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8 •• le Paris du 20 e le Paris du 20 e •• 9 Le 20 e regorge de talents. Il compte celui de Thierry Marx, l’un des grands chefs cuisiniers français, dont le destin lui a fait découvrir sa vocation dans l’arrondissement. C omment un soi-disant « cancre » à l’école est devenu l’un des chantres de la cuisine moléculaire ? A reçu deux étoiles au Michelin ? A été élu chef de l’année par le Gault et Millau, en 2006 ? Est devenu jury de l’émission Top Chef (concours entre cuisiniers), sur M6 ? L’histoire de Thierry Marx ressemble à s’y méprendre à un roman qui a, pour toile de fond, le 20 e arrondissement, « lieu de mon éduca- tion », nous explique-t-il. S’il apprend à marcher dans la petite impasse au 18 rue du Groupe Manouchian, c’est au 140 rue de Ménilmontant qu’il habitera, chez ses grands-parents, jusqu’à l’âge de 13 ans. « Venir du 140, c’est toute une histoire que l’on porte en soi. D’un milieu plutôt modeste et cosmopolite, les gens se parlaient entre eux et il existait une vraie solidarité. Les anciens veillaient sur les jeunes et les protégeaient. Ils leur transmettaient aussi, et surtout, les valeurs de respect et de travail. » Revaloriser l’apprentissage De cet héritage, Thierry Marx en a retenu l’essentiel : ici pas de jaloux, le soleil brille pour tout le monde. En clair, « quelle que soit ton origine sociale, si tu veux, tu peux. Petit, je passais devant la boulangerie Ganachaud, 150 rue de Ménil- montant, et m’émerveillais devant la vitrine. Aujourd’hui je peux affirmer que mon envie de devenir chef est venue de là. J’ai passé mon CAP pâtisserie option boulangerie chez les Compagnons du devoir et fait mes gammes chez les plus grands. » D’ailleurs, il a du mal à saisir, « pourquoi, en France, l’ap- prentissage est tellement dévalorisé. Il y a un salut hors de l’école traditionnelle. De plus, les métiers de la restauration manquent cruellement de main d’œuvre formée. » C’est aussi le message qu’il entend faire passer dans l’école d’insertion qu’il a créée à Blanquefort, près de Bordeaux où il forme à la cuisine nomade ou cuisine de rue, et à la création d’entreprise. Le chef cuisinier a donc associé son expérience et son savoir- faire au lycée hôtelier Saint-Michel pour créer un cursus court, qui s’adresse à tous les demandeurs d’emplois sans distinction d’âge. Il y dispense 8 semaines de cours théorique, la pratique se déroulant au sein du 1 er restaurant solidaire de cuisine nomade où les apprentis travaillent pendant 4 se- maines. Homme discret et engagé, il a en- core le projet de créer une autre structure d’insertion par l’apprentissage de la cuisine, pâtisserie, boulangerie, cette fois-ci à Paris. Dans le 20 e ? « Pourquoi pas, ce serait un juste retour des choses », répond-il en sou- riant. Thierry Marx poursuit sa route, se consacre à sa spécialité dans son Foodlab (Laboratoire rue du Bouloi, dans le 1 er à Paris) et explore toujours de nouveaux goûts et de nouvelles textures. Il a également pris la direction des cuisines du palace Mandarin Oriental Hôtel, à Paris, qui de- vrait ouvrir ses portes à l’ été prochain. n « Dans la rue des Pyrénées, on trouve tout un tas de très bons commerces de bouche. » « Dans la boulangerie Ganachaud, tout était beau, entre les instruments que je voyais en vitrine et la pâtisserie. Et ça n’a pas changé ! » « Un peu plus haut dans la rue Orfila, il y a le Bistrot 1929. Sur la façade on peut y lire Ici pas de jaloux, le soleil luit pour tout le monde. » Le patron de chez Elisabeth, Boja Spasenovic, est très heureux d’accueillir Thierry Marx pour un café. Thierry Marx est ému de se retrouver devant le 140 rue de Ménilmontant. Rue des Pyrénées. La flûte Gana 150 rue de Ménilmontant. 2 1 1 2 3 BONS PLANS 20 mes Thierry Marx : un chef étoilé qui vient du 20 e Cela faisait des années que Bernard Ganachaud, célèbre inventeur de la flute Gana, et Thierry Marx ne s’étaient pas revus. Le chef en a profité pour lui montrer toute son admiration. 3 Bistrot 1929 49 rue Orfila. Thierry Marx se dirige vers L’Orfila bar, chez Elisabeth, petit endroit chaleureux qui a aussi l’avantage d’être à proximité de sa boulangerie fétiche. LEUR 20 e

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8 •• le Paris du 20e le Paris du 20e •• 9

Le 20e regorge de talents. Il comptecelui de Thierry Marx,l’un des grands chefscuisiniers français,dont le destin lui a faitdécouvrir sa vocationdans l’arrondissement.

Comment un soi-disant « cancre »à l’école est devenu l’un deschantres de la cuisine moléculaire ?A reçu deux étoiles au Michelin ?

A été élu chef de l’année par le Gault etMillau, en 2006 ? Est devenu jury del’émission Top Chef (concours entrecuisiniers), sur M6 ? L’histoire de ThierryMarx ressemble à s’y méprendre à unroman qui a, pour toile de fond, le 20e

arrondissement, « lieu de mon éduca-tion », nous explique-t-il. S’il apprendà marcher dans la petite impasse au 18rue du Groupe Manouchian, c’est au140 rue de Ménilmontant qu’il habitera,chez ses grands-parents, jusqu’à l’âgede 13 ans. « Venir du 140, c’est touteune histoire que l’on porte en soi. D’unmilieu plutôt modeste et cosmopolite, lesgens se parlaient entre eux et il existaitune vraie solidarité. Les anciens veillaient

sur les jeunes et les protégeaient. Ils leurtransmettaient aussi, et surtout, les valeursde respect et de travail. »

Revaloriser l’apprentissageDe cet héritage, Thierry Marx en a retenul’essentiel : ici pas de jaloux, le soleilbrille pour tout le monde. En clair, « quelle que soit ton origine sociale, si tuveux, tu peux. Petit, je passais devant laboulangerie Ganachaud, 150 rue de Ménil-montant, et m’émerveillais devant la vitrine.Aujourd’hui je peux affirmer que mon enviede devenir chef est venue de là. J’ai passémon CAP pâtisserie option boulangerie chezles Compagnons du devoir et fait mes gammeschez les plus grands. » D’ailleurs, il a dumal à saisir, « pourquoi, en France, l’ap-prentissage est tellement dévalorisé. Il y aun salut hors de l’école traditionnelle. Deplus, les métiers de la restauration manquent

cruellement de main d’œuvre formée. » C’estaussi le message qu’il entend faire passerdans l’école d’insertion qu’il a créée àBlanquefort, près de Bordeaux où il formeà la cuisine nomade ou cuisine de rue, et àla création d’entreprise. Le chef cuisinier a

donc associé son expérience et son savoir-faire au lycée hôtelier Saint-Michel pourcréer un cursus court, qui s’adresse à tousles demandeurs d’emplois sans distinction

d’âge. Il y dispense 8 semaines de coursthéorique, la pratique se déroulant au seindu 1er restaurant solidaire de cuisine nomadeoù les apprentis travaillent pendant 4 se-maines. Homme discret et engagé, il a en-core le projet de créer une autre structured’insertion par l’apprentissage de la cuisine,pâtisserie, boulangerie, cette fois-ci à Paris.Dans le 20e ? « Pourquoi pas, ce serait unjuste retour des choses », répond-il en sou-riant. Thierry Marx poursuit sa route, seconsacre à sa spécialité dans son Foodlab(Laboratoire rue du Bouloi, dans le 1er àParis) et explore toujours de nouveauxgoûts et de nouvelles textures. Il a égalementpris la direction des cuisines du palaceMandarin Oriental Hôtel, à Paris, qui de-vrait ouvrir ses portes à l’ été prochain. n

« Dans la rue desPyrénées, on trouvetout un tas de trèsbons commerces de bouche. »

« Dans la boulangerieGanachaud, tout étaitbeau, entre lesinstruments que je voyais en vitrine et la pâtisserie. Et çan’a pas changé ! »

« Un peu plus hautdans la rue Orfila, il ya le Bistrot 1929. Surla façade on peut ylire Ici pas de jaloux,le soleil luit pour toutle monde. »Le patron de chez

Elisabeth, Boja Spasenovic,est très heureux d’accueillir Thierry Marxpour un café.

Thierry Marx est ému de se retrouver devant le 140 rue de Ménilmontant.

Rue des Pyrénées.

La flûte Gana150 rue de Ménilmontant.

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Thierry Marx :un chef étoilé qui vient du 20e

Cela faisait des années que Bernard Ganachaud, célèbre inventeurde la flute Gana, et Thierry Marx ne s’étaient pas revus. Le chef ena profité pour lui montrer toute son admiration.

3Bistrot 192949 rue Orfila.

Thierry Marx se dirigevers L’Orfila bar, chez Elisabeth, petit endroitchaleureux qui a aussil’avantage d’être à proximité de sa boulangerie fétiche.

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