases vésicales, carcinome rénal à cellules claires) [147, 148,142]
.
Le NMP-22 semble donc plus adapté au suivi des patients chez qui un
cancer de vessie a déjà été diagnostiqué et traité. Les études uni et multi-variées
ont montré que le NMP-22 était un facteur indépendant de récidive et de
progression des tumeurs pTa et pT1, ceci est très bien élucidé par l’étude de
Shariat, publiée en Mai 2005 avec une série regroupant 2542 patients sur 10
centres. Il a construit des nomogrammes incluant la NMP-22 comme facteur
pronostique de récidive ou de progression des tumeurs superficielles [149]
.
Ce test est maintenant commercialisé au Maroc à partir de Mai 2009.
Accu-Dx (fibrin-fibrinogen degradation product):
La production d’un facteur de l’angiogénèse connu sous le nom de
« Facteur de Croissance de l’Endothélium Vasculaire » par les tumeurs de vessie,
augmente la perméabilité de la paroi des micro-vaisseaux tumoraux, ce qui
entraine une fuite de protéines plasmatiques et sanguines comme le
plasminogène, le fibrinogène et des facteurs de coagulation dans l’espace
extracellulaire. La conversion du fibrinogène en fibrine entraine des résidus de
lysine qui se lient au plasminogène, ce dernier est converti en plasmine qui
permet la dégradation de la fibrine et du fibrinogène en produits de dégradation
du fibrinogène (FDP). Le FDP passe dans la circulation et l’urine des patients
présentant une tumeur de vessie [150]
.
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L’Accu-Dx est un test qui permet grâce à un anticorps monoclonal, de
détecter qualitativement le FDP urinaire [151,152]
. Les études utilisant l’Accu-Dx
ont retrouvé une sensibilité de 68% et une spécificité de 86,2% [153]
.
ImmunoCyt™ et uCyt+™:
Les tests ImmunoCyt™ et uCyt+™ (Diagnocure Inc., Quebec City, Quebec,
Canada) utilisent une technique d’immunocytofluorescence reposant sur la
combinaison de 2 anticorps (M344 et LDQ10) marqués à la fluorescéine et d’un
anticorps (19A211) marqué au Texas red reconnaissant des antigènes
préférentiellement exprimés par les cellules tumorales vésicales (Muc 1 et 6,
ACE) [154, 155,156]
.
Les études multicentriques récentes ont montré une sensibilité de 86% et
une spécificité de 79,4%, l’utilisation du test uCyt+ couplé à la cytologie
urinaire permettrait de pouvoir sélectionner des patients présentant un risque
accru de récidive et donc de permettre d’espacer les cystoscopies en cas de test
uCyt+ négatif [154,156]
.
Le test ImmunoCyt™ nécessite des techniciens expérimentés et un
Laboratoire performant. Le Food and Drug Administration (FDA) l’a approuvé
comme un test complémentaire pour la détection des tumeurs de vessie.
UroVysion:
Les études cytogénétiques sur les tumeurs de vessie ont permis d’identifier des
anomalies génétiques les plus fréquemment observées, telles que [157, 158, 121,159]
:
La perte du locus 9p21 du Chromosome 9 (locus codant pour un anti-
oncogène : p14, p16 régulateurs du cycle cellulaire)
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Des anomalies en nombre des chromosomes 3, 7 et 17, avec perte de la
diploïdie chromosomique normale (2 copies de chaque chromosome
soit 46 Chr. /cellule).
Le test Vysis UroVysion (Abbott Laboratories, Abbott Park, IL) utilise les
techniques de FISH par hybridation de 2 brins d’ADN complémentaires avec
des sondes spécifiques d’oligonucléotides marqués à la fluorescéine, permettant
d’identifier ces anomalies chromosomiques.
A l’utilisation de ce test, Halling et al. [160] réalise une bonne sensibilité
(81%) et spécificité (96%) dans le diagnostic des tumeurs de vessie, mais la
sensibilité des tumeurs de bas grade était similaire à la cytologie.
Les patients avec un test UroVysion positif après une thérapie
intravésicale, présentaient un grand risque (4 fois) de développer une tumeur
récidivante [161]
.
Une surveillance des tumeurs vésicales par la technique de FISH
pourraient améliorer la précocité du diagnostic des récidives. Des résultats
négatifs persistants devraient permettre d’espacer les cystoscopies et d’en
réduire donc le nombre. Actuellement, ce test est approuvé par le FDA comme
une technique complémentaire aux méthodes existantes, aussi bien pour le
diagnostic de l’hématurie que pour la surveillance des patients avec une tumeur
de vessie.
Télomérase:
La télomérase est constituée de 2 sous-unités : hTR (composante ARN
servant de matrice à l’élongation des télomères) et d’une sous-unité catalytique
protéique hTERT. La présence d’une activité télomérasique par la mise en
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évidence de hTR ou de hTERT peut alors être identifiée dans le tissu tumoral
vésical et dans les urines, par une technique colorimétrique non-
radioactive développée par Kim en 1994 [160]
: méthode TRAP (telomeric repeat
amplification protocol) [162].
Pour le diagnostic des tumeurs de vessie, la méthode TRAP a une
sensibilité de 70-86% et une spécificité de 60-90% [126,163-166]
.
La limite de ce test serait la présence non négligeable de faux négatifs, par
la contamination des échantillons par des inhibiteurs de PCR et notamment la
« Taq polymérase » [167]
, et/ou par la présence de faux positifs en cas de
maladies inflammatoires chroniques ou sévères. Ceux-ci peuvent être dus à une
augmentation de l’activité télomérasique dans les cellules prolifératives, telle
qu’une activation des lymphocytes [168,169]
.
Pour améliorer les performances diagnostiques de la télomérase, plusieurs
auteurs (Kavaler et. al) ont proposé le dosage quantitatif de l’ARNm de la sous-
unité protéique (hTERT) par RT-PCR. La Sensibilité est améliorée (81% vs 73%
pour la méthode TRAP), de même que la Spécificité (96% vs 90%). La
limitation de ce test en est la technique qui est lourde et difficile à mettre en
routine et coûteuse pour l’appliquer dans un cadre clinique [164, 170, 171,172]
.
Cyfra 21-1 ou CYtokératines FRAgments:
Le dosage du CYFRA 21-1, fait appel à 2 anticorps monoclonaux
spécifiques (KS 19.1 et BM 19.21) [173]
.
Les études publiées portant sur le suivi des tumeurs de vessie par le
dosage urinaire et/ou sanguin du CYFRA 21-1 montrent une sensibilité allant de
44 à 84%, et une spécificité de 75 à 89%, restant toutefois inférieure à celle de la
cytologie urinaire [173]
.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
73
Nisman et al. [174] mesurent la concentration urinaire du CYFRA 21-1 par
technique radio-immuno-métrique (IRMA), en fixant le seuil optimal pour la
détection d’une tumeur primaire de vessie à 4,9 g/l donnant comme résultat
une sensibilité de 79,3% et une spécificité de 88,6% [175]
.
Les faux positifs sont principalement liés à l’existence de lésions
inflammatoires, infectieuses ou lithiasiques du bas appareil urinaire. De même,
plusieurs études retrouvent des taux élevés de CYFRA 21-1 dans les urines des
patients ayant bénéficié d’une BCG-thérapie [175,176]
.
Acide hyaluronique et hyaluronidase ou HA-Haase:
L’acide hyaluronique (HA) est un glycoaminoglycane non sulfaté,
constitué d’une unité de disaccharide en répétition : acide D-glucuronique et le
N-acétyle-D-glucosamine, présent dans les tissus et fluides humains normaux
(membrane basale et matrice extracellulaire) [177]
. L’HA stimule la
néoangiogénèse péri-tumorale et facilite la dissémination métastatique par
l’augmentation de l’hydratation pour ouvrir l’espace à la migration des cellules
tumorales et par l’adhésion à des récepteurs cellulaires tels que le CD44 [178-183]
.
Les cellules tumorales de vessie peuvent induire la production de l’HA via les
fibroblastes [179]
.
La hyaluronidase (HAase) est une enzyme qui dégrade l’acide
hyaluronique en petits fragments qui peuvent être détectés dans l’urine de
patients présentant une tumeur de vessie [178,184]
. Pham et al. trouvent une
élévation de 5 à 8 fois de l’HAase dans l’urine des patients avec une tumeur de
vessie de grade 2 ou 3 au contraire du grade 1, d’où une sensibilité de 100% et
une spécificité de 89% dans les TVs de Grade 2 et 3 ont été trouvées [178]
.
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74
Le test urinaire HA présente une sensibilité de 83% et une spécificité de
90% dans le diagnostic des tumeurs vésicales. Le Haase test a une sensibilité de
81,5% et une spécificité de 83,8%. Par combinaison des 2 tests (HA-HAase
test), la sensibilité atteint 91% avec une spécificité à 84% [184, 178, 185,186]
.
Analyse de microsatellite :
La recherche d’altération des microsatellites, séquences courtes (1 à 4
nucléotides) répétées 10 à 60 fois, distribuées de façon aléatoire sur l’ensemble
du génome (environ 100000 séquences), par la technique de PCR, peut être
utilisée comme un marqueur de développement clonal de cellules tumorales
[187,188]. Les deux types de réarrangement observés sont : la perte d’hétérozygotie
(perte de matériel génétique englobant un microsatellite et responsable alors de
fragments alléliques de taille identique) et l’instabilité micro satellitaire (perte de la
stabilité des microsatellites). Bien que le nombre de microsatellites étudiés varie
d’une étude à l’autre, la sensibilité varie de 49 à 95% et la spécificité de 89 à
100%.
Quanticyt™et cytométrie de flux :
Quanticyt™ (Gentian Scientific Software, Niawier, Netherlands), système basé
sur l’analyse caryométrique de l’image de lumière microscopique d’un
échantillon d’urine issu d’un lavage vésical, utilisant les formes nucléaires de la
cellule et le contenu en ADN, pour classer les cellules en grades [189]
. Les images
du noyau seront importées dans un système via le microscope et analysées par
un software, déterminant les formes nucléaires et le contenu d’ADN.
Quanticyt™ test a une sensibilité de 59 à 69% et une spécificité de 72,5 à
93% [189]
. Le système d’analyse des images rend la technique spécialisée et
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75
coûteuse à mettre en routine [190]
. Ce test n’est pas encore valide
commercialement.
Badalement et al. [191] ont introduit la cytométrie en flux (CMF) de l’urine
issue du lavage vésical, comme l’outil encore plus sensible pour le diagnostic
des tumeurs de vessie, comparé à la cytologie urinaire.
Une équipe Marocaine (Bellaoui et al.) a comparé les données de la CMF
(ploïdie et phases SG2M) aux données cytologiques et anatomopathologiques
dans les tumeurs de la vessie. Les auteurs ont montré que la spécificité
diagnostique (94%) de la CMF est supérieure à celle de la cytologie
conventionnelle (75%). En revanche, sa sensibilité (68%) s’est révélée inférieure
à celle de la cytologie (91%). En plus, si les deux techniques sont utilisées
conjointement, la sensibilité atteindra 100% [192]
.
Blood group antigens (LewisX) :
La perte de l’expression cellulaire des groupes sanguins ABH a été
proposée comme marqueur des tumeurs urothéliales [193]
. Cette perte a été
corrélée avec une incidence de progression et de métastase chez les patients avec
tumeurs de vessie [194]
. Cependant, selon des études cliniques, cette corrélation
n’est pas encore justifiée [193]
. L’association des antigènes du groupe sanguin
Lewis présente uniquement dans les groupements de cellules a été étudiée
comme marqueur tumoral des tumeurs de vessie. L’antigène Lewis X (LeX) est
exprimé dans les TCC, sans prendre en compte le statut sécrétoire de l’individu
ainsi que le Stade/Grade de la tumeur. En utilisant l’anticorps monoclonal P-12,
Pode et al. ont examiné le statut de l’Ag Lewis X, arrivant à une sensibilité de
79,8% et une spécificité de 86,4%, comparé à la cytologie urinaire avec une
sensibilité et une spécificité de 47,6% et 97,7%, respectivement [195]
.
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BLCA-4 :
Le BLCA-4 est une protéine structurale du noyau qui n’est exprimée que
par le tissu tumoral et le tissu morphologiquement sain des patients atteints de
cancer de la vessie [196, 197]
. A l’aide d’un immuno-essai de type Sandwich,
BLCA-4 a été détecté dans l’urine chez 53 de 55 individu avec 54 patients
possédant une tumeur de vessie histopathologiqement prouvée [197]
.
Dans une récente étude (Van le TS et al.) concluent que la bonne sensibilité
(89%) et la haute spécificité (95%) de l’immuno-essai pour la détection du
BLCA-4 pourraient se traduire par une détection plus précoce du cancer de la
vessie et une amélioration du traitement de ce cancer. Ceci rend ce marqueur
spécifique et possédant un potentiel lui offrant la possibilité d’être candidat au
screening clinique [198]
.
Survivine (inhibiteur de l’apoptose) :
La survivine est un membre proéminent de la famille des IAP (inhibitor of
apoptosis proteins), dont l’action consiste à inhiber l’activation des effecteurs de
l’apoptose que sont les caspases (caspases 3, 7 et 9 notamment). Son action
s’effectue principalement durant les phases G2 et M du cycle cellulaire, par
liaison au fuseau mitotique. Sa présence est évocatrice d’une tumeur agressive et
de mauvais pronostic, donc elle peut être utilisée comme test diagnostique mais
aussi pronostique.
La survivine est présente dans l’urine, et les techniques de dosage sont
essentiellement des dosages par immunohistochimie ou Western-Blot [199]
.
Récemment, une technique immuno-enzymatique (EIA) a été développée avec
des résultats encourageants [200,201]
. De même, plusieurs séries ont proposé de ne
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plus doser la fraction protéique de la survivine urinaire mais l’expression du
gène (ARNm) codant pour la protéine par technique RT-PCR.
Les études publiées (Weikert et al., Wang et al., Shariat et al., et Smith et al.)
rapportent des taux de sensibilité variant de 64 à 100% et une excellente
spécificité de 93 à 100% avec quelque faux positifs (3 à 7%) correspondant le
plus souvent à des états inflammatoire ou à des cancer de prostate sécrétant la
survivine [202,203,204]
.
1.4. Diagnostic : examen physique
Il est le plus souvent normal, mais il doit néanmoins rechercher une
infiltration de la paroi vésicale par les touchers pelviens combinés au palper
hypogastrique, voire des signes d’envahissement locorégional en cas de tumeur
infiltrant en profondeur. La recherche d’adénopathies sus-claviculaires ou de
métastases cliniquement palpables est habituellement négative.
L’état général peut être altéré en présence d’une maladie déjà évoluée ou
d’une anémie sévère.
Il recherche l’existence d’autres pathologies liées au tabac :
cardiovasculaires ou pulmonaires.
2. La Paraclinique :
2.1. Diagnostic différentiel :
2.1.1. Cystoscopie (cystoscopie rigide ou urétrocystoscopie souple)
La cystoscopie diagnostique est réalisée habituellement par fibroscopie
sous anesthésie locale par gel intra-uréthral de lidocaïne chez l’homme et sans
anesthésie chez la femme après avoir vérifié la stérilité des urines par ECBU
[104]. Elle permet non seulement d’identifier la tumeur mais aussi de la biopsier.
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78
L’exploration de l’urèthre et de toutes les faces de la vessie est
systématique, puisque la grande majorité des tumeurs siègent sur la partie fixe
de la vessie : trigone, col, faces latérales. La fibroscopie précise le nombre, la
taille, la topographie, l’aspect de la tumeur et de la muqueuse vésicale.
2.1.2. Résection endoscopique de la tumeur de vessie
Cette intervention chirurgicale, à mener de façon rigoureuse, constitue le
premier temps du traitement de la tumeur.
Elle est menée sous anesthésie générale ou locorégionale après vérification de la
stérilité des urines et contrôle de l’hémostase.
L’objectif de l’intervention est la résection de la ou des tumeurs dans leur
totalité, surtout si l’aspect est celui d’une tumeur à priori superficielle. Si
l’aspect est celui d’une tumeur manifestement infiltrante, la résection doit être
également la plus complète possible si une cystectomie n’est pas envisagée.
Des biopsies randomisées de la muqueuse ne sont pas à réaliser en
routine. Elles sont indiquées sur les zones anormales et endoscopiquement
saines en raison de la fréquence des anomalies muqueuses microscopiquement
associées. Elles peuvent être réalisées à l’anse de résection ou mieux à la pince
froide avec coagulation d’un éventuel saignement [104]
.
2.1.3. Echographie
L’échographie vésicale sus-pubienne séduit par sa simplicité et son
caractère non invasif [205]
. Néanmoins, sa sensibilité varie de 61% à 84% pour
les tumeurs de type polyploïde ≥ à 5mm. Par contre, la présence de faux positifs
est d’environ 5%, et une échographie négative ne permet pas d’éviter la
cystoscopie. Le diagnostic différentiel se pose parfois avec des caillots.
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2.1.4. Urographie intraveineuse (UIV)
L’UIV peut faire la preuve de l’origine d’une hématurie. L’image typique
est la lacune vésicale ainsi que la rigidité pariétale surtout lors des clichés de
remplissage. L’UIV a des limites, en particulier pour les petites tumeurs de
vessie qui sont parfois invisibles [104]
. L’UIV peut également préjuger d’une
infiltration musculaire lorsqu’il existe une obstruction urétérale avec dilatation
unilatérale du haut appareil. Ce signe témoignerait de l’infiltration musculaire
dans 80 à 90% des cas selon les séries.
2.1.5. Cytologie exfoliatrice
La cytologie urinaire est à l’heure actuelle un examen simple, non invasif,
rapide et peu coûteux, qui permet la détection de cellules tumorales desquamant
dans les urines provenant d’une tumeur des voies excrétrices urinaires, que
celle-ci soit connue ou suspectée et qui reste un complément à la cystoscopie et
à l’histologie. Classiquement, la cytologie tumorale montre des cellules
irrégulières avec un noyau agrandi et une chromatine anarchique. Les limites de
cet examen sont principalement l’infection urinaire avec des faux positifs
pouvant aller jusqu’à 15%, mais également les tumeurs différenciées dont la
cytologie pouvant s’apparenter à une cytologie de desquamation. Le
cytodiagnostic urinaire, bien qu’il contribue au diagnostic initial des tumeurs
urothéliales, prend tout son intérêt pour la surveillance des malades traités [206]
.
2.1.6. Examen tomodensitométrique (TDM) ou Scanner
La TDM hélicoïdale multibarrettes avec une technique particulière pour
les voies urinaires comprenant plusieurs phases d’acquisition et de
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reconstruction volumique multiplanaire permet d’étudier la vessie et le haut
appareil urinaire. Elle a des résultats comparables à ceux de l’UIV pour
l’analyse de la voie excrétrice et supérieurs pour l’étude du parenchyme rénal et
de la vessie chez les patients présentant une hématurie [104]
.
2.2. Bilan d’extension des tumeurs malignes :
Le bilan d’extension tumorale est important car il détermine le traitement
qui va être proposé au patient porteur d’une tumeur de vessie. Malgré les
progrès de l’imagerie, il y a encore des erreurs entre le stade clinique et le stade
pathologique. Il y a souvent un sous-staging des patients avec les tumeurs de
haut grade ou de stade intermédiaire (environ 30% des cas).
2.2.1. Bilan locorégional
Il est pratiqué en cas de tumeur infiltrante et peut faire appel à la
lymphographie, au scanner, à l’imagerie par résonnance magnétique et enfin au
curage ganglionnaire chirurgical ou cœlioscopique.
2.2.1.1. Lymphographie bipédieuse
Elle permet de rechercher les ganglions métastatiques en particulier ilio-
obturateurs. Ces ganglions pathologiques sont volontiers augmentés de volumes,
lacunaires et associés parfois à un blocage lymphatique.
2.2.1.2. Scanner
En dehors de la visualisation d’une éventuelle extension pariétale ou des
vésicules séminales, le scanner est surtout indiqué dans la recherche de
ganglions métastatiques ilio-obturateurs ou lomboaortiques. Il faut savoir qu’il
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s’agit d’un examen souvent pratiqué après la résection et qu’une réaction
inflammatoire peut fausser les images aussi bien sur le plan local que sur le plan
ganglionnaire. Les différentes études montrent que sa sensibilité varie de 10 à
90% et que sa spécificité varie de 83 à 95%. Ces taux extrêmement variables
montrent qu’il ne s’agit pas d’un examen parfaitement fiable pour apprécier
l’extension locorégionale des tumeurs de vessie. Combiné à quelques clichés
d’UIV, on obtient un uroscanner [207]
.
2.2.1.3. Imagerie par Résonance Magnétique (IRM)
Les performances de l’IRM sont supérieures à celles de la TDM pour
préciser les stades > T3 et l’exploration de la cavité pelvienne, grâce à l’analyse
multidirectionnelle et à son excellente résolution en contraste. En IRM en
séquences pondérées en T2, le seul critère fiable d’envahissement du muscle est
l’existence d’un hypersignal anormal, identique à la tumeur vésicale.
Quant aux adénopathies, la recherche s’effectue en séquences pondérées
en T1 dans le plan axial et frontal [208]
.
2.2.2. Bilan général
Ce bilan recherche les métastases dont le siège principal, outre les
ganglions, est les os, les poumons et le foie.
La radiographie pulmonaire préopératoire permettra de visualiser
d’éventuelles métastases pulmonaires. L’échographie hépatique recherche des
métastases hépatiques. La scintigraphie osseuse est réalisée en présence de
signes cliniques d’appel ou d’autres localisations secondaires.
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F. EVOLUTION Et PRONOSTIC :
Les tumeurs urothéliales papillaires (pTa ou pT1) de la vessie sont le mode de
présentation le plus fréquent des tumeurs vésicales, elles représentent 75 % des
tumeurs au moment du diagnostic. Elles sont également appelées par les
urologues « tumeurs superficielles » car elles n’infiltrent pas la musculeuse
vésicale. Mais elles constituent un ensemble hétérogène de tumeurs de la vessie
et la dénomination de « tumeurs n’envahissant pas le muscle » tend à remplacer
celle de « tumeurs superficielles » qui laisse croire qu’il s’agit d’une entité
homogène. Sur le plan clinique, elles diffèrent entre elles par leur potentiel
évolutif et, de ce fait, par leur surveillance et leurs traitements. L’Association
Française d’Urologie (AFU) a défini trois catégories de tumeurs par rapport aux
risques de récidive et de progression : faible, élevé et intermédiaire. Ces
catégories reposent sur des paramètres histopathologiques (stade, grade,
présence de Cis) associés à des paramètres cliniques (taille de la lésion,
caractère unique ou multiple, caractère récidivant ou non) [209]
. Ces paramètres
sont indispensables dans l’arbre décisionnel de la prise en charge des patients
pour évaluer la gravité de la maladie et proposer le traitement adéquat
(chimiothérapie intravésicale, immunothérapie intravésicale par BCG) (voir
annexe 6). Il faut d’ailleurs souligner que la détermination du grade dans les
tumeurs de la vessie n’a d’enjeu que pour les tumeurs n’envahissant pas le
muscle (Ta et T1). Au niveau européen, la European Organisation for Research and
Treatment of Cancer (EORTC) a développé un système à usage clinique, bâti sur
un score et des tables de probabilité, permettant de calculer séparément le risque
de récidive et le risque de progression, à court terme (un an) ou à moyen terme
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(cinq ans) [210,211]
. Ces tables sont disponibles sur le site :
http://www.eortc.be/tools/bladdercalculator/.
G. TRAITEMENT :
Les cancers de la vessie se traitent le plus souvent par la chirurgie
transurétrale ou la cystectomie et plus rarement par radiothérapie accompagnée
de chimiothérapie. Les résultats très variables et le besoin d’améliorer le
traitement expliquent l’intérêt porté vers des thérapies telles l’immunothérapie.
1. Chirurgie :
La résection endoscopique reste le traitement opératoire de référence des
tumeurs superficielles de la vessie (hors Tis). Elle se pratique par les voies
naturelles et consiste à retirer la tumeur par électrocoagulation à l’aide d’une
anse diathermique. Les fragments tumoraux ainsi prélevés sont envoyés pour
examen histopathologique afin de déterminer la présence d’atypie nucléaire des
cellules tumorales, le stade de la tumeur ainsi que le degré d’envahissement. Les
complications sont très rares mais le taux de récidive est important ce qui pourra
amener l’utilisation de traitements intraveineux complémentaires de
chimiothérapie ou d’immunothérapie (en effet, 70% des patients traités par
résection transurétrale subiront une récidive dans les cinq ans suivant
l’opération) [212]
. Les tumeurs montrant un risque important de récidive ou de
progression (type T1G3, multiples ou accompagnées de Tis) ainsi que les
tumeurs infiltrantes nécessitent une approche thérapeutique plus agressive
comme la cystectomie partielle ou radicale, qui consiste en l’ablation partielle
ou totale de la vessie, combinée parfois à une chimiothérapie systémique. Cette
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opération est traumatisante pour le patient, ce qui explique qu’elle n’est pas
pratiquée sans avoir considéré les autres formes de traitements moins radicaux.
2. Thérapie intravésicale :
Ce mode de traitement consiste en l’administration par les voies naturelles
d’un composé actif chimiothérapeutique ou immunogénique à l’intérieur de la
vessie (il ne s’agit donc pas d’un traitement systémique). L’objectif de
l’utilisation de la thérapie intravésicale est d’éradiquer une maladie existante,
comme le Tis non traitable par résection (thérapie), ainsi que d’empêcher la
récidive et la progression des tumeurs superficielles qui ont été réséquées
(prophylaxie) [213]
.
Plus la concentration de l’agent chimiothérapeutique est élevée, plus on
observe des destructions des cellules tumorales. Comme la chimiothérapie est
non spécifique, elle s’attaque à toutes les cellules en prolifération et
l’augmentation de la dose s’accompagne de l’augmentation des effets
secondaires et toxiques. Ainsi, la finesse consiste à administrer la dose
maximale qui ne dépassera pas les limites de la toxicité tolérée par le patient
[214]. L’administration d’une chimiothérapie systémique entraine des effets
secondaires bien plus importants (perte de cheveux, altération de cellules saines
pouvant amener d’autres tumeurs plus tard…) mais elle n’est appliquée que pour
les cancers infiltrants ou métastasés.
Enfin, même si la chimiothérapie intravésicale réduit à court terme la
récidive de 15-18%, l’incidence à cinq ans est identique à celle observée chez
les patients traités par RTU seulement [215,216]
.
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3. Immunothérapie par BCG :
Actuellement, l’immunothérapie la plus utilisée se pratique par instillation
intra vésicale d’une solution contenant du bacille de Calmette Guérin (BCG ou
Mycobacterium bovis) par les voies naturelles sur des patients atteints d’une tumeur
superficielle de la vessie de plus haut grade ou rapidement récidivante. Ce
traitement entraine une réduction significative de la récidive et de la progression
[217,218]. En 1975, deKernion a rapporté le premier traitement d’une tumeur
vésicale métastatique, un mélanome malin, par BCG-thérapie locale. Cet
engouement pour les immunothérapies des années 70 a amené les Dr Morales
puis Martinez-Pineiro en 1976 à tester l’effet prophylactique du BCG sur les
tumeurs superficielles de la vessie [219,220]
. La première étude contrôlée
confirmant l’efficacité du BCG a été rapportée par Lamm et al. en 1980 [221]
.
Depuis lors, le traitement par instillation intra vésicale de BCG s’est avéré être
l’agent thérapeutique le plus efficace pour traiter les tumeurs superficielles de la
vessie, surtout pour les carcinomes in situ (Tis) [222]
. Cette efficacité lui a valu
d’être approuvé par l’organisme US Food and Drug Administration en 1990.
Arbitrairement, il a été décidé de pratiquer ce traitement par 6 instillations
intravésicales hebdomadaires. Le mode d’administration du traitement est
depuis en perpétuelle optimisation, le mode idéal n’étant pas encore déterminé.
L’immunothérapie au BCG a particulièrement amélioré le temps de survie sans
récidive et a aussi réduit la progression, mais il reste toujours un sous-groupe de
patients réfractaires pour qui le traitement au BCG n’amène qu’une perte de
temps, n’ayant aucun effet sur la récidive ou la progression. Six études
indépendantes, comprenant 585 patients au total, ont montré que la récidive était
moins fréquente parmi les gens qui ont eu une résection et un traitement au BCG
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
86
par rapport à ceux qui n’ont eu qu’une résection (taux de récidive de 29% au
lieu de 67%) [223]
.
L’infection par le BCG entraîne la desquamation des cellules
superficielles de la vessie, tant normales que tumorales. Il est convenu
dorénavant que l’activité antitumorale du BCG est dirigée par la réaction
immunitaire locale non spécifique des cellules immunocompétentes [224]
.
Plusieurs aspects immunogéniques ont été étudiés après les instillations de BCG,
comme l’infiltration de la paroi cellulaire par les cellules effectrices [225]
,
l’implication des lymphocytes cytotoxiques [226]
, du complexe majeur
d’histocompatibilité ou de l’expression des molécules d’adhésion sur les cellules
urothéliales [227]
ainsi que la sécrétion de cytokines. Aucun n’a pu être
clairement impliqué dans l’activité antitumorale du BCG.
H. SURVEILLANCE (voir annexe 6) [228]
:
1. Tumeurs à faible risque :
Cystoscopie à trois, six et douze mois puis une fois par an pendant cinq
ans après la première résection.
2. Tumeurs à risque intermédiaire :
Cystoscopie et cytologie à trois, six et douze mois puis une fois par an
pendant quinze ans.
UIV en cas de récidive.
3. Tumeurs à haut risque :
Cystoscopie et cytologie tous les trois mois la première année, puis tous
les six mois la deuxième année, puis une fois par an pendant quinze ans.
UIV systématique tous les deux ans.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
87
PPaarrttiiee pprraattiiqquuee :: NNoottrree ééttuuddee
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88
IInnttrroodduuccttiioonn :: OObbjjeeccttiiffss dduu TTrraavvaaiill
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
89
Les tumeurs de vessie représentent un groupe hétérogène de tumeurs
quant à la cancérogenèse, au pronostic et au traitement. Dans le traitement des
lésions superficielles envahissant le chorion, la résection endoscopique est
souvent incomplète malgré l’impression macroscopique de l’urologue : six
semaines après le geste, des reliquats tumoraux sont observés dans 40% des cas
[229]. Ainsi, la résection endoscopique est insuffisante à traiter une tumeur
infiltrante : la cystectomie radicale est le traitement de référence de ces lésions,
intervention dont les conséquences fonctionnelles sont importantes tant sur le
plan de la sexualité, de la continence que de l’intégrité du schéma corporel.
C’est un enjeu très important que de prendre la décision de la cystectomie au
bon moment dans l’histoire naturelle d’une tumeur de vessie pour éviter au
patient les très mauvaise qualités de survie que représentent une tumeur
localement avancée inextirpable ou la survenue de métastases très
symptomatiques comme les métastases osseuses.
Des algorithmes décisionnels sont maintenant de plus en plus admis dès le
stade de tumeur superficielle. Mais des marqueurs d’agressivité au moment du
diagnostic ou de l’opération demeurent nécessaires et font l’objet de recherches
afin d’identifier très tôt les groupes de malades à risque de récidives, de
progressions et de décès par cancer. C’est dans cette voie que notre étude essaie
d’évaluer l’utilité en préopératoire d’un panel de marqueurs tumoraux sériques
dans les tumeurs infiltrantes de la vessie.
Selon la littérature, l’intérêt des marqueurs tumoraux reste limité. Leur
rôle est de confirmer un diagnostic clinique puis, après avoir sélectionné le
traceur le plus spécifique de la lésion, de réaliser le suivi thérapeutique pour
lequel il représente un facteur pronostique important. En outre, les marqueurs
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
90
tumoraux constituent fréquemment la première manifestation d’une récidive
pouvant même, dans certains cas, précéder les symptômes cliniques, permettant
ainsi une action thérapeutique plus rapide, mais ce dernier point demande encore
une évaluation réelle de son intérêt clinique :
Sur le plan diagnostique, un marqueur n’a d’intérêt que s’il est positif, en
sachant qu’un résultat négatif ne permet en aucun cas d’exclure
l’existence d’une tumeur ;
Sur le plan thérapeutique, il convient de choisir le marqueur ayant la
meilleure sensibilité ainsi que la meilleure spécificité.
Sur le plan clinique, les valeurs de référence ou concentrations-seuils d’un
marqueur doivent être définies avec précision. Les valeurs seuil
optimisées sont déterminées à partir des courbes ROC
(sensibilité/spécificité) pour chaque marqueur par l’étude de populations
représentatives et en faisant varier les seuils décisionnels.
Notre travail vis deux objectifs :
1. Un objectif principal : chercher à déterminer une valeur seuil pour les
trois marqueurs tumoraux étudiés (ACE, CA19-9 et CA125) permettant
de différencier entre les cancers infiltrants et les cancers superficiels de la
vessie.
2. Et un objectif secondaire : étudier les facteurs prédictifs d’un cancer
infiltrant de la vessie.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
91
PPaattiieennttss eett mméétthhooddeess
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1. Patients :
De Janvier 2008 à Février 2009, nous avons mené une étude prospective
chez une cohorte de patients pris en charge par le service d’urologie de
l’HMIMV pour tumeurs de vessie. Les patients étaient soit en première
consultation ou venus pour une éventuelle récidive. Les données anamnestiques,
cliniques et paracliniques étaient reportées sur une fiche d’inclusion établie en
collaboration avec le service d’Urologie (page ci-après).
Cette étude est classée selon l’American College of Chest Physicians au niveau
de preuve 3 (annexe 7).
2. Méthodes :
2.1. ElecSys 2010 et Technologie ECL :
Le Laboratoire de Biochimie et Toxicologie de l’HMIMV dose les
marqueurs tumoraux sur l’autoanalyseur ElecSys® 2010 Roche Hitachi version
Rotor (figure 25 et 26). Ce dernier présente des caractéristiques préservant sa
performance décrites au tableau 11 : L’ElecSys® 2010 présente un outil
informatique nécessaire à l’organisation des analyses et à la gestion des
informations analytiques, de la traçabilité et du contrôle qualité. Cela est atteint
par simple positionnement des réactifs, calibrateurs et contrôles et les
informations sont chargées automatiquement sans erreurs possibles. Toute
information nécessaire à la réalisation des tests est intégrée par les codes à
barres y compris les applications et les courbes de calibration. Après l’analyse
d’un paramètre biochimique, l’automate conserve le résultat dans la disquette
d’information.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
93
Tableau 11: Caractéristiques instrumentales de l’ElecSys®2010.
Cadence : 80 tests/heure en temps réel.
Volume échantillon par test : 10 à 50 l.
Capacité échantillons : 30 positions pour patients, contrôles et calibrateurs.
Dimensions :
Largeur 120 cm,
Hauteur 56 cm,
Profondeur 73 cm,
Poids environ 170 kg.
Système de mesure :
Mesure intégrale d'un signal produit par ElectroChimiLuminescence
(ECL).
Environnement :
Température : 18 à 32°C,
Ecart de température : Max. + ou - 2°C,
Humidité : 20 à 80%.
Réactifs-capacité :
15 paramètres en ligne,
18 emplacements réactifs.
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Figure 25 : ElecSys ®2010 fermé (Photo du Laboratoire de Biochimie et de
Toxicologie de L’HMIMV).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
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Figure 26 : ElecSys ®2010 ouvert (Photo du Laboratoire de Biochimie et de
Toxicologie de L’HMIMV).
4
9
8 3
2
5
6
7
1
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
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Légende de la Figure 26 : Les principaux compartiments de l’ElecSys®2010.
1 : Diluants Pro-cell.
2 : Rotor de 30 positions, des tubes primaires ou secondaires, de tailles différentes,
peuvent être utilisés sans adaptateurs. Il assure une adaptabilité de l’appareil.
3 : Positions permettant une gestion des urgences : ces positions donnent un accès
immédiat pour les urgences qui sont traitées en priorité.
4 : Programmation par codes à barres : toutes les données sont intégrées dans le
logiciel par les codes à barres mono- et bi-dimensionnels. Le système est
programmé tout simplement par le positionnement sur l’automate des réactifs,
contrôles et calibrateurs.
5 : Carrousel réactifs : comporte 18 positions thermostatées. Ceci comprend 15
réactifs ainsi que le diluant, les réactifs de prétraitement ou les réactifs annexes.
L’ouverture et la fermeture des flacons de réactifs se fait automatiquement selon
un mécanisme mécanique, évitant ainsi les évaporations et augmente la stabilité.
6 : Précision, la sélection du niveau de liquide et la vérification de la qualité de
l’échantillon assurant une précision de prélèvement et une intégrité d’échantillon.
L’homogénéisation des microparticules est automatique.
7 : Embouts de pipette à usage unique pour parer aux contaminations.
8 : Chargement des échantillons en continue : les résultats sont obtenus en 9 à 18
minutes.
9 : Ecran tactile couleur et le clavier de commande sont intuitifs et facilitent
l’utilisation et la connaissance du statut de l’automate.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
97
La technologie ECL ou ElectroChimiLuminescence est la méthode de
mesure standardisée sur les automates d’immunologie de Roche Diagnostics
ElecSys, gardant encore une longueur d’avance sur les techniques classiques de
chimiluminescence.
L’ECL ou ECLIA pour ElectroChimiLuminescent Immuno-assay, est une
forme de chimiluminescence, mais qui permet une plus grande amplification du
signal. La réaction de chimiluminescence qui entraine l’émission de lumière est
précédée par une réaction électrochimique [230]
.
Les acteurs de la réaction sont multiples. La figure 27 représente le
principe d’ECL :
Figure 27 : Acteurs et déroulement de la réaction d’ECLIA [230]
.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
98
Commentaire de la Figure 27 [230]
:
1. L’Ag de l’échantillon forme un complexe sandwich avec l’Ac biotinylé et l’Ac
couplé au sel de ruthénium.
2. Les microparticules tapissées de Streptavidine sont rajoutées au mélange
réactionnel de la cellule et l’immuno-complexe se lie à la phase solide par
l’interaction biotine-streptavidine.
3. Par aimantation, les microparticules tapissées d’immuno-complexes se
déposent sur l’électrode. Les éléments non liés sont évacués de la cellule de
mesure par le passage d’un tampon.
4. Par l’application d’une différence de potentiel, le cycle réactionnel peut
s’enclencher : oxydation du sel de ruthénium et de la tripropylamine (TPA),
présente en excès dans le tampon (radical cationique TPA++). En libérant un
proton, le TPA instable cède son e- conférant au Ruthénium son état excité.
En revenant à son état de base, le ruthénium émet un photon à la longueur
d’onde de 620 nm. Il est ainsi disponible pour un nouveau cycle de
génération de lumière.
5. Reconditionnement de la cellule qui est ainsi prête pour une autre mesure.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
99
2.2. Principe de chaque test immunologique [231, 232,233]
:
On peut résumer le principe de mesure de chacun des trois marqueurs
tumoraux : ACE, CA19-9 et CA125 dans le tableau ci-dessous :
Tableau 12 : Principe de mesure pour chaque marqueur tumoral.
Test
Phase du Cycle
ACE
CA 19-9
CA 125
Méthode, Durée
totale du cycle
analytique
Sandwich, 18 minutes
1ère
incubation
Une prise d’essai de :
10 l
10 l
20 l
est mise en présence d’un anticorps monoclonal anti-MT
spécifique biotinylé et d’un anticorps polyclonal anti-ACE,
monoclonal anti-CA 19-9 ou anti-CA 125 spécifique, marqué au
ruthénium(a). Il se forme un « sandwich ».
2ème
incubation
Les microparticules tapissées de streptavidine sont ajoutées
dans la cuvette réactionnelle. Le complexe immunologique est
fixé à la phase solide par une liaison streptavidine-biotine.
Mélange
réactionnel
Est transféré dans la cellule de mesure, les microparticules sont
maintenues au niveau de l’électrode par un aimant.
L’élimination de la fraction libre est effectuée par le passage de
ProCell. Une différence de potentiel appliquée à l’électrode
déclenche la production de luminescence qui est mesurée par
un photomultiplicateur.
Résultats
Les résultats sont obtenus à l’aide d’une courbe de calibration.
Celle-ci est générée, pour l’analyseur utilisé, par une calibration
en 2 points et une courbe de référence mémorisée dans le code-
barres du réactif.
(a) Ru ((bpy) 3)2+ : Tris (2,2’-bipyridyl) ruthénium (II).
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100
MT : l’un des trois marqueurs tumoraux, ACE, CA 19-9 ou CA 125.
2.3. Etape Pré- et Post-analytique :
2.3.1. Prélèvement :
Le sang veineux (prise de sang au niveau du pli du coude), doit être
recueilli sans anticoagulant, mais selon la technique de dosage ces types
d’échantillons peuvent éventuellement être utilisés :
Sérum recueilli sur tubes standards « tubes secs à bouchon rouge », qui
contiennent un activateur de coagulation (billes en matériaux synthétiques)
et nécessitants un délai de coagulation de 15-30 min avant de pouvoir les
centrifuger, ou contenant un gel séparateur « tubes à bouchon rouge avec
base jaune ». La vitesse minimale de centrifugation des tubes est de 1500
tours/min, pendant 10 min.
Plasma recueilli sur héparinate de lithium ou sodium « tubes à bouchon
vert », ou EDTA tripotassique « tubes à bouchon violet ». en cas
d’utilisation de plasma recueilli sur héparinate de sodium, les résultats
obtenus doivent être corrigés de + 10% pour l’ACE. La vitesse de
centrifugation des tubes est de 2000 à 3000 tours/min, pendant 15min.
Pour le dosage des trois marqueurs objets de notre étude, la
programmation et la périodicité du prélèvement sont fonction de la décision
médico-chirurgicale, d’où le prélèvement doit être effectué avant chaque
intervention chirurgicale que ce soit une RTUV, une cystectomie, une cysto-
prostatectomie (partielle ou radicale) ou une pelvectomie. Les variations
nycthémérales ne sont pas décrites, et le jeûne ne semble pas indispensable.
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101
La quantité de sang à prélever doit être suffisante pour effectuer l’analyse
et conserver une quantité aliquote dans la sérothèque conçue pour cette étude
permettant une comparaison ou une vérification ultérieure.
Pour la conservation et le transport, les températures suivantes sont
recommandées : +2 à +8°C pendant 24H après le prélèvement, puis à – 20°C.
2.3.2. Calibration :
Elle est réalisée à l’aide des calibrateurs Elecsys CEA CalSet, Elecsys
CA19-9 CalSet et Elecsys CA125 II CalSet. La courbe de référence est adaptée
à l’analyseur pour chaque test via le code-barres de chacun des trois réactifs
respectivement, Elecsys CEA, Elecsys CA19-9 et Elecsys CA125.
La méthode a été standardisée par rapport :
A la première préparation internationale : 1st IRP WHO référence
73/601 pour l’Elecsys CEA ;
Au test Enzymun-Test CA19-9 pour l’Elecsys CA19-9 ;
Au test Enzymun-Test CA 125 II, lui-même standardisé par rapport
au test CA 125 II (RIA) de Fujirebio Diagnostics.
On doit effectuer une calibration systématique par lot en utilisant du
réactif frais (ayant été enregistré depuis au maximum 24 heures sur
l’analyseur). Une nouvelle calibration est recommandée après :
1 mois (28 jours) pour un même lot de réactif,
7 jours pour un même flacon de réactif resté sur l’analyseur.
Dans certaines situations par exemple, si les résultats du contrôle de
qualité se situent en dehors des limites de confiance, la calibration devient une
nécessité immédiate.
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102
2.3.3. Contrôle de Qualité :
Sont utilisés pour le contrôle de qualité, l’Elecsys PreciControl Tumor Marker 1
et 2 pour les trois réactifs. Il est recommandé de doser les sérums de contrôle en
simple au moins une fois toutes les 24 heures pendant une routine, pour chaque
nouveau coffret et lors d’une calibration.
2.3.4. Conservation et Stabilité des réactifs :
Les coffrets Elecsys CEA, CA19-9 et CA125 doivent être rangés en
position verticale, de manière à ce que toutes les microparticules soient
rassemblées lors de l’homogénéisation qui précède l’analyse. Conservés entre 2
et 8°C, ils sont stables jusqu’à la date de péremption indiquée avant ouverture.
Après ouverture, les coffrets peuvent être utilisés pendant 12 semaines
mais conservés après utilisation entre 2 et 8°C.
A bord de l’analyseur Elecsys 2010®, ils sont stables pendant 6 semaines
pour les coffrets Elecsys CEA et Elecsys CA125 II, et 8 semaines pour le
coffret Elecsys CA19-9.
2.3.5. Réalisation du test :
L’analyseur effectue automatiquement l’homogénéisation des
microparticules. Avant le chargement des coffrets, il faut amener les réactifs
réfrigérés à environ 20°C et les placer dans le plateau des réactifs de l’Elecsys
2010® thermostaté à 20°C en évitant la formation de mousse. L’automate gère
le contrôle de la température, l’ouverture et la fermeture des flacons. Les
coffrets de réactifs doivent être refermés puis replacés au réfrigérateur après la
série de dosage. L’analyseur calcule automatiquement la concentration en
analyte de chaque échantillon et les résultats sont exprimés aux choix en :
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
103
o ng/ml ou en g/l pour l’ACE, avec 1ng/ml d’ACE correspond à
16,9 mUI/ml ;
o U/ml ou en kU/l pour le CA 19-9 ;
o U/ml, en U/l ou en kU/l.
2.3.6. Limites d’utilisation et Interférences [231, 232,233]
:
Test
Interférences
ACE
CA 19-9
CA 125
Test non influencé par
Ictère (bilirubine < 1129 mol/l ou < 66 mg/dl)
Hémolyse (Hb< 1,4 ou < 2,2g/dl) Hb< 2,0 ou <3,2g/dl
Lipémie (intralipid<1500 mg/dl) Intralipid
<2000mg/dl
Biotine (<491 nmol/l
ou <120 ng/ml)
<100ng/ml <143 nmol/l ou
<35 ng/ml
Facteur rhumatoïde jusqu’à 1500UI/ml jusqu’à 1200UI/ml
Effet crochet n’est
pas observé jusqu’à
200 000 ng
d’ACE/ml
500 000 U/ml 50 000 U de
CA125/ml
Critère
d’acceptabilité :
recouvrement
± 10% de la valeur
initiale
± 15% de la
valeur initiale
± 10% de la
valeur initiale
Médicaments
fréquemment
administrés :
in vitro
Sur 27
médicaments
aucune influence
n’a été observée
Sur 26
médicaments
aucune influence
n’a été observée
Sur 27
médicaments
aucune influence
n’a été observée
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
104
Il est recommandé d’effectuer le prélèvement de l’échantillon au moins 8heures
après la dernière administration, chez les patients traités par des dose de biotine
(> 5mg/jour). Pour minimiser tout ces effets, le test comporte des additifs.
2.3.7. Domaine de mesure et dilution des échantillons :
Test
ACE
CA 19-9
CA 125
Domaine de
mesure
0,200-1000 ng/ml
0,600-1000 U/ml
0,600-5000 U/ml
Ou jusqu’à 50 000 ng/ml pour
les échantillons
dilués (au 1/50)
10 000 ng/ml
pour les
échantillons
dilués (au 1/10e)
25 000 ng/ml pour
les échantillons
dilués (au 1/5e)
La dilution des échantillons est faite avec le diluant Elecsys Diluent Universal,
pour les échantillons présentant une concentration au-dessus du domaine de
mesure.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
105
2.3.8. Valeurs de référence, Sensibilité analytique et Spécificité
analytique :
Test
V. réf, Se et Sp
ACE
CA 19-9
CA 125
Valeur de
référence
3,40 ng/ml
39,00 U/ml
35,00 U/ml
Sensibilité
analytique
0,20 ng/ml
< 0,60 U/ml
0,60 U/ml
Spécificité
analytique
Ac monoclonaux
utilisés présentent
les réactions
croisées suivantes :
NCA1< 0,7%,
NCA2 72%. Et
réactions non
observées ni avec
α1-glycoprotéine
acide ni avec l’AFP
Méthode utilise
l’Ac monoclonal
1116-NS-19-9
disponible
uniquement
auprès de
Fujirebio
Diagnostics
Ac
monoclonaux
utilisés M11 et
OC 125,
disponible
uniquement
auprès de
Fujirebio
Diagnostics
3. Echantillons d’anatomopathologie :
Après l’intervention chirurgicale, le laboratoire d’anatomie-pathologie de
l’HMIMV reçoit l’échantillon du patient opéré. Ainsi sont définis le type
histologique, le stade, le grade et dans certains cas une étude
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
106
immunohistochimique de la surexpression de certains molécules (p53, HER2, et
Ki67) est réalisée.
4. Analyse statistique :
L’analyse statistique a été effectuée, dans un premier temps, par le logiciel
Epidata analysis V2. Elle a comporté une analyse descriptive avec calcul des
fréquences et des intervalles de confiance à 95%, pour chacune des modalités
des variables qualitatives et des moyennes et écarts types pour les variables
quantitatives.
Nous avons ensuite cherché à déterminer une valeur seuil pour les trois
marqueurs tumoraux étudiés (ACE, CA19-9 et CA125) permettant de
différencier entre les cancers infiltrants et les cancers superficiels de la vessie.
Pour cela, nous avons calculé pour chaque test :
La sensibilité (Se) : c’est le pourcentage de cas positifs des cancers
infiltrants que le test peut identifier
La spécificité (Sp) : c’est-à-dire le pourcentage des cas négatifs du
même cancer que les tests peuvent identifier
La valeur prédictive positive (VPP) : c’est-à-dire le pourcentage des
tests positifs qui le sont réellement en cas de cancer infiltrant
Et la valeur prédictive négative (VPN) c’est-à-dire le pourcentage
de tests négatifs qui le sont réellement en cas de cancer infiltrant
A partir de toutes les valeurs possibles des sensibilités et des spécificités
des différents tests, des courbes ROC (Receiver Operator Characteristics) ont été
construites à l’aide du logiciel Medcalc version 9.2. Ces courbes ROC évaluent la
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
107
sensibilité d’un marqueur en fonction de sa spécificité (en fait 1-spécificité) à
différents points et l’aire sous la courbe (ASC) qui permettrait d’évaluer la
capacité de chaque marqueur à distinguer entre les deux types des cancers de la
vessie. Dans cette approche, l’aire sous la courbe ROC (ASC) est formée par la
réunion des points de toutes les paires de faux et de vrais positifs. Elle doit être
supérieure à 0,5 pour rejeter l’hypothèse nulle d’un pouvoir discriminant lié au
hasard. Un pouvoir discriminant compris entre 0,5 et 0,7 inclus est considéré
généralement comme faible. Un pouvoir discriminant compris entre 0,7 et 0,9
inclus est considéré généralement comme satisfaisant. Enfin, une aire sous la
courbe supérieure à 0,9 est considérée comme indicatrice d’une excellente
discrimination, donc plus l’aire sous la courbe est grande (≥0,7), plus le
marqueur est performant dans sa capacité à faire la différence entre les cancers
infiltrants et les cancers superficiels de la vessie. Nous avons ensuite comparé
les aires sous la courbe 2 à 2 avec les tests CAGE et MAST selon les méthodes
de Hanley et Mac Neil. Le but de ces comparaisons est de trouver le marqueur le
plus approprié − sensibilité et spécificité, VPP et VPN − permettant de
distinguer les deux types de cancers. Une aire sous la courbe plus grande signifie
que le marqueur en question est supérieur à l’autre dans sa capacité à faire la
différence [234, 235]
.
D’autre part, afin d’établir les facteurs prédictifs d’un cancer infiltrant de
la vessie, une analyse bivariée (tests de Khi2, comparaison de moyennes par le
test de rang de Mann-Whitney) a été effectuée; ainsi qu’une régression
logistique descendante pas à pas prenant en compte toutes les variables
significatives au seuil p ≤ 0,2 afin de diminuer la dispersion engendrée par le
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
108
nombre élevé de profils cliniques identifiés et ainsi exclure les facteurs
pronostiques de puissance statistique moindre.
Une fois que les étapes du choix des covariables et de leurs formes
fonctionnelles sont effectuées, on a pu déterminer la qualité de l’ajustement du
modèle aux données ou, en anglais, le Goodness of fit par le test de Hosmer et
Lemeshow (HL).
La variable dépendante est le cancer de la vessie répartie en deux
modalités: cancer infiltrant et cancer superficiel. Le logiciel utilisé pour cette
analyse multivariée est le SPSS version 17.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
109
RRééssuullttaatts
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
110
A. Description de la population :
Dans notre étude, nous avons colligé 43 patients présentant une tumeur
de vessie.
1. Caractéristiques démographiques et cliniques :
Les Caractéristiques démographiques et cliniques de ces patients sont
représentées dans les Tableau 12 et Tableau 13 :
1.1. Sexe
Les patients se répartissent en 39 hommes (90,7%), (95%CI : 78,4-96,3)
et 04 femme (9,3%), (95%CI : 3,7-21,6) ; le sexe ratio est de 9,75/1
(Graphique 1).
Graphique 1 : Répartition des tumeurs de vessie selon le sexe (N=43).
hommes 91%
femmes 9%
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
111
1.2. Age
L’âge moyen de nos patients est de 58,98 ± 12,20 ans, avec un (min et un
max) : 30 et 80 ans (95% IC : 55,22-62,73).
La tranche d’âge de 50-59 ans est la plus représentée : 37,21% soit 16
cas. Elle est suivie de la tranche : ≥ 70 ans avec 25,58% (11 cas). Ensuite se
situe la tranche ≤ 49 ans avec 20,93% (9 cas). La tranche d’âge 60-69 ans
représente, quant à elle, 16,28% (7 cas) (Graphique 2).
Graphique 2 : Répartition des patients par tranche d’âge (N=43).
0
5
10
15
20
25
30
35
40
≤ 49 50-59 60-69 ≥ 70
20,93% (9)
37,21% (16)
16,28% (7)
25,58% (11)
Eff
ecti
f en
Po
urc
enta
ge
%
Tranche d'âge
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
112
Durant la période d’étude, 43 patients atteints de tumeurs de vessie ont été
pris en charge dont 24 (55,8%) étaient des tumeurs superficielle de vessie et 19
(44,2%) étaient des tumeurs infiltrantes de vessie (Graphique 3).
Graphique 3 : Distribution des tumeurs de vessie selon le caractère d’infiltration
(N=43). Kc : cancer
La distribution des patients par tranche d’âge et selon que la tumeur est
superficielle ou infiltrante montre que chez les patients d’âge ≤ 49 ans, on note
une prédominance de tumeurs infiltrantes (55,6%). Les patients d’âge compris
entre 60 et 69ans et ceux d’âge ≥ 70 ans ont une proportion majeure de tumeurs
superficielles respectivement 57,1% et 72,7%. La tranche d’âge de 50-59ans
connait des proportions égales (50%) (Graphique 4).
Kc Superficiel
56%
Kc Infiltrant
44%
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
113
Graphique 4 : Distribution des patients par tranche d’âge et selon la de degré de
progression de la tumeure de vessie : superficielle ou infiltrante (N=43).
1.3. Facteurs étiologiques :
Le tabagisme chronique est retrouvé chez 67,4% patients (29cas). 4,7%
des patients (2 cas) rapportent un tabagisme passif. L’antécédent de bilharziose a
été identifié chez un seul cas (2,3%). L’étiologie de Cystite ou d’infection
urinaire à répétition a été suspectée chez une femme (2,3%). Il n’a pas été trouvé
d’étiologie de tumeur de vessie chez 10 patients soit 23,3% des cas
(Graphique 5).
44,4%
50%
57,1%
72,7%
55,6%
50%
42,9%
27,3%
0
10
20
30
40
50
60
70
80
≤ 49 50-59 60-69 ≥ 70
Effectif en %
superficielle infiltrante
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
114
Graphique 5 : Répartition des facteurs étiologiques des tumeurs de vessie (N=43).
1.4. Caractères des tumeurs de vessie : Primaire ou Récidivant :
Dans notre série d’étude, les patients se répartissent en 2 catégories
concernant la survenue de la tumeur de vessie :
Elle est primaire chez 26 cas (60,5%), avec 13 cas (50%) qui ont une
tumeur vésicale superficielle, et l’autre moitié une tumeur vésicale infiltrante ;
Et récidivante chez 17 cas (39,5%), avec 11 cas (64,7%) ont une tumeur
superficielle, et 6 cas (35,3%) ont une tumeur infiltrante de vessie (Graphique6).
Inconnu
23%
Tabagisme
Chronique
68%
Tabagisme
Passif
5%
Bilharziose
2%
Cystite ou
Infection
Chronique
2%
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115
Graphique 6: Répartition des tumeurs de vessie selon le caractère Primaire ou
Récidivant (N=43).
1.5. Antécédents Personnels :
Chez la totalité de nos patients (N=43 cas), nous avons recensé des
antécédents personnels, qu’on peut représenter comme suit :
1.5.1. Antécédents Médicaux :
Nous avons recensé les antécédents médicaux suivants :
Hypertension artérielle sous thérapie, chez 6 patients (14%, IC 95% : 6,6-
27,3),
50%
64,7%
50%
35,3%
0
10
20
30
40
50
60
70
Primaire Récidivant
Effectifs des patients en %
kc superficiel kc infiltrant
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
116
Diabète chez 9 patients (20,9%, IC 95% : 11,4-35,2), avec 2 patients sous
insuline et le reste est sous antidiabétiques oraux.
Asthme chez 4 patients (9,3%, IC 95% : 3,7-21,6).
Hyperlipidémie chez 2 cas (4,7%, IC 95% : 1,3-15,5), adoptant un régime
diététique.
Goutte chez un patient (2,3%, IC 95% : 0,4-12,1), sous ZYLORIC®
allopurinol.
1.5.2. Antécédents Chirurgicaux :
Les antécédents chirurgicaux trouvés dans notre série se présentent comme suit :
RTUV chez 8 cas (20%, 10,5-34,8),
Hémorroidectomie chez 3 patients (7,5%, IC 95% : 2,6-19,9),
Opération pour fracture chez 2 patients (5%, IC 95% : 1,4-16,5),
Un seul cas (2,5%, IC 95% :0,4-12,9) pour chacun des antécédents
suivants : une appendicectomie, cholécystectomie, ligature de trompe, et
un acte ophtalmologique.
1.6. Signes Fonctionnels :
L’hématurie est le signe clinique révélateur chez 37 patients (86%), avec
une durée moyenne des symptômes jusqu’au moment de la consultation de 22
Semaines (min=2 semaines et max=48 semaines) et un IC 95% de 14,7-29,5
semaines. Les signes d’un syndrome obstructif sont notés chez 11 patients
(25,6%). Le caillotage sanguin est retrouvé chez 10 patients (23,3%). Les
douleurs pelviennes ou lombalgies, sont rapportées par 9 patients (20,9%).
Enfin, l’hydronéphrose est révélée chez 7 patients (16,3%) (Graphique 7).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
117
Graphique 7: Répartition des patients selon les signes cliniques fonctionnels
(N=43).
Tableau 12 : Caractéristiques descriptives des variables quantitatives chez les
patients de notre série (N=43).
Caractéristiques Moyenne ± SD Min. Max. IC 95%
Age (ans) 58,98 ± 12,20 30,00 80,00 55,22-62,73
CA 19-9 (U/ml) 16,41 ± 14,05 0,84 66,20 12,08- 20,73
CA 125 (U/ml) 9,89 ± 7,03 1,93 44,58 7,72-12,05
ACE (ng/ml) 3,20 ± 1,68 0,50 8,41 2,68-3,72
Durée des symptômes au Δc (S*) 22 ± 16,24 2 48 14,7-29,5
*S : semaines.
16,3%
20,9%
23,3%
25,6%
86%
0 20 40 60 80 100
Hydronéphrose
Douleurs
Caillot Sanguin
Syndrome Obstructif
Hématurie
Proportion en %
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
118
1.7. Examen Physique :
Dans notre série, 14 patients (32,6%) ont un toucher rectal suspect avec
une augmentation du volume de plus de 50g et une induration à la base.
1.8. Extension locorégionale et métastatique :
Parmi les 43 patients étudiés, 8 cas ont des adénopathies (18,6%), 11 cas
ont une localisation extravésicale (25,6%) et 6 cas ont des métastases osseuses
ou pulmonaires (14%) (Tableau 13).
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119
Tableau 13 : Caractéristiques descriptives des variables qualitatives chez les patients
de notre série (N=43).
Caractéristiques Nombre Proportion% IC 95%
Sexe :
homme 39 90,7 78,4-96,3
femme 4 9,3 3,7-21,6
Tumeurs de vessie :
Superficielle 24 55,8 41,1-69,6
Infiltrante 19 44,2 30,4-58,9
Etiologie :
Tabac Chronique 29 67,4 52,5-79,5
Tabac Passif 2 4,7 1,3-15,5
Bilharziose 1 2,3 0,4-12,1
Cystite ou infection
chronique
1 2,3 0,4-12,1
Inconnue 10 23,3 13,2-37,7
Sevrage tabagique
Oui 15 51,7 40,4-68,6
Non 14 48,3 38,9-66,2
Signes révélateurs :
Hématurie 37 86 72,7-93,4
Syndrome Obstructif 11 25,6 14,9-40,2
Caillot sanguin 10 23,3 13,2-37,7
Douleurs 9 20,9 11,4-35,2
Hydronéphrose 7 16,3 8,1-30,0
Adénopathies 8 18,6 9,7-32,6
Extension extravésicale 11 25,6 14,9-40,2
Métastases 6 14 6,6-27,3
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120
2. Caractéristiques anatomo-pathologiques :
2.1. Stade et grade des tumeurs de vessie selon l’anatomopathologie
(Graphique 8, 9 et Tableau 14) :
Les patients sont classés en stade pTNM comme suit :
Le stade pTis/Ta est trouvé chez 12 patients (27,9%, IC95% : 16,7-42,7)
(Figure 32),
Le stade pT1 est trouvé chez 12 patients (27,9%, IC95% : 16,7-42,7)
(Figure 30, Figure 33),
Le stade pT2 est trouvé chez 16 patients (37,2%, IC95% : 24,4-52,1)
(Figure 28),
Le stade pT3 est trouvé chez 2 cas (4,7%, IC95% : 1,3-15,5). A partir de
ce stade la tumeur devient extravésicale (Figure 29),
Le stade pT4 est trouvé chez un seul cas (2,3%, IC95% : 0,4-12,1).
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121
Graphique 8: Répartition des patients selon le Stade de la tumeur (N=43).
27,9% 27,9%
37,2%
4,7%2,3%
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Tis/Ta T1 T2 T3 T4
Effectif des
cas en %
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
122
Le grade de différenciation des cellules se présente en (Graphique 9):
G1 pour 9 patients (20,9%, IC95% : 11,4-35,2),
G2 pour 15 patients (22,4%, IC95% : 22,4-49,8),
G3 pour 19 patients (44,2%, IC95% : 30,4-58,9).
Graphique 9: répartition des cas selon le grade de la tumeur, OMS 1973 (N=43).
20,9%
34,9%
44,2%
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
G1 G2 G3
Effectif des Cas en
%
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
123
Nous avons observé suite aux histogrammes, que le grade 1 n’est trouvé que
chez les patients ayant un cancer superficiel de vessie, par contre le cancer
infiltrant représente 73,7% des cas du grade 3 (Graphique 10).
Graphique 10: Répartition du grade des tumeurs de vessie selon le type de cancer
de la vessie (N=43). Kc : cancer
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
G1 G2 G3
100%
66,67%
26,3%
0%
33,33%
73,7%
Effectifs des patients en %
Kc Superficiel Kc Infiltrant
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
124
2.2. Type histologique :
La tumeur a un aspect papillaire dans 95% des cas, papillaire et
épidermoïde dans 2% des cas et uniquement épidermoïde chez 3% des cas
(Graphique 11).
Graphique 11: Distribution du type histologique chez les patients de notre étude
(N=43).
Papillaire
95%
Epidermoide
3%
Papillaire
+
Epidermoide
2%
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
125
Figure 28: Image histologique montrant la prolifération tumorale urothéliale
infiltrant le muscle vésical (Fort grossissement, coloration : hématéine & éosine)
(pT2b, G3) (Pr ALBOUZIDI. A, Laboratoire d’anatomie-pathologie de
l’HMIMV).
Cellules tumorales
Muscle vésical
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
126
Figure 29: Image histologique montrant un carcinome urothéliale de grade3,
l’infiltration atteint le muscle profond. Les atypies cytonucléaires sont focalement
marquées (fort grossissement, coloration HE) (pT3a, G3) (Pr ALBOUZIDI. A,
Laboratoire d’anatomie-pathologie de l’HMIMV).
Prolifération urothéliale carcinomateuse
Chorion infiltrant
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
127
Figure 30: Image histologique montrant un carcinome papillaire urothélial de
grade2, avec plusieurs couches de cellules polyédriques à différenciation urothéliale,
à cytoplasme légèrement acidophile et à noyau ovoïde hyperchromatique, les
atypies cytonucléaires sont modérées. On note une micro-invasion du chorion (fort
grossissement, coloration HE) (Pr ALBOUZIDI. A, Laboratoire d’anatomie-
pathologie de l’HMIMV).
Prolifération urothéliale carcinomateuse
Micro-invasion du chorion
Vaisseaux congestifs
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
128
Figure 31: Image histologique montrant une cystite interstitielle subaigüe
polypoïde, l’urothélium est régulier avec présence de quelques nids de von Brünn,
le chorion est œdémato-congestif avec présence d’un discret infiltrat inflammatoire
essentiellement en surface fait surtout de lympho-plasmocytes (fort grossissement,
coloration HE) (Pr ALBOUZIDI. A, Laboratoire d’anatomie-pathologie de
l’HMIMV).
Chorion œdémato-congestif
Urothélium d’aspect poypoïde
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
129
Figure 32 : Image histologique montrant un carcinome urothélial papillaire de
grade1, et stade pTa ; la tumeur faite de franges papillaires plus ou moins épaisses
(6 à 10 couches), bordées de cellules urothéliales aux noyaux le plus souvent
réguliers, montrant quelques figures de mitose (fort grossissement, coloration HE)
(Pr ALBOUZIDI. A, Laboratoire d’anatomie-pathologie de l’HMIMV).
Prolifération tumorale urothéliale
Chorion congestif
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
130
Figure 33 : Image histologique montrant un carcinome urothélial papillaire de
grade2, les cellules tumorales sont d’allure urothéliale pourvues d’atypies
cytonucléaires modérées, la prolifération tumorale infiltre le chorion (fort
grossissement, coloration HE) (Pr ALBOUZIDI. A, Laboratoire d’anatomie-
pathologie de l’HMIMV).
Infiltration du chorion
Prolifération tumorale urothéliale
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
131
2.3. Multifocalité :
La tumeur est unique chez 19 cas (44,2%) et multiple chez 24 cas (55,8%).
2.4. Localisation du processus tumoral :
Le siège majeur du processus tumoral est au niveau des faces latérales
chez 27 cas (62,8%), le reste des sièges constitue une proportion moins du tiers
et est représenté comme suit (Graphique 12) :
Au niveau du dôme et trigone vésical : 30,2%,
La partie gauche de la vessie : 25,6%,
La partie postérieure de la vessie : 20,9%,
La zone droite de la vessie : 20,9%,
Il est antérieur dans 4,7% des cas.
La tumeur est polypoïde dans 7% des cas (Figure 31).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
132
Graphique 12 : Répartition des différents sites du processus tumoral au niveau de la
vessie (N=43).
4,7%
7%
20,9%
20,9%
25,6%
30,2%
62,8%
0 10 20 30 40 50 60 70
ANTERIEUR
POLYPOIDE
DROIT
POSTERIEUR
GAUCHE
DÔME et TRIGONE
LATERAL
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
133
Tableau 14 : Caractéristiques anatomopathologiques (N=43).
Caractéristiques Nombre Proportion (%) IC 95%
Stade :
Tis/Ta 12 27,9 16,7-42,7
T1 12 27,9 16,7-42,7
T2 16 37,2 24,4-52,1
T3 2 4,7 1,3-15,5
T4 1 2,3 0,4-12,1
Carcinome in Situ associé 2 4,7 1,3-15,5
Grade :
G1 9 20,9 11,4-35,2
G2 15 34,9 22,4-49,8
G3 19 44,2 30,4-58,9
Multifocale 24 55,8 41,1-69,6
Caractère :
Primaire 26 60,5 45,6-73,6
Récidivant 17 39,5 26,4-54,4
3. Traitements réalisés :
Le traitement initial a consisté en une résection transurétrale avec ou sans
électrocoagulation chez 34 patients (79,1%).
Les instillations endovésicales comprennent : la chimiothérapie
endovésicale et le traitement par BCG. La chimiothérapie endovésicale a
concerné 6 cas (14%), et celle par BCG n’a été faite que pour 2 cas (4,7%).
La cystectomie totale a concerné 12 patients (28%) et le rétablissement
urinaire de la continuité urinaire a été fait pour 7 cas (16,3%).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
134
La chimiothérapie systémique n’a concerné qu’un seul patient (2,3%)
souffrant d’une tumeur de vessie avec des métastases osseuses révélées par
TDM (Tableau 15).
La surveillance était clinique, échographique et par cystoscopie.
Tableau 15 : répartition des différents traitements réalisés au cours de l’étude (N=43).
Thérapies réalisées Nombre Proportion (%) IC 95%
Résection transurétrale 34 79,1 64,8-88,6
Dérivation urinaire 7 16,3 8,1-30,0
Cystectomie 6 14 6,6-27,3
Cystoprostatectomie 6 14 6,6-27,3
IPOP 6 14 6,6-27,3
BCG endovésicale 2 4,7 1,3-15,5
Chimiothérapie systémique 1 2,3 0,4-12,1
B. Analyse Bivariée
L’étude de la relation entre le type tumoral de la vessie (Superficielle ou
Infiltrante) et les paramètres anamnestiques, clinico-pathologiques et
biologiques (marqueurs tumoraux sériques), est évaluée par une analyse
bivariée :
La comparaison des moyennes nous a permis de trouver une différence
statistiquement significative entre les valeurs moyennes de l’ACE et du CA19-9,
quant à l’âge et le CA125 nous n’avons pas trouvé une différence
statistiquement significative (Tableau 16) :
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
135
Tableau 16 : Comparaison des valeurs moyennes des caractères quantitatifs selon le
type de cancer de la vessie (N=43).
Variables Kc superficiel
(moyenne ± SD)
Kc Infiltrant
(moyenne ± SD)
Valeur
p
Age (ans) 60,63±12,19 56,89±12,22 0,485
CA 19-9 (U/ml) 11,2±7,5 22,9±17,5 0,012*
CA 125 (U/ml) 8,9±4,4 11,1±9,3 0,642
ACE (ng/ml) 2,5±1,2 4,0±1,8 0,008*
*p<0,05
Pour les variables qualitatives, l’analyse statistique a montré que
l’hématurie macroscopique est plus fréquente chez les patients ayant une tumeur
de vessie superficielle (TVS) que chez les patients ayant une tumeur de vessie
infiltrante (TVI)
Les TVS se manifestent par des tumeurs de siège latéral deux fois plus
que les TVI (p=0,06).
La présence de métastases est trouvée chez les patients ayant une TVI
avancée avec des extensions régionales (Tableau 17).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
136
Tableau 17 : Comparaison des caractères qualitatifs selon le type de cancer de la
vessie (N=43).
Variables Kc superficiel
n(%)
Kc Infiltrant
n(%)
Valeur
p
Signes fonctionnels
Hématurie macro. 23 (62,2) 14 (37,8) 0,04*
Syndrome Obstructif 5 (45,5) 6 (54,5) 0,428
Caillot Sanguin 5 (50) 5 (50) 0,676
Douleurs 4 (44,4) 5 (55,6) 0,445
Hydronéphrose 2 (28,6) 5 (71,4) 0,117
Multifocale 12 (50) 12 (50) 0,394
Localisation (Latérale) 18 (66,7) 9 (33,3) 0,066
Adénopathie 4 (50) 4 (50) 0,717
Métastase 0 (0) 6 (100) 0,003*
Thérapie
RTUV
Cystoprostatectomie
Dérivation urinaire
IPOP
23 (67,6)
1 (16,7)
1 (14,3)
6 (100)
11 (32,4)
5 (83,3)
6 (85,7)
0 (0)
0,003*
0,04*
0,017*
0,020*
Récidive 11(68,8) 5 (31,3) 0,194
*p<0,05.
C. Courbe ROC, ou Receiver Operating Characteristic :
1. CA 19-9 et Tumeurs de vessie infiltrantes :
La courbe ROC pour le test CA19-9 dans le diagnostic des cancers
infiltrant la vessie, se caractérise par une aire sous la courbe de 0,724 (> 0,7) et
donc possédant un pouvoir de discrimination satisfaisant, avec une erreur
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
137
standard de 0,080 et un IC95% : 0,566-0,849. Ce test est statistiquement
significatif (p= 0,005) (Graphique 13).
Graphique 13 : Courbe ROC du test du CA 19-9 dans le diagnostic des tumeurs
infiltrant le muscle vésical. Le point noir représenté sur le graphique est le point le
plus éloigné et nous donne la valeur seuil optimale.
Les caractéristiques diagnostiques du test CA19-9 : Se, Sp, VPP et VPN
sont présentées au tableau 18, on obtient une sensibilité de 84,2%, une
spécificité de 54,2%, à une valeur seuil de 9,91 U/ml.
CA199
0 20 40 60 80 100
100
80
60
40
20
0
100-Specificity
Sensitiv
ity
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
138
Tableau 18: les caractéristiques de performance du test CA 19-9 comportant la
Valeur seuil, Se, Sp, VPP, et VPN.
Valeur Seuil
(U/ml)
Sensibilité
(%)
Spécificité
(%)
VPP
(%)
VPN
(%)
>1,17 94,74 8,33 45,0 66,7
>1,45 94,74 12,50 46,2 75,0
>1,62 89,47 12,50 44,7 60,0
>2,37 89,47 16,67 45,9 66,7
>6,07 89,47 25,00 48,6 75,0
>6,56 89,47 29,17 50,0 77,8
>7,26 84,21 33,33 50,0 72,7
>8,01 84,21 41,67 53,3 76,9
>9,83 84,21 50,00 57,1 80,0
>9,91 * 84,21 54,17 59,3 81,2
>9,97 78,95 58,33 60,0 77,8
>10,44 73,68 58,33 58,3 73,7
>11,56 73,68 62,50 60,9 75,0
>12,82 68,42 66,67 61,9 72,7
>14,15 63,16 66,67 60,0 69,6
>14,64 63,16 70,83 63,2 70,8
>14,82 63,16 75,00 66,7 72,0
>16 57,89 79,17 68,7 70,4
>16,03 52,63 79,17 66,7 67,9
>16,07 47,37 79,17 64,3 65,5
>16,69 42,11 79,17 61,5 63,3
>17,9 36,84 83,33 63,6 62,5
>19,32 36,84 87,50 70,0 63,6
>23,84 36,84 95,83 87,5 65,7
>26,51 31,58 95,83 85,7 63,9
* valeur-seuil optimale pour une bonne Se et une bonne Sp.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
139
En traçant la courbe (Sensibilité-Spécificité), on obtient :
Graphique 14: Spécificité et sensibilité du test en fonction des valeurs seuil du
CA19.9.
Le seuil de discrimination est de 12,5 U/ml (graphique 14) propre aux
données correspondant au point où la sensibilité est égale à la spécificité. A ce
seuil, la classification fournie par le test est bonne soit 65,1%.
Sensitivity (%)
Specificity (%)
0 10 20 30 40 50 60 70
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
CA19.9
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
140
2. CA 125 et Tumeurs de vessie infiltrantes:
La courbe ROC pour le test CA125 dans le diagnostic des cancers
infiltrant la vessie, se caractérise par une aire sous la courbe de 0,542 (< 0,7) et
donc possède un pouvoir de discrimination faible, avec une erreur standard de
0,090 et un IC95% : 0,383-0,694. Ce test n’est pas significatif (p= 0,641)
(Graphique 15).
Graphique 15 : Courbe ROC du test CA 125 dans le diagnostic des tumeurs
infiltrant le muscle vésical.
Les caractéristiques diagnostiques du CA 125 : Se, Sp, VPP et VPN sont
présentées au tableau 19, on obtient une sensibilité de 63,16%, une spécificité de
58,33%, à une valeur seuil de 8,84 U/ml.
CA125
0 20 40 60 80 100
100
80
60
40
20
0
100-Specificity
Sensitiv
ity
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
141
Tableau 19: les caractéristiques de performance du test CA 125 comportant la
Valeur seuil, Se, Sp, VPP, et VPN.
Valeur Seuil (U/ml) Sensibilité Spécificité VPP VPN
>5,4 84,21 16,67 44,4 57,1
>5,44 84,21 20,83 45,7 62,5
>5,91 78,95 20,83 44,1 55,6
>6,24 73,68 29,17 45,2 58,3
>6,43 68,42 29,17 43,3 53,8
>6,92 68,42 41,67 48,1 62,5
>7 68,42 50,00 52,0 66,7
>7,21 63,16 50,00 50,0 63,2
>8,73 63,16 54,17 52,2 65,0
>8,84 * 63,16 58,33 54,5 66,7
>8,87 57,89 58,33 52,4 63,6
>8,98 52,63 58,33 50,0 60,9
>9,59 47,37 62,50 50,0 60,0
>9,63 42,11 62,50 47,1 57,7
>9,84 36,84 62,50 43,8 55,6
>10,18 31,58 62,50 40,0 53,6
>10,55 31,58 66,67 42,9 55,2
>10,56 31,58 70,83 46,2 56,7
>10,59 26,32 70,83 41,7 54,8
>11,06 21,05 70,83 36,4 53,1
>11,39 21,05 75,00 40,0 54,5
>11,98 21,05 87,50 57,1 58,3
>13,6 15,79 91,67 60,0 57,9
>14,21 15,79 95,83 75,0 59,0
>15,53 10,53 95,83 66,7 57,5
* valeur-seuil optimale pour une bonne Se et une bonne Sp.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
142
En traçant la courbe (Sensibilité-Spécificité), on obtient :
Graphique 16: Spécificité et sensibilité du test en fonction des valeurs seuil du
CA125.
Le seuil de discrimination est de 10 U/ml (graphique 16) propre aux
données correspondant au point où la sensibilité est égale à la spécificité. A ce
seuil, la classification fournie par le test est assez bonne soit 55 %.
Sensitivity (%)
Specificity (%)
0 10 20 30 40 50
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
CA125
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
143
3. ACE et Tumeurs de vessie infiltrantes :
La courbe ROC pour le test ACE dans le diagnostic des cancers infiltrant
la vessie, se caractérise par une aire sous la courbe de 0,737 (> 0,7) possédant un
pouvoir de discrimination satisfaisant avec une erreur standard de 0,079 et un
IC95% : 0,580-0,859. Ce test est statistiquement significatif (p= 0,002)
(Graphique 17).
Graphique 17: Courbe ROC du test de l’ACE dans le diagnostic des tumeurs
infiltrant le muscle vésical.
Les caractéristiques du test diagnostiques ACE : Se, Sp, VPP et VPN se
présentent au tableau 20, on obtient une sensibilité de 45,1%, une spécificité de
95,8%, à une valeur seuil de 4,1 µg/ml.
ACE
0 20 40 60 80 100
100
80
60
40
20
0
100-Specificity
Sensitiv
ity
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
144
Tableau 20 : Caractéristiques de performance du test ACE comportant la Valeur
seuil, Se, Sp, VPP, et VPN.
Valeur Seuil (ng/ml) Sensibilité Spécificité VPP VPN
>1,68 94,74 33,33 52,9 88,9
>1,71 89,47 33,33 51,5 80,0
>1,73 84,21 33,33 50,0 72,7
>1,85 84,21 41,67 53,3 76,9
>1,97 78,95 45,83 53,6 73,3
>2,05 78,95 50,00 55,6 75,0
>2,48 73,68 54,17 56,0 72,2
>2,6 73,68 58,33 58,3 73,7
>2,7 68,42 58,33 56,5 70,0
>3,01 63,16 58,33 54,5 66,7
>3,12 63,16 62,50 57,1 68,2
>3,14 57,89 62,50 55,0 65,2
>3,32 57,89 66,67 57,9 66,7
>3,43 52,63 70,83 58,8 65,4
>3,5 52,63 79,17 66,7 67,9
>3,59 52,63 83,33 71,4 69,0
>3,7 47,37 83,33 69,2 66,7
>3,77 47,37 87,50 75,0 67,7
>3,92 47,37 91,67 81,8 68,7
>4,02 * 47,37 95,83 90,0 69,7
>4,25 42,11 95,83 88,9 67,6
>4,43 36,84 95,83 87,5 65,7
>4,73 31,58 95,83 85,7 63,9
>5,35 26,32 95,83 83,3 62,2
* valeur-seuil optimale pour une bonne Se et une bonne Sp.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
145
En traçant la courbe (Sensibilité-Spécificité), on obtient :
Graphique 18: Spécificité et sensibilité du test en fonction des valeurs seuil de
l’ACE.
Le seuil de discrimination est de 3,2 U/ml (graphique 18) propre aux
données correspondant au point où la sensibilité est égale à la spécificité. A ce
seuil, la classification fournie par le test est bonne soit 62 %.
Sensitivity (%)
Specificity (%)
0 2 4 6 8 10
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
ACE
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
146
4. Comparaison des courbe ROC de l’ACE et du CA 19-9 :
La comparaison binaire des courbes ROC de l’ACE et du CA19-9, n’a pas
mis en évidence de différence statistiquement significative correspondant à une
performance égale dans la discrimination du cancer infiltrant du cancer
superficiel (Tableau 21et Graphique 19).
Tableau 21: Comparaison binaire des courbes ROC de l’ACE et du CA19-9.
ACE ~ CA19-9
Différence entre ASC 0,013
Standard error 0,106
IC 95% -0,194 à 0,220
p p = 0,901*
*p>0,05.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
147
Graphique 19: Courbe ROC de comparaison binaire de l’ACE et du CA19-9.
5. Marqueurs tumoraux sériques et Adénopathies :
L’analyse bivariée entre la présence ou l’absence d’adénopathie avec la
moyenne des valeurs des trois tests a permis de trouver une différence
statistiquement significative pour le CA125 (p=0,036). Cette différence disparait
avec le CA19-9 (p=0,472) et l’ACE (p=0,900) (Tableau 22).
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
148
Tableau 22: Comparaison du statut ganglionnaire selon le marqueur tumoral
sérique.
Variables Absence Adénopathies
(moyenne ± SD)
Présence Adénopathies
(moyenne ± SD)
Valeur
p
CA 19-9 (U/ml) 17,6±15,1 11,0±5,6 0,4729
CA 125 (U/ml) 8,5±4,1 15,8±12,8 0,0365*
ACE (ng/ml) 3,2±1,7 3,0±1,1 0,9007
*p<0,05.
6. Marqueurs tumoraux sériques et Métastases :
L’analyse bivariée entre la présence ou l’absence de métastase avec la
moyenne des valeurs des trois marqueurs a objectivé une différence
statistiquement significative avec le CA125 (p=0,038). Cette différence n’est pas
trouvée avec les deux autres marqueurs CA19-9 (p=0,160) et ACE (p=0,752)
(Tableau 23).
Tableau 23: Comparaison entre l’absence ou la présence de métastase selon le
marqueur tumoral sérique.
Variables Absence Métastase
(moyenne ± SD) Présence Métastase
(moyenne ± SD) Valeur
p
CA 19-9 (U/ml) 15,7±14,2 20,6±13,0 0,1609
CA 125 (U/ml) 8,6±4,1 17,8±14,3 0,0386*
ACE (ng/ml) 3,2±1,7 3,2±1,5 0,7524
*p<0,05.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
149
D. Analyse multivariée :
Après la réalisation de la procédure de régression logistique, on distingue
que seul le modèle 8 correspond à un modèle statistiquement significatif avec un
p de 0,057 et R2 de 74% (Tableau 24).
Ce modèle comporte 3 facteurs pronostiques significativement prédictifs
des tumeurs infiltrantes de la vessie de manière indépendante, qui sont par ordre
de force décroissante : le Grade (OR : 20,36 ; IC 95% : [2,57-160,90] ; p=
0,004), l’ACE (OR : 3,27 ; IC 95% : [1,06-10,04] ; p= 0,038), et l’hématurie
macroscopique (OR : 0,01 ; IC 95% : [0,00-0,38] ; p= 0,012) (Tableau 25). Ce
modèle possède un bon ajustement statistique déterminé par le test de Hosmer et
Lemeshow (HL) (p de HL=0,568).
Tableau 24: Récapitulatif des modèles de la régression logistique par la méthode
descendante pas à pas.
Modèle -2log-
Vraisemblance
R-deux de
Nagelkerke
Khi-Chi-
deux
ddl p
1 16,01 0,84 43,018 11 0,000
2 16,38 0,84 42,646 10 0,542
3 16,40 0,84 42,621 9 0,873
4 16,41 0,84 42,611 8 0,919
5 16,91 0,83 42,110 7 0,479
6 17,71 0,82 41,309 6 0,371
7 20,62 0,79 38,400 5 0,088
8 24,24 0,74 34,788 4 0,057
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
150
Tableau 25: Facteurs prédictifs indépendants des tumeurs infiltrantes.
Variable Coefficient β Erreur
standard
Odds Ratio IC 95% p
ACE 1,18 0,57 3,27 1,06-10,04 0,0380
Hématurie -4,49 1,79 0,01 0,00-0,38 0,0125
Grade 3,01 1,05 20,36 2,57-160,90 0,0043
Constante -3,99
Ce modèle permet une prévision globale de 83,7% de la population
étudiée ce qui est satisfaisant (Tableau 26).
Tableau 26: Classement des fréquences observées et prédites par le modèle 8.
Observations
Prévisions
TVS vs. TVI
TVS TVI % correct
Modèle 8 TVS vs. TVI TVS 21 3 87,5
TVI 4 15 78,9
Pourcentage global 83,7
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
151
E. Transformation logit :
Une transformation centrale dans l’analyse de régression logistique est la
transformation « logit ». En effet, cette transformation permet d’établir une
relation entre la probabilité de l’outcome et les prédicteurs multiples
β0+β1a+β2b+ β3c, et permet l’élaboration de l’équation Logit suivante :
Logit (P (Y=1)) = –3,99 + 1,18 [ACE] –4,49[HEMATURIE] + 3,01[GRADE]
Remarque :
ACE: prend la valeur de son dosage en ng/ml, avec β1 coefficient de l’ACE;
Hématurie : Si présente=1, Absente=0, avec β2 coefficient de l’hématurie;
Grade : avec G1=0, G2=1, G3=2, avec β3 coefficient du grade.
Y : prend la valeur de 1 pour les TVI.
Le facteur AGE a été exclu de l’équation puisque son Odds Ratio est égal à 1.
La transformation « logit » ou plus simplement le « logit » permet
d’interpréter les résultats d’une estimation sur l’échelle « logit ».
L’intérêt de raisonner sur l’échelle «logit» réside avant tout dans la
possibilité d’évaluer approximativement d’un coup d’œil la probabilité associée
à une combinaison des covariables, ainsi que l’importance relative de celles-ci.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
152
Le « logit » peut prendre des valeurs entre -inf. et +inf., mais la zone
d’intérêt se situe entre –3,429 et 0, car au delà de ces limites la probabilité est
soit 0 soit 1 ; cela est facilement déduit par simple représentation graphique de la
probabilité en fonction du logit P (Graphique 20) :
Graphique 20: Représentation graphique de la transformation logit avec un aspect
hyperbolique.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
153
F. Courbe ROC des probabilités :
La courbe ROC des probabilités se caractérise par un ASC de 0,923
témoignant d’une excellente discrimination entre les TVS versus TVI, avec une
erreur standard de 0,046 et un IC95% : [0,800-0,981], et une différence
statistiquement significative (p=0,0001) (Graphique 21).
Graphique 21: Courbe ROC des probabilités de discrimination entre les TVS et
TVI avec ASC=0,923 et p=0,0001.
probabilite
0 20 40 60 80 100
100
80
60
40
20
0
100-Specificity
Sensitiv
ity
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
154
DDiissccuussssiioonn
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
155
1. Caractéristiques de la population étudiée :
1.1. âge
L’âge moyen de survenue des tumeurs de vessie est de 59 ans dans notre
série. Par rapport aux données de la littérature figurant sur le tableau 30, le
cancer de vessie survient à un âge plus précoce chez nos patients (Tableau 27).
Tableau 27 : Age moyen de survenue du cancer de vessie.
Etudes B. Cornio [236]
C. Coulange [237] A. Benchekroun et al. [238]
Notre Série
Age moyen (ans) 67,9 69 65 59
1.2. Sexe
Les hommes sont touchés dans 91% des cas, soit 9,75 fois plus que les
femmes. Cette prédominance masculine a été observée dans les différentes
séries de la littérature (Tableau 28).
Tableau 28 : Répartition des tumeurs de vessie selon le sexe.
Etudes B. Cornio [236]
D. Margel [239]
A. Benchekroun et al. [238]
Notre Série
Sexe Ratio 4/1 5,5/1 7/1 9,75/1
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
156
1.3. Etiologie :
Dans notre série, l’intoxication tabagique est le principal facteur de risque,
en effet plus de la moitié des patients ayant un cancer de vessie sont des fumeurs
ou des anciens fumeurs (67,4%).
Dans la littérature, on retrouve cette prédominance du tabagisme comme
facteur de risque mais avec des fréquences différentes (Tableau 29).
Tableau 29 : Fréquence des patients tabagiques atteints de tumeurs de vessie.
Nombre de patients Tabagique chronique Proportion %
Dimenza et al [240]
701 560 80
Fournier et al [240]
60 28 46,6
Benchekroun et al [238]
24 12 50
Notre série 43 29 67,4
1.4. Signes fonctionnels :
Le signe d’appel le plus fréquemment mentionné dans la littérature est
l’hématurie. Dans notre étude, ce symptôme est retrouvé chez 86% des patients.
Des valeurs proches ont été rapportées par certaines études comme celle de Diao
et al [241] et Benchekroun et al [238]
(Tableau 30).
Tableau 30 : Fréquence de l’hématurie dans la découverte d’une tumeur de vessie.
Etudes Diao et al [241]
Yagoda et al [240]
A. Benchekroun et al. [238]
Notre Série
Hématurie % 88 75 91,6 86
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
157
L’hématurie macroscopique est souvent banalisée par les populations.
Dans notre étude, la durée moyenne des symptômes au moment de la
consultation est de 22 ± 16,24 semaines alors qu’elle devrait permettre de faire
un diagnostic précoce de ces cancers de vessie. En effet, la recherche répétée,
grâce à des bandelettes urinaires spécifiques, d’une hématurie microscopique est
un élément de dépistage des tumeurs vésicales chez les sujets soumis à des
facteurs de risque. Selon Messing et al. [105], ce dépistage permet de déceler
jusqu’à 8,1 % de tumeurs vésicales asymptomatiques.
Concernant les douleurs lombaires comme signes fonctionnels, Diao et al
[241] rapporte dans une série de 428 patients porteurs de tumeurs de vessie,
l’existence de douleurs lombaires chez 19,3% des cas. Nous avons trouvé un
pourcentage comparable : 20,3%.
Par ailleurs, dans une série incluant 91 patients, Erik J. Kouba et al [242]
rapporte une fréquence d’urétéro-hydronéphrose chez 26% des cas. Dans notre
étude, l’hydronéphrose ne représente que 16,3% des cas. Cette discordance de
résultats est probablement liée au stade avancé des tumeurs de vessie dans la
série d’Erik J. Kouba et al.
D’autre part, l’obstruction d’un orifice urétéral par la tumeur avec
dilatation d’amont évoque dans 92% des cas une tumeur infiltrant le muscle
vésical mais les tumeurs superficielles de gros volume peuvent également être
obstructives en raison de leur poids qui comprime sans envahir l’orifice urétéral
[243]. Dans notre série on a trouvé un syndrome obstructif chez 25,6% des cas,
répartis en 20,8% et 31,6%, respectivement dans les TVS et TVI. Benchekroun et
al [238], dans leur série de 24 cas ne regroupant que les TVS de Stade T1 et de
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
158
Grade 3, ont retrouvé un retentissement sur le haut appareil chez 33,3% des
patients.
2. Corrélation des marqueurs tumoraux sériques étudiés avec le cancer vésical
infiltrant :
Plusieurs études récentes ont pu examiner l’intérêt des marqueurs
tumoraux sériques dans le diagnostic, le pronostic ou la surveillance des tumeurs
de vessie possédant un haut risque de progression ou de récidive. L’ACE est un
marqueur de dédifférenciation cellulaire. Par des technique
immunohistochimiques, Jautzke et al ont démontré la présence d’ACE dans les
cellules de carcinomes urothéliaux transitionnels avec une haute prévalence,
dans des stades et grades élevés [244]
. Dexeus et al ont également trouvé une
augmentation sérique de l’ACE chez 23% des patients de leur série, sachant
qu’elle comprend 10 patients (10%) avec adénocarcinome de vessie. 9 cas de
ces 10 ont des valeurs d’ACE élevés, même si ce type de cancer n’est pas très
fréquent par rapport aux carcinomes papillaires urothéliaux [245]
.
Cook et al ont examiné, quant à eux, l’utilité d’un panel de marqueurs
tumoraux sériques à savoir : le β-HCG, ACE, CA 19-9 et CA125 au cours de la
chimiothérapie des formes avancées du cancer de la vessie [246]
. Des 74 patients
testés, 70% ont eu au moins un marqueur élevé avant traitement. Cette étude a
également montré que la réponse clinique à la chimiothérapie a été
automatiquement corrélée à la réponse des marqueurs tumoraux chez 35 des 74
patients recrutés.
EEvvaalluuaattiioonn pprrééooppéérraattooiirree ddeess mmaarrqquueeuurrss ttuummoorraauuxx sséérriiqquueess :: AACCEE,, CCAA1199--99 eett CCAA112255 ddaannss lleess ttuummeeuurrss iinnffiillttrraanntt llee mmuussccllee vvééssiiccaall ((ÉÉttuuddee pprroossppeeccttiivvee--HHMMIIMMVV))
159
D’autre part, pour évaluer l’efficacité pronostique des trois marqueurs
ACE, CA19-9 et CA125, Margel. D et al [239] ont étudié une série de 91 patients
avec une tumeur urothéliale cliniquement localisée à la vessie. Ils ont ainsi
trouvé chez 27 patients (66%) avec extension extravésicale, au moins un
marqueur tumoral sérique augmenté, contre seulement 8 patients (16%) avec
une tumeur pathologiquement localisée à la vessie. La comparaison binaire de
ces marqueurs a démontré que l’association de l’ACE et le CA125 constitue un
facteur prédicteur indépendant pour l’existence d’une extension extravésicale.
Une autre association a été trouvé dans notre étude plutôt par l’analyse des
courbe ROC et concernant l’ACE et le CA19-9, que par régression logistique
comme c’était le cas dans l’étude de Margel. D et al [239].
L’analyse de la régression logistique se basant sur le test de Hosmer-
Lemeshow nous a permis d’obtenir un modèle parfaitement ajusté, avec trois
covariables qui sont : l’ACE, l’hématurie et le grade. En utilisant l’équation de
la transformation logit, on peut déterminer la probabilité d’avoir une tumeur de
vessie envahissant le muscle vésical chez un patient après une résection
endoscopique, par exemple :
Un patient de notre série qui a une valeur préopératoire d’ACE de 5,35
ng/ml, présentant une hématurie macroscopique et au stade pT1 et grade 3
(OMS 1973), a une probabilité de 98% d’avoir une TVI même si le résultat
d’anatomopathologie n’a pas trouvé de muscle sur les copeaux de résection.
Un autre patient qui a une valeur préopératoire d’ACE de 2,6 ng/ml,
présentant une hématurie macroscopique, au stade pT1 et grade 2, a une
probabilité d’avoir une TVI de 8%.
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Cette équation peut être appliquée, surtout si on prend en considération les
recommandations les plus récentes qui préconisent de n’utiliser le préfixe pT
que pour les pièces de cystectomie, qui seules permettent l’appréciation réelle du
stade. Tandis que sur le matériel de résection transurétrale, il convient de
n’utiliser que le préfixe T.
On a démontré par la présente étude que l’ACE est un bon marqueur de
l’invasion du muscle vésical. Quant à l’élévation du CA19-9 dans les cancers
urothéliaux, elle a déjà été rapportée dans plusieurs travaux, le plus souvent
japonais. Elévation qui peut être liée à une distension du tractus urinaire haut en
amont d’un obstacle bénin ou malin, ou une sécrétion par un carcinome
urothélial [247-253]
. Dans une série portant sur 43 malades ayant une tumeur
urothéliale et 13 témoins, Kurokawa et al. [247] rapportent que 14 % des patients
ayant un cancer vésical et 57 % de ceux ayant un cancer du haut appareil
urinaire avaient un taux CA19-9 sérique supérieur à la normale. De plus, la
réascension du marqueur après exérèse chirurgicale était corrélée dans tous les
cas à une récidive tumorale, locale ou métastatique.
Une autre étude cas/témoin a signalé la possibilité de survenue d’une
élévation significative du taux sérique de CA19-9 dans les hydronéphroses
bénignes [253]
. D’autres observations ont confirmé la possibilité d’une telle
élévation au cours d’un obstacle urinaire d’origine bénigne, telle qu’une lithiase
[254,255].
Comme l’épithélium biliaire, l’urothélium normal exprime le CA 19-9 en
faible quantité à l’état basal. L’élévation sérique du marqueur semble liée à la
mise en tension des voies urinaires. Il semble s’agir du même phénomène à
l’origine de l’élévation, parfois très importante, du CA19-9 en cas de distension
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des voies biliaires en rapport avec un obstacle bénin. Le second mécanisme
d’élévation du CA19-9 est la sécrétion tumorale directe de ce marqueur par un
cancer urothélial. Une lignée de cellules carcinomateuses urothéliales d’origine
humaine sécrétant du CA19-9 a été isolée [256,257]
.
3. Corrélation des marqueurs tumoraux sériques étudiés avec la survenue des
adénopathies ou des métastases :
Dans notre étude nous avons démontré par l’analyse des moyennes, que le
test CA125 apparait significatif avec un p=0,0365 pour la présence
d’adénopathies et p=0,0386 pour la présence de métastases avec des valeurs
moyennes respectivement de 15,8±12,8 U/ml et 17,8±14,3 U/ml. Ces taux
sériques sont pourtant compris dans l’intervalle des valeurs de référence
recommandées par la société des réactifs Roche Diagnostics. La corrélation
apparait en revanche très claire à travers l’étude d’Izes et al. [258] portant sur 68
patients ayant des extensions lymphatique ou métastatique. Les auteurs ont
trouvé que 70,1% des patients avait un taux de CA125 augmenté dans certains
périodes du traitement.
D’autres auteurs, Aaron Lentz et al ont démontré, à l’occasion d’une étude
réalisée entre 2005 et septembre 2007 et portant sur 92 patients programmés
pour une cystectomie radicale et dérivation urinaire, que le taux de CA125
n’était normal chez aucun des 31 patients avec une tumeur superficielle de
vessie (≤ pT1N0), et un seul patient (1/70=1,4%) avec un stade ≤ pT3N0 avait
une valeur supérieure à 35,0 U/ml. Inversement, 35% des patients avec une
extension régionale avancée (pT4 ou N+) avaient des concentrations sériques
élevées de CA125 avec une moyenne de 23,1U/ml [259]
.
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Récemment, Chang et al ont évalué le CA125 en préopératoire chez 287
patients programmés pour cystectomie radicale. Les valeurs du CA125 étaient
élevées chez 11% des patients avec extension extravésicale (sans inclure
l’extension lymphatique) et chez 21,6% des malades avec des extensions
lymphatiques positives déterminées par curage ganglionnaire.
Des valeurs anormales de CA125 était associées avec des probabilités de
survie moindre, par contre l’absence de récurrences à la survie n’a pas été
associée aux valeurs anormales du CA125 [260]
.
4. Les limites de l’étude :
Nombre relativement faible de la population étudiée (43 patients).
On n’a pas pu évaluer une éventuelle récidive des tumeurs pour la totalité de
la population, du fait du temps moyen relativement court de l’étude : 14
mois.
On n’a pas évalué l’effet d’incidence du cancer de la prostate, puisque des
études ont remarqué l’absence de l’expression du CA125 dans les cancers de
prostate [261]
.
Le CA125 peut être augmenté dans certaines conditions bénignes non liées
aux carcinomes urothéliaux, plus particulièrement gynécologiques comme les
endométrioses, la grossesse, les maladies inflammatoires du pelvis et les
tumeurs gynécologiques. Cependant, l’échantillon féminin est très faible dans
notre étude (4 femmes).
Le taux élevés des fumeurs (67,4% des patients) pourrait avoir un effet sur
l’élévation de l’ACE [262]
. Cependant, on n’a trouvé aucune corrélation entre
les taux sanguins des marqueurs tumoraux et le tabagisme, en plus 51,7% des
cas ont arrêté de fumer.
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Certaines conditions, néanmoins absentes dans notre étude, pourront avoir un
effet sur l’élévation de certains marqueurs comme le CA19-9 (pancréatite,
tuberculose péritonéale, lithiase biliaire) et l’ACE peut être affecté par une
atteinte rénale [263]
.
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Le cancer de vessie est le deuxième cancer urologique après celui de la
prostate. Le diagnostic est réalisé le plus souvent par endoscopie et confirmé par
l’analyse anatomopathologique des copeaux de résection endoscopique des
lésions suspectes. Les autres moyens diagnostiques sont l’échographie vésicale
ou la tomodensitométrie pelvienne. En cas de tumeur infiltrante, le bilan
d’extension locorégionale et générale recommandé est fait par une
tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne (TAP). L’échographie vésicale
n’a pas sa place pour l’évaluation de l’extension locale d’une tumeur de vessie.
Le traitement de référence des tumeurs infiltrantes est la cystectomie
radicale, intervention dont les conséquences fonctionnelles sont importantes sur
le plan de la sexualité, de l’incontinence et de l’intégrité du schéma corporel.
Dans ce travail, nous avons entrepris d’évaluer en préopératoire trois
marqueurs tumoraux sériques : ACE, CA19-9 et CA-125, pour distinguer les
tumeurs urothéliales vésicales infiltrantes (≥pT2) des tumeurs superficielles,
ainsi que pour déterminer des facteurs indépendants dont le pronostic est le plus
péjoratif. Nous avons pu conclure que l’ACE est un bon marqueur de l’invasion
du muscle vésical et que le CA-125 pourrait être un facteur pronostique de
l’extension locorégionale et générale.
La place des marqueurs tumoraux dans le diagnostic, la surveillance et le
traitement des cancers à été fortement remise en cause ces dernières années à la
suite de références médicales publiées aux Etats-Unis d’abord puis en France,
suivant la méthodologie de la médecine basée sur les évidences. L’intégration de ces
marqueurs dans la prise en charge des patients exige qu’ils soient moins chers
par rapport à d’autres moyens invasifs d’investigation et qu’ils possèdent une
amélioration de la survie des malades.
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Néanmoins, le nombre relativement faible des patients pris en charge dans
notre étude et le nombre bas des tumeurs extravésicales n’ont pas permis une
bonne interprétation des courbes ROC (sensibilité, spécificité, et valeurs seuil).
Toutefois, des études doivent faire poursuivre les investigations afin de
confirmer les résultats obtenus, et dans le but d’évaluer l’utilité clinique de ces
marqueurs dans la réponse au traitement à travers l’étude de la cinétique.